Elle s'appelait Pan

Faîtes-nous partager votre fibre littéraire en écrivant votre propre histoire mettant en scène les personnages de Dragon Ball et, pourquoi pas, de nouveaux ! Seules les fanfictions textes figurent ici.

Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar Hel le Dim Juin 21, 2009 22:26

Rusk a écrit:Mais j'aime toujours autant, et du coup j'attends la suite vu qu'on a pas beaucoup de révélation dans ce chapitre :mrgreen:

Sinon tu n'as pas répondu à ma question, l'histoire se passe avant le départ de Goku pour entrainer Oob ou après?


Hélas, les chapitres suivants ne seront pas non plus très riches en révélation, elles viendront plus tard. C'est exprès. je suis consciente que je risque de perdre mes quelques lecteurs assidus :wink:

En ce qui concerne Oob... Je m'en tape :evil:
J'explique : je n'ai pas du tout aimé la fin de DBZ. le fait que Goku, une fois de plus, plaque tous ceux qui l'aiment pour aller s'amuser de son côté. Goku est loin d'être mon perso préféré, pour cet aspect notamment (c'est mon côté féministe qui parle :lol: ). Ok, qu'il aille entrainer Oob, je veux bien. Mais qu'il se casse comme ça, laissant d'autres guerriers quand même fort valables (dont sa petite fille qu'il était censé adorer :evil: ) en plan, je dis stop. Je comprends que Toriyama ait souhaité mettre un point final, un vrai départ, mais moi cette fin ne me satisfait pas. Oui, elle va bien avec l'histoire, oui, elle va bien avec Goku. Mais c'est pile l'aspect que j'aime le moins chez lui.
Alors flute. Dans ma fic, je passe outre. Peut-être que Goku est parti avec oob puis revenu, je ne sais pas. Mais mon histoire se passe après, puisque Trunks à 22 ans, Goten 21, Bra 9 et Pan 8, mais je considère que Goku est quand même bien là, auprès des siens.

le début de GT, où il débarque la gueule en fleurs après 7 ans (je crois) d'absence, m'a faite hurler. :evil:

Je sais, je ne suis pas shonen, mes considérations féministes sont totalement hors sujet. Mais c'est à cela que servent aussi les fics, non ? :lol: :wink:

Bref, Rusk, très bonne question, et comme tu le vois à ma réponse, voici une infraction de plus de ma part à l'univers de DBZ :mrgreen:
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar Rusk le Dim Juin 21, 2009 22:33

La réponse me satisfait amplement :)
D'autant plus que je suis d'accord avec toi, le fait qu'il laisse en plan ceux qu'il aime m'a toujours déplu aussi, surtout qu'avec le déplacement instantanné il peut facilement revoir tout le monde très facilement.
Après la partie DBGT avec Oob j'y pensai même pas, étant donné que pour moi DBGT n'existe pas :mrgreen:

Pour le manque de révélation, en même temps tu ne peux pas en créé pour tous les chapitres, il faut bien des passages se concentrant sur autre chose surtout si tu veux faire durer le suspens. ^^

Et je pense qu'il sera plus intéressant de découvrir ce qu'il va arriver en même temps que les personnages (sauf Pan/Asuka), c'est à dire lorsque cela arrivera je suppose :)
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar Hel le Mar Juin 23, 2009 21:28

@ Rusk : contente de voir que tu partages mon avis :wink:

Bon, ce nouveau chapitre ne fait mais alors quasiment pas du tout avancer l'action. Il est basé presque exclusivement sur deux scènes que j'ai voulues un peu symétriques.
je préfère prévenir : ce chapitre est la raison principale pour laquelle, ailleurs, j'avais choisi de passer la fic en "déconseillé aux moins de 16 ans". A cause de l'évocation de quelque chose d'assez dur. On trouvera peut-être que j'exagère, mais je préfère prendre mes précautions. :)
Ah, et vous trouverez peut-être Gohan un peu OOC (out of character, décalé du personnage original) mais je ne le pense pas. C'est toujours ma vision de Gohan : le meilleur des hommes, tant que la colère ne s'empare pas de lui. Et quelle pire colère que celle ressentie à la perte d'un enfant ?


Chapitre 7 : Instantané du présent, souvenirs du passé.

Pan, assise à côté de l’immense sapin, déchira le papier, lentement pour empêcher ses doigts de trembler, sachant que tous les regards étaient braqués sur elle. Elle sentit le contact froid du verre lisse sous ses doigts et découvrit un cadre en bois foncé. Posant près d’elle le papier froissé, elle porta le regard sur la photo. Elle avait été prise quelques semaines plus tôt, une après-midi où une éclaircie après les chutes de neige leur avait permis de sortir un peu jouer dans le parc. C’était Madame Brief qui avait pris la photo, en leur criant de ne pas bouger, sans aucun succès.
Ils étaient assis dans la neige et les vêtements de Trunks, Bra et Pan en étaient couverts alors qu’ils achevaient à peine une bataille de boules de neige qui avait fait rire la petite fille aux éclats. Pan était au centre de la photo, à genoux sur le sol immaculé. Blottie contre elle se tenait une Bra rayonnante, ses joues roses de plaisir, ses yeux bleus pétillants de bonheur. À côté de la jeune femme, une main posée sur l’épaule de sa soeur, Trunks souriait largement, le visage légèrement tourné vers Pan qui, elle, couvait l’enfant du regard. Sur le côté, Bulma avait posé un genou à terre, et tirait à elle Végéta qui, passant par là, avait été sommé par sa femme et sa fille de figurer sur la photo. Les sourcils froncés, le visage fermé, il semblait vouloir dégager son bras de la poigne de sa compagne, mais, pour qui le connaissait vraiment bien, l’éclat amusé qui brillait dans ses yeux noirs démentait son intention.

Un silence suivit alors que Pan fixait le cadre entre ses doigts. Goten, penché par-dessus l’épaule de la jeune fille, siffla entre ses dents :

- Waou, elle est géniale cette photo !

Trunks baissa les yeux, rougissant légèrement :

- C’est un peu nul, je sais, mais bon, je la trouvais vraiment sympa, et…
- Elle est parfaite, murmura la jeune fille avec une totale sincérité.
- C’est vrai ? demanda le jeune homme.

Pan releva vers lui ses grands yeux noirs et sourit doucement :

- C’est un magnifique cadeau de Noël. Merci Trunks.
- Je... je suis content qu’elle te plaise, répondit-il en baissant à nouveau les yeux.

Pan croisa soudain le regard amusé de Bulma. Gênée, elle reposa la photo à côté d’elle et dit d’un ton faussement enjoué :

- Bon, allez, il faut continuer, à qui le tour ?
- Encore à toi, répondit Bulma en tendant à la jeune fille un sac qui portait la marque d’un luxueux magasin.
- Moi ? balbutia Pan.
- Oui, c’est de la part de Bra.
- Mais maman a participé, parce que bon, hein… mais moi je l’ai aidée à choisir ! Pour la couleur !

Intriguée, Pan glissa la main dans le sac et en sortit un tissu rouge sombre, merveilleusement doux au toucher. Elle se leva et déplia devant elle ce qui était une robe courte, à fines brettelles, à la fois très simple et manifestement parfaitement dessinée. Le souffle coupé, elle fut rappelée à la réalité par la voix de Bulma qui lui tendait un autre paquet.

- Tiens, et voilà mon cadeau, ça peut servir avec.

Machinalement, Pan reposa près d’elle la robe et saisit la boite qu’on lui tendait. Elle déchira le papier de ses doigts tremblants et découvrit une boite à chaussures, qu’elle ouvrit. Des escarpins noirs, très fins mais avec un talon d’une hauteur raisonnable, reposaient dans un nid de papier de soie. Bulma la tira de sa contemplation :

- Il faudra que tu essayes la robe, mais je pense qu’elle devrait t’aller. Les chaussures sont à ta pointure.

Pan jeta un regard brillant d’émotion à la Présidente de la Corp qui la regardait en souriant.

- Bulma… je… Je ne sais pas quoi dire…
- Il n’y a rien à dire. Joyeux Noël, Asuka, répondit Bulma.

La jeune fille, muette d’émotion, plongea ses yeux brillants dans ceux de la mère de Bra mais ne put articuler une parole. Goten s’exclama alors :

- Si, moi j’ai un truc à dire : ce sera la tenue parfaite pour le Réveillon !
- Le Réveillon ? demanda Pan.
- Oui, expliqua Trunks, Goten et moi sommes invités pour le 31 chez un copain qui organise une grande soirée chez lui. On se disait que tu pourrais nous accompagner… Enfin si tu n’as rien de prévu, acheva-t-il sans la regarder.
- Euh, non, je n’ai rien de prévu… Mais je… Enfin je ne suis jamais allée à ce genre de soirée, je ne sais pas…
- Si si, c’est une excellente idée, et tu seras magnifique, c’est la tenue rêvée et l’occasion idéale, n’est-ce pas Trunks ? ajouta Goten en donnant un léger coup de coude dans les côtes de son meilleur ami qui le foudroya du regard.

La soirée continua dans la chaleur du bonheur partagé. Avec le soutien financier de Bulma, Pan s’était alliée à Bra pour offrir aux deux garçons de superbes accessoires d’arts martiaux qui les avaient comblés de joie. La présidente de Capsule Corp donna à Goten un grand sac plein de paquets :

- Tiens, ils sont pour tes parents, ton frère et Videl. C’est de notre part à tous.
- Merci beaucoup Bulma, répondit tristement Goten. Et merci encore de m’accueillir ce soir, là-bas…
- … ce doit être assez morbide, je pense, souffla Bulma. Ne pas fêter Noël… Quelle triste décision… Mais bon, je peux les comprendre, je crois.

Goten se contenta d’acquiescer doucement.

À la fin de la distribution, Végéta ne s’étant toujours pas montré, Pan osa demander à Bulma :

- Mais… Végéta ne vient pas ? Il reste ses cadeaux sous le sapin.
- Ne t’inquiète pas, il déteste les fêtes traditionnelles, il doit s’être caché quelque part, et il arrivera comme par magie pour le dîner. On laisse ses cadeaux là, il les prendra quand bon lui semblera. Et je m’occupe de sa part des présents pour les enfants.
- Et vous, il ne vous fait pas de cadeaux ?

Bulma hésita un instant, jeta un coup d’œil à Bra qui, un peu plus loin, montrait ses cadeaux à sa grand-mère, et murmura avec un sourire taquin :

- Si, il m’en fait. Mais les cadeaux de Végéta ne sont généralement pas sortables devant des mineurs.
- Oh, bredouilla Pan, écarlate, alors que Goten éclatait de rire et que Trunks secouait la tête d’un air blasé.

L’annonce que le dîner était servi mit fin à une discussion embarrassante et tous les convives passèrent dans la grande salle à manger. Les trois jeunes gens faillirent tomber à la renverse devant les buffets regorgeant de nourriture, de plats tous plus copieux les uns que les autres qui embaumaient la pièce d’une odeur exquise. Trunks dit :

- Euh… Maman, tu sais, nous sommes huit…
- Oui, je sais, je me demande si nous aurons assez de saumon, répondit Bulma en s’asseyant tranquillement.

*****************************************************************************************************************************************

Elle regardait la neige tomber doucement dans la nuit froide. Elle aimait ce vieux fauteuil près de la fenêtre, qui lui permettait de suivre la danse silencieuse des flocons. Elle enserra ses genoux contre sa poitrine, posant dessus sa tête lourde de tant de tristes pensées. Elle soupira à nouveau et un nuage de buée apparut sur la surface glacée de la vitre. Du doigt, elle y traça le nom de celui qu’elle attendait depuis des heures.

Comme pour répondre à cette muette incantation, le cœur de Videl se réchauffa soudain de la sensation de sa présence. Il arrivait, son ki puissant emplissant peu à peu la nuit noire. Quelques secondes plus tard, elle entendit la neige crisser devant la maison et la porte d’entrée s’ouvrit sur la haute silhouette de Son Gohan se découpant dans l’embrasure. Il fit quelques pas à l’intérieur, refermant le battant, ôtant son lourd manteau noir et le suspendant à la patère.

Elle n’avait pas bougé, se contentant de suivre du regard chaque geste de son époux. Celui-ci se tourna enfin vers elle, sourcils froncés :

- Videl ? Qu’est-ce que tu fais ici ?
- Je t’attendais.

Aucun reproche dans la voix de sa femme, une simple réponse à sa question, et pourtant il détourna le regard :

- Tu n’aurais pas du. Il est tard.
- Tu as bien avancé aujourd’hui ?
- Non. Difficile de progresser sans le reste de l’équipe, et là j’ai passé toute la journée seul au labo, aucun n’est venu travailler.

Au ton de reproche de Gohan, un sourire triste passa sur le visage fatigué de Videl : on ne pouvait décemment pas en vouloir aux autres chercheurs de la faculté de préférer rester chez eux en ce jour de… Non. Ne pas le dire, ne pas y penser. Ne pas même évoquer cette date… enfin pas tout de suite. Elle se contenta de répondre sur un ton neutre :

- Ah. Je vais te faire réchauffer le diner, ta mère l’a préparé pour toi.

