Rebel O Conner, le retour.

Créez-y votre topic personnel ! Il vous servira de message de présentation, de galerie d'exposition pour vos créations non dragon ball... Voir explications plus détaillées en post-it.

Re: Rebel O Conner, le retour.

Messagepar SuperIdle le Mer Oct 31, 2012 9:50

Ton hébergeur d'images est bloqué par mon employeur, je jetterai un oeil à tout ça chez moi quand je rentrerai ce soir :D

Pour les Asari, il n'y a pas moyen de bloquer le selecteur de sexe dans l'écran de création de perso ?
Même si tu duplique les vêtements, ça serait curieux que le personnage se fasse traiter comme un male dans les dialogues =/
Le livre 2 est enfin achevé, Carnis attaque le livre 3.
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Re: Rebel O Conner, le retour.

Messagepar Rebel O'Conner le Mer Oct 31, 2012 13:50

SuperIdle a écrit:Ton hébergeur d'images est bloqué par mon employeur, je jetterai un oeil à tout ça chez moi quand je rentrerai ce soir :D

Pour les Asari, il n'y a pas moyen de bloquer le selecteur de sexe dans l'écran de création de perso ?
Même si tu duplique les vêtements, ça serait curieux que le personnage se fasse traiter comme un male dans les dialogues =/


je pense qu'il y'a peu de dialogues qui fasse la différence, hormis le début et les quêtes de Dibella, peut-être.( ça n'entre même pas en compte pour le mariage)
mais ça ne pose pas de problème, je pense, d'ajouter une ligne pour les quêtes et faire que les asaris soit toujours vu comme des femmes( mais bon, je n'ai pas encore essayé de faire des quêtes)
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Re: Rebel O Conner, le retour.

Messagepar SuperIdle le Mer Oct 31, 2012 15:22

Je pensais surtout aux random phrases des gens, comme la femme du forgeron qui te dit de rester à l'écart de son mari, ou quand les gardes disent qu'ils pourraient être nerveux si une femme les approche avec une arme dégaînée.
Le livre 2 est enfin achevé, Carnis attaque le livre 3.
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Re: Rebel O Conner, le retour.

Messagepar Rebel O'Conner le Mer Avr 13, 2016 20:10

Rebel O Conner a écrit:je pense que ça peut se faire, même si ça risque d'être long, surtout pour tous les trouver.
mais actuellement, je ne comprend vraiment rien aux scripts. j'en avais fait un simple pour oblivion, qui empêchait de choisir un homme, mais là, je n'ai aucune idée de comment faire.



bon, réouverture du salon, quatre ans après.

je suis en train de masteriser une partie de pathfinder, et j'avais assez envie de partager mes dessins des personnages de la campagne.

l'histoire se passe dans le royaume de Néralia, pays enclavé vivant en autarcie. Les elfes sont partie depuis un demi millénaire suite à une guerre, nommée la guerre des mages.

les protagonistes sont:

Cathran Kinsdottir, sorcière des mots demi-elfe, et son fidèle Méridran.

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Ivann Kropsky, commander de l'inquisition.

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et C12-100, créature artificielle ( nommée façonné arcanique ), ingénieur ( variante de voleur )

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Re: Rebel O Conner, le retour.

Messagepar niicfromlozane le Mer Avr 13, 2016 23:46

Joli :)

Le JdR, y a que ça de vrai !
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Re: Rebel O Conner, le retour.

Messagepar Foenidis le Jeu Avr 14, 2016 2:33

Pas mal du tout, les designs sont très sympas ! :D
Le futur me donne un peu trop souvent l'impression d'avoir les mots de Dante « Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance » gravés en lettres sombres sur son fronton.
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Re: Rebel O Conner, le retour.

Messagepar ChrisToTheCrix le Jeu Avr 14, 2016 10:43

Je rejoins mes camarades ! Très joli ! Tiens nous au courant de l'avancée ! :wink:
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Carnet de voyage de Cathran Kynsdottir

Messagepar Rebel O'Conner le Mer Mai 18, 2016 20:54

bon, ma campagne est finie. et s'est mal terminée ( pour moi)

les joueurs ont one-shot mon boss la première fois qu'ils le rencontraient. totalement dégoutté, je suis.
et même pas sur de bons jets.
non, ils ont réussit à trouvé une faille et ont mis le boss dans une situation où il ne pouvait strictement rien faire, sinon attendre que l'armée arrive l’arrêter.

donc, pour l'instant, plus de JDR, pas en tant que MJ, en tout cas. je jouerai peut-être un peu avec d'autre MJ, à d'autres jeux, mais en attendant, la campagne pathfinder est terminée. peut-être définitivement.

c'est aussi un peu la cause de mon absence de posts, je suis vraiment incapable de créer quoi que ce soit pour le moment, je suis toujours sous le choc.

donc, pour patienter, je vais commencer ici à poster l'histoire de ma campagne.

elle n'est pas écrite par moi, mais par Luc, qui joue Cathran, et est écrite sous la forme d'un journal.
et je précise que si tout ça est écrit après coup, tout c'est réellement passé durant les parties. c'est juste le roleplay vu par un joueur


Carnet de voyage de Cathran Kyndottir


Le 17 germinal de l'An 43 du règne de Leodath IV
Le chancelier Zirul m'a confié ce carnet pour consigner les faits marquants de mon voyage par-delà les frontières civilisées.
Le brave homme m'a présenté fort poliment sa requête, arguant qu'ainsi aucun détail de ce périple ne sera oublié quand j'en ferai l'inévitable compte-rendu devant le cercle des mages. Je le soupçonne plutôt de craindre me voir mourir sur la route, et dans ce cas espère-t-il récupérer ces pages avec noté à l'intérieur une information vitale pour le royaume.

Demain, je quitterai la capitale accompagnée par trois âmes sensées me protéger. En attendant, les souvenirs de ce dernier mois se succèdent. Ma vie a radicalement changée en si peu de temps, qu'il serait judicieux de mettre un peu d'ordre dans les fils du passé avant que Helsonn, dieu du destin ne tisse ceux de l'avenir.

Je suis née de l'union entre elfe et humain pour être abandonnée sitôt devant la lourde porte des appartements de l'intendant Surissen.
Ce noble nain dirige d'une manière exemplaire la cité de Kyndale depuis des décennies, comme son père avant lui, et le père de son père. Il est réputé pour être juste et bon, aussi ne soyez pas étonnés de savoir qu'il découvre régulièrement d'autres bambins ainsi « oubliés ».
Dans mon cas, mon apparence indiquait que j'étais de première génération. Mon père ou ma mère venait d'un peuple légendaire dont le dernier représentant a quitté le continent voici un demi-millénaire.
Cela a dû l'intriguer fortement, je suppose, mais après, comme tout nain qui se respecte, il retourna a ses affaires et confia son problème à la personne ou à l'institution la plus qualifiée. Dans mon cas l'orphelinat. Il me fit quand même avant un unique présent, en me choisissant un nom elfe issu de l'histoire.

Les années suivantes ont été marqués par davantage de souffrances morales ou physiques que de joies.
Mais dans ce monde si rude, d'autant plus rude pour une fille aux longues oreilles, il subsiste toujours des moments d'espoirs, car si les nains sont durs comme la roche, en contrepartie ils sont justes. Ils savent reconnaître et valoriser le travail et la volonté, offrir une éducation à ceux qui la méritent. Les domestiques comme moi sont traités de façon plus juste et plus humaine dirais-je qu'à la capitale par les « vrais » humains.

Je ne tiens pas à expliquer dans ces lignes comment je suis devenue magicienne. Ceci est mon secret.
J'arrivais à mener mon étude des arts arcaniques dans la plus grande discrétion, enfermée dans ma minuscule chambre de bonne. Vingt et une années ont passé depuis mon arrivée dans notre belle cité gelée, et à ma connaissance, seulement une petite dizaine de pratiquants ont été découverts par l'inquisition.
Les ensorceleurs ou les sorcières sont exécutés sans pitié, tant leur forme de magie est incontrôlable.
Les invocateurs sont particulièrement surveillés, de peur que l'un d'eux reproduise les erreurs du passé en recréant un autre Indestructible.
Et tous les autres, magicien ou guérisseur, illusionniste ou enchanteur, sont envoyés à la capitale pour être formé, sous la continuelle surveillance de l'inquisition.

Ceci, je ne l'ai su que récemment, voyant en réalité de pauvres âmes se faire emmener sans ménagement, traitées comme des pestiférés. Je n'en ai jamais revu aucun revenir en ville. J'imaginais le pire pour eux, alors qu'en fait les lois de l'inquisition ignorées du peuple interdissent à un pratiquant de magie de retourner dans les terres où il a grandi.

Comprenez-vous mieux ainsi pourquoi je craignais plus que tout la possibilité que quelqu'un suspecte mes dons et me dénonce ?

Et évidemment vint le jour où mes facultés ont été découvertes...

Kyndale s'anime suivant un rythme bien réglé.
Pour les mineurs au fond des puits de forage, la notion de temps est très relative, chacun s'organise selon l'évolution ou l'urgence des travaux, au point que certains nains peuvent se passer de voir le soleil pendant des semaines.
Par contre, l'extérieur s'organise suivant les arrivés de trains provenant de la capitale.
Deux fois par semaine, une locomotive tracte des dizaines de wagons de fret et un unique rempli de quelques voyageurs.
Les échanges commerciaux sont très simples. Notre ville fournit en métaux et charbon la capitale, et reçoit en contrepartie des vivres et textiles.

Ce jour-là, Yavetrude, la matrone qui dirigeait les cuisines, m'envoya à la gare porter une collation pour maître Arold Surissen et Jiru Brenten, le conducteur de la locomotive.
Je les trouvais en grande discussion et les servis en vin.
Non loin de nous, un groupe d'inquisiteurs mené par Dame Fradissa était venu accueillir à son arrivée un haut membre de leur ordre.
Autant la Dame qui dirigeait l'Inquisition locale possède une réputation flatteuse parlant de générosité et de justice, autant le demi-orque venant la relever de ses fonctions ne m'inspirait que peur. Je me faisais aussi discrète que possible tout en commençant à sortir du panier les repas quand l'attaque débuta.

