And here it is.
Chapitre dixième : Transcendance
Partie III : Demain
Pendant que Tèn Shin Han narrait à Marta quelles fantastiques aventures il avait vécues dans l'esprit du prince, ce dernier en profitait pour reprendre ses esprits, et essayer de localiser la planète Namèk. Pour ce faire, il s'était installé au sommet du volcan éteint, couché sur le dos, une jambe croisée par-dessus l'autre, les deux mains derrière la tête et les yeux rivés vers les étoiles.
Jusqu'ici, ses tentatives s'étaient révélées infructueuses. Cette foutue planète était vraiment loin. De plus, il n'était pas encore tout à fait remis de son expérience de partage de conscience, et sa concentration se trouvait régulièrement distraite par un sentiment obscur et étranger qui s'emparait de lui sans prévenir.
Et le plus souvent, ce sentiment, c'était Gohàn.
Dans cet ùnivers, il ne restait plus le moindre saiyan. C'était une réalité particulièrement pénible à accepter, comme si l'avenir n'avait plus eu aucun sens.
Vegeta cligna des yeux.
Autrefois, ces considérations lui paraissaient logiques, mais aujourd'hui, il comprenait mieux la volonté de Nappa de s'assurer une descendance. La puissance n'était rien ; c'était les perspectives qui faisaient le présent. Il réalisait quelle chance il avait que Trunks se fut imposé à lui. Désormais, il allait prendre les bonnes décisions. Il ne dépendrait plus de la chance.
Et merde.Le saiyan avait à nouveau perdu la trace de Namèk. Goku n'avait pas exagéré. La planète était inaccessible depuis la Terre. Et lui ne pouvait pas passer par la planète de Kaio…
Par contre, je peux peut-être…Vegeta sourit. La solution était pourtant évidente.
Depuis la disparition du Seigneur Còld, la gestion de Freezèr79 n'avait pas été de tout repos, mais avec le temps, Peàr était parvenu à imposer un calme relatif mais durable sur l'ancienne base d'opération de la Fédération. Il avait même réussi à instituer une demie-heure d'indisponibilité quotidienne. Trente minutes qui n'appartenaient qu'à lui, et à lui seul. Trente précieuses minutes durant lesquelles il n'avait pas à se soucier des innombrables problématiques qui secouaient son dominion.
Il se prépara donc un verre de cette boisson à la robe rubis dont s'abreuvait Freezer à longueur de journée. Une fois qu'il eut pris le commandement de la base, il ne lui avait pas fallu longtemps pour goûter au privilège de ce mystérieux breuvage et comprendre pourquoi son ancien maître en était si friand : jamais il n'avait jamais rien bu d'aussi délicieux. La consistance douce et fruitée caressait chacune de ses papilles de mille saveurs tandis qu'un arrière goût poivré remontait de la gorge jusqu'à faire frémir les narines, avant de se diffuser dans tout son corps, jusqu'au bout des orteils. Une sensation tout simplement unique, encore plus saisissante qu'une centaine d'orgasmes simultanés ; une sensation qui motivait Peàr à endurer les tracas et les responsabilités qu'impliquait la direction du dominion.
Complètement possédé, il ne vivait plus que dans la perspective d'ingérer l'exquis nectar dans un moment de quiétude absolue. Il disposa donc le verre à côté du confortable fauteuil de satin rouge dans lequel il s'installa, les yeux fermés, avant de laisser tous ses muscles se relâcher dans un élan de quiétude et de sérénité absolues. Puis il porta la coupe à ses lèvres.
Et c'est très précisément à cet instant que Vegeta et Tèn Shin Han se matérialisèrent devant lui. En apercevant le terrible saiyan, Peàr manqua de s'étrangler avec le précieux nectar, qu'il recracha sous l'effet de la surprise.
