Bibidi : les origines du mal

Merci RMR ! J'avoue m'être fait moi même plaisir, car je voulais retranscrire ce passage de l'animé à ma façon, en y ajoutant mes idées. Et puis ça permet aux lecteurs de ne pas être dans le flou, et de se faire une image précise de ce que je veux raconter dans le chapitre.
EDIT : Ajout des chapitres supprimés
Chapitre 1 : L'inconnu
La pénombre dominait l’horizon. On ne percevait presque rien à travers ce paysage sombre, comme si les ténèbres étaient venues s’y installer. Le ciel était de couleur violacé, et des éclairs côtoyant les nuages se faisaient un plaisir de le fendre, ce ciel lourd et instable. On pouvait néanmoins distinguer un relief montagneux et très abimé. Une sorte d’arche baignant ses pieds dans un océan infini.
Quelqu’un scrutait l’extérieur à travers une ouverture visible sur une de ces montagnes, grise et ternie. L’individu était de petite taille, on avait l’impression qu’une petite souris venait de sortir de sa cachette. Mais le bonhomme était beaucoup moins mignon. De petite taille, c'est-à-dire avoisinant le mètre, pas plus, il était vêtu d’une sorte de cape orange, partant d’au dessus de sa tête, et touchant presque le sol. Une tunique bleu foncée recouvrait son corps ainsi que son cou qu’on ne distinguait pas. Sa tête était ornée d’un couvre chef bleu marine proche du noir, de la forme d’un bol, rendant sa tête bien ronde. La lettre M était inscrite devant, en blanc, d’un style d’écriture ressemblant à de la calligraphie. Son visage, d’une couleur verdâtre peu joviale, était constitué d’antennes, une de chaque côté de sa bouche, qui partaient vers le bas. Le reste de son visage n’était pas très charmant. Ses deux yeux globuleux ressortaient énormément, étant donné que la partie de ce visage qui n’était pas caché par son espèce de bonnet était plutôt aplati. En réalité, son front et ses oreilles étaient camouflés, l’un par le fameux bonnet, les deux autres par la cape qui formait des plis. Entre ses yeux, un nez plutôt discret par rapport aux globes oculaires venait compléter tout cela. Et enfin, un léger sourire venait rendre l’ensemble moins horrible.
L’individu se tenait droit, ses petits bras verts cachés dans le dos. De profil, on remarquait une bosse au niveau du ventre, avec une épaisse ceinture noire accompagnée d’un imposant bouton jaune en guise d’ouverture et de fermeture. Sa tunique tombante laissait apparaitre de petites chaussures grises, qui n’avaient rien de particulier. Pour le moment, il ne disait rien, et se contentait de sourire gentiment, comme si il attendait quelque chose.
Il resta quelques minutes à scruter l’horizon, puis se retourna vers l’obscurité, jusqu’à ne plus rien voir de sa petite personne.
Le bonhomme vert qui n’avait rien du tout d’humain marchait tranquillement dans ce couloir rocheux quasiment dépourvu de lumière. Il s’arrêta, et face à lui une porte massive était fermée. Malgré le manque de luminosité, elle semblait lisse et lustrée. Faite d’un métal noir élégant, elle mesurait environ deux mètres de hauteur, sur un peu plus d’un mètre de largeur. Elle s’ouvra, sous la pression de ses mains.
Curieusement, l’intérieur n’avait rien d’une caverne. On ne voyait plus de roches autour de ce qui semblait être la demeure de cette étrange personne. Les murs étaient faits de la même matière que la porte. Pourtant, le tout se situait à l’intérieur d’une montagne, bien conservé à l’abri d’éventuels regards indiscrets. La grande salle principale où notre personnage se trouvait n’était pas bien remplie. A vrai dire, il y avait plusieurs tables, avec un grand nombre de livres posés aléatoirement dessus, et complètement désordonnés. A côté d’une de ces tables, une étagère presque vide était disposée. Il alla directement vers cette étagère, et attrapa un cahier poussiéreux sur la deuxième étagère, la dernière qui n’était pas trop grande pour lui. Il fit tomber au passage quelques autres cahiers, quand soudain il prononça quelques mots : « Pff, l’heure n’est pas au rangement. Je vais avoir beaucoup de travail ces prochaines ... ». Il eut un moment d’hésitation et reprit : « ces prochaines années je présume, voire plus. »
Il se posa à la table la plus proche en prenant une chaise, fabriquée d’un vieux bois grinçant, tout comme la présente table. Il fit un peu de place pour y poser son cahier, puis l’ouvra. Le cahier était vierge, mais le papier était jauni. A sa droite se trouvait un pot rempli d’une substance noire et graisseuse. L’inconnu y plongea son doigt, muni d’un ongle également noir, pointu et long, le posa sur la première page, laissant quelques gouttes couler au passage, et se concentra. Pendant la rédaction de ce paragraphe, l’ongle de Bibidi brillait étrangement d’un rose fluorescent. En effet, en touchant la feuille imprégnée de ce liquide, la magie s’activait. En exerçant une simple pression sur le papier, Bibidi n’avait plus qu’à penser à ce qu’il voulait inscrire et cela se faisait automatiquement. Une sorte de potion magique bien efficace, permet de retranscrire ses pensées sans effort et avec une rapidité impressionnante désormais expliquée. Une fois le texte achevé, les caractères redevinrent noirs.
En quelques secondes, les mots suivants étaient lisibles.
« Jour zéro, étape de fabrication.
Ce soir même, après avoir rassemblé les composants et ingrédients nécessaires, je vais commencer la fabrication de ce qu’on appellera dans le futur, la créature la plus puissante que l’univers ait jamais connu. Je laisserai une trace écrite chaque jour dans ce cahier qui fera office de rapport. Il servira également de point de retour en cas d’évènement imprévu.
Bibidi, Madôshi »
A présent, son nom était connu : Bibidi. Une dénomination à tendance humoristique, bien que le court texte qu’il venait d’écrire laissait penser le contraire.
Chapitre 2 : La planète des Madôshis
Dans un infime recoin de l’univers, se trouvait une planète, qui ne représentait rien dans cette immensité. Elle faisait partie des astres les moins grands et les moins visibles. Constamment enveloppé d’un voile foncé, il ne faisait pas bon y vivre. En effet, le soleil avait très peu d’impact, et le ciel ne laissait pas beaucoup d’occasions de faire parvenir des rayons de chaleur. Il y avait néanmoins beaucoup d’eau, d’une profondeur difficile à mesurer. Des pics rocheux en ressortaient, certains prenant la forme d’une arche, et visiblement aménagés par les habitants, car on y voyait de nombreuses petites ouvertures laissant sortir des lumières de diverses couleurs. Pour résumer, cet endroit était relativement peu accueillant.
L’individu frêle à présent connu sous le nom de Bibidi, vivait dans un de ses pics depuis sa naissance sur cette planète. On ne sait rien de ses parents, disparus à ce jour. N’ayant pas encore atteint le stade de ce qu’on peut appeler la vieillesse, il était pourtant âgé d’environ un million cinq cent mille ans, ce que beaucoup qualifieraient d’une éternité. Mais pas sur sa planète natale en tout cas. Malgré le fait que personne n’était aussi âgé que lui, la moyenne d’âge des autochtones avait été estimée à un million trois cent mille ans. Mais au fait, quels genres de créatures pouvaient bien vivre aussi longtemps ? Et aussi, étaient-ils tous de la même trempe que cet être si particulier qu’est Bibidi ?
Les Madôshis, c’est comme cela qu’ils s’appelaient, étaient tous élevés dans l’univers au rang de sorciers. Le terme « Madôshi » a été choisi pour désigner ces êtres pratiquant la magie à un niveau incomparable, et aux objectifs peu angéliques. Cependant, il existait peu de représentants : seulement un millier de sorciers Madôshis ont vécu depuis le commencement de l’univers, et à peine la moitié vivaient encore actuellement en même temps que Bibidi. Il est clair que cette génération finira un jour par s’éteindre.
Physiquement, ils n’avaient pas beaucoup de similitudes. Mis à part leur relative laideur, ils n’étaient pas prédisposés à une certaine taille, un poids conventionnel ou une apparence précise. Tout comme leurs pouvoirs, qui tendaient à se développer de manière très différente, et dont l’étendue ne semblait avoir aucune limite. En revanche, ils avaient tous en eux une réticence a la sympathie, et ils étaient persuadés que leur magie ferait plier n’importe qui. Après tout, comme dans chaque peuple, il y avait des courageux et des peureux, des sadiques qui s’opposaient à ceux favorisant la pitié. Chaque sorcier développait sa magie à sa guise, en tenant compte uniquement de ses propres intérêts. Heureusement pour le reste de l’univers, qui n’était guère surpeuplé à cette époque, les Madôshis n’étaient pas assez nombreux pour entreprendre une quelconque domination générale. Tout simplement car des instances supérieures dont ils soupçonnaient à peine l’existence surveillaient la totalité de l’univers, et elles étaient encore loin d’être en danger.
Dispensés de toutes futilités, leur planète n’a pas de nom spécifique, leur langage non plus. Tout ce qui rapporte aux Madôshi s’appellera également Madôshi. Les symboles qui constituent leur langage sont utilisés par toute la population, on peut dire qu’il s’agit de la seule similitude parmi eux. Finalement, ils n’étaient pas enrichis culturellement.
Sur cette planète, il n’existe aucune unicité. Chacun essaye de s’isoler comme il le peut, et suit son destin à sa manière. Bibidi a maintenant décidé de créer ce qui deviendra par la suite la plus puissante des entités, et bien soit. Personne ne va l’en empêcher. Et pas question de remettre en cause cet acte, pour eux rien ne doit leur être dicté. Ils connaissent l’existence de divinités dont ils ont eu des descriptions floues, mais n’accepteront jamais leur supériorité, en particulier Bibidi. Voila ce qu’il faut savoir pour le moment concernant ces personnes si particulières.
Chapitre 3 : Ça va chauffer ! L'avancement d'un projet machiavélique
Les horribles objectifs de Bibidi avaient du mal à se concrétiser. Il se rendait compte qu’il était très difficile de concilier résistance, puissance, et obéissante dans un seul et même être artificiel. Cela relevait presque de l’impossible. Le sorcier avait tout d’abord rassemblé des tonnes d’ingrédients, mesurant minutieusement la quantité nécessaire pour chacun d’entre eux. On y trouvait des produits aux noms imprononçables, ainsi que des morceaux de corps, directement cueillis sur des cadavres jugés intéressants. En effet, il souhaitait rattacher à son futur monstre, tous les pouvoirs potentiellement dangereux qu’il trouverait, afin de le rendre parfait. C’est ainsi qu’il consacra le reste de sa vie à former ce qui sera l’essence même de la créature démoniaque.
La salle consacrée à la fabrication était immense, on se demandait comment un sorcier aussi insignifiant pouvait y vivre des milliers d’années. Elle comportait de nombreuses cuves, chacune d’entre elles étant au moins 10 fois plus grande que le Madôshi. A l’intérieur, résidait une sorte de matière gluante, en constante rotation, à la manière d’une pâte rigoureusement travaillée. Ces cuves servaient à rassembler des ingrédients spécifiques, qui devaient probablement entrer une symbiose pour aboutir à un mélange convenable.
« On peut dire que tu m’en as donné du travail, et c’est loin d’être fini ! » pensa Bibidi. J’ai foulé le sol de tant de planètes, afin de dénicher les matières les plus résistantes qui soit, saupoudrez le tout d’un soupçon de magie et le tour est joué ! Hi hi hi !» Le rire du petit sorcier était particulièrement ridicule. Celui-ci résonnait dans ce pseudo laboratoire qu’on oserait appeler l’antichambre de l’enfer.
Il eut soudain une envie irrésistible de bailler. Cependant il n’avait pas le temps de dormir, car il était forcé de surveiller l’état de ses mixtures géantes. Il se versa une goutte de liquide rose dans chaque œil, ce qui semblait lui donner un regain d’énergie. Cette surexcitation n’était pas belle à voir.
Plus tard, Bibidi inscrivit dans son cahier :
« Jour 1000, étape de fabrication.
Le mélange prend peu à peu forme. Il s’alimente de plus en plus de Ki et de magie. Pour l’instant, aucun rejet de pouvoir n’est constaté. »
Déjà mille jours qu’il avait entrepris ce désir de collecte. Ce petit millier de journées était assez obsolète pour un Madôshi. Bibidi était tellement aveuglé par son désir qu’il se trouvait quotidiennement en situation de quasi transe, face à ses tas de boue rose qui s’ondulaient. La notion du temps lui importait peu, et il faut dire qu’à son âge, il en oublierait qu’un jour la mort viendra le chercher.
