[Fanfic] L'histoire de Mister Satan

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Re: [Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Messagepar Kame-boy le Lun Sep 05, 2011 15:38

Chapitre XVI :

Les doigts du pilote frémirent. Satan lui tournait toujours le dos, à quelques pas de quitter le ring. Lorsqu’il entendit le pas de course de son adversaire, c’était trop tard. Il reçu un terrible coup de marteau sur le crâne et cru qu’il allait mourir. Au sol, il ne bougeait plus. L’aviateur le piqua avec un petit bâton, pour vérifier s’il était toujours vivant. Baba, quand à elle, observait la scène avec consternation. Elle fut surpris de voir son serviteur bondir tout à coup, tel un ressort. L’homme au manteau noir en tomba à la renverse. Satan profita de la situation et se laissa tomber sur son adversaire, coude en avant. Celui-ci se planta dans le ventre du malheureux, qui cracha une gerbe de sang et perdit connaissance. Après s’être fait réprimandé par la sévère voyante, l’adolescent retourna dans la salle d’entraînement. Il baissait la tête mais ne pouvait contenir un petit rire. Il savait que ce n’était qu’une petite victoire de rien du tout mais, en même temps, cela signifiait que son compteur était enfin ouvert ; son challenge était bien moins abstrait maintenant. Lorsqu’il fut loin de la surface de combat, il porta la main à son crâne blessé et sanguinolent, priant pour que Draculaman se tienne tranquille.

À des milliers de kilomètres de là, une sphère d’eau continuait à être alimentée. Elle avait à cet instant plus de quinze centimètres de diamètre. Très progressivement, elle commençait à se teinter légèrement de rouge. Zmyéya la contemplait avec délectation.

- Quel merveilleux spectacle, un boule d’efforts et de souffrance, de sueur et de sang ! J’ai bien fait d’être patient !

Les jours passèrent, puis les semaines, les mois… et Satan s’installait dans une routine de plus en plus oppressante. La fatigue et la chaleur augmentaient, les victoires se raréfiaient donc. Nous retrouvons un Satan couvert de pansements et perclus de crampes, accoudé à la fenêtre donnant sur la plate-forme. Il admirait la magnifique Amanda dans ses œuvres. Elle sortait une longue épée à double-tranchant de son long manteau et s’en servait pour taillader son adversaire. Il s’agissait d’un « junky », aux bijoux cloutés, tenue de cuir et crête bariolée. Il avait les yeux exorbités et riait comme un dément, en manque de drogue. D’ailleurs, s’il gagnait, sa demande serait de savoir où se trouve la marchandise au meilleur rapport qualité/prix. Il n’était pas exceptionnel martialement parlant mais, dans son état, ne ressentait pas la douleur. Amanda, intelligemment, choisit l’option de le faire tomber dans l’eau, étant donnée son équilibre limité. Elle se plaça donc dos au lac et piégea son adversaire en s’écartant au dernier moment. Toutefois, il n’allait pas assez vite pour être totalement pris dans son élan, elle dû alors finir le travail, d’un coup du plat de son épée dans les lombaires. Un petit fantôme sauva de justesse le perdant de la noyade et le transporta avec un collègue jusqu’à la sortie. La guerrière ne manifesta sa joie que par un discret et malin sourire. Puis elle s’éclipsa. Ses camarades la félicitèrent lorsqu’elle revint dans la salle d’entraînement, principalement heureux de gagner une nouvelle prime. Satan était le seul qui ne toucherait rien, comme d’habitude. Il se morfondait dans son coin, boudeur. C’est alors qu’il eu la surprise de sentir une main froide lui caresser la joue, des ongles égratignant sensuellement sa peau ; Amanda ne se contentait plus de l’émoustiller, elle passait à l’action. Peut-être voulait-elle aussi le consoler des défaites à répétitions qu’il subissait en ce moment. L’attirance qu’elle avait pour Satan depuis le premier jour eu, en tout cas, besoin d’être satisfaite à cet instant précis. Elle fusilla ses collègues du regard, qui faisaient mine de n’avoir rien vu. Ils furent logiquement obligés de quitter la pièce. De son épée, en prenant bien garde de ne rien abîmer, elle dénoua la cape de Satan, puis sa ceinture. Son pantalon tomba alors de lui-même et elle eu accès à son intimité. Ce plaisir inattendu et ce contact avec la main glacée d’Amanda firent frissonner l’adolescent. Ils se rendirent sur le ring et y continuèrent leurs ébats. Alors que Satan caressait cette peau blanche comme la neige, il passait imperceptiblement d’un certain plaisir à un sentiment de gêne. L'impression de faire fausse route prenait progressivement le dessus. Ses sens lui disaient, sans qu’il ne comprenne vraiment : nous avons un souvenir bien particulier en sommeil, réveille le ! Des images floues défilèrent dans son esprit. Des doigts énergiques, une nuque découverte, des cheveux courts, une peau rosée. Les sensations qui y étaient associées l’envahirent alors ; la chaleur et la douceur y étaient dominantes. Il revivait, en condensé, la nuit qu’il avait passé avec la demoiselle de « Pink Pleasure ». Amanda sentit qu’elle était de trop et s’en alla d’elle-même, cachant habilement sa déception. Satan tendit une main vers elle, plus pour montrer son désarroi que pour la retenir. Hagard, il ne se rendit pas dans sa cellule faisant office de chambre mais resta recroquevillé sur le ring d’entraînement, sa cape pour seule couverture.

Inexplicablement, du point de vue de ses camarades en tout cas, il se réveilla remontée comme une pendule. Il ne l’avait pas vu motivé comme cela depuis au moins 6 mois. Même le jour de son 17è anniversaire, son enthousiaste était bien moindre. Seule Amanda, plus ou moins consciemment, comprenait ce qu’il se passait. Elle ne chercha ni à croiser son regard ni à l’éviter, elle tentait simplement de l’ignorer. Ses doigts crispés montraient qu’il n’en était rien. La nuit avec fait ses œuvres et, au réveil, l’adolescent avait les idées plus claires. Il distinguait maintenant le visage de la personne qu’il voulait revoir, il avait une source de motivation encore plus grande que l’argent qui, ces dernières années, avait été son principal moteur. Il subissait toujours le climat accablant de la région mais associer celui-ci à la chaleur de cette femme compensait en grande partie. Il vida son bol de soupe en un temps record et quitta sans tarder la table installée, comme chaque midi, sur l’aire de combat. Il n’attendit pas ses collègues et fonça dans la salle d’entraînement, pressé d’explorer ses limites face aux sacs de frappe. Il pria plusieurs heures, intérieurement, pour avoir l’opportunité de combattre le jour même et fut exaucé. Baba fit appel à ses services pour lutter contre un catcheur peu commun. En effet, celui-ci n’était pas bien épais, longiligne comme un fil de fer. Il était lisse de la tête au pied et ne portait qu’un slip sur lequel était dessiné un tourbillon. Un acolyte velu, portant le même sigle, attendait à proximité de la plate-forme. Satan avait déjà eu l’occasion de voir des centaines de gugusses dans leur genre, surtout depuis qu’il était au service de Baba, il ne s’en étonna donc pas plus que cela. Il enchaîna les flip-flap pour se rendre sur le ring, puis bomba le torse. Il avait gagné 332 matchs depuis son arrivée, il comptait bien en ajouter deux à son compteur, en une seule après-midi.

- Approche rigolo plein de poils ! ordonna Satan.

Le combattant aux longs compas attendit le signal de la sorcière, puis se dirigea vers le serviteur de cette dernière. Il avançait les jambes écartées, ce qui lui donnait une allure de grand batracien. L’adolescent pris de l’élan, tout en poussant un cri d’animal, puis exécuta un coup de pied sauté magistral, le « dynamite kick ». Il hurla le nom de cette technique avec conviction mais sa botte ne trouva pourtant pas sa cible, l’adversaire ayant effectué un grand-écart éclair. Le catcheur profita de cette position avantageuse pour se saisir du pied d’appui de Satan. Il pu alors accentuer la vitesse du guerrier de Baba et le projeter ventre contre terre. Il ne le laissa pas respirer et enchaîna directement avec un « crossface ». Cette prise consistait à bloquer l’un des bras de la victime entre les jambes, à s’allonger sur le dos de cette dernière, tout en tirant le visage en arrière. Le cou de Satan reçu une terrible décharge. Mais cette prise de soumission était peu efficace en début de combat, le jeune homme eu les ressources pour se retourner vivement. Son adversaire dû le lâcher et il sauta sur l’occasion pour se relever. Fulminant, il se massait la nuque, préparant sa revanche. Il décida de lutter au corps à corps, de prendre le catcheur à son propre jeu. Mais, la peau de celui-ci étant trop lisse et glissante, il ne trouvait pas prise. Par contre, la cape et la tignasse de Satan en offraient de belles. Le longiligne personnage s’en servait parfois pour freiner les mouvement du colosse, les saisissant des deux mains, puis profitait de la moindre ouverture pour exécuter une technique de catch. Les regarder était déjà un supplice alors nous pouvons imaginer ce qu’endurait l’adolescent. Alors qu’il était allongé sur le ventre et qu’on lui tirait, simultanément et sans ménagement, les cervicales et les membres inférieures, il se demandait s’il n’allait pas abandonner. Il serrait les dents, sous le regard déçu de Baba. Se débattant, il balayait de façon ridicule le sol. Soudain, son doigt accrocha une dalle… celle-ci n’était pas solidaire de l’ensemble.

- Finalement, cette plate-forme qui tombe en miette ne m’aura pas apporté que des ennuis…

À l’aveugle, il délogea la pierre plate et l’explosa contre le visage du lutteur. Ce dernier eu l’arcade sourcilière ouverte et le nez en sang, il fut obligé de lâcher sa victime. Satan se releva et profita de l’effet de surprise pour, d’un coup de pied frontal, envoyer valser son adversaire assis. Il ne pu enchaîner, ses lombaires le faisant souffrir. L’homme aux allures de grande grenouille, fatigué, décida alors de jouer son va-tout. Il fit d’abord la roue, pour s’échauffer, ce qui fit doucement rire son opposant. Mais il reproduit le même geste, encore et encore, de plus en plus vite. La spirale dessiné sur sa tenue se mit alors en mouvement et fit tourner la tête de l’adolescent. En moins d’une minute, il fut comme hypnotisé. Sans savoir pourquoi, il marcha alors vers le lac, sans réfléchir. Le catcheur et son acolyte s’en frottaient les mains. Mais Satan s’arrêta net devant l’eau, la phobie de cet élément qu’il avait développé progressivement après la mort de Volnia, puis enfouie, ressurgit à cet instant. Son adversaire n’avait pas l’attention d’échouer si près du but et courut alors pour le pousser dans le dos. Le guerrier de Baba ne savait même plus qu’il était en plein combat mais, instinctivement, s’écarta. Le catcheur se retrouva en bien mauvaise posture, pieds quittant les dalles et corps tendu vers le lac. Baba retrouva son sourire malicieux. Le combat n’était pourtant pas terminé ; l’homme sans poil croisa ses infiniment longues jambes autour du cou de Satan et, dans un effet de bascule, intervertit sa place avec celle de l’adolescent. Un grand « splash » désenchanta la sorcière. Quelques secondes lui suffirent pour s’en remettre et elle appela Murazaki, boudeuse. Satan, lui, paradoxalement ne l’était pas. Il avait certes perdu mais cela faisait longtemps qu’il n’avait pas fait preuve d'autant de résistance. Sa batterie de confiance était pleine et il n’y aurait pas contre lui d'aussi bon combattants tout les jours. Il commençait à entrevoir le bout du tunnel. Il fut d’autant plus consolé que son collègue violet abandonna en quelques secondes, subissant d’entrée une technique de soumission. Il retourna dans la salle commune, sans se soucier du combat de Draculaman, sachant que leur compagnon vampire appréciait tout particulièrement les crânes chauves comme celui-là ; il allait se régaler ! Concernant le velu, il imaginait déjà les griffes de la chauve-souris s’y agripper avec joie…

Satan eu raison, il était en cette période plutôt bon en pronostic. Notamment concernant ses futurs combats, car son optimisme s’avérait totalement justifié. Plus rien ne pouvait l’arrêter, il assommait du sumo, jetait du judoka, taillait du boxeur thaï… Il resta ainsi invaincu plusieurs mois, jusqu’au début de l’année 754. Même si, dorénavant, il était sans conteste le troisième meilleur combattant de la troupe, il continuait à passer en première position, celle du bizut. Il ne s’en plaignait pas, au contraire, il pouvait comme cela accumuler plus rapidement les victoires et faire d’un handicap de départ un avantage.

Par contre, cela ne faisait pas les affaires de Zmyéya, qui approvisionnait de plus en plus difficilement sa sphère. Elle stagnait actuellement à une trentaine de centimètres de diamètre.

- Petit bâtard, tu ne m’as pas encore remboursé les intérêts de mon prêt d’énergie ! De toute façon, tu as mis tellement d’années à le faire que le seul moyen d’éponger ta dette est de mourir de fatigue ! Crève !

Le visage du sorcier apparut tout à coup dans la boule de cristal de Baba, alors que cette dernière y matait de beaux et jeunes apollons. Elle sursauta puis se ressaisit en saluant son supérieur d’une courbette. Il fit un sourire cynique et lui donna ses instructions.
"L'histoire de Mr Satan", fanfic de 2010 à présent terminée (et reconstituée suite à un hackage en 2011), espère vous plaire et n'aurait rien contre quelques commentaires ;)
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"Le Chaos pour racines" est une fanfic qui met en scène 10 "avatars" créés par des membres du forum. J'espère qu'elle plaira aussi aux autres forumeurs ^^
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Re: [Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Messagepar Kame-boy le Lun Sep 05, 2011 15:44

Chapitre XVII :

Zmyéya postillonnait de rage :

- Il en est déjà à 527 victoires ?! À ce rythme, Hercule arrivera à 1000 avant la fin de l’année… Je ne pourrais pas tolérer qu’il sorte ! Tu m’entends !? Débrouille toi pour le déconcentrer ! Si par malheur il atteignait le nombre de succès synonyme de libération, emprisonne le dans une cellule et laisse le y croupir !
- Vous ne préféreriez pas que je le fasse combattre en dernière position ? Il aurait moins l’occasion de gagner comme cela, Amanda et Chuck ne perdant presque jamais.
- Non, certes il ne gagnerait pas mais ne souffrirait pas non plus, c’est un mauvais plan ! Fais ce que je te dis !
- Oui maître !

Suite à cet entretien, Baba décida de faire combattre Satan systématiquement aux « WC des démons », lieu que la sorcière avait évoqué en présence de son guerrier, alors qu’il n’était là que depuis une semaine. L’adolescent avait pris l’habitude depuis de faire ses besoins dans le bain d’acide qui s’y trouvait, en équilibre sur les langues de diables de pierre. Il était donc habitué à cette hauteur vertigineuse de quarante mètres et à se mouvoir sans crainte dans cette pièce, mais y combattre était une autre paire de manche. L’espace de quelques minutes, il eu l’impression de n’y avoir jamais mis les pieds. Heureusement pour lui, ses adversaires étaient encore plus intimidés et il continua même sa série de victoires. Mais la chaleur qui régnait dans cette salle était bien supérieure à celle de l’extérieur, Satan tirait alors un peu plus la langue à chaque combat, faisant la joie de Zmyéya. Pensant à l’argent, au succès et, surtout, à cette fameuse fille aux cheveux courts, le jeune homme refusait de flancher. Il avait tout de même ses limites et le cycle de succès fini par s’inverser, les défaites devinrent majoritaires. Ces dernières survenaient souvent par abandon, même face à des adversaires accessibles : l’instinct de survie de Satan était exacerbé, il était hors de question de prendre le moindre risque inutile ; il devait sortir d’ici entier ! Il en avait une telle envie qu’il développa peu à peu sa roublardise, à la limite de la tricherie, parfois même au-delà. Le déclic lui vint alors qu’un haltérophile surdimensionné menaçait de le soulever comme un vulgaire poids et de le jeter dans l’acide. Satan fit alors mine de le supplier, sans dire un mot mais dans une posture évocatrice. Le sportif s’approcha donc tout près du jeune homme, sans crainte, persuadé que celui-ci abandonnait. Il n’en était rien et le guerrier de Baba se releva brusquement, percutant du sommet de son crâne la mâchoire adverse. Victoire par K.O… Dans ce contexte, seul sauver sa peau comptait, la manière était secondaire. Satan n’avait donc aucune raison de faire machine arrière et mis au point d’autres stratagèmes : s’attacher aux langues de pierre avec un élastique, savonner le camps adverse, faire semblant d’être blessé, et bien d’autres coups fourrés… Ainsi, l’adolescent atteignit les 1000 victoires quelques jours avant ses 18 ans, sur un high-kick d’école. En fin d’après-midi, Baba le convoqua alors dans son bureau, situé sous le bâtiment faisant office d’entrée de son domaine. Les murs y étaient couverts de photos d’hommes virils en petites tenues. Sur le bureau conçu à partir d’une ossature d’énorme félin, des cartes de tarot étaient éparpillées, ainsi que des magazines douteux et de marketing. Elle ordonna à Satan de s’asseoir sur un squelette humain dont les genoux avaient été pliés pour former une chaise.

- Je sors à quelle heure ? demande le garçon, surexcité.
- Ca ne va pas être possible aujourd’hui…
- Comment ça ?!
- Tu oses poser la question ?! cria la voyante, obligée de jouer un rôle.
- J’ai rempli ma part du contrat, j’exige de sortir, vieille peau !
- Hey, ce n’est pas parce que tu as soi-disant remboursé ta dette que tu dois tout à coup changer de ton avec moi ! Petit voyou ! répondit t-elle, vexée donc plus convaincue.
- Si j’avais su, j’aurais pas perdu tout ce temps et je t’aurai balancé dans les chiottes des démons !
- Surveille ton langage ! Bon, on va dire que c’est sur le coup de l’émotion, je passe l’éponge… Mais je maintiens ta prolongation de peine ! La raison est simple : tu as triché ! Tu es donc condamné à 1 an d’emprisonnement. Amanda et Chuck vont t’escorter.
- Tu crois que je vais me laisser faire ? En plus pour un motif aussi injuste ?
- Tu sais très bien que si tu tentes quoi que ce soit, tes collègues auront vite fait de te rattraper ! Je pourrais même leur ordonner de te tuer si nécessaire.

Ces paroles refroidirent Satan qui, une fois sortit du bâtiment, se laissa mener par la froide guerrière et le divin barbu. Lorsqu’ils l’eurent conduit dans sa cellule, Chuck posa une main réconfortante sur l’épaule de son jeune ami et s’en alla, laissant le soin à Amanda de verrouiller la porte. Elle n’osait pas regarder Satan, détournait le regard… mais soudain se jeta sur lui et l’embrassa fougueusement. Avant même que l’adolescent ne comprenne ce qu’il lui arrivait, elle n’était déjà plus là… Interloqué, il haussait un sourcil. Il mâchouillait quelque chose… un chewing-gum ? Satan ne le savait pas lui même. Il prit ce qui se trouvait entre ses dents et ce qu’il vit lui fit bondir la poitrine. Un bonheur intensément contenu se lisait sur son visage : il tenait une petite, libératrice… clé !

L’adolescent attendit que la nuit se dévoile pour ouvrir discrètement sa cellule, marcha à pas de loup jusqu’à la plate-forme ronde servant d’ascenseur, puis claqua des doigts pour déclancher le mécanisme. La sorcière avait procédé de la même façon le jour où il s’était fait piéger, il n’avait eu qu’à l’imiter. Il se souvenait aussi que cet élévateur émettait, en action, un son vibrant ; le jeune homme craignait alors que Baba l’entende du bâtiment voisin. Il grimaça tout au long de la montée et fut ensuite soulagé de ne voir personne à l’horizon. Mais la partie n’était pas encore gagnée, le pont était levé comme tout les soirs et il restait à nager dans une eau qui, à cette heure-ci, était glacée. De plus, les poissons nocturnes de la région étaient particulièrement agressifs. Il fallait être vigilent. Satan se méfiait particulièrement du candiru, minuscule poisson parasite réputé pour entrer dans le corps et y pomper le sang. Le jeune homme avait de grandes connaissances concernant la faune des eaux, élément qu’il détestait mais qu’il devait affronter pour enfin sortir de cette prison. Il se rappela que ces animaux étaient attirés par l'hémoglobine et l’urine et fit donc ses besoins naturels le plus loin possible de l’entrée. De l’autre côté de la partie du pont sur lequel il se trouvait, il fit couler un peu du liquide rouge de son doigt, qu’il avait préalablement incisé avec les crans de la clé. Il suça ensuite la plaie, jusqu’à ce qu’elle ne libère plus de sang. Puis vint, justement, le bien nommé « moment clé », celui de la nage tant redoutée. Satan s’accroupit légèrement, mains jointe, près à sauter. Mais il s’affaissa progressivement et la posture du plongeur se transforma en position du prieur. Recroquevillé, il se murmurait des encouragements pour oser franchir cette dernière étape du chemin menant à la liberté. Mais son corps ne réagissait pas, son esprit refusait de coopérer avec son enveloppe charnelle. Au prix d’efforts surhumains, il réussit à avancer dans cette position, au rythme d’une tortue. S’il avait continué ainsi, il serait arrivé dans l’eau le lendemain matin. Mais un bruit qu’il connaissait par cœur le tira de sa torpeur… celui d’ailes de chauves-souris en action. Elles sortaient, gourmandes, de leurs habitations pyramidales, situées de part et d’autre de la demeure de Baba. Satan se leva alors subitement, en un mouvement. Ses cheveux étaient encore plus hirsutes que d’habitude, dressés par la peur de ces abominables bestioles qu’il avait trop longtemps côtoyé. Sans réfléchir, il plongea. Ses bras moulinèrent, moulinèrent, moulinèrent et il atteignit la berge en un temps record. L’une des chasseuses réussit tout de même à le rattraper et agrippa sa tignasse. Satan se roula au sol comme un fou pour la faire fuir, avec succès. Mais une autre petit vampire ailée pris le relais. Elle était plus imposante et coriace, sa puissance plia même Satan en deux. Il était incapable de se relever et il entendait déjà la plate-forme synonyme d’arrivée de Baba. Cela ne pouvait pas arriver… Échouer si bêtement, il ne pourrait pas le supporter. Les griffes de l’animal pesèrent ensuite sur ses omoplates. Étrangement, le jeune homme se sentit bien mieux, léger… et pour cause, ses pieds ne touchait plus terre, il volait. Au ras du sol, mais il volait.