Gohan alla s’asseoir machinalement à la table de la salle à manger pendant que Videl se levait pour gagner la cuisine. Alors qu’elle s’affairait déjà à réchauffer les plats, Gohan avisa l’unique assiette posée devant lui :

- Tu as déjà mangé, je suppose.
- Oui, chez mon père, en début de soirée. Nous n’étions que tous les deux, cela a été rapide, je suis rentrée tôt. Je suis passée voir tes parents, ils ont dîné tous les deux, ta mère avait envoyé Goten chez les Brief.
- Ah.

Le silence retomba alors que Gohan se mettait à manger les nombreux plats que Videl venait de disposer devant lui. Elle s’assit face à son mari, un coude sur la table, le menton posé dans la paume de sa main, et le regarda.

C’était toujours lui, pourtant, quelque part. Il avait posé ses lunettes et c’était toujours le même visage fin et étonnamment jeune que celui de ce lycéen qui, quelques treize ans plus tôt, avait bouleversé sa vie en entrant timidement dans la salle de classe. Gohan avait ôté sa veste de costume et défait sa cravate, qui reposait sur le dossier de sa chaise. D’un geste machinal il avait ébouriffé ses cheveux noirs et elle le regardait engloutir les plats délicieux de Chichi. C’était presque la seule chose qu’il n’avait pas perdue, se dit-elle : son appétit. Tout le reste n’était que souvenirs, comme ces photos sur les meubles. Images irréelles d’un bonheur passé qui, soudain, ne semblait avoir jamais existé.
La photo de leur mariage, où ils semblaient tous deux presque intimidés par cette vie qui s’offrait à eux. Photo de vacances, Videl souriant sur une plage, Gohan se grattant la nuque mal à l’aise devant l’objectif ; Videl grimpée sur son dos le jour de la remise de diplôme du jeune homme… Les autres cadres avaient disparu, rangés par la jeune femme pour qu’ils ne finissent pas brisés contre un mur. Mais ils les connaissaient tous deux trop bien pour ne pas se représenter les instants qu’ils figuraient et qui étaient, avant tout, gravés dans leur mémoire : Videl, souriante, alors que Gohan derrière elle avait blotti son visage dans son cou, ses larges mains posées sur le ventre rond de son épouse ; Videl, les traits fatigués mais lumineux, serrant contre elle un nourrisson endormi sous le regard émerveillé du jeune saiyen assis sur le bord du lit ; Gohan avec sur ses épaules une toute petite fille riant déjà aux éclats.
Pan. Pan sérieuse dans son premier kimono, Pan avec Bulma, Pan dans les bras de Goku, Pan tirant les cheveux de Trunks à côté de Goten hurlant de rire, Pan le visage barbouillé de chocolat sous le regard attendri de sa grand-mère, Pan mangeant une glace avec Satan, Pan et Bra sur les épaules de Goten et Trunks dans la piscine des Brief, Pan qui rit, Pan qui joue, Pan qui…

Pan. Trois lettres pour un vide immense.

Ce vide qui broyait l’âme de Videl à chacune de ses respirations. Mais la petite fille n’était malheureusement pas la seule à la détruire par son absence.

Elle soupira et son poing se crispa. Gohan, face à elle, finissait de manger, toujours muré dans son silence. Elle se leva doucement, alla chercher le paquet, revint s’asseoir face à son mari et posa sur la table la large boite entourée de papier vert sombre. Au même instant, Gohan reposa sa dernière assiette de dessert et, découvrant le paquet, fronça immédiatement les sourcils. D’une voix sèche il demanda :

- Qu’est-ce que c’est que ça ?

Videl déglutit difficilement et répondit :

- C’est ton cadeau de Noël, Gohan.

Aucun des deux ne baissa les yeux quand ils se dévisagèrent longuement, dans un silence tendu. Elle pouvait sentir la colère du saiyen enfler alors qu’il restait parfaitement immobile face à elle. Il articula lentement :

- À quoi est-ce que tu joues ?
- À rien. Je tenais à t’offrir un cadeau, c’est tout. Ouvre-le.

Elle le vit tenter de calmer sa respiration mais l’énergie qu’il dégageait ne faisait que s’accroître lentement. Il grinça :

- Tu le fais exprès ou quoi ?
- Non. Personne ne m’empêchera d’offrir un cadeau à mon mari le soir de Noël, pas même toi.

L’air était devenu électrique et, quand Gohan se leva, sa chemise blanche vibrait autour de son torse. Videl se leva également, le visage fermé, refusant de baisser les yeux, et dit posément :

- Pan me manque autant qu’à toi.

Au prénom de leur fille, la vague d’énergie s’enfla à nouveau, et les vitres tintèrent légèrement.

Un instant plus tard, la porte d’entrée s’ouvrait à la volée et Goku apparut sur le seuil, torse nu, uniquement vêtu d’un pantalon de pyjama bleu pâle. Son regard inquiet alla de son fils à sa belle-fille, tous deux debout de chaque côté de la table. Il balbutia :

- Je… Tout va bien ici ?

Videl tourna lentement le visage vers lui et acquiesça doucement :

- Tout va bien Monsieur Son.

Le père de Gohan fronça les sourcils, sentant toute l’énergie que son fils dégageait, même si celle-ci avait légèrement diminué quand il était entré. Gohan n’avait pas bougé, fixant toujours Videl de ses yeux noirs. Celle-ci répéta calmement :

- Je vous assure, ne vous inquiétez pas.

Le guerrier hésita un instant à laisser la jeune femme seule face à Gohan. Mais, après tout, s’il y avait une seule personne au monde qui connût son fils mieux que lui, qui fût capable de gérer sa colère, c’était Videl. Goku acquiesça et sourit doucement :

- Bien. Je vous laisse.
- Désolée de vous avoir fait lever. Au revoir.

Il posa sur sa belle-fille un regard emprunt de compréhension et, refermant la porte, rentra chez lui. Gohan ne semblait pour ainsi dire ne pas avoir eu conscience de la présence de son père, et le silence retomba quelques instants dans la maison. Mais Videl, serrant les poings le long de son corps, continua :

- Pan me manque, mais toi tu es toujours à mes côtés et pourtant tu me manques presque autant qu’elle. Et cela non plus je ne l’accepte pas.
- Arrête ça.

Le ton de son mari était glacial, menaçant. Il fit deux pas vers elle, contournant la table, mais Videl ne bougea pas. Elle ne bougerait pas, elle n’aurait pas peur. Elle ne pouvait pas avoir peur : elle était Videl Satan.
Et, surtout, il était Son Gohan.
Videl Satan n’aurait jamais peur de Son Gohan. Jamais.

Elle fit également deux pas en avant :

- Je n’en peux plus Gohan. Ce n’est pas la mort de Pan qui me détruit actuellement, c’est toi. C’est ta froideur, ton absence, ton attitude. Ce n’est pas toi, je le sais, et j’ai besoin de retrouver l’homme que j’aime pour pouvoir moi aussi supporter cette attente à ses côtés.
- L’homme que j’étais est mort… murmura-t-il en détournant soudain le regard.
- Non ! hurla Videl, un doigt accusateur pointé vers lui. C’est faux ! Tu es bien vivant, c’est même cela qui t’est insupportable Gohan. C’est d’avoir été sauvé et qu’elle soit morte.

La respiration de Gohan s’accéléra soudain et il serra encore davantage les poings. Un vase posé sur la table basse se fendilla dans un craquement. Elle enchaîna :

- Moi je suis heureuse que tu vives Gohan. Je suis heureuse que Goten vive aussi. On ne remplace pas une mort par une autre, une vie par une autre. Ce qui est arrivé est arrivé et personne n’aurait pu le prévoir.
- Tu appelles cela une vie ? s’écria-t-il soudain. Quand tout me la rappelle, à chaque instant de chaque journée ? Tu appelles cela une vie ?

Il avait encore avancé, auréolé d’une énergie qu’il maitrisait de plus en plus difficilement. Videl ne recula pas, mais une boule se forma dans sa gorge serrée. Elle fronça cependant un peu plus les sourcils et répondit froidement :

- Tu n’es pas le seul à supporter cela, Son Gohan. Je le supporte aussi, de même que tout notre entourage. Mais je te trouve très égoïste, car nous il nous reste au moins l’espoir, la chance inouïe de tout pouvoir recommencer dans quelques mois, alors que tant de monde sur cette Terre, face à la mort, n’a plus rien.
- Arrête Videl…

Il fit encore un pas. Cette fois-ci, elle recula. Mais elle devait continuer, elle devait en finir et briser ce mur de silence qu’il avait érigé autour de lui :

- Tu es un égoïste, car plutôt que de comprendre l’immense chance qui nous est offerte, tu te détruis, tu me détruis, tu fais souffrir un peu plus ceux qui partagent pourtant notre peine et notre manque, tu…

Un sourire méprisant passa sur les lèvres fines de Gohan :

- Souffrir ? Mais que sais-tu de…

La réponse à sa question lui vint de façon surprenante. Videl, qui s’était reculée d’un pas encore, se heurta à cet instant à la chaise derrière elle, et une grimace de douleur passa sur son visage.

Étrangement, l’image de cette souffrance sur le visage de sa femme fit résonner quelque chose en Gohan. Quelque chose au plus profond de lui, au-delà de la rage, de la colère, de sa propre douleur. Une angoisse terrible, la réalisation diffuse de quelque chose de grave.

Il s’immobilisa et Videl, stupéfaite, vit la colère se transformer en terreur sur le visage de Gohan. Il baissa les yeux et, en une fraction de seconde, se trouva juste devant elle, baissant la main vers les jambes de Videl. Elle eut un geste de recul et tenta d’arrêter la main du saiyen. Celui-ci releva la tête et croisa le regard bouleversé de sa femme : il avait donc vu juste…
D’un geste sec, il déchira la longue jupe d’hiver, dénudant la cuisse fine.

La cuisse noire d’hématomes.

Il ne pouvait plus bouger, pétrifié par la vision de ce corps blessé. Videl fut parcourue d’un sanglot. Elle tenta de cacher sa jambe avec le reste de la jupe, mais la main de Gohan la retint. La voix du saiyen s’éleva, tremblante :

- Qui t’a fait cela ?

Elle gémit, incapable de répondre. Avec une extrême délicatesse, Gohan releva les manches du large pull de Videl. Elle fit un mouvement pour l’en empêcher, mais avec force et douceur il continua son geste. Il passa ses doigts tremblants sur les bras marbrés de bleu, au niveau du poignet et à un ou deux autres endroits. Gohan sembla soudain manquer d’air et, d’une voix brisée dans un murmure, il demanda :

- C’est moi qui ai fait cela, n’est-ce pas ?

Elle ne répondit pas, elle ne le regarda pas. Elle cacha juste son visage dans ses mains, les larmes glissant entre ses doigts fins.

Gohan resta un instant pétrifié, l’atroce vérité faisant son chemin dans son âme bouleversée. L’énergie qui l’environnait avait tout à coup disparu, ne laissant qu’un vide terrible qui l’abandonnait seul face à lui-même. Le regard perdu, il tomba à genoux, le souffle court sous l’immense souffrance qui le déchirait de l’intérieur. Il balbutia :

- Je suis un monstre…

Videl ouvrit les mains et regarda le saiyen qui, à ses pieds, tête baissée, semblait vaincu par sa propre souffrance. Elle s’agenouilla face à lui et saisit le visage de Gohan entre ses doigts tremblants, plongeant dans ses yeux noirs soudain vides de toute expression. Elle balbutia :

- Non ! Mon Dieu non, Gohan tu n’es pas un monstre ! Tu ne savais pas, tu ne te rendais pas compte, tu…

Il la repoussa, doucement mais fermement. Il baissa à nouveau les yeux et demanda dans un murmure :

- Quand t’ai-je fait cela ? À combien de reprises t’ai-je frappée ?
- Tu ne m’as jamais frappée Gohan…
- Arrête ! s’écria-t-il soudain, dans un mélange de colère et de frustration. Ne me défends pas Videl !
- Mais c’est la vérité, tu ne m’as jamais frappée, tu n’as jamais levé la main sur moi, tu ne le ferais jamais.

Il écarquilla les yeux, déconcerté. Videl baissa la tête et murmura :

- C’est… C’est quand nous faisons l’amour. Les rares fois où nous avons fait l’amour dernièrement.

Gohan resta stupéfait un instant, puis son corps se mit à trembler, et il gémit :

- Mon Dieu… Mais… Pourquoi… Pourquoi n’as-tu rien dit… Pourquoi Videl… ?
- Parce que…

Elle inspira profondément, releva vers lui un visage baigné de larmes, et sourit tristement :

- Parce que ce sont les seuls moments où j’ai encore le contact de ton corps. Et j’en ai tellement besoin Gohan, tellement. C’est ce que j’essayais de te dire. J’ai besoin de toi Gohan.

