> Zhatan
Oui, mais quand un mouvement religieux a pour vocation d'être un vecteur politique, pour moi, c'est un mouvement politique qui ne veut pas dire son nom.
Malcom X a d'ailleurs lui-même fini par séparer son activisme religieux de son combat politique. Plus jeune, j'ai d'ailleurs longtemps cru qu'il avait été tué pour son appel à la rébellion noire, mais non... ce sont les dissensions entre courants musulmans qui lui ont coûté la vie.
Avoir la foi ne fait pas - et ne peut pas faire - que toutes tes pensées, tes actes soient en rapport avec la religion. La religion, c'est comme les origines familiales, le métier, ton caractère, tes goûts, tes expériences de vie, etc. C'est un des composants qui participent à l'entité individuelle, la religion ne peut suffire à définir une personne. Un homme reste un individu avant tout.
Il y a un flou dans la définition même du mot "religion" qui met en lumière ses ambiguïtés et la problématique d'un juste équilibre entre exigences de la pratique religieuse et intégration harmonieuse dans la société composite d'aujourd'hui.
Axaca a écrit:Sérieusement tu pense que dans aucun de ces trois cas personne ne s'est jamais rebellé ?
Je parle de l'incapacité de ces communautés à régler les problèmes issus de leurs propres rangs, pas des réactions individuelles.
Ricou a écrit:- L'Irak qui a repris une ville d'importance récemment.
- L'Iran (on me reprendra si je me trompe) qui envoie également des troupes contre Daesh.
- Les musulmans qui répondent aux appels au Djihad en les envoyant chier sur Twitter (Et ne me dis pas que ça ne compte pas, qu'ils ne sont que des lâches parce qu'ils font ça... Contre un ennemi qui utilise une arme de propagande, le mieux pour lui répondre ça reste de montrer en masse qu'on se distingue de lui et qu'on n'est pas l'ennemi qu'il cherche à faire croire).
- Les musulmans qui font preuve de fraternité envers les chrétiens/laïques, et qui vont jusqu'à faire des excuses publiques, en dénonçant les actes barbares commis. Eh oh quand même, on parle de gens qui s'excusent et mettent leur fierté de côté alors qu'on les traîne dans la boue depuis je ne sais combien d'années.
L'Irak n'a guère le choix, il défend son territoire et l'Iran s'apprête à aggraver la situation en se foutant sur la gueule avec l'Arabie Saoudite pour imposer sa vision de l'Islam.
C'est un peu loin de la concorde vertueuse à laquelle je pensais.
Voir la réponse à Axaca.
Je n'ai jamais dit que les musulmans s'en fichaient en tant qu'individus, mais que la communauté, elle, en tant qu'entité, peine beaucoup trop à réagir.
Oui, je sais, l'idéalisme est une sorte de foi, il est vain de souhaiter que tout le monde partage vos espoirs.
Concernant les agressions sur les juifs, aujourd’hui en France, c'est tout à fait normal que cela soit souligné. Tu sais, Merah ou Coulibaly, ont précisément visé des juifs même s'il y a eu aussi des victimes non juives.
Sauf qu'on confond allègrement ça avec de l'antisémitisme, alors que les dissensions d'aujourd'hui sont un prolongement du conflit israélo-arabe provoqué par l'occupation juive en Palestine. Rien à voir, donc.
Comme je l'ai déjà dit, la création d'Israël n'a pas résolu le problème posé par l'incapacité des juifs à s'intégrer, elle en a créé un nouveau. Je suis persuadée que la création de cet état a été une grosse, une énorme erreur alors que le traumatisme de la shoa était le terreau idéal pour une acceptation enfin apaisée des communautés juives dans le tissu de la société européenne.
Niicfromlozane a écrit:Attention avec les chiffres. Je ne veux pas minimiser l'incroyable sacrifice soviétique à l'effort de guerre, pour lequel j'ai le plus profond respect, mais la proportion mérite aussi un éclairage.
Si tu veux t'amuser avec les chiffres, révise donc le pourcentage de victimes avec la portion de territoire chinois et russe occupés respectivement par les Japonais et les Allemands.
Car oui, les russes ont produit un incroyable effort de guerre, mais les Allemands ont aussi procédé à un pur nettoyage ethnique sur les populations russes qu'ils ont trouvé sur leur chemin. Deux tiers des victimes russes sont civiles... pour les Chinois, je n'ai pas trouvé de chiffre exact, mais d'après les souvenirs des recherches que j'avais fait il y a un certain temps sur ce conflit, les Japonais ont essentiellement massacré des civils.
Pas de chambre à gaz, certes, mais des groupes complets enterrés vivants, des hectares de gens laissés à agoniser attachés chacun à un poteau, gazage de groupes en plein air, inoculation volontaire de virus, dont celui de la peste, du typhus ou du choléra, etc.... en plus des classiques mitraillages en ligne ou dans le tas et des décapitations en série. Et en plus des viols systématiques dans les villes mises à sac, des milliers de Chinoises ont été réduites en esclavage pour servir de "femmes de confort" aux troupes (confort sexuel s'entend).
Et les expérimentations médicales sur prisonniers chinois n'ont rien à envier à celles des bourreaux nazis, elles sont même presque plus effroyables, si tant est qu'il puisse y avoir pire que le pire.
Extrait de l'article Wikipédia concernant la sinistre Unité 731, dont on peut trouver de nombreuses références dans les fictions :
« Trois mille personnes furent sacrifiées à Pingfang (expérimentation sur la peste, le choléra et le typhus). Par un judas aménagé dans la porte d’acier de chaque cellule, les gardiens vérifiaient l’état des maruta enchaînés. Ils voyaient des membres pourris, des bouts d’os qui pointaient hors des chairs noires de nécrose. D’autres suaient dans une fièvre atroce, se tordant et gémissant de douleur. D’autres avaient le corps gonflé, d’autres étaient squelettiques. Certains étaient couverts de blessures ouvertes ou de cloques.
Quand un détenu survivait à une expérience, il était soumis à une autre, jusqu’à ce qu’il finisse par mourir.
Deux cents prisonniers peuplaient ces cellules. Deux ou trois mouraient chaque jour. On se livrait à la vivisection de détenus. Certains furent bouillis vifs, d’autres brûlés au lance-flammes, d’autres congelés, d’autres subirent des transfusions de sang de cheval ou même d’eau de mer, d’autres ont été électrocutés, tués dans des centrifugeuses géantes, ou soumis à une exposition prolongée aux rayons X. Des détenus furent complètement déshydratés, c’est-à-dire momifiés vivants. On les desséchait jusqu’à ce qu’ils meurent et ne pèsent plus qu'un cinquième de leur poids normal. On étudiait également sur eux les effets du cyanure d’hydrogène, d’acétone et de potassium. Certains détenus étaient affamés et privés de sommeil, jusqu’à la mort. D’autres furent soumis à des expériences de décompression1.
Selon certaines sources, plus de 10 000 hommes, femmes et enfants seraient morts dans les laboratoires3. Selon les travaux publiés en 2002 par le Symposium International sur les Crimes de la Guerre Bactériologique, le nombre de personnes décédées en Chine à la suite des expérimentations et de l'usage des armes bactériologiques par l'Armée impériale japonaise s'élève à plus de 580 0004. »
NB : des bébés ont fait partie de cobayes. Par exemple, plongés dans l'eau glacée, les "médecins" chronométraient le temps qu'ils mettaient à mourir.
Des prisonniers servaient aussi à la formation des étudiants en médecine, disséqués vivants à la place des habituels cadavres ou volontairement mutilés pour l'entraînement à la chirurgie de guerre.