J'ai juste vu l'animé (qui n'a qu'une saison). J'ai bien aimé, sans plus : sur le fond, c'est beaucoup de déjà vu mais j'ai apprécié l'ambiance et les mystères, loin d'être levés après le dernier épisode. Si je n'avais pas de problème de place chez moi, j'aurais peut-être pris le manga mais il faut faire des choix.
Parmi mes lectures récentes, j'ai beaucoup aimé ceci :

Sasaki est un salarié célibataire âgé d'une quarantaine d'années. Il travaille pour une grande entreprise qui, assez classiquement, l'exploite en lui faisant faire des heures supplémentaires interminables ; comme, en plus, il a un caractère assez effacé, il subit souvent les reproches de sa hiérarchie. S'il ne se révolte pas, la situation le mine quand même. Heureusement, il a un petit moment de bonheur lorsqu'il se rend au supermarché du coin et qu'il y est accueilli par Yamada, une caissière dont la gentillesse et le sourire le réconfortent.
Alors qu'il en sort et veut se griller une cigarette (son autre moment de réconfort), il est invité à fumer derrière le magasin par un autre employée nommée Tayama, aussi effrontée que Yamada est douce et qui va régulièrement le charrier. Mais Sasaki va aussi finir par l'apprécier et ils vont aussi régulièrement passer de bons moments ensemble, parlant de tout et de rien et s'entraidant face à certaines difficultés rencontrées.
Seul « petit » problème, dont notre naïf Sasaki ne se rend pas compte : Tayama=Yamada, avec une coiffure différente et une allure plus décontractée, pour ne pas dire insolente.


Cette dernière est donc d'autant plus amusante quand Saski pense parler de l'une à l'autre et qu'intérieurement, elle se moque un peu de lui - tout en appréciant sa gentillesse. Il y a de nombreux moments très drôles autour de ces différents quiproquos. S'il peut en effet y avoir une romance (ce que souhaite ardemment Gotoh, la patronne du supermarché) et s'il a aussi une vision intéressante de certains problèmes de société (les sociétés toxiques, les personnes démesurément exigeantes envers les caissières), on est en effet avant tout dans un manga comique. Il faut dire que Jinushi a d'abord publié son manga sur internet avant d'être repérée par Square Enix ui l'a publié dans Bing Gangan, son magazine seinen. Un parcours qui rappelle le tout aussi excellent Otaku otaku, avec lequel ce manga partage un mélange de gags et de petites histoires permettant progressivement d'en apprendre plus sur les personnages et de les faire évoluer.
C'est d'ailleurs assez amusant de voir que Smoking behind the supermarket est à la croisée de plusieurs mangas publiés par Kana : le style d'histoire est le même que dans Otaku Otaku ; il y a une différence d'âge importante entre les deux personnages principaux, comme dans Après la pluie. Comme dans Cigarette and cherry, la cigarette joue un rôle important, même si elle est avant tout un prétexte pour raconter une histoire et développer la relation entre les deux personnages. Et le supermarché joue un peu le rôle de lieu de rendez-vous et de rencontre qu'a le café dans Après la pluie et Cigarette and cherry.
Rien à redire sur l'édition : la traduction est efficace et le volume épais pour son prix, avec plus de pages que la moyenne alors que c'est en général plutôt l'inverse pour ce type de format. Il ne faut pas non plus oublier d'enlever la jaquette pour lire les gags qui sont sur la couverture.


Dans l'Athènes du siècle de Périclès vivent deux jeunes esclaves, Tyet, d'origine égyptienne, le héros de ce manga, et son ami Lugal, dont la beauté lui vaut les faveurs de leur maître. Mais, touché par une maladie (historiquement appelée peste, même si ça n'en était probablement pas), ce dernier meurt. Alors que Tyet veut l'aider, il est menacé d'être brûlé pour éviter la contagion. C'est alors qu'arrive le dieu Hadès qui l'informe que Zeus, détrôné par certains de ses enfants, s'est réincarné dans son corps et que lui seul peut ressusciter Lugal à la condition que Tyet l'aide à retrouver son pouvoir car, dans son état, la seule chose que l'ancien roi des dieux peut faire est d'émettre de la lumière. C'est donc parti pour une aventure qui verra Tyet partir pour retrouver les dieux qui pourraient libérer Zeus.

J'aime beaucoup la mythologie grecque depuis que je suis enfant, et j'ai aussi lu pas mal de livres sur la Grèce antique dans le cadre de mes études. Ce manga m'a donc tenté et je n'ai pas été déçu - mais surpris quand même par la façon dont tout ça est narré. Il y a en effet de nombreux éléments mythologiques, plus ou moins réinterprétés façon manga, avec des personnages se comportant souvent de façon stupide (mention spéciale au très égocentrique Zeus). Mais aussi des éléments historiques très précis qui situent clairement l'histoire au début de la guerre du Péloponnèse, entre 431 (son début) et 429 (mort de Périclès) et donnent des indications précises sur la société de l'époque, notamment sur le statut des esclaves. Il y a aussi une bibliographie en fin de volume mais là, Nobi Nobi a fait la bêtise de reprendre les éditions japonaises au lieu de prendre des livres en français (si je veux lire l'Illiade et l'Odyssée, je ne vais pas le faire dans la version des éditions Iwanami...).
La surprise vient aussi de l'absence d'édulcoration sur le sort des esclaves, et principalement sur le sort de Lugal puisque son maître a des relations sexuelles avec lui : relations "consenties" d'ailleurs par celui-ci pour sauver son ami d'un châtiment mais dont le caractère traumatisant nous est clairement montré (pas l'acte lui-même, et heureusement, mais la réaction de Lugal après celui-ci). Ce qui fait qu'à mon avis, même si le manga sort chez Nobi-Nobi, il n'est pas à mettre entre les mains des plus jeunes - il aurait dû y avoir à mon avis un message d'avertissement en couverture, plutôt que celui qui figure en bas de la deuxième page et qui n'a pas vraiment de sens.
Une fois le prologue passé, l'histoire est prenante, avec ce qu'il faut de réflexion mais aussi de références mythologiques et historiques et d'humour, souvent un peu idiot mais efficace. Les conflits entre divinités et les mentalités grecques sont développés de façon intéressante. Si le héros est pur, gentil et généreux, les autres personnages sont plus complexes et cela donne envie de les suivre dans leurs machinations et la réalisation de leurs objectifs.
Le deuxième tome est dans la lignée du premier, moins surprenant donc mais toujours très prenant, avec une évolution du statut de Zeus suite à la réussite de la première étape et un voyage à Sparte. On a toujours un excellent mélange entre la mythologie et les conflits entre divinités d'une part, la Grèce du cinquième siècle d'autre part, avec la guerre du Péloponnèse et, cette fois-ci, le statut des femmes qui est le thème majeur du volume et permet de développer certains personnages. On a aussi un rebondissement inattendu à la fin du volume.
Le tome 3 est prévu pour avril et le 4ème pour août, la parution japonaise ayant assez peu d'avance (4 tomes déjà sortis).