même si j'avais décroché après que Suika (si je ne confonds pas trop) je soit réunifié pour combattre Le-Retour-de-Boo
T'avais décroché au début en fait XD Tain DBNS... ça me rajeunit pas tout ça >_<
Mah... puisqu'on y est...
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Châpitre 10
Séparation 別居
11 Avril 1789
«Comment m'avez-vous retrouvé ?»
La question était venue soudainement alors que nous marchions tranquillement dans la grotte. Après tout ça ne coûtait rien de lui dire : Kina sortit le radar de sa poche et le lui lança en lui expliquant que cet objet indiquait en fait sa position. N'esquissant guère plus qu'une moue à peine intriguée en contemplant l'objet, il ne répondit rien malgré l'étrangeté de la chose. A croire que plus rien ne l'étonnait depuis qu'il avait vu Kina en colère... Ayant une vision plus développée que les humains et étant habitués à vivre sous terre, nous n'avions aucun mal à nous repérer dans cette grotte sombre, et nous arrivâmes enfin au passage : une petite cavité qui était un cul-de-sac en apparence. Kina et moi nous avançâmes les premiers, puis en me baissant, je pressai un endroit précis de la paroi à environ 50 centimètres du sol... la cavité dans laquelle nous nous trouvions commença alors à s'affaisser, puis à descendre de plus en plus vite. En nous retournant, nous vîmes avec surprise que les pieds de Kyôjô ne descendaient pas en même temps que la petite cavité... Mes yeux commençaient à s'écarquiller en me rendant compte de ce qui se passait. Alors que l'espace qui séparait le plafond de la cavité du sol de la grotte s'amenuisait rapidement, Kyôjô s'accroupit et nous regarda de haut avec une expression neutre...
«Désolé, mais j'ai quelque chose à faire.
-Kyôjô ! Qu'est-ce que tu fous ?!
-Oubliez-moi, vous ne vous en porterez pas plus mal.
-Kyô...»
A peine eut-il fini sa phrase que Kina et moi fûment plongés dans le noir le plus complet, l'ascenceur de pierre nous ramenant à Arata. Cinq minutes plus tard, l'ascenseur s'arrêta, ouvert sur un escalier descendant et éclairé par les lampes qui ornaient les parois du couloir. Kyôjô nous avait bien roulés... mais pour une raison ou pour une autre, le radar nous permettrait de le retrouver facilement. Kina chercha dans les poches de son pantalon... puis de toutes les poches qu'elle avait sur elle...
«Dépêche-toi de le retrouver, s'il-te-plaît, le temps presse !»
Elle resta immobile un instant, comme si elle venait de se remémorer un détail... détail qui curieusement me revint aussi peu après...
«Oh non... s'interloqua Kina. C'est pour ça qu'il nous a demandés comment on l'avait retrouvé tout-à-l'heure...»
C'était inattendu... Il nous avait fallu 5 minutes pour arriver en bas, et il nous en faudrait autant pour remonter à la surface : ça donnait à cet idiot tout le temps de s'enfuir. Et il avait gardé le radar sur lui pour être sûr qu'on ne le retrouve pas cette fois... Vraiment, Kyôjô nous avait bien roulés.
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On ne pouvait pas dire que c'était de gaité de coeur... mais j'étais enfin débarassé d'eux. Plus important : il fallait que je retrouve ce type dont les paroles m'avaient intrigué. "Kyôjô, tu t'es multiplié ?" avait ironisé Jin. Mais il n'avait pas vraiment tort : cet inconnu semblait penser la même chose que moi, et j'avais bien l'intention de remettre la main dessus. Je sautai sur le toît de la grotte pour avoir une meilleure vue, et il ne me fallut pas longtemps pour trouver ce que je cherchais...
«T'es pas descendu avec tes camarades, toi ? dit une voix fatiguée venant de derrière moi...»