Nous vivons dans des régions dangereuses, où le climat comme les animaux sauvages sont une menace constante.
Les gobelins eux sont plus sournois encore, vivant en petits clans épars et désorganisés, tuant les imprudents qui s'aventurent seul sur leurs terres.
Heureusement, le courage est assurément une qualité qui leur est complètement inconnue. Jamais ils ne se risqueraient à engager un combat ou leur nombre n’excéderait pas dix fois celui de leurs victimes. Jamais ils ne s'aventurent prêt des villes ou villages. Jamais, jusqu’à aujourd’hui.

La voie ferrée explosa et apparut au milieu de la fumée un étrange dirigeable qui lâcha sur nous une horde de gobelins.
Ils descendirent par des cordes engager le combat avec les soldats soutenus par les courageux qui ne fuyaient pas la gare.
Pendant la bataille, les hideuses créatures nouèrent ces cordes autour des caisses de vivres à peine déchargées pour les emporter dans leur vaisseau. La mêlée tourna finalement à notre avantage. J'avais été protégée par un façonné qui servait dans le train.
Quand le dernier gobelin tomba, le demi-orque inquisiteur sermonna Dame Fradissa pour sa faiblesse et son laxisme qui permirent cette attaque. Il continua en prétendant qu'elle se montrait incapable ne serait-ce que de repérer les mages cachés dans ces murs.
Naturellement, je tentais de m’éclipser discrètement en aidant un guerrier blessé à rejoindre nos guérisseurs, mais ma manœuvre attira l'attention de ce sinistre individu.
Il me prit pour exemple dans la foule pour démontrer les fautes de Dame Fradissa et détecta trop facilement mes dons.
J'essayais d'argumenter, mais le jugement des inquisiteurs est indiscutable. Sans l’intervention de Dame Fradissa, j'aurais dû attendre mon jugement dans les prisons.
Elle me réquisitionna ainsi que trois autres personnes pour rejoindre la capitale et annoncer l'offensive gobeline. Ainsi elle m’emmènerait personnellement à l'académie de magie où mon jugement serait forcément plus clément.
Je lui dois la vie pour la première fois ce jour.

Étant donné que notre cité sortait de l'hiver et ne peut se permettre le luxe d'avoir trop de stock de nourritures périssables, le vol de nos ravitaillements par les gobelins posait des problèmes immédiats à nos dirigeants.
De plus, rien ne nous garantissait qu'une seconde vague de monstres ne se préparait pas.
Nos défenses étant pleinement mobilisées, maître Surissen et le demi-orque inquisiteur convinrent que la proposition de Dame Fradissa était nécessaire.
Ainsi, je me trouvais à quitter la cité pour la première fois sur un petit chariot prévu pour se déplacer sur les rails à la force des bras. Notre petit groupe était très surprenant à voir.

Voyons en détail mes compagnons.

Dame Fradissa, en armure brillante, symbole vivant de force et de bonté incarnés, me rassurait même si je ne l'avais jamais approchée avant ce jour.

La présence de son subordoné, Ivann Klopsky m’était moins plaisante. Il semblait avoir toute la confiance de la vertueuse Dame Fradissa, mais comme son mentor, il suit scrupuleusement les préceptes de leur ordre.
Vous verrez plus tard qu'il ne m'a ni maltraitée en me livrant à l'académie, ni été spécialement méprisant. Mais il n'a à aucun moment envisagé de m'aider. Ces impressions divergentes m’empêchent de définitivement savoir encore aujourd’hui si un allié inattendu ou un ennemi rusé marche à nos côtés.
Tout le paradoxe de l'Inquisition, je suppose...

Ösgaroth est un homme d'arme au physique impressionnant qui travaillait à la forge.
Son nom semble indiquer qu'il vient des tribus nordiques, réputées pour leurs guerriers exceptionnels, mais ce n'est que supposition de ma part.
Par contre, je suis certaine que quiconque s'aventure dans une forge remplie de nains pour y apprendre leur savoir-faire tout en supportant leur humour bourru en ingurgitant des quantités indécentes de leurs bières mérite un profond respect.

Le façonné qui nous accompagne, C12-100, est particulièrement intéressant.
Il y a peu, je ne considérais ces étranges machines humanoïdes que comme des outils luxueux. Tout le monde les voit tels qu'ils veulent bien nous paraître : infatigables, obéissants et sans âme.
Les premiers façonnés furent forgés juste avant la guerre des mages. L'indestructible lui-même est un façonné, même s'il reste unique et exceptionnel.
Après la guerre, personne ne voulut vraiment se débarrasser de ses si pratiques serviteurs.
Pourtant la vérité est plus complexe. Zirul et encore plus Mère Amara m'ont apporté des informations tellement importantes qu'il ne me paraît pas judicieux de les évoquer ici et maintenant.

Revenons à ce premier voyage.

C12-100 manœuvrait avec la régularité typique des façonnés la barre actionnant la mécanique du chariot, permettant à notre petit groupe de parcourir une première partie du trajet à une vitesse qui ne permit pas aux gobelins de nous arrêter.
Mais ont-ils seulement essayé ? S'ils savaient ce qui nous attendait au bord de la voie ferrée, je comprends qu'ils n'aient même pas bougé un seul de leur doigt répugnant pour nous intercepter.

J'avais envoyé subtilement en reconnaissance mon fidèle familier. Le corbeau m'avertit suffisamment tôt de la présence d'un danger.
Ainsi quand nous aperçûmes l'immense golem de fer, Dame Fradissa réagit sans hésitation et avec un courage digne des plus grands héros.
L'immense créature artificielle possède un nom qui résume mieux son statut que n'importe quelle autre description, « l'Indestructible ». Il approchait avec l'intention indiscutable de nous balayer.
L’inquisitrice descendit du chariot en nous ordonnant de continuer sans elle. Puis elle avança vers un combat qu'elle ne pouvait gagner.
Personne ne discuta son ultime ordre et nous redoublions d'efforts pour fuir.

Nous n'avons ralenti le chariot qu'une fois en vue du premier relais après plusieurs heures d'angoisse.
Ces régions étant parfaitement contrôlées et sécurisée par des soldats expérimentés, rejoindre la capitale ne fût qu'une formalité.
Pourtant j'étais terrorisée. J'avais contemplé une créature de terreur façonné il y a cinq siècles et dont les seuls faits rapportés par l'histoire ne parlent que de destruction et de mort.
Et j'appréhendais encore plus le sort qui me serait réservé devant mes juges. Les Dieux sont témoins, je n'ai jamais fait de mal à qui que ce soit avec mes pouvoirs, ni même seulement envisagé de nuire.
Je ne prétends pas que ma magie n'est pas dangereuse, ce qui représente le principal argument de l'Inquisition pour nous chasser.
Mais une épée n'est-elle pas dangereuse aussi ? Quand un malandrin tue un malheureux avec un couteau, personne n'a jamais eu l'idée de considérer tout citoyen portant une arme à la ceinture comme un criminel.
Toutefois, cela est admis qu'un pratiquant de magie est forcément une menace. Surtout s'il a jugé préférable de cacher ses dons.
J'aurai logiquement dû tenter à un moment ou un autre de fausser compagnie à notre petit groupe pour me cacher dans ces terres inconnues. Mais je n'en avais ni la force ni le courage. Et combien de temps aurais-je gagné à ce jeu risqué ? Quelques mois traquée comme un monstre ?

Dès que les remparts de l'immense cité de Taywick furent passé, Ivann l'inquisiteur m'amena à son ordre qui lui-même me redirigea vers l'académie de magie cloîtrée dans leur enceinte.
Les barrières qui séparent les mages du peuple sont nombreuses, solides et bien gardées. Et pourtant ces jeunes apprentis affairés parcourant les couloirs n'avaient aucunement le visage triste de prisonniers.
On me présenta au chancelier Zirul, un vieil homme souriant qui fort adroitement me fit reconnaître la vérité. Il se montra très généreux par la suite. Il sait que ma place est en ces murs et fait des efforts considérables pour me rendre cet avenir agréable, ou au moins acceptable.
Ce jour-là, il respecta de nombreux silence de ma part. D'ailleurs, il les respecte toujours et attend le jour où il nous faudra discuter de certains secrets. Si je reviens...

Lorsque le nom de l'Indestructible arriva inévitablement dans notre discussion, l’inquiétude de Zirul était visible. Il s'entretint de suite avec les chefs de l'inquisition, et en moins d'une journée un train rempli de soldats et inquisiteurs d'élite partait pour Kyndale.
Mes compagnons aussi revinrent ainsi. Et moi avec le surprenant privilège de devenir durant le trajet l'assistante du chancelier Zirul.
Nous ne manquions pas de sujets de discussion, le plus surprenant étant sûrement que le vieil homme avait grandi dans la même cité que moi, sans jamais pouvoir revenir avant.

A l'arrivée de notre convoi, un triste spectacle nous attendait. L'Indestructible avait causé de nombreux dégâts durant notre absence.
Les gardes avaient miraculeusement réussi à le détruire. Ne restait de lui que la gemme qui alimente son corps en énergie, gemme rigoureusement incassable dans son cas, alors que celle des autres façonnés est particulièrement fragile.
La cupidité, cet amour des richesses incontrôlable, figure parmi les péchés les plus courants, et ce quelle que soit la race.
Ce défaut était particulièrement marqué chez Drodge Sharcey, administrateur et haut représentant du Roi, de même que son goût des femmes paraît-il...
Il voulut garder dans ses coffres l’énorme et superbe gemme rouge. Quelle erreur quand on sait que l'Indestructible peut facilement recréer son corps à partir de métaux, l'or des taxes entassé par exemple.

