Spoiler
Sans plus attendre, pour tenter d'égayer ce lundi, voici C-13 pour vous détendre après - ou pendant - le boulot, c'est votre choix =p
Nous retournons donc à la trame principale quelques temps, et on continuera de poster le FB plus tard

Chapitre 13 : La ligue des opportunistes
— Personne ne bouge et on tire. Interdit d’esquiver. Ce sont bien tes règles, n'est-ce pas ?
— C'est ça.
— … Et ces règles s'appliquent aussi à toi ?
— … Évidemment.
— … Parfait.
— Parfait.
— Au fait… tu as remarqué… mon Makankosappo vient d’atteindre un niveau normalement suffisant pour faire sauter la région.
— …
— Et le tiens aussi. Comptes-tu t’arrêter en si bon chemin, Piccolo ? Parce que moi… je crains bien que non, lâcha la créature ultime de Gero sur un ton sans grand équivoque, ponctué d’un sourire non moins explicite.
Le namek se crispa à ces mots.
Effectivement… les deux amas de Ki commençaient à prendre un peu trop de grade à son goût.
Piccolo pourrait facilement faire cesser cette inflation déraisonnable en attaquant Cell séance tenante.
Mais l’hybride était encore trop sur ses gardes… il fallait le faire parler encore un peu… et tirer par surprise.
Ce qui impliquait malheureusement de laisser les deux Makankosappo progresser, librement, impunément.
— Tu ne tires pas Piccolo ?
— Je fais encore ce que je veux.
— Bien, mais je te préviens… tant que tu ne tireras pas, moi non plus.
— …
— Que feras-tu lorsque j’aurais chargé un rayon suffisamment puissant pour faire sauter la Terre ?
— Ça n’arrivera pas. Le Makankosappo ne fonctionne pas comme un Kaméhaméha. Tu ne peux pas le charger à l’infini. De la même manière que lorsque tu fais bouillir l’eau au delà de 100°…… elle s’évapore.
— Huh, je vois que tu connais les petits secrets de ta technique sur le bout des ongles.
— …
— Mais, dis-moi…… savais-tu qu’il était possible de faire ceci…
Sous le regard mi-médusé mi-incrédule de Piccolo… Cell s’osa à fermer les yeux en plein combat, pour ensuite déployer son bras gauche et le tendre rigidement en direction du sol. L’hybride ouvrit alors la main au bout… avant d’en écarter les cinq doigts, en éventail.
Sa main droite était quant à elle toujours au contact de son front… l’index et le majeur générant encore le Makankosappo au bout. Lequel Makankosappo atteignait d'ailleurs tout juste son plafond insurpassable. Ce qui pouvait facilement se remarquer à la structure désormais extrêmement instable et clignotante du rayon. Le bras droit de Cell tremblait d’ailleurs de plus en plus….
Piccolo n’était parvenu à charger un Makankosappo — au maximum du possible — que deux fois dans son existence. Toutes deux en entrainement. Deux réussites successives… au bout de 153 essais. Cell à contrario semblait avoir fait ça toute sa vie… et non content d’avoir déjà un Makankosappo inégalable au bout du front… paraissait vouloir faire monter les enchères encore plus haut. La foreuse latente — suspendue à l’extrémité de l’index et du majeur de sa main droite — disparut soudainement…… pour reparaître une seconde plus tard au bout de son auriculaire gauche. Après quoi, Cell débuta le chargement d’un tout nouveau rayon, au bout de la main toujours accolée à son front. Ce nouveau rayon atteignit sa charge maximale beaucoup plus vite que le précédent…… car “l'huile de la marmite était maintenant chaude”. L’attaque ainsi complétée alla immédiatement rejoindre l'annulaire gauche de Cell, pour y être temporairement stockée.
Le Makankosappo suivant se chargea encore plus vite que les deux précédents…
Et la scène se répéta jusqu’à ce que les cinq doigts de la main gauche de l’hybride soient tous ponctués d’un crépitant éclat jaune.
Et soudain, tout s’inversa.
Chaque rayon à gauche, transita jusqu’aux deux doigts de la main droite, encore accolés au front de chitine. Ils s’agrégèrent les uns aux autres. Et lorsque trois rayons s’étaient accumulés… l’ensemble présenta une teinte lavande en lieu et place du jaune. Enfin, lorsque les cinq rayons n’en formaient plus qu’un…… la couleur lavande céda alors la place à un indigo autrement plus sombre, intense et inquiétant.
Cell maîtrisait parfaitement sa respiration, autant que les mouvements de son corps… lesquels mouvements se devaient d’être chirurgicaux tout au long de l’opération, qui ne pouvait souffrir de quelque imprécision. Un simple battement de cœur trop brusque pouvait tout faire capoter. Cell ouvrit lentement les yeux… et fit glisser ses pupilles vers le haut… allant ainsi directement à la rencontre du visage de Piccolo… dont il mourrait d’envie de savourer l’expression faciale. Sa surprise fut totale lorsqu’il vit que les yeux de Piccolo lui souriaient.
Oui, les yeux encore c’était difficile à dire, mais la bouche en croissant ne laissait, quant à elle, aucun doute.
Et c’est lorsque Cell fit lentement voguer son regard vers la main droite de Piccolo qu’il comprit… et tomba des nues.
Au bout de cette même main droite, accolée au front du namek, s’animait ardemment… un rayon couleur indigo.
La créature parfaite mit enfin Piccolo en joue.
Ce dernier fit précisément de même. La scène se cristallisa alors. Si l'herbe ne dansait pas au sol ; si les jets de courant électrique ne fusaient pas un peu partout autour des deux adversaires ; on eut pu croire le temps arrêté, tant leur immobilisme était parfait.
— Loin de moi l’idée de douter de ta bonne foi, mais si tu le permets, j'aimerais d’abord m'assurer du fait que tu ne me la fasses pas à l'envers, lâcha soudain Piccolo, tandis que Cell et lui se tenaient encore en respect au moyen de leurs Makankosappo respectifs.
Les antennes du namek se dressèrent alors haut, vers le ciel aux mille couleurs apocalyptiques.
À leur bout naquit bientôt un magma électrique jaune.
Jaune et d'un très haut voltage, rappelant peu ou prou le Namamidabutsu de Muten Roshi. Ledit magma grossit, grossit, et grossit encore… jusqu'à décupler en volume… puis en densité… avant de s'élancer sans crier gare dans les airs, pour subitement se figer en pleine course, à cinq mètres seulement, au dessus de la tête des deux adversaires, et à parfaite équidistance de ces derniers.
Cell leva les yeux et détailla la pelote d'électricité en suspension. Cette dernière semblait instable et crépitait énormément. En fait d'électricité, il s'agissait surtout d'une incommensurable concentration d'énergie psychokinétique. Deux rayons semblaient sur le point d'en jaillir… l'un dans la direction de la créature ultime de Gero… l'autre en direction de Piccolo, par souci d'équité.
Cell comprit alors l'objectif du namek : paralyser les corps, les esprits… et le système sensoriel.
Pour s'assurer qu'effectivement, personne ne soit en mesure de bouger. L'être parfait laissa faire, c'était les règles du jeu.
Deux décharges électriques jaillirent subitement de l'amas survolté et s'abattirent l'une sur Piccolo… l'autre sur Cell.
Les deux raies de lumière s’épanchèrent progressivement à l’entièreté des corps des deux adversaires… à l’exception de leurs bras droits respectifs, totalement épargnés par le halo doré, aveuglant, étincelant et persistant. Les bras droits avaient ainsi été dispensés pour permettre aux deux duellistes de viser et décocher leurs Makankosappo sans difficulté. Ainsi épargnés, les bras droits étaient plus réactifs que les corps. Esquiver à temps n’était de fait plus possible. D'ailleurs, autant les deux rayons anesthésiants avaient été relativement lents à atteindre leurs cibles — autant l’effet fut-il immédiat et radical. Cell et Piccolo tremblaient… leurs contours devenaient imprécis. Tous deux tentaient de bouger, pour tester la résistance de leurs entraves, mais aucun n'était parvenu à esquisser l’ombre d’un pas en avant.
Les cerveaux s'embrouillaient, la vue devenait trouble, la respiration saccadée, les idées confuses.
Cell tenta la téléportation. Ce fut un échec. C’était à peine s’il parvenait à passer l'étape de la localisation d'énergie.
L’étape d’après était quant à elle irréalisable du fait de l’instabilité de la “connexion sans fil”.
Heureusement qu'il avait vérifié qu'il n'y avait personne de trop dangereux dans les parages, avant d'accepter le petit pari de Piccolo.
Cell força sur les muscles de sa bouche… pour y dessiner un sourire.
— C'est quand tu veux mon petit Piccolo. Que le meilleur gagne !
— …
Le sourire de Cell s'estompa.
Il venait de comprendre.
— Tu n'as jamais eu l'intention de gagner… c'est ça ?
