Sim Ant (PC, 1991)
Pourquoi j’aurais dû y jouer
Gamin, j’adorais déjà presque autant les insectes qu’ajourd’hui, mais je préférais les fourmis, et de loin. Je passais beaucoup de temps à les regarder dans les jardins, je connaissais l’emplacement de certaines fourmilières dans le parc en bas de chez moi, et j’adorais voir les premières bestioles sortir leurs antennes dès les premiers beaux jours au printemps. J’ai lu la trilogie de Bernard Werber à onze ou douze ans, telle une bible diffusant la vérité absolue sur la planète. On m’a même offert un kit pour me créer ma propre fourmilière, que je n’ai jamais vraiment réussi à mettre en place (heureusement d’ailleurs, vu le sort horrible qu’il destinait aux petites fourmis qui auraient eu le malheur d’être mises dedans). Quand un pote à moi du collège m’a parlé de l’existence d’un jeu vidéo dans lequel on incarnait des fourmis pour créer une colonie prospère, mes yeux ont illuminé toute la ville pendant des jours, tellement ils brillaient. Logique de faire l’acquisition de cette merveille dès que possible, pas vrai ? Oui, voilà pourquoi je n’y ai jamais touché. Je n’ai même vu personne y jouer, d’ailleurs ; pas même le pote en question, qui avait lâché l’affaire depuis plusieurs années. SimAnt est resté un mystère pour moi durant très longtemps, jusqu’à ce que je décide d’aller voir à quoi ça ressemble sur internet, et me dire que je n’avais plus le temps pour me plonger dans de telles profondeurs du web. Bon, le jeu avait déjà six ans quand le gars m’en a parlé pour la première fois. À cette époque, la nostalgie, je ne connaissais pas encore, et je ne vivais pas dans le passé (louée soit cette période bénie où rien d’autre n’importait que l’avenir).
Retour sur Expérience Fantasmée
Je vais essayer d’expliquer ça dans l’ordre. En fonction des vidéos qui traînent sur la toile, ça ne paraît pas si simple. En gros, la partie démarre avec la reine des fourmis noires qui donne naissance à une ouvrière… jaune. Mais bon, la couleur sert juste à expliquer qu’on la contrôle nous-même, alors que les autres fourmis noires qui vont naître par la suite se gèrent toutes seules. Alors on creuse quelques galeries, on part explorer l’extérieur pour ramener un peu de bouffe, jusqu’à ce que d’autres congénères voient le jour. Tout le monde creuse un peu plus, ramène un peu plus de bouffe, pour que de plus en plus de fourmis puissent arpenter le monde. Il suffit alors de répéter ce schéma à l’infini pour accomplir la mission donnée par SimAnt, à savoir vaincre la colonie de méchantes fourmis rouges qui aspire aux mêmes ambitions que vous, et envahir la maison adjacente au jardin au point de faire fuir le mec qui habite là.
Pour pimenter un peu tout ça (parce que ça paraît un peu naze quand même), des obstacles se dressent un peu partout sur le chemin de nos amies insectes. Araignées, fourmilions (les créatures démoniaques qui capturent leurs proies en creusant un entonnoir dans le sable, attendant qu’elles glissent au centre, pour les broyer grâce à leurs énormes mandibules), mais aussi tondeuse à gazon (qui a l’air de juste massacrer des dizaines de fourmis de manière aléatoire), prises électriques et évier rempli d’eau… entre autres. Il y a aussi un chien et un chat qui se baladent, mais je ne les ai pas vus interagir avec quoi que ce soit. Sans oublier les affreuses fourmis rouges qui ne vivent que pour anéantir les noires. Pour se donner un semblant d’importance, le joueur peut modifier certains paramètres, comme la nature des petits frères et sœurs (asexués en vrai) pondus par la reine : ouvrières, soldates ou mâles reproducteurs / femelles reproductrices (ah bah non, ceux-là sont sexués). Les reines fécondées vont coloniser d’autres parties du jardin ou de la maison, à raison d’une par parcelle (le niveau en contient cent quatre-vingt-douze, si j’ai bien compté), et j’espère ne pas avoir besoin d’expliquer le rôle des autres fourmis. Reste alors la possibilité d’influer sur le comportement des ouvrières, qui peuvent soit creuser, soit chercher à manger, soit s’occuper des larves.
