par Kame-boy le Mar Nov 30, 2010 0:11
Chapitre VIII :
Alors que le soleil se levait timidement et n’osait encore envahir de sa lumière la grande citée endormie, deux saiyens marchaient d’un pas pressé. Ils se retournaient de temps en temps et privilégiaient les zones ombragées.
- Dépêche toi Baji, j’ai rendez-vous dans une heure avec l’équipe ! Si je suis en retard, ils feront vite le lien avec ton évasion !
- Je fais ce que je peux, je te rappelle que je suis blessé au mollet ! Et puis, pas de panique, on devrait arriver dans à peine 20 minutes ; ensuite, tu pourras rentrer en volant. Tu es largement dans les temps ! répondit l’évadé, sur un ton qui se voulait rassurant mais qui trahissait sa fébrilité.
- Bon, je te fais confiance… Mais t’auras intérêt à m’envoyer un colis pour me remercier. Fais pas de folie, tu sais que je suis quelqu’un de simple… Une capsule spatiale home-cinéma suffira, plaisanta Toumorokoshi, plus pour se mettre à l’aise que pour amuser la galerie.
Bajiri ne s’étaient pas trompé de beaucoup et, moins d’une demi-heure après, arriva avec son ami devant un gigantesque hangar, surmontée d’une tour de contrôle. À cette heure-ci, le coin était désert, seul le vent frappant avec insistance sur la taule se manifestait. Le membre de l’escouade officielle se dressa alors fièrement, bomba le torse et annonça l’œil pétillant de malice :
- Tala tata ! Mais qui voilà ?! C’est Toumo le sauveur ! Oh, mais que vois-je dans mon magnifique plastron ?
- Arrêtes de me faire marcher… De quoi tu parles ? demanda un Bajiri impatient mais ne pouvant dissimuler une pointe d’amusement.
Le saiyen d’élite se rendit compte qu’il n’avait plus le temps de faire le spectacle et sortit, sans tarder, une fine télécommande de son armure. Il y composa un code et la porte du spatiodrome s’ouvrit sèchement. Les deux complices entrèrent prudemment, allumant automatiquement le hall au passage.
- Où as-tu eu ça ? demanda le fuyard, surpris.
- Ca fait partie du paquetage saiyen, c’est la classe ! J’ai trouvé ça avec un petit manuel sur le lit de ma chambre. J’en ai tout de suite senti l’utilité pour ce soir.
- C’est bien beau tout ça, mais on va où maintenant ?
- Hum… Je sais pas exactement, j’ai pas eu le temps de potasser. Il me semble qu’on accède à la salle d’embarquement par un tapis roulant…
- Donc cesse un peu de parler et tendons l’oreille ! conseilla gentiment Bajiri.
- Euh… T’es sûr qu’ils l’actionnent aussi tôt ? En l’absence de personnel ?
- N… non… répondit le saiyen aux cheveux courts, gêné.
- Laisse faire mon gars, j’ai ma petite idée…
Toumo plongea la main dans sa tenue protectrice et en sortit, cette fois-ci, un scaouter flambant neuf.
- Et ben, tu vas nous sortir quoi la prochaine fois ? Une fusée ?
- Chut… Tu n’y comprends rien ! Je suis le Parker Lewis saiyen !
- Qui c’est celui là ?!
- Un gus d’une autre planète qui a l’air d’avoir la cote. J’ai vu ça sur Google Space…
Tout en parlant avec légèreté, le « sauveur » réglait son détecteur et observait les données avec une intense concentration. Il annonça :
- C’est bien ce que je pensais… Nous ne sommes pas seuls !
Mais personne à plusieurs kilomètres à la ronde, quelques centaines de milliers de kilomètres plus loin… Courga et Kyabetsu continuaient leur progression, les visages fermés et jambes lourdes. Ce marécage sans fin aux vapeurs nauséabondes n’étaient pas leur meilleur ami.
- Saleté de bouillasse ! lâcha le petit saiyen, extenué.
- On va le trouver, garde ton sang-froid !
- On tourne en rond ! J’en serais presque à parier qu’il joue avec nous…
- Dis pas de bêtise ! Il n’a pas ni télécommande ni d'allié, cette planète est dépourvue d’intelligence animale. Je l’ai visité il y a 8 mois, je sais de quoi je parle ! Il ne peut pas non plus être dans les airs ; il y a un étrange nuage là haut. Je m’en suis approché lors de ma première visite et l’expérience ne m’a pas plu du tout… Je ne lui recommande pas !
- En tout cas, il ne nous reste plus que 40 minutes, ça me semble compromis… On ne peut même pas voler à cause de cette maudite gravité, maugréait un Kyabetsu abattu.
