Baddy a écrit:De plus, ça "pourrait" être/faire plein de choses les statistiques etniques, y compris mettre en lumière des biais racistes et des inégalités liées à l'ethnie. Comme quoi, ça dépend du point de vue hein.
Antarka a écrit:Pour les statistiques ethniques, j'avoue que pas mal de choses pourraient m'intéresser. Genre sur le taux de pauvreté selon la couleur de peau. Ou le salaire médian selon la couleur de peau. Ou le taux de remarques racistes subies selon la couleur de peau. Plutôt que niées (ce qui est quand même le cas) j'aurais utilisé le mot "ignorées" (a mon avis plus fréquent). Les statistiques peuvent être révélatrices d'inégalités que, sans statistiques, tu ne peux que les supposer.
Dans un pays où un gros pourcentage des gens sont plus ou moins consciemment racistes et ou les inégalités raciales sont bien présentes (je sens venir Login, laisse tomber, on est en désaccord sur le sujet c'tout), interdire ce genre de statistiques permet juste de jeter un voile la dessus.
Je suis absolument pas d'accord là-dessus, premièrement, parce que les vrais bénéficiaires de telles statistiques, ce serait l'État, et la Police. Et qu'en France, des expérience de fichage ethnique par l'État, ça a existé, et c'est JAMAIS pour autre chose que de justifier des politiques discriminatoires...
Mais surtout parce que les études faisant le lien entre pauvreté, origine socio-ethnique, délinquances, mortalité, discrimination etc. Bah elles existent depuis 40 ans. Les sociologues et les historiens ont pas attendus ce genre de statistiques pour mener des études là-dessus, fort heureusement. En revanche, ils n’ont jamais été écouté.
Si demain l'État se livrait à ce genre de statistique, quelle que soit la manière dont c'est fait, vous pouvez être sûr que la seule chose que reprendrait en boucle les médias, la police, le gouvernement et une majorité du personnel politique serait "il y'a une corrélation très forte entre délinquance/criminalité et origines ethnique, allez hop tous au dans le carter". Parce que sincèrement, vous pensez qu'une majorité des gens vont s'amuser à aller voir les relations existantes entre précarité et origine, et précarité et délinquances ? Non. Premièrement, parce que personne d'audible ne présentera les statistiques de cette manière, mais ensuite parce qu'entendre "étrangers" = délinquants de la part de l'État ça va renforcer le biais cognitif de la majorité des gens, qui vont absolument pas faire l'effort d'aller plus loin.
Suffit de voir comment depuis 30-40 ans la majorité de la population fermait les yeux sur les violences policières tant qu'elles concernaient la gauche la plus radicale ou les banlieues, comment cette violence a été dénoncée par tous durant les gilets jaunes (avec le discours majoritaire du : "c'est plus facile de taper sur les bons français que d'aller mettre l'ordre en banlieue") et que depuis quelques semaines on est revenu au discours du "nan mais il n'y a pas de violence policière, c'est de la victimisation".
Pouvoir accuser l'immigration de tout et n'importe quoi en France, ça permet à tous les mouvements politiques de ne pas remettre en question leur politique. La pauvreté ? C'est la faute des arabes qui coutent cher, mais absolument pas de l'absence de redistribution des richesses. L'insécurité ? La faute des arabes, mais absolument pas lié à la précarité. Le sexisme, c'est les étrangers et leur culture sexiste, pas la faute des bons gaulois.
Franchement, on l'a vu durant les derniers mois, les gens sont incapables de porter un masque correctement, de comprendre pourquoi il fallait confiner, ou simplement de faire la différence entre nombre de cas et nombre de morts, alors qu'ils ont été matraqués d'informations. Vous pensez sincèrement qu'ils seront capables de lire des statistiques intelligemment, ou d'écouter les scientifiques sur le sujet ?
"Que dites-vous ?... C'est inutile ?... Je le sais !
Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès !
Non ! non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile !"