[One-Shot] Alpha et Oméga

Nouveau OS du lamantin !
Avant toutes choses, je précise quelques points :
Ce qui n'était à la base qu'une suite de OS sans continuité précise (car c'est le format que je préfère) s'est petit à petit transformé en des histoires reliées les unes aux autres. Le format de OS se fait de plus en plus étroit pour ceci, et je commence vraiment à m'attacher à certains personnages au point de vouloir les développer en profondeur, ce à quoi le format OS ne se prête pas du tout.
Bref, tout ça pour dire que ce OS n'en est as vraiment un, car, pour être lu dans des conditions correctes, il sous-entend la lecture préalable de pas mal de choses.
1- La parenthèse sur "une couronne à terre", qui elle-même sous-entend la lecture préalable de la nouvelle en question.
lien : http://www.lunionsacre.net/viewtopic.php?f=42&t=7308
2- La fic sur thème : "le dernier des Z-fighters", que je mets ici
3 (facultatif)- La fic de Niicfromlozane, à laquelle j'ai emprunté un petit élément. On peut largement lire sans, mais un ou deux détails peuvent interloquer.
Lien : http://www.lunionsacre.net/viewtopic.php?f=42&t=7230
Bon, place au texte, hein ?
Alpha et Oméga
« Et vous désirez voir quelqu'un en particulier ? »
Dercio resta pensif pendant un moment. Il venait à peine de regagner le corps jeune et puissant de ses vingt ans, après ce qui lui avait semblé être plusieurs années dans cette file d'attente qui n'en finissait pas. Il commençait à peine à ré-explorer ce paysage sensitif, à reprendre conscience de ce qu'avait été sa force et sa puissance, et voilà qu'on lui demandait déjà une chose si importante...
Bon, qui pouvait-il demander à voir, après tout ? Il ne s'était jamais marié, n'avait pas d'enfants... Ses parents peut-être ? Ou des amis ? Il s'interrogea quelques instants, puis secoua la tête. Il en avait eu plus qu'assez, durant les dernières années de sa vie, de ses contemporains dépressifs et violents ; il n'allait pas choisir les retrouver maintenant qu'il avait le choix. Mais qui, alors ? Qui choisir de rencontrer quand le choix qui lui était donné était infini ? L'idée d'énoncer Krios lui traversa l'esprit, mais il l'écarta bien vite. Non, ce serait sûrement déplacé, et il n'était pas prêt pour ça. Qui, alors ? Qui avait-il brûlé connaître sans jamais avoir eu l'occasion de rencontrer ?
…
Oh, bien sûr.
« Le tout premier super-sayen. Celui qui a tué les démons du froid et vaincu Boo... Son Goku, c'est lui que je veux rencontrer en premier. C'est possible ? »
Le petit homme en smoking lui sourit à l'entente du nom.
« Ah, oui ! Monsieur Son Goku ? Oui, bien sûr ! Je vous y amène tout de suite ! »
Et il remballa son matériel, dans sa mallette pour se diriger au petit trot sur une route nuageuse qui se formait sous ses pas et se désagrégeait juste après que Dercio en ait levé les pieds. Ce faisant, il ne cessait de s'extasier sur les qualités de « monsieur Son », c'était apparemment une des personnalités les plus en vue du paradis (et donc, se dit Dercio, de l'univers entier), il était immensément fort, bon, agréable, généreux, et ne prenait pas son rôle trop au sérieux malgré toute sa grandeur. Des millénaires qu'on en avait pas vu des comme ça !
Dercio se sentait un peu gêné par tout cet enthousiasme. Il ne savait en vérité rien de Son Goku, si ce n'est qu'il avait été un combattant incroyablement puissant, et l'un de ses lointains ancêtres par une branche quelconque de sa famille maternelle.
Ils arrivèrent enfin, sans précisément percevoir la transition, dans une zone de campagne verdoyante qui s'étendait à perte de vue. Un petit groupe de personnes s'était établi autours d'un pique-nique, insouciant.
« Ah, on y est ! Vous allez pouvoir le rencontrer si il n'est pas occupé, normalement. »
Et le petit fonctionnaire se mit dans un coin pour observer avec de grands yeux avides et admiratifs. Dercio ne savait pas vraiment comment intervenir. Ils avaient l'air heureux... Il s'arrêta à trois cent mètres d'eux, incapable d'aller plus loin sans se sentir comme un intrus.
Dercio avait toujours été quelqu'un d'assez effacé. Pas timide, non : si une situation nécessitait son intervention, il était toujours le premier à se présenter pour la régler, mais il faisait toujours passer ses ambitions en dernier, par peur d'empiéter sur les autres. Se connaissant, il n'allait jamais oser déranger ces gens qu'il ne connaissait même pas. Oh, et puis... Il était mort après tout, non ? Il osa un pas de plus... Et hésita encore. Qu'allait-il bien pouvoir dire à ce personnage si important ? « Oh, bonjour, je suis le dernier membre de votre espèce, je me suis rendu sans combattre contre un type que j'aurais pu tuer d'une seule main, j'ai échoué là où vous avez réussi, et tout ce pour quoi vous vous êtes battu toute votre vie est détruit à cause de mon échec. Sinon, ça va bien ? » Ridicule. À quoi ça pouvait bien rimer d'intervenir comme ça dans la vie des gens juste parce qu'ils étaient connus ? Il ressemblait à ces fans stupides qui demandaient des autographes et des photos aux super-sayens lors des conventions.
Mais là... Ce n'était pas identique. Il avait une chose à lui avouer, et il était légitime que le premier de leur race soit informé du déclin par le dernier d'entre eux... Ce semblait logique, comme une boucle de causalités cosmiques qui se complétait. Non ? Non. C'était juste une excuse pour rencontrer le grand Son Goku, et déranger des gens heureux dans l'espoir misérable de voler un peu de leur bien-être.
Dercio resta planté là, à se demander que faire plusieurs minutes, puis, dans un soupir, tourna les talons...
Pour se retrouver face à face avec un grand homme, dans la trentaine, en kimono orange, dont les cheveux en pétard lui rappelaient beaucoup trop certaines de ces connaissances pour qu'il ne s'agisse que d'une coïncidence. Il n'avait jamais vu un regard aussi honnête et joyeux. Malgré sa redoutable musculature de guerrier, l'homme ne dégageait aucune agressivité, et on se sentait bien plus en sécurité auprès de lui que n'importe où ailleurs. Dercio ne l'avait pas du tout senti s'approcher.
Il n'eut aucun doute quant à l'identité de l'inconnu.
« Vous êtes Son Goku, c'est ça ?
- Oui, exactement. Je vois que vous avez entendu parler de moi. Et vous... Vous devez être un de mes descendants, je suppose ? Ou de Vegeta ?
- Les deux, en fait. Répondit-il, plus à l'aise. ça fait très longtemps depuis... Vous.
Goku rit brièvement d'un air un peu gêné.
- Ah, oui, je m'en doute bien ! On perd vite la notion du temps, ici... Vous n'êtes pas le premier de mes descendant à arriver ici, vous savez ?
- Hum... Sûrement, oui
Un petit blanc s'installa entre les deux sayens. Dercio prit une grande inspiration les yeux fermés, puis, rassemblant son courage, annonça la terrible nouvelle.
- Bon, il faut que je vous dise à propos de la terre, et des sayens en général...
- Je sais. L'interrompit Goku, le visage soudain bien plus sombre et plein de regrets. C'était inévitable, je suppose. Je suis bien plus coupable que vous, dans cette affaire, j'aurais dû faire ce qui s'imposait à l'époque et devenir roi galactique, je suppose... Mais je n'avais pas le recul que j'ai maintenant. J'ai cru que tout s'arrangerait.
Je suis désolé pour tout ce que vous avez dû vivre à cause de ça.
Dercio hallucinait : alors qu'il s'était maudit de son échec, qu'il avait tremblé de l'avouer à Son Goku... C'était ce héros qui s'excusait devant lui ? C'était à ne rien y comprendre.
- Vous.... Enfin... Vous n'êtes pas fâché, même pas irrité ?
- Ben, non. Fit Goku avec de grands yeux étonnés. Je devrai ?
- Je... Je n'en sais rien. Après tout, ça ne se termine pas si mal.
- Exactement. Bon, vous m'avez l'air en forme et j'ai bien mangé. Si vous n'avez rien de prévu, je voudrais bien voir ce que vous donnez au combat.
Dercio fut totalement pris au dépourvu. Un duel ? Contre Son Goku ? Alors qu'ils venaient à peine de se rencontrer ?
Et puis, ce n'était peut-être pas si absurde après tout. Dercio n'avait pas du tout eu le temps de se battre dans les dernières années de sa vie. Il avait débloqué le second stade de super-sayen assez facilement, et c'était tout ce qu'on lui avait demandé. Ensuite, il était devenu bien trop fort pour tout ce que Krios et ses sbires pourraient jamais atteindre, et on l'avait envoyé sillonner l'espace à la recherche de l'insaisissable monarque. C'était logique : pourquoi se passer plus longtemps d'un traqueur quand on en disposait d'un tout prêt ? Pourquoi augmenter sa puissance ou même le garder en forme quand, même rouillé, il pulvériserait tout ce qu'il pourrait rencontrer ?
Logique pour un humain, certainement, mais pas pour un sayen. Dercio avait aimé se battre, il ne s'était jamais senti aussi exalté qu'auprès de son vieux maître et de ses camarades disciples. C'était ce qui lui avait le plus manqué : les duels. Et on lui en resservait un sur un plateau ! Le plus beau de toute son existence, qui plus est !
Un peu qu'il allait accepter ! Et ce Goku aurait intérêt à se montrer à la hauteur.
Quelques instants plus tard, ils se retrouvaient dans une zone plus adaptée à leur duel de titans. Une sorte de carrelage blanc s'étendait à l'infini, et quelques obélisques immaculés s'élevaient jusqu'au ciel, à intervalles réguliers. Depuis l'une des gigantesques plaques de marbre au sol, Dercio put contempler l'immensité des lieux. Il se demanda si il y avait seulement une limite à la taille de cet endroit. Sans doutes pas. Un mince sourire s'étira sur ses lèvres, et il vit que Goku s'était déjà mis en garde, à une vingtaine de mètres de là. Au vu de leur niveau, c'était extrêmement près. Dercio se mit également en pose, adoptant une garde très défensive. Il se doutait que cet adversaire serait extrêmement fort, le plus puissant qu'il ait jamais affronté, sans le moindre doute.
Les cheveux coupés court de Dercio s'illuminèrent brusquement, et ses traits taillés à la serpe s'illuminèrent en même temps d'une douce lumière dorée. Ses yeux passèrent du gris au vert en un instant, et la roche à ses pieds se fissura sous la pression de son aura. Un flot de feu émanait de tout son corps, venant l'envelopper, renforcer sa force déjà démesurée. Il sentit le ki pulser dans ses veines, se répandre dans sa chair, imprégner ses os et ses fibres musculaires, il se délecta de l'accroissement de sa perception, s'amusa à suivre les rayures que l'explosion avait causée dans le marbre derrière lui, sans même avoir à poser les yeux dessus. Il pouvait mouvoir chaque infime fibre de son corps indépendamment, et avec assez de force pour fendre une planète comme un fruit mûr. C'était pour cela qu'il était né : sentir la force unique à sa race l'envahir, et la laisser s'exprimer !
Spontanément, il fut pris d'un fou rire qui lui secoua tout le corps, sans qu'il parvienne à le maîtriser. C'était incroyablement bon de laisser cours à sa puissance ainsi, quand on avait été si longtemps brimé.
Quand il finit par cesser de rire, et posa ses yeux à présent animés d'une flamme d'excitation extrême sur Goku, il le vit déjà transformé, et visiblement compréhensif vis-à-vis de son sort. Il n'était plus en garde, et ses bras détendus pendaient le long de son corps, comme si il n'avait pas encore envie de combattre, contrairement à ce que sa transformation semblait indiquer.
"Tu n'as plus besoin de te retenir. Tu ne vas rien casser ici."
Dercio resta figé à cette injonction. Que voulait-il dire ? Se battre au niveau deux serait à coup sûr plus grisant, mais il n'y avait pas que ça. La phrase avait sonné comme une mise à l'épreuve, un défi. Goku voulait savoir si Dercio pouvait lui donner un combat digne de lui, si il avait atteint le sommet de puissance le plus délirant auquel un être vivant ait accès.
Cela circulait comme une légende, un sujet de blagues parmi les sayens. Oh, bien sûr, personne ne doutait de son existence, mais réussir à l'atteindre, cela semblait si surréaliste, et ils n'avaient pas le temps de s'entraîner. Dercio était le seul à avoir sérieusement visé ce stade en deux cent ans. Chaque escale de ses expéditions galactiques avait été une excuse pour « prouver la puissance terrienne ». Des démonstrations de force dans la haute atmosphère qui avaient été autant de prétextes pour tester le résultat de ses maigres entraînements. Il désactivait souvent le mode de stase de son vaisseau pour rester méditer des jours entiers, le corps en hibernation alors que son cerveau tentait d'appréhender quels moyens d'affinement de son ki et quelle modulations de sa colère seraient à même de le projeter au rang des meilleurs. Il avait passé toute sa jeunesse dans l'espoir d'atteindre un jour cette force, malgré les cadences qu'on lui imposait.
Il y était finalement arrivé, mais à l'âge de cinquante-sept ans, dans une zone désertique et inhabitée de Torres. Cela avait été le meilleur moment de toute sa vie, il avait atteint un niveau sans commune mesure l'espace d'une seconde. Puis, son corps l'avait trahit, incapable de contenir le ki délirant qu'il dégageait. En l'espace d'une minute, il n'avait plus été qu'un vieil homme, étendu misérablement sur le sol, vidé de ses forces sous un soleil brûlant. Plus jamais il n'avait retenté l'expérience, incapable de savoir si il s'était agit d'une victoire ou d'une défaite.
Mais cette fois-ci, son corps ne le trahirait pas il accepterait sans contraintes ce que Dercio lui imposerait, il avait trente-cinq ans de moins, et se semblait infatigable à lui-même. C'était l'heure de réussir.
C'était comme enfiler une chemise achetée il y a des lustres de cela, et qu'on avait mise qu'au moment de l'acquérir, pour ensuite l'oublier au fond du placard. Un vêtement nouveau, mais qu'on connaissait déjà un peu, et qui s'ajustait parfaitement. Les os, les tendons et les muscles de Dercio se plièrent sous les exigences de sa nouvelle apparence, son visage se reconfigurant sous de nouvelles formes plus adéquates. Les flammes de son aura devinrent un orage fou furieux, où seuls des éclairs blancs éclatants parvenaient à couvrir la cape de flammes dorées qui l'entourait, permettant à peine de distinguer ses traits. Il était devenu une fontaine de ki vivante, avait commencé à léviter sans s'en rendre compte tant la force qu'il dégageait était phénoménale. Il ne sentait pratiquement plus ses membres, et de mouvait presque uniquement concentré sur l'énergie démentielle qui circulait en lui. En l'état, un membre cassé ou même arraché ne l'aurait absolument pas handicapé dans ses mouvements, qui sait si il s'en serait seulement rendu compte ?
Le meilleur fut qu'il ne sentit pas l'immense fatigue et la douleur extrême qui avait la dernière fois accompagné sa transformation : cette fois-ci, son corps acceptait sans se faire prier ce qu'il lui infligeait. Dercio prit le temps de savourer cette nouvelle sensation de toute-puissance, puis, réduisit son aura à un niveau moins ostentatoire, et plus adapté au combat. Il posa ses yeux sur Goku, qui lui adressa un signe de tête satisfait, puis se transforma à son tour, bien plus sobrement.
Fini les préliminaires, il était temps de se lancer dans le combat. Déjà exiguë à un niveau plus faible, la distance qui les séparait maintenant était devenue négligeable, le premier à passer à l'action gagnerait un avantage écrasant. Dercio n'attendit même pas que Goku ait finit d'articuler « Prêt ? » Pour s'assurer d'en disposer d'un grand coup de pied directement appliqué dans le visage de son ancêtre. La violence fut telle que l'impact se répercuta de part et d'autre du point, traçant une faille de deux kilomètres dans le dallage. Goku, surprit, fut projeté à toute vitesse contre l'un des obélisques qui le ralentit juste assez pour que Dercio puisse le rattraper et lui faire subir la suite de son enchaînement. Mais Goku était résistant, et il parvint à interrompre Derio en plein combo, pour lui renvoyer une avalanche d'atémis dévastateurs sur tout le corps.
Ils dérivèrent ainsi sur les kilomètres, s'échangeant sans aucune retenue des coups qui auraient chacun pu fendre la croûte terrestre jusqu'au magma. Sur terre, ils auraient été bien forcés de se retenir, de limiter l'impact de leurs attaques, de concentrer leurs décharges de ki pour éviter une catastrophe, mais là, ils n'avaient rien à protéger, rien pour les forcer à arrêter leurs poings. Des centaines d'attaques capables de réduire des continent entiers en poussière furent échangées, et pour beaucoup perdues dans le décors, si bien qu'il ne resta rapidement plus que des cratères et des débris à perte de vue. Lorsque, se rencontrant à rase-motte, l'onde de choc de leurs deux épaules se percutant souleva un nuage de poussière si gigantesque et intense que s'en éloigner devint indispensable à l'appréciation du combat, ils cessèrent enfin leur ballet supersonique pour rejoindre les hauteurs.
Derico jubilait : c'était là le plus beau combat de toute son existence, et de très loin. Sa force délirante restait à l'intérieur de son corps, il se sentait capable de tenir des heures à ce rythme. La pause qu'ils s'étaient imposés lui permit enfin de remarquer qu'ils n'étaient plus seuls. Concentré sur son combat, il ne s'était pas rendu compte qu'une bonne quinzaine de super-sayens les observaient de loin. Ils étaient tous transformés, sans quoi la puissance déchaînée aurait pu les faucher sur un malentendu. Dercio crut reconnaître son maître et sa mère, parmi eux. Il passa quelques secondes à les observer, puis se rendit compte que Goku l'attendait.
« Oh, désolé, on peut re...
Une décharge d'énergie interrompit Dercio en pleine phrase, suivie des bottes les plus sournoise de la réserve de Son Goku. Projeté vers le sol à des milliers de kilomètres/heure, il apprécia à sa juste valeur l'humour de son adversaire, tout en lui concoctant une surprise pour l’atterrissage.