Une seconde bataille se livra, mais cette fois, le rapport de force fut plus clairement en notre faveur. Les soldats d’élite de l'Inquisition éclataient morceau par morceau la molle protection du corps d'or.
La gemme fut ensuite cadenassée dans un coffre couvert de glyphes de protection magique créés par Zirul en personne. Une grande victoire qui ne mettrait malheureusement pas fin à la guerre.

Un conseil s'organisa avec les hauts membres de chaque ordre.
Après de longues délibérations, en reconnaissant que toutes leurs précédentes tentatives n'arrivaient au mieux qu'à ajourner la prochaine réincarnation de l'Indestructible, les différents partis prirent une décision surprenante.
Après cinq siècles de rejet féroce, humains, nains et halfelins allaient renouer le dialogue avec le peuple elfe, dans l'espoir qu'il puisse nous aider pour détruire celui qui ne peut être détruit.
Encore plus déroutant fut le choix du messager, proposé par le chancelier.
Certes, je suis à moitié de sang elfique, une des très rares première génération, mais sont-ils désespérés au point de confier leur destin à une servante, une magicienne clandestine ?
Je serai escortée par mes trois compagnons, et particulièrement surveillée par l'un d'eux. Mais avons-nous réellement des chances de traverser le royaume vu notre manque d'expérience ? Zirul le croit, et mes compagnons ont une confiance en eux que j'admire.

Ces derniers jours de préparation, dans l'espoir de séduire les elfes, Zirul m'enseigna ainsi qu'à Ivann Klopsky les bases à moitié oubliées de leur langue.
Quand on sait que les elfes vivent facilement des siècles, ne peut-on pas supposer que leurs représentants ont vécu la terreur de l'Indestructible et la honte de l'exil ?

Il nous faudra des trésors de diplomatie pour surmonter l'inévitable haine qui les ronge depuis si longtemps.
Dernière édition par Rebel O'Conner le Dim Nov 05, 2017 17:06, édité 2 fois.
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Carnet de voyage de Cathran Kynsdottir

Messagepar Rebel O'Conner le Jeu Mai 19, 2016 19:50

note: les "chapitres" sont de tailles inégales, il pourr y avoir plusieurs entrées dans un même post.

Carnet de voyage de Cathran Kynsdottir


Le 18 germinal de l'An 43 du règne de Leodath IV
Le balancement régulier du train m'invite à la rêverie.
Après avoir franchi les murailles de la capitale et traversé des plaines colorées parsemées de fermes, nous longeons maintenant le Lieler. Ce fleuve prend naissance dans les collines sauvages au sud de Bafaud, traverse Erruze et Taywick avant de se disperser dans la mer froide, faisant parcourir à ses eaux le trajet inverse du nôtre.
Avant que notre Roi ne lance l'immense chantier consistant à relier la capitale à toutes les villes importantes du royaume, les transports fluviaux étaient fleurissants et nous aurions pu voyager facilement jusqu’à Bafaud.
Ces dernières années, même si la voie ferrée attend toujours d'être achevée, les bateaux sont devenus malheureusement trop rares et la nature reprend ses droits le long des berges.

Mes deux compagnons humains échangent brillamment des blagues naines, dérangeant quelque peu les autres voyageurs, le tout sous le regard neutre et indéchiffrable de C12-100.
Juste avant le grand départ, j'ai présenté Meridran à mes compagnons. Pour eux, posséder un familier est une gentille lubie de magicienne, guère plus que de dresser un chien, et la nature du lien qui m'unit à mon corbeau leur est totalement étrangère. Leur manque de curiosité me convient parfaitement.
M'étant choisie une place à l'écart, mes pensées me ramènent à Dame Fradissa et sa résurrection.
Là est encore un grand paradoxe de la sournoise inquisition. Ma magie, dite profane, est entravée de toute part, alors que celle des prêtres ou des druides, plus douce et présentée comme un don divin fait à leurs dévots, continue à être pratiquée librement. Ainsi, lors de notre retour à Kyndale, les guérisseurs avaient récupéré le corps brisé de Dame Fradissa pour la ressusciter grâce à leurs sorts divins. Son corps a été complètement soigné, sans la moindre cicatrice du broyage rageur qu'il venait de subir.

Avant notre départ, j'ai demandé à la voir. Je n'ai aucunement caché dans ces lignes mon admiration pour elle et il me paraissait normal de la remercier ouvertement.
Malgré l'immense fossé séparant nos deux vies, elle m'avait montré mieux que quiconque ce qu'était la notion de bien altruiste, et dans mes actions futures, je ne voyais meilleur modèle moral à suivre.
En réalité, étant émue par l'incroyable présence de la Dame, notre courte rencontre se solda par des paroles confuses et désordonnées de ma part. Qu'il est difficile à quelqu'un de mon rang d'exprimer toute son admiration sans paraître stupide ! Elle ne me répondit même pas, probablement suspicieuse vis-à-vis de paroles si flatteuses. Je m'enfuis rouge de honte devant ma maladresse...

Je tenais pourtant à lui faire part de mes inquiétudes concernant les gobelins et celui qui a dû organiser leur attaque si bien coordonnée.
Beaucoup supposent que l'Indestructible la leur ordonna, mais je n'imagine guère cette énorme machine de guerre s'encombrer avec ces parasites. Pire, leur action avait aiguisé la vigilance des gardes, et compliquait inutilement sa propre offensive. De plus, aucun gobelin ne profita de la mêlée générale pour soutenir leur supposé général. Qu'importe, mes doutes paranoïaques resteront non-dits.

Je me demande si je reverrai un jour la Dame ou même simplement Kyndale. Même si précédemment je n'avais que trop peu le sentiment d'y être à ma place, depuis mon éloignement de la fière cité, mon cœur souffre. Je regrette profondément de ne pas avoir fait mes adieux aux personnes tels Maître Surissen ou Yavetrude qui malgré des manières bourrues, me poussèrent à progresser. Mais d'une part, il est clair que je n'ai aucun talent pour les remerciements, et d'autre part, je n'aurais supporté de lire dans leur regard toute la déception causée par mes mensonges pour dissimuler ma magie.



Le 22 germinal de l'An 43 du règne de Leodath IV
La gare d'Erruze se trouvant légèrement excentrée du centre historique, nous bénéficions à notre descente du train d'une superbe vue d'ensemble de la ville.
De façon très esthétique, toutes les constructions se sont organisées de part et d'autre des rives du fleuve, avec un superbe et riche château surplombant des quais où, faute d'activité fluviale, des marchés se sont installés.
J'aurais adoré flâner dans ces ruelles charmantes, et faillis me laisser convaincre par une sympathique jeune flûtiste qui nous accosta pour nous servir de guide.
Préférant ne pas s'attarder inutilement, Ivann déclina poliment son offre et contacta l'inquisition locale pour obtenir un moyen de transport discret.

Son Ordre lui avait confié toute autorité pour mener notre petit groupe, et le capitaine qui le reçu se montra très accommodant. Il nous fournit prestement un chariot ouvert avec deux bons chevaux. Après avoir acquis quelques vivres, nous prenions déjà le principal chemin vers notre prochaine cité étape. Trois jours de trajet étaient à prévoir, avec deux auberges étapes pour nous éviter l'inconfort des nuits fraîches et les crocs acérés des loups.

Je dois confesser être d'une naïveté affligeante. Elle me causa souvent dans ma jeunesse des déconvenues fort déplaisantes. Et même si nous rencontrâmes un unique loup affaibli et malade, les seuls crocs véritablement à craindre se cachaient là où je voyais la sécurité.

Le premier jour de trajet fut très agréable et lorsque nous fîmes halte au bâtiment relais, l'aubergiste se montra fort accueillant. Il est vrai que son unique compagnie se limitait à un poivrot somnolant vautré prêt du feu dans la salle commune.
Le repas était correct et la chambre commune acceptable malgré le manque d'intimité renforcé par les ronflements d'Ösgaroth. Aucun de nous ne prêta attention au regard du maître des lieux intéressé par l'or de notre meneur.

Le lendemain, nous pensions traverser aisément la foret, craignant éventuellement quelque animal sauvage.
Notre total manque de vigilance nous amena directement dans une embuscade admirablement planifiée.
En une poignée de secondes, nos chevaux se trouvèrent empêtrés dans un filet, et six brigands armés de gourdins et menés par une brute demi- orque encerclèrent le chariot.

Le physique hideux de leur chef contrastait avec son aisance verbale. Sa façon de présenter sa bande et de réclamer notre fortune était élégante. Je crois volontiers qu'ils nous auraient laissés partir sains et saufs si nous avions pu nous délester de notre or. Malheureusement, cette option n'était pas acceptable, et déjà mes compagnons se ruèrent sur les assaillants les plus proches.
De mon côté, mon rôle était clairement défini : Je devais gagner du temps.
Le chef demi-orque était indubitablement le meilleur combattant, aussi il ne devait pas prendre part au combat immédiatement. Par chance, il ne résista pas à mon sort d'enchantement et j'arrivais à le faire fuir à toute jambe pendant quelques précieuses secondes.
Deux de ses hommes désagréablement surpris par sa désertion préférèrent adopter une attitude similaire.
Rapidement un des brigands restant s'écroula sous les coups d'un de mes amis, et les trois autres se rendirent de suite. Pendant qu'Ivann les entravait, Ösgaroth remarqua le chef de sang orque revenir lentement mais résolument vers nous la hache en main. Il est des défis qu'un guerrier ne peut refuser, et Ösgaroth se rua sur son adversaire.
De manière trop optimiste, dirai-je. Le demi-orque l'arrêta d'un coup terrible et nous vîmes tous notre compagnon vaciller. Ivann se précipita pour lui apporter un soutien nécessaire. Ils étaient trop loin pour que ma magie puisse les appuyer et mon ami façonné gardait un œil intimidant sur les brigands capturés pour éviter toute tentative inconsidérée.
Ösgaroth venait de recevoir le premier coup, mais là où tant d'hommes se seraient écroulé, lui réagit rageusement avec un magistral coup d'épée qui ouvrit à moitié l'estomac de son ennemi. Ivann l'acheva d'un colossal coup de marteau qui descendit la tête verdâtre au niveau des viscères.
Cette victoire saignante les réjouissait totalement alors que, sans vouloir dévaloriser aucunement leur combat, j'étais nauséeuse.
Je n'avais jamais vu mort aussi sanglante, et ce truand demi-orque méritait de par son attitude un certain respect.