Il prit néanmoins un peu de temps pour sortir, pour voir si quelque chose pouvait animer cette malheureuse routine. Il sorti par un recoin en bas d’une petite montagne, au bord de l’eau. Le sommet était jonché de fenêtres transparentes qui laissaient imaginer un réseau de cheminement à travers les reliefs. Bibidi prit alors son envol, les bras croisés, et alla faire un tour quelques sommets plus loin, lorsqu’il croisa un autre Madôshi. Celui-ci l’aborda tout de suite :
«Voila des années que je ne t’avais pas vu. Tu as décidé de quitter ta misérable vie et enfin quitter ta grotte ? »
«Est-ce que tu vois une grotte quelque part, magicien de pacotille ?! Mêle-toi de tes affaires, je ne t’ai rien demandé ! Décidément, ce monde me dégoûte, et vous vous en mordrez les doigts !» répliqua Bibidi d’un ton aggressif.
«Tu as raison. Je ne sais pas ce que tu manigances, mais tu es toujours aussi aimable dis donc. Tu es pourtant bien placé pour savoir que sur cette planète, il faut peser ses mots, au risque de subir un accident. Je te rappelle qu’ici, la loi est simple : chasser, ou bien être chassé.»
Les règlements de compte étaient fréquents entre Madôshis, car beaucoup d’entre eux ne pouvaient pas s’entendre. Une concurrence rude entre des magiciens toujours plus dangereux. Et ce sorcier, un peu plus grand que Bibidi mais avec un visage très gris, n’échappait pas à la règle.
«Tes menaces ne me font ni chaud ni froid. Mais pas de soucis ! A vrai dire, je te présenterai un ami à moi dans quelques temps. Je te demanderai simplement de ne pas détruire ma montagne, par pitié mon grand Mamôdoh, répondit ironiquement Bibidi.
Au même moment, une explosion se ressentit derrière eux.
Chapitre 4 : Une accélération inattendue ! Il vous tuera tous
Un dégagement puissant de vapeur rose s’échappa de la demeure de Bibidi. Les deux sorciers foncèrent alors dans cette direction, enveloppés d’une aura transparente traduisant la vitesse de leur déplacement. En quelques secondes, ils arrivèrent devant la résidence, frappée par un séisme local. Bibidi constata de part une fenêtre que l’incident avait lieu dans son laboratoire. Ils entrèrent à l’intérieur.
La réaction de Bibidi était partagée entre l’effroi et la fierté. La masse gélatineuse rose avait fait céder plusieurs cuves, tel un tsunami dévastant des maisons. Il se contenta de dire à voix basse : « La substance, elle est vivante, ça marche. »
Son acolyte temporaire s’empressa de crier : « C’est quoi ce truc immense ! Ne me dit pas que tu as crée un truc pareil ? Comment est-ce possible, cette chose dégage beaucoup d’énergie ».
Bibidi répondit franchement, en évitant de mentir : « Oui je l’ai crée, mais je ne pensais pas que le processus irait aussi vite ! Il s’agit d’un subtil mélange alimenté par une forte quantité de ma magie...mais...le produit était encore inachevé. Il était sujet à fermentation dans ses cuves.
L’autre sorcier était déjà paniqué : « Merde, mais qu’est ce que tu as donc en tête Bibidi ! »
« Pas de panique, je vais l’arrêter. »
La masse rose se tordait, jusqu’à atteindre dangereusement les deux sorciers. Tel un bras pouvant s’allonger, une mince partie vint s’agripper à Mamôdoh.
« Lâche-moi, créature !! ». Le Madôshi ne se laissa pas faire. Il brandit de longues griffes acérées, rattachées à sa main droite, puis alla les enfoncer directement dans la gélatine qui exerçait son étreinte. De la vapeur apparaissait sur ce bras artificiel, au contact du Ki de Mamôdoh. Puis l’offensive stoppa net. La chose recula, et n’eut pas le temps d’attaquer d’une autre manière, et pour cause. En une fraction de son seconde, Bibidi pointa son doigt vers elle, et prononça : « Pétrification ! ». La vague qui était véritablement en vie se recroquevilla pour s’étaler au sol comme une flaque, sous les yeux ébahis de l’autre sorcier.
« Incroyable ! Il l’a arrêté, avec un seul doigt. Il n’a rien perdu de ses pouvoirs, il reste toujours le meilleur sorcier de cette planète. »
Effectivement, Bibidi était connu pour être le Madôshi le plus talentueux, capable de tuer le chef en un rien de temps s’il le voulait. Mais ce que Mamôdoh ignorait, c’est que Bibidi avait des motivations beaucoup plus grandes.
Mamôdoh reprit son calme : « Alors, tu vas me dire de quoi il s’agissait ? Cette espèce de vague a bien failli me choper. Elle semblait vivante de toute part. J’ai jamais vu un truc pareil. »
Bibidi prit quelques secondes pour réfléchir à sa réponse : « Je vais lui faire un peu peur. Avec un peu de chance, il en parlera autour de lui, mais ce sera déjà trop tard. Hé hé !
Les deux sorciers se regardaient attentivement.
« Tu sais, reprit Bibidi, je suis sûr que même toi tu as déjà eu envie de quitter cette planète macabre, n’est ce pas ? Tout le monde est attiré par l’inconnu. Moi, je prends mes précautions. Je ne compte pas pourrir ici, mais je suis conscient des dangers. L’univers est tellement vaste. Désormais, ce n’est qu’une question de jours, et une fois terminé, ce qui ressemble à une mare de boue actuellement deviendra le plus grand guerrier de tous les temps. Parfait sur tous les points, il exécutera chacun de mes ordres, et surtout, il ne connaitra pas la pitié. »
« Quoi ? J’ai du mal à comprendre. »
« C’est pourtant simple. Je suis déjà le plus fort sur cette planète, ainsi je veux étendre ma force, et c’est ma magie qui va m’y aider. Je veux laisser mon empreinte à jamais dans l’univers. Et j’ai suffisamment attendu ici. Ce que tu as devant toi n’est qu’une larve comparé au résultat final, mais tu le saura bien assez tôt. »
« Et tu crois pouvoir fabriquer la créature ultime sans connaitre le reste de l’univers ! Voyons, sois raisonnable. Tu l’as dit toi-même : l’univers est si vaste. Tes illusions de grandeur te montent à la tête, nabot ! »
« Pff, froussard, il est trop tard pour reculer. Ma créature vous balayera tous, sans exception ! Tu ne peux même pas imaginer tout ce qu’elle peut faire. Et, contrairement à nous, Madôshis, elle n’aura pas besoin d’attendre des centaines de milliers d’années pour se servir de sa force, une force qui dépassera l’entendement ! Il y a bien longtemps que j’attendais ce moment, moi qui ai échafaudé ce plan pendant une éternité. Notre pauvre existence nous a limités à faire des tours de passe-passe, c’est ridicule ! Il n’y a que moi qui l’aie remarqué. Je sais très bien que tu ne me prendras pas au sérieux, quoi que je puisse dire, mais tu n’aura pas le temps de le regretter. Dis-moi Mamôdoh, tu es content, car tu peux transformer les faibles en bonbon ? Et en cela tu te crois fort ? Laisse-moi te dire que tu n’es qu’un idiot. Ha ha ha ! Vous avez tous passé des décennies à vous entrainer, de vulgaires primitifs comme vous ne peuvent comprendre ma façon de pensée. Surtout toi, gros lard ! »
« Enfoiré ! Tu es bien placé pour savoir que mon pouvoir est redoutable !! »
Le Ki de Mamôdoh venait d’augmenter fortement. L’atmosphère pesante était sur le point de céder.
Bibidi avait pris un air méprisant envers le sorcier. « Je suis capable de faire mille fois mieux. »
« Essaye d’abord d’arrêter mon ray... »
Le rayon n’avait pas eu le temps d’apparaitre, alors que Bibidi souriait. Mamôdoh, qui était devenu son adversaire, se tenait la tête de toutes ses forces, et commençait à décoller du sol. Il sentait son crâne céder à la pression énorme envoyée par Bibidi. Il s’agissait d’une forme de télékinésie, technique dont Bibidi était passé maitre. Il déplaçait son ennemi progressivement vers la cuve la plus proche, là ou la masse maléfique avait pris refuge. Celui-ci était complètement paralysé par les pouvoirs qui l’entravaient. Il essaya malgré tout de bouger ses lèvres, mais l’action était impossible.
« Laisse-moi deviner. Tu voudrais me proposer une alliance, pour t’attirer les bénéfices et sauver ta pauvre vie, car en somme, tu sais que j’ai raison. Tu as l’honneur d’être la première victime d’une longue série, il faudra te contenter de cela désolé. »
Bibidi était en extase. Il était déjà supérieur en tous points à ceux de sa race, et en plus il allait bientôt conquérir l’univers grandissant qui se profilait autour de lui. Finalement, toutes ses années lui auront permis de savoir qu’il ne faut pas se reposer sur ses acquis. Le potentiel de ce Madôshi était presque illimité.
Il jeta alors sa cible dans la cuve pleine, le pauvre bougre pouvait désormais bouger, mais sera tout de même englouti par la substance étrange qui avait failli le tuer dix minutes avant.
Les yeux de Bibidi s’illuminèrent de rose. Cette couleur semblait être prédominante quand il se servait de ce Ki. Voila pourquoi sa création était de la même couleur. Quant à Mamôdoh, le son qui se fit entendre indiqua à Bibidi que sa tête avait bel et bien explosée. D’un regard perçant, le petit sorcier vert avait fait de Mamôdoh un petit repas destiné à l’invention démoniaque.
De retour au calme, Bibidi se fit une remarque :
« Me transformer en bonbon hein ? Quelle bonne idée ! Je suis certain que mon petit monstre adorera les bonbons. Merci du coup de main Mamôdoh ! »
Du sang de couleur bleu remontait à la surface de la cuve, ce qui rappela à Bibidi que son monstre en aurait besoin.
« Il va me falloir plus de sang, car je dois lui bâtir un organisme tout entier si je veux qu’il vive pleinement. »
Ce qui laisse supposer bien d’autres victimes dans le futur...
« Jour 1001, étape de fabrication,
Le changement le plus rapide que j’ai observé. Maintenant que les ingrédients de base n’ont plus à être modifiés, je vais pouvoir démarrer la création des organes internes, ainsi que la structure de base. »
Chapitre 5 : La véritable forme ! Majin Boo prend enfin vie
Lors d’une journée ordinaire sur la planète des Madôshis, nous retrouvons Bibidi en plein travail. Une centaine de jours après les évènements qui ont conduit à la mort de Mamôdoh, on constate que l’avancée de Bibidi est incroyable. Qui aurait cru qu’un sorcier pouvait créer une forme de vie authentique comme cela ? Personne sur la planète ne s’en doutait.
« Bien. Sa carcasse est suffisamment solidifiée. Je l’ai soigneusement reliée à des flux continus de sang, qui alimentent eux-mêmes tous les organes. Le cerveau semble opérationnel. Espérons que son réveil se fera de bon augure. »
Ces derniers temps, la population Madôshi avait fortement diminué. Il restait peut être une centaine de sorciers sur la planète, luttant contre une force inconnue qui n’était autre que Bibidi. Il avait au préalable constitué un plan pour agir en toute discrétion, et en manipulant une dizaine d’esprits faibles comme ceux de son peuple, il a pu obtenir assez de sang pour que la matière rose puisse être conservée. Sa faculté de contrôler les gens en agissant directement sur le cerveau était certainement le pouvoir le plus terrifiant de Bibidi, et le plus efficace. Lui, était pensif quelques temps.
« Je sais que j’ai trahi mon peuple, mais c’est la loi du plus fort. Les forts manipulent les faibles, et tant pis pour eux. Ils feront tous plus ou moins partie intégrante de ma créature, de part le sang qui coulera dans ses veines, mais également grâce aux pouvoirs qui lui seront conférées. Je dois vous remercier, camarades Madôshis. »
Bibidi avait agit sans éveiller le moindre soupçon. A vrai dire, un Madôshi ne se souciait que de lui-même, la mort d’un de ses semblables lui importait peu. De toute façon, pour la plupart d’entre eux, la vie n’était guère intéressante. C’est ce que Bibidi avait toujours pensé : « Ils n’ont pas accepté mes ambitions, et bien je serais le seul détenteur du pouvoir, et ça me facilitera les choses. De toute façon, il n’y a que moi qui suis assez fort pour contrôler Majin Boo, mon invention ! »
Majin Boo ? Voila donc le nom de cette créature, dont Bibidi promet un avenir si radieux ? Pas étonnant que Bibidi ait choisi ce nom, car il compare sa créature à un démon.