- Quel est ce miracle ? pensa t-il, ahurit.

Il se rendit vite compte que la chauve-souris le soulevait par les épaules et distançait la boule de cristal planante de sa maîtresse. L’hideuse bête lui parla alors :

- Yark ! Baba yerk ma demandé kiak kiek de t’aider à t’échapper kouak !
- Draculaman, c’est toi ?!
- Yerk, oui !

Satan n’y comprenait plus rien. Il ne se creusa de toute façon pas la tête, focalisé sur sa joie de voir la voyante abandonner la poursuite. La vieille sorcière avait donné l’illusion d’essayer de les rattraper mais elle n’avait jamais eu l’attention de leur mettre la main dessus. Elle pensait simplement à protéger ses arrières vis à vis de son patron, qui devait la surveiller en ce moment même.

- Le petit est enfin libre, m’a remboursé et ce satané patron ne pourra rien me reprocher, je suis tranquille ! pensa t-elle.

Elle se trompait lourdement ! Zmyéya, le regard noir et la bouche crispée allait craquer d’une seconde à l’autre. Il souleva tout doucement sa mains écailleuse et l’abattit brusquement sur sa bulle d’observation. Elle vola en éclat et il lâcha un cri de fou furieux. La sphère de sueur et de sang, faisant à cet instant presque cinquante centimètres de diamètre, ondula fortement sous l’effet de cette rage. La demeure ronde du vil sorcier tremblait aussi et communiqua ses vibrations à l’eau qui l’entourait, qui fit de même avec la surface, et ainsi de suite jusqu’au ciel. Ce dernier libéra alors une pluie torrentielle, des gouttes de haine. Elles s’abattirent sur Draculaman et le jeune homme qu’il transportait, les précipitant dangereusement vers le sol inondé. La chauve-souris redressa son vol juste à temps et, au prix d’efforts intenses, réussit à regagner de l’altitude. Satan, lui, ne voyait plus rien, ses épais cheveux mouillés cachant ses yeux. Il grelottait à la fois de froid et de peur. S’il n’avait pas uriné quelques minutes auparavant, il aurait sans doute fait pipi dans son pantalon. Toujours plus déchaîné, Zmyéya précipita une armée de grêlons sur ses pauvres cibles. Les plus gros spécimens faisaient presque un kilo et furent proches d’assommer le solide animal. Le patron des eaux glacées, terriblement frustré de constater que ces tentatives étaient veines, annexa à son corps devenu aqueux la sphère de souffrance liquide. Celle qu’il avait confectionné avec tant de patience, ces deux dernières années, avec le dur labeur de Satan. Ce regain d’énergie lui permit de créer un très éphémère mais surpuissant typhon glacé. Draculaman ne pu alors résister plus longtemps et lâcha l’adolescent dans les flots agités. Paniqué, il vola à son secours et, par amitié pour lui mais surtout loyauté envers sa patronne, réussit à le hisser jusqu’à la surface. Au prix de sa propre vie…

Un autre être venait de se sacrifier. Il s’agissait de Zmyéya. Sa haine envers Satan était si profonde qu’il n’avait pas hésité à puiser dans ses ultimes ressources, à s’infliger des dommages irréparables. Mourant, il jurait à voie basse, espérant encore regagner quelques forces. Il pourrait peut-être tuer cet avorton dans quelques mois ou années, qui sait. Oxotnik, son chasseur de fils, s’approcha de lui. Il posa une main sur l’épaule rugueuse du sorcier.
- Merci mon enfant, tu me réconfortes !
- Mais de rien, père, c’est un plaisir ! répondit le jeune homme, brandissant un grand turitelle, coquillage pointue.

Message par RMR » Ven Août 13, 2010 7:53 pm
Et bien, que de péripéties! C'était vraiment captivant comme chapitre! Jusqu'au bout, j'étais tendu pour Satan, et là, le final avec le fils qui se prépare à attaquer son père... Fiou!


Message par Kame-boy » Lun Août 16, 2010 8:45 am
J'en suis ravi, ça dépasse mes espérances :D Merci.
J'espère que d'autres lecteurs ont appréciés comme toi ^^

Même si tu n'en as pas parlé, j'ai remarqué que j'avais utilisé trop souvent le mot "sang" lorsqu'il se prépare à plonger. J'ai modifié ça à l'instant. Ca me semble meilleur ainsi.


[Je n'arrive pas à trouver en "cache" la page 5 de l'ancien topic de cette fic. Quelqu'un arrive t-il à le trouver, pourrait-il me donner le lien pour y acceder ?]
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Re: [Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Messagepar Kame-boy le Mar Sep 06, 2011 15:34

Chapitre XVIII :

La pointe du coquillage perfora ce qui servait de cœur à la créature. Le jeune chasseur fixa son père avec haine, prenant son temps pour retirer progressivement l’arme de la profonde plaie.

- Puisque tu aimes faire durer le plaisir habituellement… avec Maman, son amour, ses enfants… tu n’auras rien contre le fait que je le fasse aussi avec toi, n’est-ce pas ? demanda t-il, sarcastique.
- Mon fils… Mon fils… pouvait seulement dire le monstre, entre deux râles, trop surpris et assailli par la douleur pour être en colère.

Oxotnik était sans doute l’enfant préféré de Zmyéya, celui-ci envisageait même de tout lui transmettre un jour : son pouvoir, sa connaissance, ses richesses. Si quelqu’un devait lui rester fidèle quoi qu’il arrive, c’était bien lui… enfin c’est ce dont le sorcier était persuadé jusqu’à cet instant tragique. Son sang verdâtre le quittait, sa vue se troublait, il ne distinguait plus ce qui était réel ou non. Il entendit un craquement, celui produit par son esprit quittant sa non moins immonde chaire. Avec l’énergie du désespoir, il se transforma en flaque, tentant ainsi de se réapproprier l’énergie liquide. Son fils prit une éponge et y absorba ce qu’il restait de son géniteur. Il l’essora dans sa bouche et l’avala, s’appropriant une grande partie des pouvoirs de ce dernier. Zmyéya était enfin mort, Mordjé était vengé !

Bien-entendu, Satan n’était absolument pas au courant de tout cela mais il était concerné au premier plan. Étais-ce la fin des tourments, le début d’une énième vie dans sa jeune existence ? Un tournant majeur ? Toujours est-il qu’il pataugeait pour l’instant dans une gadoue sableuse, agité dans son sommeil. Il revivait sa folle fuite en rêve, principalement l’instant où la chauve-souris l’avait tiré hors de l’eau et accroché, par sa cape, à un solide cactus. D’ailleurs, ce fut ce dernier qui le réveilla de ses pointes, lorsque Satan, frappant en tout sens contre un ennemi imaginaire, percuta la plante grasse. Il existait des retours à la réalité plus agréables... Dans un premier temps, l’adolescent se demanda où il se trouvait, puis il s’attacha à des futilité et pesta en voyant sa cape déchiré. Mais, dans un sursaut de lucidité, il pensa à Draculaman. Il le chercha partout, sous les rares pierres, sous le sable qu’il creusa frénétiquement, derrières les plantes sèches. Plus il retournait le désert, plus il se demandait quelle était la part de rêve dans cette histoire. Cette chauve-souris l’avait-elle vraiment sauvé ?

- Mais non, un animal capable de parler n’existe pas ! En plus Draculaman n’a jamais articulé un mot audible, et encore moins de phrases ! C’est ce soleil qui doit me frapper sur la tête ! pensa l’adolescent.

Chaque minute qui passait le rapprochait de la certitude qu’il avait fait le plus gros du travail, qu’il s’était sauvé tout seul. Il voulait bien admettre qu’un animal volant l’avait aidé à passer le pont mais ensuite il avait sûrement dû nager seul dans ce torrent, porté par sa seule soif de liberté. Alors qu’il réfléchissait à cela, la chaleur implacable du désert avait repris ses droits. Le sol était à nouveau sec et crissait sous la semelle de Satan, qui marchait sans trop savoir en quelle direction. Il savait juste qu’il voulait retrouver cette femme obsédante, la prendre enfin dans ses bras, frôler sa nuque, poser ses lèvres contre les siennes. Ne plus sentir le temps passer. Mais elle ne travaillait sûrement plus à « Pink Pleasure » et il valait mieux lui parler hors du cadre de son travail, la seule solution était donc : Baba ! Seule cette sadique, pensait-il, pourrait lui dire exactement où habitait cette mystérieuse demoiselle. Satan fit quelques efforts pour se rappeler des cours de survie que Gorira lui avait prodigué, se servit de la courbe emprunté par le soleil pour aller vers l’Ouest, chemin conduisant normalement au palais. Il se servit aussi de la montagne de la côte est de cette péninsule, dont il devinait parfois les contours au loin, et tentait de s’en éloigner le plus possible. Il se nourrissait de petits animaux et les trouvait grâce aux fameux lézards jaunes de la région, eux-mêmes chasseurs d’araignées ou autres insectes. Sa cape lui fut utile pour tenir des morceaux de cactus dans ses mains ainsi protégées, il pu boire de leur bienfaisant suc. Les heures passaient et le jeune homme se demandait jusqu’où ce foutu courant l’avait emporté. Il douta même d’aller dans la bonne direction. Il aperçu alors une silhouette au loin, déformée par l’air chaud provenant du sol. Cette forme frémissante était humaine !

Satan se mit à courir vers cette personne, ragaillardi par cette source d’espoir. Elle ne s’éloignait pas : ce n’était pas un mirage ! Il vit alors un être bien familier s’approcher de lui… Chuck, tout de blue-jean vêtu, allait tranquillement à sa rencontre. Aucune goutte de sueur n’avait eu l’affront d’apparaître sur lui, aucun grain de sable n’avait osé offensé ses bottes. Il posa une main réconfortante sur le bras de Satan et lui sourit. L’adolescent ne pu retenir une larme de profond soulagement.

- Tiens mon petit, tu as oublié ça ! dit le viril combattant, tendant sa main ouverte vers son protégé.
- De quoi tu parles ? demanda Satan, avant de s’apercevoir que, dans la paume de Chuck, se trouvait une capsule.

Une capsule jaune.

- Ce… ce serait… ?!
- Oui, c’est bien ça ! C’est ton avion, c’est à moi que Baba l’avait confié.
- Oh… je ne sais pas quoi dire… Merci beaucoup ! s’exclama l’adolescent, en larme.
- Ce n’est rien petit, je n’ai fait que mon devoir. Lorsque la tempête a éclatée, le palais s’est retrouvé engloutit et recouvert par les sables ! J’ai dû alors sortir un à un nos camarades de cet enfer, Baba n’ayant pas pris la peine de le faire, affairée à sauver son argent. J’avais ta capsule sur moi en permanence donc je n’ai pas eu à la chercher.
- Baba est toujours là-bas ? demanda un Satan inquiet, espérant qu’il n’était pas trop tard pour faire appel à ses services de voyance.
- Si elle est encore là-bas, ce n’est plus pour longtemps et je doute qu’elle accepte de t’aider gratuitement. Vole plutôt vers l’avenir prometteur qui t’attend !
Sur ces mots, Chuck délivra l’objet de la capsule et invita le jeune homme à y monter. Celui-ci ne se fit pas prier et s’apprêta à décoller. Soudain, il se rappela qu’il avait mit le corps de son maître sur le siège arrière et s’y jeta pour vérifier. Chuck lui fit alors un clin d’œil, pour le rassurer : il s’en était occupé.
- Ne t’inquiètes pas ! Bonne chance ! dit-il, saluant Satan de la main.

L’adolescent lui répondit par un rapide mouvement de tête et partit sans tarder, trop pressé de commencer une nouvelle vie.
Il vola à toute allure vers la banlieue est de Capital City. Il reconnu de loin ses lampions caractéristiques, ses dômes réfléchissant la lumière ; son cœur était agité par tant de nostalgie et d’excitation. Il se posa à proximité de la ville, dans un petit coin de nature et marcha les quelques kilomètres qui le séparait de son obsession. Il déchanta assez vite, en voyant l’état de l’établissement « Pink Pleasure ». D’ailleurs, on ne pouvait même plus lire son nom, l’enseigne lumineuse n’éclairant plus qu’une lettre sur deux. Les murs étaient légèrement lézardés et leur couleur rose était passée. Une femme d’une quarantaine d’année, marquée par la vie, était appuyé contre le mur. Elle n’était pas très distinguée, avec son maquillage noir pour yeux ressemblant à des coquards, son rouge à lèvre voyant et ses bas de soie filés. Ses cheveux étaient plutôt propres mais n’avaient pas vu un peigne depuis quelques jours, assurément. Elle cracha son mégot et s’adressa à Satan sur un ton mécanique :

- Chéri, on monte ?
- Euh… non merci mademoiselle… Je cherche une fille bien précise !
- Ah, je vois, monsieur est un habitué… Alors, qui veux-tu pour s’occuper de toi ? Carolina ? Samantha ? Juliana ?
- En… en fait je ne sais pas comment elle s’appelle…
- Ah, je vois, tu cherches à compliquer les choses ! répondit la prostituée, légèrement agacée. Décris là moi et je verrais ce que je peux faire !

Satan obéit, parla de ses cheveux, de sa peau, de son énergie, et même de sa douceur. Cette dernière qualité était sûrement ce qui la caractérisait le plus.

- Mon p’tit gars, je crois bien que tu ne la retrouveras pas ! Tu connais les ravages de la drogue ?

Satan cru que son cœur allait resté bloqué dans sa poitrine. Il bafouilla :

- V… vous voulez d… dire qu’elle est morte ?
- Non, j’ai pas dis ça ! Mais elle n’est plus à Pink Pleasure depuis au moins 2 ans. La boite est en redressement judiciaire, on est au bord de la faillite ! Alors plus de la moitié des filles sont parties, quelques unes séduites par les discours de proxénètes véreux. Ta chérie, Lilith, en fait partie. Je l’ai croisé il n’y a pas longtemps, 3 mois peut-être, elle était dans un triste état. Ils ne fument pas que du tabac et ne sniffent pas que de la colle dans ces milieux là !
- Lilith ? Elle… elle s’appelle Lilith ?
- Oui, je viens de te le dire ! T’es sourd ?!
- Savez vous où elle habite ?
- Aucune idée, mais je sais que le mac qu’elle a suivit appartient à une organisation de yakuza qui a ses quartiers à l’ouest de la ville, près de la capitale. Tu es sûr que tu ne veux pas monter ?
- Non merci mademoiselle ! cria Satan, déjà en train de courir entre les voitures et les immeubles.

Le jeune homme parcouru une dizaine de kilomètres en moins d’une demi-heure et s’affala sur les petites marches d’un magasin pour souffler. Une fine pluie commença à tomber, ce qui ne gêna pas Satan, protégé par le store extérieur de la boutique. Il décida, au fil des minutes, d’attendre là. Malgré le climat peu favorable, il resterait le temps qu’il faudrait ! Il se disait que Lilith ou l’une de ses collègues finirait bien par passer sur ce trottoir. Il passa la nuit assis inconfortablement, répondant aux quelques agressions verbales de sans-abri et fêtards ayant bu sans modération. Dans sa tenue non adaptée à ce début d’automne, l’adolescent, qui avait en ce jour 18 ans, brava également le froid et l’humidité. Il ne dormit pas vraiment, stagnant entre l’éveil et le brouillard du sommeil. À 6 heure du matin, le soleil se levait doucement et éblouit légèrement Satan. Ce dernier ne vit alors pas distinctement la personne qui s’approchait de lui, en contre-jour. Il s’agissait d’une longiligne demoiselle, aux jambes interminables et attirantes. Par contre, sa démarche était peu assurée, les talons hauts n’aidant pas à l’équilibre. Son manque de poitrine ne l’empêchait pas d’avoir une silhouette très féminine, à la magnifique cambrure et au port de tête digne d’une danseuse classique. Ses cheveux mi-long coupés au carré se balançaient doucement de droite et de gauche. Lorsqu’elle s’arrêta à un mètre de Satan et se pencha vers lui, il s’aperçut que son visage était tiré par la fatigue et relativement pâle. Elle posa la main de l’adolescent sur son trench-coat en vinyl puis la fit descendre doucement jusqu’au bas de ses cuisses dénudées.

- Salut mon mignon, tu viens passer du bon temps avec moi ? Tu ne le regretteras pas !

Satan ne répondit pas, absorbé par ses souvenirs tactiles… avait-il déjà parcouru ces formes de ses doigts ? Il n’en était pas persuadé mais l’idée faisait son chemin. Il observa alors le visage de la jeune femme d’une trentaine d’années. Elle n’avait pourtant rien de commun avec les personnes qu’il avait croisé, encore moins avec la chaleureuse Lilith. Il se rappela alors des paroles qu’il avait entendu la veille, sur les ravages de la drogue, poison ayant trouvé sa place bien au chaud dans les sales draps de la prostitution et de la mafia. Il examina plus attentivement la belle prostituée, parcouru ses marques de souffrance, ses joues creuses, rien ne lui parlait. Il arrêta pourtant la course de son regard sur un petit nez, qui se plissa délicieusement lorsqu’elle lui sourit. Cette expression était resté gravée dans la mémoire de Satan depuis ses 15 ans ; il doutait pourtant en voyant des yeux exprimant tant de tristesse. Lilith était pleine de joie de vivre ! Elle posa alors sa paume sur la joue du colosse et celui-ci identifia immédiatement la douceur et la volupté qu’elle, et elle seule, pouvait transmettre avec un simple geste.

- Lilith ! s’exclama t-il, ouvrant grand les yeux.

Elle sursauta, surprise que l’on connaisse son nom, puis son regard devint méfiant. Elle dévisagea Satan, tentant de se rappeler brièvement où elle avait pu le croiser. Tout en le fixant, elle s’éloignait à reculons, imperceptiblement. Ses pas se firent de plus en plus rapides, jusqu’à ce qu’elle se retourne pour fuir. L’adolescent se lança à sa poursuite, souffrant à l’avance à l’idée de ne plus pouvoir être en sa présence. Constatant que sa lourde foulée effrayait la jeune femme et l’encourageait à accélérer, il ralentit et décida de l’observer de loin. Il la suivit une bonne demi-heure et arriva dans un immense parking à ciel ouvert, désaffecté, sur lequel quelques remorques de camion dispersées avaient été transformées en dortoirs. Il vit dans quelle «chambre» elle se précipitait et, déterminé, avait bien l'intention de tenter sa chance. Courtoisement, il frappa du poing contre la taule et attendit une réponse, qui ne vint pas. Il recommença plus brusquement et, cette fois, pu entendre :

- Laisse moi ! Tu n’as rien à faire ici !
- Je suis venu de loin pour te parler !
- Tant pis pour toi, je ne t’ai rien demandé ! Et puis, en plus, comment connais-tu mon nom ?!
- J… nous… nous avons…

Satan bafouillait, très gêné par cette question. Il ne trouvait pas les mots justes pour parler de leur chaude nuit. Il se rendit alors compte du ridicule de la situation ; comment expliquer qu’il était amoureux alors qu’il n’avait passé que quelques heures avec elle ? Elle allait le prendre pour un fou. Il broda alors une petite histoire :

- J’ai été de nombreuses fois au « Pink Pleasure » mais je n’y ai jamais éprouvé beaucoup de plaisir. J’ai alors demandé à la patronne, que je connais bien, de me conseiller une fille passionnée par son métier. Elle m’a parlé de toi avec enthousiasme et m’a indiqué dans quelle quartier tu travaillais. J’y suis allé sans tarder, espérant voir si la rumeur disait vrai…

Un silence pesant s’installa quelques longues secondes, puis la trentenaire répondit :

- Tu es quand même un sacré pervers pour t’être déplacé jusque dans ce quartier, spécialement pour me voir. J… je t’avoue que ça me… ça me flatte mais… mais…

La phrase fut brusquement interrompue. Satan, inquiet et intrigué voulu ouvrir la « porte ». Elle résistait. Il devait y avoir un verrou à l’intérieur, un foutu verrou qui l’empêchait de la voir ! L’angoisse lui fit perdre sa lucidité, il utilisa alors sa force herculéenne pour littéralement plier la taule, profitant d’un espace suffisant pour glisser le bout de ses doigts. Pendant une dizaine de secondes, on eu pu croire que la remorque n’était qu’une vulgaire canette. Il enjamba l’entrée, à moitié «décapsulée» et fut très peiné de voir la jeune femme recroquevillée dans un coin de sa chambre, prise de convulsions. Une odeur de moisi caractéristique agressa l’odorat de Satan ; ce dernier compris tout de suite et regarda aux pieds de Lilith. Il s’y trouvait des comprimés blancs, ainsi qu’une bouteille dans laquelle quelques uns avaient dû être dissous. Des Ecstasy... Il s’approcha d’elle à genoux, compatissant. Elle tourna alors vivement la tête vers lui, méchamment.

- Dégages ! Qu’est… qu’est ce que tu me veux ?
- Je veux juste te parler et t’aider.
- Je n’ai pas besoin d’aide ! T’es bizarre ! Tu veux me t… tuer, c’est ça ?!
- Mais non, je…
- Dégage bâtard, dégage !

Satan reçu chacun de ces mots comme autant de coups de couteau. Sonné, son regard faisait d’incessants allers-retours entre Lilith et le sol ; on pouvait y lire la détresse la plus totale. Nullement émue par les yeux de l’adolescent devenus humides, elle se leva et lui donna une série de coups de pieds. Rossé, chassé comme un mal-propre, il déguerpit sans regarder derrière lui, le cœur gros.

