Je pense qu'il faut revenir au contexte de sortie des films, en commençant par Battle of Gods. Battle of Gods était la réapparition inespérée d'une franchise qui, niveau animation/films, était carrément en hibernation. En tant que revival ponctuel d'une vieille série un peu dépassée, on pouvait à la limite s'attendre soit à une bonne tranche de fan-service à la manière de Yo! Son Goku et ses amis sont de retour, soit à un film plus dans la lignée des derniers films DBZ comme Fusions ou Janemba: une histoire intégrale qui ne réinventerait pas grand-chose mais ferait péter de la bonne animation et des combats badass. BoG a été une sorte de combinaison des deux, avec en plus un facteur intéressant : le world-building en fin de film qui ouvrait sur de nouvelles possibilités sans servir à justifier directement l'intrigue du film déjà présent. En d'autres termes : ça annonçait que DB était encore vivant et avait encore des choses à dire sur son propre univers, aspect qui, pour moi, était carrément inespéré. Seulement on n'avait aucune idée des suites qu'entendaient y donner les studios Toei et on pouvait aussi envisager de rester indéfiniment sur une fin ouverte comme ça si le film ne faisait pas un carton.
Quand FnF est annoncé, on y répond avec un mélange de réjouissance et d'appréhension. On ne sait toujours pas ce que la série va devenir. Le retour de Freezer peut signifier la fin, certains pensent à un troisième film qui servirait de chant du cygne... On ne voit pas franchement venir DBS. Le ton général de FnF n'annonce d'ailleurs pas le renouveau de la série : pas ou peu de world-building et une tonne de fanservice façon dernier tour de piste pour une série qui s'apprête à se remettre en sommeil. J'ai aussi apprécié FnF comme ça : comme un dernier coup de nostalgie et de fun gratuit, exactement comme, Niic, tu nous suggères de traiter DBS et le film Broly.
Quand on nous annonce la sortie d'un film DBS et la mise en veille de la série, il y a quelque chose de très différent. En termes de popularité et de succès commercial, on est désormais en plein milieu d'un deuxième âge d'or de DB. DBS, partie de deux films de fan-service et d'une animation complètement aux fraises, s'est améliorée considérablement sur le plan visuel. C'est la licence la plus lucrative de Bandai/Namco et de Toei. Personne ne s'attend sérieusement à ce qu'ils étouffent le poussin d'or dans l'oeuf en mettant fin à la série après le film de 2018. Qui plus est, c'est une nouvelle équipe qui est aux commandes, composée essentiellement des artistes à l'origine du renouveau graphique déjà constaté dans la deuxième moitié de DBS. Scénaristiquement aussi, on nous annonce du frais : un film qui explore les origines des Saiyens et de leur relation avec Freezer, ça reste centré sur les thèmes marroniers de la série, mais ce sont aussi des sujets qui n'ont quasiment jamais été traités par Toriyama. Donc il y a de quoi espérer quelque chose d'original et surtout susceptible de faire aller la série de l'avant d'un point de vue narration et world-building : pas réinventer l'eau chaude, mais nous faire apprendre quelque chose de nouveau sur l'univers.
Et là on nous sort Broly, un méchant recyclé de films populaires dont Toriyama ignorait jusqu'à l'existence (on le lui a demandé en dédicace en 2003 et il ne savait pas qui c'était). Même si Freezer était déjà du recyclage, Broly est d'un autre niveau. Freezer, outre qu'il est issu de l'oeuvre originale, y a toujours tenu une place particulière : c'est un peu le mètre-étalon de la badassitude dans toute la série et Toriyama y renvoie pour montrer la force non seulement de Trunks, mais aussi de Kaïoshin, et il sert même de mesure à Beerus. Toriyama aime le personnage et c'est pour ça qu'il le fait revenir. Ca se sent d'ailleurs pas mal dans ses dialogues.
C'est pour ça que je suis un peu attristé de voir Broly comme antagoniste du nouveau film. Il n'offre pas réellement de perspective de world-building alors qu'il apparaît à un moment où il n'y a aucun doute sur le fait que la série va continuer et a besoin de nouvelles idées pour ça. C'est un symptôme de plus des horribles problèmes de construction de l'univers DB, qui est immense en termes d'échelles de pouvoir mais minuscule en termes de variété et qui se raccroche désespérément à ses icônes nostalgiques alors que visiblement, le public coeur de cible aime beaucoup ses nouveaux personnages (je n'aime pas Jiren, mais c'est un fait: les enfants japonais le kiffent). Et ça m'attriste aussi pour la nouvelle équipe qui nous sort des nouveaux designs néo-classiques super enthousiasmants et de l'animation à couper le souffle, mais qui ne s'en sert que pour faire du remake de remake.
Cela étant dit et pare qu'il faut bien rester positif, quelques trucs que je pense qu'on pourrait attendre du nouveau film et qui me plairaient bien :
- Un Broly et un Paragus tragiques, en deuil de la disparition de leur peuple et éventuellement en quête de vengeance sur Freezer et/ou Vegeta. Là-dessus, je suis à peu près sûr qu'on va avoir quelque chose de ce genre en kids-friendly.
- L'effacement de l'histoire du mal de tête dû aux pleurs de Kakarotto. Honnêtement, tout le monde a l'air de postuler que ça va forcément être le cas, mais je n'y mettrais pas ma main à couper. Une raison plus logique pour la rage de Broly serait bienvenue, mais c'est un des traits les plus connus du personnage et je ne suis pas sûr que Toriyama reviendrait dessus.
- Un conflit centré autour de la destruction de la planète et de la responsabilité de Beerus dedans, puisque c'est canon-DBS. Ca j'en doute plus, ce serait cool mais pas très toriyamesque en termes de procédé d'écriture.
- Good Guy Broly. Sans déconner. Je ne parle pas d'en faire un pote de Goku et Vegeta, mais il pourrait connaître un début de transformation similaire à ce qu'on a vu faire avec Freezer : un rival chaotique-neutre avec lequel une sorte de respect mutuel est conservé entre deux tentatives de meurtre. Je pense qu'il y aurait carrément de quoi en faire un personnage récurrent pour la suite de la série, à petites doses, et que ce serait une bonne alternative au style "croquemitaine décérébré" dans lequel il est enfermé depuis si longtemps. Ca collerait d'ailleurs un peu plus au style du Broly du premier film : réservé, peut-être même avec un bon fond, mais hors de tout contrôle si on lui fait péter les plombs. Victime de sa propre surpuissance. Mais là, à mon avis, je rêve
