Des trois, c'est clairement "Saraquiel" qui me plaisait le plus, les deux autres étant bofs. Mais étant donné qu'il fallait changer ça, j'ai préféré changer les trois lieutenants d'un coup, qui sont donc passés de nom angéliques à des noms démoniaques. (Plus logiques, vous me direz)
Un personnage que je ne connais pas, je n'ai regardé que quelques épisodes de Wakfu xD
Merci et merci, ce ne sont que des détails mais j'essaie de faire quelque chose de correct à chaque fois.
Prochain chapitre et donc, dernier chapitre du rythme fou que je m'étais imposé il y a un an. Rythme que je n'ai de toute façon pas réussi à maintenir puisqu'il y a eu trois semaines de pause il y a peu, mais j'aurais essayé. Ce chapitre va marquer un arrêt définitif au rythme de 1 par semaine, mais je voulais arriver à ce chapitre avant de changer. Je pense passer à un chapitre toutes les deux semaines mais comme je traverse une période assez difficile en ce moment, je ne vais pas faire la moindre promesse.
Comme vous vous en doutez vu le contenu du précédent, il marque un point important et clivant de ce Tome 3. Je ne vais pas vous dire combien de chapitres il reste mais voilà, c'est un gros chapitre.
Littéralement, aussi, je préfère vous prévenir que c'est le chapitre le plus long de ce Tome 3 pour le moment. Bonne lecture et j'espère que vous m'en direz des nouvelles !
Sur les hauteurs du Makaï, il avait enfin un peu de paix.
Au loin, la construction du palais continuait. L’obsidienne s’élevait en bloc imposant mais très finement ciselés. Auriel avait une idée très précise de ce qu’il voulait faire dégager aux bâtiments malgré les protestations de l’architecte. Lui avait voulu que cela devienne une cathédrale en hommage aux dieux.Comme si tu savais ce que les dieux voulaient.
Un soupir échappa aux lèvres du jeune souverain. Le moment n’était pas à pester contre ses sujets. Il était justement monté jusqu’à ce sommet pour un peu de quiétude. Un moment sans questions, sans requête et sans supplication. Un moment à lui. Il en avait si peu ces derniers temps.
Le ciel rouge du Makaï avait quelque chose d’apaisant, quand il était aussi calme. Les nuages y avançaient paresseusement, comme s’ils survolaient eux-aussi la construction du palais avec intérêt.
L’air se déchira derrière lui.
Il perçut l’odeur avant le crépitement. Ce soufre si caractéristique. Avec un hoquet, il bondit sur ses jambes et se retourna.
Une silhouette fine tituba par la faille ouverte entre les dimensions. Un visage reconnaissable entre mille. Ses yeux en amandes furetaient autour d’elle sans se fixer sur le moindre point, comme si elle ne voyait pas vraiment mais qu’elle craignait l’apparition de quelque chose. Ses lèvres étaient tiraillées par une étrange grimace, qu’il n’avait jamais vu chez elle.
De la douleur.
« Mon amour ! »
En un instant, il fut près d’elle et lui offrit ses bras pour qu’elle ne tombe pas en avant.
« Auriel… ? murmura-t-elle d’une voix faible.
- Je suis là, tout va bien.
- Auriel. »
Elle se laissa glisser contre lui, rassérénée. Contre son torse, elle serrait une lourde boîte en bois gravé. Pendant un instant, il crut que c’était celle qui contenait son coeur, mais elle était plus imposante. Il tenta de lui prendre des mains et elle refusa de lâcher.
« Que se passe-t-il ? Vous allez bien ?
- Je… C’est fait. Mon ange, je l’ai fais. »
Un frisson parcourut le corps du souverain. Si vite ? Comment avait-elle fait ? Et cette boîte… ?
« Vous avez réussi ? Vous êtes… Vous êtes formidable, mon amour. »
Elle relâcha enfin sa prise sur la boîte. Il lui prit des mains avec d’infinies précautions et posa un genou à terre pour la déposer.
« Vous êtes prêts ? Mes démons, est-ce qu’ils sont… ? demanda-t-elle, les yeux perdus dans le vide.
- Mon armée est entraînée. Les démons sont à mon service et je leur ai tout appris. Dès que vous serez remise, nous nous lancerons.
- Quand notre voeu sera exaucé… Quand nous aurons ouvert la porte… Les Kaïoshins ne vont pas nous laisser faire. Ils refuseront de partager comme ils l’ont toujours fait. Ils vont essayer de nous tuer. »
Toujours à genoux à terre, Auriel releva les yeux vers elle et lui prit les mains. Il essaya de transmettre sans un mot toute la détermination qu’il pouvait réunir en cet instant. Pour elle, il savait que ses iris turquoise brillait avec une intensité qui pouvait déplacer des montagnes. Mais c’était surtout l’admiration qui dominait l’expression de son regard.
