Tonay a écrit:Bra et Kalta sont fidèles à eux-mêmes, juste Persée qui panique. Persée l'ancienne. Ancienne à quel point déjà ? Et de quelle origine ? J'ai un trou de mémoire :p
Non, non, tu n'as pas de trou de mémoire. Les origines exactes de Persée n'ont jamais été données, donc vous ne connaissez pas son âge. Sûrement sans rapport avec ses réactions, je pense... :p
Tonay a écrit:PS : je ne peux plus écouter cette musique sans penser à Cell de TFS Abridged
Ahah, je connais le sentiment !
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Chapitre 40 : Le grand projet
Aidan n’était pas sûre de comprendre ce à quoi elle assistait, mais elle était certaine que c’était important.
Comme le Seigneur Kalta n’avait toujours qu’une confiance très relative envers le tsuful, il avait ordonné de garder un oeil sur tout ce qu’il faisait. L’étrange docteur avait gracieusement accepté. Bien sûr, il devait se douter qu’Aidan ne comprendrait pas grand-chose à ce qu’il faisait.
Depuis maintenant dix minutes, ils s’étaient installés dans une salle, qu’Aidan estimait centrale par rapport au vaisseau. Un immense ordinateur reposait au centre, étendant des câbles à la manière de tentacules dans toutes les directions. Raichi était installé sur une console, tandis qu’un câble deux fois plus large qu’Aidan elle-même terminait sur une plateforme à taille humaine, où les saïyens venaient s’installer les uns après les autres. Une lumière délicate paraissait indiquer un scan et puis, en quelques secondes, ils disparaissaient complètement.
« Tu as confiance en lui ? demanda-t-elle tout bas à la silhouette sombre à ses côtés. »
Persée avait aussi été dépêchée pour surveiller Raichi et l’ex-chasseuse de prime prenait le travail très au sérieux : elle n’avait pas quitté le docteur du regard depuis qu’ils avaient quitté la salle à manger. C’était inhabituel de pouvoir suivre son regard aussi facilement, mais la chasseuse avait retiré son casque et le portait sous le bras.
« Je ne sais pas. Ce que je sais par contre, c’est qu’il peut nous entendre. »
Elle aussi avait murmuré, mais ça n’empêcha en effet pas le tsuful d’intervenir.
« Je confirme. »
Raichi se tourna lentement vers elle, un léger sourire aux lèvres. C’était la première trace d’humour qu’elle décelait chez lui.
« J’ai personnellement entièrement confiance en vous, je vous tourne même le dos sans craindre de me faire attaquer.
- Vous êtes déjà mort. Je suis sûre que vous vaporiser ne changerait rien pour vous.
- Correct. Y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour vous rassurer alors ? »
Persée haussa les épaules et croisa les bras. Elle n’avait pas l’air de vouloir être rassurée. Elle paraissait même parfaitement confortable avec la situation actuelle. Contrairement à Aidan.
« Vous pourriez nous expliquer ce que vous faites, pour commencer ?
- Je croyais l’avoir déjà fait, pardonnez-moi. Je crée une projection d’Hatchiyack - c’est le nom du vaisseau - qui sera plus puissante et plus performante au combat que celles des saïyens que vous avez vu. Pour cela, je tente de combiner à la fois leur puissance brute et leurs connaissances au combat. Pour la plupart, ils n’ont qu’une compréhension instinctive, presque animale, de ce qu’est un combat, mais cela reste bien plus développé que de nombreuses espèces. »
Ah. C’était logique. Dès que l’on acceptait l’idée de créer des fantômes de saïyens à partir de leurs souvenirs, bien sûr.
« Comment votre machine fait ça, déjà ? Capturer la puissance de quelqu’un pour la reproduire, avec sa personnalité ? C’est assez… impressionnant.