Satan erra dans les rues toute la journée, l’âme en peine. À cette souffrance intérieure vint s’ajouter la douleur physique, la fatigue et surtout la faim cruelle. Il avait dépensé beaucoup d’énergie en marchant dans le désert, en courant dans la ville, en encaissant les agressions de toutes sortes, sans même dormir une seconde. L’espoir fou de faire connaissance avec Lilith avait éclipsé toutes autres sensations ; une fois celui-ci mort, tout les maux qui attendaient sagement purent s’engouffrer à l’unisson dans la brèche. Satan était à bout et n’avait pourtant aucun endroit pour se ressourcer. Hors de question d’aller sur la côte ouest, trop de mauvais souvenirs… ‘Stiqbal et Mihb ? Trop honte pour se représenter devant eux ! Il s’assit alors au pied d’un arbre, face à une boulangerie, et tendit la main.
"L'histoire de Mr Satan", fanfic de 2010 à présent terminée (et reconstituée suite à un hackage en 2011), espère vous plaire et n'aurait rien contre quelques commentaires ;)
http://www.lunionsacre.net/viewtopic.php?f=42&t=5894

"Le Chaos pour racines" est une fanfic qui met en scène 10 "avatars" créés par des membres du forum. J'espère qu'elle plaira aussi aux autres forumeurs ^^
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Re: [Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Messagepar Kame-boy le Mar Sep 06, 2011 15:39

Chapitre XIX


Foutu caillasse ! Chaque jour, on lui déversait dans la main et elle ne suffisait même pas à s’acheter un pain. Chaque fois le même refrain ! Et dire que l’hiver commençait à prendre ses quartiers…

- Ma barbe me pique, je pue… Mais qu’est ce que je fais là ?!

Satan ne se sentait pas à sa place, intrus dans une marée humaine agitée par les fêtes de fin d’année. Les couleurs vives qui l’entouraient n’étaient que tentations et il s’efforçait de ne les voir qu’en noir et blanc, de ne pas y prêter attention. Quelques minutes par-ci par-là, il s’égarait, se prenait à manger des yeux un vélo tout neuf, une montre clinquante ou les pâtisseries de la boulangerie d’en face. Il en rêvait même la nuit.

En fin de matinée, Satan louchait en bavant sur une bûche au chocolat couverte de sapins en sucre. Le propriétaire de la boutique, bonhomme aux cheveux blonds et à la petite bedaine flamande, jetait de temps à autre un coup d’œil furtif vers l’adolescent. Il voyait la foule passer inlassablement devant ce jeune clochard et ne lui prêter aucune attention. Quel pauvre gamin… Lorsque sa journée de travail fut terminée, aux alentours des 16 heures, il s’apprêta à dénouer son tablier, comme d’habitude. Mais son geste ralentit, instinctivement, devant le spectacle lumineux que la rue offrait, que ses propres gâteaux offraient. Il s’arrêta net. Une lueur dans les yeux, déterminé, il se rua dans la cuisine. Trois heures plus tard, couvert de farine, il ressortit fièrement avec une charlotte aux marrons très appétissante. L’homme sortit de la boulangerie et s’accroupit près du garçon. Celui-ci était assoupis, tête entre les genoux, il n’osa alors pas le déranger. Il n’eut pas à attendre longtemps… Satan sentit une odeur inhabituellement proche, inhabituellement palpable. Il redressa doucement la tête. Ce n’était pas possible… Il dormait ? Un miracle ? Un gâteau, dont il n’aurait même pas oser espérer une miette, était sous son nez. Il regarda bêtement, incrédule, le personne joufflu qui lui tendait cette merveille.

- Tiens, n’hésite pas ! Je l’ai fait spécialement pour toi ?

Satan ne répondit pas, sonné. Il ne pu que naturellement tendre les mains, sans réfléchir. Lorsqu’il se rendit compte qu’il tenait bel et bien ce met entre ses doigts, qu’il ne s’agissait pas d’un mirage, l’adolescent en trembla d’émotion et sourit. L’homme fut ému par la réaction de cette jeune personne, il partageait son plaisir.

- Goûte, il est encore chaud ! Tu m’en diras des nouvelles ! conseilla le boulanger, en faisant un clin d’œil.

Satan ne fit pas dans le détail et pris une énorme bouchée. Les lèvres totalement recouvertes de fromage blanc, il se régalait. L’homme s’éclipsa alors, n’attendant pas d’être remercié. En quelque sorte, il l’était déjà.

Une heure passa. L’adolescent avait le ventre plein et les idées claires. Repu, il pensait à son bienfaiteur. Des êtres ayant cette bonté existaient donc bel et bien ? Il pensa aussi à Volnia, qui avait partagé sans compter le peu de richesses extérieures qu’il avait et les trésors intérieures qui débordaient de lui. En se comparant à ces hommes, il ne pu s’empêcher d’éprouver un sentiment de culpabilité. L’espace de quelques heures, il n’aurait plus faim, d’autres n’avaient pas cette chance. D'ailleurs, Lilith, comment allait t-elle ? Elle ne doit pas manger tout les jours et sa vie est pire que celle de clochard, estimait-il. Ces questions l’empêchèrent de fermer l’œil.

Une odeur… Chaude… Un pain ? Satan, qui commençait tout juste à trouver le sommeil, bondit littéralement. Le boulanger lui tendait un croissant, de sa fournée matinale, tout sourire. L’adolescent le prit vivement mais fut stoppé dans son élan au moment de l’engloutir. Il le regarda, hésitant, luttant intérieurement. Il se leva alors et l’homme ne sentit qu’un souffle passer à côté de lui, avant de comprendre que le gamin avait filé. Il le regardait s’éloigner, ne saisissant pas les raisons d’un départ si précipité. Et son croissant alors, il n’en voulait pas ?

Satan arriva dans le parking de Lilith, essoufflé. Il n’avait pas couru depuis deux mois, était rouillé et s’en rendait pleinement compte à cet instant. La porte qu’il avait décapsulé avait été recouverte par un simple drap. Il écarta cette bien dérisoire protection et vit, avec émotion, son être cher grelottant. Elle ne portait qu’un fin manteau de cuir, par-dessus une nuisette. Quelques secondes lui suffirent pour sentir le regard de l’intrus posé sur elle. Cependant, elle ne bougea pas, angoissée mais rassurée par cette présence étrangement familière. Ce n’était que la troisième fois qu’elle le rencontrait mais aucun de leurs échanges n’avaient été anodins. Elle se redressa légèrement en s’appuyant sur son coude et tenta de faire bonne figure en envoyant un clin d’œil maladroit à Satan. Ce dernier trouva à cet instant le courage d’entrer. Il s’assit timidement à côté d’elle et, tremblotant, lui tendit le croissant tiède. Agréablement surprise, elle ne se fit pas prier et le dévora. L’adolescent se nourrissait du plaisir de Lilith, suivait des yeux la moindre expression de son visage. Son nez qui se plissait de contentement, les fins sourcils qui formaient des arcs paisibles, les fossettes qui se dessinaient. Elle exprima sa gratitude par une simple mais parlante bise et s’affala sur son matelas miteux. Il s’installa paisiblement à ses côtés, profitant de l’instant présent.

Des cris… Ils provenaient de la remorque. Depuis le début de cette satanée année 755, depuis 5 longs mois, ils ne cessaient qu’en de trop rares occasions. Lilith, enfermée dans les bras puissants de son colosse de compagnon, se débattait sans aucune retenue, avec une force étonnante pour son gabarit.

- Calme toi, ma chérie !
- Non ! Non ! Où t’as mis mes ecsta ?! Où ?! demandait la jeune femme, des sanglots terrifiants dans la voix.
- Je les ai jeté !
- Je te hais ! balança t-elle à la figure de Satan, qui encaissa tant bien que mal.

Le jeune homme, courageusement, tint deux longues heures ainsi, jusqu’à ce qu’elle se calme et ferme enfin les yeux. Ensuite il pu déballer, d’un morceau de draps, des boutons de cactus. Il avait été les chercher la veille, dans le désert de l’Ouest. La formation de l’ex-militaire Gorira lui fut utile pour extraire, à partir de cette matière première, de la mescaline. Il fit chauffer ce liquide vert pâle, grâce à un autocuiseur trouvée dans la décharge voisine et, après diverses autres manipulations savante, arriva à ses fins le soir venu. La poudre beige formée, il l’a mélangea avec de l’eau et obligea sa femme à en boire. Affaiblie, elle ne résista que quelques secondes. L’effet du traitement fut assez rapide et les muscles de Lilith se décontractèrent, lui permettant de dormir normalement. Cependant, Satan était contrarié, il savait que cette solution n’était que temporaire. Les crises de sa compagne étaient plus espacées dans le temps mais plus violentes à chaque fois. Que faire ? Satan avait bien une idée, mais elle lui déplaisait fortement. Il s’était juré de ne plus jamais le faire. Il passa de nombreuses nuit agitées, retournant le problème dans tout les sens et, une matinée de septembre, dû se résoudre à passer ce coup de téléphone tant redoutée, déshonorant :

- Allo Jagaa !

8 mois plus tard… Sur une modeste place carrelée, la fête battait son plein, malgré la pluie. Fanfares et vendeurs ambulants animaient le lieu. De gigantesques drapeaux, aux allures de morceaux de lunes tombés sur Terre, étaient tout aussi colorés que les feux d’artifices tirées en plein jour. Satan n’y prêtait pas attention, bougon. Il fixait un bâtiment aux murs ornés de démons cornus, celui d’une première fois. En effet, elle n’allait pas tarder, sa première participation à un tournoi officiel. Il en avait effectué de nombreux clandestins mais il avait tout de même le trac. Allait-il s’en sortir avec un arbitre consciencieux, une foule plus timorée ou cette règle du hors ring dont il n’avait pas l’habitude ? Enchaîner autant de combats en si peu de temps n’allait pas non plus être évident. Il trouva quand même quelques secondes pour admirer le double toit de chaume, les gargouilles de diablotins aux mêmes tons de bronze, ainsi que les portiques sculptés aux spirales nuageuses. Il contourna par la gauche cette construction grandiose et entra dans l’une de ses versions miniatures, alors que la météo devenait soudain plus clémente. La salle des éliminatoires était beaucoup moins clinquante et se résumait à un plafond de bois et de plâtre, quatre tatamis basiques et un tableau des confrontations encore vierge. Plusieurs dizaines de combattants étaient déjà présents, de tout horizons. Des pratiquants de kung-fu, des karatekas, boxeurs, fakirs, ours mal léchés et même un drôle d’individu aux oreilles pointues et à la peau verte nervurée, simplement vêtu d’une tunique violette. Il posa son regard dédaigneux et glacial sur Satan qui, durant ces longues secondes, portait bien mal son surnom. Il n’avait pas pleinement conscience que cet être le surclassait largement mais la petite voix de l’intuition devait lui dire discrètement ; il était à deux doigts de mouiller son pantalon tout neuf.

- Hey, duchnoc, arrêtes de t’agiter, je vais tomber ! ordonna une voix de roquet.
- P…parle moi sur un autre ton ! répondit le jeune homme en s’adressant à Jagaa, soulevant la cape qui le cachait jusque là.

Afin de ne pas se fatiguer avant de combattre, le baron junior avait en effet décidé de s’accrocher jusqu’au dernier moment aux jambes du colosse. Accessoirement, il avait évité d’être trempé.

- Je ne te répondrais même pas, Satan de mes deux, on réglera ça sur le ring ! Je vais t’apprendre à me craindre de nouveau ! Estimes toi heureux que j’ai déjà payé la cure de desintox de ta copine, sinon j’aurais sûrement annulé mon offre ! Ingrat ! En plus, j’ai fait recoudre ton costume…
- Je ne te dois rien, c’est donnant-donnant ! Je t’ai servi de sparring partner, je t’ai fait à manger, la vaisselle, j’ai fait le larbin quoi ! On est quitte !
- Sans moi tu serais encore dans la rue… Pfff !

Une annonce mit fin à leur conversation. Un vieil homme à la longue moustache de chat et aux sourcils tombants, accueillait les participants au micro :

- Merci tout d’abord pour votre participation à ce 23ème championnat du monde d’arts-martiaux ! Vous n’êtes que 72 combattants à avoir eu le courage de vous inscrire, suite à l’impressionnante démonstration du champion du monde en titre, Ten-shin-Han ! Il devrait donc y avoir cette année une densité assez exceptionnelle ! Respectez les règles et faites de votre mieux, bonne chance à tous !

L’orateur s’inclina en soulevant légèrement son tarbouche noir, ajusta son kimono et son pagne à carreaux, puis quitta la scène, c’est à dire le quatrième et dernier tatami. Le tirage au sort réserva d’ailleurs celui-ci à Satan et Jagaa.

- Le n°55 et n°56 sur le ring s’il vous plait ! demanda l’arbitre, reconnaissable à son nœud papillon et à sa chemise à rayures.

Avant de se rendre sur la surface de combat, Jagaa fit un clin d’œil sarcastique à Satan afin de montrer que, lui, fils de baron, maîtrisait la situation. Il invitait son subalterne à en prendre de la graine. Un crocodile en kimono se présenta face à lui et exhiba ses longues dents acérées. Nullement intimidé, Jagaa passa à l’action dès que l’officiel donna le signal. Il plia ses jambes comme des ressorts et se propulsa à grande vitesse vers la créature. Son poing fit douloureusement connaissance avec de rudes écailles. Il eu a peine le temps de souffler sur sa main qu’une monstrueuse queue se dirigeait déjà vers lui. Il ne s’en fallut que d’un cheveux… le petit homme se baissa promptement et déséquilibra son adversaire, à l’aide de sa natte. Le reptile était un dur à cuir et se releva aussitôt, armant déjà son coup de pied marteau meurtrier.

- Ah ah ah, tu vas finir aplatit comme un crêpe, ou plutôt un blini !
- Dans tes rêves !

Le talon du karateka percuta violemment le tatami, mais aucune trace d’une quelconque victime. L’adolescent était passé entre les jambes de l’animal et attendait tranquillement, dans son dos. Il savoura sa position préférentielle une seconde, puis bondit sur les épaules de son adversaire. Celui-ci fut alors étranglé dans les règles de l’art par la tresse du futur baron et tomba à terre, inconscient.

- Victoire du n°56 ! confirma l’arbitre.
- À toi de jouer, mon grand ! dit Jagaa à l’attention de Satan, sans aucune trace de complicité.

Le jeune homme de 19 ans prit place sur le ring et découvrit son drôle d’adversaire, un loup boxeur. Ils se jaugèrent en sautillant, ce fut l’occasion pour Satan de montrer son jeu de jambe démoniaque à la maigre assistance. Lorsque le combattant à la cape sentit un déséquilibre chez son opposant, il enchaîna à la pelle ses fameux « shots ». La plupart transpercèrent la garde du canidé et l’obligèrent à reculer jusqu’au bord du tatami. Satan voyait déjà la victoire… à tort ! Des pattes appuyèrent sur ses cervicales, l’obligeant à se plier en deux. Puis un coup de genou chamboula aussitôt son estomac, un deuxième, un troisième... Brinqueballé, il en était réduit au rôle de pantin.

- Arghh… ça me rappelle un mauvais souvenir !!! se dit Satan, au bord de la panique.

Une scène humiliante de sa jeunesse refit surface. Tant de peur et de rage étaient liées à cet événement, tant d’expériences s’étaient accumulées depuis, qu’il eu la capacité de réagir en un éclair. Il contra celui qui s’avérait être finalement un boxeur pied-poing, en jouant le même petit jeu. Ses mains agrippèrent la fourrure de l’animal, au niveau du cou, et y exercèrent une pression énorme. Il pu alors diriger le manège à sa guise. Ce dernier était bien loin de celui des fêtes foraines et le loup, exténué, n’allait sûrement pas demander un tour supplémentaire. Il posa même un genou à terre, pour récupérer. Enfin, c’est ce qu’il voulait faire croire… Le seul but de la manoeuvre était d’être suffisamment près du sol pour rendre l’appui des mains de l’adversaire inefficace et s’en libérer. L’animal pu alors subitement faire un bond en arrière et retrouver une distance sécurisante. L’adolescent sourit tout de même, sûr de lui. Il reprit sa danse et accéléra progressivement, jusqu’à ce que ses pieds deviennent presque invisibles et ne forment plus qu’une vague floue. Son adversaire ne savait plus où donner de la tête et était incapable de prendre la moindre initiative. Il sursauta d’autant plus en entendant le terrible cri de Satan :

- Dynamite Kick !

Il cru voir fondre sur lui un être aérien aux cheveux hirsutes, une sorte de croisement entre une chauve-souris et un ours, jambe tendue et menaçante. Terrifié, il n’eut pas la vivacité d’éviter la semelle qui marqua profondément son visage. Il vacilla, à deux doigts de tomber. Satan décida alors de jouer avec lui pour faire durer le plaisir, le titilla en alternant les distances courtes et longues, comme il savait si bien le faire. À chaque fois que le jeune champion s’approchait de lui, le loup pensait pouvoir l’atteindre mais ce n’était qu’illusion, son poing achevait toujours sa course à une dizaine de centimètres de sa cible. Ses high-kick n’avaient pas plus de succès, étaient inefficaces même lorsqu’ils touchaient. Les « batteries » du boxeur étaient quasiment à plats. Son saut fut d’autant plus surprenant… Non pas un bond en hauteur mais un bond en longueur, qui lui permit d’être à moins d’un mètre du jeune homme. Il fallut alors un réflexe sensationnel à Satan pour éviter les terribles dommages que le crochet promettait. Celui-ci effleura sa tempe et la fit seulement un peu rougir, sous l’effet du frottement. Déçu que sa technique de la dernière chance échoue, le loup resta collé à son adversaire et donna une série de coups de poings, qui n’eurent pas plus de succès que le premier. Son bras se trouva tendu une nouvelle fois à côté du visage de Satan et un réflexe décisif se produit : son direct du droit se fondit en un coup de coude, qui ouvrit l’arcade sourcilière de l’adolescent. Ce dernier, aveuglé par le sang coulant dans son œil, ne pu éviter la rotule du canidé. Le nez écrasé, les sens temporairement affaiblis, il s’écrasa au sol de tout son poids. Le loup leva les gants en l’air, confiant. En effet, Satan resta au tapis plus de dix secondes et fut éliminé. Transporté une vingtaine de mètres plus loin, sur un brocard, il y resta de longues minutes, prostré. Il pouvait se lever mais n’en avait pas envie, toute motivation l’ayant quitté. À quoi bon regarder la suite de ce maudit tournoi.

Une heure passa et il décida enfin de se lever. Il déambula entre les tatamis et fut surpris, malgré son expérience en matière d’étrangeté, par des physiques plus improbables les uns que les autres. Trois yeux ? On en vend au détail maintenant ? Tiens, y’en a même des robotiques en solde…

- Mais, dites moi que je rêve ? s’exclama intérieurement Satan.

Jagaa, si sûr de lui avant ce tournoi, était dominé par une jeune femme frêle aux cheveux attachés et à la tunique de kung-fu noire. Ce n’était pas une pluie de coups qui tombait sur le roquet mais un torrent. Noyé par ce flot incessant d’attaques, il eu besoin de reprendre son souffle, hors de la surface de combat. La combattante salua alors sa victime respectueusement et s’éloigna. Une fois le coup violent de la surprise estompé, une idée démoniaque se développa dans le crâne agité de Satan. Il voyait cette crapule de Jagaa hors d’haleine, ce diablotin source de ses premières humiliations exténué. L’occasion était trop belle ! Le petit baron, penché en avant et les mains sur les genoux, inspirait le plus profondément possible. Sa respiration s’arrêta nette lorsqu’il se retrouva, inexplicablement, dans l’ombre. Il leva la tête pour voir quel pouvait être cet arbre ayant poussé si brusquement et sursauta en voyant le visage mauvais de Satan lui même. Il n’eut le temps que de bafouiller deux ou trois syllabes et reçu une manchette dévastatrice à la gorge. Près de l’entrée, une demoiselle blonde, coupe au carré et lunettes de soleil vissés sur le nez, ne rata pas une miette de la scène. Elle vit alors Satan quitter les lieux comme un prince, un sourire malsain au bord des lèvres.

Message par RMR » Sam Août 21, 2010 10:00 am
Quelle peste ce Satan! Jagâ l'a bien aidé, ces derniers temps, et voilà le coup de pute qu'il lui met!

J'ai bien aimé son combat de championnat ainsi que la scène avec le boulanger. Bon chapitre.
"L'histoire de Mr Satan", fanfic de 2010 à présent terminée (et reconstituée suite à un hackage en 2011), espère vous plaire et n'aurait rien contre quelques commentaires ;)
http://www.lunionsacre.net/viewtopic.php?f=42&t=5894

"Le Chaos pour racines" est une fanfic qui met en scène 10 "avatars" créés par des membres du forum. J'espère qu'elle plaira aussi aux autres forumeurs ^^
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Re: [Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Messagepar Kame-boy le Mer Sep 07, 2011 19:48

Chapitre XX :

Confiant, poussé par l’adrénaline et le fait d’avoir mis à terre l’un de ses démons, Satan bondit dans son avion jaune. Il ne perdit pas un instant et vola à toute allure rejoindre sa chère et tendre. Il avait choisi de la confier à un hôpital situé dans une petite ville du nord, qui n’avait aucun lien particulier avec lui, un endroit où personne ne pourrait imaginer que Lilith soit. Son envie de la retrouver et les combats qu’il venait de vivre l’aidèrent à rester les yeux grands ouverts durant dix longues heures de vol. Alors que la piste d’atterrissage se dessinait au loin, le radar du véhicule bipa, pour indiquer qu’un engin volant non identifié le suivait. Satan, méfiant, se posa sur le parking comme prévu, le plus vite possible. Puis il courut dans la chambre de sa bien-aimée, craignant que quelqu’un lui fasse du mal. Les cheveux du réceptionniste se dressèrent lorsque Satan, tel un diable sortit de sa boite, lui demanda en beuglant où était sa femme.

- Chambre 57, chambre 57, chambre 57, chambre 57… répétait inlassablement le jeune homme tout en courant, afin de calmer ses nerfs.

Il défonça la porte, écrasant au passage un pauvre infirmier qui n’avait rien demandé…

- Chéri !!! cria t-il en entrant, les yeux exorbités.

Elle était attachée à un lit avec des sangles mais dormait paisiblement. Ses cheveux noirs avaient retrouvés une certaine vie et ressortaient particulièrement dans cet espace entièrement blanc. Le jeune homme s’approcha, quelque peu rassuré, et les caressa avec tendresse.

- Ma pauvre chérie, je suis là ! Je ne vais plus te quitter ! Tu verras, à partir de maintenant, tout va bien se passer !