Vegeta hésita un instant. Il n'avait jamais aimé Peàr. Le vaporiser avant de poursuivre ses sauts de puce vers Namèk lui aurait sans doute procuré une profonde satisfaction. Mais une réflexion rapide l'en dissuada. L'ancien subordonné de Freezèr n'était qu'un moyen de se rapprocher de son objectif et il aurait besoin de lui pour le retour. Il se contenta d'un sourire cruel et de quelques mots assénés sur un ton des plus menaçant :
— Ne t'inquiète pas, Peàr, je ne fais que passer.
Puis il disparut comme il était venu.
Le commandant de Freezèr79 se leva et secoua le bras là où s'était trouvé le terrifiant saiyan quelques secondes auparavant. Mais il n'y avait que du vide. Puis il jeta un regard inquiet au liquide rubis qui le narguait du fond de la coupe d'argent.
Bon, plus jamais je ne touche à cette saloperie ! se promit-il.
Il fallut deux autres sauts à Vegeta avant de repérer l'aura de Dendè, la plus facile à localiser puisqu'elle était celle qu'il connaissait le mieux. C'est donc auprès du double de celui qui assurait la charge de Dieu dans son propre univers qu'il atteignit enfin la planète d'origine du Tout-Puissant, non sans provoquer la frayeur du petit groupe qui plantait des ajissas en sa compagnie. Mais lorsqu'ils entendirent Tèn Shin Han s'exprimer dans leur langue natale, la dizaine de jeunes namèks trouva le courage de s'approcher pour observer les deux étrangers comme s'il s'était agi de bêtes de foire, dans une fascination craintive.
— Un… Un survivant de l'ancien cataclysme ? s'étonna Cargòt après les premières explications. Ça paraît difficile à croire. Vous ne ressemblez pourtant pas à un namèk !
•• C'est parce que nous avons dû nous réfugier dans ce corps pour survivre. Sous notre apparence normale, nous vous ressemblons beaucoup plus.
— Ça paraît incroyable, ajouta Dendè. Vous devriez rencontrer Murì, notre chef. C'est lui qui est le dépositaire du savoir de l'ancien Grand Chef. Il pourra sûrement vous aider.
— Parfait ! acquiesça Vegeta. Conduisez-nous à lui !
Le saiyan avait voulu paraître aimable, mais son ton autoritaire heurta tout de même leurs hôtes qui lui jetèrent un regard méfiant.
— Tu ferais mieux de nous laisser leur parler, lui souffla Tèn Shin Han tandis qu'ils suivaient le petit groupe jusqu'au village attenant.
Vegeta acquiesça et c'est donc en silence qu'il assista à la rencontre entre les doyens namèks et leur frère disparu. L'enthousiasme était général et pas un seul autochtone ne manqua l'incroyable événement. Bientôt, les habitants des autres villages arrivèrent en masse et il fut décidé de donner une grande fête pour célébrer l'événement. Tout en restant d'une politesse extrême, Tèn Shin Han finit tout de même par en venir à la véritable raison de sa venue :
•• Nous aimerions l'autorisation d'utiliser vos Dragon Balls.
Un silence de mort s'abattit sur l'assistance avant que ne s'en élève un murmure généralisé qui alla s'amplifiant. Il n'était nul besoin de comprendre la langue namek pour saisir que la nouvelle était accueillie avec la plus grande défiance. Ce fut le chef Murì qui prit la parole, intimant le calme à ses compatriote :
— Excuse mes frères les plus jeunes, mais Porungà n'a plus été invoqué depuis la mort de l'ancien Grand Chef et l'événement est inhabituel. En tant que Namèk, tu as le droit de formuler une telle requête. Il te faudra cependant te plier aux anciennes traditions : formuler tes souhaits auprès des chefs de village qui évalueront la justesse de tes intentions, puis relever et remporter chacun des défis qu'ils te lanceront pour prouver ta valeur.
— Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Nous n'avons pas le temps pour ces bêtises ! s'exclama Vegeta.
Une vague de regards noirs s'abattit sur le saiyan.
•••• Tu devrais aller méditer plus loin et me laisser gérer cette affaire, lui intima discrètement Tèn Shin Han, sans masquer son agacement.