Le sorcier se concentra, afin de libérer toute la puissance qu’il avait en lui. Ses yeux étaient illuminés de rose et son corps tout entier était contenu dans une sorte de champ d’énergie. On percevait même quelques éclairs autour de ses bras tendus. Il cria : « Je vais te donner la vie ! »
Tout à coup, toutes les parties du corps se mirent à léviter, entourées par une aura rose. La coque rose s’ouvrit pour laisser pénétrer les organes gorgés de sang bleu, puis le tout se ramollit et bougeait dans tous les sens, comme si quelqu’un était en train de le mâcher. Le processus dura plusieurs minutes, et beaucoup d’énergie se faisait sentir à l’intérieur de la salle.
Bibidi semblait souffrir, car il devait se concentrer au maximum, tout en se servant de ses dernières forces. Des gouttes de sueur coulaient sur ce visage. Il articula quelques mots :
« Maintenant, il faut que je fige le corps, pour que tout soit mis en place. Encore un petit effort. »
Le corps était traversé de faisceaux roses. Une lumière incandescente comme il n’avait jamais vu, dans ce monde ou l’obscurité était permanente. On pouvait distinguer des membres qui commençaient à se former. La silhouette entière mincit, et laissait apparaitre une queue implantée sur la forme ronde qui paraissait être une tête. A l’avant, des orbites s’élargissaient pour faire sortir deux yeux crées de toute pièce par Bibidi, qui tentaient de se frayer un chemin parmi le Chewing Gun mouvant. Tout comme la bouche qui forçait le passage, en écartant la masse de couleur rose.
Bibidi était en extase. C’était pour lui comme si son enfant prenait vie. Une naissance qu’il attendait plus que tout au monde. Il avait réussi avec succès une grande étape de son œuvre ultime.
Une terrible onde de choc le fit descendre de son petit nuage. Tout ce qui se trouvait dans les pièces ainsi que les fenêtres furent soufflées. Bibidi ne put se retenir et s’envola avec le reste du décor, terminant sa course violemment contre la roche qui avait tant bien que mal résistée. Après quelques minutes d’inconscience, il fut ébahi par ce qui se trouvait devant ses yeux. Il était là, stoïque, mais semblait vivant. Bibidi ne savait plus trop quoi faire. Il se contenta de demander avec une voix d’ahuri :
« Euh, Majin Boo, tu m’entends ? Tu me vois ? »
Chapitre 6 : Majin Boo, une créature si démoniaque ?
Bibidi fut surpris d’avoir une réponse immédiate, enfin si on peut appeler cela une réponse.
« B..., Boo. » tenta de prononcer le monstre.
« C’est ça. Tu t’appelles Majin Boo et je suis ton maitre, je suis Bibidi ! A partir d’aujourd’hui, tu devras m’écouter et m’obéir. »
Boo le regarda d’un air perdu : « Bi...bi...di ? »
Bibidi ricana : « C’est exactement ce que j’avais prévu. Son cerveau n’est pas idéal pour qu’il s’exprime correctement. En revanche, il aura des capacités d’adaptation exceptionnelles au combat, notamment pour s’approprier des techniques. Sa vitesse de progression sera fulgurante, j’en suis sûr. »
« Descends s’il te plait. Tu vas me suivre. » Lui demanda gentiment le sorcier.
Boo descendit doucement en ayant l’air perturbé. Il ne connaissait pas son corps et ne savait pas comment le contrôler, surtout dans les airs.
« Au moins il a compris ce que je lui ai dit, c’est déjà une bonne chose. »
Bibidi l’emmena dans une autre salle, entièrement vide. Elle était moins grande que le laboratoire, et ne comportait aucune luminosité, mis à part la lumière que la porte ouverte laissait traverser.
« Tu vas rester ici avec moi. Il faut que tu te familiarises avec tes pouvoirs, et que tu apprennes à contrôler ta force. Mais d’abord, tu veux goûter un bonbon ? »
Boo s’approcha, curieux de voir de quoi il s’agissait. Il prit le bonbon en main et le fixa.
« Vas-y, mange le. »
« Manger ? » Boo avait compris qu’il devait le porter à sa bouche. Il l’avala d’un seul coup, puis soudain son expression avait changé. Il commença à rire.
« Visiblement son estomac apprécie les sucreries. Ce sera un excellent moyen de me faire obéir ! Et maintenant montre moi ta force. Il faudrait que tu cries le plus fort possible. Ne t’inquiète pas, nous sommes isolés du reste de l’univers.»
Intérieurement, Bibidi ajouta : « j’ai crée cette salle pour t’entrainer. Elle ne pourra limiter ton Ki, car elle se situe dans une dimension maintenue par moi-même, un peu comme un mini espace. Une petite faille ou tu seras entièrement isolé, et tu ne seras pas repérable de l’extérieur. Ma plus belle invention... avant toi. »
Voyant que Boo restait immobile, le regard vide, Bibidi s’exprima : « Tu veux peut être un coup de main ? ». Le sorcier visa la tête de Boo, puis lui communiqua par télépathie un message lui expliquant de se lâcher à fond, ce qui provoqua une horrible migraine chez la créature.
« AHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!!!!!!!!!! »
Cette fois ci, c’était bon. Majin Boo déploya ses forces inconnues en criant à fond. Les veines prenaient du relief sur l’ensemble de son corps, et on distinguait dans sa gueule béante, sa langue bleue ainsi que des dents acérées. Bibidi était fortement impressionné du résultat. Quelques secondes plus tard, il fit signe à sa créature de s’arrêter, mais Boo voyait les choses autrement, et prit de l’élan pour foncer vers la sortie, en direction de Bibidi.
« Ca suffit, reprend ton calme tout de suite ! »
Boo fut soudain effrayé par son maitre, comme s’il savait de quoi il était capable. Il se calma aussitôt.
« Je vois que tu as fort caractère, mon grand ! »
Le monstre rose gesticulait. Il semblait avoir les bras et les jambes engourdis, et les boguaient rapidement, sans doute pour se sentir plus à l’aise.
Bibidi lui expliqua : « Ne t’inquiètes pas, tu t’y habitueras vite. Ton enveloppe corporelle est très souple et résistante à la fois. Maintenant, place à l’entrainement. Tu resteras dans cette pièce jusqu’à ce que j’en décide autrement. Lorsque tu maitriseras un minimum ce corps, tu seras le meilleur ! »
Chapitre 7 : Un entrainement d'enfer ! Des pouvoirs sans limite
A l’intérieur de la salle noire telle une réplique de l’espace, un rayon de lumière rose émergea et traversa l’immensité de la pièce d’une vitesse fulgurante. La salve s’écrasa contre Boo, qui ne put rester debout.
- Relève-toi vite ! ordonna Bibidi, essoufflé par l’attaque qu’il venait de lancer. Il faut t’endurcir sinon tu ne feras pas le poids face aux ennemis.
Majin Boo se releva sans broncher, son visage était dénué d’expression. Il avait reçu l’attaque de plein fouet dans le dos car on pouvait voir que celui-ci était légèrement brûlé. Mais rapidement, les égratignures s’estompèrent, pour laisser place à un dos rose lisse, composé de petits orifices servant de pores.
Il y avait d’autres pores sur sa tête. Bibidi remarqua plusieurs fois que de la vapeur en sortait, comme des cheminées. Ce phénomène se produisait uniquement lorsque Boo était touché par une force, en l’occurrence celle de son maitre Madôshi.
Le sorcier le constata : - Il évacue de nouveau cette vapeur. J’ai l’impression qu’il le fait pour que sa colère s’échappe. Plutôt ingénieux, cela lui permet de ne pas sombrer dans l’hystérie.
Mais il avait parlé trop vite. Le démon rose fonça à nouveau vers son maitre, comme il tentait à chaque fois afin de prendre le dessus dans cet entrainement, qui était un vrai combat pour lui. Bibidi l’obligeait à attaquer, à se défendre, à se déplacer rapidement, dans le but d’optimiser les pleines capacités de sa créature. Et il sentait qu’il y était presque. Il manquait juste un peu de réactivité, mais sa férocité était inégalable.
Au bout d’un moment, Bibidi commençait à ressentir une certaine frustration, en raison des difficultés que lui causait son rival d’entrainement. De plus, il n’était pas habitué à se battre longtemps à cause de sa magie destructrice qui lui permettait d’écourter les rares affrontements dont il a été contraint. Boo quant à lui ne présentait aucun signe de fatigue, et semblait peu à peu prendre du plaisir lors de la confrontation. Il souriait, et s’élançait sur plusieurs dizaines de mètres, en s’approchant et en s’éloignant à nouveau de son maitre.
Bibidi se concentra, afin de bien distinguer les flux d’énergie provoqués par les mouvements rapides de Boo. Lorsque ce dernier se rapprocha dangereusement, le sorcier lui envoya un rayon qui perfora son ventre rose. Le Majin crachait du sang bleu, et contempla le trou béant qui le traversait. Mais ce n’était pas suffisant pour l’arrêter, et le Madôshi le savait bien. C’était avant tout un test, comme l’ensemble du combat d’ailleurs. Seulement, Boo récupérait beaucoup plus vite que le vieux sorcier. Essoufflé, il observa sa créature, qui récupérait chaque seconde un peu plus de chair, jusqu’à ce que le trou devienne une histoire ancienne. C’en était assez pour aujourd’hui. En effet, Bibidi n’avait plus de forces et il savait que seule sa magie lui procurerait la victoire finale, victoire qu’il ne souhaitait pas, tant il aimait sa création diabolique.
Il se tourna vers la porte de sortie, mais fut interrompu par Boo lui-même. Quelque chose d’étonnant venait de se produire. Le monstre avait crié : - Non ! Te battre !! De l’électricité jaillissait autour de lui.
- Je n’en crois pas mes oreilles, il m’a parlé ! Pourtant je ne lui ai rien appris. Il n’a pas finit de m’étonner, allons tout de suite au rapport, cette journée a été fructueuse en progrès !
Puis il continua doucement, comme pour ne pas éveiller les soupçons : - Et cette journée marque même un tournant dans notre destin, car à présent Boo est prêt à affronter le monde... que dis-je, l’univers tout entier !
Il ricana comme il en avait l’habitude, ayant préalablement pris soin de matérialiser quelques bonbons pour sa créature.
Le cahier était presque terminé. Bibidi y inscrivait quelques mots environ tous les 10 jours, mais on ignorait exactement ce qu’il allait en faire, lui qui ne voulait pas demeurer chez lui. Sur la dernière page toute fraiche, on pouvait désormais y lire :
« Jour 500, étape d’entrainement.
La préparation physique de Majin Boo touche à sa fin. Voila pile 500 jours, que quotidiennement, dans la salle spéciale, il se perfectionne dans ses déplacements, l’utilisation de ses pouvoirs et de sa force. Ce n’est plus la peine d’attendre, à vrai dire j’ai déjà trop attendu. Je suis resté des milliers d’années dans l’ombre de ma planète, de mon peuple reclus, mais nous voila assez fort, moi et mon esclave, pour entreprendre une domination sans partage. »
Il leva ses yeux brillants au plafond, en se flattant lui-même de quelques compliments : « Oh quelle belle œuvre, et tant de magnifiques mots pour la décrire, je m’épate moi-même. »
Nul ne se doutait qu’un petit bonhomme avec un égo aussi surdimensionné existait dans l’univers...
Chapitre 8 : Le grand départ ! Destruction des souvenirs
Bibidi avait songé à se reposer un peu, car il allait bientôt vivre quelque chose d’éprouvant et de très fatiguant pour son âge avancé. Tout était prêt pour quitter la planète ou il avait vécu pendant ces centaines de milliers d’années. Il avait assez de pouvoir pour s’opposer à n’importe qui selon lui, et en avait plus qu’assez de cette existence inintéressante.
