EDIT Lalilalo: Le message ci-dessous n'a rien à voir avec le droit. Je le déplace donc dans ce topic. Si tu étais arrivé à une conclusion sur le droit d'auteur (faut-il le maintenir, ou non) ça serait passé mais là, c'est juste un constat du fait que les auteurs gagnent peu pour la plupart.
Pour parler donc des simples revenus des auteurs, vous pouvez continuer ici. Pour ce qui est du droit d'auteur, le topic initial reste de mise.
Merci.
Foenidis a écrit:Marie Spénale, auteurde BD Belge, vient de tweeter :
« Mon conseil pour ceux qui se lancent dans la BD : franchement mais faites pas des BD pour 3000€, ça sert à rien.
À 3000€ les 150 pages, c'est pas un salaire, c'est pas un dédommagement, c'est juste du travail à perte. Et tant qu'à pas gagner d'argent, y'a plein d'activités plus sympa que faire une BD pour un éditeur. Exemple : une petite sieste au soleil. »
Avant tout : je conçoit le fond du soucis et y adhere. La problèmatique en fait c'est qu'on est dans une societé ou un salaire minimum est requis pour profiter un peu de la vie, quel que soit son corps de métier. Ici c'est outragant vu que les petits auteurs sont effectivement biiiiiiiiien en dessous du SMIC (qui est déja largement insuffisant). Pas de soucis.
Mais c'est quelque chose qui concerne a peu près tout les métiers de l'art. Je dis pas que ça légitimise la chose hein, c'est juste un constat : le musicien qui se lance gagnera absolument pas sa vie avec (ce qui sauve les musiciens ayant un succès correct sans etre fou, ce sont les prestations en live, qui rapporteront pas davantage qu'une séance de dedicasse BD si les mecs se sont pas déja fait un nom). Idem pour un peintre tient, de quoi il va vivre si le "déclic" lui attirant un succès retentissant ne vient jamais et qu'il vend jamais ses croutes plus de 50€ ? Ou un gros gros sportif très motivé mais pas assez doué pour gagner correctement sa vie avec ?
Ecrivain, peintre, musicien, sportif. Autant de professions qui peuvent attirer le jackpot avec beaucoup de talents ET de chance (je rappelle que le premier editeur de J.K Rowling a rejeté Harry Potter), mais qui pour 99,9% des pratiquants seront absolument pas rentables.
Quelle solution alors ? Parce que ce que tu affirmes sur le travail fourni par les auteurs, c'est indubitablement faux si je généralise à l'ensemble de la profession. Parce que des écrivains, j'en connaissais bien avant de rencontrer ma nana (qui publie aussi, mais pour du très jeune), et j'ai vu de tout. Que ce soit des gens comme tu le decris (assez peu en fait) ou d'autres qui profitent simplement de la vie en attendant que l'inspiration leur revienne et restent parfois 1-2-6 mois devant leur page blanche. La plupart d'entre eux (pas tous) avaient un travail à coté hein, et pas moins de temps libre (malgré leur travail d'auteur) que les gens que je connais dans d'autres professions (des profs, des soignants, des mamans), même si oui ils gagnent beaucoup moins.
Et j'arrive pas trop à comprendre comment un écrivain sans succès peut s'en sortir sans bosser à coté. OUI bosser est une activité à plein temps qui empiètera sur leur passion/vocation (l'écriture donc). Un de mes potos ecrivains m'avait dit y'a quelques années avoir déclaré 600€ en gros sur une année fiscale (la ou avec 15 000 j'arrivais pas à vivre correctement). J'ai toujours pas pigé comment il vivait en fait.
Donc Foe, quand j'évoquais l'année Sabattique pour écrire, c'était pas un sous entendu pour dire que j'arriverais à etre publié si je prenais le temps d'écrire un bouquin (ptetre que oui mais très certainement que non en effet). C'était pour répondre au post de je-sais-pu-qui qui demandait POURQUOI un écrivain serait obligé (en plus de son métier d'écrivain) d'avoir un métier à temps plein pour arriver à survivre à coté. Donc ma réponse : il est obligé pour survivre. Et ça me semble pas compatible en effet de concilier un travail "normal" (152h/mois) avec un métier d'écrivain tel que Foe le decrit (le gars hyper impliqué 50/H semaine dans son ouvrage). Pourtant y'a des dizaines, des centaines de milliers de manuscrits envoyés aux éditeurs chaque année.
Quelle solution ? Ce type de marché est totalement récréatif à notre époque et me semble TOTALEMENT dépendre de l'offre et la demande. Et objectivement, du point de vue d'un consommateur (sans tenir compte du travail de l'auteur, de l'éditeur, des materiaux et etc), je trouve qu'un livre est dors et déja bien trop cher. Pire, le marché dans l'avenir me semble pas hyper prometteur. Comment assurer un revenu minimum (allez disons le SMIC) à un auteur qui certes bosse (ou pas, mais disons que si : il est hyper impliqué et bosse 70H/Semaine sur son truc) mais ne vend pas 100 exemplaires de son truc ? Combien on filera dans ce cas au gars qui aura vendu 2000 exemplaires et qui vivrait absolument pas de ça à notre époque non plus ? Le SMIC aussi ? Mais il a vendu 20 fois plus que le premier ! 20 SMIC ? Ca va pas non ?
Les auteurs qui se publient eux-même, je vais ENCORE généraliser mais le résultat est souvent horrible (les typos qui rendent aveugles, la mise en page désastreuse etc).
Et pour lire énormement de manuscrit de Geste et du Geste Noir que ma nana ramène à la maison (c'est de l'édition régionale), je dirais que 80% d'entre eux sont des amateurs totals, qui savent à peine écrire mieux qu'un lycéen moyen en redac, sont persuadés d'écrire quelque chose qui DOIT etre lu, un énorme complexe de supériorité, ne supportent que peu la critique et n'ont rien à faire dans ce genre de métiers. Et ont surement pas relu une seule fois leur manuscrit avant de l'envoyer à l'éditeur (dont la plupart pensaient d'ailleurs que l'editeur se contenterait de valider et publier).
Alors oui, certainement que beaucoup d'entre eux ont bossé sur leur truc, mais quand je vois ce que certains publient en 1 an de travail, j'ai du mal à croire qu'ils y aient passé 152 heures x 12 mois.
C'est un θ, il croyait qu'il était τ, mais en fait il est θ.