« Qu’ils essaient. Je suis là, mon amour. Je serais là. Pour vous, je massacrerai leur univers entier. Chacun de leurs gardiens. Chacun de leurs esclaves. »
Un maigre sourire parvint à éclairer le visage angélique de la Makaïoshin. Elle pouffa et glissa une main dans ses cheveux. L’autre trouva un perchoir sur son épaule, pour la soutenir alors qu’elle chancelait encore. Ses doigts glissèrent jusqu’à ses joues en une caresse tendre.
« C’est une promesse ? Auriel…
- Je suis à vous. Jusqu’à la fin de mon existence. »* *
*
Kalta tremblait.
Il ne s’en rendait compte que maintenant mais à l’intensité des frissons qui le parcouraient, c’était depuis un long moment.
L’Empereur avait la sensation que son corps s’apprêtait à tomber en morceau, mais il ne pouvait pas se relâcher. Pas encore. Son regard était fixé sur le corps du démon, affalé sur son trône. Le torse du démon se soulevait encore, et du sang coulait en masse de la plaie béante dans sa poitrine. Il était bien vivant. Même si son état était déplorable.
Lentement, le nihilien retira la lame de son corps. Son énergie s’essouffla d’un coup, mais il garda l’œil sur Auriel. Celui-ci eut un soubresaut de plus au moment où Kalta se détacha de lui. Du sang jaillit encore de sa bouche et un râle douloureux lui échappa.
Pourtant, c’est bien un rire qui reprit ensuite.
« Bien joué… Ah ah ah ! Bien joué ! Quel combat… »
Ses derniers mots s’étouffèrent dans son propre sang. Kalta se recula d’un pas et retomba au pied du trône de bois. Sa respiration était encore difficile. Tout son corps pulsait d’une douleur profonde, qui émergeait de son moignon et qui se répandait dans tous les membres. Il avait envie de vomir, mais il ne pouvait toujours pas relâcher son attention. Auriel l’immortel pouvait encore représenter un danger, malgré tout.
« Tu… tu as perdu… souffla-t-il.
- Ah ! Il semblerait que oui. »
Kalta porta enfin son attention autour de lui. Il ne sentait aucune puissance proche, autre que celle de la Makaïoshin, qui n’avait pas fluctué depuis un moment. Elle se cachait dans une salle attenante. Elle n’avait pas représenté le moindre danger pendant le combat. Elle n'allait certainement pas le devenir maintenant.
Devant lui, Auriel ne bougeait plus. Seul son torse se soulevait encore et chaque respiration faisait couler encore un peu plus de sang sur sa tenue trempée. Soit il jouait très bien la comédie, soit il avait bel et bien perdu. Bra avait réussi.
L’Empereur porta la main à son oreille pour réactiver le scouter.
« Bra, tu me reçois ? Joli coup. Bra ?
- Elle n’est pas revenu, votre Majesté, répondit la voix d’Aidan. Vous avez réussi ? »
Sa voix était plein d’espoir. Et qui pouvait la blâmer ? Même d’aussi loin, elle devait avoir suivi les impressionnants déploiements d’énergie provoqués par leur combat. Si Kalta appelait ainsi, c’est que Bra avait sans doute réussi et qu’elle allait donc revenir.
Sauf si Garlic a menti…« Il est mort. Nous rentrons bientôt. »
Une exclamation étouffé lui répondit. Un mélange évident de surprise et de profond soulagement. Auriel était mort. Même lui avait encore du mal à y croire.
Ils avaient encore quelques détails à régler, et Kalta allait rester attentif, mais la menace était éliminée. Auriel mort, les démons perdaient leur Roi. Ils avaient déjà perdus Resheph. Ne restait qu’Ithaxus pour représenter le moindre danger. Mais pas au point de leur faire face.
Ils avaient gagnés.
Un cri strident retentit derrière lui.
« AURIEL ! »
Kalta pivota en un instant. La silhouette de la Makaïoshin se tenait sur les dernières pierres d’un mur qu’Auriel avat explosé dans les premières secondes de leur combat. Le regard fixé sur le trône et sur son Roi mort, son visage ne reflétait que de la terreur.
L’Empereur ouvrit la bouche.
« Nous allons avoir… »
Ses mots s’étouffèrent sur ses lèvres. L’énergie de l’ancienne déesse venait de disparaître d’un seul coup. Il se sentit soulevée de terre par une force invisible et projeté à l’autre bout de la salle du trône, comme un moustique que l’on frappait d’une monstrueuse tapette à mouche. Il traversa une dizaine d’ancienne colonnes de roche avant d’enfin percuter un mur assez solide pour l’arrêter.
