La BD franco-belge

[Saga]

Au début des soviets, il y a un texte d'annonce du petit vingtième indiquant que Tintin part au pays des soviets et qu'il est un de ses meilleurs reporters.




Et quand il rentre en Belgique, il est accueilli par une foule qui lui fait un triomphe.

L'album est à lire, à mon avis : pas tellement pour son intérêt propre parce que, encore plus que les deux albums suivants, c'est une succession de péripéties mal liées entre elles ; avec en plus un anti-communisme hyper-carricatural, qui frappe parfois juste (les usines modèles qui sont des villages Potemkine) mais qui est quand même très lourdingue.



Mais c'est à lire pour son intérêt historique, à la fois pour montrer d'où part Hergé et pour comprendre les positions de la droite et de l'extrême-droite belges (pas vraiment différentes des françaises) des années 20-30.

[Xehanort]

A part le Goulag, Hergé n'a pas oublié grand chose pour représenter l'URSS de .... Lénine, sous Staline c'était un peu plus organisé que ça.

[Saga]

L'histoire se passe effectivement sous Staline ; mais Hergé a une compréhension assez limitée de la politique soviétique puisqu'il considère que Staline et Trotski sont complices pour exploiter le peuple russe.

[Axaca]

Disons qu'Hergé était probablement mieux informé sur l'Allemagne des année 30 ans que sur les questions d'URSS, et ce qu'étaient le communisme et le socialisme...

[Xehanort]

C'est un peu normal, Hergé n'est jamais allé en URSS. Son patron s'est contenté de lui filer un bouquin sur le pays et Hergé a recopie ce qu'il avait dedans.

Pas très rigoureux comme méthode mais je crois pas qu'il avait le choix.

Sinon je suis le seul a me dire que Tintin est un gary sue ? Il a aucun défaut, il se sort de n'importe quelle situation, et il est totalement increvable.

[Saga]

C'est un classique des BDs franco-belges : le héros sans peur et sans reproche avec parfois un sidelick comique pour l'accompagner -et parfois devenir plus populaire. C'est typiquement le cas avec Haddock pour Tintin. Mais il y a plein d'autres exemples.

[G(r)ogeta]

C'est vrai que "Tintin chez les soviets" charge pas mal la mule On se croirait dans un sketch du Groland avec Kuntz à la place du petit blondinet belge.

Hergé est mieux inspiré dans le Lotus Bleu, quand il explique le prétexte de l'intervention japonaise en Chine est un coup monté et qu'il se moque des clichés racistes envers les chinois.

[Xehanort]

Il s'était vraiment renseigné pour celui là.

En revanche du côté d'un certain allemand avec une moustache, Hergé s'est pas des masses mouillée.

Il paraît qu'il a failli etre fusiliė en 44.

[G(r)ogeta]

Il s'était vraiment renseigné pour celui là.

En revanche du côté d'un certain allemand avec une moustache, Hergé s'est pas des masses mouillée.

Il paraît qu'il a failli etre fusiliė en 44.

Un peu quand même. Le comploteur du "Sceptre d'Ottokar", bien qu'on ne le voit jamais directement, est un extrémiste se dénommant Müsstler (contraction de Mussolini et d'Hitler.
Après vérification, l'album est sortit en 1939.

[Antarka]

Perso je suis pas un fan absolu de la BD Tintin. Les animés ça va, parce que je suis assez impressionné par la qualité de l'adaptation, la bande-son aussi.

Les BDs... Disons que ce qui me saoule pas mal, c'est à quel point Tintin est en scenarium pur, que le scénario lui tombe dessus à chaque fois.

Pour caricaturer, des méchants ont peur de Tintin, qui lui est au courant de rien (ils ont peur de l'éventualité qu'un Tintin ignorant se mêle de leurs affaires quoi). Donc plutôt qu'être discret, ils vont s'en prendre à lui. Ils échouent, s'enfuient, mais laissent tomber un indice sous le nez de Tintin. Indice qui en fait est une p'tain d'adresse/nom de bateau/nom de méchant. Bien entendu il y va, bien entendu les méchants ont pas changé leur plan donc se font prendre en flagrant délit.

Cette recette s'applique, à mon sens, à 80% des albums.

