chapitre 15
Hors du secteur Kal, il n’y avait pas d’administration liée exclusivement à la justice et à l’application des lois de l’Empire. C’était surtout des soldats en disgrâce à qui incombait la charge de faire respecter la loi. En général, ils appliquaient une justice expéditive, quand ils faisaient quelque chose. Souvent ils n’avaient qu’un rudiment de formation et n’y mettaient absolument pas leur cœur à l’ouvrage. Si les secteurs centraux placés directement sous la direction d’un gouverneur directement nommé par l’un des colds s’en sortaient plutôt bien, il est constaté que les secteurs situés en périphérie étaient gangrenés par la criminalité et la corruption. Seul le secteur Kal, dont fait partie Cold 317, faisait office d’exception grâce à son administration d’agents de force de l’ordre professionnels. Bien qu’il restait toujours de la criminalité, ce n’étaient pas eux les maîtres officieux des mondes habités.
Il était relativement tôt et les rues de la ville étaient presque déserte. Le silence relatif aux matinées convenait à Mour qui préféra marcher plutôt que de voler jusqu’au commissariat. Durant le trajet retour, elle avait tout fait pour éviter de croiser le regard de ses collègues, s’en voulant d’avoir pleuré dans son coin comme une enfant qui venait d’avoir la peur de sa vie. Elle était censé être une arme, la peur, la tristesse, les émotions en général, elle se devait d’en faire abstraction. C’était du moins ce qu’on lui répétait lors de sa jeunesse sur Terran, c’était un mantra que les scientifique lui rabâchaient chaque matin. Mais cette époque semblait révolue depuis longtemps et désormais elle faisait de son mieux pour profiter d’une vie un tant soit peu normale, tout en étant qu’elle ne savait presque rien faire d’autre que de se battre.
Perdue dans ses pensées, elle n’entendait pas le chant des oiseaux qui peuplaient les arbres de la ville, pas plus qu’elle n’aperçut les ouvriers qui s’affairaient à nettoyer la voie publique. Ce n’est que quand machinalement elle passa les portes du commissariat qu’elle se rendit compte de sa localisation. À l’intérieur, c’était l’effervescence avec la capture d’un lieutenant d’Espada. D’un côté, il y avait ceux qui s’en réjouissaient et faisaient presque la fête, de l’autre il y avait ceux qui déploraient la perte de plusieurs de leur camarade. Puis il y avait le capitaine Kishi qui était déjà présent à donner ses ordres aux officiers déjà sur place. L’hybride se doutait bien qu’il n’était probablement pas rentré chez lui de toute la nuit à en juger par ses cernes.
Quand ce dernier s’aperçut de la présence de l’hybride, il l’invita d’un geste de la main à le suivre dans son bureau. Mour soupira mais savait qu’elle devait faire son rapport de mission. Un officier vint vers le capitaine, mais ce dernier lui ordonna d’attendre qu’il en aie fini. Arrivé dans le bureau, elle vit une pile de dossiers sur la table, la même pile qui depuis plus d’une semaine ne se désemplissait pas, bien de contraire. Elle prit une chaise et s’installa avant même qu’elle ne le soit invitée à le faire. Kishi quant à lui restait debout.
« - Dis moi, comment tu vas ?
- Que veux-tu dire ? Je vais bien, comme un charme.
- Hier c’est la première fois que tu as été mise en difficulté quand même.
- Moi, en difficulté ? Mais non voyons, je faisais durer le plaisir.
- Tu as utilisé le Dragon Nova alors que je t’avais interdit de l’utiliser. Pour moi c’est un signe que tu as été poussée dans tes retranchements. »
Mour soupira, son capitaine avait raison et elle le savait très bien. Sa force et celle du criminel étaient similaire, avec un léger avantage pour elle, et la blessure subie en interceptant une attaque en direction de ses subordonnés l’avait effectivement mise en difficulté.
« - Tu sais pourquoi je ne veux pas que tu utilise cette technique ?
- Parce sa puissance est telle qu’elle me brûle également.
- Précisément, le Dragon Nova pourrait te tuer. Je n’aurais pas supporté perdre un lieutenant, et surtout pas toi.
- Parce qu’on vient de la même planète ?
