[Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Faîtes-nous partager votre fibre littéraire en écrivant votre propre histoire mettant en scène les personnages de Dragon Ball et, pourquoi pas, de nouveaux ! Seules les fanfictions textes figurent ici.

[Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Messagepar Kame-boy le Mar Août 23, 2011 15:43

[Suite au "hackage" du forum, la fanfic ci-dessous avait totalement disparue. J'avais pris un coup au moral, vu l'investissement de temps et d'efforts que j'avais mis dans l'écriture de cette histoire. Mais, suite à des messages d'un membre du forum, Tendou Buu, j'ai retrouvé un peu de moral et d'énergie, je me décide donc aujourd'hui à la reposter (mais pas d'un seul coup, je pense mettre environ 2 semaines, progressivement). J'ai réussi à retrouver la plupart des commentaires des lecteurs et je vais les remettre (en une autre couleur) car je trouve que cela apporte de la vie au topic et permet de lancer réflexions et débats intéressants. Mais si vous découvrez ou redécouvrez cette fanfic, n'hésitez pas à donner aussi votre avis, cela pourrait être intéressant d'avoir les avis d'il y a quelques mois se mêlant à des avis tout récents, de nouveaux commentaires qui seraient plus ou moins en interaction avec les anciens. Merci d'avance et bonne lecture ;)]

Cela fait 2-3 mois que cette idée me trotte dans la tête et aujourd'hui je me lance. Mr Satan est un personnage qui me parait intéressant, bien-sûr par sa dimension comique mais aussi par le mystère qui l'entoure. Si l'on y réfléchit bien, on ne connait pas grand chose sur lui, il est plus énigmatique qu'il n'y parait au premier abord. Je me suis donc lancé le défi de lui créer un passé, d'étoffer le personnage, ce qui n'est pas forcement évident. L'avenir nous dira si j'ai réussi ^^ Bonne lecture :wink:

16 juin - Chapitre I : Invitation - page 1 - Page 1 de cette réédition
19 juin - Chapitre II : Un destin bien prévisible - page 2 - Page 1 de cette réédition
22 juin - Chapitre III : Profondeurs - page 2 - Page 1 de cette réédition
25 juin - Chapitre IV : Proies - page 2 - Page 1 de cette réédition
29 juin - Chapitre V : Automne - Page 2 - Page 1 de cette réédition
4 juillet - Chapitre VI : Prudence - Page 2 - Page 1 de cette réédition
9 juillet - Chapitre VII : Lutte intérieure - Page 2 - Page 1 de cette réédition
12 juillet - Chapitre VIII : Accueil chaleureux - Page 2 - Page 1 de cette réédition
20 juillet - Chapitre IX : Courses-poursuites - Page 2 - Page 1 de cette réédition
29 juillet - Chapitre X : Haut les mains, peau de lapin ! - Page 3 - Page 1 de cette réédition
1er Août - Chapitre XI : Les allées souterraines d'Orphée - Page 3 - Page 1 de cette réédition
5 Août - Chapitre XII : Perdu en Enfer - Page 3 - Page 1 de cette réédition
7 Août - Chapitre XIII : La course aux billets verts - Page 3 - Page 1 de cette réédition
8 Août - Chapitre XIV : Un plan diabolique - Page 4 - Page 1 de cette réédition
9 Août - Chapitre XV : 40° à l'ombre - Page 4 - Page 1 de cette réédition
11 Août - Chapitre XVI : Du sang et des larmes - Page 4 - Page 2 de cette réédition
13 Août - Chapitre XVII : Triche à tout les étages - Page 4 - Page 2 de cette réédition
16 Août - Chapitre XVIII : Espoir fou - Page 4 - Page 2 de cette réédition
21 Août - Chapitre XIX : Contre ses démons - Page 4 - Page 2 de cette réédition
23 Août - Chapitre XX : Néant - Page 4 - Page 2 de cette réédition
24 Août - Chapitre XXI : Fuite en avant - Page 4 - Page 2 de cette réédition
26 Août - Chapitre XXII : Échos contrastés - Page 4 - Page 2 de cette réédition
28 Août - Chapitre XXIII : Une fille exemplaire - Page 4 - Page 2 de cette réédition
30 Août - Chapitre XXIV : Mère nature - Page 5 - Page 2 de cette réédition
1er Septembre - Chapitre XXV : Construire sur les cendres - Page 5 - Page 2 de cette réédition


L’Histoire de Mr Satan :

En extrême orient, un village de basse montagne achevait de se réveiller. Les commerçants ouvraient tour à tour leurs portes à une clientèle éparse. Malgré le froid, un pêcheur rentrait vaillamment de son travail matinal. D’un pas franc, il transportait une caisse emplie de poissons jusqu’à son habitation faisant office de magasin. Il sifflotait, chantonnait puis… plus rien. La surprise l’avait stoppée net dans son élan, il tendait maintenant l’oreille, attentif. Il venait d’entendre un bruit provenant de sa petite maison et s’approcha donc avec prudence. Alors qu’il se trouvait derrière la porte, celle-ci s’ouvrit violemment et le fit basculer en arrière. Les fesses à terre, il vit avec stupéfaction un jeune garçon, d’environ une dizaine d’années, s’échapper à toutes jambes. Il renonça à le poursuivre, ce petit voyou était un vrai sprinteur en herbe. Il secoua la tête pour se remettre les idées en place et se leva lentement, il n’était plus tout jeune. La cinquantaine bien tassée, il se serait bien passé d’une telle chute. Il était robuste mais ses articulations se rappelaient à son bon souvenir régulièrement. Il passa rapidement en revue son magasin (il n’y avait de toute façon pas grand-chose) mais ne constata aucun vol. Au contraire, il y avait du nouveau, un papier ou une carte était posée sur le comptoir ; il n’y avait habituellement rien sur celui-ci à cette heure. Il s’approcha et s’aperçut qu’il s’agissait d’une photographie, que le temps avait légèrement jaunit. Une femme à la peau mate et aux longs cheveux noirs y souriait discrètement, de son portrait se dégageait pudeur et dignité, l’homme n’y fut pas insensible. Il fit le lien avec le garçon qui avait pris la fuite, se demanda si cette personne était sa grande sœur, sa mère, une amie, pourquoi cet enfant avait déposé cette photographie ici ; toutes sortes de questions se bousculaient dans sa tête. Il pensa piéger l’enfant, afin de le questionner, mais il n’était pas sûr qu’il reviendrait et surtout ne savait pas quand cela pourrait arriver (des jours, des semaines, des mois ?). Il changea donc d’avis et écrivit tout simplement (non sans hésitation) sur un bout de papier : «Je m’appelle Volnia ».

La courte et énigmatique réponse qu’il reçut une poignée de jours plus tard le surpris grandement : « je sais ». Il avait toujours vécu seul, depuis la mort de son père, il y a 40 ans, et ne donnait même pas son nom à ses meilleurs clients. Il gratta son éternelle barbe de 3 jours, passa sa main dans ses longs cheveux châtains, pensif. Cette femme ne pouvait être sa mère, morte d’une « longue maladie » alors qu’il n’avait que 2 ans, ni sa sœur car il n’en avait jamais eu, son père n’était pas un coureur de jupon et n’avait eu qu’un unique amour. Il cessa de se torturer l’esprit et répondit : «Venez». Cette fois, aucun mot ne vint faire écho au sien, il s’en inquiéta, cette femme devint insidieusement une obsession, au fil des mois. Il mangeait moins, son corps trapu s’allégea d’une bonne dizaine de kilos en une année, il dormait moins également, comme en témoignaient les cernes sous ses yeux. Il n’était ni fou ni triste mais sentait une certaine mélancolie, qu’il manquait quelqu’un à ses côtés. C’est lorsque ce sentiment fut sur le point de lui tirer une larme que l’on frappa à sa porte. Il était 2 heures de l’après-midi, il avait terminé sa journée de travail et se reposait sur son semblant de lit. Que l’on toque chez lui à cet instant de la journée n’arrivait jamais, son cœur ne fit donc qu’un bond et il ouvrit, empli d’espoir. Il ne vit personne et, déçu, s’apprêta à retourner s’allonger. Mais il sentit que l’on tirait son pantalon, baissa donc la tête et vit une petite fille de 4 ans à peine, la morve au nez, continuer à tirer machinalement sur le vêtement.

- Que fais-tu là toute seule ? Ce n’est pas prudent.
- Mordjé, dit elle.
- Mordjé ? C’est ton nom ?

Elle secoua la tête. Le visage de Volnia s’éclaira et il comprit qu’il ne pouvait que s’agir de cette mystérieuse femme qu’il souhaitait tant rencontrer. Elle avait sûrement envoyé cet enfant le chercher pour le mener à elle. Celui-ci lui pris la main et commença à marcher. L’homme suivit le mouvement, sans aucune réticence, il était bien trop curieux et seul pour refuser.

Une demi-heure de marche et quelques minutes de grimpette plus tard, ils arrivèrent devant l’entrée d’une habitation creusée dans la roche. Volnia regarda autour de lui et vit, de ci de là, à diverses hauteurs, des dizaines d’autres ouvertures, plus ou moins discrètes. Cet endroit semblait être un véritable réseau de galeries. La petite fille lui lâcha la main et l’invita d’un geste de la main à entrer. Il ne se fit pas prier et s’enfonça dans l’obscurité de la grotte. Une lumière brillait au fond de celle-ci, à une distance qu’il estimait à 20 ou 30 mètres. Il se dirigeait en tout les cas vers cette lueur, le cœur battant particulièrement fort. Une silhouette vacillante commença à se dessiner devant lui, il ne devinait pour l’instant qu’un buste, des épaules, une tête. Il continua à approcher mais ne vit toujours pas de jambes apparaitre, cela l’intrigua fortement. La forme humaine disparue soudainement, l’homme plissa les yeux. A peine 1 seconde plus tard, un visage hideux, éclairé par en-dessous, apparu à moins d’1 mètre du sien. Volnia en tomba à la renverse. Il releva la tête et dû se pincer pour croire ce qu’il voyait. Une minuscule créature, une vieille femme qui devait avoir connu l’invention de la roue, le regardait en riant à gorge déployée. Les cheveux violets, toute de noir vêtue, elle trônait sur un globe de cristal flottant dans les airs. Elle était visible grâce à la lampe torche qu’elle tenait encore dans sa main droite.

- Ah ah ah ah, je ne me lasserais jamais de ce genre de blague, cria-t-elle
- …
- Bienvenue Volnia !
- C… comment connaissez vous mon nom ?
- Je sais tout, je suis Baba la sorcière, je sais même que tu rêves de m’épouser.
- Hein ?
- Ben quoi, je suis bien conservée pour une femme de plus de 520 ans !
- …
- C’est bon, on peut plaisanter un peu, non ?
- Que me voulez vous ? Qui est Mordjé ?
- Ola jeune-homme, une question à la fois ! Je suis envoyé par Mordjé…
- Mordjé, qui est-elle ? Où est-elle ? demanda Volnia en se relevant d’un bond.
- Qu’est ce que je viens de te dire garnement ?! Si tu recommences, je boude. Bon… je disais donc qu’elle m’a demandé de venir ici – enfin payé pour que je le fasse, pensa malicieusement la sorcière – pour que je te prédise l’avenir à ton tour.
- L’avenir ?
- Oui, c’est ma spécialité. Hé hé ! Cette jeune femme, que tu as vue en photo, est venue me trouver à l’autre bout du monde, il y a un peu plus de 2 ans. Elle cherchait un père pour ses « nombreux enfants » disait-elle et souhaitait donc que je lui révèle l’homme qui lui était destiné, pour gagner du temps. Je n’aime pas créer des raccourcis dans le déroulement du temps, ce n’est pas dans mes principes – même si avec quelques billets ça peut s’arranger, hé hé – mais j’ai fait une exception pour elle. Vous n’auriez dû vous rencontrer que dans 10 ans. Enfin bref, assez rentré dans les détails, elle souhaite que je te montre à l’aide ma boule de cristale ce que tu devras faire pour la retrouver.
- Mais pourquoi ces complications ? Elle ne peut pas venir à moi directement ?
- Non, je suis capable de créer des raccourcis, comme je te l’ai dit, mais il y a des limites à ne pas dépasser. Sinon l’équilibre du monde risque d’être bouleversé, j’ai de lourdes responsabilités moi, vois-tu. Tu dois donc prendre le même chemin que celui qui était prévu. Maintenant, assez parlé, regarde !

Volnia regarda attentivement la sphère, haussant parfois les sourcils, se crispant ou souriant à d’autres reprises. Lorsque la boule cessa d’émettre des images, l’homme se redressa et commença à chercher autour de lui, quelqu’un ou quelque chose. Un garçon d’environ une dizaine d’année entra, ce qui ne sembla pas surprendre le moins du monde Volnia. L’enfant mesurait plus d’1m50, ce qui pour son âge était assez rare, avait de courts cheveux noirs, bouclés, ainsi qu’ une musculature déjà bien affirmée et la peau légèrement dorée.

- Comment t’appelles tu ? » demanda Volnia à celui dont il n’ignorait presque plus que le nom
- Je n’ai pas de nom mais on me surnomme Hercule.

Je précise que je n'ai pas utilisé le dico Dragonball, assez contesté. Par contre, j'ai utilisé la chronologie Dragonball comme base pour certains événements. N'hésitez pas à me signaler certaines erreurs ou si des passages ne sont pas clairs. Merci ;)

Message par Dr_Leon_Soldier » Mer Juin 16, 2010 7:00 pm
Ça a l'air cool, j'aime bien Mr Satan :D Je vais sûrement lire, mais là je me sens paresseux :?
Ma fanfic, l'invasion Saïyenne : viewtopic.php?f=42&t=4929


Message par RMR » Mer Juin 16, 2010 7:11 pm
C'est intriguant et bien écris. Je me demande ce qui attends vos personnages.


Message par quent68 » Mer Juin 16, 2010 9:30 pm
Intéressant comme approche, ton histoire commence déjà de manière originale !
Voici ma fanfic nommée Bibidi : les origines du mal, ou comment un petit sorcier moche a crée un petit monstre rose qui a failli détruire l'univers ...


Message par Kame-boy » Mer Juin 16, 2010 9:53 pm
Merci à vous ;) J'espère que la suite sera à la hauteur du début ^^

A part ça, je n'ai pas parlé du rythme de parution. Je vais essayer d'écrire au minimum un chapitre par semaine, sachant qu'ils seront légèrement plus courts que le premier, en règle général. Mais, comme j'ai terminé mon BTS il y a 2 jours, il se pourrait que je puisse parfois en faire 2 par semaines.

A bientôt ;)


Message par Foenidis » Mer Juin 16, 2010 10:07 pm
Original et écrit dans un style sympathique...

Par contre, je vois pas très bien pourquoi il écrit son nom sur un papier, quel rapport avec la photo ? J'arrive pas du tout à faire le lien... on pose un truc chez moi, je vais pas marquer mon nom à côté... Pourquoi suit-il la gamine de quatre ans ?... je ne vois aucun rapport avec la femme non plus, elle aurait pu tout simplement être perdue cette gosse, un môme de quatre ans ça ne se balade pas tout seul et c'est incapable d'avoir le moindre sens de l'orientation, impossible qu'elle puisse le conduise où que ce soit... et pour finir, l'intervention miracle de Baba qui tombe du ciel... me chagrine un peu...

Mise à part ces quelques détails, l'histoire est construite de manière intéressante et l'intrigue bien menée.


Message par RMR » Mer Juin 16, 2010 10:33 pm
Foenidis a écrit: je vois pas très bien pourquoi il écrit son nom sur un papier, quel rapport avec la photo ?


Une façon de montrer sa bonne volonté à son mystérieux visiteur, ça n'a pas de rapport direct avec la photo.

Foenidis a écrit: on pose un truc chez moi, je vais pas marquer mon nom à côté...


Le "truc" en question fait vibrer le cœur de cet homme mûr pour une raison qu'il ignore, ajouté à cela qu'il a eu la visite non d'un voleur mais d'un donneur, voilà de quoi éveiller fortement sa curiosité s'il est de nature curieuse, il fait donc le premier pas en laissant son nom.

Foenidis a écrit: Pourquoi suit-il la gamine de quatre ans ?...


Parce que quand tu es obsédé par un mystère et que tout d'un coup une mystérieuse gamine sortie de nulle part te donne un nom qui n'est pas le sien, ben tu te dis que c'est peut-être une piste.

Foenidis a écrit: elle aurait pu tout simplement être perdue cette gosse


Les gosses perdus, ça dit "Mordjé" et fait non de la tête quand on demande si c'est son nom?

Foenidis a écrit: l'intervention miracle de Baba qui tombe du ciel...


Ben visiblement, elle a été payée. Tant qu'on la paye (une somme astronomique) pour une voyance, ben elle l'a fait, je pense que c'est valable aussi si c'est une voyance pour une tierce personne, même si ça doit être exceptionnel. Je ne comprends pas où tu coince.

Bon, je dis tout ça, c'est mon ressenti, peut-être Kame-boy a-t-il d'autres explications.


Message par Kame-boy » Mer Juin 16, 2010 10:54 pm
Tu as presque tout dit RMR ;)

En effet, le personnage de Volnia passe de surprise en surprise, l'attente ne fait qu'accroitre sa curiosité et le mystère entourant cette jeune femme grandit petit à petit, jusqu'à lui faire perdre de la lucidité. La solitude fait le reste.
Il ne faut pas oublier que le "processus" se déroule sur 1 an, il ne ressent pas les sentiments décrits du jour au lendemain ;)
Au départ, il hésite, puis fini par écrire son nom, le seul moyen efficace selon lui pour en savoir plus, satisfaire sa curiosité, concernant à la fois ce garçon et cette femme (celle-ci prenant au fur et à mesure toute la place dans sa tête, puisqu'il vit isolé). Et puis il est plutôt de nature diplomate. Il aurait pu laisser tomber ou au contraire lancer un avis de recherche, mais ce n'est pas dans son caractère.

Concernant Baba, elle est connue pour ses pouvoirs, dans le tome 9 de Dragonball on vient des 4 coins du monde pour faire appel à ses services. Donc dès qu'il est question de recherche, surtout spéciale, elle est la femme de la situation.

A part ça, j'admets que la fille de 4 ans est étrange, j'essayerais d'expliquer clairement pourquoi dans les chapitres suivants. En tout cas, s'il y a des mystères, c'est normal, c'est fait pour. J'espère que la suite de l'histoire vous éclairera, même si je me doute bien que certaines questions subsisteront, dans ce cas je m'efforcerais de rendre l'histoire plus compréhensible et d'expliquer à ceux qui le demanderont, entre les chapitres.


Message par Foenidis » Mer Juin 16, 2010 11:17 pm
M'ouaich... :roll:

Bon on pose chez moi en catimini la photo d'un mec que je connais pas, bien entendu que ça va sans doute m'intriguer... mais sûrement pas de quoi en perdre le sommeil... une semaine après, tout au plus, s'il n'y a aucune suite, je ne vois pas pourquoi je continuerais à y penser... et je vois toujours pas pourquoi mettre mon nom à côté... faire preuve de bonne volonté pourquoi ? On ne m'a rien demandé ! L'autre il pose la photo et se carapate comme un voleur... en plus s'il est venu mettre cette photo là, c'est soit qu'il me connaît, donc je ne vois pas l'intérêt de mettre mon nom... soit que c'est une mauvaise blague ou une erreur... je ne vois toujours pas l'intérêt de mettre mon nom...

Bon, faites pas attention, je dois être un peu obtuse sur les bords au milieu... :lol:


Message par RMR » Mer Juin 16, 2010 11:20 pm
Ben c'est surtout que tu appliques la situation sur toi alors que Kame-boy décrit chez cet homme des sentiments biens différents de ce que seraient les tiens si tu étais dans cette situation. Cet homme n'est pas toi.


Message par Foenidis » Mer Juin 16, 2010 11:28 pm
Ben euh, je ne suis personne de spécial hein :oops: ... j'aurais pu mettre RMR ou Tartenpion à la place de "je" :

Donc RMR... un gamin mal élevé dépose chez toi la photo d'une inconnue... En perds-tu le sommeil et l'appétit :?: ... As-tu l'idée de mettre ton nom à côté de la photo (on est chez toi je le rappelle...) au cas où celui qui a posé la photo revienne :?:


Message par RMR » Mer Juin 16, 2010 11:56 pm
C'est là que tu commet une erreur. L'émotion que ressent ce monsieur n'est pas celle de tout le monde, c'est la sienne, et c'est face à cette photo. Lui, il a un ressenti étrange par rapport à cette photo (probablement dû à sa "destinée" puisqu'il est probable que cette femme ait un rôle majeur dans le futur qu'a vu Mamie Voyante). A sa place, ayant ce ressenti, que ferions-nous? On ne peut pas le dire tant qu'on n'a pas ce ressenti. Et perdre le sommeil et l'appétit, ça ne se décide pas...


Message par Foenidis » Jeu Juin 17, 2010 1:35 am
Yep, admettons pour le ressenti, mais moi ce qui bloque le plus de toute façon, c'est le nom... je ne vois aucune logique à mettre son nom sur un bout de papier à côté de cette photo.

je le rappelle : option 1 : cette photo a été mise là pour lui, donc celui qui l'a apportée sait qui il est... résultat : je ne vois pas l'intérêt de mettre son nom sur un papier à côté de la photo...

Option 2 : l'arrivée de cette photo dans sa vie est un pur hasard... résultat : je ne vois pas non plus la nécessité de marquer son nom sur un bout de papier à côté de la photo... pour quoi faire ? L'autre sait où le retrouver, c'est chez lui !

Bon si je suis la seule à trouver ce détail incongru, c'est que j'ai vraiment l'esprit tordu... on n'en parle plus. :roll:


Message par RMR » Jeu Juin 17, 2010 1:45 am
Ben je te déconseille de lire du Poe, le ressenti de ses personnages les emmène souvent à avoir des attitudes défiant la logique. C'est une question d'ambiance littéraire. Moi, je comprends que les personnages puissent être emmené à des actions pas naturelles justement parce qu'ils ont des sentiments "pas naturels" par rapport à ce qui leur arrive, j'essaie pas de me mettre à leur place parce que c'est vain. Alors oui, le sentiment d'identification au personnage n'est pas présent, mais à la place il y a un certain mystère, une certaine ambiance qui peut (ou pas) affecter le lecteur.

(Ou quand Kame-boy est à l'origine d'un débat littéraire! Ha! Ha! Pardon, je vais essayer d'arrêter d'être hors-sujet.)


Message par Foenidis » Jeu Juin 17, 2010 2:33 am
Vois pas le rapport entre le ressenti et ce foutu nom sur le papier...

Noter son nom sur un papier, ce n'est pas un sentiment, c'est donner une indication... indication inutile dans une hypothèse comme dans l'autre... marquer son nom sur un papier à l'intention de quelqu'un qui vient vous trouver chez vous... je ne vois ni logique ni ressenti là-dedans...

Le ressenti qu'éprouve cet homme à la découverte de cette photo c'est : qui est cette femme ? Qu'est ce que cette photo veut dire ?

S'il avait dû éprouver le besoin de marquer quelque chose... cela aurait-dû être : "Qui est-elle ?"... ou : "Qui êtes-vous ?" à la limite : "Que me voulez-vous ?"..."Qu'attendez-vous de moi ?"

Pas : "Salut belle inconnue, je m'appelle Tartenpion..."

On lui aurait glissé cette photo dans un lieu neutre, j'aurai compris qu'il laisse cet indice sur ce même lieu dans l'espoir que la ou les inconnus le retrouvent... mais là il est CHEZ LUI.... ce sont eux qui pénètrent son territoire, il n'a absolument aucune raison de se justifier par rapport à ça...

Bien entendu que certains personnages peuvent avoir des réactions surprenantes, inattendues, voire incongrues... mais même dans ces cas là... elle doivent avoir un minimum de justification profonde ou induite, même subjective. Les actes commis dans les moments de folie, d'ivresse, d'égarement, de rage, de délire ou autre, prennent malgré tout TOUS leurs racines quelque part.

Ou alors on bascule dans l'absurde dans son absolu... et là effectivement... ben moi je passe mon chemin, parce que je déteste ça. Y'en a qui aiment voir un nez sur une paire de fesses, moi je trouve ça franchement débile (tout en respectant le goût de ceux qui aiment, j'aime trop la liberté pour contester celle des autres...)... donc si Kame-Boy a choisi de faire dans ce style là... mea culpa, effectivement, mes remarques sont totalement déplacées.


[P.S : je n'arrive pas à trouver le lien pour voir en "cache" les chapitres qui étaient en page 2, c'est à dire du chapitre II au chapitre IX. Donc je vous serais reconnaissant si vous arriviez à trouver ce lien ;) Sinon, tant pis, je mettrais ces chapitres sans commentaires et l'ancienne version de certains d'entre eux (puisqu'en postant sur le forum il m'est souvent arrivé, directement sur celui-ci, de retoucher encore un peu mes chapitres, pour être pleinement satisfait

Edit : Merci à Tendou Buu qui a réusi à trouver le cache de la page 2 et aussi à DDC qui l'a mis dans un fichier word (+ peut-être la page 3, s'il la aussi trouvée), ce qui me permettra de l'avoir en sauvegarde, on ne sait jamais ^^ Voici donc la suite des commentaires :]


par Kame-boy » Jeu Juin 17, 2010 9:15 am
En effet, le fait qu'il marque son nom n'était peut-être pas le choix le plus judicieux, c'est fort possible.

Je constate quand même que lors des derniers messages vous n'avez pas du tout parlé, ni RMR ni toi, de sa solitude quasi absolue. A part quelques clients, il ne voit personne à longueur d'années. Je ne pense pas que ce soit votre cas, donc difficile de se mettre à la place du personnage et cela peut expliquer que son comportement soit parfois illogique, qu'il soit près à tout pour nouer de nouvelles relations. Comme la dit RMR, il n'est pas facile de s'identifier à lui.
J'ai peut-être mis inconsciemment un peu de mon esprit très particulier en lui :mrgreen:

Concernant le fait qu'il écrive son nom, il n'est pas encore totalement "envouté" (ce terme est exagéré mais c'est pour faire passer l'idée), c'est surtout son envie de partager qui prime, et quand on veut partager avec un ou des inconnus, souvent on se présente, ça me parait naturel. Sentant en plus un sentiment, un lien particulier envers cette femme, dès qu'il la voit, la graine est planté dans son esprit et le temps accompagné de la solitude amplifie l'effet.
Par contre le fait de vouloir faire connaissance n'est en effet pas forcement logique. Je comprends en tout les cas que ça puisse gêner quelques lecteurs, en espérant que la suite permettra de compenser. De toute façon, je me doute bien que cette histoire ne va pas plaire à tout le monde ;) Si, à la fin de celle-ci (je n'ai pas un nombre défini de chapitre mais il y en aura je pense entre 10 et 20), il reste 2-3 lecteurs, ça sera déjà bien ^^

Merci en tout cas pour tout vos commentaires, plus particulièrement à Foenidis et RMR, ce sont des discussions intéressantes.

Prochain chapitre ce week-end (si j'ai la forme ^^).


Message par Foenidis » Jeu Juin 17, 2010 2:50 pm
Kame-boy a écrit: En effet, le fait qu'il marque son nom n'était peut-être pas le choix le plus judicieux, c'est fort possible.

Je constate quand même que lors des derniers messages vous n'avez pas du tout parlé, ni RMR ni toi, de sa solitude quasi absolue. A part quelques clients, il ne voit personne à longueur d'années. Je ne pense pas que ce soit votre cas, donc difficile de se mettre à la place du personnage et cela peut expliquer que son comportement soit parfois illogique, qu'il soit près à tout pour nouer de nouvelles relations. Comme la dit RMR, il n'est pas facile de s'identifier à lui.
J'ai peut-être mis inconsciemment un peu de mon esprit très particulier en lui :mrgreen:


Justement, quelle que soit la raison pour lesquelles il s'isole (c'est le cas, puisque tu précises dans ton texte, qu'il ne dit pas son nom à ses clients...)... il devrait avoir les mêmes pour les inconnus de la photo... ça devrait être pire même... s'il se replie dans sa coquille pour des gens qu'il côtoie tous les jours, il est complètement illogique qu'il soit tout à coup sociable et convivial avec des inconnus qui ont plus de quoi inquiéter que de mettre en confiance ! (même s'il est intrigué...)


Message par Kame-boy » Sam Juin 19, 2010 12:06 pm
Je vois ce que tu veux dire. J'ai indiqué qu'il avait hésité mais sûrement pas de façon assez marquée.
En tout cas, ses clients représentent son quotidien, la routine dans laquelle il s'est installée, et puis ils ne sont pas forcement sympathiques avec lui (une personne qui commence à s'isoler peut être vite considérée comme un "original", dans le mauvais sens du terme). Il ne ressent donc pas d'invitation particulière, pas d'envie de partage. Puis, de façon assez brusque, il sent qu'on lui accorde une certaine importance, en tout cas que des personnes cherchent à communiquer avec lui. Il ressent cela comme une invitation, assez grisante, cela réveille la curiosité qu'il avait enfouit toutes ces années. En plus, le fait de ne pas les voir directement accroit celle-ci.
Je vais prendre en compte tes remarques, en apportant des précisions liés à son caractère et sa solitude, dans les chapitres suivants ;)
Dernière édition par Kame-boy le Dim Sep 11, 2011 20:15, édité 4 fois.
"L'histoire de Mr Satan", fanfic de 2010 à présent terminée (et reconstituée suite à un hackage en 2011), espère vous plaire et n'aurait rien contre quelques commentaires ;)
http://www.lunionsacre.net/viewtopic.php?f=42&t=5894

"Le Chaos pour racines" est une fanfic qui met en scène 10 "avatars" créés par des membres du forum. J'espère qu'elle plaira aussi aux autres forumeurs ^^
http://www.lunionsacre.net/viewtopic.php?f=42&t=4900
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Kame-boy
 
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Re: [Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Messagepar Kame-boy le Mer Août 24, 2011 12:12

Je vois ce chapitre plutôt comme une transition, entre les interrogations soulevées dans le premier chapitre et les éclaircissements qui se trouveront surtout dans le troisième. Mais on peut quand même trouver, dans ce deuxième chapitre, quelques pistes. Bonne lecture ;)

Chapitre II

Le jeune athlète au regard malicieux mais au sourire inexistant pris sèchement la torche des mains de la voyante et se mis en quête d’un certain passage. Il éclaira chaises, table, et bien d’autres objets taillés dans la pierre, avant de trouver les escaliers qu’il cherchait. Sans même un signe de tête à Volnia, il se mit en route et les emprunta. L’homme salua la sorcière d’un petit hochement de tête et elle lui répondit par un sourire quelque peu narquois. Puis, sans tarder, il suivi l’enfant dans les profondeurs de la montagne. Il se colla presque à lui afin de profiter de la luminosité de sa torche et deviner les marches sous ses pieds. Hercule aurait pu le laisser passer devant ou lui donner la lampe, cela aurait été bien plus simple ; mais cela n’étonna pas Volnia, il savait déjà quel était le tempérament de son jeune compagnon, celui d’un leader silencieux allant toujours de l’avant et ne se retournant que peu. Un sentiment tout particulier se faisait une place dans le cœur de l’homme. Il connaissait à peine ce garçon mais un lien qui ne demandait qu’à se renforcer les unissait déjà, il avait vu leur complémentarité, les épreuves qu’ils allaient braver ensemble. Devenu réservé avec le temps, Volnia n’avait pas l’habitude de manifester directement ses émotions, et encore moins par la parole, il garda donc cela pour lui. Il se retrouvait un peu chez ce garçon, une douce nostalgie le mettait de bonne humeur et lui donnait du courage.

