Spoiler
Hello à tous, nouveau chapitre, avec mes remerciements habituels à la team relecture. Bonne lecture j'espère...
Chapitre 98: Une Union pas si libre
-Allez, avancez, faites pas d'histoires !
La colonne, une quinzaine d'individus, s'ébroua lentement. Heureusement qu'il avait déjà une certaine expérience de privation de liberté, sans quoi il aurait été dans le même état que la plupart de ses compagnons d'infortune. La plus grande partie des individus qui l'accompagnait s'était révolté. En vain : Une fois maté, le récalcitrant était abruti de drogue, rendu docile et stupide. Autant rester lucide, au moins pour le moment, pensa Naxo-wass. D'autant plus que les forces de l'Union libre les avaient interpellés avec un relatif respect : Ils étaient encore en un seul morceau.
La file se rapprocha d'une navette sans hublots. Naxo-Wass se retourna et admira le ciel verdâtre de cette planète sur laquelle il avait séjourné bien peu de temps. Une planète qu'il ne foulerait sûrement pas une seconde fois, comme bien d'autres.
-Avancez ! lui intima un garde.
Le kanassien s’exécuta sans parlementer, malgré les menottes et les chevillères à énergie qui entravaient ses mouvements. Il pénétra dans l'appareil à l'habitacle affreusement surchauffé par rapport à la fraîcheur extérieure. Une température idéale pour ramollir les derniers résistants, dont lui. Naxo-wass se surprit à somnoler pendant le temps abusivement long qu'ils mirent à atteindre l'astroport...
Il gigotait dans tous les sens...Et releva difficilement les paupières. Un être à tête de serpent lui secouait l'épaule de sa main aux doigts longilignes. Il se retourna et héla une personne hors du champ de vision du kanassien :
-Celui-là est éveillé.
Puis vers Naxo-wass :
-Vous pouvez m’suivre ? Vous pouvez vous l’ver ?
-Mmm... Je crois, oui.
Il se redressa, s'appuyant en partie sur l'avant-bras du saurien. La température avait chuté et était redevenue supportable. A part deux autres plus ou moins debout, ses codétenus étaient avachis sur leurs sièges. D'autres gardes entraient et s'affairaient à récupérer les inconscients un par un. L'Union ne prenait aucun risque avec les prisonniers qu'elle jugeait dangereux, ce qu'il semblait être à leurs yeux.
Naxo-wass, marcha avec difficulté hors de la navette et fut introduit dans un couloir aux lumières violentes qui vrillèrent ses yeux encore adaptés à l'obscurité. Mais son « garde du corps » maintenait son pas et l’empêchait de reprendre ses esprits. Le kanassien le suivit comme un zombie à demi halluciné, impatient de retrouver le confort des ténèbres et du froid. La Providence semblait l'avoir entendu : Le gardien s’arrêta, manipula quelque commande pour faire apparaître une couche. Il installa Naxo-wass sur celle-ci, ravi que le serpent l'ai pris en pitié. Sa vue se brouilla d'un coup et le gardien ne fut plus qu'une forme floue, comme si un buvard s'interposait entre eux deux. Puis il s'endormit...
Le garde saurien actionna son détecteur et parla à voix haute.
-Le dernier prisonnier est sécurisé dans son caisson de stase... Il a résisté jusqu'au bout... Je l'envoie où... Le vaisseau pour Yardrat ?! Pfiiiiou ! Il avait pas l'air si dangereux qu’ça comparé aux autres ! … Un Brivik ?!....J’comprends mieux...Je r'pars.... Attends !
Il revint sur ses pas et programma la capsule pour le prochain vaisseau à destination de Yardrat. Le caisson disparut dans le mur après un bruit de succion et Riksss repartit avec la satisfaction du travail bien fait.
*************
Le petit d'homme, enfin, l'humain, pas encore adulte mais plus du tout juvénile, était auréolé d'une force extraordinaire, qui prenait la forme d'une aura d'or et de foudre. Il se dégageait de lui une détermination froide, un sens du devoir digne d'une personne motivée à protéger, au prix de son âme et au péril de sa vie, les siens.
L'ange doré fonça sur lui pour tous les sauver.
Mais il ne put rendre justice : Un formidable combattant, qu'il ne voyait que de dos, fit barrage. Un guerrier aux ailes ténébreuses, à la volonté tout aussi pure que son opposant. Lui aussi prêt à combattre au prix de son âme et de sa vie. Mais pour les asservir et les détruire tous...