Ils restèrent un long moment, immobiles et silencieux, à genoux sur le sol froid. Gohan les bras le long du corps, semblait dévasté, brisé. Il eut un mouvement de recul quand Videl, les joues creusées par les larmes, s’approcha de lui. Il gémit :

- Non… Comment pourrais-tu encore vouloir de moi…

Alors le visage de Videl s’empourpra de colère et elle frappa de ses poings le sol entre eux :

- Mais Gohan c’est de toi dont j’ai besoin ! hurla-t-elle. Je veux que tu comprennes cela, maintenant ! Je ne t’en veux pas car jamais tu n’as tenté de me faire mal ! C’est quand tu me rejettes, quand tu me repousses, quand tu te mures dans cette froideur insupportable que tu me fais souffrir !

Elle se jeta contre lui, blottissant son visage dans son cou, serrant de toutes ses forces ce corps qui lui manquait tant. Il balbutia :

- Videl… Comment peux-tu… Je ne suis qu’un…
- Tu es Son Gohan ! Tu es l’homme que j’aime depuis mes dix-sept ans, l’homme que j’ai épousé et que j’aimerai toute ma vie ! Je t’en supplie, serre-moi contre toi, c’est tout ce que je te demande…

Alors, avec des mouvements hésitants et une infinie douceur, il enserra de ses bras le corps de Videl et se mit à pleurer.

L’aube froide du lendemain de Noël les trouva allongés sur le canapé, épuisés, leurs visages toujours baignés de larmes amères. Mais au moins, ils étaient à nouveau blottis l’un contre l’autre.

Sur le sol, au milieu du papier vert sombre enfin déchiré, reposait une magnifique sacoche de cuir brun.

***************************************************************************************************************************************

- Trunks m’a dit que tu voulais me voir, Bulma, dit Goten en entrant dans le laboratoire.

La scientifique se tourna vers lui et le regarda un instant sans rien dire. Puis elle demanda :

- Goten, la fiole que tu m’as remise discrètement il y a trois jours, le soir de Noël, le soi-disant cadeau de la part de ton père… Où l’a-t-il eue ?
- Aucune idée, répondit le jeune homme surpris du ton étonnamment grave de Bulma. Je le lui ai demandé, et tu le connais, il a changé de sujet, disant que ce n’était pas l’important, tout ça.
- Ah. Il ne dira rien ?
- Non, je ne crois pas.

Elle garda le silence un moment, les yeux posés sur le petit flacon métallique qu’elle faisait tourner entre ses doigts. Goten demanda :

- Pourquoi Bulma ? Qu’est-ce que c’est ?
- Un vaccin. C’est un vaccin contre le virus qui vous a touchés, ton père, ton frère, toi… et Pan.

Le cœur de Goten se serra violemment dans sa poitrine et il resta quelques instants muet, sous le choc. Puis il balbutia :

- Mais… Comment est-ce possible ? C’est le même que celui que le Trunks du futur avait rapporté ?
- Non… Trunks avait alors apporté un médicament pour ton père. Là, il s’agit d’un vaccin.
- Mais de toutes façons, le virus mute, nous en avons malheureusement été victimes, le médicament de Trunks n’a pas été efficace pour Gohan, Pan et moi, et…
- Et ce vaccin, justement, est capable de muter aussi, murmura Bulma, sourcils froncés.
- Pardon ?
- Ce vaccin n’a manifestement pas été créé… dans notre monde. Sa composition me dépasse totalement, mais je suis quasiment sure de deux choses : il peut se multiplier à l’infini, nous pouvons en avoir la quantité que nous désirons. Et il sera efficace pour toutes les autres mutations du virus.

Ils restèrent silencieux longtemps, avant que la voix de Goten ne s’élève à nouveau :

- Tu veux dire que si nous l’avions eu avant… Pan…
- Le corps de ta nièce ne serait pas en état de congélation dans la pièce d’à côté en attendant qu’on puisse la ressusciter grâce au dragon. Oui Goten, Pan ne serait pas morte.
- Mais… Pourquoi mon père… ? balbutia le jeune homme bouleversé.
- Ton père ne l’avait certainement pas quand nous en avons eu besoin, c’est évident. Mais au moins, maintenant, plus personne ne mourra à cause de cette saloperie. Je donnerais cher pour savoir d’où vient ce vaccin.
- Il m’a dit de n’en parler à personne à part toi.
- Je comprends pourquoi. Tu imagines la douleur de Chichi, et surtout de Videl et Gohan, s’ils apprenaient qu’à quelques mois près, tout ceci ne serait jamais arrivé ?

Goten acquiesça et ils échangèrent un regard emprunt de tristesse et de compréhension.
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar RMR le Mer Juin 24, 2009 16:36

C'est vrai que j'ai un peu de mal avec ce Gohan...

J'adore la fin, avec les explications sur les médicaments.
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar Hel le Mer Juin 24, 2009 17:07

Mon pauvre RMR, si seule la fin t'a plu, cela fait peu, alors merci d'autant plus de ta persévérance :lol:
Oui, ce Gohan est bien plus dur que celui du manga, mais pour moi il est capable d'être ainsi. Il l'a été une fois, il s'est suffisamment laissé aller à sa colère pour désobéir à son père et à Picollo.Oui, il avait onze ans. Depuis il a muri, et c'est même peut-être le personnage le plus mûr de DBZ.
Mais là, la colère qu'il ressent, qui ne fait qu'enfler de jour en jour, est au-delà de tout. Parce que sa fille est morte, alors que comme dit Videl lui et Goten ont été sauvés.
Il agit comme Végéta quand Cell tue Mirai : pour la seconde fois de sa vie, il ne réfléchit plus, il n'écoute plus rien.

Pour moi, le plus aberrant, c'était d'imaginer dans GT qu'il soit capable, même envouté, de tuer Pan à mains nues :evil:
Mais mon côté féminin et maternel prend le dessus, comme toujours :mrgreen:

Je sais que cette vision de Gohan est toute personnelle :wink:
Merci de continuer de me lire malgré tout ! :D
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar Rusk le Mer Juin 24, 2009 21:52

Pile poil quand on commence à se dire qu'on voit plus la famille Brief que la famille Son, hop tu recadres sur Gohan.
La mort d'un enfant peut faire perdre la tête donc on peut facilement imaginer que Gohan perde petit à petit sa gentillesse à cause de ça.

Surtout que comme tu le dis lorsqu'il s'énerve il n'est plus vraiment le même déjà à 11 ans, et là sa colère se manifeste d'une autre manière vu qu'il est beaucoup plus mûr.

Dans Dragon Ball on a tendance à ne pas faire attention aux réactions des personnages alors que ta FanFic se concentre principalement là dessus, je crois que c'est ce que je trouve le plus intéressant en fait.
Du combat on en a à foison, mais comment ils gèrent en dehors on est complètement dans le flou, tu te concentre là dessus toi, c'est ce qui fait que ta fic est vraiment très originale, et comme c'est bien écrit ça passe vraiment bien!

Ca change de l'ordinaire et j'aime ça :)

Bref, maintenant faut la suite :mrgreen: :mrgreen:
Enfin en fait faut pas nous la donner trop vite non plus parce que lorsque la fin arrivera je serai dégouté que ça soit fini lol.
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar Hel le Jeu Juin 25, 2009 21:30

Merci beaucoup Rusk !!!!! :oops: :oops: :oops: Ton enthousiasme me fait vraiment plaisir. Bon, soyons réaliste, je suis certaine que même si on avait davantage d'étude de la psychologie des personnages dans DBZ, jamais Toriyama n'en aurait fait un truc aussi dégoulinant de bons sentiments :lol:

D'ailleurs, je préviens, ce chapitre, c'est THE chapitre, overdose de guimauve. Après promis cela se calme :lol: Mais bon, fallait bien en passer par là, hein, cela devenait inévitable :roll:



Chapitre 8 : Bonne année, Asuka

Elle fit encore quelques pas dans la chambre, manquant bien trop souvent à son goût de se tordre une cheville. Déjà, marcher au lieu de voler… mais en plus marcher avec ça ! Elle passa devant le miroir qui ornait la porte de sa penderie et y jeta un dernier coup d’œil : ce n’était pas elle, cela ne pouvait pas être elle…

- Ce n’est pas possible… Ce n’est pas réel, murmura-t-elle à la jeune fille qui l’observait dans le reflet.

Tout était calme, tout était serein, l’univers tout entier semblait résonner en une si parfaite harmonie… Elle allait à une soirée, sa première soirée ; son adolescence dans la guerre et la violence n’avait jamais laissé la moindre place à ce genre de frivolité. Mais là, tout était simple, tout était magique. La nuit était claire, un manteau de neige recouvrait la capitale qui déjà résonnait des premiers élans de la fête.
Elle avait vingt ans et elle allait réveillonner avec Trunks et Goten, parmi la jeunesse dorée de la grande cité.

On frappa doucement à sa porte et la voix du fils de Végéta s’éleva derrière le battant :

- Cendrillon, c’est l’heure, votre carrosse vous attend !

Pan sourit à son reflet : Cendrillon… C’était tout à fait cela. Cendrillon transformée soudain par la fée Bulma, le soir du bal. Sauf que son conte de fée, à elle, ne finirait pas bien.

Elle avala sa salive pour chasser la boule qui se formait dans sa gorge. Une soirée… Oublier, juste une soirée… Oublier ce qui était arrivé dans son futur, et ce qu’elle devrait faire pour que cela ne se produise jamais dans le leur. Oublier, et n’être plus qu’une jeune fille de vingt ans qui allait réveillonner, comme toutes les autres, avec l’insouciance et la légèreté de son âge.

- Asuka ? demanda Trunks avec une pointe d’inquiétude dans la voix.
- J’arrive !

Elle attrapa sur son lit l’épais manteau noir que Bulma lui avait prêté pour l’occasion et alla ouvrir la porte. Le temps sembla soudain suspendu. Trunks, qui s’apprêtait à dire quelques chose, resta quelques instants bouche entrouverte, ses immenses yeux bleus remontant lentement le long du corps de la jeune femme qui se trouvait devant lui. Son regard glissa sur ses jambes fuselées, athlétiques, sur lesquelles retombait à mi cuisses le tissu souple de la robe. Celle-ci dessinait à la perfection les formes souples des hanches de la jeune fille, le creux de sa taille, le galbe de sa poitrine. Pan avait simplement lâché ses cheveux noirs, qui retombaient en une épaisse cascade sur ses épaules pâles. Bulma avait insisté pour la maquiller très légèrement, malgré les protestations de la jeune fille, et un léger trait noir accentuait la profondeur de son regard sombre. Ses lèvres, d’un rouge de même teinte que sa robe, tremblèrent légèrement sous le regard du jeune homme. Remarquant enfin que les joues de la jeune fille viraient soudain à l’écarlate, il détourna la tête, rougissant à son tour, et balbutia :

- Asuka, tu… tu es vraiment… très belle.
- Merci… Toi aussi tu es… vraiment très beau.

« Mais pourquoi ai-je dit un truc aussi stupide ?! » pensèrent-ils au même instant.

D’un autre côté… Pan avait du mal à trouver un autre qualificatif, soudain. Trunks portait un costume noir parfaitement coupé, dont la fluidité du tissu tombait à la perfection sur son corps taillé par l’entraînement. La veste était ouverte sur une simple chemise blanche dont il avait laissé le col déboutonné. Le jeune homme était l’image même d’une alliance parfaite entre force, charme, et élégance. Il murmura :

- On y va ? Goten nous retrouve là-bas.

Elle acquiesça en souriant, avança d’un pas… et manqua de tomber, son talon partant encore dangereusement sur le côté. Elle se rattrapa au bras de Trunks qui écarquilla les yeux :

- Ça va ?
- Oui… C’est les chaussures, je me demande si ta mère m’apprécie vraiment pour m’avoir offert un truc pareil !

Trunks rit et, galamment, présenta son bras à la jeune femme :

- Tiens, au cas où, tu seras déjà accrochée comme ça !
- Très drôle, grimaça-t-elle en acceptant néanmoins le bras qu’il lui tendait.

Après avoir du supporter quelques minutes les exclamations éblouies de Bra, Bulma et de la grand-mère de Trunks dans l’entrée de Capsule Corp, ils rejoignirent enfin la voiture du jeune homme. Alors qu’il refermait doucement la portière de Pan qui venait de monter, il vérifia de l’autre main que, dans sa propre poche de veste, l’écrin était bien là.

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Elle hésita à rentrer, le froid se faisant mordant sur la terrasse, mais la perspective de se mêler à nouveau à cette foule bruyante et insouciante ne lui disait plus rien. Son manteau était au vestiaire, et le vent glacé perçait de mille aiguillons la peau de ses épaules et de ses jambes. L’alcool l’aurait surement réchauffée, si comme la quasi-totalité des jeunes gens présents, elle s’était autorisée à boire plus d’une coupe de champagne.

