Nouveau chapitre, posté séparément. Avec mes remerciements pour la participation de Lyne sur ce chapitre et depuis le chapitre 106. Attention, le chapitre est plus long que d'habitude. En espérant que ce soit pas trop lourd
Chapitre 121 : Les ennemis principauxPlanète DékisOswalgaren était fatigué, mais la fraîcheur dans la chambre l’empêchait de se perdre dans un repos qui aurait été bienvenu. Surtout après cette journée éprouvante. Ce n'était pas tant les tâches et les travaux qu'il effectuait qui le fatiguaient, il était trop fort pour être exténué ou même incommodé par ce qu'il avait à faire. C'était le climat qui ne lui allait pas. Bons dieux, pourquoi Omab et les autres avaient choisis de s’exiler sur cette planète frigorifique ! Même loin de Yardrat ou de Littolia il existait sûrement de planètes aux climats plus cléments !
Le survivant ostoragien se retourna sous ses couvertures. En dépit de multiples couches le froid tentait de s'infiltrer et d'attaquer ses organes internes.
La porte grinça et Oswalgaren se redressa en créant une boule de ki pour aviser son visiteur. Sa visiteuse plutôt. Omabadiak l'apostropha sans lui laisser le temps de rouspéter.
-Oswal, viens voir ça. Il se passe des choses dans l'Empire.
L’intéressé mit de coté ses récriminations et se fit d'un coup plus sérieux.
-Cell ?
-Non, mais vu le tintamarre qu'ils font c'est forcement lié à lui où à l'attaque de Yardrat. Une émission spéciale impériale tourne en boucle depuis une heure, toute la ville la regarde sous le manteau.
-Ce n'est donc pas la guerre ?!
-Ça en a tout l'air. Prépare-toi et rejoins-moi en bas, j'en sais pas beaucoup plus que toi.
La tête d'Omabadiak disparut de l’entrebâillement de la porte pendant qu'elle la fermait. Les propos de sa sœur d'armes l'intriguèrent tellement qu'Oswalgaren se changea avec une efficacité dont il était encore peu coutumier. Il enfila des vêtements chauds et se recouvrit d'un lourd manteau rouge à la capuche à fourrure. Il quitta ainsi accoutré ses appartements et trouva Omabadiak dans le hall principal. Elle était accompagnée d'un petit groupe de compatriotes dont il ne reconnut pas tous les visages à demi-cachés par leur couvre-chef.
-Allons-y, fit son amie.
Elle se dirigea quelques pas derrière elle et ouvrit une lourde porte dont les battants ne firent étrangement aucun bruit puis s'aventura à l’extérieur suivie des autres. Oswalgaren regardait avec peine le ciel sombre de la nuit sur cette planète. Il était constellé de milliers de flocons bleus, qui tombaient mollement sur le sol. La couche de neige colorée avait encore augmenté ces dernières heures constata avec appréhension le guerrier en rajustant son manteau et en fourrant ses mains gantées dans ses poches. La température glaciale força la troupe à progresser à pas rapides à travers une cité dont personne n'apercevait les contours. Voler ? C'était peine perdue, à moins de vouloir détruire un immeuble en lui rentrant dedans par inadvertance. Heureusement la salle d'holo-diffusion n'était pas éloignée de leur quartier, ils l'atteignirent en quelques minutes. Le lieu était déjà bondé, constatèrent les Ostoragiens après avoir pénétré dans la construction aux contours rendus flous par la tempête de neige. Des centaines d'êtres, une majorité d'autochtones Tiyis ainsi que des exilés d'autres mondes comme eux regardaient la projection holo qui s'affichait au-dessus d'eux tous sous le point le plus haut de la coupole. Ils écoutaient ce que les propagandistes impériaux racontaient. Oswalgaren se défit de son lourd mais efficace manteau en écoutant d'une oreille :
-...le rassemblement se poursuit sur la place du Stadium central, place qui, je vous le rappelle, a vu l'avènement de notre cher Empereur sa majesté Bojack. Pour ceux qui nous rejoignent, nous sommes en direct depuis près de deux heures maintenant pour le grand rassemblement organisé par sa majesté elle-même, qui compte nous faire part part, lors d'une imminente apparition de je cite « La destinée manifeste de l'Empire ».-Absolument, sddd, absolument ! Quelle est cette destinée dont sa majesté veut nous faire part ? Nul ne le sait encore, mais serait-ce en rapport avec les derniers développements de la barbarie qui s’étend dans le camp séparatiste...
-On ne sait pas encore mais on peut d'ores et déjà émettre quelques hypothèses... Un employé vint aider les Ostoragiens en prenant leurs manteaux, la salle étant surchauffée par les gens et les machines. Oswalgaren et ses co-planétaires refusèrent pourtant tous, les critères du chaud étant bien plus hauts pour eux. Ils gardèrent leurs manteaux entre leurs quatre bras et l'aide de salle repartit penaud.
Oswalgaren jeta un œil moins distrait aux images qui défilaient en l'air, celle d'une grande place entourée par des piliers pyramidaux et noire de monde. Les visios qui captaient les images tournaient lentement en l'air et permettaient de se faire une idée générale de la place qu'ils montraient. Elle n'était pas grande. Elle était...
-C'est immense, constata Omabadiak.
-Tu m'enlèves le mot de la bouche, dit un de leurs camarades.
Les Ostoragiens se frayèrent en chemin à travers la foule pour se rapprocher du comptoir et commander une boisson chaude, tous hypnotisés par le rassemblement de masse que montrait la caméra flottante. Les voix off continuaient de meubler le vide.
-...J'ai du nouveau, l'Empereur devrait nous faire l'honneur de son intervention dans …
-Dothiar je dois vous interrompre ! Un vaisseau ! Un vaisseau de type que je n'ai encore jamais vu fait son apparition dans le ciel ! C'est une pointe ! Une pointe dorée qui apparaît et que nous découvrons en même temps que vous tous citoyens de l'Empire ! Il est immense ! Et magnifique ! Ce vaisseau est de toute beauté !