Mes trois compagnons plus pragmatiques fouillèrent le cadavre, se partageant équitablement les gains. J'ai dû leur paraître fort méprisante en refusant l'or proposé, alors que de trop nombreuses émotions motivaient ce refus. Je ne tenais aucunement à récupérer de l'or couvert du sang de quelqu'un qui en d'autre circonstances aurait pu être à nos côtés.
Les épreuves imposées par les Dieux imposent quelques fois à une bonne âme d'agir vilainement.
Peut-être ce demi-orque était-il heureux de sa vie de criminel, mais peut-être rêvait-il d'un destin plus honorable ? Son sang le condamne continuellement à un racisme terrible, les faisant paraître trompeusement comme des êtres limités en intelligence et prompts à libérer la violence innée des ignobles orques.
N'avais-je pas jugé négativement le demi-orque inquisiteur à Kyndale ? Même si dans son cas, le fanatisme avait surpassé l'idéalisme, en son cœur croyait-il faire ce qui est juste ? Moi qui ai bien trop tendance à ne me focaliser que sur mon nombril, je commençais à mesurer les souffrances liées à leur héritage barbare.

Envahie par tant de sentiments, je ne m'imaginais pas livrer aux autorités nos assaillants survivants, visiblement des paysans nécessiteux, et ainsi les condamner à l’échafaud.
J'avais soigné le plus blessé d'entre eux en stabilisant magiquement ses saignements.
Après une brève discussion avec mes compagnons, nous nous accordâmes sur une issue charitable. La déconvenue qu'ils venaient de subir leur servirait de leçon, aussi étaient-ils libres de disparaître.
Inévitablement, Ivann devrait faire un rapport à ses supérieurs, mais le temps qu'il les dénonce, ils avaient une chance de retourner à une vie plus honnête.
Après cette rencontre, les deux jours nécessaires pour atteindre Bafaud furent relativement calmes.
Un loup nous attaqua bien de nuit, mais notre infatigable ami façonné le neutralisa aisément sans même juger utile de nous réveiller.
Nous contournâmes sagement un auroch broutant calmement sur le côté du chemin. Et pour finir, un long convoi de caravanes avec une grande majorité d'halfelins nous croisa. Il était parti voilà plusieurs semaines de notre étape suivante, Chambuire, pour livrer des centaines de caisses pour la capitale.

Souhaitons qu'à Bafaud un trajet alternatif plus rapide nous soit proposé, fut-il plus périlleux. Notre confortable voyage en charrette risque fort de se terminer là.
Dernière édition par Rebel O'Conner le Dim Nov 05, 2017 17:08, édité 2 fois.
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Carnet de voyage de Cathran Kynsdottir

Messagepar Rebel O'Conner le Sam Mai 21, 2016 18:10

Le 25 germinal de l'An 43 du règne de Leodath IV
En me préparant à ce voyage, je m'imaginais, j'espérais même, croiser toutes sortes de personnalités hors du commun, allant du soldat elfe en armure d'or étincelante au nomade des déserts, de la fée envoûtante à la repoussante sorcière du marais.
Les possibilités étaient nombreuses et étonnamment je n'envisageais pas une seule seconde rencontrer Mandar. A force d'être un cas isolé à Kyndale, j'ai eu l'orgueil de me croire unique.
Helsonn doit prendre un plaisir certain en me confrontant à cette surprise et je suis sûre que mon fidèle Meridran en s'approchant du ciel perçoit son rire !

Reprenons depuis le début, à notre arrivée à Bafaud. À côté d'une aire destinée à accueillir les caravanes, les gardes surveillaient les allers et venus des voyageurs, nous compris.
Cette cité n'a ni la taille, ni l’esthétique des autres villes traversées jusqu'ici. Elle sert principalement de base aux échanges entre la capitale et le sud, et les nombreuses échoppes de marchands indiquent que le commerce domine ici.

C12-100 gardera sans doute un souvenir déplaisant de la ville, car à peine avions-nous le dos tourné que les enfants le prenaient pour cible, l'humiliant à jet de tomates ou de boue.
Plus dérangeant encore était le silence des adultes, comme une approbation à ces gestes insultants.
J'aurais tant voulu leur dire ô combien les façonnés sont intelligents et intéressants, si loin de l'image d'objet qu'on leur donne. Mais savoir la vérité les rendrait davantage hostile, je crains. Aussi, à contre-cœur, je me tus.
Je me demande quelles peuvent être les tristes pensées de mon compagnon mécanique, lui qui encaisse si stoïquement les brimades sans broncher.

Pendant ce temps, Ivann a rejoint le poste de son ordre, restituant à son supérieur le chariot.
Les quelques informations glanées lui confirmèrent que suivre la route et contourner les collines prendrait des semaines, alors que le trajet direct traversant les étendues rocheuses sauvages ne nécessitait avec un guide compétant qu'une poignée de jours.
Nous partîmes en quête de notre homme à la première taverne trouvée, et forcément le Dieu du destin jugea cocasse de nous orienter vers une salle remplie de nains.
Mon entrée causa un silence déplaisant. Heureusement, Ösgaroth a adroitement gagné la confiance de tous en réclamant une bière avec la manière, en parlant parfaitement la langue naine d'abord, puis buvant cul sec le fort breuvage et en rotant comme il se doit.
Ses années dans les forges lui ont inculqué la maîtrise du fer et également l'art diplomatique si particulier du peuple de pierre.
Et il eut surtout la sagesse d'arrêter Ivann avant que ce dernier n'offre une tournée générale. Ce veinard n'a jamais eu à servir une troupe de nains ivres vidant tonneau sur tonneau jusqu'à ce que chacun ait payé poliment sa tournée au moins trois fois. Une épreuve éreintante par expérience !

L'ambiance étant plus détendue, nous questionnâmes le tavernier pour trouver un fin connaisseur des collines sauvages. Il nous conseilla, selon ses mots, une stupide druidesse demi-elfe vivant à l'extérieur de la cité, aux abords de la chute d'eau qui alimente le fleuve.
Il est vrai qu'elle cumulait plusieurs tares dévalorisantes aux yeux de cette mâle assemblée naine.
Elle est de sang elfe, une femme de surcroît, et surtout elle revendait naïvement des pierres précieuses ramenées des collines pour une somme dix fois inférieure à leur valeur réelle.
Il est bien connu que ne pas estimer à la pièce d'or près une émeraude ou un rubis brut est un signe de bêtise incroyable.
Malheureusement, une fois trouvés la cascade, la demoiselle et son compagnon singe, nous dûmes reconnaître que le tavernier ne s'était point trompé dans son jugement.
Mandar est une très belle demi-elfe, le regard lubrique de mes compagnons l'atteste. Et même si elle vit parfaitement en accord avec la nature, son élocution hésitante et simpliste semblent indiquer que ses capacités intellectuelles bien moins exceptionnelles que son physique.
Ses années d'isolement volontaire dans le monde animal en sont-ils une cause ou une conséquence ?
J'avais été la porte-parole de notre petit groupe, conversant en elfique avec la druidesse.
J'ai été légèrement surprise de constater qu'elle maîtrisait aussi correctement que moi cette langue disparue. L'avait-elle apprise directement auprès du peuple sylvestre ? Les traits si marqués de son lignage elfique me laissent supposer qu'elle aussi soit de première génération.
Je devine qu'elle a eu l'immense chance de grandir auprès de ses parents, et que chacun d'eux lui a apporté sa propre particularité culturelle.
La discussion dura un long moment, soulevant de mon côté quantité d'interrogations silencieuses.
À la fin, je sentis que la sympathie réciproque que nous éprouvions l'une pour l'autre aida à convaincre Mandar de nous aider, au moins autant que le splendide collier d'argent et saphir offert par mes compagnons comme paiement.

Nous rentrâmes à la taverne naine nous reposer en prévision de la marche de demain.
C12-100 occupe silencieusement la même chambre que moi. J'hésite à lui parler, désireuse d'enrichir mes connaissances sur les façonnés. Ces corps mécaniques contiennent, emprisonnent pourrais-je même dire, une âme élémentaire arraché à son plan par la magie.
Mon compagnon m'a révélé venir du monde de la terre.
Avait-il avant un nom, un vrai nom qui ne soit pas un simple vulgaire assemblage de lettre et chiffres ?
Se rappelle-t-il seulement de la période où il était un minuscule élémentaire de roc et de glaise ?

Mais j'aurais tout loisir de l’interroger durant les semaines prochaines, car une curiosité encore plus forte me pousse maintenant à refermer ce carnet, à fournir une vague excuse à C12-100 pour sortir et à quitter en toute discrétion le bâtiment.
Le chancelier Zirul m'avait décrit précisément le mode de fabrication des façonnés suite à mes innombrables questions.
Par association, un autre souvenir venait juste de me revenir, un échange sur mes origines.
Le brave homme m'avait informée qu'un petit nombre de demi-elfes purs étaient nés ces vingt dernières années, tous naturellement doués pour la magie, tous, à mon exception, morts ou disparus dans ce monde difficile.
Une intuition me pousse à retourner seule vers la chute d'eau.

Le 2 floréal de l'An 43 du règne de Leodath IV
Plusieurs jours ont passé sans que je ne puisse inscrire mes pensées en ces pages.
Après un combat où j'ai montré un de mes sorts d'évocation les plus puissants, Ivann m'a lancé une petite pique, remarquant que pour une magicienne venant seulement de découvrir ses pouvoirs, il me trouvait étonnamment douée.
Aussi, m'a-t-il semblé judicieux de lui prouver ma bonne volonté en lui laissant ce carnet quelque temps. Peut-être considérera-t-il autrement ma personne et tout pratiquant de magie en général après cette lecture ?