Naxo-wass s'éveilla en gardant les yeux fermés. Son don s'était encore manifesté. Il lui avait montré une nouvelle fois cette vision ou deux êtres s'affrontaient. Deux guerriers, le champion du jour et l'émissaire de la nuit, se mesurant dans un combat qui déterminerait leur avenir à tous. La Voie semblait plus claire que jamais. Son rôle ? Il n'en était pas certain, mais en dépit de sa situation, il avait fait le bon choix. Il était sûr. Autant que lors de sa rencontre avec le tyran Freezer.
Le Kanassien ouvrit lentement les yeux et fit le point. Il se sentait mieux. Les drogues soporifiques qu'on lui avait administré n'agissaient plus sur son organisme. Ses mains étaient toujours lestées, mais plus ses pieds. Il se redressa avec succès et s'assit sur la couchette de sa cellule, qu'il considéra de longues minutes. Elle était simple mais fonctionnelle : des murs de couleur terne, pas trop sales. Un éclairage moyen. Pas de vitres évidemment. La porte de métal blanc comportait un judas énergétique. L'Union traitait ses prisonniers bien mieux que ses ex-compagnons Brivik, sans parler de l'empire.
L'empire... Les choses s'étaient accélérées depuis l’ascension de Bojack au sommet. Dès avant qu'ils quittent le monde impérial avec Malkiat, la nouvelle d'un raid sur un monde majeur Brivik avait fait grand bruit. Fort de ce succès, le despote avait écarté toute résistance parmi ses pairs pour les réunifier par la force, avant de lancer ses opérations de reconquête. Les rares nouvelles qu'il avait entendu sur Liktiunulk, avant sa séparation avec Malkiat, faisaient état d'une campagne de grande envergure visant à abattre le mouvement Brivik.
Naxo-wass nourrissait des sentiments partagés. Certes, les Briviks n'étaient plus que l'ombre de ce qu'ils avaient été, se perdant dans le fondamentaliste, l'intolérance, la violence et les massacres gratuits. Ceux qui allaient les faire périr ne valaient pas mieux qu'eux. Mais le kanassien ne pouvait s’empêcher de ressentir un pincement au cœur. Beaucoup de bonnes personnes n'avaient pas eu l'occasion ou la force suffisante pour quitter le mouvement. Fallait-il les condamner pour cela ? Sans parler des masses populaires, loin de toutes les machinations des élites, qui allaient payer le prix fort des exactions consécutives à la conquête violente des troupes de l'Empereur. C'était eux qui souffriraient les plus, comme toujours malheureusement...
Naxo-wass cessa de se torturer. Il n'était plus Brivik depuis longtemps déjà. Les seuls responsables et coupables de crimes qui allaient être commis seraient Bojack et l'élite jusqu'au boutiste de ce qui avait été autrefois un mouvement d'émancipation réelle. Il était trop tard pour eux, comme pour ce Bojack d'ailleurs. Il avait fait ce qu'il devait faire : prévenir et se mettre au service de L'Union libre. Ce n'était pas encore fait bien sûr. Mais devant la guerre qui prenait de l'ampleur de jour en jour, les responsables de la fédération seraient obligés de l'écouter. Plus tôt que tard, il l’espérait. Il n'avait qu'à attendre que le temps fasse son œuvre.
Malkiat se serait certainement gaussé, lui jetant à la figure comme elle savait si bien le faire que c'était logique que L'Union se méfie d'un ancien haut responsable d'un état ennemi, qu'il finirait sa vie derrière les barreaux, ou pire, éliminé. Qu'on ne l'écouterait jamais, ou qu'on l’enverrait en centre de soins mentaux. Elle avait fini par reconnaître la valeur et la véracité de son don mais avait refusé de poursuivre son chemin avec lui. D'autres quêtes l'attendaient, avait-elle prétexté. Naxo-wass accusa le coup. Il ne l'avait pas entièrement convaincue quant à l'avenir qui les attendait. S'ils devaient se revoir un jour, il espérait qu'elle passe à travers les périodes troubles qui adviendraient sans trop y laisser de plumes. Son pourvoir l'y aiderait certainement, mais personne n'était invincible...
Le kanassien entendit, pour la première fois depuis son réveil, des voix à l’extérieur de sa cellule. Celles-ci semblaient venir de derrière la porte, de même que les bruits de pas rapides. La porte s'ouvrit brusquement. Trois individus, deux imposants combattants yardrat et un littolien plus large que haut l'encerclèrent. Le littolien s'adressa à lui d'un ton neutre mais qui ne souffrirait aucune contestation :
-Grand Oracle Naxo-wass, veuillez nous suivre s'il vous plaît.
L'interpellé obtempéra. Il se leva lentement et accompagna ses geôliers. S'ils croyaient qu'ils l'impressionnaient, ils se fourraient le doigt dans l’œil.
Les trois guerriers et leur captif croisèrent d'autres personnes sur leur chemin, qui courraient dans tous les sens.