-Tout à fait ! C'est un nouvel astre qui illumine le ciel d'Ice 14 !
-Dothiar, On me signale qu'un proche de l'Empereur, l'administrateur Dagalat est là pour nous en dire plus à propos de cette apparition divine ! Abandonnons le direct et revenons au plateau ! Les Ostoragiens et les autres clients de la taverne purent admirer la forme longiligne avant qu'elle ne laisse place aux propagandistes impérieux. C'était un type de vaisseau que personne n'avait jamais vu. De forme effilée, on constatait pourtant ses dimensions extraordinaires tant il dominait les cieux d'une cité qu'Omabadiak devinait au moins aussi étendue que la capitale yardrat. « La flèche d'or » comme ils l'appelaient, avait plus à voir avec la pointe d'une flèche à qui il manquait la longue queue. Le revêtement de la forteresse volante, dont la longueur de la pointe à la poupe triangulaire devait être des dizaines de fois supérieure aux plus grandes navettes qu'elle avait vu jusque là, était entièrement doré et reflétait les feux du soleil d'Ice 14.
La magnifique flèche d'or, n'augurait rien de bon pour les mondes de l'Union. Le niveau sonore de la taverne, moyennement élevé jusque là, monta d'un cran, preuve que ce nouveau type de vaisseau intriguait à défaut d'inquiéter.
-Un nouveau vaisseau... De guerre ?
Omabadiak fixa Oswalgaren sans rien dire. Le nouveau venu sur les écrans, « Dagalat », dit enfin des choses intéressantes après avoir débité les banalités d'usage.
-... La flèche d'or préfigure la nouvelle génération de vaisseau de notre Empire, dont sa majesté Bojack est le grand inspirateur et sponsor...
-Loué soit-il ! L'officiel, qui ne semblait pas avoir apprécié l'interruption , poursuivit ses explications :
-Grâce à son principe de propulsion révolutionnaire, les expéditions aux confits de l'espace qui duraient des années se feront désormais en mois. Les trajets qui duraient des mois s'effectueront en semaines, ce qui prenait quelques semaines ne prendrait que quelques jours et ce qui prends des jours actuellement se comptera en heures.
-Si je comprends bien, administrateur Dagalat, c'est une véritable percée technologique ! La face de l'espace en sera changée, de même que la lutte contre le nihilisme et le chaos!
-Vous avez bien saisi Dothiar, sourit Dagalat. La terreur peut courir des mois, la justice la rattrape en un jour. La flèche d'or, vaisseau amiral de notre nouvelle flotte, est le deuxième production de ce nouveau type de vaisseau. Son prédécesseur, la flèche d'argent, est actuellement déployé avec succès en mission. L'Empereur vous en dira plus lors de son intervention imminente, je dois d'ailleurs le rejoindre.
-Merci Administrateur ! Une dernière question peut-être ! Mais le fidèle de l'Empereur se leva et quitta les deux propagandistes décontenancés de ne pas en savoir plus.
Omabadiak regarda sombrement ses camarades pendant que le silence se faisait dans la grande taverne.
-Les distances intersidérales étaient les dernières protections de L'Union contre l'Empire. Plus maintenant.
-C'est Cell le danger. Même avec des vaisseaux ultra rapides les terriens pourront l’arrêter, s'opposa Oswalgaren.
Il n'avait pas digéré leur départ de Yardrat et mettait ce vieux contentieux sur la table assez souvent.
-Peut-être. Mais si l'Empire décide de frapper l'Union, cette planète par exemple, ils auront fait le ménage avant que Piccolo et sa clique ne débarquent. On sera plus là pour constater que t'avais raison...
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Planète Ice 14 Gad'meer s'était réveillé avant que le réveil ne sonne. Il avait le sommeil léger ces derniers temps, trop. Une nuit ou deux sans dormir c'était supportable. À partir de trois ou quatre ça devenait handicapant. Il était distrait aux sessions du matin, leur professeur de politique générale l'avait remarqué. Quant aux entraînements c'était encore pire. Il perdait des points au classement général. Ça ne l'inquiétait pas trop, il se savait capable de remonter la pente rapidement, mais s'il affichait des statistiques trop basses il serait assigné à des missions de second rang. Et ne bénéficierait pas des enseignements des vices-rois, c'était ça qui l’intéressait le plus. La soirée de la veille n’arrangeait rien, au contraire...
Gad'meer se leva enfin. Il quitta son lit trois places et se dirigea vers la salle d'eau. Une intense douche froide l'animerait plus efficacement que n'importe quelle boisson stimulante.
La salle de bain n'avait rien à voir avec le baraquement dans lequel il avait évolué avec Azoa, Djoss, Raktak' et Gozibaar. La pièce elle seule était aussi grande que les chambres réunies de sa première équipe. Le reste de son appartement obéissait au même rapport d'échelles, c'est à dire démesurément grand et luxueux comparé à son ancienne habitation. Gad'meer avait été ébahi au début, consterné même de voir tant de différences de traitement. Les volontaires et les soldats de la trempe d'Azoa n'étaient pas moins utiles que la garde impériale, cette soi-disant élite dont il faisait parti. Mais le jeune humanoïde avait mis ses velléités de justice de coté. Il n'était pas là pour ça, enfin pas tout de suite. Plus tard. Il dirait à ses anciens camarades de passer ce soir ou demain avant qu'ils ne repartent.
Gad'meer termina de se laver et retourna dans sa chambre. Son détecteur, posé sur sa table de nuit sombre, clignotait. Il se saisit de l'appareil pour lire les messages reçus. Des photos pour l'instant, envoyées par Djoss et Rak'tak. Il jeta un œil distrait aux images de la veille, à moitié surpris par les poses saugrenues de Gozibaar et la mine toujours sérieuse d'Azoa, même quand elle était à moitié soûle et droguée. Lui non plus n'était pas dans un état impeccable, avec sur plusieurs clichés la main où le bras de son ancienne chef sur sa hanche, qu'il regardait avec un sourire béat. Rak'tak, le vétéran, s'était autorisé plusieurs fois à des demi-sourires. Le jeune zkunta ne pourrait pas retourner deux soirs de suite dans ce bar même si ses amis insistaient. Il n'allait pas passer la semaine ! En plus avec ce qui bruissait sur leurs prochaines échéances... Gad'meer stocka les images dans son appareil et consulta les autres messages en commençant par un texte envoyé par Azoa.