Il se tenait accroupi, regardant au loin en direction de la ville à quelques centaines de mètres de là. Il poussa un large baillement avant de se tourner vers moi avec des yeux cernés de noir et un visage qui n'exprimait pas grand chose...
«Qu'est-ce que tu veux...?
-Je te cherchais. Ce que tu as dit tout à l'heure... je pense la même chose. Alors j'aimerais...
-Tu aimerais te joindre à moi... je suppose ?»
Suivirent quelques secondes de silence... puis avant même que j'eus le temps d'esquisser une réponse, cet étrange individu se retrouva à côté de moi, une main dans la poche, l'autre aggripant mon T-Shirt, sans même me regarder.
«Bien... Allons discuter au calme, ça grouille de chasseurs par ici. Accroche-toi.»
Sitôt ces mots prononcés, ses pieds décollèrent, j'agrippai presque instinctivement son bras, fermai les yeux, et quand je les rouvris quelques secondes plus tard nous flottions à plusieurs centaines de mètres du sol et de l'endroit où nous étions ! Nous volâmes ainsi pendant encore un bon kilomètre, puis il me déposa tranquillement sur une colline au milieu d'une prairie, apparemment assez loin des habitations... Il s'assit en tailleur en face de moi et me regarda d'un air inexpressif avant de prononcer une phrase quasi-monosyllabique...
«Vaki.»
Sur l'instant, je ne compris pas tout. Il m'avait traîné pendant des kilomètres sans me demander mon avis et me sortait une histoire d'oreiller... Voyant mon air ahuri, il pointa son pouce dans sa propre direction.
«Vaki... c'est moi.
-C'est bizarre... lui répondis-je, incrédule.
-C'est bizarre mais c'est mon nom. Reprit-il nonchalamment. La première chose à faire pour faire connaissance, c'est de se présenter il me semble. Et donc tu es...?
-Kyôjô... je voulais te parler, mais tu ne m'as pas vraiment laissé le temps de...
-Ah oui c'est vrai, tu étais intrigué par mes paroles c'est ça ?
-Oui, je me disais que...
-Et donc je suppose que tu veux m'aider dans mon but...?
-Euh... j'aimerais déjà savoir...
-T'as quel âge au fait ?
-LAISSE-MOI PARLER !!! vociférai-je, profondément agacé par l'indiférence totale que ce type semblait porter à ce que je disais.»
Un peu surpris, il m'adressa un sourire du type "faut pas s'énerver pour si peu mon p'tit gars" puis repris sur un ton -une fois n'est pas coutume- sérieux.
«Bon, pour en venir au fait : puisque tu dois sans doute te le demander, je vais t'expliquer ce que je faisais là-bas.
-C'est ce que j'essaie de te demander depuis tout à l...
-Mah... Peu importe ! me coupa-t-il pour la énième fois. La ville qui était là-bas tu vois, c'était Satan, une ville très célèbre.
-Je connais, merci... et ? Pourquoi surveilles-tu cette ville ?
-Cette ville, vois-tu, a une particularité : c'est l'un des rares vestiges de ce qu'on appelle communément "l'Ancien Monde". Le Monde tel qu'il était avant d'être ravagé par cent vingt-deux années de guerre. Elle a été baptisée "Satan" en l'honneur d'un héros qui avait débarrassé la Terre d'un horrible monstre... soi-disant. Enfin bref, ce Satan est celui qui a révélé aux yeux du monde les noms des douze héros qui se sont sacrifiés il y a de cela plus de mille ans. Tu sais ce que sont devenus ces héros ?
-Je ne sais pas comment c'est possible mais... on dit que leur esprit est enfermés dans des stèles à l'intérieur d'une pyramide, dans le Désert du Sud...»
Vaki claqua des doigts et sa voix commença à paraître plus éveillée.
«Exactement. Sans rentrer dans les détails, c'est là-bas que se situe notre objectif.
-... "notre"...?