-Où m'emmenez-vous ?
-Auprès de ceux à qui vous voulez vous confier. C'est pour cela que vous vous êtes rendu, non ? lui répondit un des deux Yardrats.
Naxo-wass se fit sombre :
-Pourquoi maintenant ? Ou plutôt, qu'est-ce qui vous oblige à me recevoir si rapidement ?
-C'est vrai que vous étiez en stase pendant quelques temps. Personne n'a cru bon de vous mettre au courant, j'en suis désolé.
-Au courant de quoi ?
-L'empire est sur le point de porter un coup majeur à vous autres Brivik. La planète Teldon va tomber entre leur mains malgré une résistance acharnée. J'ai bien peur que le reste de vos mondes ne suivent.
Le choc fut rude pour le kanassien, pourtant préparé à l'inéluctable. Cela s'était passé si vite. À moins qu'il n'ait voyagé plus longtemps qu’il ne l’avait cru.
-Sur quelle planète sommes-nous ?
-Sur Yol-1, encore quelques heures. Nous vous transférons sur Yardrat.
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Piccolo était seul à l'appartement. Les autres n'étaient pas encore rentrés. Ce n'était pas étonnant vu l'heure à laquelle il revenait, en plein milieu d'après-midi. Il ne s'étonnait pas de l'absence de Bulma, Guymao, et Chichi, trop occupés à leur activités : entraînements pour les deux derniers cités et recherches pour l'autre. Dendé, Konatz, Plume et Oolong n'étaient pas très casaniers non plus. Il fut par contre surpris par l'absence de Meredith. L'amie de Yamcha restait le plus clair de son temps cloîtrée dans leur luxueuse habitation. Déjà craintive à la base, elle semblait encore très affectée par son enlèvement sur Denebay. Tout le contraire de Chichi, pour qui cet événement s'était révélé être l'électrochoc qui l'avait définitivement sorti de sa torpeur due à leur fuite éperdue de la Terre. Elle semblait accepter son destin et vouloir aller de l'avant.
Les murs blancs du hall, grande pièce centrale de leur demeure, n'avaient pas changé, de même que l'ameublement et les canapés. Ah si, la table de ping-pong de Gohan avait été déplacée et mise en retrait. En son absence ce sport n'avait pas grand succès. Le soleil étant à son zénith, Les baies vitrés qui faisaient office de murs circulaires laissaient passer tout le flux lumineux et inondaient la pièce d'une chaude ambiance, bienvenue après les éclairages artificiels des vaisseaux et la nuit sans fin de l'espace.
Piccolo se servit un rafraîchissement avant de regagner ses quartiers. Il se changea et retrouva sa tenue et son turban traditionnel. Les vêtements de voyage yardrats avaient beau être confortables, l'attachement qu'il portait à ses vieilles frusques était trop fort. Il profiterait quand même des personnes à leur disposition pour se faire tailler sur mesure de nouvelles tenues. La qualité des tissus qu'on obtenait ici était supérieure aux meilleures étoffes de la Terre.
Une voix douce lui fit conclure ses divagations vestimentaires :
« Appel entrant sur l'holophone. Interlocuteurs : Krillin, Dordeck, C-18, Kat'nimuk. »
Heureusement qu'il était rentré plus tôt que prévu, sans quoi ses pauvres camarades auraient appelé dans le vide, constata Piccolo en se dirigeant vers la pièce dédiée aux communications. Le système intégré l'informa une nouvelle fois de l'appel en attente et Piccolo parla tout haut :
-Appel accepté.
Il eut à peine le temps de s’asseoir et de poser les coudes sur la longue table rectangulaire blanche que l'éclairage général baissa au minimum. C-18, Krillin, Dordeck et Kat'nimuk apparurent ensuite en relief, face à lui. La technologie yardrat était tellement réaliste qu'il aurait pu croire à la véritable présence physique de ses compagnons dans la pièce, si ce n'était leurs cous qui pixelisaient aux limites du système de projection.
-Salut Piccolo. Tu en as mis du temps pour répondre ! On allait abandonner, on croyait qu'il n'y avait personne, déclara Krillin.
Était-ce la transmission qui rendait la mine de Krillin si pâle et affaiblie ? Piccolo stocka cette interrogation dans un coin de son esprit et répondit à la question :
-C'était le cas. Je reviens à l'instant, vous avez eu de la chance. Je ne comprends pas pourquoi tout le monde s'est absenté alors que...
-Ne leur en veut pas, Piccolo, nous avons tenté un appel non planifié, justifia Dordeck.
