CHAPITRE XIII
Le pouvoir du Saiya-jin
Konoha se réparait peu à peu. La vie refleurissait enfin, timidement, sortant de terre à la manière d'un bourgeon osant enfin s'exprimer dans le monde.
Les habitants du Village Caché se composaient au final de certains parmi les derniers survivants des Cinq Nations anéanties. Mais une forme de normalité reprenait ses droits si mérités.
En cette journée que tous pensaient sur la voie du retour à la paix, marchant en plein air parmi les débris en reconstruction de leur civilisation, les villageois revoyaient des sourires jusqu'alors oubliés. Les gens échangeaient, l'humanité retrouvait goût à la vie.
Il s'agissait néanmoins du murmure qui fleurissait jusqu'à l'activation d'un écran géant animant les rues, dominé par les quatre statues d'Hokage censées veiller sur le village.
En cet instant, tous les habitants l'observaient, peinant à comprendre ce qu'il s'y déroulait. On y voyait Madara, Son Gokū et une bataille infernale.
Les badauds, civils comme Shinobis confirmés issus des Cinq Grandes Nations, s'arrêtaient, chacun à leur rythme, observant cette scène, la comprenant tous à travers le prisme de leur compréhension de ce monde chancelant...
***
– Je vois que vous nous avez bien espionnés, Kabuto et moi, murmura Tobi.
Il jeta un bref coup d'œil assassin en direction de Sasori.
– Pour connaître jusqu'à notre alliance et possession de son corps... Enfoiré, que sais-tu de nos plans ?
– Cela n'a pas d'importance, murmura Zetsu avec un sourire maléfique.
Ta seule possession du cadavre du Saiya-jin me suffit.
– Je vois...Tobi laissa échapper un nouveau toussotement plein d'agonie.
– Quel dommage...Un rire amusé se dévoilait peu à peu.
– Comment comptes-tu t'en emparer ?
– En utilisant ton Sharingan.
– Et si je détruis mon œil ?Zetsu ne perdait pas son sourire. Et l'homme masqué soupira.
– Même si tu essayais, sussurra l'entité sombre,
je t'arrêterais. Ton corps est affaibli.
– Je peux toujours utiliser Kamui...
– L'intangibilité ou la fuite te desserviraient. Cela nous laisserait le temps de reprendre le contrôle...Sa remarque sembla taper juste car son interlocuteur trembla davantage.
– Je le savais... ! cracha l'homme masqué voix enragée.
Vous aviez placé un sceau sur mon cœur... !Il se tut un bref instant, son regard dans l'analyse.
– Tu as vraiment tout prévu.Le sourire de Zetsu s'élargit.
– Il est inutile de repousser l'inévitable, reprit ce dernier en s'approchant dangereusement,
laisse-moi juste prendre le contrôle.
– Tu es pressé. Mais je peux... accélérer le processus.L'entité bicolore s'arrêta.
– Je vais faire comme il te plaît, Zetsu, poursuivit Tobi.
Après tout, tu obtiens toujours ce que tu désires. Et je n'ai pas plus d'intérêt à repousser l'inévitable. Alors, si je peux au moins assister à ça, je préfère ne pas attendre.Zetsu resta silencieux, satisfait du choix de l'homme au Sharingan qui lui évitait bien des efforts. La moitié noire restait néanmoins suspicieuse face à cette anormale confiance affichée par l'homme masqué. Certes, son état ne semblait finalement pas si problématique : grâce à ses propres cellules du Shodaime Hokage, il pourrait sans doute guérir. Mais les atouts de Zetsu restaient trop avantageux.
– Tu es vraiment désespéré, soupira la moitié blanc avec amusement.
Tu te raccroches à ta seule chance de survie en nous obéissant...Il éclata de rire. L'homme masqué l'ignora.
– Pas sûr que ça te sauve, reprit l'entité malveillante,
mais c'est ta meilleure alternative alors... bonne chance !Sans réaction, le regard de Tobi se posa sur l'échange puissant d'énergie qui semblait s'intensifier, dévoilant un Gokū qui donnait tout face à son adversaire. Mais en fixant davantage l'Uchiha légendaire dont le sourire s'amenuisait, ses trois Tomoes vibrant de concert avec la vague destructrice qu'ils copiaient, une chose s'avérait néanmoins évidente.