M'etonne pas qu'il soit un reporter connu. Il a juste à se ballader pour qu'un scoop vienne lui mettre un coup sûr la tête. Pratique.

[G(r)ogeta]

Ce générique

https://www.youtube.com/watch?v=vDxDJqdI6P0

Tu n'as pas tord Antarka, Tintin a pas mal de bol pour trouver des indices et bénéficie du syndrome du méchant qui "hahaha tu es à ma merci, je pourrais tellement te supprimer si je le voulais, mais attendons un peu que tu parvienne à te libérer pour bien faire échouer mes plans et m'humilier une fois de plus..."
Maintenant, je n'ai pas le souvenir qu'il y ai tant que ça le shcéma que tu décris. La plupart du temps, soit Tintin est envoyé couvrir un truc, soit il ne fait que rendre service à l'un de ses proches.

[Lenidem]

Ce que dit Antarka est vrai pour les premiers tomes - bon, le premier tiers, voire la première moitié. Ca devait être dû en grande partie au côté improvisé à la petite semaine, avec pratiquement zéro planification.

Je reste un gros fan de Tintin, perso, en grande partie parce que j'ai grandi avec lui et que j'ai appris à lire en déchiffrant ses albums : ça a été une grande étape pour moi quand j'ai commencé à les lire moi-même alors qu'avant mes parents m'en faisaient la lecture. Je me souviens encore du fou rire de mon père quand j'ai lu L'oreille cassée pour la première fois : course-poursuite en auto, les poursuivants pensent que Tintin va devoir s'arrêter car un train va lui couper la route, mais il accélère et passe de justesse. Les poursuivants s'écrient : "Il est passé ! Quel culot !" Évidemment, moi qui devais avoir environ sept ans, je n'étais pas encore habitué aux lettres muettes, et j'ai donc dit : "Quelle culotte !" Je ne comprenais pas ce qu'il y avait de drôle, je croyais que c'était une expression que je ne connaissais pas, comme plein d'autres...

Bref, je ne serai jamais objectif sur Tintin.

[Antarka]

Bah de tête :

Tintin au Congo : le méchant essaie d'abord de lui tirer sa caisse et se fait capturer. Il s'échappe. Loue les services du sorcier africain qui condamne Tintin à mort, mais ce dernier renverse la situation et devient le sorcier de la tribu. Un moment le méchant essaie de tuer Tintin (il arrive à l'assomer mais le tue pas, ce con), ce dernier est sauvé grâce à Milou et, dans la poursuite qui s'engage, le méchant est tué par des crocodiles. On apprend que c'est Capone qui dirigeait tout, pour un trafic dont Tintin avait pas idée.

Bref : si le méchant avait foutu la paix à Tintin, ce dernier aurait tranquillement continué à exterminer la faune africaine sans se mêler de rien. Capone se met Tintin à dos d'ailleurs, ce qu'il paiera au prochain album.

Tintin en Amérique : dès l'arrivée de Tintin aux States, Capone veut le degommer. Et échoue deux fois. Un rival de Capone veut recruter Tintin pour s'en servir contre Capone, Tintin refuse, le rival essaie de le tuer, echoue, et sa bande se fait capturer. Quelques périphéties avec des Amérindiens plus tard, le rival essaie encore une fois de tuer Tintin, échoue, et se fait capturer.
Pendant ce temps, Capone fait kidnapper Milou, reunis tout les Gangsters contre Tintin, et ils se font capturer.

Bref : Le rival creuse sa propre tombe. Capone aussi. Tintin subit le scénario.


Les cigares du Pharaon : Tintin, tranquille sur un paquebot, se fait filouter par un méchant qui met de la drogue dans sa valise. S'en suive des péripéties etc etc. Mais encore une fois, s'ils avaient pas essayé de s'en prendre à Tintin, il se serait pas melé du traffic.

Le Lotus bleu : c'est pire. Un mec utilise le "poison qui rend fou" sur un messager devant Tintin. Ensuite Tintin subit encore tout le scénario. Il est manipulé par Mitsuhirato, par les rebelles, allait quitter le pays mais se fait kidnapper et ramener de force. Mitsuhirato essaie de l'empoisonner mais DEUS Ex Machina, péripéties péripéties, et Tintin coffre toute la bande. Encore une fois, si les méchants avaient deglingué le messager avant qu'il soit pile devant Tintin, y'aurait pas eu d'histoires.

