Elle s'appelait Pan

Faîtes-nous partager votre fibre littéraire en écrivant votre propre histoire mettant en scène les personnages de Dragon Ball et, pourquoi pas, de nouveaux ! Seules les fanfictions textes figurent ici.

Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar Rusk le Mar Juil 07, 2009 0:12

Je crois que les "forces des ténèbres" sont plus des catastrophes naturelles engendré par l'utilisation trop fréquente des Dragon Ball.
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar RMR le Mar Juil 07, 2009 0:30

Je crois plutôt que ce sont les conséquences des déchaînements de puissance des forces des ténèbres. Parce que je trouve bizarre de parler de "combattre" et "vaincre" des catastrophes naturelles. Enfin, tout ça est un peu flou, ça aurait mérité une explication plus précise, je crois.
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar Hel le Mar Juil 07, 2009 8:55

RMR a écrit:Enfin, tout ça est un peu flou, ça aurait mérité une explication plus précise, je crois.


Non :mrgreen:
Pourquoi :
1) parce que je suis nulle en explications précises, et en descriptions en général, alors de là à vous décrire l'apocalypse... :lol:
2) parce que là, ça aurait pris deux plombes :lol:

Bref, c'est une des nombreuses failles de ma fic sur laquelle vous avez posé un doigt douloureux, mais jsute :mrgreen:
En fait, je m'imaginais davantage des trucs comme Hildegard dans l'OAV Tapion... Un truc immatériel, mais bon un truc quand même... et qu'on puisse combattre, et vaincre parfois... sauf qu'il y en a plein, partout, tout le temps, et bien plus puissants... :?

@RMR : je pense qu'on cite ta fic en exemple pour les combats, mais loin de moi l'idée de dénigrer ses autres qualités :wink: Arf, t'as de la chance, j'ai jamais été à la Japan Expo :roll:
Pour Pan, oui, elle est très forte, même si moins que les autres dans mon idée (elle n'était pas encore passée ssj). Comme c'était sous-entendu dans le chapitre, elle a vécu avec ses parents jsuqu'à 10 ans, donc entrainée par Gohan et Goku, normal. Puis tout a basculé, là il a fallu survivre, et à la fin s'est Piccolo qui était avec elle. Je considère donc qu'elle a malgré elle été obligée de beaucoup progresser.
J'aime bien Kaio, j'avais envie de lui faire un petit clin d'oeil, entre deux concours de "qui fait pipi le plus loin" :lol: Arf, tu as surement raison pour les dragons, je ne savais pas :(

@ dbphoenix10 : désolée :(
Bah, de toutes façons ici on peut tout imaginer, car la fille perdue qui revient avec 12 ans de plus, ce n'est pas fréquent :)

@ Rusk : pour les dragon ball qui n'étaient qu'une seule, je me base sur l'animé (hélas, oui, je sais :evil: ) où c'est bien Tortue Géniale qui raconte l'histoire, si mes souvenirs sont bons. Je ne doute pas que cela puisse être différent dans le vrai manga... :|

Allez, courage, plus que 4 chapitres : 2 de parlottes, et 2 de "combats" (enfin j'essaye :lol: )



Chapitre 13 : Duos

La main de Videl ne trembla qu’au moment de tourner la poignée de la chambre de sa fille. Pan, qui la suivait, balbutia :

- Si tu veux, je peux dormir dans le salon, je…
- Non, trancha Videl en ouvrant la porte. C’est ta chambre, elle a été vide bien trop longtemps.
- Mais je sais que…

La jeune femme s’interrompit devant le regard décidé de sa jeune mère. Celle-ci plongea ses yeux dans ceux de Pan et dit lentement :

- Oui, tu sais. Tu sais que tu n’es pas elle, tu sais qu’elle me manque, qu’elle me manquera toujours. Plus de dix ans de la vie de ma fille me manqueront à tout jamais. Et oui, je vais mettre longtemps, très longtemps à m’habituer à avoir une fille d’à peine onze ans de moins que moi. Je ne sais même pas comment je parviens à accepter cette situation, mais c’est un fait, je l’accepte. Tu es Pan, tu es ma fille. C’est une évidence totale, limpide, et cela seul me suffit. Le reste est une question de temps, et ne te concerne plus. Tu as assez souffert, il est temps que tu te reposes. Chez toi.

La gorge nouée, Pan acquiesça et un sourire doux étira les lèvres de Videl. La jeune fille passa devant elle et entra dans la chambre, sa chambre. Rien n’avait changé, rien n’avait bougé depuis ces heures dramatiques où elle était tombée malade. Les murs jaune pâle, le mobilier de bois clair, les jouets… La chambre gaie d’une petite fille de huit ans. La main de Videl se posa sur son épaule :

- Tu pourras aménager la chambre à ta guise. Je vais t’apporter des affaires à moi pour que tu puisses te coucher, il faut que tu dormes.
- Et… Et mon père ?

Sa jeune mère soupira :

- Gohan reviendra. Je ne sais pas quand, mais il reviendra. Ne t’occupe pas de cela.

Elles échangèrent un sourire amer. Videl sortit quelques habits à elle pendant que Pan se douchait, et une heure et un bon dîner plus tard la jeune fille se glissa, non sans appréhension, dans les draps frais du lit de son enfance. La nuit était tombée depuis un moment et seule la clarté lunaire, qui perçait entre les rideaux, baignait la chambre d’une pâle luminosité.
Pan resta un moment parfaitement immobile, dans cette petite chambre qui évoquait tant de lointains souvenirs. Elle connaissait le moindre des objets qui se trouvait là, la fissure dans le coin du plafond, la latte de plancher vermoulu qui grinçait dès qu’on mettait le pied dessus, le parfum de la lessive… Tout cela était à la fois si familier et si lointain. Elle réintégrait un monde qu’elle avait vu s’effondrer. Elle réintégrait un monde où tout serait dorénavant identique et totalement différent.
Elle sentit la présence de sa mère et baissa les yeux vers la porte ouverte. Bras croisés, debout dans l’embrasure, Videl l’observait.

En plusieurs mois, Videl n’avait franchi le seuil de cette chambre qu’une seule fois : c’était la veille, pour tout nettoyer, ôter la poussière accumulée en près d’une année. Son souhait se réalisait, après tout : Pan était là, dans cette chambre, dans ce lit. Pan était vivante, en bonne santé, et la vie reprenait son cours.
Mais ce n’était plus une petite fille de huit ans. C’était une jeune femme de onze ans de moins que sa propre mère, qui avait vécu, souffert. Ce n’était plus l’enfant innocente et espiègle qu’elle connaissait. Et pourtant c’était sa fille, c’était indéniable, chaque fibre de son être la reconnaissait à présent. Elle était belle ; elle était forte et fragile à la fois.

Videl s’approcha et vint s’asseoir sur le rebord du lit. Pan sourit alors que, d’un geste tendre et machinal, sa mère dégageait doucement une mèche sombre qui avait glissé sur le visage de la jeune femme. Elle murmura :

- Tu as hérité de la magnifique chevelure de Chichi.
- Oui, je sais.
- Tu ressembles énormément à ton père. Tu as son regard, sa force.

Un voile de tristesse passa à nouveau dans les yeux noirs de Pan mais elle s’efforça de répondre joyeusement :

- Mais j’ai ton mauvais caractère !
- Je crois bien oui ! acquiesça Videl en riant. Tu l’as toujours eu, hélas. Mais bon, il faut bien cela, pour tenir tête à ces saiyens.

Videl fronça les sourcils quand sa fille détourna le regard. La femme de Gohan hésita un instant, puis demanda d’une voix très douce :

- Tu es amoureuse de Trunks, c’est ça ?

Pan se mordit la lèvre et murmura :

- Oui.
- C’est… sérieux entre vous ?
- Cela l’était, oui, pour moi.
- Pour lui aussi.

Surprise, la jeune fille regarda à nouveau Videl. Cette dernière sourit tristement :

- Bulma a raconté à ta grand-mère ton départ de Capsule Corp. Et Chichi m’en a parlé, tu penses bien. Il était… très malheureux. Bien plus qu’il ne l’avait jamais été. Il t’aime, tu sais.
- Non, coupa Pan. Il aimait Asuka, et elle n’existe pas. Moi il me hait, car je lui ai menti, car je l’ai trahi. Il a raison, je ne mérite rien d’autre.
- Ma chérie…

La jeune fille se détourna, ravalant ses larmes. Elle acheva dans un souffle :

- Mais c’est Trunks. Il se consolera vite.
- Il est normal qu’il soit un peu… déstabilisé. Laisse-lui du temps. Si votre histoire en vaut la peine, vous vous retrouverez, un jour.
- Un jour… répéta Pan d’une voix atone. Maman ?
- Oui ?
- As-tu été amoureuse, avant de connaître mon père ?

Videl sourit :

- Non, jamais. Je n’étais pas du genre à m’occuper de ces choses-là, pas du tout. Les garçons ne m’intéressaient que lorsqu’il s’agissait de se mesurer à eux au combat. Et puis ton père est entré dans ma vie… et cela a été une évidence.
- Alors… tu n’as jamais connu de chagrin d’amour. Enfin, tu as cru qu’il était mort quand tu étais au palais de Dendé, mais ce n’est pas pareil… Moi Trunks est bien vivant, mais je l’ai perdu.
- Je suis désolée Pan. Mais dis moi…

Videl hésita un instant et seule la pénombre empêcha la jeune fille de déceler la rougeur sur les joues de sa mère. Celle-ci maugréa :

- Mon Dieu, moi qui me disais que nous n’aurions pas cette conversation avant des années, c’est raté…

Elle inspira un bon coup, et demanda d’une traite :

- Pan, que s’est-il passé exactement entre Trunks et toi ? Est-ce que…
- Oui, coupa la jeune fille dans un souffle, ses mains crispées sur le drap du lit.

Un silence suivit. Videl se raidit un instant, puis soupira :

- Ah. Je vois.

Pan prit son courage à deux mains, et enchaîna :

- Nous nous sommes embrassés le soir du Nouvel An. Je n’avais jamais connu d’autre garçon avant, c’était… vraiment nouveau pour moi, d’où je viens c’était évidemment notre dernière préoccupation.
- Je comprends, murmura Videl.
- Il était… tellement gentil avec moi. Il respectait mon silence, il était attentionné, prévenant, doux… Bien sûr parfois il se montrait dur, froid, comme Végéta, mais cela ne durait jamais. Tout était… si parfait. Je savais ce que nous risquions mais je ne pouvais vraiment pas le rejeter.
- Tu étais amoureuse, conclut Videl en souriant.
- Oui. Et puis un jour… c’est arrivé. Nous n’avons rien prémédité. Mais juste après j’ai…

La voix de la jeune fille se brisa un instant et sa mère fronça les sourcils.

- … Je suis partie, c’est le jour où j’ai quitté Capsule Corp. J’ai réalisé le mal que je faisais autour de moi…
- Pan, non, ce…
- Si, c’est cela. Je lui ai fait du mal. J’ai entretenu un rêve impossible, pour moi et pour lui. Alors j’ai fui. Et j’ai eu raison, tu as bien vu comment il a réagi ce matin, il est parti comme papa.

Videl caressa doucement la joue de sa fille et murmura :

- Je suis désolée. Alors, vous ne vous étiez jamais revus depuis ce jour ?
- Jamais. Je sais que je te déçois toi aussi. J’aurais du être plus prudente, attendre, comme papa et toi l’avez fait toutes ces années.

Une toux gênée l’interrompit et Videl détourna le regard :

- Oui, enfin bon, ton père et moi ne sommes pas non plus parfaits, hein.

Pan écarquilla les yeux :

- Quoi ? Mais je croyais… Enfin…Vous êtes restés ensemble longtemps avant de vous marier, et grand-mère disait toujours…
- Justement, il y a la version officielle, pour ta grand-mère entre autres… et puis la réalité des faits.

Un silence pesant régna quelques instants, avant que Pan ne pouffe de rire nerveusement et que Videl, écarlate, ne se mette à balbutier :

- Oui, bon, bref, ton père et moi c’est une autre histoire, hein, là il s’agit de toi ! Tout ce que je veux te dire, c’est que je ne te juge pas, loin de là. Je suis juste très triste que Trunks et toi en soyez là à présent. J’aime beaucoup Trunks, c’est un garçon adorable. Bon, pour ton père, c’est une autre histoire, je sens que tout de suite il va beaucoup moins l’apprécier… mais je pense que c’est le lot de tous les pères, après tout.
- Je ne vois pas pourquoi mon père en voudrait à Trunks, puisqu’il ne me considère même plus comme sa fille.

Videl soupira à l’amertume des propos de Pan, et lui caressa à nouveau la joue. Elle finit par se lever et gagna la porte de la chambre. La main sur la poignée, elle se retourna et sourit :

- Dors, Pan. Tu es chez toi à présent. Il faut que, tous, nous laissions le temps guérir nos blessures. Après… nous verrons bien ce que l’avenir nous réserve.

Elle s’apprêtait à refermer le battant quand, mue par une intuition, elle demanda :

- Dis-moi… J’ai une dernière question. Je sais que tu n’y as pas répondu cet après-midi, mais… Quel a été ton premier vœu ?

Pan hésita un instant puis murmura :

- Shenron m’a dit qu’il ne pouvait pas le réaliser, que cela dépendait surtout de moi. Mais je ne voulais pas souhaiter autre chose et risquer d’influencer l’avenir, encore. Alors je lui ai dit que c’était bien mon premier vœu, que je ne demandais rien d’autre. Il a fini par accepter, mais je crains qu’il ne se réalise jamais.

Videl attendit quelques instants, immobile, silencieuse, que la voix de sa fille s’élève à nouveau, dans un souffle :

- Je lui ai demandé que, peut-être, un jour, vous puissiez tous me pardonner.

La femme de Son Gohan sourit et, fermant doucement la porte, murmura :

- Shenron réalise toujours les vœux, quels qu’ils soient.

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Son Gohan avait volé, longtemps. Il était finalement arrivé sur la plateforme du Palais de Dendé, que baignaient déjà les premières lueurs de l’aube. L’édifice d’un blanc immaculé brillait sous la pâle chaleur du soleil levant et l’air limpide bruissait d’une brise légère.

Piccolo se trouvait debout, immobile sur le bord de la terrasse, sa cape se soulevant doucement au rythme du vent. Le Namek ne fit cependant pas un mouvement quand les pieds de Gohan se posèrent sur le sol, à quelques mètres de lui ; il dit seulement :

- Je t’attendais.

Le saiyen s’avança et s’assit, les jambes dans le vide, à côté de son sensei. Ils demeurèrent plusieurs minutes silencieux, sans échanger un regard. Puis la voix de Gohan retentit, emprunte de fatigue et d'incertitude :

- Piccolo, je ne sais plus quoi faire. Je suis perdu.
- Je ne peux malheureusement pas t’être d’une grande aide. Il est clair que vos sentiments et liens familiaux sont au cœur de tes interrogations, et cet aspect de vos personnalités m’est totalement étranger. Mais une chose est certaine : celle contre qui tu t’es battu est bien ta fille.
- Elle a douze ans de plus que ma fille ! Je ne la connais pas !
- Alors apprends à la connaître. Presque tous les autres semblent disposés à le faire.
- Je ne peux pas. Je ne peux pas faire comme s’il ne s’était rien passé. Ma fille me manque toujours, son vide n’est pas comblé, et rien ne le comblera jamais.
- C’est pour cela que tu dois aller de l’avant. Elle est là à présent, c’est une saiyenne, et une guerrière hors pair.

Gohan ne répondit rien. Les images de son combat contre Pan lui revenaient en mémoire, mêlant dans son esprit fierté et honte. Elle était extraordinaire, au sens premier du terme. Sa technique était parfaite ; elle alliait puissance, rapidité et grâce à un niveau qui ne pouvait que forcer l’admiration de son père. Car, rétrospectivement, c’était dans sa façon de se battre qu’il reconnaissait le plus sa fille. Aveuglé par la colère, il n’avait alors pas fait le rapprochement, mais c’était à présent une évidence. Sa technique était tellement similaire à la sienne, à celle de Goku également. Il avait compris que ce dernier avait dernièrement entraîné la jeune femme, mais il avait retrouvé également en elle les heures passées à se battre avec l’enfant qu’elle avait été, dans la montagne.
Elle semblait avoir assimilé parfaitement les techniques des deux guerriers qu’étaient son père et son grand-père, et les avoir faites siennes. Il ignorait si elle aurait pu le battre, mais il s’était rendu à l’évidence : elle s’était laissée frapper, elle s’était contentée d’encaisser les coups de Gohan sans jamais les rendre, quand il était évident qu’elle aurait pu largement lui tenir tête.

La honte étreignit à nouveau la poitrine du guerrier. Honte de n’avoir pas su la reconnaître. Honte de l’avoir frappée, encore et encore. Honte d’avoir levé la main sur celle que sa fille deviendrait, un jour. Honte d’avoir désiré, au plus profond de lui-même, lui faire affreusement mal. Honte d’avoir recherché sa mort et d’y avoir mis toute sa puissance.
Honte de s’être laissé aveugler par sa souffrance et d’avoir risqué de blesser des innocents.

Pourtant il était toujours en colère. Son être hurlait toujours de n’avoir pas retrouvé celle qu’il attendait depuis près d’un an, et il doutait que sa souffrance puisse un jour prendre fin. Plus de dix années lui avaient été arrachées, et toute sa puissance ne pourrait rien y faire.
Tous semblaient accepter cette situation, même Videl… Alors comment lutter ? Contre qui ?

Piccolo qui semblait, comme toujours, lire dans les pensées de son ancien élève, brisa le silence :

- Que tu l’acceptes ou non comme ta fille n’est plus la question Son Gohan. Sa présence est dorénavant un fait. Elle nous a tout expliqué, et nous n’avons pas le choix. Elle ne l’a pas non plus, et je ne crois pas qu’elle ait jamais prémédité cette situation.
- Peut-être, je ne sais pas. Je n’ai même pas envie de savoir pourquoi, comment… Je voudrais juste… revoir ma fille.
- Alors rentre chez toi. Videl l’a ramenée là-bas.
- Je sais, soupira Gohan. Je l’ai senti. Mais j’ignore si je pourrai supporter ce que tout le monde semble soudain trouver si normal.
- Pas tout le monde, murmura Piccolo.

Son Gohan leva la tête, surpris, vers le Namek :

- Comment cela ? Tout le monde semblait pourtant…
- Trunks est parti tout de suite après toi.

Le saiyen écarquilla les yeux :

- Trunks ? Mais pourquoi ?
- Il semble qu’il ait éprouvé des sentiments pour cette jeune fille avant de savoir qui elle était. Si tu crois avoir perdu une enfant, lui croit avoir perdu une compagne.

Son Gohan resta figé, bouche bée. Trunks était amoureux de Pan… C’était impossible ! Gohan avait toujours adoré Trunks, partageant leurs jeux avec Goten et remplaçant souvent le grand frère que le jeune héritier n’avait jamais eu. Si le fils de Végéta savait parfois se montrer aussi dur que son père, il avait cependant toujours considéré Gohan avec le plus grand respect. Le père de Pan se doutait que sa victoire contre Cell y était pour beaucoup : il resterait, pour tous, celui qui à dix ans les avait tous surpassés, Goku et Végéta en tête. Même si ce souvenir douloureux semblait à présent très lointain pour Gohan, même s’il n’était plus le petit garçon de jadis, il avait du accepter depuis longtemps l’admiration que tous garderaient à jamais à son égard. Et Trunks parmi eux…

Si Trunks s’était toujours montré adorable avec la famille Son, il n’en restait pas moins l’héritier de la plus puissante multinationale au monde… et le fils de Végéta. Sa réputation n’était plus à faire, Gohan avait maintes fois levé les yeux au ciel en entendant les discussions de Goten et du fils de Bulma : ils enchaînaient les conquêtes, passaient leur temps libre à s’amuser et à s’entraîner aux arts martiaux… Trunks Brief, même si Gohan le connaissait mieux que cela, restait synonyme d’argent et de plaisirs faciles.

Gohan se passa nerveusement la main dans la nuque, totalement déboussolé, partagé entre stupéfaction et colère. Ce n’était pas possible… Trunks avait quatorze ans d’écart avec Pan !