- Entre autre. Mais c’est surtout parce que tu es la première lieutenant que j’ai nommée »
Le capitaine finit par s’asseoir à son tour. Il se sentait épuisé par cette nuit blanche et espérait avoir un moment pour se reposer. Il se sentait faible et aurait presque eu envie d’avouer le lien de parenté qui les unissait. Néanmoins il gardait à l’esprit que c’était un secret et seul lui fut informé par l’un des scientifique en charge de la conception de l’hybride. Il vit du coin de l’œil que la file de personnes qui patientaient devant la porte de son bureau augmentait, il ne voulait cependant pas précipiter le choses.
« - D’après ce que j’ai entendu, ton équipe aurait trouvé un scaouter espion sur l’agent Godan.
- C’est exacte, le voici. »
La lieutenant tendit le bracelet espion et le posa sur la table. Kishi le ramassa à son tour avant de l’observer. L’engin ressemblait à s’y méprendre aux modèles qu’il avait commandé un an auparavant, mais il ne se souvint pas avoir autorisé la sortie d’un d’entre eux au cour des derniers mois. Il le rendit à Mour.
« - Tu iras voir Salakk pour analyser le contenu. Dis lui qu’il doit être le plus minutieux possible, je veux savoir d’où vient ce bracelet, qu’il n’aie aucun secret pour nous.
- Bien reçu, j’y vais de ce pas après être passé au vestiaire.
- Tu m’informeras du contenu après. »
La jeune femme se releva et salua son supérieur hiérarchique avant de finalement tourner les talons et se diriger vers les vestiaires. En quittant le bureau, elle vit qu’au moins cinq personnes du service voulait parler avec le capitaine. Elle aurait bien voulu leur dire de le laisser tranquille pour qu'il puisse se reposer. D'ailleurs, elle ne comprenait pas pourquoi Kishi ne déléguait pas certaines tâches à un ou plusieurs de ses lieutenants. Pas elle, Mour savait qu’elle n’aurait pas la patience de faire ne serait-ce que le quart des tâches de son capitaine.
En arrivant dans le vestiaire, elle aperçut d'autres collègues féminines qui, bien qu'elles étaient déjà changées, discutaient des dernières nouvelles du jour. Lorsque l'hybride passa la porte, elles se levèrent immédiatement pour la saluer avant de quitter les lieux. Sans attendre, elle échangea ses vêtements civils contre une nouvelle tenue toute neuve, notamment une armure qui lui avait manqué la veille au soir. Elle prit une boîte contenant des scaouters de rechange et constata qu'il ne lui en restait plus que deux pour le reste de l'année. Elle soupira et équipa l'engin en utilisant le code des lieutenants, lui donnant ainsi accès à une fréquence sécurisée, avant de tout ranger dans son casier et de quitter le vestiaire.
En sortant, elle vit un agent dont elle connaissait pas le nom, mais elle savait qu'il était basé à l'autre bout de Daraktis et qu'il s'occupait du centre pénitencier. S'il était là, c'était probablement pour transférer certains des prisonniers de la veille afin qu'ils puissent être enfermés en attendant leur procès. Ce lieutenant parlait avec Hunter, qui venait de passer la nuit à interroger les suspects. Elle remarqua que son pelage était tout ébouriffé et que ses yeux étaient plus étrécis que d'habitude.
Arrivée au premier sous-sol, elle prit la direction de l’armurerie, qui faisait aussi office de local technique. Une odeur de boisson chaude aromatisée lui titilla les narines, preuve que l’employé des lieux était déjà à l’œuvre. Quelle ne fut pas sa surprise d’entendre la voix de son collègue Cena, le caméléon anthropomorphe, lui aussi présent sur place. Il était en train de discuter avec Salakk, un agent d’une très faible force, disposant de quatre bras chétifs et d’une sorte de crête osseuse protégeant son cerveau sur développé. D’une de ses mains aux doigts malingres, il tenait une tasse fumante d’où se dégageait une odeur fruitée perceptible alors qu’elle se trouvait encore à quelques mètres de lui. Ses deux bras inférieurs pianotèrent sur un clavier, suivant les directives du lieutenant déjà sur place.
« - Lieutenant Mour, quel plaisir de vous accueillir dans mon antre. Avec le lieutenant Cena, nous parlions justement des détails de la mission d'hier. »
Mour le salua en silence d’un geste de la tête, là où Cena lui répondit d’un geste de la main enjoué. Elle s’approcha et avant même de dire un mot, le maître de l’armurerie, car tel était le titre officiel de Salakk, lui offrit une tasse de son thé fruité dont il raffolait. Elle le remercia avant d’en boire une gorgée.
