Nouveau chapitre.
Chapitre 155 : La révélation de Xaratumba
Le calme qui régnait était presque spatial.
C’est ce que pensa Mesh en observant la tenue de Chenki.
Le vieux véodien avait revêtu la même combinaison que lui, noire comme la nuit.
Chenki rabattit la capuche au casque souple intégré. Seuls deux globes oculaires trahissaient la présence d’yeux sur l’être fait pour l’espace qui se tenait devant lui.
Lui n’avait pas besoin de ça pour survivre dehors, mais Filk et Chenki avaient insisté, et les tenues, en plus de permettre la survie pour la quasi-totalité des êtres vivants dans l’espace, masqueraient leur chaleur et camoufleraient leur approche. Sans compter les dispositifs de communication intégrés ainsi que tout le nécessaire à leur mission, rangé dans leurs précieuses petites poches.
Il rajusta et ferma complètement sa protection. Une seconde après, le sas fut vidé de son air.
La porte extérieure s’ouvrit ensuite, et Chenki s’élança dans l’espace.
Mesh le suivit, se projetant en tournoyant sur lui-même. La masse du bâtiment dans lequel il avait passé le plus clair de son temps ces derniers mois, imposante lentille aplatie, apparaissait par intermittence, avant de perdre de majestuosité en s’éloignant.
Mesh se rapprocha de Chenki, haussant son ki de juste ce qu’il fallait. Le professeur savait masquer son énergie, mais il ne fallait pas tenter le diable si proche de leur objectif.
Leur objectif remplissait un bon dixième de leur champ de vision.
Xaratumba, planète aux longs nuages blancs, réfléchissait de mille feux la lumière de son étoile vitale. De multiples points lumineux, satellites, vaisseaux et stations orbitales, s’égaillaient tels des lucioles et des éphémères autour du feu qui les hypnotisait tous. Les artefacts, à l’inverse de leurs très lointains homologues organiques, pouvaient atteindre l’objet de leur désir sans sacrifier leur vie en échange, songea Mesh.
Il se concentra sur les énergies présentes sur le monde.
Des millions. Une overdose de signe vitaux, l’abondance ne lui facilitant, cette fois-ci, pas la tâche. Il se tapota la tempe et des informations apparurent en surbrillance de la planète.
Mesh grossit la vue de la lentille intégrée à sa visière, focalisant sa vue et sa lecture de ki, sur la zone qui l’intéressait. Il tendit la main, touchant le dos de Chenki, et ils disparurent…
Filk suivit de sa vision perçante Mesh et Chenki dans l’espace jusqu’à leur disparition.
Tous les systèmes du vaisseau étaient inactifs, il ne pouvait compter que sur ses yeux et sa pe-tite horloge mécanique. Avec les « dieux », cela aurait été plus facile. Ces bien étranges divini-tés se drapaient dans la non-intervention et le libre arbitre des affaires des « mortels », comme ils disaient. Cela ne les avait pourtant pas dérangés de s’allier avec Mesh pour faire face au sorcier Babidi. Ils n’avaient même pas daigné rester en observation, le destin d’autres mondes était soi-disant en jeu.
Mesh et Chenki allaient réussir. Il en allait de leur futur le plus proche comme le plus lointain.
Filk tenta de sentir les énergies, comme Mesh avait tenté de lui apprendre. Était-ce parce qu’il avait du mal à appréhender cette technique ? Quoiqu’il en soit, il ne détectait pas de ki aux environs. Quand bien même les avant-postes de Xaratumba les auraient repérés, il ne pourrait le savoir que quand il remettrait en route les systèmes de détection passifs du vaisseau, lors de leur départ de ce système.
********************
Quel que soit le couleur du ciel la journée, la nuit, c’était pareil presque partout : 50 nuances de noir.
Mesh porta son regard sur les structures rectangulaires massives au-dessous d’eux.
Il garda sa combinaison, les plans et fonctions des différents structures surimprimés sur le détecteur intégré dans la capuche.