-Les humains, dans leur lâcheté et leur ignorance ont décidé que nous, Sarunin, n'avions pas le droit de vivre sur cette terre. De fait, notre race s'est retrouvée contrainte de vivre à l'ombre de la société, et de se terrer dans des galeries humides et souterraines...
-Tu ne m'apprends rien...
-Oui. Nous vivons sous terre, sous eux : autrement dit, jour et nuit... les humains nous piétinent.»
La vision était imagée mais reflétait tellement la réalité que je ne pouvais rien y répondre... Aussi fatigué que Vaki eût l'air, je ne pouvais que m'entendre avec lui.
«Tu comprends ce que ça veut dire ? Outre notre droit à vivre sur cette terre, c'est notre dignité qui est bafouée depuis plus de 500 ans. C'est pourquoi Rivina a été créée.
-Ri... vina ? Est-ce une sorte d'organisation ?
-On peut dire ça comme ça. poursuivit-il avec un léger sourire. Un groupe révolutionnaire. Si tu veux te joindre à nous, tu devras rencontrer notre leader. Ainsi tu pourras nous aider à reprendre ce qui nous a été volé : nos terres, nos droits, notre existence. Notre honneur. N'est-ce pas ce que tu souhaites ? Kyôjô...»
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12 Avril 1789
Cela faisait déjà trois jours que Hevi était inconscient. Ça n'était pas que j'étais inquiète mais... Je ne pouvais pas m'empêcher de faire les cent pas devant sa chambre. Pourquoi faire ? Si il se réveillait, je le saurais bien assez tôt, que je sois ici ou chez moi n'y changerait rien ! Mais je préférais quand même être ici... mais pourquoi puisque je n'avais aucune raison de m'inquiéter ?! C'était trop bête. J'étais trop bête. Et surtout IL était trop bête. Enfin même si ça n'était pas très malin de sa part de s'aventurer seul en plein désert, je me demandais quand même bien ce que ce Sarunin avait pu faire pour le mettre dans un tel état. Hevi n'était pas quelqu'un qu'on pouvait battre facilement - il avait terrassé un dragon des neiges de 3 mètres de haut à l'âge de 8 ans - et c'était un adversaire redoutable même pour les Sarunins adultes. A ce qu'on m'avait dit, ces derniers attachaient beaucoup d'importance au nom. Soit ils le donnaient en fonction de la première impression qu'ils avaient à la naissance de l'enfant, soit suivant ce qu'ils aimeraient qu'il soit... Quoiqu'il en soit, ils considéraient le nom comme un élément déterminant de la personnalité présente ou future de l'enfant. Et cela s'appliquait parfaitement pour Hevi : tantôt indifférent et calme, tantôt puissant et rageur, et avec toujours ce besoin constant d'espace et de liberté, ne se soumettant jamais à rien ni personne... Le "vent", c'était ce qu'il était. C'était ce que sa mère sarunin et son père humain voulaient sans doute qu'il soit. Un tel enfant n'aurait pu être accepté par aucune des deux sociétés, alors quitte à ce qu'il vive sans ses parents naturels, autant que ce fût de façon indépendante... Ainsi, Dorowen était le refuge idéal pour lui. Des enfants et adultes comme lui, il y en avait à la pelle ici, loin des juridictions et des règles intolérantes de l'Union.
Une infirmière qui passait par là me rappela pour la troisième fois que Hevi était pour l'instant hors de danger et qu'il valait mieux que je rentre chez moi me reposer... C'était sans doute mieux en effet. J'ouvris la fenêtre la plus proche et m'envolai jusqu'à chez moi sans me presser...
«Ce pays accueille ceux que personne n'accueille... Des rumeurs courent même comme quoi il abriterait des Sarunin. N'est-ce pas ? Sarunin.»
