Bonjour Tonay ! Et bienvenue à Leyko sur le topic.
Merci pour ton commentaire Leyko, même plus de dix ans après ça fait plaisir de voir que le scénario plaît toujours. J'espère que celui du tome 2 et des tomes suivants vont te plaire aussi. Au plaisir de te revoir sur le topic quand tu viendras à bout de ces derniers !
Oui, pour ce qui est des personnages issus des films, je me permets de faire un peu ce que je veux avec eux sans craindre de trop dévier du canon puisque... les films ne sont pas tout à fait canon de toute façon.
J'avais une idée assez claire de ce que je voulais faire avec Bojack et j'ai cherché à donner une autre personnalité à son équipe, histoire que ce soit un peu plus nuancé ^^
« Là. »
Akkilae observa l’écran et la zone pointée par l’Impératrice. D’apparence, il n’y avait rien.
Cela faisait maintenant vingt minutes qu’ils scannaient le vide de l’espace, à la recherche de l’énergie qu’elle avait détectée. Ils étaient éloignés de tout système habité, littéralement au milieu d’un route commerciale. L’étoile la plus proche, une naine blanche, était à peine plus grande que les autres points lumineux qui formaient la tapisserie de l’espace.
Le Rédemption avait évolué en une série de petit sauts à travers l’espace, de moins de cinq minutes à chaque fois. Ils se rapprochaient, mais se repérer uniquement à l’énergie n’était pas idéal pour naviguer dans l’espace.
« Je ne vois rien, Madame, admit-il en tremblant. Mais je vais relancer un scanner.
- Prenez votre temps. Ils sont là, nous allons les trouver. »
Il s’attendait à bien pire, mais c’est vrai que Dame Bra n’était pas Cold. Ni même Kalta. Elle ne paraissait pas en colère, quoiqu’un peu impatiente. Déjà, elle avait été tenté de se téléporter, mais voulait que le vaisseau reste proche. Et puis, l’idée n’était pas d’attaquer, a priori.
« Et appelle moi juste Bra, s’il te plaît.
- B-bien… »
Ce n’était déjà pas facile avant, alors maintenant qu’elle était Impératrice… Même si elle ne voulait pas l’admettre, tout le monde à bord du vaisseau l’avait compris. Elle donnait les ordres, le commando d’élite la suivait… Siberia n’était pas là. Bra Brief était l’Impératrice, qu’elle le veuille ou non.
Mais ce n’était pas Akkilae qui allait lui dire.
« Oh, j’ai quelque chose ! hoqueta-t-il soudain après cinq minutes. »
Tous les regard convergèrent vers lui, Bra y compris. Sur l’écran, un minuscule point grandissait progressivement pour donner une image fortement pixellisée, mais où l’on reconnaissait une formation rocheuse, flottant paresseusement dans l’espace.
« C’est un astéroïde. Massif. Et… sa trajectoire est bizarre. L’ordinateur a du mal à la calculer.
- Artificiel, réagit aussitôt Bra. Ils doivent avoir un système de propulsion caché quelque part. C’est ingénieux. Approchez !
- Vous êtes sûre ?
- Non, mais c’est notre seule piste pour le moment. »
Une voix métallique retentit dans la salle de contrôle.
« Mon vaisseau capte des transmissions. Cryptées, mais en provenance de la zone. C’est votre Cité-Libre.
- On ne capte rien, ici.
- Ces gens ont passés des siècles à se cacher de l’Empire. Vous pensez que votre vaisseau calibré sur les fréquences impériales pourrait les détecter ? asséna Persée. »
Akkilae se ratatina dans son siège. Jusqu’à ce qu’une main s’accroche fermement à son épaule. La saïyenne avait retrouvé un peu de confiance.
« En route ! »
* *
*
Doyal contemplait son reflet sur l’écran. Son faciès rose, creusé par les années, les petits tâches grises qui devenaient blanches au sommet de son crâne et les yeux noir tombants de fatigue. Il était trop vieux pour ces bêtises.
