Le Test

Prêt à relever le défi ?

SOMMAIRE
- Chapitre 1 : Maître, il y a autre chose...
Chapitre 2 : Méfie-toi
Chapitre 3 : Ils vont arriver !
Chapitre 4 : Tu connais la Patrouille Galactique !
Chapitre 5 : Je sais ce que j'ai vu
Chapitre 6 : Nous avons tout notre temps
Chapitre 7 : A venir...
RÉSUMÉ
Spoiler
CHRONOLOGIE
Spoiler
ILLUSTRATIONS
Spoiler
_________________________________________________________________________________________________________________

BRRRRROAAA. L'éclatement sonore semblait annoncer un orage. Jamais la base militaire de la planète Freezer 74 n'avait été exposée à un événement si spectaculaire. Alors que des soldats présents dans la salle d'entrainement vaquaient à leurs occupations habituelles, ils durent se précipiter devant les baies vitrées, intrigués, pour voir d'où pouvait bien provenir ce terrible son. Ce n'est qu'après avoir découvert un immense vaisseau spatial poursuivit par cinq capsules virevoltant autour de la base que leurs attitudes inquisitrices se transformèrent en expressions d'horreur.
Les petites capsules lançaient des rayons lasers en direction du plus gros engin qui se prenait les charges de plein fouet. Cela ne modifiait pour autant rien à sa croisière, et le colosse tentait maladroitement de répondre aux attaques par le même procédé, sans succès. L'offensive fut habilement contournée par les capsules s'éloignant du vaisseau-mère sous une impulsion collective. Quatre d’entre-elles s'établirent en cercle autour de la dernière qui s'immobilisa au centre. Une minute passa sans qu’aucune n'exécute le moindre mouvement ; elles restaient en constante gravitation, si bien que si elles avaient pu briller, on les aurait confondues avec les étoiles. Le vaisseau-mère en profita pour se positionner à son tour, prêt à charger une nouvelle attaque.
Observateurs attentifs depuis la vitre de la salle d'entraînement, les soldats se détendirent. Ils ne risquaient rien. Les capsules avaient renoncé à se battre trop près de la planète, ne leur restait plus qu'à apprécier l'assaut comme un spectacle.
La capsule située au centre profita de cet instant pour s'élancer droit sur le vaisseau ennemi. Les quatre autres s'activèrent à sa suite, dans une course ponctuée de mouvements élégants plus semblable à un ballet aérien qu'une offensive qui se veut menaçante. Seule la première capsule semblait bien décidée à attaquer : sa vitesse se multipliait à chaque seconde, au point que cette fois-ci il n’aurait pas été difficile de la comparer à une étoile filante. Face à une telle rapidité, l’astronef géant s’arrêta net, ne sachant comment réagir. Son pilote se sentait-il l'âme d'un kamikaze pour se jeter ainsi dans la gueule du loup ? Impossible pour elle d'en réchapper, elle allait se faire pulvériser à cette allure... Coup de théâtre, à la dernière seconde la capsule changea brusquement de trajectoire, esquiva de peu la paroi du vaisseau, puis longea sa droite avec une telle vivacité qu’elle fut presque aussitôt arrivée à l’autre extrémité. Le colosse, pris au dépourvu, se mit à lancer de multiples rayons lasers en sa direction, mais la capsule se fit un malin plaisir à les éviter en imitant les rotations élégantes de ses quatre collègues. Furtives, ces dernières avaient profité de ce manque d’attention pour attaquer ensemble l’autre côté du vaisseau.
– Ouah ! laissa échapper l'un des mercenaires admirant la scène. J'en reviens pas, le Commando Ginyu est génial ! Hé, et si on demandait à Maître Freezer de former un groupe nous aussi ? J'ai plein d'idées de poses qu'on pourrait mettre au point... les gars ?
Le soldat tourna la tête en quête d’approbation et vit que ses compagnons avaient pris la poudre d'escampette.
– Sympa...
Désappointé, il se retourna en direction de la vitre afin de ne pas rater une miette du spectacle spatial qui s’offrait à lui seul. Du moins, le pensait-il…
Un étage sous la salle d'entrainement se situaient les locaux individuels des différents soldats qui composaient le corps de l'armée. Le mercenaire ne se doutait pas qu'en réalité, à travers sa propre vitre, un autre homme avait les yeux rivés sur l’assaut du Commando Ginyu. Si le premier l'admirait avec une bouche béante qui lui donnait un air presque ahuri, le second se limitait à une mine renfrognée qui trahissait une certaine irritation. Assis sur sa couchette face à un hublot, bras croisés et dents serrées, il évaluait chaque détail de la bataille dont il était témoin.