En effet, la présence de gens comme moi pouvait alimenter ces rumeurs... mais elles étaient fausses. Aucun Sarunin pure souche ne venait chez nous, comme si ils ne voulaient pas de la pitié des gens ou qu'ils s'efforçaient de rester solidaires envers leurs semblables - sans doute un peu des deux. On disait qu'ils vivaient sous terre, sans que personne n'ait jamais pu le vérifier de ses propres yeux... C'était d'ailleurs pour ça que le Roi de l'Union donnait de plus en plus de moyens aux 3 Ecoles pour leur éradication. De même, malgré le fait que Dorowen se soit retiré de l'Union, si les Sarunins venaient à être trop nombreux chez nous, le Roi n'hésiterait pas à envoyer ses troupes et à nettoyer la région. Il craignait sans doute que les Sarunins ne se développent et deviennent trop nombreux pour devenir à long terme une menace pour l'espèce humaine. Il était vrai qu'ils étaient redoutables en combat, et des tas d'histoire effrayantes courraient sur des "pouvoirs occultes" qu'ils possèderaient. Ça n'était peut-être pas que des histoires d'ailleurs : je me moquais un peu de savoir si ce Sarunins aimait dormir dévêtu au milieu de la neige, mais son pied semblait bien petit pour de si grandes empreintes de pas.
En survolant Doún-Kaos, la ville la plus au nord du pays, on pouvait distinguer clairement la disposition des rues et des maisons : toutes les rues formaient des cercles concentriques et convergeaient vers une zone inhabitée de quelques centaines de mètres de diamètres, au centre de laquelle elle se tenait, droite, mystérieuse, et imprenable : la tour Karin. L'édifice qui faisait s'arracher les cheveux des architectes et des physiciens depuis des siècles. Et pour cause : aucun raisonnement scientifique, aussi poussé soit-il, ne pouvait expliquer comment une tour en pierre d'à peine deux mètres de diamètre, d'une hauteur à peine estimable et dont la pierre était noircie et craquelée pouvait tenir debout... Maintes fois, les scientifiques du monde entier ont voulu voir ce qui se trouvait en haut, mais lorsqu'ils croyaient en voir le sommet, ils se retrouvaient inexplicablement en bas sans rien comprendre à ce qui leur arrivait. Le sommet de cette tour semblait inaccessible, du coup des tas de sectes et de groupes excentriques avaient fleuri en clamant que le sommet de cette tour était le domaine de Dieu et que les hommes qui tentaient la folie de l'atteindre ne réussissaient qu'à descendre plus bas... ou autres fabulations dans le genre. Cette tour était un tel mystère et une telle attraction touristique que c'était d'elle que la ville tenait son nom de "Tour Noire".
Sans vraiment m'en rendre compte, j'étais déjà arrivé chez moi. Une maison en pierre, ronde, toute simple, ni petite ni vraiment grande. Tout était simple ici. Je n'avais pas faim, mais je mangeai quand même, pour faire plaisir à Maman...
«Ça fait trois jours que tu ne dis presque rien... Hevi ne va pas mourir pour si peu tu sais... me disait-elle en lavant distraitement des assiettes.»
"Pour si peu"... les blessures qui lui avaient été infligées, je n'appelais pas vraiment ça "si peu". Je posai ma tête sur la table en continuant à mordiller ma fourchette... Je n'avais plus vraiment le moral ces derniers temps. Pourtant à part Hevi, tout allait bien dans cette vie presque ordinaire. A part Hevi...
«Kain était inquiet, autant pour lui que pour toi tu sais ?
-Kain est inquiet pour tout le monde. Il devrait plutôt s'inquiéter des affaires de la ville. Qu'est-ce qu'un type aussi important que lui fait à trainer à la frontière ?
-Tu sais bien que pour Hevi c'est différent. C'est le fils adoptif de l'Intendant de la ville, il pourrait être kidnappé pour demander un ranç...
-Maman, on parle sérieusement là. Si c'était le cas, c'est pour le kidnappeur qu'il faudrait s'inquiéter...»