« contente de t'avoir vu hier ! On r'met ça ce soir ? » Si agité ? Pas possible, répondit-il mentalement avant de passer au message suivant, toujours envoyé par Azoa.
« regarde les rèz'. Et le ciel. Ya un truc important kiss passe. C'est pour ça k'on est ici j'pense. Fait attention à toi.»Intrigué, Gad'meer alluma l'holo de sa chambre en s'habillant. Il découvrit la place du Stadium noire de monde ainsi que l'immense vaisseau dorée qui flottait au-dessus de celle-ci.
Voilà pourquoi on leur avait ordonné de se vêtir, lui et les autres gardes, de leurs tenues d'apparat : Un plastron noir et brillant dont les bords, des épaulettes aux protèges cuisses en passant par le buste, était bordé d'un fin trait blanc. Les stylistes de l'Empire s'étaient lâchés en termes de coloris pour le juste au corps, remarqua Gad'meer, sarcastique. La combinaison moulante était d'un blanc immaculé au lieu du bleu sombre ou du noir traditionnel. Les bottes et les gants associés étaient du même coloris sombre que l'armure flexible. Le jeune guerrier enfila par-dessus le tout une cape grise métallisée qui s’arrêtait à mi-cuisses. Il la fixa avec une lourde chaîne pectorale et reprit une écoute plus attentive de ce que les communicants racontaient : Les mêmes informations en boucle sur l'intervention imminente de l'Empereur ainsi que sur le nouveau type de vaisseau ultra rapide qui flottait dans le ciel.
Gad'meer sortit de sa chambre, accrocha son détecteur à son oreille puis quitta son appartement en s'envolant du balcon. Le ciel pâle matinal était chargé d'une rosée rafraîchissante L’humanoïde bleu vola rapidement au dessus de grands arbres aux tronc rougeâtres et aux feuilles variant du bleu au vert. Il ne ralentit pas pour admirer les nuances de la végétation dans laquelle se fondaient les constructions courbes blanches, roses et mauves. D'autres messages s'étaient accumulés, en particuliers ceux de ses camarades gardes. Ils l'enjoignaient de regarder les émissions holos et de se joindre au lieu de rassemblement le plus vite possible.
-Gad'meer !
L'interpellé se retourna et laissa son camarade le rattraper.
-C'était donc ça qu'il se tramait ! J'avais entendu des rumeurs sur quelque chose d'importance en préparation mais pas d'informations précises.
D'autres gardes impériaux évoluaient dans le ciel et se faisaient de plus en plus nombreux à mesure qu'ils se rapprochaient du point de rassemblement. Toross'sos approcha et se joignit à Gad'meer et son comparse.
-Les gars ! Je crois qu'on va vivre quelque chose d'important aujourd'hui ! déclara Toross'sos.
-T'as des infos ?
-Non Gad'meer. Les huiles ont tout fait pour pas que ça fuite. S'ils ont réussi c'est que c'est important.
Gad'meer n'eut pas le temps de relancer son camarade. Ils étaient arrivés et atterrirent. Plusieurs instructeurs officiels dont le gouverneur Filk lui même s'assuraient que les rangs se forment. Le proche de L'Empereur parla aux gardes :
-Défenseurs de l'Empire ! Ce jour béni marque le début du retour de la paix. ! Je sais que vous avez des centaines de questions mais dans quelques heures tout sera clair ! Suivez-moi ! Suivez notre bien aimé Empereur pour contribuer à l'édification de cette paix que nous recherchons tous !
Quelques minutes plus tard, ce furent cent cinquante des combattants les plus prometteurs de l'Empire qui s'envolèrent en parfaite synchronisation. Le carré qu'ils formaient prit de l'altitude et se divisa en cinq colonnes, qui démarrèrent l'une après l'autre. Elle survolèrent la ville en effervescence et atteignirent rapidement une place du stadium central en totale ébullition. Les dizaines de piliers pyramidaux d'obsidienne pourtant massifs semblaient tels des brindilles au milieu de la masse populaire qui débordait de tous les cotés. Une gigantesque estrade avait été dressée sur le lieu le plus central de l'énorme place. Un large tapis rouge gardé par des soldats imperturbables permettait d'y accéder. Gad'meer ne s'étonnait plus de voir la centaine de mètre de longueur du tapis non envahis. La discipline régnait parmi la horde excitée. Même les plus téméraires savaient ce qu'ils risquaient à défier l'ordre impérial. La flèche d'or, monstre de métal flamboyant imposant sa force par sa seule présence, projetait son ombre sur une partie notable de la marée d'êtres pourtant immense. Des capteurs d'images et des projecteurs holographiques tournoyaient par centaines, soit proche du majestueux cétacé doré, soit au-dessus de la masse de gens et de l'estrade vide.
La colonne dans laquelle se trouvait le jeune zkunta perdit de l'altitude près de l'estrade centrale. La pression de la foule, ses bruits, ses cris, ainsi que les annonces des holovisios et des holophones chantant gloire à l'Empire se fit plus intense à mesure qu'ils se rapprochaient du sol. Ils se posèrent sous les vivats survoltés des privilégiés qui avaient une vue correcte sur la scène centrale sans agrandissement.
« Déployez-vous ! Haie d'honneur pour l'arrivée de sa majesté ! » retentit la voie du gouverneur Filk dans le détecteur de Gad'meer et de tous les gardes impériaux.
Ils se déployèrent avec efficacité, doublant la haie formée par les soldats réguliers déjà en position. Une navette s'approchait du tapis d'honneur sous les exhortations renouvelées des harangueurs auxquels la foule survoltée répondait. Le niveau sonore déjà élevé augmenta plus encore pour franchir un palier quand la navette atterrit. Et exploser quand l'Empereur, entouré d'un aréopage de conseillers, en sortit pour rejoindre le gouverneur qui l'attendait au pied de l'estrade.