Pour on ne sait quelle raison, plus le combat continuait, plus il semblait nerveux. A chaque fois qu'un bruit retentissait, il ne pouvait s'empêcher de froncer les sourcils en grommelant à voix-haute, sa longue queue marron semblable à celle d'un singe pianotant sur la couchette en des mouvements répétitifs.
La porte du local émit soudain un faible bruit d'entrebâillement. Le soldat sembla l'ignorer car il ne bougea pas d'un pouce, trop absorbé par le combat du Commando. Un homme massif et chauve pénétra lentement à l’intérieur de la pièce. Toujours aucune réaction. Le visiteur attendit un moment que son coéquipier l’invite à parler, mais comme ce ne fut pas le cas, il se permit d’élever une voix peu assurée :
– Eh, Végéta, je te cherchais. Maître Freezer attend ton rapport sur la planète Tycross. Porte vingt.
Il n'obtint aucune réponse. Végéta se contenta de baisser la tête, le visage crispé.
– Heu... Végéta... ? Un problème ?
– Non, il n'y a aucun problème, Nappa, répliqua Végéta d'une voix traînante.
Ils restèrent longtemps sans bouger, les bruits d’explosions de l’assaut en fond sonore.
– C'est du délire, risqua Nappa, le nouveau Commando a vraiment l'air balèze, hein... !
– Peuh !
Cette remarque eut pour effet de remuer Végéta. Il tourna enfin la tête vers Nappa avec un regard lourd de menaces, se leva d'une façon brusque et bouscula son coéquipier pour sortir dans le couloir. Avec une expression de franche incrédulité, Nappa le regarda partir avant de se mettre à sa poursuite.
Végéta marchait aussi vite que possible dans les boyaux labyrinthiques de la base militaire. Le regard fixé devant lui, absorbé par ses pensées, il ne prit pas la peine de saluer qui que ce soit et percuta même certains soldats se présentant en travers de sa route, sans daigner leur adresser un regard ou mot d’excuse, l'air profondément indifférent.
Nappa fermait sa marche, interrogeant du regard les soldats tombés à terre, et le rattrapa sans peine grâce à sa grande taille.
– Vé-Végéta, qu'est-ce que tu vas lui dire ? demanda-t-il, l'air inquiet.
– Que tu suces encore ton pouce pour t'endormir, répondit sèchement l'intéressé. Tu me gênes, retourne donc t'extasier sur le Commando Ginyu avec les autres débiles.
– N'oublie pas que Freezer se méfie encore, insista Nappa, indifférent aux piques lancées par Végéta. Il ne faudrait pas que tu...
– Je t'ai dit de partir !
– Mais... mais...
– Merde, Nappa !
Végéta s'était retourné, le poing enfoncé en plein dans l'abdomen de son second. Il aurait semblé très étrange, pour toute personne extérieure à la base militaire, qu'un soldat de si petite taille puisse se montrer aussi impérieux face à l'imposant Nappa. Plié en deux, et devant l'obstination de Végéta, celui-ci rendit les armes en étouffant un murmure plaintif.
Le prince continua son chemin seul. Il s’arrêta devant la porte numéro vingt et entra dès qu'il fut autorisé.
La porte se referma derrière lui. Le bourdonnement continuel de l'assaut spatial s'interrompit aussitôt. Il ne pouvait plus entendre aucun son provenant de l'extérieur, pas plus que les rumeurs des conversations qui habitaient en permanence les couloirs. Seul son cœur battait le rythme, dans une cadence glacée.
La pièce était toute petite et l'espace comprimé. La faible lueur bleue au plafond éclairant seule la scène ne contribuait pas à la rendre hospitalière. L'étroitesse décuplait la pression comme une étreinte invisible. Au bout de la salle, dos tourné, une petite créature assise dans un appareil suspendu à quelques centimètres du sol contemplait un écran géant. Végéta se crut un bref instant de retour face à son hublot : le poste numérique captait les images de la bataille du Commando Ginyu, mais sans aucun son, coupé par automatisme dès la fermeture de la porte d'entrée. Il écuma lorsqu'il vit que les soldats d'élite avaient forcé le vaisseau et le ravageaient de toutes parts à coups d'attaques énergétiques.
