par San999 le Jeu Déc 24, 2009 21:34
J'avais déjà eu un débat là-dessus sur un autre forum. Je vais un peu résumer ce que j'avais dit à l'époque (vive le copié-collé).
Pour ma part, un embryon n'est physiquement qu'un tas de cellules. Au sens moral, il n'est que la représentation que les éventuels futurs parents s'en font. Il n'est donc pour moi pas un être vivant à part entière, du moins, pas plus qu'un foie ou qu'un rein. C'est pourquoi je suis en faveur de l'IVG. Il n'y a qu'à partir du moment où le foeutus peut avoir certaine forme d'autonomie (il peut être placé dans différents environnements et n'est plus dépendant d'un être vivant unique (la gestatrice)) que je le considère comme vivant.
On m'avait alors répliqué que le nourrisson aussi était dépendant. Ce à quoi, j'avais répondu que la différence entre la dépendance d'un nourrisson et celle d'un embryon, c'est que l'embryon, personne ne peut maintenir ses fonctions, hormis la femme qui le porte. Il y a une grande différence entre ces deux dépendances. Car la dépendance au sens large, tout le monde l'a. Personne ne peut vivre seul. Un embryon dépend d'un seul et unique être, la femme qui le porte. Il n'a absolument aucune alternative contrairement au nourrisson.
On avait aussi sorti l'exemple de la mère porteuse. Là, j'ai répondu qu'il s'agit d'une technique d'implantation. On implante bien un foie, c'est pas pour autant qu'on le considère comme vivant. Donc, le fait que l'embryon soit transplantable n'est pas un critère de vie, puisque d'autres choses (organes, cellules isolées, ...) sont transplantables sans qu'elles soient vivantes. Si des organes, par exemple, ne sont pas considérés comme vivants du fait de cette transplantabilité, aucune raison que l'embryon le soit. Cependant, il ne s'agit pas de dire que l'embryon est un organe, mais que les cellules le composant sont aussi dépendantes que les cellules cardiaques, par exemple. L'analogie s'arrête là car il n'y a pas besoin d'aller plus loin, pour moi, pour lui refuser le statut d'être vivant.
Sinon, Jean-Nicolas Tournier a donné une définition de la vie en se basant même sur des règles physique. Est vivant tout système qui se maintient hors de l'équilibre thermodynamique, de l'entropie (l'entropie, c'est l'homogénéité, l'équilibre, la désorganisation). La matière tend naturellement vers l'entropie, mais la vie se maintient en dehors de cette entropie. Bon! Je vais pas aller trop dans les détails non plus. Bref! Un embryon seul, ne peut se maintenir hors de l'entropie. Seul le système {gestatrice - embryon} se maintient hors de l'entropie, tout comme le système {gestatrice - rein}. Et donc, seul celui-ci est considéré comme vivant. Tout comme la gestatrice est maîtresse de son rein, elle est maîtresse de son embryon. Cela dit, la comparaison s'arrête là, car on n'enlève pas un rein pour les mêmes raisons qu'on enlève un embryon.
Pour moi, un embryon n'a d'importance qu'à cause du très fort investissement émotionnel des futurs parents, des géniteurs et de la gestatrice (je sépare ces trois rôles, car parfois, ils le sont). C'est d'ailleurs pour ça qu'un avortement n'est jamais facile. Il y a toujours beaucoup d'implication émotionnelle. (Bien qu'évidemment, il y a quelques géniteurs et gestatrices qui n'en ont rien à secouer. Même si c'est probablement rare que les gestatrices s'en foutent.)