Les intégrales Panini, c'est cher (32 à 36 €, avec des augmentations régulières), avec un nombre de pages parfois trop faible, des trous dans certains gros crossovers au motif que des passages essentiels de l'histoire ne font pas partie de la série) ou à l'inverse des doublons importants (récemment, je pense au troisième Marvel two in one et au premier Spider-Woman, qui doivent avoir 5 ou 6 chapitres en commun). Mais ça n'est pas toujours le cas et, pour ces deux volumes d'Iron man, on a droit à de gros pavés d'environ 400 pages (ça reste maniable, contrairement aux omnibus) avec, pour le second en particulier, un contenu éditorial très intéressant : une préface et une postface de David Micheline, le scénariste du run principal ; une postface de Stan Lee, des illustrations récentes... Et surtout, on a droit à un des runs les plus connus de l'homme d'acier :
L'inconvénient de ce run est de rendre ce qui précède - le contenu de la première intégrale et le début de la seconde - assez fade en comparaison. D'une part parce que je m'attendais à voir, sinon une introduction à ce qui allait suivre, du moins des points auxquels Micheline pourrait s'accrocher pour monter son scénario. En fait, avant le run proprement dit, on ne voit même pas Tony Stark toucher à une goutte d'alcool. Et les changements réguliers de scénariste (6 sur les deux intégrales) donnent un rythme assez décousu : si, comme le signale Kurt Busiek en préface de la première intégrale, les scénaristes clôturent les histoires de leurs prédécesseurs, cela se fait souvent de façon assez brusque et plusieurs personnages font leur retour de façon inattendue en étant mal exploités : je pense à Jasper Sitwell, l'agent du shield qui était un personnage très réussi dans les premières intégrales, à la fois drôle et attachant, ou à Madame Masque que Micheline fait disparaître avec un prétexte qui sort de nulle part parce qu'il n'en a plus besoin dans sa propre histoire. On a aussi quelques absurdités, comme Iron Man qui arrête un vieux méchant (la licorne) mais lui laisse son armement pour qu'il puisse être dangereux lorsqu'il s'évadera au chapitre suivant ; ou les problèmes cardiaques qui réapparaissent avant d'être laissés de côté.
Heureusement, Le diable en bouteille (environ 250 pages de la deuxième intégrale) est une excellente histoire. On y suit une descente progressive aux enfers de Tony Stark, descente qui concerne aussi bien ses activités héroïques (lorsque son armure est manipulée par Justin Hammer) que ses amitiés (gros coup de pute de Nick Fury) ou son entreprise. Ca fait beaucoup à encaisser pour un homme habitué à tout réussir et il se réfugie donc dans l'alcool, avec d'abord un verre, puis deux puis davantage.
S'il ne se rend pas compte du danger, ce n'est heureusement pas le cas de son entourage, notamment Jarvis, James Rhodes et Bethany Cabe, la petite amie créée pour cet arc et qui a aussi droit à des développements intéressants. J'aime beaucoup les relations entre ces personnages, la façon dont ils essaient d'aider Tony tout en le mettant aussi en face de ses responsabilités. Les dessins de John Romita jr mettent aussi bien en avant la déchéance du héros - mais aussi sa puissance, parfois mal contrôlée, lors des scènes d'action. Tout cela fait que ce run mérite largement sa réputation.