Chenki s’excita. Mesh s’agenouilla, forçant Chenki à en faire autant avant de lui lâcher le bras.
-On est arrivé comme prévu, chuchota-t-il pour le calmer.
-D’acc-D’accord ! mais nous devons quitter ce toit au plus vite ! Nous sommes des cibles faciles !
Le véodien avait l’air de regagner une partie de son courage. D’abord enthousiaste, ses ré-serves de bravoure s’étaient vidées à mesure que le jour J se rapprochait. C’était normal, le reste de son trac serait bientôt noyé dans l’action, comme dans toutes leurs missions d’importance.
Il prit d’ailleurs l’initiative en se dirigeant, penché et tête baissée, vers la trappe indiquée par leurs plans intégrés. Mesh le rejoignit sans bruit, en face de l’accès sombre.
-Le détecteur ne voit pas de protections ni d’alarmes, se réjouit Chenki.
Comme prévu, se félicita Mesh. Le dragon, Filk, était d’une précision qui forçait son admiration.
Il défonça d’un coup sec une serrure apparente et fit coulisser la porte pour infiltrer sa structure sous-jacente. En route pour la première étape de la mission.
Un escalier peu éclairé les amenait vers les étages les plus bas du bâtiment, ainsi que les gens qui y évoluaient.
Mesh descendit prudemment, attentif aux messages d’alertes que lui indiqueraient sont détecteur, vers les sections les plus éclairées. Il leva la main, paume ouverte et doigts dépliés.
Chenki s’arrêta.
Ils attendirent quelques minutes de plus, le temps que deux voix et des bruits de pas se manifestent et se rapprochent. Ils percevaient maintenant les bribes de mots et de conversation.
-…On a déjà prévu de rentrer trois fois plus de l’argh!
Les pauvres hères n’eurent pas le temps de se réaliser leur sort.
Happés par télékinésie, la nuque brisée, leur fin fut sans douleur.
Mesh et Chenki entreprirent remontèrent les cadavres vers les parties les plus sombres de l’escalier après les avoir dépouillés de leurs combinaisons claires.
-Elles ne sont pas à notre taille. Ça aurait été trop beau ! se plaignit Chenki.
Mesh, l’index posé sur le menton, sourit.
-Une seule ça suffira. Enfiles-en une et monte sur mes épaules.
-Vous êtes sûr jeune maitre ? On pourrait trouver des combis dans une quelconque réserve, ils doivent bien avoi ça quelque part !
-On fait avec ce qu’on a. C’est plus simple.
Le regard de Chenki, deux soucoupes d’étonnement, en disait plus que toutes paroles.
-Allez on y va on n’a pas le temps ! insista Mesh.
Le véodien s’exécuta de mauvais grâce, enfilant le combi gris clair et grimpant à califourchon sur ses épaules.
Le tissu le recouvrant de la tête au pied, Mesh fit de petits trous pour y voir plus clair.
-On y va !
-On devrait se coordonner un peu avant de nous montre, sans quoi notre déguisement ne risque pas de faire long feu.
-Ok, ok !
Mesh sautilla à peine sur place que Chenki gigotait déjà.
-Qu’est-ce que tu fais ! serre bien des jambes autour de ma tête ! Et serre le ventre plus !
-Je fais ce que je peux !
Il s’améliorait malgré ses récriminations quand même constata Mesh.
Le duo déguisé descendit enfin dans le couloir éclairé après quelques mouvements et répétitions supplémentaires. Comme il n’y avait personne ils chuchotèrent :
-D’après Filk, la salle de contrôle est en dessous de nous. On y va !
Le duo bringuebalant emprunta l’accès, un escalier à l’ancienne, vers le niveau inférieur et l’endroit qui les intéressait. L’itinéraire récupéré par Filk, qui sur brillait sur les casques des deux compères, les aidant. Ils pénétrèrent dans la salle technique sans croiser personne. Mais l’intérieur était occupé.
La chance ne pouvait pas durer éternellement.
-C’déjà l’heure de vôtre quart ?! leur demanda un employé en se levant. La tête de rapace les pencha la tête.