- Mon Dieu… murmura-t-il.
- Tu sembles réagir comme si elle était toujours une enfant, commenta Piccolo, et comme si Trunks avait su qui elle était. Mais c’est une jeune femme et, quoiqu’il se soit passé entre eux, elle seule savait la vérité, et elle a décidé en connaissance de cause.
- Tu vas bientôt prétendre que c’est elle qui a profité de lui ! coupa Gohan.
- Non. Mais je trouve plus normal que Trunks se sente trahi, plutôt que toi.

Le saiyen ne répondit rien. Ils regardèrent le soleil se lever peu à peu et envelopper la Terre, en dessous d’eux, d’une lumière chaude et douce. Gohan murmura finalement :

- Il devait y avoir un autre moyen…

Piccolo baissa les yeux vers lui et posa la main sur l’épaule du saiyen :

- Non. Sinon elle l’aurait trouvé. Je t’expliquerai ce qu’elle nous a raconté, plus tard. Rentre chez toi, Son Gohan.
- Mais…
- Laisse faire le temps. L’important est que, maintenant, tu auras tout le temps qu’il te faudra.

Le saiyen se redressa lentement. Il releva enfin vers Piccolo son visage aux traits fatigués, et sourit tristement :

- J’espère seulement qu’il suffira. Au revoir Piccolo, et merci.

Le Namek se contenta de hocher la tête, et suivit du regard Son Gohan quand il décolla de la plateforme et plongea vers la Terre.

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- Fous moi la paix.
- Ok, sympa l’accueil… soupira Goten en s’asseyant néanmoins.

Trunks ne bougea pas. Assis sur le bord de la falaise, il regardait d’un air absent le soleil se lever sur la mer. Bien plus bas, les vagues s’écrasaient contre les rochers dans un grondement régulier. Les deux jeunes gens restèrent en silence un long moment, avant que Trunks demande d’un ton agacé :

- Qu’est-ce que tu veux ?
- Rien de précis. Te tenir compagnie, j’ai cru comprendre que les événements d’hier ne t’avaient pas enchanté.
- Sans blague ? railla le fils de Végéta.

Il lança un coup d’œil furieux à Goten. Celui-ci respira profondément : cela ne serait pas une partie de plaisir… Il n’avait jamais vu Trunks dans cet état, mais ressentait parfaitement toute la rage et le désespoir qui l’habitaient. Il se lança néanmoins :

- Tu aurais du nous suivre chez ta mère. Pan nous a expliqué pourquoi elle avait agi ainsi, elle n’a vraiment pas eu le choix, car en fait…
- Je me fous de ses raisons, coupa Trunks froidement.
- Écoute…

L’héritier de la Corp plongea son regard dans celui de son meilleur ami et demanda :

- Et des raisons de nous tromper, ma famille et moi, elle en avait ? Des raisons de se jouer de ma sœur, de moi ?

Goten soupira :

- Non. Elle l’a reconnu, elle n’en avait pas. Les choses lui ont un peu échappé à priori.
- « Un peu échappé » ! Cette garce nous a menti, trompés !

Le fils de Goku fronça les sourcils :

- Eh oh, tu parles de ma nièce là, alors tu fais gaffe à ce que tu dis je te prie !

Un mauvais sourire passa sur le visage de Trunks qui articula lentement :

- Mais je me suis tapé ta nièce, Goten ! Je me la suis tapée, et je peux te dire que c’est un super coup !

Le ki de Goten s’éleva brutalement, électrisant l’air autour de lui, mais Trunks ne bougea pas, ne baissa pas les yeux. Le fils de Goku respira profondément, serrant les poings. Il ne s’énerverait pas. C’était ce que cherchait Trunks, et il ne lui ferait pas ce plaisir. Il ne se battrait pas avec son meilleur ami. Il connaissait par cœur le fils de Végéta, il savait que comme son père il cachait sa tristesse derrière une méchanceté qui n’était pas lui-même. Un mince sourire passa sur les traits de Goten qui répondit à la provocation d’une voix suave :

- Tu me raconteras plus tard, quand je me serai fait ta sœur, et on comparera, ok ?

Le ki de Trunks explosa autour de lui et l’espace d’un instant ses cheveux se teintèrent d’un reflet blond alors qu’il s’apprêtait à bondir sur son meilleur ami. Mais l’éclat amusé dans le regard noir de Goten l’arrêta et un sourire passa sur les lèvres fines du fils de Bulma :

- Ok, c’était de bonne guerre…
- Écoute, Pan est pour le coup, à présent, assez grande pour avoir décidé seule de ce qu’elle avait à faire. En l’occurrence, je trouvais que vous alliez très bien ensemble, et maintenant que je sais qui elle est, franchement, cette relation ne me dérange pas. Je ne nie pas que l’idée me semble assez étrange, mais après tout, tu es mon meilleur ami, je préfère la savoir avec toi plutôt qu’avec un crétin quelconque.

Trunks reporta son regard vers l’océan et murmura avec amertume :

- Mais cela fait des mois que tout cela est terminé, justement. Elle est partie, c’est tout, fin de l’histoire.
- Elle t’aime, tu sais, murmura Goten.

Son ami se raidit un instant, puis grinça entre ses dents :

- Et moi je ne l’aime pas. J’étais attaché à elle. Mais c’était avant qu’elle parte, avant qu’elle nous abandonne, avant qu’elle brise le cœur de ma mère et de ma sœur…

« … et le tien… » songea tristement Goten.

- … et qu’on apprenne qu’elle n’était revenue que pour tuer ta nièce. Pour moi, soit elle n’est pas Pan, et dans ce cas Gohan aurait du la tuer…
- C’est bien Pan, tu le sais parfaitement, renchérit Goten.
- … soit elle est bien Pan, et dans ce cas je ne me vois vraiment pas sortir avec une gamine de huit ans qui est la meilleure amie de ma sœur !
- Elle n’a plus huit ans. Elle en a vingt et un.
- Peu importe, de toutes façons elle ne m’intéresse plus, ajouta Trunks sèchement. Je suppose que j’aurai du mal à l’éviter à l’avenir, vu qu’elle va prendre la place de Pan, mais ne compte pas sur moi pour me montrer aimable.

Goten baissa la tête : il connaissait Trunks sur le bout des ongles, et là c’était sans appel. Il n’avait jamais vu Trunks aussi amoureux, auparavant. Il ne l’avait jamais réellement vu amoureux, en fait. Mais là, depuis le début, entre cette jeune fille et lui, c’était une évidence. Ils les avaient observés, amusé, quand ils se tournaient autour, seuls à ignorer des sentiments que tout le monde autour d’eux avait décelés immédiatement. Ils se complétaient à la perfection, et même si à la lumière des derniers évènements leur lien pouvait trouver une justification, elle n’était pas la seule. Leurs racines saiyennes n’étaient qu’un élément de cette alchimie dont Goten s’était sincèrement réjoui.
Il avait eu confirmation de la force des sentiments de Trunks quand celui-ci s’était effondré au départ de Pan. Ces derniers mois, il était devenu froid, désagréable, blessant. Il avait totalement délaissé leurs amis, ses études, pour s’abrutir de coups dans la salle de gravité de la Corp. Goten savait pertinemment que Trunks avait recherché en vain Asuka pendant des semaines, craignant pour la vie de la jeune femme, furieux contre lui-même d’avoir provoqué son départ.
Il pouvait parfaitement imaginer ce que le jeune homme avait du ressentir en ne la retrouvant que pour réaliser immédiatement après qu’elle lui avait menti, qu’elle l’avait trahi. Et qu’Asuka, la jeune femme de ses rêves, n’était qu’une illusion au service de la mission qu’elle s’était donnée.
Goten lui-même ignorait si, dans les mêmes conditions, il aurait pu pardonner. Alors un prince saiyen, le fils de Végéta…

Goten soupira et se releva lentement. Il posa la main sur l’épaule de Trunks :

- Tu feras comme tu voudras. Personne ne pourra t’en vouloir, pas moi en tous cas. Pan est assez grande pour assumer les conséquences de ses actes, c’est entre elle et toi tout ça.
- Il n’y a plus rien entre elle et moi, corrigea Trunks d’une voix affreusement calme.
- Allez, rentrons.

L’héritier de la Corp acquiesça et se leva à son tour. Les deux amis échangèrent un regard et décollèrent dans le ciel clair.

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Contre toute attente, en effet, la vie avait plus ou moins repris son cours. Cette nouvelle identité était néanmoins fort déstabilisante pour Pan, qui peinait à s’adapter malgré les efforts conjugués de Videl, Goten, Goku et Chichi. La jeune femme avait retrouvé peu à peu ses marques, mais chaque nouvelle journée était semée d’embûches.

Satan, déjà, qui avait préféré rester à l’écart de ces histoires de Dragon, mais attendait le retour de sa petite-fille avec une impatience naturelle, mit une semaine à s’en remettre. Quand Pan était arrivée chez lui, accompagnée par Videl, il avait voulu la congédier avec un autographe, non sans avoir passé un regard appréciateur sur la silhouette de la jeune fille qui avait cru mourir de honte ; comme lui, quand sa fille lui avait expliqué la situation. Le grand champion avait bien du mal à encaisser toutes ces histoires, mais il accueillit finalement sa petite-fille avec sa bonne humeur et sa bonhommie habituelles.

Pan était retournée à la fac, accompagnée par Goten. Elle avait repassé sans y croire les examens auxquels elle ne s’était jamais présentée en juin, et était in extremis parvenue à décrocher son année. Goten également, à la surprise générale. L’oncle et la nièce gardaient un doute sur une éventuelle intervention de Bulma en leur faveur, mais ne cherchèrent pas le fin mot de l’histoire : plus que de vouloir passer dans l’année supérieure, ils désiraient surtout en finir avec l’année passée, sur tous les plans.

Videl, elle, luttait au jour le jour pour empêcher sa famille d’exploser. Gohan et Pan, s’ils vivaient sous le même toit, faisaient tout pour s’éviter. Le saiyen était rentré tard, le lendemain du retour de sa fille. Il n’avait fait aucune remarque, n’avait rien demandé, ne voulait rien savoir. Il s’adressait rarement à la jeune fille, qu’il appelait cependant par son prénom, même si celui-ci semblait à chaque fois lui brûler les lèvres. Pour ne pas souffrir de la froideur de son père, Pan fuyait. Elle passait de longs moments avec sa mère quand Gohan était encore à son labo, mais dès que l’heure de son retour approchait elle partait rejoindre son oncle ou son grand-père, épuisant son énergie et ses frustrations en entraînements longs et pénibles.

Sur l’insistance de Bra et Bulma, Pan était finalement allée les voir à la Corp ; depuis, elle y passait régulièrement. Elle s’arrangeait le plus souvent pour s’y rendre en l’absence de Trunks, mais hélas n'avait pu éviter de le croiser. La dernière fois qu’il s’étaient trouvés face à face, Pan se trouvait alors dans le salon, avec Bra et Bulma, à papoter en mangeant les délicieux gâteaux de Madame Brief. Sentant soudain son ki approcher, la jeune femme avait blêmi, mais déjà la porte coulissait, révélant la haute silhouette du jeune homme. Il avait lui aussi parfaitement senti la présence de Pan, qui ne dissimulait dorénavant plus son ki. Il s’avança d’un pas léger mais rapide, se dirigeant vers sa mère. Posant rapidement un regard froid vers la jeune fille, il se contenta à son égard d’un sec :

- Salut.
- Salut, répondit Pan, les yeux baissés, le cœur au bord des lèvres.

Trunks se tourna immédiatement vers Bulma :

- Maman, je prends la voiture, la dernière. Ne m’attends pas, je rentrerai tard.
- Ah, bon. Amuse-toi bien, et attention à la voiture, hein, c’est un prototype je te rappelle !

Il haussa les épaules. Une voix retentit alors, depuis l’entrée de la pièce :

- Pardon, je…

Bulma, Bra et Pan se retournèrent d’un seul geste, et découvrirent dans l’embrasure une ravissante jeune femme blonde, élégante et souriante. Elle posa sur Trunks ses grands yeux pâles :

- Je n’ai pas trouvé, je suis navrée.
- Au fond du couloir, sixième porte à droite ! répondit-il avec un agacement manifeste.

Malgré lui, il jeta un coup d’œil vers Pan : très pâle, celle-ci ne quittait pas la nouvelle venue du regard. Un mince sourire naquit alors sur les lèvres du jeune homme qui susurra :

- Mais entre donc, que je te présente !

La jeune fille sourit plus largement et entra dans la pièce, Bulma et Pan se levant automatiquement. Seule Bra resta profondément enfoncée dans son fauteuil, le regard noir. Trunks fit les présentations :

- Mindy, je te présente ma mère…
- Madame Brief, c’est un grand honneur ! s’exclama la jeune fille, rose de plaisir de serrer la main de ce génie mondialement connu.
- Enchantée, se contenta de répondre Bulma en souriant.
- … ma sœur, Bra…
- Salut, marmonna l’intéressée.
- .. et Pan, une copine de ma sœur.

Mindy écarquilla les yeux, surprise. Elle était certaine d’avoir déjà croisé Pan, et ne s’attendait pas à ce que Trunks la lui présente comme l’amie d’une fillette d’à peine dix ans. Pan sourit à peine :

- Je crois que nous nous sommes déjà vues mais nous n’avions pas été présentées.
- Oui, je crois aussi… murmura Mindy. Ah oui ! C’était au réveillon de l’an dernier !

Pan accusa le choc, livide. Il lui sembla, soudain, qu’elle manquait d’air. Elle parvint à balbutier :

- C’est possible, je ne sais plus.
- Bon, on y va, coupa Trunks.

Le visage du jeune homme s’était instantanément assombri. Il passa un bras autour des épaules de Mindy et l’entraîna vers la sortie, dans un geste plus autoritaire qu’affectueux. La jeune fille parvint juste à crier un « au revoir ! » à la cantonade que déjà la porte se refermait sur eux. Pan se laissa tomber sur le canapé, crispant ses poings sur le tissu de son jean. Bulma et Bra échangèrent un regard navré, et la mère de Trunks soupira :

- Désolée pour… ça.
- Ce n’est rien Bulma, répondit Pan avec un sourire triste.
- Je ne l’avais jamais vue avant, je n’en avais pas même entendu parler.
- C’est bon, il n’y a rien à expliquer. C’est normal, la vie continue.

La voix de Pan manquait atrocement d’assurance, elle en était parfaitement consciente. Un silence gêné s’installa, avant que quelques longues secondes plus tard Bra ne déclare d’un ton acerbe :

- De toutes façons cette fille je ne l’aime pas.
- Comment peux-tu dire ça ? demanda Pan en souriant doucement.
- Elle est blonde, je n’aime pas les blondes. À part C18 et Marron, bien sûr, commenta la petite fille avant d’enfourner un gâteau.
- Et à part ta grand-mère, renchérit Bulma.
- Grand-mère ne compte pas, c’est une fausse blonde, répondit calmement l’enfant.
- Bra ! hurla Bulma d’un ton plein de reproche… et d’amusement.

Pan pouffa de rire, aspergeant de café la table basse. Bra lui jeta un coup d’œil victorieux : il était hors de question que son frère rende Pan malheureuse. Hors de question.

*****************************************************************************************************************************************

- Papa ! Mon papounet chéri !

Végéta eut un réflexe de recul quand la petite fille vint passer ses bras autour de sa taille, se lovant contre lui. Instinctivement, il balaya le couloir du regard, vérifiant qu’ils étaient bien seuls. Passablement rassuré, le Prince soupira et posa sa large main sur la joue rose de Bra. Elle releva vers lui ses grands yeux bleus et lui décocha un sourire angélique qui fit fondre instantanément le cœur de glace du saiyen.
Comme à chaque fois. C’était horripilant, délicieusement horripilant. Il était persuadé que, quelque part, elle était peut-être l’être le plus dangereux qui lui ait été donné de rencontrer. Cette gamine était à la fois sa plus grande défaite… et sa plus belle victoire. Il sourit, amusé, et demanda d’un air las :

- Qu’est-ce que tu veux cette fois ?
- Mais rien ! répondit-elle avec une moue boudeuse. Qu’est-ce qui te fait croire que je veux quelque chose ?

Végéta soupira et se dirigea vers la salle de gravité, sa fille sautillant sur ses talons. Il grogna :

- Tu veux toujours quelque chose Bra.
- Mais non, là c’est juste pour savoir un truc…
- Demande à ta mère.
- Maman ne saura pas, c’est un truc de guerrier, minauda-t-elle, sûre de son effet.

Végéta suspendit son pas et baissa à nouveau les yeux vers sa fille, fronçant les sourcils :

- Que veux-tu savoir ?

Elle s’étira et fit mine d’hésiter, mains sur les hanches. Son père gronda :

- Bra…
- Tu vas participer au tournoi ?

Les yeux sombres du prince s’agrandirent de surprise :

- Le tournoi ? Lequel ?
- Ben, le tournoi mondial des arts martiaux !

Végéta resta coi quelques instants, face à sa fille qui lui souriait d’un air supérieur. Elle murmura, faussement surprise :

- Ah bon ? Tu ne savais pas ? Il va avoir lieu dans quelques semaines.
- Et comment est-ce que TU sais cela toi ?
- Je suis très intelligente. Et puis tu es l’homme le plus fort du monde, alors ce genre de chose peut t’intéresser, comme avant, non ?

Un éclat amusé passa dans les pupilles noires du Prince : comment parvenait-elle toujours à le manipuler avec tant d’aisance, sans qu’il n’en ressente plus qu’une légère pointe d’agacement ? Il s’en apercevait pourtant parfaitement, il lisait en elle comme elle en lui… mais il n’arrivait pas à trouver cela désagréable. Cela le stupéfiait toujours, après toutes ces années ; cela l’émerveillait, plutôt. Un très léger rire passa ses lèvres et il demanda :

- En effet. Mais non, je n’y participerai pas. Je ne savais même pas qu’il allait avoir lieu, et je m’en moque. Ce genre de soi disant compétition inepte m’ennuie.
- Ah. Personne que nous connaissons ne va y participer alors ? demanda Bra qui semblait déçue.
- Je n’en ai aucune idée, répondit Végéta en haussant les épaules. Il faudra demander à Son Goku si ses rejetons et lui ont l’intention de s’adonner à ces pitreries.

Le Prince fronça les sourcils et continua, songeur :

- Dans ce cas, cela pourrait être un entraînement valable pour ton frère, remarque…

Un sourire machiavélique passa sur les lèvres de Bra qui demanda d’une voix angélique :

- Trunks ? Ah oui, pourquoi pas… Il a fait des progrès, non ? Tu crois qu’il pourrait battre Goten ?
- Évidemment ! répondit le Prince, piqué au vif dans son orgueil paternel.
- Mais Trunks ne voudra certainement pas, avec ses études, ses copines, tout ça…

Végéta regarda sa fille avec un sourire narquois :

- Je n’ai aucunement l’intention de lui demander son avis.

Bra et son père échangèrent un sourire entendu. L’enfant s’avança alors et, se haussant sur la pointe des pieds, entoura de ses bras frêles le cou de Végéta avant de déposer sur sa joue un rapide baiser :

- Je te laisse, je vais aller voir maman. À tout à l’heure !

Il feignit une grimace mais, avant d’entrer dans la salle de gravité, suivit d’un regard bienveillant Bra qui s’éloignait d’un pas dansant dans le couloir.

La petite fille, rejetant en arrière sa magnifique chevelure bleue, se sourit à elle-même : c’était trop facile. Désespérément trop facile.

*****************************************************************************************************************************************

Trunks entra dans le salon, son portable collé à l’oreille, et adressa un clin d’œil à sa petite sœur qui, allongée dans le canapé, suivait avec passion un dessin animé. Il continua sa conversation :

- … Oui, je pense venir samedi soir, mais c’est bien parce que tu seras là, moi ça me saoule… T’es certain de venir, hein ? Ta mère ne va rien dire ?... d’accord. Tu as vu Piccolo dernièrement ? …. Non, mais je me disais qu’à l’occasion je serais bien passé au Palais m’entraîner un peu avec lui, pour une fois, on pourrait y aller ensemble… C’est ça, pourquoi pas.
- C’est Goten ? demanda soudain Bra qui s’était redressée.
- Oui, c’est Goten, pourquoi ?
- Tu me le passeras après !

Trunks écarquilla les yeux, puis balbutia dans le combiné :

- Non, c’était ma sœur, elle veut te parler… Mais je ne sais pas moi ! Bra, pourquoi veux-tu parler à Goten ?