Elle pouffa légèrement à ces mots, poutant véridiques. Si les gens craignaient vraiment qu'il arrive quelque chose à cette force de la nature qu'était ce garnement, tout le monde serait parti à sa recherche. Mais personne n'a bougé le petit doigt... même pas Kain, aussi inquiet qu'il veuille paraître.
«Tu dis ça, reprit ma mère en continuant à sourire, mais tu es la première à être partie à sa recherche...
-...
-Tu y tiens beaucoup, je me trompe ?
-Tch... ce sale gosse ? J'vois pas ce qui te fait dire ça...
-On dirait une grande soeur qui fait semblant de déstester son petit frère...
-Maman, je t'entends tu sais...»
Une grande soeur et son petit frère ! N'importe quoi ! Vraiment n'importe quoi...
Quelques heures plus tard, je sentis l'aura d'Hevi qui redisparut presque aussitôt. Cet idiot espérait s'enfuir en dissimulant son aura. Si il fallait le ramener, ça serait sans moi cette fois !
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10 Avril 1789
Alors que je déambulais dans les couloirs de l'école pour aller rendre ma visite hebdomadaires aux élèves, je sentais que quelque chose clochait dans mon dos... comme une présence... Faisant comme si je n'avais rien remarqué, je continuai de marcher impassiblement... Puis je sentis la chose se rapprocher... Elle commença à presser le pas... La chose passa ses bras devant moi et tenta de m'enlacer... Mon pied partit au quart de tour dans un mouvement circulaire, comme un réflexe, se chargeant d'encastrer la tête de la chose dans le mur du couloir. La chose souriait bêtement, ne semblant pas se préocuper du léger picottement dans sa joue.
«Tes réactions sont toujours aussi vives. me dit la chose en essayant de rompre le contact entre mon pied et son visage. Fait longtemps que je ne t'avais pas vue, tu es encore plus belle qu'avant...
-Eh bien eh bien... me contentai-je de répondre en souriant. Que me vaut l'honneur de cette visite, Commandant Kalza ?»
En s'époussetant et en retirant les débris du mur sur son uniforme, il soupira puis me sourit tendrement... pas le sourire benêt et extatique que je voyais tous les jours sur les lèvres des cloportes. Non, un sourire vraiment tendre, presque gênant. Mais pas désagréable malgré tout...
«Hem... je réitère ma question : "que me vaut l'honneur de cette visite ?"
-Tu es vraiment pas drôle... fit-il avec une moue boudeuse et un accent qakhlenique exécrable. J'ai visité l'ancienne prison desafectée au milieu de Chiyuki ces derniers jours. Comme c'était à deux pas d'ici, je me suis dit que je pourrais te rendre une petite visite.
-Tu désirais donc à ce point me revoir ? Comme c'est touchant. A moins qu'il y ait une autre raison...
-Mmmoui... Une raison plus administrative disons.»
Tout en continuant à marcher, il hésita un moment, comme pour chercher ses mots, en se pinçant l'arrête du nez. Une petite goutte de sueur perla sur sa tempe, puis il se décida à reprendre avec un peu d'hésitation...
«Ça m'arrangerait que...
-Ça t'arrangerait ? Ça commence mal...
-...tes hommes évitent d'attaquer... une personne en particulier... un Sarunin...»
Nous arrêtâmes de marcher un instant... une goutte de sueur avait perlé sur son autre tempe...
«Ça n'a aucun sens. Pourquoi devrais-je donner un ordre aussi absurde à mes subordonnés ? Tu sais ce qu'il en coûte de protéger un Sarunin, non ?
-Certes, mais... c'est un prisonnier. Un Sarunin très "spécial " !
-Bien sûr bien sûr. Et donc, ce prisonnier qui était sous TA responsabilité s'est échappé, c'est ça ?»
Il commença à suer à grosse gouttes, comme un espion percé à jour...