Hercule et Volnia arrivèrent, après un bon quart d’heure de descente, dans une autre grotte. Le sol, humide, émettait quelques discrets clapotis à chacun de leurs prudents pas. Au plafond, de rares mais impressionnantes stalactites aux couleurs cuivrées semblaient les menacer de leurs pointes. Le jeune garçon s’arrêta net et braqua la lampe à ses pieds. Rien. Volnia dit en souriant :

- Je crois savoir pourquoi on te surnomme Hercule.
- Pourquoi ? demande Hercule sur un ton sec, continuant à scruter le sol avec inquiétude.
- Tu vas savoir dans quelques secondes. Regarde à ta gauche.

Le corps du garçon se tendit, toute son attention se focalisa sur un point précis. Il tendit son bras gauche d’un geste vif et puissant et un petit craquement ne tarda pas à se faire entendre. Hercule approcha sa main de la torche et l’on pu y voir le corps inerte d’une couleuvre noire aux fines bandes jaunes, le cou brisé par ses doigts destructeurs.

- Voilà pourquoi, dit Volnia, pour répondre à la question de son jeune compagnon. Ca me rappelle l’une des histoires fantastiques que me racontait mon père. Il devait les entendre lors de ses fréquents et longs voyages. Ce personnage, dont tu portes le surnom, a une force prodigieuse et peut tuer à mains nues aussi bien des serpents que des monstres à 7 têtes.
- Connais pas… répondit laconiquement l’enfant.
- Bon, trêve de bavardage, dit Volnia avec complicité, allons-y. Mais sois prudent, il y en a d’autres.

Ils continuèrent leur progression prudemment, utilisant chacun leurs propres points forts pour quitter cette grotte. Les sens aiguisés et la puissance d’Hercule pouvaient s’exprimer pleinement grâce à la prévoyance et la tranquillité naturelle de Volnia.
Une dizaine de serpents plus tard, ils arrivèrent devant un lac sous-terrain. Toute une gamme variée de bruns et d’ocres clairs se reflétaient sur sa surface gelée. Hercule se crispa. Volnia l’attrapa prestement par le bras et le tira vers lui. Une stalactite de glace s’écrasa au sol, exactement à l’endroit où se trouvait l’enfant 1 seconde plus tôt. Ce genre d’événement commençait à devenir une formalité, ils ne relevèrent même plus.

- Allons y, la glace va tenir ! dit Volnia avec assurance, même après avoir entendu un petit craquement causé par son premier pas sur celle-ci.
- Je passe devant ! réclama Hercule.
- D’accord petit, c’est prévu de toute façon.

Hercule se demandait bien pourquoi on ne lui avait pas montré également l’avenir, cette situation commençait à l’irriter. Il se sentait rabaissé au rang de simple faire-valoir. Il avait une certaine sympathie pour ce pêcheur mais sa patience avait des limites, même ses frères et sœurs adorés recevaient quelques baffes de temps en temps. « Qu’il ne continue pas à jouer au plus malin, cela risquerait de se retourner contre lui », pensa le garçon. Il savait à qui menait ce chemin, cela l’avait aidé à se contenir.

Cette fois, aucun animal ne se manifesta, mais ce n’était pas pour autant une partie de plaisir, la chute étant interdite, sous peine de passer à travers la glace et de ne pouvoir sortir de l’eau glacée. Le danger de mort était bien réel. Ils se soutenaient donc l’un l’autre, physiquement et moralement, Volnia indiquant scrupuleusement la voie exacte à suivre. Une fois le lac de 2 à 3 kilomètres franchis, ils s’assirent pour se reposer.

- Hercule, nous avons fait le plus difficile.
- Je te crois.
- Si on reste concentré et solidaires, dans maximum 3 heures nous seront à la surface, au lieu de rendez-vous prévu.
- Qu’est ce qu’il reste à faire ?
- Tu ne connais pas le chemin par cœur ?
- Non, le lac marque la limite de notre territoire, je n’avais jamais été au-delà.
- D’accord. Alors, à environ 2 kilomètres se trouve d’autres escaliers, ramenant près de la surface, puis il y un pont assez étroit, d’énormes chauve-souris particulièrement repoussantes et nous seront arrivés. Bref, du classique, on se croirait presque dans une BD d’aventure, tu ne trouves pas ?

Comme seule réponse, l’enfant esquissa un petit sourire. Cette discrète réaction, qui pouvait paraitre anodine, était son premier échange complice avec Volnia, cela signifiait beaucoup pour ce dernier. L’homme posa affectueusement sa main sur l’épaule de l’enfant.
Un peu plus haut, dans l’obscurité totale, le même geste fut fait. Un être humanoïde, situé derrière la sorcière, lui dit d’un ton satisfait :

- J’ai bien fait de faire appel à tes services !
- Ce n’est rien mon seigneur.
- « Mon seigneur, mon seigneur »… tu n’as pas hésité à me faire payer quand même ! Etant donné mon statut, je te suis supérieur, tu l’as peut-être oublié…
- Non mon seigneur, mais il faut bien vivre, hé hé, répondit la sorcière, moqueuse.
- Tu as de la chance d’avoir des relations dans l’au-delà et que je ne veuille pas prendre le risque de les fâcher. Mais, à l’avenir, ne joue plus à ce petit jeu avec moi.
- Ne vous inquiétez pas, je suis bien placé pour savoir ce qu’il arriverait.
- Bien !

L’être, à la stature impressionnante, disparut dans une gerbe de lumière bleutée. L’espace d’un instant, on put voir sa longue chevelure noire, ses yeux sans paupière, sa peau d’une blancheur surnaturelle.

Volnia et Hercule restèrent assis quelques courtes minutes puis se remirent en route. Ils montèrent les escaliers évoqués quelques minutes plus tôt et arrivèrent sous une immense voute rocheuse, recouverte d’une fine pellicule de glace. L’eau qui dévalait une centaine de mètres sous leurs pieds s’y reflétait dans une danse colorée, accompagnée par la lumière du jour prometteuse. En effet, la sortie était enfin devant eux, à 1 ou 2 kilomètres tout au plus. Pourtant, le visage de Volnia exprimait une certaine contrariété qui, en l’espace de quelques secondes, laissa place à la crainte.
- Le pont… où est-il ?


Je reste bien-sûr ouvert aux suggestions et remarques, cela pourra m'être utile dans les chapitres suivants, qui pourront être légèrement remaniés en conséquence.

Message par RMR » Sam Juin 19, 2010 12:25 pm
Bon chapitre avec de bonnes descriptions, on se représente bien les scènes.


Message par Kame-boy » Mar Juin 22, 2010 10:01 am
Pourtant les descriptions ne sont d'habitude pas ma spécialité, faut croire que j'ai progressé ces derniers temps ^^ Merci pour le commentaire RMR.
"L'histoire de Mr Satan", fanfic de 2010 à présent terminée (et reconstituée suite à un hackage en 2011), espère vous plaire et n'aurait rien contre quelques commentaires ;)
http://www.lunionsacre.net/viewtopic.php?f=42&t=5894

"Le Chaos pour racines" est une fanfic qui met en scène 10 "avatars" créés par des membres du forum. J'espère qu'elle plaira aussi aux autres forumeurs ^^
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Re: [Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Messagepar Kame-boy le Jeu Août 25, 2011 17:06

Voici le 3è chapitre plus tôt que prévu. Il ne répond pas à toutes les questions mais devrait normalement permettre de beaucoup mieux imaginer les forces en présences et les enjeux. Pour les personnes appréciant le Mr Satan plus loufoque, ne vous inquiétez pas, il va arriver progressivement et ressemblera beaucoup à celui que l'on connait dans quelques chapitres. J'en ai déjà trop dit. Bonne lecture ^^

Chapitre III

- Le pont… où est-il ?

Hercule ne réagit pas, ne se rendant pas compte de la portée tragique de cette simple question. Il se contenta de regarder machinalement à gauche puis à droite. Ce ne fut que lorsque Volnia, vacillant, s’appuya fortement sur sa puissante épaule, qu’il comprit. Son visage se figea, comme un symbole du temps suspendant son cours pour mieux reprendre ses droits, reconquérir son imprévisibilité, perdue injustement au profit de simples humains. Ceux-ci n’eurent pas le droit à un répit, une surprise encore plus déchirante se manifesta avec un malin plaisir. Elle s’exprima tout d’abord par leurs oreilles :

- A l’aide ! fit une voix cristalline, s’appropriant l’espace par de échos successifs.
- Tu as entendu ? demanda Volnia, sur ses gardes.
- A l’aide !

Le jeune garçon su immédiatement de qui il s’agissait mais son cœur ne voulait pas l’admettre. Il tourna lentement sa tête vers la gauche, la baissa comme au ralenti et vit ce qu’il craignait. La panique menaçait de le submerger, il tremblait de tout son long. Volnia regarda dans la même direction et compris : quelques dizaines de mètres plus bas, une femme à la peau blanche et aux cheveux d’un noir profond luttait pour ne pas tomber, ne tenait à la roche que par la force que son courage transmettait à ses frêles doigts. Sa légère robe bleue, déchirée et tachée de sang à de maints endroits, témoignait de terribles épreuves endurées.

- Mordjé ! cria Volnia
- Maman !

Hercule marcha tant bien que mal vers le vide puis se prépara, malgré ses convulsions nerveuses, à partir à l’assaut de la paroi de pierre. Mais un bras lui barra la route.

- Tu n’es pas en état d’y aller, laisses moi faire !
- M… Mais…

Le robuste quinquagénaire commença sans attendre la descente, pris tout les risques en ne retenant pas ses gestes, posant une jambe aussitôt après l’autre. Lucide, il ne s’était pas placé juste au-dessus de la jeune femme, afin d’éviter que les éboulis créés ne tombent sur elle et ne précipitent sa chute. Il n’était plus qu’à 20 mètres, 10 mètres, 5 mètres. Mais chaque mètre dévalé par Volnia correspondait à quelques millimètres, ceux séparant progressivement les doigts de Mordjé de la roche.

- Tenez bon ! hurla l’homme d’une voix tremblante.

La jeune femme planta son regard dans le sien et sourit.

- J’aurais tout de même pu vous voir avant de mourir, mes efforts n’auront pas été vains. Embrassez Hercule pour moi.

Puis elle ferma les yeux et s’abandonna à son triste sort. Dans un geste dérisoire, Volnia tendit son bras, bien trop loin pour espérer retenir celle que le destin lui avait pourtant promis. Son corps s’évanouit dans les profondeurs, laissant son homme dans un non moins profond désespoir. Il s’en fallut de peu qu’il ne la suive, mais le cri déchirant d’Hercule le sorti de sa torpeur. Il remonta avec peine, les larmes aux yeux et le cœur en miette. Lorsqu’il invita le jeune garçon à lui donner la main pour l’aider à achever son effort, celui-ci ne broncha pas et lui lança un regard noir. Volnia termina donc son ascension seul et voulu réconforter le garçon par une affectueuse étreinte. Hercule se leva d’un bond, tremblant toujours, mais de rage cette fois-ci. Ses yeux reflétaient encore une certaine bonté mais avaient à cet instant une dureté que l’on ne rencontrait habituellement pas chez un enfant. Il toisa son ainé, resté à genou. Il leva haut son pied droit, hésita un court instant et écrasa de sa semelle la poitrine de Volnia. L’homme, qui savait parfaitement ce qu’était la douleur de perdre un parent aimé, ne réagit pas. Il encaissa une volée de coups, tentant de rester digne malgré tout, gardant pour lui sa tristesse et son courage. Cet enfant souffrait plus que lui, bien plus.

Quelques centaines de mètres plus bas, l’eau profonde et glaciale traçait son chemin entre les pierres nues et la végétation encore hésitante. Sa surface lisse fut bientôt troublée par un mouvement en son sein. Une haute vague se forma brusquement et s’écrasa au sol, disparaissant pour laisser place à un être étrange. Ses longs cheveux noirs touchaient le sol rugueux. Ses jambes blanches étaient extrêmement fines, souples, mais dégageaient pourtant une impression de puissance. Elles faisaient penser aux pattes d’une grenouille, malgré les pieds humains auxquels elles étaient reliées. Un sous-vêtement qui contrastait par sa banalité laissait deviner la présence d’organes reproducteurs externes. Des abdominaux fermes, un torse musclé couvert de multiples cicatrices, conduisaient à un visage pâle à la texture écailleuse, dépourvu de nez et de paupières. Ses yeux globuleux, très écartés l’un de l’autre, étaient sans cesse en activité, dans un mouvement de balancier perpétuel, faisant également une mise au point constante, grâce à de très réactives pupilles. Un sourire découvrit ses dents jaunes et pointues.

- Voilà qui est très intéressant, souffla t-il en se frottant les mains, tel un serpent ayant flairé le bon coup.

Il disparut plus vite qu’il n’était apparu et seul une petite flaque d’eau témoignait de son passage. Pendant ce temps, nos deux héros s’étaient décidés à rebrousser chemin, tête basse. Cette fois, Volnia était devant et compensa l’incertitude dont il n’avait plus l’habitude par une extrême prudence. Heureusement, ils avaient tués la plupart des serpents venimeux à l’allée (il n’y en avait jamais un grand nombre à cette profondeur) et purent se concentrer quasi-exclusivement sur les menaces venant du dessus. Lorsqu’ils arrivèrent dans la pièce où ils s’étaient rencontrés pour la première fois, ils purent constater que Baba la sorcière n’était plus là. Cela ne les surprenaient pas mais les désolaient, ils auraient tant voulus des explications, des réponses à leurs obsédantes questions. Hercule lança la lampe torche à terre et se précipita dehors, retrouver son frère et sa sœur, et accessoirement la lumière du jour déclinante. Ils entendirent ses pas rapides et sortirent de l’une des nombreuses ouvertures perçant la roche. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, ils étaient en bas. Sa sœur, 4 ans, de stature normale pour son âge, ressemblait beaucoup à sa mère, avaient tout comme elle de longs cheveux noirs, une peau très claire, un visage fin. Elle ne portait qu’une petite robe rouge, malgré le vent frais, et avait les pieds nus. Ceux-ci, très marqués, racontaient à sa place les nombreux kilomètres qu’elle avait déjà parcouru dans sa courte vie. Elle regardait avec bienveillance son cher colosse de frère, les larmes qui perlaient et, de ses yeux tendres, essayait de les freiner. Le garçon qui se tenait à côté d’elle, à peine plus âgé qu’Hercule mais beaucoup plus frêle que ce dernier, était tout en longueur. Ses grandes jambes semblaient avoir été taillées pour la course, leur musculature souple, que l’on devinait sous son pantalon de sport moulant, promettait au sol des foulées aériennes. Son buste étiré, son visage ovale, ses yeux en amende, ainsi que son nez fin, renforçaient cette allure élancée. Sa peau était pâle comme celle de sa sœur et ses cheveux courts du même noir de jais. Il portait tout de même des vêtements plus chauds que ceux de la petite fille, un pull blanc assorti à son pantalon et de fines chaussures, desquelles dépassaient des chaussettes de laine. Il s’approcha de son frère et lui pris la main.

- Qu’est-ce qui s’est passé, Hercule ?

Celui-ci répondit par un sanglot. Sa sœur vint s’agripper à sa jambe, le regarda fixement et dit sur un ton interrogatif, les yeux grands ouverts :

- Maman ?
- Printsir… Byétjer… m… maman, bredouilla Hercule.

Il s’assit et laissa enfin pleinement échapper les larmes qu’il contenait depuis trop longtemps. Son frère et se sœur se blottirent contre lui et mêlèrent leurs pleurs aux siens, cette famille n’ayant pas besoin de beaucoup de mots pour communiquer et lire les uns dans les autres.

A une dizaine de kilomètres de là, dans les profondeurs de la mer orientale, si loin de la surface qu’aucune lumière n’avait plus le loisir de s’exprimer en temps normal, un étrange phénomène avait lieu. A l’abri des regards indiscrets, une immense sphère lumineuse et colorée, aux allures de bulle de savon, avançait doucement et créait autour d’elle un véritable balai de créatures paniquées. A l’intérieur de cet espace de plusieurs kilomètres de diamètre se trouvait une vingtaine d’enfants bruns, nus, flottants en tout sens, d’une tranche d’âge pouvant aller de 5 à 15 ans. Ils s’affairaient autour de deux adultes de sexes opposés, qui avaient pour points communs une peau d’une extrême blancheur et de très longs cheveux noirs. La comparaison s’arrêtait là, l’homme avait le visage ressemblant à celui d’un poisson, sans paupière, et des membres inférieurs disproportionnés, alors que la femme était l’incarnation de la finesse et de la beauté. Elle avait les yeux fermés, le visage impassible et, assise sur de multiples petites bulles, se laissait coiffer et habiller par la moitié des enfants de la sphère. L’autre moitié massait et nourissait de caviar, à la main, la créature hideuse. Celle-ci dit :

- N’es-tu pas mieux, ici, entouré de tes chers petits ? Hum ? Au lieu de te cacher bêtement
- Fais de moi ce que tu veux mais ne touche pas à mes enfants, répondit la jeune femme, sur un ton étrangement calme.
- Tes enfants ?! Mais ils sont là pauvre folle, tu ne les vois pas ?
- Je ne parle pas de tes serviteurs. Ce n’est pas parce que je les ai mis au monde que ce sont mes enfants, ils tiennent plus de toi que de moi et ce n’est pas un compliment, tu peux me croire. À ton avis, pourquoi suis-je partie seulement avec Printsir, Hercule et Byétjer ?
- Mais ce mioche basané n’est même pas de notre sang ! D’ailleurs, crois-moi, je vais bien m’occuper de son cas. Si tu crois que votre pauvre cachette est discrète, pfff.
- Peu importe qu’il ne soit pas de « notre sang » comme tu dis, je suis humaine comme lui, je me sens beaucoup plus proche de cet enfant que j’ai élevé dans l’amour que de tes petits diables. Et si tu oses toucher à l’un de mes trois trésors…
- Ce sont de futurs sorciers, quand vas-tu te mettres ça dans la tête ?!
- Diables ? Sorciers ? N’avez–vous pas le même plaisir à faire souffrir, pour satisfaire votre unique petite personne ?
- Les diables sont les ennemis des dieux, des kaiohs et de leurs supérieurs, souhaitent prendre leur place, n’ont qu’une vision destructrice et limitée. Les sorciers, quand à eux, participent à l’équilibre de la vie sur Terre ; il faut du « mal » pour éveiller la conscience, le feu qui brûle les doigts pour réveiller l’homme imprudent, qui se croit déjà arrivé au paradis, sans avoir à se remettre en question.
- Si le « bien » et le « mal » sont nécessaires à l’équilibre de la vie, tu dois être bien désiquilibré mon cher.
- Cesse tes sarcasmes Mordjé, ça ne te va pas.
- D’accord mon cher Zmyéya.
- Grrr… dans un futur très proche tu seras désespérée et très docile, je te le garanti, pensa avec délice le sorcier des profondeurs.

La nuit tombée, au chaud dans la grotte aménagée, Volnia et les trois enfants continuaient la discussion qu’ils avaient entamé à l’abris de nos oreilles indiscrètes.

- Mon prénom voudrait donc dire « vent » ? demanda Printsir
- Oui, il a pour origine une très ancienne langue des pays des côtes nord-est du continent. « Byétjer » aussi vient de là. Il signifie «guide ». D’ailleurs, vous semblez fait pour ces prénoms, remarqua Volnia.
- Oui, maman nous a expliqué que notre « géniteur » a développé nos capacités particulières dès notre conception, avant même que nous voyons la lumière du jour. Il fait ça à chacun de ses enfants. Mais on ne sait pas comment et surtout pourquoi il le fait, maman n’a pas voulu nous le dire.
- Et toi, Hercule, tu as connu ce père ? demanda Volnia.

L’enfant ne répondit pas, caché sous ses couvertures.

- Nous étions trop petits pour nous en rappeler mais maman nous a souvent raconté que nous avons fuit « l’affreux papa » avec Hercule, pour le protéger. Il est plus jeune que moi alors il ne peut pas s’en souvenir non plus. J’ai quelques images en tête mais ce n’est pas très clair, expliqua Printsir.

A cet instant, le visage souriant de sa mère, son souvenir le plus cher, s’imposa naturellement et il laissa couler quelques larmes. Sa petite sœur se lova contre lui et ils s’endormirent ainsi.

Le sommeil de Byétjer fut tout de même de courte durée, elle sentit tout d’abord de petits picotements dans la nuque, puis son sang chauffa et circula de plus en plus rapidement. Ses yeux s’ouvrirent brusquement, les pupilles anormalement dilatées et elle se mis en route vers une destination inconnue.
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Re: [Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Messagepar Kame-boy le Jeu Août 25, 2011 17:10

Chapitre IV

Le lendemain matin, Byétjer se réveilla la première, comme d’habitude. Elle s’étira et bailla à s’en décrocher la mâchoire. Sa vue, tout d’abord embrumée, s’acclimata progressivement à la lumière du jour et put distinguer le visage de Printsir, allongé à côté d’elle. Un léger frisson lui parcourut le dos. Elle tira sur la manche de l’épais pyjama de son frère, jusqu’à ce qu’il se décide à ouvrir les yeux.

- Mmmmm… qu’est ce qu’il y a ? mogréa Printsir.
- Suit moi ! À Plage !
- Qu’est ce que tu racontes ?! Ce n’est pas le moment !
- Si ! À Plage ! fit la petite fille en chouinant
- Tu es sage d’habitude, il y a un problème ?
- Est important !
- Ok ok, 5 minutes.

Printsir, sachant que sa sœur n’avait rien d’une enfant capricieuse, se leva péniblement. Il réveilla Hercule et Volnia et leur transmis la demande de Byétjer. Ils ne comprenaient pas les raisons de la petite fille mais ne voyait aucun inconvénient à la suivre, après tout elle s’était montrée jusqu’à maintenant une guide exemplaire et les plages n’étaient pas si loin. Ils préparèrent un sac avec quelques vêtements chauds et couvertures, la température chutant en bord de mer, quelques fruits secs qu’ils avaient parmi leurs maigres provisions, ainsi que de l’eau de source. Leur marche dura deux bonnes heures et ils prirent un repos bien mérité, une fois à destination. Le cadre dans lequel ils se trouvaient n’était pas franchement accueillant, le ciel pâle rendant la mer tout blanche et le sable bien terne. Il y avait aussi, à perte de vue, de sombres rochers anguleux. La première à se relever fut Byétjer. Elle s’éloigna en direction de la mer, distante d’une centaine de mètres de groupe, laissant ses compagnons dans l’expectative. Hercule et Prinstir connaissaient bien leur sœur et savaient qu’elle reviendrait avec du nouveau. En effet, quelques minutes plus tard, elle était de retour, trainant un poisson relativement impressionnant. Ses écailles bleues argentées contrastaient avec la tristesse du paysage alentour.

- Un Hareng de cette taille ?! s’exclama Volnia, pêcheur expérimenté.
- C’est un poisson rare ? demanda Printsir
- Cette espèce est très courante mais je pensais qu’il était impossible qu’elle dépasse les 50 centimètres. Celui-là doit faire au moins le double et peser minimum 5 kilos, c’est un gros morceau !
- Où l’as-tu trouvé ? demanda Printsir
La petite fille se contenta de pointer son doigt vers la mer.
- Il arrive souvent que les harengs se rapprochent des côtes, très près de la surface. Il n’est donc pas impossible qu’elle en ait trouvé un échoué sur la plage. D’ailleurs la bouche du poisson est légèrement écorchée, quelqu’un a dû le pêcher et le remettre à l’eau ensuite, expliqua Volnia, fin connaisseur.
- Mais ce n’est sûrement pas un hasard, surtout connaissant ma sœur, dit Printsir. Ce poisson doit être là pour une bonne raison. D’ailleurs, maman nous a souvent raconté qu’elle avait senti un lien très particulier avec Byétjer lors de notre fuite, elle était comme guidée de l’intérieur. Nous sommes arrivés dans ce qui est aujourd’hui notre maison, un endroit idéal, protégé des vents, avec de l’eau, des poissons, des fruits…
- Vous parlez trop ! dit Hercule, interrompant son frère. A part le manger, qu’est ce qu’on pourrait en faire ? Nous avons autant confiance en son instinct que maman alors mangeons ce foutu poisson et n’en parlons plus !

Un hochement de tête significatif de la petite fille acheva de les convaincre. N’ayant pas d’ustensile de cuisine (à part un couteau), ni moyens de faire du feu, Volnia prépara un mélange de poisson cru coupé en tranches et de fruits secs. Le résultat fut plutôt satisfaisant et tout les quatre le mangèrent sans rechigner, éprouvant même un certain plaisir.

A une centaine de mètres d’eux, juste sous la surface, un jeune garçon nu, d’une quinzaine d’année, attendait. Il était immobile, excepté l’imperceptible mouvement de ses pieds, lui permettant de se maintenir en équilibre. Ses membres étaient fins et souples, ses avant-bras dégageaient une certaine puissance, tout comme ses mollets. Son dos, fort et cambré, renforçait cette harmonie entre douceur et puissance. L’adolescent avait les yeux et cheveux d’une couleur bleue nuit, les pupilles anormalement grandes et était dépourvu de pilosité. Dans sa main gauche, il tenait une très fine ficelle, à laquelle était attaché un petit crochet. L’eau ne fut troublée d’aucune manière, pourtant il quitta cet endroit en un éclair. Il nagea à une vitesse défiant l’entendement, s’enfonça toujours plus profondément dans les entrailles de la mère et finit bientôt par voir, au loin, une sphère lumineuse et colorée, la demeure du sorcier des profondeurs. Ce dernier, à l’aide d’une bulle flottante faisant office d’écran, voyait son fils approcher.

- Beau travail Oxotnik, mon p’tit chasseur d’exception ! siffla Zmyéya.
Mordjé se tenait debout, 2 à 3 mètres derrière sa créature de mari, et regardait ce triste spectacle. Une légère crispation de sa mâchoire trahissait son anxiété. Autour d’eux flottaient les corps de leurs enfants endormis.
- Ce poisson très spécial, vivant dans ces eaux imprégnées de ma malice, va faire le travail à ma place. N’est-ce pas une bonne idée, ma chère ?
- Tu n’es qu’un lâche ! Tu t’es servi de ma propre petite fille !
- Non, je privilégie l’efficacité, c’est tout. Ils ne m’auraient jamais suivi jusqu’ici. Qui de mieux que cette innocente petite poupée ? Un sorcier n’agit jamais directement, tu devrais le savoir.
- Tu ne t’es pourtant pas gêné pour me barrer la route toi-même, lorsque je me rendais sur le lieu de mon rendez-vous.
- Oui mais dans ce cas il y avait de la jalousie, c’est différent. Au fait, je compte bien tuer cet homme de mes propres mains, ricana Zmyéya.
- Hercule t’en empêchera, ils se protègeront mutuellement.
- Nous verrons bien… dit la créature en étouffant un rire.
Après leur repas, notre petit groupe décida de rentrer au plus vite, il fallait rentrer avant la nuit et la température commençait à chuter. Ils mirent des couvertures sur leurs épaules et firent ce qu’ils avaient prévus. Mais leur grotte ne fut qu’une étape, ils avaient en effet décidé, à l’initiative de Volnia, de s’installer chez lui. Leur vie y serait beaucoup plus facile, l’espace plus restreint mais les commerces à proximité, la chaleur plus présente et les animaux sauvages éloignés. Une fois arrivés dans le village, ils croisèrent des regards suspicieux, moqueurs, en tout les cas antipathiques.
- Qu’est ce qui leur arrive ? demanda Hercule sur un ton sec.
- Ne fais pas attention, toutes sortes de rumeurs circulent à mon sujet. Je vis seul depuis tant d’années que cela nourrit l’imaginaire malsain des pauvres d’esprit. Ils doivent par exemple s’imaginer que je vous ai enlevé.
- Tu n’as donc pas d’amis ici ? demanda Printsir
- Non, et je n’en ai pas envie, ils n’ont aucune confiance en moi, comment pourrais-je leur en rendre ? Il y a peut-être quelques exceptions, des personnes bienveillantes mais influençables je le crains, qui se feraient remettre dans le « droit chemin » par leur entourage. Oublie les, ça vaudra mieux.

Volnia sourit tout de même, optimiste concernant la deuxième moitié de sa vie, prêt à accompagner ces enfants un bon bout de chemin. Après tout, sa destinée n’était peut-être pas de rencontrer Mordjé mais plutôt ses trois trésors, de prendre la relève, de les guider malgré les caprices du temps. Il avait un pincement au cœur en pensant à l’histoire tragique de cette famille, en se disant aussi qu’il ne pourrait jamais connaître cette femme, mais il se concentrait sur ce qu’il y avait à construire. Il ne serait plus jamais seul, il avait un but dans sa vie.

Volnia n’eut pas à faire visiter la maison, elle était si petite. Ils furent surtout occupés à préparer les nuits à venir, ayant le souci de donner à chacun un espace de repos. Un tas d’épaisses couvertures fut placé derrière le comptoir, pour que Byétjer puisse y dormir. Les deux garçons mirent des matelas de part et d’autre de ce dernier, afin d’entourer leur petite sœur. Volnia resta le long du mur, à gauche de la porte, en face de ses protégés. Ce n’était qu’une installation provisoire, l’homme prévoyait déjà, dès le printemps prochain, un agrandissement significatif de son logis afin que chacun ai sa propre chambre. Le soir tombait, ils se mirent à table pour un bien maigre repas, puis allèrent dormir sans hésiter un instant. Un mois s’écoula ainsi, tranquillement, et l’an 747 put commencer sous les meilleurs auspices.

- Un océan bleu, du bleu partout… Des êtres argentés… Des écailles ? Des écailles ! Je sais que je rêve mais que c’est beau ! Tiens, j’ai faim tout à coup.

Hercule se réveilla la bave aux lèvres, cheveux ondulés dressés sur la tête, yeux à moitié fermés.

- On mange quand ? demanda-t-il
- Ca tombe bien, nous allons à la pèche tout les deux aujourd’hui, j’aimerais que tu reprennes le flambeau quand je serai à la retraite, dit Volnia dans un clin d’œil.

L’enfant accepta avec plaisir et ils partirent donc avec filets, cannes et autres matériels. A 8h du matin, ils étaient déjà à 2 kilomètres des côtes, sur l’un des nombreux points stratégiques que connaissait le pêcheur. La première leçon porta sur la notion de « distance de stimulation »

- Tu vois, Hercule, les poissons ont ce qu’on appelle un « réflexe alimentaire », une réaction les conduisant à se lancer sur une proie ou un appât. Cette stimulation dépend de la manière dont on « dandine » la ligne mais surtout de la distance de présentation. Tu dois donc trouver celle qui correspond à chaque espèce et bouger ta canne avec souplesse. Généralement, la « distance de stimulation » ne dépasse pas 30 centimètres. Pour se déplacer, le poisson a besoin de vigueur, en hiver il en a peu donc tu dois faire passer l’appât tout près de lui, pour qu’il n’ait plus à faire qu’un petit mouvement de nageoire.
- Ca fait beaucoup à retenir d’un coup, souffla Hercule, déjà découragé.
- Ne t’inquiètes, rien ne remplace la pratique et ça viendra petit à petit. Nous approchons d’un banc de hareng, tu va pouvoir essayer.