Bizarrement, le revêtement de la pièce n’était pas le même que d’habitude. Nous n’étions pas au creux de la montagne rocheuse faisant partie intégrante de la planète Madôshi, mais à l’intérieur d’un gigantesque vaisseau spatial. Cela était vraiment paradoxal, tant la vie dans ce monde semblait primitive. Ce vaisseau était une des formidables inventions parmi tant d’autres de Bibidi. Il était alimenté d’une substance spéciale, différente de celle qui a permis à Boo de naitre, mais tout aussi étonnante. Grâce à cet objet, il allait pouvoir voyager à travers l’univers, pour démarrer sa quête de pouvoir et assouvir sa soif de victoire.
Bibidi se réveilla, devant se mettre au travail pour quitter la planète Madôshi. Il prononça des mots inconnus et incompréhensibles pour fermer la porte du vaisseau, et entrepris de le faire décoller. A travers une grande baie vitrée, il contempla une dernière fois sa demeure.
Arrivé à une altitude acceptable pour lui, il ordonna à son moyen de transport de ne plus bouger. La reconnaissance vocale semblait très performante. Boo quant à lui était placé dans une pièce qui ne semblait pas très grande, à en juger par la porte de petite taille qui se trouvait fermée devant.
- Camarades Madôshis, je dois vous quitter, vous ainsi que cette misérable planète. Merci d’avoir contribué à ma future réussite, mais désormais je n’ai plus besoin de m’attacher à de telles futilités.
Il se retourna et avança vers la porte, petite mais néanmoins plus grande que lui. Grâce à un mouvement rapide de ses mains, la porte se scinda en deux et s’ouvrit. Boo sortit tranquillement de l’obscurité qui remplissait la pièce.
Dans le silence, le sorcier communiqua à son sbire des ordres dictés par télépathie, afin de bien faire comprendre ce qu’il souhaitait.
- Boo, montre-moi ce que tu sais faire en matière de destruction. Cette fois ci, ne te limite pas, tu peux tout faire sauter !
Le monstre fut alors pris par une crise d’adrénaline, que Bibidi amplifiait en lui parlant : - tu peux sortir du vaisseau, allez dépêche toi. Tu verras que le monde extérieur est très intéressant ! On va bien s’amuser ! Mais quand tu auras terminé, reviens vers moi je te prie. Et n’oublies pas, il faut tout détruire !!
Bibidi insista sur le mot « détruire », un mot qui résonna dans la tête de Boo, au point de lui donner des douleurs et de l’agacer fortement.
Lorsque le toit du vaisseau s’ouvrit, Majin Boo s’éleva rapidement dans les airs et regarda la sombre planète Madôshi d’un air moqueur. Il avait semble t-il parfaitement comprit l’ordre simple de son maitre. Il tendit le bras puis écarta ses doigts, pour faire apparaitre une sphère minuscule, de la même couleur que lui, le rose. Apparemment, le Ki de Boo et de Bibidi se manifestait toujours de cette couleur. La sphère grandit jusqu’à atteindre environ la taille de celui qui la maintenait. D’un simple geste la boule s’enfonça dans l’atmosphère ténébreuse de la planète, en prenant progressivement de la vitesse. Au final, elle s’écrasa en emportant les montagnes aux alentours, puis implosa sous la légère impulsion donnée par l’index de Boo, comme s’il voulait désigner ladite boule. La déflagration rongeait la surface de la planète a une vitesse hallucinante, dans un vacarme sans précédant.
Bibidi cria de toutes ses forces : - Reviens tout de suite ou tu vas être pris dans l’explosion !
La créature pris son temps en barbotant dans les airs, tout en sifflotant. Son maitre ne lui avait jamais appris à faire cela, mais Boo semblait y trouver un certain amusement. Et cette nonchalance faisait déjà enrager le Madôshi, qui détestait une chose par-dessus tout : qu’on se moque de lui. Le pauvre n’avait pas été gâté, car en matière de railleries, il y avait de quoi faire.
Pendant ce temps, sur une planète séparée de toutes les galaxies, un jeune individu se détendait, allongé dans un vaste pré. Il se prenait à rêvasser quand il contemplait le ciel bleu parfait, mais quelque chose l’interpella soudainement. Il ressentit brièvement une puissance malfaisante qui ne présageait rien de bon...
Chapitre 9 : Les Aruhuas ? Premier test grandeur nature ! (partie 2)
Boo venait d’être mitraillé de toutes parts. Il n’avait pas réagi et flottait dans les airs, alors que Bibidi n’attendait qu’une chose : que sa créature donne un signe de vie. Aussitôt dit, aussitôt fait, de l’air se rapprochait de chaque trou causé par la fusillade, et la matière rose vint les combler rapidement.
Boo s’éveilla comme si on l’avait sorti d’un long sommeil. Il garda tout d’abord la tête baissée, avant d’émerger et de fixer son futur adversaire avec une hargne terrible. Le grand amphibien redoubla de colère et envoya encore plus de salves et déployant son aura, qui se distinguait nettement. Cependant Boo ne se laissa pas surprendre cette fois-ci. Il s’allongea vers les hauteurs du ciel noir et passa au dessus de tous les missiles. Son ennemi l’observait et attendait le moment opportun pour se rapprocher de Boo. Au moment ou les projectiles explosèrent, le colosse fit l’illusion de disparaitre en s’élançant vers Boo, qui encaissa un coup de poing qu’on pourrait qualifier de supersonique. Le coup avait fait mouche, le défenseur Aruhua avait pu frapper Boo de ses propres mains. Le cou du démon rose avait fait un demi-tour. Il est clair qu’une personne normalement constituée aurait eu la nuque brisée suite à une beigne pareille. Mais ce n’était pas le cas de la créature de Bibidi, qui était élastique à souhait.
- Apparemment, tu ne me connais pas, mais saches que je suis Tritus, chef et plus grand guerrier de cette planète, et avant son fervent défenseur ! Je vengerai tous mes guerriers que tu as tués sans raison !
L’individu ressemblait comme deux gouttes d’eau aux autres défunts Aruhuas, mais il était gigantesque et ne possédait aucune arme à son bras. En revanche, trois longues griffes ornaient ses mains.
Bibidi, toujours à bonne distance, répliqua : - Et alors, on se fiche pas mal de ce que tu représentes ici, de toute façon tu mourras de la même manière, et cette planète sera détruite si je le décide ! D’ailleurs, je vais tout de suite ordonner à mon fidèle servant de t’anéantir. Majin Boo, remue toi au lieu de me faire des frayeurs, je suis au courant que tu n’es pas blessé, ne perdons pas de temps !
Boo ne bougeait pas. On l’entendait juste grommeler dans son coin, la nuque encore retournée.
Le guerrier resta figé face à cette attaque verbale, et répondit calmement : - Toi aussi, tu risques d’y passer d’ici peu. Tu as l’air de tout sauf de son maitre. Je ne sais pas de quoi est fait ce monstre, mais il doit être suffisamment fort pour tuer un nabot dans ton genre. En terminant sa phrase, Tritus avait placé son bras droit en arrière, puis d’un mouvement semblable à un lancer, provoqua trois ondes de choc ayant pris la forme de ses griffes. Majin Boo passa facilement entre en se recroquevillant en boule. Par contre le triangle d’ondes de choc fonçait dangereusement vers Bibidi, qui dut former un puissant bouclier pour ne pas se faire raser par les trois griffes illusoires. Le bouclier éphémère autour du Madôshi avait tenu, mais une fois de plus il l’avait échappé belle et se rendit compte que les risques pouvaient venir de n’ importe où. Sa petite vie allait se retrouver en danger plus d’une fois.
Spontanément, Boo démarra l’offensive face à Tritus. On dirait qu’il avait compris qu’un adversaire pouvait enfin faire pression physiquement. Tritus, ayant anticipé l’arrivée de Boo, se téléporta plus loin. Le Majin fit de même, et toucha son ennemi grâce à un modeste coup de pied dans le dos, qui le fit descendre près du sol. Après un atterrissage en douceur, il fut surpris par le poing de Boo, qui fut presque une réussite. Son bras rose s’était allongé rapidement, mais avait seulement fracassé le sol. Tritus en profita pour saisir ce bras positionné à côté de lui, pour ramener Boo sur la terre ferme. Il arma son autre bras, sortant ses griffes le plus loin possible, de sorte à décapiter l’être rose, qui était tiré malgré lui. D’un bond fulgurant, il relâcha le bras élastique de Boo et porta ses griffes acérées contre la tête du démon. La moitié du visage de Boo fut arrachée, ce qui causa un léger cri de douleur de sa part. Bibidi une fois de plus avait peur pour son monstre, et encore plus pour lui-même.
S’en suit un hurlement beaucoup plus retentissant, qui alarma Tritus. Au même moment ou le visage de Boo se reformait, une lueur rose apparut à l’intérieur de sa bouche. Automatiquement, le guerrier Aruhua se mit en position de défense pour se protéger, et il eut bien raison. Un énorme rayon sorti de la bouche du Majin se propagea vers l’adversaire, soufflant au passage les quelques bâtiments qui tenaient encore debout. Malheureusement, Tritus avait perdu pas mal d’énergie, car il n’avait pas pris l’initiative d’éviter l’attaque, trop étendue. En tenant de se protéger, il avait encaissé le gigantesque kikoha, et il était en position de faiblesse désormais. Incapable de voir Boo derrière lui, il fut assommé par un coup de massue, à savoir les deux poings joints de Boo contre son dos. Tritus fut violemment écrasé au sol, et glissa jusqu’à une énième tour qui s’effondra sur le guerrier mal en point.
Boo, à nouveau en pleine possession de son corps, était sur le point de remporter le duel. Comme il n’avait pas la patience d’attendre le retour de son ennemi blessé, il partit à sa recherche, une centaine de mètres plus loin, sous les décombres. Bibidi préférait suivre le combat de loin, en sécurité : - Ne cherche pas, il doit être mort, avec le coup que tu lui as mis ! Cet imbécile n’a même pas compris ce qui lui arrivait, hé hé !
Soudain, il perdit l’équilibre. Un tremblement de terre gronda sur la planète. Boo en avait détecté la source, car les débris, aussi gros soient-ils, commencèrent à léviter dans les airs. Un morceau partait en direction de Boo, qui le fit exploser d’un coup de tête. Il ricana, et se sentait fier d’avoir un détruit un simple bloc de Katchin. Autant son corps pouvait être souple et fragile, autant il pouvait devenir extrêmement solide quand il se battait. Boo n’était pas un vulgaire élastique rempli de Ki, mais disposait d’un métabolisme complexe et adapté à chaque situation.
Tritus était à nouveau visible. Il était entouré d’une aura verdâtre, bien que sérieusement blessé et marqué par de nombreuses plaies ensanglantées.
- Un être comme toi ne peut pas vivre dans l’univers. Je suis peut être condamné à mourir, mais je ne te laisserai pas commettre d’autres atrocités. D’autres peuples bienfaiteurs méritent de vivre, et tu n’as pas le droit de les éradiquer !
Bibidi se téléporta, ce qui étonna Boo. Son expression intérieure aurait pu se traduire par : - Mais qu’est ce que tu fous ici, laisse moi me battre !
Le sorcier prit la parole : - D’autres peuples ? Je n’en ai que faire, je vise bien plus haut, affirma-t-il d’un air souriant. Des peuples comme le tien sont quelque chose d’obsolète. Les Kaioshins, ça ne te dit rien ?
Stupéfait, Tritus répondit : - Kaioshins ? Tu oses parler des dieux de l’univers ?! Ne t’inquiètes pas, ils vont s’occuper de ton cas, si des guerriers courageux comme moi ont sous estimé ta créature, eux ne se laisseront pas avoir ! Si tu penses que ton Majin Boo est capable de les vaincre, alors tu es encore plus con que tu en as l’air !!
Cette insulte donna une certaine excitation à Bibidi : - Parce que tu en crois pouvoir nous arrêter, dans ton état ?! Et ne te fais pas d’illusions, ces dieux de pacotille sont loin d’être intouchables. Ils passent leur temps à glander tranquillement dans leur havre de paix, et seront complètement perdus lorsque Boo les attaquera. Tout est déjà prévu, l’offensive est prête à être lancée. Pas besoin d’en savoir plus, tu vas disparaitre avec ta planète !
Boo portait un sourire sadique, alors qu’il ne comprenait même pas de quoi son maitre parlait. Tout ce qu’il attendait, c’est d’en finir avec ce combat, pour vite passer à autre chose.
- Des petits arrogants dans ton genre, j’en ai vu plein. Je reconnais que ton monstre est très fort, mais toi tu n’es rien. Tu ne fais que proférer des menaces derrière ta stupide marionnette. Mais maintenant, je vais casser ton joujou et briser tes rêves. Boo ! Si tu me comprends, est ce que tu sais faire ça ?!