Le grincement de ses dents suffit pour que la créature devine sa présence. Elle se retourna pour lui faire face. Le soldat baissa la tête devant son chef dans un signe de soumission protocolaire, mais ne put s'empêcher de lui jeter un regard plein de mépris une fois qu'il l'eut relevée.
– Vous m'avez demandé, Maître Freezer, s'enquit-il la voix légèrement enrouée.
Il avala sa salive. Son acidité lui plomba l'estomac.
– Vous voilà enfin, soupira la créature. Sachez que vous venez de me faire perdre dix minutes, Végéta. Rattrapez ce retard au plus vite.
Le ton employé était sans équivoque.
– Pardonnez-moi si je vous ai fait attendre, dit Végéta sans le penser une seule seconde. Je serai bref : les habitants de Tycross avaient beau posséder une culture phénoménale, ils n'étaient pas du tout expérimentés en combat. Ça a été rapide, même pour Raditz. Nous n'avons gardé en vie que quelques scientifiques, comme ils semblaient susceptibles d'apporter leurs savoirs à votre service. Je pense qu'ils ont de quoi se nourrir suffisamment longtemps si jamais vous souhaitez les rencontrer avant d'estimer la valeur de cette planète.
– Parfait, c'est parfait, commenta Freezer d’un ton mielleux. Je partirai sur Tycross le vérifier moi-même une fois que le Commando Ginyu aura terminé sa mission… Vous recevrez votre solde selon l'intérêt que je porterai à leur vie. Vous pouvez disposer jusqu’à nouvel ordre.
Le guerrier salua de nouveau son maître et pivota afin de quitter la pièce. Le son réapparu soudainement à l’écran. Végéta stoppa sa marche, hésitant.
– Eh bien, allez-y, encouragea Freezer comme amusé, ou bien faut-il que je vous apprenne comment on ouvre une porte ?
Végéta sentit son cœur faire un saut périlleux dans sa poitrine. Ces paroles furent décisives. Les poings serrés, il se tourna à nouveau vers son supérieur.
– Maître, commença-t-il, tentant de conserver tant bien que mal le calme dans sa voix, il y a autre chose...
Freezer haussa d’un œil.
– Oh, vraiment ? Compte tenu des circonstances, je crains que votre temps ne soit compté. Vous disposez d'une minute.
Il appuya sur un bouton situé à l'intérieur de son appareil portatif et tout son se volatilisa à nouveau dans la salle. Le chiffre cinquante-neuf apparu en haut à droite de l'écran, puis un décompte s'entama sur-le-champ, cinquante-huit, cinquante-sept, cinquante-six... le temps dont bénéficiait Végéta. Freezer ne plaisantait pas. Cette façon de faire déplut fortement au soldat qui ne se sentit pas pris au sérieux.
– Pourquoi les avoir missionnés, eux ?! s'exclama-t-il en désignant l'écran géant d'un doigt accusateur. Je ne comprends pas ! Une élite comme moi aurait très bien pu convenir ! Mais non, pendant ce temps, vous préférez m'expédier sur Tycross, cette planète insignifiante...
Végéta voulut poursuivre mais il retint son souffle : l'air pincé de Freezer laissait supposer qu'il le considérait comme une mouche qui agace par ses bourdonnements importuns. Mais, contre toute attente, un rictus se forma finalement sur ses lèvres violettes.
– Une fois de plus vous me prouvez que votre stupide fierté Saïyenne vous aveugle, ricana-t-il. Parce que vous vous imaginez arriver à la cheville du Commando Ginyu, Végéta ? Je n'ai jamais rien entendu d'aussi ridicule !
– Tss ! Mon niveau va bien au-delà des lavettes qui m'entourent, protesta Végéta. Depuis quelques mois je sens comme de la réticence à me laisser exploiter mon potentiel ! C'est bien vrai, n'est-ce pas ? Qu'est que ça signifie, Maître ?
– Je vous aurais cru plus futé que ça, enchaîna Freezer, dont la grandiloquence empestait la fausseté. Vous n'espériez tout de même pas un traitement de faveur après ce qui s'est passé ?
Végéta jeta un coup d'œil nerveux en direction du décompte. Trente-deux, trente-et-un, trente...
- Ce qui s'est passé... répéta-t-il avec lenteur. Je vois... C'est à cause de cette histoire avec le Commando Ginyu, là ? Je vous l'ai dit, j'y étais uniquement pour vous prouver que je vaux tout autant que ce Guldo que vous venez d'engager, Maître (il força le terme plus que nécessaire). Je ne vois pas ce que je pourrais faire de plus pour vous convaincre.
