

Un peu comme les Schtroumpfs mais de façon moins marquée, Léonard est un spin-off. Le personnage du savant (nommé alors Mathusalem) était apparu dans un gag de Robin Dubois, la série précédente des auteurs.
Et, comme l'idée avait plu à Greg, directeur du périodique de prépublication, il a été replacé dans une nouvelle série et rebaptisé Léonard. Compte tenu de ce nom, elle ne se déroule évidemment plus à Sherwood à la fin du 12ème siècle mais dans l’Italie de la Renaissance.

On y suit donc Léonard, artiste et savant farfelu mais génial et dont l’égo est aussi grand que le talent (il est très talentueux). Il va créer des inventions aussi loufoques qu’anachroniques, du scrabble à la télévision en passant par la machine à voyager dans le temps ou le tennis.
Basile, son disciple, arrive dès le premier volume. Il sert la science et c’est sa joie mais ça l’est de moins en moins au fur et à mesure des histoires, alors qu’il subit les expériences créées par Léonard et ses punitions lorsqu’il fait des erreurs ou passe trop de temps dans son lit – ce qui arrive très souvent. A priori pas très futé, il peut cependant faire preuve d’ingéniosité lorsqu’il s’agit de se cacher ou d’éviter des ennuis – malheureusement pour lui, Léonard est au moins aussi tenace et ingénieux.
Mathurine est la femme à tout faire de la maison et apparaît au tome 12 de la série. Elle n’apprécie ni que l’on salisse ce qu’elle a nettoyé, ni les remarques sur son poids.
Raoul, Bernadette et Yorrik sont respectivement le chat, la souris et le crâne, des “animaux” de compagnie qui participent parfois à l’intrigue, vivent leur vie en arrière-plan et se livrent souvent à des remarques sarcastiques sur les actions de Léonard et du disciple – dont ils sont parfois les victimes.
Enfin, un nouveau personnage est apparu dans le tome 48 : Mozarella, une tzigane orpheline qui sera recueillie par un Léonard alors tourmenté par un désir de paternité. La gamine a un fort caractère dont le disciple fera souvent les frais – comme si Léonard ne suffisait pas.
On est dans de la BD franco-belge classique. Les albums sont majoritairement des recueils de gags portant le titre du premier de l’album et allant d’une à une dizaine de pages. Quelques albums sont à part et nous offrent des histoires s’étendant sur tout l’album, comme La guerre des génies ou Génie au sous-sol. Plus récemment, on a eu des albums plus thématiques, avec une idée courant tout au long de l’album, entrecoupée de quelques gags sans rapport avec le sujet.
Sur une grosse vingtaine d’albums, on a une série très drôle et inventive, avec de nombreux gags jouant sur l’anachronisme des situations et, dans un esprit très cartoonesque, les nombreuses blessures que le caractériel et génial Léonard et ses inventions occasionnent pour le disciple. Les histoires longues sont aussi des réussites, avec une mention spéciale pour la guerre des génies dans lequel un rival (ainsi qu’un autre présent surtout pour un running gag) apparaît pour Léonard, ce qui suscite de nombreuses confrontations entre eux - dont une avec des robots géants :

Malheureusement, après ça, le filon a tendance à se tarir et, comme pas mal de Bds franco-belges de la grande époque, la série finit par tourner en rond, sans vraiment innover, et je ne la lisais plus que par habitude.
Elle connaît cependant un renouveau à partir du 47ème album, Master Génie, avec Zidrou qui remplace Bob de Groot au scénario. C’est en partie dû aux albums thématiques et à l’arrivée de Mozarella mais la série redevient drôle, ce qu’elle n’était plus depuis un bon moment et je la lis de nouveau avec plaisir. Le 52ème album, Vacances de génie, est sorti en juin de cette année.