Un membre de l’équipe médicale, couvert de pansements, se manifesta et apporta des compléments d’informations :

- Votre femme a fait de grands progrès ces deux derniers mois, Monsieur Satan ! Elle a pris du poids, parfois nous sourit, je suis donc optimiste. Elle…

Un revers de main encastra le malheureux dans l’un des murs de la pièce, Satan venait d’entendre des pas anormalement lents raisonner dans le couloir.

- Chut ! fit-il
- C’est un peu tard pour prévenir… pensa l’infirmier, atterré.

Les bruits secs et réguliers continuaient à se faire plus précis. Le jeune homme plaqua alors son dos contre le mur, juste à côté de la porte. L’ennemi n’était plus qu’à quelques mètres. Satan arma le poing, concentré comme rarement. La silhouette qui apparut dans l’embrasure n’eut pas le temps d’y rester plus d’un quart de seconde, d’immenses phalanges s’abattirent immédiatement sur elle. Au sol, des ray-ban explosées témoignaient de la violence de l’impact. Un nez coulait et tâchait de son sang un très chic chemisier de soie blanche. Il appartenait à une svelte jeune femme blonde d’une trentaine d’année, aux cheveux mi-longs. Inconsciente, elle avait les quatre fers en l’air et les yeux tourbillonnants. Satan, embarrassé, ne savait plus où se mettre. Cette personne n’avait pas l’air de pouvoir faire du mal à une mouche, pensa t-il. Peut-être voulait-elle profiter de l’état de faiblesse de Lilith. Ou bien était-ce encore un coup de Jagaa. Il n’eut pas l’occasion de pousser sa réflexion plus loin, des applaudissements vifs l’interrompirent brusquement.

- Bravo, bravo champion ! entonna une voix féminine particulièrement aigue.
- Qui est là ? demanda Satan, sur le qui-vive.

Une ravissante rousse entra alors en scène. Appuyé contre le rebord de la porte, elle plia la jambe que l’échancrure de sa robe rouge laissait apparaître, prenant ainsi une pose très glamour. Elle fit un clin d’œil coquin à Satan, avant lui adresser la parole :

- Et bien mon champion, ne faites pas cette tête là, Pizza est là et va assurer, comme d’habitude !
- Que voulez-vous ? demanda le jeune homme, barrant l’accès au lit de son corps imposant.
- Du calme mon beau Satan, je ne vous veux que du bien. Si vous étiez célibataire, croyez moi que… hum hum… je m’égare.
Reprenons depuis le début : je m’appelle Pizza et je suis manager de stars, plus particulièrement de combattants virils comme vous. Je vous ai remarqué lors de votre combat contre le terrible Piroshiki, il y a 4 ans. Vous savez utiliser tout ce qui vous tombe sous la main, les éléments extérieurs, ça m’a beaucoup plu ! J’ai été ensuite très triste de ne plus avoir de vos nouvelles mais ma joie a été décuplée de vous retrouver, plus fringuant et impressionnant que jamais, lors de ce 23è championnat du monde. Avec votre cape de héros et votre allure de bête féroce… Grrrr ! La cerise sur le gâteau, votre magnifique coup en traître, avant de vous éclipser fièrement. Waouh !
- Euh… ça vous a plus tant que ça ?!
- Bien-sûr ! Vous avez toute la panoplie du catcheur ! Musculature développée, roublardise, sens de la mise en scène, tactiques de combat non conventionnelles. Le public va vous adorer ! Au fait, j’oubliais… Merci d’avoir éliminé ma principale concurrente !
- Hein ?! fit bêtement l’adolescent.

Il suivit la direction indiquée par l’index de la jeune femme et compris alors que sa victime de tout à l’heure était une manager rivale.

- Oups…
- On signe quand, champion ?
- Signer quoi ?
- Notre contrat d’exclusivité, mon grand bêta ! Je te propose de signer un accord qui prendra fin après le 24è prochain championnat du monde, avec possibilité de prolongation en cas de bonne prestation à cet opus. Il y a eu quelques incidents sur l’île du tournoi tout à l'heure, d'après mes sources, le suivant n’aura donc pas lieu de sitôt. Ca nous laissera du temps pour collaborer et gagner plein d’argent !!!
- P… plein d’argent ? Combien ?! demanda Satan, fébrile.
- Quelle belle lueur dans tes yeux ! Elle le sera encore plus que je vais te dire ce chiffre : Deux millions ! Chaque combat te rapportera plus de 2 millions de Zenis ! À ce rythme, pas besoin de combattre souvent, tu vas pouvoir en profiter !

L’annonce de cette somme fit saliver Satan, rêvant déjà d’une grande maison, d’une décapotable, et de tout autres signes extérieurs de richesses qu’il convoitait depuis plus de huit pénibles années. Les premières images qui lui parvenaient étaient peuplées de plaisirs égoïstes, il ne voyait personne à ses côtés. Un manque se fit alors douloureusement sentir, terrible, comme s’il était amputé d’un bras ou une jambe. Il regarda sa compagne malade et fut pris de remords.

- Si tu t’inquiètes pour ta femme, nous la transfèrerons dans notre propre centre médical, ultra surveillé. Personne ne pourra lui faire de mal ! Tu auras alors tout le loisir de gagner l’argent qui permettra à votre couple de vivre paisiblement.
- Je suppose que c’est la meilleure solution… balbutia le jeune homme.
- Bien-sûr ! Allez, suis-moi, allons dans mon hélicoptère privée, on sera plus tranquille pour signer ce fameux contrat !
Ils marchèrent allègrement sur la pauvre manager blonde et se rendirent sur le parking de l’hôpital. Un énorme engin volant rose bonbon, aux loupiottes de sapin de Noël, les y attendait. Un mini-bar trônait à l’intérieur, ils dégustèrent alors du champagne sur de confortables banquettes de cuir rouge. Piroshiki, guindé dans une chemise trop étroite pour lui, faisait le service.

- Au fait, champion, il y a une clause dont je ne t’ai pas parlé tout à l’heure ! Mon Piroshikounet d’amour t’admires depuis que tu lui a fait subir sa première défaite, tu dois alors le prendre comme disciple !
- Hors de question !

3 mois plus tard… Le colosse donnait la leçon au mastodonte... Satan faisait tourner la tête de son élève en dansant comme un possédé.

- Imbécile, tu ne dois pas regarder mes pieds, regarde moi dans les yeux ! Non ! Tu ne dois frapper que lorsque tu es sûr de me toucher ! Expire !

Les ordres fusaient et Piroshiki saturait aussi bien mentalement que physiquement. Écarlate, il se laissa tomber lourdement, pour reprendre bruyamment sa respiration.

- Petite nature ! lui dit Satan, en lui jetant une serviette.

L’apprenti instructeur se tamponna le front et traversa le gigantesque tatami, pour se rendre dans les rutilants vestiaires. Des écrans y étaient fixés aux murs et passaient en boucle les exploits télévisés de Satan. Un gros barbu assommé par-ci, un homme des cavernes étouffé par-là, une chaise qui vole, un arbitre aussi… Satan admira quelques secondes ces extraits qu’il connaissait par cœur, puis éteignit les téléviseurs. C’est à cet instant que son téléphone portable sonna.

- Allo ! Oui… Comment !? J’arrive !!!

Satan quitta le gymnase et déboula dans un long couloir à la moquette rouge. Tout les malheureux qui osaient se trouver sur son chemin étaient balayés par des baffes dantesques. Vue de l’extérieur, le gigantesque immeuble ressemblait à un micro-onde bringuebalant nerveusement du pop-corn. On pouvait ainsi voir la progression du champion, chaque étage en prenant pour son grade au fur et à mesure de sa descente.

- Rahhhh, cet immeuble est trop grand, je suis perdu !!! rageait-il.

Il finit enfin par arriver dans le centre hospitalier, dont il défonça les portes battantes. Les brancardiers et aide-soignants, le connaissant bien, se rangèrent sur les côtés en attendant que la tempête passe. Satan fit irruption dans la chambre sans fenêtre et se jeta dans les bras de sa femme.

- Mon poussin ! Tu n’as rien ? Qu’est ce qu’ils t’ont encore fait ?
- Ne t’inquiète pas, je n’ai rien de grave. Au contraire ! lui répondit Lilith, amusée par les réactions disproportionnées de son mari.

Elle commençait à les apprécier. Cette preuve d’amour, cette protection maladroite la touchait et la divertissait en même temps. Son homme était profondément humain, dans tout ses excès. Il était encore très mystérieux mais elle savait qu’il avait vécu des moments difficiles, des hauts et beaucoup de bas, diverses rendez-vous avec son esprit écorché. Sa sensibilité avait été ainsi aiguisée. Le fourreau qu’il avait mis autour pour la préserver était solide, clinquant, parfois glissant, tout sauf simple à manier mais c’est ce qui faisait le charme de ce Satan à l’âme de chérubin. Elle lui caressa la tête, comme on l’aurait fait avec un tout petit enfant et le rassura. Elle lui dit alors, calmement :

- Chéri, le médecin a quand même quelque chose à te dire. C’est pour cela qu’il t’a appelé.

Le jeune homme sursauta et colla son visage contre celui du médecin.

- Si c’est une mauvaise nouvelle, ça va barder, vous êtes payés pour la soigner !
- N… ne vous inquiétez pas Monsieur Satan, la nouvelle est bonne ! lui répondit la personne en blouse blanche, remontant nerveusement ses lunettes sur son nez.

Il invita le colosse à s’asseoir sur le lit et lui annonça :

- Votre femme attend un heureux événement… votre femme est enceinte !

Panique. Un bébé ! Un bébé ? Il va s’interposer ? Le couple va t-il survivre ? Au fait, au juste, qu’est ce que c’est un bébé ? Satan ne l’a jamais été, non ? Aucune photo ne le prouve ! Aucun témoignage. Il n’existe pas avant ses cinq ans… Alors, derrière lui, c’est le néant… devant lui, le néant aussi… avenir incertain… Perdu sur une île entourée d’une mer floue, une mer qui se vide. Il se noie sans même être dans l’eau.

C’est l’instant que choisi Pizza pour faire une entrée fracassante et une annonce qui ne le fut pas moins :

- Satan, accroche toi bien, on l’a enfin obtenu : le combat pour la ceinture mondiale ! Dans 5 mois !

La goutte d’eau. Le sol se dérobe sous ses pieds. Et puis, le néant…
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Re: [Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Messagepar Kame-boy le Mer Sep 07, 2011 19:54

Chapitre XXI :

Quel mal de crâne ! Satan émergeait peu à peu. Il était allongé dans un lit d’hôpital. Cette chambre lui rappelait quelque chose, les quelques fissures sur les murs étaient ses signatures. Il tourna la tête et son regard croisa celui de sa femme, le pétillant et confiant regard qui le requinquait à chaque fois. Sans la quitter des yeux, il posa sa tête tournoyante sur l’oreiller et essaya d’imaginer une version miniature de sa bien-aimée. Cet effort pour échapper à l'abstraction était bien trop intense, passer du flou le plus total à un être vivant lui était pour l’instant impossible. Il décida de rester ici, aux côtés de Lilith, son appui lui était d’un grand secours pour ne pas sombrer. Et puis, qui sait, la voir au jour le jour concevoir cet enfant l’aiderait peut-être à s’imager celui-ci, à se l’approprier. Il la vit alors s’arrondir au fil des mois, passer sans transition d’une période de grand sommeil à une phase d’hyperactivité. Ce fut la préférée de Satan car il retrouvait alors la Lilith qu’il avait vu la toute première fois, pleine de vie et que personne ne pouvait freiner. Mais les douleurs aux dos firent leur apparition et elle dû à nouveau rester immobile dans sa chambre. Elle avait besoin de tout le soutien de son homme dans cette crispante dernière ligne droite et prenait l’habitude de poser régulièrement la main de ce dernier sur son ventre. Ce partage la rassurait, elle sentait dans ces instants privilégiés que son colosse était impliqué, qu’elle n’était pas seule.

- Tu sens ses coup de pied ? La combativité de sa mère et la puissance de son père, hein ? Tu sens, chéri ?

Satan ne savait que répondre et se contentait d’un sourire niais. Il commençait tout de même à prendre conscience que la vie prenait forme au chœur de sa femme, qu’il y avait un esprit derrière chacun de ses petits soubresauts. Il pouvait voir au-delà de l’apparence, de la simple manifestation physique, mais il ne faisait toujours pas le rapprochement avec eux, avec lui. Être père lui était étranger, qu’allait-il faire de ce bébé ? Qu’est ce que ça sait faire, un bébé ? Il transmettait son angoisse palpable à Lilith. Parfois, il empêchait même les médecins de donner les antidépresseurs nécessaires. Il ne supportait plus la vue du moindre comprimé.

- Arrêtez où je vous tue ! Laissez là ! Chérie, crache ça ! criait-il fréquemment.

En parallèle, il s’entraînait avec Piroshiki, sans forcer. Pizza était inquiète, à ce rythme son champion n’allait pas défendre ses chances équitablement. Elle avait déjà dû repousser le combat une fois, à cause de la tension nerveuse de Satan ; les sommes en jeux étaient telles qu’elle ne pourrait pas le faire à nouveau. Le jour J finit tout de même par arriver. Il n’était plus possible de reculer.

Satan, paré de sa tenue de scène habituelle, posait devant les photographes spécialisés. Il enchaînait les postures poing levé ou index accusateur. Ses cris manquaient de conviction, il avait l’esprit ailleurs. Le champion en titre fit alors son entrée au milieu des flammes et des femmes dévêtues. Ce catcheur de plus de 2 mètres portait un heaume en ogive, dont les ouvertures se résumaient en deux minuscules fentes pour les yeux. De grosses chaînes croisées reliaient le casque à un slip de métal, pourvu d’une serrure. Il confia la clé à l’une des danseuses qui l’accompagnaient et marcha d’un pas lourd jusqu’à Satan. Pour donner de la matière aux journalistes en fusion, il fit mine de trancher sa gorge. Le pouce dont il s’était servit fut ensuite dirigé vers le sol.

- Quel couillon, il confond les jeux du cirque avec le moyen-âge… pensa le jeune homme à la cape.

Les chaînes du câble et du satellite d’une centaine de régions du monde étaient présentes. À peine plus que d’habitude. Mais à celles-ci venait s’ajouter la célèbre Zenkai TV, suivie quotidiennement par plus d’1 milliard de personnes. Quelque peu intimidé, Satan toussota et sourit à la caméra pour se décontracter. Il sortit alors, d’on ne sait où, un vaporisateur fraîcheur lavande et l’exhiba fièrement à côté de son visage.

- Grâce à ce déodorant, mes aisselles sont fraîches du matin au soir. Grâce à mon « Air fresh power plus », je peux combattre sans une goutte de sueur ! déclara Satan. Pas comme l’autre balourd, ajouta t-il en aparté, désignant son adversaire.

Pour clore sa publicité improvisée, le jeune homme de 20 ans mima une vaporisation de ses dessous de bras. La chute ne fut pas celle prévue, un énorme bras l’envoyant valdinguer. On ne voyait plus à l’écran que deux malheureuses jambes tendues. Le bourreau en profita pour les attraper et appliquer son fameux sharpshooter. Assis sur les fesses de Satan, un mollet calé au niveau de l’entre-jambe de sa victime, il tirait de toutes ses forces sur les jambes croisées. Le challenger donna un vif coup de hanche qui renversa la situation en sa faveur. Il exerça une pression avec ses membres inférieurs pour garder le dos de son adversaire ainsi plaqué au sol, tout en lui tordant le poignet. Satan oublia bêtement l’autre main du bourreau, qui lui massa gentiment le flanc. Il dû lâcher prise et fut repousser quelques mètres plus loin par les gigantesques paumes du champion en titre. Cette introduction « à balles réelles » , traditionnelle dans la WWR league, provoqua un enthousiasme délirant parmi journalistes et spectateurs. Quelques supportrices perdirent même connaissance. Les deux catcheurs se plièrent ensuite au rite qui consistait à simuler les coups durant le premier round de 5 minutes. Les « Electric Chair Drop », « Suplex » et autres « Bicycle kick » fusèrent en tout sens. Ils ne s’accordèrent pas une seconde de répit. La pause salvatrice finit par arriver. Les combattants n’avaient pas portés les coups mais étaient quand même marqués, leurs conditions physiques étaient soumises à rude épreuve. Satan regretta amèrement d’avoir pris son entraînement à la légère ces 6 derniers mois mais ne pu s’empêcher de penser à Lilith, au bouleversement que leur couple allait vivre. Une poigne le sortit de ses rêveries, tirant violemment sur son col et l’envoyant valser de l’autre côté du ring. Les cordes ne firent pas de cadeau aux lombaires du jeune homme et éjectèrent celui-ci contre les semelles du bourreau.

- Magnifique, prodigieux, miraculeux « aerial double shoot kick », mesdames et messieurs ! » s’égosilla le commentateur de Zenkai TV.

Satan se releva en urgence, à l’aide d’une roulade, avant que son adversaire n’ai le temps de lui faire subir une prise de soumission. Le visage du challenger se fit plus grave.

- Quel morceau ! Il n’est pas champion du monde pour rien !

’homme casqué tenta d’attraper les épaules de son rival mais ce dernier, vigilant, se baissa promptement et encercla de ses bras les hanches de l’attaquant. Le combattant à la cape se redressa alors et projeta son adversaire sur le dos.

- Un « back body drop » incensé, lady and gentleman, cachez les femmes et les enfants !!!

Le surnommé « bourreau » était réputé pour être insensible aux coups et très réactif, mieux valait jouer le contre. Satan l’avait parfaitement compris et tournait sans cesse autour du moyenâgeux. Les lourdes attaques dans le vide se multipliaient et offraient des prises de luxe au challenger. Celui-ci abusa particulièrement de « l’Armbreaker », éclatant le monstrueux bras de sa victime au sol, après lui avoir saisit le biceps. Le membre du champion du monde vira écarlate et ne fut, en quelques minutes, plus d’aucune utilité. Grisé, Satan rugit :

- Dynamite kick !

Son attaque fétiche chatouilla le pectoral gauche du catcheur sanguinaire, qui riposta aussitôt par un « dragon screw ». Le jeune homme, à qui l’on venait de vriller la jambe, comprenait maintenant ce que pouvait ressentir la pointe d’un tournevis fiché dans un mur. Il fut sauvé par le gong et retourna dans son coin en boitant. Le troisième et dernier round, décisif, allait bientôt commencer. La douleur qui secouait de battements le tibia de Satan empêchait celui-ci de cogiter. Il valait mieux dans cette situation, où seul son instinct de survie pouvait le sortir d’affaire. Comme d’habitude, le géant casqué se jeta sur son challenger avant même que le gong sonne, poussant l’arbitre au passage. Cette fois, Satan était pleinement concentré et, d’une simple roulade, laissa son opposant s’encastrer dans le coin. Il monta ensuite sur le poteau et exécuta un magistral 630° senton. Son double saut périlleux passa aussitôt en boucle sur les écrans géants de la salle, laissant le public pantois et admiratif. Mais le bourreau n’avait posé qu’un genou à terre et pu alors surprendre son jeune adversaire. Il rebondit contre les cordes qui étaient à sa portée et lui assena un coup de coude retourné du plus bel effet. Dans le même mouvement, il pris Satan dans ses bras et se laissa tomber lourdement au sol avec lui. Le dos du combattant à la cape claqua le bois. Un véritable coup de fouet. Le champion en titre pressa alors fortement son buste contre celui du challenger, afin que les épaules de ce dernier restent en permanence en contact avec le chêne. Le jeune homme avait beau se débattre, rien n’y faisait, impossible de bouger d’un pouce. Il vit au ralenti l’arbitre s’accroupir à ses côtés et taper sur le ring du plat de la main : 1… 2… L’une des danseuses du bourreau gesticulait en brandissant la ceinture de son champion, celle qui représentait une hache coupant la tête de son adversaire.

- Quelle beauté ! cria Satan

Le catcheur casqué réagit aussitôt en tournant la tête, déconcentré. Son opposant en profita pour se dégager d’un coup de bassin. Le jeune homme se releva promptement, soufflant, conscient qu’il était passé à deux doigts de la défaite. Il ne restait plus qu’une minute, le bourreau avait l’avantage.

- À la régulière, ça risque d’être coton…

Satan se jeta sur le champion et fit pleuvoir les piqûres de moustique. La cage thoracique du moyenâgeux était secoué, mais aucunement de douleur, plutôt d’amusement. Suite à un low-kick ayant percuté le tibia du monstre, le challenger se tint la cheville et sauta à cloche-pied. Il faisait des pirouettes, des grimaces divers et variées, tout en poussant des cris de supplicié. Sous le casque du bourreau, on pouvait deviner un regard médusé. Satan s’approcha mine de rien de son coin et y débuta une série de roulades désordonnées, masquant ainsi habilement la préparation de son ultime attaque. Il prenait progressivement de la vitesse, sans que son rival ne s’en rende compte. Ce dernier regarda l’arbitre et écartant les bras, tout aussi décontenancé que lui.

- C’est le moment !

Le challenger partit comme une bille de flipper dégénérée en direction du visage adverse. Un bruit de métal raisonna dans la grande salle. Les commentateurs, surexcités, réalisèrent que le heaume du champion avait été littéralement éjecté, découvrant pour la première fois son faciès. Satan ne leur laissa pas le loisir d’admirer ce beau blond aux sourcils fournis et enchaîna avec un head-lock. Plus que 20 secondes… Il devait tenir ! 10 secondes… le bourreau se traînait dangereusement vers les cordes et pouvait donc à tout moment obtenir un « rope break ». Si le moyenâgeux touchait les cordes, Satan serait obligé de le lâcher… Courage ! Satan serrait les dents autant que le cou de son rival. 5 secondes… Il sentit que le champion lâchait enfin prise, était au bord de l’inconscience. Il fit alors un « tombé » pour conclure, plaquant les épaules de son adversaire au sol. 1… 2… et 3 !

Enfin, il l’était ! Satan était champion du monde ! Il restait pourtant là, allongé sur sa victime, hébété. Les confettis couvrirent ses épais cheveux ; il les admirait comme un bébé devant un sapin de Noël. Pizza, qui avait sauté le rejoindre, lui fit d’ailleurs remarquer. Satan associa cette image au sien, qui allait naître dans quelques courtes semaines. Une petit fille… Il n’arrivait pas à imaginer un mignon visage de poupon, il voyait plutôt un monstre les dévorer, lui et Lilith. Comme pour mieux fuir cette réflexion, il s’écria :

- La prime, où est la prime ?!