Ils virevoltèrent ensemble pendant des heures, comme deux anges destructeurs, auréolés de lumière pendant d'infinies minutes où le vacarme de leurs coups n'était surpassé que par les dégâts apocalyptiques qu'ils causaient à perte de vue. Dercio se rendait bien compte que son adversaire était loin de tout donner, qu'il aurait pu, au vu de sa puissance supérieure, et surtout de son hallucinant panel technique, le surpasser à d'innombrables occasions. Mais Goku continuait à voler à peine plus vite que Dercio, à le frapper à peine plus fort et précisément, à l'anticiper à peine plus lentement que Dercio ne plaçait ses attaques. Un instant, il pensait prendre le dessus, mais ce n'était que pour recevoir dans l'instant un contre sans cesse plus audacieux et technique. Son répertoire fut bientôt épuisé, et il dut se résoudre à improviser sur le tas, avec des bouts de prises volées à son adversaire et mêlées aux enchaînements qu'il connaissait déjà par cœur.
Son cerveau travaillait encore plus fort que son corps, tentant d'élaborer des plans en même temps qu'à contrer les attaques adverse. Son univers ne se résumait à l'instant qu'à ce pour quoi les sayens étaient faits : le combat ; et de fait, il ne s'en rendit pas même compte. Sa vie, son identité, son passé, l'endroit où il était, qui il affrontait... Tout ceci avait disparu sous les flots d'adrénaline qui inondaient ses veines, seul existait l'instant présent.
Forcé d'apprendre, il développait sans même s'en rendre compte un tout nouveau style de combat, fait de bric et de broc, n'incluant que les mouvements qui lui correspondaient le mieux, qu'il parvenait à déclencher par pur réflexe. Il ne s'agissait pas tout à fait de l'art que son maître lui avait appris, pas non plus de cette quintessence du duel dont le gratifiait Goku, pas non plus de purs coups portés au jugé selon ce que son instinct et son expérience lui indiquaient, et ce n'était pas non plus un simple mélange de ces trois composantes : il y avait un forme de transcendance dans que qu'il pratiquait à présent, et qui était à des années-lumières de sa technique au début du combat. En quelques heures, il avait appris plus que durant toute sa vie.
Mais ces pensées ne l'effleurèrent même pas : l'esprit de Dercio se résumait à la seconde suivante.
Il ne sortit de sa transe extatique que lorsque, tentant de se relever d'une énième projection au sol, il ne reçut aucune réponse de ses muscles. Il y eut comme une seconde de battement, où son cerveau, sourd à ce que lui hurlait son enveloppe charnelle, pressait le reste de ses organes vitaux de repartir au combat, et puis il revint à lui. Le super sayen était parti, Dercio Brief était redevenu Dercio Brief étendu sur le sol, incapable mouvoir le moindre bras ; les os et les organes broyés depuis longtemps, enfin libérés de leur carcan de ki, donnaient enfin libre cours à leur plainte silencieuse. Il n'avait jamais été si heureux.
Au-dessus de lui, il vit les autres sayens, sidérés par sa performance, qui hésitaient à s'approcher, et puis, il y eut Goku.
Dercio n'avait pas fait attention à son état au cours du combat ; Ou plutôt si, mais uniquement à travers le filtre du duel. Là, il saisissait vraiment ce qu'il en était. Goku était toujours transformé, et aussi puissant, mais il était blessé. On voyait de gros hématomes se dessiner sur tout son corps, des plaies ouvertes, des brûlures... Le plus grand guerrier de tous les temps avait saigné. Ce fut un franc sourire aux lèvres qu'il se laissa aller au coma réparateur auquel il s'était condamné.
Au-dessus de lui, Goku laissa échapper une mince larme.
« Il ne se souvient de rien. Pas moyen de le faire réagir. »
L'intégralité du corps tuméfié, Goku se tenait assis chez maître Kaio, la tête basse, en compagnie de ce dernier et de Picollo, de seul de ses amis à ne pas s'être encore réincarné. Ce fut le namek qui répondit en premier :
« On t'avait prévenu : on ne se souvient pas de ses réincarnations, pas avant d'être arrivé au bout du chemin. Son heure n'est pas encore venue.
- Oui, mais... Je ne sais pas. J'espérai quelque chose, un déclic.
- Pour un déclic, c'en était un bon. Je n'ai jamais vu quelqu'un prendre son pied à ce point là en combat singulier. À part toi peut-être fit remarquer Kaio
- Oui, ça on peut le dire, fit Goku dans un sourire. Il est doué.
- Tu vas le ré-affronter jusqu'à ce qu'il se passe quelque chose, ou tu comptes te résigner, finalement ? Tu as tout ton temps après tout. Tu peux aussi attendre la réincarnation suivante, ou même autant que tu le désireras. Mais ça ne changera sans doutes rien, tu le sais bien, conclut Picollo.
- Non, c'est bon, je l'ai revu, tout va bien. Je peux y aller. Ils doivent s'ennuyer tous les deux là-haut. Et, au moins je ne vous oublierai pas, moi.
Le petit rire de Goku mourut rapidement dans sa gorge, et il s'arrêta, fixant les deux derniers amis qui lui restaient pendant plusieurs minutes. Il les serra ensuite dans ses bras fort, et longtemps, avant de poser ses mains sur son cœur et de murmurer « Adieu ».
La dernière étincelle lumineuse mourut dans la maison du vieux kaio. Ce n'était pas le déplacement instantané : Son Goku avait véritablement disparu.
Ils restèrent ainsi, en plan, sans véritablement savoir quoi dire. Kaio ne brisa le silence que d'une voix à peine audible.
"Petit, j'ai beau être sacrément âgé, je n'ai jamais vu quelqu'un arriver jusque là. Une telle pureté, c'est incroyable. L'amour a totalement triomphé du vice, chez lui, je commençai à douter qu'un mortel y parviendrait."
"Vous savez, durant notre vivant à tous les deux, j'ai souvent douté qu'il puisse véritablement mourir."
Et le silence se fit petit à petit entre les deux vieux amis.
Même moment, autre lieu.
L'arbre le plus ancien de l'univers porte pour la première fois depuis des millions d'années un nouveau fruit. Des constellations de fleurs éclosent sur tout le Kaioshinkaï, alors que le ciel de teint de sublimes éclats dorés, l'univers se réjouit de la naissance d'un nouveau gardien.