Ivann obéit fidèlement à Svenja, déesse de la Justice dont le symbole orne son terrible marteau de guerre. A ce jour, il a été un camarade de route agréable, motivant et efficace dans son rôle de meneur. Mais, comme tout inquisiteur, ses yeux sont entraînés à détecter la part cachée de chacun, sa langue nous flatte pendant que se prépare son impartial jugement.
Ses maîtres n'ont pu accorder si aisément leur confiance à une magicienne rebelle, particulièrement vu l'importance de la mission.
Ses ordres à mon égard passent forcément par une surveillance de mes faits et gestes afin de découvrir la moindre malveillance cachée.
Et bientôt viendra son jugement me concernant. Sera-t-il clément ou impitoyable ?

Notre première journée de marche sous la direction de Mandar indiqua que notre choix du guide était véritablement pertinent.
Elle sut nous proposer une voie praticable pour les citadins que nous sommes, alors que la végétation et les rochers rendaient indétectable à mes yeux tout chemin.
Sans sa mise en garde, je suis certaine que je n'aurais jamais eu la prudence de m'éloigner des superbes plantes bleutées soporifiques parsemant les alentours.
Nous croisâmes aussi un colossal ours brun que notre protectrice amadoua par quelques gestes et mots amicaux.

Ma très longue discussion avec la jeune druidesse quand nous étions encore en ville m'apprit à l'apprécier et à la respecter profondément.
En regardant Mandar, j’éprouve toujours un léger vertige tant nos ressemblances et nos différences se complètent harmonieusement, telles deux sœurs.
Nous partageons toutes deux la particularité si rare d'avoir un elfe comme parent direct, sans jamais l'avoir connu.
Nos enfances furent aussi pénibles et à un moment nos dons magiques se révélèrent, ne compliquant que davantage nos vies.
Toute ressemblance s'arrête là, car son art magique est un don de la Nature, et si je n'avais jamais quitté l'enceinte des villes, Mandar, elle, vit en harmonie dans les bois, le ciel étoilé comme seul toit.
Une indéniable grâce naturelle et l'aura mystérieuse du peuple sylvestre s'expriment pleinement chez mon amie.
Enfant, je désirais tant rencontrer une camarade si forte, alors qu'adulte, je l'admire et la jalouse un peu.

En fin de journée, Mandar nous emmena près d'une étendue d'eau qu'elle connaissait bien. Les pierres qu'elle échangeait en ville provenaient de ce lieu paradisiaque, nous dit-elle.
Ivann et Ösgaroth tentèrent en vain jusqu'à l'apparition des étoiles de dénicher un seul de ces trésors bruts.
Le petit sourire discret de la druidesse pouvait indiquer sa moquerie devant leur inexpérience, ou alors simplement le fait qu'elle avait gardé ses filons secrets en nous leurrant avec un lieu stérile. Les jaugeait-elle ?

Ma première nuit en pleine nature fut moins intolérable que je ne me l'imaginais.
Les insectes et autres petites bestioles n’empêchèrent pas le sommeil de venir.
Au réveil, toute fatigue disparue, je prenais le temps nécessaire pour préparer mes sorts journaliers.
Ivann, ayant besoin de moins de temps de prière pour bénéficier des faveurs de Svenja, commença à regarder les alentours, et nous alerta lorsqu'il perçut un bruit étrange, comme une plainte inquiétante provenant d'une colline voisine.
Le visage de Mandar s'assombrit lorsqu'elle reconnut le râle typique des non-morts. Pour assurer la sécurité de la région, un léger détour s'imposait.

Discrètement, notre groupe repéra un minuscule campement au milieu duquel trois répugnants morts-vivants se nourrissaient des viscères d'un malheureux.
Profitant de l'effet de surprise et de notre surnombre, nous engagions le combat.
Après quelques difficultés, ces hideuses créatures retournèrent à un état inerte plus naturel.
Toutefois, Ivann s’inquiéta de découvrir une bizarre larve serpentiforme encore active dans l’abdomen des morts. Alors que toute notre attention se focalisait sur cette abomination et les inévitables questions liées, le vrai danger caché là nous attaqua par-derrière.
Quatre bestioles cauchemardesques sortirent des buissons pour foncer vers nous.
Elles avaient la corpulence de gros chiens de guerre, une peau lisse répugnante variant du bleu au violet, et une dérangeante crinière mouvante entourant une gueule démesurée.
La peur nous motiva fort heureusement bien plus qu'elle ne nous paralysa. Les dieux nous soutenaient face à ces horreurs qui n'avaient aucunement place sur cette terre.

Ösgaroth le premier découpa mortellement son monstre, Ivann l'imita en écrasant le sien, et Mandar transformée magiquement en ours géant déchiqueta le troisième.
C12-100 fut bien abîmé par la dernière créature, mais il lui rendit coup pour coup ses blessures, l'achevant avant qu'elle n'ait pu fuir.
Mon rôle fut plus discret après un sort d'électricité mal ajusté, et je m'assurais de soigner par mes pouvoirs les plaies de mes amis avant qu'elles ne les handicapent.

Une mauvaise surprise m'attendait en venant guérir mon compagnon métallique, car en l'attaquant, sa créature avait introduit une larve issue de sa crinière dans la mécanique.
L'immonde animal ne pouvait par chance s'infiltrer dans un corps artificiel. C12-100 l’écrasa sans hésiter entre ses doigts d'acier.

Après notre victoire vint le moment des questions.
Aucun d'entre nous ne connaissait de telles bestioles. Les explorateurs du campement avaient manifestement été leurs victimes, les larves réanimant ensuite les corps.
Une crainte légitime se lisait dans nos yeux, celle d'avoir d'autres de ces horreurs parcourant les bois, tuant et propageant telle une maladie atroce leur malédiction.
Mandar choisit en réponse de nous faire rencontrer son mentor, l'être le plus sage de ces bois, vivant en ermite et en total communion avec la nature.
Celui-ci pu identifier les akatas, d'étranges animaux venus des étoiles dans ces bois pour se reproduire grâce à un processus tortueux.
La larve grandit dans son corps hôte jusqu'à la croissance des pattes et de la crinière pour atteindre le stade adulte où il retourne dans le ciel.
L'ami de Mandar possède de nombreux alliés animaux dans ces bois, et par leur intermédiaire, il nous promit de surveiller et d'éliminer d’éventuels autres atakas.
Avec cet homme et Mandar tels des gardiens protecteurs, la forêt arrivera à vaincre ce danger.
Malheureusement, à peine ce danger dissipé, nous allions vite découvrir qu'un mal encore pire contamine l'eau et l'air de Chambuire.

Après deux journées de marche sans mauvaise surprise autre qu'un étrange et piégeur champignon explosif, notre groupe atteignit la limite des bois.
Un subtil et désagréable changement se faisait déjà ressentir, les chants d'oiseaux cessaient et la végétation était davantage marron que vert tendre.
Notre guide s'arrêta là et nous souhaita bonne chance pour la suite de notre voyage.
Elle me fit des adieux plus touchant à part, m'offrant en plus de son amitié trois diamants parfaitement taillés. Je les garde très précieusement, car celui qui les cisela si élégamment est connu du peuple elfique. Peut-être seront-ils un atout en notre faveur le jour venu ?

Alors que Chambuire n'était pas encore visible, le vent nous en offrit un aperçu déplaisant, une odeur nauséabonde qui m'écœura comme jamais.
Enroulant un linge autour de mon pâle visage pour supporter la puanteur, je suivais mes compagnons tout en observant les ravages de la civilisation.
J'avais déjà entendu des armuriers nains évoquer une nouvelle génération d'armes fonctionnant avec une poudre noire et qui remplacerait toutes nos bonnes vieilles techniques guerrières, magie comprise. Devant nos yeux se trouvait l'effroyable prix à payer pour ce progrès.

Les terres entourant la ville étaient recouvertes de monticules repoussants brassés par les outils de centaines d'ouvriers maladifs.
Ces travailleurs de toutes races traînaient leurs bottes, quand ils en avaient, dans des eaux stagnantes jaunâtres où même un gobelin ne plongerait pas un orteil.
La ville se divisait nettement en deux quartiers. L'ouest avec un riche château entouré de maisons aux fenêtres dorées, et une immense place en face de la mairie avec une colossale statue de l'autoproclamé bienfaiteur de ces lieus. A l'est, de trop nombreuses maisons pauvres s'entassaient les unes sur les autres, les ruelles sales remplies de miséreux.
Au sud, le port développé le long du fleuve Orizni fournissait du travail à des centaines de marins parcourant les nombreux navires arrimés.

Nous descendions la dernière colline pendant que le soleil couchant teintait de façon irréelle et menaçante le nuage pestilentiel couvrant la vallée.
La grande auberge à l'entrée de Chambuire se présentait comme un choix logique pour tout nouvel arrivant. Pour une fois, je n'attirais aucun regard sur moi.
Tout l'inverse de notre ami façonné que remarquèrent sur le champ deux nobles.
Ils s'approchèrent de nous et, sans même s'abaisser à se présenter selon les usages, annoncèrent leur intention de nous acheter immédiatement C12-100.
Notre refus sembla les contrarier légèrement et j'appris ultérieurement par l'aubergiste que nous venions de froisser conjointement le seigneur et le maire de la cité.
Assurément pas la meilleure manière d'arriver discrètement là...

