L'argument des caryotypes n'est pas destiné à prouver la légitimité des personnes trans'. Elle est destinée à démolir l'argument principal qui oppose le droit aux gens de s'identifier du genre qu'ils se sentent être. C'est-à-dire l'argument déterministe biologique. Or, celui-ci s'avère au final moins précis que vous ne le voudriez. La définition biologisante serait d'après vous:
Homme: Individu de caryotype XY, avec pour hormones dominantes la testostérone et l'androgène, qui a une verge, des testicules et les organes génitaux internes associés, mais pas de seins, et qui peut fertiliser une femme.
Femme: Individus de caryotype XX, avec pour hormones dominantes l'oestrogène et la progestérone, qui a un clitoris, des lèvres, des seins et les organes génitaux internes associés, et qui peut porter un enfant et enfanter.
Chaque critère dans chaque catégorie exclue le critère miroir de l'autre catégorie.
Or, cette définition exclut tout un tas de cas, qui piochent des critères dans les deux catégories ou ne cochent pas toutes les cases. Les nombres varient selon ce que tu prends en compte, mais l'ONU reconnaît pour sa part que 1,7% des gens sont intersexes d'une façon ou d'une autre.
À noter que cette définition n'est de toute façon pas celle que l'on utilise dans la vie courante pour catégoriser un individu en tant qu'homme ou que femme. On ne regarde pas au microscope les caryotypes des gens, pas plus qu'on ne fait un test hormonal, ni un examen génital. Reste donc la présence ou non de seins. Mais même là, il y a des cas peu évidents. Généralement on utilise plutôt les caractères sexuels secondaires (qui ont un nombre d'individus échappant à la moyenne extrêmement grand) et surtout des marqueurs sociaux.
PS: Perso, je m'en fiche qu'une personne se qualifie de "fausse femme". Contrairement à la vision biologisante qui ne voit ce qui dépasse du cadre que comme des anomalies génétiques, des malformations; la vision socialisante transidentitaire-friendly s'accommode parfaitement du fait qu'il y ait des individus qui ne correspondent à aucune case très claire, sans pour autant les pathologiser. Dire que l'on n'a pas de cases du côté des transidentitaire-friendly serait prétentieux, car on est humains et la catégorisation est très difficile à totalement effacer de notre psyché, mais on s'accommode parfaitement de l'idée que l'on doive créer d'autres cases auxquelles on n'avait pas pensées, et que celles-ci sont tout aussi valables que les autres, peu importe si elles comportent peu d'individus. En tous les cas, je ne ressens pas le besoin de couper tout ce qui dépasse pour forcer les gens à correspondre à des catégories pré-fixées, et considérer comme anormaux tous ceux que j'échoue à catégoriser.