Le yardrat caressa distraitement l’antenne rose qui dépassait de sa joue. Il lut une fois de plus le rapport.
L’Empereur était mort. La dynastie des Cold n’existait plus. Il n’était toujours pas sûr d’être dans le monde réel.
En temps normal, la Cité-Libre aurait explosé de joie dès l’annonce. Doyal se souvenait encore de la joie qui avait agité l’astéroïde pendant des jours après la mort de Freezer et de Cooler. Et c’était sans parler de celle de Cold. Une semaine entière de réjouissance. Que ce soit chez ceux qui avaient connu le nihilien, ou les descendants des innombrables peuples écrasés sous la botte de la famille Cold. Nul doute que la mort du dernier-né, Kalta, provoquerait la même exultation.
Si la Cité-Libre n’était pas en train de vivre sa propre crise interne.
Doyal tourna la tête vers celui qui le surveillait depuis quelques temps maintenant. Le grand type aux cheveux oranges avait les yeux plongés dans le même rapport. Son épée reposait à sa ceinture, comme une menace implicite.
« L’Empereur, c’est bien Kalta, c’est ça ? Le nihilien, comme vous dites.
- … Oui, c’est lui. »
Mais d’où est-ce qu’ils sortaient ces mecs ? Et pourquoi avait-il fallu que ce soit lui qui les accueille ?
Le petit groupe était apparu il y a quelques jours, dans un vaisseau ancien et branlant, transmettant des messages de détresse. C’était le premier depuis longtemps, puisque l’Empire avait suspendu ses conquêtes depuis cinq ans, mais la Cité lui avait fait passer les même tests.
Il n’y avait eu que très peu de discussion aux annonces de l’Empire : ce n’était pas parce qu’ils prétendaient s’assouplir que la Cité-Libre allait cesser d’être un havre pour ceux qui souhaitait vivre autrement.
Tous les réfugiés de Cold étaient les bienvenus. Et ceux-ci avaient joué le jeu à la perfection. Pendant quelques temps.
Ensuite, le dénommé Bojack avait révélé ses véritables intentions. Et sa véritable puissance. Terrifiante. La Cité-Libre avait déjà eu droit à plusieurs de ces petits dictateurs qui s’imaginaient fonder leur propre royaume sur le dos de générations de réfugiés. Aucun n’avait jamais réussi. Mais aucun n’avait la puissance de ce Bojack. Celui-là… Il était plus puissant encore que Freezer. Et il était arrivé en prétendant être un innocent, à la recherche d’un lieu où se poser pour réparer son vaisseau.
Bienvenue dans la Cité libre ! Je me nomme Doyal, pour vous servir !Quel imbécile il avait été.
« Bojack va pas aimer ça. »
La voix de Gokua le tira brusquement de ses pensées maussades.
« Hein ? Pourquoi donc ?
- Il aurait aimé l’affronter. Bon, viens avec moi pour lui annoncer.
- Mais… ! »
Doyal voulut protester davantage, mais il savait que ce serait inutile. Le grand type n’avait pas besoin de lui pour dire ça à son chef, mais ils semblaient prendre plaisir à le traîner un peu partout depuis leur arrivée. C’était lui qui leur avait expliqué tout ce qu’il pouvait de la Cité-Libre, en essayant de cacher le plus important, et c’était aussi lui qui répondait à chaque question qu’ils posaient. Certaines plus absurdes que d’autres.
Personne ne savait d’où ils venaient, mais le yardrat commençait à avoir sa petite idée : ces gens sortaient de stase. D’une époque où Cold n’existait pas encore. Rien que ce concept était difficile à accepter.
« Dépêches toi, s’il te plaît ! »
Le petit yardrat accéléra pour rejoindre l’ascenseur au moment où Gokua rentrait. Il se faufiler entre les portes juste à temps, alors que l’appareil commençait à s’élever. Ils étaient dans la tour du conseil alors il était dernier cri et traversa plusieurs centaines de mètres en quelques secondes, sans que ça ne soit inconfortable pour les occupants.