«... BOJACK ! BOJACK ! BOJACK ! BOJACK.... » L'Empereur progressa lentement et avec assurance, sa suite derrière lui. Il dépassa Gad'meer, qui crut devenir sourd à cause de la fureur déchaînée des partisans les plus fanatiques quand leur idole passa à leur niveau. Les tenues protocolaires des gardes impériaux avaient été assorties à celle de l'Empereur, remarqua le jeune guerrier obligé de se concentrer sur sa vue et de délaisser son ouïe trop sollicitée à ce moment là. Le buste sombre de Bojack était cerclé d'or à la place de blanc des gardes, et sa cape pourpre le couvrait jusqu'à ses talons.
Le mur de son baissa à peine d'intensité quand le monarque le dépassa et monta sur l'estrade avec le gouverneur...
La foule était innombrable. Bien plus que lors de sa première déclaration officielle, nota l'ancien pirate maintenant empereur. Normal, car contrairement à sa première apparition ils avaient eu le temps de tout préparer presque à la perfection. Les systèmes de capture d'image tournoyaient partout dans le ciel et retransmettaient ses gestes sur les écrans et les projections holos déployées aux endroits stratégiques de la place.
Bojack leva lentement ses bras, dans une pose presque messianique. Le silence se fit progressivement. Il attendit quelques minutes de plus pour que l'assemblée géante soit totalement réceptive à son message. Les gardes impériaux et les soldats réguliers fendaient la marée bigarrée. La flèche d'or les écrasait tous par sa seule présence forte et tranquille. Les premières lignes de son discours brillaient en l'air en lettres de feu, signe qu'il pouvait commencer, ainsi que d'autres informations plus générales, comme le décompte approximatif de la foule et les forces des combat les plus importantes. Les nouveaux prototypes de détecteurs, tellement miniaturisés qu'ils pouvaient être intégrés dans de simples lentilles oculaires, étaient vraiment pratiques. Mais Bojack n'avait plus vraiment besoin de ces indications, il savait dans les grandes lignes ce qu'il avait à dire. Il baissa les bras et déclara :
«Compagnons de l'Empire. C' est en tant que son premier et plus humble serviteur que je vous remercie pour votre présente massive et que je m'adresse à vous... »Sa voix surgissant de partout ne l'étonnait plus guère, mais l'Empereur marqua une première pause le temps que les premiers vivats et acclamations se terminent. Il continua un peu plus énergiquement :
«... Oui, je vous remercie pour votre implication, votre abnégation, votre support et votre soutien à la lutte acharnée et difficile que nous menons pour rétablir la paix dans l'Espace. Cette paix, menacée par le séparatisme, la sédition, mais surtout par la terreur et le nihilisme. Un nihilisme en passe d'être vaincu !» Bojack fut forcé de marquer une nouvelle pause tandis que la foule se déchaînait en sifflets, insultes et lazzis à l'évocation à peine voilée de Cell et ses sbires . Il laissa la haine du peuple s'exprimer, s'affaiblir et retomber. Il montra de l'index la flèche d'or
«Des milliers de personnes ont donné leur âme et leur vie pour permettre la réalisation de ce vaisseau révolutionnaire que vous voyez là. Cette magnifique œuvre collective, qui va nous aider à nous débarrasser du mal... Serviteurs de l'Empire, une campagne tenue dans la plus grande discrétion pour mettre fin au nihilisme, fruit du sacrifice de milliers de braves, s'est déroulée...» Bojack laissa sa phrase en suspend. La tension monta d'un cran, matérialisée par la rumeur qui enflait dans la multitude. Il fit un signe de main vers les holos devant lui en terminant sa phrase :
« ...Avec Succès ! Les monstres qui ensanglantent les mondes ont été débusqués dans leur tanière et certains ont été définitivement mis hors d'état de nuire ! » Tous les écrans et toutes les projections, sur la place, dans ville, sur la planète, sur les mondes impériaux et ceux non affiliés affichèrent la même scène : Une pièce mal éclairée et ravagée par la destruction laissant voir des individus que le tout Espace connaissait. Les quatre vices-roi impériaux en armure de combat sévèrement endommagées se tenaient debout. À leurs pieds gisaient deux corps, le premier décapité, le second encore entier mais saucissonné par un filet de lumière violette. Celui des enfants terribles de Cell.
La masse rassemblée se déchaîna comme un seul être et noya totalement les dernières paroles de son Empereur. Même les soldats réguliers, même les gardes impériaux ne purent s’empêcher de réagir. Gad'meer, interloqué, jeta un œil à Toross'sos, pas moins choqué que lui. C'était un tournant majeur dans la lutte contre la terreur qu'ils vivaient aux premières loges.
La manifestation de joie libératoire se poursuivit pendant encore cinq bonnes minutes, avant que Bojack n'y mette fin en levant ses bras à mi hauteur. D'autres images et séquences s'affichaient pendant qu'il résumait la bataille gagnée à l'Empire et à l'Espace : l'approche d'une planète à l'atmosphère d'un vert intense, l’assaut des troupes de chocs, toutes munies de masques à gaz, la vice-reine blessée et la tête sans corps du monstre.
« Ces lutins démoniaques, qui se cachaient sur la planète non habitable Ice-R-459, ont été mis hors d'état de nuire il y a plusieurs jours de cela. Mais d'autres, parmi lesquelles figurent le plus important d'entre eux, ont échappé à la sentence de la Justice. Je veux bien sûr parler de l'esprit perverti et sadique qui les commande : Cell...»La masse se fit moins enthousiaste à l'évocation du nom qui inspirait tant de terreur.
« Nous n'aurons de repos que quand le commanditaire et l'ordonnateur de ces massacres répondra de ses actes. Mais le mal peut courir pendant des mois, la justice et le bien le rattraperont en une journée. Car je vais diriger, à bord de la flèche d'or, la campagne finale qui débarrassera l'Espace des fléaux que sont le monstre et ses créatures ! » La rumeur de foule, qui avait progressivement enflé, explosa à nouveau dès que Bojack annonça sa participation aux opérations en personne. Il continua quand même, surplombant les rugissement exaltés grâce à la sonorisation.