Le jeune athlète eu besoin de plusieurs tentatives pour lancer sa ligne à une distance raisonnable, ayant encore du mal à contrôler sa force. Ses à-coups grossiers provoquèrent tout d’abord la fuite des harengs et autres espèces. Quelques heures plus tard, il réussi à ne pas trop les effrayer mais ses mouvements trop larges l’empêchèrent d’approcher son hameçon suffisamment près. La patience n’étant pas son fort, il fut à deux doigts de lancer sa canne par-dessus bord. Mais Volnia posa doucement ses mains sur les bras d’Hercule pour l’en empêcher. Sa frustration se dissipa mais elle avait fait ressurgir des images, celles de son rêve. Il avait envie de ce poisson bleu argenté, une envie irrésistible, irrationnelle. Il dû lutter mentalement pour ne pas plonger et le chercher dans les profondeurs. Volnia constata que son fils adoptif était très pâle et cru à un logique mal de mer. Il décida donc de prendre le chemin du retour.

De jour en jour, de mois en mois, le mal d’Hercule empirait. Il retrouvait des forces chez Volnia, aidait même grandement celui-ci dans les travaux d’agrandissement de la maison, sciait, clouait, etc. mais, dès qu’ils partaient en mer, son obsession montait d’un cran. Zmyéya observait son plan se dérouler avec délectation.

- Mes enfants sont immunisés mais pas toi, petit bâtard, j’aurais bientôt le plaisir de voir ton corps inerte flotter à la surface mes eaux.
- Il ne t’a rien fait, laisse le en paix ! implora Mordjé, sans trop y croire.
- Si tu n’avais pas fuit, je l’aurais peut-être épargné. Mais, par ta stupide affection, tu lui as transmis quelques bribes du pouvoir que j’avais placé en toi. Cela ne lui était pas destiné, il va donc me rembourser, avec les intérêts, au prix de sa vie. Tu vas me dire qu’il était déjà une force de la nature quand tu l’as trouvé, certes, mais il n’aurait pas dû être plus fort que ça, je n’accepte pas de faire des cadeaux à mon insu. De toute façon, il aurait dû mourir noyé, c’était son destin, alors je ne vais que remettre un peu d’ordre. Dommage que ton homme, Volnia quelque chose, ne soit pas atteint lui aussi.
- Il est la tranquillité incarnée, en harmonie avec la mer, tes sorts ne peuvent rien contre lui. Le destin nous réunira, que ça te plaise ou non.
- Tu crois ça ? Et il sait respirer sous l’eau ton bien-aimé ? demanda le sorcier en ricanant.

Elle préféra ne pas répondre, fermer les yeux et réfléchir à un moyen de sauver Hercule et Volnia.

La fin de l’été approchait, la maison de pêcheur et de ses enfants était enfin achevée. Un étage, séparé en deux pièces, avait été ajouté. Printsir et Hercule y avaient chacun leur chambre. Celle de l’ainé - 12 ans depuis le mois de février dernier - avait un sol recouvert de moquette, car il avait tendance à beaucoup se déplacer et le bruit dérangeait Volnia et Byétjer, situés en-dessous. On y trouvait aussi quelques étagères de bois, accueillant quelques livres, principalement de philosophie, de sport et des bande-dessinées. La chambre d’Hercule avait une grande fenêtre donnant sur les montagnes de l’est et un bureau juste à droite de celle-ci, qui lui servait principalement à écrire des fictions et poèmes pour sa mère, pour la plupart déchirés ou raturés. Une photo de Mordjé était d’ailleurs posée sur son bureau. La vitre protégeant le précieux cliché était fendillée à plusieurs endroits, le jeune garçon ayant sûrement eu quelques coups de sang, notamment dus à la tristesse. Une planche était posée contre sa fenêtre, lui permettant d’y glisser pour atteindre plus vite l’extérieur. Ce dispositif était dangereux mais il avait tellement insisté que Volnia n’avait pas eu d’autre choix que de céder. La pièce réservée à Byétjer avait été construite à l’aide de planches recouvertes d’une peinture isolante. Elle disposait d’une petite fenêtre, en hauteur, et de quelques peluches, dont elle profitait allègrement. La porte de sa chambre donnait sur le magasin, dans lequel Volnia dormait toujours. L’après-midi, Printsir restait souvent enfermé dans sa chambre, à lire, par plaisir mais aussi pour préparer consciencieusement la prochaine rentrée des classes. Leur première année de scolarisation. Pendant ce temps, Hercule et son père s’adonnaient à des exercices physiques, plus particulièrement des combats amicaux. Le père de Volnia, grand voyageur, avait apprit les rudiments d’arts-martiaux de diverses contrées et en avait fait profiter son fils. En ce jour, ce dernier apprenait à Hercule le jeu de jambe.

- Tes pieds sont trop à plat, met toi sur les pointes !
- Pourquoi faire ?
- Ca te permettra d’être plus réactif, plus aérien, comme si tu étais sur ressort.
- Et j’attaque quand ? demanda le jeune impatient, tout en sautillant
- Quand tes déplacements auront créés un déséquilibre chez moi, de mon corps ou de ma pensée.
- Facile !

Hercule s’approcha de son père, à petits pas bondissants, et donna un crochet droit bien trop large. Volnia l’évita facilement, d’un simple pas en arrière. Il riposta gentiment en tirant énergiquement sur la manche droite du t-shirt de son élève. Hercule, pris dans l’élan de son attaque, posa un genou à terre. Il se redressa aussitôt, le visage fermé et fit deux autres essais, tout aussi infructueux. Il tenta une feinte, une « demi-marche », ayant pour but de faire réagir son père trop tôt, mais celui-ci n’était pas né de la dernière pluie et ne bougea pas d’un centimètre. Hercule, décontenancé, tenta un coup de pied inutile, dont Volnia se saisit d’une main ferme. Il balaya la jambe d’appui de l’enfant, qui chuta lourdement. La tête du jeune garçon frappa le sol et ce fut le noir complet : il venait de perdre connaissance.

- Hercule, ça va ? Répond moi ! demanda Volnia, inquiet, se précipitant auprès de son fils.

Ce dernier ne réagit pas, même s’il entendit la voix, comme perdue au loin dans le vent. Il se dirigeait vers la grande bleue, volait vers elle, puis y plongeait à toute vitesse. Il fondait sur un banc de poissons, des poissons énormes… bleus argentés.
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Message par RMR » Ven Juin 25, 2010 2:11 pm
L'histoire progresse et l'intérêt est conservé. je me demande tout de même comment on va passer de cet enfant sérieux, mature, protecteur et taciturne à un Satan arrogant, trompeur mais cachant un cœur d'or sous ses gros muscles. Qui lira verra!


Message par Kame-boy » Ven Juin 25, 2010 2:18 pm
Merci RMR.
Son caractère va évoluer vers celui que l'on connaissait déjà à travers Dragon Ball, mais de façon assez progressive, même si ce ne sera pas linéaire. Je ne peux dire que ça pour l'instant ;) En tout cas, comme tu l'as remarqué, Hercule est déjà protecteur étant enfant et il l'est dans DB avec sa fille Videl, c'est déjà un lien que l'on peut faire entre l'enfant et l'adulte.
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Re: [Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Messagepar Kame-boy le Ven Août 26, 2011 14:35

Un petit commentaire les gens ? ;) Ce n'est pas parce que je reposte la fic, qu'elle n'est plus "neuve", que vous ne pouvez plus la commenter ^^ Voici le chapitre 5 :


Chapitre V

Les yeux de l’enfant s’ouvrirent brusquement. Sa vue était trouble, il voulut tout de même se lever mais la douleur le freina dans son élan. Il posa la main sur son crâne et s’aperçut que celui-ci était bandé. Volnia l’avait soigné et installé sur son matelas, dans le magasin.

- Ne bouge pas mon petit, tu as fait une lourde chute, il te faut du repos, conseilla Volnia, visiblement très soulagé.
- Je veux aller pêcher !
- Ca ne te réussi pas tu sais, tu es malade à chaque fois. Après réflexion, je pense finalement que tu devrais plutôt te concentrer sur l’école et les arts-martiaux. Enfin, on verra quand tu iras mieux, repose toi pour être en forme ce soir. Ce serait dommage d’être éreinté, surtout aujourd’hui .
- Non ! cria Hercule, à la grande surprise de son père.

Hercule se leva, fit quelques pas chancelants et se dirigea vers la porte menant à l’extérieur. Volnia voulu l’en empêcher calmement mais le jeune colosse le poussa et l’obligea ainsi à reculer d’un bon mètre. L’enfant sorti et commença sa marche vers l’est.

- Qu’est ce que tu fais ? En plus tu ne prends même pas de matériel ! dit Volnia qui suivait Hercule de près.
- Laisse-moi !
- Sois raisonnable, demanda plus fermement l’homme mûr, posant une main sur l’épaule de son fils.
- Je t’ai dit de me laisser ! hurla Hercule, se retournant vivement, le regard noir planté dans celui de son père.
L’enfant leva le poing et dû faire un violent effort pour ne pas l’enfoncer dans le visage qui lui faisait face. Volnia, choqué, décida de ne plus retenir Hercule mais de le suivre malgré tout.

Il fallait d’habitude deux heures pour atteindre les côtes, en marchant d’un bon pas mais, cette fois, il en fallut à peine une et demie. Hercule s’élança dans l’eau salée et, sans perdre un instant, se mis à nager. Sans aucune retenue, l’esprit follement fixé sur un unique objectif. Volnia essaya tant bien que mal de rester dans son sillage mais il n’était plus de prime jeunesse et il se fatigua rapidement. Ils parcoururent ainsi plus d’un kilomètre et l’enfant s’arrêta net. Il inspira profondément et s’enfonça dans l’eau froide. Il revint à la surface une vingtaine de secondes plus tard, essoufflé. Il recommença, sans plus de succès, même s’il resta plus longtemps sans respirer. Rien ne semblait pouvoir l’arrêter, il plongeait, remontait, plongeait, remontait, prit dans un manège malsain. Il ne prenait même plus la peine d’attendre quelques secondes, le temps que son rythme cardiaque baisse, n’avait plus conscience de la douleur, de ce qui l’entourait. Alors que son fils venait de passer plus de quatre longues minutes dans les profondeurs, Volnia attendit qu’il réemerge et le saisit au vol. Il tenait fermement le col du jeune fou et avait bien l’intention de ne pas le lâcher.

- Tu es malade, arrêtes toi ! Si tu ne m’obéis pas, je t’y forcerais !
- Lâche-moi ou je te tue !
- Comment peux-tu dire ça ? répondit Volnia, choqué.
- Lâche-moi !

L’homme ne céda pas. Un hurlement primaire, venant du plus profond des entrailles d’Hercule, le fit pourtant sursauter. L’enfant décocha un terrible coup de poing, sans une once d’hésitation. Volnia, sonné, passa la main sur sa lèvre inférieure et vit, sans vraiment comprendre, qu’elle était teintée d’un rouge sang. Il secoua la tête pour reprendre quelque peu ses esprits et devina une silhouette se préparant à replonger dans son circuit destructeur. Il sauta sur son fils et le serra dans ses bras, afin de le protéger. Hercule, malgré l’eau qui freinait ses mouvements, put donner un coup de genou suffisamment puissant dans le genou de son père. L’étreinte relâchée, il put se libérer et disparaitre à nouveau. Cette fois, Volnia, bravant la douleur, se lança à sa poursuite. Il réussit à agripper la cheville du possédé et le tira vers lui. Hercule tenta plusieurs crochets, qui ne trouvèrent pas leurs cibles. En temps normal, Volnia évitait la plupart des ses coups alors, ceux-ci, ralentis par l’élément liquides, n’avaient aucune chance d’aboutir. Mais l’attention du pêcheur fut détournée, il vit un point blanc sous ses pieds, qui grandissait ou bien s’approchait. Cet instant de déconcentration lui fut fatal, le poing de son fils vint se loger dans sa mâchoire et le paralysa quelques secondes. Hercule, fou de rage, se déchaina dans un tourbillon aveuglant, frappa tout ce qui était à sa portée, ventre, foie, côtes, crane… Il remonta ensuite à la surface, vidé de ses forces. Sur le dos, se laissant porter par les flots, il dit d’une voix déchirante :

- Je te hais, tu as tué maman !

Volnia, toujours en apnée, était mal en point mais conscient. Il ne put cependant remonter, quelque chose le retint soudainement… ou plutôt quelqu’un. Il baissa la tête et fut glacé d’effroi. Zmyéya, le vil serpent, serrait dans sa main écailleuse le pied du pauvre humain. Sa peau d’une blancheur irréelle brillait dans l’eau. Il se délecta du regard paniqué de sa victime, de longues secondes, très longues secondes, puis se dirigea à une vitesse folle vers les profondeurs, emmenant avec lui sa proie. Pouvant parler dans cet élément aqueux qui ne s’y prêtait pourtant pas, il siffla :

- Je n’ai finalement pas eu à faire grand-chose, la haine et l’amour ne sont que deux faces de la même pièce, je l’ai remarqué lorsque le petit t’as malmené dans la grotte. Il suffisait d’attendre que ses sentiments pour toi grandissent, les bienveillants de la surface et, en parallèle, les haineux de l’ombre.

Volnia sentait son âme le quitter progressivement, il devenait peu à peu simple spectateur, écoutait son bourreau comme dans un rêve.

- Merci de ne pas me couper la parole, j’apprécie ! dit le sorcier en se moquant de l’homme. Vois-tu, je n’avais donc plus qu’à trouver un moyen de retourner cette pièce. Quoi de mieux dans ce cas que le souffle de l’obsession, qui renverse l’esprit, le met sans dessus-dessous ? Une faim d’amour, celui de sa mère adoptive, que j’ai transformé en une véritable faim, démente, dans le premier sens du terme. Une faim pour ce beau poisson, inaccessible lui aussi. Tu t’es dressé une première fois entre lui et sa mère, tu as recommencé une autre fois aujourd’hui, sans t’en rendre compte, tu en paye le prix.

Les larmes de Volnia se mêlaient à l’eau, il ne pensait plus, il ressentait. Tout remontait à sa surface, l’amour qu’il avait pour ses trois enfants, la frustration de ne pas connaitre Mordjé, l’attraction qu’il avait ressentit en la voyant la première fois, le déchirement en la voyant mourir, sa complicité très particulière avec Hercule… Les sentiments, en un fourmillement de bulles, formèrent une nuée si dense que celle-ci explosa, laissant l’esprit de Volnia reposer en paix. Il venait de rendre l’âme, avant que la pression des profondeurs ne puisse lui faire encore plus de mal.

Zmyéya se rendit compte qu’il ne trainait plus qu’un cadavre et stoppa sa descente. Il regarda vers la surface et sembla songeur. Un sourire glacial barra son visage.

- Finalement, je crois que j’ai une meilleure idée. En attendant, je vais parachever mon œuvre.

Sur ces mots, il lâcha le pied de Volnia, regarda quelques instants ce dernier flotter comme un pantin et, d’un geste vif de sa main aux écailles coupantes, lui ouvrit le ventre. Les vicères de feu-Volnia, accompagnées d’un flot de sang, se mêlèrent avec violence à l’eau. Dans un mouvement morbide, elles si dirigèrent vers la surface, suivit par un corps désarticulé. Zmyéya regarda ce beau petit équipage se rapprocher d’Hercule, les yeux luisants de plaisir. L’expression de son visage changea brusquement, laissant la place à la surprise et au mécontentement. Un « geyser », dont la chaleur ne pouvait que lui déplaire, fondait sur Volnia.

- Mor… Mordjé ?!

En effet, la mère d’Hercule, qui s’était échappée on ne sait comment de la bulle du sorcier, n’avait plus forme humaine. Elle s’était sacrifiée, s’était laissée consumer par le pouvoir de Zmyéya. Elle ne le subissait pas mais, au contraire, se l’était approprié, l’avait utilisé pour devenir cette pure forme d’énergie, de bienveillance. Elle rejoignit son bien-aimé et l’entoura de tout son être. Une aura, tout d’abord vacillante comme un sanglot, apparut et envahit cet espace, aveuglant le vil serpent des profondeurs. Volnia était à présent statique, paisible, on pouvait même croire qu’il souriait. La lumière continua à gagner en intensité et enveloppa complètement l’humain, de sorte qu’on ne le voyait plus, puis disparut en un éclair. Volnia n’était plus là, ni la surprise ensanglantée destinée à l’enfant, il ne restait plus qu’une atmosphère paisible qui faisait trembler Zmyéya de rage. Il regarda la surface du coin de l’œil, dans une colère froide, et s’élança vers sa demeure. Il passa à travers la fine membrane transparente et se retrouva au milieu de ses enfants. Ses globes oculaires se balancèrent frénétiquement, il cherchait quelqu’un. Ses fils et filles, aux âges diverses, le regardaient tous avec les mêmes grands yeux emplis de craintes. Le regard de Zmyéya se fixa.

- Toi ! Comment as-tu osé ?!

Un garçon d’environ 11 ou 12 ans, ressemblant beaucoup à son frère Oxotnik, mais plus large et chevelu que ce dernier, était appuyé contre la paroi de la bulle. Il ne tremblait pas du tout et tentait de faire bonne figure, malgré son visage crispé.

- Je crois que vous vous trompez, père.
- Pas du tout, tu es le seul auquel j’ai donné la faculté de révéler les pouvoirs enfouis, c’est comme cela qu’elle a pu détourner ceux que j’avais placés en elle et s’enfuir, petite ordure de traitre !
- Mais, j…

L’enfant n’eut pas le temps de finir sa phrase. Sans autre forme de procès, Zmyéya l’attrapa par les cheveux, le tira à une vitesse prodigieuse hors de la sphère et l’égorgea. Il attendit que suffisamment de sang monte à la surface et jeta le cadavre sous les yeux de sa progéniture, à titre d’exemple. Il fallait être prudent, il avait sans aucun doute sous-estimé l’affection que Mordjé suscitait.

Hercule, toujours allongé sur l’eau, reprenait petit à petit ses esprits. Il se redressa et fit plusieurs tours sur lui-même. Il cherchait Volnia. Il commença à paniquer et eu du mal à respirer convenablement. Il s’arrêta de bouger, sentant une chaleur peu agréable, car accompagnée d’une odeur nauséabonde et d’une matière visqueuse. Il fut paralysé lorsqu’il comprit ce qui l’entourait et ce que cela pouvait signifier : du sang ! Il du faire un effort surhumain pour balbutier ces quelques mots :

- P… papa, c’est pas possible ! Je t’ai t… tué ?! Qu’est ce que j’ai fait ?!

Il se tint la tête à deux mains et hésita même à la frapper. Il se mordait les lèvres à s’en blesser, serrait les poings si fort que cela le faisait souffrir. Il tentait d’atténuer l’immense choc mental par des douleurs purement physiques. Il utilisa tout le courage qui lui restait, ainsi que les images de son frère et de sa sœur, pour nager et quitter cet endroit. Il arriva sur la côte, essoufflé, puis se dirigea vers le village, la tête basse.

Hercule franchit la porte de sa maison trois longues heures plus tard. Il avait séché ses larmes, se tenait droit, même si une intense crispation de la mâchoire trahissait son mal-être. Byétjer et Printsir, visiblement inquiets, étaient assis sur le matelas de Volnia. Ils se levèrent comme un seul être et retrouvèrent le sourire en voyant leur frère. Ils se rendirent compte alors que celui-ci était tendu et tempérèrent leur enthousiasme.

- Où étais-tu ? Nous nous sommes inquiétés, dit l’aîné.
- Je… je suis allé dire au revoir à Volnia…
- Comment !? fit Printsir, accompagné par un sursaut de sa petite sœur.
- Il est parti… loin… pour… (Hercule cherchait ses mots) pour me chercher un fabuleux cadeau d’anniversaire.
- Mais c’est aujourd’hui, pourquoi il part maintenant ?! demanda le frère d’Hercule, décontenancé.
- Je ne sais pas. Il ne pouvait sûrement pas faire autrement.
- Il revient quand ?
- Je ne sais pas… mais il a dit qu’il nous donnerait bientôt des nouvelles.

Printsir ne répondit pas, très inquiet, mais fit mine d’être soulagé, afin de ne pas gâcher le 11è anniversaire de son frère, le 22 septembre, jour choisi car étant celui du sauvetage d’Hercule par Mordjé (mais cela les enfants l’ignorait). Avec leur maigre argent de poche, Printsir et Byétjer avaient achetés à leur frère un petit globe terrestre, pour qu’il puisse voir où se trouvaient les océans qu’il n’avait pas encore visité. Hercule, touché par ce cadeau et bouleversé par le drame qu’il venait de vivre, serra très fortement sa petite famille étonnée dans ses bras. Ils décidèrent de ne pas trop trainer et allèrent se coucher, le cœur lourd, dû à l’absence de leur père. Hercule, quant à lui, aussitôt le seuil de sa chambre franchi, lâcha toute sa peine d’un coup, tout ce qu’il avait contenu pour protéger les deux seules êtres chers qui lui restait.

1 mois plus tard, plus précisément le 1er Novembre. Sur la porte du magasin de Volnia, on pouvait lire, griffonné sur de l’épais carton cloué : «Ouvert seulement le week-end ». Celle-ci s’ouvrit, poussée avec énergie par Hercule. Le ton exagérément enjoué, il cria :

- Allons-y, ça serait bête d’arriver en retard le premier jour !

Les trois enfants portaient leur tenue habituelle, tee-shirts unis aux bruns/beiges discrets, pantalon de toile pour les garçons, robe arrivant aux genoux pour leur sœur. Sur leur dos, de vieux cartables en cuir, que Volnia avait lui-même porté à leurs âges, résistaient plutôt bien et faisaient honneur à cette transmission. Pour marquer ce jour particulier, nos jeunes élèves avaient juste cirés avec soin leurs chaussures et s’étaient coupés les cheveux (avec plus ou moins de réussite). Hercule était en tête du petit cortège, suivi par sa sœur. Printsir fermait la marche. En moins de 5 minutes, ils arrivèrent devant l’école du village. Ce bâtiment de cinq mètres de haut, à deux étages, était en plâtre (matériau peu utilisé dans les environs). Les fissures relativement discrètes, parcourant de-ci de-là les murs, indiquaient l’âge relativement élevé de ce lieu. Sa blancheur contrastait avec le chaud paysage alentour et n’invitait pas à l’amusement. Un petit attroupement s’était déjà formé près de la grande entrée semi-circulaire de l’établissement scolaire, le seul à 40 kilomètres à la ronde. L’écart d’âge pouvait donc être assez important. Il y avait tout de même deux classes, disposant chacune d’un étage. La première était réservée aux 5-9 ans et la seconde aux 10-14 ans. A l’approche de la famille Chtorm (nom sous lequel Volnia les avait adopté), les discussions se firent plus discrètes et les regards suspicieux. Hercule fusilla du regard un adolescent plus âgé de 2 à 3 années et ce dernier détourna aussitôt le regard. Le jeune colosse procéda de la même manière avec quelques autres épieurs mais il se sentait toujours encerclé. Il prit alors sur lui pour aller contre sa nature et, suite à une inspiration libératrice, exprima à plein poumons :

- Voici ma sœur Byétjer et mon frère Printsir, enfants de Volnia. Le premier que j’attrape à les regarder de travers aura affaire à moi, Hercule !

Cette simple phrase suffit, momentanément, à impressionner la jeune assistance, qui peu à peu s’écarta des trois enfants et reprit le cours de ses occupations. Tout le monde sauf un enfant. Un petit bonhomme natté d’une dizaine d’années, mesurant aux alentours de quatre-vingt centimètres, observait le colosse d’un œil torve.
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Re: [Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Messagepar Kame-boy le Sam Août 27, 2011 16:21

Voilà le 6ème chapitre, tout beau tout chaud :mrgreen: J'espère qu'il vous plaira.

Au fait, j'aimerais que quelques dessinateurs en herbe illustrent certains passages alors, si ça vous tente, vous pouvez d'ors et déjà poster ici même quelques dessins ;)


Chapitre VI

Une institutrice proche de la trentaine invita les élèves à entrer. Elle avait les cheveux châtains, attachés avec un ample foulard, le visage exprimant une certaine timidité. Elle portait une large robe aux couleurs chaudes, en harmonie avec cette saison jaune-orangée. Byétjer resta en bas avec ses camarades de la petite section, tandis que Printsir et Hercule montèrent les escaliers de bois grinçants menant à l’étage. Accompagnés par la jeune professeur, ils arrivèrent dans une grande salle de plus de cinquante mètres carrés, aux murs blancs couverts de cartes et de frises. Hercule s’assit au fond de la pièce, non pas pour s’adonner à des activités de cancre mais pour éviter toute attaque provenant de derrière. Les nombreux drames qu’il avait vécu, dans sa pourtant si courte vie, le conduisaient à un degré de méfiance extrême. Il demanda fermement à son frère de s’installer à ses côtés. Après les présentations d’usage, l’enseignante nommée Briz leur demanda d’écrire une rédaction racontant leurs vacances. Les fils de Volnia échangèrent un regard exprimant leur tristesse et leur embarras. Tout ce qu’ils avaient fait cet été était lié à leur père disparu, ils ne voulaient pas en parler à une inconnue et encore moins à une classe d’une quarantaine d’individus. Le cadet avait même souvent répété à sa petite famille que montrer ses failles était inconcevable pour être respecté et réussir dans la vie. Ils furent donc tout deux bloqués une interminable heure et, à la fin de la matinée, ne purent rendre un travail satisfaisant. Hercule rendit même une page blanche. L’institutrice se présenta devant lui pour ramasser sa copie et, lorsqu’elle vit celle-ci, fronça légèrement les sourcils.

- Et bien, ça promet ! Dès le premier jour tu n’es pas sérieux ! dit-elle sur un ton embarrassé.

L’enfant planta son regard noir dans celui de la jeune femme, afin de l’impressionner, mais ne put cacher l’humidité et la rougeur de ses yeux. Son émotion se manifestait discrètement mais Briz s’en aperçut tout de même. Attendrit, elle passa sa main dans les cheveux d’Hercule et lui dit dans un léger sourire :

- D’accord Hercule, tu as sûrement des difficultés à l’écrit, je t’aiderais, ne t’inquiètes pas. Ton frère n’a pas écrit beaucoup, vous n’avez jamais été scolarisés, n’est-ce pas ?
- Oui, répondit Printsir, avant nous habitions près de la montagne, loin de l’école.
- Je comprends, soyez tranquilles.

Elle ramassa les quelques rédactions restantes puis indiqua qu’il était l’heure de déjeuner. Elle quitta la pièce pour rejoindre son collègue, la salle des professeurs se trouvant juste à côté de la classe de petite section. Les enfants se retrouvaient donc seuls à l’étage pour manger. Certains d’entre eux se retournaient parfois pour regarder Hercule, puis pouffaient de rire en se croyant discrets. Le colosse entendait quelques bribes de conversations chuchotées :

- Il est costaud mais il pleure facilement…
- Il doit encore faire pipi au lit…
- Le pauvre petit, il s’est fait disputé par la « maîtresse » …
- Quelle petite nature…

Hercule en tremblait de rage mais la main apaisante de son frère sur son épaule le dissuada d’aller fermer le clapet de ces insolents.

L’après–midi de classe ne connue pas d’événement particulier et ce fut l’heure du retour à la maison. Alors que le toit de l’établissement abritait encore les jeunes élèves, une fine pluie était tombée. Quelques flaques d’eau s’étaient donc formées de-ci delà. Hercule, Printsir et Byétjer rentraient alors chez eux d’un pas prudent. Le premier nommé était toujours couvé par le regard peu franc du petit bonhomme natté.

Une fois arrivés à destination, le leader de la famille ouvrit la porte du magasin et laissa passer sa sœur puis son frère. Alors qu’il allait entrer à son tour, un sursaut l’empêcha d’avancer. Une flaque, sans raison apparente, tremblait et formait des ondes à sa surface. En son centre, on voyait un reflet, celui d’une jeune femme… Mordjé. Hercule resta quelques secondes les yeux exorbités, saisi par l’émotion. Pour se convaincre qu’il rêvait, il ferma les yeux et secoua la tête dans tout les sens. Lorsqu’il regarda à nouveau l’eau, il n’y avait plus rien d’anormal. Il se donna une petite claque pour se remettre les idées en place et put rentrer enfin chez lui.

Le lendemain matin, Byétjer se réveilla la première, comme souvent. Habituellement, elle secouait Hercule qui dormait sur le matelas de Volnia, puis montait faire de même avec Printsir. Mais, cette fois, elle s'abstenue et sortit le plus discrètement possible de sa chambre. Son frère se réveilla, grommela et cacha son visage sous sa couverture. La fillette marcha à pas feutrés jusqu’à la porte et y plaqua son oreille. Son regard se fit un peu plus dur, comme si un mauvais pressentiment se confirmait. Elle ne pouvait atteindre la serrure et verrouiller la porte et décida alors d’utiliser une chaise pour bloquer le passage. Le bruit qu’elle fit, en s’escrimant à caler correctement le meuble, réveilla Hercule. Il se leva d’un bond, prêt à se défendre. Lorsqu’il constata qu’il s’agissait de sa sœur, il se décontracta quelque peu et lui fit un petit sourire. Il regarda la pendule accrochée au-dessus de l’entrée, elle indiquait 7h15 du matin.

- Qu’est ce que tu fais si tôt, Byétjer ?
- Y arrivent !
- Qui ça ?
- Des méchants garçons !

Hercule, qui croyait toujours son énigmatique sœur, ajusta doucement la chaise et conduisit Byétjer dans sa chambre. La petite ouverture que l’on pouvait y trouver était inaccessible à la fillette mais pas à un grand gaillard comme lui. Il dû faire quelques efforts pour s’extirper de cette fenêtre improvisée et retomba en une discrète roulade, sur le côté de la maison. Il longea le mur, tel un commando en mission, et jeta un œil en direction de la porte d’entrée. Il n’y avait personne. Par contre, cinquante mètres plus loin, un groupe de quatre adolescents s’approchait du magasin. Il se demanda quelle était la meilleure attitude à adopter et il décida d’attendre sagement dans cette position, afin d’avoir plus d’éléments. Son poing serré montrait tout de même que cela le démangeait d’en découdre. Une fois arrivés devant la porte des Chtorms, les jeunes gens observèrent l’endroit pour être sûrs qu’ils ne s’étaient pas trompés. Ils étaient visiblement de classe modeste, leurs jeans et tee-shirts étant usés et troués. Le plus grand de la bande affirma :

- C’est bien ici ! Laissez moi faire !

Il toca. Aucune réaction. Il toca à nouveau. Toujours rien.

- Qu’est ce qu’on fait ? On attend qu’il sorte ? demanda le plus jeune garçon, un blond aux cheveux duveteux.
- Non ! On a bien eu comme consigne de le faire avant l’heure des cours.
- Oui, il doit avoir le temps de reprendre ses esprits pour aller en classe après, compléta un troisième enfant de ce même groupe.

Le leader pris l’initiative de donner des coups d’épaule dans la porte mais son corps relativement frêle ne put logiquement en venir à bout. Il réfléchit quelques secondes et décida de faire le tour, à la recherche d’une autre entrée. Ils commencèrent par la droite, à l’opposée de la position d’Hercule. Celui-ci pensa aussitôt à son frère, dont la fenêtre se trouvait au dos de la maison. Il longea à nouveau le mur et ses craintes se vérifièrent. Le garçon qui n’avait pas encore parlé, un brun ténébreux, faisait la courte échelle à son chef. Ce dernier n’était plus qu’à deux doigts d’atteindre la bordure. Hercule se crispa, banda tout ses muscles, prêt à bondir sur ces inconscients. Ses pieds se mettaient doucement sur leurs pointes, les ressorts de ses jambes prêts à le faire décoller. Mais un craquement, suivi d’un hurlement, le surpris et le cloua sur place. D’ailleurs, la cause en était un marteau. La personne qui le tenait n’était autre que… Byétjer. Elle était fière de son coup, une expression malicieuse aux lèvres. Le chef de la bande, une larme démesurée à l’œil, soufflait énergiquement sur un doigt devenu presque aussi gros que sa tête. Très énervé, il voulut se faire justice lui-même et sauta en direction de la fenêtre. Son saut ne put faire que la moitié du chemin prévu, abrégé par le marteau lancé délicatement sur le haut de son crâne. Une grosse bosse y poussa tel un champignon et le jeune garçon se retrouva les quatre fers en l’air, sonné, les yeux formant des tourbillons. Ses très courageux camarades prirent leurs jambes à leur cou. Hercule en était médusé, bouche bée. Il s’approcha, méfiant, de l’adolescent de 14 ou 15 ans et constata que celui-ci reprenait doucement connaissance. Il le souleva par le col et le secoua énergiquement, tout en disant :

- Toi ! Qu’est ce que tu nous veux ? On a rien demandé à personne ! Si t’es venue me chercher, tu vas me trouver !
- S’il te plait, ne me frappe pas, supplia l’inconnu.