Par intuition, je retournais seule voir ces hauts personnages pour m'excuser de la réponse hâtive de mon « maître » Ivann, tout en leur suggérant qu'une bonne nuit ici l'amènerait peut-être à réévaluer leur offre.
Ce mensonge improvisé nous ouvrait des perspectives difficilement évaluables sur le moment.
C12-100 m’accompagna dans ma chambre, ce qui me rassura vu la noirceur insidieuse du lieu.
Il m'avait protégée lors de l'attaque des gobelins à la demande de maître Brenten, alors que maintenant je sais qu'il me protégera de sa propre volonté, parce que nous sommes amis.
C'est aussi amusant de constater ma pudeur inutile.
Dans leurs pensées, les façonnés sont tels des élémentaires, aucunement gênés ou attirés par une quelconque nudité.
C'est ce que je suppose, mais honnêtement, je ne suis certaine de rien.
Que savons-nous finalement de ces merveilleuses créatures vivant dans un esclavage silencieux ? Par extension, que savons-nous de l'Indestructible ?
Tous les mages, religieux et généraux que j'ai vu s’interrogent sur la manière de l'éliminer, mais aucun ne demande simplement pourquoi cet immense façonné de guerre s'acharne à détruire toute source magique.
La raison d'être de l'Indestructible est à mes yeux la toute première question.
Avant notre départ, je m'étais ouverte sur ce sujet à Zirul, qui à son tour en référa au conseil des mages. Sans effet sur la stratégie commune des dirigeants.
Par contre, Mère Amara avait alors demandé de me rencontrer en privé. Avant de me rendre à cette entrevue, j'avais déjà glané çà et là quelques renseignements sur l'Indestructible.
Cette terrible machine de guerre est issu de l'union d'une gemme rouge unique et d'un seigneur élémentaire de feu.
L'archimage elfe Telamime, grand méchant désigné par les historiens, avait inventé et dirigé ce rituel juste avant que ne commence la guerre des mages.
Les siècles qui suivirent, l'Indestructible s'acharna à détruire les autres façonnés ainsi que toutes nos créations magiques.
Veut-il libérer les forces élémentaires de la servitude imposée par nos races, ou alors ne cherche-t-il pas à réunir cette énergie pour détruire encore plus ? L'inquisition penchera naturellement vers la seconde possibilité, mais je doute que tout soit si manichéen.

Mère Amara croyait en une autre hypothèse tentante. Mais avant d'évoquer cette idée, je devrais m'attarder un peu sur la personnalité atypique mon interlocutrice.
Ce façonné assemblé pendant le règne de Forald II a gagné le respect des mages et une place au conseil grâce à ses dons pour l'invocation.
Quant à son titre de « Mère », il ou elle l'a mérité en créant à son tour d'autres façonnés. Je serais curieuse de savoir durant ses deux siècles de vie, combien de ses semblables cette géniale invocatrice a enfanté, si je puis me permettre l'analogie.

Elle me parla de son créateur et de son interprétation des actes de l'Indestructible.
D'après lui, ce que cherche le golem demi-millénaire, c'est de gagner la possibilité de mourir.
Libérer l’énergie des façonnés détruits et la rendre à son plan élémentaire serait le début du processus permettant sa propre destruction.
Le créateur partagea son opinion uniquement avec sa création, en lui imposant le secret, sûrement par peur des réactions de l'Inquisition de l'époque.
Et le jour où Mère Amara entendit mes suggestions au conseil des mages, elle trouva ainsi une façon de se libérer du poids de sa promesse, car elle avait juré de ne jamais partager le secret de son maître avec un autre mage.
Or, je ne suis pas officiellement mage…
Dernière édition par Rebel O'Conner le Dim Nov 05, 2017 17:09, édité 2 fois.
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Messagepar Rebel O'Conner le Dim Mai 22, 2016 22:04

Le 3 floréal de l'An 43 du règne de Leodath IV

Moi qui suis habituée à voir l'Inquisition tellement importante et influente dans notre royaume, je fus particulièrement choquée de découvrir leur bâtiment dans Chambuire.
Nous venions juste de quitter l'auberge pour nous diriger directement vers un espoir de soutien. La maison délabrée qui se révéla devant nous indiquait clairement qu'en ces terres maudites, les préceptes vertueux de l'Ordre n'avaient aucune valeur.
Les volets se décrochaient, sur la dizaine de fenêtres, une seule était encore intacte et la porte d'entrée massive ne devait plus fermer depuis des années.
Ivann s'introduit le premier pour découvrir un misérable sergent vautré au milieu de tonnelets de vin vides, ivre mort. Le vieil homme malingre et puant vivotait là, seul au milieu de ce désastre, et il lui fallut un seau d'eau froide dans sa figure boursouflée pour dessaouler.
Il arriva tant bien que mal à nous expliquer ce qui se passe dans cette cité. Un à un, tous ses frères et sœurs renoncèrent à leurs convictions devant l'or que proposait Grapegris, le seigneur local.
Ce dernier commerce avec toutes les cités du royaume pour leur proposer des armes révolutionnaires.

A Kyndale, quelques forgerons évoquaient déjà les noms étranges de ces nouveaux instruments de mort.
Les mousquets, pistolets et canons sont encore une rareté, mais suite aux efforts de Grapegris, ce progrès technique risque fort de se généraliser et de réduire la magie de guerre au rang de curiosité inefficace.
Aujourd'hui, un combattant tel qu'Ösgaroth armé de sa fidèle épée reste le cauchemar des ogres et gobelins, mais pour combien de temps encore ?

L'inquisiteur sortit un sac contenant quatre pistolets et les produits nécessaires à leur fonctionnement.
L'objet en lui-même n'a rien d'imposant, plus petit qu'une arbalète, plus maniable aussi. Comme démonstration de l’efficacité de l'arme, le bonhomme or et azur le dirigea nonchalamment vers une cruche et la fit exploser. Le bruit nous fit tous sursauter, et un frisson de peur me parcourait le corps en imaginant la terrible efficacité de cette invention.
Pour finir son compte-rendu déprimant sur la situation de Chambuire, l'ivrogne nous parla de la disparition inexpliquée des quelques façonnés de l'usine de soufre, ce qui explique l'empressement de Grapegris à acheter C12-100.

Ayant obtenu toutes les informations possibles, nous commencions à quitter le bâtiment, lorsque je m'arrêtai net.
Je ne me rappelle pas avoir dit un seul mot durant la conversation, laissant Ivann échanger avec son compagnon de foi.
Je ne suis pas certaine des raisons qui m'ont fait revenir dans l'édifice et me planter devant cette parodie d'inquisiteur pour lui dire ce que j'avais sur le cœur.
Tout inquisiteur représente pour moi un ennemi dont je respecte les convictions, mais l'homme devant moi n'a plus rien de commun avec les fanatiques que j'ai crains.
Il a perdu tout honneur, toute volonté et a renié trop facilement ce en quoi il croyait.
Les mots emplis d’émotions sortaient de ma bouche en même temps que le visage du soldat virait au cramoisi.
Peu habitué à être ainsi bousculé, qui plus est par une jeune femme, il se mit dans une colère noire et me chassa dehors en claquant la porte !

Mes compagnons, Ivann le premier, me regardèrent comme une folle, ne comprenant pas ma provocation. Sincèrement, cet homme apathique m'a fait pitié et avait besoin, je crois, d'être provoqué pour réagir.
Mais la nature et l’ampleur de sa réaction m'échappait complètement.
Il ressortit après quelques minutes, un baluchon sur l'épaule et avança d'un pas rageur et décidé vers son destin.
Ne devinant point ses plans, nous le suivîmes pour éventuellement lui éviter de faire une bêtise. Je n'en menais pas large et priais les dieux pour que ma tirade malheureuse ne se termine pas dans le malheur.
Je sentis un grand soulagement quand il s'arrêta à l'écurie pour monter un cheval et quitter résolument la ville.
Il allait retourner auprès de son Ordre pour chercher du renfort. Aujourd'hui, il était redevenu un Homme.

Helsonn fasse que ses actions futures contribuent à une amélioration de l'état de Chambuire.
Dernière édition par Rebel O'Conner le Dim Nov 05, 2017 17:10, édité 1 fois.
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Messagepar Rebel O'Conner le Mer Mai 25, 2016 20:51

Le 4 floréal de l'An 43 du règne de Leodath IV

Même si le jeu était particulièrement dangereux, je dirais que nous avons pris un malin plaisir à fourvoyer Grapegris.
Pour commencer et mieux affronter les difficultés futures, nous nous renseignâmes sur les bogards à la seule librairie de la ville. Après avoir agacé le vendeur ainsi que mes compagnons en farfouillant pendant trois bonnes heures entre les rayonnages, je repartais avec deux livres sans aucun autre intérêt que celui de brouiller les pistes, et un dernier grimoire sur les cultes maléfiques.
Déjà là, en sortant du commerce, nous sentions le poids déplaisant des regards des soldats patrouillant.

Ensuite, le moment était venu de vendre notre ami de bois et d'acier.
Devant la riche demeure de Grapegris, un carrosse aux armoiries d'un baronnet de Trann, le seigneur Harbold et une dizaine d'autres façonnés prouvaient que le sinistre bonhomme avait un impérieux besoin de main d’œuvre pour faire fonctionner son commerce.
Nous négociâmes avec l'intendant, d'un côté en essayant d'obtenir un maximum d'or de la vente, et de l'autre en sabordant volontairement notre affaire.
En effet, pour donner l'impression à Grapegris de sortir largement gagnant et ainsi endormir sa vigilance, C12-100 s'était lui-même détraqué une jambe pour boiter.
Nous passâmes la grand porte à peine vingt minutes plus tard avec un parchemin nous désignant propriétaires d'un joli bateau d'une valeur avoisinant les dix milles pièces d'or.

En nous dirigeant vers le port, sans réelle surprise, une troupe de soldats nous arrêta comme des malandrins et nous conduisit à la mairie. Nous les suivîmes tout en réfléchissant à la meilleure façon de nous sortir de ce traquenard, ce qui finalement fut inutile car le capitaine de la garde nous libéra de suite, prétextant une méprise douteuse.
Il n'est pas difficile de deviner que si notre ami façonné avait encore été à nos côtés, nous aurions croupi un moment dans leurs geôles.
Maintenant, nous allions probablement disparaître encore plus secrètement en traversant le fleuve, suite à un chavirage inexpliqué de notre bateau.