-Vous avez une drôle de démarche. Vous êtes sûr de… Mais qui êtes-vo…
-C’est ma nouvelle affectation. Vous pouvez m’aider à…
Le rapace n’entendit jamais la fin de la phrase. Il fut ébloui par un flash avant de perdre con-naissance.
Mesh explosa leur déguisement de fortune et se dégagea des épaules de Chenki, qui ne fit pas de jérémiades. L’adrénaline avait pris le relais de la peur. Ils s’attablèrent sur les consoles devant eux, désactivant les détecteurs, caméras internes et s’introduisant dans le réseau de la base pour chercher, trouver et piller. Tout allait leur servir.
-On est sécurisé, énonça Mesh.
Près d’une minute passa avant que Chenki ne lui réponde, tout aussi laconique :
-Liaison avec le vaisseau établie… Introduction des « filets de pêche ».
C’était les perturbations et contres mesures qu’ils avaient prévues : Des virus, instructions contradictoires et sabotages, qui détruiraient et perturberaient certaines installations au hasard. Et leur laisseraient le temps d’opérer tranquillement.
-Je commence à avoir des choses intéressantes… J’envoie au vaisseau.
Chenki ne prit pas la peine de lui répondre, concentré et absorbé par ses propres investigations.
Pour Mesh aussi c’était la fête. La base de données était une vraie mine d’or. En plus de centaines de projet qu’il ne prenait pas la peine de fouiller en détail, Mesh compris à quel point la planète avait été transformée, modelée et soumise aux impératifs des envahisseurs.
Des centaines d’expériences au titre explicite indiquaient que la majorité de la population de cette planète, scientifiques, employés, esclaves, sujets de tests même, était soumise au contrôleur mental. Le dispositif que Chenki avait initié et développé, s’il ne semblait pas avoir été perfectionné, était utilisé à grande échelle. De nouveaux vaisseaux ultra rapide de type Flèche d’or étaient en construction.
Ce n’était pas bon. Ils devraient soit s’emparer d’un prototype, soit les détruire tous.
Mesh s’intéressa à ce projet, au titre qui ne pouvait que l’interpeller :« Super Guerrier »
Il consulta les informations contenues dans les bases de données. Il comprit, après une incrédulité et un déni renforcé, ce qu’il voyait. Cela lui glaça le sang. A tel point que Chenki s’en aperçu.
-Jeune maître… Jeune Maître ?
Le vieux véodien se leva et se pencha sur la console de Mesh pour comprendre pourquoi ce dernier restait tétanisé… Et il comprit que tout pouvait déraper. Le Ki de Mesh, s’il n’avait pas encore bougé, était déjà le siège de fluctuations agressives qui ne tarderaient pas à exploser. Il tenta de le calmer.
-Il doit surement y avoir une explication Maitre Mesh ! Ils ont trop besoin de vous pour vous faire un quelconque mal, quand bien même le pourraient-t-ils !
Mesh entendit enfin Chenki. La voix de cette figure amicale lui permit de contenir la rage qui déferlait en lui à la vue de ce qu’il découvrait : Des vues en coupes, de scanners, radios, études anatomiques de corps complets, de membres et des relevés de mesures. Il ne manquait plus que des rapports de dissection, qu’il ne tarderait peut-être pas à trouver. Mails il en avait trop appris pour ne pas être révolté. Car c’était les siens, ceux de son espèce, ses frères ou ses petites sœurs qui avaient ainsi été étudiés. Il ne connaissait pas vraiment son anatomie interne mais les vues partielles et complètes étaient évidentes.
Les Roa’noks faisaient des expériences sur eux.
-Chenki. J’vais pas laisser passer ça. J’peux pas ne pas réagir !
-Maitre Mesh, attendez. C’est terrible, mais on doit continuer notre mission ! Agir dans la précipitation risquerait de compromettre notre infiltration, nous ne pouvons…
« Shhui »
Trop tard. Le petit s’était volatilisé sans qu’il ne puisse le raisonner. Il avait été tellement rapide qu’il ne l’avait même pas vu se préparer, ni même augmenter son énergie.