C’était donc ça, s’amuser, à cet âge. Elle avait trouvé cela… distrayant, en arrivant. Le fait qu’elle accompagnât Trunks Brief lui avait valu immédiatement le respect de toute l’assemblée, et les compliments sur son physique et sa tenue l’avaient mise étrangement mal à l’aise. Goten et Trunks avaient gentiment veillé sur elle, parfaitement conscients l’un et l’autre qu’elle ne connaissait personne et qu’elle était, à priori, totalement étrangère à ce genre de fête. L’un d’eux restait toujours à ses côtés, au début du moins. Car, l’heure avançant, l’héritier des Brief était de plus en plus accaparé par une gente féminine dont les rires et les minauderies insupportaient Pan. Goten, de son côté, avait depuis longtemps abandonné la veste de son costume sombre sur un dossier de fauteuil et dansait au milieu de la piste improvisée avec une blonde sculpturale… ah non, à présent c’était une brune, nota Pan avec un sourire. Franchement, petite fille, elle était bien loin d’imaginer cette facette de son oncle vénéré !

Elle s’était donc, depuis quelques minutes, réfugiée sur la terrasse où le froid avait au moins l’avantage certain de décourager tous ceux qui auraient souhaité s’y aventurer à leur tour.

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Trunks sourit avec douceur à la jeune fille exubérante qui lui parlait depuis dix minutes, mais il avait depuis un moment renoncé à parvenir à suivre son insipide conversation. À nouveau, son regard se porta derrière l’épaule de cette… Mindy… Missy… bref, son regard se porta sur la terrasse où la silhouette d’Asuka, assise sur la balustrade, se découpait sur le ciel nocturne.

Il avait suivi des yeux la jeune femme quand elle s’était glissée discrètement à l’extérieur, après avoir passé un long moment assise dans un fauteuil, à renvoyer avec un sourire fatigué tous les garçons qui lui avaient proposé un verre ou une danse.

Elle était là comme partout ailleurs, décalée. Elle exerçait sur lui une sorte de fascination étrange, d’intense curiosité, depuis ce jour sinistre où elle s’était effondrée dans ses bras sous la pluie. Asuka semblait une jeune femme pleine de vie, de courage, de force de caractère. Pourtant, à chaque fois qu’au cours de ces longs mois passés à ses côtés ils avaient partagé ensemble un rire, un moment de complicité, quelques secondes après le magnifique visage de la jeune fille se teintait irrémédiablement d’une profonde tristesse. Ses immenses yeux noirs paraissaient perdus dans un autre univers, qu’elle seule semblait discerner, et qui effaçait à tout instant son merveilleux sourire.

Elle portait sur le monde le regard de ceux qui ont déjà trop souffert et ne veulent plus espérer, plus croire. Asuka, juste Asuka… Elle n’avait rien dit d’autre, ils n’avaient plus rien demandé. Elle s’était fondue dans son univers comme si elle en faisait partie depuis toujours, et devoir lui cacher ce qu’il était réellement ne pesait rien en comparaison de ce qu’elle avait apporté dans sa vie.

Ils auraient tout le temps, plus tard, de s’avouer leurs secrets.
Car, au cours des mois, ce « plus tard » s’était imposé à Trunks comme une évidence. Son avenir était comme la photo offerte à Noël : Asuka y figurerait forcément, au même titre que ceux qui lui étaient le plus cher. Toutes les autres, ses conquêtes passées, les filles les plus sublimes qui lui couraient après avec acharnement, avaient comme disparu aux yeux du séduisant héritier. Il ne savait rien d’Asuka, elle n’était que peine et mystère, mais tout en lui était irrémédiablement attiré par la jeune fille. Il pressentait en elle quelque chose… d’autre. Quelque chose qui réveillait en lui son âme de guerrier, de saiyen. Une résonance, une complémentarité étranges avec cette fille qui n’avait qu’une énergie très faible, qui ne se battait pas, qui ne savait rien de lui. Trunks avait d’ailleurs noté avec une surprise certaine que son père, qui connaissait son fils par cœur, ne lui avait jamais fait la moindre réflexion sur l’intérêt manifeste qu’il portait à la jeune femme. Comme si, quelque part, sans approuver son choix, Végéta attendait lui aussi d’en apprendre davantage. Le jeune homme avait déjà surpris le Prince alors que, avec un intérêt étrange, il suivait Asuka de son regard sombre.

Pour Trunks, plus rien n’importait, quand il était persuadé qu’ils auraient tout le temps d’apprendre, la jeune femme et lui, et de partager ce qu’ils étaient au plus profond d’eux-mêmes.

Il jeta un coup d’œil discret à sa montre et s’excusa poliment auprès de la jeune fille décontenancée qui vit s’évanouir toute chance de partager le baiser de nouvelle année avec l’héritier tant convoité. Trunks attrapa au passage sa veste qu’il avait posée sur une chaise et glissa, à nouveau, une main dans la poche. Ses doigts tremblèrent légèrement quand ils frôlèrent la boite. Il la sortit et la glissa dans sa poche de pantalon. Puis, sa veste à la main, il se dirigea vers la porte de la terrasse.

Avant d’actionner l’ouverture, il respira profondément, tentant de calmer les battements bien trop rapides de son cœur. C’était… ridicule. Il se savait plutôt timide, c’était légendaire. L’attirance qu’il exerçait sur la gente féminine l’avait toujours mis profondément mal à l’aise, mais, avouons-le, à vingt-deux ans, voilà longtemps qu’il avait appris à profiter au mieux de cette situation. Il n’avait pas le tableau de chasse de Goten, mais beaucoup lui enviaient ses magnifiques conquêtes.
Mais là… là c’était autre chose. Il était désarmé, désemparé devant cette vulnérabilité qu’il sentait en lui chaque fois qu’il posait les yeux sur Asuka. Il avait pertinemment compris que ce qui se jouait était bien au-delà de la simple conquête. Ce qui se jouait pourrait changer toute sa vie.

Il n’était pas un lâche, ne l’avait jamais été. Ses racines saiyennes le lui interdisaient. Et elles lui dictaient en cet instant de tout faire pour savoir, enfin. Il fallait en finir avec cette angoisse sourde qui le tiraillait à chaque fois qu’Asuka disparaissait quelques heures, avant de revenir sans un mot, sans une explication. Personne à Capsule Corp n’avait jamais rien demandé à Asuka, et pour cause, ils étaient assez mal placés pour aller s’occuper des secrets des autres. Trunks avait été tenté, une fois, de la suivre, de voir qui elle partait retrouver ainsi… Mais le jeune homme avait immédiatement rejeté cette idée qui lui avait fait horreur. Ils s’étaient fait confiance, aveuglément, dès le premier instant, ils devaient continuer, toujours.

Prenant son courage à deux mains, il ouvrit la porte-fenêtre et se glissa dans l’air glacé. Elle ne sembla d’abord pas prendre conscience de sa présence et continua de fixer le ciel étoilé d’un air absent. Elle était assise sur le rebord du balcon, dos au vide, balançant doucement d’avant en arrière ses jambes croisées au niveau des chevilles. Il nota avec un sourire que les chaussures à talons reposaient près d’elle sur la balustrade. Ses cheveux noirs frémissaient à peine dans la brise hivernale et elle tentait vainement de se réchauffer en gardant ses bras croisés contre son buste.

Il s’en voulut presque, soudain, de briser le silence religieux de ce tableau magique. Mais déjà elle tournait la tête vers lui et sourit.

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Pan l’avait senti arriver, mais n’avait tout d’abord pas bougé, savourant la présence de cette chaude et douce énergie qui s’avançait vers elle. Elle posa enfin ses yeux sur lui. Il se tenait debout près d’elle, un sourire doux sur ses traits, ses cheveux mauves encadrant comme toujours son visage d’une extrême finesse. Sans prononcer une parole, il fit un pas en avant et elle cessa de respirer, alors qu’il posait sur les épaules de la jeune fille sa veste noire. Elle se laissa envahir de la chaleur, du parfum qui émanaient du tissu et qui affolaient ses sens aiguisés. Elle murmura un « merci ».

Il sourit :

- De rien, tu dois vraiment détester cette soirée pour préférer geler ici.
- Non non, je ne déteste pas… je ne suis pas… à mon aise, c’est tout. J’aime bien me retrouver un peu seule, parfois.
- Je sais, répondit-il simplement, un petit sourire supérieur aux lèvres.

La ressemblance de Trunks en cet instant avec Végéta fit sourire Pan. Elle s’aperçut soudain qu’il se trouvait à présent lui-même en chemise dans le froid :

- Tu… Tu ne veux pas mettre ta veste plutôt ? Tu n’es pas beaucoup plus couvert que moi.
- Ne t’inquiète pas pour moi.

En effet, l’instant d’après, elle sentit le ki du jeune homme augmenter très légèrement et sut instantanément qu’il venait de s’entourer d’un cocon de chaleur. Comme elle aurait souhaité pouvoir faire la même chose, se bercer elle-même de sa douce et chaude énergie…

- Il est presque minuit.
- Ah.
- Tu es sûre de vouloir rester là ?
- Oui, je… encore quelques minutes, c’est tout.
- Avant d’affronter l’ennemi ? demanda Trunks en souriant.
- Non, pas l’ennemi, mais… Je ne connais personne, à part Goten et toi. Et pour ce qui est de Goten… Je ne crois pas qu’il remarquera mon absence.

Trunks fit une petite grimace compréhensive. Pan lui dit d’un ton enjoué :

- Mais toi, tu devrais rentrer, elles doivent être des dizaines à t’attendre.

Amusée, elle le regarda baisser les yeux en rougissant. Cela marchait à tous les coups… Soudain, il releva vers elle un visage emprunt d’un étrange sérieux. Il demeura silencieux un instant, puis demanda :

- Et toi ? Personne ne t’attend Asuka ?
- Pa… Pardon ?
- Comme tu t’absentes régulièrement depuis quelques temps, je m’étais dit que tu avais certainement rencontré quelqu’un… J’ai été surpris que tu puisses nous accompagner ce soir, que ton réveillon ne soit pas prévu… ailleurs.

Elle écarquilla les yeux, stupéfaite. Elle réalisa au même instant deux choses : ils croyaient que ses entrainements avec Goku étaient des rendez-vous galants. Et Trunks Brief était… jaloux.

Son cœur se serra violemment à cette seconde réalisation et elle se sentit assaillie d’une multitude d’émotions alors que les pensées se bousculaient dans sa tête. Une voix intérieure lui cria que la solution était là, qu’il lui suffirait d’acquiescer, de prétendre voir quelqu’un, et que Trunks renoncerait à elle. Ce serait mieux, bien mieux. La meilleure chose à faire, pour elle, pour lui. La fuite, l’évitement, elle y était habituée maintenant. Quelques mots, un simple mensonge de plus, et c’en serait fini, il quitterait la terrasse, se consolerait dans les bras d’une des magnifiques jeunes filles qui riaient dans la pièce à côté, et Trunks Brief serait un problème réglé.

Faux. Elle le savait, elle le sentait. Elle pressentait qu’il ne renoncerait pas à elle, comme elle ne pourrait jamais renoncer à lui. Et pourtant elle devait le faire, elle devait le protéger, cela ne mènerait nulle part, ou juste à un peu plus de souffrance, un peu plus de remord quand elle devrait faire ce qu’elle avait décidé… Pan ne serait jamais, pour lui, qu’une petite fille de huit ans, une enfant turbulente et criarde ; il voulait Asuka, et Asuka n’existait pas.

Elle réalisa qu’il la regardait toujours, ses immenses yeux bleus posés sur elle avec un mélange de crainte et d’incertitude. Il était si simple de briser cet instant magique…

Pourtant, dans la vision de ce jeune homme qui n’attendait d’elle qu’une parole, ses résolutions semblèrent s’évanouir dans l’air glacé. Elle voulut oublier à nouveau, pour quelques minutes, qui elle était vraiment. Être, pour un soir, juste pour un soir, cette Asuka de vingt ans, une jeune fille comme les autres, seule un soir de réveillon, sur un balcon, avec celui qu’elle aimait de tout son cœur. Elle s’entendit murmurer :

- Non, Trunks. Je ne vois personne d’autre.

Il sembla presque se remettre à vivre alors qu’un merveilleux sourire étirait ses lèvres fines. Elle baissa les yeux et, le souffle coupé, le regarda sortir de la poche de son pantalon un écrin noir. Il dit doucement :

- Tant mieux, sinon, j’aurais été… mal à l’aise de t’offrir cela. Joyeux Noël Asuka.

Crispant une main sur la rambarde, elle saisit de l’autre la petite boite noire en balbutiant :

- Mais… Tu m’as déjà fait un cadeau, la photo…
- Je sais mais… Ce n’était pas mon véritable cadeau et… cela m’aurait gêné de te l’offrir à la maison.

Tentant vainement d’empêcher ses doigts de trembler, elle ouvrit l’écrin et étouffa un cri. Sur le velours sombre brillait doucement, au bout d’une chaîne, un pendentif en or. Trunks murmura :

- C’est un dragon. Il a… une signification spéciale pour ma famille, je t’expliquerai, un jour.

Incapable de détacher son regard de la forme dorée, elle passa son doigt sur le métal travaillé. Le pendentif était sublime, à la fois petit et magnifiquement ouvragé. Il ressemblait tellement à Shenron… Le jeune homme, inquiet du mutisme de Pan, demanda :

- Tu… Tu aimes ?
- C’est le plus beau cadeau qu’on m’ait jamais fait, répondit-elle dans un souffle.