La petite fille décocha à son frère un sourire carnassier :

- Pour lui avouer que je suis folle de lui depuis toujours, évidemment.
- Stupide gamine, grinça Trunks. Bon, Goten je te dis à samedi au pire, et je te passe la peste qui me sert de sœur, je te souhaite bien du courage. Et je te rappelle qu’elle est mineure, hein !

Le jeune homme décolla en souriant son oreille du portable où résonnait la voix outrée de son meilleur ami, et la petite fille se saisit de l’appareil. Elle chantonna d’un ton enjoué :

- Salut Goten ! Tu vas bien ?

Trunks fronça les sourcils en la regardant quitter la pièce. Toute action inhabituelle de Bra Brief était, par nature, dangereuse.
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar RMR le Mar Juil 07, 2009 17:11

Chapitre très sympa. J'aime particulièrement les discussion de Goten et Trunks et de Gohan et Piccolo! Les attitudes de Gohan et de Trunks sont très bien rendus tout au long du chapitre!
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar Rusk le Mar Juil 07, 2009 21:59

Ouais vraiment sympa comme chapitre, il rattrape la qualité du précédent :mrgreen:
J'adore également les discutions Gohan/Piccolo, Goten/Trunks et la personnalité de Bra! :D
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar Hel le Mer Juil 08, 2009 8:40

Ravie que cela vous ait davantage plu :wink:
Oui, Bra je l'ai toujours imaginée comme ayant pris ce qu'il y a de pire chez ses deux parents :mrgreen:

Bon, j'ai réfléchi à un truc. Je pars en vacances (youpiiiiiiiiiiiiii 8) ) samedi, et si j'aurai encore accès à mes mails, cela sera bien plus difficile de poster les chapitres. Or j'ai le pressentiment que si je vous annonce que les deux derniers chapitres, vous les aurez dans 3 semaines, je vais me faire appeler Arthur :mrgreen:
Donc, parce que vous avez été si gentils, je vais vous mettre les 3 derniers chapitres d'ici vendredi soir, comme cela vous n'aurez pas à attendre :D
Mais attention hein, ça ne veut pas dire que je ne veux pas de commentaires hein :twisted: Si je poste deux fois plus vite, va falloir que vous commentiez deux fois pus vite aussi :lol: Je plaisante :wink:

Donc, hop, voici la suite :


Chapitre 14 : Duels

Pan y avait réfléchi, longuement. Cette situation n’était plus possible.
La jeune fille avait attendu, trop attendu ; attendu quoi d’ailleurs ? Un miracle ? Non, la réalisation de son premier vœu. Elle avait espéré, inconsciemment, que la situation se rétablirait d’elle-même. Que les coeurs se cicatriseraient comme de vulgaires blessures physiques. Elle réalisait à présent son erreur, alors que Shenron lui-même l’avait pourtant prévenue :

« Je ne peux exaucer ton souhait. J’aurais pu leur faire oublier, mais ce n’est pas ce que tu demandes. Il n’est pas de mon ressort qu’un jour, peut-être, tu sois pardonnée. Ce vœu, il t’appartient en grande partie de le réaliser par toi-même.»

Les semaines étaient devenues des mois, et rien n’avait vraiment changé chez les Sons. Chichi, et surtout Videl, faisaient tout pour maintenir un semblant d’unité familiale, mais dès que Gohan et sa fille se trouvaient dans la même pièce la tension devenait quasiment insoutenable pour tout le monde. Le saiyen restait parfaitement calme, mesuré, doux même. Mais pour qui le connaissait bien, c'est-à-dire tout le monde chez lui, il continuait de souffrir intérieurement de cette blessure qui ne se cicatrisait pas. Le lien était brisé, à jamais peut-être, avait fini par réaliser Pan. Il n’y avait aucune chaleur entre eux, aucune affection manifeste. Ils se tournaient autour, s’épiant, se jaugeant sans cesse et mesurant la moindre des paroles qu’ils échangeaient, parfois. Rarement.
Les quelques fois où, au début, Chichi avait tenté de coincer son fils en particulier pour lui ordonner de rétablir la situation, il lui avait fait remarquer doucement qu’il ne voyait pas le problème : il avait accepté Pan sous son toit, elle vivait chez eux, elle avait retrouvé sa famille, et personne ne pouvait lui reprocher, à lui, la moindre animosité à l’égard de la jeune fille. Même la femme de Goku n’avait rien trouvé à répliquer de vraiment convaincant.

La situation avec Trunks paraissait encore plus désespérée. Si là encore Pan ne pouvait empêcher son cœur de se serrer à chaque mention du jeune homme, si elle ne pouvait l’empêcher de hanter ses rêves, elle savait que lui, de son côté, avait tiré sur leur relation un trait définitif. Ils se croisaient rarement, et ne se parlaient jamais. Trunks lui accordait à peine un regard et, elle l’avait compris, la considérait vraiment à nouveau comme une simple amie de sa sœur. Une amie qu’il fuyait désespérément, cependant. Finies, les après-midi à quatre dans le parc de la Corp ; finies les sorties avec son oncle et Trunks, les ballades, les éclats de rire. Fini.
Pour Trunks, Pan faisait partie du passé. Il était désormais tourné vers une autre vie, vers d’autres conquêtes, même si tout le monde dans l’entourage de Pan prenait bien soin de ne pas parler devant elle du séduisant héritier.
Il fallait juste qu’elle se donne du temps pour faire, à son tour, le deuil de ce premier amour. Du temps…

Elle respira profondément, assise sur un rocher en bordure du lac. Après tout, elle avait déjà la chance inouïe de pouvoir vivre, comme avant, dans cet environnement paisible et aimant. Elle se trouvait elle-même bien égoïste de ne pouvoir s’en satisfaire, d’avoir toujours ce nœud à l’estomac, cette amertume.

Mais en ce qui concernait Gohan, le temps était écoulé. Il fallait agir, il fallait que cela change, d’une façon ou d’une autre. Que sa mère et toute leur famille souffrent de cet état de fait devenait insupportable.
Pan avait beaucoup réfléchi… et s’était décidée.

Elle se redressa, s’étira et, debout sur la roche, sourit tristement à son reflet. Elle devait essayer.

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Gohan acheva son dernier kata, dans un mouvement souple et d’une infinie précision. Le soleil était encore haut dans le ciel et, bien que ce fût l’hiver, réchauffait les flancs de la montagne. Au loin, derrière le rideau d’arbres, on devinait les volutes de fumée qui s’échappaient des cheminées de deux maisons. Videl et Chichi devaient être en train de préparer à manger pour le repas du soir.
Le saiyen se massa doucement l’arrière de la nuque, un mince sourire sur le visage. Il aimait ce calme, cette sérénité que ne lui offrait que le silence de la nature. C’est pour retrouver cette tranquillité que, régulièrement, il déclinait les propositions de son père ou de son frère de se joindre à eux pour l’entraînement. C’était étrange comme, avec l’âge, il avait finalement compris ce besoin de Goku de s’isoler de temps à autre et de se ressourcer au contact des éléments.

Il s’assit en tailleur dans l’herbe et, inspirant profondément, ferma ses paupières, vidant son esprit de tout ce qui n’était pas le bruissement des feuilles, le chant des oiseaux dans le ciel.

Il bloqua soudain sa respiration et ouvrit les yeux, concentré : elle venait vers lui. Il percevait son ki, puissant et pur. Il n’eut le temps que de lever les yeux pour la voir se poser devant lui, à quelques mètres.

Ils se regardèrent en silence, puis Gohan dit d’un ton neutre :

- Bonjour, Pan.
- Bonjour, répondit la jeune fille en avançant de quelques pas.

Il fronça légèrement les sourcils en voyant que la jeune fille tenait, entre ses doigts qui tremblaient légèrement, un petit paquet.

Une désagréable sensation de déjà-vu envahit Gohan qui, toujours assis, regarda Pan s’avancer vers lui et lui tendre l’objet. Il ne le prit pas, se contentant de lever les yeux vers elle et de demander plus sèchement qu’il ne l’aurait voulu :

- Qu’est-ce que c’est ?

Les doigts de Pan se crispèrent sur le papier et elle balbutia :

- C’est… un cadeau.

Gohan haussa les sourcils :

- Mais… Pourquoi ?
- Aujourd’hui… C’est la fête des pères.

Il blêmit mais ne bougea pas. Ils restèrent immobiles, silencieux, de longues secondes. Pan était toujours debout, tenant le paquet devant elle, le cœur battant. Gohan finit par se lever et, non sans hésitation, le prit du bout des doigts. Un froid « merci » passa ses lèvres avant qu’il ne détourne le regard, souhaitant mettre fin au plus vite à une situation des plus désagréables.

C’était mal connaître la jeune femme : à peine les pieds du saiyen avaient-ils quitté le sol que la voix de Pan l’interpela :

- Tu ne l’ouvres pas ?

Il croisa le regard sombre de Pan : il avait cet éclat décidé qui n’appartenait qu’à Videl et elle. Gohan se posa à nouveau au sol et soupira :

- Si, si tu veux.

Qu’était-il censé faire ? Ouvrir le paquet ? S’extasier bêtement devant la cravate ou le presse papier qu’elle lui aurait acheté ? La gratifier d’un sourire et rentrer dîner ?
Il pouvait le faire, après tout. Il ne voulait pas la blesser, il voulait juste… rester seul. Loin.

Avec un sourire de circonstance, il déchira le papier. Ses doigts s’arrêtèrent un instant au contact rugueux d’une écorce, et Gohan découvrit deux bouts de bois rectangulaires, grossièrement taillés en arrondi à leurs extrémités. L’un, plus petit, s’emboitait plus ou moins bien dans l’autre. Réunis, ils formaient une sorte de cylindre clos qui tenait dans la main. Détachant les deux parties, le saiyen découvrit que l’intérieur était tapissé de coton. Il écarquilla les yeux :

- Mais… Qu’est-ce que c’est que ça ?

Pan rougit et balbutia :

- C’est… un étui à lunettes. C’est moi qui l’ai fait !

Gohan cligna des yeux : elle semblait fière de… ça ? Comme voulait-elle qu’il mette ses lunettes dedans ? Au mieux elles seraient esquintées par le bois, c’était tout bonnement ridicule. Sans parler que l’objet était grossier, mal taillé, pas fini. Fuyant son regard, il esquissa cependant un sourire poli :

- Ah oui… Je… Eh bien merci.
- Tu ne comprends pas, murmura-t-elle.

Il releva la tête : Pan avait baissé les yeux et son visage était à présent emprunt d’une profonde tristesse. Gohan, fort mal à l’aise, se passa la main dans la nuque. Il répondit d’un ton faussement enjoué :

- Si, si, tu m’as fait un… étui à lunettes. Merci beaucoup, vraiment.
- Ce n’est pas n’importe quel étui à lunettes. C’est… le dernier cadeau que je t’ai fait, enfant.

Le saiyen releva les yeux et croisa ceux, brillants, de la jeune fille. Elle continua :

- Je suis désolée, mais je ne me souviens pas du cadeau que je t’avais fait pour la fête des pères. Celui-ci c’était celui de ton anniversaire. C’est grand-père qui m’avait donné l’idée et il m’avait un peu aidée. J’ai essayé d’en réaliser un similaire, aussi… mal fait !

Un léger rire passa ses lèvres. Gohan la regardait toujours, interdit. Elle continua d’un ton amer :

- Forcément, j’avais neuf ans. Mais j’y avais passé du temps, beaucoup de temps. J’avais pris le coton à la maison, sans que maman le sache, je voulais que personne à part grand-père ne soit au courant de mon idée, j’étais très fière. Et quand je te l’ai offert, devant toute la famille, tu étais si heureux ! Tu l’as montré à tout le monde, tout le monde s’est extasié, j’étais tellement contente. Tu n’as jamais mis tes lunettes dedans, bien sûr, mais cela n’avait aucune importance. Toutes les heures que j’avais passées à réaliser ce truc immonde avaient trouvé leur récompense dans ton sourire quand tu m’avais serrée contre toi.

Elle se tut, et se mordit la lèvre pour empêcher une larme de perler au coin de sa paupière. Le saiyen n’avait pas bougé, ses yeux noirs posés sur elle. Il articula lentement :

- Je ne m’en souviens pas. Ce n’était pas moi.
- Si c’était toi ! s’écria alors Pan.
- Oui, corrigea Gohan d’un ton agacé, c’était moi, mais je voulais dire…

Il hésita, cherchant ses mots. Pan sourit amèrement :

- Tu veux dire que c’était sûrement toi, mais que ce n’était pas moi. Que c’était ta fille, celle qui avait huit ans, celle que j’ai tuée.

Gohan ne bougea toujours pas mais elle sentit son ki s’élever dangereusement. Il demanda d’un ton affreusement calme :

- Qu’est-ce que tu veux exactement ? Qu’est-ce que tu attends de moi, qu’est-ce que vous attendez tous de moi ?
- Que tu arrêtes de me traiter avec cette indifférence qui me détruit !

Un éclat de colère brilla dans les yeux noirs de Gohan qui gronda :

- N’inverse pas les rôles.

****************************************************************************************************************************************

Les baguettes de Goten restèrent suspendues dans l’air, à mi-chemin entre son bol et sa bouche. Il leva les yeux et rencontra, face à lui, le regard inquiet de Goku qui avait également cessé de manger. Le jeune homme demanda :

- Tu l’as senti, hein ?
- Bien sûr. C’est ton frère…
- .. et Pan. Elle est avec lui.

Ils reposèrent leurs baguettes et se levèrent dans un ensemble parfait, concentrés sur les deux kis qu’ils sentaient irradier, pas très loin, dans la montagne. Chichi, debout devant l’évier, se retourna et écarquilla les yeux :

- Qu’est-ce qu’il y a ? Que se passe-t-il avec Gohan et Pan ?
- Je ne sais pas, murmura Goku. Ils sont ensemble, et à priori cela ne se passe pas bien.
- Tu crois qu’ils pourraient se battre à nouveau ? demanda Goten.
- Je ne sais pas, je ne pense pas, mais dans le doute, on va aller…
- Vous n’irez nulle part, coupa Chichi.

Le père et le fils se tournèrent vers elle, stupéfaits. Chichi était debout, s’essuyant tranquillement les mains dans son tablier de cuisine. Elle semblait soudain très calme, presque sereine.

- Mais maman…
- Non, Goten. Il faut qu’ils s’expliquent, enfin. J’ai confiance en mon fils et en ma petite-fille. Laissez-les.

Son Goku resta quelques secondes immobile, ne sachant que décider. Sa femme releva alors les yeux vers lui et, doucement, lui sourit :

- Il le faut. Tu le sais comme moi.

Le saiyen sourit à son tour et hocha la tête :

- Tu as sûrement raison. Goten, rassieds-toi, et finissons de goûter.

Le jeune homme hésita un instant puis, à l’instar de ses parents, sourit à son tour et s’installa à nouveau devant son cinquième bol de riz.

****************************************************************************************************************************************

En effet Gohan et Pan détournèrent les yeux au même instant et leur énergie retomba. Tout cela était vain, tellement vain. Cette situation, cette relation superficielle, ces efforts voués à l’échec. La moindre tentative de dialogue se soldait, encore une fois, par une joute stérile. À croire qu’ils n’étaient plus un père et une fille, mais uniquement deux saiyens éternellement sur la défensive. Ils demeurèrent immobiles quelques instants, murés dans leur silence.

Pan tremblait des larmes qu’elle parvenait encore à retenir. Elle gémit, autant pour Gohan que pour elle-même :

- Je ne sais pas quoi faire… Je ne sais plus quoi faire…

Son père baissa la tête. La présence de la jeune fille le mettait, comme toujours, atrocement mal à l’aise. Quelque part, lui non plus ne savait pas quoi faire. Et lui aussi aurait tellement voulu mettre un terme à tout cela, à cette situation impossible dans laquelle ils se trouvaient tous, malgré eux. Il voyait Pan souffrir, il voyait Pan lutter. Il comprenait sa douleur, quelque part si semblable à la sienne.
Il avait accepté sa présence, son identité. C’était une saiyenne, une Son. Elle ressemblait à Chichi, à Videl, elle avait retrouvé avec Goten la complicité qu’ils avaient toujours partagée. Elle possédait en elle cette gentillesse et cette franchise de ses deux grands-pères. Elle pouvait, dans le même geste, allier la grâce de Videl et la maladresse touchante de Goku.
Elle avait sa force, elle avait son regard.
Elle avait sauvé leur avenir, elle avait rendu le sourire à sa femme.
Mais quelque chose, en lui, une morsure douloureuse, persistait. Il n’arrivait pas à faire le lien entre elle et l’enfant qu’il avait perdu. Elles restaient deux êtres distincts, et l’une avait pris la place de l’autre. Il se savait injuste de lui reprocher… d’exister, tout simplement. Il s’en voulait, mais se sentait impuissant. Tous les autres étaient parvenus, instinctivement ou petit à petit, à tisser ce lien précieux entre l’enfant et la jeune femme, à transmettre à ce qu’elle était devenue l’affection qu’ils avaient pour l’enfant qu’elle avait été.

Pas lui. Il se sentait totalement démuni devant quelque chose que, pour une fois, il ne maîtriserait jamais.

Il secoua doucement la tête et murmura avec une tragique sincérité :

- Je suis… désolé.

Pan émit un gémissement et, soudain pâle comme un linge, porta la main à sa bouche, comme si elle venait de recevoir un choc immense. Elle tomba à genoux et Gohan fronça les sourcils :

- Qu’est-ce que…
- Ne dis jamais cela, ne dis plus jamais cela. Pas devant moi, pas comme ça.
- Quoi ? balbutia-t-il, les yeux écarquillés.

La jeune fille, qui semblait lutter pour retrouver sa respiration, ferma les yeux un instant. Sa voix s’éleva dans un murmure vibrant d’une douleur sans nom :

- C’est ça. C’est la dernière chose que tu as dite quand tu es… quand tu es mort. C’est Goten qui t’a ramené là où nous étions tous, il pleurait comme un enfant, il n’arrivait plus à parler. Il a juste regardé maman et elle s’est précipitée vers toi. Elle me faisait peur, elle criait. Tu étais allongé sur un matelas, on essayait de me traîner hors de la pièce mais… on n'y parvenait pas, je crois. Je ne sais plus. Je voyais juste maman, qui était penchée sur toi, qui t’ordonnait de ne pas mourir, de ne pas nous laisser, que tu étais un saiyen, que tu étais Son Gohan, que tu ne pouvais pas…

Elle s’arrêta un bref instant, comme perdue dans sa morbide contemplation d’une scène qui n’arriverait pourtant jamais. Elle continua :

- Elle était rouge, tout était rouge autour de toi. Tout ce sang, tous ces cris… Je tapais, je hurlais… Je voulais aller te voir, je voulais que maman arrête de crier. Et puis, soudain, elle a arrêté. Il y a eu un silence terrible, et elle s’est penchée sur toi, elle a posé sa tête sur ton torse et c’est alors qu’on a entendu, qu’on a tous entendu. Tu as juste dit ça. Tu as juste dit… que tu étais désolé.

Pan se mit à trembler, son corps secoué par l’intensité de ce souvenir enfoui depuis toujours. Gohan la regardait sans bouger, incapable de détacher son regard de cet être si puissant qui, en cet instant, semblait brisé par sa mort à lui. La voix de Pan s’éleva à nouveau ; elle ne s’adressait pas vraiment à quelqu’un, elle semblait seulement incapable soudain de retenir plus longtemps la souffrance qu’elle avait gardée pour elle toutes ces années :

- Moi aussi, ma vie s’est arrêtée ce jour-là. Notre vie à tous. Notre situation est identique, en fait. Moi aussi, j’ai vécu dans le souvenir des huit premières années de ma vie. Tout était alors… si parfait.

Elle sourit, ses yeux embués de larmes perdus dans des souvenirs qu’elle pensait être seule à connaître.

- Je me souviens de plein de choses en fait. J’ai passé tellement d’heures, de journées, uniquement à me replonger dans cette époque, quand tu étais là. Quand le dimanche c’est toi qui venais me chercher dans ma chambre à mon réveil. Quand tu me tenais à peine entre tes doigts pour voler, mais je savais que jamais je ne pourrais tomber. Quand maman disait que j’avais assez mangé, que j’étais trop petite, et que tu me refilais alors en douce la fin de ton riz au lait avec un clin d’œil, alors qu’elle faisait semblant de ne pas voir. Quand tu passais des journées avec moi en forêt, à me montrer la moindre fleur, le plus petit insecte, comme s’ils étaient les plus fabuleux des trésors. Quand tu me laissais me mettre sur tes genoux pendant que tu travaillais à ton bureau, et que tu me caressais alors doucement le front pendant des heures.