Chenki tenta de repérer le ki de Mesh, sans succès. Sa force était imperceptible au milieu des millions qui peuplaient ce monde. Le plan partait déjà à veau l’eau. Le véodien n’avait plus qu’à continuer à collecter autant d’informations que possible avant qu’ils ne soient repérés…
Mesh réapparu dans un espace plus spacieux et plus confortable que le réduit technique qu’il venait de quitter. Les lueurs de la nuit illuminaient avec sérénité cette grande salle. Un luxueux bureau s’interposait entre lui et l’être sur lequel il s’était « bloqué » pour se téléporter. Le dossier du fauteuil sur lequel était assis sa cible se retourna lentement, révélant la stature élancée d’une des créatures qui commandait, dans l’ombre de son géniteur, ce monde.
-Je vous attendais, déclara une voix profonde et intense.
Mesh fixa, dans un défi de regard, les globes oculaires cendrés et pétillants du roa’nok.
Peu d’êtres dans la Galaxie connue auraient pu soutenir la fureur de Mesh. Pas lui. Ce dernier s’en amusait, comme un adulte devant un gamin un peu vantard qu’un véritable coup de pression calmerait aussi sec.
Le Roa-nok joignit gracieusement ses mains aux multiples doigts diaphanes, avec calme et pondération.
Mesh, littéralement à un battement d’exploser, fut rappelé à la réalité par ses senseurs.
« Bibibibibibiiiiiii… »
Des données sur la projection psy dont il était la cible s’affichèrent en surbrillance sur une de ses lentilles de contact.
-Tu croyais que j’allais venir sans me préparer ?
-On ne sait jamais.
-Tu me crois assez bête pour ça ?
-Non, sinon vous ne nous auriez pas échappé pendant si longtemps. Mais je devais quand même essayer.
Mesh retrouva le plein contrôle de lui-même. Il devait faire parler un peu l’envahisseur, ne serait-ce que pour en savoir un peu plus avant de l’éliminer :
-Pourquoi vous faites ça ? Cette comédie sur la paix ? C’est pas pour ça que vous agissez, on le sait très bien !
-Vous croyez que je vais vous répondre ?
-J’pense pas en vous le demandant gentiment. Mais je devais quand même essayer, sourit sadiquement Mesh.
La colère déforma subrepticement la face parcheminée et ridée du roa-nok, qui reprit contenant presque instantanément. Il lui sourit mielleusement avant de déclarer, tout aussi avenant :
-Pourquoi pas.
Mesh flaira évidement le coup fourré. Chenki était toujours en ligne et en activité d’après les données de son détecteur. Son ki était stable. Il savait que le roa tentait de gagner du temps, pour préparer son piège ou prévenir mentalement ses comparses, Mesh savait qu’il en était capable. Les ondes psy que son protecteur mental détectait, certes moins puissantes que lors de sa tentative initiale, étaient toujours émises par l’envahisseur. Mesh lui laisserait quelques minutes, deux tout au plus, avant de l’interroger de force puis l’éliminer.
Alors ?
-Notre but est simple. C’est l’agrandissement de nos sphères de vie. Comme tout espèce, peuple ou empire qui se respecte.
Mesh pensa avoir mal entendu. Le roa n’en dit pas plus. Il était incrédule.
-C’est tout ? Vous faites tout ce pataquès pour ça ? Tout ça pour ça ? Vous avez qu’à raser ou occuper quelques planètes, vous en avez les moyens avec Père et Basilik et les autres non ?
Le roa-nok dont il ne connaissait pas le nom garda son air suffisant, comme s’il lui faisait la leçon.
-Une telle domination est sans issue. Elle aurait beau durer 10 ans, 100 ans, 1000 ans même, la décrépitude la rattrapera un jour, charriant son lot de révoltes, revanches et guerres incessantes… Nous voyons plus loin que cela, mon garçon. L’agrandissement de notre sphère se fera non au dépend des autres mais quand ils ne seront plus là. Ils doivent tous et toutes nous laisser la place pour mettre fin à ce cycle infernal et infini, j’en suis navré. Tous les mondes devront être purifiés pour être repeuplés. Par nous, un peuple qui s’élèvera toujours au-dessus du chaos.