FIN
Avant toutes choses, je précise quelques points :
Ce qui n'était à la base qu'une suite de OS sans continuité précise (car c'est le format que je préfère) s'est petit à petit transformé en des histoires reliées les unes aux autres. Le format de OS se fait de plus en plus étroit pour ceci, et je commence vraiment à m'attacher à certains personnages au point de vouloir les développer en profondeur, ce à quoi le format OS ne se prête pas du tout.
Bref, tout ça pour dire que ce OS n'en est as vraiment un, car, pour être lu dans des conditions correctes, il sous-entend la lecture préalable de pas mal de choses.
1- La parenthèse sur "une couronne à terre", qui elle-même sous-entend la lecture préalable de la nouvelle en question.
lien : http://www.lunionsacre.net/viewtopic.php?f=42&t=7308
2- La fic sur thème : "le dernier des Z-fighters", que je mets ici
Spoiler
3 (facultatif)- La fic de Niicfromlozane, à laquelle j'ai emprunté un petit élément. On peut largement lire sans, mais un ou deux détails peuvent interloquer.
Lien : http://www.lunionsacre.net/viewtopic.php?f=42&t=7230
Bon, place au texte, hein ?
Alpha et Oméga
« Et vous désirez voir quelqu'un en particulier ? »
Dercio resta pensif pendant un moment. Il venait à peine de regagner le corps jeune et puissant de ses vingt ans, après ce qui lui avait semblé être plusieurs années dans cette file d'attente qui n'en finissait pas. Il commençait à peine à ré-explorer ce paysage sensitif, à reprendre conscience de ce qu'avait été sa force et sa puissance, et voilà qu'on lui demandait déjà une chose si importante...
Bon, qui pouvait-il demander à voir, après tout ? Il ne s'était jamais marié, n'avait pas d'enfants... Ses parents peut-être ? Ou des amis ? Il s'interrogea quelques instants, puis secoua la tête. Il en avait eu plus qu'assez, durant les dernières années de sa vie, de ses contemporains dépressifs et violents ; il n'allait pas choisir les retrouver maintenant qu'il avait le choix. Mais qui, alors ? Qui choisir de rencontrer quand le choix qui lui était donné était infini ? L'idée d'énoncer Krios lui traversa l'esprit, mais il l'écarta bien vite. Non, ce serait sûrement déplacé, et il n'était pas prêt pour ça. Qui, alors ? Qui avait-il brûlé connaître sans jamais avoir eu l'occasion de rencontrer ?
…
Oh, bien sûr.
« Le tout premier super-sayen. Celui qui a tué les démons du froid et vaincu Boo... Son Goku, c'est lui que je veux rencontrer en premier. C'est possible ? »
Le petit homme en smoking lui sourit à l'entente du nom.
« Ah, oui ! Monsieur Son Goku ? Oui, bien sûr ! Je vous y amène tout de suite ! »
Et il remballa son matériel, dans sa mallette pour se diriger au petit trot sur une route nuageuse qui se formait sous ses pas et se désagrégeait juste après que Dercio en ait levé les pieds. Ce faisant, il ne cessait de s'extasier sur les qualités de « monsieur Son », c'était apparemment une des personnalités les plus en vue du paradis (et donc, se dit Dercio, de l'univers entier), il était immensément fort, bon, agréable, généreux, et ne prenait pas son rôle trop au sérieux malgré toute sa grandeur. Des millénaires qu'on en avait pas vu des comme ça !
Dercio se sentait un peu gêné par tout cet enthousiasme. Il ne savait en vérité rien de Son Goku, si ce n'est qu'il avait été un combattant incroyablement puissant, et l'un de ses lointains ancêtres par une branche quelconque de sa famille maternelle.
Ils arrivèrent enfin, sans précisément percevoir la transition, dans une zone de campagne verdoyante qui s'étendait à perte de vue. Un petit groupe de personnes s'était établi autours d'un pique-nique, insouciant.
« Ah, on y est ! Vous allez pouvoir le rencontrer si il n'est pas occupé, normalement. »
Et le petit fonctionnaire se mit dans un coin pour observer avec de grands yeux avides et admiratifs. Dercio ne savait pas vraiment comment intervenir. Ils avaient l'air heureux... Il s'arrêta à trois cent mètres d'eux, incapable d'aller plus loin sans se sentir comme un intrus.
Dercio avait toujours été quelqu'un d'assez effacé. Pas timide, non : si une situation nécessitait son intervention, il était toujours le premier à se présenter pour la régler, mais il faisait toujours passer ses ambitions en dernier, par peur d'empiéter sur les autres. Se connaissant, il n'allait jamais oser déranger ces gens qu'il ne connaissait même pas. Oh, et puis... Il était mort après tout, non ? Il osa un pas de plus... Et hésita encore. Qu'allait-il bien pouvoir dire à ce personnage si important ? « Oh, bonjour, je suis le dernier membre de votre espèce, je me suis rendu sans combattre contre un type que j'aurais pu tuer d'une seule main, j'ai échoué là où vous avez réussi, et tout ce pour quoi vous vous êtes battu toute votre vie est détruit à cause de mon échec. Sinon, ça va bien ? » Ridicule. À quoi ça pouvait bien rimer d'intervenir comme ça dans la vie des gens juste parce qu'ils étaient connus ? Il ressemblait à ces fans stupides qui demandaient des autographes et des photos aux super-sayens lors des conventions.
Mais là... Ce n'était pas identique. Il avait une chose à lui avouer, et il était légitime que le premier de leur race soit informé du déclin par le dernier d'entre eux... Ce semblait logique, comme une boucle de causalités cosmiques qui se complétait. Non ? Non. C'était juste une excuse pour rencontrer le grand Son Goku, et déranger des gens heureux dans l'espoir misérable de voler un peu de leur bien-être.
Dercio resta planté là, à se demander que faire plusieurs minutes, puis, dans un soupir, tourna les talons...
Pour se retrouver face à face avec un grand homme, dans la trentaine, en kimono orange, dont les cheveux en pétard lui rappelaient beaucoup trop certaines de ces connaissances pour qu'il ne s'agisse que d'une coïncidence. Il n'avait jamais vu un regard aussi honnête et joyeux. Malgré sa redoutable musculature de guerrier, l'homme ne dégageait aucune agressivité, et on se sentait bien plus en sécurité auprès de lui que n'importe où ailleurs. Dercio ne l'avait pas du tout senti s'approcher.
