Au fait, je sais pas pourquoi je n'en ai pas parlé avant, mais en théorie, la Suisse a une politique de renvoi draconienne. Vous allez voir pourquoi je dis "en théorie".
Quand on demande l'asile en Suisse, il y a deux étapes du traitement de la demande. La première étape est de déterminer si oui ou non la demande va être traitée. Il y a des critères, par exemple si la personne n'a pas de pièce d'identité ou qu'elle vient d'un pays qui n'est pas sur la liste suisse des pays considérés comme dangereux, le cas est considéré comme non entrée en matière et le renvoi est censé être automatique. Je reviendrai là dessus.
Si cette étape est passée, on passe à la deuxième. Le dossier du requérant est étudié. Cela peut prendre quelques mois. Je passe le détail. Le critère principal pour avoir l'asile est que l'on ait été personnellement en danger. Donc si on vient d'un pays en guerre, mais que notre vie n'a pas été menacée de façon directe, c'est niet, renvoi.
Mais que se passe-t-il avec ces personnes "renvoyées"? Et bien, ce n'est pas exécuté dans une grande partie. Quelles sont les raisons? Par exemple, quand la personne n'a pas de papiers, il peut arriver qu'on ne sache pas d'où elle vient. Et ça arrive souvent qu'il n'y ait pas de papiers. Dans d'autres cas, le fait même de quitter le pays leur fait perdre leur nationalité. Donc leurs pays ne veulent pas d'eux. D'autres cas, le pays ne veut pas de ses requérant, même quand ils ont toujours leur nationalité. Il faut alors faire des accords, et qui dit accords, dit donnant-donnant. Donc faut proposer quelque chose à ces pays en échange de leur collaboration. Dans d'autres cas, le pays d'origine est en guerre et les renvoyer est contraire au droit international (droits de l'homme, etc.), donc on ne peut pas le faire. Je reviendrai sur ce qui arrive à ces gens renvoyés, mais pas renvoyés.
Ceux qu'on renvoie. Déjà, faut payer le voyage de retour. Ensuite plusieurs cas. Il y ceux avec qui cela se passe bien. Ceux qui disparaissent dans la nature. Ceux qu'on retrouve et qu'on met en taule pour ne pas qu'ils fuient jusqu'à la prochaine possibilité de renvoi. Ils ont commis aucun crime, mais au trou quand même (s'il y a de la place). Ceux qu'on amène jusqu'à l'aéroport se débattent, hurlent, pleurent, ... Dans ce cas le pilote et l'équipage refuse tout bonnement de les prendre, car problème de sécurité. Donc retour en taule. Essai suivant, sédatifs et ligoté avec des sangles. Il est arrivé que ce soit les autres passagers (civils) qui se révoltent et refusent de laisser l'avion décoller. Tous ces vols ratés, ce sont nos impôts qui paient, comme tout le reste...
Maintenant, qu'arrive-t-il aux renvoyés pas renvoyés? Ben la nuit, ils sont dans un abri civil, serrés comme des sardines avec parfois des mélanges de population en conflit. Et le jour? Ils zonent... Il y a quelques programmes de jour, mais on leur donne trois repas par jour, ils n'ont [u]pas le droit[/u] de travailler et n'ont accès à quasiment aucune prestation. On ne leur donne aucun argent. Je vous laisse imaginer les potentielles conséquences sécuritaires. Il y en a, cela fait des années qu'ils sont dans cette situation. Certains ont fait des enfants depuis, mais le statut de ceux-ci est le même que celui de leurs parents. Depuis quelques temps, ils peuvent aller à l'école et faire des apprentissages, mais une fois devenus adultes, ils ne pourront pas plus travailler que leurs parents. Et autre détail croustillant, ces renvoyés pas renvoyés ne peuvent pas se marier, vu qu'ils n'ont pas de pièce d'identité valide en Suisse. Bref! On a là un parfait exemple de la performativité dont parle Zhatan. On est en train de créer les horribles étrangers dont nous bassine l'UDC (le FN suisse).
Ah! Juste pour la précision, ces renvoyés pas renvoyés représentent 25% des requérant d'asile...