— …
— Tu étais déjà prêt à mourir, et tout ton petit manège n'avait d'autre but que celui de m’immobiliser, sachant que dans tous les cas, toi tu vas y passer… alors autant me blesser un peu au passage, même de manière négligeable.
— …
— Non ?
— …
— Non…… ton but n'est pas de me blesser. Tu as voulu m'immobiliser pour me faire perdre du temps ici et en faire gagner à Gohan. Ou alors…… pour le faire rappliquer avant que je puisse à nouveau bouger normalement. Et comment comptes-tu le prévenir maintenant que tu es toi-même immobilisé ?! scanda la créature de Gero, s'attendant déjà à voir un clone de Piccolo surgir des fourrés, en réponse.
— Tu te fourvoies complètement Cell.
— ……
— Je t’écraserai moi-même, et je n’aurais besoin de l’aide de personne pour ce faire, sourit enfin le namek, les yeux bouffis de conviction.
— C’est vrai ?
Piccolo fut saisi par la surprise. L’air qu’affichait Cell n’avait rien d’ironique ou d’amusé. Il avait le visage placide et froid. L'hybride avait été frappé par l’apparente confiance qu’affichait le namek — qui se faisait précéder par son intelligence remarquable — et n’ayant pas pu lire la peur de la mort dans ses yeux, Cell avait fini par douter. Sa question n’était, de fait, pas ironique. C’était une vraie question.
— Oui, c’est vrai. Et alors ? cracha le namek sans démordre.
— Parce que si c’est vrai… alors tu nous mets tous les deux en position de “c’est toi ou moi”.
— Il m'avait semblé comprendre que c'était déjà le cas.
Le visage de Cell s’assombrit un peu plus encore.
— Eh bien, malheureusement pour toi, j’ai envie de te croire, quand tu prétends pouvoir me battre.
— Et tu as raison de me croire.
— …
— Surtout si tu viens d’un autre univers… auquel cas tu ne me connais pas… et tu ne sais pas ce dont je suis capable.
— Je n’avais pas l’intention de te tuer. Pas aujourd’hui. Pas comme ça. Toi je voulais te garder de côté, pour le dessert. Mais si c’est toi ou moi… alors je préfère encore que ce soit toi, rétorqua l'hybride en levant le bras droit pour orienter son Makankosappo pile entre les deux yeux de Piccolo. Eh bien Piccolo, si tu as bluffé tu meures, alors j'espère pour toi que tu n’as pas bluffé. Je te donne cinq secondes, pour tomber le masque… et au bout du décompte, si cet air suffisant est encore placardé sur ton visage… je tire !
— …
— 1
— …
— 2
— …
— 3
— …
— 4, murmura Cell, au sourire élargi.
— …
— 5 !
L’être parfait décocha son Makankosappo en plein milieu du front de Piccolo.
Se produisirent alors subitement deux événements extraordinaires, imprévus aussi bien du mentor de Gohan que de Cell.
L'événement que n'avait pas prévu Cell… c'était que son Makankosappo n'avait, pour une raison inconnue, pas heurté Piccolo entre les deux yeux mais au niveau du plexus. Et l'événement que n'avait pas prévu Piccolo tenait au fait — plus surprenant encore — que le Makankosappo qui l'avait heurté en plein plexus… loin de l'avoir macabrement perforé d'un bout à l'autre… avait simplement rebondi.
La foreuse de Cell avait rebondi sur le torse de Piccolo comme un ballon en cuir aurait rebondi sur la poitrine d'un joueur de foot. Toute proportion gardée parce que le namek l'avait quand même sentie passer. Il avait le souffle totalement coupé et le torse cramé au niveau du point d'impact. N'empêche que le Makankosappo avait bel et bien rebondi… pour ensuite aller se perdre dans le ciel.
Piccolo n'en croyait pas ses yeux.
Cell n'en menait pas large non plus.
Une seule et même question semblait vriller les cerveaux à cet instant précis.
Etait-ce Piccolo qui était trop fort ?
Ou Cell qui était trop nul ?
Un léger coup de vent s'invita, passant le balai sur le champ de bataille, sans souffler la réponse.
~~~~~~~~
Le silence tombal fut rapidement supplanté par le rire horriblement tympanisant du namek.
Cell patienta quelques secondes, le temps que ce rire perde un peu en altitude. Il s'arrogea alors la parole.
— Tu as tort de rire, Piccolo…
— Ah bon ?! Tu m'en diras tant Cell ! D'ailleurs, dois-je vraiment t'appeler Cell ? Tu n'as rien de la machine inarrêtable que j'ai connue, sourit le namek en levant triomphalement le menton. Tu n'es clairement pas le Cell de mon univers. Le fait que je sois incapable de sentir ton énergie m'avait déjà mis la puce à l'oreille… mais là, on a la preuve par trois. Tu es un robot ou je ne sais quoi. Et malheureusement pour toi, il semblerait que l'univers dont tu proviens ne soit pas du tout à la même échelle de puissance que le mien. Tu as peut-être été battu par un Gohan de la même ligue que toi, dans ton univers. Mais ici… tu n'es pas dans ta catégorie. Notre Krilin national serait à coup sûr capable de te terminer en trois secondes !
— Tu n'as rien compris Piccolo, lâcha Cell en forçant un sourire.
— Je suis tout ouïe Cell, souffla le namek, tout en orientant à son tour son Makankosappo pile entre les deux yeux de l'hybride.
— Tu es bête ou quoi ? C'est évident que je n'ai pas tiré un Makankosappo à pleine puissance. Sinon tu ne serais déjà plus de ce monde.
— …
— J'ai réabsorbé le Makankosappo que j'avais préparé. Il est actuellement stocké dans mon bras droit. Ce que j'ai tiré sur toi n'était rien d'autre qu'une coquille vide. Normal qu'elle ait rebondi. Je voulais simplement te tester… pour voir ce qui tu manigançais et qui te donnait cet air si confiant.
Piccolo partit dans les aigus. Son éclat de rire fit presque trembler les petites pierres rescapées au sol.
— C'était quoi ça, Cell ? Le bluff de la dernière chance ?
— Non. La preuve, j'ai eu ce que je voulais, je sais maintenant ce que tu ourdissais et qui te donnait autant d'assurance. Si mon simili-Makankosappo a heurté ton plexus en lieu et place de ta tête… c'est parce que tu as utilisé Chôkyoshinjutsu, la technique d'agrandissement. Laquelle technique n'a pas eu le temps d'aller au bout du processus… tu n'as gagné que quelques centimètres de hauteur… mais ça a été suffisant pour éviter le tir en pleine tête. C'était ça ton plan. Et grâce au Chôkyoshinjutsu tu n'as pas violé les règles. Étant donné que tu n'as à proprement parlé ni bougé, ni esquivé. Vraiment bien joué Piccolo, tu m'impressionnes énormément.
— D'accord ! Donc après le bluff éhonté…… vient le brossage dans le sens du poil, sourit le namek, avec une hauteur à rendre Végéta admiratif. Tu es très amusant Cell, malheureusement je n'ai pas ton temps dans l'immédiat. Tu es venu, tu as vu, tu as perdu. Tu es tombé sur le mauvais Piccolo. Et maintenant… tu vas mourir… bêtement.
Cell ne regardait pas Piccolo dans les yeux. Mais lorsque leurs regards se croisèrent à nouveau… le mentor de Gohan se mit à rire aussi fort que lui permettait la paralysie musculaire et psychique qu'il s'était lui-même infligée, en vertu de son petit arrangement avec l’hybride.
Paralysie qui ne prendrait malheureusement pas fin avant cinq bonnes minutes.
— Tu veux savoir la grande différence entre toi et moi, Cell ? sourit le namek en exposant tous ses crocs aiguisés.
— …
— La différence… c'est que moi je n'ai pas l'intention de te dire à quel moment je vais tirer.
Le sourire de Piccolo s'élargit.
Celui de Cell s'était à contrario estompé, et ce depuis longtemps déjà.
— Le plus ironique c'est que contrairement à ce que tu semblais penser… je n'avais aucun plan particulier, au départ. Tu as surestimé mon intelligence et c'est précisément ce qui va causer ta perte ! Je n'avais aucun plan… à part te rayer un peu la carrosserie avant de mourir de ta main. Mais quand j'ai vu que tu avais commencé ton décompte stupide, je ne pouvais décemment pas laisser passer une telle perche. J'ai alors pensé à utiliser Chôkyoshinjutsu à la fin du décompte, en croisant les doigts pour ma survie. Alors, je ne te dis pas quelle fut ma surprise, lorsque j'ai vu ton Makankosappo rebondir sur ma poitrine ! Je vais te dire quel était ton plan… parce que, vois-tu, j'ai parfaitement compris ton plan. Lorsque tu as réalisé que je n'étais pas le Piccolo auquel tu pensais te frotter… tu as paniqué et tu as voulu m'assommer. Et tu aurais réussi si je n'avais pas utilisé Chôkyoshinjutsu. Ton Makankosappo, tout faible soit-il, était assez puissant pour m'assommer… s'il m'avait touché en pleine tête. Malheureusement pour toi…
Cell serra les dents. Ce qui n’échappa pas à Piccolo. L’hybride n’avait vraisemblablement pas prévu le recours à l'agrandissement. Une technique dont il avait presque oublié qu'il était lui-même capable de l'utiliser. Et Piccolo n'allait certainement pas lui en laisser l'occasion.