Pan leva un visage emprunt d’une totale sérénité malgré les larmes qui striaient ses joues. Offrant au ciel un sourire radieux, elle continua :

- Et le soir, parfois, c’est à toi que je demandais une histoire, et à chaque fois tu voulais me lire les mêmes livres que maman, et moi tout ce que je désirais c’était que tu me racontes, encore, tout ce qui était arrivé quand tu étais petit. Je parvenais toujours à mes fins. Quand tu te mettais à raconter, alors tout devenait magique : il y avait grand-père Goku qui arrivait à vaincre tous les méchants, il y avait Bulma et Végéta qui se criaient dessus du matin au soir, il y avait grand-mère qui voulait te faire travailler tout le temps avec des machines bizarres pour apprendre la nuit, il y avait Krilin qui sauvait C18, toi avec ton casque et ta cape rouge, et maman qui voulait voler et qui était tellement belle le jour où elle avait coupé ses cheveux. Et dans ta bouche tout était si merveilleux : il n’y avait pas de mort, il n’y avait pas de souffrance. Quand Bra venait dormir, tu nous racontais Végéta avec sa chemise rose, et la tête de Bulma quand vous avez appris qui était Trunks, et la victoire de ce dernier, enfant, au championnat d’arts martiaux.

Les yeux de Pan se voilèrent à nouveau et sa voix trembla :

- Je t’ai encore plus admiré, ensuite, quand j’ai su la vérité. Quand j’ai su que, pour moi, tu transformais tes pires souvenirs en une épopée lumineuse et colorée, avec des monstres stupides et des gentils surpuissants qui gagnaient toujours. Quand pour moi tu avais réussi à dépasser ta souffrance, ton passé. Moi… Je ne suis pas sûre d’avoir cette force. Chaque journée est un combat, et je ne sais pas si j’arriverais un jour à accepter mon propre passé, à aller au-delà de toute cette souffrance, comme tu avais su le faire.
- Mais c’est grâce à toi que j’y suis parvenu, Pan.

La jeune femme cessa de respirer, transpercée au plus profond d’elle-même par cette voix grave et douce auprès d’elle. Lentement, terrifiée à l’idée de voir s’évanouir l’espoir que cette voix avait fait naître, elle tourna la tête.

Son Gohan s’était doucement approché et avait baissé ses yeux sombres vers Pan. Le visage du saiyen semblait emprunt d’un grand calme et d’une immense tristesse. Il mit un genou à terre et plongea dans le regard voilé de sa fille. Il sembla, un instant, chercher ses mots, et murmura finalement :

- C’est en toi que j’ai puisé cette force. C’est à ta naissance et à celle de Bra que tout a changé, enfin. C’est à ce moment-là que, tous, nous avons osé espérer. Nous avons cru que plus rien n’arriverait, que c’était fini. Que, toutes les deux, vous ne connaîtriez jamais ce que, tous, nous avions vécu. Que les monstres avaient réellement été vaincus, que les gentils avaient vraiment gagné. Et que pour elle et toi tout cela… resterait des contes pour enfant.

Il baissa les yeux et, instinctivement, serra les poings :

- J’ai échoué, nous avons échoué. Je lis chaque jour dans tes yeux cette souffrance que, moi aussi, j’ai ressentie jadis. J’aurais donné ma vie pour que jamais, jamais tu ne connaisses cela. J’ai manifestement échoué et j’en suis en effet…. tellement désolé.

Pan ferma les yeux, quand soudain la chaleur d’une main sur la sienne lui fit relever la tête. Gohan, presque craintivement, avait posé sa large main sur celle de la jeune fille :

- Mais je crois… que nous pleurons tous deux la mort de l’autre depuis trop longtemps. Alors qu’en fait… nous sommes tous les deux là, non ?

Et, penchant légèrement la tête sur le côté, le saiyen sourit. Son visage s’illumina de ce sourire si doux, si franc, si plein d’espoir et de sincérité. Le sourire de l’innocence retrouvée, le sourire de Son Gohan.

Pan sentit ses lèvres trembler, son cœur se gonflant d’une émotion en laquelle elle ne croyait plus. Deux bras puissants l’entourèrent alors avec une infinie délicatesse et Gohan attira sa fille contre lui. Elle se blottit dans sa chaleur, dans l’énergie puissante et douce qui irradiait de lui, dans son parfum et, cramponnant ses doigts au tissu du kimono orange de son père, elle éclata en sanglots.
Ils restèrent longtemps immobiles, serrés l’un contre l’autre, à genoux dans l’herbe, Gohan berçant contre lui sa fille qui, pour la première fois depuis ses neufs ans, versait des larmes de joie.

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Videl, qui s’inquiétait depuis des heures pour son mari comme pour sa fille, était fermement décidée à les incendier purement et simplement.
Pourtant elle ne dit rien quand ils arrivèrent. Rien. Elle sentit instantanément que quelque chose avait changé, que tout avait changé. C’était une intime évidence, une fragile et puissante alchimie entre des êtres qui semblaient cependant toujours les mêmes.
La soirée se passa comme toutes les autres, sans explications, sans effusions. Sans rien de vraiment tangible mais dans une harmonie naturelle et limpide.

Gohan suivit des yeux sa fille alors qu’elle montait se coucher. Ce ne fut que lorsque la porte de Pan se referma sur elle que le saiyen sentit deux bras entourer doucement sa taille. Il baissa la tête et rencontra le regard bleu de Videl qui s’était blottie contre lui. Craignant que sa voix ne se brise sous l’émotion, son épouse ne put que demander dans un murmure :

- Que s’est-il passé ?

Gohan sourit et caressa du bout des doigts la joue de Videl :

- On s’est… On s’est raconté une histoire. Qui finit bien.

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- Tu es consciente de ce que je risque ?
- Allons allons, tu es un grand garçon ! Ce n’est pas mon frère qui va te faire peur quand même !
- Si, justement.
- Tu me déçois Goten.
- Tu peux parler ! Ce n’est pas toi qui risques de te retrouver face à un saiyen furieux de s’être fait avoir par son meilleur ami !
- Eh, oh, je vis avec lui, je risque moi aussi des représailles je te signale.
- C’est ça ! Trunks sait parfaitement que s’il touche à un seul de tes précieux cheveux, il a Végéta sur le dos pour des semaines !
- Ce n’est pas faux, gloussa la petite fille dans le combiné. Que veux-tu, c’est le privilège d’être une princesse saiyenne, mon cher Goten.
- Une petite peste gâtée oui ! Je te jure…
- Bon, revenons-en à nos affaires : tu t’es chargé de Pan ?
- Oui, c’est bon, je nous inscris tous les deux. Elle n’a accepté que lorsque je lui ai promis que Trunks ne voulait pas y participer. Je déteste mentir à ma nièce.
- Allons allons, tu ne mens pas vraiment : mon frère ne veut pas participer au tournoi. Mais papa l’y oblige, c’est toute la nuance.
- Pourquoi j’ai l’impression que tu as récupéré ce qu’il y avait de pire chez ton père et ta mère ?
- Je suis flattée, Son Goten, roucoula Bra.
- Il n’y a pas de quoi. Bon, et s’ils apprennent d’ici le début du tournoi que l’autre va y participer ?
- Réfléchis un peu, comment veux-tu que cela se produise ? Satan t’a promis qu’il ne divulguerait pas l’identité des participants avant le tournoi.
- Mais s’ils l’apprennent par tes parents, ou les miens ?
- Pfff… C’est dans à peine une semaine, nos familles se voient tous les trente-six du mois, cela m’étonnerait qu’ils décident de se rendre visite alors qu’ils savent qu’ils se verront tous au tournoi.
- Mouai. Bref, les seuls qui peuvent gaffer, c’est toi et moi, en fait.
- Oui. C'est-à-dire surtout toi.
- Tu as vraiment de la chance d’être la sœur de Trunks et, surtout, la fille de Végéta.
- C’est surtout eux qui ont de la chance de m’avoir.
- Bon, mais qu’attends-tu exactement de ce tournoi ? Juste qu’ils se revoient avec tout le monde, qu’ils discutent ? Ou autre chose ?
- Pas du tout. J’en attends bien plus. Il est évident que vous vous retrouverez en phase finale, et alors Pan se battra contre Boo, et il gagnera.
- Hein ? Mais qu’est-ce que tu racontes ? Qu’est-ce que tu en sais ?
- Pan m’a raconté que Boo a des pouvoirs magiques, tu vas lui demander d’influer sur le tirage au sort. Je vois d’ici la scène : elle est blessée, Trunks est furieux, il vole à son secours, lui fait une grande déclaration et voilà !
- Bra… tu es sûre que tu parles de Pan et Trunks, là ? Parce que ça, c’était Gohan et Videl, je te rappelle.
- Justement, tu vois, ça a déjà marché, et c’était follement romantique ! Je veux tellement assister à cela ! Voir l’autre se battre leur fera réaliser leurs sentiments. Ce sera ma-gni-fi-que !
- C’est complètement stupide ! Cela n’arrivera jamais.
- Tu n’y connais rien, c’est tout. Tu n’es qu’un garçon.
- Tu rêves ! En plus on sait tous que Boo n’est plus dangereux.
- Il n’empêche que le combat sera forcément violent, et que Pan souffrira. Cela suffira. Après, ils se débrouillent, on aura fait tout notre possible. Mais je suis sûre de moi.
- Si tu le dis… Bon eh bien on se revoit au tournoi avec tous les autres alors. Je me charge de Boo au moment du tirage au sort. À samedi.
- Parfait ! Et un conseil, Goten : dis-lui aussi de ne pas te faire tomber contre mon frère, sinon tu risques de passer un mauvais quart d’heure ! Allez, gros bisous !

Bra éclata de rire et Goten soupira. Comment lutter contre une gamine de dix ans qui, en plus, était la fille de Bulma Brief et du Prince Végéta ?

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Cette dernière semaine passa à toute allure, chez les Brief comme chez les Son. L’intensité de l’entraînement des trois jeunes saiyens redoubla : Goten et Pan se battaient fréquemment avec Goku, mais la jeune fille passait aussi de précieuses heures avec Gohan et Piccolo. Le Namek était, après tout, celui qui l’avait entraînée intensément avant qu’il ne meure à son tour et qu’elle ne fuie la Terre de son époque. Gohan n’aurait pu trouvé meilleur sensei pour sa fille unique et se réjouissait qu’elle suive ses traces avec une telle ferveur. Trunks, de son côté, passait ses journées enfermé avec Végéta dans la salle de gravité qui était à présent poussée au maximum de sa puissance. Bulma et son père travaillaient déjà sur un nouveau modèle qui puisse pour un temps satisfaire l’avidité des deux saiyens.

Les jeunes gens arrivèrent séparément au grand stade, chacun en famille. Végéta accompagnait Bulma et Bra et, surtout, voulait vérifier que son fils ne leur fausserait pas compagnie au dernier moment. Pan et Goten discutaient gaiement, sous les regards complices de Gohan et Goku alors que Videl et Chichi suivaient tranquillement. À l’entrée des vestiaires Pan abandonna les siens et partit rejoindre les quelques autres femmes qui se risquaient à concourir. Alors qu’elle finissait de nouer sa ceinture orange sur son ample pantalon noir, une voix lui fit relever la tête :

- Tiens, mais c’est ma copine de fac !

Devant elle, mains sur les hanches, un sourire méprisant sur les traits, se tenait une fille d’à peu près son âge, athlétique et musclée. Pan fronça les sourcils : elle était sûre de l’avoir déjà rencontrée quelque part. L’autre continua :

- Waou, tu oses te battre même sans tes chevaliers servants ? Alors, t’as finalement réussi à te le faire, ce fameux Goten ?

Pan écarquilla les yeux… et se souvint. Elle répondit, d’un ton parfaitement calme :

- Ah oui, je me rappelle. Tu es celle qui a insulté Son Gohan, avec tes amies.
- Parfaitement ! Je suis Kim Isirga, élève à l’école de Satan ! Et ça me fait bien plaisir de te voir ici, je vais pouvoir te filer une bonne correction… enfin si tu passes les éliminatoires, bien sûr !

Elle partit d’un grand rire. Pan baissa les yeux et vérifia que ses bottes de combat étaient parfaitement en place. Manifestement agacée par le peu d’intérêt que la jeune fille lui accordait, Kim revint à la charge :

- Alors, tu as perdu ta langue ? Tu n’es plus très rassurée tout à coup ?
- Je préfère rester calme et concentrée, si tu veux bien.

À ce moment la porte du vestiaire s’ouvrit à pleine volée et Satan fit une entrée triomphale, mains sur les hanches. Pénétrer dans le vestiaire des femmes ne semblait pas lui poser le moindre problème, et il passa un regard appréciateur sur toutes les demoiselles présentes qui, subjuguées par la présence du grand champion, ne songèrent même pas à réagir. Pan leva les yeux au ciel en soupirant, mais déjà Satan venait de l’apercevoir et avançait vers elle. Kim s’inclina profondément, rouge de plaisir :

- Maître, c’est très aimable à vous de venir m’encourag…

Satan la dépassa sans la voir, se précipitant sur Pan qu’il serra à toutes forces dans ses bras. La jeune fille grimaça en riant :

- Mais arrête, tu vas m’étouffer !

Il se recula, la saisissant par les épaules, les yeux brillants de fierté :

- Ma chérie ! Ma poussinette ! Comme je suis heureux ! Ils sont tous dans la loge présidentielle, hein, je les ai bien installés !
- Merci grand-père, répondit Pan en souriant largement.
- Bon, je suis passé te souhaiter bonne chance, même si je sais que…

Il s’interrompit et partit de son grand éclat de rire habituel, aux intonations ridiculement outrancières. Puis, se rapprochant soudain, il murmura à l’oreille de la jeune fille d’une voix inquiète :

- Dis, si on se retrouve en finale, tu me laisseras gagner, hein ? Tu feras ça pour ton vieux grand-père ?
- Mais bien sûr, ne t’en fais pas ! répondit-elle tout aussi doucement.

Il se recula, souriant de plus belle, et serra une dernière fois la jeune fille dans ses bras.

- Parfait, parfait ! Ah ah ! Alors à toute à l’heure ma chérie, je suis si fier de toi !
- Attends un peu, tu ne sais pas si…

Satan balaya la remarque d’un geste, riant de plus belle. Il sembla soudain reprendre conscience de la présence des autres femmes, et s’exclama :

- Je vous souhaite bonne chance à toutes ! Vous allez en avoir besoin ! Mais comme on dit, l’important c’est de participer !

Puis il rejoignit la porte, se retournant vers Pan une dernière fois :

- À tout à l’heure ma poussinette ! lui lança-t-il avec un clin d’œil.
- À tout à l’heure grand-père ! répondit la jeune fille en souriant.

La porte se referma sur le champion et Pan s’apprêtait à faire quelques étirements… quand elle réalisa que tous les regards étaient braqués sur elle. Bouches bées, toutes les femmes présentes la dévisageaient avec stupéfaction. Gênée, Pan se demanda si elle devait dire quelque chose, mais à cet instant une annonce retentit dans les haut-parleurs du stade :

« Tous les concurrents sont priés de rejoindre la cour latérale pour les éliminatoires, merci. »

En passant devant Kim qui, les yeux écarquillés, semblait s’être décroché la mâchoire, Pan lui dit joyeusement :

- À tout à l’heure, pour cette fameuse « correction ». Enfin, si je passe les éliminatoires bien sûr !

Elle quitta les vestiaires dans un silence total.

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La gaîté de Pan fut de courte durée. Elle sortit pour se retrouver dans la foule compacte des compétiteurs, qui attendaient dans le brouhaha le début des éliminatoires. Munie d’un numéro, elle allait prendre sa place dans la file d’attente quand le tissu orange d’un kimono attira son regard. Elle sourit, reconnaissant la coupe hirsute de Goten et s’avança pour le rejoindre. Elle n’était plus qu’à deux mètres quand, un impressionnant sumo se décalant, elle découvrit soudain qui accompagnait son oncle.
Cette haute stature, cet ample pantalon noir serré aux chevilles dans les bottes jaunes, la ceinture assortie, le débardeur noir sur cette parfaite musculature, ce carré court de cheveux mauves… Trunks.

Mais déjà Goten avait aperçu sa nièce et tenta de cacher son malaise soudain derrière une joyeuse exclamation qui sonnait totalement faux :

- Enfin ! Je te cherchais partout ! Je me demandais quand tu allais sortir des vestiaires !

Trunks se tourna et se figea également, un éclair passant dans ses yeux bleus. Pan et lui restèrent parfaitement immobiles, pétrifiés, se dévisageant d’un regard glacial. Puis, sans pour autant quitter la jeune femme des yeux, il articula lentement :

- Goten, tu m’avais dit qu’elle ne serait pas là.

Son meilleur ami se gratta l’arrière de la nuque, manifestement gêné :

- Ah oui ? Oh ? J’ai dit cela ?

Pan foudroya son oncle du regard :

- Tu m’as menti également, Goten.

Le fils de Goku avala difficilement sa salive, incapable de répondre. Il sentait la fureur de Pan et de son meilleur ami, et maudit Bra intérieurement. Un sourire narquois passa sur les lèvres de Trunks :

- Cela ne fait rien, je n’ai que faire de la présence de ta nièce. Je suis surprise qu’elle se batte encore, je pensais qu’elle était trop occupée à profiter de la petite vie paisible qu’elle avait volée. Mais c’est vrai qu’elle a eu tout le temps de s’entraîner avant d’abandonner lâchement les siens pour venir s’incruster ici.

Quelque chose, à cet instant, se rompit au plus profond de la jeune fille. Assez. Elle avait assez payé, assez souffert. Tous le lui avaient dit, même son père qui avait enfin cessé de se battre contre ses propres sentiments. Bulma et Bra avaient pardonné, si elles lui en avaient jamais voulu d’ailleurs. Mais Trunks, non. Il restait toujours aussi froid, méchant, hautain. Combien de temps cela allait-il durer ? Combien de temps allait-elle encaisser, le cœur gros, les remarques acerbes du jeune héritier ? L’orgueil de saiyen… Il n’était pas le seul saiyen ! Goku et Goten n’en avaient jamais voulu à Pan. Gohan avait pardonné, et Bra, avec son caractère bien trempé, adorait toujours autant celle qui restait sa meilleure amie.
La jeune fille décida que cela suffisait. L’orgueil de Trunks était blessé, soit ; le sien aussi. On n’insultait pas impunément Pan Son. Encaisser sans riposter, c’était terminé. Elle était une saiyenne, elle aussi, et elle allait le lui rappeler.

Goten avait ouvert la bouche pour répondre mais Pan le devança, toisant Trunks avec un sourire dédaigneux :

- Monsieur Brief nous fait donc l’honneur de sa présence ? Il n’est pas en train de dilapider l’argent que sa mère et son grand-père ont gagné, eux ?

Les kis des deux jeunes gens s’étant dangereusement élevés, Goten s’interposa rapidement, légèrement inquiet :

- On se calme ! Bon, ok, je savais que vous alliez tous les deux participer, et je vous ai menti. Mais j’en ai marre de tout ça, j’aimais bien les moments qu’on passait tous les trois, avant !
- Ce temps est révolu, répliqua sèchement Pan.
- Ça c’est bon, je suis au courant, merci, grogna Goten. Vous pourriez quand même faire un effort, aujourd’hui, juste aujourd’hui ! Nos familles, nos amis sont là pour nous voir nous battre et gagner, et…
- Je vais gagner, coupa Trunks avec un sourire supérieur, en croisant les bras.
- Hors de question, rétorqua Pan. Tu as eu ta petite heure de gloire quand tu avais huit ans, maintenant t’es gentil, tu laisses faire les grandes personnes.

Un éclair de colère passa à nouveau dans les yeux clairs du jeune saiyen qui reprit d’un ton mielleux :

- Les « grandes personnes » ? Ce n’est pas parce que tu as assassiné une enfant pour prendre sa place dans nos familles que tu peux jouer à la « grande personne ». Tu n'as aucune légitimité ici.
- Mais arrêtez ! hurla Goten que le ki vibrant de ses deux compagnons commençait à effrayer sérieusement.