« Oui ! Cela sera fait ! Et dans très peu de temps les mondes retrouveront la paix ! Je serais bien sûr aidé par les forces vives de notre Empire. Des travailleurs aux forces de défenses, ainsi que ces jeunes qui ont répondu à l'appel des peuples au plus fort de la crise et qui constitueront bientôt les futurs chevaliers de l'Empire. Je veux parler des gardes impériaux qui m'accompagnent ! » Les holos et les écrans zoomèrent sur les guerriers aux armures sombres et aux capes grises, stoïques sous les hourras et les félicitations des rangs les plus proches d'eux. Gad'meer crut apercevoir son visage bleu sur une projection proche de lui, heureusement les mouches vrombissantes cadrèrent le visage d'un autre de ses camarades.
Déconcerté par leur brusque exposition, le zkunta ne retint par la fin du discours de l'Empereur Il réalisa que celui-ci avait terminé son intervention quand il passa devant eux, sa suite à ses basques. Les vivats de la foule qui tonnait plus ou moins en rythme « Bojack le conquérant » ou « Bojack le pacificateur » ne l’empêchèrent pas d'entendre l'ordre de retour du gouverneur Filk résonner dans son détecteur. Il s'envola en même temps que Toross'sos et les autres gardes, qui formaient deux lignes parfaitement symétriques s'élevant lentement au dessus de l'immense masse. Le détecteur de Gad'meer, en veille, bipa pourtant à la reconnaissance de forces de combats préenregistrées. L'appareil avait repéré dans la marée de gens les énergies d'Azoa et de ses anciens camarades. Ils étaient là eux aussi ? Gad'meer se tourna dans la direction indiqué par le détecteur mais la masse d'être et de têtes était trop compacte pour qu'il les trouve du premier coup d’œil. Ah... Il crut apercevoir Djoss devant son ancienne chef. Elles levaient les bras en l'air et criaient mais il était bien trop loin d'elles pour les entendre. Gad'meer tourna subitement la tête vers le ciel, son détecteur et ceux des autres gardes impériaux bipant frénétiquement. Un flash l'aveugla. Puis il fut soufflé par une formidable pression d'air...
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Planète LittoliaYaol'nut regardait avec inquiétude la transmission pirate des événements qui se déroulaient sur la capitale impériale, avec l'annonce en boucle de l'arrestation de certains monstres miniatures et la future campagne de « l'Empereur » pour éradiquer définitivement « le mal ». La tyrannie allait empocher les gains symboliques de la lutte pour rétablir la paix dans l'espace. Puis elle allait s'occuper de l'Union...
Du rififi semblait avoir lieu en bas, au rez-de-chaussée.
-Qu'est ce qu'il se passe encore ? s'agaça le politicien.
Il se leva et se dirigea vers la fenêtre pour voir ce qu'il se tramait. Les blocs de préfabriqués jaunes d'un ou deux étages barraient l'horizon plat et contrastaient avec le ciel gris de Littolia.
-Chéri ! Chéri ! On te cherche ! fit une voix surprise et un peu stressée.
Yaol'nut baissa la tête vers l'entré de sa demeure de fortune et vit plusieurs formes s’engouffrer dans celle-ci, dont celle du général Yer'sem. Des éclats de voix parvinrent du niveau inférieur avant que des bruits de pas précipités ne se rapprochent et qu'une véritable troupe ne surgissent de son escalier : Piccolo se montra le premier, suivi de sénateurs qu'il ne remettait plus. Yer'sem déboula enfin, accompagné de deux moyens gradés dont il ne se rappelait guère le nom non plus. Yaol'nut, jusque là stupéfait, se raidit à la vue du raïss Dormuk, sont contact littolien dans les services de renseignements sur Yardrat. Le conseiller attaqua verbalement ses « invités » sans sommation :
-Non mais pour qui vous prenez-vous à pénétrer ainsi chez moi et importuner ma compagne? Je ne puis accueillir tant de monde dans un espace si réduis. Je vous invite à quitter ma demeure et à vous rendre à mon bureau si vous voulez vous entretenir avec moi.
-Espace réduis ? s'indigna Yer'sem. La plupart de nos compatriotes s'entassent à 10 dans des tentes qui font à peine la moitié de la surface de cette pièce je vous rappel. Mais ce n'est pas ce qui nous importe le plus. Conseiller Yaol'nut, vous êtes en état d'arrestation pour atteinte à la sûreté l'Union des Mondes Libres
-Pardon ? les tança froidement le concerné.
-Ne jouez pas à celui qui n'a pas entendu, vous avez très bien compris, intervint Piccolo. Vous allez nous suivre sans faire d'histoires pour être interrogé.
Un bruit d'objet cassé brisa le silence tendu qui s'installait, avec en toile de fond les commentaires et les images de la diffusion impériale. Yaol'nut se défendit.
-Je ne sais pas d'où vous sortez cette soi-disant affirmation saugrenue, mais je n'ai jamais trahi l'Union.
Yer'sem s'interposa entre Piccolo et Yaol'nut.
-Le raïss Dormuk nous a tout dit conseiller. Sur les tentatives de localisation du repaire de Cell ainsi que l'utilisation de technologies interdites, sans en référer à l'assemblée bien entendu. Sur la présélection de mondes potentiellement utilisés par Cell et la mise en place d'une surveillance plus fine sur ceux-ci. Surveillance qui ne s'est faire qu'au compte goutte.
Dois-vous rappeler la liste des mondes repérés par nos agents sur le terrain : Ice 49, Gélina Prime, Ice 192, Ice127. Ice 95. Ice R-459, planète où se cachaient Cell et ses créatures, comme l'a prouvé l'Empire aujourd'hui ?
-Je persiste et je signe, je n'ai jamais trahi l'Union. J'ai agi ainsi pour éviter que les tyrans ne découvrent l'information par inadvertance ou par traîtrise. Et pour pouvoir mettre la main sur Cell du premier coup!