– Madara ne se bat pas sérieusement, remarqua-t-il.
En effet, au cœur de l'opposition du double Kamehameha, le sourire du Shinobi s'estompait face à un Saiya-jin qui semblait tout donner.
– C'est tout ? murmura l'Uchiha.
Mon instinct m'aurait-il trompé ?Le visage couvert de sueur de Son Gokū ne put que se renforcer face à une telle remarque. Ce type de réflexion ne dévoilait pas de volonté de déstabilisation de la part de son adversaire. C'était une déception sincère, peut-être même une motivation. Et le Saiya-jin les ressentait à travers leur échange d'énergie.
* Je dois... *Il sentit son pas arrière effectuer un bref recul, se rapprochant dangereusement du petit Uzumaki qu'il protégeait.
* ... devenir plus fort... *Cette sensation renforça son appui sur le sol et lui fit effectuer un nouveau pas en avant.
* ... MAINTENANT ! *Et le jet s'intensifia.
Alors s'imposa un son sombrement nostalgique à travers cette pièce. Jiraiya, pris de peur l'espace d'une fraction de seconde, tourna son attention vers Deidara. Étrangement, tous en firent autant.
Celui-ci dévoilait l'ancien Scouter de Raditz contre son œil. En effet, le membre de l'Akatsuki avait récupéré l'appareil du Saiya-jin après la bataille qu'il gardait depuis sur son œil, en guise de trophée non mérité remplaçant sa jumelle.
En cet instant, même l'ancien outil du précédent Saiya-jin ayant foulé ce monde semblait ravivé par cette monté en puissance écrasante.
Jiraiya ressentit alors pleinement le pouvoir de Son Gokū et dévoila un visage de total ahurissement. Rien n'expliquait une telle progression fulgurante autre que la motivation de la confrontation réelle doublée d'un génie du combat dépassant les talents les plus rares des Shinobis.
En cet instant, en terme de puissance brute, le jeune guerrier dépassait la force d'un Bijū, à l'exception peut-être de celui dont il essayait d'empêcher la capture. Et même ce point restait discutable.
Le Scouter ne mentait pas : Son Gokū se hissait brutalement à un niveau proche de celui du précédent Saiya-jin ayant foulé ce monde ! Une puissance inarrêtable circulait à travers tout son corps, s'imposant majestueusement dans cette bataille.
Madara sembla montrer un signe de surprise et vacilla, à la surprise générale. Et paradoxalement, un sourire se redessina sur ses lèvres.
Les dents serrées de Son Gokū dévoilaient l'esquisse d'une expression similaire, mais sa concentration avait doublé, domptant une puissance qui ne lui était pas encore familière.
* Ces types... pensa Jiraiya, abasourdi.
Cette race... Bon sang... Ils sont fait de quoi ? *Mais en dépit de l'incroyable phénomène que ses sens ne pouvaient qu'admirer, un étrange filet d'espoir ravivait le cœur du Sannin.
* Il... pourrait gagner... ? *Comme pour lui répondre, Madara effectua un nouveau mouvement de recul. Cela permit à Gokū de prendre dangereusement l'ascendant, son attaque prenant à vue d'œil du terrain.
Un court instant suivant, alors qu'il paraissait logique de voir l'attaque du Saiya-jin avaler son opposante, tout bascula.
Les deux Kamehameha s'estompèrent simultanément. Et les ténèbres reprirent leur place dans le lieu.
***
* Madara s'est déplacé pour orienter son champ de vision droit sur son adversaire... analysa Hiashi, couvert de sueur.
Ce n'était pas de la faiblesse, il changeait de stratégie. *À ses côtés, la Mizukage semblait concernée, observant avec trouble le corps du Saiya-jin devenu immobile, bras ballants face à son adversaire.
***
Le décor avait changé pour Son Gokū. L'environnement qui entourait le Saiya-jin n'affichait plus qu'une ombre : Madara.
– Tu es fort, reconnut sa silhouette à travers l'illusion.