Autour d’eux, un cercle inquiet de concurrents s’était formé à bonne distance. Pan et Trunks se dévisageaient avec mépris et colère et Goten se demanda soudain si la jeune fille n’avait pas, en fait, de sérieuses chances de l’emporter contre Boo lui-même…

Trunks détourna enfin son regard vers Goten et grinça :

- Je vous laisse. Vous faites bien la paire, aussi menteurs l’un que l’autre.

Il s’éloigna, fendant la foule des concurrents qui s’ouvrait devant lui. Goten soupira et se retourna vers Pan… pour la voir à son tour partir de son côté. Seul au milieu de la cour, il gémit :

- Bra, je vais te tuer.
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar Rusk le Mer Juil 08, 2009 20:02

Terrible!!
Les personnalités de Bra, Goten, Trunks et même Pan, je les imaginai trop comme ça!!
Et la réflexion de Goten à la fin, j'adore :lol:
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar Foenidis le Mer Juil 08, 2009 22:30

Magnifique travail sur la montée en puissance des personnalités... :D
Dernière édition par Foenidis le Jeu Juil 31, 2014 15:45, édité 1 fois.
Le futur me donne un peu trop souvent l'impression d'avoir les mots de Dante « Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance » gravés en lettres sombres sur son fronton.
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar Hel le Jeu Juil 09, 2009 9:05

@ Rusk et dbphoenix10 : merci beaucoup ! :roll:
Je vous avais parlé d'un chapitre de combat, mais en fait je me rends compte à la relecture que j'avais bien botté en touche... :lol:


Chapitre 15 : Tenka Ichi Budôkai

La loge présidentielle bruissait des discussions de toute la petite bande enfin réunie. Assises au premier rang trônaient Chichi, Videl et Bulma, à côté de laquelle Bra avait pris place. Près d’elle s’étaient installées Marron et C18. Yamsha, Plume, Oolong et Tortue Géniale occupaient l’autre rangée de sièges, sur la droite. Et derrière, debout et appuyés contre le mur de la loge, se tenaient Krilin, Goku, Gohan, Végéta et Piccolo. Dendé était resté au Palais mais, ils n’en doutaient pas, suivait l’action de près, de même que Monsieur et Madame Brief depuis l’écran géant du salon de la Corp.
Les éliminatoires n’avaient été, bien évidemment, qu’une formalité pour les trois jeunes gens, la principale difficulté résidant pour eux dans la nécessité de ne pas faire subir aux machines le sort que Végéta leur avait réservé quelques années plus tôt. Tous les concurrents sélectionnés allaient à présent faire leur entrée sur la surface de combat pour le tirage au sort. Chichi s’exclama joyeusement :

- C’est une bonne chose qu’ils aient accepté de concourir tous les trois. Je suis ravie de constater que cette querelle entre Trunks et ma petite fille est terminée !
- Justement, murmura Videl. C’est ce qui m’étonne. Car je pense qu’elle est loin d’être terminée, au contraire.

Bulma acquiesça :

- Je suis d’accord avec toi. Trunks n’avait pas le choix, Végéta l’a inscrit. Par contre, je pensais honnêtement que Pan ne viendrait pas.
- Elle ne savait pas que Trunks était là, renchérit Marron. Elle m’a encore dit au téléphone cette semaine que Goten l’avait assurée qu’il ne participerait pas !
- Quoi ? demanda Bulma, les yeux écarquillés. Mais c’est impossible, Goten est au courant depuis un moment que Trunks est inscrit, il était ravi !
- Goten aurait menti à Pan ? s’exclama Chichi.
- Et à Trunks aussi manifestement, ajouta Bulma.
- Son Goku ! Tu entends ça ! Notre fils se met à mentir maintenant ! Je vais reprendre tout cela en mains, crois moi, cela ne va pas traîner ! hurla Chichi, furieuse.

Son mari échangea un coup d’œil navré avec Gohan qui lui adressa un petit sourire encourageant.

- Cela ne lui ressemble pas… murmura Bulma tout en jetant un coup d’œil vers sa fille.

Bra, étrangement concentrée sur la surface de combat où se pavanait Satan, semblait muette.

- Bra, tu ne serais pas au courant de quelque chose, des fois ? grinça sa mère.
- Euh… Maintenant que tu le dis… c’est… un peu mon idée en fait.

Tous se tournèrent vers l’enfant qui récupéra d’un coup toute sa superbe et décocha un sourire satisfait :

- Ne vous inquiétez pas, tout est prévu, j’ai pensé à tout. J’en avais assez de cette situation ridicule, j’ai décidé de prendre les choses en mains, c’est tout.
- Et je peux savoir ce que tu as prévu, exactement ? demanda Bulma manifestement inquiète.
- J’ai tout prévu. Je suis ta fille, je suis géniale. Ne l’oubliez pas.

Goku ne put retenir un éclat de rire alors que la Présidente de la Corp levait les yeux au ciel. Videl sourit et dit seulement :

- J’espère que tu dis vrai, Bra. Pour une fois, je ne suis pas sûre que quiconque puisse faire changer d’avis ces deux là.
- C’est une excellente chose que la fille soit venue. Cela fait peut-être deux adversaires potables pour Trunks, trancha Végéta.
- Eh, mon fils et ma petite-fille sont des adversaires plus que potables ! s’indigna gentiment Goku.
- C’est ça, on verra, se contenta de répondre le Prince avec un sourire méprisant. Trunks s’est énormément entraîné dernièrement, je ne donne pas deux minutes à tes rejetons.
- Comme tu dis, on verra Végéta, conclut calmement Gohan.

L’éternel présentateur à présent grisonnant avait fait son entrée sous les acclamations et, un à un, appelait les seize concurrents sur la surface de combat. Comme d’habitude, le vainqueur aurait le privilège d’affronter, dans un duel d’anthologie, Satan lui-même. La prénommée Kim avait réussi in extremis à passer l’épreuve de sélection mais ne semblait plus très sûre d’elle en montant l’escalier. Boo était tranquillement entré sous les acclamations et Goten lui, salua le public avec un sourire ravi. Le présentateur, qui avait manifestement gardé le meilleur pour la fin, se racla la gorge, et annonça d’une voix de stentor :

- Mesdames et Messieurs, nous avons l’immense honneur d’accueillir aujourd’hui deux jeunes gens absolument exceptionnels. Le premier n’est autre que le célibataire le plus convoité de cette planète, l’héritier de la prestigieuse Capsule Corporation, j’ai nommé… Trunks Brief !

Après un instant de silence total, la foule massée dans les gradins se leva d’un seul geste et tout le stade retentit d’une clameur gigantesque. Mains dans les poches, les traits tendus et manifestement fort agacé, le fils de Bulma fit son entrée dans une atmosphère survoltée. Des centaines de voix féminines hurlaient son prénom et une petite culotte blanche vint même atterrir sur la surface de combat, déclenchant un impressionnant saignement de nez simultané chez Oolong et Tortue Géniale.
Le jeune homme alla s’installer près des autres concurrents, sans accorder la moindre attention à ces groupies hystériques. Goten vint le rejoindre et lui glissa en souriant :

- Dis donc, tu m’en laisseras bien une ou deux, sur le nombre, hein ?
- Toi, ferme-la, grogna Trunks.
- Ok… soupira Goten.

Le présentateur était enfin parvenu à rétablir un relatif silence, et annonça :

- Notre dernier concurrent… est une concurrente, et pas des moindres. Elle s’appelle Pan Son, mais nous connaissons tous ici son illustre grand-père, car elle n’est autre que la petite-fille de Satan lui-même !

La foule à nouveau en délire se leva pour acclamer la petite-fille de son héros quand Pan apparut, rejoignant d’un pas décidé la surface de combat. Elle gardait les yeux fixés sur ses futurs adversaires, tentant de calmer son cœur qui battait la chamade et de ne pas regarder cette multitude impressionnante qui l’acclamait avec ferveur. Des sifflets admiratifs retentirent, hommage peu respectueux à la beauté de la jeune femme. Son débardeur orange dessinait son buste et la tresse que Videl lui avait faite le matin même dégageait l’ovale de son visage. Elle se sentit rougir.
Le présentateur la regarda s’avancer, surpris, et murmura quand elle passa devant lui :

- Mais… La dernière fois… Vous n’aviez pas quatre ans ?
- J’ai mangé beaucoup de soupe, se contenta-t-elle de répondre avant d’aller se placer parmi les concurrents, à bonne distance cependant de Goten et Trunks.

Le présentateur ouvrit la bouche… et renonça finalement à demander quoi que ce soit. C’était étrange, soit. Mais qu’est-ce qui n’était pas étrange avec cette famille ? Il secoua la tête en souriant.

Goten adressa à sa nièce un petit signe de la main auquel elle ne répondit pas.
Dans la loge, Bra commença à se demander si elle avait eu une bonne idée, cette fois. Elle sourit cependant en voyant Goten se rapprocher discrètement de Boo. Le fils cadet de Goku murmura à l’oreille de leur ancien ennemi :

- Dis moi, je voudrais que tu me rendes un petit service.
- Je te connais toi, tu es gentil ! Je veux bien, répondit placidement le gros guerrier rose.
- Merci. Je voudrais que tu me donnes un petit coup de pouce pour le tirage au sort. Tu peux choisir les numéros ?
- Bien sûr, c’est très facile. Ton père m’avait déjà demandé.
- Bien. Je t’indiquerai alors quels numéros prendre, merci Boo.

Goten réfléchit. Le but était donc de faire arriver Pan en finale, pour qu’elle se batte contre Boo. Il pouvait, lui-même, se retrouver dans le même tableau que sa nièce ; après tout, la laisser gagner ne lui posait pas plus de problème que cela. À vrai dire, il ne concevait pas vraiment de déchaîner sa puissance contre la jeune fille, surtout sous les yeux de Gohan qui n’apprécierait sûrement pas. Et puis, surtout, pour avoir participé à quelques entraînements de Pan et avoir assisté à son combat contre Gohan, il doutait en fait d’être capable de la battre…
Trunks avait énormément progressé ; mais Boo restait au-dessus du lot, et il y avait peu de chance que l’héritier de la Corp parvînt à prendre le dessus contre ce guerrier quasi parfait. Goten décida donc de mettre Pan et lui d’un côté du tableau, et Trunks et Boo de l’autre. C’était donner les meilleures chances à Pan de rencontrer Boo en finale.

Quand les premiers chiffres commencèrent à s’égrainer, il passa à l’action et souffla à Boo :

- Maintenant, il faut que Trunks pioche le numéro six.

Le bonhomme rose fronça les sourcils, se concentra… et répondit tranquillement :

- Je ne peux pas.
- Hein ? balbutia Goten les yeux écarquillés.

Trunks sortit sa main de l’urne : il tenait la boule numéro un, celle qui le plaçait dans le même tableau que Pan qui avait le numéro cinq. Goten balbutia :

- Mais que s’est-il passé ? Je croyais que c’était très facile !
- Je ne sais pas, c’est étrange. Mon pouvoir a été bloqué. Je peux réessayer si tu veux.
- Euh… Ben pourquoi pas… Quand ce sera à moi, je veux le numéro huit alors. Au moins je me retrouverai face à Pan, et pas à Trunks…
- D’accord, répondit Boo.
- Monsieur Son Goten ! appela le présentateur.
- Voilà, j’arrive !

Le jeune homme s’approcha de l’urne, y plongea la main… et ressortit la boule numéro quatre. Il grimaça : à moins d’un miracle au premier tour, son deuxième combat l’opposerait à Trunks. Qu’est-ce qu’il allait prendre... Il jeta un coup d’œil à Boo qui hocha la tête d’un air surpris. Ses pouvoirs, pour une raison inconnue, avaient été parfaitement inefficaces.

Dans la loge présidentielle, Bra s’était levée, sourcils froncés. Elle s’exclama :

- Mais qu’est-ce qu’il a fabriqué ! Ce n’est pas du tout ce qui était prévu !
- Ma chérie, je croyais que tu avais tout prévu, remarqua Bulma avec un petit sourire.

Sur la surface de combat d’où descendaient les concurrents, Goten leva les yeux vers les fenêtres de la loge et haussa les épaules, marquant sa plus totale incompréhension. Bra croisa les bras et se rassit, manifestement furieuse. Son père sourit :

- Parfait, moi ça m’arrange. Comme cela, Trunks aura l’occasion d’envoyer au tapis vos deux garnements et Boo en finale. La victoire lui est acquise.
- Ne parle pas trop vite, Végéta, rétorqua Goku.

Mais déjà le premier combat commençait, opposant Trunks à un maître sumo… qui ne resta pas plus de deux secondes sur le tatamis, proprement éjecté par un coup de pied rapide et souple de la part du jeune hériter. Celui-ci descendit de la surface sans prêter la moindre attention aux acclamations enthousiastes de la foule. Il dépassa Pan sans lui adresser un regard mais s’arrêta une seconde devant Goten pour lui dire froidement :

- Allez, débarrasse-toi du tien. J’ai hâte qu’on se retrouve.

Goten faillit répondre que, lui, il avait hâte de s’expliquer avec Bra, mais préféra éviter d’énerver encore plus son meilleur ami. Il soupira et se dirigea à son tour vers l’aire de combat avec son adversaire. Il en revint à peine trois minutes plus tard, son prétendu rival gisant piteusement sur la civière qu’emportaient prestement les soigneurs.

Pan resserra sa ceinture et vérifia que le ruban noir qui retenait sa natte était solidement attaché. À l’annonce de la prochaine rencontre, elle se dirigea à son tour vers la surface de combat sans jeter un regard à Kim qui la suivait deux pas derrière. Quand elle passa devant le présentateur, celui-ci lui glissa d’un air contrit :

- Dites, si vous pouviez juste faire durer un tout petit peu le combat… Le public aime bien, vous savez…

La jeune femme lui fit un clin d’œil :

- Bien, comme vous voulez. Cela me servira d’échauffement.

Kim, qui n’avait rien entendu, semblait reprendre confiance en elle sous les acclamations du public. Les spectateurs se délectaient d’avance de ce combat des deux jeunes filles, qui n’étaient pas moins que l’élève et la petite-fille de leur héros ! Elles s’avancèrent toutes deux et Pan concentra son attention sur son adversaire : Kim était très grande, fortement bâtie, et portait l’habituel kimono blanc des élèves de son grand-père. Avec la ceinture noire dont, manifestement, elle était très fière. Elle jeta un regard méprisant à Pan :

- Bien on va pouvoir régler cela, maintenant, à la loyale ! Mais je te préviens, petite-fille de Satan ou pas, je ne te ferai pas de cadeau !
- Mais j’espère bien, répondit calmement la jeune saiyenne avec un sourire franc.

La voix du présentateur annonça le début du combat et les deux jeunes filles tombèrent en garde. Elles restèrent parfaitement immobiles pendant un moment, puis Kim se jeta sur Pan.

La saiyenne n’en crut pas ses yeux.
Elle réalisa alors une chose qui ne lui avait même jamais effleuré l’esprit : elle ne s’était battue, dans sa vie, qu’avec des saiyens, ou Piccolo. Avec Krilin deux à trois fois, mais elle le savait exceptionnellement doué pour un humain. Là, à regarder cette fille se jeter sur elle au ralenti, dans une attaque qui n’était qu’une suite de mouvements ineptes effectués à une vitesse totalement risible, Pan réalisa le fossé béant qui existait entre eux… et tous les autres. Elle se sentit un peu déstabilisée : que devait-elle faire ? Comment faire durer un… combat pareil ? Elle comprit l’absolue nécessité de retenir ses coups, elle risquait de briser cette pauvre fille comme un fétu de paille.

Kim semblait toujours suspendue en l’air, le pied en avant, un rictus sauvage déformant ses traits. Pan décida finalement de se contenter de faire deux pas de côté. Kim manqua de s’effondrer au sol et se rétablit par une roulade. Elle regarda de tous côtés, stupéfaite… et écarquilla les yeux en voyant Pan qui lui souriait gentiment, à un mètre ; elle bredouilla :

- Mais comment… Je ne t’ai pas vue…
- Tu as du mal regarder. Joli, le coup de pied, remarqua la saiyenne.

Dans la loge, Végéta leva les yeux au ciel :

- Quel spectacle pathétique !
- Pan s’ennuie, la pauvre, reconnut Goku.
- J’espère qu’elle ne blessera personne, murmura Videl.
- Aucune chance, elle maîtrise parfaitement sa puissance et n’a aucune raison d’infliger des blessures à son adversaire, répondit Gohan.
- Si, elle en a.

Toute la petite assemblée se retourna pour voir Trunks entrer dans la loge d’un pas nonchalant. Bulma écarquilla les yeux :

- Mais qu’est-ce que tu fais là ? Il est interdit aux compétiteurs de quitter les vestiaires pendant les phases du tournoi !
- Pour me sanctionner encore faudrait-il qu’ils m’aient vu partir, répondit calmement son fils.
- Tu disais que Pan a des raisons d’en vouloir à cette fille ? interrompit Videl.
- Elle est à la fac avec elle. Elles avaient eu un léger accrochage, je crois que cela ne déplairait pas à Pan de donner une leçon à cette fille.

Gohan écarquilla les yeux, regarda l’aire de combat… et sembla réaliser :

- Mais oui, tu as raison, cette Kim me dit quelque chose, je l’ai peut-être déjà eue en cours, en amphi…

Bra sourit à pleines dents :

- Waou, si cette fille a énervé Pan, alors qu’est-ce qu’elle va prendre !

Chichi et Videl jetèrent un regard inquiet à Goku, qui ne put qu’acquiescer en grimaçant. Gohan sourit :

- Faites-lui confiance ; elle connaît sa force.

Yamcha jeta un coup d’œil à Trunks :

- Tu es venu assister au combat d’ici ?
- Non, aucun intérêt, répondit froidement le jeune homme. Je suis juste passé vous voir, je m’ennuie à mourir là-bas. D’ailleurs je vous laisse, je vais aller manger un morceau.

Sur ce, il tourna les talons et sortit sous le regard inquiet de sa petite sœur. La voix de Goku retentit :

- Tiens, moi aussi je crois que je vais…
- Tu restes ici ! hurla Chichi. Tu viens de manger et c’est ta petite-fille qui se bat, là !

Le guerrier se rassit, penaud, et reporta son attention sur la surface de combat où, en effet, il ne se passait rien d’intéressant : Pan esquivait, bougeant à peine, bloquant un coup de poing d’une main et retenant un bâillement de l’autre. Jugeant finalement qu’elle avait perdu bien trop de temps à ces simagrées, elle décida d’y mettre un peu du sien et d’en finir. Après tout, elle avait un compte à régler avec cette Kim. L’autre tentait au même instant un balayage, que Pan esquiva d’un saut gracieux. Elle en profita pour dégager à son tour le pied d’appel de Kim qui chuta et, sans bien savoir comment, se retrouva allongée sur le dos, les deux bras bloqués sous les pieds de Pan. Celle-ci se pencha vers elle en souriant :

- Alors, comme ça mon père est … quoi déjà ? Un enfoiré ? Un salaud ?

Kim cligna des yeux et balbutia tout en essayant en vain de se libérer :

- Quoi ? Mais de quoi tu parles ?
- Pan Son… Son Gohan… ça fait « tilt » ?

Les yeux de la fille s’écarquillèrent et Pan y vit briller un éclair de réalisation… et de panique. Elle sourit :

- Eh oui, je suis non seulement la petite-fille de ton héros, mais aussi la fille de ton prof préféré.

Elle libéra alors Kim qui bondit sur ses pieds et se remit en garde. Cette fois le sourire de Pan disparut et elle annonça simplement :

- Je crains que tu ne rates les prochains cours. Je n’aime pas qu’on manque de respect à ma famille.

Et sur cette affirmation, elle détendit sa jambe et frappa. Un coup léger, porté avec la tranche du pied, qui atteignit Kim au niveau de la mâchoire dans ce que Pan aurait pu qualifier de « caresse ». L’élève de Satan alla s’écraser dans la paroi entourant la surface de combat, au pied des gradins. Son corps retomba lourdement au sol. Les soigneurs se précipitèrent, pour vérifier ce que Pan savait déjà : Kim serait immobilisée un bon moment, mais ne souffrait d’aucune blessure réellement grave.

Déjà la foule acclamait la gagnante du combat qui, elle, se contenta de lever les yeux en souriant vers la loge présidentielle alors qu’elle quittait l’aire de combat. Quand Pan entra dans le bâtiment principal, elle sentit une main se poser sur son épaule et tourna la tête : son oncle lui souriait.