Ces paroles endormirent la vigilance d’Hercule, qui ne vit pas arriver le pied du perturbateur dans son tibia. Il le lâcha aussitôt et, prestement, se mis en garde. L’adolescent lança un regard moqueur à son adversaire.

- Ce n’est pas ce qui était prévu mais ça sera sûrement mieux ainsi, pensa t-il, avant de prendre la poudre d’escampette.
- Attends, lâche ! cria Hercule.

Une course-poursuite s’engagea. Ce n’était pas la spécialité de l’enfant, qui ne put reprendre un pouce de terrain. Moins de trois minutes plus tard, le plus âgé des deux jeunes gens dessellera puis se retourna. Il faisait face à Hercule, prêt à le défier. Surpris, le jeune colosse arrêta de courir et regarda l’inconnu d’un air suspicieux. Ils se trouvaient à cet instant juste devant l’école, dont l’horloge indiquait 7h30.

- Bon, il ne me reste pas beaucoup de temps ! pensa l’adolescent, concentré.

Il s’élança et tenta un coup de pied aérien, spectaculaire mais inefficace, Hercule ayant eu tout le temps de se baisser. Son second essai connu le même sort. Le petit voyou décida de changer de méthode et enchaina coups de poing sur coups de poings, à diverses hauteurs, obligeant son adversaire à se contorsionner. L’un d’eux trouva sa cible, le pectoral gauche de l’enfant, mais fut sans effet. La riposte ne se fit pas attendre, les phalanges d’Hercule écrasèrent le nez de l’imprudent. Celui-ci saignait abondamment mais n’y prêta pas attention, sa motivation était bien trop forte. Il ne sembla pas retenir la leçon et réutilisa la même technique.

- Qu’il est bête, pensa le leader de la famille Chtorm.

L’adolescent, visiblement fatigué, donnait des coups de plus en plus larges et imprécis. Certains passaient même à plus d’un mètre de la partie du corps visée.

- En plus, tu n’as pas une bonne condition physique, ton compte est bon ! dit Hercule à son agresseur.

Ce dernier lui répondit en riant. L’enfant, décontenancé, vit passer un poing à quelques centimètres de sa tempe gauche puis, aussitôt, alors que le bras de son aîné n’était toujours pas replié, la même attaque de l’autre côté. Ainsi, l’attaquant avait ses deux membres tendus de part et d’autre de la tête d’Hercule. Ses paumes, tels des cymballes, claquèrent les joues du colosse qui, sonné, perdu le sens de l’orientation. L’adolescent garda ses mains en place et agrippa le cou à sa porté. Il immobilisa ainsi Hercule et lui donna une dizaine de coups de genou, tout en prenant soin de le ballotter à gauche et à droite, afin qu’il ne sache plus où il se trouvait.

- Tu es peut-être costaud mais ton foie n’est pas plus résistant qu’un autre, affirma le voyou.

Il illustra ses propos en plantant sa rotule dans l’organe en question. Hercule ouvrit grand la bouche mais aucun son n’en sortit. Seul sa volonté lui permis de rester debout. Il avait les jambes pliés, tremblotantes, suait à grosse gouttes ; nul doute qu’il n’était plus en état de se battre.

- Et maintenant, le clou du spectacle ! pensa l’adolescent, mal attentionné.

par RMR » Mar Juil 06, 2010 2:46 am
Amusante, la scène du marteau! Et le combat est bien expliqué!


par Kame-boy » Ven Juil 09, 2010 1:22 pm
Merci fidèle lecteur RMR ;) C'est vrai que j'ai voulu apporter une touche d'humour supplémentaire dans ce chapitre, tout en ne lui laissant pas trop de place, afin de faire la transition tout en douceur avec la partie plus humoristique de l'histoire ^^

J'espère que d'autres lecteurs appréciant l'histoire se manifesteront pour m'encourager à continuer ;)
"L'histoire de Mr Satan", fanfic de 2010 à présent terminée (et reconstituée suite à un hackage en 2011), espère vous plaire et n'aurait rien contre quelques commentaires ;)
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"Le Chaos pour racines" est une fanfic qui met en scène 10 "avatars" créés par des membres du forum. J'espère qu'elle plaira aussi aux autres forumeurs ^^
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Re: [Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Messagepar Kame-boy le Sam Août 27, 2011 16:24

Voici le 7è chapitre. J'espère que l'histoire plait, sinon dites le moi, je peux difficilement m'améliorer si je n'ai pas vos avis :wink:
Merci d'avance à ceux qui liront la suite et laisseront un petit mot d'encouragement ^^


Chapitre VII :

Le regard fourbe de l’adolescent balaya les environs. Ce dernier dit, d’une voix assurée :

- C’est bon Jagaa, il est à toi !

À cet instant, un enfant natté d’une dizaine d’année, de taille bien plus petite que la moyenne, fit son apparition. Il avait attendu son heure, caché derrière l’école. Ses joues légèrement tombantes, sa large mâchoire, ainsi que son regard fier lui donnait des allures de Pit Bull. Hercule avait l’impression de l’avoir déjà vu. À juste titre, puisqu’il s’agissait du garçon qui le surveillait du coin de l’œil depuis le premier jour de classe. Le prénommé Jagaa s’avança et vint se placer sous le nez du colosse, afin de bien mettre en évidence leurs quatre vingt centimètres d’écart. Il profita quelques secondes de l’ironie de la situation, du plaisir d’être dans la peau d’un David affrontant Goliath. Hercule, tremblant à la fois de rage et de douleur, visa de son poing le visage de cet insolent. Le petit combattant, tel un lapin Duracell, agita ses gambettes à toute vitesse et pu esquiver le coup en passant entre les jambes du géant. Du plat du pied, il poussa violemment le postérieur d’Hercule, qui se retrouva face contre terre. Le fils de Volnia serra les dents, grogna, puisa dans ses dernières forces pour se relever, mais en vain. Jagaa s’agenouilla pour approcher son visage de la victime, le narguer une dernière fois, avant le coup de grâce. D’un coup du tranchant de la main bien placé, il fit perdre connaissance au grand enfant. Puis il s’assit en tailleur, tournant de temps à autre la tête vers la pendule de l’école : 7h40… 7h50… 7h55… enfin les premiers brouhahas se firent entendre. Quelques silhouettes se dessinèrent au loin, celles étirées des parents accompagnant les plus menues de leur progéniture. Le petit bonhomme se leva brusquement, et posa un pied sur le dos de sa « proie ». D’un geste rapide du doigt, il ordonna à son collaborateur de partir. Celui, comptant ses billets fraîchement acquis, ne se fit pas prier.

Hercule sortait progressivement du brouillard. Il ne voyait rien, seul un murmure continu se précisait, venant de loin pour devenir peu à peu concret. Il pouvait maintenant distinguer de la consternation, de l’étonnement et même des rires. Il se retourna péniblement et un panorama surréaliste s’imposa à lui. Tout autour, figés comme des statues, plusieurs dizaines de paires d’yeux le fixaient. Rieuses, coléreuses, étonnées, consternées, mais aucune à laquelle se raccrocher. Aucune sauf celles désolées de son frère et de sa sœur, qu’il vit enfin après quelques secondes d’égarement. Printsir, qui avait un sommeil profond et peu l’habitude de se réveiller par lui-même, était hors d’haleine. Il avait sprinté au maximum de ses possibilités pour arriver à temps à l’école, d’autant plus que l’attitude de Byétjer lui avait fait sentir que cette matinée n’était pas normale. Hercule était soulagé par la présence de sa famille mais cela n’était pas suffisant face à sa première humiliation. Sa toute première humiliation. Il avait déjà souffert de nombreuses fois ces dernières années, eu le ventre noué, la poitrine secouée, le cœur fracassé mais jamais cette sensation de souillure profonde, de viol de sa fierté. Il se leva avec peine et le cercle oppressant, l’arène de pupilles, lui donna le vertige. Il fut obligé de rejoindre sa famille tête basse, sans même regarder l’imposteur. Celui-ci se permis de tapoter, de manière faussement amicale, le bras du colosse. Hercule grimaça mais poursuivi son chemin laborieux, trop centré sur l’image sale qu’il avait de lui même pour en vouloir à quelqu’un. Il essaya de profiter de la chaleur de ses deux êtres chers mais ce ne fut qu’une goutte d’eau dans un immense désert. Il resta ainsi prostré toute la journée, le visage dirigé vers sa table. Le lendemain ne fut pas meilleur, les jours suivants non plus. Dans son monde, il évitait tout contact visuel ou tactile, finissait par banaliser les moqueries quotidiennes. Le week-end arriva, en traînant.

Le samedi, en fin de matinée, Hercule revint de la pêche avec une dizaine de pauvres poissons, comme d’habitude. Il portait sa tenue de travail, une large combinaison bleue marine en matière imperméable, munies d’une capuche et de dizaines de poches de toutes tailles. Ses bottes martelaient le sol et renforçaient la lourdeur de sa démarche. Le grincement de la petite cariolle qu’il tirait derrière lui allait de paire avec son visage tendu. À une centaine de mètres de chez lui, il fit une pause, s’étira un peu et passa la main dans ses cheveux ébouriffés. Il ne se coiffait presque plus depuis son agression. Il puisa le liquide dans laquelle trempait encore les poissons, avec sa large paume, et passa celle-ci sur son front et ses yeux. Lorsqu’il eu fini, il resta immobile. Ce qu’il voyait à présent l’empêchait même de respirer. L’eau qu’il restait dans le fond du bac fit remonter à sa surface l’image d'un être cher : Volnia. Et, avec lui, sa douleur, sa bouche implorante, ses yeux s’éteignant. Hercule, sous le choc, dû s’appuyer de tout son poids sur le bord de la cariolle pour ne pas tomber. Le contenu, lui, se retrouva au sol. Hercule le ramassa, chancelant, et repris sa route tant bien que mal. Derrière lui, il laissait un peu d’eau, une flaque étrange, dans laquelle se dessinait une bouche satisfaite, un regard globuleux… le visage de Zmyéya.

Quelques heures plus tard, alors que Printsir revenait à peine d’une livraison express dont il avait le secret, Hercule lui confia une nouvelle barquette de poisson.

- Celle-ci, c’est pour la grande maison près du vieux noyer, le client au téléphone avait l’air pressé.
- Ok, j’y vais tout de suite !

L’aîné récupéra quelques secondes et se lança dans un nouveau sprint effréné. Son cadet, pendant ce temps, comptait les maigres billets de la précédente vente.

- C’est la misère, hein ?! tonna une voix, qui fit sursauter Hercule.

L’enfant releva doucement la tête, craintif. Comme il le craignait, devant lui se dressait le principal pollueur de sa confiance : Jagaa. Chez lui, dans sa propre maison, il pensait être capable de soutenir le regard narquois de ce petit Pit bull. Il ne fit que retarder l’échéance.

- C’est donc ici que tu vis, c’est pas folichon ! Les affaires vont bien ? Tu as vendu combien de bestiaux aujourd’hui ?
- Trois pour l’instant, répondit Hercule, fixant le sol.
- Il est presque midi, ne crois pas que tu en vendras plus ! Tu dois pas manger à ta faim tout les jours.
- S… si
- Je te crois pas !
- …
- Ecoute, si je suis venu jusque dans ton trou c’est parce que je peux te proposer quelque chose d’intéressant, pour toi et pour moi !
- Je… je sais pas…
- Ne réponds pas avant que j’ai fini de causer ! Alors, tu vois, mon père est à la tête d’un puissant groupe, ils font du business, quelques trafics. Je comprends pas bien mais, ce que je sais, c’est que ça rapporte !

Hercule, qui commençait à comprendre où Jagaa voulait en venir, serra les dents. Un combat intérieur venait de débuter.

- Tu ne dis rien, je suppose que tu veux en savoir plus. Ok, ça marche, dit le malicieux petit bonhomme. Ce que je te propose, c’est tout simplement de devenir mon garde du corps. Actuellement, tu dois gagner maxi 2000 Zenis par mois, non ? Je t’en propose 6000. Si tu fais tes preuves, tu pourras travailler pour mon père et, là, tu pourras facilement multiplier ce chiffre par dix !
- Par dix ?! laissa échapper Hercule.
- Ah ah, je vois que ça t’intéresse ! Marché conclu ?
- …
- Je sais que la famille est très importante pour toi, pense à leur avenir aussi !

Cet argument toucha le fils Chtorm, qui passa plusieurs fois ses mains moites dans sa tignasse bouclée. Il tapotait nerveusement du pied, se mordait légèrement la lèvre.

- Alors ? demanda Jagaa, impatient.

Hercule était perdu, tenté, et pourtant conscient que cet enfant était une crapule. Jagaa souriait, sûr de son fait. Le petit pêcheur cherchait une bouée de sauvetage, pour sortir de cette tempête de crâne et de tripes. Jagaa souriait toujours. Hercule finit par trouver, il s’agissait de ses parents, garant de sa moral, de ses valeurs.

- Non ! dit-il d’une voix puissante.

Étonné, le corps en arrière comme s’il venait de recevoir un coup de poing, le petit cauchemar ambulant resta quelques seconde sans voix. Il se ressaisit tout de même assez rapidement, leva haut son menton, fier, obligeant Hercule à détourner le regard, puis parti comme un prince.

Un mois plus tard, nous retrouvons Hercule sur son matelas, poussant quelques faibles gémissements. Entre deux grimaces, il saisit le thermomètre que venait de lui tendre Printsir.

- Mon frère, tu voudrais bien aller me chercher de l’eau dehors, s’il te plait ? demanda l’impressionnant garçon, entre deux râles de bête agonisante.
- Oui, bien sûr, répondit l’aîné, dubitatif.

Hercule, enfin seul, abandonna son masque de douleur. Il bondit hors de son lit, tel une grosse puce. Puis, il marcha à pas de velours vers l’ampoule pendu au plafond, au milieu de la pièce. Il y colla le thermomètre deux secondes et, comme au ralenti, vit la poignée de la porte d’entrée se baisser. En un rugissement, il sauta en direction du matelas. Printsir tenta de rester stoïque mais une grosse goutte coula le long de son crâne. Son frère était bien dans le lit mais dans le mauvais sens, le postérieure en l’air dépassant des couvertures. Une main timide en sortit, tendant l’engin gradué. L’aîné posa le verre près du lit, pris le thermomètre et le regarda machinalement.

- Ah oui, 43 degrés quand même, ça c’est de la grosse fièvre… soupira t-il. Aujourd’hui on va donc encore à l’école sans toi.

Byétjer sortit de sa chambre, regarda Hercule avec une certaine pitié teintée de tendresse et sortit avec Printsir. Hercule savoura quelques instants la solitude, le silence. Il pu ainsi se plonger dans ses souvenirs récents, revivre dans son esprit les événements qui l’avaient réduit à simuler la maladie. Il y avait, par exemple, le visage de sa mère qui, sans préavis, était apparu dans la caisse en plastique servant de baignoire, alors qu’il donnait le bain à sa petite sœur. Une autre fois, il l’avait vu sur la surface d’un lac gelé, ou bien encore dans un miroir. Celui de Volnia apparaissait aussi à l’improviste. Il n’osait plus sortir, de peur d’être à nouveau hanté par le spectres de ses parents dès qu’il regarderait un matière réfléchissante. Plus il les voyait, plus il se sentait coupable de leur mort. Ainsi, il se dévalorisait, se haïssait. Les moqueries journalières de ses petits camarades de classe, principalement de l’odieux Jagaa, renforçait cette sensation. Il ne s’aimait plus et ne voulait imposer sa présence à personne. Il avait peur des autres et de lui-même.

Le Solstice d'hiver arriva, 22 décembre 747, sixième anniversaire de Byétjer. À cette occasion, Hercule promit à Byétjer d’aller en cours au minimum jusqu’en janvier 748. Il tint parole et se présenta en classe un lundi matin. Son enseignante, inquiète, lui dit :

- Il faut qu’on parle, tu m’attendras dans la salle des professeurs à 18h ?
- Oui madame !
- En tout cas tu es très pâle, tu dois être encore un peu malade, n’oublie pas ton écharpe la prochaine fois.

Hercule ne se présenta pas à l’heure prévue, mais Mademoiselle Biz avait de la conscience professionnelle et un caractère attentionné. Elle se déplaça donc jusque chez les Chtorms, à 21 heures passées, juste après son repas. Elle toqua doucement. La petite famille mangeait assis au comptoir, chauffés seulement par un minuscule radiateur électrique et d’épaisses couvertures posées sur leur dos. Surpris que l’on frappe à leur porte à cette heure-ci, ils se regardèrent, hébétés.

- C’est moi, Mme Biz.

Printsir, rassuré, alla ouvrir. Il invita Byétjer à venir sur ses genoux afin de laisser un tabouret libre à la jeune femme. Hercule lança un regard réprobateur à son grand frère.
- Vos parents sont là ? demanda la professeur.
- En fait…
- En fait, ils dorment à l’étage répondit précipitamment Hercule, coupant la parole de son aîné.
- Hum…, je vois, dit Briz, pas totalement convaincue. En tout cas, je suis content que tu reviennes en cours, Hercule. Pourquoi n’es-tu pas venue me voir tout à l’heure ?
- Euh… j’avais peur que vous me disputiez, dit le jeune garçon, tête basse.
- Mais non voyons, je voulais juste te demander de m’amener cette semaine un mot de tes parents, pour justifier tes deux semaine d’absence. Je souhaitais aussi te donner tout les polycopiés des cours que tu as raté, en t’expliquant moi-même les points difficiles. Mais, étant donnée l’heure, nous ferons cela demain. Tiens, prends déjà ces quelques feuilles.
Elle tendit à Hercule une enveloppe, dans laquelle il y avait une dizaine de photocopies, puis salua chaleureusement les trois enfants avant de rentrer chez elle.

Environ 2 semaines passèrent et Mademoiselle Biz, après les cours, demanda à Hercule :

- Ton père n’a pas répondu à ma lettre, il est absent ?
- Oui, il est en voyage.
- Tu as un numéro auquel je pourrais le joindre ?
- Euh… non, il est en pleine mer, c’est un pêcheur.
- Bon… dis lui de venir me voir dès qu’il rentrera, s’il te plait.

L’enseignante sortit de l’établissement scolaire et se dirigea vers une boite au lettre, située cinq cent mètres plus à l’Ouest (l’école étant au centre du village et la côte vers l'Est). Elle se disait :

- Pauvres enfants… C’est bien ce que je pensais. Ils ont besoin d’aide.

Elle sortit une enveloppe timbrée de son sac à main, sur laquelle était écrit : « Assotsia-Priyém – Aide à l’enfance ».


Dernière édition par Kame-boy le Ven Juil 09, 2010 4:44 pm, édité 1 fois.

Message par RMR » Ven Juil 09, 2010 2:46 pm
Intéressant, l'idée d'intégrer le futur baron Jagâ Batta! Et les premières simulations de Satan... Hu! Hu!
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Re: [Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Messagepar Kame-boy le Dim Août 28, 2011 16:57

À partir de maintenant, je pense que le rythme va baisser un peu. Ca sera plutôt tout les 5-6 jours. En plus je vais partir en vacances du 18 au 26 juillet, période durant laquelle il n'y aura aucun chapitre. Ca ne manquera peut-être pas à grand monde, puisque je ne sais pas s'il y a d'autres lecteurs à part RMR :mrgreen: Mais je dis des bêtises, vous devez être plus nombreux, enfin espérons ;) En tout les cas, bonne lecture ^^

Chapitre VIII :

Les vacances hivernales débutaient, quelques enfants organisaient des parties endiablées de bataille de boules de neige. Printsir, rapide comme le vent, les évitait toutes. Mais sa petite sœur, douée en ce qui concerne l’anticipation, avait la plupart du temps un coup d’avance et, parfois, le touchait. Hercule, lui, écrivait, isolé à l’étage. Il faisait courir son stylo plume sur un petit rectangle de papier mais avec minutie, sa concentration s’exprimant par un bout de langue dépassant de ses lèvres crispées. Lorsqu’il eu terminé, il fixa le plafond quelques instant, comme s’il eu voulu voir le ciel à travers. Il poussa un long soupir, puis retourna la carte, rendant ainsi le recto de celle-ci visible. Il s’agissait d’une photographie, probablement prise sur une plage du sud, étant donné la couleur turquoise de l’eau. On y voyait une multitudes de mats, dressés vers le ciel, comme des bras demandant un peu de pluie. Il vérifia une dernière fois son texte, ses lettres plus pointues et longilignes qu’à l’habitude, ses mots rassurants. Il termina par la signature, une copie, celle de Volnia. D’un geste sûr, il mis la carte postale dans une enveloppe timbrée et en utilisa une autre plus ancienne, ainsi qu’un peu de salive, pour transférer la marque du tampon. Hercule descendit les escaliers prudemment et, le plus rapidement possible, déposa la lettre au sol. Il sortit prestement, espérant que son frère et sa sœur seraient loin de la maison, ce qui était le cas. Ils s’amusaient comme des petits fou, 500 mètres plus loin. Il les appela et fit des grands gestes de la main pour attirer leur attention. Une fois qu’ils l’eurent rejoint, il leur dit :

- Le facteur vient de passer, la dernière fois c’était une lettre de notre père.

Ses deux êtres chers accueillirent cette remarque avec joie. Printsir, perdant toute retenue, se jeta à l’intérieur du magasin, chercha à ses pieds la précieuse enveloppe et l’arracha, impatient. Il dévora la lettre, puis la relu à haute voix :

- "Mes enfants, je vous écrivais du sud-ouest la dernière fois, me voici maintenant plein sud. Vous verrez sûrement cela en cours de géographie, on y trouve moins d’îles que dans la région de Papaya, mais le paysage y est agréable et chaleureux, un peu trop d’ailleurs, la montagne de feu n’étant pas loin. Comme vous pouvez le voir sur la carte, la mer y est magnifique, c’est un plaisir de la regarder. Et puis je vais bien, la mission que l’on ma confié est sur la bonne voie, ne vous inquiétez pas. Je vous embrasse très fort. Volnia."

Printsir s’essuya les yeux, ému, et donna la lettre à Hercule. Ce dernier prit sa sœur dans ses bras et lui montra la photographie. Elle en fut ravi, imaginant son père lancé dans une grande aventure, pleine d’espoir.

- Rentrons, il est l’heure de manger, dit machinalement Hercule, un sourire tout de même au coin des lèvres.

Avant de rejoindre sa famille à l’intérieur, il regarda le ciel, le visage soudain plus grave.

Après un bien maigre repas, Hercule décida de faire une sieste sur son habituel matelas. Mais il ne dormait que d’un œil, vigilant. Un bruit de moteur se fit entendre, à quelques dizaines de mètres de la maison. Peu de voitures passaient par là, ce qui attisa la méfiance du garçon. Environ cinq minutes plus tard, des pas faisant crisser la neige fraîche augmentèrent la tension d’un cran, obligeant l’enfant à se lever. Il colla son oreille à la porte et s’aperçut qu’il n’y avait pas seulement une personne, mais au moins deux. Leur marche s’arrêta juste devant l’entrée du magasin. Hercule pouvait entendre son propre cœur faire battre ses tempes. Des voix lui firent écarquiller les yeux.

- C’est ici ! dit la plus rauque
- Merci Monsieur le gendarme. Mais restez encore un peu s’il vous plait, ils ne se laissent pas faire d’habitude !
- Ah oui, j’imagine, vous devez voir souvent des gamins turbulents dans votre métier.
- En effet, s’occuper des orphelins n’est pas tout les jours facile.
- Bon, allons y, dit le gardien de la paix, qui frappa vigoureusement à la porte.

Le jeune garçon n’osa pas bouger.

- Hercule ? Printsir ? Byétjer ? Nous sommes envoyés par une association, pour vous aider. Nous allons entrer, ne vous inquiétez pas ! prévenu la voix puissante du fonctionnaire.
L’enfant fit un pas en arrière, tendu comme un ressort. Lorsqu’il vit la poignée se baisser, il se projeta vers les escaliers, en criant

- Printsir, Byétjer, sauvez vous !

Son grand frère, vif comme l’éclair, pris la petite fille dans ses bras et sauta par la fenêtre. Il sprinta, dans une direction hasardeuse, affolée. Une camionnette vint se placer à ses côtés, sa porte coulissante s’ouvrit et un bras puissant agrippa celui du fuyard. Printsir, tenant toujours Byétjer, fut ainsi tiré de force dans le véhicule. Pendant ce temps, Hercule se débattait, prisonnier des bras d’un éducateur brun à la polaire usée. Ils roulèrent dans les escaliers mais l’adulte ne lâcha pas prise. Un coup de tête en arrière, donné par le jeune garçon, sonna légèrement l’homme. Mais cela ne suffit pas. A l’intérieur de la camionnette, Printsir, visiblement moins stressé, demandait :

- Alors c’est Madame Biz qui vous demandé de nous aider ?
- Oui mon petit. Vous n’auriez pas tenu longtemps dans cette situation. C’est d’ailleurs un miracle que vous soyez toujours en vie, affirma le gendarme.
- Mais quand notre père reviendra, comment feront nous ?
- Ton père ? D’après ce que la police nous a dit, il…
- Qu’alliez vous dire ?

Gêné, l’homme chercha ses mots, cachant en partie la vérité pour ménager l’enfant.

- J’allais juste dire que ton papa était introuvable, mais on en sait pas plus. Quand nous aurons de ses nouvelles, nous te le dirons.
- Il va bien, nous avons reçu une carte de sa part, dit Printsir tout sourire.
- Euh… et bien, je te crois mais nous en parlerons un autre moment si tu veux bien, proposa le gendarme, incrédule.

La portière s’ouvrit sèchement, mettant fin à leur discussion. L’éducateur entra, tirant fortement Hercule par les manches de son pull. Le puissant garçon résistait encore, une jambe planté dans le sol et la seconde plaquée contre la carrosserie. L’adulte commençait à fatiguer et s’apprêtait à demander de l’aide au gardien de la paix. Ce ne fut pas nécessaire. Les regards des deux frères se croisèrent. Les yeux de Printsir exprimaient une telle confiance et un tel besoin de tranquillité que son cadet lâcha prise. Il se cala dans un coin et ne dit plus un mot, se demandant bien où on allait les emmener.

La route fut longue, ils longèrent la côte est, puis descendirent en direction des îles, avant de faire cap vers les montagnes du sud. Ce trajet dura une trentaine d’heure. Printsir, collé à la vitre arrière, une marque de contentement au coin des lèvres, se disait :

- Nous suivons le même itinéraire que papa !

Byétjer, le visage fermée, semblait savoir quelle était l’issu de ce voyage. Elle s’était assise à côté d’Hercule, pour le réconforter. Au fur et à mesure du trajet, la température montait, le climat changeait. Ils étaient maintenant dans des contrées arides, sèches, à la végétation rare. Excepté quelques minuscules forêts de pin ou quelques orangerais croisés par-ci par là, le paysage était plutôt ocre et poussiéreux. Les montagnes commençaient à se dessiner à l’horizon, quelques champignons géants aux couleurs brunes faisaient leur apparition, lorsque l’éducateur mit fin à leur parcours. Il se retourna et dit à Hercule :

- Mon grand, tu veux bien me suivre quelques petites minutes ?

Méfiant, le jeune garçon regarda sa sœur, qui d’un geste de la tête lui donna la confiance nécessaire. L’homme déverrouilla la portière et invita Hercule à le suivre. Après avoir entrouvert une vitre avant et donné une bouteille d’eau à Printsir et Byétjer, il referma la camionnette et se mit en marche. L’enfant le suivait mais prudemment, lançant des regards en tout sens. Progressivement, les champignons laissaient la place à des habitations, tout d’abord éparses, puis formant un ensemble dense : une petite ville. Quelques habitations allongées, en brique, ressemblaient à celles que l’on pouvait trouver dans le village d’Hercule mais, dans celui-ci, la plupart des maisons formaient des dômes blancs, à hauteur d’homme. Une certaine tranquillité ambiante berçait cet endroit, les habitants à la peau mate et aux amples vêtements déambulaient sans tension apparente. Certains tenaient à la bride des dinosaures au bec pointu ou au clapet de canard, auxquels étaient harnachés des paniers remplis de légumes ou d’épices multicolores. L’éducateur demanda son chemin à un adolescent portant, comme tout les hommes qu’ils avaient croisés jusque là, une djellaba et un chapeau de feutre cylindrique surmontée d’une minuscule plume.

- Excusez moi, où se trouve la maison des Affis s’il vous plait ?
- Les Affis ? Il me semble qu’ils sont au bout de cette avenue, à côté du boulanger. Vous êtes dans la bonne direction.

Hercule, décontracté par l’atmosphère de cette ville, fut tout de même troublé parce qu’il venait d’entendre.

- Qui sont ces gens ?
- Nous sommes à Karot, une ville très accueillante. Les habitants sont donc les Karoty. Ils sont environ 2000 et…
- Ce n’est pas ce que je demande, coupa le garçon. Je voudrais savoir qui sont les Affis.
- Bien bien, ne t’impatiente pas, nous arrivons de toute façon. Je voudrais te les présenter car ils sont très sympathiques.

Il s’arrêtèrent devant une habitation à la forme ronde caractéristique de l’endroit, mais à deux étages, ce qui était plutôt rare par ici. Elle n’était pas du tout couverte de poussière, le soleil s’y reflétait ainsi allègrement. L’adulte toqua à la petite porte en bois. Celle-ci s’ouvrit doucement, laissant apparaître une jeune femme portant un voile, laissant visible son visage rayonnant et une mèche de cheveux d’un noir intense. Un homme portant la tenue traditionnelle était à ses côté, ravi. Ils observèrent avec bienveillance un Hercule gêné, détournant le regard.

- C’est donc le fameux Hercule ? demanda la trentenaire.
- En effet. Il a 11 ans et demi, même s’il fait bien plus. Le voyage a été long, pouvons-nous entrer ?
- Bien-sûr, répondit l’homme.

Une fois tout le monde à l’intérieur, le propriétaire ferma la porte à clé, ce qui n’échappa pas à Hercule.

- Je m’appelle ‘Stiqbal et voici ma femme Mihb. Enchantés Hercule.

Ce dernier ne répondit pas, il préférait observer l’aménagement de la maison. Le sol était en terre séchée, sauf dans le salon carrelé, séparant l’entrée de la cuisine. Les quatres murs étaient couverts de plâtre et il n'y avait aucune autre cloison. Une petite fenêtre, aux volets de bois fermés, laissait un petit faisceau de lumière se promener de l’évier à un buffet en cèdre très travaillé, situé à droite, à moins de cinq mètres de l’enfant. À gauche, un escalier en colimaçon conduisait à l’étage.

- Il est timide mais c’est un bon garçon, ne vous en faites pas, reprit le responsable pédagogique.
- Nous n’en doutons pas, répondit la jeune femme.
- Hercule, ne t’inquiètes pas, tu seras heureux avec nous ! affirma ‘Stiqbal.