Kalta s’affaissa près de l’entrée, le souffle coupé.
* *
*
Une milliseconde après s’être débarrassée de l’intrus, elle était penchée sur le trône.
Le corps de son bien-aimé était étendu sur le bois. Son sang se répandait sur les subtils dessins formés par l’écorce avec les milliers d’années.
« Non ! gémit-elle. »
Sa voix rappela son ange à elle. Dans un sursaut, il tourna la tête, ses yeux turquoise peinèrent à se fixer sur elle. Il n’y avait toujours pas trace de douleur sur son visage, mais une fatigue éteignait son regard. Elle ne l’avait jamais vu dans un tel état.
« Mon amour… articula-t-il difficilement.
- Non… Non, non, non…
- Mon cœur est détruit, mais il ne m’ont pas arrêtés. »
Malgré l’horrible douleur qui devait vriller dans tout son corps, Auriel parvint à sourire. Elle essuya instinctivement le sang qui coulait sur sa barbe et tenta de nettoyer son visage pour ne pas le voir comme ça.
« Non, je peux recréer quelque chose. Je peux arranger ça. Je vais arranger ça. Je ne les laisserais pas avoir votre âme. »
Elle parlait de plus en plus fort, de plus en plus vite. Sa voix craquait sur les derniers mots. Elle se sentait encore tellement faible. Elle aurait besoin de temps, d’énergie. Elle ne savait même pas ce qui était arrivé depuis la guerre.
Mais il faut que je sois forte. Il a besoin de…La main tremblante d’Auriel se leva pour caresser sa joue. Son sang tiède s’étala sur sa peau blafarde. Le sourire qu’il affichait était beaucoup plus franc, un ricanement lui échappa même et termina sur un gémissement de douleur.
« Vous êtes tellement belle quand vous êtes comme ça. Si forte. Si déterminée. »
Quand elle sentit ses forces faiblirent, elle attrapa la main qui menaçait de retomber et la pressa sur sa joue au point de se faire mal. Il était hors de question de perdre le contact. Pas quand ses yeux turquoise la fixaient comme ça.
Jamais. « Je viens à peine de revenir. Je ne peux pas vous perdre… Je ne peux pas, je…
- J’ai obtenu tout ce que je voulais, mon amour, la coupa Auriel. Vous êtes libre. »
Avec un grognement de douleur, il se redressa comme il le pouvait sur le trône. Son corps tremblait et son bras s’enroula autour de sa taille avec difficulté.
« Tout ce temps, je ne voulais que vous revoir. Qu’entendre votre voix à nouveau. Cet instant passé à vous parler… Il a plus de sens pour moi que les millions d’années passées à vous attendre. »
Les larmes dévalaient le long de ses joues sans même qu’elle s’en rende compte. Elle sentait la force de son amant faiblir entre ses bras et elle ne pouvait rien faire. C’est à peine si elle pouvait lui répondre. Des hoquets de tristesse s’arrachaient à sa gorge, toujours plus douloureux. Elle le vit approcher et, instinctivement, elle recula.
« Non… non, non.
- Je vous aime. »
Auriel franchit les derniers centimètres et pressa ses lèvres couvertes de sang sur les siennes. Leurs souffles se mêlèrent une dernière fois, avec la chaleur de sa langue et de son corps contre le sien. Elle pressa ses bras autour de son corps, le soulevant du trône pour le tirer à elle, sans se soucier du sang qui recouvrit sa tenue. Elle n’abandonna pas le baiser. Pas avant de sentir la chaleur de son amant faiblir. Pas avant de sentir que son corps ne bougeait plus.
Quand elle le laissa retomber doucement en arrière, la Makaïoshin fit de son mieux pour l’installer sur le trône qu’il venait de quitter. Celui qu’il avait occupé durant des millions d’années. Celui qu’il avait gagné à la sueur de son front. Ses yeux turquoise fixaient le plafond, mais plus aucune lumière ne se reflétait dans ce bleu qu’elle avait contemplé si souvent.
Quelque chose se brisa en elle. Ses pupilles disparurent dans le noir profond de ses yeux.
Elle ne s’entendit pas hurler, mais elle eut le temps de sentir le monde se dissoudre autour d’elle.
* *
*
Bra poussa un hurlement en tombant vers le sol. La douleur était encore trop intense pour lui permettre de voler et la DeadZone les avait fait apparaître haut dans le ciel. La chute parut bien longue, mais elle finit par percuter la terre noire du Makaï. Un autre cri retentit derrière elle, alors que Garlic retombait près d’elle avec fracas. Persée fut la dernière. L’armure noire s’effondra purement et simplement, face contre terre, sans un bruit de son occupante. Puis, une série de choc métallique retentit quand les tubes et la boîte, emmenés par la chasseuse de prime, tombèrent les uns après les autres.