-Ah, répondit laconiquement l'ancien démon, qui constata que l'autre namek aussi avait le teint cireux. J'ai été mis au courant par Dendé de vos derniers progrès dans la Cité libre, de ce cercle des esprits. Vous avez pu l'effectuer ? Vous avez pu obtenir des informations sur la localisation de la Nouvelle Namek ?
Les quatre visages flottants se regardèrent entre eux, tous gênés sauf C-18, aurait pu le jurer Piccolo. C'est vrai qu'il n'avait pas perdu de temps en salamalec, il était allé droit au but dans sa formulation. Le temps était compté, et il ne pouvait plus se permettre d'en perdre pour quelques sentiments froissés, se persuada Piccolo.
Dordeck brisa le silence avant qu'il ne devienne gênant :
-Il.. Il n'y a pas eu de nameks pour nous aider dans la Cité, enfin pas de la manière qu’on attendait...
Piccolo leva un sourcil en attente d'explications plus claires. C'est C-18 qui, voyant Dordeck hésiter, lui fournit :
-Il n'y avait pas de nameks pour nous aider. Tout ça, c'était qu'un piège.
-Un piège?! De qui ?! Pourquoi ?! coupa-t-il sèchement tout en réfléchissant à plein régime.
-Nos chers amis de Denebay. Tu sais, ces bons vieux ashkourates, répondit C-18.
Piccolo marqua un demi temps de silence. Déjà !? Alors qu'il venait à peine de leur filer d'entre les mains ? Il n'aurait pas dû se laisser attendrir par les autres. Il aurait dû l'éliminer quand il en avait eu l'occasion.
-Yags...
-Pas lui. Je ne pense pas qu'il ait organisé tout ça. Mais des personnes qui étaient avec lui sur Denebay et qui nous ont échappé.
-Qui ?! Nous avions fait le ménage avant de quitter cette planète pourtant.
-Non, on savait que quelques-uns s'étaient échappés, poursuivit C-18. On a retrouvé la trace de ce Bognas entre autres.
Le visage d'un rongeur aux yeux traîtres s'imposa à l'esprit de Piccolo. Le namek n'avait pas oublié l'âme damné de Yags,Bognas, qui les avait menacé et soumis à un odieux chantage aux portes mêmes de leur vaisseau. Il faisait une prise de choix, à défaut de Yags.
-Il paiera pour l'évasion de son ancien patron.
-On n'a pas pu mettre la main sur lui. Seulement sur quelques sous-fifres et un élément corrompu de l'Union.
-Tchi ! On aurait pu lui faire cracher la planque de cette ordure de Yags. Comment a-t-il...
-Bon, tu me laisses parler ou tu préfères me couper la parole et rien comprendre ?
Piccolo ne répondit pas, et C-18 résuma leurs aventures :
-D'abord, la Cité Libre, c'est le far-west, c'est la loi du plus fort. Apparemment c'était mieux du temps de Freezer à ce que les gens nous ont raconté, mais depuis la Cité a été infiltrée par les grosses puissances galactiques et des groupes plus ou moins criminels, dont les ashkourates.
C-18 reprit après une courte pause.
-Bref, un groupe de nameks a bien évolué ici, jusqu'à y' a pas très longtemps, peu de temps avant qu'on arrive. En fait c'est nos recherches qui ont causé leur perte.
C-18 précisa ses propos devant la mine interrogative de Piccolo, transmise jusqu’à elle dans les profondeurs de l'espace.
-Des criminels locaux avaient mis les nameks sous surveillance. Certains sont au courant des circonstances de la première défaite de Freezer. Bref, des petits malins les filaient, dans l'espoir qu'on cherche à les contacter pour leur soutirer des informations...
-Et ces gens, c'était nous.
-Malheureusement pour eux.
-J'ai quand même un peu de mal à croire que d'autres n'aient pas cherché à en savoir plus après la bataille de Namek, réfléchit à voix haute Piccolo.
-Faut croire que non, répondit C-18, qui poursuivit. Bref, des criminels de la Cité ont kidnappés les nameks résidents et se sont fait passer pour eux...
-Se faire passer pour eux ? l’interrompit Piccolo, intrigué.
Krillin silencieux jusque-là, reprit la parole d'un ton las :
-Des métamorphes, bien plus doués que Plume ou Oolong, capables d'imiter les énergies presque à la perfection.
-C'est n'est pas possible. L'énergie vitale d'un individu est unique. Même des jumeaux ne peuvent avoir une signature spirituelle identique !
-Piccolo, nous l'avons vu et avons été abusés sous notre propre nez ! insista Krillin.
L'ancien démon abdiqua et C-18 enfonça le clou.
-C'est pourtant bien vrai. La tromperie peut-être démasquée après une analyse minutieuse, mais même toi tu aurais été floué...
Il ne se serait pas fait avoir aussi facilement, pensa quand même Piccolo en écoutant C-18.