Comme promis, et contrairement à la créature parfaite : Piccolo allait tirer sans prévenir.
Cell scanna mentalement son propre corps… puis son Ki. Il passa ensuite Piccolo au crible.
L’être parfait en vint à la conclusion que la paralysie dont le namek et lui faisaient l'objet durerait encore cinq minutes. Non… elle durerait cinq minutes pour Piccolo, mais Cell, lui, de par sa constitution singulière, serait totalement libre d'ici une minute tout au plus.
Mais une minute… ça fait soixante secondes.
Et Piccolo pouvait justement tirer à n'importe laquelle de ces soixante secondes. Sans décompte. Sans préavis.
Cell dévisagea longuement le namek.
Ce dernier sourit, avant de détourner le regard ailleurs. Hors de question de laisser l'hybride deviner l'instant du tir dans ses yeux.
Deux secondes passèrent alors.
Puis six.
Il restait 43 secondes. 43 longues secondes. Piccolo avait encore largement l'embarras du choix. Son bras était toujours tendu… et son précieux Makankosappo crépitait encore au bout, pointant pile en direction du noyau de l'être parfait.
Neuf secondes filèrent.
Puis quatre.
Puis trois.
De nombreuses gouttes de sueur perlaient dans le cou de Cell, aux pupilles anormalement dilatées et braquées sur le namek…
… Qui prenait toujours garde à ne pas le regarder dans les yeux.
……
……
Maintenant !!
L'influx nerveux transita du cerveau de Piccolo à la pointe de ses doigts électrifiés.
Le Makankosappo couleur indigo se détachait à la vitesse de la pensée…
… Quand il fut subitement emprisonné à la pointe des doigts de Piccolo, par un rayon télékinétique étranger.
Le bras du mentor de Gohan s'envola soudain, sous le regard catastrophé de son propriétaire. Le sang jaillissait de partout.
Quelqu'un avait sectionné le membre de Piccolo. D'un coup de lame.
Ce même membre qui voltigea dans les airs, avant d'être figé dans le vide par le même rayon télékinétique qui — après avoir “gelé” le Makankosappo — s'étendit au bras entier. Piccolo hurla, plus de surprise que de douleur, tandis que son épaule amputée crachait son sang violet par à-coups. Le namek vit une ombre lui passer furtivement sous le nez et bondir en l'air.
Cette ombre atterrit à quelques pas de là… non loin de Cell.
Les yeux tremblants de Piccolo se posèrent sur l'invité surprise, qui se redressait en faisant volte-face.
Le namek fut alors pétrifié par la stupéfaction. Freezer. C'était bien Freezer qui venait d'apparaître de nulle part… et de tout gâcher !
Un Freezer apparemment rafistolé, au regard désincarné et erratique.
Un Freezer qui ne dégageait aucune énergie… et qui avait en plus la capacité de se rendre invisible. Ou d'apparaître du néant !
60 secondes !
L'épisode de la paralysie était officiellement terminé.
Cell fit trois pas aléatoires, et se félicita de la facilité avec laquelle il les avait effectués.
L’hybride fit craquer son cou… puis ses doigts. Il orienta alors un regard plus qu’enchanté en direction de Piccolo, qu'il nargua un instant… avant de reporter ses yeux vers son “sauveur”. Cell s'approcha de C-F et — lorsqu'il fut pile en face de lui — lui tendit la main droite.
C-F serra silencieusement la main tendue.
Le temps suspendit alors son cours.
Cell orienta ses pupilles amarante en direction de Piccolo… comme pour s'assurer du fait que ce dernier n'avait pas manqué cette poignée de main ô combien symbolique. L'hybride sourit froidement au namek, du plus provocateur des sourires, et prolongea sciemment l'instant…
… Jusqu'à ce que les yeux éberlués de Piccolo assistent, encore une fois, à la scène qui le hantait déjà :
C-F s'en retournait une fois de plus au néant. Son corps ondulait en se floutant… avant de disparaître totalement.
Tout juste le robot eut-il prononcé ces mots, à l’endroit de Cell :
— J’y vais. Je te laisse t’occuper de Son Gohan u6. Je me charge de Païkuhan u12 et Tapion u3.
— O-kay.
— Ton ami de l’u5 dont j’ai oublié le nom m’a dit qu’il se chargerait du Kami sama que tu sais.
— Oui, oui, on fait comme ça, lâcha Cell dans un petit sourire.
— Ah, j'oubliais : fais attention, Slug u4 traîne dans les parages.
— …
— Il est arrivé dans la zone depuis moins d'une minute… et depuis, il vous observe.
— Celui de l’univers n°4, hein ? Tant mieux, il est justement sur ma liste.
Cell baissa la main quand C-F disparut entièrement. Il reporta alors toute son attention sur le namek qui ne saurait plus dire son propre nom, tant il était confus. Piccolo rassembla pourtant ses esprits. Assez du moins pour pouvoir s'exprimer de manière intelligible.
— À quoi vous sert de profiter de l'agitation universelle pour éliminer discrètement les grosses pointures ? Vous avez monté une “ligue des opportunistes” et vous préparez déjà votre place dans la saison 2 ? Alors que la saison 1 n'est pas encore terminée ?
— Eh bien, Piccolo, tu réfléchis vraiment vite ! scanda Cell, tout théâtral. Au fait… je ne plaisantais pas tout à l'heure, quand je disais avoir stocké mon Makankosappo dans mon bras droit, souffla l'hybride, en effaçant cette fois tout sourire de son visage. Tu ne pensais quand même pas que j'allais signer ce contrat de paralysie mutuelle avec toi, sans avoir de joker dans ma manche. Je savais que Freezer trainait dans le coin. Même si sur la fin, en voyant qu'il ne se décidait pas à entrer en scène, je dois avouer que j'ai eu un doute… j'ai cru qu'il m'avait trahi.
— Dis-moi, Cell, une fois que tu m’auras tué, que feras-tu ? Tu comptes éliminer tous les anciens participants du Cell game ? questionna faussement le namek, en jetant quelques coups d’œil discrets au niveau du bras encore suspendu dans le vide par le rayon télékinétique de C-F. Bras au bout duquel se trouvait encore le Makankosappo “congelé”.
— Oui. Je suis assez pressé, et j’ai d’autres choses à faire, mais ça…… j’y tiens.
— …
— Toi, tu ne me prendras que quelques secondes… si tu arrêtes d’essayer de gagner du temps en me faisant parler. Il faudra ensuite que j’aille casser du Végéta. Sans trop de parlotte cette fois : disons que ça prendra aussi quelques secondes. Ça me laisse quelques bonnes minutes pour un tête-à-tête avec notre cher Gohan, souffla Cell d'un air plutôt dépouillé d’enthousiasme, presque absent.
— Tu veux te débarrasser de Végéta et de moi… pour éviter qu'on te gêne dans ton combat avec Gohan ? Le kikoha signé Végéta-de-derrière-les-fagots, il y a sept ans, t’a traumatisé à ce point ? Dans ce cas je te propose un échange de bons procédés.
Cell dissimula plutôt bien sa surprise, cette fois.
— Vraiment ? sourit l’hybride. Ok, celle-là je dois avouer que je ne m’y attendais pas. Eh bien, dis toujours.
— Je suis moi aussi en pleine course contre la montre et je dois retrouver les sept boules de cristal. Si comme tu le prétends tu as espionné ma conversation avec Dendé alors tu sais que cette fois ce n'est pas du flan. La Terre peut exploser d’une seconde à l’autre et tu le sais. Tu comprendras donc que je n'ai pas de temps à perdre avec toi. Aussi, sois assuré du fait que je ne te dérangerai pas avant au moins dix minutes. Le temps de retrouver le radar et de courir le monde. Ça te laisse le temps d'aller trouver Végéta…… puis Gohan.
— Hun !
— …
— Ok, tu gagnes. Tu peux y aller. Je te garde pour le dessert, concéda Cell, sur un ton arrogant au possible.
— Parfait.
— ……
— ……
— ……
— ……
— Tu y as vraiment cru ?
— ……
— Au fait, tu penses vraiment que je n’avais pas remarqué que Végéta était déjà mort ?
— ……
— Tu auras cherché à faire gagner du temps à Gohan jusqu’au bout, pas vrai ? C'est tout à ton honneur.
— ……
Piccolo n’écoutait même pas. Il se vidait encore de son sang par l’épaule… en dépit des constrictions énergétiques sommaires qu’il avait mises en place. Il hésitait encore à gaspiller son énergie dans la reconstitution de son bras droit. Son quintuple Makankosappo ultime l’avait déjà totalement vampirisé et lui avait coûté la peau des fesses en termes d’énergie.