L'oreille cassée : j'm'en rappelle pu trop.


L'île noire : Tintin se fait tirer dessus par des aviateurs, comme ça, oklm, ce qui le met sur la piste de faux monnayeurs, dont il se serait pas melé sinon.


Le sceptre d'Ottokar : Tintin trouve une valise avec des trucs chelous dedans appartenant à un prof qui est lié à la Syldavie (me rappelle mal) . Alors qu'il commence à s'interesser à la Syldavie, des gars l'intimident puis font sauter son appart, le convaincant de se mêler définitivement de cette histoire.

Le crabe aux pinces d'or : pour une fois, Tintin fait du boulot de journaliste/flic. Il trouve grâce à Milou une boîte de crabe ou il manque une partie de l'etiquette, que les Dupont ont, avec un nom de bateau écrit dessus (ce deus-ex). Quand il fouine vers le bateau, les mechants le kidnappent au lieu de juste se barrer.
Un moment Tintin est sur une chaloupe avec Haddock. Et la encore plutôt que de le laisser crever les méchants envoient un hydravion les finir, que Tintin pourra recup quand ils auront échoué.

L'île mystérieuse : me rappelle pas trop le scenario. Mais pas vraiment de méchants dedans me semble.

Le secret de la Licorne & le Trésor de Rackam le rouge : RAS de mémoire.

Les 7 boules de Cristal et le Temple du soleil : RAS aussi. À part l'éclipse-ex-machina à la fin. Heureusement que la Lune est pote avec Tintin.

L'or noir : Muller qui sabote un pipeline pile la ou Tintin était tombé inconscient dans le désert (c'est petit un désert). Sinon ça va.

Objectif Lune et "on a marché sur la lune : RAS.

Affaire tournesol : Pas de chance pour les méchants, leur cible est un pote de Tintin.

Coke en Stock : les gentils tombent par hasard sur Alcatraz. Peripetie peripetie. L'avion ou était Tintin explose mais après avoir atteri grâce à un Deus ex.
Mention spéciale aux méchants qui, pour tuer Tintin et Haddock, foutent le feu et désertent leur cargo, sauf que Tintin éteindra le feu et y trouvera toutes les preuves (les africains esclaves) pour boucler l'affaire.
Et bravo au requin qui se sacrifiera en bouffant la mine destinée à couler le bateau. Deus-ex-squale.


Bref. La flemme de continuer.

C'pas dans tout les albums hein, mais les Deus-ex et méchants-tellement-cons-qu'ils-aident-vachement-Tintin, c'est quand même fréquent dans Tintin. Ce qui me donne souvent cette impression qu'il subit le scénario, mais que le scénario l'aime bien.


Alors, ça pourrait être un defaut. Je sais pas. Si ça l'est je m'en fiche un peu, j'aime beaucoup Tintin, je prétend pas être objectif dessus.

[Lenidem]

Oui, je parlais seulement des points de départ des différentes histoires. C'est sûr que Tintin a un bol de cocu pratiquement tout le temps.

Pour compléter un peu...

L'oreille cassée : Tintin est le seul à comprendre que le fétiche dérobé est un faux, ce qui le pousse à enquêter, si mes souvenirs sont bons.

L'étoile mystérieuse (et non l'île, même si la confusion est logique) : Tintin est le seul Belge à avoir l'idée d'aller à l'observatoire poser des questions sur le corps céleste qui se rapproche de la Terre à toute allure. Aussi, il se trouve que le proto-Tournesol qui gère l'observatoire de Bruxelles est le seul à avoir compris ce qui se passe et à avoir déterminé l'endroit exact de l'impact de la comète. Et comme Tintin est dans le coin et que le savant l'a à la bonne, il lui propose de faire partie de l'expédition, parce que pourquoi pas, la presse, tout ça.

Le secret de la licorne : Tintin achète par hasard la maquette qui renferme un secret.

Les sept boules du dragon : Tintin gravite un peu autour de la vengeance des Incas sans y être directement mêlé, jusqu'à ce que Tournesol se fasse kidnapper. Maintenant c'est personnel, Tintin va leur casser la gueule.