– Ce n'est pas ce qui ressort chez Ginyu, tempéra Freezer en retrouvant un ton plus sérieux. Aucune preuve assez convaincante de votre implication ou innocence dans cette affaire de pillage ne m’a été donnée de leur côté comme du vôtre. Comment voulez-vous que je fasse ? Bien évidemment, je pourrais tout oublier en vous tuant sur-le-champ...
Il y eut un terrible silence. Végéta sentait à nouveau son cœur battre à tout rompre, sachant que toute intervention de sa part pouvait lui être fatale. Sa colère se transforma en frustration. Il se contenta de soutenir le regard de son maître, déterminé.
– Cependant je vous garde sous mes yeux le temps que cette affaire se règle. Et comme vous me l’affirmez de façon assez soutenue, vous êtes un bon élément. Vous perdre n’est pas encore dans mes objectifs. Mais si j'obtiens la preuve que vous y êtes pour quelque chose, n'ayez pas la folie d'attendre un miracle.
Le tyran fit une nouvelle pause, tout à son plaisir de regarder le corps de Végéta se parcourir de spasmes incontrôlés, puis il poursuivit :
– De plus, je remarque que contester mes ordres semble la seule chose que vous soyez capable de faire convenablement. Ce qui n'est pas à votre avantage.
Végéta lui lança un regard aussi hargneux que possible. Il sentit son sang circuler dans ses veines avec une rapidité affolante et il dut opérer de grands efforts pour retenir son envie de frapper, de réduire en miette cette vulgaire petite créature qui se tenait face à lui. Il pouvait toujours essayer, mais la vulgaire petite créature possédait une puissance jusqu'alors incomparable. Il le savait, tout ce qu'il arriverait à provoquer en agissant selon son penchant serait sa propre mort. Ironie du destin, lui qui avait été assuré dès sa naissance de devenir l'homme le plus puissant au monde... Et pourtant, vingt-cinq ans après, l'image renvoyée par chaque miroir lui rendait douloureusement compte d'un prince forcé à obéir tel un esclave. Un esclave appartenant à ce Freezer surpuissant. Ses lèvres se mirent à trembler. Avec ses deux acolytes Nappa et Raditz ils étaient les uniques représentants de la race Saïyenne. Si l'éradication de son peuple ne lui faisait ni chaud ni froid, Végéta s'était intimement persuadé d'une chose depuis son enfance : il était convaincu d'être le meilleur et se devait de travailler à le rester. Être un jour enfin en mesure d'affronter Freezer demeurait son plus grand, et plus vain espoir secret. Quelle joie d'imaginer ce que cela ferait, de satisfaire enfin son désir de vengeance pour toutes ces années d'humiliation, de soumission et d'oppression que sa monumentale dignité peinait à endurer...
Mais cet espoir était une chimère, rien de plus. Il s'était fait une raison. La force de Freezer était insurpassable, chaque année passée sous son commandement l'attestait comme un boomerang lancé dans le vide et revenant encore plus vif qu'il ne l'était auparavant. Affligé, Végéta se força à maîtriser son poing, machinalement serré, sur le point se d'abattre sur le visage de son maître. Freezer l'avait sûrement deviné, car il esquissa un sourire mesquin en toisant du regard le jeune Saïyen qui essayait de contrôler son tempérament agressif. Cette situation semblait le réjouir au plus haut point.
Zéro. Le décompte s'était arrêté. Dès lors retentit un « BIP BIP BIP » aigu, puis le chiffre disparut de l'écran tandis que les détonations énergétiques du Commando Ginyu refirent surface. Freezer ferma les yeux.
– Bon, dit-il après quelques secondes de réflexion, remerciez les prouesses du Commando Ginyu, je suis de bonne humeur. Si vous réussissez à accomplir la mission que je m’apprête à vous confier, peut-être envisagerai-je de réviser mon jugement.
Végéta tendit l’oreille, intrigué. Freezer jeta un coup d’œil furtif à l’écran géant et comme il n’y observa rien qui puisse l’intéresser dans l’immédiat, il appuya sur un nouveau bouton. La bataille spatiale s'éclipsa tout à coup pour laisser place à un clavier virtuel.