Ils se rendaient au dernier étage. Là où se réunissaient les représentants de chaque districts pour prendre des décisions concernant toute la Cité-Libre. Salle monopolisée par Bojack depuis son arrivée. Lui et ses deux sbires.
Ce fut d’ailleurs la deuxième qui se trouvait derrière les portes quand elles s’ouvrirent.
« Oh, je venais te chercher.
- Ah ? J’ai une nouvelle importante. Chef ?! »
Affalée sur l’un des sièges - qu’il avait fait stupidement surélevé par rapport aux autres - le tyran improvisé se redressa. Son long manteau bleu claqua dans son dos.
« Quoi encore ? J’attends de la visite.
- L’Empereur est mort, asséna simplement Gokua. Le nihilien. Les types blancs avec les plaques violettes.
- Quoi ?
- On vient de recevoir la nouvelle. »
La jeune femme sauta brusquement devant Gokua. Elle tenait un petit écran vers lui, mais ce fut le chef des pirates qui ouvrit la bouche pour répondre.
« Alors dis-moi qui nous rend visite. »
Doyal n’y tint plus et se pencha aussi discrètement que possible pour regarder l’écran. Une vue d’une des innombrables caméras qui surveillaient les tunnels d’accès. Celui-ci était le plus important, il menait directement au coeur de la cité. C’était l’entrée privilégiée pour les nouveaux arrivants, plutôt que les nombreux tunnels d’évacuation d’urgence qui étaient construits un peu partout.
Une ombre parfaitement circulaire traversait les quartiers les plus éloignés, pour s’enfoncer vers la Cité. Vers eux. Une ombre que Doyal identifia immédiatement. Un vaisseau impérial. Mais un modèle bien plus imposant que tous ceux qu’il avait vu.
Il n’existait qu’un seul vaisseau de cette taille dans la flotte impériale.
Rédemption. Le vaisseau de Cold.
Le cauchemar de la Cité-Libre était sur le point de se réaliser.
* *
*
Quel paysage impressionnant.
Ils évoluaient depuis maintenant plusieurs minutes dans ce qui devait être la fameuse Cité-Libre. L’intérieur d’un astéroïde. A l’abri des regards et des recherches de l’Empire pendant des siècles.
En plus de l’immense baie vitrée, Bra observait les multiples écrans qui transmettaient les vues des caméras du vaisseau. Ils avançaient dans un tunnel assez grand pour accueillir trois Rédemption et où la roche était devenue invisible. L’intérieur de l’astéroïde était tapissé de bâtiments qui se dressaient les uns à côté des autres sans la moindre organisation. Il y avait de toutes les formes et de toutes les cultures. Il y en avait de tous les côtés. Au-dessus, en-dessous…
Comme une cage formée par toutes les cultures écrasés par les Cold, qui tendait ses griffes en gratte-ciel vers le vaisseau.
Même avec son expérience limitée en dehors de la Terre, la jeune femme pouvait reconnaître certaines architectures. Yardrat, par là, et par ici. Lantraki, dans le fond là-bas. Cette épine qui dépassait d’un quartier lui rappelait quelque chose, sans qu’elle arrive à se souvenir du nom. Ce n’était pas une ville impériale, construite méthodiquement pour optimiser les déplacements. C’était un désordre, mais elle y décelait aussi une logique. Un objectif.
Celui d’accueillir tout le monde. Là où ils se sentiraient au mieux. Chaque réfugié avait apporté sa culture, sa façon de construire et ils s’étaient agglomérés les uns à côté des autres, parfois en regroupant des planètes proches, parfois sans logique particulière.
« Wouah… souffla la voix d’Aidan dans son dos. »
Elle exprimait à voix haute ce que tout le monde devait ressentir. Même Bra avait l’impression que la tension des derniers jours diminuaient lentement dans ses épaules.
« C’est quoi ces tâches vertes, là-bas ? demanda Anik, bien moins impressionné.
- Des cultures. Ils ont de quoi produire assez pour tous ceux qui vivent ici. Et il y a l’air d’y avoir de tout.