Cette phrase fut un véritable électrochoc pour Hercule. Il regarda fixement le couple puis, sans crier gare, couru vers l’escalier. L’adulte qui en avait la charge se jeta à sa poursuite. Sans s’arrêter, l’enfant ouvrit la porte du meuble de cèdre. Le visage de homme percuta celle-ci violemment. À terre, le nez en sang, l’éducateur demanda en urgence :

- Rattrapez le !
- Oui ! fit ‘Stiqbal, paniqué.

Hercule, arrivé à l’étage, hésita une demie seconde puis aperçu un lit individuel, au-dessus duquel une fenêtre ouverte permettait d’atteindre le toit. Il bondit sur le lit et, dans le même élan, se retrouva à l’extérieur. Deux secondes plus tard, il était déjà au sol, après une roulade dont il avait le secret. Il dévala l’avenue en sens inverse, en criant :

- Printsir ! Byétjer !
"L'histoire de Mr Satan", fanfic de 2010 à présent terminée (et reconstituée suite à un hackage en 2011), espère vous plaire et n'aurait rien contre quelques commentaires ;)
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Re: [Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Messagepar Kame-boy le Dim Août 28, 2011 17:00

Chapitre IX :

‘Stiqbal sortit de la maison d’une manière plus conventionnelle puis, paniqué, tourna frénétiquement la tête de droite à gauche. Il aperçut Hercule se faufilant entre les passants et les animaux. Le petit athlète avait déjà une centaine de mètres d’avance, ce qui découragea l’adulte : même jeune, il n’avait jamais été doué pour la course. Un cri proche du caquetage, se concluant par un gloussement, sortit l’homme de sa torpeur. Il se retourna vivement, une lueur d’espoir éclairant son visage. En effet, l’émetteur de ce bruit n’était autre que son animal de compagnie, un palmivore. Ce lézard jaune aux pattes d’échassier, mesurant approximativement 1 mètre au garrot, agitait son bec de canard en signe de contentement. ‘Stiqbal le monta sans attendre et, d’un léger coup de talons, lui ordonna de s’élancer à la poursuite du garçon. Les longs segments de cette drôle de créature permettaient des foulées dynamiques de plus de cinq mètres, malgré le fait qu’ils couinaient comme des gons mal graissés. Moins de 10 secondes plus tard, Hercule entendit ce bruit si caractéristique et le souffle de l’animal sur sa nuque. Du coin de l’œil, il vit le palmivore fondre sur lui et l’attraper par le col. Les pieds ne touchant plus le sol, il tenta quelques ridicules et vains mouvements de crowl et de brasse puis s’avoua vaincu, tout du moins temporairement.

Lorsque l’éducateur vit Hercule ramené par la peau du cou, il poussa un grand soupir de soulagement. Il remercia chaleureusement ‘Stiqbal puis se rendit à l’étage avec son protégé. Il le prit entre quatre yeux et lui expliqua :

- Écoute mon petit bonhomme, ce couple et moi-même ne voulons que ton bien. Ici tu n’es pas enfermé, ne vois pas ce cadre comme une prison. Il s’agit de l’occasion de grandir, de te développer dans la sérénité. Tu mangeras à ta faim, tu auras le confort. Tu as la chance d’être maintenant dans une ville calme, prospère, ne la gâche pas. Concernant ton frère et ta sœur, ne te fais aucun souci, ils resteront ensemble, dans la même famille. Ils seront dans la ville appelée Kaga No Shigai, relativement proche d’ici, sur la grosse île du sud. C’est à moins de 5000 kilomètres d’ici. Tu les verras souvent, une fois par mois.

Cette dernière phrase tranquillisa le jeune garçon. Rassuré, l’éducateur donna une tape amicale dans le dos de l’enfant et alla prendre congé du couple Karoty.

18 janvier 748, 7h00, c’est ce qu’indiquait le réveil d’Hercule lorsqu’il sonna. Cela faisait 3 jours que l’orphelin avait été adopté et il n’avait pas tenté de nouvel « évasion ». ‘Stiqbal et Mihb avaient décidés de ne pas le faire aller à l’école les premières semaines, afin qu’il ne soit pas tenté de fuir et qu’ils puissent le voir très souvent et, ainsi, créer des liens complices rapidement. L’homme était commerçant ambulant et savait s’y prendre pour convaincre, sa verve faisait mouche presque à tout les coups. Par son talent et son courage, il avait réussi à atteindre un niveau de vie bien supérieur à la moyenne. Sa femme s’occupait principalement de leur palmivore, les œufs de cet animal hermaphrodite valant des fortunes, notamment pour leurs qualités décoratives et nutritives. Ils permettaient surtout à ceux qui les achetaient de se constituer un troupeau intéressant, un investissement sûr. En ce jour, il était justement question de les vendre et ‘Stiqbal était bien décidé à transmettre son savoir à son fils adoptif. Il conduisait sa minuscule cabane en bois sur roulettes, brinqueballante, la mine satisfaite. Ils allèrent ainsi jusqu’au bout de l’avenue, celui que l’enfant n’avait encore jamais parcouru, et prirent place au niveau des dernières habitations. Plus loin, il n’y avait que champignons géants et désert à perte de vue. Ce passage était très fréquenté car les propriétaires de palmivores devaient l’emprunter afin d’aller chercher de quoi nourrir leurs bêtes. Les quelques visiteurs quotidiens, en quête de souvenirs insolites, roulaient aussi par là. ‘Stiqbal et Hercule n’étaient pas seuls, une trentaine d’autres marchands étaient déjà installés en ce lieu stratégique. Un bourdonnement de voix ambiant les obligeait donc à s’époumoner pour se faire entendre.

- Hercule, avant toute chose, tu vas devoir apprendre à parler fort sans avoir l’air de forcer, c’est la base pour vendre ici. Regarde comment je fais.
‘Stiqbal, tel un plongeur en apnée, pris plusieurs bols d’air consécutivement, plaça sa paume sur son ventre et cria :
- Mesdames et messieurs, ici vous trouverez des œufs de palmivores incomparables ! C’est le souvenir traditionnel par excellence ! Approchez !

Quelques commerçants, dont les voix avaient été couvertes momentanément, regardèrent leur collègue avec admiration et envie, peu d’entre eux étaient capables d’une telle prouesse. Moins de dix minutes plus tard, ‘Stiqbal avait déjà vendu plus de 15 œufs à 100 Zenis l’unité, déjà suffisant pour vivre convenablement une semaine entière.

- À ton tour mon grand !
- M… moi ?! Je n’en suis pas capable répondit Hercule, d’une voix presque inaudible.
- Mais si, ce n’est qu’une question de confiance en soi et d’entraînement, tu vas y arriver. En plus, costaud comme tu es, tu dois avoir une ceinture abdominale capable de soutenir un son avec puissance.
- Ah ?!
- Oui, le cri ou le chant viennent principalement du ventre, les poumons ne sont qu’un intermédiaire. Surprenant, hein ?

Le petit colosse expira au maximum de ses possibilités mais ses muscles contractés ne permirent pas à l’air de sortir efficacement.

- Décontracte toi mon petit bonhomme, tu parleras plus fort et les clients verront un visage accueillant et non grimaçant.

Le deuxième essai fut de meilleur qualité, un client tendit l’oreille, même s’il n’eu pas l’envie de s’arrêter.

- Pas mal, mais tu dois être encore plus à l’aise. Tu dois même ressentir de la fierté. C’est indispensable pour être confiant et performant.
Hercule suivit le conseil à la lettre et ferma les yeux pour se concentrer quelques secondes. Sa fierté, c’était sa famille, ses êtres chers, qu’ils soient encore de ce monde ou non. Un événement lui revint alors en mémoire. Son premier jour d’école. Il avait hurlé :

- Voici ma sœur Byétjer et mon frère Printsir, enfants de Volnia. Le premier que j’attrape à les regarder de travers aura affaire à moi, Hercule !

L’enfant avait répété cette phrase avec la même conviction. Lorsqu’il compris qu’il avait pensé tout haut, il regarda autour de lui, gêné. Il pu tout de même soutenir quelques regards intrigués.

- Euh… c’est bien Hercule mais il faut que ça ai un rapport avec la vente, dit ‘Stiqbal, surpris mais amusé.
- Oui, c’est vrai… répondit le garçon, frottant le derrière de sa tête bouclée.

La journée avançant, il fit des progrès non négligeables et pu vendre son premier œuf de palmivore. Pour le récompenser, ‘Stiqbal lui acheta une glace. Serein, le soir venu, Hercule ne pensait plus à s’enfuir, même si Byétjer et Printsir lui manquait. Il regardait avec nostalgie son petit globe terrestre, cadeau pour son 11ème anniversaire, et effleurait du doigt l’île du sud sur laquelle se trouvaient son frère et sa sœur.

À quelques milliers de kilomètres de là, ceux-ci pensaient également à lui. Chaque soir, ils décomptaient les jours les séparant de leurs retrouvailles : - 26, - 25, - 24, etc. Ainsi s’écoulèrent 3 semaines, sans évènements particuliers. Un matin, alors que Printsir et Byétjer se rendaient à l’école, sac en bandoulière et vêtements dignes d’un mariage sur le dos, un homme en costar-cravate et cheveux gominés en arrière vint se placer sur leur passage.

- Suivez moi, votre frère vous attend !
- Vous devez faire erreur, nous ne devons le voir que dans 5 jours, répondit poliment le garçon.
- Exactement ! renchérit la petite fille.
- Faites moi confiance, fit l’inquiétant personnage en roulant des yeux.
- Je ne vous crois pas, monsieur !
- Moi non plus ! appuya Byétjer, bombant le torse.

Le regard de l’homme se fit plus dur et c’est l’instant que choisi Printsir pour partir comme une flèche, prenant sa petite sœur dans ses bras.

- Il court vite celui-là, une vrai graine de champion, il pourrait nous être utile ! pensa l’inconnu, pas le moins du monde inquiet.

Il sortit tranquillement de sa veste un taser et visa l’enfant, qui était déjà 100 mètres plus loin. Il atteignit sa cible, au niveau des mollets et vit Printsir tomber lourdement, pris de soubresauts. Byétjer, les genoux égratignés, pencha son visage sur celui de son frère, inquiète. Sans se presser, le malfrat mesurant plus de 2 mètres alla « ramasser » ses victimes et les conduisit jusqu’à une grande voiture noire. Il les y enferma, s’assit à son rythme à la place du conducteur et dit à un collègue lui ressemblant :

- En route ! Allons déposer ces mioches là avant de s’occuper du plus gros colis !

Message par RMR » Mar Juil 20, 2010 8:49 pm
Excellente idée pour les capacités orales de Satan! Encore un sympathique chapitre. Je me demande qui sont les intervenant finaux...


par Kame-boy » Mar Juil 20, 2010 9:07 pm
Ah oui RMR, suspens suspens :wink: D'ailleurs cette question va rester en suspend un p'tit moment puisque je vais partir en vacances jeudi (pour 5 jours) et donc le rythme de parution des chapitres sera ralenti quelque peu. Le temps de me remettre un peu du voyage de retour, je pense que le prochain chapitre sera posté dans une dizaine de jours ^^

Merci encore ;)
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Re: [Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Messagepar Kame-boy le Dim Août 28, 2011 17:34

Chapitre X :


Quatre jours plus tard… Hercule partageait maintenant son temps entre le collège et le marché. Il rejoignait son père adoptif après les cours, en milieu d’après-midi. En ce 17 février, ‘Stiqbal, de plus en plus confiant, laissa son fils seul pour la première fois. Il avait bien raison ; la voix du garçon portait maintenant autant que les concurrents et l’assurance qu’il prenait pouvait se lire sur son visage, attirant ainsi un bon nombre de clients. L’un d’eux, fort étrange, s’approcha du jeune commerçant. Cet être humanoïde, grassouillet, portait une ample tunique noire à col mao, au centre de laquelle figurait l’idéogramme signifiant « lapin ». En effet, malgré une posture verticale, son corps était bien celui de ce fameux mammifère aux grandes oreilles. D’imposantes lunettes noires cachant son regard renforçaient son allure atypique mais non moins énigmatique. Sans dire un mot, il tendit sa main vers Hercule. Celui-ci, hésitant, ne bougea pas. Une guerre des nerfs débuta, les jugulaires des deux protagonistes se crispant de seconde en seconde. L’animal, sûr de sa victoire, sourit en coin. L’enfant, les yeux écarquillés, comme hypnotisé, approcha doucement ses doigts de ceux du lapin qui, d’une pichenette, les toucha vivement. Hercule replia son bras aussitôt, méfiant, prêt à se défendre. Mais un silence gênant s’installa. Cette fois, ce fut l’étrange visiteur qui fut embarrassé, tentant de garder bonne figure, malgré une goutte coulant le long de son crâne. Il toussa, l’air de rien, se retourna, puis s’éloigna d’un pas lent, les mains dans le dos. Le museau crispé, il pensait :

- Mince alors, ce n’est pas encore tout à fait au point !

Le garçon, hébété, regarda l’animal s’en aller, sans se rendre compte que, de sa tenue percée inexplicablement au niveau de l’arrière-train, sortait une petite queue formée par un toupet de feuilles (de carotte bien entendu).

Les heures suivantes furent plus conventionnelles et Hercule ne fut pas mécontent de pouvoir enfin rentrer et souffler un peu. Sur le chemin du retour, poussant le véhicule car n’ayant bien-sûr pas le permis, il profitait d’une douce bise s’engouffrant dans son épaisse tignasse et sa large djellaba. L’avenue était calme, comme d’habitude en soirée. À cet instant, il remerciait en son fort intérieur l’éducateur qui l’avait conduit dans cette petite ville. Celui-ci ne lui avait jamais donné son nom, peut-être car il avait toujours su qu’ils ne se reverraient jamais. Pourtant, l’enfant voulu lui en donner un. Dans un petit sourire, il laissa échapper :

- Hidwa… qui signifiait, dans la langue locale, « quiétude ».

Une voix brisa pourtant le silence, accompagnée par un bruit de moteur :

- Hey, petit, on te dépose ?

Hercule continua à regarder droit devant lui et pressa le pas, sachant qu’habituellement, ici, on n’apostrophait pas les gens ainsi.
La voiture vint se positionner à ses côtés. Du côté passager, un homme aux cheveux gominés, portant un costume occidental noir, se pencha vers l’enfant, montrant ses dents d’une manière peu naturelle. Il pensait ainsi rassurer le garçon mais ce fut évidemment un échec. Hercule avait même atteint un rythme proche de la course.

- Ok, plan B ! fit l’homme au volant, agacé.

Son collègue obtempéra et sortit un taser de la poche intérieure de sa veste. Du coin de l’œil, le jeune colosse vit l’arme et, dans un saut réflexe, passa par-dessus son commerce ambulant. Moins d’une demie seconde plus tard, deux dards électrifiés venaient se ficher dans l’une des lattes de bois le protégeant. Tétanisé, chaque bruit l’enfonçait encore un peu plus dans l’inquiétude, que ce soit les bruits de portières que l’on referme ou ceux de semelles faisant crisser la terre. Hercule ne voulait pas se battre mais il serra le poing, sachant qu’il n’aurait bientôt plus le choix, il lui faudrait se défendre. Il avait un frère et une sœur à voir le lendemain, il ne pouvait pas se permettre de mourir ou de se faire enlever. C’est à cet instant qu’un conseil de Printsir, maintes fois répétés, raisonna en lui :

- La meilleure des attaques, c’est la défense. La meilleure des défenses, c’est la course.

Les deux hommes n’étaient plus qu’à un pas lorsqu’un rugissement les fit sursauter. Il s’agissait d’Hercule qui, dans un effort violent, venait de soulever son magasin ambulant. Il le tenait comme un haltérophile, bras tendus au-dessus de la tête, yeux révulsés. Profitant de l’effet de surprise, il eu le temps de jeter le véhicule sur ses agresseurs. Ces derniers, plaqués au sol, ne purent se lancer immédiatement à la poursuite du garçon. Le temps qu’ils se synchronisent pour joindre leurs forces efficacement et ainsi se dégager, leur cible avait déjà plus de 200 mètres d’avance. Étant adultes et dans une forme convenable, ils purent gagner du terrain, rattraper Hercule n’était plus qu’une question de temps. Ils ne savaient pas où était sa maison et s’il s’y réfugierait mais ce n’était pas un problème, ils y entreraient en force, sans hésiter. De toutes les façons, le champs d’action du taser était de plus de 100 mètres, le fuyard n’allait pas tarder à être à portée. L’enfant aperçut enfin son logement et ralenti lorsqu’il fut à moins de dix mètres de l’entrée. Mais il changea d’avis brusquement et reprit sa course effrénée. Son comportement inattendue avait trompé le possesseur du taser, qui ne pu de ses projectiles ne toucher que la porte. Cependant, cela ne fit que repousser l’inévitable, les poursuivants continuaient à fondre sur leur proie. L’arme, aux munitions épuisées, fut rangée mais, de toute manière, ils n’en avaient plus besoin. Seulement cinq mètres les séparaient encore d’Hercule. Celui-ci commençait à sérieusement fatiguer et savait qu’il ne pourrait plus s’en sortir par la course, il envisageait une alternative. C’est alors que son œil pétilla, il venait de trouver. Il fit alors demi-tour et, bras en croix, fonça vers les deux adultes médusés. Il réussi un formidable double coup de la corde à linge, en bondissant au dernier moment, sonnant les malfaiteurs. Hercule, assez fier du mauvais tour qu’il venait de leur jouer, ne pu s’empêcher de rire discrètement dans la barbe qu’il n’avait pas encore. Mais il s’agissait, aussi et surtout, de la manifestation d’un grand soulagement. Son sourire se figea lorsqu’il vit la main de l’homme au taser prendre appui au sol. Il pensait lui avoir fait perdre connaissance et, pourtant, le voilà qui se relevait.

- Il est sacrément résistant ! pensa le garçon, suant de fatigue et de peur.
- Bravo petit, tu te débrouilles bien pour un enfant ! Mais il en faut plus pour mettre K.O un yakuza !

Ce mot fit de l’effet, Hercule en devint blanc comme un linge. D’autant plus que le second malfrat venait de se relever à son tour. Celui-ci sortit un poignard de sa veste et le fit tournoyer à plusieurs reprises dans les airs, afin d’impressionner l’enfant. Son collègue, confiant, se permis même de sortir de sa poche un fine pipe en bois, qu’il alluma tranquillement. Il ne fumait pas le calumet de la paix mais plutôt celui de la victoire. L’homme au couteau ne laissa pas le temps à son jeune adversaire de cligner des yeux et, de sa lame, lui coupa une petite touffe de cheveux. Hercule, fébrile, riposta par un crochet du gauche maladroit, qui ne rencontra que le métal froid. Il secoua sa main légèrement entaillée, ne sachant que faire. Son jeu de jambe lui permettait d’éviter la plupart des coups mais, à ce rythme, il allait se faire avoir à l’usure. De plus, sa tenue non-adaptée au combat l’handicapait dans ses déplacements. Il lui fallait donc attaquer mais il n’osait pas prendre l’initiative, la vue de cette arme blanche, à laquelle il devait faire face pour la première fois, l’inhibait totalement. À bout de souffle, les jambes lourdes, il vit la lame s’approcher dangereusement de son bras droit, pourtant ne bougea pas, comme un lapin pris dans les phares d’une voiture.

Mais le couteau disparut, emporté dans un éclair. Hercule se palpa, étonné de ne pas être touché. Lorsqu’il comprit ce qui venait de se passer, il secoua la tête pour être certain qu’il ne rêvait pas. Devant lui se trouvait Jagaa, penché en avant, la natte encore pendante. En effet, à celle-ci était accrochée un kunai d’environ 5 centimètres de long, qui avait propulsé le couteau une dizaine de mètres plus loin. Satisfait de son entrée détonante, le petit bonhomme se redressa et toisa les deux adultes. Il fit tournoyer sa longue tresse de plus en plus rapidement et cela suffit à les faire fuir. Il pointa son doigt vers eux, moqueur, puis se tourna vers Hercule, qu’il fixa intensément. Le jeune commerçant eu du mal à soutenir ce regard mais ne baissa pas la tête, bien au contraire.

- À ce que je vois, l’air ce pays te fait du bien, tu m’as l’air bien dans ta peau, constata Jagaa.
- Oui, je suis bien ici. Mais qu’est ce que tu fais là ?
- Mon père est bien informé, il est haut placé, comme je te l’ai déjà dit. Alors je sais que ces deux yakuza ont enlevés ton frère et ta sœur…
- Comment !? Qu’est ce que tu racontes ? cria Hercule, stupéfait.
- Ne me coupe pas la parole comme ça ! Je disais donc qu’ils ont capturés ta petite famille et leur organisation a demandé une rançon. Si tu n’es pas au courant, c’est parce que tes parents n’ont pas voulu t’en parler, de peur de te démoraliser, enfin je suppose, tu es tellement fragile.

Trop inquiet pour être susceptible, le jeune commerçant demanda :

- Mais pourquoi font-ils ça ?
- Ils savent que vos familles adoptives sont riches, c’est une raison suffisante pour eux.
- Pourquoi nos parents ne payent pas ?
- Même eux n’ont pas assez d’argent, les yakuza ont souvent les yeux plus gros que le ventre.
- Qu’est ce qu’on va faire ?! demanda Hercule, désespéré.
- Tu as de la chance, je peux t’aider !
- Vraiment ?! s’exclama Hercule
- Oui, vraiment ! Mais c’est donnant-donnant ! Tu te rappelles de la proposition que je t’avais faite il y a quatre petits mois ? Et bien elle tient toujours, je dirais même qu’elle est encore plus intéressante. Tu pourras exécuter quelques missions pour mon père et gagner, accroches toi bien, plus de 50 000 Zenis par mois ! Tu devras rester au moins deux ans avec nous, ça suffira largement pour payer la rançon d’un million, ça te permettra même d’avoir un petit bonus de quelques dizaines de milliers de Zenis, pour prendre soin de tes êtres chers. Intéressant, non ? demanda Jagaa, malicieux.

Hercule réfléchit intensément, passa la main dans ses cheveux et ouvrit la bouche, sur le point de répondre.

Pendant ce temps, les deux malfrats avançaient d’un pas assuré vers leur voiture. L’homme à la pipe se mit au volant et ne réussit pas à faire démarrer le véhicule. Il insista une bonne minute, mais rien à faire. Il sortit afin de chercher ce qui pouvait bien clocher, fit le tour et aperçut une touffe de feuilles vertes dépassant du pot d’échappement. Il se pencha pour mieux voir, tira dessus et constata avec surprise qu’il s’agissait d’une carotte. Il n’eut pas la temps de se demander ce que cet aliment faisait en cet endroit insolite, sentit aussitôt une présence derrière lui et... ce fut le trou noir. Un énorme marteau, de la même forme que le légume en question, venait de l’assommer. Son utilisateur n’était autre que le lapin au col mao qu’Hercule avait rencontré quelques heures auparavant. Le deuxième yakuza mit en marche la voiture et s’enfuit, abandonnant lâchement son camarade.

- Les yakuza ont un honneur… mais les lapins géants, c’est de la triche ! Maman ! cria le malfaiteur, laissant derrière lui une traînée de poussière.
- Pas grave, ça m’en fait déjà un ! Je vais avancer plus vite dans mes expériences avec ce cobaye sous la main, pensa l’animal en se frottant les pattes de satisfaction.

Message par RMR » Jeu Juil 29, 2010 1:59 pm
Et bien, c'est encore un très bon chapitre! Les protagonistes nous prennent par surprise, comme Jagâ Batta ou Toninjinka! Je me demande quand Satan apercevra sa jolie queue en feuilles de carottes à coupé de toute urgence!
"L'histoire de Mr Satan", fanfic de 2010 à présent terminée (et reconstituée suite à un hackage en 2011), espère vous plaire et n'aurait rien contre quelques commentaires ;)
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"Le Chaos pour racines" est une fanfic qui met en scène 10 "avatars" créés par des membres du forum. J'espère qu'elle plaira aussi aux autres forumeurs ^^
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Kame-boy
 
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Re: [Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Messagepar Kame-boy le Mar Août 30, 2011 10:14

Chapitre XI

Au milieu de la nuit, dans un immeuble désaffecté… Une foule, des bruits, un brouhaha disgracieux arrivaient jusqu’au dehors. Ils venaient de sous-terre, d’un parking plus exactement. Des voitures encadraient l’endroit, comme un ring vrombissant, agressives également par leurs phares éclairant le centre de la scène. Un speaker gominé, costume blanc-crème, chaussures brillantes se tenait là. Il annonça à la foule, massée aux quatre coins et pressée contre une fine grille :

- Et voici le clou du spectacle ! Vous l’avez aimé la nuit dernière, le revoilà pour vous ce soir, le petit coureur fou ! Rapide comme le vent ! Windman !

Les spectateurs, pour la plupart tatoués, percés, mal rasés, si ce n’est tout cela à la fois, accueillirent cette nouvelle avec des cris de joie bestiale. Ces derniers redoublèrent d’intensité lorsque la porte grillagée du parking s’ouvrit. Une voiture de sport entra en pétaradant, lumières aveuglantes en prime. Elle freina sans aller bien loin, dans un crissement de pneus et ses portes latérales furent déployées, laissant sortir une maigre silhouette. Cette personne portait une tenue moulante bleue ciel, une ceinture de soie blanche, ainsi que des bottines ailées. Un grand W à la typographie calligraphiée marquait son buste. Le véhicule se plaça sur le côté, afin que l’on puisse mieux voir le clou du spectacle, qui n’était autre que… Printsir. Apeuré, il jetait de petits coups d’oeils rapides tout autour de lui, sans réussir à fixer un instant son regard.

- Hier, vous avez pu assister à une course fantastique, entre Windman et le champion du monde non-officiel du 100 mètres des prisonniers évadés. Notre petit phénomène avait gagné de seulement une foulée. Qu’en sera t’il cette nuit, contre l’adversaire que voici ?!

À peine le speaker eu t-il le temps de finir sa phrase qu’une voiture décapotable déboula en marche arrière et s’arrêta juste à côté de Printsir. Le toit s’ouvrit et on entendit des grognements, de plus en plus impatients. Deux yeux en amendes, lumineux, percèrent l’obscurité.

- Hé oui, messieurs et messieurs, vous l’avez deviné ! Il nous vient clandestinement tout droit de son sud-ouest natal, le fameuuuuuuux, le dangereuuuuuuux, tigre mangeur d’homme !

La foule ne pu retenir un soupir d’excitation malsaine.

- Vous n’avez qu’une minute pour faire vos jeux. Pariez vite et bien !

Byétjer, la sœur du pauvre sprinter, était assise dans des tribunes aménagées au deuxième étage du parking. Elle observait avec concentration et tristesse ce spectacle. Une voix nasillarde lui demanda :

- Quelle cote tu sens ?

Les billets verts volaient en tout sens, dans une excitation palpable, avant que le commentateur ne reprenne la parole :

- Les organisateurs, dans leur grande bonté, laissent cette fois-ci un peu d’avance à notre jeune ami. 3-2-1… go !

Après une seconde d’expectative, Prinstir se lança dans une course instinctive, sans réfléchir. Il avait seulement les yeux rivés sur la portière ouverte d’une voiture blindée noire, faisant office d’arrivée. Elle était située 80 mètres plus loin, chaque foulée électrique qu’il faisait augmentait son espoir de l’atteindre. Un petit cliquetis se fit entendre… la bête venait d’être lâchée. L’homme au micro alla se réfugier dans une voiture prévue à cet effet et hurla :

- La course commence vraiment maintenant ! Accrochez vos ceintures !

Le garçon, à mi-parcours, du fermer les yeux sous l’intensité des phares dardés vers le centre de la piste. Il en fut légèrement déséquilibré et vit son avance sur le fauve fondre de moitié. L’œil goguenard suivant l’enfant passant juste devant lui, le commentateur s’exclama :

- Ah ah, intéressant, notre petit héros est en difficulté, va t-il connaître sa première défaite ? Ca serait mortel, non ?
Printsir était si près du but et si loin en même temps… La graisse dont on lui avait enduit le corps, les lumières, l’effort violent, la peur… Tout était réuni pour qu’une fournaise envahisse son être, pour que ses mouvements soient heurtés. Le désespoir se lisait sur son visage grimaçant.

Plus à l’est, le soleil s’était déjà levé et commençait timidement à flirter avec les pics montagneux. Un minuscule jet privé, rouge flamboyant, se posa en ce décors. Jagaa sortit de l’avion, suivi par Hercule. L’enfant à l’allure de Pit bull claqua des doigts, afin de donner l’ordre à son chauffeur de s’en aller, ce qui fut fait immédiatement. Le colosse connaissait par cœur la moindre de ces roches, à dix kilomètres à la ronde. Enfin, c’est ce qu’il croyait… Sa langue faillit se dérouler jusqu’au sol lorsqu’il vit un énorme château sortir des entrailles de la montagne. Jagaa était amusé par cette réaction, pour lui cette technologie familiale était tout à fait normale, il la voyait à l’œuvre depuis sa naissance. Tout en étant guidé par le petit démon à la natte, Hercule se tordait le cou à observer la vaste demeure, en oubliant même de regarder devant lui. Il avait l’impression d’être dans l’un des films d’espionnage du fameux 118 218, héros en costard et à la moustache soyeuse, dont ‘Stiqbal était fan. En effet, l’absence de grandes fenêtres, la couleur des murs se fondant dans le décors, et la végétation grimpante s’y invitant, donnaient l’impression d’avoir le privilège d’entrer en un lieu secret. Un major d’homme leur ouvrit la porte de pierre et, après s’être absenté quelques courtes secondes, les conduisit dans un grand salon aux nappes pourpres, rideaux tout aussi voyants, et tapisseries représentants des guerriers aux armures noires et aux sabres ensanglantés. Au milieu de la pièce, droit comme un i, se tenait un fier quarantenaire. Il portait un costume noir occidental sur lequel était épinglé, au niveau du cœur, une broche représentant une rose rouge. Après avoir passé avec délicatesse ses doigts puissants dans sa chevelure brillante et nattée, l’homme s’adressa à Hercule, sans détour :

- Bonjour Hercule, je suis le Baron Batta, bienvenue. Je n’ai pas pour l’habitude de tourner autour du peau, alors parlons tout de suite des affaires sérieuses !

Hercule, intimidé, déglutit.

- Dorénavant, tu t’appelleras Morphée, ce sera ton nom de « passeur ». Jagaa t’as parlé de ton travail ?
- Euh… non, pas vraiment… répondit Hercule.

Le baron fusilla sa descendance du regard, qui fit une moue de contrariété, baissant les yeux. Pour la première fois il se montra à Hercule comme un véritable enfant, avec ses faiblesses. Le colosse n’eut pas le temps d’y réfléchir, l’adulte reprit ses explications :

- Premièrement, tu vas protéger mon fils, éviter que les nombreux ennemis que je me suis fait à travers le monde ne le kidnappent. Pour cela, nous allons exploiter ton potentiel en t’entraînant durement. En second lieu, tu feras des «livraisons» pour moi, de la «poudre de Morphée» principalement.
- «Poudre de Morphée» ? répéta Hercule, interrogatif.

Le baron junior ne savait pas non plus de quoi il s’agissait. Il s’abstint donc de se moquer de son nouveau garde du corps. Son père reprit :

- Tu n’as pas besoin de le savoir, on te demandera juste de livrer, tu ne poseras aucune question et n’en parlera à personne ! Compris !? Tu es avec nous normalement pour deux ans mais, n’oublie pas, à la moindre gaffe tu es viré et tu pourras dire adieu à ta famille !

