Merci, content que tu aies aimé !
Ah, ah, ça serait stylé une chaîne Youtube, mais je n'ai plus assez d'occasions de voyages pour l'alimenter (3 vacances seulement par années, dont souvent une période passée en France, le plus souvent Noël/nouvel an), en plus que ce doit être un sacré boulot de gestion.
Ma philosophie a toujours été "je reste au Japon tant que je suis heureux", et comme je suis toujours super heureux, ça semble parti pour durer. Si jamais je me mets en couple, voire fonde une famille, alors la question se posera d'autant moins, mais pour l'instant, c'est au feeling. Sur le plan administratif, je ne me suis pas encore penché sérieusement sur la question puisque je n'ai pas pris de décision ferme, mais les échos que j'en ai eu, c'est qu'un mariage permettrais un visa permanent (sauf divorce), mais qu'il semble aussi possible de candidater pour un visa permanent après 10 ans à avoir vécu au Japon. Actuellement, je suis sous un visa de 3 ans qui m'amènera au milieu de ma 8ème année, et mes employeurs sont chauds pour m'octroyer des visas aussi longtemps que je travaillerai pour eux, donc je regarderai plus sérieusement en 2027 la faisabilité d'un visa permanent (car même si je n'ai rien décidé, obtenir un visa permanent ne me contraindrai en rien, au contraire).
Edit : Après un an, j'ai enfin revoyagé au Japon. Parti passer les fêtes avec amis et famille en France l'hiver dernier, et après avoir reçu la famille au Japon aux vacances de printemps, cet été, je suis reparti à l'aventure, un an après ma dizaine estivale à Hokkaido.
Ma destination ? Aomori. À nouveau. Comme pour Hokkaido où je suis allé deux fois, j'avais une revanche à prendre. Quand j'y étais allé au printemps, la route pour le mont Osore était fermé à cause de la neige. Donc, m'y revoilà, avec d'autres petites nouveautés que j'avais sous le coude. Pour rappel, Aomori, c'est la préfecture à l'extrême nord de Honshu, l'île principale du Japon.
En premier lieu, je ne suis pas parti du tout du côté du mont Osore, mais à l'opposé complet, sur la côte ouest où je n'étais pas du tout allé la dernière fois. Un onsen réputé pour sa vue sur la mer au soleil couchant m'y attirait. Donc, aussitôt arrivé à l'aéroport d'Aomori, sans même passer par la ville que j'avais déjà visité la première fois, j'ai foncé en un bus et deux trains jusqu'à Fukaura, un village sur la côte (photos 5587 à 5594, plus la 5591 curieusement repoussée à la fin de la galerie de photos). De là, pour rejoindre l'hôtel qui s'occupe de l'onsen, et que j'avais pris soin de réserver, plus d'option possible, et pourtant deux heures de marche. Oh, la gentille réceptionniste au téléphone m'a bien proposé de venir me chercher à Fukaura mais... vous me connaissez, j'ai gentiment décliné. Perdre l'occasion de vagabonder sur le littoral japonais pour m'épargner deux petites heures de marche ? Allons.
Donc, marché de 15 heures à 17 heures le long d'une route ayant tendance à s'écarter de la mer pour m'en priver la contemplation (pas grave, mon objectif devait me fournir toute la contemplation souhaitée), je suis arrivé à l'hôtel où l'on m'a tout de suite appris qu'il y avait des feux d'artifice à Fukaura le soir et qu'ils organisaient un tour en bus là-bas. Je me suis bien volontiers joint au programme, mais le bus partant à 19h45, et le couché de soleil se trouvant être à partir de 18h30, je me retrouvé d'un seul coup avec un programme bien chargé ! Affaires posées, dîner au restaurant de l'hôtel à 17h30 (très bon buffet, très orienté produits de la mer, même si ce n'est pas trop ma passion, j'ai goûté à quasiment tout, en express), 18h00 je fonce à l'onsen, je me trouve dans des bains d'intérieur alors que c'est un bain d'extérieur qui donne sur la mer, je me rhabille, sors par le petit chemin extérieur, arrive tout juste à 18h30 et je me pooooooooose...