La saïyenne se redressa comme elle pouvait, les articulations encore douloureuses.
« Joli coup… »
Elle ne savait pas trop à qui elle s’adressait : Garlic et Persée, mais les deux avaient fait de l’excellent travail. Instinctivement, elle releva les yeux vers la DeadZone, qui avait disparue. Pas de monstre géant : soit il était resté de l’autre côté, soit il était piégé dans cette dimension remplie de souffrance. Et malgré le combat qu’ils venaient de mener, elle espérait que ce ne soit pas la seconde option, bien trop horrible même pour une créature pareille.
Lorsqu’elle ramena son regard à ses compagnons, Garlic avait rétréci. Il était essoufflé et paraissait encore terrifié.
« Vous avez bien eu le cœur ?
- Je crois que oui… Persée l’a eu juste avant qu’on prenne la DeadZone. N’est-ce pas ? »
L’armure noire ne bougea pas, mais un vague grognement répondit dans son scouteur. Bra se porta aussitôt près de son amie.
« Eh, tout va bien ? Persée ?
- J’ai tellement mal… grogna enfin la chasseuse. »
Elle tenta de se redresser sur les coudes, mais retomba presque aussitôt au sol avec un glapissement de douleur. Sa respiration parvenait à Bra par l’intermédiaire du scouteur. Elle était rauque et irrégulière. Est-ce que c’était le passage par la DeadZone ou la créature avait réussit à porter un coup avant leur départ ? Bra ne prit pas le temps de déterminer ça. Elle passa les bras sous le corps de son amie et la souleva sans difficulté. Les tubes, toujours reliés à l’armure, clinquèrent sur le sol en suivant le mouvement.
« On rentre, tu as besoin de soin. Quant à toi, Garlic… »
CRAAaaaaaaaAACK.Le bruit avait retentit comme un avertissement, résonnant dans la plaine où ils se trouvaient comme un coup de tonnerre. Paniqué, le petit démon pivota pour regarder tout autour de lui. Bra fit de même, mais elle ne vit rien, pour commencer.
Au loin, des montagnes s’élevaient dans les airs comme des serres noires. C’était leur couleur qui était trompeuse et leur cacha la réalité pendant quelques secondes. Bra finit par apercevoir la faille qui avait démarrée entre deux pics et qui s’étirait sur le sol et qui coupait le paysage en deux comme une vilaine cicatrice. Le Makaï entier tremblait en réaction.
« Qu’est-ce que… ? »
CRAAAAAAAAAAAACK.Un pan de montagne se souleva brusquement de plusieurs centaines de mètres, tandis que l’autre plongeait dans le sol. Bra tint sur ses jambes, mais Garlic tomba au sol. La terre tremblait continuellement, secouée par un géant en colère. Des pans entiers de continent se soulevaient et se brisaient comme les morceaux d’un plancher vermoulu.
Le ciel vira au noir complet et ils furent plongés dans les ténèbres.
« On file ! Je repère Aidan et… »
Bra se figea et ses mots s’étouffèrent dans sa gorge. Elle ne sentait plus Aidan, ni Anik, ni Kalta. Ni personne. Juste une présence. Une puissance qu’elle ne connaissait pas mais qui était… Monstrueuse. Une présence absolue, écrasante et immanquable. On aurait dit… Cell ? Plus puissant encore. Elle se sentit aussitôt écrasée, minuscule. Faible. Car cette puissance continuait de grimper en flèche et elle effaçait tout le reste par sa simple présence.
« Garlic… où est la porte ? »
A l’instant où elle posa la question, le démon disparut soudainement. Ou plutôt, le sol se souleva sous lui comme propulsé par un geyser. de la roche et de la terre furent projetés en tout sens. Garlic poussa un cri. Juste avant que l’endroit où elle se tenait ne subisse le même sort, elle se lança dans les airs pour le rattraper. Il tremblait, mais pas uniquement de peur : son torse était ouvert sur toute la largeur, le sang se répandant déjà jusqu’à ses jambes. La seule lumière qui les éclairait était celle de son aura de super saïyenne.
Persée était toujours accrochée à elle, heureusement.
« Je ne sais pas ce qui se passe, je… »
Quelque chose sortit du sol, comme une griffe sombre qui cherchait à atteindre le ciel. Bra eut à peine le temps de réagir, attrapant Garlic de son autre main et filant dans l’autre direction. Elle laissa son aura exploser autour d’elle, seul moyen de voir où elle allait.