- Ils doivent avoir des moteurs de gravité artificiels un peu partout, c’est incroyable, souffla Akkilae.
- Il doit y avoir des dizaines de milliers d’habitants, des centaines de milliers peut-être… compléta la jeune terrienne. »
Et ils venaient à peine d’arriver. L’astéroïde, gigantesque, pouvait bien être peuplée jusqu’à son coeur. Des millions d’âmes pourraient se partager cet endroit. Ils avaient construits un refuge magnifique tout en parvenant à échapper aux griffes de l’Empire.
Bra s’arracha à sa contemplation pour revenir vers l’officier des communications.
« Toujours rien ?
- Juste des coordonnées. Nous gardons le cap sur elle ?
- Oui, merci. »
L’énergie de Bojack était bien là. De plus en plus proche. Il l’attendait, c’était certain. Bra continuait pourtant de cacher sa force, sans trop savoir ce qu’elle risquait.
« Vous resterez ici. Je vais lui parler seule.
- Sérieusement ? hoqueta le lézard.
- Très sérieusement, vous avez vu ce que Bido pouvait faire ? Je ne vais pas risquer vos vies comme ça. Et puis, j’ai une autre mission, très importante, pour vous deux. »
Les deux membres du commando se jetèrent un regard. Bra ne savait pas encore comment parler à Anik, mais Aidan était déjà convaincue. Elle fit un sourire au lézard, qui haussa les épaules avant de croiser les bras.
« Bido par contre… Je t’emmène ?
- Bien sûr. »
Ce dernier avait haussé un sourcil, une grimace contrarié aux lèvres. Elle chercha aussitôt à le rassurer.
« Je voulais juste savoir comment tu te sentais, par rapport à Bojack. Je préférerais que tu vienne mais je ne veux pas te forcer à…
- Je viens. »
Il n’avait pas l’air d’humeur à parler, alors Bra se retourna vers son équipe, prête à reprendre son débat avec Anik. Elle sursauta en découvrant Aidan, à moins d’un mètre d’elle.
« Tu va y aller comme ça ?
- Comment ça ? Seule, bien sûr.
- Non, avec cette tenue ? »
Bra baissa les yeux sur sa tenue de combat et sur l’armure fissurée qui protégeait son torse. Elle s’attendait au pire.
« Je ne vois pas le problème.
- Pas très officiel, tu ne trouves pas ?
- Il n’y a rien d’officiel pour moi dans ce vaisseau.
- Non mais on peut te trouver quelque chose, je pense. Une armure impériale, une cape.... Un truc plus officiel. »
Ce n’est qu’en voyant le sourire de la jeune femme que Bra comprit qu’elle la menait en bateau. Elle roula des yeux, mais sans pouvoir s’empêcher de rire à son tour. C’était des moments trop rares depuis quelques temps.
« Rien d’officiel, merci. Par contre, je veux bien que tu m’amènes deux scouteurs de plus. On reste en contact. »
* *
*
Ce n’était pas un nihilien.
Doyal mit un temps à la reconnaître, mais la silhouette aux cheveux lavandes qui descendit du vaisseau amiral était un symbole dans l’Empire des Cold. Bra Brief. La terrienne, ou la saïyenne, qui avait tenu tête à Kalta, et qui avait participé à la mort de Cell. Le fleuron de la Rébellion.
Qu’est-ce qu’elle venait faire ici ?Doyal était descendu avec Gokua pour la recevoir sur la plus grande piste d'atterrissage que la Cité-Libre avait à offrir. Le Rédemption s’était posé lentement, mais la rampe déployée, la silhouette de la jeune femme était apparu sur les marches. Et puis une autre silhouette, qui inquiéta beaucoup plus Doyal.
Cette haute stature. Cette tenue. Et surtout cette peau bleu. C’était un membre de l’équipe de Bojack.
Bra Brief était vêtue d’une tenue de combat bleuté, avec une armure blanche simple sur le torse. Est-ce qu’ils étaient venus pour combattre Bojack ? Ou pour se battre pour Bojack ? Il ne comprenait plus rien.