– Pour tout vous dire, je suis en pleine négociation avec des individus qui pourraient s'avérer très utiles, expliqua-t-il, ses mains s'agitant dans le vide au-dessus du clavier. Le genre d'individus qu'il me contrarierait beaucoup d'avoir à éliminer en cas de refus. J'envisage de les dompter en leur offrant la plus parfaite des planètes.
Les lettres « LONE N°IV » apparaissaient l'une après l'autre sur l'écran tout au long de son discours. Un programme qui s'apparentait à une espèce d'encyclopédie s'enclencha à leur suite : il aligna automatiquement la distance qui séparait cette planète de Freezer 74, décrivit le nombre de satellites dont elle était composée, ainsi que la température, suivit d'autres données d'ordre environnemental.
– Vous vous en doutez, mon choix s'est porté sur Lone n°IV, poursuivit Freezer. « Verdoyante et densément peuplée » selon nos informations, elle fera une très belle pièce de collection. Vous vous chargerez de me débarrasser des gêneurs. D'autre part, je compte sur votre discrétion, je ne veux personne au courant de tout cela. Pas même Nappa et Raditz, ajouta-t-il en se retournant vers Végéta avant que ce dernier ne puisse élever la voix, c'est un point extrêmement important et j'espère être bien clair. Après avoir réussi à soumettre Lone n°IV par vos propres moyens, et si elle convient, son prix vous reviendra. Vous retrouverez mon entière confiance et vous jugerai digne...
Freezer n'acheva pas sa phrase mais prit un air entendu. Il se contenta de pointer l'écran du doigt. Son sourire s’élargit.
– Vraiment ? s'étonna Végéta devant cet élan de gratitude. Je pourrai faire comme le Commando après ça ?
– Le Commando Ginyu, rectifia Freezer. Oui, en effet, vous pourrez. A condition que vous réussissiez ce petit test, ajouta-il avec un rire mielleux. A présent, disparaissez.
Les petites capsules lançaient des rayons lasers en direction du plus gros engin qui se prenait les charges de plein fouet. Cela ne modifiait pour autant rien à sa croisière, et le colosse tentait maladroitement de répondre aux attaques par le même procédé, sans succès. L'offensive fut habilement contournée par les capsules s'éloignant du vaisseau-mère sous une impulsion collective. Quatre d’entre-elles s'établirent en cercle autour de la dernière qui s'immobilisa au centre. Une minute passa sans qu’aucune n'exécute le moindre mouvement ; elles restaient en constante gravitation, si bien que si elles avaient pu briller, on les aurait confondues avec les étoiles. Le vaisseau-mère en profita pour se positionner à son tour, prêt à charger une nouvelle attaque.
Observateurs attentifs depuis la vitre de la salle d'entraînement, les soldats se détendirent. Ils ne risquaient rien. Les capsules avaient renoncé à se battre trop près de la planète, ne leur restait plus qu'à apprécier l'assaut comme un spectacle.
La capsule située au centre profita de cet instant pour s'élancer droit sur le vaisseau ennemi. Les quatre autres s'activèrent à sa suite, dans une course ponctuée de mouvements élégants plus semblable à un ballet aérien qu'une offensive qui se veut menaçante. Seule la première capsule semblait bien décidée à attaquer : sa vitesse se multipliait à chaque seconde, au point que cette fois-ci il n’aurait pas été difficile de la comparer à une étoile filante. Face à une telle rapidité, l’astronef géant s’arrêta net, ne sachant comment réagir. Son pilote se sentait-il l'âme d'un kamikaze pour se jeter ainsi dans la gueule du loup ? Impossible pour elle d'en réchapper, elle allait se faire pulvériser à cette allure... Coup de théâtre, à la dernière seconde la capsule changea brusquement de trajectoire, esquiva de peu la paroi du vaisseau, puis longea sa droite avec une telle vivacité qu’elle fut presque aussitôt arrivée à l’autre extrémité. Le colosse, pris au dépourvu, se mit à lancer de multiples rayons lasers en sa direction, mais la capsule se fit un malin plaisir à les éviter en imitant les rotations élégantes de ses quatre collègues. Furtives, ces dernières avaient profité de ce manque d’attention pour attaquer ensemble l’autre côté du vaisseau.
– Ouah ! laissa échapper l'un des mercenaires admirant la scène. J'en reviens pas, le Commando Ginyu est génial ! Hé, et si on demandait à Maître Freezer de former un groupe nous aussi ? J'ai plein d'idées de poses qu'on pourrait mettre au point... les gars ?
Le soldat tourna la tête en quête d’approbation et vit que ses compagnons avaient pris la poudre d'escampette.