Vegeta fit de son mieux pour se contrôler. Balayer ces insectes et leur voler les Dragon Balls était incompatible avec ses résolutions. Mieux valait écouter son compagnon. Il le laissa donc négocier avec les namèks et prit le parti de s'éloigner pour éviter un nouvel impair.
Il fut décidé que Tèn Shin Han affronterait un nouveau chef de village chaque jour. Vegeta fit de son mieux pour accepter qu'il faudrait une interminable semaine pour accomplir ce qui aurait pu ne prendre qu'une petite heure. Et à sa grande surprise, la frustration lui passa rapidement une fois qu'il fut résigné.
Tandis qu'il suivait les conseils de Tèn et méditait en silence à l'écart du village, il sentit soudain de faibles forces qui s'approchaient de lui discrètement. Le saiyan ouvrit les yeux et repéra rapidement un groupe de jeunes namèks qui l'observaient avec diligence, à une dizaine de mètres de là. Quand il porta le regard sur eux, les enfants prirent peur et s'enfuirent pour se cacher derrière un rocher voisin. Mais l'un d'eux trouva le courage de s'approcher.
— Qu'est-ce que tu veux ? lui demanda le prince d'un ton sévère.
— Je… Je voudrais savoir à quoi ressemble le monde d'où tu viens.
Le saiyan ouvrit des yeux ronds, sans trouver de réponse appropriée. Par où commencer pour lui décrire un mode de vie si différent de tout ce qu'avait connu l'enfant ? Son esprit s'embrouillait et il fut tenté de balayer cette question complexe par une contrepartie cinglante, du type “Tu es trop jeune pour comprendre”.
Mais ç'aurait été à l'encontre de sa nature : certes, le défi auquel il était confronté était inhabituel, mais ça n'en était pas moins un défi. Alors le prince le releva et entreprit de décrire au namèk à quoi ressemblait sa planète d'origine.
Voyant que leur ami avait trouvé le courage d'approcher et que le saiyan était affable, ceux qui avaient fui tentèrent à leur tour une approche. Bientôt, le prince fut entouré de répliques miniatures de Piccolò qui le pressèrent de questions, les yeux brillants d'une fascination toute enfantine.
— Vous avez gagné, annonça le chef namèk avec un large sourire des plus fair-play, tout en couchant sa pièce maîtresse sur le plateau de jeu. Ma Dragon Ball vous appartient.
Tèn Shin Han se leva pour le saluer respectueusement, les deux mains jointes. Après quelques commentaires sur leurs stratégies respectives, il prit congé de son adversaire, l'immense boule de cristal à deux étoiles calée sous le bras droit, afin de rejoindre Vegeta et lui annoncer sa victoire.
Il trouva le saiyan entouré d'un cercle de jeunes namèks complètement hypnotisés par les paroles du prince. Ce dernier avait le regard flamboyant et son austérité habituelle avait laissé la place à un talent de conteur insoupçonné. Il tenait son auditoire en haleine avec les récits de ses formidables aventures, qu'il entrecoupait de descriptions détaillées des nombreux mondes qu'il avait visités, pour le plus grands bonheur des enfants.
Tèn Shin Han sourit. Le prince avait quelque chose de touchant. Dans cette situation, difficile d'imaginer quel terrible combattant il était, à l'origine des maux qui avaient ravagé la Tèrre. Le triclope demeura de longues minutes à observer discrètement le spectacle, puis il décida d'occuper son temps en allant à la rencontre du peuple namèk.
Il retrouva Vegeta au soir pour le repas, qu'ils prenaient seuls, puisque leurs hôtes ne se nourrissaient que d'eau et ne connaissaient donc pas cette pratique. Tèn Shin Han s'en était d'abord inquiété, mais Vegeta avait emporté avec lui une réserve de nourriture plus que conséquente, répartie dans plusieurs capsules, dont un énorme poisson pré-assaisonné que le saiyan faisait griller à feu doux depuis le milieu de l'après-midi.
— Eh bien, que de talents ! Tu sais même faire la cuisine !! constata Tèn sans méchanceté, mais avec un soupçon d'ironie.