Il n'eut aucun doute quant à l'identité de l'inconnu.
« Vous êtes Son Goku, c'est ça ?
- Oui, exactement. Je vois que vous avez entendu parler de moi. Et vous... Vous devez être un de mes descendants, je suppose ? Ou de Vegeta ?
- Les deux, en fait. Répondit-il, plus à l'aise. ça fait très longtemps depuis... Vous.
Goku rit brièvement d'un air un peu gêné.
- Ah, oui, je m'en doute bien ! On perd vite la notion du temps, ici... Vous n'êtes pas le premier de mes descendant à arriver ici, vous savez ?
- Hum... Sûrement, oui
Un petit blanc s'installa entre les deux sayens. Dercio prit une grande inspiration les yeux fermés, puis, rassemblant son courage, annonça la terrible nouvelle.
- Bon, il faut que je vous dise à propos de la terre, et des sayens en général...
- Je sais. L'interrompit Goku, le visage soudain bien plus sombre et plein de regrets. C'était inévitable, je suppose. Je suis bien plus coupable que vous, dans cette affaire, j'aurais dû faire ce qui s'imposait à l'époque et devenir roi galactique, je suppose... Mais je n'avais pas le recul que j'ai maintenant. J'ai cru que tout s'arrangerait.
Je suis désolé pour tout ce que vous avez dû vivre à cause de ça.
Dercio hallucinait : alors qu'il s'était maudit de son échec, qu'il avait tremblé de l'avouer à Son Goku... C'était ce héros qui s'excusait devant lui ? C'était à ne rien y comprendre.
- Vous.... Enfin... Vous n'êtes pas fâché, même pas irrité ?
- Ben, non. Fit Goku avec de grands yeux étonnés. Je devrai ?
- Je... Je n'en sais rien. Après tout, ça ne se termine pas si mal.
- Exactement. Bon, vous m'avez l'air en forme et j'ai bien mangé. Si vous n'avez rien de prévu, je voudrais bien voir ce que vous donnez au combat.
Dercio fut totalement pris au dépourvu. Un duel ? Contre Son Goku ? Alors qu'ils venaient à peine de se rencontrer ?
Et puis, ce n'était peut-être pas si absurde après tout. Dercio n'avait pas du tout eu le temps de se battre dans les dernières années de sa vie. Il avait débloqué le second stade de super-sayen assez facilement, et c'était tout ce qu'on lui avait demandé. Ensuite, il était devenu bien trop fort pour tout ce que Krios et ses sbires pourraient jamais atteindre, et on l'avait envoyé sillonner l'espace à la recherche de l'insaisissable monarque. C'était logique : pourquoi se passer plus longtemps d'un traqueur quand on en disposait d'un tout prêt ? Pourquoi augmenter sa puissance ou même le garder en forme quand, même rouillé, il pulvériserait tout ce qu'il pourrait rencontrer ?
Logique pour un humain, certainement, mais pas pour un sayen. Dercio avait aimé se battre, il ne s'était jamais senti aussi exalté qu'auprès de son vieux maître et de ses camarades disciples. C'était ce qui lui avait le plus manqué : les duels. Et on lui en resservait un sur un plateau ! Le plus beau de toute son existence, qui plus est !
Un peu qu'il allait accepter ! Et ce Goku aurait intérêt à se montrer à la hauteur.
Quelques instants plus tard, ils se retrouvaient dans une zone plus adaptée à leur duel de titans. Une sorte de carrelage blanc s'étendait à l'infini, et quelques obélisques immaculés s'élevaient jusqu'au ciel, à intervalles réguliers. Depuis l'une des gigantesques plaques de marbre au sol, Dercio put contempler l'immensité des lieux. Il se demanda si il y avait seulement une limite à la taille de cet endroit. Sans doutes pas. Un mince sourire s'étira sur ses lèvres, et il vit que Goku s'était déjà mis en garde, à une vingtaine de mètres de là. Au vu de leur niveau, c'était extrêmement près. Dercio se mit également en pose, adoptant une garde très défensive. Il se doutait que cet adversaire serait extrêmement fort, le plus puissant qu'il ait jamais affronté, sans le moindre doute.
Les cheveux coupés court de Dercio s'illuminèrent brusquement, et ses traits taillés à la serpe s'illuminèrent en même temps d'une douce lumière dorée. Ses yeux passèrent du gris au vert en un instant, et la roche à ses pieds se fissura sous la pression de son aura. Un flot de feu émanait de tout son corps, venant l'envelopper, renforcer sa force déjà démesurée. Il sentit le ki pulser dans ses veines, se répandre dans sa chair, imprégner ses os et ses fibres musculaires, il se délecta de l'accroissement de sa perception, s'amusa à suivre les rayures que l'explosion avait causée dans le marbre derrière lui, sans même avoir à poser les yeux dessus. Il pouvait mouvoir chaque infime fibre de son corps indépendamment, et avec assez de force pour fendre une planète comme un fruit mûr. C'était pour cela qu'il était né : sentir la force unique à sa race l'envahir, et la laisser s'exprimer !
Spontanément, il fut pris d'un fou rire qui lui secoua tout le corps, sans qu'il parvienne à le maîtriser. C'était incroyablement bon de laisser cours à sa puissance ainsi, quand on avait été si longtemps brimé.
Quand il finit par cesser de rire, et posa ses yeux à présent animés d'une flamme d'excitation extrême sur Goku, il le vit déjà transformé, et visiblement compréhensif vis-à-vis de son sort. Il n'était plus en garde, et ses bras détendus pendaient le long de son corps, comme si il n'avait pas encore envie de combattre, contrairement à ce que sa transformation semblait indiquer.
"Tu n'as plus besoin de te retenir. Tu ne vas rien casser ici."
Dercio resta figé à cette injonction. Que voulait-il dire ? Se battre au niveau deux serait à coup sûr plus grisant, mais il n'y avait pas que ça. La phrase avait sonné comme une mise à l'épreuve, un défi. Goku voulait savoir si Dercio pouvait lui donner un combat digne de lui, si il avait atteint le sommet de puissance le plus délirant auquel un être vivant ait accès.