Elle releva vers Trunks ses immenses yeux noirs brillants d’une totale sincérité et lut sur son visage fin la plus grande sérénité. Il lui prit doucement la boite des mains :

- Alors permets-moi de te le passer.

Ôtant la chaine de son écrin de velours, il s’approcha de Pan qui releva d’une main son épaisse chevelure, offrant son cou aux doigts de Trunks. Il se pencha au-dessus de la jeune fille, sentant son propre cœur s’affoler au parfum enivrant de sa peau, de ses cheveux. Il retint son souffle quand il posa les mains sur sa nuque gracile, attachant les deux parties du fermoir. Laissant un bref instant ses doigts glisser sur la peau fine et douce, il se recula finalement en souriant alors que Pan laissait retomber sa chevelure sur ses épaules. Ils baissèrent tous deux les yeux vers le dragon doré qui luisait sur la gorge immaculée de la jeune fille, avant qu’elle relève finalement vers Trunks un regard lumineux de bonheur.

À cet instant, tout autour d’eux, dans l’appartement, dans les maisons attenantes, dans la rue même, un joyeux tumulte s’éleva : une voix unique faite de centaines d’autres, qui entonnait en chœur le décompte de la nouvelle année. Incapables de détourner le regard du visage de l’autre, ils entendirent les chiffres s’égrener, jusqu’à ce que les voix explosent dans un même hurlement de liesse. Alors le regard de Pan glissa doucement sur les lèvres fines de Trunks et chacun d’eux retint son souffle. La main du jeune homme vint tout naturellement caresser la joue de la jeune femme, alors que, d’un mouvement d’une insupportable lenteur, il rapprochait son visage de celui de Pan. Leurs souffles se mêlaient déjà, nuage vaporeux dans l’air glacial, quand Trunks murmura contre ses lèvres :

- Bonne année, Asuka.

Désirant nier pour un instant, juste un instant, ce que ces trois mots avaient d’atroce, Pan franchit l’infime espace qui les séparait encore et posa ses lèvres sur celles de Trunks.

Leurs peaux se frôlèrent, hésitantes, palpitantes. Tout leur être s’oublia dans ce contact envoutant de leurs lèvres tremblantes alors que, lentement, Trunks passait sa main libre dans le dos de la jeune femme en se rapprochant d’elle. Goutant les lèvres de Pan avec bonheur et révérence, il serrait le corps frémissant de la jeune femme qui s’était instantanément blottie contre lui. Pan s’était totalement abandonnée à son parfum, à cette sensation délicieuse de son souffle contre le sien. À l’extrême douceur de ses lèvres qui embrassaient les siennes avec un désir qu’elle le savait maîtriser avec peine quand elle-même s’abandonnait à ces sensations insoupçonnées. Sans même le réaliser, elle avait passé les doigts dans les cheveux soyeux du jeune homme, l’amenant un peu plus à elle encore. Quand, dans une caresse hésitante, il voulut approfondir le baiser, elle répondit à sa prière muette par un soupir et entrouvrit les lèvres. Pan sentit soudain le ki de Trunk les envelopper d’une intense et douce chaleur alors qu’il s’emparait à nouveau de ses lèvres et mêlait leurs souffles avec passion cette fois. Elle se laissa guider, savourant cette étreinte enivrante et l’intensité de ce qu’elle ne pourrait jamais partager avec aucun autre.

Quand ils se séparèrent enfin, de longues minutes s’étaient écoulées. Trunks déposa un dernier baiser sur les lèvres de Pan, et lui sourit doucement en plongeant dans ses grands yeux noirs. Alors, s’approchant d’elle à nouveau, le saiyen l’entoura de ses bras puissants et blottit son visage dans le cou de la jeune femme qui referma les yeux et se laissa aller contre lui. Ils restèrent enlacés, silencieux, dans un havre de paix, de chaleur et d’affection.

Oublier, juste un instant.

Elle murmura pour elle-même :

- C’est donc ça…

Trunks se recula légèrement et la regarda, surpris :

- Ça quoi ?
- Un baiser.

Les traits du jeune homme se teintèrent de la plus parfaite stupéfaction et il cligna des yeux, d’abord muet d’étonnement. Il parvint enfin à balbutier :

- Tu… Aucun garçon ne t’avait jamais embrassée ?

Elle secoua la tête en souriant, amusée de l’ahurissement manifeste de Trunks. Celui-ci ignorait si ce qui le surprenait le plus était le fait qu’une fille pareille, à vingt ans, n’ait jamais fréquenté personne, ou le fait qu’elle l’avouait avec un naturel et une innocence désarmants. Une telle naïveté lui aurait rappelé Son Goku, pour un peu. En tous cas, Trunks trouvait cela absolument adorable et sourit à nouveau, caressant la joue de la jeune fille qui ferma les yeux de bonheur à ce contact. Il murmura :

- Je ne sais pas d’où tu viens Asuka. Mais je peux déjà dire que les garçons qui y vivent sont vraiment des abrutis.

Il regretta ses paroles dès qu’il les eut prononcées : ce même voile de tristesse, encore, sur les traits de la jeune femme… Sans un mot, il la serra contre lui et la sentit se blottir contre sa poitrine, presque tremblante tout à coup. Elle releva finalement la tête vers Trunks et lui sourit. Les yeux bleus du jeune homme glissèrent à nouveau vers les lèvres de la jeune femme et il s’approcha doucement… quand une toux discrète derrière lui arrêta son mouvement.

Tournant la tête, il découvrit Son Goten dans l’encadrement de la porte-fenêtre, un sourire aux lèvres :

- Avant que vous ne recommenciez, je passe juste vous souhaiter une bonne année.

Trunks et Pan sourirent largement et la jeune fille, sautant à terre, pieds nus, se précipita dans les bras de celui-ci qui était, après tout, son oncle chéri. Elle se pelotonna contre lui un instant et ferma les yeux. Goten la regarda, surpris. Puis il sourit et murmura :

- Bonne année à vous deux.

Elle releva vers lui un visage radieux, et déposa un doux baiser sur la joue du jeune homme :

- Merci Goten.
- Et une bonne année à toi aussi, renchérit Trunks qui les avait rejoints.

Pan s’écarta enfin de son oncle et revint tout naturellement se blottir contre Trunks qui entoura de son bras les épaules de la jeune femme. À ce moment, Goten baissa les yeux vers la gorge de Pan et fronça légèrement les sourcils. Elle rougit en portant sa main au pendentif :

- Oui, c’est Trunks qui me l’a offert.
- Il est… magnifique. Décidément ce garçon a du gout.

Il gratifia son meilleur ami d’un regard qui en disait long et Trunks détourna les yeux. Pan sembla soudain chercher quelque chose… et le jeune homme lui tendit avec un sourire ses petites chaussures à talon. Elle esquissa une grimace :

- Ah oui, c’est vrai… Il va falloir les remettre…

Les deux garçons rirent à la mine défaite de Pan qui leur envoya à tous deux un léger coup de coude dans les côtes. Elle renfila les chaussures et s’excusa d’un sourire :

- Je reviens, soyez sages !

Trunks la regarda s’éloigner dans l’appartement… avant de sentir le regard de son meilleur ami posé sur lui. Il se tourna à nouveau vers Goten qui l’observait, amusé. Le fils de Goku soupira :

- Ce n’est pas trop tôt !
- Je ne comprends rien à ce que tu racontes, répondit Trunks en haussant les épaules, un sourire aux lèvres.
- C’est ça… Sois prudent par contre.

Le fils de Bulma fronça les sourcils devant l’air soudain sérieux de son ami :

- Comment cela ?
- Ton ki. Elle te fait de l’effet, il était très élevé, trop élevé. Asuka a du avoir un sacré coup de chaud alors que l’air est glacé.
- Ah, mince… murmura Trunks. Elle n’a rien dit, je ne crois pas qu’elle ait remarqué...
- Elle était bien trop occupée !
- Ça va hein ! Ce n’est pas moi qui ai deux teintes de rouge à lèvres différentes sur la bouche…

Goten s’essuya les lèvres avec une moue dégoûtée et ils se regardèrent en riant. Puis Trunks fronça à nouveau les sourcils et plongea dans le regard noir de son meilleur ami avec le plus grand sérieux :

- Tu peux garder un secret ?
- C’est à une moitié d’extra-terrestre que tu demandes ça ?
- Ok, question stupide… Bon, eh bien figure-toi qu’Asuka m’a dit qu’elle n’avait jamais embrassé un garçon avant.
- Et une fille ? demanda Goten, surpris et amusé.
- Abruti ! Oublie tes fantasmes deux minutes, tu veux. Franchement, tu ne trouves pas ça… incroyable ?
- Si, c’est vrai que c’est étrange… Mais bon, elle est assez mystérieuse. Qui sait, c’est surement une romantique qui attendait son Prince !

Trunks leva les yeux au ciel, atterré, puis reprit :

- Non, je ne pense pas. Elle me semble au contraire… comme si elle avait perdu tout espoir, parfois, comme si elle n’avait plus gout à rien.
- Ça, de ce que j’ai entrevu tout à l’heure, je peux te dire que si, il y a encore une chose à laquelle elle a pris gout…
- On ne peut vraiment pas discuter avec toi !

Goten sourit une fois de plus, puis son visage prit lui aussi un air plus grave et il suivit des yeux Pan qui revenait en souriant vers la terrasse. Il murmura :

- Je suis d’accord, Trunks, il y a quelque chose de très spécial chez elle. En tous cas, elle tient beaucoup à toi. Et moi, je l’apprécie énormément. Alors ne lui fais pas de mal, sinon tu auras affaire à moi.

Le fils de Bulma jeta un coup d’œil surpris à son meilleur ami :

- Eh, tu n’es pas son frère !
- Non, et j’ai confiance en toi. Il fallait juste que je te le dise, c’est tout.

Mais déjà la jeune fille se joignait à nouveau à eux et sa présence mit fin à la conversation. Peu après, Trunks se proposa de la raccompagner, ce qu’elle accepta avec joie. Pan ne put s’empêcher de ressentir une certaine fierté à la sensation des regards envieux posés sur elle alors que le jeune héritier de la Corp la tenait tendrement par la taille pour regagner la sortie. Lorsqu’il se glissa à côté d’elle dans la voiture, Pan lui dit :

- Tu peux juste me déposer à la Corp si tu veux, je pense que tu as envie de retourner t’amuser, il est encore tôt.
- Non. Je sais pertinemment comment va finir ce genre de soirée, et cela ne m’intéresse pas. J’en ai vu de loin le meilleur, répondit-il avec un sourire à la jeune fille qui rougit.

Il avait ramené Pan jusque devant sa chambre, où ils s’étaient longuement embrassés avant que Trunks ne s’éloigne avec un dernier sourire et ne disparaisse au bout du couloir.

Lentement, debout devant le miroir de sa salle de bain, Pan ôtait les dernières traces de maquillage. Laissant glisser le coton sur ses lèvres, elle observa longuement son visage dans la glace, et refoula les larmes qui menaçaient encore de couler.
Elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait pas résister à ce qu’elle ressentait pour lui, à la sensation de ses bras autour d’elle, à la chaleur de sa peau, à la douceur de ses lèvres.

Même si elle savait déjà que cela la détruirait et que, bien plus grave, cela le détruirait lui aussi.
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar Rusk le Jeu Juin 25, 2009 23:04

:shock:
Overdose de guimauve??
C'est tellement bien raconté que j'ai l'impression de lire un livre!

Oh et puis Goten, plus ça va et plus je le kiff!! A chaque fois qu'il dit quelque chose il me fait marrer :lol:
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar RMR le Ven Juin 26, 2009 16:35

Ben alors, quoi? Il est très très bien ce chapitre! J'ai adoré!
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar Rusk le Ven Juin 26, 2009 19:53

RMR a écrit:Ben alors, quoi? Il est très très bien ce chapitre! J'ai adoré!


+1

Va falloir arrêter l'auto-critique négative, surtout quand c'est pas justifié :mrgreen:
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar Hel le Ven Juin 26, 2009 20:02

:lol: :lol: :lol:
Merci à tous les deux, et là j'avoue être sur le c**. Parce que bon, RMR qui réclame (à juste titre !!) de l'action, là je me suis dit qu'avec un chapitre pareil j'allais vraiment avoir raison de sa patience ! :lol:
Et bien non :shock: :shock:

Bon, ben tant mieux, je ne comprends rien mais mille fois tant mieux ! :D
Promis, le chapitre suivant, cela s'agite un peu, et après il y aura enfin un peu d'action :wink:
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar Foenidis le Ven Juin 26, 2009 20:33

Le travail d'écriture est toujours aussi excellent... et les émotions remarquablement décrites (même si je trouve que ça manque un peu d'action... mais bon... tu avais prévenu c'est vrai...).

Je vois que tu as deux aficionados d'une fidélité exemplaire... tu vois qu'un thème non combattant peut plaire à des fans Dragon Ball...