Pourtant, la seule chance que pouvait avoir Piccolo de battre Cell était de recharger un Makankosappo.
Or, s’il voulait charger un nouveau Makankosappo-indigo, alors il avait techniquement besoin de son bras droit.
Or, s’il reconstituait son bras droit… il n’aurait plus assez de jus pour charger un nouveau Makankosappo-indigo.
Le dilemme était retord…
Et Piccolo ne voyait qu’une seule solution : S’il n’avait plus assez d’énergie pour charger un nouveau quintuple Makankosappo… alors il fallait trouver le moyen de récupérer celui qui avait déjà été précédemment chargé. Toute l’attention du namek était, de fait, polarisée par le bras encore suspendu dans le vide. Il fallait absolument qu’il le récupère. Le Makankosappo au bout était totalement prêt à l’emploi…… tandis que Cell pour n'avoir toujours pas déstocké son propre Makkankkosappo, avait de fait et irrévocablement perdu ce dernier, qui s'était déjà diffusé dans son corps.
Mais ça, l'hybride s'en fichait… dupé par son actuelle supériorité au corps-à-corps.
Supériorité qui serait ipso facto remise en question si Piccolo parvenait à mettre la main sur son Makankosappo-indigo.
Une diversion ? Avec quoi ? Une attaque de Ki ? Non. Aucune chance que ça marche. Cell savait que Piccolo savait. Et Piccolo savait que Cell savait. Ce dernier attendait simplement un mouvement suspect du namek… pour lui chiper le Makankosappo sous le nez.
La magie ?
Piccolo ne l’utilisait que rarement…… au même titre que Chôkyoshinjutsu.
Et cette rareté d’utilisation était peut-être la clé.
Cell s’attendait probablement à une diversion de Ki… mais certainement pas à une diversion d’ordre magique, trop inhabituelle. Pas assez dans l’air du temps. Oui, c’était clairement sur ce terrain-là qu’il fallait frapper. Mais quelle forme devait prendre cette diversion ?
La discrète matérialisation, aux pieds de l’hybride, d’une bombe suffisamment puissante pour le gêner ?
Difficile. La magie avait l’avantage incomparable de permettre quasiment tout et n’importe quoi. La visualisation créatrice avait peu de limites en dehors de l’imagination. Mais la magie avait aussi ceci de très fâcheux que plus un objet s’avérait complexe à modéliser en esprit… plus il coûtait à la dépense. Or, s'il fallait estimer la jauge de Ki de Piccolo à 50 patates, alors sa jauge de mana était au mieux de 5 patates. De fait, une bombe magique ne saurait être autre qu'anecdotique, du moins en termes de force de frappe brute.
Mais en allant sur un terrain plus qualitatif que quantitatif, certaines options magiques restaient jouables.
Il fallait simplement trouver la bonne.
La matérialisation d’un boulet de plusieurs tonnes, aux chevilles de Cell ?
Ou encore, la matérialisation d’un aimant dans son dos ?
Le boulet et l’aimant étaient des objets conceptuellement très simples à modéliser… et le mentor de Gohan n’avait besoin que d’une diversion de quelques dixièmes de seconde… pour aller récupérer le bras suspendu dans les airs. Mais il n’aurait pas de deuxième chance…
Et devait par conséquent choisir l’option la plus pertinente.
Il prit finalement sa décision, au bout de trois secondes, et décocha subitement un rayon électrique vert olive… qui fusa en zigzag vers le noyau de Cell. Ce dernier esquiva facilement le trait de lumière en penchant la tête sur le côté… puis se fendit d’un sourire.
— Pl-ease… c’est quoi cette attaque pitoyable ? On dirait que toi-même, tu n’y crois plus. Dans ce cas, laisse-moi abréger ton supplice.
Le rayon tiré par Piccolo se solidifia dans le dos de Cell, avant d’avoir pu aller se perdre plus loin. Il tomba alors sur l’herbe… sous la forme d’un petit dictaphone. Piccolo couvrit le bruit de l’objet atterrissant au sol en répondant le plus naturellement possible à Cell.
— Viens, je t’attends !
L'hybride tressaillit. Cette voix. Cette voix dans son dos. Il la reconnaîtrait entre mille. C’était celle de Son Gohan ! Mais pourquoi diable le métis parlait-il d'opéra ? Et puis que faisait-il là ? Cell se retourna d’un bond……… rien. Personne. Et lorsqu’il s’orienta à nouveau vers Piccolo, pour lui demander s’il n’avait pas lui aussi eu le cerveau cramé au troisième degré par l’indicible image mentale de Gero en petite tenue…… Cell comprit que chacun des mots de la phrase choc qui venait de résonner dans l'atmosphère avait été pensé pour lui faire perdre du temps en panique et en confusion. Le namek était à nouveau en possession de son bras droit amputé… et du Makankosappo au bout.
Piccolo ne laissa même pas à son adversaire le temps de réfléchir et entreprit de secouer le bras mort, en direction de l’hybride, pour faire partir l’attaque à la barbare… quand ce même bras disparut de sa main… avant qu’il n’ait pu faire ne serait-ce qu’un mouvement complet.
Piccolo cligna des yeux… au comble de la surprise.
Son bras droit n’était plus dans sa main gauche. Il était dans la main de Cell… qui lui faisait pourtant toujours face, à vingt mètres de sa position. Piccolo n’avait rien vu. Absolument rien. Il n’avait pas vu Cell bouger… pourtant ce dernier ne s’était même pas téléporté… Piccolo voyait bien les traces de pieds de l'hybride, profondément imprimées dans le sol… et marquant son aller… et son retour.
Cell avait couru à l'aller.
Et couru au retour.
Piccolo orienta lentement son regard éberlué en direction de l’hybride.
Il le dévisagea alors longuement… tandis que l’amère vérité s’annonçait en lettres capitales dans son esprit :
Cell s’amusait… depuis le début.
Il n'avait pas été sérieux une seule fois.
Il avait empilé mensonges sur mensonges. Une vaste mascarade.
Tous ses instants de panique, sans exception, n'avaient été qu'une grande comédie.
Qui était-il ? Qui était-il vraiment ?
Il était impossible qu'il s'agisse du Cell que Piccolo avait connu dans le passé.
Ce Cell-là aurait été incapable de se déplacer aussi vite, en prenant en plus la peine de le faire à pieds, et ce pour le simple plaisir de narguer son adversaire. Les yeux de Piccolo s’agrandirent encore sous le coup de la stupéfaction… tandis que l’être parfait, un sourire en coin, agitait l’index de gauche à droite en susurrant de petits “tutututututu” à l’adresse du namek toujours aussi décontenancé.
— Tout à l'heure, tu savais que j'allais utiliser Chôkyoshinjutsu ?
— Bien sûr. La télépathie, c'est facile. Tes protections mentales c'était du beurre. Je dois quand même admettre que tu as énormément progressé, Piccolo. Je vais te faire une confidence : tu aurais très facilement pu me battre dans ma forme semi-parfaite.
L'intéressé ne répondit rien et prit une posture défensive … prêt à se battre jusqu'à son dernier souffle.
Les yeux de Piccolo ne pouvaient s'empêcher de se poser fébrilement sur son bras droit… et surtout : sur le Makankosappo qui allait avec ; le tout, maintenant et irrévocablement, en possession de Cell, qui faisait léviter le membre amputé… au dessus de sa main droite.
Le rayon indigo en suspens était quant à lui toujours enrobé de l’épaisse couche d’énergie télékinétique décochée par C-F.
Laquelle couche faisait office de “glacière”.
— Ce regard fixe que tu n'arrives pas à détacher de ton ex-main droite … c'en est embarrassant. Calme-toi et reste tranquille. Je n’utiliserai pas ce Makankosappo contre toi. Ce serait comme tirer à balles réelles sur un moustique. J'ai déjà perdu une éternité ici. Vu comme le temps joue contre nous tous, tu ne pensais quand même pas que j'allais gaspiller cette attaque pour un second couteau comme toi ?
Cell écarta les jambes… puis se pencha légèrement vers l'avant. Le super namek, à contrario, se redressa… porté par la stupéfaction ; cette posture… il la connaissait. C'est donc à moitié surpris seulement qu'il contempla le Cell miniature roulant bientôt sur l'herbe… avant de passer entre les jambes de son géniteur, comme sous un pont ; pour ensuite pointer l'index gauche — d'un air rayonnant — pile en direction du visage de Piccolo, déjà noyé de sueur. Le géniteur du nouveau-né, quant à lui, levait le regard vers le ciel bleu…… et resta ainsi trois secondes.
Lorsqu'il sembla qu'il avait comme trouvé quelque chose — et n'ayant plus de temps à perdre en parlotte — Cell décolla séance tenante, dans un fracas qui indifféra le Junior… autant qu'il travaillait l'esprit de Piccolo, bientôt torturé par l'indécision et le tic-tac en musique de fond. Tic-tac plus obsédant encore… que la mort qui le guettait avec curiosité, à travers les pupilles rieuses du Cell miniature.