Recontextualisons un peu. Qu'est-ce que c'est-y que cet onsen et quoi qu'il a de spécial ? Situé sur le cap kogane (cap doré, on est déjà dans le thème), cet onsen répond au doux nom de furofushi onsen (si, si, c'est doux, je vous dis). Traduit littéralement, cela signifie "anti-vieillesse anti-décès". Avec un tel programme, on pourrait aussi s'attendre à se voir promis de retrouver l'être aimé et discuter avec nos proches disparus (ah, non, ce dernier point, ce sera plus tard). Plus traditionnellement, furofushi se traduit par "jeunesse éternelle", et effectivement, depuis, je suis toujours jeune et en vie, donc on est bon. Mais ce n'était pas ça qui m'avait fait venir ici. L'autre particularité de cet onsen est son bain d'extérieur à l'eau chargée en fer, ce qui lui donne une couleur mordorée. Et il paraît qu'au coucher du soleil, quand la mer se teinte d'orange et de doré à son tour, alors on croit se baigner dans un océan d'or liquide. Alors, oui, je suis parti d'Osaka, son ciel bleu et ses 35° un peu étouffant (ah, l'humidité...), mais seulement pour atterrir à travers une couche de nuage dans un Aomori au ciel bien chargé... Cependant, au cours de mes pérégrinations en bus et train, les heures filant, le vent soufflant, le ciel s'est, peu à peu, découvert, un peu plus, ici et là... Quand je suis arrivé dans l'onsen, il y avait quelques derniers gros nuages dans le ciel, mais surtout du bleu, et, à l'horizon... Une vilaine ultime couche de nuage horizontaux s'effilochant par-ci par là. Mais avant que le soleil n'aille se cacher là-derrière, il a eu le temps de bien baisser sur l'horizon, de bien passer à l'orange (ne faites pas ça au volant !) et au final, de se coucher ! Sur des nuages, peut-être, mais de se coucher quand même ! Et s'il est intéressant de voir l'eau prendre des teintes dorées, regarder en direction du soleil reste assez éblouissant. Alors quand il s'est retrouvé derrière les nuages, ç'a été un peu reposant. Quand soudain ! Dardant ses rayons par une fente, telle une meurtrière, entre les nuages effilochés, revoilà le soleil se présentant par une ouverture semblant conçue pour qu'il fasse son œuvre d'artiste peintre sans écraser de sa puissante lumière tout le panorama, et voilà que l'océan brille, mais surtout que les nuages s'enflamment ! Pas seulement la bande nuageuse au loin qui tourne à l'orange vif. Les quelques gros nuages gris dans le ciel, ils sont maintenant tout autour du point central à l'horizon, comme une couronne de nuages sombres tirant des pointes rougeoyantes vers l'astre diurne. Ces nuages semblent être rond de partout à l'exception de la direction du soleil où ils avancent tous une pointe qui vire du gris au rouge, comme si ces nuages étaient de sombres archers visant l'horizon de flèches incandescentes. Plus que la mer qu'il est difficile de comparer à l'eau de l'onsen à bout portant quand on baigne dedans, c'est un magnifique ciel incendiaire que j'ai vu ! Ce n'était pas ce à quoi je m'attendais, mais j'ai eu amplement ce que je voulais ! Bon, comme il fallait bien revenir à la réalité, une sorte de taon a commencé à harceler tout le monde dans le bain, égayant les pauvres baigneurs fascinés que nous étions. Mais bazar que c'était beau !