- Bien joué. Là, je pense qu’elle a compris la leçon.

La jeune fille ne put retenir un sourire :

- J’espère bien. Mais je suis toujours furieuse contre toi, Goten. Je t’ordonne de battre Trunks en quart de finale.
- Pour pouvoir me mettre une bonne raclée en demie ?
- Exactement.
- Le problème c’est que Trunks rêve de faire la même chose, sauf qu’il en aura l’occasion avant toi ! répondit Goten avec une grimace.
- Alors je compte sur toi. Tu ne vas quand même pas te faire battre par le fils de Végéta ? railla Pan.
- Ben… Il a vraiment énormément progressé, il s’est entraîné comme un fou ces derniers mois depuis que…

Le jeune homme se tut alors que le visage de sa nièce s’assombrissait. Ils savaient pertinemment la raison de ces entraînements forcenés de l’héritier de la Corp. Pan annonça froidement :

- Je vais manger un morceau.

Elle s’éloigna à grands pas, et Goten la suivit en soupirant. Quand ils entrèrent dans le restaurant, Trunks en sortait. Pan détourna la tête, refusant de croiser ce regard bleu acier qui la brûlait. Le fils de Végéta disparut à nouveau dans la foule. L’oncle et la nièce s’attablèrent et dévorèrent en silence un nombre impressionnant de plats tous plus copieux les uns que les autres. Ils avaient tout le temps devant eux, attendant sereinement les quarts de finale, et surtout le premier qui opposerait Trunks à Goten. Pour le moment, les cinq combats suivants ne les intéressaient nullement : Boo sortirait vainqueur du sien, c’était le seul point important.

Le brouhaha enthousiaste qui s’éleva à l’annonce du début des quarts de finale rappela l’oncle et la nièce vers la surface de combat. Trunks attendait, tranquillement appuyé contre le mur du stade. Il leva les yeux en sentant les kis de Pan et Goten approcher, et darda son regard bleu vers le jeune saiyen :

- Cela va être à nous.
- Je sais. N’oublie pas que j’ai toujours une revanche à prendre.
- Pour la revanche, tu devras encore patienter.

« Le premier quart de finale va opposer Trunks Brief à Son Goten » annonça l’arbitre. Les deux jeunes gens se dirigèrent vers la surface de combat. Pan hésita, puis cria :

- Bonne chance, Goten !

Son oncle lui fit un sourire par-dessus son épaule en s’éloignant. Trunks jeta un regard à la jeune fille, et murmura :

- Tu as raison, il va en avoir besoin.

Pan lui jeta un regard haineux qui sembla glisser sur lui sans l’atteindre. Les deux garçons sortirent du bâtiment et furent accueillis par une foule bruyante et ravie. Ils grimpèrent lestement les marches et se dirigèrent vers l’arbitre qui annonça dans son micro :

- Mesdames et Messieurs, nous allons assister à un match extraordinaire. Ces deux jeunes gens ont déjà en effet concouru ici, il y a plus de dix ans, lors de l’exceptionnelle dernière finale de la catégorie junior !

Les exclamations du public redoublèrent d’intensité et le présentateur dut attendre quelques longues secondes avant de continuer :

- À l’époque, c’est le jeune Trunks Brief qui avait remporté ce combat passionnant. Voyons si son ami prendra sa revanche ! Messieurs, quand vous voulez.

Les deux saiyens se mirent en garde face à face.
Dans la tribune présidentielle, seule la voix enjouée de Goku brisa le silence :

- Ah, enfin un combat intéressant !

Goten et Trunks restèrent quelques instants parfaitement immobiles, les yeux dans les yeux, tous leurs sens concentrés au maximum. Ceux qui en étaient capables sentaient leurs énergies respectives augmenter au fur et à mesure. Au même instant, un sourire se dessina sur leurs visages, et ils s’élancèrent l’un contre l’autre.

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Le silence dans le stade était total. Les spectateurs, sidérés, les yeux écarquillés, tentaient désespérément de suivre le combat qui se déroulait devant eux. Les coups pleuvaient, lancés et bloqués avec une force, une perfection sans égal. Les seuls sons qui brisaient ce silence de mort étaient les halètements d’effort des deux combattants, ou leur cri étouffé quand ils encaissaient un coup plus rude que les autres.

Gohan murmura, admiratif :

- Végéta, ton fils a fait énormément de progrès. Goten va avoir du mal.
- Euh… parce que vous arrivez à voir quelque chose, là ? demanda Oolong.

Le Prince se contenta d’arborer un sourire satisfait : Trunks se battait bien, très bien même. Ses gestes alliaient puissance et précision. Ses attaques portaient bien plus souvent que celles de Goten, et Végéta savait parfaitement que son fils était loin de ses réelles possibilités. Il s’était réjoui de voir Trunks se remettre à s’entraîner plus que jamais après le départ de cette fille, avec au ventre cette rage qui seule faisait exploser la puissance des saiyens. Trunks avait suivi le même entraînement que son père, sans jamais demander grâce, sans jamais se plaindre. Des mois durant, plusieurs heures par jour dans la salle de gravité, il avait supporté les coups les plus durs et les remarques les plus acerbes du Prince. Mais la colère qui l’habitait lui avait fait serrer les dents, car la douleur qu’il ressentait était bien au-delà de tout ce que son corps pouvait subir. Les regards compréhensifs de Goten, les mots tendres de sa mère… Ce n’est pas de cela dont il avait besoin. Végéta avait été le seul à comprendre son manque, et l’avait comblé. Trunks s’était jeté à corps perdu dans cette quête d’un apaisement qu’il avait en partie trouvé. La souffrance physique, l’épuisement total de son corps lui avaient au moins permis… d’oublier. Et de progresser, à une vitesse hallucinante. Goten en faisait les frais en ce moment même.

- Vous… Vous arrivez à suivre ? demanda l’arbitre d’une voix tremblante à Pan qui s’était adossée au mur du stade.
- Oui, répondit-elle simplement sans quitter des yeux la surface de combat.
- Le combat ne va pas durer longtemps, à une vitesse pareille…
- Pensez-vous, il n’a même pas encore vraiment commencé.

Les yeux de l’arbitre sortirent de leurs orbites derrière ses lunettes noires et il regarda, hagard, la jeune femme souriante qui avait énoncé cela comme si c’était la chose la plus évidente. Il gémit :

- Dites, cette fois, ils ne vont pas tout casser ?
- Alors là, je ne vous promets rien. Mais mon grand-père fera tout réparer, comme d’habitude, ne vous inquiétez pas.

L’arbitre soupira et tourna à nouveau son regard vers l’aire de combat. Justement, les deux adversaires venaient de s’immobiliser au centre de la surface. Si Trunks récupéra rapidement une respiration plus calme, Goten lui peinait à retrouver son souffle. Il essuya d’un revers de main le filet de sang qui lui coulait de la lèvre et sourit :

- T’as fait de sacrés progrès.
- Je te l’ai dit, Goten. Le jour de ta revanche n’est pas arrivé.
- C’est ce qu’on va voir. Assez joué !

Et, dans un cri, Goten concentra son énergie, faisant exploser son aura autour de lui. Ses cheveux virèrent au blond et son regard se fit aussi pâle que celui de Trunks. Ce dernier sourit :

- Déjà ?

Et à son tour, dans un hurlement, il passa au niveau de super saiyen. Un murmure d’incompréhension et d’admiration fit vibrer la foule des spectateurs. Goten se remit en garde et dit :

- Ça m’a manqué, de me battre avec toi.
- Moi aussi, admit Trunks.

Ils se regardèrent un instant, et se lancèrent à nouveau l’un contre l’autre dans un fracas étourdissant d’énergie. Les coups se remirent à pleuvoir, d’une puissance décuplée. Leurs corps s’élevèrent petit à petit dans l’air, sans qu’aucun des spectateurs ne songeât plus à rien dire tellement la scène était de toutes façons hallucinante.

- Et là, bien sûr, vous suivez toujours… demanda l’arbitre à Pan.
- Bien sûr.
- Ils semblent de force égale, non ?
- C’est mieux que tout à l’heure, Goten s’est un peu réveillé, mais cela restera insuffisant. Ils le savent tous les deux.

Pan répondait machinalement, sans quitter les deux garçons du regard. La scène était, à ses yeux, magique. Les voir là, se battre pour le simple plaisir de la compétition, était merveilleux. Dans son monde, dans l’avenir d’où elle venait, le dernier combat qui les avait réunis avait scellé leur destin tragique. Alors que là, ils ne prenaient que du plaisir, que le bonheur pur de partager avec son meilleur ami ce que si peu de personnes pouvaient comprendre. Ils étaient habitués à se battre ensemble, depuis toujours. Ils avaient grandi ensemble, ils avaient découvert leur puissance ensemble. Ils avaient combattu Boo ensemble, et personne ne maîtrisait mieux la fusion que ces deux là. Il y avait entre eux une alchimie qu’aucune querelle ne pourrait jamais entacher, un lien évident et éternel. Ils étaient dans la fleur de la jeunesse, insouciants et beaux, heureux et en vie. Alors qu’il terrifiait les milliers de spectateurs massés dans le stade, ce spectacle réchauffait le cœur de Pan d’une intense émotion.
Son oncle allait perdre. Tant pis, il fallait un perdant de toutes façons. Et Trunks avait non seulement un an de plus que Goten, mais il avait toujours été habité de cette flamme que lui avait léguée Végéta et qui le rendait plus tenace, plus exigeant. Un peu, juste un peu. Mais c’était cette légère différence qui, à chaque fois, faisait pencher la balance de son côté. Ce n’était que justice : Végéta n’avait jamais réussi à atteindre le niveau de Goku, restant toujours un cran derrière. Trunks représentait sa revanche, et Goten serait à son tour toujours légèrement, très légèrement moins puissant.

Elle grimaça quand le poing de Trunks atteignit à pleine puissance l’estomac de Goten. Ce dernier se plia en deux, le souffle coupé, et son ami en profita pour lui envoyer un coup de genou sur le côté de la tête. Le jeune homme para in extremis, mais la force du geste le propulsa quand même de nombreux mètres plus loin. Il se redressa lentement, haletant. Trunks ne lui laissa pas une seconde de répit et se précipita à nouveau sur lui.

Pan entendit l’arbitre murmurer près d’elle :

- Cela va faire plus de vingt minutes que le combat a commencé…
- Il va bientôt s’achever, répondit-elle.

C’était une question de minutes, tout au plus. Goten était épuisé, et Trunks ne lui laissait aucune chance. C’était normal, c’était les règles. La jeune fille suivait chaque geste du fils de Végéta avec une grande attention : il serait donc son adversaire, en demi-finale. Elle admirait sa technique, sa précision, sa puissance et l’élégance de chacun de ses mouvements. Pan s’était très peu battue avec lui, ou avec Végéta, dans son enfance et, évidemment, jamais depuis son arrivée ici. Leur technique était assez différente de celle de sa famille. Pan savait qu’elle devait elle-même beaucoup à l’entraînement de son grand-père, et donc à l’école de la Tortue et à Kaio, entre autres. Mais elle devait encore bien plus à Gohan, qui était lui-même imprégné du style de Piccolo. L’enseignement de son père et du Namek étaient la base de sa propre maîtrise des arts martiaux. Enfin, surtout, chacun s’était forgé au cours des années sa propre technique, ses propres attaques.

Alors que sur la surface de combat, Goten avait de plus en plus de mal à faire face aux assauts de Trunks, Pan fronça les sourcils : pouvait-elle, en fait, se battre contre celui qu’elle avait tant…aimé ? Elle doutait soudain de la pertinence d’un tel combat. Elle doutait d’arriver à le frapper à pleine puissance quand sa seule présence la laissait si mal à l’aise. Et lui ? Là, face à Goten, il était évident qu’il laissait exploser son énergie… Allait-il accepter un combat contre elle ? Elle n’était, après tout… qu’une fille. Pan se demandait, soudain, si le prestigieux héritier de la Corp n’allait pas purement et simplement mépriser le combat contre elle et s’en tenir à sa victoire contre son ami et adversaire de toujours, Goten.

Sur l’aire de combat, le dénouement était proche. Les deux amis semblaient s’être mis d‘accord pour ne pas utiliser de décharge d’énergie, et se contentaient d’un combat à mains nues. Réunissant ses dernières forces, Goten s’élança contre Trunks… qui disparut au dernier instant. Goten s’arrêta de justesse sur le bord de la surface, mais le centième de seconde que le fils de Goku mit à localiser son adversaire lui fut fatal : réapparaissant derrière lui, Trunks lui décocha un coup de pied latéral d’une puissance inouïe. Goten, épuisé et surpris par l’attaque, fut déstabilisé et, sans avoir le temps de concentrer sa puissance pour se maintenir en l’air, alla s’écraser au sol. Hors de la surface autorisée.

Après un long moment de silence total, le public sembla enfin prendre conscience de l’issue du combat, et une immense clameur s’éleva, célébrant la victoire du fils de Bulma Brief.
Goten, assis au sol, tentait de retrouver un semblant de respiration normale alors que ses cheveux avaient repris leur couleur naturelle. Il releva finalement la tête, et rencontra le regard rieur de son meilleur ami qui, penché vers lui, lui tendait la main. Goten sourit et se laissa hisser d’un seul mouvement sur la surface de combat. Courbé en avant, les mains sur les genoux, il parvint à articuler entre deux profondes respirations :

- T’as vraiment fait des sacrés progrès.
- Merci, répondit Trunks. Mais nous savons toi et moi que tu pourrais me rattraper en peu de temps.
- Je n’en suis plus si sûr, admit Goten.

Souriant tous deux, ils se tournèrent vers l’arbitre qui s’approchait prudemment. Celui-ci demanda au vaincu :

- Euh… Vous voulez qu’on appelle un médecin ?
- Non, merci, ça ira.
- Ah, bon, si vous le dites… balbutia l’homme.

Ils descendirent ensemble les marches de l’aire de combat, sous les acclamations enthousiastes du public devant un combat d’une telle intensité… et une amitié d’une telle sincérité. Les deux saiyens rejoignirent l’entrée du bâtiment principal d’un pas lent. A l’instant où ils ne furent plus visibles de l’extérieur… ils s’effondrèrent au sol :

- La vache, qu’est-ce que tu m’as mis ! hurla Goten.
- Tu peux parler ! Je dois avoir l’empreinte de ton poing sur la figure, gémit Trunks.
- Et comment t’as fait ce truc, tu sais, la combinaison avec tes deux genoux puis tes coudes et…
- Ah ouai, je te montrerai. Elle est bien, hein ?
- Tu parles, tu as du m’éclater quatre côtes avec ce coup-là !
- Oui, et bien en attendant, moi je ne sens plus mon avant-bras gauche, tu me l’as purement broyé en me maintenant au sol.
- Attends, moi je dois avoir au moins deux fractures à la cheville droite, tu…

Pan, un peu plus loin dans l’ombre, les écoutait se chamailler. Les deux amis étaient allongés à terre, entre grimaces de douleur et éclats de rire. Elle sentit une profonde émotion lui étreindre la poitrine. À cet instant, une main se posa sur son épaule et elle tourna la tête. Goku lui fit un clin d’œil en souriant et dit d’un ton enjoué :

- Ah, ces deux là, je te jure…

Elle lança un sourire radieux à son grand-père qui se dirigea finalement vers les deux combattants. Goten se redressa difficilement sur les coudes en voyant approcher son père :

- Papa ? Qu’est-ce que tu fais là ?
- Chichi était folle d’inquiétude, avoua Goku en se grattant la tête. On a eu beau lui dire que vous alliez bien tous les deux, elle m’a obligé à venir t’apporter un senzu. Tiens, j’en ai un pour toi aussi Trunks, même si ton père trouve que tu ne l’as pas mérité.

Goten et Trunks sourirent largement aux paroles du guerrier et avalèrent chacun l’un des précieux haricots. Dans la seconde qui suivit, ils étaient sur pieds. Goten s’étira et s’adressa à son père :

- Je vais t’accompagner à la tribune, je vais venir regarder le reste des matchs avec vous tous.
- Très bien ! Mais dis moi, avant… Cela te dirait de faire un détour par le restaurant ? demanda Goku.
- Bien sûr ! s’empressa de répondre Goten.

Goku se retourna alors vers Pan :

- Tu nous en veux si on n’assiste pas à ton prochain match ?
- Non, répondit-elle en souriant. Je ne pense pas avoir trop de mal à me qualifier pour les demi-finales.
- Oui, c’est après que cela va se corser ! renchérit Goten.

Le regard de Pan glissa sur Trunks qui sembla également prendre conscience de la présence de la jeune femme. Leurs sourires disparurent à tous deux et ils détournèrent les yeux au même instant, le visage tendu. Goku et Goten échangèrent un regard navré, haussèrent les épaules, et après avoir souhaité bonne chance aux deux jeunes gens, s’éloignèrent vers le restaurant. Pan, que le présentateur appelait pour son prochain combat, disparut vers l’extérieur alors que Trunks s’éloignait vers les vestiaires pour s’isoler un moment.

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Quand le père et le fils rejoignirent la loge présidentielle, ils furent accueillis par une Chichi hystérique :

- Non mais ça ne va pas, j’étais morte d’inquiétude ! Je ne savais même pas si Goten allait bien et où vous étiez !
- Mais ma chérie, balbutia Goku, j’étais parti lui donner un senzu, il allait forcément bien, et…
- Et vous êtes allés manger je parie ! Sans même me donner la moindre nouvelle de mon petit Goten !
- Euh… oui maman, mais tout va bien, je…

Chichi s’était ruée vers lui et faisait une inspection en règle de son état général, sourcils froncés. Elle marmonna :

- Je vous jure… Quelle idée de se battre comme ça… Trunks et toi auriez pu vous faire très mal…
- Ben oui, mais tu connais cela, c’est un combat, le but c’est de faire mal à l’autre, hein… bredouilla Goten en se grattant l’arrière de la tête.
- En parlant de combat, je suis extrêmement déçue ! Tu t’es encore fait battre par Trunks ! Heureusement que Pan reste en lice, sinon la récompense nous serait encore passée sous le nez ! s’exclama Chichi, furieuse.
- Je suis désolé, mais il était vraiment fort, hein, il a beaucoup progressé.

Végéta sourit, satisfait, les bras croisés contre la poitrine, appuyé contre le mur :

- Et encore, je connais mon fils, il n’a pas utilisé toute sa puissance, loi de là.

Bulma leva les yeux au ciel en souriant alors que tous les présents félicitaient tout de même Goten pour ce magnifique combat. Jusqu’à ce que Bra se plante devant lui, mains sur les hanches, ses yeux pâles lançant des éclairs :

- Ça suffit les compliments. Goten je peux savoir ce que tu as fabriqué ? Tu devais demander à Boo d’influer sur le tirage au sort pour que Pan se retrouve contre lui en finale !
- Hein ? s’exclamèrent-ils tous.
- Parfaitement ! renchérit-elle en levant fièrement le menton. Comme ça elle aurait été en difficulté et mon frère aurait volé à son secours.

Tous regardaient Bra, trop sidérés par ce plan hallucinant pour même songer à rire. Goten se défendit :

- Mais je n’y suis pour rien moi ! J’ai demandé à Boo, il était d’accord, mais il n’a rien pu faire, il a dit que ses pouvoirs n’avaient pas marché !

Goku, Végéta et Piccolo froncèrent les sourcils et le père de Goten lui demanda :

- Pas marché ? Comment cela ?
- Boo ne savait pas. Il prétendait que c’était facile, qu’il devait juste changer les numéros… mais au moment d’agir il a dit que son pouvoir était bloqué.
- Bloqué ? répéta Gohan, également étonné.

Goten acquiesça. Les guerriers échangèrent un coup d’oeil où se mêlaient surprise et inquiétude. Qu’est-ce qui pouvait bloquer les pouvoirs de Boo ? Et pourquoi ?
Videl, seule, sourit et son regard tomba sur la surface de combat où l’arbitre, son micro en main, s’avançait pour annoncer le début des demi-finales. Comme prévu, Pan s’était qualifiée sans aucune difficulté. De son côté, Boo remporterait plus tard sa propre demi-finale, et rencontrerait donc soit le fils de Végéta, soit la fille de Gohan en finale. La voix bien connue de l’arbitre retentit dans les haut-parleurs et l’attention de tous se tourna vers lui :

- Mesdames et Messieurs, c’est une rencontre absolument historique qui va avoir lieu maintenant. Car cette première demi-finale va opposer deux immenses célébrités : la petite-fille de Satan lui-même, Pan Son, contre l’héritier de Capsule Corporation, Trunks Brief !