- Je vous remercie. Pour être parfaitement, honnête, c’est une propriété sur laquelle je suis tombée par hasard. Hatchiyack est l’aboutissement d’années de recherche. Je voulais projeter de l’énergie sous forme d’un combattant, que je pourrais ensuite programmer. Toutes mes créations étaient des échecs, cependant. Sans entraînement, sans instinct du combat… l’énergie n’est rien et ne peut pas être canalisée, pas d’une façon efficace en tout cas. C’est en cherchant le moyen de compenser ça que j’ai découvert un paramètre très intéressant. »
Alors que Raichi était jusque là penché sur ses commandes, il se retourna enfin vers elles. Le docteur était difficile à lire mais il paraissait enthousiaste à partager ses travaux ainsi.
« J’ai étudié les meilleurs spécialistes en arts martiaux et les créatures les plus puissantes de Plant. J’ai braqué sur eux tous les capteurs que je pouvais, pour permettre à ma machine d’apprendre le plus possible. Et puis, un jour, j’ai découvert quelque chose de fascinant. Une décharge d’énergie. Pas celle que les combattants utilisent pour combattre. Autre chose. Une décharge extrêmement puissante, qui ne se déclenche qu’à un seul instant de la vie d’un être. Moins d’une seconde. »
Aidan était curieuse, mais elle remarqua surtout que Persée s’était redressé. Les yeux en amande de la chasseuse s’étaient progressivement écarquillés et elle y lisait quelque chose qui ressemblait à de la peur.
« Au moment de la mort ? questionna Aidan, prudemment.
- Correct. En captant et en analysant ce signal, ce qui m’a pris plusieurs années, j’ai réussi à le traduire. Il permet de recréer presque parfaitement l’énergie et la personnalité d’un individu au moment de sa mort. Grâce à Hatchiyack, j’ai ensuite appris à modifier légèrement ce signal pour plier la personnalité à mes besoins, mais sans pouvoir la réécrire totalement. Et j’ai ensuite projeté cette énergie sous la forme d’un corps qui ressemble exactement à celui qu’ils avaient au moment de mourir. Voilà pourquoi il est compliqué pour moi de combiner tout cela en un seul combattant. Vous comprenez ? »
C’était très étrange et ne correspondait à aucune étude connue, mais le raisonnement de Raichi avait un certain sens. Aidan s’apprêtait à opiner, quand elle sentit le mouvement de Persée à ses côtés. La chasseuse de prime s’était avancée d’un pas, le visage fermé, mais Aidan vit que son bras tremblait légèrement sous l’armure.
« L’âme ? murmurait-elle.
- Hm ? Oh, certaines cultures le qualifieraient sans doute ainsi. J’ai personnellement employé le terme “essence” dans mes travaux, mais…
- Combien en avez-vous capturé ? coupa Persée.
- Aucune. Il s’agit de copies. J’ai tenté un moment de comprendre ce qui arrivait à ce signal final. Mais je ne l’ai jamais capté ailleurs que chez un mourant, au moment précis du décès. Comme s’il partait dans une autre dimension… ce qui est une possibilité que j’ai envisagé d’ailleurs… »
Aidan n’écoutait qu’à moitié, elle était maintenant trop concentrée sur le visage de Persée. Son air grave avait fondu comme neige au soleil. Ses yeux écarquillés donnaient l’impression qu’elle avait vu un fantôme, un vrai, et ses lèvres tremblaient. Jamais elle n’avait vu l’ancienne soldate aussi dévastée.
« Hey ? Est-ce que ça va ? »
Persée secoua la tête et recula d’un pas pour s’adosser au mur, sans un mot. Un temps, Aidan resta à l’observer, mais elle paraissait perdue dans ses pensées, loin d’ici. La commando finit par revenir à Raichi.
« Vous devez avoir des essences très puissantes avec tous les morts puissants ? Ne serait-ce que Cell ou… ?
- Non, la portée du satellite est limitée et je ne me suis pas aventuré près de la Terre au moment de ce combat. Mais avec tous les saïyens collectés, ainsi que les nombreux peuples qu’ils ont injustement massacrés, je peux vous proposer… »
Un chuintement puissant retentit soudain et de la fumée apparut sur la large plateforme. Une masse sombre y apparut, aux larges épaules et à la tête allongée vers le haut. Un pas lourd se fit entendre. Un éclat verdâtre se refléta au sommet du crâne du guerrier.