Vegeta lui jeta un regard méprisant.
— Bien sûr ! À part ma femme, je ne laisse personne s'occuper de ce que je mange. C'est plutôt vous, les tèrriens, qui êtes bizarres, à avaler n'importe quoi préparé par n'importe qui !
— Ça sent sacrément bon, en tout cas, répliqua Tèn sans relever la raillerie, dans un effort pour paraître aimable.
— Il y a déjà quelques morceaux mangeables, et le riz sera bientôt prêt… Tiens, goûte ça !
Le tèrrien s'assit autour du feu et entreprit de mordre dans la brochette improvisée, pensif.
— Tu sais, tu es très différent de notre Vegeta. C'est surprenant.
— Ah bon ?
— Oui. Le nôtre ne respecte rien, ni personne. Il ne s'intéresse qu'à lui-même, si ce n'est à ceux qui sont plus forts que lui.
— C'est un saiyàn, répliqua Vegeta sur le ton de l'évidence. C'est normal.
— Mais tu sais ce qu'il souhaitait faire ? Qu'il voulait te voler la machine ? Marta te l'a dit ?
— Non, mais je l'ai lu en toi, expliqua Vegeta. Je le comprends. À une époque, j'aurais sans doute voulu faire pareil.
Tèn Shin prit un moment pour essayer de comprendre ce que voulait dire son compagnon. Et quand il répondit, sa voix sonnait différemment :
•••• Qu'est-ce qui t'a changé ?
— Tu as lu en moi. Tu me connais comme je vous connais. Tu le sais très bien…
•••• C'est vrai. Mais je pense que ça te ferait du bien de le dire. Les mots permettent de fixer les pensées.
Vegeta hésita. Tout paraissait clair dans son esprit, mais maintenant qu'il devait l'exprimer, il ne savait pas par où commencer.
— À vrai dire je n'en suis pas encore certain, finit-il par expliquer. Toute ma jeunesse, j'ai cherché un moyen de surpasser Freezer, et quand il a disparu, j'ai reporté cette obsession sur Ka… sur Son Goku. Pourtant, à chaque fois que je l'ai affronté, c'est lui qui a terminé à terre. Mais il restait toujours plus fort que moi. Il avait ce… Comment dire ? Je ne suis pas sûr que le mot existe, en fait. Mais il a ce quelque chose que personne d'autre ne possède, pas même son fils. Je crois que c'est ça qui m'a changé…
•••• Et pourtant, tu as volé la Dragon Ball pour qu'on ne puisse pas le ramener…
— C'est vrai… Quand j'ai appris que votre Gokù était mort face à Freezèr, j'y ai vu une opportunité. Celle d'un univers où je serais débarrassé de lui, ou je pourrais exister sans lui. Un monde où je pourrais prendre sa place, devenir moi-même le modèle que tout le monde souhaiterait suivre…
Le regard du prince fixait le sol. Il ne parvenait pas à soutenir le regard de Tèn Shin Han.
•••• Vegeta ?
— Oui ?
•••• Tu as raison. Tu n'es pas Son Goku. Mais à ta manière, tu as toi aussi quelque chose. Quelque chose de différent de ce que possède Goku, et qui n'appartient qu'à toi. Mais c'est bel et bien quelque chose.
Les deux guerriers terminèrent le repas en silence.
Une semaine s'écoula ainsi. Chaque jour, Tèn Shin Han remportait une nouvelle Dragon Ball, et chaque jour, les enfants se réunissaient autour de Vegeta pour écouter le récit d'une nouvelle aventure. Et finalement arriva le moment de la dernière épreuve, qui opposerait le triclope au chef Murì. Mais lorsque le tèrrien se présenta, son adversaire eut une réaction inattendue :
— Ce n'est pas toi qui m'affrontera aujourd'hui, mais ton compagnon.
— Vegeta ? s'étonna le triclope. Mais pourquoi ?
— D'après ce que tu nous as expliqué, il veut lui aussi formuler un vœu dans son intérêt. Nous avons donc jugé qu'il était nécessaire qu'il participe lui aussi.