Nous jouerions nos vies à davantage provoquer Grapegris en déambulant stupidement dans les rues de sa ville.
Même vagabonder au milieu des ruelles des quartiers hors de son influence n'a rien de recommandable. Comme le conseillent les joueurs de cartes de Kyndale, il faut savoir sortir de la partie à temps et sur ses deux pieds. Aussi nous cacher tel des rats dans la maison abandonnée que nous avaient indiquée nos alliés de circonstances n'a rien de déshonorant.

Ösgaroth semble désapprouver notre stratégie sans toutefois exprimer ouvertement ses réticences.
Il n'est point un homme de patience et je devine que seule l’importance de notre cause le retient cloîtré ici.
Pour arrêter l'Indestructible, il est un allié de grande valeur aux convictions fortes, capable de nous suivre sans hésiter jusqu'aux enfers pour accomplir notre devoir de Kynbarns.
J'ai une grande confiance en lui. Le moment venu, il sera le plus apte à écouter mes confidences de magicienne.
Après C12-100, peut-être. Malgré la difficulté de cerner les pensées de notre ami façonné, je sens en lui une grande âme. S'il ne fallait qu'une seule preuve pour justifier mon appréciation, il suffit de se fier à Méridran. Mon fidèle corbeau, toujours si méfiant, semblait totalement rassuré lorsque nous dormions à ses côtés dans la chambre d'auberge.

Alors que l'obscurité nocturne nous entoure progressivement, je prie de tout mon cœur Adrassaguel l'Insoumis pour qu'il apporte le petit soupçon de chance nécessaire à C12-100 pour surmonter les dangers qui l'entourent dans l'usine.
Seuls très peu d'hommes auraient ainsi eu le courage de s'introduire dans le domaine du seigneur Grapegris pour libérer de l'esclavage ses semblables, car il s'agit bien ici d'esclavage que l'on soit de chair ou de métal.


Pour finir cette journée, je me suis permise de recopier ci-dessous dans sa langue d'origine un texte ancien qui parle des ancêtres des gripplis.
Je me rappelle que maître Surissen collectionne passionnément tout ce qui se rapporte aux races disparues et il saura apprécier la valeur de cette analyse ethnologique.

Texte ajouté sur un parchemin et écrit dans la langue des élémentaires de feu, l'Igneux.

Spoiler
Le mensonge et moi sommes de vieux amis. En regardant la manière honteuse dont l'Inquisition réécrit l'histoire à son avantage ou simplement les rapports sociaux des cités, il semble déjà que la Vérité tend à perdre son duel l'opposant à la Tromperie.
Mais dans les structures les plus profondes de mon être, le déséquilibre entre honnêteté et duplicité est encore plus désastreux. Si entre les mains divines de Helsonn, Grand Maître du Destin, il existe une balance pour équilibrer toute chose, alors ce carnet se doit d'être le contrepoids de mon âme.

Il y a quelques jours, nous avancions aux côtés d'un guide dont mes compagnons ignoraient tout ou presque.
Ils étaient aveuglés par les apparences, et moi, je les trompais davantage en jouant une comédie que je connais bien pour protéger Mandar. Elle m'a honorée en partageant son histoire et ses secrets, aussi me suis-je promis de les défendre.
Née quelques années avant moi, elle fut élevée sans nul amour par sa mère. Quant à son père, il demeure un mystérieux personnage, car il semblait humain lorsqu'il séduisit sa compagne d'une unique nuit.
Je puis comprendre qu'un elfe voyageant dans notre royaume si rigide juge plus discret de se grimer ou d'utiliser la magie d'illusion, mais pourquoi risquer de se trahir en créant une descendance ?
Les conséquences de son mode de vie hédoniste marquèrent péniblement l'enfance de Mandar. Encore pire attendait mon amie à l'adolescence, lorsqu'elle commença à découvrir ses dons magiques, sa mère revancharde la vendit à l'Inquisition. Quelle horreur !

Heureusement pour elle, Baxxa la Radieuse jugea que ses malheurs s'arrêteraient là.
Le cercle des mages la récupéra, et comme toute jeune magicienne, un maître la prit sous son aile protectrice.
Le vieil homme, chancelier du cercle, fut très généreux et compréhensif envers son apprentie, et il aurait réussit à la former parfaitement si Venters le Ténébreux ne s'était manifesté.
Après le décès de son mentor, Mandar comprit que sa place ne serait jamais là, cloîtrée dans l'enceinte du cercle.
Juste avant que Zirul ne devienne le nouveau chancelier, elle réussit à simuler sa mort grâce à un poison particulier.
Elle parvint à faire incinérer à sa place un tas de vêtement, pour ensuite parvenir à s'enfuir discrètement et quitter la capitale sans être découverte par l'Inquisition.

Après des mois d’errances, cette magicienne s'installa à Bafaud, camouflant sa grande intelligence sous une façade d'attardée mentale.
Ne causant de tort à personne et se faisant adroitement passer pour une druidesse, les villageois tolérèrent la nouvelle venue.

Elle rencontra, caché au fond de la forêt Primus, la première et la plus merveilleuse création de l'archimage Telamine et put continuer son apprentissage sous sa tutelle.

Lorsque les atakas menacèrent la région, Mandar nous amena à cet être incroyable, tout premier façonné, à l'apparence elfique.
Et les alliés qu'il contacta sous nos yeux émerveillés pour surveiller la prolifération de ces horreurs, c'étaient les fées gardiennes de la nature !
D'ailleurs Ivann a dû me maudire mille fois lorsque je promis devant les dieux de garder secret l’existence de Primus en ces lieus, et que j'encourageais mes amis à faire de même. Le visage crispé, mon compagnon inquisiteur s'engagea ainsi solennellement.

De tous les nombreux points communs que je partage avec Mandar, le plus troublant reste que mon amie est une vraie magicienne qui travestit son art en affirmant être druidesse. Et moi ?
En observant Eink, le superbe singe ocre et noir de Mandar, et le rôle qu'il occupe à ses côtés, j'en suis venu à reconsidérer complètement la place de Meridran.
Un magicien ou un druide se lie à un familier pour amplifier ses propres capacités ou simplement par désir d'avoir une compagnie.
Mais sa présence n'est aucunement une nécessité, et les pouvoirs magiques de son maître se développeront dans tous les cas.
Je ne peux absolument pas prétendre posséder la même liberté de choix.

Non, le seul choix a eu lieu il y a une année déjà...

Ce jour, j'étais seule aux cuisines accomplissant une corvée de nettoyage lorsque je fus alertée par les croassements désespérés d'un corbeau attrapé par un piège de Yavetrude, sur le toit de la réserve.
Par pitié pour l'animal, et désobéissant aux ordres de la matrone, je réalisais inconsidérément quelques acrobaties périlleuses pour escalader et libérer ce voleur de nourriture.
Le hasard voulut qu'une semaine après, j'arrivais pour la première fois de ma vie, grâce à mon maigre salaire, à louer une chambre personnelle dans les combles d'une bâtisse vétuste. Ma première nuit là, savourant cette intimité inconnue, je reçut une visite inattendue.
Le même corbeau vint frapper aux carreaux, désireux de me tenir compagnie.
Sa présence devint rapidement une habitude, tant ses visites devenaient régulières. Il se laissa volontiers apprivoiser et je lui choisis un nom. Il gardait du piège une aile affaiblie qui le gênait pour voler correctement, et plusieurs de ses plumes sont encore aujourd'hui éclaircies à l'endroit de la vieille blessure.
Un fort lien s'était tissé entre nous, si bien que je ne fus qu'à moitié surprise la nuit où il se décida à parler.
Il m'expliqua être un ancien familier de magicien, et m'offrait en remerciement ses maigres connaissances.


Avec un peu de recul, en ajoutant toutes mes connaissances issues de l'observation des apprentis à l’université de magie, je sais exactement quelle est la vérité.
Toutefois, l'assumer au grand jour est au-delà de mes forces. Innocemment, à l'époque, je croyais que cette façon d'apprendre la magie était commune. La proposition de Meridran m'ouvrait tant de nouvelles perspectives, et j'avais enfin là une unique chance d'écrire ma destinée.

En secret, nichée dans ma chambre, progressivement, patiemment, j'apprenais et modelais la magie jusqu'à la maîtriser.
Faite de mots aussi anciens que le monde, assemblés pour libérer une énergie si pure et terrifiante à la fois, elle ne se laissait contrôler que difficilement.
Mais ne serait-ce que le plaisir de libérer correctement son premier sort justifie pleinement les innombrables nuits blanches précédentes. Les rats de la réserves ont été très efficacement chassés par mes éclairs, alors que par trois fois, j'ai fait bénéficier des citoyens de Kyndale de mes soins, en leur demandant en échange un silence complice.

Bien plus tard, Zirul en observant ma magie me révéla que cette forme archaïque n'était que très peu enseignée ou utilisée aujourd'hui, car totalement supplantée par sa version moderne, plus raffinée.
Il fut impressionné malgré tout que je me sois formée en si peu de temps, de plus sans avoir accès à un seul livre sur le sujet.
Il devina, j'en suis certaine, quel est mon tuteur.

En réalité, il faudrait plutôt définir Meridran comme un messager.
J'ignore complètement la nature exacte de l'entité complexe cachée derrière lui et qui partage son savoir. La croyance populaire verrait le Mal dans ce mystère et accuserait immédiatement un diable de manigancer un sinistre plan. Honnêtement, une infinité de créatures pourraient pour d'innombrables raisons vouloir offrir une parcelle de leurs pouvoirs. Je ne suis qu'une poussière, un minuscule grain de sable poussé dans la mécanique du hasard par une main invisible. J'accepte ce rôle et qu'importe finalement le marionnettiste.