EDIT : Ajout des chapitres supprimés
Chapitre 1 : L'inconnu
La pénombre dominait l’horizon. On ne percevait presque rien à travers ce paysage sombre, comme si les ténèbres étaient venues s’y installer. Le ciel était de couleur violacé, et des éclairs côtoyant les nuages se faisaient un plaisir de le fendre, ce ciel lourd et instable. On pouvait néanmoins distinguer un relief montagneux et très abimé. Une sorte d’arche baignant ses pieds dans un océan infini.
Quelqu’un scrutait l’extérieur à travers une ouverture visible sur une de ces montagnes, grise et ternie. L’individu était de petite taille, on avait l’impression qu’une petite souris venait de sortir de sa cachette. Mais le bonhomme était beaucoup moins mignon. De petite taille, c'est-à-dire avoisinant le mètre, pas plus, il était vêtu d’une sorte de cape orange, partant d’au dessus de sa tête, et touchant presque le sol. Une tunique bleu foncée recouvrait son corps ainsi que son cou qu’on ne distinguait pas. Sa tête était ornée d’un couvre chef bleu marine proche du noir, de la forme d’un bol, rendant sa tête bien ronde. La lettre M était inscrite devant, en blanc, d’un style d’écriture ressemblant à de la calligraphie. Son visage, d’une couleur verdâtre peu joviale, était constitué d’antennes, une de chaque côté de sa bouche, qui partaient vers le bas. Le reste de son visage n’était pas très charmant. Ses deux yeux globuleux ressortaient énormément, étant donné que la partie de ce visage qui n’était pas caché par son espèce de bonnet était plutôt aplati. En réalité, son front et ses oreilles étaient camouflés, l’un par le fameux bonnet, les deux autres par la cape qui formait des plis. Entre ses yeux, un nez plutôt discret par rapport aux globes oculaires venait compléter tout cela. Et enfin, un léger sourire venait rendre l’ensemble moins horrible.
L’individu se tenait droit, ses petits bras verts cachés dans le dos. De profil, on remarquait une bosse au niveau du ventre, avec une épaisse ceinture noire accompagnée d’un imposant bouton jaune en guise d’ouverture et de fermeture. Sa tunique tombante laissait apparaitre de petites chaussures grises, qui n’avaient rien de particulier. Pour le moment, il ne disait rien, et se contentait de sourire gentiment, comme si il attendait quelque chose.
Il resta quelques minutes à scruter l’horizon, puis se retourna vers l’obscurité, jusqu’à ne plus rien voir de sa petite personne.
Le bonhomme vert qui n’avait rien du tout d’humain marchait tranquillement dans ce couloir rocheux quasiment dépourvu de lumière. Il s’arrêta, et face à lui une porte massive était fermée. Malgré le manque de luminosité, elle semblait lisse et lustrée. Faite d’un métal noir élégant, elle mesurait environ deux mètres de hauteur, sur un peu plus d’un mètre de largeur. Elle s’ouvra, sous la pression de ses mains.
Curieusement, l’intérieur n’avait rien d’une caverne. On ne voyait plus de roches autour de ce qui semblait être la demeure de cette étrange personne. Les murs étaient faits de la même matière que la porte. Pourtant, le tout se situait à l’intérieur d’une montagne, bien conservé à l’abri d’éventuels regards indiscrets. La grande salle principale où notre personnage se trouvait n’était pas bien remplie. A vrai dire, il y avait plusieurs tables, avec un grand nombre de livres posés aléatoirement dessus, et complètement désordonnés. A côté d’une de ces tables, une étagère presque vide était disposée. Il alla directement vers cette étagère, et attrapa un cahier poussiéreux sur la deuxième étagère, la dernière qui n’était pas trop grande pour lui. Il fit tomber au passage quelques autres cahiers, quand soudain il prononça quelques mots : « Pff, l’heure n’est pas au rangement. Je vais avoir beaucoup de travail ces prochaines ... ». Il eut un moment d’hésitation et reprit : « ces prochaines années je présume, voire plus. »
Il se posa à la table la plus proche en prenant une chaise, fabriquée d’un vieux bois grinçant, tout comme la présente table. Il fit un peu de place pour y poser son cahier, puis l’ouvra. Le cahier était vierge, mais le papier était jauni. A sa droite se trouvait un pot rempli d’une substance noire et graisseuse. L’inconnu y plongea son doigt, muni d’un ongle également noir, pointu et long, le posa sur la première page, laissant quelques gouttes couler au passage, et se concentra. Pendant la rédaction de ce paragraphe, l’ongle de Bibidi brillait étrangement d’un rose fluorescent. En effet, en touchant la feuille imprégnée de ce liquide, la magie s’activait. En exerçant une simple pression sur le papier, Bibidi n’avait plus qu’à penser à ce qu’il voulait inscrire et cela se faisait automatiquement. Une sorte de potion magique bien efficace, permet de retranscrire ses pensées sans effort et avec une rapidité impressionnante désormais expliquée. Une fois le texte achevé, les caractères redevinrent noirs.
En quelques secondes, les mots suivants étaient lisibles.
« Jour zéro, étape de fabrication.
Ce soir même, après avoir rassemblé les composants et ingrédients nécessaires, je vais commencer la fabrication de ce qu’on appellera dans le futur, la créature la plus puissante que l’univers ait jamais connu. Je laisserai une trace écrite chaque jour dans ce cahier qui fera office de rapport. Il servira également de point de retour en cas d’évènement imprévu.
Bibidi, Madôshi »
A présent, son nom était connu : Bibidi. Une dénomination à tendance humoristique, bien que le court texte qu’il venait d’écrire laissait penser le contraire.
Chapitre 2 : La planète des Madôshis
Dans un infime recoin de l’univers, se trouvait une planète, qui ne représentait rien dans cette immensité. Elle faisait partie des astres les moins grands et les moins visibles. Constamment enveloppé d’un voile foncé, il ne faisait pas bon y vivre. En effet, le soleil avait très peu d’impact, et le ciel ne laissait pas beaucoup d’occasions de faire parvenir des rayons de chaleur. Il y avait néanmoins beaucoup d’eau, d’une profondeur difficile à mesurer. Des pics rocheux en ressortaient, certains prenant la forme d’une arche, et visiblement aménagés par les habitants, car on y voyait de nombreuses petites ouvertures laissant sortir des lumières de diverses couleurs. Pour résumer, cet endroit était relativement peu accueillant.
L’individu frêle à présent connu sous le nom de Bibidi, vivait dans un de ses pics depuis sa naissance sur cette planète. On ne sait rien de ses parents, disparus à ce jour. N’ayant pas encore atteint le stade de ce qu’on peut appeler la vieillesse, il était pourtant âgé d’environ un million cinq cent mille ans, ce que beaucoup qualifieraient d’une éternité. Mais pas sur sa planète natale en tout cas. Malgré le fait que personne n’était aussi âgé que lui, la moyenne d’âge des autochtones avait été estimée à un million trois cent mille ans. Mais au fait, quels genres de créatures pouvaient bien vivre aussi longtemps ? Et aussi, étaient-ils tous de la même trempe que cet être si particulier qu’est Bibidi ?
Les Madôshis, c’est comme cela qu’ils s’appelaient, étaient tous élevés dans l’univers au rang de sorciers. Le terme « Madôshi » a été choisi pour désigner ces êtres pratiquant la magie à un niveau incomparable, et aux objectifs peu angéliques. Cependant, il existait peu de représentants : seulement un millier de sorciers Madôshis ont vécu depuis le commencement de l’univers, et à peine la moitié vivaient encore actuellement en même temps que Bibidi. Il est clair que cette génération finira un jour par s’éteindre.
Physiquement, ils n’avaient pas beaucoup de similitudes. Mis à part leur relative laideur, ils n’étaient pas prédisposés à une certaine taille, un poids conventionnel ou une apparence précise. Tout comme leurs pouvoirs, qui tendaient à se développer de manière très différente, et dont l’étendue ne semblait avoir aucune limite. En revanche, ils avaient tous en eux une réticence a la sympathie, et ils étaient persuadés que leur magie ferait plier n’importe qui. Après tout, comme dans chaque peuple, il y avait des courageux et des peureux, des sadiques qui s’opposaient à ceux favorisant la pitié. Chaque sorcier développait sa magie à sa guise, en tenant compte uniquement de ses propres intérêts. Heureusement pour le reste de l’univers, qui n’était guère surpeuplé à cette époque, les Madôshis n’étaient pas assez nombreux pour entreprendre une quelconque domination générale. Tout simplement car des instances supérieures dont ils soupçonnaient à peine l’existence surveillaient la totalité de l’univers, et elles étaient encore loin d’être en danger.
Dispensés de toutes futilités, leur planète n’a pas de nom spécifique, leur langage non plus. Tout ce qui rapporte aux Madôshi s’appellera également Madôshi. Les symboles qui constituent leur langage sont utilisés par toute la population, on peut dire qu’il s’agit de la seule similitude parmi eux. Finalement, ils n’étaient pas enrichis culturellement.
Sur cette planète, il n’existe aucune unicité. Chacun essaye de s’isoler comme il le peut, et suit son destin à sa manière. Bibidi a maintenant décidé de créer ce qui deviendra par la suite la plus puissante des entités, et bien soit. Personne ne va l’en empêcher. Et pas question de remettre en cause cet acte, pour eux rien ne doit leur être dicté. Ils connaissent l’existence de divinités dont ils ont eu des descriptions floues, mais n’accepteront jamais leur supériorité, en particulier Bibidi. Voila ce qu’il faut savoir pour le moment concernant ces personnes si particulières.
Chapitre 3 : Ça va chauffer ! L'avancement d'un projet machiavélique
Les horribles objectifs de Bibidi avaient du mal à se concrétiser. Il se rendait compte qu’il était très difficile de concilier résistance, puissance, et obéissante dans un seul et même être artificiel. Cela relevait presque de l’impossible. Le sorcier avait tout d’abord rassemblé des tonnes d’ingrédients, mesurant minutieusement la quantité nécessaire pour chacun d’entre eux. On y trouvait des produits aux noms imprononçables, ainsi que des morceaux de corps, directement cueillis sur des cadavres jugés intéressants. En effet, il souhaitait rattacher à son futur monstre, tous les pouvoirs potentiellement dangereux qu’il trouverait, afin de le rendre parfait. C’est ainsi qu’il consacra le reste de sa vie à former ce qui sera l’essence même de la créature démoniaque.
La salle consacrée à la fabrication était immense, on se demandait comment un sorcier aussi insignifiant pouvait y vivre des milliers d’années. Elle comportait de nombreuses cuves, chacune d’entre elles étant au moins 10 fois plus grande que le Madôshi. A l’intérieur, résidait une sorte de matière gluante, en constante rotation, à la manière d’une pâte rigoureusement travaillée. Ces cuves servaient à rassembler des ingrédients spécifiques, qui devaient probablement entrer une symbiose pour aboutir à un mélange convenable.
« On peut dire que tu m’en as donné du travail, et c’est loin d’être fini ! » pensa Bibidi. J’ai foulé le sol de tant de planètes, afin de dénicher les matières les plus résistantes qui soit, saupoudrez le tout d’un soupçon de magie et le tour est joué ! Hi hi hi !» Le rire du petit sorcier était particulièrement ridicule. Celui-ci résonnait dans ce pseudo laboratoire qu’on oserait appeler l’antichambre de l’enfer.
Il eut soudain une envie irrésistible de bailler. Cependant il n’avait pas le temps de dormir, car il était forcé de surveiller l’état de ses mixtures géantes. Il se versa une goutte de liquide rose dans chaque œil, ce qui semblait lui donner un regain d’énergie. Cette surexcitation n’était pas belle à voir.
Plus tard, Bibidi inscrivit dans son cahier :
« Jour 1000, étape de fabrication.
Le mélange prend peu à peu forme. Il s’alimente de plus en plus de Ki et de magie. Pour l’instant, aucun rejet de pouvoir n’est constaté. »
Déjà mille jours qu’il avait entrepris ce désir de collecte. Ce petit millier de journées était assez obsolète pour un Madôshi. Bibidi était tellement aveuglé par son désir qu’il se trouvait quotidiennement en situation de quasi transe, face à ses tas de boue rose qui s’ondulaient. La notion du temps lui importait peu, et il faut dire qu’à son âge, il en oublierait qu’un jour la mort viendra le chercher.