Gokū ne répondit pas. Il se montrait tout aussi figé que les témoins de sa confrontation l'observaient, sa tête abaissée comme en domination.
– Le Genjutsu serait-il ton point faible ?Un rire amusé s'imposa soudain dans l'espace immatériel, résonnant, s'amplifiant, s'emparant même de dimension par sa seule présence.
– Ces illusions ? réagit alors Son Gokū, relevant la tête avec une détermination presque jouissive.
Son regard fier soutint celui de Madara sans ciller, comme en signe de défi face aux Tomoes enfin transformés en leur vraie nature du plein pouvoir du légendaire Mangekyō Sharingan.
– Je me demandais seulement quel serait ton prochain mouvement, avoua alors le combattant Saiya-jin.
Mais tu sembles fair-play.
– Fair-play ? répéta Madara, ses sourcils se dévoilant une surprise amusée.
Quel étrange vocabulaire de guerre.Il croisa les bras.
– Mais je suppose... que se contenter d'illusions limitera le plaisir.
– Plaisir... répéta Gokū, pensif.
Je vois que ton sens de la guerre n'est pas plus conventionnel.
– Certes, reconnut Madara, passablement joueur.
Il s'assit alors par terre.
– Je m'ennuie. Devons-nous poursuivre selon un autre style ?
– J'aime autant, si tu n'as rien de mieux à me proposer en la matière.
– Quelle arrogance, répliqua l'Uchiha légendaire, absolument pas vexé.
J'aurais sûrement mieux, mais cela nécessiterait le pouvoir de l'animal que tu protèges.
– Dans ce cas, ça ne mènera nulle part.
– Je vois.Madara poussa un soupir.
– On arrête avec l'illusion ? insista Gokū.
– Si tel est ton souhait... répondit Madara en se relevant tranquillement.
Si tu en digne...Son expression changea légèrement. Enjoué, l'Uchiha dévoila la menace.
– Je te laisse l'honneur de la briser.Alors se manifesta tout l'entraînement mental développé auprès de Kami, boosté par la force nouvelle de Son Gokū.
Ce qui jusqu'alors apparaissait comme un rire recouvrant la dimension se transforma rapidement en un hurlement de rage guerrière. Madara haussa les sourcils, intrigué à la vue du combattant concentré à l'extrême.
Le blanc se transformait peu à peu en une bien étrange couleur rougeoyante et le monde semblait trembler. Pourtant, rien ne changeait. Et l'Uchiha croisa les bras.
* Un tel contrôle face à cette puissance brute... analysa Madara.
Nous nous ressemblons plus que tu ne le crois. *Il se remémora l'instant où il lui-même dévoilait, pour la première fois, la manifestation d'absolue domination du Susano'o sous sa forme accomplie, stabilisant la masse considérable de Chakra face aux yeux abasourdis de l'ensemble du clan Senju, lors de son assaut vengeur succédant la mort de son frère, Izuna.
* Est-ce vraiment... le fruit d'un simple entraînement ? *Pourtant, en dépit de cette admiration non feinte, l'Uchiha n'en dissimulait pas un certain doute quant à la tentative de son adversaire. Briser un Genjutsu s'avérait complexe et nécessitait soit un précieux mélange de contrôle du Chakra, soit une incroyable puissance brute pour reconditionner son flux dans le bon timing – les deux s'avérant préférables quand le Sharingan se trouvait impliqué. Cette règle rendait ainsi plus facile cet exercice pour un expert en la matière, ce que le guerrier Saiya-jin n'était pas au vu de son style. Mais ces considérations s'élevaient à un tout autre niveau lorsqu'il s'agissait du pouvoir du Mangekyō Sharingan.
* Qu'est-ce que... ? réagit alors Madara en découvrant une nouvelle silhouette s'imposant dans la dimension.
*Il s'agissait du corps étendu de Naruto, juste derrière Gokū. Le Saiya-jin, plutôt que d'annuler l'illusion trop parfaite, l'avait juste très partiellement rompue, y intégrant cette infime part de réalité.