Pizza, tout sourire, lui remit l’enveloppe contenant les 6 millions de Zenis prévus. Piroshiki, quand à lui, veillait sur la femme du tout nouveau champion du monde de lutte. Ils regardaient d’ailleurs ensemble la retransmission en direct, malgré le décalage horaire, aux anges. Satan, oubliant un temps ses soucis, se déchaîna devant les photographes. De face, de dos, de profil, en faisant le poirier… tout y passait et les effets de cape étaient minutieusement exécutés. Un homme rachitique à lunette s’approcha timidement du vainqueur et lui demanda :

- Félicitations Monsieur Satan ! Je suis l’orfèvre officiel chargé de créer les ceintures de champion. Quel motif souhaitez-vous sur la votre ?

Satan se gratta le menton, pensif. Un douloureux souvenir sembla le traverser. Mais son rictus se transforma en sourire et il répondit :

- Mon vieux, je vais vous dire une bonne chose ! Je viens de la nuit, de nulle part ! Un passé hideux… Des ailes m’ont sortit de l’obscurité et m’ont permis d’être aujourd’hui sous la lumière des projecteurs ! Ces ailes, elles étaient d’une chauve-souris ! Gravez moi cet animal !
- Bien, monsieur !

Au petit matin, à l’hôpital, c’est un Satan en bien piteux état qui fut déposé sur son lit. Il avait fêté son titre sans retenue, abusant certainement d’alcool divers. Somnolent, il répétait en bégayant :

- J… j’ai des ailes… oui monsieur ! J’ai… j’ai des ailes… Oui !

Sa compagne, qui n’avait pas fermé l’œil de la nuit, le regarda avait tendresse mais inquiétude. Ces craintes se vérifièrent. Son homme fut de moins en moins présent à partir de ce jour, courant de show télé en show télé, passant le plus clair de son temps à bord de son nouveau bolide. Foutu Jaguar ! Satan fuyait les problèmes, repoussait l’introspection sans cesse au lendemain. Il voulait compenser son enfance perdue, la vivre enfin, sur le tard. Son joujou au moteur surpuissant faisait parfaitement l’affaire, était la K 2000 du Michael Knight qu’il imaginait être. Pendant ce temps, sans qu’il ne s’en rende compte, le soleil et la lune se relayaient dans leur ronde habituelle.

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"L'histoire de Mr Satan", fanfic de 2010 à présent terminée (et reconstituée suite à un hackage en 2011), espère vous plaire et n'aurait rien contre quelques commentaires ;)
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Re: [Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Messagepar Kame-boy le Jeu Sep 08, 2011 22:13

Chapitre XXII :

Le mois de Mai 757 arriva sans crier gare… Nous retrouvons le colosse affublé d’une blouse bleue trop petite pour lui, faisant les cent pas dans une salle d’attente. Il suait à grosses gouttes, au bord de la crise de nerf. Il fut même plusieurs fois tenté de sauter dans sa voiture rutilante, elle le narguait sur le parking, à travers la vitre. Les cheveux du champion étaient arrachés par poignées entières ; si Satan n’avait pas été pratiquant d’arts-martiaux, il aurait déjà fumé dix paquets de cigarettes dans cette foutue maternité ! Enfin, un cri mit fin à ses errements. Le jeune homme fit irruption dans la salle d’accouchement et vit le fameux, le tant redouté… « monstre ». Une minuscule créature duveteuse. L’instinct paternel de Satan ne se manifesta pas, il se trouvait plutôt comme un grand nigaud innocent. Quelle était cette chose fripée et bruyante ? Ca ne sent pas très bon. Pourquoi ferme t-elle les yeux, est-elle aveugle ? Il fit un effort et s’approcha de l’enfant, que l’on venait d’emmitoufler dans une serviette. Puis, il tendit instinctivement son gros index et fut agréablement surpris par le réflexe du nouveau né. Celui-ci entoura de ses petits doigts boudinés la phalange qu’on lui présentait, émettant un gazouilli de satisfaction. Attendri, Satan sentait la chaleur que le bébé lui transmettait, la douceur à l’état brut. La dimension humaine de cet être l’imprégna, passa la barrière de sa peau. Cependant, il était gêné, il ne savait pas comment s’y prendre, s’il devait la couvrir de ses bras, la bercer, la laisser tranquille… mais il y avait une autre raison à son embarras. Il ressentait un cassure. Une douleur presque physique gagnait du terrain progressivement. Il lui manquait une partie de lui même… sa femme !

- Où est-elle ? cria t-il, inquiet.
- Votre femme suit un traitement diurétique depuis quelques jours. Elle a besoin de beaucoup de repos, le temps que le mannitol et le glycérol fassent effet, répondit un médecin à lunettes.
- Arrête avec ton charabia de rat de labo, je comprends même pas la moitié ! Je veux juste voir Lilith !
- Monsieur Satan, comme je vous l’ai dit…
- Ne joue pas avec ma patience !

Bon gré mal gré, le médecin accompagna Satan dans la chambre voisine. Quand ce dernier vit sa compagne sous perfusion, il paniqua et secoua énergiquement le pauvre homme en blouse blanche.

- Mais qu’est ce que vous lui avez fait ? Répond, assassin !

Lorsqu’il se fut bien défoulé de cette manière, le papa en herbe se précipita au chevet de son âme-soeur. Il lui prit la main et la tapota affectueusement. Que sa peau était sèche…

- Ma chérie, qu’est ce qui t’arrive ?
- Ne t’inquiètes pas, je vais bien. Je suis juste un peu déshydratée par l’accouchement. Occupe toi plutôt de notre petite fille !

Satan ne suivit pas ce dernier conseil mais, quelque peu rassuré, pu enfin cesser de bouger. Il s’assit sagement sur un tabouret et veilla sur sa femme des heures durant.

Pendant ce temps, l’équipe médicale de la maternité était en réunion. Les visages graves témoignaient de la complexité de la situation :

- Que donnent les examens du 5/05 de Mademoiselle Lilith ? demanda une infirmière aux longs cheveux noirs.
- Son état est stationnaire. L’hypertension artérielle reste élevée, la vasodilatation n’étant pas suffisante, répondit son collègue au visage osseux.
- En effet, je constate que son équilibre Potassium/calcium est plus qu’alarmant. Les inhibiteurs ne peuvent agir efficacement.
- Cela ne m’étonne pas, des traces de cannabis associés à de la MDMA avaient été trouvés dans ses urines au début de sa cure… Nos traitements n’ont pu que limiter les dégâts et l’accouchement a considérablement aggravé la situation.
- Vous pensez qu’il faudrait aller jusqu’à…
- Oui, je crains qu’il faille pratiquer une opération. C’est risqué mais sinon je ne lui donne pas un an…
- Vous voulez que je prévienne son mari ?
- Hors de question ! Nous ne savons pas comment il peut réagir et sa femme a besoin d’être la plus sereine possible !

Les semaines suivantes, Satan ne pu voir pas sa femme autant qu’il l’aurait souhaité. Toutes sortes d’obligations professionnelles le contraignaient à traverser le continent en long, en large et en travers. Sans conviction, il cassait des briques ou affrontait du menu fretin. Une matinée de juin, il entra comme d’habitude dans la chambre de Lilith mais, dans le lit… personne. Vide. Tout comme les veines de Satan qui, une seconde, n’irriguèrent plus son cœur. Pâle, il fouilla les pièces voisines et se précipita dans le bureau du personnel médical. Il demanda, en hurlant, à voir sa femme.

- M… Monsieur Satan, votre épouse est… est dans le centre de chirurgie…
- Chirurgie ? Qu’est ce qu’elle fait là-bas ?! répondit le colosse en frappant du poing sur la table.
- Son traitement s’avère insuffisant et… et la décision de l’opérer a été prise de manière collégiale…
- Cesse ton blabla !!! Pourquoi ne m’a t-on rien dit ?! Je suis son mari et on me cache la vérité ?!
- Mais…
- Incapables !

Furieux, Satan se rendit d’un pas lourd jusqu’au service concerné, totalement hermétique à ce que pouvait lui dire le médecin. Il n’y avait plus, entre lui et sa moitié, qu’une mince porte battante. Une porte de rien du tout. La raison pu se frayer, juste à temps, un chemin dans le labyrinthe étroit menant jusqu’à la conscience du jeune homme, et lui commanda d’attendre. Il resta debout, immobile dans le couloir, sentant les heures passer comme un supplicié enchaînant les tortures. La nuit tomba. Toujours pas de nouvelles. Le silence. Ce silence qui de son poids peut écraser tout être sur cet Terre, sans discrimination, pesa sadiquement sur les épaules du champion. Les violentes prises des bourreaux des rings n’étaient que caresses en comparaison. Sans réfléchir, pour se sortir de cet étau étouffant, Satan finit par pousser la dérisoire barrière de bois. Les visages baissés des chirurgiens, la lumière basse. Derrière eux, une table d’opération, recouverte d’un drap vert à la teinte morbide. Le tout jeune papa s’affaissa, le souffle coupé. Il aurait aimer crier, se libérer. Mais son corps noué n’était plus que blocages, verrous. Il refusait le contact avec l’extérieur. La peine ne voulait avoir à faire qu’avec elle même, se complaire dans sa nuisance, à s’en tordre. Elle faisait tourner le couteau dans la plaie intérieure, ne laissait aucun répit à l’âme déchirée. Noyé en lui même, recroquevillé, Satan ne bougeait plus…

Un couloir monotone de moquette rouge, interminable. Des pieds nus s’y traînaient, imités par un peignoir usé. La lassitude incarnée arriva sur un parquet, puis s’assit.

- Où est ma femme ?
- Monsieur Satan, comment vous dire… ? répondit une voix masculine
- J… j’ai le droit de savoir !
- Tout à fait mais vous le savez déjà…
- P… pas du tout… j’exige la vérité ! Mais avant, ser… servez moi à boire !
- Vous avez déjà trop bu aujourd’hui, Monsieur Satan !
- T… ta gueule !

Le champion du monde s’écroula sur les planches de bois et n’eut pas la force de se relever. Le serveur l’aida à se remettre debout et l’escorta jusqu’à un canapé en cuir, pour qu’il y cuve son vin. La vie de Satan ne se résumait quasiment plus qu’à cette courte scène-ci, chaque semaine était copie conforme de la précédente. L’hôtel n’était plus qu’un labyrinthe sans fil d’Ariane, sans possibilité de sortie. Le dimanche, journée de fermeture du bar, le jeune homme trouvait la force de se traîner jusqu’au dojo. Son seul échappatoire. Sa santé déclinait mais il possédait encore une marge par rapport à Piroshiki qui, de plus, faisait un complexe d’infériorité. Pizza, elle, continuait à faire tourner la machine tant bien que mal en organisant quelques spectacles télévisés, mettant en scène le maître et son disciple. Ses investissements étaient rentables, elle ne voyait donc pas de raison de résilier le contrat. Par contre, la perspective du 24è championnat du monde la contrariait. À ce rythme, son champion ne serait jamais prêt. Elle eu alors l’idée ingénieuse de remplacer les boissons préférées de Satan par des versions non-alcoolisées de ces dernières. Le jeune homme n’y vit que du feu mais n’était pas sortit d’affaire pour autant…

Un soir, la veille de ses 21 ans, il posa le pied sur une délimitation. Celle entre la pierre et le vide, entre la vie et la mort. En manque de tout, il voulait n’être plus rien. Il se laissait tenter par cette vision vertigineuse, prometteuse. Cinquante mètre plus bas, la ville grouillait de lumières, foules et autre futilités. Quelle joyeuse bande de vers de terre ! Il pourrait en faire partie, en sautant les rejoindre. Il se laisserait manger avec joie, ferait don de lui même jusqu’à son dernier grain de poussière. La véritable place de Satan était là, dans les tréfonds. Qu’est ce qui pourrait bien l’en empêcher ? L’argent ? En Enfer tout est gratuit. L’Amour ? Les pleurs à son enterrement feront bien l’affaire. Les femmes ? Les diablotines doivent être des expertes. La famille ?

- Quelle famille ?! demanda Satan.

Il sentit le froid de l’automne qui approchait, faisant écho à ses sentiments glacials. Il fut alors réconforté par une chaleur. La chaleur d’une main. Mais à qui était-elle ? À part lui, il n’y avait personne sur ce toit. Pourtant, il gardait au bout de ses doigts cette sensation unique, cette invitation à la vie. Cela ne brûlait pas, n’enflammait pas, n’était que pure innocence. L’inverse des feux vicieux du surnommé « devil ».

- Videl ! s’exclama le jeune père.

Il dévala les escaliers quatre à quatre, apeura l’équipe de nuit de la maternité, avant d’arriver en trombe dans la chambre de son enfant. Mais il ne profita pas de cet élan pour aller jusqu’à sa fille. Tout penaud, se demandant même ce qu’il lui avait prit, il voulu faire machine arrière. Les gazouillis de la petite Videl se firent alors entendre, doux, sans aucune trace de peur. Satan ne pouvait refuser cette invitation. Il s’approcha du couffin sur la pointe des pied et, encore quelque peu hésitant, entra pour la première fois dans le bouleversant regard d’un bébé, naïf et profond à la fois. Il cru brièvement revoir celui de Lilith et sentit une partie de l’âme de la défunte en cet enfant. Maladroitement, il pu enfin prendre l'innocence dans ses bras puissants. Quelque peu gauche, il berça trop brusquement son bébé et le fit pleurer quelques instants. Appliqué, il adoucit peu à peu ses gestes et posa doucement sa joue contre celle de sa raison de vivre.

Plus les années passèrent, plus le visage de Videl s’écarta de celui de son géniteur. En 763, comme presque toutes les petites filles de 6 ans, elle voyait son père comme Superman. Elle assistait à ses exploits télévisés, cela nourrissait encore leur complicité. Mais elle avait trouvé bien mieux que des supers héros à la cape déployée.

- Ma chérie, tu devrais laisser un petit moment tes figurines de policier, tu ne penses pas ? Ce n’est pas très féminin !
- Mais, eux, ils existent, papa ! Je ne les vois pas seulement à la télé, répondit l’enfant, sur un ton étonnement mature pour son jeune âge.

Décontenancé, Satan ne savait que répliquer. Il avait l’impression parfois d’être devant la réincarnation de sa petite sœur. L’incarnation de la clairvoyance, de la lucidité, de la force intérieure. Ce n’était pas la première fois que le jeune papa y pensait, cela devenait même une obsession à mesure que sa fille s’approchait de l’âge fatidique… les 7 ans auxquels Byétjer avait été tuée. Il était absolument hors de question de la perdre une nouvelle fois. Videl portait sur ses frêles épaules les spectres de sa tante et de sa mère. Puis vint celui de Volnia ; un lourd héritage à porter.

- Tu vas voir si je suis pas réel !

Un jour, Satan eu enfin la force de crier cela. Il traîna son enfant dans le dojo et lui demanda fermement de s’asseoir. Piroshiki s’y exerçait déjà, accompagné d’un nouvel apprenti aux longs cheveux blonds. Ils saluèrent respectueusement leur maître. Tel un transformiste, Satan changea de tenue en un éclair et bondit sur son premier élève.

- Que vous arrive t-il, Monsieur Satan ?! demanda le gigantesque lutteur, apeuré.
- On va faire un show dont ma petite chérie se souviendra toute sa vie ! En garde !

Le champion du monde de catch était déchaîné, survolté. Il n’avait jamais été aussi motivé par un combat de toute son existence. La chauve-souris géante volait comme un papillon et piquait comme une abeille, frappait telle une massue et encaissait mieux qu’un bouclier. Son poing était une arme non négligeable mais ce n’était pas le secret de sa réussite. Son jeu de jambe et son sens de l’esquive étaient les ingrédients principaux de sa recette du succès. Une nouvelle fois, il passa sous l’imposant bras de Piroshiki, agrippa le poignet de ses deux mains puis, d’un simple mouvement de levier, envoya promener le géant. Celui-ci atterrit dix mètres plus loin, très affaibli. Satan sauta alors sur le dos de sa proie et exécuta une clé de bras impitoyable.

- Rend toi ! Au nom de ma loi, je t’arrête !

Le jeune papa fit un clin d’œil à sa fille, puis plongea avec bonheur dans les yeux pétillants de celle-ci.


Dernière édition par Kame-boy le Jeu Août 26, 2010 2:13 pm, édité 1 fois.

Message par RMR » Jeu Août 26, 2010 2:04 pm
Les éléments de l'histoire se mettent finalement tous en place! C'est toujours aussi bien écrit !


Message par Kame-boy » Jeu Août 26, 2010 2:21 pm
Merci RMR, fidèle lecteur ;)

Merci aussi à ceux qui lisent même sans laisser de commentaire (un petit "bouh" quand même :mrgreen:), voir le nombre de visite modeste mais non négligeable m'encourage.
"L'histoire de Mr Satan", fanfic de 2010 à présent terminée (et reconstituée suite à un hackage en 2011), espère vous plaire et n'aurait rien contre quelques commentaires ;)
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Re: [Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Messagepar Kame-boy le Jeu Sep 08, 2011 22:16

Chapitre XXIII :

Dans le monde cathodique, les débats allaient bon train concernant deux étranges éclipses survenues inexplicablement, quatre ans auparavant, en 763. En quatre mois d’intervalle et sans aucune logique, la nuit était tombée subitement sur le globe entier. Concentrée intensément, Videl était suspendue aux lèvres des scientifiques et chercheurs. Son envie de toujours comprendre, d’analyser, qu’elle avait depuis sa plus tendre enfance, continuait à se développer. Elle mâchonnait un crayon machinalement, absorbée par les diverses hypothèses. Satan était frustré de ne rien y comprendre et en bougonnait. De la vapeur n’allait pas tarder à sortir de ses naseaux.

- Ca suffit ! Tu ferais mieux de t’entraîner !
- …
- Videl, tu m’entends ?! beugla son père.
- Hein ?! fit-elle élégamment, en sortant progressivement de sa bulle.
- C’est pas possible d’être molle comme ça… Qu’est ce que ce seras quand tu seras ado ?!
- C’est bon, c’est bon… j’arrive ! répondit l’enfant.

Elle traîna des pieds jusqu’au dojo, mains dans les poches de son blue-jean trop large.

- Quel garçon-manqué, pensa Satan. Qu’est ce que j’ai bien pu rater dans son éducation ?

Lorsque Videl eu revêtue sa tenue martiale, elle sembla s’être transformée en une autre personne. Regard déterminé, dos bien droit, corps en alerte. Satan se mit en garde, index et majeur joint, prêt à subir les assauts de sa fille. Celle-ci, du haut de ses 10 ans, n’était pas puissante mais sacrément rapide, un coup sur deux faisait mouche. Son père en riait, dévalorisait les attaques de l’apprentie, jusqu’à ce qu’il reçoive un pointu bien placé. Si son tibia avait eu le don de parler, il aurait appelé Police-secours. Satan souffla sur son os endolorit puis, sentant le regard troublé de son enfant, se redressa aussitôt. Les mains sur les hanches et la jambe chantant la javanaise, il s’exclama :

- Ah ah ah, bien joué ma petite, tu n’es pas la fille du champion du monde pour rien ! Ca m’a juste un peu chatouillé mais je suis fier de toi. Ah ah !

Les yeux ronds de Videl le fixait. Décidément, son père était un mystère encore plus grand qu’un trou noir ou une éclipse…

Malgré tout, le 24è championnat du monde tant attendu était préparé studieusement. Dans la dernière ligne droite, Piroshiki eu la tâche ingrate de servir de sparring-partner à Videl, d’éléphant en stage de piqûres. Satan ne se frotta pas à sa moustique de fille et préféra maltraiter son deuxième disciple, un certain Hayate no Karonî. Celui-ci avait apprit, auprès de son maître, à maîtriser un jeu de jambe diabolique. Par contre, son attaque spéciale n’était pas encore au point. Il s’agissait d’un saut lui permettant de toucher le plafond du gymnase, à plus de six mètres de hauteur, afin de fondre sur son adversaire tel un aigle sur sa proie. Sa gestion des distances était, dirons nous… aléatoire. Quand par miracle il visait juste, Satan, qui n’était pas né de la dernière pluie, n’avait qu’à s’écarter au dernier moment et laisser son élève jouer à la taupe. Mais c’est bien par les airs que ce beau petit monde se rendit sur l’île du tournoi, un matin de mai 767.

Satan, qui avait pourtant participé à l’édition précédente, fut frappé par le faste de ce 24ème opus. On y trouvait les mêmes ingrédients que par le passé mais à l’échelle d’une fête nationale. L’ambiance kermesse de quartier était décidément fort loin. La fête n’avait pas seulement lieu à terre, le ciel était peuplé de centaines d’avions multicolores. Un véritable balai aérien. Quelques uns se posaient dans les immenses allées bordées de palmiers et déposaient leurs guerriers de tout horizons. Après s’être inscrits en passant devant une petite table discrète, ils se rendirent jusqu’à la place principale. Une foule bigarrée les y attendait, dont les journalistes de Zenkai TV, qui reconnurent immédiatement leur champion.

- Monsieur Satan ! Monsieur Satan !
- Ah, vous voilà enfin ! s’exclama le catcheur professionnel.
- Pensez-vous aller loin dans cette compétition ? demanda une intervieweuse aux cheveux ondulés, micro tendu.
- Bien-sûr, je suis là pour gagner ! Mais je ne vous cache pas que ces éliminatoires ne me plaisent pas beaucoup. On y croise toutes sortes de débutants ! Comme vous le savez sans doute, les novices ont souvent beaucoup de chance, ça m’ennuierait de perdre sur un coup de dé.
- Vous pensez vraiment que la défaite soit possible ?
- Euh… mais non, voyons ! Je plaisantais ! Cette première phase ne sera qu’une formalité ! Ahahah ahahah…

Le rire forcé de Satan ne convint qu’à moitié ses interlocuteurs, il le voyait du coin de l’oeil. Le champion décrocha alors une dalle de l’allée et, face caméra, l’explosa de son poing droit.