Mesh marqua un moment de silence avant de répondre.
-J’ai eu du mal à comprendre le concept, non non, leva-t-il le doigt pour interrompre son interlocuteur arrogant, - même si vous exterminez toute la Galaxie sauf vous, l’harmonie parfaite ça n’existe pas, y’a toujours des dissensions, même dans les petits groupes !
-Votre cérébrum primitif, limité à une communication basique, ne peux appréhender la complexité de projections méta plus…
-Arrête avec des histoires de télépathie supérieures et toutes ces merdes ! Vous êtes loin d’avoir un esprit de ruche ! Vous êtes vraiment bêtes si vous croyez vraiment à ça ! Vous finirez par vous entretuer, même « entre vous » railla Mesh.
Le roa ne dit rien car il n’y avait rien à répondre.
-Et je parle même pas de la logistique. Même avec des vaisseaux flèche, même avec Père et Basilik, ça prendrait tellement de temps de « tous nous exterminer ». Vous croyez que les peuples se révolteraient pas ? Même si c’est commis en douce…
Mesh réfléchit en même temps qu’il parlait.
-Ceux qui peuvent pas résister fuiront. Ro la la ! C’est le plan le plus stupide que j’ai jamais entendu. Comme si on supprimait la moitié des êtres vivants pour réduire le gaspillage de ressources ! L’autre moitié gaspillerait les économies quelques jours après !
-Pas si nos partisans sont innombrables, siffla le Roa-nok.
Le chuintement couvert par le sifflement du Roa-nok n’échappa pas à Mesh.
Une ouverture apparut près du bureau de son contradicteur, laissant deviner un sombre boyau.
L’être qui était à l’intérieur s’avança. Et choqua Mesh quand il sortit de l’ombre.
Il l’avait pris pour un de ses frères, mais sa peau cendrée n’était pas de la saleté.
De même que ses yeux jaunes totalement vides. Ainsi que la couronne métallique qui emprisonnait son crâne au crètes atrophiés.
-K-Kii !
Mesh n’eut pas le temps de penser plus. La parodie de clone se jeta sur lui, sans aucune technique. Mesh para quelques coups puis explosa le crane déformé de l’abomination d’un rapide coup de poing.
Il fut l’instant d’après sur la roa, sa nuque dans sa main, prêt à l’exécuter.
-Je peux pas être vaincu par des créatures de ce niveau, fulmina froidement Mesh.
Le roa ne fit aucun geste pour se dégager.
-Vous non. Mais les mondes oui…
D’autres abominations arrivèrent par le passage déjà ouvert et rapidement, une dizaine de clones encombrait la pièce.
Un holo de Chenki apparut brutalement, encerclé lui aussi par les monstres.
-…Ainsi que celui qui envoie des informations à votre vaisseau. Vous pensiez qu’on ne vous avait pas détecté ? Quoique vous fassiez, il est trop tard.
Il était trop tard pour lui aussi, pensa Mesh en lui sectionnant la nuque.
Il voulut se téléporter près de Chenki mais n’y parvint pas. Les clones abâtardis se jetèrent en masse sur lui. Mais ils n’étaient pas de taille pour l’arrêter, alors qu’il défonçait tout sur son passage pour se porter au secours de son ami…
Le véodien mesurait amèrement le gouffre qui le séparait des créatures dégénérées. Et réalisa combien se retenait Mesh lors de leurs sessions d’entrainements. Le monstre resserra son étreinte sur son cou, coupant définitivement sa respiration déjà faible. Le compte à rebours de son départ pour l’autre monde. Si Mesh ne parvenait pas à le secourir avant. Thèse plus que probable, il était tombé lui aussi dans une embusca…
Le monde valsa dans le même temps que le relâchement de son étau.