Félicitations :D
Dernière édition par Foenidis le Jeu Juil 31, 2014 15:42, édité 1 fois.
Le futur me donne un peu trop souvent l'impression d'avoir les mots de Dante « Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance » gravés en lettres sombres sur son fronton.
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar Hel le Sam Juin 27, 2009 14:06

Merci beaucoup, mais attendez la suite pour les félicitations :wink:
Dans peu de temps il y aura enfin la partie "action" (enfin, le minimum d'action que je suis capable de mettre dans une fic :lol: ) et là vous allez constater que je suis très en deçà de ce qu'on trouve sur le forum, notamment dans tes fics, Dbphoenix10 :wink:



Chapitre 9 : pluie de juin et conséquences

La jeune fille alla s’écraser à plusieurs dizaines de mètres, son corps s’encastrant dans la roche avec un bruit sourd. L’instant d’après, Goku était penché sur elle, sourcils froncés :

- Ça va aller ?
- Oui grand-père murmura-t-elle en se redressant avec difficulté.

Il attrapa la main de Pan avec douceur et l’aida à se relever. Goku la regarda un moment reprendre son souffle, penchée en avant, mains sur les genoux, puis il demanda :

- Qu’est-ce qu’il y a ?
- Rien, j’ai eu un instant d’inattention et…
- Pan, ta concentration ne cesse de décroître depuis des semaines. Ta puissance, ta technique s’améliorent mais tu es de moins en moins présente à ce que nous faisons.

La jeune fille, qui s’était redressée, baissa la tête :

- Pardon grand-père. Je tâcherai de faire plus attention.
- Tu ne veux pas me dire ce qui ne va pas, plutôt ?

Elle détourna le regard, soudain muette, soudain gênée. Goku redemanda doucement :

- Je sais que tu ne veux toujours pas me parler de ce qui t’a amenée ici, et je ne te demande plus rien, j’ai confiance en toi. Mais là j’ai le sentiment que c’est autre chose.

La respiration de Pan s’accéléra, et elle murmura :

- Je crois, parfois, que tu as tort d’avoir confiance. Tout… Tout est en train de m’échapper.
- Asseyons-nous un peu, tu vas tenter de m’expliquer, dit-il en joignant le geste à la parole.

Ils se retrouvèrent tous deux en tailleur, face à face, sur cette planète déserte. La jeune fille restant étrangement silencieuse, Goku se gratta l’arrière du crâne :

- Euh… Je ne suis pas très doué, moi, si tu ne dis rien cela va devenir vraiment très compliqué.

Elle releva enfin la tête en souriant et le visage de Goku s’illumina :

- Ah, enfin, un sourire ! Quoique, à bien y réfléchir, tu souris davantage ces dernières semaines…
- Grand-père ! balbutia Pan.

Alors le grand guerrier écarquilla les yeux et regarda, sidéré, la jeune fille rougissante qui se mordait la lèvre devant lui.

- Oh ? Tu as rencontré un garçon ? C’est ça ? Tu sors avec un garçon ?
- Oui… répondit-elle dans un souffle.
- Mais c’est très bien ça ! Je suis ravi pour toi ! J’espère que tu pourras me le présenter, un jour !
- Tu… Tu le connais déjà, murmura-t-elle d’une voix à peine audible.

Pour le coup, Son Goku resta muet d’étonnement. Pan releva vers lui un regard gêné et il balbutia enfin :

- Mais enfin… Comment pourrais-je le connaître ? Je ne connais aucun de tes amis, on ne se voit jamais sur Terre, et tu vis à la Corp… Attends… Cela ne peut quand même pas être…

Les yeux de Goku s’agrandirent comme des soucoupes et il s’exclama :

- Végéta ?!
- Grand-père ! hurla Pan qui faillit tomber à la renverse. Mais bien sûr que non !
- Ah bon, soupira-t-il, je suis rassuré, parce que bon, j’aime beaucoup Végéta, hein, mais il est quand même un peu vieux pour toi, et puis Bulma ne…
- Mais Grand-père, ça ne va pas ! C’est Trunks voyons ! l’interrompit-elle.
- Trunks ? répéta Goku.

Pan rougit et baissa à nouveau la tête. Elle entendit la voix douce de son grand-père :

- Trunks Brief ? Le fils de Végéta et Bulma ? Notre Trunks ?

Elle acquiesça sans le regarder. Une main puissante vint se poser sur son épaule :

- Et tu l’aimes ?

Elle releva doucement les yeux et les plongea dans ceux, tout aussi noirs, du saiyen :

- Oui. Je l’aime.
- Et il t’aime ?
- Oui, je crois que oui.
- Alors tout va bien ! commenta-t-il joyeusement. Trunks est vraiment quelqu’un de bien, en plus c’est le meilleur ami de Goten. Je ne dis pas que ton père ne va pas râler un peu au début, il est assez grognon, mais bon, et puis ta grand-mère sera ravie, tu vas épouser l’héritier de la Corp, par contre Végéta… Pan ?

Il s’interrompit, stupéfait. Face à lui, la jeune fille tremblait et retenait manifestement ses larmes. Elle releva des yeux pleins de colère et s’écria :

- Non, tout ne va pas bien ! Tu ne comprends pas, c’est une catastrophe, cela n’aurait jamais du se produire, cela sera encore pire maintenant. C’est de ma faute, tout est de ma faute, je l’ai vu arriver, et je n’aurais jamais du le permettre, mais…

Elle éclata soudain en sanglots et frappa du poing le sol qui s’ouvrit dangereusement près d’eux. Elle ne sembla pas prêter la moindre attention à la faille rocheuse à laquelle Goku lança un coup d’œil admiratif et inquiet. À genoux dans la poussière, ses larmes s’écrasant par terre, elle balbutia :

- Je n’ai rien pu faire. Il se montre si doux, si gentil avec moi ; il m’apporte tellement de ce que je n’ai pas connu depuis si longtemps. Il souffre de mes silences sans jamais poser aucune question, il est toujours là pour moi, il…je… je l’aime tellement. Je suis une guerrière, une saiyenne, et contre ça… Je n’ai pas pu lutter.

Le grand guerrier regarda avec tristesse sa petite-fille dévastée et, doucement, l’attira à lui. Elle se blottit contre sa poitrine et laissa couler ses larmes. Son Goku, lui aussi, se sentait soudain totalement impuissant à consoler cette jeune fille. Il murmura contre ses cheveux :

- Je sais que contre cela tu n’aurais rien pu faire. Personne ne le peut. Je voudrais tellement pouvoir t’aider, alléger un peu tes épaules du poids que tu portes.
- Tu ne pourrais pas, hoqueta-t-elle contre lui.
- Mais pourquoi ?
- Parce que si tu savais ce que je dois faire, tu tenterais de m’en empêcher. Et toi seul, peut-être, pourrais y parvenir.

Il écarquilla les yeux et ne répondit pas, continuant à caresser la tête de sa petite fille en réfléchissant à ses paroles sibyllines.

*****************************************************************************************************************************************

Ce qui ne devait durer, dans l’esprit de la jeune femme, que l’instant magique d’une soirée de réveillon s’était prolongé des semaines, qui devinrent des mois. Des mois de pur enchantement, où Pan s’était forgé l’illusion que ce présent quasi parfait ne connaîtrait jamais de terrifiants lendemains.

Les journées s’égrenaient avec la simplicité absolue d’un bonheur tranquille, entre les heures que Pan passait avec Bulma et Bra à la propriété des Brief et celles qu’elle partageait à la fac avec Goten et, surtout, Trunks. Les deux jeunes gens étaient quasiment inséparables, passant leurs journées ensemble sauf aux moments des cours et à ceux où, Trunks s’entraînant avec Végéta ou Goten, Pan en profitait pour donner rendez-vous à son grand-père.
Cet amour naissant n’était pas resté secret pour Bulma et Bra plus de trois jours, mais elles s’étaient réjouies toutes deux du dénouement heureux de ce qu’elles pressentaient depuis le tout début. Pan et Trunks restaient cependant naturellement discrets, particulièrement devant Végéta. La réaction de ce dernier quand sa compagne lui avait fait part de « la bonne nouvelle » avait surpris et inquiété Bulma. Le Prince saiyen l’avait regardée avec ce qui semblait un étrange intérêt pour une nouvelle qu’elle pensait somme toute ne devoir absolument pas le concerner. Il avait froncé les sourcils, toujours silencieux, et sa compagne avait demandé :

- Végéta ? Quelque chose ne va pas ? Cette relation te déplait ? Tu n’apprécies pas Asuka ?
- Je n’ai rien dit de tel, avait froidement répondu le saiyen.
- Non, mais…
- Et toi ?

Soufflée, Bulma avait écarquillé les yeux, tâchant de comprendre dans le visage sévère du Prince ce qu’il pouvait vouloir dire. Elle balbutia :

- Moi ? Mais , bien sûr… Elle est adorable, ils sont manifestement très amou…
- Bien, alors c’est tout, avait placidement coupé Végéta en haussant les épaules.
- Quoi ? Mais… Mais qu’est-ce qu’il y a ? Végéta !

Déjà il s’éloignait, sa serviette sur l’épaule, vers la salle de gravité. Il refusa de répondre quand Bulma voulut à nouveau le questionner, et les interrogations de sa compagne s’arrêtèrent donc là.

Mais Bulma avait cependant réfléchi à la réaction de Végéta, réaction assez rare pour qu’elle s’en préoccupât. Elle avait donc guetté, d’un regard cependant bienveillant, l’évolution de la relation des deux jeunes gens, craignant soudain qu’ils ne brûlent des étapes indispensables. Bulma s’était détestée quand, un soir d’avril, elle s’était étrangement sentie obligée d’intervenir. À bien y repenser, elle ne savait plus vraiment pourquoi elle l’avait fait, ni par quel hasard elle s’était retrouvée dans le couloir menant à la chambre d’Asuka, si tard dans la soirée.

Elle avait découvert son fils, vêtu d’un simple pantalon de toile et d’un t-shirt, la main en suspend, prêt à frapper sur la porte de la jeune fille. Immobile. À priori tellement plongé dans ses propres pensées qu’il n’avait pas senti sa mère arriver et qu’il sursauta quand elle murmura :

- Non Trunks.

Le jeune homme tourna la tête, rougissant quand il découvrit Bulma, bras croisés, à quelques mètres de lui. Il baissa les yeux quand elle s’approcha doucement, et balbutia très doucement :

- Ce n’est pas…
- Si, c’est ce que je crois.
- Non, attends, c’est faux, nous n’avons… !
- Je sais. Et il ne faut pas.

La rougeur des joues de Trunks augmenta à nouveau, devant l’intention manifeste de sa mère d’aborder un sujet dont il n’avait absolument aucune envie de discuter, surtout avec elle. Elle soupira et posa la main sur l’épaule de son fils :

- Trunks, il y a des choses dont elle et toi devrez parler avant que votre relation n’évolue.
- Maman, c’est bon, grommela-t-il, je suis déjà sorti avec des filles, et je n’ai jamais eu besoin de discuter de ça avant...
- Oui, mais Asuka, c’est différent. Je me trompe ?

Il se tut un instant, puis releva lentement la tête et croisa le regard de sa mère, aussi bleu que le sien. Il murmura :

- Non.

Elle acquiesça simplement. Trunks soupira, sembla hésiter un instant devant l’incongruité de sa situation mais céda au besoin de pouvoir au moins partager ses sentiments avec quelqu’un. Il avoua dans un souffle, sans regarder sa mère :

- Mais je suis vraiment amoureux d’elle… et le fait qu’elle vive ici, c’est… insupportable.
- Je sais mon chéri. J’allais dire que tu es un homme après tout, mais non, c’est même pire, tu es un saiyen. Je peux parfaitement comprendre ta frustration.

Trunks vira à l’écarlate et fit un geste pour partir, bafouillant :

- Écoute, non, vraiment , je vais aller dans ma chambre, je…

La main de Bulma sur sa poitrine l’arrêta et elle dit avec douceur mais fermeté :

- Si, tu dois m’écouter, même si cette discussion est gênante pour nous deux. Trunks, elle ne sait pas qui tu es, qui nous sommes. Elle ne sait pas ce que tout cela peut impliquer pour elle. Et personne ne peut prévoir comment elle réagira à une telle nouvelle. De plus, à bien y songer, toi non plus tu ne sais rien d’elle.

Le jeune homme fronça les sourcils :

- Tu n’as pas confiance en Asuka ?
- Si, bien sûr que si… Tu sais combien nous tenons tous à elle. Mais je veux juste dire qu’avant d’aller plus loin dans votre relation, il faut que vous soyez prêts tous deux à vous avouer qui vous êtes, et je ne pense pas que ce soit le cas.
- Si, je… pourquoi pas après tout, murmura Trunks.
- Non Trunks, ce n’est pas « pourquoi pas ». Il faut en être sûr, car après il n’y aura pas de retour en arrière.
- Je croyais que tu étais censée me construire une machine à voyager dans le temps, pourtant ! répondit-il avec un sourire que sa mère lui rendit.
- Très drôle, mon fils ! Je te rappelle qu’heureusement, non, je n’ai jamais eu besoin de la fabriquer. Bref, le sujet n’est pas là. Crois-tu qu’Asuka, elle, soit prête à te raconter ce qu’elle nous cache depuis le début ?
- Je… je ne sais pas.
- Alors écoute.
- Quoi ? balbutia le jeune homme sans comprendre.