Cela circulait comme une légende, un sujet de blagues parmi les sayens. Oh, bien sûr, personne ne doutait de son existence, mais réussir à l'atteindre, cela semblait si surréaliste, et ils n'avaient pas le temps de s'entraîner. Dercio était le seul à avoir sérieusement visé ce stade en deux cent ans. Chaque escale de ses expéditions galactiques avait été une excuse pour « prouver la puissance terrienne ». Des démonstrations de force dans la haute atmosphère qui avaient été autant de prétextes pour tester le résultat de ses maigres entraînements. Il désactivait souvent le mode de stase de son vaisseau pour rester méditer des jours entiers, le corps en hibernation alors que son cerveau tentait d'appréhender quels moyens d'affinement de son ki et quelle modulations de sa colère seraient à même de le projeter au rang des meilleurs. Il avait passé toute sa jeunesse dans l'espoir d'atteindre un jour cette force, malgré les cadences qu'on lui imposait.
Il y était finalement arrivé, mais à l'âge de cinquante-sept ans, dans une zone désertique et inhabitée de Torres. Cela avait été le meilleur moment de toute sa vie, il avait atteint un niveau sans commune mesure l'espace d'une seconde. Puis, son corps l'avait trahit, incapable de contenir le ki délirant qu'il dégageait. En l'espace d'une minute, il n'avait plus été qu'un vieil homme, étendu misérablement sur le sol, vidé de ses forces sous un soleil brûlant. Plus jamais il n'avait retenté l'expérience, incapable de savoir si il s'était agit d'une victoire ou d'une défaite.
Mais cette fois-ci, son corps ne le trahirait pas il accepterait sans contraintes ce que Dercio lui imposerait, il avait trente-cinq ans de moins, et se semblait infatigable à lui-même. C'était l'heure de réussir.
C'était comme enfiler une chemise achetée il y a des lustres de cela, et qu'on avait mise qu'au moment de l'acquérir, pour ensuite l'oublier au fond du placard. Un vêtement nouveau, mais qu'on connaissait déjà un peu, et qui s'ajustait parfaitement. Les os, les tendons et les muscles de Dercio se plièrent sous les exigences de sa nouvelle apparence, son visage se reconfigurant sous de nouvelles formes plus adéquates. Les flammes de son aura devinrent un orage fou furieux, où seuls des éclairs blancs éclatants parvenaient à couvrir la cape de flammes dorées qui l'entourait, permettant à peine de distinguer ses traits. Il était devenu une fontaine de ki vivante, avait commencé à léviter sans s'en rendre compte tant la force qu'il dégageait était phénoménale. Il ne sentait pratiquement plus ses membres, et de mouvait presque uniquement concentré sur l'énergie démentielle qui circulait en lui. En l'état, un membre cassé ou même arraché ne l'aurait absolument pas handicapé dans ses mouvements, qui sait si il s'en serait seulement rendu compte ?
Le meilleur fut qu'il ne sentit pas l'immense fatigue et la douleur extrême qui avait la dernière fois accompagné sa transformation : cette fois-ci, son corps acceptait sans se faire prier ce qu'il lui infligeait. Dercio prit le temps de savourer cette nouvelle sensation de toute-puissance, puis, réduisit son aura à un niveau moins ostentatoire, et plus adapté au combat. Il posa ses yeux sur Goku, qui lui adressa un signe de tête satisfait, puis se transforma à son tour, bien plus sobrement.
Fini les préliminaires, il était temps de se lancer dans le combat. Déjà exiguë à un niveau plus faible, la distance qui les séparait maintenant était devenue négligeable, le premier à passer à l'action gagnerait un avantage écrasant. Dercio n'attendit même pas que Goku ait finit d'articuler « Prêt ? » Pour s'assurer d'en disposer d'un grand coup de pied directement appliqué dans le visage de son ancêtre. La violence fut telle que l'impact se répercuta de part et d'autre du point, traçant une faille de deux kilomètres dans le dallage. Goku, surprit, fut projeté à toute vitesse contre l'un des obélisques qui le ralentit juste assez pour que Dercio puisse le rattraper et lui faire subir la suite de son enchaînement. Mais Goku était résistant, et il parvint à interrompre Derio en plein combo, pour lui renvoyer une avalanche d'atémis dévastateurs sur tout le corps.
Ils dérivèrent ainsi sur les kilomètres, s'échangeant sans aucune retenue des coups qui auraient chacun pu fendre la croûte terrestre jusqu'au magma. Sur terre, ils auraient été bien forcés de se retenir, de limiter l'impact de leurs attaques, de concentrer leurs décharges de ki pour éviter une catastrophe, mais là, ils n'avaient rien à protéger, rien pour les forcer à arrêter leurs poings. Des centaines d'attaques capables de réduire des continent entiers en poussière furent échangées, et pour beaucoup perdues dans le décors, si bien qu'il ne resta rapidement plus que des cratères et des débris à perte de vue. Lorsque, se rencontrant à rase-motte, l'onde de choc de leurs deux épaules se percutant souleva un nuage de poussière si gigantesque et intense que s'en éloigner devint indispensable à l'appréciation du combat, ils cessèrent enfin leur ballet supersonique pour rejoindre les hauteurs.
Derico jubilait : c'était là le plus beau combat de toute son existence, et de très loin. Sa force délirante restait à l'intérieur de son corps, il se sentait capable de tenir des heures à ce rythme. La pause qu'ils s'étaient imposés lui permit enfin de remarquer qu'ils n'étaient plus seuls. Concentré sur son combat, il ne s'était pas rendu compte qu'une bonne quinzaine de super-sayens les observaient de loin. Ils étaient tous transformés, sans quoi la puissance déchaînée aurait pu les faucher sur un malentendu. Dercio crut reconnaître son maître et sa mère, parmi eux. Il passa quelques secondes à les observer, puis se rendit compte que Goku l'attendait.
« Oh, désolé, on peut re...
Une décharge d'énergie interrompit Dercio en pleine phrase, suivie des bottes les plus sournoise de la réserve de Son Goku. Projeté vers le sol à des milliers de kilomètres/heure, il apprécia à sa juste valeur l'humour de son adversaire, tout en lui concoctant une surprise pour l’atterrissage.