« - Alors, que puis-je pour vous ma chère ?
- Termine donc ce que tu as commencé avec Cena, j’attendrais bien.
- Nous avons terminé, juste à enregistré le document et voilà, je le vais le transférer dans sa tablette. »
Il fallut quelques secondes pour que la tablette du lieutenant Cena reçoive ledit document. Pendant ce temps, les deux lieutenants se regardèrent silencieusement en buvant le thé que l’employé leur avait offert. Le gendaï s’était paré de couleurs bleu, verte et jaune en arborant des motifs sinueux, sachant que son visage semblait moins expressif pour les autres races de l’Empire. Il avait indiqué à quoi correspondaient ses codes couleurs, et là il signifiait une certaine tristesse. Mour savait que parmi les agents tués la veille, il y avait un très bon ami de son collègue et comprenait parfaitement ses sentiments.
« - Maintenant que j’en ai fini avec la demande du lieutenant Cena, qu’est ce qui vous amène ici ?
- J’ai trouvé ceci dans les affaires que portait l’un de nos agents infiltrés. J’aimerais que tu analyses les données enregistrées. »
Elle lui donna le dispositif espion qu'il saisit de ses doigts qu'elle trouvait terriblement fin. Salakk le regarda sur toutes les coutures avant d'ouvrir un loquet qui permettait d'accéder aux connectifs de l'appareil. Même Cena, qui avait pourtant fini, restait là à observer la scène avec intérêt. L'agent tapa quelque chose sur son clavier avant de s'exprimer par une série d'onomatopées vocales, typiques de son langage d'origine.
« - Je le savais, ce n'est pas l'un de nos appareils
- Le capitaine m'a dit exactement la même chose, ce n'est pas nouveau.
- Oui, mais là j'ai la preuve formelle qu'aucun équipement n'est sorti de l'armurerie sans passer devant moi : le numéro de série ne correspond à aucun des vingt appareils qui dorment dans leur boîte. »
Salakk joignit le geste à la parole en déplaçant la boîte jusqu'à lui avec ses capacités psychiques. Quand il l'ouvrit, il put montrer que les appareils dont disposait le commissariat étaient bien tous présents.
« - Par contre, je dois dire que c’est exactement le même modèle et de la même marque, donc j’ai tous les logiciels nécessaires pour l’analyser.
- Fait attention qu’il n’y ait aucun piège avec, le capitaine a demander à ce que tu sois minutieux.
- Pas la peine de me le dire, je ne comptais pas l’analyser avec mon ordinateur principal. »
Il remit la boîte à sa place et, sans se lever, saisit ce qui ressemblait à une boîte blanche et orange de forme entre le cube et la sphère, qu’il posa sur le bureau à côté de lui. L’employé déploya la dite boîte, faisant apparaître un clavier ainsi que trois écrans holographiques qui flottaient à quelques centimètres de la base. Il se saisit d’un câble entreposé dans l’un de ses tiroirs et l’utilisa pour connecter le bracelet espion à son étrange ordinateur.
« - Je vais d’abord lancer un scan complet pour vérifier qu’il n’y ait pas de virus ou autre logiciel malveillant. Cet ordinateur est prévu pour gérer ce genre de menace et n’est pas connecté à notre réseau. Cela ne prendra que quelques minutes. »
Ce furent, pour Mour et Cena, les minutes les plus longues de leur vie, à entendre des détails techniques informatiques, de subir l’auto-congratulation de Salakk expliquant qu’il a lui-même programmé la plupart des ordinateurs du bâtiment ainsi que les sous-procédures utilisées pour éviter toutes intrusions informatiques. À l’écouter, le commissariat était le lieu le plus sécurisé de l’Empire. Les deux lieutenants se jetèrent des regards consternés de ne rien comprendre à ce que disait l’employé alors qu’ils étaient bien plus au fait que la plupart de leurs collègues.
Quand l’analyse fut terminée et que le contenu fut certifié sans risque, ils purent enfin commencer le visionnage de la vidéo. L’enregistrement commença dans l'enceinte d'un des blocs d'habitation, un endroit typique où les ouvriers travaillant sur l'un des satellites stériles de Red Cold vivaient. C'était un lieu sale et insalubre. Visiblement, les forces de l'ordre n'étaient pas allées là-bas depuis trop longtemps. Cena fit un commentaire en disant qu'il reconnaissait l'endroit comme étant l'un des halls menant au casino clandestin.
