une collègue (que j'adore en plus pfff mais bon c'est un feeling perso) qui dit ouvertement et devant un stagiaire que pour elle toutes les morts ne se valent pas et qu'on a le droit de pleurer le petit Thomas (paix à son âme) tout en se "réjouissant" ou du moins en ne se lamentant pas du sort de Nahel, car lui c'était une racaille...
Si je me réfère à ta description de la situation, ta collègue ne semble pas exprimer une opinion politique, mais plutôt son ressenti personnel. De surcroît, il s'agit d'une observation qui tend à être, sauf exception, universelle. Je m’explique : la valeur que nous accordons à la vie d'un individu peut être influencée par notre degré de proximité empathique avec cette personne. Nos émotions, ancrées dans nos relations et expériences personnelles, jouent un rôle vraiment significatif dans notre perception de la valeur individuelle de chaque vie. De la même façon, nous avons la capacité de projeter des sentiments de proximité ou de distance envers des inconnus en fonction de divers facteurs tels que leur apparence, leurs actions, voire des préjugés. Ces projections peuvent, de fait, influencer notre empathie et la valeur que nous attribuons à la vie de ces individus, et cela, même si nous ne les connaissons pas personnellement.
Dans ta description, tu évoques de la réjouissance puis tu minores celle-ci par l’expression d’une absence de lamentation. Ce n’est pas du tout la même chose, à mon sens. Et le ton de la réjouissance revêt aussi une importance considérable dans l’appréciation de la situation.
Si elle a simplement exprimé une réjouissance à la manière d'une mauvaise blague, je pense que tu peux lui expliquer en privé que ses propos sur la mort d'un individu, énoncés de manière réjouissante, ont suscité un malaise, tant de ta part que de la part d'une partie de l'équipe. Si elle se montre réceptive et qu'il s'agissait réellement d'une mauvaise blague, cela devrait probablement être suffisant.
Si son expression de réjouissance s'apparentait plutôt à de l'extase, je pense que tu peux signaler cette situation à ton service RH. (là, ce serait chaud)
En revanche, si elle a simplement indiqué qu'elle ne se lamenterait pas pour la mort d'un délinquant en raison de la distance émotionnelle qu'elle projette sur lui, je pense qu'elle se situe dans le cadre de sa liberté d'expression sans enfreindre son devoir de réserve. A ma connaissance, aucune jurisprudence n'a condamné un agent de la fonction publique pour avoir exprimé ce type de propos.
Je rappelle aussi que le devoir de réserve s'applique aussi bien au travail qu'en dehors du travail.
Je ne connais pas le cadre de vos échanges mais si on me posait la question "Est-ce que pour toi, toutes les morts se valent ?", je répondrais que pour moi, toutes les morts ne se valent pas. Mais qu’aux yeux de notre société, d’un point de vue éthique, on reconnaît une valeur égale à chaque vie. Je trouverais cela fort de café d’être recadré pour ce propos, mais j’imagine que vous n’étiez pas dans un débat philosophique…