Mais ça ne s'arrêtait pas. Car le hurlement enragé du Saiya-jin paraissait se transformer peu à peu en une manifestation visuelle toujours plus écarlate. Et elle réagissait avec le corps de Naruto, enveloppant ce dernier d'un bouillonnement de Chakra orangé qui grandissait jusqu'à former une immense tête.
* Un Renard... ? s'étonna Madara.
Kyūbi ?! *Il ouvrit grand les yeux, ses cheveux balayés par le souffle toujours plus violent du hurlement infernal qui s'imposait partout.
* Non... ! *Ce qui aurait pu sembler être la face du Renard commençait en différer. En cet instant, le colossal visage hurlant autour de Gokū prenait de plus en plus de consistance. Et sa forme se précisait aux yeux de Madara.
* Un gorille... *Mais tout cela restait finalement un détail. Car en parallèle, la couleur rougeoyante devenue orangée se teinta, l'espace d'une fraction de seconde totalement indiscernable, d'un éclat doré.
Et dans cette singularité, mêlant tous les sens dans une effusion de puissance incommensurable, tout se brisa.
Et le monde réel revint.
***
Au Pays du Fer, tous les regards s'étaient figés face à l'écran.
– Le pouvoir légendaire du Sharingan... balbutia le Daimyô du Pays du Feu.
Il... Il l'a dominé... ? ****
Sasuke ne bougeait pas, ses yeux rouge complètement scandalisés à la vue de la première rencontre du Saiya-jin avec le si redouté Genjutsu du Sharingan le plus expérimenté de l'histoire des Uchiha.
Ce qu'il voyait l'insultait jusque dans ses gènes. Cela le terrifiait aussi, lui rappelant sombrement le prédécesseur de cet ennemi d'un autre monde.
Seul Madara affichait une expression fascinée.
* Un potentiel affolant coule dans tes veines, Son Gokū. *Son sourire s'élargit. Ses yeux se froncèrent. Et sa face retrouva une concentration complète.
– Bien, voyons maintenant comment tu danses.Et il s'élança. Cette fois, Gokū reprenait confiance : on entrait dans son domaine d'expertise. Il frappa aussitôt, mais son attaque ne fit pas mouche : Madara venait d'esquiver avec sa pupille, utilisant en parallèle le déplacement du corps du Saiya-jin pour lui repousser le bras d'un coup de genou avec une précision et un timing si parfaits qu'il put accentuer son déplacement en n'utilisant qu'une force surhumaine.
Perdant l'équilibre, Gokū s'appuya sur son bras pour le retrouver. Le corps soudainement à l'envers, son regard abaissé ne l'empêchait pas de parfaitement sentir son environnement et son mouvement chaotique se transforma sans prévenir en un parfait coup de pied circulaire tête en bas dont l'amplitude ne donna plus à son opposant le luxe de l'esquive.
Contraint de contrer, Madara bloqua de ses deux bras, lesquels furent partiellement arrachés sous ce seul impact tandis que le corps de l'Uchiha se trouvait propulsé contre un mur en franchissant le mur du son, faisant trembler tout l'édifice.
Une série de parchemins volaient, illuminés.
– Parchemins explosifs ! s'exclama Jiraiya.
Comprenant le danger, le guerrier n'hésita pas. Il attrapa les bouts de papier et se comprima. Une onde de choc contenue résonna dans la pièce, faisant trembler les murs une fois encore. Mais le Saiya-jin ressortit totalement indemne, sans grande surprise.
* Aurait-il pu tuer Naruto ? s'inquiéta le Sannin à distance.
Non, il devait se douter qu'il le protégerait. Mais pourquoi avoir laissé ces parchemins ? Ca n'avait aucune chance de blesser Gokū... *Ce dernier se remit en garde, fixant sans bouger le corps lointain de son adversaire. Celui restait immobile, ses bras totalement anéantis.
– C'est tout ? articula faiblement Madara.
Ne viens-tu pas m'achever ?Mais Gokū ne bougeait pas. Sa concentration montait en flèche, son cœur battant la chamade.
– Gokū, vite ! s'écria Jiraiya.
Il a le pouvoir ermite, il va se régénérer !Mais le Saiya-jin ne réagissait pas.