« Par là ! cria enfin le petit démon, en désignant une direction. Ce n’est pas très loin ! »
Bra n’attendit pas une seconde de plus pour accélérer. Autour d’elle, le paysage était en pleine transformation. Des montagnes disparaissaient, remplacés par d’énorme cratère, tandis que des plaines se transformaient en plateau monstrueusement haut. Des villes devenaient des ravins et d’énormes serres perçaient la terre pour se jeter à l’assaut du ciel. Bra, malgré tout, était concentrée sur tout autre chose.
« Kalta ? Tu me reçois ? Qu’est-ce qui se passe ?! Aidan : barrez-vous d’ici, on est sur le chemin ! »
* *
*
Belial n’avait pas osé s’approcher du palais car il savait quel combat de titans s’y déroulait. Il avait trouvé la montagne la plus proche et s’était installé à son sommet pour essayer de suivre grâce à l’énergie dégagé par les participants.
Ce n’était pas facile, quand le Seigneur Auriel ne dégageait pas la moindre force, mais il avait su que le démon gagnait. La force du nihilien, même si elle était colossale, allait en s’amenuisant. Le palais avait subi beaucoup de dégâts, mais la victoire était à portée, comme Auriel l’avait prédit. Il avait même observé leur combat aérien, tentant de distinguer les deux minuscules points qui dansaient haut dans le ciel.
Ils étaient retombés après quelques échanges. Le yaxcien tentait sans doute un ultime coup. Son énergie était remonté, l’espace d’un instant, mais elle était maintenant stable et affaiblie. Auriel devait lui offrir le luxe de prononcer ces derniers mots, avant la fin. Belial hésitait même à les rejoindre pour y assister. Ce n’était pas raisonnable, surtout pas si le yaxcien préparait en réalité un coup fourré. Son Roi ne supporterait pas qu’il prenne un risque aussi inconsidéré. Alors, Belial tempérait ses ardeurs et attendait de pouvoir féliciter son souverain.
Et puis, le monde avait brusquement changé.
Peu de temps avait passé depuis la fin du combat, mais soudain une nouvelle énergie avait explosé dans l’enceinte du palais. Jusque là à peine perceptible, elle était maintenant tout ce que Belial pouvait sentir. Comme si le Soleil apparaissait brusquement en pleine nuit pour éclipser toutes les étoiles.
Une immense sphère d’énergie noire s’était formé autour du palais. Elle avait absorbé toute la lumière alentour, fissuré le monde autour d’elle. Le sol s’était affaissé comme si une météorite venait de s’écraser dans la salle du trône. Sa montagne s’était ouverte comme déchirée en deux par une force monstrueuse. Le Makaï avait été brisé en un seul coup.
Puis, la lumière avait entièrement disparu. Le ciel avait viré au noir d’encre.
Belial peinait pourtant à y penser. Il s’était envolé pour éviter d’être emporté par l’effondrement du pic, mais il tremblait à présent.
Il ne pouvait plus sentir l’énergie gigantesque qui était apparue. Il sentait à peine celle du yaxcien, qui s’éloignait. Il ne sentait plus personne. Et il arrivait à peine à penser. Une voix était là, dans sa tête. Moins qu’une voix. Un ordre. Une commande très simple.
TUE-LE.
Le démon savait très bien de qui elle voulait parler. Son regard se fixa sur la silhouette de l’Empereur qui fuyait.
Lui et des centaines de démon survivants convergèrent dans cette direction.
* *
*
La peur.
Il n’avait jamais ressenti quelque chose comme ça. Pas qu’il se souvienne en tout cas. Cell lui avait inspiré un sentiment de défaite absolue ; la sensation de ne pas être à la hauteur. Le souvenir était encore vif dans sa mémoire.
Mais jamais il n’avait été aussi puissant, aussi violent.
Quand il s’était redressé, Kalta avait vu la créature. Elle se tenait debout, près du corps d’Auriel, les jambes fixées au sol, son visage tourné vers lui. Son apparence était humaine, mais son regard n’avait plus rien de commun avec ça. Ses iris avaient disparus, ne laissant qu’un noir total. Et pourtant, il avait eu l'impression que ce noir le fixait lui. Pire, le traversait. Elle voyait quelque chose au-delà de lui. Elle avait parlé. Pas dans ce monde. Mais dans sa tête. Une voix puissante, impérieuse, qui résonnait dans son crâne au point de le faire trembler.
TU VAS MOURIR.
Seulement à ce moment-là, il avait ressentit sa puissance. Sa vraie puissance, celle qu’elle dissimulait depuis qu’il était arrivé là. C’était comme regarder une étoile directement, à moins de cent mètre. Il se sentait brûlé, au point que ses sens ne détectent plus rien d’autre. Il n’y avait qu’elle.