Bien qu'on ne vit pas le porteur de la caméra cachée, les deux lieutenants purent constater qu'il suivait plusieurs personnes jusqu'au fameux casino. Si la saleté et la décrépitude définissaient les lieux précédents, force est de constater que luxueux et propre seraient plus appropriés comme adjectifs une fois la porte passée. Une fois de plus, le lieutenant caméléon put authentifier que ce qu'ils voyaient était l'intérieur du casino qu'il avait investigué durant une bonne partie de la nuit avec ses subordonnés.
Il se passa de très longues minutes sans que rien d'intéressant ne se produise, si bien que Salakk leur offrit à chacun une chaise et quelque chose à boire. Vu les données techniques, l'enregistrement allait durer cinq heures.
« - Là ! Tu peux revenir en arrière ? », demanda Mour.
Salakk s'exécuta et mit l'enregistrement sur pause au moment précis que Mour lui indiquait. L'un des trois agents infiltrés était dans le champ de vision de la caméra. Visiblement, il n'était pas encore démasqué, mais Keytur discutait avec un homme, visiblement un humanoïde de Classe E qui se trouvait dos à la caméra. Bien qu'on ne voyait pas son visage, les deux lieutenants étaient parfaitement sûrs qu'il s'agissait du criminel tant recherché, Espada. Il portait des signes distinctifs, une tenue tape-à-l'œil, plusieurs chevalières dorées à la main gauche et sa tête était garnie d'une longue crinière bien fournie de cheveux blonds.
« - Espada était là quelques heures avant notre assaut !
- Mais nous n'avons pas été informés de sa présence, sinon nous aurions commencé les hostilités plus tôt ! »
Cena fixait intensément l'écran, ses yeux s'écarquillant de surprise. Non seulement Godan était présent sur la vidéo, mais également les autres agents infiltrés. Ce n'était donc aucun d’entre eux qui tenait le dispositif. L'individu semblait connaître leur identité, comme en témoignait son insistance à leur sujet en filmant d’avantage que le reste de l’assemblé.
« - Attendez une minute. Comment Godan avait-il cette caméra sur lui ? Et qui filme, dans ce cas ? » s'interrogea Cena
Mour baissa les yeux, sentant son estomac se nouer. Elle avait l'impression qu'on les manipulait, comme un chat avec une souris. Ce dispositif, qui n'appartenait pas aux forces de l'ordre mais qui était identique à ceux qu'ils avaient reçus, filmait ce qui allait bientôt devenir le théâtre d'une exécution suivie d'une intervention policière. Il y avait quelque chose de malsain là-dedans qui la répugnait profondément, mais elle ne voulait pas montrer ses émotions aux autres membres de l'équipe.
« - Nous devons trouver qui a mis cette caméra sur Godan », dit-elle d'une voix ferme.
Cena hocha la tête, reconnaissant la détermination de Mour tout en finissant sa boisson qui était désormais à peine tiède.
« Nous irons fouiller l'ensemble de la zone pour trouver des indices. »
Ils fixèrent tous deux l'écran de la caméra, scrutant chaque détail et chaque mouvement des personnes filmées. Ils savaient que chaque seconde comptait dans cette enquête et qu'ils ne pouvaient pas se permettre de commettre des erreurs.
Pendant ce temps, Mour continuait de dissimuler ses émotions, consciente qu'elle devait se concentrer sur la tâche à accomplir. Elle ne voulait pas que ses collègues se doutent qu'elle se sentait coupable de la mort de Godan. Elle avait la réputation d’être forte et peu émotive, ou uniquement colérique et elle ne voulait pas qu’on la voie s’apitoyer sur le sort d’un de ses collègues, fut-il un de ses subordonnés.
Pendant le visionnage de la vidéo, ils observèrent Espada recevoir la visite d'un de ses complices. Ce dernier s'approcha du criminel et lui murmura quelque chose à l'oreille. Sur la vidéo, le criminel semblait contrarié et se leva pour donner des ordres à ses hommes. Puis la caméra le montra se dirigeant vers la sortie avant de disparaître définitivement du champ de vision.