-...Nous devions subir le même sort. Ils avaient prévu de nous kidnapper et de nous remplacer par des créatures à leur solde. Je sais pas comment ils auraient fait pour moi. Bref, on les a cramés à temps.
Piccolo assimila les informations distillées par la cyborg. Elle ne retraçait que les grandes lignes, et ni Krillin, ni Dordeck, ni leur officier accompagnateur ne semblaient prêts à entrer dans les détails. Ils se livreraient plus à leur retour, une fois le choc de cette attaque passée. L'ancien démon était assez observateur pour comprendre que leur étrange silence n'était dû qu'aux épreuves qu'ils avaient traversées.
-Que viennent faire les ashkourates dans tout ça ?
-Ah oui. Ceux qui ont essayé de nous kidnapper n'étaient que de petites frappes qui comptaient nous vendre au plus offrant. Ils ont contacté les agents de la mafia spatiale dans la Cité, et « heureux hasard» deux d'entre eux qui ont fui Denebay avaient atterrit ici. La suite est facile à imaginer...
C-18 laissa sa phrase en suspens, mais, comme la cyborg l'avait dit, il était aisé de reconstituer le déroulement des événements, songea Piccolo : Leurs ennemis les reconnaissant, puis cherchant à mettre la main sur eux pour se venger...
D'abord l'évasion de Yags, puis peu de temps après la contre- attaque des criminels spatiaux dans une cité perdue au fin fond de l'espace. Les menaces de l'ordure n'étaient pas que de simples fanfaronnades, réalisa l'ancien démon, qui se focalisa à nouveau sur C-18. Elle semblait avoir autre chose à ajouter :
-Ces bâtards d'ashkourates en savent plus sur nous. Durant le processus de substitution des personnes, ils sont capables de transférer les souvenirs du kidnappé vers l'imposteur. Ils ont eu accès à l'esprit de Dordeck pendant un temps assez important pour que je me trompe pas en disant qu'ils savent ce qu'il a vécu ces derniers mois. Ils ont eu accès à l'esprit de Krillin aussi, sur un temps plus court. Mais ils ont appris qu'il a participé à la bataille de Namek.
-Merde ! Cracha instinctivement Piccolo, avant de retomber dans un mutisme préoccupant.
C-18 ne fit rien pour le sortir de ses pensées, pas plus que ses compagnons de voyage.
La cyborg rompit finalement le silence en prenant congé :
-Voilà. On n'a plus rien à ajouter de plus, tu connais l'essentiel Piccolo. Nos prisonniers vous diront les détails quand on sera là. Transmets aux autres en attendant notre retour. Salut.
-Très bien. On repart de zéro pour la recherche de la Nouvelle Namek. Krillin, Dordeck, Kat'nimuk, remettez-vous bien, les salua Piccolo.
Ils lui rendirent la salutation et la communication s’arrêta.
La recherche de la Nouvelle Namek baissait dans l'ordre des priorités. Leur sécurité immédiate était à nouveau à l'ordre du jour. Yags et ses comparses pouvaient frapper à tout moment, chaque fois par des moyens qu'ils ne pourraient tous prévoir. Ils devaient être prêts. Car la question n'était pas de savoir si Yags et les autres crapules attaqueraient. Mais quand...
Des milliers de pensées, suivies d'un nombre encore plus grands de plans, de mesures et de contre-mesures fleurirent, se développèrent puis se dissipèrent dans l'esprit de l'ancien démon pendant qu'il terminait de se préparer pour son rendez-vous. Il avait déjà tant de choses à mettre au point avec les politiciens de l'Union qui l'attendaient. Ce serait une chose de plus à aborder au cours de leur discussion....
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-Bon... Ce n'est pas que je m'impatiente, mais mon temps est compté.
-À peine cinq minutes qu'on attend et tu te plains déjà. Les séances du quorum ne t'ont pas assez endurci, mon cher Tolmik. C'est vrai qu'à y passer tout ton temps assoupi, enfin, quand tu daignes faire acte de présence...
L'interpellé, un yardrat en tenue sobre mais luxueuse, fit pivoter son siège pour être en face du responsable de ces insinuations outrancières.
-Yaol'nut la langue de pirège ! Tu me prouves une fois de plus que tu mérites bien ton surnom. S'il te plaît, ne me confonds pas avec ces fainéants du secteur d'Oklupi.
L'interpellé ne réagit pas verbalement. Il se leva de son luxueux bureau de bois précieux et se dirigea vers le serveur de boissons.
-Tu en veux ? demanda-t-il à son collègue en faisant couler un liquide rose épais dans une sorte de chope transparent. Ça te calmera.
-... Volontiers. Merci Yao'lnut.