-Vos précautions ont été très efficaces ! Les sbires de Bojack ont débarqué sur une des planètes que vous aviez repéré. À moins tout simplement que vous ne leur ayez fourni vous-même l'information, déclara tout de go Piccolo.
-Qu ?! Vous divaguez complètement, namek ! Jamais je n'aurais commis un tel crime ! se défendit avec véhémence Yaol'nut.
-Ne vous enfoncez pas Yaol'nut. Votre compère Tolmik nous a tout dit, ne niez pas l'évidence.
-N'im-N'importe quoi ! Mensonges ! Je ne sais pas ce qu'il en est de Tolmik, peut-être a-t-il voulu vous faire une mauvaise farce, si vous l'avez cru libre à vous ! En ce qui me concerne je ne vous dirai rien d'autre que la vérité. Que nous prenions notre temps pour éviter les fuites qui auraient pu nous nuire. Je referai tout à l'identique si c'était à ref...
L'aura de Piccolo explosa abruptement et dispersa les parois fragiles du premier étage du bâtiment préfabriqué. Les sénateurs et le politiciens félon, soufflés eux aussi, avaient été rattrapés par les soldats de Yer'sem et par l'agent Dormuk avant qu'ils ne rejoignent au sol les pans de murs brisés. La lumière naturelle les inonda tous, forçant Yaol'nut, ébloui, à se couvrir les yeux. Un cri venu du rez de chaussé, sans doute celui de sa femme, lui perça les tympans.
-Abruti... Vos stupides machinations politico-politiciennes vous ont fait perdre de vue la menace principale. Si vous nous aviez avertis à temps nous aurions pu frapper Cell par surprise encore plus efficacement que Bojack et mettre un terme définitif à la menace. Mais il a fallu que vous la jouiez perso.
Yaol'nut, qui avait retrouvé un calme apparent, défia Piccolo.
-Ah oui ? Vous êtes un grand donneur de leçons monsieur Piccolo ! Qu'avez vous fait à part fuir votre monde quand Cell est arrivé. Et pourquoi n'avez-vous pas tenté de le suivre ou de le localiser quand lui et ses monstres ont ravagé Yardrat ? Nous avons peut-être été devancés par les tyrans mais nous nous avions des résultats au moins.
Piccolo serra les poings mais ne répondit pas. Ce sale politicard, s'il ne semblait pas être au courant de leur tentative infructueuse de poursuivre Cell après le ravage de Yardrat, remuait tout de même le couteau dans la plaie.
Yer'sem siffla la fin des discussions :
-Ça suffit Yaol'nut. Vous vous expliquerez devant le conseil de coercition qui statuera sur votre sort. Emmenez-le !
Le conseiller disparut rapidement dans le ciel de métal de Littolia avec ses deux gardiens.
-Je dois vous laisser d'urgence moi aussi, dit Piccolo. Je dois voir les miens. Je vous rejoindrais après. Bojack le sait sûrement, Cell ne peut que réagir à son attaque frontale.
Piccolo s'envola à son tour. Il surplomba rapidement le quartier des personnalités du camp de réfugiés, composé de bâtisses de fortunes de quelques étages pour les mieux lotis. Yer'sem avait raison. À part quelques îlots de « prospérité » la majorité des réfugiés de Yardrat s'entassait dans des tentes précaires et sommaires qui s'étendaient à perte de vue. Si par malheur Littolia était aussi attaquée, l'Union serait en...
-
Piccolo !.... Piccolo ! L'ancien démon se retourna. Yer’sem fonçait à toute vitesse vers lui. Piccolo ralentit et le général le rattrapa au bout de quelques secondes.
-Il y a eu une explosion lors de la parade de Bojack...
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Planète Ice 14La longue vibration s'estompa enfin et une sorte d'éclairage de secours s'alluma. Les parois de la cellule ne brillaient plus. Malkiat rapprocha lentement sa main violette puis la passa avec précaution à travers. Rien ne lui arriva, aucun choc. Le bouclier d'énergie de se cellule était désactivé. De même que le système de brouillage anti-psy. Elle sentait à nouveau les flux mentaux des autres prisonniers autour d'elle. L'occupant de la cellule face à la sienne, sorte de gros rhinocéros beige, inspecta lui aussi prudemment ses anciennes entraves avant de prendre la poudre d'escampette.
Des clameurs, de plus en plus vives, montaient du bloc au fur et à mesure que les détenus prenaient conscience de la situation. Les sifflets et appels des gardes n'y changeaient pas grand chose.
Ça ne pouvait pas être un piège songea la menthat. Quelque chose s'était passé à l’extérieur, peut-être un accident avait-il endommagé les systèmes d'énergie de la prison.
De plus en plus de détenus passaient ou courraient dans le couloir et de premiers tirs d'énergie se firent entendre. La situation n'allait pas tarder à dégénérer.
Malkiat sonda les énergies psychiques avec joie. Ses pouvoirs ayant été bloqués ou sévèrement contrôlés depuis son arrestation par les forces de l'Empire, s'en servir à nouveau était comme prendre une goulée d'air rafraîchissant après une canicule.
La confusion régnait partout et l'agressivité à fleur de peau allait exploser. Le choc de ces émotions après tant de semaines de sevrages faillit la désarçonner. Ce n'était que transitoire de toute façon.
La mutinerie faisait maintenant rage de manière ouverte.
Malkiat s'engagea avec prudence hors de sa cellule et faillit être bousculée par le flot de personnes qui se dirigeait à gauche de son ancien cachot, vers les sorties principales du complexe. Elle pensait qu'ils l'auraient éliminé après l’interrogation de la créature de Cell, ils l'avaient pourtant gardée en vie. Jusqu'à quand ? Quoi qu'il se passe, c'était peut-être sa dernière chance de se sortir des griffes impériales entière et en vie.
Un être moitié moins haut qu'elle mais rond comme un œuf la bouscula sans s'excuser. Ses deux comparses, un livrain à la coupe bien mise et une femme, la dévisagèrent avec mépris, surtout la fille.