— C'est ça.
— … Et ces règles s'appliquent aussi à toi ?
— … Évidemment.
— … Parfait.
— Parfait.
— Au fait… tu as remarqué… mon Makankosappo vient d’atteindre un niveau normalement suffisant pour faire sauter la région.
— …
— Et le tiens aussi. Comptes-tu t’arrêter en si bon chemin, Piccolo ? Parce que moi… je crains bien que non, lâcha la créature ultime de Gero sur un ton sans grand équivoque, ponctué d’un sourire non moins explicite.
Le namek se crispa à ces mots.
Effectivement… les deux amas de Ki commençaient à prendre un peu trop de grade à son goût.
Piccolo pourrait facilement faire cesser cette inflation déraisonnable en attaquant Cell séance tenante.
Mais l’hybride était encore trop sur ses gardes… il fallait le faire parler encore un peu… et tirer par surprise.
Ce qui impliquait malheureusement de laisser les deux Makankosappo progresser, librement, impunément.
— Tu ne tires pas Piccolo ?
— Je fais encore ce que je veux.
— Bien, mais je te préviens… tant que tu ne tireras pas, moi non plus.
— …
— Que feras-tu lorsque j’aurais chargé un rayon suffisamment puissant pour faire sauter la Terre ?
— Ça n’arrivera pas. Le Makankosappo ne fonctionne pas comme un Kaméhaméha. Tu ne peux pas le charger à l’infini. De la même manière que lorsque tu fais bouillir l’eau au delà de 100°…… elle s’évapore.
— Huh, je vois que tu connais les petits secrets de ta technique sur le bout des ongles.
— …
— Mais, dis-moi…… savais-tu qu’il était possible de faire ceci…
Sous le regard mi-médusé mi-incrédule de Piccolo… Cell s’osa à fermer les yeux en plein combat, pour ensuite déployer son bras gauche et le tendre rigidement en direction du sol. L’hybride ouvrit alors la main au bout… avant d’en écarter les cinq doigts, en éventail.
Sa main droite était quant à elle toujours au contact de son front… l’index et le majeur générant encore le Makankosappo au bout. Lequel Makankosappo atteignait d'ailleurs tout juste son plafond insurpassable. Ce qui pouvait facilement se remarquer à la structure désormais extrêmement instable et clignotante du rayon. Le bras droit de Cell tremblait d’ailleurs de plus en plus….
Piccolo n’était parvenu à charger un Makankosappo — au maximum du possible — que deux fois dans son existence. Toutes deux en entrainement. Deux réussites successives… au bout de 153 essais. Cell à contrario semblait avoir fait ça toute sa vie… et non content d’avoir déjà un Makankosappo inégalable au bout du front… paraissait vouloir faire monter les enchères encore plus haut. La foreuse latente — suspendue à l’extrémité de l’index et du majeur de sa main droite — disparut soudainement…… pour reparaître une seconde plus tard au bout de son auriculaire gauche. Après quoi, Cell débuta le chargement d’un tout nouveau rayon, au bout de la main toujours accolée à son front. Ce nouveau rayon atteignit sa charge maximale beaucoup plus vite que le précédent…… car “l'huile de la marmite était maintenant chaude”. L’attaque ainsi complétée alla immédiatement rejoindre l'annulaire gauche de Cell, pour y être temporairement stockée.
Le Makankosappo suivant se chargea encore plus vite que les deux précédents…
Et la scène se répéta jusqu’à ce que les cinq doigts de la main gauche de l’hybride soient tous ponctués d’un crépitant éclat jaune.
Et soudain, tout s’inversa.
Chaque rayon à gauche, transita jusqu’aux deux doigts de la main droite, encore accolés au front de chitine. Ils s’agrégèrent les uns aux autres. Et lorsque trois rayons s’étaient accumulés… l’ensemble présenta une teinte lavande en lieu et place du jaune. Enfin, lorsque les cinq rayons n’en formaient plus qu’un…… la couleur lavande céda alors la place à un indigo autrement plus sombre, intense et inquiétant.
Cell maîtrisait parfaitement sa respiration, autant que les mouvements de son corps… lesquels mouvements se devaient d’être chirurgicaux tout au long de l’opération, qui ne pouvait souffrir de quelque imprécision. Un simple battement de cœur trop brusque pouvait tout faire capoter. Cell ouvrit lentement les yeux… et fit glisser ses pupilles vers le haut… allant ainsi directement à la rencontre du visage de Piccolo… dont il mourrait d’envie de savourer l’expression faciale. Sa surprise fut totale lorsqu’il vit que les yeux de Piccolo lui souriaient.
Oui, les yeux encore c’était difficile à dire, mais la bouche en croissant ne laissait, quant à elle, aucun doute.
Et c’est lorsque Cell fit lentement voguer son regard vers la main droite de Piccolo qu’il comprit… et tomba des nues.
Au bout de cette même main droite, accolée au front du namek, s’animait ardemment… un rayon couleur indigo.
Personne ne bouge et on tire. Interdit d’esquiver.
Ces mots résonnaient encore, jusqu’au pied de la tour Karine.
Ces mots résonnaient encore, jusqu’au pied de la tour Karine.
La créature parfaite mit enfin Piccolo en joue.
Ce dernier fit précisément de même. La scène se cristallisa alors. Si l'herbe ne dansait pas au sol ; si les jets de courant électrique ne fusaient pas un peu partout autour des deux adversaires ; on eut pu croire le temps arrêté, tant leur immobilisme était parfait.
— Loin de moi l’idée de douter de ta bonne foi, mais si tu le permets, j'aimerais d’abord m'assurer du fait que tu ne me la fasses pas à l'envers, lâcha soudain Piccolo, tandis que Cell et lui se tenaient encore en respect au moyen de leurs Makankosappo respectifs.
Les antennes du namek se dressèrent alors haut, vers le ciel aux mille couleurs apocalyptiques.
À leur bout naquit bientôt un magma électrique jaune.
Jaune et d'un très haut voltage, rappelant peu ou prou le Namamidabutsu de Muten Roshi. Ledit magma grossit, grossit, et grossit encore… jusqu'à décupler en volume… puis en densité… avant de s'élancer sans crier gare dans les airs, pour subitement se figer en pleine course, à cinq mètres seulement, au dessus de la tête des deux adversaires, et à parfaite équidistance de ces derniers.
Cell leva les yeux et détailla la pelote d'électricité en suspension. Cette dernière semblait instable et crépitait énormément. En fait d'électricité, il s'agissait surtout d'une incommensurable concentration d'énergie psychokinétique. Deux rayons semblaient sur le point d'en jaillir… l'un dans la direction de la créature ultime de Gero… l'autre en direction de Piccolo, par souci d'équité.
Cell comprit alors l'objectif du namek : paralyser les corps, les esprits… et le système sensoriel.
Pour s'assurer qu'effectivement, personne ne soit en mesure de bouger. L'être parfait laissa faire, c'était les règles du jeu.
Deux décharges électriques jaillirent subitement de l'amas survolté et s'abattirent l'une sur Piccolo… l'autre sur Cell.
Les deux raies de lumière s’épanchèrent progressivement à l’entièreté des corps des deux adversaires… à l’exception de leurs bras droits respectifs, totalement épargnés par le halo doré, aveuglant, étincelant et persistant. Les bras droits avaient ainsi été dispensés pour permettre aux deux duellistes de viser et décocher leurs Makankosappo sans difficulté. Ainsi épargnés, les bras droits étaient plus réactifs que les corps. Esquiver à temps n’était de fait plus possible. D'ailleurs, autant les deux rayons anesthésiants avaient été relativement lents à atteindre leurs cibles — autant l’effet fut-il immédiat et radical. Cell et Piccolo tremblaient… leurs contours devenaient imprécis. Tous deux tentaient de bouger, pour tester la résistance de leurs entraves, mais aucun n'était parvenu à esquisser l’ombre d’un pas en avant.
Les cerveaux s'embrouillaient, la vue devenait trouble, la respiration saccadée, les idées confuses.
Cell tenta la téléportation. Ce fut un échec. C’était à peine s’il parvenait à passer l'étape de la localisation d'énergie.
L’étape d’après était quant à elle irréalisable du fait de l’instabilité de la “connexion sans fil”.
Heureusement qu'il avait vérifié qu'il n'y avait personne de trop dangereux dans les parages, avant d'accepter le petit pari de Piccolo.
Cell força sur les muscles de sa bouche… pour y dessiner un sourire.
— C'est quand tu veux mon petit Piccolo. Que le meilleur gagne !
— …
Le sourire de Cell s'estompa.
Il venait de comprendre.
— Tu n'as jamais eu l'intention de gagner… c'est ça ?
— …
— Tu étais déjà prêt à mourir, et tout ton petit manège n'avait d'autre but que celui de m’immobiliser, sachant que dans tous les cas, toi tu vas y passer… alors autant me blesser un peu au passage, même de manière négligeable.