Le politicien prit un deuxième récipient qu'il remplit du même breuvage. Il franchit la petite dizaine de mètres vers le bureau de son complice et posa délicatement le bol sur un dessous spécialement créé pour le contenant. Une délicate mélodie retentit au moment ou Tolmik porta la thé de kassap à ses lèvres.
-Enfin, déclara-t-il avant d'en savourer une gorgée.
Yaol'nut eu à peine le temps de se poser dans son siège que le namek de la Terre, Piccolo, surgit.
C'était la première fois que celui-ci accédait au lieu de travail des politiciens qui les avaient accueillis à leur arrivée. Le bureau du député, ou ce qui en était le plus proche dans l'Union, était conforme à ce qu'il s'était imaginé pour ce genre de personnes : spacieux, aéré, disposant de l'ameublement minimum. Le superflu n'avait pas sa place ici. Les couleurs étaient basiques, du blanc, du gris, du noir. Pas de folie, rien que du fonctionnel et de l'efficace. Comme les surfaces vitrées, grandes et austères, qui permettaient en cet instant de la journée de se passer de tout éclairage artificiel. Le compagnon de Tolmik était assis aux côtés de ce dernier. Yaol'nut, si Piccolo se souvenait bien, lui adressa la parole avec la rapidité et l'aisance d'un orateur entraîné :
-Monsieur Piccolo, nous sommes ravis de vous savoir de retour et en bonne santé. Nous pensions que votre léger retard était dû à un passage aux services de soins médicaux.
-Humph, grogna Piccolo pour toutes salutations. Très peu de personnes peuvent m’inquiéter et certainement pas ceux qui se sont opposés à nous sur Kento’ch, termina-t-il en s’asseyant dans un siège libre face à Tolmik.
-Je n’en doute pas une seule seconde, monsieur Piccolo, pas une seule seconde.
Le namek de la terre ne prêta pas la moindre attention aux propos élogieux du politicien, qui, conscient que son interlocuteur l’ignorait, abrégea son introduction pour aborder l’essentiel :
-Excusez-moi, vous devez sûrement avoir envie de vous reposer après ce service que vous nous avez rendu. Je ne suis pas le plus versé dans tout ce qui concerne les opérations militaires, veuillez excuser mes manquements en ces domaines, mais j’ai pu parcourir le rapport préliminaire de votre opération. Un vrai succès !
-La gratitude de L’Union à votre égard sera éternelle. Vous êtes, je le pense déjà, un héros de la liberté, renchérit Tolmik
-La notoriété et les honneurs ne m’intéressent pas, les coupa dans leur élan le namek. Vous savez que nous souhaitons rester discret jusqu’à l’apparition de notre véritable ennemi.
-Cette menace dont vous nous avez parlé, ce Cell. Je comprends, mentit Tolmik. Le fait que nos informateurs n’aient pu le localiser sur Terre doit inciter à redoubler de prudence. En attendant de le localiser, vos actions…
-… N’ont toujours pas permis de retrouver la Nouvelle Namek, le coupa Piccolo, agacé. Les informations que devaient détenir les Skells se sont révélés inexistantes.
-Et nous en sommes grandement navrés, répondit sans se démonter Tolmik, mielleux. Nous sommes parfaitement conscients de la difficulté de cette tâche, autant que vous, même plus. Nous tentons par tous les moyens d'identifier la nouvelle résidence des Nameks, mais vous savez aussi bien que moi que ce n’est pas une tâche aisée.
-Sinon la galaxie entière les aurait retrouvé, les Dieux eux-mêmes savent combien ils sont recherchés ! enchaîna Yaol’nut en appui à la précédente tirade de son comparse.
Les arguments avancés par les politiciens étaient véridiques, admit Piccolo. Mais ils n’expliquaient qu’en partie le manque de succès de leur recherches .
-Bien sûr. Ça explique aussi pourquoi vos indices sur la « Cité Libre » n’étaient qu’une fausse piste de plus.
L’effet recherché par Piccolo eut l’efficacité escomptée. Les deux yardrats affichèrent pendant une bref instant leur surprise par leur face ébahie, avant de se reprendre presque immédiatement. Ce détail aurait échappé à quasiment n’importe qui. Pas au guerrier doublé du physionomiste qu’était le namek, même si Tolmik répondait avec une force de conviction certaine :
-En absence d’informations fiables, nous sommes obligés de nous baser sur les plus infimes rumeurs, les plus légers racontars, les pistes les plus ténues. Vous savez bien que dans une telle situation, monsieur Piccolo, on a plus d'échecs que de succès.
-D’autant plus que la piste de la Cité libre était une des plus sérieuses alors investiguée. La communauté Namek qui s’y trouvait n’a pas pu fournir l’information que nous recherchions, mais elle existait bel et bien, cette communauté.