Quand elle avait tendu la main vers lui, il s’était jeté dans les airs, par pur instinct de survie. Le rayon d’énergie noire qui avait émergé l’avait effleuré et cela avait suffit. Le reste : la colonne qu’il avait percuté, le mur derrière elle, le sol, tout ce qui se trouvait sur son passage, fut réduit en cendre.
Kalta avait fuit. Il n’avait pas réfléchi d’avantage. Il ne pouvait pas affronter cette créature. Même s’il avait été dans son état normal, il n’aurait pas été capable de l’approcher. Et il avait un bras en moins.
L’Empereur de l’univers avait pris la fuite. Il avait déployé ce qu’il lui restait de puissance pour échapper à cette chose. Il était réduit à une flèche argentée qui traversait le Makaï, dans le seul espoir de survivre.
L’obscurité était maintenant totale, mais il se souvenait au moins de la direction. Elle ne le suivait pas.
Quand il s’était retourné, le palais avait disparu dans une sphère noire, qui semblait absorber et concentrer la lumière. Le paysage était couturé de gigantesque failles, qui émergaient de cette sphère et qui ouvraient le Makaï comme s’il s’agissait d’un simple vase tombé de trop haut.
« Kalta ? Tu me reçois ? Qu’est-ce qui se passe ?! Aidan : barrez-vous d’ici, on est sur le chemin ! »
Cette voix.
Bra. Elle est vivante. Elle est vivante !
Et elle est ici.« Je suis là. Auriel est mort ! On doit partir, tout de suite ! Je vous retrouve à la porte ! Aidan, Anik, pas besoin de… »
Brusquement, il vit une énorme serre jaillir du sol, la pointe traversa le ciel à sa rencontre et manqua de le percuter en plein vol. En une pirouette, il l’esquiva de justesse, et continua son chemin.
Au passage, il avait aperçut autre chose. Des silhouettes enveloppées d’un aura blanche, qui filait dans le ciel, vers lui. Il y en avait de plus en plus.
Les démons du Makaï le suivaient. Tous.
* *
*
« Aidan ! Barrez-vous d’ici, on est sur le chemin !
- Je suis là. Auriel est mort ! On doit partir, tout de suite ! Je vous retrouve à la porte ! Aidan, Anik, pas besoin de… »
Elle n’avait pas besoin d’entendre ça pour savoir que ce n’était pas un tremblement de terre ordinaire. Le monde avait viré à l’obscurité complète, mais le scouteur lui permettait de continuer à observer alors que l’apocalypse se déchaînait.
Des chaînes de montagnes se soulevaient et retombaient au rythme d’une mélodie discordante. Les rivières disparaissaient dans des geysers aux dimensions absurdes. La plaine la plus proche était fracturée en trois morceaux, tous maintenus à une hauteur différente. Quelque chose fracturait le Makaï et ils ne pouvaient rien faire d’autre que regarder.
« On est à la porte ! Personne en vue. Nous sommes prêts à…
- Barrez-vous ! tonna la voix de Bra. Je vous vois. »
Aidan tourna la tête. Au loin, une lueur dorée approchait à grande vitesse.
« Anik, sors d’ici ! »
Le commando tirait déjà sur son bras pour se lever. Elle avait bondit près de lui pour l’aider à se tenir debout. De l’autre main, elle désactiva son scouteur.
« Je reste, pour servir de repère à Bra.
- Non, tu ne vas pas faire ça. »
Les griffes d’Anik s’étaient refermées sur son bras. Son regard rougeoyant ne laissait place à aucune contradiction. Avant qu’elle ne puiss protester, il se laissa tomber de l’autre côté de la porte et l’emporta avec lui.
Le passage de l’obscurité totale à la nuit de Passaros était brutal. Les étoiles apparaissaient comme autant de repères rassurants dans le ciel.
« Anik, il faut que…
- Elle sait se débrouiller. »
En effet, il ne fallut pas attendre longtemps pour que Bra apparaisse à travers la porte. Elle pila dans les airs, son aura dorée clignotant avec la violence du freinage. Dans chaque main, elle tenait quelqu’un : Persée et Garlic Jr. Elle jeta le démon au sol, près d’Anik.
« Surveille-le ! »
Plus lentement, elle descendit pour étendre Persée sur la plateforme d'obsidienne, auprès d’Aidan. La jeune commando devait se contenir pour ne pas se jeter sur la saïyenne. La chasseuse de prime avait l’air d’être dans un sale état, le corps étendu mollement dans les bras de la saïyenne, puis sur le sol.
« Prends soin d’elle, s’il te plaît.
- Qu’est-ce que tu va faire ? »
Elle connaissait ce regard chez la saïyenne. Elle préparait quelque chose.