Toute la fine équipe se rapprocha instinctivement des fenêtres de la loge alors que les deux jeunes gens, à bonne distance l’un de l’autre, faisaient leur entrée. La foule en délire hurlait des acclamations et des encouragements pour les deux concurrents qui, concentrés, n’entendaient rien. Chichi murmura, inquiète, à l’adresse de Bulma :

- Ma pauvre Pan… J’espère que ton fils ne va pas y aller trop fort, c’est une toute jeune fille !
- Ne t’inquiète pas, répondit son amie en souriant, je connais Trunks, c’est quelqu’un de doux et la galanterie est une de ses nombreuses qualités. C’est mon fils, après tout.
- Mais c’est aussi le mien, ajouta Végéta avec un mauvais sourire.

Quand l’arbitre annonça enfin le début du combat, les deux jeunes gens se placèrent face à face. Pan respira profondément et se mit en garde. Devant elle Trunks, le visage fermé, fit de même. La jeune fille ne parvenait pas à déceler ses intentions ; elle le savait tendu, mais il n’avait pas concentré son énergie. Il avait battu Goten, mais sans que l’un ou l’autre déchaînât réellement toute sa puissance. Ils s’étaient contentés d’un combat à mains nues, et il avait été clair qu’aucun des deux ne désirait réellement blesser l’autre. Pan ne voulait pas de ça, Pan ne voulait pas d’une demi victoire. Elle n’était pas une jeune femme fragile et méprisable, elle était une saiyenne et entendait bien être considérée comme telle, même par Trunks. Elle le lui signifia sèchement :

- Nous savons toi et moi que tu ne t’es pas donné à fond contre Goten. Je refuse que tu m’épargnes, je veux un vrai comb…

Le poing de Trunks l’atteignit avec une force ahurissante en plein ventre. Projetée à plusieurs mètres, elle se plia en deux et mit un genou à terre, le souffle coupé. Le jeune homme s’avança d’un pas et, se remettant en garde, la toisa froidement :

- Tu parles trop. Bats toi.
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar RMR le Jeu Juil 09, 2009 20:33

C'est super bien rythmé! Goten a de bonnes raisons d'en vouloir à Bra, sinon...
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar Foenidis le Jeu Juil 09, 2009 21:24

Excellent botté pour le coup !... (jeu de mots...).
La description des combats telle qu'elle est faite se suffit à elle-même, collant parfaitement au style du reste de l'histoire. Donc pas de soucis.
Dernière édition par Foenidis le Jeu Juil 31, 2014 15:45, édité 1 fois.
Le futur me donne un peu trop souvent l'impression d'avoir les mots de Dante « Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance » gravés en lettres sombres sur son fronton.
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar Rusk le Ven Juil 10, 2009 0:18

+1 avec DBphoenix!
Ta description des combats est parfaite et on est pas sur notre faim!
Je m'attendais pas à une telle qualité de combats honnêtement, je suis agréablement surpris :D

Sinon toujours aussi bien, et finalement je suis content que tu partes en vacances, ça nous fait les chapitres plus rapidement postés :mrgreen: :mrgreen:
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar Hel le Ven Juil 10, 2009 9:57

Bon, je suis contente que l'avant dernier chapitre vous ait pu ! :D J'espère que le dernier ne vous décevra pas ; c'est un combat, que j'ai pas mal travaillé, mais je suis consciente que ce n'est pas là où je me débrouille le mieux... :? Keiran m'avait donné spontanément de précieux conseils, et je l'en remercie à nouveau :D

J'espère que cette petite fic vous aura distraits. J'ai passé du temps à l'écrire, beaucoup de temps, mais je ne le regrette pas car je me suis vraiment fait plaisir. Pour info elle a une suite, car j'ai du mal à me détacher de cette Pan que j'ai créée, un peu Mary Sue, mais au moins elle change de celle de GT :mrgreen:

Rusk, RMR et dbphoenix, je vous remercie beaucoup de vos commentaires fort constructifs et de votre fidélité :D



Chapitre 16 : Pan et Trunks

- Oh mon dieu ! hurla Chichi.

Tous les guerriers présents avaient au même instant grimacé de douleur, jaugeant parfaitement la puissance de l’attaque. Goten lança un regard noir vers Bra qui avait pâli :

- Quand je te disais que ce n’était vraiment pas une bonne idée !

Pour la première fois de sa courte vie, la fille de Végéta ne trouva rien à répondre et entreprit de se ronger fébrilement un ongle.

Sur la surface de combat, Pan se redressa et se remit en garde. Elle murmura pour elle-même :

- D’accord…

Trunks s’élança à nouveau vers elle, et le combat commença. Le jeune homme attaquait méthodiquement, alternant coups de poing et coups de pied avec une rapidité et une précision surprenantes. Pan parait, bloquait, reculant petit à petit sur la surface. Trunks fronça les sourcils et grinça des dents : elle ne se battait pas, elle n’attaquait pas. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Elle n’en était pas capable ? Elle ne l’en jugeait pas digne ? Avec un grognement de frustration, il lança son coude en avant, pensant toucher la jeune fille au visage.
Mais son coude s’arrêta à quelques millimètres, retenu par la poigne d’acier d’une main pourtant fine. Il croisa alors le regard noir de Pan et y vit briller une flamme inquiétante. Trunks n’eut pas le temps de vraiment réaliser son erreur : de sa main libre, elle le frappa directement sur la mâchoire et il alla s’écraser à l’autre bout de la surface de combat.
Quand il rouvrit les yeux, elle était au-dessus de lui, et il se jeta de côté pour éviter le nouveau coup qu’elle lui destinait et qui fit exploser une dalle de pierre là où la tête de Trunks se trouvait une fraction de seconde plus tôt. Celui-ci avait bondi à quelques mètres, le temps de récupérer ses esprits.
Oui, elle était capable de se battre. C’était maintenant une certitude, qui réjouissait Trunks au plus au point : ils allaient régler ça, une fois pour toutes, de la façon qu’il préférait. Il allait lui faire payer, cher, très cher.

Pan l’avait rejoint et lança le poing. Il l’évita de justesse et répliqua immédiatement par une série d’attaques rapides qu’elle para du mieux possible. Elle ne put éviter le dernier coup, porté des deux mains, qui l’atteignit sur la tempe. Elle se sentit basculer au sol, se rattrapa sur une main et, en équilibre, envoya un magistral coup de genou à Trunks. Celui-ci encaissa cependant et, avant que Pan se fût rétablie, balaya la main d’appui de son adversaire et lui envoya son pied dans le ventre. Elle alla voler au-delà des limites de la surface, freinant in extremis sa chute. La foule ahurie regarda la jeune femme flotter au-dessus des gradins et revenir se poser au centre de l’aire de combat, où Trunks l’attendait.

Ils se jetèrent un regard glacial et s’élancèrent à nouveau l’un contre l’autre.

Dans la loge présidentielle régnait un silence de mort. Tous les guerriers avaient les yeux braqués sur les deux adversaires dont ils suivaient le moindre mouvement avec une extrême attention. La plupart des terriens présents, habitués à de tels combats, parvenaient encore à suivre les gestes des combattants. Mais la vitesse croissante des attaques faisait disparaître les deux jeunes gens aux yeux du commun des mortels. Les spectateurs ne distinguaient plus que des explosions de lumière accompagnées de claquements assourdissants, à chaque coup qu’échangeaient Pan et Trunks.

Ce fut la voix admirative de Goku qui brisa finalement le silence :

- Waou, là je dois bien le reconnaître, je suis soufflé.
- Quoi ? Que se passe-t-il ? s’empressa de demander Chichi. Qui va gagner ?
- Impossible à dire, murmura Gohan.

Videl resserra sa main sur le bras de son époux mais ne dit rien, concentrée sur le combat qu’elle-même peinait de plus en plus à suivre. Goten s’était accoudé à la balustrade et ajouta :

- Je savais que Pan était douée, je me suis entraîné avec elle, mais là… Elle m’épate. Parce que croyez-moi, Trunks est vraiment très en forme.
- Je ne sais même pas qui je dois encourager, gémit Bra.
- De toutes façons ils n’entendent plus rien, répondit Goten.

En effet, le monde de Pan et Trunks se résumait maintenant à la surface de combat sur laquelle ils se battaient depuis déjà un long moment, sans faiblir. Concentrés à l’extrême sur les gestes de l’autre, tout avait disparu autour d’eux. Les coups de pieds, de poings, pleuvaient sans qu’aucun ne parvînt à prendre l’avantage. Ils se retrouvèrent soudain à nouveau en garde, face à face, seulement légèrement plus essoufflés qu’au début du combat. Habités par une égale détermination, ils ne prêtaient aucune attention à la douleur qui vrillait leur corps par endroits. Sans lâcher Pan des yeux, Trunks sourit méchamment :

- Tu ferais mieux d’abandonner avant que je ne te fasse vraiment mal.
- Pourquoi ? répondit-elle tranquillement. Je commence à peine à m’amuser.
- Très bien. Mais il ne faudra pas venir pleurer. Contrairement à tous les autres, tu n’auras de ma part aucune pitié.

Un éclair de colère passa dans les yeux noirs de Pan. Elle articula lentement :

- N’essaye pas de te faire aussi méchant que ton père. Tu n’en seras jamais qu’une pâle copie.

Les dalles du sol se fendillèrent sous leurs pieds sans qu’ils y prêtent la moindre attention. L’air était devenu électrique, une aura de haine et de puissance semblant briller autour des deux jeunes gens.

Avec une détente phénoménale, ils se jetèrent à nouveau l’un contre l’autre. Coups de poings, balayages, esquives, coups de pieds… Tout allait maintenant à une vitesse hallucinante et pourtant aucun des deux ne réussissait à prendre l’ascendant. Cette impossibilité à dominer les mettait dans une rage égale et leurs énergies augmentaient en parallèle, nourries par leur frustration.

Dans la loge, ceux qui ne parvenaient pas à suivre les gestes des jeunes gens n’osaient même pas interrompre le silence par des questions et se contentaient des quelques instants où Trunks et Pan, se remettant en garde, redevenaient visibles pour tous. Soudain, la porte s’ouvrit à la volée et Satan se précipita à l’intérieur, totalement paniqué. Se ruant sur Videl, il hurla :

- Pan, notre petite Pan ! Il va la blesser ! Ils vont s’entretuer !

Puis cherchant du regard Son Goku, il bredouilla :

- Mais faites quelque chose, vous, là, avec vos pouvoirs et tout ! Ils vont tuer tout le monde, ça va recommencer !

Dans un premier temps aucun des saiyens ne répondit et les terriens se rendirent alors compte de leur extrême tension : Goku, ses deux fils et Végéta suivaient le combat sans un mot, parfaitement immobiles, le visage fermé. Ce fut la voix de Piccolo qui s’éleva finalement :

- Ils ne blesseront personne.
- Mais... et eux ? demanda Satan d’une voix tremblante.

Videl et Bulma tournèrent également leurs regards inquiets vers le Namek. Après un temps, celui-ci secoua la tête :

- C’est impossible à dire. Cette fille possède une technique remarquable.
- Trunks également, répondit Gohan. Je l’ai rarement vu se battre ainsi auparavant.
- Moi aussi, ajouta simplement Végéta.

La très légère pointe d’admiration dans sa voix ne passa inaperçue pour personne et tous les regards stupéfaits se tournèrent vers le Prince. Mais celui-ci ne quitta pas des yeux la surface de combat. Ou plutôt l’espace au-dessus de l’aire de combat, car Pan et Trunks s’étaient lentement élevés dans les airs et enchaînaient les coups à plus de vingt mètres d’altitude.

Tout le stade retentit soudain d’un cri de surprise quand, au même instant, une étincelle d’énergie pure brilla dans la paume ouverte des deux adversaires, à nouveau face à face. Les décharges partirent simultanément et Pan et Trunks les parèrent, encaissant le choc. Trunks fut plus rapide à récupérer et arma un nouveau tir. S’élevant à toute allure de quelques mètres, il lança la boule d’énergie de légèrement plus haut et Pan n’eut pas le temps d’ajuster son angle de réception. Elle reçut la décharge de plein fouet et son corps fut projeté en arrière. Elle s’écrasa lourdement dans l’aire de combat, son corps s’encastrant dans les dalles de pierre qui éclatèrent autour d’elle dans un fracas terrible.

Videl s’arrêta de respirer alors que Satan tombait assis sur une chaise, au bord de l’évanouissement. Bulma se mordit la lèvre, et Bra tapa du pied en s’écriant :

- Mais cela ne devait pas se passer comme ça ! Trunks devait sauver Pan ! Pas la frapper !

Le jeune homme était resté en suspend un instant, regardant le corps de Pan se tordre sous l’impact. Il eut peur un instant ; peur d’avoir gagné trop vite. Car c’était un combat qu’il voulait faire durer, longtemps.
Quand il avait réalisé qu’elle participerait au tournoi et, surtout, qu’il devrait se battre contre elle, Trunks avait douté d’en être capable. Malgré toute la haine qu’elle lui inspirait toujours, malgré ce feu dévorant qui ne le quittait pas, il ignorait s’il pourrait la frapper. Après tout, c’était Pan. La fille de Gohan, la nièce de Goten, la meilleure amie de sa sœur et, jadis, la petite fille qu’il adorait. C’était, aussi, la jeune femme dont il était tombé éperdument amoureux.
Mais, au fur et à mesure des éliminatoires, il s’était rendu compte qu’au contraire il n’aspirait qu’à cela : la battre, physiquement, ici, à la loyale, dans cette arène si symbolique pour leurs deux familles. C’est là qu’il aurait sa revanche, pas ailleurs. Et, finalement, la frapper ne lui posait pas le moindre problème. Cela procurait même en fait au jeune homme un plaisir non feint. Pas le plaisir de la voir souffrir, quoi que ce fût là une gratification supplémentaire. Mais le plaisir renouvelé du combat.
Les deux partenaires privilégiés de Trunks depuis toujours étaient Végéta et Goten. Le Prince était un guerrier irréprochable, dur et exigeant. Il avait tout appris à son fils, et le tirait constamment vers le haut, vers un niveau de combat que seuls Son Goku et Végéta avaient atteint et qui restait pour les autres un but ultime. Goten, c’était son alter ego ; l’adversaire parfait, avec lequel il avait grandi, progressé. Ils connaissaient toutes leurs techniques, en élaboraient ensemble de nouvelles, et pratiquaient les arts martiaux dans tout ce qu’ils pouvaient avoir de noble et de ludique.

Pan, c’était tout autre chose, et c’était magique. Depuis la finale du tournoi contre C18, quand il était enfant, il ne s’était jamais battu contre une femme. Il doutait en fait qu’aucune autre femme dans l’univers se batte comme Pan. Mais c’était extraordinaire. Ses mouvements étaient tout en fluidité, en souplesse, en grâce même, avec pourtant une puissance fabuleuse qu’il sentait bouillir en elle. Leurs techniques étaient très différentes, et pourtant leurs gestes se répondaient à la perfection, ils ripostaient presque intuitivement aux mouvements de l’autre.
Un combat extraordinaire, contre un adversaire à la fois totalement inconnu et avec lequel il s’accordait d’instinct. Magique.
Alors il ne fallait pas en finir trop vite…

Quand il la vit se redresser et lancer vers lui un regard noir, il arbora un sourire satisfait et redescendit doucement vers le stade, se posant gracieusement à quelques mètres de la jeune femme. S’avançant, il se pencha vers elle et susurra :

- Ça va aller ? Tu veux faire une petite pause ?

Et, d’un geste méprisant, il lui tendit une main secourable. Pan, toujours assise dans les gravas, hésita un instant, puis s’en saisit. Il fut surpris qu’elle accepte mais s’apprêtait pourtant à l’aider à se relever quand il se figea : elle souriait. Un sourire que Trunks reconnut immédiatement pour l’avoir tant vu sur le visage de son propre père ; un sourire emprunt de cruauté et de satisfaction. Le sourire du jeune homme, lui, disparut aussitôt et il baissa les yeux pour voir, dans l’autre paume de Pan, se former une intense boule d’énergie pure. Tenant Trunks fermement par la main, la jeune femme l’empêcha de se dégager et relâcha à pleine puissance la boule de feu dans le ventre de son adversaire qui se tenait toujours penché sur elle. Son corps disparut dans un éclair de lumière alors qu’une intense déflagration secouait le stade, provoquant les hurlements affolés des spectateurs. Trunks avait été balayé, éjecté dans le ciel clair à une distance inouïe.

L’instant d’après, Pan était debout, sur ses gardes, le visage tendu levé vers le firmament. Elle sembla prendre conscience soudain qu’on s’adressait à elle et baissa les yeux vers l’arbitre qui s’avançait en tremblant vers le bord de la surface de combat :

- Euh… Mademoiselle…. Dites moi… Vous avez gagné, là, non ?
- Non, répondit-elle simplement. Il arrive.

L’homme, sidéré, leva les yeux, suivant le regard de la jeune femme. Un point apparut alors haut dans le ciel et, une seconde plus tard, Trunks se posa sur la surface de combat. Il était haletant, et arracha d’un geste sec les derniers lambeaux du t-shirt noir que la boule de feu avait déchiqueté et carbonisé. Sur son torse et son ventre s’étalait un large hématome, mais il ne s’en souciait aucunement. Il dardait sur Pan un regard chargé de haine, auquel elle répondit par un large sourire en susurrant à son tour :

- Merci, pour le coup de main !

Il serra les poings et grinça entre ses dents :

- Ok, là, tu m’as énervé, tu vas le regretter.

Alors, ramenant ses poings le long du corps, il concentra toute son énergie et poussa un rugissement de rage. Ses cheveux mauves se mirent à s’élever lentement, prenant peu à peu des reflets lumineux pour finalement entourer son visage fin d’un halo d’or pur. Ses yeux si pâles, tirant à présent sur le turquoise, fixaient toujours la jeune femme alors que le corps de Trunks vibrait d’une fabuleuse énergie.

Pan n’avait pas bougé, et dit seulement :

- D’accord, si tu insistes.

Fermant les yeux, elle prit à son tour une profonde inspiration et sa voix s’éleva en un hurlement dans le stade pétrifié. Le son se mit à vibrer alors que l’énergie irradiait de son corps mince.

Trunks écarquilla les yeux, fasciné.
Il avait déjà vu la jeune fille se transformer, une fois, lors de son combat contre Gohan. Mais la révélation subite de l’identité de Pan avait alors détourné leur attention à tous de la vision de la super saiyenne, vision qui n’avait en plus duré que quelques instants.
À présent, elle était face à lui, auréolée de puissance. Le ruban qui maintenait sa natte vola en éclat et sa longue et épaisse chevelure sombre se répandit en une cascade d’un blond lumineux. Les mèches ondulaient sur la courbe de ses épaules, soulevées par des vagues d’énergie. Tout son être dégageait une étrange combinaison de calme et de force pure, frémissait de tant d’énergie contenue. Le léger tissu noir du pantalon ample était déchiré par endroits, laissant juste deviner, en un contraste magnifique, la pâleur des longues jambes fuselées de Pan. Trunks avala difficilement sa salive quand ses yeux suivirent malgré lui la courbe de la poitrine de la jeune femme qui, sous le débardeur orange, se soulevait au rythme profond de sa respiration. On devinait les muscles d’acier sous la peau fine des bras nus. Les mains de Pan portaient les marques de nombreux coups donnés, et son corps celles des coups reçus. Sur le côté gauche de sa mâchoire se dessinait l’ombre d’un hématome à venir, et un peu de sang avait séché sur son front.
Quand elle ouvrit les paupières, Trunks cessa de respirer. Elle plongea dans les yeux du jeune homme un regard d’une intensité nouvelle, le scintillement de deux émeraudes pâles et étincelantes.

Les lèvres de Trunks tremblèrent un instant alors que, toujours immobile, il semblait incapable de réagir. Un mince sourire se dessina lentement sur les lèvres de son adversaire :

- Quoi ? Je croyais pourtant que tu préférais les blondes, non ?

Le jeune homme sembla recouvrer ses esprits et un éclair de colère passa dans ses yeux pâles. Furieux de s’être laissé déconcentrer, il s’élança à nouveau. Pan encaissa le choc, bloquant contre ses bras croisés le poing tendu de Trunks. Une gerbe de lumière jaillit du point d’impact, éclatant autour d’eux dans un grondement sourd. Une fraction de seconde, les deux jeunes gens restèrent immobiles, les yeux dans les yeux, leurs visages à quelques centimètres l’un de l’autre. Troublés au même instant par cette intense proximité, ils bondirent simultanément en arrière et se retrouvèrent en garde, haletants.