« -Regardez ici », a dit Cena en pointant l'écran. « Le timecode indique que cette scène s'est déroulée une heure avant notre intervention. »
Mour regarda en silence, jugeant par le déroulement de l'action, qu'il semblait qu'Espada avait été informé de l'opération policière peu de temps avant son déroulement. Les deux lieutenants se regardèrent, se demandant comment cela était possible, car l'information avait peu circulé même parmi les agents concernés. Mais il y avait au moins quelqu’un qui semblait savoir : le porteur du dispositif espion.
Vers la fin de la vidéo, le porteur du dispositif semblait s'isoler dans une pièce que Cena avait réussi à identifier en raison de sa reconnaissance des lieux la veille. Ils virent la main de l'individu tenir ce qui ressemblait à un marqueur avant qu'il ne finisse par écrire sur le mur : « Capitaine Kishi, j'ai des informations à vous remettre, venez seuls. ». Puis l'enregistrement s'arrêta net.
Mour se leva d’un bond, visiblement intéressée par ces dernières images plus que de raison, s'adressa à Cena :
« -Nous devons y aller sur le champ !»
Cena acquiesça en silence, pourtant il restait pragmatique
« -Je comprends, mais c'est trop risqué. Nous devons prévenir le capitaine qu’un message lui a été adressé et attendre ses directives. Nous ne pouvons pas agir inconsidérément. »
Mour plissa les yeux et croisa les bras. Elle comprenait l’argument de son collègue, mais quelque chose, certain appellerait ça l’instinct, lui dictait de se rendre elle-même sur les lieux et de rencontrer ce mystérieux individu.
« - On ne peux pas se permettre de perdre du temps, ce type pourrait décider de disparaître sans laisser de trace.
- je veux bien, mais hier je n’ai vu personne dans cette pièce-là. Sans parler du fait qu’il peut s’agir d’un sombre traquenard. »
Salakk, qui avait écouté leur conversation, intervint :
« - Je suis d'accord avec Cena, Mour. Nous devons suivre les procédures. Nous ne pouvons pas nous permettre de prendre des risques inconsidérés. »
Mour regarda tour à tour Cena et Salakk, puis finit par baisser la tête. Elle connaissait les procédure presque par cœur et généralement elle les appliquait. Mais là, il y avait quelque chose au fond d’elle qui brûlait tel un feu ardent qui la poussait à vouloir aller contre. Sa culpabilité, l’envie de découvrir la vérité, sans parler qu’elle voulait confronter l’individu et le forcer à lui dire pourquoi il n’était pas intervenu pour aider les agents infiltrés.
Elle serra les poings avant d’inspirer et d’expirer bruyamment. Elle fixa ses collègue de ses yeux ardent tels de minis brasiers, son visage figé dans une expression de Cena avait appris à reconnaître au fil de temps qu’il travaillait avec elle : elle était déterminer à suivre son instinct.
« - Je comprends, mais mon instinct me hurle que si je n’y vais pas, nous allons rater une occasion de recueillir des informations capitales. S’il le faut, j’agirais seule. »
Cena soupira, comprenant que sa collègue ne reviendra pas sur sa décision.
« - Je ne peux pas te laisser partir seule. Je vais t'accompagner, je te suivrais en mode invisible. Comme sa, même si c’est un piège, il ne s’attendra pas à me voir. »
Mour sourit en guise de remerciement, elle savait que avec Cena, elle aurait un support fiable et indétectable en cas d’embuscade. puis se tourna vers Salakk. Ce dernier hocha la tête, un sourire triste aux lèvres.
« - Je comprends votre ressenti, mais soyez prudents tous les deux. Néanmoins je vais devoir prévenir le capitaine.
- Tu veux bien nous laisser dix minutes d’avance ?
- Seulement cinq. Allez, filez tout de suite avant que je change d’avis.
Mour et Cena échangèrent un regard, puis sortirent de la pièce en direction de leur objectif, prêts à affronter tout ce qui se dresserait sur leur chemin. Salakk de son côté se mit à pianoter son bureau de ses deux mains droites de manière régulière, lui permettant de savoir avec exactitude le nombre de second et de minutes qui s’écoulèrent. Puis une fois que les cinq minutes furent passées, il activa son scouteur et appuya sur le bouton d’appel.
« - Capitaine ? Je vous dérange ?… Oui, c’est Salakk… Non, elle n’est plus ici, elle vient de partir… Justement, à ce propos, il faut que je vous dise quelque chose... »