« Il fait noir de l’autre côté, je vais servir de repère à Kalta. Je ne m’éloigne pas de la porte, ne t’en fais pas.
- Il a dit que… »
Bra était brusquement juste devant elle. Une main délicate vient effleurer sa joue. Les yeux d’émeraude de la super saïyenne se fixèrent dans les siens.
« Je reviens tout de suite. C’est promis. »
Et, aussi vite qu’elle l’avait rejointe, Bra fila vers la porte et vers le Makaï.
* *
*
Kalta naviguait dans le noir complet.
Il n’avait qu’une vague idée de la direction dans laquelle se trouvait la porte mais il savait qu’il devait s’éloigner du palais et des milliers de démons à sa poursuite. Ce n’était pas eux qui l’effrayait, mais ce qui était certainement derrière eux.
Ça et le monde qui tentait de le tuer depuis qu’il avait décollé. A chaque instant, il modifiait sa trajectoire, slalomant entre des pans de continent entiers qui se soulevaient dans les airs, et des montagnes qui s’élevaient vers lui avant de se fendre en des milliers de morceaux assez gros pour l’écraser. Le Makaï n’était rien de plus qu’un terrain miné. Un terrain qui semblait déterminé à le tuer, lui.
Et puis, il y avait la voix, qui brûlait dans son esprit avec plus d’intensité à chaque seconde.
JE TE TUERAI. JE BRÛLERAI TON UNIVERS. JE DÉTRUIRAI JUSQU’A TON ÂME.
Elle était d’une force telle qu’il commençait à la croire. Si c’était la voix de cette puissance écrasante qu’il sentait tout autour de lui, alors elle pouvait certainement y arriver. Elle pouvait le tuer.
Il refusait d’abandonner.
Soudain, au loin, dans les ténèbres, une flamme apparut. Faible tout d’abord, elle transperça le ciel sombre et s’éleva aussi haut que possible, avant de s’étendre pour former une goutte de lumière dans l’obscurité.
« Kalta ?! Je suis de ton côté. Les autres sont en sécurité. »
La voix de Bra. Le scouteur fonctionnait encore. Il n’y avait pas que la voix dans sa tête. Il y avait la saïyenne et ses hommes.
Tellement loin d’ici. « Je te vois ! J’arrive, tu peux passer ! »
Il n’avait pas à modifier entièrement sa trajectoire, mais il vira tout de même de bord, esquivant un pan de terre qui crevait le ciel à sa rencontre.
« Sors de là, ils sont derrière moi. Ne prends pas de risque. »
La flamme lointaine ne faiblissait pas, mais elle se rapprocha très vite.
« Je ne bouge pas ! »
Il n’insista pas plus. La saïyenne n’était pas facile à convaincre et il n’avait pas le temps. Tout ce qu’il aurait à faire, c’était l’emporter avec lui quand il passerait la porte, à toute vitesse. Ensuite, il faudrait la détruire, si c’était possible. Ou affronter tout ce qui passerait à sa suite.
Kalta se retourna, pour repérer les milliers de points blancs qui tentaient de le suivre. Derrière, elle devait bouger aussi, pourtant il n’arrivait pas à la repérer. Sa puissance était omniprésente.
JE TE TUERAI.
« Bra, va-t-en ! hurla-t-il en réflexe.
- Non ! »
Il avait hurlé, la voix impérieuse dans son esprit provoquait un réflexe instinctif. Et puis, il vit la saïyenne, il en était tout proche. Il amorça sa descente vers la porte.
Et s’interrompit brutalement.
Bra tressauta dans les airs, le regard horrifié.
JE TE TUERAI.
Pourquoi s’était-il arrêté ?
Kalta voulut l’appeler, mais le hoquet qui sortit de sa gorge ne contenait que du sang. Il pencha la tête.
L’extrémité d’une serre noire jaillissait de sa poitrine.
La douleur n’arriva qu’à cet instant, quand il comprit que l’énorme griffe était arrivé dans son dos, sans qu’il ne la perçoive. Elle avait percé sa peau sans effort et détruit sa cage thoracique, avant de ressortir au centre de son torse.
Une nouvelle gerbe de sang échappa à sa gorge.
« KALTAAAA ! »
La voix était lointaine mais il reconnaissait encore Bra. La saïyenne. Elle allait vouloir l’aider.
JE TUERAI TOUT CE QUI T’ES CHER. PUIS JE BRÛLERAI TON UNIVERS.
Non. Ça n’arrivera pas. Alors que la douleur et le sang envahissaient son cerveau. Kalta vit Bra se lancer vers l’avant, vers lui.
Il se sentait faible. De plus en plus faible, mais il avait l’encore énergie de faire ce qu’il fallait. Sans hésiter, l’Empereur tendit la main vers elle.