— …
— Non ?
— …
— Non…… ton but n'est pas de me blesser. Tu as voulu m'immobiliser pour me faire perdre du temps ici et en faire gagner à Gohan. Ou alors…… pour le faire rappliquer avant que je puisse à nouveau bouger normalement. Et comment comptes-tu le prévenir maintenant que tu es toi-même immobilisé ?! scanda la créature de Gero, s'attendant déjà à voir un clone de Piccolo surgir des fourrés, en réponse.
— Tu te fourvoies complètement Cell.
— ……
— Je t’écraserai moi-même, et je n’aurais besoin de l’aide de personne pour ce faire, sourit enfin le namek, les yeux bouffis de conviction.
— C’est vrai ?
Piccolo fut saisi par la surprise. L’air qu’affichait Cell n’avait rien d’ironique ou d’amusé. Il avait le visage placide et froid. L'hybride avait été frappé par l’apparente confiance qu’affichait le namek — qui se faisait précéder par son intelligence remarquable — et n’ayant pas pu lire la peur de la mort dans ses yeux, Cell avait fini par douter. Sa question n’était, de fait, pas ironique. C’était une vraie question.
— Oui, c’est vrai. Et alors ? cracha le namek sans démordre.
— Parce que si c’est vrai… alors tu nous mets tous les deux en position de “c’est toi ou moi”.
— Il m'avait semblé comprendre que c'était déjà le cas.
Le visage de Cell s’assombrit un peu plus encore.
— Eh bien, malheureusement pour toi, j’ai envie de te croire, quand tu prétends pouvoir me battre.
— Et tu as raison de me croire.
— …
— Surtout si tu viens d’un autre univers… auquel cas tu ne me connais pas… et tu ne sais pas ce dont je suis capable.
— Je n’avais pas l’intention de te tuer. Pas aujourd’hui. Pas comme ça. Toi je voulais te garder de côté, pour le dessert. Mais si c’est toi ou moi… alors je préfère encore que ce soit toi, rétorqua l'hybride en levant le bras droit pour orienter son Makankosappo pile entre les deux yeux de Piccolo. Eh bien Piccolo, si tu as bluffé tu meures, alors j'espère pour toi que tu n’as pas bluffé. Je te donne cinq secondes, pour tomber le masque… et au bout du décompte, si cet air suffisant est encore placardé sur ton visage… je tire !
— …
— 1
— …
— 2
— …
— 3
— …
— 4, murmura Cell, au sourire élargi.
— …
— 5 !
L’être parfait décocha son Makankosappo en plein milieu du front de Piccolo.
Se produisirent alors subitement deux événements extraordinaires, imprévus aussi bien du mentor de Gohan que de Cell.
L'événement que n'avait pas prévu Cell… c'était que son Makankosappo n'avait, pour une raison inconnue, pas heurté Piccolo entre les deux yeux mais au niveau du plexus. Et l'événement que n'avait pas prévu Piccolo tenait au fait — plus surprenant encore — que le Makankosappo qui l'avait heurté en plein plexus… loin de l'avoir macabrement perforé d'un bout à l'autre… avait simplement rebondi.
La foreuse de Cell avait rebondi sur le torse de Piccolo comme un ballon en cuir aurait rebondi sur la poitrine d'un joueur de foot. Toute proportion gardée parce que le namek l'avait quand même sentie passer. Il avait le souffle totalement coupé et le torse cramé au niveau du point d'impact. N'empêche que le Makankosappo avait bel et bien rebondi… pour ensuite aller se perdre dans le ciel.
Piccolo n'en croyait pas ses yeux.
Cell n'en menait pas large non plus.
Une seule et même question semblait vriller les cerveaux à cet instant précis.
Etait-ce Piccolo qui était trop fort ?
Ou Cell qui était trop nul ?
Un léger coup de vent s'invita, passant le balai sur le champ de bataille, sans souffler la réponse.
~~~~~~~~
Le silence tombal fut rapidement supplanté par le rire horriblement tympanisant du namek.
Cell patienta quelques secondes, le temps que ce rire perde un peu en altitude. Il s'arrogea alors la parole.
— Tu as tort de rire, Piccolo…
— Ah bon ?! Tu m'en diras tant Cell ! D'ailleurs, dois-je vraiment t'appeler Cell ? Tu n'as rien de la machine inarrêtable que j'ai connue, sourit le namek en levant triomphalement le menton. Tu n'es clairement pas le Cell de mon univers. Le fait que je sois incapable de sentir ton énergie m'avait déjà mis la puce à l'oreille… mais là, on a la preuve par trois. Tu es un robot ou je ne sais quoi. Et malheureusement pour toi, il semblerait que l'univers dont tu proviens ne soit pas du tout à la même échelle de puissance que le mien. Tu as peut-être été battu par un Gohan de la même ligue que toi, dans ton univers. Mais ici… tu n'es pas dans ta catégorie. Notre Krilin national serait à coup sûr capable de te terminer en trois secondes !
— Tu n'as rien compris Piccolo, lâcha Cell en forçant un sourire.
— Je suis tout ouïe Cell, souffla le namek, tout en orientant à son tour son Makankosappo pile entre les deux yeux de l'hybride.
— Tu es bête ou quoi ? C'est évident que je n'ai pas tiré un Makankosappo à pleine puissance. Sinon tu ne serais déjà plus de ce monde.
— …
— J'ai réabsorbé le Makankosappo que j'avais préparé. Il est actuellement stocké dans mon bras droit. Ce que j'ai tiré sur toi n'était rien d'autre qu'une coquille vide. Normal qu'elle ait rebondi. Je voulais simplement te tester… pour voir ce qui tu manigançais et qui te donnait cet air si confiant.
Piccolo partit dans les aigus. Son éclat de rire fit presque trembler les petites pierres rescapées au sol.
— C'était quoi ça, Cell ? Le bluff de la dernière chance ?
— Non. La preuve, j'ai eu ce que je voulais, je sais maintenant ce que tu ourdissais et qui te donnait autant d'assurance. Si mon simili-Makankosappo a heurté ton plexus en lieu et place de ta tête… c'est parce que tu as utilisé Chôkyoshinjutsu, la technique d'agrandissement. Laquelle technique n'a pas eu le temps d'aller au bout du processus… tu n'as gagné que quelques centimètres de hauteur… mais ça a été suffisant pour éviter le tir en pleine tête. C'était ça ton plan. Et grâce au Chôkyoshinjutsu tu n'as pas violé les règles. Étant donné que tu n'as à proprement parlé ni bougé, ni esquivé. Vraiment bien joué Piccolo, tu m'impressionnes énormément.
— D'accord ! Donc après le bluff éhonté…… vient le brossage dans le sens du poil, sourit le namek, avec une hauteur à rendre Végéta admiratif. Tu es très amusant Cell, malheureusement je n'ai pas ton temps dans l'immédiat. Tu es venu, tu as vu, tu as perdu. Tu es tombé sur le mauvais Piccolo. Et maintenant… tu vas mourir… bêtement.
Cell ne regardait pas Piccolo dans les yeux. Mais lorsque leurs regards se croisèrent à nouveau… le mentor de Gohan se mit à rire aussi fort que lui permettait la paralysie musculaire et psychique qu'il s'était lui-même infligée, en vertu de son petit arrangement avec l’hybride.
Paralysie qui ne prendrait malheureusement pas fin avant cinq bonnes minutes.
— Tu veux savoir la grande différence entre toi et moi, Cell ? sourit le namek en exposant tous ses crocs aiguisés.
— …
— La différence… c'est que moi je n'ai pas l'intention de te dire à quel moment je vais tirer.
Le sourire de Piccolo s'élargit.
Celui de Cell s'était à contrario estompé, et ce depuis longtemps déjà.
— Le plus ironique c'est que contrairement à ce que tu semblais penser… je n'avais aucun plan particulier, au départ. Tu as surestimé mon intelligence et c'est précisément ce qui va causer ta perte ! Je n'avais aucun plan… à part te rayer un peu la carrosserie avant de mourir de ta main. Mais quand j'ai vu que tu avais commencé ton décompte stupide, je ne pouvais décemment pas laisser passer une telle perche. J'ai alors pensé à utiliser Chôkyoshinjutsu à la fin du décompte, en croisant les doigts pour ma survie. Alors, je ne te dis pas quelle fut ma surprise, lorsque j'ai vu ton Makankosappo rebondir sur ma poitrine ! Je vais te dire quel était ton plan… parce que, vois-tu, j'ai parfaitement compris ton plan. Lorsque tu as réalisé que je n'étais pas le Piccolo auquel tu pensais te frotter… tu as paniqué et tu as voulu m'assommer. Et tu aurais réussi si je n'avais pas utilisé Chôkyoshinjutsu. Ton Makankosappo, tout faible soit-il, était assez puissant pour m'assommer… s'il m'avait touché en pleine tête. Malheureusement pour toi…
Cell serra les dents. Ce qui n’échappa pas à Piccolo. L’hybride n’avait vraisemblablement pas prévu le recours à l'agrandissement. Une technique dont il avait presque oublié qu'il était lui-même capable de l'utiliser. Et Piccolo n'allait certainement pas lui en laisser l'occasion.