L'or noir : Tintin enquête tout seul comme un grand sur l'origine des explosions à répétition des différents moteurs.

Objectif Lune : "Tintin, mon jeune ami, vous m'accompagnez sur la lune ?" "OK.'

Coke en stock : Tintin tombe par hasard sur le général Alcazar en train de faire un truc louche, qui perd par hasard son portefeuille, etc.

Après, ce côté "ben voyons" naïf et enfantin fait aussi partie du charme de la série, je trouve. C'était ce qui me laissait croire que l'aventure était au coin de la rue, quand j'étais petiot.

[G(r)ogeta]

La vache, belle énumération que vous avez faites là tous les deux !

@Antarka

Disons que Tintin se trouve souvent au bon endroit au bon moment et a le flair pour deviner quand un mec fait un truc louche ou pour dégotter les bons indices (un mégot ou un bout de papier que personne d'autre n'a vu dans la pièce).
Après de là a dire qu'il subit le scénario je ne sais pas. Oui il bénéficie de gros coups de bol mais il a souvent le choix de continuer à enquêter ou de laisser tomber et c'est lui qui par son acharnement et son ingéniosité contribue à faire avancer l'histoire. Bon, comme c'est un chevalier blanc, évidemment qu'il ne va jamais laisser tomber l'affaire.

@Lenidem

"Objectif Lune : "Tintin, mon jeune ami, vous m'accompagnez sur la lune ?" "OK.'"

C'est tellement ça bordel

C'est là que tu vois que pour un petit journaliste belge, Tintin est drôlement bien introduit dans le grand monde. Le mec côtoie OKLM des généraux en exil, des émirs, des scientifiques de très haut niveau, des cantatrices de renommé mondiale, des trafiquants de drogue et d'esclaves en free lance...

"Après, ce côté "ben voyons" naïf et enfantin fait aussi partie du charme de la série, je trouve. C'était ce qui me laissait croire que l'aventure était au coin de la rue, quand j'étais petiot."

J'ai le même sentiment. En grandissant tu te rend compte à quel point il a le cul bordé de nouilles et que Bruxelles doit être bien petite pour que tu ne puisse pas faire 3 pas sans tomber sur une embrouille.
Néanmoins, j'en garde un très bon souvenir. Tintin est un héros optimiste sans être niais, courageux mais réfléchie et qui parcourt le monde entier pour défendre la veuve et l'orphelin. On voyage avec lui et comme tu le dis, on a l'impression que l'aventure est "au coin de la rue".

D'ailleurs quels sont vos albums préférés ?
Perso je dirais :
- "Tintin au Tibet" parce que le ton me semble plus grave que d'habitude. Il ne combat pas un ennemi dont les victimes restent anonymes, non il fait une course contre la nature elle même pour sauver un ami que l'on connait en tant que lecteur. Autant son amitié avec Haddock a apporté un surplus d'humour à la série, autant celle avec Tchang est touchante.
- "On a marché sur la Lune" : l'aventure lunaire , la tension autour du manque d'oxygène, les dilemmes moraux de Wolff... Il y a beaucoup d'albums avec autant de morts de persos de 1er plan ?
- "Vol 714 pour Sydney" : l'humour avec les échanges et les personnages de Carreidas et de Rastapopoulos, ce dernier passant d'un antagoniste inquiétant à un méchant cartoonesque un peu ridicule, ainsi que sa fin en mode X-Files en révèle juste assez pour laisser planer le mystère. A noter que Rastaopoulos était sensé revenir dans "Tintin et l'Alph-Art".
- "Les bijoux de la Castafiore" : pour la belle action du Capitaine envers les Tziganes et le côté atypique de cet album. Ici pas d'aventures aux 4 coins du monde ni de grands enjeux, juste une simple enquête de vol de bijoux, quasi en huis clos et une fin très positive.
- "Les 7 boules de cristal" : simplement parce que le rêve de Tintin impliquant la momie m'avait terrifié gamin. La révélation du comment et du pourquoi m'avait un peu refroidi du coup. Ni magie ni grand mystère en apparence, mais pour finalement ouvrir sur la suite, avec la survie d'une ancienne civilisation.