« … Hatchiyack. »
* *
*
*
« J’avais raison, non ? »
Kalta n’aurait eu aucun mal à l’admettre si la saïyenne n’affichait pas un sourire fière d’elle quand elle lui posait la question. Il n’était même pas vraiment vexé, mais comme Bra prenait un malin plaisir à s’amuser de la situation, il refusait de reconnaître son succès trop bruyamment.
« Tu as promis beaucoup de choses, quand même, finit-il par nuancer. »
Bra pivota dans le couloir pour le regarder. Elle roula des yeux de la manière la plus exagérée possible, tout en continuant de marcher vers la salle de contrôle. Au passage, elle envoya dans les airs la sphère pâle et transparente qu’ils avaient récupérée. Elle contenait 4 étoiles du même rouge que celle trouvée sur Yaxche.
« J’ai promis mon appareil, j’ai le droit. C’est le mien. Et on a eu ça. »
Le nihilien affichait une moue peu convaincue mais même lui savait que ce n’était pas sincère. Il était soulagé que la situation commence à s’arranger, même s’il ne désirait que se débarrasser de cet Auriel. Plus encore, il était heureux de voir la saïyenne gambader ainsi dans les couloirs du vaisseau. Elle allait bien mieux et c’était tout ce qui comptait. Ce Raichi était plus digne de confiance qu’il ne l’avait d’abord cru, et c’était un vrai soulagement. Il n’aurait pas supporté un ennemi de plus. Pas en ce moment.
« C’est vrai. Plus qu’à récupérer les 4 autres des griffes des démons et nous avons le set complet. »
Il avait encore du mal à y croire. Les Dragons Balls. Des artefacts que son père avait recherché sur Namek pour obtenir l’immortalité. Cold lui avait expliqué la duplicité des nameks à l’époque. Et pendant tout ce temps, un autre set était dispersé dans l’univers. Un set qui appartenait à nul autre que son peuple. En tout cas, selon Raichi. Leur existence avait été oubliée par Nihila. Mais pourquoi les avaient-ils reçus à l’origine ? Et surtout : d’où venaient-elles ? Car si la théorie de Raichi était exacte, alors ce n'étaient pas les nameks qui étaient à l’origine de leur création.
« Je m’occuperai de Resheph, annonça joyeusement Bra.
- Non, je me charge d’elle. »
La saïyenne fronça les sourcils, mais elle parut comprendre ce qui motivait Kalta. Son pas se fit moins joyeux, elle se mordilla la lèvre et opina de la tête.
« Ce qui m’inquiète, c’est la perspective d’affronter les trois en même temps. Resheph et Ithaxus sont déjà dangereuses quand elles sont deux.
- Nous devons nous y prendre correctement c’est tout. Ni l’un ni l’autre ne sont hors de portée, bien au contraire. Nous avons fait n’importe quoi, c’est tout. Souviens-toi de Cell. Nous n’étions pas à son niveau et il a quand même perdu. »
Ce n’était pas lancé en l’air. Kalta avait eu le temps de réfléchir à ces combats précédents contre les démons. Ithaxus était le plus dangereux des deux, car ses capacités semblaient varier à chaque affrontement, mais Resheph ne serait plus un problème si le vaccin de Raichi fonctionnait. Il avait confiance en leurs capacités d’improvisation, maintenant qu’ils savaient à peu près à quoi ils avaient à faire. Restait à voir ce qu’Ithaxus aurait à proposer cette fois.
« Allons-y méthodiquement, reprit-il. Ils savent se battre en coopération, nous allons faire de même. »
Si Palpi avait été là, il aurait sans doute décelé la faiblesse de ces démons depuis longtemps. Ce souvenir fit grimacer Kalta, sans qu’il ne sache bien pourquoi. Une douleur était apparue dans sa poitrine. Il l’ignora.
Bra paraissait réceptive à ses mots, acquiesçant distraitement, alors qu’ils pénétraient dans la salle de commande.