« Hey ! s’enthousiasma soudain la jeune femme. Gokua c’est ça ? Contente de te revoir. »
A ses côtés, Gokua parut pris de court. L’homme paraissait toujours tendu, en tout cas aux yeux de Doyal, mais le ton de Bra ne fit rien pour le calmer. Au contraire, le yardrat vit ses muscles se contracter comme s’il se préparait à un combat.
« Bra, c’est ça ? Content de te… »
Sa phrase s’interrompit quand il aperçut à son tour la silhouette massive derrière la terrienne.
« Bido…
- Hey Gokua. Tout va bien ? »
Il y eut un moment d’hésitation. Le soldat fixait la saïyenne, mais celle-ci se décala simplement pour laisser passer le dénommé Bido. Cela sembla convaincre Gokua. Il franchit les derniers pas qui le séparaient de son collègue et chacun attrapa le coude de l’autre dans sa main, avant de poser leurs front l’un contre l’autre.
« Content de te revoir.
- Vous vous en sortez sans moi ?
- Ah ah ! On survit. Tout s’est bien passé ? Tu es bien traité ?
- Réveillé un peu tard mais depuis j’ai pas à me plaindre. »
Sans un mot, Gokua tourna les yeux vers Bra et il l’observa de haut en bas.
« J’avais promis. Les évènements ont été un peu plus… complexes que prévu mais il va bien.
- Merci.
- Votre patron veut me parler ?
- Je ne sais pas si c’est vous qu’il attendait mais… oui. Venez. »
Jusque là, Doyal avait suivit la conversation. Il essayait de lire dans leurs attitudes ce qui allait se passer. Bojack avait déjà prouvé sa puissance destructrice. Bra Brief devait être dans la même catégorie. Si les choses devaient dégénérer, il voulait le voir venir et s’y préparer.
Soudain, les iris bleutés de la terrienne retombèrent sur lui. Elle s’inclina poliment.
« Bonjour.
- Oh, ouais. Lui c’est Dokal.
- Doyal.
- Voilà, oui. Il nous a servi de guide.
- C’est une magnifique cité. Je suis désolée de la découvrir dans ces circonstances. Est-ce que vous allez bien ? »
Le compliment, comme la douceur dans la voix, prit le yardrat par surprise. Si bien qu’il resta sans voix quelques instants.
« Je… Je pourrais aller mieux. Bojack vous attend. »
Goku se dirigeaient déjà vers l’ascenseur. Il accéléra le pas pour passer juste derrière le dénommé Bido.
L’ascension se fit dans un silence gênant.
* *
*
Quand un combat risquait d’arriver, il était important de rester attentif à son environnement.
Bra ne se souvenait plus de qui lui avait donné ce conseil. Maître Karine, pensait-elle, mais sans pouvoir en être sûre. Cela aurait tout aussi bien pû être Ades. Non, ce devait être le chat. Elle se souvenait d’un ton doux. Il avait eu raison bien sûr, mais c’était plus facile à dire qu’à faire dans certaines circonstances.
Le grand ascenseur qui menait jusqu’à Bojack était vitré, offrant une vue imprenable sur l’astéroïde et la cité qui s’y était installé. Elle essayait de se concentrer sur Bido et Gokua, derrière elle, mais c’était impossible. Le paysage était trop imposant. Et il y avait, en plus de tout ça, la puissance de Bojack qui saturait l’air de la Cité-Libre. Rares étaient les créatures à atteindre un tel niveau. En d’autres temps, il aurait été un monstre inégalable. A moins que les anciens temps de cette Galaxie aient été peuplés d’individu aussi forts que lui… Mais ce n’était pas ce que Bido avait raconté.