À partir de là, si la tondeuse ne s’allie pas à dix araignées et à quatre éviers pleins à ras-bord, nos colonies vont pulluler assez vite et se répandre partout de manière exponentielle. Pour peu que le début de partie se passe bien, l’effet boule de neige s’emballe avant qu’on ait pu apprendre sur Wikipedia que les fourmis appartiennent aux même ordre que les guêpes et les abeilles (et aussi les bourdons, on oublie tout le temps ces pauvres bourdons). J’ai regardé une vidéo où un gars termine le jeu en même pas huit minutes. Pour de la gestion, ça fait un petit peu juste quand même. Heureusement, il existe d’autres modes, comme la “partie rapide”, qui j’imagine doit se boucler en trente secondes… fantastique !
J’ai un peu envie de m’attarder sur un aspect qui me tient beaucoup à cœur dans les jeux vidéo : l’ambiance. Bon, autant dire qu’ici, c’est vraiment pas génial. Les développeurs ont fait au plus simple, peut-être par manque de temps, de moyens ou d’argent (on concevait encore des programmes dans son garage, au début des nineties ?). Les graphismes piquent un peu les yeux, notamment par leur manque de diversité. Dans la maison, on peut se balader sur un immense plan bleu-turquoise-gris qui semble s’étirer sur des kilomètres. Les effets sonores n’aident pas non plus tant ils vrillent les tympans. Pourquoi quand une fourmi alliée nourrit notre avatar, on entend le son d’un mec qui gerbe ? Pourquoi quand une bataille a lieu contre les fourmis rouges, on dirait que cinquante déménageurs bretons font glisser d’énormes commodes normandes sur du carrelage alsacien (je dis alsacien au hasard, hein) ? Heureusement, la relative monotonie qui s’installe petit-à-petit se trouve ponctuée de petites phrases marrantes prononcées par les protagonistes. Oui, les bestioles parlent, dans SimAnt. Ainsi, la reine s’emmerde parce qu’elle ne fait que pondre des œufs toute sa vie. L’araignée se la raconte parce qu’elle se croit super cool. Le mec qui tond sa pelouse trouve ses mains très sales, comme s’il ne pouvait plus jamais les laver de sa vie… etc.
Pour pimenter un peu tout ça (parce que ça paraît un peu naze quand même), des obstacles se dressent un peu partout sur le chemin de nos amies insectes. Araignées, fourmilions (les créatures démoniaques qui capturent leurs proies en creusant un entonnoir dans le sable, attendant qu’elles glissent au centre, pour les broyer grâce à leurs énormes mandibules), mais aussi tondeuse à gazon (qui a l’air de juste massacrer des dizaines de fourmis de manière aléatoire), prises électriques et évier rempli d’eau… entre autres. Il y a aussi un chien et un chat qui se baladent, mais je ne les ai pas vus interagir avec quoi que ce soit. Sans oublier les affreuses fourmis rouges qui ne vivent que pour anéantir les noires. Pour se donner un semblant d’importance, le joueur peut modifier certains paramètres, comme la nature des petits frères et sœurs (asexués en vrai) pondus par la reine : ouvrières, soldates ou mâles reproducteurs / femelles reproductrices (ah bah non, ceux-là sont sexués). Les reines fécondées vont coloniser d’autres parties du jardin ou de la maison, à raison d’une par parcelle (le niveau en contient cent quatre-vingt-douze, si j’ai bien compté), et j’espère ne pas avoir besoin d’expliquer le rôle des autres fourmis. Reste alors la possibilité d’influer sur le comportement des ouvrières, qui peuvent soit creuser, soit chercher à manger, soit s’occuper des larves.