– Veux-tu vraiment la jouer... fair-play ? interrogea Madara, ses bras reprenant lentement vie tandis qu'il se relevait dans les ténèbres.
Alors, Gokū effectua même un pas en arrière, à la surprise de tous, effleurant presque le corps de Naruto.
Jiraiya, désespéré, amorça un mouvement dans la direction de l'Uchiha légendaire. Mais il ressentit soudain comme un blocage. Son Mode Sennin activé peinait à lui donner du sens. S'agissait-il d'un Genjutsu ou de la simple terreur instinctive à l'idée de l'attaquer ?
* Non... ! *Sans qu'aucun témoin n'en comprît l'origine – peut-être du fait d'un clignement de l'œil au mauvais moment – le Sannin fut projeté au loin et atterrit tel un crapaud aux côtés du Saiya-jin, renforçant la protection de Naruto.
* Cet homme n'est pas mauvais... reconnut Madara à la vue de l'ermite, avant de reporter son attention sur le guerrier à ses côtés.
*Mais Gokū semblait presque insensible à toute cette agitation nouvelle. Il serra les dents, ses pupilles bougeant dans tous les sens comme sous l'effet d'une profonde anxiété.
– Ou peut-être... murmura Madara, dangereusement pensif.
Peut-être ton instinct est-il encore plus brillant que ta puissance ? Ton potentiel... me fascine.Son rire dément s'exprima dans les ténèbres au point d'en faire de l'ombre à l'Akatsuki.
– Tu me plais vraiment, Son Gokū !Déclaration faite, il semblait en l'instant que la scène resterait figée dans cette atmosphère perturbante.
– Tu as sous-estimé la puissance du corps du Saiya-jin, murmura alors Tobi.
On aurait pu logiquement penser, au vu de la tournure des événements, que l'homme masqué s'adressait à Madara. Mais sa pupille écarlate restait focalisée sur l'être bicolore à ses côtés.
– Tu l'as enterré... trop vite.***
Kakashi fronça les sourcils. Pourquoi l'homme masqué parlait-il ainsi de Son Gokū, comme s'il était déjà pris pour mort ?
***
– Quand tu as découvert que nous avions récupéré le corps du Saiya-jin sur le champ bataille... reprit Tobi.
Il cracha une nouvelle salve de sang.
– Tu as fait la même déduction rapide que tous ces Shinobi remplis d'espoirs.***
Alors, l'expression de Kakashi bascula. Sa face blêmit avec l'instantanéité d'un Raikiri. Et ses traits, durcis par la réflexion, se laissèrent emporter par le chaos du désespoir, relâchant tout contrôle.
Il comprenait tout juste le vrai sens de leur échange que presque tous considéraient comme secondaire dans cette scène de guerre.
Et son visage s'horrifia bien davantage.
Toutes ses hypothèses s'avéraient fausses ou incomplètes, y compris celle où l'homme masqué disposait du cadavre du Saiya-jin, qui à elle seule avait déjà été ignorée par les Shinobi avides d'espoir. Mais elle aurait été autrement préférable.
Car la réalité était bien pire.
En cet instant, le monde entier assistait à sa plus terrible erreur, sans complètement le réaliser encore.
La confiance de l'homme masqué s'expliquait parfaitement. Il fallait l'arrêter, immédiatement. Zetsu semblait dans le même processus de réflexion ou d'acceptation que Kakashi. Cela signifiait que même l'entité des ténèbres se rendait compte n'avoir pas poussé suffisamment loin l'investigation de l'horreur que l'homme masqué s'apprêtait à déverser sur le monde.
Zetsu avait assuré la mise en action de Tobi, immédiate ou simplement repoussée. En revanche, son plan ne tenait pas compte d'un besoin impératif opposé : l'empêcher d'agir.
Kakashi se rua en direction de l'écran. Car il était le premier à comprendre l'horrifiante réalité.
– IL FAUT L'ARRÊTER !!! hurla-t-il, dément.
Voir le si respecté fils de Sakumo Hatake, habituellement parfaitement maître de lui, totalement perdre le contrôle, fit aussitôt réaliser à Hiashi et la Mizukage que quelque chose de terrible leur échappait.