« C’est bien pour ça qu’on pourrait utiliser toute l’aide disponible ! »
Elle ne lâchait rien. Kalta grinça des dents.
« C’est hors de question.
- Je n’ai encore rien dit.
- Je sais à qui tu penses et c’est non. Tant que la situation sera… ce qu’elle est, il va rester dormir en infirmerie, c’est clair ? »
Les signes vitaux de l’inconnu avaient eu le temps de revenir à la normale depuis que Bra l’avait mis KO. Kalta avait ordonné qu’il soit toujours bombardé de produits pour le maintenir dans une forme de coma.
« Il est puissant Kalta, tu as vu son niveau ?
- Précisément Bra. Il est plus fort que mes meilleurs hommes. Mais il n’aura aucune utilité face à Ithaxus et Resheph, encore moins face à cet Auriel. Pour rappel, tu as failli le tuer en un seul coup, saïyenne. »
Elle eut au moins la décence de paraître gênée, détournant le regard.
« J’ai réagi par instinct, il allait frapper Aidan…
- Et tu as bien fait. Ces imbéciles nous ont attaqués. Malentendu ou pas, il méritait de se faire tuer. »
Il ne voyait pas pourquoi la saïyenne s’en voulait. Ils avaient pu discuter avec le dénommé Gokua après le combat, mais toute la clique avait détalé quand les choses avaient dégénérées. Il était hors de question de considérer ce Bojack et ses hommes comme autre chose que des ennemis potentiels. Et cela incluait celui qu’ils gardaient dans l’infirmerie.
En fait, il n’était encore en vie que parce que Kalta avait d’autres questions à régler. Et parce qu’il avait bien l’intention d’obtenir des informations de sa part, une fois que les démons seraient de l’histoire ancienne.
« Je pense que la situation était confuse, Kalta. Les démons sont une menace pour tout le monde. Si Gokua pouvait être raisonnable, alors son ami aussi.
- Tu n’en sais rien. On ne sait rien de ces gens, sinon qu’ils ont été enfermés dans un soleil par une autorité supérieure, pour des crimes dont on ne sait pas grand-chose. Tu veux vraiment baser ton jugement sur si peu d’information ?
- Quand on affronte une telle menace, oui. Tu m’as bien fait confiance, pour Cell.
- Je ne t’ai pas fait confiance. Je savais juste que tu n’avais pas le choix. Les choses étaient très claires avec Cell, c’était l’affronter ou mourir. Aujourd’hui, ça n’a rien à voir.
- Ce sont des démons.
- C’est ce qu’on dit, mais qu’est-ce qu’on en sait ? Qu’est-ce qu’on peut prouver exactement ? On ne sait même pas ce qu’ils veulent. »
Le ton ne montait pas, mais Kalta savait très bien ce qu’il était en train de se passer. Sa voix restait monocorde, comme il la maintenait presque en permanence, surtout face à ses hommes. Mais celle de Bra… Plus le temps passait, plus elle se durcissait, et il savait ce que ça voulait dire.
« Tu ne penses pas que ça vaut le coût d’en discuter avec lui au moins. Voir ce que tu en penses ?
- Quoiqu’il raconte, je l’endormirai sitôt la conversation finie. Même s’il acceptait d’aider, je n’utiliserais pas quelqu’un que je ne connais pas au cours d’un combat pareil.
- Il serait d’une grande aide au Bras et à Persée, s’ils doivent gérer une armée de démon pendant qu’on s’occupe des généraux.
- Ou bien il les poignardera dans le dos pendant qu’on est occupé et on sera responsable de leur mort. »
Il vit la mâchoire de Bra se crisper. Tant pis pour elle. Au bout d’un moment, il fallait voir la réalité en face. Et si elle refusait, il allait la forcer à le faire.
Kalta n’aimait pas avoir cette conversation dans la salle de commande, mais c’est elle qui avait amené le sujet. Et comme elle ne répondit pas tout de suite, il continua.