- Oooooooooh ! firent en chœur les témoins de cette scène, admiratifs.
- Bon, assez joué, nous devons aller nous préparer ! À bientôt les amis ! dit Satan, exhibant son « v » de la victoire à plusieurs milliards de spectateurs.

Sa petite troupe n’eu pas à passer par les spacieux vestiaires, ses membres ayant enfilés préalablement leur tenue de scène. La chauve-souris, l’éléphant et le pigeon furent conduit jusqu’au bâtiment des fameux éliminatoires, prêt à en découdre.

- Ils ont tout reconstruit, suite à l’attentat de 756, et ils ont pas été foutu de refaire la déco de cette saleté de gymnase… pensa le champion bougon, massant la main écarlate de son tout dernier exploit.

Les nombreux combattants se massèrent autour du quatrième tatami, comme le voulait la tradition, pour écouter le discours du doyen des organisateurs.

- Chers combattants, venus des quatre coins du monde, merci d’être venus si nombreux. En effet, nous battons un record cette année avec plus de 350 concurrents. Laissez moi vous conter…
- Abrège, papy ! chuchotait pour lui même un Satan nerveux.

Suite au tirage au sort habituel, les participants se réunirent près de l’une des seize surfaces de combat qui leur était attribuée. Piroshiki et Karonî furent soulagés de ne pas être dans la même poule que leur maître. Celui-ci s’en rendit compte et les fusilla du regard, les obligeant à se cacher derrière une armoire à glace en slip léopard.

- Numéro 23 et 24, s’il vous plait !
- Je ne sais pas pourquoi mais ce numéro me rappelle de mauvais souvenirs, pensa Satan.

Le champion du monde de catch ne laissa transparaître aucune inquiétude et se rendit sur le tatami, toisant ses adversaires potentiels. Pour se rassurer, il dénigra un combattant squelettique par-ci, une obèse par-là, en passant par ce gugusse tout de vert vêtu. Son premier opposant.

- Hey, toi ! Tu vis dans les arbres ? Quel tenue ridicule ! Tu sais, les bonnets c’est en hiver que ça se porte ; on est en plein mois de mai… cria Satan, index menaçant.

Le jeune homme blond, au physique tout à fait banal, ne répondit pas et entra directement dans le vif du sujet. Il se mit en position, froidement, mitaines protégeant son visage. Le champion, vexé par cette attitude qu’il considérait insolente, fit de même. Le signal de l’arbitre libéra le fauve et les rugissements qui allaient de paire. Nullement impressionné, l’inconnu cueillit son adversaire d’un coup de pied pas-glissé au menton. Sans fioriture, académique. Il fixa le regard mauvais de Satan puis, calmement, sautilla. Le combattant à la cape se rua une nouvelle fois sur le « lutin vert », bras écartés. Il fut punit par une attaque du pied en demi-lune, fouettée vers l’extérieur.

- Bakkat Tchagui ! commenta l’adolescent, fier de son coup.
- Tu n’as pas été à bonne école pour nommer tes techniques, mon petit bonhomme ! Ecoute moi ça : Rolling Attack Satan Punch !

Décontenancé par une prise d’élan si peu conventionnelle, le garçon fut assommé par l’imposant poing de son aîné. Il eu à peine le temps de masser sa tempe qu’une pluie de « shot » lui tomba dessus. Acculé, il cria de sa voix aïgue :

- Double uppercut !

L’attaque sautée tint toutes ses promesses et percuta deux fois la mâchoire de Satan. Celui-ci tomba à la renverse et, agacé, pris le temps de réfléchir quelques secondes.

- Qu’est ce que je fabrique ?! Saleté de boule au ventre ! Hum… Ma petite Videl, elle, n’a pas le trac ! Elle est partie sans même nous attendre ce matin ! Ce n’est pas un nabot des bois qui va faire la loi !

Le catcheur se leva d’un bond, à mi-décompte, ragaillardit. Il joua alors avec son partenaire juvénile, lui donnant une leçon de notion de distance. Mais le jeune n°24 avait plus d’un tour dans son sac et, d’un pas glissé foudroyant, franchit enfin la barrière de sécurité adverse. Il saisit promptement le col du kimono satanique et exécuta un tomoe nage à l’efficacité exemplaire. Cette technique, appelée aussi « planchette « , fit visiter le plafond au colosse désarticulé. Le tatami défilait sous ses yeux, la disqualification pour hors-ring était imminente ! Satan brassa l’air comme un nageur du dimanche, paniqué à l’idée de s’écraser lamentablement.

- Je ne vais quand même pas me ridiculiser comme cet idiot de Karonî ! pensa-t-il.

C’est alors que le déclic survint. Le champion retrouva le sourire et débuta une série de roulades, dans le sens inverse de sa trajectoire initiale. Il freina ainsi sa course juste à temps et atterrit… sur la tête. Le crâne pile poil sur l’arrête du tatami, il ferma les yeux. La vie d’une pièce de monnaie n’était pas enviable… Heureusement pour Satan, elle tomba du bon côté. Bien échauffé, le trentenaire se propulsa vers son adversaire déçu et le percuta des deux poings. La réponse ne tarda pas et prit la forme d’un high-kick flamboyant ! Mais inefficace…

- Tu n’es pas assez puissant, p’tit gars !

Relevant le défi, le jeune homme répliqua par un coup de pied retourné. Satan le bloqua sans peine et agrippa la cheville du malheureux. Il souleva alors l’imprudent comme un vulgaire pantin et le propulsa contre le sol. La violence de l’impact attira l’attention de toute la salle.

- 10… 9… 8…
- Pas la peine de compter, il ne se relèvera pas !

Consciencieux, l’arbitre continua d’égrener les secondes :

- … 0 ! Le numéro 23 est déclaré vainqueur !

Satan regarda les combats suivants d’un air condescendant, distrait. Aucun combattant de cette poule ne semblait pouvoir l’inquiéter. Les minutes qui suivirent lui donnèrent raison : il se débarrassa ensuite d’un tas d’os serein mais perclus de rhumatismes, puis d’un nabot masqué au champs de vision limité. L’heure du repas arriva et le champion, affamé, avait bien l’intention de ne pas s’éterniser sur le ring. Jambes bien écartées sur celui-ci, il attendait sa prochaine victime. Ce dernier mot lui parut soudain moins approprié quand il vit la boule de muscle qui se présenta… Un homme de plus de 2 mètres 30, aux biceps gros comme des pastèques. L’inconnu claquait nerveusement les bretelles de sa salopette noire, tout en se léchant étrangement les babines.

- Tu as humilié mon père il y a dix ans, j’ai enfin l’occasion de le venger !
- Mon pauvre petit ! répondit Satan, ironique.
- Ne te moque pas de moi ! hurla le géant qui, du plat de son pied, forma un cratère dans le tatami.
- Euh… on peut s’arranger ? demanda le champion du monde, tout à coup beaucoup moins insolant.
- À cause de toi, mon daron déserte les rings ! Il déprime et engloutit des glaces à longueur de journée. Résultats : je ne peux plus en manger !!!

Les yeux de Satan sortirent de leurs orbites et ne purent détecter à temps le gigantesque poing. L’insecte à la cape se retrouva en bien mauvaise posture, scotché aux phalanges de son adversaire. Il fut à plusieurs reprises enfoncé dans la matière molle du tatami, de telle sorte que celle-ci connu rapidement toutes les coutures du champion. Le sol, peuplé de silhouettes, racontait mieux qu’une bande dessinée les supplices du héros. Dos au mur, Satan profita de la vitesse donné par le poing pour lancer ses jambes en arrière. Ainsi, il pu frapper de ses deux pieds le menton adverse, en une retournée acrobatique. Le coup n’eut pas l’effet escompté mais suffit à libérer son auteur, qui en profita pour s’éloigner le plus possible de son bourreau. Le temps qu’une meilleure idée lui vienne, l’homme chauve-souris exécuta sa danse diabolique. Le fils de catcheur, frappant dans le vide, commença à donner quelques signes de fatigue. Pour ne pas arranger la situation, son ventre gargouilla. Le géant balaya alors les alentours du regard, cherchant désespérément une crème glacée. Cet instant de déconcentration fut le signal du départ pour Satan, qui roula aussitôt entre les jambes de son adversaire. Mais il ne s’arrêta pas en si bon chemin, fit quelques mètres de plus, après avoir agrippé les bretelles de l’ogre. Il n’eut ensuite qu’à attendre l’ingénieuse élasticité de son œuvre. Un boulet de canon assassin explosa alors de pauvres lombaires, obligeant leur malheureux propriétaire à mordre la poussière. Ce fut une nouvelle victoire par KO pour Satan le terrible.

Le champion du monde, enfin soulagé d’avoir passé ce maudit premier tour, couru en direction de la cantine. Mais sa conscience de père le rattrapa et lui fit oublier sa faim : Videl était en train de combattre ! À peine le temps de dire ouf, qu’un obus chevelu se fit une place dans les gradins bien garnis du stade. Satan essaya de prendre le match en cours et compris assez vite que sa fille avait l’avantage. En effet, celle-ci faisait tourner en bourrique un garçon aux allures de voyous. Son bandana était tâché de sang, masquant une plaie au crâne. Son bleu-jean n’était pas dans un meilleur état. Frustré, il se défendait pitoyablement, à coups de doigts d’honneur. Videl, abeille insaisissable, le piquait tantôt d’un coup de genou, tantôt d’un coup de pied sauté latéral. L’adolescent ne voulait pas perdre la face et décida alors… d’abandonner.

- Je te laisse la victoire, je suis galant et je ne voudrais pas te faire du mal ! trouva t-il comme excuse.

Il sauta hors du ring et se rendit dans les vestiaires, coiffant ses longs cheveux à la manière d’un prince.

- Bravo à la petite Videl !!! Faut-il rappeler qu’elle est la fille du champion du monde de catch, le terrible Mister Satan ? Applaudissez la bien fort ! s’exclama un commentateur aux cheveux roux dégarnis.

Ce dernier ajusta ses lunettes noires, reprit son souffle et annonça :

- La finale opposera donc Killerno à Videl ! Ils ont tout les deux seulement 10 ans et, par leur talent, ont pu se hisser jusqu’à ce stade de la compétition. Cela nous promet un magnifique spectacle !

Trop stressé durant les dix minutes de pause, Satan vola le saut de pop-corn de son voisin et les mâcha nerveusement. Plongé dans ses pensées, il imaginait la finale, le pied d’un répugnant adversaire écrasant l’innocent visage de sa fille. Oubliant qu’il n’était pas seul, il se mit à frapper dans le vide, vociférant. On eu pu reconnaître facilement les spectateurs l’ayant côtoyé à cet instant, même plusieurs heure après le match, leurs chevelure étant garnies de maïs soufflé. Les acteurs principaux du championnat du monde junior entrèrent alors dans l’arène, provoquant les hurlements de Satan. Videl essaya tant bien que mal d’ignorer son père, les yeux clos par la honte. L’enfant se mit en garde, concentrée. Son rival, mains dissimulées dans sa chemise aux manches longues, attendait tranquillement le signal de départ.

- Vous êtes prêt ? Commencez !!!

Le blondinet ne bougea pas d’un pouce et invita donc, à sa manière, la jeune fille à attaquer. Elle ne se fit pas prier et montra toute sa panoplie de coups de pieds. Directs, frontales, fouettés, rotatifs, tout y passait ! Cependant, le garçon bloquait l’intégralité des coups d’une main. De l’autre, il remettait sa fine mèche en place lorsque cela était nécessaire. Lucide, Videl s’interrompit et chercha un moyen de percer cette garde.

- Hum ! fit elle en penchant la tête, convaincue par son idée.

Déterminée, elle menaça de son poing la figure de son adversaire. Comme elle l’avait prévue, ce dernier présenta son bras pour parer l’agression. Appliquée, la fille de Satan ouvrit sa main au dernier moment puis, dans la foulée, attrapa le poignet du petit combattant. Simultanément, elle tira sur le col de la chemise et exécuta un Tsuri-komi d’école. Killerno venait de gagner un aller simple vers le tatami, tête la première, après avoir été plaqué contre les reins de la judokate en herbe. Il se releva difficilement, ne voyait plus très clair. Le coude, qui lui cassa le nez, ne fut pas d’une grande aide. Chancelant, n’ayant plus d’autre choix, l’enfant s’excusa :

- Pardonne moi, il n’y a pas d’autre solution !

Tout à coup, Videl ne pouvait plus respirer. Que se passait-il ? Elle s’aperçut alors que sa gorge était prisonnière de la manche du garçon.

- Incroyable mesdames et messieurs ! Quelle rapidité ! Nous n’avons même pas eu le temps de cligner des yeux !

Un petit sourire sadique se dessina sur les lèvres de killerno, tandis qu’il tirait sur son vêtement avec sa main libre. Dos au mur, ses bas instincts se réveillaient et dénaturaient sa personnalité, habituellement charmante. Il était prêt à tuer son adversaire pour l’emporter ! Les petits piaillements plaintifs de Videl le faisait parfois douter, mais il tenait bon.

- Chéri, abandonne ! Je t’en prie ! s’égozillait Satan, les yeux révulsés.

Il ne savait que trop bien à quel point sa petite chérie était têtue.

- Stop !

Qui venait de crier cela ? L’arbitre chercha d’où provenait cet ordre mais ne vit personne. Une patte tira alors sur sa veste et l’obligea à baisser la tête. Il s’agissait d’un personnage au corps de chien, vêtu du costume caractéristique des organisateurs. Il chuchota à l’oreille du speaker.

- D’accord… Oui… Je comprends ! répondait l’arbitre laconiquement, en inclinant la tête à chaque mot.

Killerno, assistant à la scène, avait desserré son étreinte et permettait ainsi à Videl de respirer. Recroquevillée, elle recouvrait son souffle et ses esprits.

- Hum, hum ! Mesdames et messieurs, le jury a décidé, après une rapide délibération, que la chemise de Killerno avait été utilisée comme une arme. Elle n’émane pas de son corps, n’est qu’un simple objet recouvrant sa personne, je me vois donc dans l’obligation d’en interdire l’usage. Ceci étant dit, reprenez !

Sous le coup de la déception, l’adrénaline cessa son action euphorisante et laissa à nouveau le corps du jeune garçon sous l’emprise des vertiges et de la douleur. Videl était debout, jambes parcourues de spasmes. Elle luttait pour mettre un pied devant l’autre, puisait dans ses dernière ressources. Elle glissa alors sur l’une des dalles du ring et n’eut pas la force de se rééquilibrer. Au contraire, elle se jeta à corps perdue en avant, tête la première. D’un incident, elle créait une attaque. Son crâne percuta le plexus solaire du garçon qui, le regard perdu, s’écroula. L’arbitre s’assura que Killerno vivait toujours et commença le fameux décompte. La main du petit guerrier se crispa, gratta le sol dur et froid de la surface de combat. Fausse alerte :

- Et 10 !!! Videl est donc déclarée vainqueur de la première édition du championnat junior ! Félicitations, elle a été très courageuse !

À bout de force, la frêle jeune fille s’écroula. Son père marcha alors sur les têtes des spectateurs pour couper à travers champs et voler au secours de sa progéniture. Il la serra fort dans ses bras protecteurs, pleurant à chaudes larmes. Quand les secours arrivèrent, il les envoya balader et porta lui même Videl à l’hôpital. À contre-cœur, il laissa le médecin du stade s’occuper d’elle, prendre son pouls, lui faire une piqûre et des bandages, impuissant. Les yeux de sa petite chérie s’ouvrirent lentement. Avant qu’il n’ai le temps de réagir, elle lui demanda :

- Papa ? Tu veux me faire plaisir ?
- O… oui, bien-sûr ma pitchounette !
- Amène moi à la mer…
- Quoi ?! Mais tu es folle ?! Qu’est ce que tu veux y faire ?!
- Je ne suis pas bête, je sais que tu en peur. À chaque fois que j’ai voulu y aller avec toi, tu as esquivé le sujet et m’en a interdit l’accès. S’il te plait !
- Non ! Hors de question !
- Papa, tu sais… tu vas devoir affronter tes peurs pour gagner ce championnat ! Sans courage, la victoire finale n’est pas possible ! Commences déjà par une simple balade sur la plage, s’il te plait !

Devant les arguments aiguisés et clairvoyants de sa fille, face à ses supplications, il fut obligé de s’incliner.
"L'histoire de Mr Satan", fanfic de 2010 à présent terminée (et reconstituée suite à un hackage en 2011), espère vous plaire et n'aurait rien contre quelques commentaires ;)
http://www.lunionsacre.net/viewtopic.php?f=42&t=5894

"Le Chaos pour racines" est une fanfic qui met en scène 10 "avatars" créés par des membres du forum. J'espère qu'elle plaira aussi aux autres forumeurs ^^
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Kame-boy
 
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Re: [Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Messagepar Kame-boy le Dim Sep 11, 2011 19:44

Chapitre XXIV

Nous retrouvons, une poignée de minutes plus tard, le père et la fille à quelques mètres de l’eau salée. Exténuée, Videl était blottit contre son roc protecteur. À moins que ce ne soit l’inverse… Ses cheveux noirs, imprégnés de chaleur solaire, diffusait ses bienfaits à un Satan grelottant. Les souvenirs glacials du champion se chargeaient de faire vibrer son monde intérieur, tandis que le sable mouillée s’occupait de son enveloppe extérieure. Chaque mouvement de marée, chaque vive manifestation d’écume hérissaient la totalité de ses poils. Le trentenaire subissait le mouvement de l’eau, le rythme des flots, comme s’il se trouvait face à un adversaire contrôlant le tempo du combat.

- Papa, ferme les yeux s’il te plait.
- Pourquoi, chérie ?
- Ne discutes pas, ferme les yeux s’il te plait !

Il obtempéra et fut surpris de sentir les doigts de sa fille entrer en contact avec les siens. Son petit astre bienfaisant le réchauffait, en lui disant :

- Si tu n’avais pas fermé les yeux, tu aurais prévu ce que j’allais faire et tu en aurais moins senti les effets. Laisse toi surprendre ! Ressent ce qui t’entoure, le souffle, le bruit des vagues… Ce n’est pas hostile. Papa, qu’est ce que t’inspires ce vent ?
- P… Printsir, fut le nom qui raisonna dans l’esprit de Satan.

Une telle douceur et rapidité. Ces caresses sur sa joue ne pouvaient que venir de son frère disparu.

- Et ces vagues qui chahutent gentiment les rochers ? continua Videl
- Papa ?! se demanda le colosse, bouleversé.

Il avait reconnu la force de Volnia, son caractère positif, plein d’entrain, mêlé à une puissance hors du commun.

- Regarde, un phare ! s’exclama la petite fille, émerveillée, redevenant un court instant une enfant ordinaire.

Au loin, la fière construction semblait bomber le torse. Elle était sûr d’elle, prête à guider dès ce soir les embarcations confiantes. Calme dans la tempête, faisant face aux courants froids, elle inspirait la quiétude.

- Byétjer… chuchota Satan.
- Allez Papa, à l’eau ! demanda énergiquement sa fille, le prenant par la main.

Il se laissa faire et se surpris lui même à mettre les pieds dans cette mer tant redoutée, qu’il voyait maintenant comme une amie, presque comme un membre de sa famille. Des éclaboussures et des rires l’empêchèrent d’y réfléchir plus longuement. Le visage aspergée, il retroussa ses manches et rendit la pareil à sa coquine de Videl. Ils s’amusaient comme des petits fous, sous le regard bienveillant de mère-nature, Mordjé.

L’avion de Satan se posa juste à temps dans la cours. L’arbitre officiel des phases finales l’attendait, ainsi que les 15 autres qualifiés. Ils tapotaient du pied, impatients, tandis que le champion du monde de lutte parlait avec sa fille.

- Chéri, tu ferais mieux de rentrer. Un championnat d’arts-martiaux est long et violent, je ne veux pas que tu subisses ça !
- Je ne suis plus une gamine, ne t’inquiètes pas ! Par contre, c’est vrai que ça pourrait être lourd au bout d'un moment, je serais de retour pour ta demi-finale, répondit-elle en un clin d’œil.

L’homme fut ému par la confiance que lui accordait sa petite Videl et en rougit.

- Ah ah ah, tu as bien raison ma chérie, papa va assurer comme une bête ! À tout à l’heure ma pitchoune ! affirma Satan de sa puissante voix.
- Tu me laisses rentrer en avion ? demanda Videl, étonnée.
- Tu crois que je suis aveugle ? J’ai bien vu vos cachotteries, Karonî n’a pas inventé le fil à couper l’eau chaude. Euh… le beurre à filer… Rah !!! Bon, tu m’as compris, il n’était pas très discret à te donner des cours de vol en pleine ville !

L’enfant, quelque peu honteuse, baissa la tête.

- Fais pas cette tête ! Et puis, tu sais quoi ?! Je t’offre l’avion pour ton anniversaire ! Tu vas en arrêter du malfrat avec ça !

Aux anges, Videl fit bondir la poitrine de son nigaud de géniteur et l’embrassa tendrement sur le front.

- Sois prudente ! lui conseilla fermement son père.

Elle lui sourit, tout en décollant, dirigeant son pouce vers le ciel. Satan regarda quelques secondes sa fille se perdre dans les nuages, rêveur. Il revint brusquement à la dur réalité lorsque le speaker l’appela avec insistance. Le champion retroussa ses manches, déploya sa cape et, le visage grave, se dirigea vers ses rivaux.

- On n’attendait plus que vous, Monsieur Satan ! Il ne reste plus qu’une boule à tirer mais veuillez, s’il vous plait, la sortir de cette boite. Que voulez vous, le règlement est ainsi fait…
- Numéro 3 !
- Bien ! Messieurs, vous avez quartier libre pendant 10 minutes. À tout à l’heure !

Le maître et ses disciples profitèrent de cet interlude pour examiner le tableau des 1/8è de finale :

- Karonî contre Mokekko, lu Piroshiki à haute voix, désignant du doigt l’inconnu.
- Je ne connais pas bien ton adversaire, mais il est bien plus jeune et inexpérimenté que toi. Pfff… ses muscles sont juste de la gonflette ! Alors, ne me fais pas honte et tâche de ne pas tuer un pigeon par accident, conseilla ironiquement le champion
- Oui, maître… répondit le beau blond, la boule au ventre.
- Moi, je vais affronter cet homme des cavernes de Spopovich, il ne m’a pas l’air très futé… Quels sont les combats suivants ? demanda Satan.
- Kiela affrontera Dub, le petit gros là-bas. Ensuite, le gringalet Tsukutsun sera opposé à cet insolent qui a copié votre magnifique coupe de cheveux, le dénommé Dr Mashirito Junior !