Les photos étant interdites par l'hôtel dans l'onsen d'extérieur, je ne peux hélas que vous présenter une photo du bain prise sur internet, que voici :
https://cdn.zekkei-japan.jp/images/articles/8e4c42dd6ffd34ae7ff989ee7dd59285.jpgAprès une heure de baignade, je me suis dépêché de me présenter à la réception avant le départ du bus pour le feu d'artifice. J'ai laissé mon appareil photo dans ma chambre d'hôtel car j'ai déjà vu et photographié beaucoup de feux d'artifice au Japon (pour des résultats photos pas toujours bien probant). Bien mal m'en pris, ce que je n'avais pas compris, c'est qu'il y avait un festival à Fukaura, dont le feu d'artifice n'était que le point d'orgue. Rien de spectaculaire, pas d'animations spéciales, mais la musique, les gens en yukata ou kimono, et les stands presque clichés du festival japonais, proposant qui des takoyaki, qui des banana choco, qui des grillades, qui du sirop ou de l'alcool, et des jeux de pêche-poisson ou tir à l'arc ou à la carabine. Au final, ça ressemble assez à nos fêtes foraines, sans les attractions et en habit japonais. Ça faisait bien longtemps que je n'avais plus vu ça. En tout cas, les feux d'artifices, ce n'était que ce jour-là, et la coïncidence était bien belle en ma faveur.
Rentré, couché, le lendemain, petit-déjeuner à 6H30 parce que si je voulais traverser tout la largeur du Japon pour aller sur la péninsule à l'est, il ne me fallait pas lambiner ! Le jour suivant était consacré à mon voyage d'ouest en est pour aller à Shimokita, à l'entrée de la péninsule à l’extrémité nord-est de Honshu (avec un passage par la ville d'Aomori mais juste pour un transfert). Je suis arrivé là-bas un peu après 14H00, le temps de trouver un hôtel, de manger, et je me reposais parce que le lendemain, j'allais randonner jusqu'au mont Osore en partant à 5H00 pour plus de trois heures de marche. Alors, le mont Osore (Osorezan), quoi qu'est-ce t-y que... oui bon, vous avez compris, on va faire un peu d'exposition. Dans la croyance bouddhiste japonaise, les morts traversent la rivière Sanzu pour rejoindre l'Autre-Monde, une rivière faisant fortement penser au Styx grec et où avoir de l'argent pour traverser est aussi une nécessité. Eh bien cette rivière, elle se trouve au mont Osore et alimente un lac au bord duquel se dresse le temple Bodaiji. C'est ici que se trouverait la bouche de l'enfer (ou plus globalement la porte vers l'Autre-Monde, mais la bouche de l'enfer, ça en jette plus, et ça colle bien au nom de la montagne qui se traduit "mont de la terreur"), et certaines personnes pourraient discuter avec les morts en ce lieu.
J'ai donc grimpé la montagne en trois heures (photos 5597 à 5639), fait un petit détour par un observatoire, pour finalement arriver là où ça sentait le soufre (littéralement). La rivière Sanzu est précédée de quelques marécages et cours d'eau à l'eau brune fumante (et tiède au toucher, photos 5645 et 5651), puis la rivière se découvre au bord du lac. En la remontant un peu, on trouve des sources chaudes sauvages, mais en bord de route de voiture, et sachant qu'il y en avait dans le temple, je ne suis pas allé m'immerger dedans (photo 5659). De retour au bord du lac, je trouve une représentation du pont servant aux personnes bonnes à traverser la rivière (les mauvaises doivent patauger dans l'eau, et paraît qu'il y a des dragons) ainsi que les deux démons qui dépouillent les morts de leur vêtement et pèsent le poids de leurs vices (photos 5669 à 5684). Puis j'ai atteint le temple et visité son domaine composé de beaucoup des statues bouddhiques, des petits moulins à vent, des bassines naturelles d'eau sulfureuse bouillonnante, des terrains de caillasse grise dont s'échappe des volutes de fumées (en regardant de près, on voit