– JIRAIYA-SAMA ! s'exclama Kakashi.
Lui seul peut agir !
– Mais... murmura la Mizukage.
Il ne peut pas t'entendre...
– Appelez un Yamanaka ! Il doit y avoir un moyen... !
– Qu'y a-t-il, Kakashi ? coupa aussitôt le chef Hyūga, bien conscient de la gravité associée au comportement du plus célèbre Jōnin.
– Le cadavre de Raditz... Je pensais que l'homme masqué l'avait récupéré...L'évocation brute d'une telle hypothèse fit comme s'écarteler les yeux de la Mizukage. Hiashi Hyūga lui-même fronça les sourcils. Il y avait comme un tabou dans la seule évocation du Saiya-jin, plus encore en considérant les éventualités entourant son corps.
Mais Kakashi ne leur laissa pas le temps d'intégrer une si funeste possibilité.
– Mais même ça repose sur une erreur... !***
Il était néanmoins trop tard pour se poser de telles questions. Car Tobi s'était bel et bien attelé à la tâche. Et il acheva la terrible sentence.
– ... celle que Raditz avait succombé.Au même instant, le regard amusé de Zetsu sembla fondre tandis qu'il réalisait ce que Tobi cachait et préparait.
– Toi... ! balbutia Zetsu – d'une voix à l'émotion aussi indéfinissable que la couleur.
Tu... n'as quand même pas... !***
– Ou quand le démon réalise que son ennemi a pactisé avec le diable... commenta Kabuto avec un sourire faussement détaché, ses traits de sang-froid écaillés ne pouvant contenir de multiples gouttes de sueur issues de ses émotions les plus profondes.
Aucun ANBU de la Racine ne réagit. Tous savaient. Et un silence d'une extrême tension s'exprimait d'une froideur hurlante au cœur des ruines.
Il n'était plus temps pour rien d'autre que l'observation, et l'acceptation d'une suite qui échapperait à tout contrôle.
***
– J'ai un cadeau pour toi, Madara ! hurla fatalement son imposteur.
Et soudain, avant que quiconque n'eût pu réagir aux paroles de l'homme masqué, un tourbillon déforma l'espace devant sa pupille.
Il sembla dès lors qu'un étrange phénomène se produisait. Pour ceux qui connaissaient cette habilité, cela n'aurait pas dû surprendre. Néanmoins, quelque chose différait : une sensation s'y imposait.
Les cheveux de tous les combattants se hérissèrent en synchronisation avec le tourbillon qui prenait davantage de consistance, dévoilant de plus en plus ce qu'il libérait.
Comme les intentions de Tobi restaient incertaines, la prudence imposait pour tous les camps de le considérer comme un simple ennemi supplémentaire. Mais face à un tel regroupement de puissants individus, même l'homme au Sharingan ne pouvait susciter qu'un renfort de concentration.
Pourtant, en cet instant, quelque chose en faisait l'épicentre de cette rencontre au sommet.
Et il devint alors parfaitement clair pour tous que ce qui s'imposait à travers la technique avait une réalité physique indéniable.
* Ce Ki... ! *Telle fut la pensée immédiate de Son Gokū. L'exacte identique s'imposait à travers les esprits de tous les Shinobis, selon leurs conventions, selon leur vocabulaire : un Chakra colossal pour leur référentiel se manifestait.
Il ne s'agissait décidément pas d'un simple tourbillon spatio-temporel. Une véritable tempête d'énergie se déversait à présent dans la pièce, forçant ceux qui se trouvaient juste autour de Tobi à se protéger le visage.
Dissimulant la pupille écarlate à l'origine de cette interruption se dévoilait maintenant le cœur du cyclone.
Un corps venait de faire son apparition.
Et tous ressentirent avant même de l'analyser ce que celui dont la silhouette s'imposait à travers le tourbillon représentait. Que ce fût par instinct, sensation ou traumatisme, rien ne pouvait laisser indifférent même des Shinobi d'élite.
En cet instant, aucun combat n'avait lieu. Car tout le monde savait que combattre un Hokage, un criminel de rang S ou un Sannin restait dérisoire. Gokū lui-même laissa échapper une expression de choc total, ses sens bouleversés par ce qui s'imposait dans cette scène de guerre.