Les tempes du champion rosirent. Il faut dire que sa tignasse sauvage avait de nombreuses admiratrices. Les femmes aimaient « enfoncer leurs ongles et leurs doigts délicats dans la jungle de ses cheveux… »

- Regardez maître, le combat suivant est à classer dans la catégorie poids-lourds : l’énorme Punta face au poulet aux hormones appelé Captain Chicken !
- Pas mal… Mais à voir s’ils savent courir, eux !
- Désolé… bredouilla Piroshiki, laissant la parole à son collègue :
- Ce sera suivit d’un Chuji-Bactérie qui ne devrait pas rester dans les annales. Grrrr, il y aura aussi cette saleté de Jewel - un concurrent en séduction encombrant - contre ce marin louche d’Otto Kosky ! Le dernier combat opposera Piroshiki à ce nain nommé « v ».
- Une seule lettre ? Bizarre… remarqua Satan, perplexe.

Tout en continuant à bavarder, les participants se rendirent près de la surface de combat, près à en découdre.

- Mesdames et Messieurs, bienvenue ! Vous allez avoir le privilège d’assister à la phase finale des 24è championnats du monde d’arts-martiaux ! Seize combattants vont faire étalage de leur talent et de leur bravoure, veuillez les accueillir comme ils le méritent !

La foule, surexcitée, salua les combattants sans retenue. Satan, Karonî et Jewel étaient, de loin, les plus populaires. Tandis que les deux derniers cités se foudroyaient du regard, le colosse au torse bombé exhibait ses plus belles postures de victoire.

- Cher public, sans plus tarder, nous allons assister au premier combat ! Accrochez vos ceintures ! Le beau Karonî opposé à l’impressionnant Mokekko !

Le séducteur, afin de se décontracter, se focalisa sur les jolies jeunes femmes de l’audience. Il envoya une salve de baisers, qui fit perdre connaissance à chacune des demoiselles visées. Confiant, il suivit les enseignements de son maître et attaqua verbalement son adversaire :

- Quelle natte ridicule ! Ce devait être à la mode il y a deux siècles, non ? À part ça, tu portes combien de troupeaux de moutons sur toi ?
- Gare à toi blanc-bec ! Quand on me cherche, on me trouve !
- C’est parti !!! annonça le speaker, enthousiaste.

Le musculeux participant courait déjà vers l’insolent blondinet, bien décidé à lui tordre le cou. La colère ne l’aidait pas à viser et ses coups désordonnés ne frôlèrent même pas leurs cibles. Souriant, Karonî se contentait de pencher la tête ou d’onduler sensuellement son corps tout de blanc vêtu. Ses pieds, sans cesse en mouvement, lui permettait d’être très réactif. Il pu alors s’ouvrir un angle et claqua la joue du mastodonte. Celui-ci ne comprit pas la leçon et encaissa les mêmes punitions, encore et encore... Sonné, il trouva tout de même les ressources pour s’agripper aux épaules de son adversaire. Il pressa alors de toute ses forces, confondant l’apollon avec un accordéon. Mais c’était sans compter sur la souplesse de ce dernier qui, malgré la courte distance, pu atteindre de sa jambe tendue la mâchoire adverse. Mokekko, au tapis, eu tout le loisir de compter les étoiles. Pendant que l’arbitre comptait, Karonî faisait l’amour à la foule, agitant langoureusement son bassin. La victoire dans la poche, il pu rejoindre son maître et se nourrir de ses compliments :

- C’était pas mal ! Un peu long mais amusant !
- Merci maître, je tâcherais de faire mieux la prochaine fois, répondit l’élève en s’inclinant respectueusement.
- Mesdames et messieurs, place maintenant au deuxième huitième de finale, opposant le terrible Mister Satan, champion du monde de lutte, à Spopovich !

L’entrée du catcheur, une élégante roulade, contrasta avec la démarche lourde et peu raffiné de son opposant.

- Approche homme des cavernes, tu ne me fais pas peur ! ordonna l’homme à la cape.
- Grrrr… je vais te faire bouffer ta ceinture !

Le signal de départ venait à peine d’être donné que les deux individus se percutèrent à violence. Tels deux sumotoris, ils se tinrent par la taille et baissèrent leur centre de gravité, afin de faire reculer l’adversaire. À ce petit jeu, Satan avait l’avantage, ses appuis étaient bien plus solides et coordonnés. Ainsi, il pu conduire Spopovich jusqu’au bord du tatami, à quelques mètres du premier rang de spectateurs. C’est alors qu’un coup de tête inattendu percuta le faciès du champion. Celui-ci avait le crâne dur et répliqua, de la même manière. Tels deux boucs furieux, les combattants continuèrent leur joute frontale, au risque d’aller jusqu’à la commotion cérébrale. Mais Satan eu la lucidité d’arrêter ce manège aberrant, en esquivant enfin l’attaque adverse, d’un simple mouvement latéral du cou. Le visage de l’homme de Cro-Magnon, emporté par son élan, entra en collision avec l’épaule de son rival. Quel choc ! Le catcheur constata avec satisfaction que son plan avait brillamment fonctionné et acheva Spopovich du tranchant de la main. La carotide visée ne fut plus capable d’irriguer le cerveau de la victime, qui tomba tel un pantin désarticulé. Satan, comme d’habitude, n’attendit pas le verdict et commença à fêter sa victoire, offrant au public une farandole de postures. Il écouta d’une oreille distraite la confirmation de l’arbitre puis, après un ultime effet de cape, regagna sa place au bord du ring. Puis, adossé à un pilier du stade, il ferma les yeux et s’endormit, irritant au passage les autres participants. Il aurait bien aimé assister aux combats suivants mais la sagesse de sa fille était contagieuse et lui commandait cette attitude. En effet, en tant que catcheur il n’était pas habitué à enchaîner match sur match dans la même journée, il devait donc économiser ses forces. De plus, l’esprit ainsi reposé, dans un état semi léthargique, il aiguisait ses sens. Parfois, il avait l’impression qu’un membre de sa famille lui parlait dans le monde onirique, lorsqu’une douce bise de vent effleurait sa joue.

Instinctivement, il se réveilla au bon moment, pour l’ultime match du premier tour. Son élève Piroshiki affrontait l’étrange « v » et était en bien mauvaise posture. Ses mollets étaient déjà fortement marqués. Satan compris rapidement pourquoi, en voyant la petit puce inconnue courir comme un sprinteur sous EPO. Vêtue d’une veste rouge flamboyante, elle tournait autour du géant, tel un cercle de feu, et lui brûlait les jambes par ses coups ininterrompus. Le lutteur multipliait les rictus, cherchait de l’aide en jetant des coups d’œil désespéré à gauche et à droite. Son regard trouva avec soulagement celui de son maître, lui demanda que faire. Le champion du monde, compatissant, désigna sa propre bouche, grande ouverte. Court instant de flottement... Enfin, Piroshiki compris et se mit à quatre pattes. L’expérience ne fut pas aussitôt concluante, le mastodonte se faisant gifler toute les demies secondes. Mais, brusquement, avec un sens du timing aiguisé, il goba son adversaire. L’éléphant sembla se muer en pélican, sa gueule extensible s’étirant pour accueillir le petit homme. Il s’amusa quelques instants avec son prisonnier, lui donna quelques coups de langue puis décida qu’il était temps d’en finir. Il inspira par le nez, gonflant ses volumineux poumons. Le public retint sont souffle… puis suivit du regard la trajectoire du pépin vivant. Ce dernier finit sa course au premier rang des tribunes, sur les genoux d’un petit pit bull particulièrement énervé : Jagaa !

Satan, trop occupé à réprimander son élève avec son index agité, ne vit pas son vieil ennemi. Le roquet à la natte fulminait :
- Tu ne perds rien pour attendre, Satan de mes deux ! À ta facture déjà salée s’ajoute l’acte de ton élève, ce dernier affront !!! La prochaine fois, je ne me contenterais pas de doper mon champion, mes meilleurs scientifiques seront sur le coup !
- Cher public, nous l’allons pas vous faire languir plus longtemps ! Sans plus attendre, voici le premier quart de finale, le maître contre l’élève : Satan face à Karonî !!! cria le speaker roux avec enthousiasme.

Le catcheur planta ses pupilles noires dans le cœur de son disciple, prenant une sérieuse option sur la victoire avant même le début du combat. Une fois n’est pas coutume, il ne se lança pas dans une joute verbale et choisi d’intimider le blondinet en faisant étalage de sa panoplie technique. La manœuvre fonctionna et fit couler quelques gouttes le long des tempes de l’apprenti voltigeur. Celui-ci essaya de se ressaisir, de se rassurer, et débuta alors une danse de boxeur, légère et fréquente. Satan se sentait invulnérable, sa petite sieste avait reposé son corps et son esprit mieux qu’un stage zen ne l’aurait fait.

- Go !

Le champion bondit, membres écartés, couvrant de son ombre Karonî. Effrayé, le jeune homme couvrit maladroitement son visage, à l’aide de ses deux bras. Son ventre sans défense fut pilonné sans pitié. Ses jambes ne connurent pas un sort plus enviable, balayées sans ménagement. Il tomba à la renverse et se réceptionna malencontreusement sur le poignet. Ce dernier, hors d’usage, ne permit plus à l’élève d’alterner efficacement les coups ; il était impossible de surprendre son maître dans ces conditions. Son direct du gauche connu échec sur échec et le contraint à abattre son joker plus tôt que prévu.

- Maître, j’ai une surprise pour vous ! annonça Karonî, un sourire en coin.
- Hein ?!

L’apprenti se mit à tourner sur lui même, jambes fléchies, tel un patineur exécutant une spectaculaire pirouette.

- Tiens, c’est nouveau ça… pensa Satan, perplexe mais intrigué.
- Flying Hayate no nobara !!!

Le voltigeur pris une impulsion démente, délogeant au passage une dalle, lui permettant d’atteindre une hauteur record (en ce qui le concerne). À plus de vingt mètres du sol, il surplombait le stade. Ses rotations le transformait en véritable fusée foreuse, déchirant l’air. Il fondit ainsi sur son maître.

- Pfff ! Tout ce cinéma pour ça ?! Tu n’as fait qu’ajouter des pirouettes ridicules ! cria le champion, moqueur, prêt à cueillir son élève à l’atterrissage.

Pourtant, les dents brillantes de Karonî firent leur apparition, montrant la confiance de leur propriétaire. Alors que l’homme-oiseau était presque à portée, Satan fut aveuglé. Par un brouillard rouge ? Des papillons couleur sang ? Non, une nuée de pétales de rose ! L’élève, riant aux éclats, les jetaient par poignée entière des poches de son pantalon. Ses rotations permettaient aux plantes d'être éparpillées efficacement et, ainsi, de couvrir la quasi intégralité du stade. L’arbitre était donc également masqué, tout comme la majorité de l’audience. Cependant, Satan gardait son sang-froid, était attentif au moindre son. Ainsi, il entendit le pied adverse se poser. Il ne pu empêcher celui-ci de frapper son nez mais, vigilant, accompagna le coup d’un mouvement arrière. Indemne, il attrapa en un éclair la jambe de son subalterne puis, de son coude, la cassa comme un vulgaire bout de bois… Heureusement, superficiellement, ne brisant que la couche externe. Cependant, toute la partie droite du corps du malheureux Karonî était à cet instant inapte au combat, la phrase qui suivit en fut d’autant plus logique :

- J’abandonne !

Satan en sauta de joie. Une joie sincère, non surjouée. Sa fille ne viendrait pas pour rien, dans quelques minutes, à bord de son rutilent avion jaune. Elle allait assister aux exploits de son papa ! De bonne humeur, il tapa amicalement dans le dos de son élève et, ainsi, lui remonta quelque peu le moral. Ils se rendirent, ensemble, au bord du tatami, pour assister à la suite des événements. Le champion, suffisamment frais et dispo, décida cette fois-ci d’observer ses prochains adversaires. Au fur et à mesure que les confrontations s’égrainaient, il commentait les diverses actions dans sa tête :

- Quel ressort ce Tsukutsun ! Il n’est pas bien épais mais est insaisissable… Pauvre Kiela, regardez le ! Il est bien battit mais frappe n’importe comment ! Vise un peu !

5 minutes plus tard…

- Il est mobile ce Punta, pour un gros balourd… En tout cas, je suis soulagé de constater que ce bon vieux Bactérie sent la lavande à présent ; quand je l’affrontais sur les rings de catch, j’ai faillit m’évanouir à plusieurs reprises. J’ai bien fait de l’engager pour l’une de mes pubs pour shampoings, ça l’a marqué… Mais il n’aurait pas dû, maintenant il n’a plus aucune technique digne de ce nom…

2 minutes passèrent…

- Tiens bon Piro ! Allez, Piroshiki, réagit bon sang ! Ton adversaire ne pourrait même pas gagner un bras de fer contre une enfant de 5 ans… Eh oui, ses coups de pieds tournoyants sont surprenants, mais trouve la parade ! Bon, cette fois, débrouille toi tout seul…

- Hum hum, fit l’arbitre, s’éclaircissant la voix. Mesdames et messieurs, ce championnat bien sympathique est sur le point de se terminer. Mais le plus beau reste à venir ! Imaginez un peu : en entrée, la dextérité et la puissance de Satan opposées à l’agilité aérienne du jeune Tsukutsun ! En copieux dessert, Punta, le boulet de canon assassin, contre la toupie créatrice, Jewel ! Et, cerise sur le gâteau, une finale en prime time à la télévision pour conclure cette merveilleuse journée ! S’il vous plait, un triomphe pour les deux premiers demi-finalistes ; faites entrer les artistes !

Le catcheur se mit dans la peau d’un adulte affrontant un enfant et caressa les cheveux mi-longs de son adversaire. Selon lui, le message était clair : je suis le mâle dominant, je vais ne faire qu’une bouchée de toi ! Il fut alors surpris par la réaction de celui-ci : une courbette polie…

- Merci monsieur, c’est bien aimable à vous.
- Euh…

L’arbitre autorisa les combattants à s’affronter. Le jeune marsupial actionna alors ses ressorts et visita les quatre coins du ring. Nullement affolé, Satan ne le suivit que du coin de l’œil, sans tourner la tête. Il eu alors tout le temps de voir arriver le pied du pratiquant de kung-fu, qu’il emprisonna en sa puissante main. Moqueur, il balança l’inexpérimenté de droite à gauche, comme un pendule.

- Ah ah ah ! Tu as l’air malin ! Si seulement tes attaques étaient plus variées, tu aurais peut-être une infime chance de me battre. Je t’ai bien observé tout à l’heure, tu vises toujours la partie supérieure du corps, de face ! Sûrement parce que tu considères qu’attaquer ailleurs serait de la lâcheté. Mon pauvre enfant, c’est le monde des grandes personnes ici !

Le lutteur trentenaire envoya alors violemment les tendres vertèbres contre le rude sol du ring. Il tenait toujours fermement la cheville du malheureux et réitéra l’opération, malgré les plaintes du jeune homme, jusqu’à ce que ce dernier ne soit plus en état de se battre. Il le lâcha et attendit la fin du compte arbitral.

- 3… 4… 5… 6…
- Tsukutsun ! Psssit, Tsukutsun ! Regarde par là ! fit une voix féminine.

Tant bien que mal, le combattant en difficulté ouvrit les yeux. Une vision de rêve le ragaillardit quelque peu. En effet, une demoiselle blonde aux cheveux ondulés, un mignon petit nœud dans les cheveux, lui tendait la main.

- Akané ! S’exclama t-il.
- Oui, c’est moi grand nigaud ! Touche ma main, fais vite !

Il obéit et se redressa soudainement. Un silence de mort pesait sur le stade. Satan était médusé. En effet, devant lui se tenait maintenant un imposant tigre humanoïde.

- Je rêve ? Oui, ça doit sûrement être ça ! J’ai déjà eu des visions par le passé... À moins que ce soit à cause de ma sieste trop prolongée de tout à l’heure… se dit Satan, tout en secouant sa tête dans tout les sens.

Les yeux fermés, il ne vit pas la monstrueuse patte fondre sur lui. Scratch !!! Quand il regarda à nouveau son adversaire, il constata que celui-ci avait reprit forme humaine. Il se dit même que cela confirmait son hypothèse de l’hallucination. Soulagé, il se mit en garde.

- Pfiou, j’ai eu chaud !!! Un peu plus mon secret était dévoilé à la Terre entière ! Il faudra un jour remédier à cette malédiction qui me transforme en tigre dès que je touche une fille. Enfin bon, ça m’a été utile pour une fois ! se disait le svelte combattant.

C’est alors que Satan se rendit compte que son beau costume était déchiré sur toute sa longueur. Furieux que l’on abîme son cher outil de scène, il fonça sur sa victime en grognant. Apeuré, Tsukutsun n’eut pas le réflexe d’éviter la boule de bowling diabolique. Il voltigea comme une quille et ne dû son salut qu’à une pirouette réflexe, qui le stabilisa à temps. Ses talons étaient sur la bordure du tatami et témoignaient de la réussite qu’il venait d’avoir. Il avança de quelques pas, décontenancé par le fait de ne plus voir le catcheur. Une ombre le couvrant totalement ne tarda pas à lui répondre. Il fut écrasé comme une crêpe. Splach !

- Cette fois, tu ne te relèveras pas ! D’ailleurs, je me demande comment ta fiancée peut encore t’encourager, elle n’a pas très bon goût ! cria Satan, évacuant son stress comme il le pouvait.

Ses yeux sortirent de ses orbites lorsqu’il vit son opposant à nouveau sur ses jambes. Il était vraiment increvable ! Mais, plus étonnant, il bavait de rage. Son volume musculaire avait facilement doublé. Quelle transformation !

- Tu n’aurais pas dû manquer de respect à ma femme ! Tu vas le payer !!!
- Un peu de calme voyons, ça ne sert à rien de se mettre dans des états pareils ! tenta le lutteur roublard, pour calmer le jeu.

Sans succès… Le jeune homme fut à deux doigts d’ouvrir le crâne de Satan avec un coup de coude animal. Une bosse poussa aussitôt, digne d’un champignon géant de « Tintin et l’étoile mystérieuse ». Satan n’eut pas le temps de se lamenter et évita de justesse les deux poings synchronisés de son adversaire. Il usa de toute sa science de l’esquive et des déplacements pour éviter les attaques suivantes, inquiet. Le trentenaire sentait l’air vibrer à proximité de son visage, après chaque déchaînement de rage ; il ne vivrait pas une décennie de plus s’il se faisait toucher de plein fouet. Acculé, il sentait le match lui échapper. C’est alors que les phalanges de Tsukutsun – ou plutôt de sa version enragée – entaillèrent la joue du champion. Ce dernier, piqué au vif, exécuta un salto réflexe au-dessus du crochet qui suivit, pour atterrir dans le dos du féroce garçon. Il ne profita pas de son avantage et resta littéralement scotché, face au public. À quelques mètres de lui se tenait sa petite fille chérie, qui le fixait de ses yeux humides.
"L'histoire de Mr Satan", fanfic de 2010 à présent terminée (et reconstituée suite à un hackage en 2011), espère vous plaire et n'aurait rien contre quelques commentaires ;)
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"Le Chaos pour racines" est une fanfic qui met en scène 10 "avatars" créés par des membres du forum. J'espère qu'elle plaira aussi aux autres forumeurs ^^
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Kame-boy
 
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Re: [Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Messagepar Kame-boy le Dim Sep 11, 2011 20:05

Chapitre XXV :

- Ma petite Videl, ne me regarde pas comme ça… se désola Satan.

Alors qu’il se lamentait, le poing de la bête féroce lui laboura le dos et l’envoya à terre. Le champion du monde, obsédé par la présence de sa fille, fut à nouveau aimanté par le regard de celle-ci. Mais l’enfant avait eu le temps de se ressaisir et fixait à présent son père bien plus sereinement. De son pouce, elle lui signifia que tout allait bien.

- Vas y Papa, t’es mon champion !

Il n’en fallait pas plus au trentenaire pour se sentir mieux. Après l’étouffante tempête, la fraîcheur de sa petite. Satan se leva d’un geste, évitant par la même occasion le pied destructeur de son opposant. L’enragé dépassait ses propres limites et faiblissait à vue d’œil, ce qui encouragea le catcheur à l’inviter, d’un rapide mouvement de main.

- Viens là mon gros !

L’animal tenta d’encercler son vis-à-vis de ses bras musclés mais n’attrapa que l’air formé par la fuite de son adversaire. Ce dernier, d’un saut majestueux, le surplombait et s’apprêtait déjà à riposter. Le coup de pied du lutteur, malheureusement, rencontra le poing ferme de Tsukutsun. Mais sa cape lui permit de prolonger son temps de suspension de quelques dixièmes de secondes bienvenues. Son genou pu alors écraser le nez du jeune homme. L’effet ne fut pas celui escompté ; à peine de retour au sol, Satan reçut une claque monumentale dans les gencives. Courbé en deux, il perdait tout sens de l’orientation.

- Papa ! s’exclama Videl, apeurée.
- Papa… Papa… Papa… ce mot teinté d’angoisse raisonna dans la tête du combattant bestial qui, peu à peu, redevint calme et bienveillant.

La compassion qu’il venait de ressentir était le remède contre ses poussées de colère. À présent, gamin quasiment inoffensif, il sentit la fatigue lui tomber dessus comme une chape de plomb.

- Soit prudent ! lui cria Akané.

Il suivit le conseil à la lettre… en sautant hors du ring ! Déçu par un finish en queue de poisson comme celui-ci, l’arbitre se lamentait intérieurement :

- Mon dieu, que je regrette les éditions précédentes… (soupir) … Cette année, il n’y en pas un pour rattraper l’autre ! Si seulement ils compensaient par du panache, au lieu d’abandonner de la sorte…

Satan n’attendit pas qu’il se ressaisisse pour regagner sa place, sans oublier au passage d’embrasser le sommet du crâne de sa fille. De ses yeux de lynx, il était prêt à disséquer les moindres mouvements des demi-finalistes suivants.