Bulma indiqua du doigt la porte close :

- Tu étais trop obnubilé par tes propres réflexions pour entendre, mais écoute.

Le jeune homme, intrigué, fronça les sourcils… puis soudain blêmit et balbutia :

- Mais… Mais elle pleure ! Asuka pleure !

Sa mère arrêta la main qu’il s’apprêtait à poser sur la poignée de la porte et la maintint entre les siennes. Elle regarda son fils avec tristesse :

- Elle pleure tous les soirs, Trunks. Ou en tous cas à chaque fois que je suis passée ici, tard, elle pleurait. Je ne comprends même pas qu’elle ait encore des larmes à verser.
- On ne peut rien faire ? C’est absurde ! s’exclama à voix basse le jeune homme bouleversé.
- Non, on ne peut rien faire tant qu’elle n’aura pas décidé de nous parler. Laisse-lui du temps, laissez-vous du temps. Vous avez tout l’avenir devant vous.

Il regarda encore quelques instants la chambre close avec un regard triste, puis murmura :

- Tu as sûrement raison. C’est seulement que… cela fait près de huit mois qu’elle vit ici…

Sa mère sourit :

- Ton père et moi avons vécu deux ans sous ce même toit avant qu’il se passe quoi que ce soit entre nous, tu sais.
- Oui, mais pendant longtemps tu étais encore avec Yamcha !

Bulma secoua la tête doucement :

- Trunks, je crois que dans mon cœur je n’ai plus été avec Yamcha du jour où ton père s’est installé ici.

Lorsque la mère et le fils s’éloignèrent dans le couloir, Pan ne s’était toujours pas aperçue de leur présence. Comme tous les soirs ou presque, ainsi que l’avait remarqué Bulma, elle pleurait, le visage enfoui dans son oreiller, recroquevillée sur son immense lit. Elle pleurait alors que son esprit ne lui montrait que des images de son monde dévasté, et de ses parents si malheureux à l’autre bout du pays.

Dans moins de six mois à présent, elle perdrait à nouveau tout.

En fait, elle le perdit bien avant.

*****************************************************************************************************************************************

La chaleur douce du mois de juin s’était lentement installée sur la ville et, en cette belle journée, Pan révisait sur une des tables de jardin. Concentrée, elle surlignait avec attention les passages des cours qu’elle avait suivis avec sérieux tout au long du semestre. Elle saisit au vol la gomme avant qu’elle atterrisse sur son polycopié et releva le visage, sourcils froncés. Face à elle, un unique polycopié devant lui, Trunks la regardait avec étonnement. Il siffla avec admiration :

- Waou, sacrés réflexes !
- Non, c’est toi qui lances comme un pied, répondit-elle en reposant la gomme devant le jeune homme.

Immédiatement il profita de cette incursion dans son espace de travail pour poser sa main sur celle de la jeune fille. Elle la retira et leva à nouveau les yeux en soupirant, pour plonger dans le regard faussement implorant de son compagnon :

- Asuka… Et si on faisait une pause ?
- Ne me dis pas que tu as encore faim !
- Attends, tu as mangé plus que moi, tout à l’heure !

Elle ferma les yeux un instant et se massa l’arrête du nez, tentant de conserver le peu de calme qu’elle avait encore. Elle avait appris la patience, mais ses limites restaient vite atteintes, surtout que maintenant Trunks savait exactement où elles se situaient et en jouait avec un plaisir non dissimulé. Elle soupira et répéta lentement, pour la énième fois :

- Trunks, les partiels sont dans dix jours, pour toi et pour moi. Nous devons travailler, si nous voulons avoir une chance de…

Il rejeta la tête en arrière en soupirant et se balança sur sa chaise :

- Travailler, travailler… On dirait Son Gohan, je te jure !

Elle serra les mâchoires et continua de surligner avec application son polycopié.

- Sérieusement, Asuka, tu…
- Sérieusement, Trunks, je voudrais pouvoir continuer ! répondit-elle sèchement.

Elle le toisa froidement, restant un instant silencieuse, puis s’écria tout à coup :

- Tu t’en moques, toi, tu n’es qu’un enfant gâté ! Tu es l’héritier de Capsule Corporation, tu en deviendras le Président d’ici quoi… deux ans ? Pour toi l’avenir est assuré, acquis, et pavé d’or ! Eh bien pas pour moi, moi je ne sais pas de quoi sera fait mon avenir, mais tant que ces cours m’intéressent et que je peux y croire, un tout petit peu, je veux au moins essayer !

Il écarquilla les yeux, totalement pris de court par l’agressivité de la jeune fille. Puis il fronça les sourcils et cessa de se balancer, reposant lentement les pieds de sa chaise à terre : personne n’avait le droit de lui parler ainsi, personne. Personne ne blessait impunément la fierté d’un saiyen. D’un prince saiyen.
Ses yeux bleus si doux prirent un éclat glacial et un mauvais sourire étira ses lèvres. Il ressemblait soudain presque trait pour trait à Végéta :

- Enfant gâté ? Mais qui es-tu pour me dire ça, toi qui profites de tout ici depuis des mois sans qu’on t’en demande plus que de t’occuper vaguement de ma sœur ?

Elle ne répondit rien mais refusa de baisser les yeux. Elle pouvait sentir le ki de Trunks augmenter sous l’effet de la colère ; il continua :

- Que sais-tu de l’avenir, du mien, du tien ?

Ils se toisaient, toujours assis, face à face, bouillants de rage. Pan essayait de concentrer son esprit sur une seule chose : « maîtriser mon ki… maîtriser mon ki… » Mais Trunks enchaîna, sa voix pleine d’un poison suave :

- Facile de parler d’avenir, ma chère Asuka, quand on ne veut même pas regarder son passé en face.
- Tu ne sais rien de mon passé, grinça-t-elle entre ses dents.
- Ça c’est sûr, tous ces mystères pour quoi… une petite fugue d’adolescente ? Ton papa t’a refusé une mobylette?

« maîtriser mon ki… maîtriser mon ki… »

Il se leva avec un sourire amusé et jeta un coup d’œil vers le ciel :

- Tiens, il semble que de toutes façons notre adolescente perturbée doive interrompre ses précieuses révisions.

À l’instant même où il finissait sa phrase, les premières gouttes de pluie s’écrasèrent sur la table, diluant l’encre des polycopiés en de grandes tâches rondes. Sans même que les deux jeunes gens s’en fussent aperçus, des nuages noirs s’étaient amoncelés et un orage éclatait une fois de plus sur la capitale. Trunks avait ramassé d’un geste l’unique feuille qu’il avait sortie et ses deux stylos, et trottina d’un pas léger vers l’intérieur de l’habitation. Pan tâcha de rassembler tous les polycopiés, livres, classeurs et stylos qu’elle avait étalés autour d’elle alors que déjà des trombes de pluie tiède s’abattaient sur le jardin.

« maîtriser mon ki… maîtriser mon ki… »

Pan fit tomber des livres, se pencha pour les ramasser, et deux polycopiés déjà trempés glissèrent à terre. Elle tenta de tout retenir, penchée en avant pour essayer de préserver au maximum ses cours de l’averse, les serrant contre elle. Elle pouvait sentir le regard amusé du jeune homme qui l’observait à l’abri, une épaule appuyée au montant de la porte-fenêtre.

Un classeur glissa dangereusement, et elle jura en le voyant tomber comme au ralenti. Une main ferme le retint et, levant les yeux, elle croisa le regard de Trunks, debout devant elle sous la pluie :

- Allez, tu me fais pitié, je vais t’aider.
- Je n’ai pas besoin de toi ! s’écria-t-elle en lui arrachant le classeur des mains.
- Ne sois pas idiote !

« maîtriser mon ki… maîtriser mon ki… »

- Fous moi la paix, articula-t-elle avec peine.

Elle sentit le ki de Trunks augmenter violemment et il serra le poing, avant de répondre sèchement :

- Très bien, débrouille-toi seule, comme toujours !

Il resta là, debout sous la pluie, à la regarder empiler enfin toutes ses affaires dans un équilibre à peu près stable et partir en courant vers l’intérieur. Mains dans les poches, il la rejoignit tranquillement et sourit quand, incapable de maintenir plus longtemps l’amoncellement de documents, Pan répandit tout sur le sol du salon. Immobile, elle regarda le tas dégoulinant de pluie à ses pieds et se mordit la lèvre au sang. Elle gardait cependant toute sa concentration fixée sur son objectif, et contre toute attente elle était parvenue à bloquer l’énergie qu’elle avait sentie enfler en son cœur.

Trunks, trempé, se passa tranquillement une main souple dans ses cheveux mauves, les décollant de son visage pour les plaquer en arrière :

- Oh la, les révisions sont compromises…

Pan leva vers lui ses yeux noirs chargés de haine.
Elle ne répondrait pas, elle ne pouvait pas répondre : « maîtriser mon ki… maîtriser mon ki… »
Alors, exceptionnellement, elle choisit la fuite. Se détournant vivement, elle quitta la pièce à grands pas. Mais une main ferme saisit son poignet alors qu’elle pénétrait dans le hall qui desservait les différentes parties de la demeure. Elle tourna la tête et regarda Trunks qui, le visage sévère, articula lentement :

- Tu ne comptes quand même pas laisser tous ces trucs par terre ?
- Tu n’as qu’à ramasser.

Ils se toisèrent, également tendus dans l’air déjà rendu électrique par l’orage. Ils bouillaient d’une même rage contenue, d’un même orgueil blessé. Un éclair illumina une fraction de seconde le hall plongé dans la pénombre. Le grondement du tonnerre fit trembler les vitres mais aucun d’eux ne le remarqua.

Trunks gardait son regard rivé à la jeune femme face à lui. Elle ruisselait de pluie, ses longs cheveux noirs collant à son cou, à sa gorge, ses vêtements d’été trempés épousant son corps mince. Ses yeux si noirs le toisaient avec colère, avec… envie.

L’éclair suivant les trouva enlacés au milieu du hall, dévorant les lèvres de l’autre avec une urgence dictée par ce que tous deux étaient au plus profond d’eux-mêmes depuis toujours. Leurs mains caressaient avec avidité les tissus collés à la chair qui laissaient deviner la perfection des corps, le tracé des muscles, la douceur de la peau. Trunks les dirigea lentement vers l’escalier qui menait aux chambres, s’arrêtant en bas, perdu à nouveau dans l’odeur de Pan, dans la brûlure de ses caresses. Il bascula doucement la jeune femme en arrière, l’allongeant sur les marches, s’agenouillant lui-même au-dessus d’elle alors que sa main se glissait sous la jupe d’été. Elle gémit mais parvint à arracher le teeshirt de Trunks, le faisant passer au-dessus de sa tête. Ils grognèrent tous deux de devoir à cet instant séparer leurs souffles joints, mais la seconde d’après le jeune homme pressait ses lèvres contre la gorge de Pan et elle rejeta la tête en arrière.

Leurs résolutions s’étaient totalement évanouies au premier contact de leurs corps et aucun d’eux ne songea plus un seul instant à tout ce qu’ils avaient à perdre. Les quelques mots qu’ils échangèrent n’avaient pour seul but que de rendre parfait ce moment qu’ils s’apprêtaient à partager ; Pan parvint à demander entre deux baisers :

- Ton père… ?
- S’entraîne… avec un ami… parti… Ma mère… ?
- Avec Bra…. Magasins… Toute l’après-midi….
- Parfait…

Saisissant alors la jeune fille dans ses bras, il la souleva sans le moindre effort et se précipita vers sa propre chambre. Ils atteignirent la pièce en un temps record, sans que les pieds de Trunks ne touchent quasiment les marches de l’escalier.

Quand il allongea Pan sur son immense lit, leurs yeux se croisèrent. Ils restèrent un instant parfaitement immobiles, transis par l’intensité de ce qu’il lisait chacun dans le regard de l’autre. Puis, au même instant, un sourire doux se dessina sur leur visage et Trunks, s’appesantissant sur la jeune femme, s’empara à nouveau de ses lèvres.

*****************************************************************************************************************************************

L’orage était passé depuis longtemps et la chambre baignait dans la lumière chaude de cette après-midi de juin. Pan lutta contre la torpeur qui l’envahissait doucement et se blottit davantage contre Trunks, qui gémit de bien-être. Ils étaient étendus sur le côté, face à face, serrés l’un contre l’autre, et il avait entouré la jeune femme de ses bras puissants avant de sombrer dans un profond sommeil. Elle repoussa d’un doigt une mèche de cheveux lavande pour dégager le visage aux traits si fins, si calmes soudain, presque fragiles. Un visage d’ange, qui contrastait si magnifiquement avec la puissance et la perfection de son corps de saiyen. Elle ferma les yeux, se laissant enivrer par sa force, sa chaleur, son odeur. Du bout des doigts, elle dessina la courbe de son épaule, glissa le long de son torse, suivant du regard sa main qui s’aventurait entre leurs deux poitrines pressées l’une contre l’autre.

Alors elle le vit. Le pendentif, qui reposait sur sa peau pâle.

Le dragon.