Il prit néanmoins un peu de temps pour sortir, pour voir si quelque chose pouvait animer cette malheureuse routine. Il sorti par un recoin en bas d’une petite montagne, au bord de l’eau. Le sommet était jonché de fenêtres transparentes qui laissaient imaginer un réseau de cheminement à travers les reliefs. Bibidi prit alors son envol, les bras croisés, et alla faire un tour quelques sommets plus loin, lorsqu’il croisa un autre Madôshi. Celui-ci l’aborda tout de suite :
«Voila des années que je ne t’avais pas vu. Tu as décidé de quitter ta misérable vie et enfin quitter ta grotte ? »
«Est-ce que tu vois une grotte quelque part, magicien de pacotille ?! Mêle-toi de tes affaires, je ne t’ai rien demandé ! Décidément, ce monde me dégoûte, et vous vous en mordrez les doigts !» répliqua Bibidi d’un ton aggressif.
«Tu as raison. Je ne sais pas ce que tu manigances, mais tu es toujours aussi aimable dis donc. Tu es pourtant bien placé pour savoir que sur cette planète, il faut peser ses mots, au risque de subir un accident. Je te rappelle qu’ici, la loi est simple : chasser, ou bien être chassé.»
Les règlements de compte étaient fréquents entre Madôshis, car beaucoup d’entre eux ne pouvaient pas s’entendre. Une concurrence rude entre des magiciens toujours plus dangereux. Et ce sorcier, un peu plus grand que Bibidi mais avec un visage très gris, n’échappait pas à la règle.
«Tes menaces ne me font ni chaud ni froid. Mais pas de soucis ! A vrai dire, je te présenterai un ami à moi dans quelques temps. Je te demanderai simplement de ne pas détruire ma montagne, par pitié mon grand Mamôdoh, répondit ironiquement Bibidi.
Au même moment, une explosion se ressentit derrière eux.
Chapitre 4 : Une accélération inattendue ! Il vous tuera tous
Un dégagement puissant de vapeur rose s’échappa de la demeure de Bibidi. Les deux sorciers foncèrent alors dans cette direction, enveloppés d’une aura transparente traduisant la vitesse de leur déplacement. En quelques secondes, ils arrivèrent devant la résidence, frappée par un séisme local. Bibidi constata de part une fenêtre que l’incident avait lieu dans son laboratoire. Ils entrèrent à l’intérieur.
La réaction de Bibidi était partagée entre l’effroi et la fierté. La masse gélatineuse rose avait fait céder plusieurs cuves, tel un tsunami dévastant des maisons. Il se contenta de dire à voix basse : « La substance, elle est vivante, ça marche. »
Son acolyte temporaire s’empressa de crier : « C’est quoi ce truc immense ! Ne me dit pas que tu as crée un truc pareil ? Comment est-ce possible, cette chose dégage beaucoup d’énergie ».
Bibidi répondit franchement, en évitant de mentir : « Oui je l’ai crée, mais je ne pensais pas que le processus irait aussi vite ! Il s’agit d’un subtil mélange alimenté par une forte quantité de ma magie...mais...le produit était encore inachevé. Il était sujet à fermentation dans ses cuves.
L’autre sorcier était déjà paniqué : « Merde, mais qu’est ce que tu as donc en tête Bibidi ! »
« Pas de panique, je vais l’arrêter. »
La masse rose se tordait, jusqu’à atteindre dangereusement les deux sorciers. Tel un bras pouvant s’allonger, une mince partie vint s’agripper à Mamôdoh.
« Lâche-moi, créature !! ». Le Madôshi ne se laissa pas faire. Il brandit de longues griffes acérées, rattachées à sa main droite, puis alla les enfoncer directement dans la gélatine qui exerçait son étreinte. De la vapeur apparaissait sur ce bras artificiel, au contact du Ki de Mamôdoh. Puis l’offensive stoppa net. La chose recula, et n’eut pas le temps d’attaquer d’une autre manière, et pour cause. En une fraction de son seconde, Bibidi pointa son doigt vers elle, et prononça : « Pétrification ! ». La vague qui était véritablement en vie se recroquevilla pour s’étaler au sol comme une flaque, sous les yeux ébahis de l’autre sorcier.
« Incroyable ! Il l’a arrêté, avec un seul doigt. Il n’a rien perdu de ses pouvoirs, il reste toujours le meilleur sorcier de cette planète. »
Effectivement, Bibidi était connu pour être le Madôshi le plus talentueux, capable de tuer le chef en un rien de temps s’il le voulait. Mais ce que Mamôdoh ignorait, c’est que Bibidi avait des motivations beaucoup plus grandes.
Mamôdoh reprit son calme : « Alors, tu vas me dire de quoi il s’agissait ? Cette espèce de vague a bien failli me choper. Elle semblait vivante de toute part. J’ai jamais vu un truc pareil. »
Bibidi prit quelques secondes pour réfléchir à sa réponse : « Je vais lui faire un peu peur. Avec un peu de chance, il en parlera autour de lui, mais ce sera déjà trop tard. Hé hé !
Les deux sorciers se regardaient attentivement.
« Tu sais, reprit Bibidi, je suis sûr que même toi tu as déjà eu envie de quitter cette planète macabre, n’est ce pas ? Tout le monde est attiré par l’inconnu. Moi, je prends mes précautions. Je ne compte pas pourrir ici, mais je suis conscient des dangers. L’univers est tellement vaste. Désormais, ce n’est qu’une question de jours, et une fois terminé, ce qui ressemble à une mare de boue actuellement deviendra le plus grand guerrier de tous les temps. Parfait sur tous les points, il exécutera chacun de mes ordres, et surtout, il ne connaitra pas la pitié. »
« Quoi ? J’ai du mal à comprendre. »
« C’est pourtant simple. Je suis déjà le plus fort sur cette planète, ainsi je veux étendre ma force, et c’est ma magie qui va m’y aider. Je veux laisser mon empreinte à jamais dans l’univers. Et j’ai suffisamment attendu ici. Ce que tu as devant toi n’est qu’une larve comparé au résultat final, mais tu le saura bien assez tôt. »
« Et tu crois pouvoir fabriquer la créature ultime sans connaitre le reste de l’univers ! Voyons, sois raisonnable. Tu l’as dit toi-même : l’univers est si vaste. Tes illusions de grandeur te montent à la tête, nabot ! »
« Pff, froussard, il est trop tard pour reculer. Ma créature vous balayera tous, sans exception ! Tu ne peux même pas imaginer tout ce qu’elle peut faire. Et, contrairement à nous, Madôshis, elle n’aura pas besoin d’attendre des centaines de milliers d’années pour se servir de sa force, une force qui dépassera l’entendement ! Il y a bien longtemps que j’attendais ce moment, moi qui ai échafaudé ce plan pendant une éternité. Notre pauvre existence nous a limités à faire des tours de passe-passe, c’est ridicule ! Il n’y a que moi qui l’aie remarqué. Je sais très bien que tu ne me prendras pas au sérieux, quoi que je puisse dire, mais tu n’aura pas le temps de le regretter. Dis-moi Mamôdoh, tu es content, car tu peux transformer les faibles en bonbon ? Et en cela tu te crois fort ? Laisse-moi te dire que tu n’es qu’un idiot. Ha ha ha ! Vous avez tous passé des décennies à vous entrainer, de vulgaires primitifs comme vous ne peuvent comprendre ma façon de pensée. Surtout toi, gros lard ! »
« Enfoiré ! Tu es bien placé pour savoir que mon pouvoir est redoutable !! »
Le Ki de Mamôdoh venait d’augmenter fortement. L’atmosphère pesante était sur le point de céder.
Bibidi avait pris un air méprisant envers le sorcier. « Je suis capable de faire mille fois mieux. »
« Essaye d’abord d’arrêter mon ray... »
Le rayon n’avait pas eu le temps d’apparaitre, alors que Bibidi souriait. Mamôdoh, qui était devenu son adversaire, se tenait la tête de toutes ses forces, et commençait à décoller du sol. Il sentait son crâne céder à la pression énorme envoyée par Bibidi. Il s’agissait d’une forme de télékinésie, technique dont Bibidi était passé maitre. Il déplaçait son ennemi progressivement vers la cuve la plus proche, là ou la masse maléfique avait pris refuge. Celui-ci était complètement paralysé par les pouvoirs qui l’entravaient. Il essaya malgré tout de bouger ses lèvres, mais l’action était impossible.
« Laisse-moi deviner. Tu voudrais me proposer une alliance, pour t’attirer les bénéfices et sauver ta pauvre vie, car en somme, tu sais que j’ai raison. Tu as l’honneur d’être la première victime d’une longue série, il faudra te contenter de cela désolé. »
Bibidi était en extase. Il était déjà supérieur en tous points à ceux de sa race, et en plus il allait bientôt conquérir l’univers grandissant qui se profilait autour de lui. Finalement, toutes ses années lui auront permis de savoir qu’il ne faut pas se reposer sur ses acquis. Le potentiel de ce Madôshi était presque illimité.
Il jeta alors sa cible dans la cuve pleine, le pauvre bougre pouvait désormais bouger, mais sera tout de même englouti par la substance étrange qui avait failli le tuer dix minutes avant.
Les yeux de Bibidi s’illuminèrent de rose. Cette couleur semblait être prédominante quand il se servait de ce Ki. Voila pourquoi sa création était de la même couleur. Quant à Mamôdoh, le son qui se fit entendre indiqua à Bibidi que sa tête avait bel et bien explosée. D’un regard perçant, le petit sorcier vert avait fait de Mamôdoh un petit repas destiné à l’invention démoniaque.
De retour au calme, Bibidi se fit une remarque :
« Me transformer en bonbon hein ? Quelle bonne idée ! Je suis certain que mon petit monstre adorera les bonbons. Merci du coup de main Mamôdoh ! »
Du sang de couleur bleu remontait à la surface de la cuve, ce qui rappela à Bibidi que son monstre en aurait besoin.
« Il va me falloir plus de sang, car je dois lui bâtir un organisme tout entier si je veux qu’il vive pleinement. »
Ce qui laisse supposer bien d’autres victimes dans le futur...
« Jour 1001, étape de fabrication,
Le changement le plus rapide que j’ai observé. Maintenant que les ingrédients de base n’ont plus à être modifiés, je vais pouvoir démarrer la création des organes internes, ainsi que la structure de base. »
Chapitre 5 : La véritable forme ! Majin Boo prend enfin vie
Lors d’une journée ordinaire sur la planète des Madôshis, nous retrouvons Bibidi en plein travail. Une centaine de jours après les évènements qui ont conduit à la mort de Mamôdoh, on constate que l’avancée de Bibidi est incroyable. Qui aurait cru qu’un sorcier pouvait créer une forme de vie authentique comme cela ? Personne sur la planète ne s’en doutait.
« Bien. Sa carcasse est suffisamment solidifiée. Je l’ai soigneusement reliée à des flux continus de sang, qui alimentent eux-mêmes tous les organes. Le cerveau semble opérationnel. Espérons que son réveil se fera de bon augure. »
Ces derniers temps, la population Madôshi avait fortement diminué. Il restait peut être une centaine de sorciers sur la planète, luttant contre une force inconnue qui n’était autre que Bibidi. Il avait au préalable constitué un plan pour agir en toute discrétion, et en manipulant une dizaine d’esprits faibles comme ceux de son peuple, il a pu obtenir assez de sang pour que la matière rose puisse être conservée. Sa faculté de contrôler les gens en agissant directement sur le cerveau était certainement le pouvoir le plus terrifiant de Bibidi, et le plus efficace. Lui, était pensif quelques temps.
« Je sais que j’ai trahi mon peuple, mais c’est la loi du plus fort. Les forts manipulent les faibles, et tant pis pour eux. Ils feront tous plus ou moins partie intégrante de ma créature, de part le sang qui coulera dans ses veines, mais également grâce aux pouvoirs qui lui seront conférées. Je dois vous remercier, camarades Madôshis. »
Bibidi avait agit sans éveiller le moindre soupçon. A vrai dire, un Madôshi ne se souciait que de lui-même, la mort d’un de ses semblables lui importait peu. De toute façon, pour la plupart d’entre eux, la vie n’était guère intéressante. C’est ce que Bibidi avait toujours pensé : « Ils n’ont pas accepté mes ambitions, et bien je serais le seul détenteur du pouvoir, et ça me facilitera les choses. De toute façon, il n’y a que moi qui suis assez fort pour contrôler Majin Boo, mon invention ! »
Majin Boo ? Voila donc le nom de cette créature, dont Bibidi promet un avenir si radieux ? Pas étonnant que Bibidi ait choisi ce nom, car il compare sa créature à un démon.
