Blablabla... Le comptoir de l'Union

[Batroux]

Mais mince, se regrouper, s'organiser, se
procurer des armes, ne pas regarder les autres dézinguer tout ce qu'ils veulent sans réagir, quoi.
Putain, un cinglé trouve bien tout un arsenal par hasard dans les arbres en Belgique, ça ne doit pas être beaucoup plus compliqué de s'armer dans un pays en guerre !

Je voulais pas intervenir mais je ne pense pas que des flingues ça se trouve aussi facilement. Et tu parles d'un fait divers pour la Belgique.
De plus, lorsqu'on se retrouve dans des conflits comme en Syrie. Tu retrouves une population face à une armée. Je ne pense pas qu'armer une population, ou qu'elle même s'arme pour se défendre soit une solution. Déjà parce que manier un flingue c'est pas la même chose qu'un ordinateur.

[Chocoloutre]

Non mais attend Batroux, ne dérespecte pas : Foenidis a dit qu'elle avait du tempérament, elle sait mieux que toi ce que c'est que de vivre dans un pays en guerre. Elle sait de quoi elle parle.

[niicfromlozane]

Je viens de tomber par hasard (si, si) sur cette citation de Méandre :

"Celui qui fuit se battra à nouveau."

Elle m'a semblé à propos.

[Seychar]

Non, mais Foenidis s'imagine que buter des gens, c'est hyper facile. Parce que c'est ça s'engager dans une guerre, rien à voir avec le fait de s'interposer lors d'une agression dans la rue, acte qui n'est déjà pas facile mais qui au moins n'engage pas à tuer. D'ailleurs, les gens se scandalisent quand théoriquement il était facile d'intervenir, pas quand quelqu'un voit une agression armée dans une ruelle sans autre passant ni témoin et se contente d'appeler les flics après s'être mis à l'abri.

Peut-être que j'en rajouterai plus tard. Cela dépendra de ma motivation...

Il n'est pas si difficile que ça de tuer quelqu'un, c'est plus devoir l'assumer devant les lois et/ou les règles du lieu/état/autre dans lequel tu vis qui est difficile, et encore ça dépend des motivations et des mentalités de chacun, ça ne me choque pas de voir Foenidis réagir comme ça.

Putain, j'ai vraiment l'impression de vivre dans une société qui fait tout pour banaliser les atrocités et incite à la docilité devant l'impensable…

[Chocoloutre]

Il n'est pas si difficile que ça de tuer quelqu'un

Putain, j'ai vraiment l'impression de vivre dans une société qui fait tout pour banaliser les atrocités

Foenidis et Kvothe sur le même topic, je ne sais pas si l'Univers va supporter autant de bêtise sans s'autodétruire. D'autant que Kvothe est autant expert dans le domaine du meurtre que Foenidis l'est en matière de guerre civile. C'est-à-dire qu'ils ne savent pas de quoi ils parlent et qu'ils se rendent ridicules.

[San999]

Oui, les flics qui doivent voir des psys après avoir tué des criminels, ce sont des lavettes.

En l'occurrence, c'est toi et Foenidis qui banalisez la violence. Comme si le fait que ce soit des criminels enlever tout impact psychologique à les tuer.

[Foenidis]

Non mais attend Batroux, ne dérespecte pas : Foenidis a dit qu'elle avait du tempérament, elle sait mieux que toi ce que c'est que de vivre dans un pays en guerre. Elle sait de quoi elle parle.

Ma génération est bien plus proche que la vôtre de celles qui ont connu la guerre, mes parents ont connu la guerre, en ont subi les conséquences dans leur enfance et certains de mes oncles ont été envoyés sur les fronts d'Indochine ou en Algérie. Un de mes grand-père et un de mes oncles - âgé de 17 ans - ont été tués par les Allemands, et un autre de mes oncles est mort de ses blessures après être rentré d'Indochine. Mon père était tout petit, mais se souvenait de l'angoisse des caves et des bruits des bombes, mon beau-père passait des messages en zone libre enfant dans ses vêtements et il se souvient avoir vu son père, adjudant de gendarmerie à l'époque, enterrer les armes d'allemands abattus pendant des opérations de résistance, un des frères de ma belle-mère a aussi été abattu par les allemands pendant une opération de résistance.
Les horreurs de la guerre, la peur, le dégoût, les tortures, les traîtrises, les sales règlements de compte en 45, ils n'ont rien éludé - même les décapitions qui étaient déjà de la partie en Algérie... c'était de ça qu'ils parlaient, pas d'avoir tué alors que ceux qui ont combattu l'ont sûrement fait, mais aucun n'a jamais envisagé de fuir si la guerre frappait à nouveau à nos portes, pas plus que ceux qui pleuraient un parent ou un frère, bien au contraire.