Tèn Shin Han fit la moue.
— À quel genre d'épreuve sera-t-il soumis ? s'enquit le tèrrien en espérant qu'il s'agisse d'un défi physique.
— Ce sera à ton ami de le découvrir. Va donc le chercher.
Tèn Shin Han n'insista pas et s'exécuta. Il trouva le saiyan en pleine envolée lyrique, en train de mimer son propre combat contre Majin Buu. Il n'eut pas le cœur de l'interrompre.
—… Tout semblait perdu. Je savais qu'il n'y avait pas la moindre chance pour que je vienne à bout du djinn par des moyens conventionnels. Pourtant, je ne pouvais pas laisser ce monstre dévaster ma planète. Je ne pouvais pas le laisser tuer tous ceux qui m'étaient chers. J'étais responsable de son apparition, alors il fallait que je règle le problème par moi-même. Il fallait absolument l'empêcher de nuire ! Et pour cela, il n'y avait qu'une seule solution…
Tous les jeunes namèks retenaient leur respiration, suspendus à ses lèvres. Vegeta, particulièrement content de son effet dramatique, lisait l'impatience dans leurs yeux. Il s'apprêtait à poursuivre lorsqu'il aperçut Tèn Shin Han.
— Qu'est-ce que tu fais là ? le harangua le saiyan. Tu n'es pas en train de remporter la dernière boule ?
— Quelle perspicacité ! Suis-moi, je t'expliquerai en route.
À ces mots, les jeunes namèks s'exclamèrent en chœur :
— Oh non ! Raconte-nous la fin de l'histoire !
Vegeta leur sourit.
— Ne vous inquiétez pas. Je serai de retour dans un instant.
— Il s'agit d'une épreuve très simple, expliqua Murì à son adversaire. Il va s'agir de placer notre Ki en équilibre. Celui de nous deux qui s'approchera le plus de l'équilibre parfait remportera la victoire.
Le sang de Tèn Shin Han ne fit qu'un tour. Vegeta n'avait aucune chance de remporter cette épreuve, et Murì le savait parfaitement. Il allait intervenir, mais le prince l'arrêta avant qu'il ait pu exprimer le moindre mot :
— Ne t'en mêle pas. Ce type n'est pas à la hauteur. Je vais l'écraser.
— Tu dis n'importe quoi ! s'exclama Tèn Shin Han. J'ai vu ton cœur, j'ai vécu ta vie. Tu n'es pas prêt pour affronter un namèk à ce jeu là !
— Moi aussi j'ai vécu vos vies, répliqua le saiyan, parfaitement calme. Laisse-moi faire. Je vais remporter la Dragon Ball et nous restaurerons votre monde avant ce soir.
Le tèrrien serra les poings. Il savait que l'arrogance de Vegeta lui avait souvent joué des tours par le passé. Mais il n'avait pas le choix et s'en remit au prince.
Les deux adversaires s'assirent en tailleur, face-à-face.
— Vous êtes prêt ? demanda Murì.
— Bien sûr ! confirma Vegeta.
Alors le prince plongea en lui-même.
Inspiré par son expérience il chercha d'abord à dompter le Vice. Il s'inspira des émotions de Tèn, du Toùt-Puissant, de Yamchà et de Piccolò pour identifier ses propres peurs, sa colère, sa haine et ses rancœurs. Il se concentra sur chacune d'elles, une à une, puis, de la même manière, il se concentra sur ce qu'il aimait : ses proches, lui-même, le frisson du combat.
Mais quelque chose lui manquait. Il sonda l'espace d'un instant l'esprit de son adversaire et réalisa qu'il perdait du terrain.
Il faut absolument que je gagne.Son Vice était encore trop fort. Il devait absolument se focaliser sur son Amour.
Bulma.Trunks.Mais des images dures s'imposèrent à lui, des images coupables. Il avait bien trop délaissé sa famille. Dorénavant, il serait plus présent pour eux. On ne vivait qu'une fois, sans seconde chance.