Yaol’nut se tut et glissa un regard de biais à Tolmik. Que le namek de la Terre soit au courant de l’échec de la Cité libre, ils ne s’y attendaient pas. Enfin pas avant qu’ils aient fini leur entretien. A moins qu’un de ses compagnons… L’ami du super sayan ne lui laissa pas le temps d’y réfléchir en répondant de manière acerbe:
-Bien sûr.
Le début de malaise qui s’installait fut balayé par Yaol’nut, qui brossa le Namek dans le sens du poil, au grand soulagement de Tolmik. C’était vraiment lui le plus doué pour la flatterie et la flagornerie.
-Nous en sommes profondément désolés, Monsieur Piccolo. Nous avons conscience que votre temps est précieux et nous avons sûrement étés laxistes en ne confrontant pas assez nos sources pour démêler ce qui est de l’ordre de rumeurs de ce qui demeure de solides informations. Nous avons confondu vitesse et précipitation et avons mis la vie des vôtres en danger. Rien n’aurait pu nous racheter si le pire leur était arrivé. Les Dieux soient loués, ils ont pu s’en sortir sains et saufs. Les traîtres de L’Union qui se sont associés à nos ennemis seront jugés et châtiés avec la plus extrême rigueur !
Le ton passionné et convaincant du sénateur en aurait trompé plus d’un, mais pas le fils de Daiymao. Il répondit avec un détachement empreint de méfiance et de circonspection, en lâchant un presque dédaigneux :
-J’attends de voir. En espérant que vous soyez plus efficace qu’avec Yags.
Yaol’nut ne tenta pas de se justifier face au terrien, qui n'avait pas totalement tort. Il fallait jouer la carte de la contrition jusqu’au bout :
-Là encore, je vous assure que nous ferons notre maximum… Yaol’nut changea son angle d’attaque devant le sourire moqueur du guerrier terrien. -Vous devez nous prendre pour des incompétents, à nous voir accumuler bévues sur bévues, mais nos ennemis sont bien plus puissants que vous ne pouvez l’imaginer. Certains de nos partisans prétendent, à tort et à travers, que plus personne ne souhaiterait vivre dans la tyrannie et l’oppression, que notre juste mouvement triomphera à la fin. Vous avez vu hélas, lors de votre dernière mission, que la liberté ne s’obtiendra pas d’un claquement de doigts…
Piccolo ne rebondit pas. Où son interlocuteur voulait-il en venir avec ce laïus ?! Le politicien yardrat n’était pas à sa place pour rien. Il semblait avoir capté la pensée de Piccolo et conclut sa tirade.
-…Quoiqu’il en soit, je vous présente nos excuses les plus sincères, que, j’espère, vous daignerez accepter. Nous souhaiterions nous racheter en vous faisant part de l’avancement de nos recherches de la Nouvelle Namek…
Yaol’nut avait capté l’intérêt de Piccolo, qui jeta au duo qu’il formait avec Tolmik un regard en biais. C’était le moment idéal pour que Tolmik prenne la suite des débats :
-Je tiens à préciser que ce n’est qu’une piste, monsieur Piccolo, qui s’avérera peut-être infructueuse mais que nous devons suivre jusqu’au bout... Il s’agirait de se rendre sur la planète...
-Décidément, vous ne doutez de rien ! lança le namek, visiblement agacé.
-Je vous demande pardon ?
-Votre joli petit discours, c’est pour mieux faire passer la pilule ? Ça aurait peut-être marché avec le super sayan, mais je suis un peu plus méfiant que lui.
-Je ne vous suis pas du tout, monsieur Piccolo, déclara Tolmik.
-M’envoyer à nouveau dans une zone en guerre battre les ennemis que vous n’arrivez pas à vaincre, sous prétexte d’informations à récupérer pour nos recherches, deux fois d’affilée, il faut l’oser. A moins que vous ne me preniez pour un demeuré, ce que je n’apprécierais pas du tout, continua Piccolo, en haussant progressivement le ton.
Tolmik jeta un regard apeuré à Yaol’nut avant de tenter de rester dans les bonnes grâces du namek. Il fallait calmer la situation.
-Ce n’est pas du tout ce que vous croyez ! Nous ne nous servons pas de vous ! D’ailleurs, la planète sur laquelle nous vous envoyons est tout à fait pacif…
Namek qui ne lui laissa pas le temps de terminer son plaidoyer :
-Ça ne nous dérange pas de vous aider contre les criminels et ceux qui veulent prendre la place des tyrans de manière ponctuelle et discrète, mais notre priorité, c’est la Nouvelle Namek.
-Nous n’en disconvenons p….