C'est ainsi que tous furent témoins de l'apparition d'un nouvel individu dans la pièce, un guerrier que personne n'aurait jamais cru revoir un jour.
***
Face à l'écran géant de Konoha, un silence de plomb régnait. Tous les regards se figeaient, comme s'il s'affichait une image à l'intensité digne d'un terrifiant Genjutsu.
Killer Bee lui-même restait immobile, son regard levé à travers ses lunettes de Soleil, sa bouche entrouverte. Autour de lui, les réactions étaient identiques. Même les plus redoutables Shinobis veillant sur ce nouveau monde s'oubliaient face à cette vue, totalement insensibles au soudain hurlement d'un nouveau-né porté par une mère dont la face se décomposait littéralement.
***
La salle du Pays du Fer dévoilait une sombre similitude avec celle des rues de Konoha. Tous les dirigeants du monde se décomposaient sans un mot, incapables même d'exprimer le flot d'émotions que leurs cœurs hurlaient à l'unisson à des esprits incapables de les digérer.
***
Tout se répétait ainsi face aux derniers postes de télévision abritant la vie sur la planète, toutes les réactions partageant une similarité : l'expression d'une puissante émotion qui venait des entrailles.
En cet instant, le monde entier exprimait son désespoir.
Et pour ceux dont les capacités sensorielles se réveillaient, même l'image ne représentait qu'un substitut face à la sensation de domination absolue qui se déversait aux quatre coins de la planète.
Le monde Shinobi, peinant encore à panser ses plaies, retrouvait avec horreur son plus terrible agresseur.
C'était le pire scénario possible.
***
Jiraiya sembla se décomposer, tant par sa vue que par l’indétrônable puissance qu'il ressentait soudain. Ce qui se manifestait de nouveau dans ce monde réveillait toutes ses peurs en les amplifiant à l'extrême.
***
* Trop... tard !? *Devant la boule de cristal de la Reine Limace, Minato, en cours de soin, dévoilait toute son impuissance face à cette réalité que même lui n'avait su anticiper. Les mains qui le soignaient dans son dos s'abaissèrent de désespoir.
Un hurlement muet s'imposa sur les lèvres d'une Tsunade dont le traumatisme occultait totalement le titre de Ninja Légendaire. Apposant une main tremblante contre son ventre arrondi, la Sannin resta figée dans un regard de totale inhibition.
Itachi pouvait se satisfaire d'être aveugle. Car aucun œil sain ne saurait apprécier une telle vision.
* La fin du monde... ? ****
Gokū lui-même fronça les sourcils, sous le choc, l'intégralité de ses cellules vibrant de concert avec l'énergie folle pulsant de l'homme à la silhouette guerrière qui lui ressemblait tant.
Et, comme pour rappeler au monde qu'il ne s'agissait pas d'un cauchemar, celui qui se tenait au milieu de la pièce dévoila un sourire tel qu'il sembla obscurcir le monde entier.
Car le monde entier était bien témoin de ce retour, à travers les écrans reliés à Zetsu.
C'était complètement absurde. Cette ère insupportable s'imposait comme révolue une bonne fois pour toutes. Après tant de souffrances et de pertes, après l'éclat d'une guerre finale dont le courage et l'abnégation de tous avaient fini par l'emporter, cela devait être terminé.
Un point final concluait la bataille des Shinobi contre le Saiya-jin.
Alors pourquoi ce dernier se tenait-il là, bien vivant, plus puissant que jamais ?
En cet instant, le monde entier, à peine sorti du traumatisme de l'envahisseur dont il tournait difficilement la page, réalisait que la suivante n'en était qu'une nouvelle expression, plus redoutable que jamais.
Cette énergie tout juste échappée du trépas semblait s'en venger en se dévoilant d'une puissance nettement plus écrasante que les esprits ne pouvaient se souvenir ou même concevoir.
Plus personne n'était prêt.
Car nul n'aurait su imaginer le terrifiant retour du Saiya-jin, s'imposant brutalement dans l'horreur : Raditz.