L’ascenseur dépassa une certaine hauteur et d’un seul coup l’horizon s’ouvrit devant elle. Le quartier dans lequel ils se trouvaient était un assemblage de bâtiments, tous dressés vers le ciel aussi haut que possible. Ils venaient de dépasser le plus gros d’entre eux. Et c’est à ce niveau qu’on notait vraiment leur diversité. Certains terminaient en pointes, d’autres en dômes qui rappelaient l’architecture terrestre, d’autres encore se recourbaient avec la hauteur pour rejoindre un autre gratte-ciel et s’y lier. Ils formaient tous une canopée étrange mais qui devait être familière et rassurante pour les habitants. Il y avait même des ponts qui reliaient certains buildings à des hauteurs invraisemblables.
C’est en notant ces ponts que Bra remarqua deux choses. D’abord, il n’y avait pas âme qui vive sur ces ponts. Et ensuite, l’un d’entre eux était brisé. Deux morceaux penchaient toujours l’un vers l’autre, comme des mains incapables de se joindre. Le métal était tordu, mais aussi brûlé. Bra pencha la tête et scruta plus loin dans la cité. Là-bas, entre deux immenses gratte-ciel, un cratère déchirait la surface.
Récent.« Qu’est-ce qui s’est passé, ici ? demanda-t-elle sans fard à Gokua, mais aussi au vieux yardrat qu’il avait emmené avec eux.
- Démonstration de Bojack. »
Gokua avait répondu sans la moindre hésitation. Elle cacha une grimace et détourna la tête.
Bojack. Elle espérait pouvoir lui parler sans que ça ne dégénère comme sur leur vaisseau, mais plus elle en entendait de lui, moins elle se sentait capable de garder son calme. Il semblait odieux, avec son équipe et avec tous les gens qui l’entouraient. Depuis quand était-il comme ça exactement ? Pourquoi est-ce que Gokua et son groupe continuaient de le suivre ?
Lentement, Bra se tourna vers le guerrier aux cheveux oranges, et scruta ses yeux. Elle ouvrit la bouche, mais le chuintement de l’ascenseur l’interrompit.
« Ah ! Vous voilà enfin ! l’accueillit une voix puissante et grave. »
Dans une large salle circulaire, une dizaine de sièges formaient un conseil, mais seuls deux étaient occupés. L’un était dressé sur une plateforme faite de morceaux de métal précieux et c’est là que reposait Bojack. Il portait la même tenue qu’à leur première rencontre, mais sans rien pour retenir ses longs cheveux oranges. A côté de lui, un peu plus bas, une femme était affalé sur un autre siège, pied sur un accoudoir et dos reposant contre l’autre, ses boucles orangés paraissaient flotter derrière elle. Zangya, sans doute. Elle ne leur accorda pas un regard.
« Bido ! s’exclama encore Bojack en les voyant entrer. Tu n’es pas si faible que ça alors. Ou alors nos cher amis ont eu pitié ? »
Cela fit réagir la guerrière qui se retourna d’un coup et pivota dans son siège pour se tenir droite.
« Salut Bojack. Zangya. Où est Bujin ?
- Plus tard, si tu veux bien. Les adultes doivent parler d’abord. »
Les traits de Bido s’affaissèrent immédiatement, mais il ne répondit rien. Pire, il opina docilement de la tête et se laissa emmené par Gokua, pour laisser Bra au centre de la salle, face à Bojack. Le petit yardrat était derrière, ses énormes yeux regardant autour de lui à la recherche d’un endroit où se mettre.
« Je me suis un peu renseigné sur le temps qu’on a manqué, commença Bojack. Je m’attendais à voir le fameux “Empereur” se pointer. »
Manifestement, il voulait commencer par une conversation. C’était toujours ça, même si le ton du pirate puait l’impertinence. Bra faillit sourire en s’imaginant la réaction de Kalta si c’était lui qui était arrivé ici. La pointe de tristesse qui la saisit étouffa son amusement dans l’oeuf.
« Kalta est mort.
- C’est ce que j’ai entendu. On débarque au bon moment ! »
Il riait. Elle avait envie de le tuer. Ou en tout cas de lui rabattre le caquet. Et elle en avait le pouvoir. Il suffirait de frapper assez vite et assez fort. Bra serra les poings.