« Qu’est-ce que tu fais s’il décide de se barrer en voyant le danger ? Tu te téléporteras à nouveau sur lui avant qu’il ne tue Aidan en un seul coup ? Tu ne crois pas que tu risques d’être occupée ?
- Si on lui parle calmement avant…
- Et si nous le convainquons. Et s’il est sincère. Ça fait beaucoup de si. Tu es peut-être prête à mettre la vie de mes hommes en jeu là-dessus, mais ce n’est pas mon cas. C’est clair ? »
Il y eut un éclat de colère dans les yeux bleu, mais Kalta s’en fichait à ce stade. Elle se rapprocha de lui, sa voix rien de plus qu’un sifflement entre ses lèvres serrées.
« Tu sais très bien que ce n’est pas ce que je veux dire Kalta. Parfois, il faut savoir faire confiance.
- A des criminels ?
- Tu veux parler des composants de ton armée ? Ou de ton commando ? Persée était une criminelle et elle est de notre côté. Beaucoup de ceux avec qui j’ai combattu étaient des criminels aux yeux de l’Empire. Et je leur ai fait confiance.
- Et ça a été une réussite, tu veux qu’on reparle d’Ades ? Si Anik, Varidal ou Aidan avaient été là à l’époque, il les aurait tué sans hésitation pour donner une chance à son plan de fonctionner. Imagine si notre ami endormi est de la même trempe. Tu veux vraiment mettre la vie d’Aidan dans la balance en te basant sur la confiance que tu veux porter aux gens ? »
Bra se rapprocha encore, mais ses yeux n’avaient plus la même colère. Un instant, il vit la peine faire s’effondrer les traits de son visage et elle baissa même les yeux. Aussitôt, il s’en voulut. Le sujet d’Ades était déjà difficile, mais il savait qu’il touchait à des points sensibles avec cette dernière tirade.
Mais il était hors de question de s’excuser maintenant.
« Excusez-moi, Seigneur Kalta. »
La voix d’Akkilae était la plus prudente et la plus délicate qu’il ait jamais entendu. Le navigateur avait attendu jusqu’au dernier moment pour oser intervenir.
« Aidan et Persée sont de retours, avec un autre passager. Je peux ouvrir ? »
* *
*
*
« Nous sommes en approche de la planète, annonça le petit démon aux commandes. »
Affalée dans le siège centrale, Resheph posa à peine le regard sur lui. En fait, ce fut à peine si elle réagit à l’information.
« Aucune présence ennemi, en tout cas selon leurs détecteurs. Je peux entamer la descente, est-ce qu’on vise une zone particulière ?
- Le plus loin possible de la porte, répondit-elle, d’un ton incroyablement plat.
- Aux pôles alors ? Ou peut-être de l’autre côté de la planète, c’est un vaste océan mais je peux trouver un…
- Oui, oui, faites ça. »
D’un geste de la main, elle lui intima de se taire. Heureusement, c’était tout ce qu’elle avait besoin de faire pour être comprise. Elle n’aurait jamais eu la patience de s’expliquer avec un subalterne comme lui. Le plan progressait, mais ce n’était pas le sien et elle n’aimait pas le rôle qu’elle allait y jouer.
Le Roi avait décidé de prendre les choses en main, alors qu’elle avait déjà fait plus qu’il n’en fallait pour mettre cet univers à genou.
« Resheph. »
La voix d’Auriel avait surgi derrière elle sans qu’elle ne l’entende approcher. Elle manqua bondir de son siège, mais se contint heureusement à temps. Malgré tout, elle se redressa un peu vite. Une bandelette poisseuse resta accrochée à l’accoudoir du siège quand elle le fit tourner dans sa direction. Le Roi des démons flottait derrière son siège, la porte par laquelle il était rentré se refermait avec un doux chuintement.