Dans la loge, Végéta grinça des dents :

- Les imbéciles…
- Ils sont… balbutia Krilin, qui ne trouvait pas les mots.
- Ils sont fascinants, murmura Goku.

Seul un silence approbateur lui répondit.

Le combat avait déjà repris, et les deux super saiyens irradiaient de force. Les coups pleuvaient à nouveau. Pan et Trunks étaient entourés d’une aura lumineuse intense et des crépitements de l’énergie qu’ils dégageaient. La jeune fille asséna à son adversaire un superbe coup de pied dans la hanche. Trunks accusa le choc, mais bloqua de justesse la nouvelle attaque de Pan qui s’était ruée sur lui. Au lieu de la repousser, il se pencha en arrière et attira à lui le corps de son adversaire. Entraînée par son élan, elle se sentit partir en avant et voulut s’élever en l’air, hors de portée. Mais Trunks fut plus rapide et enfonça violemment son point dans l’estomac de Pan. Elle alla rouler derrière Trunks, et cracha quelques gouttes de sang. Elle se redressa immédiatement et eut juste le temps de repousser de la main la boule de feu qu’il avait envoyée sur elle. La traînée d’énergie alla se perdre dans le ciel clair, suivie par les yeux écarquillés des milliers de spectateurs. Trunks mit une fraction de seconde à récupérer de l’effort qu’il avait mis dans son attaque, et sentit soudain Pan apparaître derrière lui. Il lança le coude, espérant l’atteindre en pleine poitrine… et ne rencontra que le vide. Elle avait à nouveau disparu. Déstabilisé à son tour, il se sentit partir en arrière et voulut se rattraper par un flip. Mais Pan balaya d’un coup de pied les mains de son adversaire quand elles touchèrent le sol. Trunks s’effondra. Son corps ne toucha même pas les dalles, soulevé en l’air par un magistral coup de genou en plein dans le dos. Il poussa un cri de douleur, mais Pan l’avait suivi en hauteur, fonçant à toute allure vers le ciel. Se matérialisant au-dessus de lui, elle rassembla ses poings et frappa le jeune homme au torse, de toutes ses forces.

Le corps de Trunks repartit vers le sol et, à son tour, il alla s’écraser dans les dalles. La pierre éclata autour de lui, éventrant la surface par un cratère de plusieurs mètres. Il rouvrit les yeux pour voir le canon d’énergie se précipiter vers lui à pleine puissance. Bondissant sur ses pieds, il lança ses mains vers le ciel et repoussa la boule de feu vers Pan. Celle-ci évita de justesse le retour de sa propre attaque en se décalant à toute allure.

Sur la surface de combat, Trunks fronça les sourcils et passa un regard rapide sur les gradins, emplis d’une foule muette de surprise, d’admiration… et de terreur. Sa voix s’éleva, étrangement calme et profonde :

- Je propose qu’on règle ça en hauteur, pour éviter les dégâts.

Pan, qui flottait toujours au-dessus du stade, acquiesça et laissa le jeune homme s’élever face à elle. Ils se toisèrent un bref instant.

Dans la loge, la voix de Piccolo s’éleva soudain, entre inquiétude et curiosité :

- Il se passe quelque chose.

Videl sortit de la stupeur dans laquelle tout le stade semblait plongé et regarda autour d’elle. Elle écarquilla les yeux : Goku, Gohan, Goten, Végéta, Piccolo et même C18 s’étaient insensiblement rapprochés de la large ouverture qui donnait sur le stade et, sourcils froncés, suivaient le combat avec une attention qu’elle leur avait rarement vue. Bulma sembla soudain réaliser la même chose et demanda :

- Quoi ? Que se passe-t-il ?

Après un temps, Goku répondit :

- Je ne sais pas… Mais oui, il se passe quelque chose. Végéta ?

Le Prince se contenta d’émettre un grognement pour avouer son ignorance. Videl, inquiète, se tourna vers son mari qui ne lui accorda pas un regard :

- Gohan, explique nous !
- Je… Je ne sais pas non plus. Mais je n’ai jamais vu un combat pareil. Leur technique est d’une égalité parfaite, mais il y a quelque chose d’autre…
- Leurs kis, murmura Goku. Ce sont leurs kis.
- Leurs kis ? répéta Videl. Mais quoi, qu’est-ce qu’ils ont ?
- Ils… Ils résonnent.
- Hein ? balbutia Krilin qui manifestement ne comprenait plus grand-chose non plus.

La voix de Gohan s’éleva dans la pièce :

- Le ki est une énergie distincte, personnelle, une émanation de l’essence même de la personne. Chacun émet sa propre énergie, et possède sa propre puissance. Là, leurs kis sont exactement au même niveau, ce qui est en soi une coïncidence extraordinaire. Je n’aurais d’ailleurs jamais pensé que celui de Pan puisse égaler celui de Trunks. Mais, en plus, il y a entre eux, une sorte d’écho, d’harmonie si vous voulez. Leurs énergies ne se heurtent pas, elles… elles se fondent, se répondent.

Videl et Krilin tournèrent à nouveau leur regards vers le ciel où se battaient les deux jeunes gens. Au prix d’un intense effort de concentration, ils parvinrent à suivre quelques mouvements. Et, en effet, quelque chose d’étrange irradiait des combattants. Trunks et Pan n’étaient pas chacun entouré d’une puissante aura. Non, il y avait bien autour d’eux un halo d’énergie pure d’une amplitude exceptionnelle, mais celui-ci les englobait tous deux dans une unique sphère vibrante d’intensité.

Ils se battaient toujours, alors que leurs kis ne faisaient plus qu’un.

Trunks et Pan n’étaient pas vraiment conscients de ce que les autres avaient réalisé, mais en ressentaient les effets dans chaque parcelle de leur être. L’énergie se répandait dans leurs corps comme une lave brûlante qui galvanisait chacun de leurs gestes. Ils se répondaient d’instinct, anticipant à présent chaque mouvement de l’autre avant même qu’il fût ébauché, leurs corps vibrants du flot de puissance qui s’écoulait en eux, entre eux.

Trunks parvint à bloquer un des poings de Pan dans une de ses mains puis, le millième de seconde après, il retint l’autre poing dans l’autre. Ils se retrouvèrent à nouveau face à face, leurs corps tendus à l’extrême, refusant tout deux de céder et repoussant de toutes leurs forces l’effort de leur adversaire. Leurs souffles se mêlaient alors qu’autour d’eux le halo qui les entourait crépitait intensément. Dans un fracas terrifiant d’éclairs et de détonations, dans un unique hurlement de rage, ils se repoussèrent mutuellement au même moment et se retrouvèrent projetés à des dizaines de mètres.
Haletants, ils restèrent en suspend un court instant, et leurs regards se croisèrent.

Ceux-ci brillaient de la même flamme, de la même détermination, et de la même jouissance que leur procurait ce qu’ils étaient en train de partager. C’était bien au-delà d’un combat, c’était bien au-delà d’un tournoi. C’était la concrétisation d’un lien profond et unique, l’aboutissement de mois de colère et de frustration déchaîné dans ce qu’eux seuls pouvaient vivre.

Nimbés d’un halo scintillant et frémissant de puissance, dans un ensemble parfait, chacun de leur côté, ils réunirent leurs mains dans lesquelles se mit à enfler une sphère éclatante.

Dans le stade, tous étaient debout, les yeux fixés sur les deux jeunes gens qui, haut, très haut dans le ciel, s’apprêtaient à lancer ce qui serait leur dernière attaque. L’énergie augmentait entre leurs doigts, illuminant les cieux d’une lueur intense.

Son Goku, seul, parvint à lire sur les lèvres de sa petite-fille les cinq syllabes qui annonçaient le déchaînement de sa puissance.

Bandant leurs muscles une ultime fois, ils concentrèrent tout ce qu’il leur restait de force, de colère ; tout ce qu’avaient attisé en eux ces mois de haine, de douleur, de peine, de manque et de solitude. Dans un ensemble parfait, Pan et Trunks libérèrent tout à coup les deux vagues d’énergie.

Les attaques se fracassèrent l’un contre l’autre dans une déflagration gigantesque. Les deux boules de feu se fondirent une fraction de seconde, unique sphère brûlante dans le firmament, pure concentration de force et de d’énergie. L’air vibrait, crépitait de l’intensité électrique des deux attaques d’où jaillissaient des gerbes d’éclairs. Puis, dans un fracas assourdissant, elles éclatèrent. L’explosion balaya l’espace d’une vague de feu qui illumina le ciel. Une lueur aveuglante embrasa le stade et tout se fondit un instant dans un éclat d’un blanc absolu. Alors un grondement sourd s’éleva, s’amplifiant petit à petit et faisant trembler la terre sur des dizaines de kilomètres. Dans les gradins, les spectateurs hurlaient, s’accrochaient aux sièges qui oscillaient dangereusement sous eux.
Puis, au bout de quelques secondes qui semblèrent des heures, le souffle de l’explosion commença à s’atténuer légèrement. La terre cessa petit à petit de vibrer. La lumière décrut peu à peu, laissant tous les spectateurs aveugles pour quelques instants encore. Quand ils purent à nouveau distinguer quelque chose, ils découvrirent dans le ciel deux silhouettes qui, inertes, tombaient en chute libre. Elles fendirent l’espace, comme au ralenti, et heurtèrent dans un bruit mat la surface de combat.

Videl porta la main à son cœur et, machinalement, chercha du regard son mari. À côté d’elle, parfaitement calme, Gohan souriait.

L’immense stade resta plongé dans le silence le plus total, tous les yeux à nouveau braqués sur les deux jeunes gens qui reposaient à quelques mètres l’un de l’autre, sur le dos, immobiles, alors que leurs corps avaient repris leur apparence naturelle.

Un soupir de soulagement retentit enfin dans les gradins : Trunks releva doucement la tête et se redressa lentement sur les coudes, luttant pour ne pas retomber allongé. Pan gémit, roula précautionneusement sur le côté, et se mit prudemment à genoux. Ils se relevèrent finalement, chacun de leur côté, leurs jambes tremblant sous leurs corps meurtris.

Pan, courbée en deux, mains sur les genoux, respirait profondément. Tout son corps lui semblait horriblement douloureux… et étrangement apaisé. Comme rassasié, enfin, de toute cette rage, de cette violence. Elle releva lentement la tête et son cœur manqua un battement : Trunks se tenait devant elle, immobile. Elle se demanda un instant s’il comptait continuer un combat qu’elle se sentait physiquement incapable de poursuivre. Mais lui ne semblait pas en meilleur état. Il ne portait plus que son large pantalon noir, en piteux état. Sur son torse nu, marbré de traces de coups, quelques minces filets de sang se mêlaient à la sueur. L’angle de son épaule droite indiquait qu’elle était certainement démise. Un large hématome apparaissait autour de son œil gauche, et sur la tempe ses cheveux mauves étaient collés par le sang séché. Mais les yeux bleus du jeune homme brillaient d’une flamme nouvelle et intense, de la paix qu’elle-même ressentait, au plus profond de son être.

Le cœur de la jeune femme se serra quand ce regard la renvoya soudain des mois en arrière. Quand elle réalisa que ce regard était celui qu’il posait alors sur elle, que cette flamme était celle qui animait jadis le jeune homme, quand elle-même était Asuka.
Mais elle n’était pas Asuka. Elle ne l’avait jamais été, elle ne le serait jamais, elle n’était que…

- Pan…

Son nom. C’était son nom que Trunks venait de murmurer, ses yeux pâles posés, enfin, sur celle qu’elle était vraiment.

Pan sentit une main chaude se poser sur sa joue dans une caresse d’une infinie douceur. Transie, bouleversée, elle vit les traits du jeune homme se teinter d’une parfaite sérénité. Elle cessa de respirer quand, lentement, il se pencha vers elle. Alors les lèvres de Trunks s’étirèrent en un magnifique sourire avant, enfin, de se poser sur celles de Pan.

Ce ne fut, tout d’abord, qu’une caresse d’une extrême tendresse. Le frôlement timide de leurs souffles, de leurs lèvres tremblantes de retrouver ce qui leur manquait depuis si longtemps. Mais, l’instant d’après, ignorant la douleur de leurs deux corps, Pan se serra contre Trunks qui l’entoura de ses bras meurtris. Ils s’embrassèrent fébrilement, leurs corps instantanément embrasés par ce contact qui comblait le vide terrifiant de ces derniers mois.

Dans le stade régnait un silence de cathédrale alors que les milliers de spectateurs présents regardaient, totalement abasourdis, la scène qui se déroulait devant eux, sur la surface de combat en ruines.
L’instant fut brisé par le hurlement de joie d’une petite fille de dix ans, dans la loge présidentielle : Bra, triomphante, avait bondi debout sur sa chaise et poussé un retentissant cri de victoire.

Le son de sa voix rappela tout le monde à la vie et, petit à petit, une clameur immense s’éleva dans le stade. La foule en liesse, debout, applaudissait, acclamait à présent les deux jeunes gens dans une explosion d’allégresse.

Sur l’aire de combat, Pan et Trunks semblèrent tout à coup prendre conscience de l’endroit où ils se trouvaient. Ils s’écartèrent légèrement, rouges de confusion, tout en restant pourtant dans les bras l’un de l’autre. Ils observèrent, ébahis, la foule euphorique qui les ovationnait de plus belle. Les deux jeunes gens se regardèrent à nouveau et éclatèrent de rire.

Dans la loge présidentielle, l’ambiance était survoltée. Goku cligna des yeux, abasourdi, alors que Piccolo soupirait en secouant la tête. Bulma et Videl échangèrent un sourire radieux. Bra hurlait à qui voulait l’entendre :

- Je le savais ! Je l’avais dit ! Tout ça c’est grâce à moi !

Avisant Goten, elle bondit dans ses bras. Manquant de tomber, il éclata de rire en serrant la petite fille contre lui. Mais il découvrit soudain par-dessus l’épaule de Bra le regard noir de Végéta qui le toisait, sourcils froncés, et s’empressa de reposer l’enfant à terre. Elle rit de plus belle en décochant un clin d’œil à son père qui haussa les épaules en grognant.

Chichi, les larmes aux yeux, cramponnée au bras de Goku, s’exclama :

- Oh mon dieu que c’est romantique ! Mon chéri, c’est comme nous ! Quand tu m’as demandée en mariage en plein tournoi !

Son mari se gratta l’arrière de la tête sous les regards complices et amusés de toute la bande.

Sur l’aire de combat, Trunks murmura quelques mots à Pan qui, toujours blottie contre lui, acquiesça en souriant. Il sembla alors chercher quelqu’un du regard et avisa Boo qui se trouvait à l’entrée du bâtiment :

- Boo, tu as gagné, nous déclarons forfait !

L’arbitre s’avança, incrédule :

- Pardon ? Vous renoncez à la finale ? Vous êtes sûrs ?

Les deux jeunes gens échangèrent un regard et répondirent en chœur :

- Certains.

Il les observa un instant, cligna des yeux, et secoua la tête :

- Je comprends. C’était un bien beau combat, vous savez.
- Merci, répondirent-ils simplement.

Il prit son micro et annonça en souriant :

« Mesdames et Messieurs, vous qui avez suivi avec nous ce match d’anthologie, vous ne serez pas surpris d’apprendre qu’il n’y aura finalement aucun vainqueur : Monsieur Brief et Mademoiselle Son ont tous deux décidé de déclarer forfait ! Nous ne pouvons que nous incliner devant cette décision et leur souhaiter, ma foi, beaucoup de bonheur ! »

Les deux jeunes gens, plus rouges que jamais, rirent de plus belle devant le nouveau déchaînement d’enthousiasme des spectateurs. Dans la loge, Goku secoua la tête en souriant alors que presque tous laissaient une fois de plus éclater leur joie. Bulma posa sa main sur l’épaule de Végéta et lui demanda avec un sourire :

- Dis moi, ça n’a pas l’air de t’ennuyer plus que ça, que Trunks et Pan soient ensemble ?

Il haussa les épaules et répondit sèchement :

- De toutes façons, c’est soit cette fille soit une misérable terrienne. Au moins, celle-ci a du sang saiyen, c’est un moindre mal.

Sa compagne leva les yeux au ciel en riant. La voix calme de Gohan s’éleva soudain et tous se tournèrent vers lui alors qu’il demandait à Goku :

- Papa, il te reste des senzus ?
- Oui, j’en ai encore cinq, c’était une très bonne récolte.
- Donne m’en deux, s’il te plaît.

Il échangea juste un sourire avec Videl et, se glissant par l’ouverture de la loge, s’envola doucement vers l’aire de combat. Tous le suivirent des yeux, le regardant se poser près des deux jeunes gens, devant la foule à nouveau stupéfaite.

Trunks se raidit, mal à l’aise, mais la main de Pan se referma fermement sur la sienne, l’empêchant de s’écarter d’elle. Gohan s’avança vers eux, et son regard sombre alla de l’un à l’autre avant qu’un sourire doux n’étirât ses lèvres. Il regarda sa fille et secoua la tête :

- Tu nous auras tout fait, toi.
- Je sais, répondit-elle, rayonnante.

Son père ouvrit la main et leur tendit les senzus :

- Tenez, je pense que vous devez en avoir besoin. C’était… un sacré combat.

Trunks et Pan acquiescèrent en avalant les haricots et, l’instant d’après, poussèrent un soupir de contentement à la disparition de la douleur qui vrillait malgré tout leurs corps. Pan se blottit un peu plus contre Trunks et, ses grands yeux noirs brillants posés sur son père, murmura :

- Merci papa.
- De rien.

Puis, se tournant vers Trunks qui avala difficilement sa salive sous le regard du saiyen, Gohan déclara :

- Je te la confie. Tu as intérêt à prendre soin d’elle, sinon on devra avoir une petite discussion tous les deux.

Le jeune homme, mal à l’aise, bredouilla :

- Oui, bien sûr, ne t’inquiète pas ! Mais de toutes façons on revient ce soir, hein, pour dîner !

Pan lui lança un sourire carnassier et corrigea :

- C’est ça, on revient pour dîner… demain ou après-demain !

Trunks rougit furieusement alors que Gohan secouait la tête d’un air blasé. Sa fille, soudain plus sérieuse, sembla hésiter un instant puis se jeta au cou de son père qui la serra brièvement contre lui. Elle se recula, radieuse, et revint tout naturellement mettre sa main dans celle de Trunks. Gohan sourit avec tendresse :

- Allez, filez avant que je ne change d’avis !

Dans un éclair, les deux jeunes gens s’élancèrent vers le firmament et Gohan les suivit du regard quand ils disparurent à l’horizon. À l’intérieur de la loge présidentielle, Krilin s’exclama :

- Mais on ne sait toujours pas pourquoi les pouvoirs de Boo ont été bloqués, et par qui !

Personne ne sembla s’intéresser vraiment à sa remarque, à part Videl qui sourit. Elle savait, elle, quelle puissance supérieure avait donné un petit coup de pouce au destin. À cet instant, Satan s’approcha de sa fille qui se tenait toujours immobile devant la fenêtre et, totalement abasourdi par les récents événements, lui demanda :

- Mais… ma chérie… qu’est-ce tout ça signifie ?

Alors Videl, radieuse, ses yeux brillants posés sur son mari au milieu de la surface de combat, murmura :

- Ça signifie que le premier vœu de Pan a été exaucé.

*****************************************************************************************************************************************

Loin, très loin, dans un Ailleurs que seuls les Dieux connaissent, les yeux de Shenron s’illuminèrent pour la dernière fois.


FIN
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar RMR le Ven Juil 10, 2009 16:25

Quel magnifique final (pas de championnat, de fic)! Epoustouflant! Merci beaucoup pour cette lecture!
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar Rusk le Ven Juil 10, 2009 18:36

Aaah nan c'est déjà finiiii!
Vraiment magnifique, la fin est toujours difficile parce qu'il faut qu'elle soit à la hauteur de l'histoire, et là c'est le cas!
Bon bah maintenant tu vas pouvoir partir en vacances lol.

Et hésite pas à mettre la suite, je serai ravi de suivre encore les aventures de cette Pan qui me plait beaucoup plus que la ridicule de DBGT mdr.
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