Ils virevoltèrent ensemble pendant des heures, comme deux anges destructeurs, auréolés de lumière pendant d'infinies minutes où le vacarme de leurs coups n'était surpassé que par les dégâts apocalyptiques qu'ils causaient à perte de vue. Dercio se rendait bien compte que son adversaire était loin de tout donner, qu'il aurait pu, au vu de sa puissance supérieure, et surtout de son hallucinant panel technique, le surpasser à d'innombrables occasions. Mais Goku continuait à voler à peine plus vite que Dercio, à le frapper à peine plus fort et précisément, à l'anticiper à peine plus lentement que Dercio ne plaçait ses attaques. Un instant, il pensait prendre le dessus, mais ce n'était que pour recevoir dans l'instant un contre sans cesse plus audacieux et technique. Son répertoire fut bientôt épuisé, et il dut se résoudre à improviser sur le tas, avec des bouts de prises volées à son adversaire et mêlées aux enchaînements qu'il connaissait déjà par cœur.
Son cerveau travaillait encore plus fort que son corps, tentant d'élaborer des plans en même temps qu'à contrer les attaques adverse. Son univers ne se résumait à l'instant qu'à ce pour quoi les sayens étaient faits : le combat ; et de fait, il ne s'en rendit pas même compte. Sa vie, son identité, son passé, l'endroit où il était, qui il affrontait... Tout ceci avait disparu sous les flots d'adrénaline qui inondaient ses veines, seul existait l'instant présent.
Forcé d'apprendre, il développait sans même s'en rendre compte un tout nouveau style de combat, fait de bric et de broc, n'incluant que les mouvements qui lui correspondaient le mieux, qu'il parvenait à déclencher par pur réflexe. Il ne s'agissait pas tout à fait de l'art que son maître lui avait appris, pas non plus de cette quintessence du duel dont le gratifiait Goku, pas non plus de purs coups portés au jugé selon ce que son instinct et son expérience lui indiquaient, et ce n'était pas non plus un simple mélange de ces trois composantes : il y avait un forme de transcendance dans que qu'il pratiquait à présent, et qui était à des années-lumières de sa technique au début du combat. En quelques heures, il avait appris plus que durant toute sa vie.
Mais ces pensées ne l'effleurèrent même pas : l'esprit de Dercio se résumait à la seconde suivante.
Il ne sortit de sa transe extatique que lorsque, tentant de se relever d'une énième projection au sol, il ne reçut aucune réponse de ses muscles. Il y eut comme une seconde de battement, où son cerveau, sourd à ce que lui hurlait son enveloppe charnelle, pressait le reste de ses organes vitaux de repartir au combat, et puis il revint à lui. Le super sayen était parti, Dercio Brief était redevenu Dercio Brief étendu sur le sol, incapable mouvoir le moindre bras ; les os et les organes broyés depuis longtemps, enfin libérés de leur carcan de ki, donnaient enfin libre cours à leur plainte silencieuse. Il n'avait jamais été si heureux.
Au-dessus de lui, il vit les autres sayens, sidérés par sa performance, qui hésitaient à s'approcher, et puis, il y eut Goku.
Dercio n'avait pas fait attention à son état au cours du combat ; Ou plutôt si, mais uniquement à travers le filtre du duel. Là, il saisissait vraiment ce qu'il en était. Goku était toujours transformé, et aussi puissant, mais il était blessé. On voyait de gros hématomes se dessiner sur tout son corps, des plaies ouvertes, des brûlures... Le plus grand guerrier de tous les temps avait saigné. Ce fut un franc sourire aux lèvres qu'il se laissa aller au coma réparateur auquel il s'était condamné.
Au-dessus de lui, Goku laissa échapper une mince larme.
« Il ne se souvient de rien. Pas moyen de le faire réagir. »
L'intégralité du corps tuméfié, Goku se tenait assis chez maître Kaio, la tête basse, en compagnie de ce dernier et de Picollo, de seul de ses amis à ne pas s'être encore réincarné. Ce fut le namek qui répondit en premier :
« On t'avait prévenu : on ne se souvient pas de ses réincarnations, pas avant d'être arrivé au bout du chemin. Son heure n'est pas encore venue.
- Oui, mais... Je ne sais pas. J'espérai quelque chose, un déclic.
- Pour un déclic, c'en était un bon. Je n'ai jamais vu quelqu'un prendre son pied à ce point là en combat singulier. À part toi peut-être fit remarquer Kaio
- Oui, ça on peut le dire, fit Goku dans un sourire. Il est doué.
- Tu vas le ré-affronter jusqu'à ce qu'il se passe quelque chose, ou tu comptes te résigner, finalement ? Tu as tout ton temps après tout. Tu peux aussi attendre la réincarnation suivante, ou même autant que tu le désireras. Mais ça ne changera sans doutes rien, tu le sais bien, conclut Picollo.
- Non, c'est bon, je l'ai revu, tout va bien. Je peux y aller. Ils doivent s'ennuyer tous les deux là-haut. Et, au moins je ne vous oublierai pas, moi.
Le petit rire de Goku mourut rapidement dans sa gorge, et il s'arrêta, fixant les deux derniers amis qui lui restaient pendant plusieurs minutes. Il les serra ensuite dans ses bras fort, et longtemps, avant de poser ses mains sur son cœur et de murmurer « Adieu ».
La dernière étincelle lumineuse mourut dans la maison du vieux kaio. Ce n'était pas le déplacement instantané : Son Goku avait véritablement disparu.
Ils restèrent ainsi, en plan, sans véritablement savoir quoi dire. Kaio ne brisa le silence que d'une voix à peine audible.
"Petit, j'ai beau être sacrément âgé, je n'ai jamais vu quelqu'un arriver jusque là. Une telle pureté, c'est incroyable. L'amour a totalement triomphé du vice, chez lui, je commençai à douter qu'un mortel y parviendrait."
"Vous savez, durant notre vivant à tous les deux, j'ai souvent douté qu'il puisse véritablement mourir."
Et le silence se fit petit à petit entre les deux vieux amis.
Même moment, autre lieu.
L'arbre le plus ancien de l'univers porte pour la première fois depuis des millions d'années un nouveau fruit. Des constellations de fleurs éclosent sur tout le Kaioshinkaï, alors que le ciel de teint de sublimes éclats dorés, l'univers se réjouit de la naissance d'un nouveau gardien.
FIN