« Si vous imaginez pouvoir prendre sa place, vous n’avez…
- Oh non ! Jamais, je ne suis pas un idiot.
- Quoi ? »
Avec tout ce qu’elle avait entendu, c’est honnêtement ce qu’elle imaginait de l’homme. Un conquérant en devenir. Mais il semblait sincèrement insulté par l’idée. Il s’était même redressé sur son trône improvisé.
« Tu crois que je m’intéresse à ça ? Non, je ne voulais rencontrer l’Empereur parce que j’adore écraser les idiots qui se croient au-dessus de moi. On m’a dit qu’il n’y avait pas mieux… à part peut-être toi. »
Les lèvres de Bojack se déchirèrent en un sourire trop enthousiaste. Elle sentit un frisson parcourir son dos.
« Et cette Cité ? Vous vouliez attirer son attention avec ça ?
- Non, j’avais juste besoin d’une nouvelle base d’opération, rit-il. Ces idiots ont été les premiers à répondre à notre appel de détresse.
- Ils ne veulent pas de vous ici.
- Et alors ?
- Je vais vous faire partir. »
Loin de l’effrayer, Bojack semblait la trouver amusante. Il se fendit d’un grand rire, avant de se dresser sur son siège.
« Pour qui travailles-tu exactement, petite ?
- Je ne travaille pour personne.
- Mensonge. »
Il bondit brusquement de son siège et atterrit souplement juste devant elle. Son long manteau claqua dans son dos. De près, c’était une guerrier massif, aux épaules et bras puissants. Bras qu’il croisa sur son torse. Il devait faire deux tête de plus qu’elle et ne se gêna pas pour la toiser.
« Tu bosses pour cet Empire. Et je sais que tout le monde ne veut pas en faire partie non plus.
- Les choses changent.
- C’est ça oui. »
Il sourit, mais semblait aussi hésiter. Une flamme dans les yeux bleutés la toisa un moment.
« J’ai fais la même erreur que toi, tu sais. Il y a longtemps.
- Pardon ?
- Je bossais pour un pseudo-Empire. Je croyais que je faisais ça pour le bien de tous. J’ai même accepté de bosser avec des rebuts pour ça. Combien de temps j’ai perdu à leur confier ma force, mes talents, mon temps… Pour des tyrans de pacotille qui ne cherchaient qu’à s’approprier la force des autres. »
Bra n’osa pas répondre. Il y avait quelque chose dans le ton de Bojack qui la prit de court. Une sincérité qu’elle ne s’attendait pas à recevoir ainsi.
« Tu sais quelle est la vérité, petite ? demanda-t-il en se penchant sur elle. L’univers, c’est chacun pour soi. Quand tu es fort, tu peux prendre tout ce que tu veux. Personne ne t’en empêchera. Et ceux qui construisent un gouvernement pour justifier leur hiérarchie sont des faibles. Ton Kalta, son père et son grand-père avant lui.
- Qu’est-ce que tu racontes ? Je ne vois pas le…
- Je te laisse une chance, petite. Tu me parais forte et pas complètement idiote. Tu pourrais partir d’ici et vivre ta vie en paix, l’univers est grand. Tu pourrais même nous rejoindre si un peu d’action et beaucoup de fun te plaisent. Si ton copain avait été là, je l’aurais tué pour l’empêcher de se mettre en travers de ton chemin, mais tu n’es pas lui. Tu as été manipulé, comme tant d’autres avant toi. »
Ses yeux brillaient maintenant. Son ton était redevenu calme mais sa mâchoire était serrée. Violemment. Bra pouvait sentir les muscles lutter pour qu’il garde son calme. Et derrière lui, sa troupe s’était redressée, tendus eux aussi.
« Bojack… Je ne sais pas ce qui vous est arrivé, mais vous n’êtes pas obligé de commencer votre seconde chance avec un conflit. Je ne suis pas là pour vous forcer à rejoindre qui que ce soit, et ça vaut pour la Cité-Libre aussi. Mais vous n’avez rien à faire ici.