Le sorcier se concentra, afin de libérer toute la puissance qu’il avait en lui. Ses yeux étaient illuminés de rose et son corps tout entier était contenu dans une sorte de champ d’énergie. On percevait même quelques éclairs autour de ses bras tendus. Il cria : « Je vais te donner la vie ! »
Tout à coup, toutes les parties du corps se mirent à léviter, entourées par une aura rose. La coque rose s’ouvrit pour laisser pénétrer les organes gorgés de sang bleu, puis le tout se ramollit et bougeait dans tous les sens, comme si quelqu’un était en train de le mâcher. Le processus dura plusieurs minutes, et beaucoup d’énergie se faisait sentir à l’intérieur de la salle.
Bibidi semblait souffrir, car il devait se concentrer au maximum, tout en se servant de ses dernières forces. Des gouttes de sueur coulaient sur ce visage. Il articula quelques mots :
« Maintenant, il faut que je fige le corps, pour que tout soit mis en place. Encore un petit effort. »
Le corps était traversé de faisceaux roses. Une lumière incandescente comme il n’avait jamais vu, dans ce monde ou l’obscurité était permanente. On pouvait distinguer des membres qui commençaient à se former. La silhouette entière mincit, et laissait apparaitre une queue implantée sur la forme ronde qui paraissait être une tête. A l’avant, des orbites s’élargissaient pour faire sortir deux yeux crées de toute pièce par Bibidi, qui tentaient de se frayer un chemin parmi le Chewing Gun mouvant. Tout comme la bouche qui forçait le passage, en écartant la masse de couleur rose.
Bibidi était en extase. C’était pour lui comme si son enfant prenait vie. Une naissance qu’il attendait plus que tout au monde. Il avait réussi avec succès une grande étape de son œuvre ultime.
Une terrible onde de choc le fit descendre de son petit nuage. Tout ce qui se trouvait dans les pièces ainsi que les fenêtres furent soufflées. Bibidi ne put se retenir et s’envola avec le reste du décor, terminant sa course violemment contre la roche qui avait tant bien que mal résistée. Après quelques minutes d’inconscience, il fut ébahi par ce qui se trouvait devant ses yeux. Il était là, stoïque, mais semblait vivant. Bibidi ne savait plus trop quoi faire. Il se contenta de demander avec une voix d’ahuri :
« Euh, Majin Boo, tu m’entends ? Tu me vois ? »
Chapitre 6 : Majin Boo, une créature si démoniaque ?
Bibidi fut surpris d’avoir une réponse immédiate, enfin si on peut appeler cela une réponse.
« B..., Boo. » tenta de prononcer le monstre.
« C’est ça. Tu t’appelles Majin Boo et je suis ton maitre, je suis Bibidi ! A partir d’aujourd’hui, tu devras m’écouter et m’obéir. »
Boo le regarda d’un air perdu : « Bi...bi...di ? »
Bibidi ricana : « C’est exactement ce que j’avais prévu. Son cerveau n’est pas idéal pour qu’il s’exprime correctement. En revanche, il aura des capacités d’adaptation exceptionnelles au combat, notamment pour s’approprier des techniques. Sa vitesse de progression sera fulgurante, j’en suis sûr. »
« Descends s’il te plait. Tu vas me suivre. » Lui demanda gentiment le sorcier.
Boo descendit doucement en ayant l’air perturbé. Il ne connaissait pas son corps et ne savait pas comment le contrôler, surtout dans les airs.
« Au moins il a compris ce que je lui ai dit, c’est déjà une bonne chose. »
Bibidi l’emmena dans une autre salle, entièrement vide. Elle était moins grande que le laboratoire, et ne comportait aucune luminosité, mis à part la lumière que la porte ouverte laissait traverser.
« Tu vas rester ici avec moi. Il faut que tu te familiarises avec tes pouvoirs, et que tu apprennes à contrôler ta force. Mais d’abord, tu veux goûter un bonbon ? »
Boo s’approcha, curieux de voir de quoi il s’agissait. Il prit le bonbon en main et le fixa.
« Vas-y, mange le. »
« Manger ? » Boo avait compris qu’il devait le porter à sa bouche. Il l’avala d’un seul coup, puis soudain son expression avait changé. Il commença à rire.
« Visiblement son estomac apprécie les sucreries. Ce sera un excellent moyen de me faire obéir ! Et maintenant montre moi ta force. Il faudrait que tu cries le plus fort possible. Ne t’inquiète pas, nous sommes isolés du reste de l’univers.»
Intérieurement, Bibidi ajouta : « j’ai crée cette salle pour t’entrainer. Elle ne pourra limiter ton Ki, car elle se situe dans une dimension maintenue par moi-même, un peu comme un mini espace. Une petite faille ou tu seras entièrement isolé, et tu ne seras pas repérable de l’extérieur. Ma plus belle invention... avant toi. »
Voyant que Boo restait immobile, le regard vide, Bibidi s’exprima : « Tu veux peut être un coup de main ? ». Le sorcier visa la tête de Boo, puis lui communiqua par télépathie un message lui expliquant de se lâcher à fond, ce qui provoqua une horrible migraine chez la créature.
« AHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!!!!!!!!!! »
Cette fois ci, c’était bon. Majin Boo déploya ses forces inconnues en criant à fond. Les veines prenaient du relief sur l’ensemble de son corps, et on distinguait dans sa gueule béante, sa langue bleue ainsi que des dents acérées. Bibidi était fortement impressionné du résultat. Quelques secondes plus tard, il fit signe à sa créature de s’arrêter, mais Boo voyait les choses autrement, et prit de l’élan pour foncer vers la sortie, en direction de Bibidi.
« Ca suffit, reprend ton calme tout de suite ! »
Boo fut soudain effrayé par son maitre, comme s’il savait de quoi il était capable. Il se calma aussitôt.
« Je vois que tu as fort caractère, mon grand ! »
Le monstre rose gesticulait. Il semblait avoir les bras et les jambes engourdis, et les boguaient rapidement, sans doute pour se sentir plus à l’aise.
Bibidi lui expliqua : « Ne t’inquiètes pas, tu t’y habitueras vite. Ton enveloppe corporelle est très souple et résistante à la fois. Maintenant, place à l’entrainement. Tu resteras dans cette pièce jusqu’à ce que j’en décide autrement. Lorsque tu maitriseras un minimum ce corps, tu seras le meilleur ! »
Chapitre 7 : Un entrainement d'enfer ! Des pouvoirs sans limite
A l’intérieur de la salle noire telle une réplique de l’espace, un rayon de lumière rose émergea et traversa l’immensité de la pièce d’une vitesse fulgurante. La salve s’écrasa contre Boo, qui ne put rester debout.
- Relève-toi vite ! ordonna Bibidi, essoufflé par l’attaque qu’il venait de lancer. Il faut t’endurcir sinon tu ne feras pas le poids face aux ennemis.
Majin Boo se releva sans broncher, son visage était dénué d’expression. Il avait reçu l’attaque de plein fouet dans le dos car on pouvait voir que celui-ci était légèrement brûlé. Mais rapidement, les égratignures s’estompèrent, pour laisser place à un dos rose lisse, composé de petits orifices servant de pores.
Il y avait d’autres pores sur sa tête. Bibidi remarqua plusieurs fois que de la vapeur en sortait, comme des cheminées. Ce phénomène se produisait uniquement lorsque Boo était touché par une force, en l’occurrence celle de son maitre Madôshi.
Le sorcier le constata : - Il évacue de nouveau cette vapeur. J’ai l’impression qu’il le fait pour que sa colère s’échappe. Plutôt ingénieux, cela lui permet de ne pas sombrer dans l’hystérie.
Mais il avait parlé trop vite. Le démon rose fonça à nouveau vers son maitre, comme il tentait à chaque fois afin de prendre le dessus dans cet entrainement, qui était un vrai combat pour lui. Bibidi l’obligeait à attaquer, à se défendre, à se déplacer rapidement, dans le but d’optimiser les pleines capacités de sa créature. Et il sentait qu’il y était presque. Il manquait juste un peu de réactivité, mais sa férocité était inégalable.
Au bout d’un moment, Bibidi commençait à ressentir une certaine frustration, en raison des difficultés que lui causait son rival d’entrainement. De plus, il n’était pas habitué à se battre longtemps à cause de sa magie destructrice qui lui permettait d’écourter les rares affrontements dont il a été contraint. Boo quant à lui ne présentait aucun signe de fatigue, et semblait peu à peu prendre du plaisir lors de la confrontation. Il souriait, et s’élançait sur plusieurs dizaines de mètres, en s’approchant et en s’éloignant à nouveau de son maitre.
Bibidi se concentra, afin de bien distinguer les flux d’énergie provoqués par les mouvements rapides de Boo. Lorsque ce dernier se rapprocha dangereusement, le sorcier lui envoya un rayon qui perfora son ventre rose. Le Majin crachait du sang bleu, et contempla le trou béant qui le traversait. Mais ce n’était pas suffisant pour l’arrêter, et le Madôshi le savait bien. C’était avant tout un test, comme l’ensemble du combat d’ailleurs. Seulement, Boo récupérait beaucoup plus vite que le vieux sorcier. Essoufflé, il observa sa créature, qui récupérait chaque seconde un peu plus de chair, jusqu’à ce que le trou devienne une histoire ancienne. C’en était assez pour aujourd’hui. En effet, Bibidi n’avait plus de forces et il savait que seule sa magie lui procurerait la victoire finale, victoire qu’il ne souhaitait pas, tant il aimait sa création diabolique.
Il se tourna vers la porte de sortie, mais fut interrompu par Boo lui-même. Quelque chose d’étonnant venait de se produire. Le monstre avait crié : - Non ! Te battre !! De l’électricité jaillissait autour de lui.
- Je n’en crois pas mes oreilles, il m’a parlé ! Pourtant je ne lui ai rien appris. Il n’a pas finit de m’étonner, allons tout de suite au rapport, cette journée a été fructueuse en progrès !
Puis il continua doucement, comme pour ne pas éveiller les soupçons : - Et cette journée marque même un tournant dans notre destin, car à présent Boo est prêt à affronter le monde... que dis-je, l’univers tout entier !
Il ricana comme il en avait l’habitude, ayant préalablement pris soin de matérialiser quelques bonbons pour sa créature.
Le cahier était presque terminé. Bibidi y inscrivait quelques mots environ tous les 10 jours, mais on ignorait exactement ce qu’il allait en faire, lui qui ne voulait pas demeurer chez lui. Sur la dernière page toute fraiche, on pouvait désormais y lire :
« Jour 500, étape d’entrainement.
La préparation physique de Majin Boo touche à sa fin. Voila pile 500 jours, que quotidiennement, dans la salle spéciale, il se perfectionne dans ses déplacements, l’utilisation de ses pouvoirs et de sa force. Ce n’est plus la peine d’attendre, à vrai dire j’ai déjà trop attendu. Je suis resté des milliers d’années dans l’ombre de ma planète, de mon peuple reclus, mais nous voila assez fort, moi et mon esclave, pour entreprendre une domination sans partage. »
Il leva ses yeux brillants au plafond, en se flattant lui-même de quelques compliments : « Oh quelle belle œuvre, et tant de magnifiques mots pour la décrire, je m’épate moi-même. »
Nul ne se doutait qu’un petit bonhomme avec un égo aussi surdimensionné existait dans l’univers...
Chapitre 8 : Le grand départ ! Destruction des souvenirs
Bibidi avait songé à se reposer un peu, car il allait bientôt vivre quelque chose d’éprouvant et de très fatiguant pour son âge avancé. Tout était prêt pour quitter la planète ou il avait vécu pendant ces centaines de milliers d’années. Il avait assez de pouvoir pour s’opposer à n’importe qui selon lui, et en avait plus qu’assez de cette existence inintéressante.
Bizarrement, le revêtement de la pièce n’était pas le même que d’habitude. Nous n’étions pas au creux de la montagne rocheuse faisant partie intégrante de la planète Madôshi, mais à l’intérieur d’un gigantesque vaisseau spatial. Cela était vraiment paradoxal, tant la vie dans ce monde semblait primitive. Ce vaisseau était une des formidables inventions parmi tant d’autres de Bibidi. Il était alimenté d’une substance spéciale, différente de celle qui a permis à Boo de naitre, mais tout aussi étonnante. Grâce à cet objet, il allait pouvoir voyager à travers l’univers, pour démarrer sa quête de pouvoir et assouvir sa soif de victoire.