L’inquisition a un nom lourd de sens pour les demoiselles qui, comme moi, écoutent les murmures des ombres.
Nous sommes des sorcières.
L'inquisition nous traque sans répit ni la moindre pitié car jamais elle n'arrivera à nous enfermer dans une université, et aucun maître magicien ne pourra nous contrôler, car nos vrais seigneurs sont hors de leurs limites.
Nous sommes totalement libres de nos actes, libres de répandre la terreur ou de défendre le faible et servir le Bien.
Paradoxalement nos âmes, elles, sont enchaînées et Venters, Seigneur de la Mort, les offrira le jour venu à nos maîtres cachés.
Là est mon si coupable secret.
Dernière édition par Rebel O'Conner le Dim Nov 05, 2017 17:13, édité 1 fois.
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Messagepar Rebel O'Conner le Mar Août 15, 2017 15:32

Le 5 floréal de l'An 43 du règne de Leodath IV

Une grande explosion dans l'usine toute proche nous réveilla soudainement.
Les lueurs des torches des gardes tournant frénétiquement à l’extérieur chassaient l'obscurité de notre cachette, éclairant alternativement les poutres en bois et nos visages inquiets. Les cris de rage du seigneur Grapegris, rapidement arrivé sur les lieux, nous confirmaient que C12-100 avait réussi sa mission au-delà de nos espérances.
Tous les façonnés étaient introuvables et les machines nécessaires à la fabrication des armes avaient été sabotées.
Le seigneur de Chambuire aboyait ses ordres. Il avait parfaitement compris le vilain rôle que nous avions joué dans ce drame et il réclamait nos têtes.
Des frissons de peur me parcouraient le corps en imaginant toutes les souffrances que ce seigneur nous infligerait si ses hommes nous dénichaient. Nous avions été terriblement imprudents, car aucun de nous n'avait prêté attention à la proximité entre la fabrique où C12-100 œuvrait et la vieille bâtisse nous abritant. Dans peu de temps, les gardes entameraient inévitablement une fouille méthodique de la ville, et nous étions piégés là sans espoir de fuite.

Lorsque l'intendant arriva à son tour et annonça à son maître qu'un groupe ressemblant au nôtre venait de déguerpir par bateau, l'ensemble des soldats se dirigea immédiatement vers le port. Notre immense soulagement laissa vite à une totale surprise lorsque l'intendant ouvrit en grand la porte de notre cachette, nous parlant le plus naturellement du monde.
Nous supposions que ceux qui désiraient chasser Grapegris de sa position dominante étaient eux-mêmes d'un certain statut. Mais je n'aurais jamais envisagé que le fidèle bras droit puisse comploter contre son maître.
La stupeur me rendit totalement muette, et je me dirigeais accompagnée de mes amis jusqu'à un chariot bricolé. Une mixture infecte et abominablement nauséabonde recouvrait intégralement le dessus, camouflant une niche secrète dans laquelle nous nous glissâmes.
Les heures interminables du trajet nous menant à un village à l'ouest sont un des pires souvenir de ma vie. Je ne sais comment je réussis à me retenir de vomir sur mes pauvres compagnons.

Lorsque nous fûmes enfin libérés de cette torture, les premières couleurs de l'aube illuminaient doucement le ciel, comme un message d'encouragement divin. Les paysans avaient préparé une barque pour nous et en nous rapprochant, nous vîmes un héros sortir des eaux froides du fleuve. C12-100 gardait toujours le même visage neutre, alors que ses actes exceptionnels auraient fait jubiler n'importe qui d'autre.
Il était parvenu non seulement à convaincre la totalité de ses semblables de déserter la région, mais aussi à rendre toute exploitation immédiate du soufre impossible.
Toutefois, depuis que nous marchons ensemble, je commençais à mieux interpréter ses attitudes, et je crus reconnaître une pointe de fierté tout à fait légitime enfouie dans ce corps de bois et de fer.

Je devrais toutefois ne point trop me fier à mon intuition, car celui que je croyais le plus acquis à notre cause nous lâcha là.
Ösgaroth préféra suivre un autre chemin que nous, reniant une cause à laquelle il avoua sèchement ne jamais avoir adhéré. Aucun nain n'aurait jamais abandonné sa cité face à la menace de l'Indestructible. Mais Ösgaroth est humain et n'a pas appris le sens du devoir dans les forges. Je ne cache pas être très déçue et mes pensées lors de la traversé étaient assez tristes.

En regardant mes amis restant, je m'interroge. Mon avis très nuancé sur mon compagnon inquisiteur n'est-il pas injuste et ne mérite-t-il pas d'être évalué plus positivement ? Alors que nous nous éloignons des terres civilisées, je sens qu'une discussion avec lui devient inévitable, voir même nécessaire à la cohésion de notre groupe et à la réussite de notre quête.
Dernière édition par Rebel O'Conner le Dim Nov 05, 2017 17:14, édité 1 fois.
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Messagepar Rebel O'Conner le Lun Août 21, 2017 21:35

Le 6 floréal de l'An 43 du règne de Leodath IV

Nous marchâmes plusieurs heures dans les marais avant de trouver ce que nous cherchions... ou presque.
Le village des gripplis avait été repéré par Meridran et nous suivions ses indications lorsque nous vîmes trois humanoïdes verts accroupis comme des chasseurs guettant leur proie. Sans même imaginer un seule seconde qu'ils ne soient pas des gripplis, je les appelais bêtement.
Combien de fois Yavetrude ne s'est-elle moquée de mes réactions impulsives et irréfléchies ?
Avec un tel sang elfique, me disait-elle, j'aurais dû naturellement cultiver l'art d'observer longuement et avec sagesse avant d'agir. Au lieu de cela, j'avais un don pour l'imprudence comparable à celui inné des fantasques gnomes.
Les trois bogards, ces abominables crapauds géants, ne nous laissèrent même pas l'occasion de reculer et attaquèrent très efficacement.
Le plus imposant poussa un coassement terrifiant qui paniqua Ivann. Heureusement, mon enchantement paralysa longuement un de nos agresseurs, ce qui nous laissa juste le temps de nous réorganiser pour vaincre le premier.
Ensuite, bien qu'en supériorité numérique, la mêlée resta incertaine et ne se conclut à notre avantage que par chance. Sans vouloir insister davantage sur ce qui fait mal, je dirais simplement qu'Ösgaroth était un élément essentiel lors des combats.
Maintenant, il nous faudra concevoir de nouvelles stratégies basées sur nos compétences propres. Ivann est un combattant correct mais moins percutant que notre ancien compagnon. Sa magie divine fournit des aides précieuses qu'il me faudra combiner à mes propres dons pour les optimiser. C12-100 se bat fort adroitement à mains nues, mais pour toucher avantageusement les zones sensibles de son adversaire, il a besoin d'aide. Peut-être pourrais-je ainsi tenter d'utiliser des sorts de convocations semblables à ceux de Mandar ?
Le combat s'était terminé par notre victoire et Ivann coupa les trois têtes cauchemardesques en prévision de notre rencontre avec les gripplis.
Atteindre leur village fut aisé, car le groupe de bogards avait repéré le bosquet d'arbre l'abritant, et ils venaient probablement de découvrir le chemin le plus simple pour mener une offensive.

Le sentier pénétra en plein cœur d'une clairière où de surprenantes huttes s'imbriquaient dans les branchages. Une petite mare en son centre attira aussi notre attention, mais avant même de pouvoir l'observer, les gripplis descendirent des arbres armés d'arcs pour nous encercler. Leur manœuvre défensive n'avait rien de commun avec la brutalité des bogards.
Au contraire, ils nous montraient clairement que nous avancions sur leurs terres et qu'avec un respect mutuel, nous n'aurions rien à craindre les uns des autres.
Le dialogue se noua aisément, et en peu de temps, nous exposâmes les dangers qui les menaçaient. Les sympathiques créatures nous considérèrent dès lors comme des amis. Et en amis, nous leur proposâmes la seule aide possible.
L'attaque des bogards étant inévitable dans les semaines à venir, il était vital de les épauler dans leur recherche d'un nouvel abri sûr.
Ivann me rappela bien que le temps était aussi un élément précieux dans la réussite de notre mission, mais devant ma détermination à soutenir nos nouveaux alliés, il se laissa convaincre.
Demain, avec Billie, une jeune grenouille rôdeuse connaissant parfaitement ces marécages, nous partons en direction d'un très ancien fort elfique à l'ouest.
Qui sait, en plus d'un toit pour les gripplis, trouverons-nous là des indices menant au peuple de mes ancêtres ?
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Messagepar Rebel O'Conner le Dim Sep 10, 2017 21:24

Le 7 floréal de l'An 43 du règne de Léodath IV

Les gripplis ont une cohésion sociale très forte, illustrant parfaitement la maxime « l'union fait la force ». Le bassin qui avait attiré notre regard lors de notre arrivée dans ce petit paradis héberge l'avenir de ce clan. De mignons têtards grands comme des bébés attendent sous l'eau que leurs membres se développent. C'est surprenant de constater que se retrouvent dès le plus jeune age les nombreuses différences de couleurs des adultes, indiquant le genre je suppose. Billie, notre guide aussi curieuse de notre culture que prompte à expliquer la sienne, estime que leurs enfants seront aptes à la vie terrestre dans une semaine. Le temps pour nous de trouver une retraite plus sûre.
Nous partîmes à l'aube sous la direction de la jeune grippli. Elle avançait très prudemment, pour nous éviter toute rencontre malheureuse avec les prédateurs de ces régions. Le seul moment désagréable pour moi se situa lors de la traversée d'une rivière. Je nage déjà très maladroitement dans une eau calme, alors je préfère éviter de décrire la situation embarrassante que je vécus avec ce fort courant. Billie m'évita le pire. Finalement, lorsque je m'assis trempée sur un tronc pour vider l'eau de mes bottes, je découvris qu'encore une fois je me montrais inattentive. Le tronc possédait des pattes et une gueule qui m'aurait avalée sans l'intervention immédiate de mes compagnons.
Tout au long de notre marche, je plaçais plusieurs remarques innocentes à Ivann concernant les différentes formes de pratique de la magie, pour mieux le préparer au moment où il saura à côté de quel genre de magicienne il marche vraiment. Ce soir, si j'en ai enfin le courage, nous parlerons.
Dernière édition par Rebel O'Conner le Dim Nov 05, 2017 17:14, édité 2 fois.
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