- Je prends ce que je veux.
- Je ne peux pas vous laisser faire ça. »
A mesure qu’ils discutaient, Bojack s’était penché un peu plus. Il projetait maintenant son ombre tout autour de Bra. Elle ne broncha pas.
Il haussa les épaules.
« Comme tu veux. Je garde ce coin. Les gens sont sympas. Et je crois que les dieux hésiteront avant de m’enfermer avec eux. »
Bra hoqueta. Elle avait questionné Bido à ce sujet. Selon lui, c’était des dieux, les kaïos, qui avaient enfermés Bojack et sa bande dans le soleil, avec leur base spatial. Mais ici, des milliers de personnes partageaient l’astéroïde avec lui. C’est pour ça qu’il s’était installé ici ?
« Je vous avais prévenu. »
Bra prit une inspiration et l’air autour d’elle se réchauffa doucement. Un vent léger se leva le long de son corps, ses cheveux s’élevèrent dans les airs. Et puis, brutalement, une aura dorée l’entoura et éclaira toute la salle. Bojack recula d’un bond, mais il affichait un immense sourire.
« Enfin ! gronda-t-il. »
Le pirate attrapa son long manteau et le fit glisser de ses épaules.
« Attends. Avant qu’on commence, on devrait renvoyer ceux qui ne sont pas concernés. »
Bojack fronça les sourcils, sans comprendre de qui elle parlait. Ce n’est qu’en suivant son regard qu’il vit le yardrat et sembla se rappeler sa présence.
« Pfft. Si ça te fait plaisir de te donner le beau rôle. »
Bra fit de son mieux pour cacher son sourire et elle se retourna aussitôt vers le yardrat. Il paraissait terrifiée. Elle n’avait pas le temps de le rassurer. En une seconde, elle fut devant lui et attrapa ses deux mains, serrant entre les siennes.
« Je vous assure que je ne veux aucun mal à votre Cité. Je vais faire mon possible pour la sauvegarder, elle et ses habitants. Je compte sur vous. Prenez l’ascenseur. Vite. »
Il n’avait pas besoin de plus. En deux secondes, il fut dans l’ascenseur et appuyait frénétiquement tous les boutons. Bra sourit, mais resta à le regarder quelques instants. Elle voulait qu’il soit loin avant que le combat ne commence.
Une explosion retentit derrière elle. L’espace d’une seconde, elle craint que Bojack ne lui donne tort, mais il avait simplement accompli sa transformation.
Son long manteau flottait encore derrière lui, battu par les vents que l’aura du guerrier projetait autour de lui. Ses muscles verts étaient disproportionnés, sa chevelure rouge tout aussi battue par les vents.
« Prête, petite ? »
Elle l’avait déjà combattu. Il ne l’impressionnait plus. Elle se contenta de faire exploser son énergie à son tour, parant son aura de multiples petits éclairs. Peut-être que se dépenser un peu allait lui faire du bien.
Bojack tendait la main, une sphère verte y apparaissant déjà, mais il n’attaquait pas. Bra pouvait sentir l’énergie se concentrer, encore et encore, dans le kikoha monstrueux.
« Si tu prends tout ton temps comme ça, je peux esquiver de tous les côtés, tu sais ?
- Toi, oui, répondit Bojack. Mais tu as pensé à eux ? »
Bra fronça les sourcils. Derrière elle, il n’y avait qu’un ascenseur et un mur, rien de dangereux. Mais le rayon n’allait pas se perdre à l’horizon une fois sorti du bâtiment. Il ne pouvait pas continuer jusqu’à quitter la planète. Ils n’étaient pas sur une planète. Ils étaient dans un astéroïde. Aux parois tapissés de bâtiment.
Bra écarquilla les yeux. Bojack libéra son énergie en un unique rayon incroyablement puissant.
Sans autre choix, la saïyenne croisa les avant-bras devant elle et encaissa.
Le choc pulvérisa toute la salle et les étages supérieurs du bâtiment.