Il y a peut-être entre nous un écart de génération qui fait toute la différence. Depuis toute petite, j'ai entendu le récit de ces proches qui ont lutté physiquement pour la nation, le témoignage de ceux qui avaient perdu un proche ou des camarades tandis que pour vous, une génération de plus a passé et qu'avec le temps, ces mauvais souvenirs ont déserté les conversations entre café et dessert...

Paradoxalement, s'il y a quelqu'un pour qui la guerre est quelque chose d'abstrait, c'est sans doute plus pour vous que pour moi.

[Chocoloutre]

Je ne vois pas pourquoi tu transformes ça en compétition, c'est aussi abstrait pour nous que pour toi. Arrête d'essayer de faire croire que tu sais de quoi tu parles parce que le tonton de la tata de ta voisine a chuté d'un mirador, tu es ridicule.

[Foenidis]

Tu n'as pas compris, je n'en fais pas une compétition. J'explique pourquoi le point de vue sur la question peut être différent d'une génération à l'autre, tout comme il peut être différent entre un milieu citadin et rural dont les sous-cultures, si je puis me permettre le terme, présentent quelques différences notables.

Bref, je ne prétends pas détenir la vérité, j'essaie d'expliquer pourquoi un tel fossé est possible entre vous et moi à ce sujet.

[Chocoloutre]

Et moi, je te dis que tu peux pondre autant de pavés que tu veux sur toutes les histoires de guerre que t'as pu entendre autour du feu, ça ne change rien au fait que tu n'as pas connu la guerre et qu'il n'y a aucun fossé.

[San999]

Il y a peut-être entre nous un écart de génération qui fait toute la différence. Depuis toute petite, j'ai entendu le récit de ces proches qui ont lutté physiquement pour la nation, le témoignage de ceux qui avaient perdu un proche ou des camarades tandis que pour vous, une génération de plus a passé et qu'avec le temps, ces mauvais souvenirs ont déserté les conversations entre café et dessert...

Paradoxalement, s'il y a quelqu'un pour qui la guerre est quelque chose d'abstrait, c'est sans doute plus pour vous que pour moi.

Je travaille avec des gens qui fuient la guerre. J'en côtoie tous les jours. Avant de partir en vacances, un homme bouleversé m'expliquait avec le peu de mots qu'il avait qu'il avait reçu des nouvelles de sa ville natale, et qu'apparemment, des Talibans auraient décapité 607 personnes, dont des enfants. Peu avant une femme ne parlant quasiment pas le français essayait de m'expliquer quelque chose après avoir parlé au téléphone. Elle a dit "cousin", "très jeune", "mariage" et a mis un index sur la gorge en le glissant, d'un air blessé. J'ai compris. Un homme (jeune) torturé durant six ans dans une prison a une fois pété un câble et menacé de tout brûler, puis s'est écroulé en larmes. Une jeune fille dans une classe à côté de la mienne s'est soudainement mise à hurler que des hommes allaient venir pour la violer. Un jeune homme qui sort soudainement du cours au téléphone, et me dit plus tard que sa ville a été bombardée. Des élèves qui s'absentent à cause d'un deuil, cela arrive régulièrement. À côté de ça, il nous arrive souvent de rire énormément. Mais je te prie de ne pas prendre avec moi ton ton condescendant de celle qui est super-expérimentée et sait mieux tout que tout le monde parce que tu es née avant nous. Je n'ai pas vécu la guerre, mais j'ai dû respect pour ceux qui en sont victimes et/ou qui la fuient, quels qu'ils soient.