« Un peu de tenue pendant que vous commandez à nos hommes, ordonna-t-il d’une voix douce, mais ferme. Votre image n’est pas la seule qui soit en jeu. »
Un éclat de rage parcourut son corps, jusqu’à briller dans ses yeux. Une seconde, elle voulut lui dire ce qu’elle pensait de ses manières, mais elle se souvenait encore de leur combat et de sa puissance. Resheph était peut-être une déesse, mais le sale monstre avait usurpé une immortalité qui le mettait à son niveau. Pour l’instant en tout cas. Elle aurait son heure.
Elle se redressa sur son siège et tint son dos aussi droit que possible. Les bandelettes qui s’étaient étalées autour d’elle revinrent s’enrouler sur ses bras et jambes, ne laissant que de vagues traces noires derrières elles.
« J’ai repéré une zone près d’un océan, mentit-elle. Nous pourrons nous cacher dans les vagues… s’il est nécessaire de se cacher. Je pense pouvoir m’occuper de l’Empereur.
- Comme vous vous êtes occupés de la saïyenne ?
- Elle est morte.
- Montrez-moi son corps alors. »
Cette fois, un grondement échappa immédiatement de sa gorge.
Quel imbécile. Mon poison est le plus puissant qui soit. Il en serait mort aussi sans ce foutu rituel.
« Vous verrez quand le petit Empereur se pointera seul. J’ai accompli ma part du boulot, contrairement à Ithaxus ou votre petit protégé. »
Enfin, elle avait touché un point sensible. Belial avait échoué et de loin. Il était le pire d’entre tous, ayant perdu la force de combat qu’il avait emmené. C’était sans doute ce rappel qui fit briller l'œil turquoise d’Auriel d’une lueur inquiétante.
« Ithaxus accomplit actuellement ce qu’iel doit faire pour notre plan. Vous respecterez votre propre rôle et vous serez récompensé. Une fois le vœu obtenu, vous serez libre de continuer votre petit jeu, sans que je m’intéresse à vous. »
Un ricanement échappa à la gorge de Resheph.
« Ce n’est pas un jeu.
- Si vous le dites.
- Vous avez manqué beaucoup de chose, “Seigneur” Auriel. Les Kaïoshins sont morts. Il n’y a plus rien au-dessus de cet univers. Pas plus qu’au-dessus des nôtres. Et il est temps que ça change. »
L’éclat dans les yeux d’Auriel changea soudainement. Resheph eut à peine le temps de réaliser ce qu’elle venait de dire que, soudain, il fut à ses côtés. Une main ferme se posa sur son épaules et pressa dans sa chair, sans lui faire mal mais en l’empêchant définitivement de se lever. Le Roi ne prêta pas attention au sang empoisonné et visqueux qui glissa entre ses phalanges.
« J’admire votre folle ambition, Resheph. Mais je ne saurais trop vous conseiller de réaliser que vous n’êtes pas à la hauteur de vos projets. Remplacer les dieux n’est pas un passe-temps que l’on décide de prendre parce que la mort nous a épargné une unique fois.
- Je…
- Vous n’avez aucune idée de ce à quoi vous vous mesurez. Laissez-moi être clair : vous n’êtes rien en comparaison de ce qu’ils étaient. »
Resheph voulait exploser, mais ses yeux ne pouvaient quitter les prunelles de son Roi. Des iris qui avaient virés au rouge vif. Elle pouvait sentir une violence monstrueuse cachée derrière ces pupilles. Instinctivement, elle se sentit rapetisser sur son siège.
Et puis, la voix d’un autre démon vint interrompre l’instant.
« J’ai plusieurs îles en vue votre Majesté. Une préférence?
- Inhabitée et éloignée. Offrons à nos amis l’opportunité de se battre à leur maximum.
- A vos ordres. »
Resheph l’observa, la lueur rouge avait disparue et la poigne sur son épaule s’était retirée. La terreur qu’elle ressentait un instant plus tôt lui parut soudain absurde.
Elle roula des yeux. Auriel se privait d’une opportunité d’utiliser des otages. Mais c’était son plan stupide, elle n’allait certainement pas l’empêcher d’échouer. La prétention et la stupidité de ce prétendu Roi n’avait vraiment aucune borne.
Elle adorerait être là quand son voeu allait échouer.
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