Alors, déjà, les relations dominants-dominés sont bien plus complexes que des relations bourreaux-victimes. C'est clair et net. D'ailleurs, j'en ai lu des tas des textes ou des extraits féministes, et bien qu'aucune et aucun n'a précisé "mais cela ne signifie pas que les hommes sont des méchants", je n'en ai vu qu'une seule les traiter comme des méchants. Une seule. Sinon, rien. Evidemment, si on fait des raccourcis, on peut leur faire dire ça. Mais ce n'est pas très honnête. Du côté de l'anti-racisme, c'est la même chose.
Quelle autre explication as-tu pour le viol? Es-tu de ceux qui réduisent cela aux comportements de quelques hommes amoraux et/ou monstrueux? Et qui explique la différence statistique des sexes des victimes et des perpétrateurs, n'est que due à la différence de force physique? Et comment définis-tu un viol? J'entends par là, au-delà de l'aspect juridique, comment crois-tu qu'un viol se déroule? Crois-tu que la "culture du viol" est un terme pour explique que la culture fait l'apologie du viol?
Ce lien est intéressant. ^^
http://www.consad.com/content/reports/G ... Report.pdf Et j'ai déjà étudié la question quand j'étais à l'uni, lors de cours d'études genre tenus par des féministes. (Donc, les féministes en tiennent déjà compte. Enfin... Du moins, un certain nombre d'entre elles.) Bon, je vais pas lire l'article dans son entier, mais je vais me contenter de répondre aux grandes lignes.
Pourquoi les femmes travaillent plus souvent à temps partiel? Pour s'occuper des enfants. Pourquoi font-elles ce choix? Parce que bien qu'il y ait des évidents progrès dans ce domaine, la maternité et la paternité sont toujours vus d'une manière totalement disymétrique. Ceci a pour cercle vicieux de faire en sortes que les patrons engageant des femmes tiennent compte de cela. Ils savent que lorsqu'elles deviendront mamans ou si elles le sont déjà, elles pourront/peuvent moins travailler. Du coup, l'investissement semble moins intéressant et elles sont également moins prises en considérations pour les promotions (ce que l'on appelle le plafond de verre).
Et donc, en plus du fait que la maternité est instillée aux femmes de façon plus poussée que la paternité aux hommes, ces petites disparités font que bien souvent, au moment de choisir comment ils vont faire pour les enfants, quand ils vont en avoir, il paraît évident aux parents que ce sera la mère qui restera à la maison, car le mari gagne plus.
C'est d'autant plus vrai, que la façon dont les filles sont éduquées (au sens large, donc pas forcément uniquement par les parents) font que l'une des qualités qu'elles vont rechercher chez leurs compagnons, c'est la stabilité financière. Ce qui est moins vrai pour les hommes, qui certes préféreront une femme qui travaille, mais plus pour le côté bosseuse que pour le côté stable. Et, ne nous mentons pas, il y a une certaine gêne de beaucoup d'hommes à être avec une femme gagnant mieux leur vie qu'eux.
Bref! Sauf éventuellement lors d'un éventuel sentiment d'infériorité qui risque fort de briser le couple sur le long terme, lorsqu'un homme gagne moins que sa compagne, et dans le fait qu'une femme se sente plus maternelle qu'un homme ne se sent paternel, à aucun moment il n'y a un raisonnement sexiste qui entre en compte dans la façon d'agir chez les gens. Et pourtant, le phénomène lui-même résulte bel et bien d'une problématique sexiste.
Fait intéressant, les hommes choisissant de réduire leur temps de travail pour s'occuper des enfants, se retrouvent également face au même plafond de verre que les femmes. Ce qui démontre qu'une problématique capitaliste est également à l'oeuvre. Les liens entre le sexisme et le capitalisme est d'ailleurs également exploré par les féministes.
Par ailleurs, il existe aussi des études comparant les salaires selon le temps de travail. Faut pas non plus prendre les féministes pour des idiotes. lol
Donc, bon, je trouve le titre du deuxième article... pour le moins osé... Ces phénomènes sont loin d'être "oubliés" et sont même analysés depuis des années. XD
Pareil pour les violences qui y sont décrites avant tout comme résultant d'un sexisme car on s'imagine que c'est la volonté de se sentir supérieur AUX femmes qui pousse le type à agir alors que l'on peut tout aussi bien parler de la volonté de dominer et tirer parti d'un INDIVIDU de sexe féminin.
Non, non, pas du tout. Déjà, la masculinité, bien que je crois bien qu'elle reste sous-traitée malheureusement, et bel et bien étudiée également. Et le fait est que les garçons sont moins pénalisés pour leurs comportements violents, car ils sont perçus comme "normaux". Ceci et d'autres choses dans la façon dont les garçons sont élevés explique en partie pourquoi ils ont plus recours à la violence que les filles quand ils sont confrontés à des conflits ou des problèmes, et que cela se répercute sur leur vie d'adulte.