À partir de là, si la tondeuse ne s’allie pas à dix araignées et à quatre éviers pleins à ras-bord, nos colonies vont pulluler assez vite et se répandre partout de manière exponentielle. Pour peu que le début de partie se passe bien, l’effet boule de neige s’emballe avant qu’on ait pu apprendre sur Wikipedia que les fourmis appartiennent aux même ordre que les guêpes et les abeilles (et aussi les bourdons, on oublie tout le temps ces pauvres bourdons). J’ai regardé une vidéo où un gars termine le jeu en même pas huit minutes. Pour de la gestion, ça fait un petit peu juste quand même. Heureusement, il existe d’autres modes, comme la “partie rapide”, qui j’imagine doit se boucler en trente secondes… fantastique !
J’ai un peu envie de m’attarder sur un aspect qui me tient beaucoup à cœur dans les jeux vidéo : l’ambiance. Bon, autant dire qu’ici, c’est vraiment pas génial. Les développeurs ont fait au plus simple, peut-être par manque de temps, de moyens ou d’argent (on concevait encore des programmes dans son garage, au début des nineties ?). Les graphismes piquent un peu les yeux, notamment par leur manque de diversité. Dans la maison, on peut se balader sur un immense plan bleu-turquoise-gris qui semble s’étirer sur des kilomètres. Les effets sonores n’aident pas non plus tant ils vrillent les tympans. Pourquoi quand une fourmi alliée nourrit notre avatar, on entend le son d’un mec qui gerbe ? Pourquoi quand une bataille a lieu contre les fourmis rouges, on dirait que cinquante déménageurs bretons font glisser d’énormes commodes normandes sur du carrelage alsacien (je dis alsacien au hasard, hein) ? Heureusement, la relative monotonie qui s’installe petit-à-petit se trouve ponctuée de petites phrases marrantes prononcées par les protagonistes. Oui, les bestioles parlent, dans SimAnt. Ainsi, la reine s’emmerde parce qu’elle ne fait que pondre des œufs toute sa vie. L’araignée se la raconte parce qu’elle se croit super cool. Le mec qui tond sa pelouse trouve ses mains très sales, comme s’il ne pouvait plus jamais les laver de sa vie… etc.
Un mot sur l’OST jamais écoutée
La musique… se range dans ce qu’on est en droit d’attendre de la part d’un ordi en 1991. Du format MIDI aux sonorités très variables selon la carte son qui le lit, pour une B.O. quand même très courte. Un titre pour le menu, deux ou trois pour les ambiances de jeu, un pour la victoire, et un pour la défaite, il me semble ; la plupart ne dépassant pas la minute et se lançant de manière aléatoire pendant les phases de jeu (parfois on n’entend rien pendant une demi heure et BAM ! Un son démarre, puis un autre, puis plus rien pendant dix minutes). La version Super NES sortie en 1993 propose un tout autre répertoire, bien plus fourni et n’ayant aucun rapport avec le jeu original. Et comme je ne savais même pas que SimAnt avait existé sur la console de Nintendo, je préfère partager un morceau de la vieille mouture DOS, sortie des limbes de Youtube. On notera à partir de trente secondes les passages où le compositeur semble pianoter sur son clavier juste pour voir ce que ça fait, et hop ! La direction valide, ça donne le thème du menu principal. La non-prise de tête à l’état pur.
Bilan pas du tout argumenté
SimAnt aurait effectivement pu m’occuper un certain temps durant ma petite enfance. Pas trop non plus, vu la pauvreté du gameplay. On sent que le succès de SimCity deux ans plus tôt a donné tout un tas d’idées aux gens de chez Maxis, et que certaines ont reçu moins d’attention que d’autres. Ou alors j’ai oublié qu’en 1991, surtout sur ordi, les jeux vidéo étaient encore COMPLÈTEMENT à l’arrache, et ça convenait à tout le monde. SimAnt a l’air de se traîner une sacrée armada de gros nostalgiques, qui versent leur petite larme sur chaque vidéo Youtube traitant du sujet. Comme quoi, ce jeu a sans doute flirté avec un certain succès. Perso, je pense qu’après quelques parties, je serais vite retourné dehors pour observer les vraies fourmis faire leur vie. Mais bon, rien que pour me répandre en commentaires regrettant le passé sur internet, ça aurait valu le coup.