American Sniper n'est pas un film de propagande sur l'armée US, bien au contraire. Connaissant Eastwood, ça m'aurai étonné, et c'est vrai qu'une certaine lecture du film peut laisser penser qu'il s'agit d'un hommage bête et simple d'un Héros mais le film va plus loin que ça:
Bradley Cooper incarne donc Chris Kyle, le sniper le plus talentueux d'Amérique, la "légende" comme l’appelle ses camarades de guerre. La première leçon qu'il apprend de son père, alors qu'il n'est encore qu'un enfant est: " Les moutons sont les personnes qui vivent paisiblement, les loups sont ceux doté d'une plus grande force, qui attaquent les plus faibles et les chiens de berger sont ceux qui utilisent leur force pour défendre les moutons. Que ça soit clair mes fils, je ne veut pas élever de moutons, et encore moins de loups." Et toute la psychologie du "Héros" tourne autour de cette métaphore: Chris Kyle met à disposition de l'armée, ses talents pour protéger sa patrie et vaincre les loups/méchants. Et comme la plupart des soldats, il tient un discours patriotique (sans pour autant éprouver du plaisir à accomplir sa tache).
Mais ce qui est intéressant, c'est que d'autres personnages portent un discours bien différent qui iront à l'encontre de la vision du Héros: Sa femme sera la principale opposition d'opinion. Eastwood, par le biais de ce personnage, relativise en permanence les choix du Héros. A d'autre moment, des soldats vont essayer de dissuader "la légende" de repartir sur le terrain. Certains vont devenir fous. La mère de l'un d'entre eux va d'ailleurs réciter une lettre de son fils, sur la recherche perpétuel de la gloire, synonyme d'obsession, lors de l’enterrement de son fils et c'est parfaitement ce qui fini d'arriver pour Chris Kyle. Il est obsédé par son titre, par son "rôle" à jouer dans cette guerre, et fait du mal tout autour de lui. Il finit par s'enfermer dans son monde, et à la fin, il manquera presque de péter les plombs.
Bref, le personnage est dès le départ façonner par son père, mais il sera tout au long du film, confronté à des visions différentes. Ce qui est intéressant, c'est de voir qu'à la fin, il reconnait que le titre "La légende" est difficile à porter et qu'il ne le souhaite à personne. C'est discret mais sa montre une évolution dans la psychologie du personnage. Le dénouement final est quant à lui, à la fois dramatique et ironique. Le film m'a plu sans être non plus une énorme claque. Ce n'est pas un indispensable à voir absolument, loin de la, mais il n'en demeure pas moins intéressant.