Son estomac se noua d’un seul coup et elle retint de justesse le cri qui mourut dans sa gorge.
Elle avait commis une erreur, une terrible erreur. Elle avait franchi l’ultime limite, car elle savait que maintenant ni Trunks ni elle ne pourraient jamais oublier. Et pourtant, il le faudrait, il faudrait qu’il l’oublie, qu’il renonce à jamais à ce qu’ils venaient à peine de partager.
Résistant aux appels désespérés de son corps qui lui hurlait de rester là, contre lui, encore un peu, juste un peu, elle se glissa hors de ses bras et se leva en tremblant ; il soupira dans son sommeil. Pan laissa ses yeux glisser une dernière fois sur son torse qui se soulevait doucement sous le drap, sur son visage calme, sur les lèvres fines de Trunks qui souriait avec sérénité.
Puis, se détournant, elle enfila à toute allure ses affaires éparpillées sur le sol et gagna sa propre chambre en courant.

Quelques minutes plus tard, son sac sur le dos, Pan passa la main sur le tissu délicat de la robe de soirée rouge avant de refermer définitivement la penderie. Elle jeta un dernier regard derrière elle, à sa merveilleuse chambre, à son foyer depuis des mois. Ses yeux s’arrêtèrent un instant sur le cadre posé sur sa table de nuit depuis le jour de Noël : la photo, le cadeau de Trunks. Mais soudain, des voix lointaines brisèrent le silence : Bulma et Bra, déjà. Elle entendit la porte d’entrée et le rire de la petite fille qui lui déchira l’âme.

Elle ne pouvait plus sortir, elle regarda un instant le balcon mais voler la rendrait détectable instantanément pour tous les autres. Elle inspira profondément : elle n’avait pas droit à l’erreur.

Pan porta les doigts à son front, se concentra sur le ki de Goku qui semblait seul, et disparut.

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Le guerrier saiyen sourit en voyant sa petite-fille se matérialiser devant lui :

- Tu vois, tu le maîtrises parfaitement maintenant ! Fais attention quand même, Végéta est parti d’ici il y a moins d’un quart d’heure.

Il écarquilla les yeux devant l’air sombre de la jeune fille. Pan se précipita vers Goku, se serrant de toutes ses forces contre lui. Il balbutia :

- Ben… Qu’est-ce qu’il y a ?
- Je dois partir, grand-père.
- Partir ? Mais partir où ?

Elle s’écarta de lui, inspira profondément, puis répondit :

- Je ne sais pas encore, je trouverai.
- Quoi ? Enfin, c’est ridicule ! Pourquoi as-tu quitté Capsule Corp ?
- Je ne peux rien dire grand-père. Je suis désolée.
- Ah, se contenta de répondre le saiyen. Mais… Je ne peux pas te laisser comme ça, il faut te trouver quelque part…
- Ne t’en fais pas pour moi, je suis capable de m’en sortir.
- Bon… Si tu le dis. On se revoit quand ? On retourne s’entraîner ?
- Non grand-père.

Son Goku la dévisagea avec tristesse et surprise. Il pouvait voir qu’elle avait pris une douloureuse décision, mais était incapable de comprendre pourquoi.

- Bon… Alors je ne te reverrai que quand le dragon t’aura ramenée ? Mais tu seras petite, il faudra qu’on reprenne tout depuis le début alors, c’est ennuyeux.
- Je suis désolée, parvint-elle à articuler avec difficulté.

Il haussa les épaules avec un sourire doux :

- Bien, comme tu veux.
- Merci.
- Tu vas rester sur Terre ?
- Je pense oui, un petit moment. S’il te plaît, je sais que toi tu pourrais me retrouver, mais n’essaye pas de le faire. Promets-le moi.

Il hésita un instant. Ne pas savoir, ne pas pouvoir l’aider quand manifestement elle était fort malheureuse, causait beaucoup de peine à Son Goku. Il avait toujours détesté devoir abandonner les siens, mais savait d’expérience que cela pouvait s’avérer indispensable. Pan lui avait prouvé, au cours des longs mois passés ensemble, qu’elle était une jeune femme extrêmement forte, déterminée, et animée par une mission importante, vitale même. Il avait fait confiance au Trunks du futur, des années de cela, et il avait eu raison. Il devait, à nouveau, s’en remettre à sa petite-fille. Il lui faisait totalement confiance, mais cela n’apaisait en rien la tristesse qui l’étreignait de ne pouvoir la soutenir dans ce qu’elle traversait. Le cœur lourd, il acquiesça :

- D’accord, je te le promets.

Un sourire triste se dessina sur les traits de la jeune femme :

- Au revoir grand-père. Merci pour tout.
- De rien. J’aime beaucoup m’entraîner avec toi, tu es extrêmement douée.

Ils échangèrent un sourire radieux puis, incapable de supporter plus longtemps la vision de ce grand guerrier et de tout ce qu’il représentait pour elle, Pan se détourna et partit en courant presque, disparaissant dans l’épaisse forêt toute proche.

Son Goku resta un moment immobile, fixant sans bien comprendre l’endroit où se tenait Pan quelques instants plus tôt. Il devait respecter ses décisions.

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- Tu peux m’expliquer ? demanda la voix sèche de Bulma.

Trunks se réveilla en sursaut, se redressa dans son lit, et découvrit sa mère debout dans l’encadrement de la porte, le teeshirt de son fils à la main. Il cligna des yeux et elle continua :

- Ça, c’était dans l’escalier. Et tous les cours d’Asuka jonchent le sol du salon, trempés.

Asuka… Il regarda autour de lui : plus aucune trace de la jeune fille… Le ton acerbe de sa mère retentit à nouveau :

- Tu cherches quelqu’un, peut-être ?
- Oui.. non… je… balbutia-t-il.

Bulma serra le poing sur la poignée de la porte, plongeant son regard glacé dans celui de son fils, puis annonça froidement :

- Elle est partie.
- Quoi ? demanda-t-il sans sembler comprendre.
- Partie ! Asuka est partie, pour de bon !
- Mais… mais comment ça…

Trunks sentit une étrange boule se former dans sa gorge alors qu’une angoisse sourde montait en lui. Sans se préoccuper de la présence de sa mère, il bondit de son lit, enfila son caleçon qui traînait au sol, et partit en courant. Il s’arrêta un instant en croisant Bra qui lui jeta un regard de haine pure depuis la porte de sa propre chambre :

- Elle est partie, c’est de ta faute. Je sais que c’est de ta faute. Pan, et maintenant Asuka. Et là c’est de ta faute à toi !

Elle claqua la porte, laissant à nouveau le jeune homme seul dans le couloir. Quelques secondes plus tard, il pénétra dans la chambre étrangement vidée de son âme. Tout était à sa place, ou presque… plus de sac de sport au pied du lit… plus d’affaires de toilette sur la commode… un tiroir ouvert… la porte de la penderie mal refermée… Elle était partie, rien ne l’indiquait vraiment, et cependant c’était une évidence. La voix de Bulma retentit à nouveau derrière lui, pleine de rancœur :

- Je te l’avais dit. Je t’avais prévenu.

Trunks ne répondit rien, incapable de réagir, incapable de parler quand respirer lui semblait déjà insupportable. Alors un très léger rire retentit depuis la porte, faisant se retourner la mère et le fils : Végéta, bras croisés, se tenait appuyé contre le chambranle. Son regard amusé passa sur Trunks, debout, en caleçon, dans cette chambre vide, et il siffla entre ses dents :

- Tout ce tapage parce qu’il a couché avec la fille ? La grande affaire !

Avec un cri de rage, Bulma se jeta sur lui pour le gifler mais le Prince arrêta son geste, emprisonnant le frêle poignet dans sa main puissante. Il jeta un regard glacial à sa compagne, qui dégagea son bras d’un geste brusque. Elle regarda tour à tour le père et le fils, et hurla soudain :

- Vous n’êtes que des brutes… Vous n’êtes… que des saiyens !

L’instant d’après, elle avait quitté la pièce.

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- Allez, Chichi, il vous reste à peine quinze jours maintenant.

Un soupir retentit à l’autre bout de la ligne :

- Oui, c’est vrai Bulma. Cette année est passée si lentement, elle a été tellement terrible ici… Heureusement que Goku et Goten étaient là, car seule avec Gohan et Videl cela aurait été intenable. Quoique bon, cela s’est un tout petit peu amélioré après l’hiver.
- Ah bon ? Je ne les ai pas revus depuis… des mois.
- Si, ça va mieux, entre eux du moins… Gohan se préoccupe un peu plus de Videl, ce qui est une bonne chose, car la pauvre était en train de craquer complètement. Je crois qu’ils ont eu une discussion le soir de Noël, ça a du barder, Goku est même allé voir !
- Oh ?
- Oui… Je crois que Videl lui a mis les points sur les « i ». Ce n’est pas ma belle-fille pour rien !

Les deux femmes rirent de bon cœur, puis Bulma enchaîna :

- En effet… Mais de toutes façons tout sera fini bientôt, très bientôt.
- Tu as raison ! Tout va enfin reprendre son cours. Dis-moi, au laboratoire….
- Tout va bien Chichi. Elle est en sécurité, le bloc de réfrigération fonctionne parfaitement, je le vérifie entièrement deux fois par jour, je te l’ai déjà dit.
- Oui, pardon Bulma, c’est juste que…
- Je sais. Ne t’inquiète pas pour ça.
- Merci. Et vous, des nouvelles de la jeune fille ?
- Asuka ? Non, aucune, elle a purement et simplement disparu.
- C’est quand même étrange, répondit Chichi. Elle avait l’air si gentille.
- Elle était charmante, je t’assure. Tout le monde l’aimait ici.
- Même Végéta ? demanda la femme de Goku avec une pointe de sarcasme.
- Voyons, tu le connais… mais bon, je crois qu’elle l’intriguait. C’est vrai qu’elle sera restée très mystérieuse.
- Et Trunks ?
- Il est malheureux comme les pierres, soupira tristement Bulma. Je crois que j’ai sous-estimé ce qu’il ressentait pour elle, même si je savais qu’elle était bien plus que ses copines habituelles.
- Il s’en remettra....
- J’espère.
- À ce point ? demanda Chichi avec étonnement.
- Oui. En tous cas, Végéta est ravi, Trunks passe énormément de temps dans la salle de gravité avec lui pour se défouler. Par contre il a complètement raté tous ses partiels, il est bon pour repasser début octobre.
- Aïe… remarque Goten c’est pareil, rien qu’à la perspective d’être noté par son frère, il était complètement découragé, il n’a rien fait.
- On peut difficilement leur en vouloir, soupira Bulma. L’année n’a été facile pour personne.
- Non, en effet. Et Bra, comment va-t-elle ?
- Moyennement. Elle a le caractère de son père, donc elle est bien trop fière pour se plaindre, mais elle souffre du départ d’Asuka, elle aussi. D’abord Pan, puis cette jeune fille… C’est difficile, pour une enfant de dix ans.
- Tu as raison. Bon, mais tout cela va s’arranger, et très vite !

Bulma sourit à l’intonation décidée et volontaire de Chichi. Cette dernière continua :

- Je vais te laisser, je dois préparer le dîner.
- Mais… Il est quatorze heures !
- Oui, je suis déjà en retard, je dois m’y mettre si je veux que Goku et Goten aient quelque chose de consistant à manger ce soir.
- Je comprends, répondit Bulma en riant. Bon, à plus tard Chichi.
- Merci de ton appel, au revoir !
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar Rusk le Sam Juin 27, 2009 14:38

Aah il va bientôt y avoir des révélations je pense :D
Et surtout Pan va être ressuscité, on va voir comment la suite va évoluer, mais maintenant l'histoire va prendre une autre tournure à mon avis!

Les beaux jours sont bientôt fini lol.

Par contre Végéta n'aurai pas compris qui est Asuka en réalité lui aussi? Sa réaction me fait penser qu'il le sait mais ne dit rien, parce que c'est pas son style lol.
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Re: Elle s'appelait Pan

Messagepar Foenidis le Sam Juin 27, 2009 20:28

Hel a écrit:et là vous allez constater que je suis très en deçà de ce qu'on trouve sur le forum, notamment dans tes fics, Dbphoenix10 :wink:


Je suis certaine que ce sera bien meilleur que ce tu veux bien en dire (tout comme ce qui précède d'ailleurs...).

Rusk a raison, tu devrais avoir plus de foi en ton talent qui est remarquable.

Quant à la qualité de mon spécial 2008, c'est loin d'être le top... c'est juste un petit moment de détente ludique que je m'offre... la description, la mise en place des combats, c'est mon gros point faible.
Ma spécialité, c'est l'inventivité pour créer des situations à la fois surprenantes et innovantes mais qui restent toutefois d'une totale logique (j'ai horreur des incohérences...), et la mise en place d'un suspens efficace. Or, le spécial 2008 de la Toei manque cruellement de matière pour exploiter ces atouts aussi bien que je l'aurais aimé.
Dernière édition par Foenidis le Jeu Juil 31, 2014 15:43, édité 1 fois.
Le futur me donne un peu trop souvent l'impression d'avoir les mots de Dante « Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance » gravés en lettres sombres sur son fronton.
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