À nouveau, il sentit que Murì atteignait un équilibre quasi parfait et creusait la distance entre eux. Il perçut également le frisson de peur de Tèn Shin Han. Trop de choses étaient en jeu. Il ne pouvait pas perdre. Il plongea au plus profond de lui-même.
Merde… Pense positif.Murì semblait toujours plus loin de lui. Il devait absolument refaire son retard.
Toute sa vie, il avait été manipulé. Par Freezer. Par Soltraki.
Par moi-même.Le prince inspira profondément pour chercher à se calmer. Son adversaire l'écrasait complètement.
Je ne vais pas abandonner.Autour de lui, le monde se figura mentalement comme déchiré entre quatre énergies contraires qui ne formait pourtant qu'un Tout. Le Ki. L'Alterki. L'Amour. Le Vice. Sans les autres, aucune d'entre elle n'existait et, toutes, elles était en mouvement. Toutes se répondaient. Toutes étaient là, devant lui. Il n'avait qu'à s'en saisir. Il suffisait de voir et d'accepter.
Et alors Vegeta comprit.
Il n'accorda plus la moindre attention à son adversaire. Celui-ci pouvait bien faire ce qu'il voudrait. Une seule chose comptait désormais : dépasser ses propres limites intérieures. Il ne se battait pas contre Murì et peu lui importait cette stupide Dragon Ball : c'était contre lui-même qu'il devait remporter la victoire. Il plongea dans son inconscient et se heurta aux barrières les plus tenaces de son être. Son Vice se mêlait à l'Amour et chacun dévorait l'autre dans une infinité cosmique, au-delà de l'espace et de tout sentiment, dans l'essence la plus pure de l'univers.
Et c'est là, au cœur de terreurs et d'envies si profondément enfouies qu'il refusait de les voir, qu'enfin le prince trouva ce qu'il cherchait. Son désir le plus inavouable et le plus cher.
Tèn Shin Han était estomaqué. Vegeta venait d'exploser d'Amour. Il aurait donné cher pour pouvoir lire ses pensées et saisir comment il avait atteint une telle plénitude. Le chef Murì l'arracha à son ébahissement :
— Bravo, saiyan.
Vegeta ouvrit les yeux et revint à lui, un sourire satisfait au coin des lèvres.
— Vous ne pouviez pas gagner, asséna Vegeta, visiblement content de lui. Aucun Namek ne le peut.
— Je sais, confirma Murì en souriant. Sur le terrain où tu m'as emmené, tu étais gagnant. Mais ce n'est pas ce que je cherchais. Cependant, je suis pleinement rassuré sur vos intentions. Ma Dragon Ball est à vous.
— Parfait. Je viendrai la chercher tout à l'heure pour invoquer Porunga.
•••• Quoi ?! s'étonna Tèn Shin Han. Je croyais que tu voulais en finir au plus vite ?
Le saiyan tourna vers son compagnon un regard particulièrement satisfait.
— Rien ne presse. Il y a un groupe de jeunes namèks qui attendent impatiemment la fin d'une histoire…
Et sur ces mots, Vegeta décolla sans plus attendre.
Tèn Shin Han se retourna vers Murì. Le vieux namèk était tout sourire. Soudain, une pensée transperça le tèrrien :
— Vous… Vous l'avez laissé gagné !
— En effet, confirma Murì en gratifiant Tèn d'un clin d'œil, mais ne le lui dis pas.
— Mais pourquoi ?
— Parce qu'il est sur la bonne voie, et que nous tenons à l'encourager.
— Sur… Sur la bonne voie ?
— C'est cela. Ses intentions sont pures, et cet homme a énormément de potentiel en lui. Il n'y avait aucune raison que nous nous opposions à son vœu.
Le tèrrien était sidéré.
— Attendez ! Moi aussi, vous m'avez laissé gagner ?
Murì le gratifia d'une expression des plus perplexes.