-Que nous soyons attaqués par des criminels lors de la mission dans la Cité Libre, soit. Que je me retrouve plongé en pleine bataille planétaire lors de ce qui devait être de simples entretiens, bataille qui aurait été perdue par L’Union sans mon intervention, c’est plus dur à avaler. Vous êtes du genre à passer par la fenêtre quand on vous fait sortir par la porte ?!
Les deux politiciens, qui entendaient pour la première fois de leur vie cette expression, en avait tout de même saisit le sens et se défendirent comme ils le purent par l'intermédiaire de Yaol’nut:
-En aucun cas nous ne tentons de profiter de vous ! Nos forces sont largement en mesure de nous délivrer de l'oppression, même sans super sayan ou guerrier ultime dans nos rangs. Nous le prouvons chaque jour depuis la chute des tyrans !
-Et cela restera ainsi pour un certain temps. Vous aider n'aurait pas été un problème. Mais nous avons d'autres menaces à contrer, bien plus graves que cette guéguerre entre vous et ce qui reste de l'empire pour savoir qui dominera les étoiles...
Yaol’nut, choqué, interrompit à son tour Piccolo :
-Alors pour vous, le combat que nous menons pour nous libérer de la tyrannie se résume à une simple bisbille ? J'avais cru comprendre, à la suite de votre participation à la bataille de Namek, que vous aviez pris conscience de la nature despotique du régime contre lequel nous luttons. Il semble, hélas, que je me sois trompé, termina-t-il, outré.
-Pff, vos petits discours culpabilisants ne prennent pas avec moi. Peut-être auriez-vous dû tenir ce genre de propos avant votre intervention contre les Zkuntas ? Vous vous targuez d'être les hérauts du bien, mais vous ne vous privez pas pour utiliser des méthodes que Freezer et sa clique ne renieraient pas. Pas étonnant que les « peuples oppressés » ne vous rejoignent plus aussi vite qu'au début.
La surprise que Tolmik et Yaol’nut affichèrent ne fut pas feinte cette fois. Piccolo, qui ne pouvait pas le deviner, pensa à tort que les deux politiciens continuaient à jouer un jeu qu'il n'appréciait plus du tout. Politiciens dont le discours se durcit à mesure qu'ils se reprenaient en main.
-La tragédie de Zkunta a fait débat parmi les peuples de l'Union. Nous avons été confronté à une situation extrême, tout comme notre réponse qui le fut, car notre survie en dépendait. Je ne dis pas ça pour nier notre part de responsabilité dans ce drame, mais c'est toujours facile de dire qu'on aurait pu éviter le pire une fois l'urgence de la situation passée, surtout pour des gens qui ne l'ont pas vécue.
-Pas le peine de me sortir une fois de plus le numéro du fonctionnaire sincère et contrit, abrégea Piccolo en se levant. J'irai sur la planète où vous voulez m'envoyer, qu'il y ait une bataille à gagner ou des opposant à éliminer.
Tolmik et Yaol’nut se contorsionnèrent dans leurs luxueux sièges, gênés : Tolmik se dévoua pour clore cette discussion houleuse avec le namek.
-Nous vous remercions une fois de plus pour nous avoir écouté, et d'avoir accepté d'accomplir personnellement cette mission de vérification. J’insiste particulièrement en vous disant que nous n'avons prévu aucun des déboires qui vous sont arrivés, ni même que nous avons manigancé de vous utiliser sur les champs de bataille contre votre gré. Un tel comportement serait inqualifiable, surtout à l'égard de héros qui ont fait tant de bien pour les peuples libres.
-Peuh, cracha dédaigneusement Piccolo sans prendre la peine de se fatiguer à répondre à ces phrases jolies, bien construites, mais vides.
-Je, heu, je tiens à vous préciser que le grand général Yer'sem vous escortera. Vous pourrez vous adresser à lui, pour les, euh détails opérationnels, ajouta Yaol’nut à l'intention du Namek, quasiment sorti de leur bureau. Le guerrier se retourna et leur déclara dans une mimique qui dévoila des canines acérés, non, des crocs :
-C'est bien la dernière fois que vous vous servez de moi et de mes compagnons de cette façon. Dans le cas, hautement improbable, ou vous tenteriez de recommencer, je me montrerais moins diplomate qu'aujourd'hui. Et personne parmi vous ne pourra s'opposer à ma colère, vous le savez déjà.
Piccolo referma la porte sur ces dernières paroles on ne peut plus explicites. Avec cette petite mise en garde, les officiels de l'Union se montreraient plus respectueux envers eux. Si jamais ils l'avaient trop mal pris, il expliquerait sa position à Yer'sem, qu'il devait d'ailleurs voir au plus vite...