- Mais non… Nous approchons forcement de sa cachette, notre chemin en cercles concentriques va obligatoirement finir par nous mener à lui. De toute façon, il sait que, s’il bouge, nous le repérerons immédiatement !
- T’es sûr que ta technique apprise chez les Yar… Yatar… Yarat… enfin tu m’as compris… marche à tout les coups et que l’on pourra rentrer ?
- Je ne cesse jamais de m’exercer ! Pendant que l’on discute, je n’en ai pas l’air mais je continue à aiguiser mes facultés ! D’ailleurs, tiens toi prêt, je sens que l’on va avoir de la visite…
- De notre homme ?!
- J'en doute, c'est un groupe !
De fines et grandes mains pâles étaient posées sur celle d’un homme à la peau légèrement halée. Cette dernière appartenait à Tamato, paisiblement endormi. Il ne portait plus son armure, son corps n’était recouvert que de multiples bandages teintés de diverses plantes. Un flacon transparent contenant un liquide vert et bouillonnant fut porté à son nez. Ses narines firent alors quelques bonds, obligèrent le saiyen à grimacer, jusqu’à ce qu’un violent éternuement lui fasse faire un bond. Tiré violemment de ses songes, l’exilé ne savait plus si ce qu’il voyait était réel ou pas. De son regard perdu, il fixait l’inconnu qui se tenait assis à côté de lui. Cette personne étrange, de par les traits de son visage, semblait avoir une vingtaine d’années mais sa duveteuse chevelure blanche immaculée pouvait faire penser le contraire. Ses iris bleus clairs fixaient Tamato, sans bouger d’un millimètre, et mettaient mal à l’aise ce dernier. Le maquillage sombre cerclant les yeux n’arrangeait rien. La touche finale était une larme de clown triste tatouée sous l’œil, créant une atmosphère de mélancolie contagieuse. Le saiyen blessé ne savait plus s’il devait avoir peur, éprouver de la colère, de la tristesse. Tout cela se mélangeait… Il ne se posa alors qu’une simple question…
- Je sais ce que tu vas me demander ! Je vais te répondre… enfin à moitié… Je suis le visage triste de Thalès, Ukero !
- Le vi… visage triste ?!
- Pour reformuler, disons que ton frère n’existe pas vraiment.
Tamato, sous le choc, resta sans voix. L’inconnu, quant à lui, savourait l’effet de sa mystérieuse révélation.
- Thalès est peut-être ton « petit frère », je l’ai fait naître quand j’avais une dizaine d’années, mais sache que je suis plus âgé que toi, donc pas de familiarité entre nous !
L’état psychologique du fils de Salsifi changea encore, pour passer à un stade de crainte et de renfrognement protecteur.
- Tu penses que je suis fou ?! Je ne crois pas, mais c’est possible, je suis sûrement resté trop longtemps sur cette planète boueuse, dit l’énigmatique Ukero, une lueur de nostalgie dans le regard.
- Qu’à tu… qu’à tu fais de Thalès ?!
- Je constate que tu n’as toujours pas compris, remarqua le jeune homme aux cheveux blancs. Tu es dur à la comprenette… Ouvre bien tes oreilles : Thalès est seulement l’une de mes facettes ! C’est sans conteste l’une de mes préférées, j’y suis attachée, mais elle n’apparaît qu’à vos yeux. Je ne cesse jamais d’être Ukero, celui que tu vois devant toi, ici et maintenant ! assena l’homme tatoué, appuyant bien chaque syllabe.
- Mais qui t’as donné ces pouvoirs ?! Tu n’es même pas saiyen je présume.
- Si, malheureusement… Regarde ça !
Le mouvement de tête d’Ukero permis à Tamato de voir la blanche queue de son interlocuteur. Elle s’enroula, prenant tout son temps, autour de la taille de son saiyen de propriétaire.
- Mais, on a déjà trop blablaté, il y a d’autres priorités que de parler de nos vies. En plus ça me fatigue ce genre de discussions, on tourne vite en rond… Suis moi !
- Que comptes tu faire ?! J’ai encore pleins de questions ! demanda un Tamato à l’excitation anormale.
- Tu es bien curieux petit frère, répondit Ukero, insistant avec malice sur ces deux derniers mots.
Le saiyen aux longues mèches et grands yeux sentait qu’il était désormais une véritable girouette de sentiments, il ne comprenait pas ce qu’il lui arrivait. Il s’efforça de baisser son rythme cardiaque, puis assura :
- Si tu imagines que je vais t’accompagner je ne sais où sans broncher, tu te met le doigt dans l’œil !
- Parce que tu imagines avoir le choix ?!