Zhatan a écrit:Il faut le prendre au sens de "saintes écritures". Le qur'an est une récitation des saintes écriture.
Euh... dans saintes écritures, il y a "écriture", non ?

oui, bien sûr. En l'écrivant, j'étais sûr qu'on allait me le balancer. Ce sont des "écritures" au sens divin du terme.
C'est comme si je te parlais d'un livre numérique. Ce dernier est-il un "livre papier" ? Clairement non. Pourtant, il se pourrait que dans 1000 ans, lorsqu'on parle d'un livre, le sens premier soit celui d'un numérique.
Le lien que je t'ai mis dans le post précédent (tout en bas) est assez intéressant dans son analyse sur les mots kitab et qur'an, leurs racines et le sens qu'ils avaient/ont.
On pourrait refaire ma phrase de cette façon :
"Le qur'an est une récitation de la parole divine".
EDITZhatan a écrit:Mais encore une fois c'est un problème philologique qui est assez étranger à la pensée musulmane : il peut y avoir de fausses compilations (après tout la Bible est une contrefaçon), mais il y a forcément un vrai Coran : Dieu ne s'est pas fait chier à parler à Mahomet pour que le récit se perde 30 ans plus tard. C'est donc que dans sa très grande clairvoyance il a prévu également son mode de diffusion (enfin bon, évidemment ça nécessite de faire comme si on comprenait les voies impénétrables de Dieu, mais bon, disons que dans la mesure où il y a révélation, c'est que Dieu voulait parler aux hommes). Mais sinon il n'y a pas d'islam ! Autant il peut y avoir un christianisme sans Bible (bon, faut forcer un peu, j'avoue), autant un islam sans Coran ce n'est pas possible.
Enfin du moins en l'espèce.
Mais pourquoi affirmes-tu que la philologie est quelque chose d'étranger à la pensée musulmane...? Je ne comprends pas. Sur quoi bases-tu ton propos ?
Un vrai Coran, d'accord. Mais comme tu le dis, les voix du seigneurs sont impénétrables... Et on peut très bien imaginer que tout cela serait voulu. D'ailleurs, le verset 7 de la sourate III explique bien qu'il y a une partie des versets que seul Allah est capable d'interpréter, et donc en aucun cas les hommes. Il y a donc bien une part de mystère réservé à Allah au sein du Coran.
Quels sont ces versets ? Certains disent que ce sont les fameux versets abrogés (mansukh), mais cela n'est en réalité pas précisé : cela aussi reste une interprétation. J'ai mis un lien pour Son Goku qui traite un peu le sujet dans un post précédent.
De plus, tu parles de savant en Islam. Hors, s'il n'y avait pas la place à l'interprétation et à la philologie, en quoi ces savants seraient-il savants ? Et quel serait l'intérêt des haddith ? Puisque, selon ton point de vue, la compilation est censé être la représentation exacte de la parole divine qui est censée être parfaite, donc n'ayant pas besoin d'ajout. Pas besoin de mufti ou d'Imam, puisque le Coran devrait être parfaitement clair pour tout le monde sans interprétation possible.
Zhatan a écrit:Mais je ne sais pas à quoi ressemblerait un islam où le Coran aurait statut de texte historique. Pour le coup, je pense que cette religion disparaît. Parce que ce qui fait le socle de l'islam c'est le livre qui est la parole de Dieu. Alors que pour le christianisme c'est l'incarnation. Ce qui explique qu'on ait pu triturer la Bible dans tous les sens d'ailleurs.
Le Coran a un statut de texte historique chez les musulmans.
Zhatan a écrit:Et c'est pourquoi à mon avis tu te trompes :
Tout est toujours interprétable. Surtout lorsque l'on a pas une connaissance parfaite du contexte d'un écrit.
Mais justement, pour un savant musulman il ne peut pas y avoir d'appel au contexte de l'écrit. Sauf s'il veut prouver qu'une version du Coran est fausse (dans ce cas il en appelle au contexte) par rapport à une autre qui serait vraie.
Pourtant, le sens des mots n'est pas le même en 600 et en 2015. Et ça, c'est un fait. D'ailleurs, le Coran (le vrai, celui qui a été révélé à Muhammad, pas la compilation d'Othman) est censé être exprimé dans la langue la plus clair pour Muhammad. Hors, la langue de Muhammad (qui faisait partie des langues sémitiques de l'époque) qu'on peut appeler l'arabe du Coran a une rhétorique un peu différente de l'arabe dit classique. De ce fait, il faut forcément passer par la philologie et donc même l'interprétation pour tenter de saisir le sens des écrits.
J'ajouterai un autre élément : tous les musulmans ne parlent pas arabes. Et donc, le passage entre l'arabe du coran et une langue moderne (autre que l'arabe) peut encore plus perdre le lecteur sur le sens originel.
EDIT Pour conclure ce post, je vais te dire pourquoi le "savant" doit s'intéresser au contexte des écrits de la compilation du Coran.
L'ordre des versets n'est pas organisé chronologiquement. Hors, avec cette règle des "versets abrogés/abrogeant", il faut forcément que le musulman s'intéresse au contexte pour saisir au mieux le sens du Coran, et appliquer cette règle des "versets abrogés / abrogeant". Oui, parce que c'est le dernier versets (chronologiquement parlant, j'insiste) qui abroge. Mais il peut très bien se trouver avant.
Et si'il est curieux, il essaiera de comprendre cette règle qui remet en cause la notion même d'intemporalité du Coran. Oui, car avec cette règle, il y a bien un avant et un après au sein du Coran.
Et pour bien comprendre cette règle, il faut en venir forcément à la philologie (selon moi ).
Tout cela ne remet absolument pas en cause la nature divine du Coran. Dieu peut très bien avoir voulu tout cela. Et personne ne peut prétendre connaître ses desseins.