— Qui sait ? Bon je vais aller superviser les préparatifs de l'invocation. Si tu veux bien m'excuser…
Murì termina l'incantation et les immenses Dragon Balls scintillèrent par trois fois avant qu'un énorme jet de lumière ne s'en échappe et n'entame un ballet harmonieux dans le ciel noir. Les plus jeunes nameks, qui n'avaient jamais connu la nuit, furent effrayé par la singularité du phénomène, mais rapidement rassurés par les anciens. Et bientôt, face à la magnificence du Dragon qui s'imposait à la réalité, ils oublièrent toute crainte pour plonger dans la fascination de l'être immense qui se matérialisait devant eux.
Porunga était majestueux, au point de remplir tout leur champ de vision. La gigantesque créature s'étira de tout son long avant de se replier pour regarder en face ceux qui l'avaient invoquée :
— Vous qui avez réuni les sept Dragon Balls, vous pouvez énoncer vos vœux. S'ils sont à ma portée, je les exaucerai, mais je n'en accepterai que trois.
Tèn Shin Han était encore sous le coup de la surprise. Porunga n'avait rien à voir avec Shenron. Il était bien plus imposant et impressionnant.
— Allez ! lui souffla Vegeta. Fais ton vœu.
Le triclope retrouva ses esprit.
•••• Je… Nous souhaiterions redevenir ceux que nous étions à l'origine.
Murì traduisit le premier souhait et le Dragon déclara :
— C'est entendu. Je vais exaucer votre premier vœu.
Alors une lumière vive entoura le tèrrien, qui éblouit ceux qui assistaient à la scène. Et quand elle disparut, trois autres personnes se tenaient à ses côtés, qui regardèrent leurs mains, se touchèrent le visage, et se félicitèrent les uns les autres. Des larmes d'émotions coulèrent sur le visage de Yamchà, tandis que les namèks découvraient la véritable apparence de leurs compatriotes en exil. Mais la scène fut rapidement interrompue par Porunga, apparemment impatient de réaliser le deuxième vœu.
Alors Vegeta sortit Ryu Shinchu de sa poche et la tendit en direction du Dragon.
— Peux-tu créer un double de cet artefact ?
Porunga sembla hésiter après que la demande lui eut été traduite.
— C'est chose aisée, répondit-il enfin au grand soulagement des tèrriens. Je vais réaliser votre deuxième vœu.
Il ne fallut que quelques secondes pour qu'une étoile filante semble tomber du ciel et ne s'écrase aux pieds du saiyan. La réplique était absolument identique et Vegeta la tendit au Toùt-Puissant, ému aux larmes.
— Avez-vous choisi votre troisième souhait ? s'enquit le Dragon.
Vegeta lui adressa un sourire satisfait.
— Bien sûr…
La semaine avait été dure, et c'est avec un soulagement non dissimulé que Peàr s'installa confortablement dans le fauteuil de velours anthracite, qu'il laissa épouser ses formes pour toujours plus de confort.
Et comme chaque jour depuis une semaine, la bouteille lui fit de l'œil. Elle paraissait pratiquement s'adresser à lui d'une voix suave :
• Tu me possèdes. Tu me désires. Je suis à toi.
Peàr ferma les yeux et secoua la tête comme pour chasser un insecte gênant. Mais dès qu'il les rouvrit, son regard se porta malgré lui sur l'objet de son appétence la plus profonde.
• Tu peux disposer de moi. Prends-moi. Personne n'en saura jamais rien…
— Je… Je ne dois pas… Tu me fais du mal… prononça-t-il à voix haute dans la solitude de sa pièce de repos.
• Oui, mais je pourrais aussi te faire… tellement de bien.
Peàr prit une longue bouffée d'air. Après, tout, il avait tenu le coup pendant six longues journées. Il pouvait bien se permettre ce petit écart dans ses résolutions. Il en avait bien besoin après ce que les Ostoragiens lui avaient infligé comme épreuves diplomatiques et politiques…
Non sans certaines appréhensions, il se leva et se dirigea vers la commode qui contenait la précieuse flasque.
• Voilà. Approche. Moi aussi je te veux comme tu me veux.