«Dans le cas... reprit-il en se tenant le menton et en regardant ses pieds. tu peux leur dire de le capturer vivant ! C'est ça !
-Ce que tu dis n'a vraiment aucun sens... et puis si le Roi l'apprenait...
-Alors il suffit qu'il ne l'apprend pas...»
Le silence se fit dans le couloir. A croire que Kalza aimait jouer avec le feu. En fait, pour le peu que je connaissais de lui, il ne semblait pas vraiment prendre son rôle de Commandant au sérieux...
«Au fait, tu m'avais rendu visite il y a plus de six mois, quand tu es devenu Commandant, mais je vois que tu parles toujours aussi mal la langue locale ! Être polyglotte fait partie des compétences requises pour être Commandant pourtant. Franchement, c'est pas sérieux...
-Tu es méchante ! répliqua-t-il en gémissant comme un gosse. Le Qakhlen est pas une langue facile ! Tant que tu comprends ce que je dis c'est le principal... Et puis je me suis un peu amélioré d'abord...
-Ton accent est quand même immonde. Et puis d'ailleurs... commence pas arrêter de me tutoyer, on n'est pas des amis proches.
-Tutoiement, vouvoiement... il n'y a pas une chose telle dans la langue de chez moi ! Tu te gènes pas pour me tutoyer toi... mais au fait, tu changes de sujet là !!!
-Commandant Kalza. dis-je sur un ton neutre en commençant à pousser les portes. Qu'une chose soit bien claire : vous n'avez aucune autorité sur mes hommes, et encore moins sur moi. Je ne leur donnerai pas un tel ordre, ce n'est pas la peine d'insister.»
Sans me retourner, je m'avançai sur le balcon sur lequel m'attendait le Lieutenant Dolann, bordé sur les côtés par deux escaliers, et surplombant la grande salle où les élèves de l'école Son Gohan prennaient leur petit déjeuner. Toutes et tous se levèrent d'un seul homme, droits comme des i, répondant à l'unisson au salut que je leur adressai. Toutes et tous me respectaient comme je les respectait. Toutes et tous étaient comme une grande famille, sur laquelle je devais veiller du mieux que je pouvais. Je n'abandonnerais jamais le plus petit d'entre eux. Ainsi concevais-je mon rôle...
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11 Avril 1789
En remontant, nous pensions pouvoir appercevoir Kyôjô en regardant aux alentours. Mais il n'était visible nulle-part, sans vraiment que nous puissions expliquer comment il avait pu disparaître aussi vite... Quoi qu'il en fût, retrouver Kyôjô revenait à chercher un caillou dans l'océan ; nos chances de le retrouver étaient desormais bien compromises. Jin et moi avions bien une idée de l'endroit où il se dirigeait mais... était-ce vraiment une bonne idée de le chercher si désespéremment ? Après tout il avait choisi son chemin, en ne cherchant jamais à nous y impliquer. Que pouvait-on faire contre ça ? Avait-on le droit de l'en empêcher ? "Si je trouve quelque chose, tant mieux ! Si il n'y a rien, tant pis !", "Je n'ai rien à espérer d'une telle vie !", "Oubliez-moi, ça vaudra mieux pour vous." Ces paroles se faisaient sans cesse écho dans notre tête, impossible de ne pas y penser. Au fond, il avait peut-être raison : on ne gagnerait rien à le poursuivre avec de si faibles chances de le retrouver. Nous marchions au milieu d'une gallerie circulaire, très large et très ramifiée par laquelle beaucoup de Sarunins circulaient toute la journée, une sorte de "grande place". Pourtant, je me sentais à moitié consciente, ne sentant pas vraiment les présences autour de moi, même pas celle de Jin... Je plaquai la paume de ma main contre mon front en fermant les yeux et en souriant... toujours en souriant...
«Je suis... vraiment pitoyable... abandonner si facilement... je suis vraiment...»