Hercule acquiesça, encaissant tant bien que mal la pression glaciale tombant subitement sur ses larges épaules. Malgré son jeune âge et une certaine naïveté, il se doutait bien que les activités pratiquées par cet impressionnant personnage étaient illégales. Ce n’était pas un facteur tranquillisant. Il focalisait ses pensées sur Printsir et Byétjer, utilisait son inquiétude comme un carburant pour continuer son chemin dans les allées sombres qu’on lui proposait. Il ne se fixait pas de limite pour les retrouver.

Son frère aîné, surnommé Windman, haletait dans la voiture blindée. Le tigre, furieux, lacérait les vitres de ses griffes acérées. Peu à peu, la bête féroce disparut derrière la buée créée par le corps surchauffé de l’enfant. Celui-ci pu ainsi oublier progressivement qu’au dehors se trouvait un prédateur attiré par sa tendre peau, s’autorisa donc le droit de s’affaler de tout son long sur la banquette arrière. Le chauffeur reçu un ordre dans son oreillette et mis le véhicule en branle. Il attendit qu’une fléchette anesthésique frappe le postérieur du danger sur patte, que l’ouverture permettant de quitter le parking s’ouvre à nouveau, puis sortir Printsir de là.

- Bravo Byétjer ! 100% de réussite pour l’instant ! tonna une voix de basse, pour féliciter les prévisions de la petite fille.

Elle ne répondit pas, ne regarda même pas l’homme qui se tenait dans l’ombre à côté d’elle, trop occupée à mettre de l’ordre dans toutes les informations qui se bousculaient dans sa tête. L’adulte, dont le poignet était orné d’une montre dorée, claqua des doigts. Aussitôt, un yakuza habillé et coiffé comme ses « collègues » pris Byétjer dans ses bras et emprunta des escaliers métalliques situés à une dizaine de mètres de là. Celui qui venait de donner cet ordre pris le téléphone portable posé à côté de lui et composa un numéro.

- Allo Baron, ça gaze ? Oui, ça va ma poule ! Écoute, ça se passe parfaitement, les deux recrues que tu m’as laissé sont parfaites ! T’es vraiment un bon gars, salopard ! Arf arf arf ! Je ris en pensant au fric qu’ils vont me rapporter ! Par contre, vraiment dommage que tu ais changé d’avis concernant notre jeune combattant ! …Ah ok, je comprends, ton fils en a besoin… ok ok, pas de problème, t’as le droit d’en profiter, tu nous aides suffisamment comme ça ! …La police ? T’inquiètes mon chat, je m’en occupe, je suis bien placé pour ça. Ils ne chercheront pas bien longtemps nos chers petits. Arf arf arf ! …Bon, je dois y aller, embrasse ton sale mioche pour moi. Bise !

L’homme raccrocha, chantonnant joyeusement.

Le mois de février continua sur sa mauvaise lancée pour l’ex famille Chtorm, le 13è anniversaire de Printsir ne vit ni bougie, ni cadeau, et ne parlons pas d’affection. Mars ne s’annonçait pas mieux et nous retrouvons Hercule, au petit matin, dans un sous-sol non identifié. Il portait à cet instant une tenue de sport large et chaude, des baskets hors de prix et une montre en argent au poignet. Ses cheveux avaient été coupés courts, impeccablement, aucun ne dépassait. Des cernes profondes trahissaient un manque de sommeil évident du jeune garçon. Ce dernier avait un sac à dos dans les mains, dont il vida le contenu d’une dizaine de kilos aux pieds de deux géants patibulaires en costume. L’un d’eux, envahit de spasmes nerveux, se grattait parfois le bras frénétiquement. Lorsqu’il vit les sachets de poudres blanche et brunes, il ne pu s’empêcher de trépigner d’impatience. Son camarade sortit un couteau de sa poche, ce qui fit tressaillir le surnommé « Morphée ». Il approcha, passant la langue sur ses lèvres. Hercule, qui commençait pourtant à avoir l’habitude de ces énergumènes, fit deux pas en arrière. L’homme ramassa l’un des sachets et l’observa comme on le ferait d’une robe de bon vin. Il entailla le sachet transparent avec sa lame, permettant ainsi à quelques milligrammes de poudre de s’échapper. Il en prit sur le bout de son index et le sniffa. Il exprima son ravissement par un sourire aux grandes dents jaunâtres, puis fit un signe de tête à son ami. Celui-ci prit un sac en plastique opaque dans le coffre d’une Honda gris métallisé et le jeta à la figure de l’enfant. Puis les deux hommes montèrent à bord du véhicule et s’en allèrent sans demander leur reste, laissant Hercule ramasser les quelques liasses de billets qui étaient tombées.

De retour à sa base des montagnes, Morphée donna l’argent au major d’homme, qui alla le ranger en lieu sûr. Ensuite, il ouvrit l’une des grandes penderies de l’entrée, chercha à tâtons derrière les vêtements, puis pressa le bouton adéquat. Le meuble se transforma alors en ascenseur, permettant au garçon d’atteindre la salle souterraine de la maison. Au centre de celle-ci trônait un ring. Aux murs, de multiples armes exhibaient leurs lames aiguisées, leurs pointes, ou bien encore leurs chaînes. De-ci de-là, des sacs de frappes accrochés au plafond se balançaient doucement : quelqu’un les avait malmené il y a encore peu de temps. En effet, sur un banc calé le long du mur le plus éloigné d’Hercule, Jagaa soufflait, kimono rouge ouvert. À ses côtés, son instructeur aux cheveux en brosse lui parlait énergiquement, en faisant de grands gestes. L’entraîneur, en débardeur et shorty, suait autant que son élève. Lorsqu’il marcha en direction de Morphée, on pu voir que de sa tenue dépassaient des tatouages de dragons et autres créatures mythologiques, principalement au niveau du dos. Il donna une claque virile à l’épaule du garçon, sa manière particulière de dire bonjour, puis lui parla :

- Morphée, comme tu n’as pas de boulot cet après-midi, Jagaa restant à la maison pour le week-end, on va pouvoir travailler du matin au soir.
- Oui maître, répondit Hercule, inquiet étant donnée la dureté d’un entraînement habituel, ne durant pourtant que trois heures.

La journée s’annonçait longue…

Après avoir enfilé son kimono bleu, l’enfant fit quelques tours d’échauffement puis monta sur le ring. Il s’y étira, travaillant sa souplesse en posant alternativement chacun de ses talons sur la corde la plus haute. Son maître, sans prévenir, essaya de lui balayer la jambe d’appui. Ce n’était pas la première fois que l’homme faisait cela, Hercule eu donc le réflexe de faire un petit bond, laissant le pied de son instructeur passer sous le sien. Il réussi même à le bloquer en retombant dessus.

- Bien ! Mais ça, tu peux l’éviter ? fit l’entraîneur en claquant de sa paume le crâne du garçon, obligeant ce dernier à s’agripper aux cordes pour ne pas tomber.

Il profita du déséquilibre de son élève pour attraper la tenue de celui-ci et le fit passer par dessus son épaule, en un fracassant seoi-nage. Il enchaîna avec une clé de bras au sol. Hercule fut ainsi malmené pendant de longues dizaines de minutes. Alors qu’il tentait de recouvrer ses esprits, son instructeur le souleva énergiquement par le col et le mit debout.

- L’échauffement est terminé, passons tout de suite à la leçon ! ordonna l’homme
- Oui Sensei, répondit Hercule, s’inclinant respectueusement.
- Morphée, aujourd’hui, nous allons travailler la précision des coups, c’est ton principal point faible ! Tu te débrouilles déjà très bien concernant la notion de distance, le jeu de jambe, par contre tu frappes comme une fillette ! Tu as des muscles, je vais t’apprendre à les utiliser.
- Maître, puis-je vous demander une faveur ?
- Vas y ! Je t’écoute !
- J’aimerais que vous m’appeliez plutôt Orphée.
- Drôle d’idée ! Et pourquoi ça ?
- Il s’agit d’un demi-dieu de la mythologie des mers du sud qui a été jusqu’en Enfer pour chercher sa bien-aimée, ayant succombée à la morsure d’un serpent. La différence avec moi c’est que j’ai deux êtres chers à aller chercher, mais le chemin est le même, obscur et sinistre.
- Mouais… si tu veux, répondit l’entraîneur. De toute façon, ça ne fait qu’un « M » à enlever, pas trop difficile à retenir… Mais assez bavassé, on est pas là pour discuter ! Tu as mal choisi ton moment pour ça, tu pouvais pas le faire à un autre moment ?!
- Désolé Sensei !
- Ok, frappe là ! demanda fermement l’adulte, désignant une patte d’ours (bouclier en cuir, empli de mousse) dont il venait de se munir, tenue à la hauteur de son torse.

L’enfant se gratta au niveau du coxis, cela le démangeait depuis qu’il avait retrouvé bizarrement, au réveil, des feuilles de carottes dans ses draps. Hercule s’aperçut soudainement que le regard de son maître le fusillait, il se mit alors aussitôt en garde et se concentra. Il banda ses muscles, prêt à frapper. Mais il ne pu amorcer son attaque, une terrible claque le désorientant sèchement.

- Tu n’arriveras à rien, comme ça, tu es trop crispé ! Prend deux ou trois grandes respirations, insiste surtout sur l’expiration ! Tu dois sentir l’énergie se propager dans ton corps à chaque fois que tu souffles, comme si tu l’y envoyais ! Recommence !

Hercule ferma les yeux afin de visualiser plus facilement la force véhiculée par l’air, circulant dans son corps. Il la guida vers ses bras autant que possible et, dans une puissante expiration, la propulsa de son poing sur le cuir. Le claquement vif que cela provoqua fit lever un sourcil à l’instructeur.

- C’est pas mal ! Mais ce n’est pas suffisant ! Tu n’as pas libéré assez de puissance, la plus grande partie est encore restée en toi ! D’ailleurs, faudra que je t’apprenne le kiai un jour ! Allez, encore !
Le jeune combattant écrasa une nouvelle fois ses phalanges contre le bouclier, répéta l’exercice un nombre incalculable de fois.
- Encore ! Allez ! T’endors pas ! furent des ordres qui raisonnèrent toujours en sa tête, pourtant plusieurs minutes après l’entraînement. Torse nu, une serviette sur les épaules, il s’assit sur le banc, exténué. Son maître reçu un appel sur un téléphone fixe accroché au mur de la salle, se contenta d’une réponse laconique et raccrocha.

- Habille toi et va voir le Baron là haut, il veut te parler !
- Oui maître ! Savez vous ce qu’il souhaite ?
- Tu vas être content, c’est une mission qui pourrait t’aider à atteindre ton but un peu plus tôt que prévu… Orphée.
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Re: [Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Messagepar Kame-boy le Mar Août 30, 2011 10:30

Un douzième chapitre un peu plus long que les derniers mais c'est parce que c'est l'un des plus importants ^^



Chapitre XII

Orphée sorti de la penderie et se rendit dans le grand salon, où l’attendait le Baron, assis avec prestance dans un fauteuil en velours pourpre. Il caressait négligemment un chien blanc, dont les longs poils cachaient presque entièrement les yeux.

- Ah, Morphée, te voilà enfin !
- Que voulez vous Mr le Baron ? demanda le garçon, un brin d’impatience dans la voix.
- Tu vas être content, j’ai une mission pour toi qui devrait rendre ton attente moins longue.
- Vous voulez dire, Mr le Baron, que je vais retrouver mon frère et ma sœur bientôt ? dit un Hercule dont le cœur fit un bond dans la poitrine.
- C’est bien ça, cher Morphée. Mais ce ne sera tout de même pas pour tout de suite. Tu t’es engagé avec nous pour deux ans, jusqu’au 18 février 750, date à laquelle nous nous sommes engagé à te donner tout ton salaire d’un seul coup. Mais un « gros poisson » n’a pas tenu ses engagements et mérite qu’on aille se servir un peu dans ses caisses. En quelque sorte, il s’agit d’une expédition punitive et, par la même occasion, de dettes à éponger. J’aimerais que tu y prennes part, tu es l’un de nos éléments les plus prometteurs. Ce n’est pas pour rien que je te loge ici même. Si tu réussi, tu auras l’argent en Octobre de l’année prochaine, soit 5 mois plus tôt que prévu.
- Que devrais-je faire ? demanda Hercule, excité.
- Tu vas devoir t’entraîner spécifiquement, afin d’être capable de t’infiltrer dans une demeure bien gardée, de désarmer des gardes du corps et faire exploser un coffre. Gorira, ton instructeur habituel est un ancien militaire, il va t’apprendre tout cela. La mission aura lieu en septembre de l’année prochaine, le temps que nos hommes soient suffisamment préparés. Tu as donc 17 mois pour l’être toi aussi ! À cette période de l’année le maître des lieu n’est pas là, il a pour habitude de partir en vacances avec deux ou trois de ses hommes, ça facilitera la mission. Bon, maintenant part immédiatement te coucher, une rude journée t’attend demain, pire qu’aujourd’hui !
- Oui Monsieur le Baron, répondit Orphée dans un frisson.

Pendant ce temps, le maître d’arts-martiaux de notre jeune ami était au téléphone :

- Allo, Gorira à l’appareil ! C’est pour te parler de mon nouvel élève. J’ai mes propres plans pour lui ! Ca pourrait t’intéresser !

7 mois plus tard… Le 22 septembre 748 arriva, jour du douzième anniversaire d’Hercule. Celui-ci, munit d’une blouse blanche, de gants et de lunettes de protections, se trouvait dans une extension secrète de la salle d’entraînement, à carrelage blanc. Il maniait avec dextérité trois tubes à essais, d’une main à l’autre, tel un jongleur. Le souffre, l’acide et le fer créaient un ballet de fumée et d’étincelle, digne d’un spectacle pyrotechnique. Lorsque le préadolescent eu obtenu le mélange souhaité, il déversa le liquide sur un cube de métal de plus de cinquante centimètres d’épaisseur. Une vaporisation fit disparaître la solution chimique, en même temps que la matière qui venait de la toucher.

- Bravo Orphée ! s’exclama le maître
- Merci Sensei ! répondit Hercule tout en s’inclinant, un petit sourire en coin.

Mais une partie de la vapeur se liquéfia au contact du plafond froid du sous-sol et tomba au goutte à goutte sur le plan de travail de l’enfant. Certaines d’entre elles tombèrent dans les multiples tubes, provoquant un festival de couleurs et de lumière, d’explosions divers et variées.

- J’ai parlé trop vite… dit un Gorira désabusé, les cheveux fumants et dressés comme les pics d’un hérisson, tout comme ceux de son élève.

Une heure passa… Hercule mangeait avec son instructeur sur le ring renversé, faisant office de table. Ils mangeaient de la viande haut de gamme, avec des couverts en argent. Cela n’empêchait pas Gorira de lâcher quelques rôts de temps à autres. Le Major d’homme apporta un gâteau orné de deux bougies, formant le nombre « 12 ».

- Bon anniversaire, Monsieur, dit très poliment, et tout en retenue, le serviteur.
- Merci Ari ! répondit l’enfant, touché.
- Bon anniv’, p’tit gars ! souhaita l’ancien militaire, un discret sourire au bord des lèvres, quand ils furent à nouveau seuls.

Enthousiaste, Hercule utilisa ses fortes capacités thoraciques pour éteindre les deux petites flammes en un seul coup. Mais, à sa grande surprise, Gorira les ralluma.

- Tu as douze ans aujourd’hui, c’est très bien, mais ça ne vaut rien si tu meurs jeune... C'est le moment de me montrer que tu as progressé ! Souffle ces bougies du poing !
- Ou... oui Sensei, répondit Hercule sous pression.
- Mais attention, je ne te demande pas de créer de l'air, c'est trop tôt pour toi ! D'ailleurs, même moi je n'y arrive pas après 30 ans de pratique, c'est dire... Contente toi de projeter celui qui existe déjà, comme je te l'ai appris !

Orphée se concentra, yeux fermés. Chacune de ses impressionnantes expirations venait du plus profond de son corps, émettait un son roque et vibrant. Les bras écartés, afin de permettre à l’air d’aller et venir plus facilement, le jeune garçon serrait les poings et y concentrait le maximum de force.

- N’oublie pas que la puissance ne suffira pas, il faut aussi et surtout de la vitesse ! conseilla fermement l’expert en arts-martiaux.

Après une dizaine de secondes de préparation, Hercule enclencha le mouvement. Afin de gagner en vivacité et suivre les consignes de son maître, il fit partir sa main du plus loin possible, sous son aisselle et ne la ferma qu’au tout dernier moment. Simultanément, il poussa un kiai éraillé dû à la mue, provenant de ses entrailles, ce qui l'aida à utiliser toute son énergie. Un véritable grognement d'ours... Les flammes vacillèrent alors qu'elles étaient à plus d'un mètre du poing, sous le regard imperturbable de l’homme et inquiet de l’enfant… puis s’éteignirent. Hercule, content de lui, regarda son instructeur en bombant légèrement le torse. Il fut déçu de voir que Gorira ne le félicitait pas, même si les yeux de ce dernier pétillaient.

- Orphée, tiens ! fit l’ex-militaire, jetant un objet à son élève.

Hercule l’attrapa et constata avec une délicieuse surprise qu’il s’agissait d’une boite de carton ornée d’un petit serpentin jaune, le premier véritable cadeau qu’on lui faisait en ce lieu. Il voulu aller embrasser son maître mais se ravisa, imaginant déjà la main qu’il prendrait en pleine figure. Il ouvrit le paquet et constata qu’il s’agissait d’une console de jeu portable, une Genboy, dont il avait souvent entendu parler dans quelques réclames télévisés, qui lui avait toujours fait envie.

- Merci Sensai !
- Bien-sûr, tu peux t’amuser avec en-dehors de tes plages d’entraînement, c’est fait pour mais, si tu trouves une meilleure utilisation à en faire, je saurais te récompenser comme il se doit, dit Gorira, énigmatique.

Le jeune Orphée le regarda avec de grands yeux hagards, ne comprenant pas tout de suite où son maître voulait en venir.

Un an passa, durant lesquels le jeune garçon continua sa formation en arts-martiaux, chimie, armement et électronique, notamment. La mission « punitive » était sur le point de commencer… Le 29 septembre, à la nuit tombante, les silhouettes d’un commando constitué de trois personnes s’engouffrèrent dans un avion jaune, bardés de sacs à dos sans doute pleins à craquer de matériel. Le véhicule ailé ressemblait à un insecte, de part sa cabine avant ronde, excroissance de l’engin, l’antenne qui y était accrochée et les parties grillagées au niveau de la « bouche » et de l’arrière train, faisant penser à de la chitine. Gorira tourna successivement trois petites manettes et l’avion commença à vibrer, à se chauffer. Puis il en tourna une quatrième, tout en tirant légèrement le manche vers lui. La machine cracha du feu par la partie inférieure de sa carcasse et décolla avec une telle brutalité qu’Hercule et Jagaa, qui avait tanné son père pour venir, se retrouvèrent plaqués contre leurs sièges, à l’arrière. Leur maître leur demanda :

- Vous êtes prêt ?

Les deux adolescents répondirent par l’affirmative, même si Jagaa – qui n’avait pas beaucoup grandit - suait légèrement. Orphée, quand à lui, déglutit bruyamment.

Huit heures plus tard, ils se posèrent dans une clairière à proximité de la ville de Kokuhot. Les oiseaux commençaient à peine à gazouiller, le brouillard se levait en même temps que le jour. Les trois membres du commando, tout de noir et gris vêtus, marchèrent en silence, sans même faire craquer une branche, en direction du centre de l’agglomération. Ils se cachèrent derrière de hautes haies taillées entourant et cachant en grande partie une luxueuse demeure. Son toit en ardoise formait des vagues : excentricités d’un architecte original. Ses murs étaient blancs afin d’attirer la lumière et donner l’impression qu’il s’agissait d’une tour d’ivoire, inaccessible. Gorira déroula un immense plan de la maison devant ses élèves. Peu de temps après, il escalada l’un des buisson et retomba dans la grand jardin, fait de pierres blanches et fontaines. Un aboiement se fit entendre au loin. L’homme sortit prestement de son sac deux fioles, l’une contenant une poudre blanche, l’autre un liquide vert-pomme, peut-être des synthèses de diverses cyanures. Il en aspergea un gros morceau de viande et le jette vers un molosse qui arrivait toute langue dehors. Le chien renifla, ne pu détecter le poison du savant mélange et mangea le steack. Ses jambes tremblèrent, ne tardèrent pas à ne plus le porter ; ses babines étaient recouvertes de bave. Il rendit l’âme dans un couinement plaintif. L'homme vit la grande entrée de bois blanc s’ouvrir et des personnes avancer sur le pas de la porte. Le commando avait choisi avec soin ses vêtements et le moment d’opérer, ses trois membres ne furent donc pas repérés à cette distance de plus ou moins cinquante mètres. Calmement, Gorira fit signe à Hercule et à Jagaa de le suivre. Le premier cité atterrit sur les gravillons en une roulade dont il avait l’habitude. Il le regretta assez vite car, même s’il ne fit pas de bruit ainsi, son dos n’avait pas apprécié... Jagaa, quand à lui, fit un salto qui ne servait à rien mais pouvait épater la galerie, espérait t-il. Ils se dirigèrent, à plat ventre, de l’autre côté de la maison. Comme ils l’avaient convenus, Orphée continua sa route vers l’aile gauche, afin d’entrer par une porte dérobée, sans poignée ni serrure, quasiment invisible si l’on n’était pas prévenu. Gorira prit Jagaa dans ses bras puissants et le catapulta sur un petit balcon donnant à une fenêtre. L’enfant ne savait pas s’il devait bien le prendre… Le maître revint ensuite sur ses pas, en direction de l’entrée principale, passage le plus périlleux. Il enfila sa cagoule, prêt à en découdre. Un garde du corps encravaté le vit arriver, tel une bombe. Il n’eut pas le temps de réagir, un gaz lacrymogène particulièrement puissant lui faisant perdre ses capacités orales et visuelles. Le brouillard ne permit pas de voir les coups échangés avec d’autres hommes, mais les cris laissaient penser que ce n’était pas jolie-jolie.

Pendant ce temps, Hercule ouvrait le passage qui lui était destiné avec un liquide rouge feu, désintégrant le bois gênant, puis fit de l’escalade dans un étroit conduit, sûrement une cheminée, étant donnée la substance noire qui se collait à lui. Drôle de passage secret, pensa t-il. Il arriva sur le toit et dû faire preuve d’un sens aigu de l’équilibre pour ne pas glisser dans ce toboggan d’ardoise. Il atteignit tout de même une ouverture et s’y laissa glisser. Il retomba à pas de chat dans une chambre luxueuse, aux draps dorés et miroirs travaillés. Il balaya les lieux du regard et vit ce qu’il cherchait, une télévision de grande dimension. Il la fit tourner 3 fois sur elle même, comme Gorira, expert en ce genre de mécanismes, lui avait montré. Aussitôt, le meuble sur lequel l’objet factice reposait s’ouvrit discrètement, découvrant une caisse en métal gris. Sur celle-ci on pouvait voir un écran et, en-dessous, dix touches sur lesquelles figuraient chacun des chiffres de 0 à 9. Hercule sortit d’une trousse un tournevis à pointe très fine, unique en son genre, et commença à ouvrir le coffre analogique, par en-dessous. Sa langue tendue montrait à quel point il s’appliquait.

Jagaa avait déjà commencé à se frayer un passage, en témoignaient les corps étranglés ou coupés qu’il laissait derrière lui. Au bout d’un long couloir tapissé de bleu, il arriva devant l’entrée qu’il recherchait. Mais un homme avait la charge de la garder et n’allait pas le laisser entrer comme cela. Jusque là, tout allait bien, il n’avait pas repéré Jagaa. Celui-ci devait-il bien le prendre, c’était encore une bonne question… L’enfant, en toussant volontairement, tapota le genou du garde, qui enfin l’aperçu. Surpris, l’adulte armé n’eut pas le temps de parer le coup de tête que Jagaa lui assena dans la rotule. Il plia presque entièrement les jambes mais resta sur ses pieds, serrant les dents, envoyant valser le garçon d’un uppercut. Jagaa fit un flip-flap aérien pour se rétablir et atterrit sans dommages. Il prit de l’élan et se propulsa, de ses pieds joints, vers l’ennemi ; style caractéristique de l’école Gorira. Il entra ainsi, comme un boulet de canon, dans le ventre de l’homme. Celui-ci tira la langue mais encaissa plutôt bien le choc. Il repoussa de ses abdominaux l’assaillant.

- Bon, bon… ce gaillard là est plus résistant que les autres, il va falloir que je me donne à fond ! Ca va pas être facile ! pensa le plus jeune membre du commando.

Il fit tournoyer sa natte munie d’un kunai et la lança vers le visage du garde du corps. D’une simple inclinaison de la tête, le projectile coupant fut évité. Une salve de tirs ne tarda pas à pleuvoir sur Jagaa qui, grâce à sa petite taille et sa rapidité, pu les éviter en rampant à toute vitesse et en tout sens. C’était sa fameuse « défense de la puce » qu’il avait mise au point cette dernière année. Il réussi ainsi à s’approcher du tireur et pu le désarmer d’un coup sec au niveau du coude. Il tourna ensuite sur lui même, jambes tendues et virevoltantes, tel un danseur de hip-hop, ce qui crocheta les jambes de l’adversaire et le fit tomber. Tel un pit-bull enragé, Jagaa sauta sur le garde, de façon à se retrouver à califourchon sur ce dernier et à lui bloquer les bras, et commença à lui donner une série de coups de poings à la figure. L’homme attendit le bon moment et inclina la tête soudainement. Un craquement peut enviable se fit entendre. L’enfant avait cogné le sol et ne pouvait plus frapper du poing droit, il décida alors de ne se servir que du gauche, ce devrait être suffisant pour terminer le travail, pensa t-il. Mais son ennemi intercepta l’attaque de la main droite, qu’il avait pu libérer à l’instant, alors que Jagaa avait manqué sa cible. Il serra fort et fut ragaillardit d’entendre le jeune adolescent pousser un petit cri plaintif. Sous l’effet de la douleur, Jagaa se redressa un peu et l’adulte en profita pour se saisir, de sa patte gauche, de la terrible natte. En difficultés, le fil de baron ne savait que faire, impuissant. Une explosion salvatrice se fit entendre de l’autre côté de la porte. L’homme fut déconcentré et desserra légèrement ses prises. C’était le moment ! Le petit pratiquant d’arts-martiaux se libéra et enroula sa tresse autour du cou de l’ennemi, qui ne tarda pas à succomber. Alors que ce dernier venait de rendre son dernier souffle, Hercule sortit de la pièce, désormais sans surveillance, son sac à dos rempli de billets.

- C’est pas trop tôt, j’ai fini depuis longtemps ! lui dit Jagaa, se redressant subitement, l’air de rien.

Le jeune garçon de 13 ans ne prit même pas la peine de répondre et se dirigea, suivit de près par son acolyte, vers la dernière étape de leur mission : la chambre du maître des lieux. Comme toutes les autres, elle était maintenant libre d’accès et ils y entrèrent sans aucun souci. Pourtant, les deux enfants restèrent immobiles, cloués au milieu de la pièce. Le chef, qui n’était pas censé être là, les attendait tranquillement derrière son bureau, fumant avec délectation un cigare. Il regarda sa montre dorée et dit :

- Bravo, vous êtes pile à l’heure mes petits !
- Mais… mais comment saviez vous ? bafouilla Hercule.
- J’ai mes sources mon grand bonhomme, répondit l’homme, moqueur.

Hercule haussa un sourcil. Plus il fixait cette personne, plus il se disait qu’il l’avait déjà vu quelque part. De plus, cette voix grave, rauque, il la connaissait. Un bruit de camionnette, la porte de son ancien magasin et diverses autres souvenirs lui revinrent à ce moment là. Il ne pu mettre de l’ordre dans cela, son maître cagoulé arriva en fanfare, soignant son entrée par un double salto avant. Il pointa son index vers le propriétaire de la maison et lui dit :

- Reste là toi, je vais te régler ton compte !

Puis, en s’adressant à ses élèves, il ordonna :

- Sortez de là immédiatement, attendez moi dehors, c’est trop dangereux ici, ce gars là est aussi fort que moi !

Ils obéirent, sans broncher, même s’ils se posaient des questions. Gorira claqua la porte et les deux hommes s’approchèrent l’un de l’autre, d’un pas lourd. Ils s’observèrent, comme dans un western, et l’inconnu dégaina son revolver. Il en sortit… un petit drapeau sur lequel était écrit « pan ! » Cela fit bien rire Gorira. Le maître des lieux aussi. Ils continuèrent à manifester leur contentement en se serrant fortement dans les bras l’un de l’autre.

- Crapule !

- Canaille ! s’échangèrent t-ils.

L’ex-militaire enleva sa cagoule et montra son plus beau sourire, puis il s’exclama :

- Tu as vu, mes petits protégés se battent bien ! Je t’avais pas menti !
- Oui ma poule, c’est vrai, je regrette pas ! Tu m’en veux pas, j’ai rien dit à mes gardes, pour d’une part voir ce que ceux-là valaient vraiment, et aussi pour tester tes élèves. Ca valait le coup ! En tout cas, la réussite ne me quitte pas. J’ai pas eu grand chose à faire finalement : Jagaa a détecté le phénomène Hercule, le Baron m’en a parlé et après j’ai été constater par moi même lorsque l’association est allé le chercher. Un jeu d’enfant, mon grand ! dit le proprio en rigolant.
- D’ailleurs, t’es un filou toi d’avoir gardé tout ton attirail de gendarme alors que t’as été viré il y a belle lurette ! Ils n’y ont vu que du feu !
- Je t’offre un verre ?
- Volontiers, mais un seul alors !
- Après, on fait quoi ?
- J’ai ma petite idée.

Deux heures s’écoulèrent, le surnommé Orphée et son camarade patientaient comme ils pouvaient, la boule au ventre. Ce silence leur faisait peur. Leur maître avait-il été tué ? Étaient-ils morts tout les deux ? Des coups de feu les sortirent de leur léthargie et ils se précipitèrent vers la chambre du boss. Lorsqu’ils y arrivèrent, ils virent, paniqués, leur instructeur affalé au sol, gémissant. Hercule débrancha son cerveau et se rua sur l’ennemi, assis par terre, la bouche ensanglantée. Hors de lui, il lui assena un crochet du droit, un coup de pied frontal, puis le redressa par le col.

- Énervé pour si peu ? demanda l’homme, goguenard. Qu’est ce que ça sera quand je te donnerai des nouvelles de Byétjer et Printsir ?

Hercule du pousser un grand cri pour éviter de commettre un meurtre. Il faillit s’étrangler en pensant à ce qui aurait bien pu arriver de dramatique à son frère et à sa sœur.

- Ton frère court vite ! Très vite ! Malheureusement pas assez ! Comme proie il n’avait pas une grande carrière devant lui de toute façon…

Le sol se déroba sous les pieds du colosse au cœur d’argile. Il venait de comprendre que son cher Printsir avait périt, attrapé par je ne sais quelle bête ou brute.

- La petite n’a pas supporté la mort de son sprinteur adoré, ils sont tellement fusionnels ces deux là. Elle l’a donc rejoint, à petit feu, d’elle même…

Orphée resta prostrée, à genoux, secoué par des sanglots qu’il ne retenait pas. Toute la tristesse contenue sous un masque de fierté s’écoulait. Jagaa essayait de l’ignorer et prenait des nouvelles de son maître. Lorsque Hercule n’eut plus une larme en lui, lorsque le dernier vestige de sa peine fut tombé à terre, il se redressa, bien droit, l’œil sec et sévère. Il transperça du regard l’ennemi, qui en perdit son assurance, un frisson glacial lui parcourant le dos. Il suivit l’enfant du regard, inquiet, le vit sortir un objet de son sac et lui tendre. Hésitant, il le prit et s’aperçut qu’il s’agissait d’une console de jeu portable.