-Ce n'est rien Eléo'k, laisse cette échevelée tranquille. Nous devons nous sortir de ce guêpier en priorité.
-Monsieur Yags, par là !
Le trio bifurqua dans un couloir perpendiculaire et se perdit dans la foule enragée.
Ce « Yags » aussi malpoli soit-il avait raison. La priorité c'était de se sortir de là au plus vite.
Des picotements et la sensation de se perdre annoncèrent l'arrivée de sa sœur. Le dialogue mental s’engagea entre elles.
*QU'EST CE QUI S'EST PASSE ? POURQUOI J'ARRIVAIS PAS À TE...
-Je t'expliquerais.
*ME REFAIS JAMAIS ÇA :
-J'expliquerais j'ai dit !
*OK. MAINTENANT DÉGAGE DE CETTE PLANÈTE !
-Quoi ?
*DÉGAGE DE CETTE PLANÈTE ! J'T'EXPLIQUERAIS ! Malkiat ne « répondit » pas. Avant de quitter Ice 14, elle devait s'évader de cette prison....
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Gad'meer se reprit. Plus surpris que blessé, il reprit de l'altitude avec quelques autres gardes impériaux. Son détecteur, à moitié en marche, crépita d'ordres et de messages de camarades ou d'officiers qu'il n'écoutait pas. Une immense champignon de fumée s'élevait du lieu de l'explosion, qui avait du faire des dizaines de milliers de victimes. Il assombrissait déjà l'atmosphère. La flèche d'or, en partie masquée par le nuage, semblait intacte. En-dessous, c'était le chaos. Une foule de survivants fuyait dans tous les sens. Heureusement beaucoup de guerriers semblaient être présents et organisaient les premiers secours.
Gad'meer leva à nouveau la tête vers l'immense colonne de fumée. Que se passait-il ? Comment un tel accident avait pu se produire ? Les holos, visios et sonos tournaient toujours dans le ciel, certains se rapprochaient du large cratère qui se devinait à travers les fumée évanescente. Son détecteur crachotait toujours les appels à l'ordre, de réorganisation de protection de l'Empereur et des hauts dignitaires...
Azoa.
Gad'meer tenta frénétiquement de la contacter. Au bout de longues et angoissantes secondes...
-.... Gad-... Gad'meer, t'es entier ? -Azoa ! Rien ne peut m'arriver tu sais bien ! Et vous ?
-Tout va bien, on était loin de l'explosion, tu …Le détecteur de Gad'meer indiqua l'apparition d'une force gigantesque, autre que celle de l'Empereur. Le zkunta se raidit et avertit son amie :
-Azoa ! Ils arrivent !
-Quoi ? -Ils arrivent ! Partez ! Quittez la ville et la planète sinon j' pourrais pas vous protéger !
-Qu...-J't'en supplie Azoa !
Son détecteur rendit l'âme avant qu'il puisse entendre la réponse de son ancienne chef. Mais Gad'meer savait où se diriger...
Plus haut dans le ciel, Bojack et Filk contemplaient la destruction qui s'étalait sous leurs pieds.
-Gouverneur, mets la flèche d'or en orbite haute.
-Oui votre altesse.
-Je ne pensais pas qu'ils réagiraient si vite. À tantôt gouverneur. Détecteur, activation mode combat.
Bojack quitta le dragonnoïde et se dirigea vers l'endroit où étaient apparues les gigantesques forces, à l'orée du cratère nouvellement formé. Il marcha quelques minutes dans le no man's land créé par l'attaque. Un silence sépulcral à peine troublé des chutes à rebours de gravats régnait tout autour de lui, renforcé par les émanations de gaz qui s'échappaient indolemment des striures qui scarifiaient le sol qu'il foulait. Il distingua une forme. La fumée se dissipa, découvrant partiellement le petit démon sans ailes, « Mesh ».
-Tu ne manques pas de culot petit, pour choisir le lieu et le jour de ta mort. Où bien tu es triste et tu veux rejoindre tes petits amis ? Personne ne pourra te sauver du sort qui t'attends, sois...
Bojack marqua une pause. Un nouvel individu émergeait de l'écran de poussière autour de Mesh. Une jambe d'abord, plus grande que le diablotin tout entier. Elle présentait la même constitution que le petit, en vert au lieu d'une dominante bleue. Puis le buste et le corps tout entier de l'accompagnateur de Mesh se révéla.
Cell.
La version adulte du démon bleue se présentait pour la première fois face à lui. Si les diablotins pouvaient tromper leur monde avec leurs traits juvéniles, la mine de prédateur de leur créateur était sans équivoques.
Bojack se rapprocha lentement du duo. Seul le bruit de ses bottes sur le sol ravagé perturbait l'irréelle tranquillité post apocalyptique qui régnait. Le bruit des bottes puis le bruit de sa voix:
-Alors c'est toi ce Cell qui ravage mes mondes? Tu te décides à enfin cesser de te cacher derrière tes petites créatures ?
Cell gratifia Bojack d'un petit sourire satisfait,
-Empereur Bojack, ravi de te rencontrer enfin. À ce que je voie ton bras va mieux.
Bojack rebondit sur la pique
-Merci de t'en inquiéter. Je ne pourrais pas dire le même chose de tes petits sur Ice R-459.
Cell eut une mimique pincée et Bojack enfonça le clou avant qu'il ne réponde.
-Merci de t'être déplacé et de m'épargner ta recherche. Quoiqu' avec notre nouvelle flotte tu ne nous aurais pas échappé longtemps. Je m'attendais à une réaction de ta part. Je ne suis pas trop surpris de te voir ici, même si j'avais parié sur une bataille finale sur Ice 127. Je devrais malheureusement reconstruire ma capitale après t'avoir massacré publiquement puis éliminé, dit Bojack en montrant d'un large balayage de bras les caméras qui flottaient à distance dans le ciel.
Bojack nota l'agacement de Cell, qui n'avait duré qu'une petite seconde avant qu'il ne se recompose à nouveau un visage neutre.
-Sérieusement, tu ne pensais tout de même pas qu'on n'allait pas découvrir où vous vous cachiez réellement ! se moqua Bojack.