[Bushido]

Et moi, je te dis que tu peux pondre autant de pavés que tu veux sur toutes les histoires de guerre que t'as pu entendre autour du feu, ça ne change rien au fait que tu n'as pas connu la guerre et qu'il n'y a aucun fossé.
Publié: 10 Sep 2015, 21:00

+1

"Des histoires autours du feu", on en a tous entendu. Que ce soit de nos parents ou de nos grand-parents ( voir de nos arrières grands-parents ).

Les horreurs de la guerre, on sait ce que c'est autant que toi. Tu n'as pas vécue la guerre, on ne l'a pas vécu non plus. Mais on sait comment c'était car depuis minimum le collège, on nous a raconté comment c'était déroulé la guerre.

Petite anecdote d'une "histoire racontée autours du feu" :

Ma grand-mère m'a raconté lorsque j'étais plus jeune que la mère de sa mère ( ou celle de mon grand-père qui a des origines Ukrainienne - ou tout du moins dans ce genre là - ) avait dû étouffer son chien pour qu'il n'aboie pas afin de ne pas se faire remarquer par les soldats allemands.

Et une dernière chose :

Nous sommes en guerre. Donc on sait aussi ce que c'est puisqu'on est en train de la vivre. Sauf que contrairement à d'autres on est pas dans le pays où sont les combats.

[Foenidis]

Tu n'as jamais vu personne violer de gosse, mais ça ne t'empêche pas de trouver ça dégueulasse, non ?
(te fatigues pas, je sais que tu vas me répondre le contraire ! )

En puis ton argument serait valable si la fuite était l'option choisie par tous ceux qui se sont retrouvés en situation de guerre.

En plus, ceux qui arrivent jusqu'ici, ce sont les plus nantis, ceux qui ont le moyen de banquer de véritables fortunes pour payer les passeurs, je trouve ça d'autant plus écœurant.

Je n'ai pas vécu la guerre, mais j'ai dû respect pour ceux qui en sont victimes et/ou qui la fuient, quels qu'ils soient.

Et moi j'ai du respect pour ceux qui en sont victimes et ont, malgré tout, le courage de se battre.

Être une victime passive ne demande, sauf exception, aucun courage, juste la malchance de se trouver là où on se trouve. Le sentiment que je trouve le plus juste pour eux, c'est compassion.

[Bushido]

Déjà, je tiens à te rappeler que les violes ont lieu dans les deux camps.

Est-ce que tu as une idée de l'argent qu'ils ont dû dépenser tout en laissant leur maison et des biens précieux derrière eux ? S'ils étaient aussi bien fortunés, tu crois qu'il y aurait tant d'ancien émigrés à devoir vivre que grâce à l'argent des allocations ou ce genre de choses ?

De plus, en tant de guerre, c'est peut-être inhumain mais une minorité se sacrifie pour le bien de la majorité, c'est comme ça et tu devrais le savoir vu que tu sembles si bien t'y connaître.

[San999]

Parce qu'ils sont riches (ou en tout cas plus riches que beaucoup de leurs compatriotes) ou parce qu'ils ont eu de la chance, ils devraient se laisser crever? En quoi c'est écoeurant? À la limite, c'est écoeurant par rapport à l'injustice de ce monde, mais aucun rapport avec ceux qui arrivent à fuir. Ils ne choisissent pas d'abandonner des gens à leur sort. Ils choisissent de se sauver.

Et je suis désolé, mais traiter de lâches les réfugiés, parce qu'ils ne restent pas protéger leur patrie, c'est un manque de respect. Point. C'est de ça que je parlais. Je les respecte, dans ce sens-là.

Ce que tu ne comprends pas, Foenidis, c'est que l'héroïsme est une qualité exceptionnelle, pas un devoir que chacun à l'obligation de suivre. Tu ne peux pas décemment exiger cela de tout un chacun. Par ailleurs, on sait très bien ce que la guerre fait aux gens. Tu crois que les soldats et soldats américaines qui se sont mis à tuer des civils et autres joyeusetés dans les pays orientaux étaient tous des monstres dès le départ ou quoi? C'est la guerre qui les a transformés. Preuve que tout le monde n'a pas les nerfs pour ça, homme ou femme, jeune ou vieux, on s'en tape.