Bibidi se réveilla, devant se mettre au travail pour quitter la planète Madôshi. Il prononça des mots inconnus et incompréhensibles pour fermer la porte du vaisseau, et entrepris de le faire décoller. A travers une grande baie vitrée, il contempla une dernière fois sa demeure.
Arrivé à une altitude acceptable pour lui, il ordonna à son moyen de transport de ne plus bouger. La reconnaissance vocale semblait très performante. Boo quant à lui était placé dans une pièce qui ne semblait pas très grande, à en juger par la porte de petite taille qui se trouvait fermée devant.
- Camarades Madôshis, je dois vous quitter, vous ainsi que cette misérable planète. Merci d’avoir contribué à ma future réussite, mais désormais je n’ai plus besoin de m’attacher à de telles futilités.
Il se retourna et avança vers la porte, petite mais néanmoins plus grande que lui. Grâce à un mouvement rapide de ses mains, la porte se scinda en deux et s’ouvrit. Boo sortit tranquillement de l’obscurité qui remplissait la pièce.
Dans le silence, le sorcier communiqua à son sbire des ordres dictés par télépathie, afin de bien faire comprendre ce qu’il souhaitait.
- Boo, montre-moi ce que tu sais faire en matière de destruction. Cette fois ci, ne te limite pas, tu peux tout faire sauter !
Le monstre fut alors pris par une crise d’adrénaline, que Bibidi amplifiait en lui parlant : - tu peux sortir du vaisseau, allez dépêche toi. Tu verras que le monde extérieur est très intéressant ! On va bien s’amuser ! Mais quand tu auras terminé, reviens vers moi je te prie. Et n’oublies pas, il faut tout détruire !!
Bibidi insista sur le mot « détruire », un mot qui résonna dans la tête de Boo, au point de lui donner des douleurs et de l’agacer fortement.
Lorsque le toit du vaisseau s’ouvrit, Majin Boo s’éleva rapidement dans les airs et regarda la sombre planète Madôshi d’un air moqueur. Il avait semble t-il parfaitement comprit l’ordre simple de son maitre. Il tendit le bras puis écarta ses doigts, pour faire apparaitre une sphère minuscule, de la même couleur que lui, le rose. Apparemment, le Ki de Boo et de Bibidi se manifestait toujours de cette couleur. La sphère grandit jusqu’à atteindre environ la taille de celui qui la maintenait. D’un simple geste la boule s’enfonça dans l’atmosphère ténébreuse de la planète, en prenant progressivement de la vitesse. Au final, elle s’écrasa en emportant les montagnes aux alentours, puis implosa sous la légère impulsion donnée par l’index de Boo, comme s’il voulait désigner ladite boule. La déflagration rongeait la surface de la planète a une vitesse hallucinante, dans un vacarme sans précédant.
Bibidi cria de toutes ses forces : - Reviens tout de suite ou tu vas être pris dans l’explosion !
La créature pris son temps en barbotant dans les airs, tout en sifflotant. Son maitre ne lui avait jamais appris à faire cela, mais Boo semblait y trouver un certain amusement. Et cette nonchalance faisait déjà enrager le Madôshi, qui détestait une chose par-dessus tout : qu’on se moque de lui. Le pauvre n’avait pas été gâté, car en matière de railleries, il y avait de quoi faire.
Pendant ce temps, sur une planète séparée de toutes les galaxies, un jeune individu se détendait, allongé dans un vaste pré. Il se prenait à rêvasser quand il contemplait le ciel bleu parfait, mais quelque chose l’interpella soudainement. Il ressentit brièvement une puissance malfaisante qui ne présageait rien de bon...
Chapitre 9 : Les Aruhuas ? Premier test grandeur nature ! (partie 2)
Boo venait d’être mitraillé de toutes parts. Il n’avait pas réagi et flottait dans les airs, alors que Bibidi n’attendait qu’une chose : que sa créature donne un signe de vie. Aussitôt dit, aussitôt fait, de l’air se rapprochait de chaque trou causé par la fusillade, et la matière rose vint les combler rapidement.
Boo s’éveilla comme si on l’avait sorti d’un long sommeil. Il garda tout d’abord la tête baissée, avant d’émerger et de fixer son futur adversaire avec une hargne terrible. Le grand amphibien redoubla de colère et envoya encore plus de salves et déployant son aura, qui se distinguait nettement. Cependant Boo ne se laissa pas surprendre cette fois-ci. Il s’allongea vers les hauteurs du ciel noir et passa au dessus de tous les missiles. Son ennemi l’observait et attendait le moment opportun pour se rapprocher de Boo. Au moment ou les projectiles explosèrent, le colosse fit l’illusion de disparaitre en s’élançant vers Boo, qui encaissa un coup de poing qu’on pourrait qualifier de supersonique. Le coup avait fait mouche, le défenseur Aruhua avait pu frapper Boo de ses propres mains. Le cou du démon rose avait fait un demi-tour. Il est clair qu’une personne normalement constituée aurait eu la nuque brisée suite à une beigne pareille. Mais ce n’était pas le cas de la créature de Bibidi, qui était élastique à souhait.
- Apparemment, tu ne me connais pas, mais saches que je suis Tritus, chef et plus grand guerrier de cette planète, et avant son fervent défenseur ! Je vengerai tous mes guerriers que tu as tués sans raison !
L’individu ressemblait comme deux gouttes d’eau aux autres défunts Aruhuas, mais il était gigantesque et ne possédait aucune arme à son bras. En revanche, trois longues griffes ornaient ses mains.
Bibidi, toujours à bonne distance, répliqua : - Et alors, on se fiche pas mal de ce que tu représentes ici, de toute façon tu mourras de la même manière, et cette planète sera détruite si je le décide ! D’ailleurs, je vais tout de suite ordonner à mon fidèle servant de t’anéantir. Majin Boo, remue toi au lieu de me faire des frayeurs, je suis au courant que tu n’es pas blessé, ne perdons pas de temps !
Boo ne bougeait pas. On l’entendait juste grommeler dans son coin, la nuque encore retournée.
Le guerrier resta figé face à cette attaque verbale, et répondit calmement : - Toi aussi, tu risques d’y passer d’ici peu. Tu as l’air de tout sauf de son maitre. Je ne sais pas de quoi est fait ce monstre, mais il doit être suffisamment fort pour tuer un nabot dans ton genre. En terminant sa phrase, Tritus avait placé son bras droit en arrière, puis d’un mouvement semblable à un lancer, provoqua trois ondes de choc ayant pris la forme de ses griffes. Majin Boo passa facilement entre en se recroquevillant en boule. Par contre le triangle d’ondes de choc fonçait dangereusement vers Bibidi, qui dut former un puissant bouclier pour ne pas se faire raser par les trois griffes illusoires. Le bouclier éphémère autour du Madôshi avait tenu, mais une fois de plus il l’avait échappé belle et se rendit compte que les risques pouvaient venir de n’ importe où. Sa petite vie allait se retrouver en danger plus d’une fois.
Spontanément, Boo démarra l’offensive face à Tritus. On dirait qu’il avait compris qu’un adversaire pouvait enfin faire pression physiquement. Tritus, ayant anticipé l’arrivée de Boo, se téléporta plus loin. Le Majin fit de même, et toucha son ennemi grâce à un modeste coup de pied dans le dos, qui le fit descendre près du sol. Après un atterrissage en douceur, il fut surpris par le poing de Boo, qui fut presque une réussite. Son bras rose s’était allongé rapidement, mais avait seulement fracassé le sol. Tritus en profita pour saisir ce bras positionné à côté de lui, pour ramener Boo sur la terre ferme. Il arma son autre bras, sortant ses griffes le plus loin possible, de sorte à décapiter l’être rose, qui était tiré malgré lui. D’un bond fulgurant, il relâcha le bras élastique de Boo et porta ses griffes acérées contre la tête du démon. La moitié du visage de Boo fut arrachée, ce qui causa un léger cri de douleur de sa part. Bibidi une fois de plus avait peur pour son monstre, et encore plus pour lui-même.
S’en suit un hurlement beaucoup plus retentissant, qui alarma Tritus. Au même moment ou le visage de Boo se reformait, une lueur rose apparut à l’intérieur de sa bouche. Automatiquement, le guerrier Aruhua se mit en position de défense pour se protéger, et il eut bien raison. Un énorme rayon sorti de la bouche du Majin se propagea vers l’adversaire, soufflant au passage les quelques bâtiments qui tenaient encore debout. Malheureusement, Tritus avait perdu pas mal d’énergie, car il n’avait pas pris l’initiative d’éviter l’attaque, trop étendue. En tenant de se protéger, il avait encaissé le gigantesque kikoha, et il était en position de faiblesse désormais. Incapable de voir Boo derrière lui, il fut assommé par un coup de massue, à savoir les deux poings joints de Boo contre son dos. Tritus fut violemment écrasé au sol, et glissa jusqu’à une énième tour qui s’effondra sur le guerrier mal en point.
Boo, à nouveau en pleine possession de son corps, était sur le point de remporter le duel. Comme il n’avait pas la patience d’attendre le retour de son ennemi blessé, il partit à sa recherche, une centaine de mètres plus loin, sous les décombres. Bibidi préférait suivre le combat de loin, en sécurité : - Ne cherche pas, il doit être mort, avec le coup que tu lui as mis ! Cet imbécile n’a même pas compris ce qui lui arrivait, hé hé !
Soudain, il perdit l’équilibre. Un tremblement de terre gronda sur la planète. Boo en avait détecté la source, car les débris, aussi gros soient-ils, commencèrent à léviter dans les airs. Un morceau partait en direction de Boo, qui le fit exploser d’un coup de tête. Il ricana, et se sentait fier d’avoir un détruit un simple bloc de Katchin. Autant son corps pouvait être souple et fragile, autant il pouvait devenir extrêmement solide quand il se battait. Boo n’était pas un vulgaire élastique rempli de Ki, mais disposait d’un métabolisme complexe et adapté à chaque situation.
Tritus était à nouveau visible. Il était entouré d’une aura verdâtre, bien que sérieusement blessé et marqué par de nombreuses plaies ensanglantées.
- Un être comme toi ne peut pas vivre dans l’univers. Je suis peut être condamné à mourir, mais je ne te laisserai pas commettre d’autres atrocités. D’autres peuples bienfaiteurs méritent de vivre, et tu n’as pas le droit de les éradiquer !
Bibidi se téléporta, ce qui étonna Boo. Son expression intérieure aurait pu se traduire par : - Mais qu’est ce que tu fous ici, laisse moi me battre !
Le sorcier prit la parole : - D’autres peuples ? Je n’en ai que faire, je vise bien plus haut, affirma-t-il d’un air souriant. Des peuples comme le tien sont quelque chose d’obsolète. Les Kaioshins, ça ne te dit rien ?
Stupéfait, Tritus répondit : - Kaioshins ? Tu oses parler des dieux de l’univers ?! Ne t’inquiètes pas, ils vont s’occuper de ton cas, si des guerriers courageux comme moi ont sous estimé ta créature, eux ne se laisseront pas avoir ! Si tu penses que ton Majin Boo est capable de les vaincre, alors tu es encore plus con que tu en as l’air !!
Cette insulte donna une certaine excitation à Bibidi : - Parce que tu en crois pouvoir nous arrêter, dans ton état ?! Et ne te fais pas d’illusions, ces dieux de pacotille sont loin d’être intouchables. Ils passent leur temps à glander tranquillement dans leur havre de paix, et seront complètement perdus lorsque Boo les attaquera. Tout est déjà prévu, l’offensive est prête à être lancée. Pas besoin d’en savoir plus, tu vas disparaitre avec ta planète !
Boo portait un sourire sadique, alors qu’il ne comprenait même pas de quoi son maitre parlait. Tout ce qu’il attendait, c’est d’en finir avec ce combat, pour vite passer à autre chose.
- Des petits arrogants dans ton genre, j’en ai vu plein. Je reconnais que ton monstre est très fort, mais toi tu n’es rien. Tu ne fais que proférer des menaces derrière ta stupide marionnette. Mais maintenant, je vais casser ton joujou et briser tes rêves. Boo ! Si tu me comprends, est ce que tu sais faire ça ?!