Comme promis, et contrairement à la créature parfaite : Piccolo allait tirer sans prévenir.
Cell scanna mentalement son propre corps… puis son Ki. Il passa ensuite Piccolo au crible.
L’être parfait en vint à la conclusion que la paralysie dont le namek et lui faisaient l'objet durerait encore cinq minutes. Non… elle durerait cinq minutes pour Piccolo, mais Cell, lui, de par sa constitution singulière, serait totalement libre d'ici une minute tout au plus.
Mais une minute… ça fait soixante secondes.
Et Piccolo pouvait justement tirer à n'importe laquelle de ces soixante secondes. Sans décompte. Sans préavis.
Cell dévisagea longuement le namek.
Ce dernier sourit, avant de détourner le regard ailleurs. Hors de question de laisser l'hybride deviner l'instant du tir dans ses yeux.
Deux secondes passèrent alors.
Puis six.
Il restait 43 secondes. 43 longues secondes. Piccolo avait encore largement l'embarras du choix. Son bras était toujours tendu… et son précieux Makankosappo crépitait encore au bout, pointant pile en direction du noyau de l'être parfait.
Neuf secondes filèrent.
Puis quatre.
Puis trois.
De nombreuses gouttes de sueur perlaient dans le cou de Cell, aux pupilles anormalement dilatées et braquées sur le namek…
… Qui prenait toujours garde à ne pas le regarder dans les yeux.
……
……
Maintenant !!
L'influx nerveux transita du cerveau de Piccolo à la pointe de ses doigts électrifiés.
Le Makankosappo couleur indigo se détachait à la vitesse de la pensée…
… Quand il fut subitement emprisonné à la pointe des doigts de Piccolo, par un rayon télékinétique étranger.
Le bras du mentor de Gohan s'envola soudain, sous le regard catastrophé de son propriétaire. Le sang jaillissait de partout.
Quelqu'un avait sectionné le membre de Piccolo. D'un coup de lame.
Ce même membre qui voltigea dans les airs, avant d'être figé dans le vide par le même rayon télékinétique qui — après avoir “gelé” le Makankosappo — s'étendit au bras entier. Piccolo hurla, plus de surprise que de douleur, tandis que son épaule amputée crachait son sang violet par à-coups. Le namek vit une ombre lui passer furtivement sous le nez et bondir en l'air.
Cette ombre atterrit à quelques pas de là… non loin de Cell.
Les yeux tremblants de Piccolo se posèrent sur l'invité surprise, qui se redressait en faisant volte-face.
Le namek fut alors pétrifié par la stupéfaction. Freezer. C'était bien Freezer qui venait d'apparaître de nulle part… et de tout gâcher !
Un Freezer apparemment rafistolé, au regard désincarné et erratique.
Un Freezer qui ne dégageait aucune énergie… et qui avait en plus la capacité de se rendre invisible. Ou d'apparaître du néant !
60 secondes !
L'épisode de la paralysie était officiellement terminé.
Cell fit trois pas aléatoires, et se félicita de la facilité avec laquelle il les avait effectués.
L’hybride fit craquer son cou… puis ses doigts. Il orienta alors un regard plus qu’enchanté en direction de Piccolo, qu'il nargua un instant… avant de reporter ses yeux vers son “sauveur”. Cell s'approcha de C-F et — lorsqu'il fut pile en face de lui — lui tendit la main droite.
C-F serra silencieusement la main tendue.
Le temps suspendit alors son cours.
Cell orienta ses pupilles amarante en direction de Piccolo… comme pour s'assurer du fait que ce dernier n'avait pas manqué cette poignée de main ô combien symbolique. L'hybride sourit froidement au namek, du plus provocateur des sourires, et prolongea sciemment l'instant…
… Jusqu'à ce que les yeux éberlués de Piccolo assistent, encore une fois, à la scène qui le hantait déjà :
C-F s'en retournait une fois de plus au néant. Son corps ondulait en se floutant… avant de disparaître totalement.
Tout juste le robot eut-il prononcé ces mots, à l’endroit de Cell :
— J’y vais. Je te laisse t’occuper de Son Gohan u6. Je me charge de Païkuhan u12 et Tapion u3.
— O-kay.
— Ton ami de l’u5 dont j’ai oublié le nom m’a dit qu’il se chargerait du Kami sama que tu sais.
— Oui, oui, on fait comme ça, lâcha Cell dans un petit sourire.
— Ah, j'oubliais : fais attention, Slug u4 traîne dans les parages.
— …
— Il est arrivé dans la zone depuis moins d'une minute… et depuis, il vous observe.
— Celui de l’univers n°4, hein ? Tant mieux, il est justement sur ma liste.
Cell baissa la main quand C-F disparut entièrement. Il reporta alors toute son attention sur le namek qui ne saurait plus dire son propre nom, tant il était confus. Piccolo rassembla pourtant ses esprits. Assez du moins pour pouvoir s'exprimer de manière intelligible.
— À quoi vous sert de profiter de l'agitation universelle pour éliminer discrètement les grosses pointures ? Vous avez monté une “ligue des opportunistes” et vous préparez déjà votre place dans la saison 2 ? Alors que la saison 1 n'est pas encore terminée ?
— Eh bien, Piccolo, tu réfléchis vraiment vite ! scanda Cell, tout théâtral. Au fait… je ne plaisantais pas tout à l'heure, quand je disais avoir stocké mon Makankosappo dans mon bras droit, souffla l'hybride, en effaçant cette fois tout sourire de son visage. Tu ne pensais quand même pas que j'allais signer ce contrat de paralysie mutuelle avec toi, sans avoir de joker dans ma manche. Je savais que Freezer trainait dans le coin. Même si sur la fin, en voyant qu'il ne se décidait pas à entrer en scène, je dois avouer que j'ai eu un doute… j'ai cru qu'il m'avait trahi.
— Dis-moi, Cell, une fois que tu m’auras tué, que feras-tu ? Tu comptes éliminer tous les anciens participants du Cell game ? questionna faussement le namek, en jetant quelques coups d’œil discrets au niveau du bras encore suspendu dans le vide par le rayon télékinétique de C-F. Bras au bout duquel se trouvait encore le Makankosappo “congelé”.
— Oui. Je suis assez pressé, et j’ai d’autres choses à faire, mais ça…… j’y tiens.
— …
— Toi, tu ne me prendras que quelques secondes… si tu arrêtes d’essayer de gagner du temps en me faisant parler. Il faudra ensuite que j’aille casser du Végéta. Sans trop de parlotte cette fois : disons que ça prendra aussi quelques secondes. Ça me laisse quelques bonnes minutes pour un tête-à-tête avec notre cher Gohan, souffla Cell d'un air plutôt dépouillé d’enthousiasme, presque absent.
— Tu veux te débarrasser de Végéta et de moi… pour éviter qu'on te gêne dans ton combat avec Gohan ? Le kikoha signé Végéta-de-derrière-les-fagots, il y a sept ans, t’a traumatisé à ce point ? Dans ce cas je te propose un échange de bons procédés.
Cell dissimula plutôt bien sa surprise, cette fois.
— Vraiment ? sourit l’hybride. Ok, celle-là je dois avouer que je ne m’y attendais pas. Eh bien, dis toujours.
— Je suis moi aussi en pleine course contre la montre et je dois retrouver les sept boules de cristal. Si comme tu le prétends tu as espionné ma conversation avec Dendé alors tu sais que cette fois ce n'est pas du flan. La Terre peut exploser d’une seconde à l’autre et tu le sais. Tu comprendras donc que je n'ai pas de temps à perdre avec toi. Aussi, sois assuré du fait que je ne te dérangerai pas avant au moins dix minutes. Le temps de retrouver le radar et de courir le monde. Ça te laisse le temps d'aller trouver Végéta…… puis Gohan.
— Hun !
— …
— Ok, tu gagnes. Tu peux y aller. Je te garde pour le dessert, concéda Cell, sur un ton arrogant au possible.
— Parfait.
— ……
— ……
— ……
— ……
— Tu y as vraiment cru ?
— ……
— Au fait, tu penses vraiment que je n’avais pas remarqué que Végéta était déjà mort ?
— ……
— Tu auras cherché à faire gagner du temps à Gohan jusqu’au bout, pas vrai ? C'est tout à ton honneur.
— ……
Piccolo n’écoutait même pas. Il se vidait encore de son sang par l’épaule… en dépit des constrictions énergétiques sommaires qu’il avait mises en place. Il hésitait encore à gaspiller son énergie dans la reconstitution de son bras droit. Son quintuple Makankosappo ultime l’avait déjà totalement vampirisé et lui avait coûté la peau des fesses en termes d’énergie.
Pourtant, la seule chance que pouvait avoir Piccolo de battre Cell était de recharger un Makankosappo.