- On y va ! ordonna Hercule

Jagaa, qui était pourtant son supérieur n’osa pour une fois pas le contredire. Il prit Gorira sous les bras, son collègue attrapa pour sa part les jambes, et ils quittèrent ce lieu sans tarder. Il faisait maintenant plein jour, les immeubles arrondis et pilonnes ressemblant à des champignons, ou coton-tiges géants, brillaient sous un soleil de plomb. Cette ville, bordée par de basses montagnes, respirait la quiétude. Enfin… jusqu’à cet instant. Soudain, plus un son, les oiseaux semblaient se douter qu’un événement malheureux se tramait… Une terrible explosion déchira l’air, provoquant la panique de la faune locale et des humains qui étaient à proximité de la vaste demeure. Celle-ci n’était plus. Un tas de cendre, ni plus ni moins... Inexplicablement, dans la foulée, la nuit tomba comme un rideau que l’on aurait jeté sans préavis, comme l’épilogue inattendu et marquant que cette sinistre fin de spectacle méritait. Orphée, imperturbable, regardait droit devant lui, sans se retourner. Il pensait :

- Il a été trop curieux, il n’a pas pu s’empêcher de l’allumer, cette ordure ! Qu’il aille en Enfer ! De toute façon, je vais l’y rejoindre, je n’ai plus rien à perdre. Orphée s’est perdu dans les enfer, n’a plus personne a y sauver, alors autant en être le chef : Satan !


Dernière édition par Kame-boy le Jeu Août 05, 2010 8:29 pm, édité 1 fois.


Message par RMR » Jeu Août 05, 2010 8:55 am
Pas mal, le pourquoi du nom de Satan! L'histoire est toujours aussi plaisante, mais je suis surpris que Satan maîtrise le kiaï, qui est une forme de projection d'énergie, l'un de ces fameux truquages pour blond fluorescent déguenillé.


Message par Kame-boy » Jeu Août 05, 2010 9:26 am
Le kiai, avant d'être un projection d'énergie sous forme de kikoha ou autres attaques spectaculaires de nos héros blonds, est dans la vraie vie une technique d'arts-martiaux, très utilisé dans le karaté par exemple, un extériorisation intense de l'énergie que l'on a en soi, le cri participant au processus : http://www.karatetaikido.com/kiai.htm.
Dans la scène qui nous intéresse, Satan éteint les bougies tout simplement (il faut quand même le faire ^^) avec l'air que son attaque puissante et rapide créer. Dans la réalité, quelques experts arrivent à le faire aussi.
Goku arrive à projeter Chichi avec la même technique, là par contre c'est une extrapolation du véritable kiai et un terrien n'en est pas capable (Ten-shin-han, Krilin et Yamcha exceptés ^^).


Message par Antarka » Jeu Août 05, 2010 9:54 am
Kame-boy a écrit:
Dans la scène qui nous intéresse, Satan éteint les bougies tout simplement (il faut quand même le faire ^^) avec l'air que son attaque puissante et rapide créer. Dans la réalité, quelques experts arrivent à le faire aussi.


Heu... je fait 1m63 pour 65 kg, je suis bien entretenu mais je fait pas de sport depuis 5 ans et j'ai jamais pratiqué les arts martiaux (depuis 10 ans) et j'y arrive à éteindre des bougies comme ça hein.



Message par RMR » Jeu Août 05, 2010 9:57 am
Dans dragon ball, le fait de déplacer de l'air avec un mouvement pour frapper, comme Gokû contre Chichi ou dans votre fic Satan contre les bougies, c'est le shogekiha. Le kiaï de dragon ball est bien celui que vous décrivez, une extériorisation pure de l'énergie avec un cri, et non un déplacement d'air, comme Oob contre Gokû au 28ème tournoi, entre autre.

Antarka a écrit:
Heu... je fait 1m63 pour 65 kg, je suis bien entretenu mais je fait pas de sport depuis 5 ans et j'ai jamais pratiqué les arts martiaux (depuis 10 ans) et j'y arrive à éteindre des bougies comme ça hein.


Je pense que Kame-boy voulait dire par là que Satan les éteints avec un coup de poing direct, et non avec un balayement de la main, ce qui facilite grandement les choses.


Message par Kame-boy » Jeu Août 05, 2010 10:17 am
Heu... je fait 1m63 pour 65 kg, je suis bien entretenu mais je fait pas de sport depuis 5 ans et j'ai jamais pratiqué les arts martiaux (depuis 10 ans) et j'y arrive à éteindre des bougies comme ça hein.


Ben pas moi, surtout s'il y en a deux ^^ J'avais essayé après avoir vu un film d'arts-martiaux quand j'avais vers 10 ans je crois :oops: Ca dépend de la bougie aussi je suppose, la vivacité de la flamme, l'épaisseur de la mèche. Et puis bien-sûr, même si je l'ai pas précisé, le poing ne touche pas la flamme, ce n'est que l'air qui les éteint. Mais si vous pensez que c'est trop facile d'éteindre 2 bougies avec le souffle du poing, je peux préciser que Satan se tient à une certaine distance du gâteau, c'est pas compliqué ;)

Sinon, un mini-débat et un autre posteur sur ce topic ! Youpi ! ^^
Merci en tout cas car les commentaires servent aussi à cela, c'est à dire aider à améliorer la fic ;)

La remarque de RMR me semble assez pertinente, c'est à dire qu'un coup de poing provoque moins d'air qu'un balayement de la main.

Dans dragon ball, le fait de déplacer de l'air avec un mouvement pour frapper, comme Gokû contre Chichi ou dans votre fic Satan contre les bougies, c'est le shogekiha. Le kiaï de dragon ball est bien celui que vous décrivez, une extériorisation pure de l'énergie avec un cri, et non un déplacement d'air, comme Oob contre Gokû au 28ème tournoi, entre autre.


J'avoue ne pas connaitre le shogekiha, c'est peut-être le terme plus approprié que je vais utiliser et mettre à la place de "Kiai". Mais ce déplacement d'air ne peut-il pas être une conséquence de l'utilisation du Kiai ? Après tout, quand on utilise le kiai dans les arts-martiaux "traditionnels" (sans "boule de feu" par exemple), le mouvement vif déplace de l'air aussi, ce n'est peut-être pas l'exclusivité du shogekiha, même si ce-dernier est plus efficace dans ce domaine. Mais je vais me renseigner sur ce dernier terme, avant de dire d'autres bêtises ;)
Concernant le terme kiai, je pense qu'Hercule l'utilise puisqu'il dit, notamment, page 119 du 42è volume : "tiens, il a peut-être eu peur de mon kiaï...".


Message par RMR » Jeu Août 05, 2010 10:38 am
Kame-boy a écrit:
Concernant le terme kiai, je pense qu'Hercule l'utilise puisqu'il dit, notamment, page 119 du 42è volume : "tiens, il a peut-être eu peur de mon kiaï...".


Erreur de traduction. Il dit "kihaku" et non "kiaï", c'est à dire la force d'esprit. Satan essaie de dire à sa manière que c'est son aura qui a effrayé Boo, mais il ne sait même pas comment ça se dit vraiment alors il sort ce terme de "force d'esprit". Ce qui dessert le côté "Satan s'y connaît".


Message par Kame-boy » Jeu Août 05, 2010 10:50 am
Arf, je savais que Glenat avait fait des erreurs de traduction mais je n'imaginais pas pour un mot de cette nature, un terme bien spécifique. C'est comme s'ils avaient traduit Kikoho par Kaméhaméha ^^

Enfin bon, merci pour ces éclaircissements ;) Au fait, juste une petite précision : tu ne penses donc pas que l'utilisation du kiai puisse provoquer indirectement une projection d'air ?


Message par RMR » Jeu Août 05, 2010 6:47 pm
Si, si. Le choc énergétique peut déplacer de l'air, mais tel que c'est décrit dans la fic, Satan semble vouloir provoquer directement le mouvement d'air, pas un mouvement d'énergie qui provoquerais lui-même un mouvement d'air.


Message par Kame-boy » Jeu Août 05, 2010 7:39 pm
D'accord, je comprend mieux, je vais modifier pour que ça soit plus clair. Arigato gozaimasu ;)

Edit : voici la version précédente du passage dont on a parlé, suivie de la nouvelle, celle faite à partir de vos conseils. Dites moi svp ce que vous en pensez :

- Tu as douze ans aujourd’hui, c’est très bien, mais ça ne vaut rien si tu meurs jeune. Montre moi que tu as progressé en soufflant ces bougies du poing !

Orphée se concentra, yeux fermés. Chacune de ses impressionnantes expirations venait du plus profond de son être, émettait un son roque et vibrant. Les bras écartés, afin de permettre à l’air d’aller et venir plus facilement, le jeune garçon serrait les poings et y concentrait le maximum de force.

- N’oublie pas que la force ne suffira pas, il faut aussi et surtout de la vitesse ! conseilla fermement l’expert en arts-martiaux

Après une dizaine de secondes de préparation, Hercule émit un kiai éraillé dû à la mue, provenant du plus profond de ses entrailles. Un cri d'ours... Afin de gagner en vivacité et suivre les consignes de son maître, il fit partir sa main du plus loin possible, sous son aisselle et ne la ferma qu’au tout dernier moment. Les flammes vacillèrent, sous le regard imperturbable de l’homme et inquiet de l’enfant… puis s’éteignirent.



- Tu as douze ans aujourd’hui, c’est très bien, mais ça ne vaut rien si tu meurs jeune... C'est le moment de me montrer que tu as progressé ! Souffle ces bougies du poing !
- Ou... oui Sensei, répondit Hercule sous pression.
- Mais attention, je ne te demande pas de créer de l'air, c'est trop tôt pour toi ! D'ailleurs, même moi je n'y arrive pas après 30 ans de pratique, c'est dire... Contente toi de projeter celui qui existe déjà, comme je te l'ai appris !

Orphée se concentra, yeux fermés. Chacune de ses impressionnantes expirations venait du plus profond de son corps, émettait un son roque et vibrant. Les bras écartés, afin de permettre à l’air d’aller et venir plus facilement, le jeune garçon serrait les poings et y concentrait le maximum de force.

- N’oublie pas que la puissance ne suffira pas, il faut aussi et surtout de la vitesse ! conseilla fermement l’expert en arts-martiaux.

Après une dizaine de secondes de préparation, Hercule enclencha le mouvement. Afin de gagner en vivacité et suivre les consignes de son maître, il fit partir sa main du plus loin possible, sous son aisselle et ne la ferma qu’au tout dernier moment. Simultanément, il poussa un kiai éraillé dû à la mue, provenant de ses entrailles, ce qui l'aida à utiliser toute son énergie. Un véritable grognement d'ours... Les flammes vacillèrent alors qu'elles étaient à plus d'un mètre du poing, sous le regard imperturbable de l’homme et inquiet de l’enfant… puis s’éteignirent.
"L'histoire de Mr Satan", fanfic de 2010 à présent terminée (et reconstituée suite à un hackage en 2011), espère vous plaire et n'aurait rien contre quelques commentaires ;)
http://www.lunionsacre.net/viewtopic.php?f=42&t=5894

"Le Chaos pour racines" est une fanfic qui met en scène 10 "avatars" créés par des membres du forum. J'espère qu'elle plaira aussi aux autres forumeurs ^^
http://www.lunionsacre.net/viewtopic.php?f=42&t=4900
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Re: [Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Messagepar Kame-boy le Mer Août 31, 2011 13:21

Chapitre XIII :

Satan était pensif. Il lui revenait, pêle-mêle, l’image d’un Baron digne mais furieux, une enveloppe pleine de billets qu’on lui tendait, un Gorira humilié et jeté à la porte, une première nuit difficile dans la peau de satan, un réveil en effet couvert d’urine, un Jagaa moqueur, un… un… et puis peu importe, il ne voulait plus s’en souvenir, il luttait contre les réminiscences de son ancienne vie. Le bruit d’une cloche le fit sortir de sa brume émotionnelle et intellectuelle. Il secoua sa tête en tout sens, pour se réveiller, et se leva de son tabouret en grognant. La bête féroce qu’il voulait devenir se jeta sur son pauvre adversaire. Celui-ci, tout de slip vêtu, en était transis de peur. Imaginez plutôt : un jeune et musculeux combattant d’1m90 pour une centaine de kilos, comme taillé dans la pierre, cheveux hirsutes de diable et cage thoracique fortement développée. En prime, un regard de tueur… Gorira, dans le coin du ring, observait, confiant. Il avait bien raison, son poulain qui avait maintenant 15 ans évita facilement un coup de poing adverse, d’une roulade latérale. À peine ses pieds furent t-ils à nouveau au sol qu’il s’en servit pour se propulser vers sa victime, de profil par rapport à lui et donc plus vulnérable. Il percuta violemment de son poing la tempe du malheureux et, afin de ne prendre aucun risque, ponctua le combat par un coup de genou dans l’estomac. Dans son magnifique pantalon grenat, Satan leva le poing, conquérant, le pied posé sur sa proie. Il se dirigea ensuite vers son maître et lui jeta un regard complice. Jagaa, dans une foule de rageux, observait, envieux.

Cela faisait tout juste deux ans que Satan et Gorira allaient de hangar en hangar, sous-sol en sous-sol, pour construire une carrière de combattant de l’ombre. L’entraîneur gagnait ainsi bien sa vie et rêvait d’un château encore plus grand que celui de son ex-patron. Il fantasmait même en imaginant le champion du monde officiel en titre, un certain Jacky Choun, se prosterner devant eux et, ainsi, leur assurer une popularité sans limite. Cette phase obscure actuelle n’était qu’une étape nécessaire au développement de son élève, nullement une finalité. Satan, lui, n’avait pas entamé tout « l’argent de poche » gagné chez le Baron et, pour l’instant, se satisfaisait de ses « petits 500 000 Zenis », comme il les appelait lui même. De toute façon, ce qui lui importait principalement était de démolir ses adversaires, il avait l’impression ainsi de détruire les souffrances, humiliations et autres souvenirs encombrant de son passée. Jagaa était jaloux, jaloux à en crever, il les observait de loin, sans se manifester. Son maître l’avait abandonné pour ce larbin d’Hercule, ce gosse sans origines nobles, sous prétexte que ce dernier était plus doué que le fils du baron lui-même. Il aurait aimé les suivre, convaincre son maître, mais l’amour paternel le retenait (et le juteux héritage avec).

- Mon Satan, tu sais quoi ?
- Non, quoi ?
- C’est ta 500ème victoire ce soir ! Ca mérite une récompense !
- Pas un jouet j’espère, répondit le terrible adolescent, moqueur.
- Non, pas du tout… J’ai une bien meilleure idée ! Suis moi, c’est une surprise !

Les deux hommes arpentèrent une bonne demi-heure les rues nocturnes, ce qui attisa la curiosité du plus jeune d’entre eux. Dans cette ville de la côte ouest, les lampions avaient pour particularité de ressembler à des ballons de lumière, on marchait sur cette haie d’honneur, comme planant. Le visage de Satan restait tout de même impassible. Son entraîneur s’arrêta devant un établissement à l’enseigne évocatrice : « Pink Pleasure ». Le grand adolescent commençait à peine à comprendre, en ce domaine il était encore assez naïf.

- Si tu veux mériter ton nouveau nom, tu dois connaître ce genre d’endroit comme ta poche ! Amuses-toi bien ! ricana Gorira, poussant son élève contre les portes battantes.

L’adulte commença alors à chuchoter à l’oreille d’une femme toute de plumes roses vêtues, lui glissant quelques billets entre les seins. Elle opinait du chef, maline. Le grand adolescent, lui, avait le vertige, entouré de tant de lumières, flashs, demoiselles dévêtues et gesticulantes. Il jeta un œil dehors, paniqué, manquant d’air, mais s’aperçut que son maître avait disparu. Une main aux ongles rouges le tira à l’intérieur, par le col de sa chemise noire. Elle l’embrassa fougueusement, avant qu’il n’ai le temps de dire ouf. Totalement perdu, il n’émit aucune résistance et se retrouva, sans s’en apercevoir, dans une petite chambre à l’ambiance tamisée et au lit de guingois. La jeune femme l’y jeta puis fixa le bel athlète avec gourmandise, tout en détachant doucement son porte-jartelle. Elle prenait son temps, tout son temps… sous le regard curieux mais apeuré de l’apprenti Satan.

- La patronne ne m’a pas choisi par hasard, mon grand ! Je suis l’une des rares à aimer mon métier ici, tu vas t’en rendre compte très vite ! Champion, à nous deux !

Elle se mit alors à califourchon sur lui et arracha littéralement ce qui la séparait du torse enviable de ce garçon. Puis elle… bip !

- Message de l’auteur : afin de respecter la vie privée de Mister Satan, ce passage sera censuré. Merci de votre compréhension. Toutes nos excuses pour la gêne occasionnée (et pourtant je ne suis pas de la RATP…).

- Bouhhhh ! font les lecteurs.

- M’en fiche ! fait l’écrivain têtu.

Reprenons… L’adolescent se réveilla, se demandant s’il avait rêvé. Il n’avait pas eu l’opportunité de saisir totalement ce qui lui arrivait. Il avait encore en mémoire sensitive ces ongles se perdant dans ses épaisses boucles, cette bouche le caressant, cette peau douce, ces cheveux courts mais tellement féminins… Il baignait à cet instant précis dans une paisible atmosphère, cela faisait tellement longtemps qu’il n’avait pas reçu de l’affection… La dernière fois, c’était dans une autre vie. Loin, trop loin. Il savait qu’il s’agissait d’une prostituée, qu’elle faisait ça pour vivre, ou plutôt survivre, mais il avait tout de même ressenti une attention particulière. Il tourna la tête, sans trop y croire et, en effet, elle n’était plus là ; il le comprenait. Il s’habilla, gagnant en lucidité au fil des minutes et descendit les escaliers grinçants de l’établissement. Gorira l’attendait, sourire en coin. Ils marchèrent dans la rue, sans un mot.

L’hiver 752 arriva, l’un des plus rudes des dix dernières années. Satan était couvert de neige, les bronches à vif, le visage fouetté par le vent glacial. Il courait pourtant, après ses rêves de gloire et d’argent, les seuls buts qu’il lui restait. Il courait après le combat à venir, le plus important de sa courte existence, celui qui lui promettait des millions de Zenis. S’il gagnait, c’était décidé, il plaquait tout ! Il allait vivre de femmes, d’air pur et d’eau fraîche dans un pays chaud, ne se privant d’aucun plaisir, sans limite. Le jour J arrivait à grands pas, encore trois petites nuits et il y était. Il savait que son futur adversaire était redouté dans le milieu de la pègre, encore plus que lui, qu’il pouvait même tuer les combattants qui lui faisait face. Mais Satan n’avait pas peur : s’il mourrait, il vivrait aussi dans la débauche, ce ne serait après tout qu’une autre version de l’Enfer, dans un autre monde.

Le 24 décembre arriva. Gorira et celui qui fut son élève montèrent sur la surface de combat. Le guerrier de 16 ans avait une barbe de trois jours, il savait qu’il ne fallait pas se raser avant un affrontement, pour garder de l’influx. Il portait son habituel pantalon bouffant grenat, ainsi que de petites bottes de boxe à lacets marrons foncé. Son haut de kimono était de la même couleur, ce n’était pas de très bon goût mais ainsi il pouvait faire penser à un ours brun furibard. Une ceinture de soie, dans les mêmes tons, tenait le tout en place. Satan s’impatientait, son adversaire n’était toujours pas là. Le speaker annonça :

- Dans le coin gauche, 16 ans, 666 victoires pour 2 défaites, 1m93 pour 108 kilos, veuillez accueillir Miiiiiiiister Sataaaaan !

Les salutations distinguées à base de crachats et jets divers fusèrent, ce qui ne fit qu’augmenter la motivation du jeune homme.

- Et maintenant, le champion local de notre bonne vieille capitale : 20 ans, 840 victoires et aucune défaite, 2m10 et 200 kilos sur la balance ! Un triomphe s’il vous plait pour Goriki no Piroshiki !!!

Cette fois, les acclamations furent plus évidentes. Le silence s’installa religieusement lorsque les pas du géant firent trembler tout le hangar. Satan vit l’eau servant à le rafraîchir entre chaque round avoir des soubresauts ; il en fut très légèrement inquiet. Cela se manifesta par des bras décroisés et un haussement de sourcil. L’ogre entra en scène. Il était chauve et rond comme une bulle de chewing-gum et sa grande bouche effrayante semblait pouvoir avaler n’importe quoi. Il portait une tenue moulante de lutteur, bleue roi, ne couvrant pas ses bras imposants et s’arrêtant à mi-cuisse. Il se laissa tomber au sol et y rebondit pour se rendre sur le ring. Il se frappa les pectoraux, tel un gorille en pétard, puis leva un poing à l’attention de la foule, sûr de sa victoire. Après avoir montré ses crocs à Satan, il s’assit dans son coin, pliant un malheureux tabouret qui n’avait rien demandé à personne. L’adolescent fit de même, attendant le gong.

- 3,2,1… Go ! Round 1 !
- Ting !

Étant donnée l’importance du match, les deux adversaires se jaugèrent pendant une bonne minute, visitant chaque coin du ring en tournant de concert. Satan fut le premier a attaquer, plantant son poing dans le ventre du monstre. Il cru même qu’il allait perdre sa main, tellement elle s’enfonçait profondément.

- Il est pas possible ce mec, son ventre est pire qu’un sable mouvant ! pensa le combattant hirsute.

Il eu beau gesticuler, sauter, appuyer sur le torse du géant avec ses pied, rien n’y faisait… Il était bloqué et n’allait pas tarder à se noyer dans la graisse de son opposant. Alors que la moitié de son corps était prisonnière, l’idée salvatrice arriva. Il chatouilla de ses doigts libres la sangle abdominal du lutteur – ou plutôt ce qui l’enrobait – et y provoqua ainsi des contractions incontrôlées. Les zygomatiques de l’homme rond n’en faisait qu’à leur tête, imitant le ventre dansant. Dans un éclat de rire involontaire, Piroshiki expulsa Satan contre les cordes. Ce dernier profita de l’élan ainsi donné pour fondre à toute allure sur sa grosse proie et lui assener un terrible coup de la corde à linge. Le champion local perdu l’équilibre et roula quelques instants. Il décèlera progressivement, provoquant un relâchement de l’adolescent. C’est l’instant que choisi le ballon humain pour reprendre de la vitesse et faire valser son adversaire comme une vulgaire quille. Mais Satan avait de la ressource et se rétablit en un flip-flap vrillé particulièrement acrobatique. Alors qu’il s’apprêtait à contre-attaquer, le sonnerie marquant la fin du premier round retentit. Il n’en restait plus que quatre.

Le jeune-homme chevelu n’écouta son instructeur que d’une oreille distraite, fixant intensément le mastodonte. Il écarquilla les yeux lorsqu’il vit l’entraîneur adverse - sapé comme un cuistot italien – redonner des forces à son poulain en lui faisant gober des pizzas. Après une quatre fromages et une napolitaine, il était d’attaque, pile quand le combat reprit. Il était remonté comme un (gros) coucou et se tapait les côtes avec les paumes. De la vapeur sortait de ses naseaux, il allait charger. Il fonça tête baissée vers Satan, tournant ses bras comme des hélices. Nullement impressionné, le plus jeune des deux guerrier sauta au dernier moment et laissa l’ogre s’emmêler dans les cordes.

- Voilà ce que c’est d’agiter les bras n’importe comment, te voilà coincé maintenant… dit un Satan moqueur.

Il profita de l’immobilisme de son adversaire pour lui botter les fesses plusieurs dizaines de fois. Le gigantesque postérieure virait à l’écarlate, suppliant à sa manière qu’on le laisse tranquille. Hors de lui, Piroshiki se mit à beugler, sous le regard amusé de Satan. Ce dernier changea totalement d’expression de visage lorsque presque la moitié du ring commença à se désolidariser de l’autre partie. Par sa force bestiale, le lutteur chauve arrachait plusieurs mètres carrés de ring. Il acheva de le faire en un râle spectaculaire. Décoré comme un sapin de noël, par un enchevêtrement de cordes et de taule, il se mit à tourner sur lui même, jambes légèrement fléchies. Satan fut obligé de se baisser d’extrême justesse, pour ne pas être assommé par tout ce fratra. Mais quelques cordes pendouillaient et purent l’atteindre, lui marquant le front. Extenué, le géant arrêta son manège et tenta de s’approcher de l’adolescent. Mais il avait le tourni et ne pouvait mettre un pied devant l’autre sans perdre l’équilibre. Encore une fois, le gong empêcha Satan de profiter de son avantage.

Ils durent demander les renforts de cinq personnes pour libérer Piroshiki de son morceau de ring, puis les 30 secondes de récupération purent être décomptées. L’énorme lutteur en profita pour couvrir son visage d’une bien étrange protection noire. Il s’agissait d’épaulières de football américain surmontées d’un casque à petites pointes, orné en son sommet par une forme évoquant la corne d'un rhinocéros. Une longue plaque striée, comme une trompe d’éléphant, cachait entièrement le visage du combattant.

- C’est pas du jeu ! pensa l’adolescent.

Il n’eu pas l’occasion de crier à l’injustice, le troisième round débuta (après avoir réparé rapidement le ring avec du gros scotch, bien entendu). L’ogre se jeta à bras raccourcis sur le « gringalet » qui lui faisait face et l’enserra. Il le comprima si fortement contre lui que des craquements osseux disgracieux firent grimacer quelques spectateurs. Satan eu le réflexe de donner un coup de tête, sous-estimant au passage la dureté de la protection faciale adverse. Une bosse décora aussitôt le crâne chevelu. Ce fut un mal pour un bien car le géant, voyant ainsi son pauvre adversaire sonné, le laissa tomber au sol. L’arbitre/speaker se mit aussitôt à décompter les 10 secondes réglementaires. L’adolescent était conscient mais incapable de se relever tout de suite, n’ayant plus le sens de l’équilibre. Cela faisait plus d’une année qu’il n’avait pas été à terre, ce n’était plus une habitude. Il se sentait rabaissé et l’envie de se venger immédiatement lui fourni la dose d’adrénaline nécessaire, en tout les cas pour s’appuyer sur son coude et commencer à se relever. Un flash de la scène honteuse qu’avait provoqué Jagaa devant l’école acheva de le réveiller. Debout, il fit travailler son jeu de jambe ; il appelait cela « danser » et il pouvait ainsi se remettre les idées en place. Piroshiki suivait la chorégraphie de pieds de son adversaire et fut rapidement désorienté.

- Regarde le dans les yeux, idiot ! cria son entraîneur.

Le mastodonte appliqua la consigne mais eu tout de même du mal à suivre la manège satanique. À chaque fois qu’il tentait d’approcher, le relativement frêle guerrier était de nouveau à plus de trois mètres. La sensation d’avoir affaire à un mirage... Parfois, il pensait pouvoir l’atteindre, mais ratait sa cible de quelques centimètres. L’adolescent appliquait – inconsciemment - à merveille la notion de « distance de stimulation » que Volnia lui avait inculqué en mer. Le « poisson » était plus imposant mais le principe était le même.

- Eh oui mon gros, j’ai remarqué que tu te fatiguais très vite, reviens me voir quand tu auras fait un régime ! envoya méchamment le jeune-homme à la tête de l’ogre.

La cloche marquant la fin du troisième round retentit, permettant à un Piroshiki hors d’haleine d’aller s’affaler dans son coin. Le pizzaïolo ouvrit l’avant du masque afin de lui donner quelques gorgées d’eau bienvenues. Satan n’en rata pas une miette, une idée germa aussitôt dans son vif cerveau d’adolescent.

Le quatrième round fut annoncé. L’énorme combattant, qui avait eu des consignes, cessa de courir après son adversaire. Il préféra rebondir d’une corde à une autre, gagnant en vitesse. La surface de combat eu bientôt des allures de flipper géant. Satan ne pouvait plus suivre la boule des yeux et fut réduit au rôle peu enviable de bumper. Il dû alors modifier légèrement son plan. En une série très gracieuse de roulades, il réussi à atteindre son coin et attrapa le seau d’eau qui s’y trouvait. Il s’en servit pour asperger le mastodonte qui devint ainsi plus lent, ses vêtements trempés étant plus lourds et collant, moins aérodynamiques. Il fut ensuite beaucoup plus aisé de l’éviter. Satan attendit le bon moment et s’allongea de telle sorte que l’ogre se retrouve au-dessus de lui. Il le frappa alors au ventre avec le plat du pied et le poussa en direction du plafond en taule. Piroshiki y rebondit et retourna vers le sol à toute allure. Le contact avec celui-ci fit trembler tout le hangar, obligeant la plupart des spectateurs à fermer les yeux. Quand ils les rouvrirent, il constatèrent avec stupéfaction que leur favori avait formé un trou dans le ring, dessinant les contours de sa silhouette. Lui était quelques mètres plus bas. Il pu sortir de son cratère à temps, furieux. De la vapeur sortit de deux tubes placé à l’arrière de son masque. Il retira d’ailleurs sa protection et, après l’avoir roulé consciencieusement en boule, la malaxa entre ses dents. Puis il l’avala bruyamment.

- Merde, moi qui voulait le noyer en mettant de l’eau dans son casque, c’est rapé ! pensa Satan.

Cela n’empêcha pas l’adolescent de sourire sans retenu. Vexé, Piroshiki chargea le jeune insolent. Ce dernier sauta haut et assena une claque monumentale au crâne chauve de son agresseur. L’homme frotta sa tête en maugréant et attaque à nouveau… pour la même punition.

- C’est l’un des rares endroits où tu n’auras jamais de graisse, j’en profite, ne m’en veux pas ! dit Satan.

L’ogre, furieux, en perdit sa lucidité et ne changea pas de tactique. Son crâne devint vite aussi rouge qu’une tomate.

- J’espère que tu as mieux, pensa Gorira, ce n’est pas comme ça que tu pourras le mettre KO.

Satan sauta sur les épaule de son adversaires et joua de la percussion, toujours sur la même peau martyrisée.

- Fini de jouer ! se dit le musicien improvisé.

Il tapa alors un dernier grand coup, provoquant une réaction proportionnelle de son adversaire, qui frappa en l’air de toutes ses forces, poings joints. Satan s’en saisit et les tira vers l’arrière, empêchant ainsi Piroshiki de respirer convenablement. Il jeta un œil au sonneur de gong et vit qu’il regardait son chronomètre, signe que le round était bientôt terminé. Satan ne voulait pas d’un cinquième et lâcha subitement prise d’un côté. Mort de fatigue, son opposant ne pu pourtant inverser la tendance, même avec ses deux bras. En temps normal, ils étaient suffisamment puissants pour envoyer valser un « gringalet » le tenant d’une seule main, mais le travail de sape de Satan avait payé. Celui-ci pu alors pratiquer une pression d’un point vital se trouvant au niveau de l’aisselle du géant. Piroshiki sourit, pour lui ce n’était qu’une petite piqûre de moustique. Il avait tort, l’effet se fit sentir une seconde plus tard, provoquant sa lourde chute. KO, il ne pu se relever. Satan leva le poing, victorieux, sous les huées, même s’il y en avait moins qu’au début du match. Il regarda son entraîneur mais de manière inexpressive, sans la complicité d’autrefois. L’arbitre donna l’enveloppe à Gorira, qui retrouva soudainement le sourire.

Le soir même, dans l’hôtel réservé spécialement pour le champion, des cris traversaient la fine porte de bois. Celle-ci fut d’ailleurs assez vite défoncée. En effet, Satan et son instructeur se disputaient violemment.

