par Foenidis le Mar Juil 14, 2009 22:43
Merci pour ce bel enthousiasme... je vais tâcher de mériter votre confiance pour les pages qui vont suivre...
Ah oui, le style RMR... bah, c''est comme ça que j'écris quand je prends à peine le temps de me poser deux secondes (mais bon, c'est que j'aimerais que les doigts aillent aussi vite que les idées... pas toujours facile !).
Et puis j'avais peur que ce style ne vous paraisse un peu trop lourd... la fic de Hel m'a convaincu du contraire... alors autant vous faire plaisir...
Allez, parce que c'est vous... direct la deuxième page ce soir... j'espère qu'elle vous plaira autant que la première...
TWIN PAIN... Page n° 2
Le vieil homme sert les poings… une douleur d'une violence inouïe poignardant son corps d'une langue de feu… la fin de sa vie est proche, il le sent… il le sait.
L'effroyable souffrance est passée aussi vite qu'elle était venue… tous ses maux semblent d'ailleurs s'éloigner dans le nébuleux brouillard qui voile maintenant sa vue. Un curieux brouillard couleur turquoise. Le vieil homme se détend. Il attend à présent son heure comme une délivrance. Il a même hâte, hâte de quitter ce monde recouvert de poussière grise qui n'est plus le sien. Hâte de rejoindre Alba dans un monde lumineux et coloré où l'attendent aussi ses voisins et ses amis… toute une vie.
A quoi bon lutter encore… à quoi bon.
Il ferme à présent les paupières sur de pauvres yeux qui n'en peuvent plus de la morsure sèche de cette satanée poussière grise. Il ferme les yeux et soupire… que cet enfer finisse… vite !
Et alors que la seule chose à laquelle il aspire à ce moment précis est le vide reposant du néant… le sombre film des dernières heures se met à défiler sur l'écran turquoise de son esprit brûlant.
Un film qui commence comme dans un rêve. Le rêve du bonheur d'un jour ordinaire. Le bonheur d'une belle journée d'été, une de ces journées qui fleurent bon le plaisir du travail accompli au jardin, celui de la cuisine d'Alba, de son sourire devant la récolte du jour… le plaisir de la promesse d'une fin de journée entre amis dans la chaude odeur de la viande grillées et des éclats de rire.
Un rêve de bonheur soudain déchiré par un bruit atroce, le claquement formidable d'une détonation comme il n'en avait jamais entendu… pourtant aussitôt suivi d'une autre, puis d'une autre encore…
Et là, ses oreilles avaient soudain semblé disjoncter… cet instant n'était qu'un effroyable trou noir, un abîme qui ressemblait à celui qui s'était ouvert sous ses pieds… jusqu'au moment où la douleur lui avait fait rouvrir les yeux.
Jusqu'au moment où il s'était retrouvé bloqué sous ces tonnes de béton, sous cette épaisse couche de poussière grise.
Et là, il les avait vus !
Oui, il avait vu le mal incarné, deux démons tout droit sortis des enfers.
Deux démons pourtant pareils à des anges avec leur visage juvénile et leurs grands yeux clairs. Qui aurait pu penser que deux corps aussi frêles aient pu contenir tant de cruauté, de brutalité… pas lui en tous cas.
Ils étaient là, le garçon et la fille, le brun et la blonde, à la fois différents et semblables… comme un reflet en négatif… ils étaient là avec leurs grands yeux et leur sourire radieux.
Car ils souriaient ces démons, d'un sourire qui reflétait une joie intense tandis qu'ils s'amusaient visiblement beaucoup à démolir le moindre pan de mur encore debout, à foudroyer d'un doigt impitoyable le moindre signe de vie… des doigts qui crachaient le venin du diable !
Le vieil homme laisse échapper un nouveau sanglot tandis qu'il se souvient, tandis qu'il revoit ses voisins, ses amis, le petit rouquin espiègle, le fils de l'épicière, le petit chien du barbier ou le courageux garagiste encore debout s'écrouler sous les tirs impitoyables du duo infernal.
Lui n'avait pas bougé… mué par un instinct vieux comme le monde, il était resté parfaitement immobile sous l'épaisse couche de poussière grise, se mordant la lèvre jusqu'au sang pour ne pas hurler d'épouvante et de rage ; en priant pour que les démons ne s'aperçoivent pas qu'il était encore en vie. Saloperie d'instinct de conservation… quel imbécile !
Toute cette douleur, toute cette peine, tout serait déjà fini.
Au lieu de ça, il était condamné à regarder les terribles images que l'écran turquoise s'entêtait à lui imposer.
A regarder ces inconnus arriver en petit groupe par la voie des airs… oui ces inconnus volaient, il étaient tous arrivés comme ça… comme si c'était naturel, sans appareil, sans voile, sans aile…et ils s'étaient simplement posés devant le couple de démons souriants.
Comme si se déplacer ainsi dans les airs était quelque chose d'ordinaires, ils avaient tous atterrit là… et le plus petit, un drôle de petit bonhomme chauve vêtu d'une tenue de combat orange avait simplement demandé : "Pourquoi ?" après avoir regardé le sol recouvert de poussière grise et de corps avec des yeux à la fois pleins de colère et de chagrin.
Une colère et un chagrin sans aucun doute sincères car le vieil homme en avait reconnu les sombre accents dans le léger tremblement qui avait voilé cette voix qui s'était pourtant voulue forte.
Des émotions pures qui ne récoltèrent d'abord que l'écho de deux rires sonores, des rires provocateurs et sarcastiques, le rire du diable.
La fille blonde avait ensuite répondu la première : "Pourquoi ?... "
Elle s'était alors tournée vers le garçon aux cheveux aussi noirs que son âme : "Je ne m'en souviens pas… et toi ?"
Le garçon : "Mais si rappelle-toi… cette nouille d'épicière n'avait
pas d'huîtres…"
Des huîtres !!… en cette saison !… si loin de l'océan !… tout ce carnage, cette folie meurtrière pour des huîtres, les enfers méritent décidément bien leur réputation.
C'est de cette sourde colère que le vieil homme se souvenait avec le plus de précision, plus que de la réponse de l'idiote blonde qui avait détruit son univers pour un caprice aussi futile.
La suite était plus précisément imprimée dans son esprit, comment oublier la férocité du combat qui suivi. La fureur des coups, la précision des attaques et la maestria des esquives.
Comment oublier que bien que supérieurs en nombres, les nouveaux arrivants se sont rapidement retrouvés en grande difficulté face aux deux jeunes possédés. Bien qu'à trois contre deux, bien que luttant visiblement avec rage et détermination, bien que repartant toujours à l'attaque avec courage… tous ne semblaient être que beaucoup trop faibles face aux deux enragés.
Il faut dire que le vieil homme était un connaisseur, il avait toujours aimé regarder les combats à la télévision et suivre les tournois d'arts martiaux. Il avait tout de suite senti que ces inconnus n'étaient pas des amateurs, qu'ils étaient tous des combattants entraînés, chevronnés… meilleurs que tout ceux qu'il avait pu voir au cours de sa longue vie… mais contre le mal incarné, ils n'avaient, hélas, aucune chance.
Bientôt, tous se retrouvèrent, brisés à terre… sous le regard narquois d'un tout jeune homme et d'une frêle jeune fille qui ne portaient pas même l'ombre d'une égratignure.
Dernière édition par
Foenidis le Mer Juil 15, 2009 21:47, édité 2 fois.
Le futur me donne un peu trop souvent l'impression d'avoir les mots de Dante « Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance » gravés en lettres sombres sur son fronton.