- Hum… Bravo à Satan, nous le retrouverons tout à l’heure avec plaisir ! Mais, sans plus attendre, voici le combat tant désiré opposant le séducteur blond, Jewel, à Punta le sanguinaire !

Le combattant aux cheveux longs envoya des baisers enflammés à la foule, provoquant l’hystérie de ses admiratrices. Punta n’en avait cure et se demandait simplement à quelle sauce il allait bien pouvoir manger cet avorton.

- N’ai pas peur mon biquet, ta douleur sera brève ! Juste le temps que je t’étouffe ! affirma t-il à son svelte adversaire.

Le jeune homme blond l’ignorait royalement, totalement centré sur sa propre personne. Il ne daigna regarder l'imposant personnage que lorsque le speaker demanda aux protagonistes de commencer le combat. Le visage de Jewel se fit soudain plus grave. L’ogre, pas le moins du monde inquiet, invita son adversaire à l’attaquer, ce qui irrita ce dernier. Le préféré de ces dames remonta soigneusement les manches de sa chemise à col mao, puis parti comme une balle. Il plaça instantanément le tranchant de sa main droite près de l’oreille opposée, près à viser l’un des points vitaux de la brute. Ses doigts firent un bruit d’épée, mais dans le vide… Punta était déjà plus bas, grâce à un grand écart surprenant étant donnée sa corpulence. Il se releva d’un coup sec, ouvrant le menton de son opposant.

- C…comment as-tu oser me faire saigner ?! Si j’ai une cicatrice, je t’en voudrais à vie ! proféra le golden-boy.

Mort de rire, le mastodonte se tapa le ventre. Il desserra même la ceinture de tissu de son pantalon orientale pour ne pas être entravé dans ses secousses d’hilarité. Il s’arrêta net lorsqu’il entendit crier :

- Hurricane-Kick !!!

Il vit alors un hélicoptère vivant fondre sur lui. Jewel, à une trentaine de centimètres du sol, jambe droite tendue à 90° par rapport au ring, tournoyait à une vitesse insensée. Une raison de plus pour Karonî d’être jaloux. Le pied du jeune homme aux cheveux longs percuta à de nombreuses reprises les joues de Punta, empêchant ce dernier de respirer convenablement. Estimant qu’il avait assez joué, l’imposant personnage frappa la jambe d’attaque de son opposant et rendit alors instable le vol de celui-ci. Il le bloqua ensuite entre ses bras monstrueux et son buste. Un cadenas infernal ! Le séducteur, en souffrance, se débattait tout en cherchant quel pouvait en être la clé. Il pu heureusement garder un soupçon de lucidité. Il se concentra et, après avoir lié majeur et index, enfonça ceux-ci dans l’aine de son adversaire, seul point vital à sa portée. Le géant ne contrôla plus son corps l’espace d’une demie seconde, ce qui fut bien suffisant à Jewel pour se libérer. Satan, quand à lui, ne ratait pas une miette du combat et le commentait intérieurement :

- Bon, c’est au tour du balourd d’attaquer… Qu’est ce qu’il nous prépare ? Pas mal sa série de coups de poings rapides sans réarmer, mais le blondinet encaisse mieux que prévu. Wouah, bien le « kagato » du petit !!! Mieux qu’un coup de pied marteau : paf j’te touche en montant, paf j’te termine en descendant ! Et ben, le gros Punta est furax, j’aimerais pas être à la place de la puce… Une série de flip-flap ? À quoi ça sert ?! Ah d’accord, le dernier est plus aérien et il retombe sur ce pauvre Jewel ! Pas mal du tout ! Ca doit pas être agréable d’être coincé sous cet immense postérieure… Oulah, ça craque, j’ai mal pour lui ! Ah, le blondinet a de la ressource, fallait penser à ce petit coup de talon dans les lombaires. Tiens, pourquoi il reste au sol ?! Ah, je vois, original son Tomoe nage en roulade !!! Bon, vivement qu’il termine, je commence à avoir le tournis… Et hop, éjecté hors du ring !

- Quel finish ! Victoire de Jewel grâce à une projection très spectaculaire !!! Applaudissez le bien fort, il aura la lourde tâche d’affronter Monsieur Satan en finale ! Restez assis, celle-ci aura lieu dans seulement 10 minutes, annonça le commentateur.

Durant la courte pause, Satan utilisait un dérivé de la méthode coué, se conditionnait pour ne pas envisager la défaite. Il était invincible !

- Le public est avec moi ! La nature est avec moi ! Le destin est avec moi ! Et en plus ma petite fille est là : je ne peux pas perdre !

Avant même que le commentateur ne l’invite à grimper sur le ring, le catcheur s’y rendit et commença à s’échauffer, grisant l’audience avant même le début de l’ultime confrontation. Il fouettait l’air de ses poings, balayait le sol de ses jambes, évitait les coups de l’ennemi imaginaire par de subtiles mouvement de tête ; son « shadow-boxing » valait toutes les bandes-annonces du monde. L’arbitre regarda enfin sa montre puis invita Jewel à rejoindre son adversaire. Le duel de regards et mimiques qui suivit n’avait rien à envier aux meilleurs Sergio Leone. La tension était palpable et faisait déglutir bruyamment l’homme au micro et lunettes noires. Il se reprit et annonça :

- Mesdames et messieurs, merci d’être resté en notre compagnie jusqu’à cette heure tardive ! Mais vous n’allez pas le regretter, cette finale de rêve promet d’être grandiose ! D’un côté, nous avons Mister Satan, multiple champion du monde de lutte et invaincu depuis son entrée dans le monde professionnel. De l’autre, vous pourrez admirer Jewel, agile comme un chat, chaud comme un lapin et au sang froid de serpent. Le vainqueur empochera une récompense s’élevant à 1 million de Zenis, l’enjeu est de taille. Et maintenant, place à la beauté du sport, que le meilleur gagne !

Les deux finalistes, concentrés à l’extrême, se mirent en garde. Ils ne cillaient plus, respiraient profondément. La foule, silencieuse, suivait le rythme de leurs expirations.

- Et c’est parti !!!

Le choc provoqué par la rencontre entre les deux protagonistes provoqua un mouvement de recul dans le public. Les mains des combattants, mutuellement bloquées, poussaient les unes contre les autres. Satan gagnait du terrain très progressivement, centimètre par centimètre. Mais Jewel n’était pas Spopovich et trouva la parade. Il se courba en arrière, déséquilibrant ainsi son opposant, puis frappa de ses pieds libres le visage ainsi offert. Il ne s’arrêta pas en si bon chemin et entama sa fameuse série de roulades. C’était bien vite oublier que Satan était champion du monde de catch ; les prises au sol n’avaient pas de secret pour lui. En effet, le trentenaire à la cape croisa ses jambes dans le dos du jeune homme et y exerça une forte pression. Il le contraint donc à arrêter son mouvement, sous peine de perdre quelques vertèbres au passage. Le lutteur saisit alors les hanches de son adversaire et lui fit subir un monstrueux « souplex ». Le corps désormais arqué de Satan, penché en arrière, tenait fermement entre ses bras celui d’un pauvre blondinet réduit à l’état de tapis. Les épaules de Jewel, écrasées contre les dalles, souffraient le martyre. Malheureusement pour elles, le catcheur maîtrisait parfaitement cette technique et resta de longues secondes dans cette position, inconfortable pour le commun des mortels. Quand Satan lâcha enfin sa victime, celle-ci ne pu se relever immédiatement. Le souffle coupé, les trapèzes en compote, le séducteur se redressa péniblement. Dominé, il s’éloigna de Satan, à la recherche d’un stratagème. Le combattant expérimenté ne lui en laissa pas le loisir et reparti à l’assaut en hurlant. Son cri d’ours croisé avec un lion tétanisa la proie aux cheveux longs. Les « shots » prirent alors à la gorge le faon apeuré, l’étouffant sous une trombe de phalanges furieuses. Dos au mur, Jewel tenta un chassé latéral sauté salvateur, qui fouetta le visage de son agresseur. Ce dernier, penché sur le côté, préféra en rire. Il attendit même la prochaine attaque, les bras croisés. Vexé, le jeune homme enchaîna avec un Kagato de toute beauté. L’aller se passa sans encombre, fermant le clapet du colosse… mais le retour fut ajourné, ne rencontrant qu’une paume. Le crâne ainsi protégé, Satan émit un hurlement de victoire. Il balaya la jambe d’appui de son jeune rival, l’obligeant ainsi à effectuer un vol plané incontrôlé. Satan, sûr de son fait, se tourna vers le public, un « v » brandit vers le ciel. Les manifestations de folie de l’audience gênèrent d’ailleurs les messes basses du Docteur Mashirito et de Jagaa, depuis peu les meilleures amis du monde…

- 7… 8… 9…

Jewel se leva au tout dernier moment, contre toute attente. Il pénétra durement le regard de son adversaire ; le tueur qui sommeillait en lui semblait vouloir sortir et rattraper le temps perdu. Le trentenaire, pourtant en position de force, en arriva même à douter l’espace de quelques instants. Il recula, prêt à se défendre. Mais, sous les yeux de Satan… plus rien ! Il jeta son visage vers le ciel, s’attendant à une technique aérienne digne de Karonî. La réaction joyeuse de la foule lui fit faire le mouvement inverse et il s’aperçut que le play-boy blond était de nouveau face contre terre, sans connaissance. Soulagé, le champion du monde bondit de bonheur, oubliant enfin un court instant qu’il était sur scène. Ses yeux humides émurent la Terre entière, les kleenex passaient de main en main devant les téléviseurs. Leur lutteur, leur showman, leur invincible Satan accédait enfin au graal qui lui était dû !

Le colosse à l’esprit enfantin posa sa fille sur ses épaules et se lança dans un tour d’honneur bien mérité. Quelque peu gêné au début, elle se laissa prendre au jeu et fouetta les flancs de son père, vaillant cheval de course à l’âme de champion. Grisé, le papa oublia de se prendre au sérieux et hennit à s’en déchirer les poumons.

Ceux-ci n’étaient pas les seuls à expulser violemment de l’air ! Pizza, sa manager, soufflait dans les bronches d’un pauvre organisateur assis à son bureau.

- Vous vous rendez compte ?! Mon poulain est champion du monde depuis quelques secondes et vos stupides éliminatoires auraient pu tout gâcher !!! Ils sont trop aléatoires, autant jouer au lotto !
- Mais, nous avons toujours fait comme cela et personne n’y trouvait à redire !
- Personne jusqu’à moi ! Vous ne savez pas à qui vous avez à faire ! Je ne lâcherais pas le morceaux tant que vous ne m’aurez pas donné gain de cause ! Un champion du monde doit surtout avoir de la puissance, débrouillez vous pour trouver le meilleur moyen de l'évaluer !

Quelques jours plus tard… Les ongles manucurés de la business woman ouvrirent une grande enveloppe. Elle en déplia le contenu et ses dents blanches illuminèrent alors son visage. Devant elle se trouvait un étrange shéma, représentant une sorte de bélier en ferraille, au bout duquel un petit coussin rond était disposé. Toutes sortes de flèches et d’informations techniques étaient griffonnées autour de cet engin et faisaient la joie de la manager. Elle dégaina son portable et composa un numéro à la vitesse de l’éclair.

- Allez, décroche ! Décroche ! Nan, il a encore éteint son foutu portable ! Ce n’est pas le moment !

Elle frappa alors du poing sur la table, froissant le journal du 13 Mai, à la Une évocatrice : « Monstre en liberté, tous aux abris ! »

Coupés du monde, Satan et sa chère Videl profitaient d’instants privilégiés, aux pieds des montagne de l’Est. Ils se promenaient pieds nus au bord de l’eau, escaladaient quelques rochers et, parfois, s’entraînaient même devant la maison de Volnia. Ce retour au source était important pour l’enfant, qui ainsi comprenait mieux d’où son père venait. Cela n’élucidait pas le théorème satanique qu’était son géniteur mais chassait une bonne partie du brouillard qu’il y avait entre eux. Les mêmes regards fourbes étaient posés sur elle, ceux de villageois intolérants, la contraignant à se glisser régulièrement sous la carapace du trentenaire. Peu à peu, Satan avait apprit à les ignorer et préparait même sa revanche. Celle-ci était d’ailleurs déjà en construction : un immense gymnase trônait au chœur du lieu, fondations fièrement dressées. Il faisait de l’ombre à l’école et provoquait le mécontentement de la population. Satan ne craignait rien ni personne, pas même Dieu, pourtant il fit un geste en sa direction… Il devait bien cela à sa famille disparue. Elle l’aidait dès qu’il en avait besoin, le rassurait, lui donnait des ailes par son souffle. Un Mausolée était la moindre des choses. L’argent qu’il dépensait pour eux, cette récompense fraîchement acquise, il leur devait. Il savourait son titre de champion du monde d’autant plus apaisé, ayant renvoyé l’ascenseur spirituel à ceux qui avaient formés son âme. Une âme parfois torturée mais vivante, prête à relever tout les défis. Son prochain adversaire n’allait pas faire de vieux os, foie de Satan le juste !

Le 16 Mai, un tremblement de Terre inattendue secoua le globe terrestre. Le trentenaire, à genoux, protégé par une bien dérisoire table de salon, priait pour que ses précieuses constructions tiennent bon. À quelques mètres de celle-ci, une téléviseur grésillant donnait tant bien que mal les nouvelles, sous le regard concentré de Videl.

- Crrr… raisons inconnues… crrrr… les sismologues n’avaient pourtant rien prévu pour aujourd’hui… crrr… épicentre serait une petite île du sud…

Le lendemain, la situation ne fut guère meilleure. Suffisamment tout de même pour permettre à Satan de sortir de son trou et de s’asseoir sur le piteux matelas leur servant de canapé. Tout comme sa fille, il fixa l’écran, curieux.

- Notre flash info est terminé. Et maintenant, la météo… Mais... mais qui êtes vous ? Arghhh…

Les sourcils de la petite famille se levèrent de concert !

- Appelez la police ! Au Secours ! Crrr... crrr... Bonjour à tous ! Je pense que la télévision est l’idéale pour transmettre efficacement mon message !

Un être repoussant venait de faire son apparition dans le cadre cathodique. Ce lézard vert au plastron noir avait les yeux cernés de violet, la couleur du vice et de la folie. Ses iris rouges mettaient d’emblée mal à l’aise, exhibaient au monde leur teinte de sang.

- Je m’appelle Cell, vous avez sûrement dû entendre parler de moi dans les journaux, il y a quelques jours. Rassurez vous, j’ai suffisamment d’énergie et je ne collecterais plus la votre. Par contre, je n’ai pas fini de m’amuser ! J’ai en effet décidé d’organiser un grand championnat d’arts-martiaux que j’ai nommé « Cell-Game » ! Il aura lieu le 26 Mai, dans 9 jours, à partir de midi.

Satan, protecteur, boucha les oreilles de Videl avec ses index et ferma les paupières de la pauvre enfant avec ses gros orteils…

-… J’exterminerais l’humanité toute entière ! Je vous massacrerai jusqu’au dernier, en me délectant de la terreur sur vos visages ! Alors, si vous croyez êtres assez forts, n’hésitez surtout pas à venir participer !

Le monstre tendit alors son bras vers le décors du journal télévisé et… fit voler en éclat le mur qui se trouvait derrière… ainsi que les buildings alentours. Mais quelle était cette magie, se demanda Satan. Penaud, il clignait des yeux. Le regard interrogatif et compatissant de sa fille entra dans son champs de vision et il se recomposa soudain, soucieux de faire bonne figure. Après avoir éteint le téléviseur, il affirma :

- Tu n’as pas raté grand chose, ma chérie, ce lâche est armé jusqu’aux dents et doit même avoir des lances rocket cachés dans son déguisement. Compte sur moi, je vais lui rabattre son caquet ! Je peux même t'assurer que mon exploit retentissant apportera tellement d'argent que je finirai ce que j'ai commencé ici ! La future Satan City va naître sur les cendres de ce village maudit !

Suite à ce brillant discours du champion, de nouvelles secousses parvinrent jusqu’à leur région, obligeant Satan à prendre Videl dans ses bras. À moins que ce ne soit l’inverse… En tout les cas, la cabane de Volnia ne s’en sortit pas indemne mais resta debout, par on ne sait quel miracle. Ses deux occupants, après s’être remis de leurs émotions, sortirent calmement de la boutique malmenée. Ils se rendirent aussitôt près de leurs chères constructions. Leur inquiétude fut de courte durée, le sort avait épargné leurs repaires. Videl, rassurée, pu admirer le magnifique bâtiment, emplie de respect. Sa coupole bleue semblait répondre au ciel ainsi qu’à la mer, ses solides colonnes laissaient passer librement le vent et soutenaient avec bienveillance l’édifice. Cet ensemble était à l’image d’êtres qu’elle n’avait pas connue, lui permettait sans s’en rendre compte de faire connaissance avec eux. Satan glissa ses doigts puissants dans les cheveux mi-courts de son trésor et lui lu les épitaphes gravés en lettres d’or.

- Papa, tu vas vraiment affronter cette créature ? Si tu meurs, qu’est ce que je vais devenir ?
- Ne dis pas ça ma chérie ! Tu as bien vue que je suis invincible, n’est-ce pas ?! Le ciel est avec moi !
- Réponds moi, s’il te plait !
- Bon, puisque tu insistes… Je ne vais pas perdre, mais admettons… Tu verrais, aux côtés des glorieux épitaphes déjà présent sur notre mausolée, quelques lettres d’or s’ajouter. Elles prendraient soin de toi et diraient : « Ci-gît un valeureux guerrier et un père aimant, que le destin a toujours dépassé »

Pendant ce temps, dans le royaume des morts, une Baba attentive et goguenarde ajouta :

- Et vous n’avez encore rien vu ! Vous ne resterez pas sur votre…

...Fin


Dernière édition par Kame-boy le Mer Sep 01, 2010 10:03 am, édité 3 fois au total.


par RMR » Mer Sep 01, 2010 12:52 am :
Bravo pour cette fanfic ! Tout les éléments de la vie de Satan, tout le contexte de son évolution a été très bien travaillée, et de façon originale qui plus est ! Juste une remarque pour ce chapitre...

Kame-boy a écrit : Le 17 Mai, un tremblement de Terre inattendue secoua le globe terrestre.


Et le lendemain, Cell dit :
Kame-boy a écrit: Il aura lieu le 17 Mai, dans 9 jours, à partir de midi.


Dix jours après le 17 Mai, c'est le 17 Mai.


par Kame-boy » Mer Sep 01, 2010 10:10 am :
Oui, oups, petite confusion dans les dates. Je viens de corriger ;) J'espère que ça n'a pas trop gêné la lecture de la conclusion de l'histoire :oops:

Merci en tout cas RMR pour tes commentaires, ça m'a encouragé à continuer. Sinon, j'aurais peut-être trainé la patte par moment, doutant de l'intérêt de ma fic. Thanks.


par RMR » Mer Sep 01, 2010 11:57 am :
Kame-boy a écrit:J'espère que ça n'a pas trop gêné la lecture de la conclusion de l'histoire

C'en est devenu illisible, une vraie plaie ! Ca devrait pas être permis de dire des trucs pareils ! Tiens, du coup, ça m'a gâché toute la fic, même !

...

Mais nan ! C'était rien ça, une broutille, je faisais juste remarquer pour la forme, ça change rien au reste !


par Kame-boy » Mer Sep 01, 2010 12:29 pm :
T'as raison, c'est pas bien grave mais bon, parfois je me dis qu'un grain de sable de rien du tout peut enrayer une belle mécanique (pas toute une histoire mais une partie) ^^ C'est pas le cas ici, comme je le présumais, tant mieux En tout cas, ravi que la fic t'ai plu Peut-être que quelques lecteurs de cette version de l'histoire de Satan ne reliront (ou revisionneront) plus tout à fait de la même manière les interventions de Satan dans le manga ou l'anime. Ca voudrait dire que j'ai réussi le pari dont je parlais dans mon intro.

J'espère même que cette fic resta vivante encore un bon bout de temps, à travers par exemple des illustrations. Voir mon texte prendre vie d'une autre manière me ferait bien plaisir. En tout cas, j'ai pris plaisir à l'écrire et ça va me faire tout drôle de ne plus y penser avant de m'endormir (c'est ti pas mignon ).


par Axaca » Jeu Sep 02, 2010 2:56 pm :
Excellent travaille et peut-être va-tu te lancer dans une nouvelle fan-fic.
Venez visitez cette fic écrite par Kame-Boy : Le Chaos pour Racine

Mais n'oubliez pas:
Vive Trunks, DB,DBZ, les sucreries, mais à bas DBGT (Végéta avec une moustache Mec ! :( ) Ensemble, détruisons la TOEI!!! :evil:


par Kame-boy » Jeu Sep 02, 2010 3:07 pm :
Merci pour ton commentaire :)
Il y a même de grandes chances que je me lance dans une nouvelle fanfic, "L'histoire dont vous serez le héros" mais, le temps que l'on trouve nos 4 dernières recrues, j'aurais le loisir de reposer un peu ma plume (ou plutôt mon clavier), ce qui me permettra de repartir gonflé à bloc ^^


par Nimitz » Sam Sep 25, 2010 7:05 pm :
j'ai tout lu d'un coup
et je dois dire que tu as rendu Mr Satan plus sympathique ^^, dans le sens ou je n'aimais pas trop qu'il se vante pour quelque chose qu'il n'a jamais fais
mais la tu lui a donné de la profondeur (surtout dans le dernier chapitre ^^)

un grand bravo a toi :D


par Kame-boy » Dim Sep 26, 2010 6:56 pm :
Ah, un nouveau commentaire : champagne ! :mrgreen:

En tout cas, merci à toi Nimitz, ça me fait bien plaisir. Dès le premier message de ce topic, j'avais parlé de mes buts (notamment rendre Satan plus profond) et constater qu'il sont effectivement remplis récompense mes efforts :)


par DBZwarrior » Ven Juin 10, 2011 5:02 pm :
voici un début d’illustration qui n'a pas abouti:

http://img17.imageshack.us/img17/1334/09062011mini.jpg

ça représente volnia qui découvre la photo et ensuite baba la sorcière.
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