« Bra… cracha-t-il dans son scouteur. Trouve ma mère. »
Et il libéra son énergie sous la forme du kiaï le plus puissant qu’il pouvait invoquer. La vague d’énergie invisible frappa Bra de plein fouet. La saïyenne, prise par surprise, fut repoussée en arrière à toute vitesse. Elle traversa la porte.
Kalta sentit un profond sentiment de soulagement l’envahir. Il sentait son énergie bouillonner sous chaque centimètre carré de sa peau. Il était tout prêt à la libérer.
« Tu mourras comme le chien que tu es. »
La voix n’était plus si omniprésente. Elle n’était plus aussi impérieuse. Devant lui, une silhouette féminine s’était matérialisé devant la porte qui menait à son monde. Cette vision devenait très rapidement floue, à mesure que sa vision s’étrécissait et s’assombrissait.
Elle n’est pas vraiment là. Cet instant n’existait pas vraiment non plus. Sa voix n’était que dans son esprit. Et la réponse de Kalta ne fut que dans son esprit aussi.
« Tu ne sais pas qui je suis, fausse déesse.
- Rien d’autre qu’un chien. Pathétique création des Kaïoshins. »
Un rire secoua le corps brisé du yaxcien. Quelques gouttes de sang perlèrent sur ses lèvres et coulèrent le long de sa peau immaculé. Il se surprit à sourire. Les mots lui vinrent naturellement.
« Je suis Kalta. Je suis le petit-fils de Cold, roi de Nihila et Conquérant de l’univers. Je suis le fils de Freezer, l’Empereur de cet univers. Je suis le dernier des Cold. Tes démons ne sont qu’un peuple de plus parmi ceux que nous avons mis à genoux et détruit. »
La silhouette floue se rapprocha, jusqu’à prendre toute la place dans son esprit. Kalta ne distinguait que des yeux noir, fixés sur lui. Ils exprimaient une rage comme il n’en avait jamais vu.
« Et pourtant, tu te meurs, fils de Freezer. Empereur de rien. Je vais consumer ton âme. Et lorsque j’en aurais fini avec toi, j’envahirai ce qui reste de ton univers et je le reconstruirai à mon image. Il ne restera rien de toi et de ta pitoyable lignée. »
Le sourire de Kalta s’agrandit encore, coloré par le rouge de son sang.
« Je suis tellement plus que ça. Et je laisse tellement derrière moi. Je laisse des… des amis, qui ne te laisseront pas faire. Mais même s’ils n’étaient pas là… »
Un ricanement sec lui échappa, suivi d’une quinte de toux alors que des perles de sang venaient se perdre contre le visage de la créature qui envahissait son champ de vision.
« Tu n’atteindras jamais mon univers. Pas après ça.
- Pardon ?!
- Observe bien la toute puissance d’un Cold. »
Kalta vit la silhouette s’approcher encore. Il ferma les yeux.
Et il laissa son énergie le consumer, ainsi que tout ce qui se trouvait autour de lui.
* *
*
L’explosion fut cataclysmique.
La zone entière fut engloutie dans une immense sphère de lumière blanche. Elle pulvérisa tout ce qui se trouvait sur son passage. L’immense porte qui menait à l’univers des Kaïoshins résista quelques secondes, avant que les blocs d’obsidienne ne se désolidarisent les uns des autres et ne s’effondre, emportés par le souffle colossal. Le sol se creusa sur une centaine de mètre, créant un gigantesque cratère.
Les démons qui avaient eu la chance de s'approcher le plus furent tués sur le coup, réduit en cendres à l’instant où le ki surpuissant les atteint. Ceux qui eurent le temps de reculer furent repoussés, parfois sur des kilomètres.
Puis l’onde de choc se propagea autour de la sphère. Elle rasa ce qu’il restait sur des kilomètres à la ronde. Toutes les épines sorties de terre s’ébranlèrent et s’effondrèrent. Les montagnes déjà affaiblies par les tremblements de terre achevèrent de mourir et de se fondre dans le sol. L’eau des mers fut vaporisée.
La lumière persista quelques secondes après la fin de l’explosion. Des éclairs parcoururent l’immense cratère, dans un silence de mort. L’épine qui avait percé l’Empereur finissait de s’effondrer au centre de la zone.
Dans les airs, le corps du nihilien tenait encore debout, mais les couleurs avaient fuit ses traits. Ne restait que ses yeux, fermés pour toujours, et ses lèvres recourbées en un léger sourire.
Privé d’énergie, il finit par tomber. Son bras blessé fut le premier à s’effriter alors que son corps chutait.
Kalta n’était plus que cendres bien avant de toucher le sol.