Une main ferme le stabilisa et le rétablit sur un carré de sol à peu près indemne.
-Jeune maitre, j’ai cru que vous n’arriverez pas à temps !
-Tais-toi Chenki, on file !
Mais déjà, les mauvaises copies de lui-même s’agglutinaient par dizaines et passèrent à l’attaque. Mesh géra les premières vagues sans difficultés apparentes. Le duo allait s’envoler quand un kikoha traitre le fit disparaitre de la vue du véodien.
Mesh se releva à toute vitesse des décombre dans lesquelles il gisait, plus énervé et fébrile que réellement blessé.
Volant à pleine vitesse vers sa position précédente, il explosa littéralement les clones partis à sa poursuite.
Chenki !
Son cœur tambourinait à en faire exploser sa cage thoracique.
Il le vit de dos, assis là où ils s’étaient séparés, les montres dégénérées s’étant désintéressés de lui pour le rejoindre.
Chenki ! Vit…
Il gisait dans une flaque de sang.
Mesh le retourna pour lui faire face.
Chenki paraissait plus pâle et plus vieux que jamais. Un filet bleu coulait sans discontinuer de sa bouche ensanglantée.
-Ils… ils n’y sont pas allés vraiment fort… Mais c’était déjà trop pour moi, Jeune Maitre…
-Che-Chenki ! On va te sor…
-C’est trop tard pour moi, Mesh…
-N-Non, J’vais…
-Va-t’en pendant que tu le peux encore, tu dois terminer la mission et sauver ton père et tes frères, et surtout les mondes...
Les monstres, curieusement, n’attaquaient pas et volaient autour d’eux comme des vautours autour d’un animal déjà condamné. Des centaines, dont les rangs grossissaient encore.
-Tu ne m’en voudras pas si je te tutoie. Je suis content que ma vieille carcasse t’ai connue, Keuf ! Keuf !
-Dis pas n’importe quoi ! Tiens !
Mesh n’eut jamais le temps de donner un peu de son ki à Chenki. Son énergie déjà faible fut rendue nulle par de multiples rayons qui traversèrent de part en part le véodien et le frappèrent de tous côtés.
Les vautours étaient passés à l’attaque, scarifiant la zone restreinte délimitée par leurs proies probablement réduites à l’état de passoires.
Des feux de l’enfer provoqué surgit une supplique de douleur, de souffrances et de rupture.
Et l’enfer fut balayé par une onde dorée, au centre de laquelle une tempête de colère foudroyait…
************************
La situation était sans espoir.
Ils avaient été démasqués et subissaient une attaque.
Filk, impuissant, n’avait rien pu faire, si ce n’est suivre à distance leur naufrage.
Les alarmes du vaisseau le martelaient de messages sonores et visuels.
Une flotte étaient en approche rapide.
Les puissantes énergies détectées au sol avaient eu raison du Professeur Chenki.
Même si Mesh leur survivait, l’emporterait-il face aux renforts ?
Filk examina froidement la situation. S’il prenait la large, Mesh capturé, toute résistance aux Roa-noks deviendrait inut…
Une énergie formidable apparut brutalement sur Xaratumba, d’après les senseurs du vaisseau.
Les troupes ennemies fondirent ensuite à vue d’œil, et la planète porta rapidement les stigmates des ravages causés par le nouveau champion.
Filk vit de ses propres yeux à travers un hublot la croute terrestre de Xaratumba se fracturer, puis la planète se disloquer.
« Shuii »
C’est un Mesh transfiguré qui réapparu devant lui. Son aura frénétique parsemé d’éclairs ne masquait ni tristesse, ni colère, ni les sillons poussiéreux de larmes séchées dans le sang...
-ON Y VA !
Filk activa les manœuvres d’évitement face aux derniers spasmes rougeoyants de la planète agonisante.
Abords d’une planète qu’ils quittèrent en silence, peu avant son explosion finale.
… Les larmes séchées dans le sacrifice du Professeur Chenki, rendit silencieusement hommage Filk.