De même, il y a certaines attentes par rapport aux femmes, et à la façon dont un mari et une femme doivent se comporter l'un vers l'autre. De nos jours, cela tend vers de plus en plus d'égalisation, mais on n'y est pas encore. Du coup, cela explique qu'aux cas les plus extrêmes, il y est plus de violence de la part des hommes envers les femmes.
Mais si on va au cas par cas, il y a énormément de facteurs qui interviennent dans la violence domestique (qui peut aussi s'atteler à comprendre la violence à l'égard des enfants et des hommes, ou
de la part des femmes... ou
des enfants, bien qu'il y a de toute évidence des manques dans les études sur la violence féminine et sur la victimisation d'hommes par des femmes).
Alors, concernant, Jezebel, j'ai rien trouvé qui me convainque de son sérieux. Il a été fondé par Anna Holmes qui a travaillé pour le magazine...
Glamour, le titre en dit long... Et la création de ce blog aurait été commandité par Gawker Media, qui apparemment fait du journalisme très sérieux, comme gawker.com, spécialisé dans les potins. Bon, j'avoue qu'elle a travaillé pour Le New Yorker et le Time (ou du moins y a publié des articles), un poil plus intéressant, mais loin d'être un truc académique.
Quel est ton problème exact avec Sarkeesian?
J'arrive même pas à trouver d'informations utilisables sur cette Pat Bidol (bon, d'accord, j'ai seulement cherché une minute lol). Mais faut demander à Zhatan, je crois me souvenir qu'il avait tenu un discours similaire. Il a peut-être changer d'opinion depuis, cependant. Ou il le tourne différemment. Je ne prétends pas être dans sa tête.
Quant aux liens entre milieux académiques et populaires, ils existent probablement... Je sais pas. Enfin, oui, comme il existe un lien entre la communauté des astronomes travaillant à la NASA, et les amateurs d'astronomie qui ont un télescope à la maison et lisent des magasines de vulgarisation de l'astronomie, j'imagine. (Ou encore plus ténus.)
Cela dit, c'est pas ce qui m'inquiète dans le fait de se fier aux médias généraux. Non, ce qui m'inquiète, c'est que les médias généraux ne s'intéressent qu'aux infos qui vendent. Du coup, aller chercher un groupe de militants plus de subtilités dans leur façon de voir le monde, ou qui savent s'exprimer de façon claire sans utiliser des termes qui seront mal compris par le quidam moyen, je crois qu'ils s'en tapent. Ils vont chercher ce qui fait sensation. Des gens qui disent qu'il faut couper leurs bites aux hommes et brûler les églises des Blancs, c'est plus intéressant (oui, bon, je caricature un peu, mais juste un tout tout petit peu, hein), les convaincus peu informés des deux camps vont s'exciter et rester collés à leur écran pour pester sur ces hommes/ces Blancs ou sur ces militants à la noix. Sans oublier que les journalistes choisissent eux-mêmes ce qu'ils montrent de ce que disent leurs interlocuteurs.
Cela dit, il faut bien comprendre qu'il est normal de se montrer prudent avec ce qui victimise les dominants, à cause de leur statut de dominant. (Par exemple, un homme blanc tabassé par un flic parce qu'il est allé manifester pour ses droits de travailleur, il n'y a pas de problème, un homme blanc tabassé par un noir parce qu'il est blanc, c'est plus délicat pour certains.) Pourquoi?
Non pas parce que la victime en tant qu'individu est moins importante. Quand on reste à l'échelle individuelle, une femme qui souffre, un homme qui souffre, un Blanc qui souffre, un Noir qui souffre ou peu importe, c'est tout aussi triste. Le problème survient quand on tente d'analyser le phénomène de façon plus globale, parce que la société a tendance à s'agripper becs et angles à ses habitudes (même si au final, elle change tout de même, mais pas forcément dans un sens prévisible ou dans un des sens des "agitateurs" de tout bord).
Du coup, il y a une peur de la part de certains, que l'attention soit détournée des victimes les plus nombreuses, pour se tourner vers les victimes du groupe dominant, et donc renforcer le rapport de domination.
Je ne crois pas que cela soit une bonne idée de faire l'autruche et ignorer les cas d'inversion des rôles (qui malgré tout ne changent pas l'ordre général des choses), car au final, c'est repris par les groupes les plus conservateurs (ce que craignent justement les "militants" comme tu les appelles), et au niveau individuel, les "victimes dominantes" se sentent isolées et démunies (probablement encore plus que les "victimes dominées"), et ça c'est franchement pas terrible.
Donc, plutôt que d'ignorer le problème, il faudrait effectivement trouver un moyen d'aborder ces questions, sans pour autant détourner l'attention du fait que malgré tout ça, il y a bel et bien un rapport de domination qui existe qui va de façon globale dans un sens.