- Donne moi ma part tout de suite ! ordonna le jeune homme.
- Je t’ai dit demain ! gueula Gorira
- Et pourquoi ça ?!
- C’est plus sûr, tu es tête en l’air et tu risque de perdre l’argent avant que l’on soit rentré à Kokuhot !
- Je suis assez grand pour prendre soin de mes affaires ! Donne le moi tout de suite !
- Il faudra me tuer avant !
- Très bien !

Satan attaqua, d’un spectaculaire coup de pied marteau. Gorira, qui ne l’avait jamais vu exécuter cette technique, fut si décontenancé qu’il n’esquissa pas un seul mouvement de défense. Le talon de son ex-élève toucha le sommet de son crâne et l’assomma. L’adolescent, qui n’était pas encore tout à fait diabolique hésita à frapper un ennemi inconscient. Pourtant un feu brûlait en lui et lui ordonnait de le faire, voir même de l’étrangler. Il luttait contre la haine qu’il avait accumulé toutes ces années, contre lui, contre son maître, contre le monde entier. Il avait besoin d’aide pour ne pas commettre l’irréparable. Il vit un verre d’eau et s’en aspergea le visage, espérant que cela le calmerait. Un phénomène étrange se produit alors : une goutte ne tombait pas comme les autres mais, au contraire, suivait un chemin horizontal. Elle entra dans l’oreille de Satan, qui ressentit alors une décharge au niveau de la nuque. Comme un automate, il avança vers sa proie.
"L'histoire de Mr Satan", fanfic de 2010 à présent terminée (et reconstituée suite à un hackage en 2011), espère vous plaire et n'aurait rien contre quelques commentaires ;)
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"Le Chaos pour racines" est une fanfic qui met en scène 10 "avatars" créés par des membres du forum. J'espère qu'elle plaira aussi aux autres forumeurs ^^
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Re: [Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Messagepar Kame-boy le Ven Sep 02, 2011 14:46

Eh oui, déjà un nouveau chapitre ^^ J'ai le temps et je suis inspiré alors j'enchaine :mrgreen: Par contre je pense que le rythme baissera un peu dans quelques jours.

Chapitre XIV :

Les doigts de Satan se posèrent sur le cou du maître inconscient. Il pressa les carotides pour empêcher le sang d’arriver jusqu’au cerveau. Aucune émotion ne semblait se manifester en lui ; il avait le regard fixe et les paupières qui ne se fermaient plus. Il assista à la mort de Gorira comme s’il s’agissait d’un banal spectacle. Ensuite, il le mit sur le lit et s’allongea à côté de lui, avant de s’endormir. La goutte d’eau qui étant entrée en Satan sortit alors par le nez de celui-ci et rampa sur le parquet de la chambre. Elle vibra, grandit par secousses et se transforma enfin… en Zmyéya, le sorcier des eaux glacées. Celui-ci chuchota un mot à l’oreille de l’adolescent, puis prit les enveloppes contenant respectivement « l’argent de poche » d’Hercule et la fortune de Gorira. Il les caressa de ses mains aqueuses et regarda avec un plaisir non dissimulé l’encre des billets progressivement s’estomper, le papier gondoler, la fortune se noyer. L’être diabolique se laissa alors glisser entre deux lattes de bois et ainsi disparut.

Le lendemain matin, Satan se réveilla en sursaut. Avait-il fait un cauchemar, avait-il tué Gorira ? Instinctivement, il tourna la tête vers ce dernier et, fébrilement, lui toucha la carotide du bout des doigts. De trop longues secondes passèrent et le jeune homme ne sentait toujours pas de poux. Il fit un bond hors du lit, paniqué. Que faire ? À qui se confier ? L’avait-il vraiment assassiné ? Qui était le coupable ? Fallait-il prévenir la police ? Trop de questions se bousculaient, il saturait. Satan ferma alors les yeux et émit un rire dément. Un rire non pas de joie mais de nervosité, pour ne plus penser à rien, juste se concentrer sur ce son sinistre et beau à la fois. Tout en continuant, il chercha l’argent dans les poches du pantalon de son ancien maître, dans la table de nuit, dans son propre sac, puis, s’apercevant de la situation tragique dans laquelle il se trouvait, décupla son hilarité pleine de souffrance. Il voyait ses rêves s’envoler, son futur incertain, l’argent absent à jamais. C’est alors qu’il entendit chuchoter :

- Baba…
- Comment ?! fit Satan, cherchant d’où cela pouvait venir.
- Baba !
- Baba ? Qui est-ce ?!

Aussitôt, un très lointain souvenir émergea. Avant de rencontrer Volnia, il avait parlé rapidement avec cette vieille femme. Elle lui avait dit qu’elle avait beaucoup d’argent, grâce à son métier. De l’argent ! De l’argent ! Voilà ce qu’il lui fallait pour cicatriser ses blessures ! Il en était persuadé. Une idée commença alors à germer en son esprit : cette vieille chouette était responsable de ses malheurs, il fallait réparer cela en allant lui voler toutes ses richesses, jusqu’à la dernière pièce ! Satan commença à noircir un petit carnet de notes, à échafauder un plan.

En pleine nuit, il sortit de l’hôtel 4 étoiles et se dirigea vers les montagnes les plus proches. Une fois arrivé à destination, il prit dans sa poche une capsule de couleur jaune. Il appuya dessus et l’envoya quelques mètres plus loin. Un petit nuage tout à fait normal apparu et, une fois dissipé, laissa apparaître son contenu. Il s’agissait de l’avion utilisé pour la mission commando, il y a 3 ans de cela. Satan l’avait volé le jour de son départ, considérant qu’il l’avait bien mérité. Depuis, il avait fait bomber « Satan » sur le flanc de l’appareil, en majuscules au corps gras et noir. Il cacha le cadavre de Gorira sous un drap, sur la banquette arrière, puis monta à bord. Il tapa ensuite sur l’ordinateur de bord le nom de la personne qu’il cherchait et les coordonnées s’affichèrent. Elle habitait plein est. Il décolla silencieusement, impatient de mettre son plan à exécution.

Six heure plus tard, après avoir survolé un bras mer, il se posa en plein désert occidental. Le choc thermique était assez important, de 0 à environ 50 degrés ; si Satan avait su, il aurait mis une autre tenue. En effet, il portait un costume en tweed gris, une cravate assortie et des chaussures en cuir noires, l’ensemble idéal pour transpirer à grosses gouttes. Il avait aussi pris la peine de peigner une splendide raie au milieu de sa tignasse, créant deux grosses boules de cheveux ridicules de part et d’autre de son crâne. Il complétait son déguisement par d’énormes lunettes à double-foyer. Ainsi accoutré, et sans oublier d'encapsuler préalablement son avion, il marcha avec peine vers le palais de Baba. Celui-ci était composé de différents appartements indépendants, reliés par de simples ponts de pierre carrelés. Le bâtiment faisant office d’entrée était un igloo de brique, surmontée d’un dôme doré, dont le sommet évoquait une meringue. À hauteur d’homme, on ne voyait pas bien les autres constructions mais Satan distingua au loin un dôme se trouvant à l’arrière, à la finition haute et pointue, ainsi qu’une minuscule pyramide à sa gauche. Les chaussures pleines de sable et de cailloux, il arriva en claudiquant devant la porte arrondie. Un mignon petit fantôme au chapeau pointue l’accueillit avec un grand sourire ironique :

- Bienvenue ! Que me vaux le plaisir de votre venue ?
- Euh… je viens voir Baba la voyante !
- Elle est très occupée. Que lui voulez-vous ?
- J… je suis inspecteur des impôts et je viens vérifier si tout à été déclaré en règle.

Le serviteur de la sorcière perdit sa bonne humeur et alla en vitesse prévenir sa patronne. Celle-ci arriva, joviale, perchée sur sa boule de cristale volante.

- Que puis-je pour vous, monsieur ?
- Je voudrais simplement avoir accès à vos coffres ainsi qu’à vos dossiers de compte.
- Mais bien-sûr monsieur, sans problème ! Veuillez me suivre s’il vous plait.

Satan, heureux que son plan fonctionne, la suivit d’un pas léger. Après avoir franchit l’entrée et un pont, ils arrivèrent dans le deuxième bâtiment. Il ressemblait au premier mais avait en plus un étage, un balcon circulaire, ainsi que de nombreuses fenêtres elliptiques. Son sommet était bien plus pointue. À l’intérieur, toujours le même carrelage blanc, des squelettes inanimés tenant des lances ou fourches, et des cierges dégoulinants. Le plafond était identique au sol, ce qui intrigua l’adolescent. Baba souffla les deux bougies encadrant la sortie de l’appartement, ce qui enclencha un mécanisme secret. Une plate-forme descendit alors, laissant à cet instant visible l’étage supérieur. Mais celle sur laquelle se tenait le jeune homme sans le savoir se dirigea aussi vers le bas, l’emmenant vers les profondeurs de la bâtisse. La sorcière le guida dans la semi-obscurité, jusqu’à une porte blindée, qu’elle ouvrit en prononçant un véritable charabia. Elle invita Satan à entrer en premier et ce qu’il y vit le laissa sans voix, la langue pendante. La caverne d’Ali et des 40 voleurs n’était qu’une tirelire en comparaison. Un spectre déposa d’épais classeurs sur une table en bois précieux, située au milieu de l’immense salle et apporta une chaise à Satan, qui s’assit tout en continuant à admirer les montagnes de billets et pièces d’or.

- Je pense que vous n’aurez pas trop d’une semaine entière pour tout compter. Si vous avez un petit creux, n’hésitez pas à demander à mes serviteurs, dit Baba. Allez, je vous laisse tranquille, vous allez avoir besoin de concentration pour en venir à bout. Bon courage monsieur l’inspecteur !
- O… oui, merci beaucoup !
- J’oubliais : quand vous aurez terminé, sortez de cette pièce et choisissez la voie de droite, elle vous mènera directement à la sortie. Vous me tiendrez au courant par courrier, je préfère.
- Euh… oui, si vous voulez ! répondit Satan, qui commençait à s’impatienter.

Elle s’éclipsa enfin et, lorsqu’il fut sûr d’être seul, son poing serré exprima un sentiment de victoire. En ricanant, il sortit de sa poche une capsule et l’ouvrit. Elle contenait un énorme aspirateur, qu’il bourra à ras bord de zenis. Billets, pièces, lingots, bijoux… rien ne fut oublié. Il réduit le tout afin de pouvoir à nouveau le transporter facilement et pris la poudre d’escampette. Le voleur en herbe prit le chemin indiqué par la sorcière et vit comme prévu la lumière du jour au loin.

- La sortie ! J’y suis ! À moi la belle vie ! Ah ah ah ! cria Satan.

À quelques mètre de la sortie, le sol était légèrement pentu. L’adolescent n’y prêta pas attention, pas besoin d’être cascadeur pour courir là-dessus. Il fut bien obligé de s’avouer que la situation n’était pas normale lorsque ce plan incliné se transforma en toboggan. Il essaya de sprinter à contre-sens mais la gravité lui rappela sans tarder que c’est bien elle qui commandait. Elle le projeta dans un pièce à l’obscurité totale, silencieuse. L’adolescent se releva et avança à tâtons, ne rencontrant de par et d’autre que de la pierre et des barreaux. Il respirait bruyamment et était sur le point de perdre son sang-froid.

- Y’a quelqu’un ?! osa t-il

Mais aucune réponse ne vint. Satan s’assis alors en tailleur et essaya de trouver une solution. Mais l’angoisse reprit rapidement le dessus et il fit les cent pas, avant de frapper à plusieurs reprises sur ce qui lui bloquait le passage. Un bruit métallique peu agréable raisonna donc, bientôt couvert par les cris de rage du jeune homme. Une demi-heure plus tard, il se rendit à l’évidence, il était prisonnier. De toute façon, il venait de se vider de ses forces.

- Enfin, te voilà calmé ! fit une voix nasillarde.
- Qu… qui êtes vous ?
- Attends, je vais mettre de la lumière, ça sera mieux pour faire la présentation (en plus j’ai la classe).

Un clic d’interrupteur se fit entendre et de fausses bougies placées derrière les barreaux s’allumèrent. Malgré leur taille modeste, elles éclairaient puissamment et aveuglèrent momentanément le jeune combattant. Lorsque ce dernier pu rouvrir les yeux, il vit un drôle de personnage, un ninja au look improbable. Non seulement il avait des pattes comme on n’en faisait plus depuis des lustres, mais il avait aussi les cheveux attachés comme un cocotier, au sommet du crâne. Il portait un large kimono noir à manches courtes, par dessus une cotte de maille. Une ceinture de tissu blanc gardait sa tenue fermée et ses pieds étaient chaussés de tabis de la même couleur. Enfin, son dos accueillait un katana dans son fourreau, maintenu par un mignon petit nœud, du plus bel effet. Après avoir regardé cet individu de la tête au pied, Satan demanda :

- Qui êtes-vous ?!
- Ah ah, je m’appelle Murasaki ! Ca t’impressionne, hein ?
- Euh… non !
- Quoi ?! Tu ne sais pas que ça signifie violet et que cette couleur est symbole de crainte, de pouvoirs magiques ?!
- Et alors ?
- Bon, laisse tomber… On aura tout le temps de faire ton éducation ici.
- Hein ?! Comment ça ?!
- Et bien…
- Laisse moi lui expliquer, demanda une voix grave
- Pff ! Comme tu veux ! répondit le ninja.

De la pénombre sortit alors un homme au charisme unique, coupant le souffle d’un Satan émerveillé. Cet être avait des muscles saillants et un torse de gladiateur, couvert d’un poil roux que l’on voudrait avoir l’honneur de toucher. Ses cheveux mi-longs et sa barbe virile ne gâchaient rien. Un craquant petit blue-jean usé cachait ce qui aurait rendu incontrôlable n’importe quel personne normalement constituée sur cette Terre. Il se présenta :

- Je m’appelle Chuck, je suis le patron d'une troupe de combattants d'élite. Si tu as un problème, c’est à moi qu’il faudra en parler !
- Ou… oui Monsieur Chuck !
- Avant de t’expliquer ce que tu fais là, laisse moi te présenter encore deux loustics.

Ceux-ci approchèrent, afin que Satan puisse faire leur connaissance. Le premier à se montrer était un vampire à la chevelure hirsute et à la démarche bancale. Ses poings étaient recouverts de gants de boxe.

- Yark ! Niyi kiak, yark ki ki ! fit-il, tout en remuant la tête de haut en bas.
- Euh… répondit Satan, qui n’avait pas choisi chauve-souris en première langue.
- Il te souhaite la bienvenue et dit que tu as l’air appétissant. Il s’appelle Draculaman, traduit Chuck, pour qui bien sûr le langage universel n’avait pas de secret.

Mais Satan n’écoutait plus, il avait déjà les yeux fixés – et bien fixés - sur la personne qui venait de se dévoiler. Celle-ci avait la peau d’une blancheur immaculée, qui contrastait à merveille avec la teinte naturelle de ses cheveux. Elle portait une longue robe noire à l’échancrure diabolique, découvrant une interminable jambe couverte d’un léger bas en soie. Sa tenue formait un décolleté vertigineux et se terminait par un grand col cachant sa nuque. Elle marchait avec élégance, presque avec autant de prestance que Chuck. Elle l’embrassa d’ailleurs fougueusement, ne pouvant résister à la tentation. Ensuite, elle fit une révérence à l’attention de Satan et lui dit :

- Enchantée ! Je suis Amanda !

L’adolescent ne répondit pas, noyé dans les courbes de l’énigmatique demoiselle. Murasaki le réveilla efficacement, d’une claque derrière la tête.

- Merci les enfants, grâce à vous je n’aurais pas besoin de faire les présentations ! C’est toujours long et ennuyeux, dit une voix trop aigue.
- Baba ? se demanda Satan
- Alors Monsieur « l’inspecteur », vous croyiez pouvoir me berner comme ça ? N’oubliez pas qu’avec ma boule de cristal et mes sources on ne peut rien me cacher ! piailla la sorcière.
- C’est à dire que…
- En plus, je t’ai reconnu Hercule ! Tu as beaucoup changé mais tu as les mêmes yeux coquins.

Ce vieux prénom, qui était sur le point d’être définitivement oublié, déstabilisa quelques instants le surnommé Satan. Il vit ressurgir en lui les visages de sa famille disparue. Mordjé, Byetjer, Printsir, Volnia, ‘Stiqbal, Mihb… Il se rendait compte que les effacer de son être était bien plus difficile que ce qu’il avait imaginé, ainsi que les sentiments qui y étaient liés. Il secoua la tête pour penser à autre chose. Baba l’y aida en disant :

- Satan sonne mieux quand même ! Et Dieu sait… Pardon… Chuck sait à quel point j’attache de l’importance à cela ! Mes combattants doivent avoir un look et un nom irréprochable, j’ai une réputation à défendre tout de même.
- Qu… quoi ?! Vos combattants ?

Message par RMR » Dim Août 08, 2010 11:15 am
Chapitre très intéressant. On en revient à l'intrigue de départ avec le retour du monstre de l'eau!
"L'histoire de Mr Satan", fanfic de 2010 à présent terminée (et reconstituée suite à un hackage en 2011), espère vous plaire et n'aurait rien contre quelques commentaires ;)
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"Le Chaos pour racines" est une fanfic qui met en scène 10 "avatars" créés par des membres du forum. J'espère qu'elle plaira aussi aux autres forumeurs ^^
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Kame-boy
 
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Re: [Fanfic] L'histoire de Mister Satan

Messagepar Kame-boy le Ven Sep 02, 2011 14:48

Encore merci RMR ;) Place au 15è chapitre :

Chapitre XV :

- Vos… vos combattants ?!
- Tu as bien entendu ! Tu croyais quoi, que j’allais t’offrir des vacances au Club Med ? Tu as volé mon argent donc tu me dois des dommages et intérêts, que tu me rembourseras en étant à mon service. Chaque combat gagné peut me faire empocher 1 million en moyenne et tu as volé 1 milliard, fait le calcul…

Satan, abasourdi, n’eu pas le courage d’effectuer ce simple rapport mais il se rendait compte que sa dette représentait plusieurs années de labeur. Il se jeta alors sur les barreaux, comme un chien enragé, essayant vainement d’attraper la sorcière.

- Mais c’est qu’il va mordre maintenant ! dit-elle, moqueuse.

Le beau Chuck pressa le cou de Satan à la vitesse de l’éclair pour qu’il dorme un peu.

- Fais dodo, mon pote ! conseilla t-il avec sa sagesse.

Quand le brouillard de ses songes fut levé, l’adolescent se réveilla en sursaut :

- Maman ! cria t-il, les yeux humides.

Il s’essuya d’un revers de la main et pu constater qu’il avait bel et bien pleuré durant son sommeil. Son subconscient, qu’il ne laissait plus parler depuis longtemps, n’avait eu besoin que du prénom « Hercule » et d’un long repos pour enfin s’exprimer à nouveau. L’eau salé de sa jeunesse n’avait pas disparue et pouvait encore surgir à tout moment. Satan inspecta les lieux et vit qu’un tas de vêtement avait été posé au pied de son matelas. Il les déplia, admirant principalement une majestueuse cape blanche à grand col montant. Elle était accompagnée d’un pantalon bouffant blanc, remplaçant le vieux grenat qu’il portait jusque là, et de son haut de kimono habituel. Ses chaussures aussi avaient été conservées, même si les lacets avaient été changés au profit d’un modèle à la teinte opposée. Satan ne pu s’empêcher d’essayer cette tenue et de se regarder dans le miroir prévu à cet effet.

- Magnifique ! Au moins, maintenant, tu es digne de combattre en mon nom, ça c’est du look d’un guerrier de l’ombre ! s’exclama Baba la sorcière.

Le jeune homme sursauta, ne l’ayant pas entendu approcher. La nuit portant conseil, comme l’on dit, Satan avait accepté son sort et ne chercha pas à se rebeller. La voyante s’en aperçu tout de suite et déverrouilla d’un claquement de doigt la porte de la cellule. Tout penaud, Satan redécouvrit la liberté.

- Tu sais combien de temps tu as dormi ?
- Euh… Une journée ?
- Oula, bien plus ! Une semaine mon pauvre ami ! Te retrouver aussi longtemps seul avec toi-même, ça a dû te faire du bien !
- Je suppose…

Pendant que Baba conduisait son nouveau serviteur à l’extérieur, retrouver ses quatre camarades, les larmes de Satan tombées sur le matelas se mettaient en mouvement.

- Voilà petit, nous y sommes ! dit Baba, montrant ce qu’il y avait à la sortie du deuxième bâtiment. La plupart des combats auront lieux ici, sur cette grande plate-forme ronde. Ne fais pas attention aux quelques dalles cassées, c’est juste un petit garnement à queue de singe qui me les a esquinté il y a presque 3 ans. Comme tu le vois, y’a pas foule de carreleurs ou maçons dans ce coin paumé... À cause de lui, j’ai aussi dû renouveler la quasi-totalité de ma troupe ! Le niveau de celle-ci a bien diminué depuis…

Satan fut à deux doigts de se vexer mais ne fit pas de vagues, il ne voulait pas rester bloqué là dix ans. Baba le mena à la construction la plus éloignée de l’entrée, ressemblant d’ailleurs comme une jumelle à celle-ci, à la différence près qu’elle était plus spacieuse et pourvue de fenêtres. À l’intérieur, les murs étaient sculptés, d’impressionnantes têtes de mort en bas relief les décoraient. La sorcière et son combattant passèrent à côté d’un escalier épousant leur forme arrondit.

- Il mène aux toilettes. Faudra juste que tu fasses gaffe de pas tomber, ça pourrait être mortel... Héhé ! Au moins dans celle-là, y’a pas besoin de chasse d’eau !
- D’accord, si vous le dites… répondit Satan, qui ne voyait pas à quoi elle faisait allusion.

Ils n’empruntèrent donc pas les marches dont elle venait de parler et continuèrent tout droit. Ils prirent par contre les suivantes, qui menaient au dernier étage. Une salle d’entraînement y avait été aménagée, à l’abris des regards indiscrets. Les quatre autres membres de la troupe s’exerçait et impressionnèrent Satan d’emblée. Draculaman frappait si fort sur les lourds sacs de frappes que ceux-ci faisaient plusieurs tours sur eux-mêmes. Le temps que l’une de ces cibles de cuir fasse un aller-retour, Murazaki avait le temps de se volatiliser. Sa cachette n’était pas toujours bien choisie, au motif peu assorti, mais il était tout de même doué. Il fallait parfois plus de dix secondes pour le retrouver. La première à le faire était toujours Amandine qui, d’une vague de cheveux, soufflait les camouflages du ninja. Les coiffures de toutes les personnes présentes en étaient dérangées, sauf bien-sûr celle du grand Chuck. Ce dernier méditait au centre du tatami, parfois en tailleur, d’autres fois en équilibre sur la tête ou les auriculaires.

- Ici, on ne t’enseignera aucune technique proprement dites, tu es censé être déjà un combattant accomplit ! Par contre, tu dois soigner ton attitude, être classe en toute circonstance, n’oublie jamais que tu représente la maison Baba, c’est une entreprise. Notre cote restera au summum et, en plus, cela pourra te permettre d’impressionner tes adversaires et de les battre avant même de lever le petit doigt. Chuck va t’aider à baptiser tes attaques spéciales et à les perfectionner, si tu l’écoutes tu progresseras à pas de géant.

Satan écoutait attentivement Baba, buvait ses paroles, sachant que ces consignes seraient importantes pour son avenir.

- Comme tu es nouveau et qu’en plus tu as essayé de me voler, tu passeras en première position, ce qui veut dire que tu affronteras quoi qu’il arrive les guerriers osant nous défier. Tes camarades auront la chance d’entrer en scène plus tard, ce qui leur procurera au minimum deux avantages : ils profiteront de la fatigue que tu auras créé chez l’adversaire et, parfois, n’auront même pas besoin de se battre pour toucher leur prime. En effet, je paye ces saligauds en fonction de leurs performances de groupe, peu importe le rôle de chacun dans la victoire finale. Foutus contrats ! Ton cas est particulier donc ça ne s’applique pas à toi, pas la peine de demander !

Satan, qui venait de prendre un coup au moral en apprenant cela, soupira en essayant de garder bonne figure. Baba le poussa dans le dos afin qu’il entre vraiment dans la salle. Il s’y retrouva tout penaud, ne sachant pas quoi faire. Il n’y avait pas du tout ses repaires. Un bras puissant se posa alors amicalement sur ses épaules.

- Viens mon pote, on va commencer par travailler tes poses devant le miroir, lui dit Chuck, l’entraînant plus ou moins de force en direction d’une immense glace, placée tout au fond (c’est à dire à l’opposé de l’entrée).

L’adolescent regarda son reflet, ahurit, les bras ballants. Lorsqu’il compara avec la prestance de son tuteur, solide sur ses jambes délicieusement arquées, droit comme un « i », il eu honte et se redressa aussitôt. Chuck changeait régulièrement de pause, tantôt les poings sur les hanches, tantôt le pouce levé, incitant l’apprenti à l’imiter. Au début, Satan trouvait cela facile et était agréablement surpris mais, quand ils dépassèrent les six heures, il vit cet exercice avec beaucoup moins de sympathie. Son dos se voûtait sous l’effet de la fatigue, il était également moins vif, mais son instructeur ne lui laissait pas le temps de souffler, lui donnait même une tape dans le dos chaque fois que cela était nécessaire.

- Mais qu’est ce que je fais dans ce pétrin, pensa Satan, désabusé.

Quelques jours plus tard, l’année 753 pu commencer. Elle s’annonçait bien difficile pour le tout nouveau serviteur de Baba. Il avait tout de même fait d’énormes progrès et n’était plus surveillé que de loin par Chuck. Satan déployait à répétition sa cape, avec dextérité, contractait ses muscles, ou encore levait les bras au ciel. Il n’était pas encore tout à fait satisfait de cette dernière posture et recommençait autant de fois que nécessaire. Il accompagnait parfois ses gestes de cris bestiaux, dérangeant visiblement ses petits camarades. À la fois pour tester la concentration du guerrier et par jeu de séduction, Amandine le frôlait de sa longue robe noire, lorsqu’elle passait derrière lui. L’adolescent avait tendance à rougir mais un coup d’œil vers son tuteur suffisait à le rappeler à l’ordre. Alors qu’il s’octroyait quelques minutes de repos bien mérité, il entendit crier son nom au-dehors. Il regarda ses collègues, hébété.

- Mais vas y, imbécile ! lui lança Murazaki.
- Yiark niak kiak kak, krik !
- Courage charmant guerrier !
- Lorsque Baba t’appelles, il faut vite te rendre sur la surface de combat centrale.Ca veut dire que tu dois combattre ! Allez, dépêche toi, lui conseilla Chuck.

Le trac contracta soudainement son ventre et sa gorge et il déglutit difficilement. Tentant de se ressaisir, il agita sa cape plusieurs fois, admirant son ample geste ; cela le décontracta légèrement. Il pu alors sortir de la salle avec une relative confiance.

Satan posa une botte sur la plate-forme et resta immobile quelque instants, une façon de montrer avec insistance qu’il s’apprêtait à entrer dans l’arène. Il espérait ainsi impressionner son futur adversaire. Il le dévisageait d’un air hautain, un peu trop surjoué. L’homme qui l’attendait était un combattant de taille moyenne, aux larges épaule et ventre légèrement grassouillet. Il avait la peau caramel et une moustache duveteuse frôlant sa lèvre supérieure. Son long manteau noir avait connu des misères, les épaulettes et un écusson semblant avoir été arrachés, signes d’une éventuelle rétrogradation de l’armée ou autre organisation. Il portait des gants blancs et un casque d’aviateur, de telle sorte qu’on ne voyait de lui que son visage. Il tiquait de rage tout en fixant Satan.

- Je dois le battre ! Grrrr… Je dois le battre ! Salopard de Toninjinka… voilà comment il me remercie de mes bons et loyaux services ! En plus, réparer la lune détruite partiellement par un rayon d’énergie a été un véritable calvaire… Je dois repartir du bon pied, ce « Satan » ne m’en empêchera pas ! pensait t-il.
- Tu en as mis du temps, tâche de ne plus me faire trop attendre à l’avenir ! piailla Baba
- Pardonnez-moi, chère Baba, répondit Satan en s’inclinant, après avoir écarté sa cape avec une élégance toute relative.
- C’est mieux ! Bon, tu vois cet homme, et bien il est très motivé, il vient de perdre son emploi et je lui ai promis un travail avec salaire à la clé en cas de victoires contre mes cinq combattants. À toi de lui enlever tout espoir le plus vite possible, je compte sur toi !

L’adolescent monta alors sur la plate-forme et pointa du doigt son opposant, avec assurance.

- Toi, là ! Regarde moi bien ! Je suis Satan, un démon sans pitié, je vais te faire si mal que l’Enfer te paraîtra doux en comparaison ! cria t-il à pleins poumons.

Il commenta sa phrase d’introduction intérieurement, en se disant :
- Pas mal du tout ça, mon entraînement porte ses fruits !

Il se mit alors à courir et, sans préavis, se lança dans une série de sauts périlleux. Lorsqu’il atterrit enfin, il trébucha sur une dalle cassée. Sa position fut alors beaucoup moins classieuse, à quatre pattes et les fesses en l’air. On entendit particulièrement bien le vent en cet instant… surtout Baba qui était très gênée. Le jeune homme se leva d’un bond et toussota, comme si de rien n’était. Il invita alors son adversaire à attaquer.

- Go ! cria la sorcière.

L’aviateur courut comme un dératé, bras écartés, vers Satan. Son coup de poing ne toucha que l’air. Le colosse avait sauté par-dessus, toute cape déployée. Ainsi, en contre-jour, il ressemblait à une énorme chauve-souris. Avant de toucher le sol, il eu le temps de frapper du pied le visage du visiteur. Celui-ci tituba et perdit de vue son opposant. Avant de comprendre ce qu’il lui arrivait, une pluie de coup s’abattit sur lui.

- Shot shot shot ! criait Satan, pour accompagner ses rapides et courtes droites.

L’homme posa un genou à terre, les égratignures se multipliant sur son visage. L’adolescent cessa d’attaquer et toisa son adversaire, bras croisé et jambes écartées, visiblement fier de cette dernière pose.

- Tu abandonnes ? demanda t-il, les poings sur les hanches.
- Pas question ! répondit son adversaire en postillonnant.

Le candidat à l’emploi, fâché, jeta une capsule en l’air. Il en sortit un marteau, qu’il attrapa au vol. Satan se remit en garde et évita tant bien que mal les assauts désordonnés du pilote. Les frappes n’étaient pas académiques et c’est cela qui le gênait le plus, il ne savait pas à quoi s’attendre. L’arme lui écrasa d’ailleurs le pied et l’obligea, sur trois tours de terrain, à beugler en se tenant les orteils pour faire passer la douleur. Le jeune homme se ressaisit et d’une magnifique roulade évita le marteau, qui fit exploser une dalle de la surface de combat.

- Ah non, pas encore ! s’exclama Baba.
- Rolling attack ! annonça Satan avec force, tout en enchaînant sa pirouette par un coup de poing, corps propulsé.

Son adversaire reçu l’attaque en pleine poire, compta les étoiles avec un sourire niais et tomba lourdement. Satan fit alors le «V» de la victoire, bras tendu vers le ciel. Malgré ce court combat, il suait abondamment, le soleil de plomb n’ayant aucune pitié dans cette région. Suite à un effet de cape du plus bel effet, le combattant de Baba se retourna, sans même prêter attention à sa victime, puis se dirigea vers ses appartements. Sa patronne n’était pourtant pas tranquille.

Pendant ce temps, Zmyéya, le vil serpent des eaux, manigançait comme il savait si bien le faire. Entre ses deux mains placées devant sa face, une boule aqueuse en rotation perpétuelle se formait. Régulièrement, des gouttes venaient l’alimenter, d’on ne sait où…
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