Ma respiration se faisait plus saccadée, j'avais cette sensation qu'une main compressait mes poumons... cette sensation que je connaissais trop bien depuis toute petite... je m'effondrai sans doute... je ne savais plus trop en fait... tout était flou... des voix inidentifiables m'appelaient... j'étais allongée... faible... au milieu de tous... que pouvais-je faire avec ce corps...? J'étais vraiment pitoyable.
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25 Avril 1789
«Bon... J'aimerais t'expliquer plus en détail, mais je dois retourner à ma surveillance. Nous avons des bases cachées dans à peu près toutes les régions, mais les nouveaux doivent se rendre à une base particulière : tout à l'Ouest de la région d'En, dans la ville de Kukai. Comment trouver la cachette ? Tu le sauras bien vite une fois là-bas. Il ne me reste plus qu'à te souhaiter bonne chance, et... tâche de rester en vie.»
Il ne m'avait pas expliqué grand chose finalement... enfin il me suffirait de me renseigner une fois arrivé à destination. Néanmoins son souhait de bonne chance m'allait droit au coeur : ma destination se trouvait à pas moins de 6 000 km de là. Cela faisait deux semaines déjà... J'avait traversé la chaîne de montagne qui séparait Dumia de Dracheim, et traversé cette région. Il me restait à traverser celle d'En et à entrer dans la ville de Kukai sans me faire prendre en chasse... sans oublier qu'il me fallait d'abord traverser l'un des gigantesques Ponts Jumeaux qui reliaient le continent de Rachmius à celui d'Onmu. Des ponts de 300 kilomètres de long qui semblaient parfaitement inutiles mais dont les humains étaient étrangement fiers. Traverser l'un d'eux à pieds était proprement suicidaire pour un Sarunin ou pour n'importe quelle personne censée. Mais Jin n'avait cessé de me répéter que ma quête était suicidaire depuis le début, alors autant qu'elle le fût jusqu'au bout !
Après avoir jeté discrètement à l'eau le cadavre du chasseur dont je venais de me débarasser, je pris soin de dissimuler ma queue. Mais paradoxalement ce lambeau de queue était plus difficile à cacher qu'en temps normal, et le détail que j'oubliais trop souvent, c'était que les chasseurs allaient toujours par deux... J'entendis tout d'abord comme un petit "clic" derrière moi. Et une voix me criant "Oyaskinada !" ou quelque chose approchant. Ensuite un "bip", et le chasseur commençant à baragouiner un rapport ou quelque chose du genre. Puis une petite explosion, ou quelque chose qui y ressemblait. Suivi d'un cri du chasseur et d'un bruit d'effondrement. Et enfin, j'entendis une voix de fille dans une langue que je comprenais cette fois.
«Eh bah eh bah ! Si je m'attendais à tomber sur toi, Hyôjô ! Drôle de coïncidence ! Kina et le gringalet sont pas avec toi ? C'est pas plus mal en fait.»
Ça n'était pas vraiment une voix à laquelle je m'attendais. Et pas vraiment une voix que j'avais envie d'entendre non plus...
à suivre...
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Châpitre très court encore une fois. L'histoire et l'univers continuent de se mettre en place, et je préfère prendre mon temps pour ça. Aussi beaucoup de passages de ce châpitre vous sembleront relativement inutiles scénaristiquement parlant... le passage du point de vue de Kina est plus ou moins improvisé d'ailleurs, je l'ai écrit un peu sur un coup de tête...
Pour le côté "géographique" de la chose, il ne me semble pas qu'on voit de carte du monde dans le manga... je prends donc quelques libertés à ce niveau là (concernant la situation de la tour Karin ou de Satan City notamment).
Ça va vous paraître con que je dise ça mais l'histoire prend une tournure à laquelle je ne m'attendais pas X) A vrai dire pour la suite de la fin du châpitre j'hésite un peu sur la façon dont ça va se passer...