que ça s'échappe par des trous dans la roche) appelés "l'enfer infini", le tout sous un ciel gris, des nuages bas couvrant les cimes montagneuses et un crachin alternant avec une franche pluie, l'ambiance était posée (photos 5695 à 5780). Ayant fait le tour, il était temps pour moi de m'adonner à ma passion et de me baigner en enfer. Il y avait trois bâtiments abritant des bains au sein du domaine, mais deux étaient ce jour-là réservés pour les femmes, j'ai donc utilisé le troisième. Ironiquement, l'onsen de cet enfer était un peu tiédâtre, on devait tourner à 38°. En discutant avec les japonais qui se baignaient, je sympathise avec Monsieur Suzuki, venu de Hachinohe, plus au sud, qui voyage seul en voiture tandis que sa famille est en visite à Tokyo. Et qui se trouve aller visiter la ville d'Oma ensuite, sur la côte nord, ce qui était mon objectif suivant, il m'invite à faire route ensemble. Mais avant ça, je voulais vérifier si ce que j'avais vu sur google, un autre onsen derrière l'auberge du temple, était accessible au tout venant. Mon ami japonais me suit, sceptique, puisqu'aucune indication pour un autre onsen ne figure nulle part. Renseignement pris, oui, cet onsen existe et n'importe qui peut y aller. On se rend donc dans ce nouvel onsen, avec mon ami tout émerveillé de la découverte (et assez content que ce soit un onsen mixte, petit coquin). On y trouve que des hommes mais, surtout, on y trouve une eau bien plus chaude et plus digne de la bouche de l'enfer (on devait être à 43°, je dirais) (première photo de la galerie, les photos prises par Monsieur Suzuki se sont mises en haut de liste). Après avoir bien profité de notre onsen secret, on part donc ensemble. On fait un détour par Sai, une ville un peu plus au sud qu'Oma, pour y manger (un ramen, deuxième photo de la galerie, j'ai aussi pris une tapisserie de dragon en photo, dernière photo de la galerie), puis on fait un autre écart pour se promener à Hotokegaura ("la baie de Bouddha"), des pierres dressés au-dessus de la mer assez impressionnantes (troisième à septième photos de la galerie, et photos 5790 à 5834). Comme il pleut fort, arrivé à Oma, Monsieur Suzuki à la gentillesse de me déposer devant l'auberge que j'avais réservé la veille (tenue par un couple âgé). Il me remercie pour lui avoir donné la motivation de visiter différents lieux, il pense que seul, il aurait juste fait Oma pour y manger du thon et serait ensuite rentré à Hachinohe, je le remercie pour le transport et la bonne compagnie.
Oma, c'est une ville portuaire réputée pour son thon, le meilleur du Japon dit-on (et le Japon, niveau thon, c'est du haut niveau). La femme de l'aubergiste m'a préparé un menu classique japonais avec soupe miso, bol de riz, mais aussi du vinaigre de prune (c'est bon, si, si, c'est doux) mais surtout du thon sashimi, très bon ! On regarde par une fenêtre de l'étage le feu d'artifice de la ville (là aussi, gros hasard, faut croire que je les attire, mais d'après l'aubergiste, c'est d'avoir marché des heures parmi les statues de jizo de la montagne qui m'a fait accumuler de la chance), première fois que je vois des feux d'artifices sous la pluie, les plus haut se perdent à moitié dans les nuages qu'ils illuminent curieusement, puis je me couche. Le lendemain, je vais au cap au nord de la ville et je mange du thon sur bol de riz dans un restaurant recommandé dans mon guide touristique (là encore, fameux !) (photos 5846 et 5851). Puis je repars pour Aomori où, cette fois, je me promène un peu (photos 5855 et 5860) avant de prendre, le jour suivant, l'avion pour Osaka où la chaleur écrasante m'a pris par surprise en sortant de l'avion, j'avais tôt fait d'oublier !
La galerie de photos :
https://postimg.cc/gallery/jdy6Ctn/3501e09f