Or, s’il voulait charger un nouveau Makankosappo-indigo, alors il avait techniquement besoin de son bras droit.
Or, s’il reconstituait son bras droit… il n’aurait plus assez de jus pour charger un nouveau Makankosappo-indigo.
Le dilemme était retord…
Et Piccolo ne voyait qu’une seule solution : S’il n’avait plus assez d’énergie pour charger un nouveau quintuple Makankosappo… alors il fallait trouver le moyen de récupérer celui qui avait déjà été précédemment chargé. Toute l’attention du namek était, de fait, polarisée par le bras encore suspendu dans le vide. Il fallait absolument qu’il le récupère. Le Makankosappo au bout était totalement prêt à l’emploi…… tandis que Cell pour n'avoir toujours pas déstocké son propre Makkankkosappo, avait de fait et irrévocablement perdu ce dernier, qui s'était déjà diffusé dans son corps.
Mais ça, l'hybride s'en fichait… dupé par son actuelle supériorité au corps-à-corps.
Supériorité qui serait ipso facto remise en question si Piccolo parvenait à mettre la main sur son Makankosappo-indigo.
Une diversion ? Avec quoi ? Une attaque de Ki ? Non. Aucune chance que ça marche. Cell savait que Piccolo savait. Et Piccolo savait que Cell savait. Ce dernier attendait simplement un mouvement suspect du namek… pour lui chiper le Makankosappo sous le nez.
La magie ?
Piccolo ne l’utilisait que rarement…… au même titre que Chôkyoshinjutsu.
Et cette rareté d’utilisation était peut-être la clé.
Cell s’attendait probablement à une diversion de Ki… mais certainement pas à une diversion d’ordre magique, trop inhabituelle. Pas assez dans l’air du temps. Oui, c’était clairement sur ce terrain-là qu’il fallait frapper. Mais quelle forme devait prendre cette diversion ?
La discrète matérialisation, aux pieds de l’hybride, d’une bombe suffisamment puissante pour le gêner ?
Difficile. La magie avait l’avantage incomparable de permettre quasiment tout et n’importe quoi. La visualisation créatrice avait peu de limites en dehors de l’imagination. Mais la magie avait aussi ceci de très fâcheux que plus un objet s’avérait complexe à modéliser en esprit… plus il coûtait à la dépense. Or, s'il fallait estimer la jauge de Ki de Piccolo à 50 patates, alors sa jauge de mana était au mieux de 5 patates. De fait, une bombe magique ne saurait être autre qu'anecdotique, du moins en termes de force de frappe brute.
Mais en allant sur un terrain plus qualitatif que quantitatif, certaines options magiques restaient jouables.
Il fallait simplement trouver la bonne.
La matérialisation d’un boulet de plusieurs tonnes, aux chevilles de Cell ?
Ou encore, la matérialisation d’un aimant dans son dos ?
Le boulet et l’aimant étaient des objets conceptuellement très simples à modéliser… et le mentor de Gohan n’avait besoin que d’une diversion de quelques dixièmes de seconde… pour aller récupérer le bras suspendu dans les airs. Mais il n’aurait pas de deuxième chance…
Et devait par conséquent choisir l’option la plus pertinente.
Il prit finalement sa décision, au bout de trois secondes, et décocha subitement un rayon électrique vert olive… qui fusa en zigzag vers le noyau de Cell. Ce dernier esquiva facilement le trait de lumière en penchant la tête sur le côté… puis se fendit d’un sourire.
— Pl-ease… c’est quoi cette attaque pitoyable ? On dirait que toi-même, tu n’y crois plus. Dans ce cas, laisse-moi abréger ton supplice.
Le rayon tiré par Piccolo se solidifia dans le dos de Cell, avant d’avoir pu aller se perdre plus loin. Il tomba alors sur l’herbe… sous la forme d’un petit dictaphone. Piccolo couvrit le bruit de l’objet atterrissant au sol en répondant le plus naturellement possible à Cell.
— Viens, je t’attends !
Spoiler
L'hybride tressaillit. Cette voix. Cette voix dans son dos. Il la reconnaîtrait entre mille. C’était celle de Son Gohan ! Mais pourquoi diable le métis parlait-il d'opéra ? Et puis que faisait-il là ? Cell se retourna d’un bond……… rien. Personne. Et lorsqu’il s’orienta à nouveau vers Piccolo, pour lui demander s’il n’avait pas lui aussi eu le cerveau cramé au troisième degré par l’indicible image mentale de Gero en petite tenue…… Cell comprit que chacun des mots de la phrase choc qui venait de résonner dans l'atmosphère avait été pensé pour lui faire perdre du temps en panique et en confusion. Le namek était à nouveau en possession de son bras droit amputé… et du Makankosappo au bout.
Piccolo ne laissa même pas à son adversaire le temps de réfléchir et entreprit de secouer le bras mort, en direction de l’hybride, pour faire partir l’attaque à la barbare… quand ce même bras disparut de sa main… avant qu’il n’ait pu faire ne serait-ce qu’un mouvement complet.
Piccolo cligna des yeux… au comble de la surprise.
Son bras droit n’était plus dans sa main gauche. Il était dans la main de Cell… qui lui faisait pourtant toujours face, à vingt mètres de sa position. Piccolo n’avait rien vu. Absolument rien. Il n’avait pas vu Cell bouger… pourtant ce dernier ne s’était même pas téléporté… Piccolo voyait bien les traces de pieds de l'hybride, profondément imprimées dans le sol… et marquant son aller… et son retour.
Cell avait couru à l'aller.
Et couru au retour.
Piccolo orienta lentement son regard éberlué en direction de l’hybride.
Il le dévisagea alors longuement… tandis que l’amère vérité s’annonçait en lettres capitales dans son esprit :
Cell s’amusait… depuis le début.
Il n'avait pas été sérieux une seule fois.
Il avait empilé mensonges sur mensonges. Une vaste mascarade.
Tous ses instants de panique, sans exception, n'avaient été qu'une grande comédie.
Qui était-il ? Qui était-il vraiment ?
Il était impossible qu'il s'agisse du Cell que Piccolo avait connu dans le passé.
Ce Cell-là aurait été incapable de se déplacer aussi vite, en prenant en plus la peine de le faire à pieds, et ce pour le simple plaisir de narguer son adversaire. Les yeux de Piccolo s’agrandirent encore sous le coup de la stupéfaction… tandis que l’être parfait, un sourire en coin, agitait l’index de gauche à droite en susurrant de petits “tutututututu” à l’adresse du namek toujours aussi décontenancé.
— Tout à l'heure, tu savais que j'allais utiliser Chôkyoshinjutsu ?
— Bien sûr. La télépathie, c'est facile. Tes protections mentales c'était du beurre. Je dois quand même admettre que tu as énormément progressé, Piccolo. Je vais te faire une confidence : tu aurais très facilement pu me battre dans ma forme semi-parfaite.
L'intéressé ne répondit rien et prit une posture défensive … prêt à se battre jusqu'à son dernier souffle.
Les yeux de Piccolo ne pouvaient s'empêcher de se poser fébrilement sur son bras droit… et surtout : sur le Makankosappo qui allait avec ; le tout, maintenant et irrévocablement, en possession de Cell, qui faisait léviter le membre amputé… au dessus de sa main droite.
Le rayon indigo en suspens était quant à lui toujours enrobé de l’épaisse couche d’énergie télékinétique décochée par C-F.
Laquelle couche faisait office de “glacière”.
— Ce regard fixe que tu n'arrives pas à détacher de ton ex-main droite … c'en est embarrassant. Calme-toi et reste tranquille. Je n’utiliserai pas ce Makankosappo contre toi. Ce serait comme tirer à balles réelles sur un moustique. J'ai déjà perdu une éternité ici. Vu comme le temps joue contre nous tous, tu ne pensais quand même pas que j'allais gaspiller cette attaque pour un second couteau comme toi ?
Cell écarta les jambes… puis se pencha légèrement vers l'avant. Le super namek, à contrario, se redressa… porté par la stupéfaction ; cette posture… il la connaissait. C'est donc à moitié surpris seulement qu'il contempla le Cell miniature roulant bientôt sur l'herbe… avant de passer entre les jambes de son géniteur, comme sous un pont ; pour ensuite pointer l'index gauche — d'un air rayonnant — pile en direction du visage de Piccolo, déjà noyé de sueur. Le géniteur du nouveau-né, quant à lui, levait le regard vers le ciel bleu…… et resta ainsi trois secondes.
Lorsqu'il sembla qu'il avait comme trouvé quelque chose — et n'ayant plus de temps à perdre en parlotte — Cell décolla séance tenante, dans un fracas qui indifféra le Junior… autant qu'il travaillait l'esprit de Piccolo, bientôt torturé par l'indécision et le tic-tac en musique de fond. Tic-tac plus obsédant encore… que la mort qui le guettait avec curiosité, à travers les pupilles rieuses du Cell miniature.
Précédent
Pour le suivant, t'as qu'a scroller