Le seigneur de Freezèr79 se saisit de la bouteille d'un geste brusque et entreprit de la déboucher pour en verser le contenu dans sa coupe d'argent.
• Ouiiiiiii. OUIIIIIIIII. C'est ça ! Consume-moi ! Consume-nous !
Le précieux nectar à la commissure des lèvres, Peàr profita de ce moment d'extase absolue. Déjà les arômes s'engouffraient dans ses cavités nasales et son cerveau produisait toutes les hormones du plaisir. Et quand le breuvage entra en contact avec ses papilles, une explosion de bien-être l'envahit. L'instant était absolument parfait.
— Salut Peàr !
L'alien faillit s'étrangler en apercevant Vegeta, entouré de quatre autres personnes, cette fois. Ses yeux s'ouvrirent en larges ronds et une quinte de toux des plus désagréables s'empara de lui.
— Tu… Tu n'existes pas ! s'exclama-t-il quand elle fut passée. Tu ne peux pas être réel !!
— Bien sûr que j'existe, et cette fois, je n'ai plus besoin de toi, affirma le saiyan en levant deux doigts dans sa direction.
Vegeta hésita. Il n'avait jamais aimé Peàr. Mais à quoi bon ? Tuer ce misérable ne l'avancerait à rien ; il n'en retirerait aucun plaisir. L'univers se chargerait bien tout seul de cet imbécile. Alors, plutôt que de l'achever, il porta plutôt deux doigt à son front et disparut avec ses compagnons.
Marta s'était inquiétée durant cette semaine d'absence, mais son soulagement fut tel lorsqu'elle vit le petit groupe apparaître qu'elle en oublia toute remontrance.
— Alors ?! Vous l'avez ? demanda-t-elle, les yeux brillants.
Le Toùt-Puissant exhiba l'objet de leur convoitise :
— Nous l'avons. Et les namèks m'ont révélé des choses incroyables sur les Dragon Balls. Je devrais être en mesure d'améliorer leurs pouvoirs. Nous n'allons pas simplement restaurer la Tèrre. On pourra ramener tout le monde !
La jeune femme en pleura d'émotion. Toutes ces années, toutes ses souffrances, tous ses sacrifices se voyaient enfin récompensés au-delà de ses espoirs les plus fous. Elle allait pouvoir revoir…
…Jim.
— Bon, vous avez ce qu'il vous faut, je vais y aller, annonça Vegeta.
— Tu ne restes pas pour l'invocation ? demanda Tèn Shin Han.
— Non, il est temps pour moi de partir, répliqua le saiyan, qui avait déjà eu sa dose de dragon sacré pour ce chapitre.
— Je comprends, ajouta Yamchà. Mais fais moi une promesse : celle de bien prendre soin de Bulma dans ton temps. Elle en vaut la peine.
Le sourire complice du prince constitua une réponse plus explicite que n'importe quel mot. Il fit alors apparaître la Machine à Voyager dans le Temps.
— J'ai encore un service à vous demander, ajouta Vegeta en prenant place dans le véhicule temporel. J'aimerais que lorsque les Dragon Balls seront à nouveau utilisables, vous restauriez les planète Yardràt et Lantrakì.
— Euh, très bien, acquiesça Marta. Mais qu'est-ce qui leur est arrivé ?
Vegeta jeta un regard lourd de sous-entendus à Piccolò avant de répondre :
— Elles ont été détruites par un monstre. Mais ne vous inquiétez pas : j'en suis déjà venu à bout.
— Nous nous en occuperons, le rassura Yamchà dans un sourire.
— Vegeta ? l'apostropha Tèn Shin Han juste avant que le cockpit de la machine ne se referme.
Le prince leva un sourcil en signe d'attention.
— Merci, conclut le triclope en levant le poing dans sa direction, le pouce vers le haut, rapidement imité par ses trois compagnons.
Et c'est sur ce tableau que la machine se mit en mouvement et que Vegeta disparut à jamais de cette Ligne du Temps.
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NdA : Porunga s'écrit bel et bien sans accent. C'est normal. Pour UNE fois, ce n'est pas une erreur de ma part.