Cell rit jaune en se défendant.
-Ha ha ha ha, tu m'aurais peut-être pris de vitesse si tu avais foncé sur Ice 127 au lieu d'organiser cette stupide opération de propagande et de te pavaner sur les ondes. Je te remercie à mon tour. Je n'étais pas dans les parages, tu m'as laissé le temps nécessaire pour te rejoindre. En plus de ces informations très intéressantes sur vos nouveaux vaisseaux. Je m'en servirai quand je t'aurai réduit à l'état de pantin désarticulé. Ils me feront gagner énormément de temps.
Cell se fit tout à coup sérieux :
-Tu es allé trop loin Bojack. Il est temps que je te montre quelle est ta véritable place avant que tu ne meures. Mesh, occupe-toi des gêneurs ou de ceux qui voudraient perturber notre duel.
Cell se mit en position de combat, imité par Bojack qui relâcha son énergie dans une bourrasque. « L'Empereur » avait doublé de masse musculaire, son armure précieuse s’adaptant parfaitement à sa nouvelle morphologie tandis que sa cape claquait sous l'effet de souffle. Cell ne montra aucune surprise, à l'inverse de Mesh. Bojack était encore plus fort que sur Thendéra !
-Le combat ne serait pas intéressant si nos niveaux étaient trop déséquilibrés, sourit Cell en se révélant à son tour.
La libération d'énergie de son créateur fut le signal pour Mesh de s'en aller. Il s'envola à bonne distance du combat à venir et vit des guerriers en armures noires. Ils flottaient sans bouger et ne semblaient pas vouloir se mêler de ce qui ne les regardait pas. Au sol, une concentration de soldats de l'Empire se massait derrière Père, à distance respectable aussi. Sauf un qui fonçait vers Père et Bojack. Mesh se porta à sa rencontre pour l'intercepter l’humanoïde à peu bleu qui déboulait sur eux. Mesh arma son poing pour frapper le fou qui osait s'approcher de lui. Il décocha son attaque et croisa le yeux sombres du soldat impérial... Qui se volatilisa. La frappe de Mesh rencontra que le vide.
-Hein ?!
Ce garçon bleu, Il l'avait déjà vu quelque part, il en était convaincu !
Cell, qui surveillait d'un œil la progression de Mesh, fut aussi surpris que lui de voir que son adversaire s'était évaporé.
Bojack profita de son inattention et porta le premier coup de leur affrontement, un direct en plein visage suivi d'une puissante vague d'énergie qui engloutit le vantard et emporta tout derrière elle sur des centaines de mètres.
Bojack rajusta sa cape et baissa son bras. La terre, vitrifiée par le jet de ki, crissait.
Son détecteur lui rapporta le nombre de blessés et de morts consécutifs à son attaque. Bon sang ! Filk n'avait pas passé le mot ?! Aucune troupe n'était assez forte pour le soutenir ou l'aider. Ceux qui persistaient à jouer les héros étaient responsables de leur propre perte. Cell n'apparaissait pas, ni en visuel ni sur son détecteur. Peut-être y était-il allé un peu trop fort. Si le monstre était déjà mort c'est qu'il ne... La force non quantifiable de Cell explosa sur sa lentille artificielle. Son ennemi apparut peu après, la volute de fumée qui le cachait s'étant dissipée. Il semblait indemne et marchait tranquillement vers lui.
Un jeune garde impérial atterrit subitement à mi distance entre Cell et lui. Il se retourna pour le lorgner avec effronterie et irrespect puis lui tourna le dos et fit face au monstre... Gad'meer, si sa mémoire était bonne.
-Garde impérial ! Que diable t'arrive-t-il ?
Le jeune garçon ne se retourna même pas vers lui.
Cell considéra avec dédain le nouveau venu, un jeune humain au crane glabre et à la peau bleue qui s'était matérialisé entre lui et Bojack. Mesh était revenu et s'était posé à ses cotés, prêt à se jeter sur celui qui s'était joué de lui.
-Ta téléportation ne te sera d'aucun secours contre moi petit.
Puis il fixa à nouveau l'Empereur.
-Qu'est ce c'est que ça? Je pensais qu'on allait régler notre différent en tête à tête ? Ou bien sont-ce tes troupes qui ne t’obéissent plus ? Mon petit Mesh peut arranger ça, fit-il narquois.
Bojack, vexée, s'en prit vertement à Gad'meer en le fixant durement.
-Gad'meer Ox'laïssama ! Va-t-en, c'est un ordre ! Ta place n'est pas ici. Si tu veux être utile, aide tes camarades à contenir le rejeton du monstre !
Cell fixa Bojack pensant l'incident clos. Mais à leur grande surprise le soldat de Bojack répondit.
-Tu ne vaux pas beaucoup mieux que Cell en fin de compte...
-Pardon ?
-Tu es prêt à te battre dans ta propre ville sans te soucier de savoir que le dégâts que tu causes ont massacré ceux que tu es censé protéger...
-Filk et les autres s'occupent de l'intendance, l'important c'est de…
-... Sans même savoir que ceux que tu as tués en visant Cell, c'était tes propres soldats qui se rassemblaient pour te soutenir ! explosa de rage Gad'meer.
La fureur du zkunta se matérialisa physiquement autour de lui par une aura dorée qui repoussa Bojack et fit reculer Cell et Mesh. Une aura dorée parcourue d'éclairs qui, ricochant sur la peau bleue du jeune garde impérial, semblaient la faire fondre et partir en lambeaux.
Bojack, interdit, découvrit l'étrange phénomène défigurer son subordonné.
Cell, interloqué, fixait les yeux maintenant azur de celui qui lui faisait face tandis que Mesh, franchement inquiet, reculait sans s'en rendre compte.
-Ga-Gamin ?
Le « gamin » en question ne répondit rien, se contentant de vriller son regard glacial dans le sien. Son épiderme bleu maintenant volatilisé, il arborait sa couleur d'origine.
Cell libéra sans réfléchir son aura parsemée d'éclairs.
- Ça faisait longtemps hein...