– Sympa...
Désappointé, il se retourna en direction de la vitre afin de ne pas rater une miette du spectacle spatial qui s’offrait à lui seul. Du moins, le pensait-il…
Un étage sous la salle d'entrainement se situaient les locaux individuels des différents soldats qui composaient le corps de l'armée. Le mercenaire ne se doutait pas qu'en réalité, à travers sa propre vitre, un autre homme avait les yeux rivés sur l’assaut du Commando Ginyu. Si le premier l'admirait avec une bouche béante qui lui donnait un air presque ahuri, le second se limitait à une mine renfrognée qui trahissait une certaine irritation. Assis sur sa couchette face à un hublot, bras croisés et dents serrées, il évaluait chaque détail de la bataille dont il était témoin.
Pour on ne sait quelle raison, plus le combat continuait, plus il semblait nerveux. A chaque fois qu'un bruit retentissait, il ne pouvait s'empêcher de froncer les sourcils en grommelant à voix-haute, sa longue queue marron semblable à celle d'un singe pianotant sur la couchette en des mouvements répétitifs.
La porte du local émit soudain un faible bruit d'entrebâillement. Le soldat sembla l'ignorer car il ne bougea pas d'un pouce, trop absorbé par le combat du Commando. Un homme massif et chauve pénétra lentement à l’intérieur de la pièce. Toujours aucune réaction. Le visiteur attendit un moment que son coéquipier l’invite à parler, mais comme ce ne fut pas le cas, il se permit d’élever une voix peu assurée :
– Eh, Végéta, je te cherchais. Maître Freezer attend ton rapport sur la planète Tycross. Porte vingt.
Il n'obtint aucune réponse. Végéta se contenta de baisser la tête, le visage crispé.
– Heu... Végéta... ? Un problème ?
– Non, il n'y a aucun problème, Nappa, répliqua Végéta d'une voix traînante.
Ils restèrent longtemps sans bouger, les bruits d’explosions de l’assaut en fond sonore.
– C'est du délire, risqua Nappa, le nouveau Commando a vraiment l'air balèze, hein... !
– Peuh !
Cette remarque eut pour effet de remuer Végéta. Il tourna enfin la tête vers Nappa avec un regard lourd de menaces, se leva d'une façon brusque et bouscula son coéquipier pour sortir dans le couloir. Avec une expression de franche incrédulité, Nappa le regarda partir avant de se mettre à sa poursuite.
Végéta marchait aussi vite que possible dans les boyaux labyrinthiques de la base militaire. Le regard fixé devant lui, absorbé par ses pensées, il ne prit pas la peine de saluer qui que ce soit et percuta même certains soldats se présentant en travers de sa route, sans daigner leur adresser un regard ou mot d’excuse, l'air profondément indifférent.
Nappa fermait sa marche, interrogeant du regard les soldats tombés à terre, et le rattrapa sans peine grâce à sa grande taille.
– Vé-Végéta, qu'est-ce que tu vas lui dire ? demanda-t-il, l'air inquiet.
– Que tu suces encore ton pouce pour t'endormir, répondit sèchement l'intéressé. Tu me gênes, retourne donc t'extasier sur le Commando Ginyu avec les autres débiles.
– N'oublie pas que Freezer se méfie encore, insista Nappa, indifférent aux piques lancées par Végéta. Il ne faudrait pas que tu...
– Je t'ai dit de partir !
– Mais... mais...
– Merde, Nappa !
Végéta s'était retourné, le poing enfoncé en plein dans l'abdomen de son second. Il aurait semblé très étrange, pour toute personne extérieure à la base militaire, qu'un soldat de si petite taille puisse se montrer aussi impérieux face à l'imposant Nappa. Plié en deux, et devant l'obstination de Végéta, celui-ci rendit les armes en étouffant un murmure plaintif.
Le prince continua son chemin seul. Il s’arrêta devant la porte numéro vingt et entra dès qu'il fut autorisé.
La porte se referma derrière lui. Le bourdonnement continuel de l'assaut spatial s'interrompit aussitôt. Il ne pouvait plus entendre aucun son provenant de l'extérieur, pas plus que les rumeurs des conversations qui habitaient en permanence les couloirs. Seul son cœur battait le rythme, dans une cadence glacée.
La pièce était toute petite et l'espace comprimé. La faible lueur bleue au plafond éclairant seule la scène ne contribuait pas à la rendre hospitalière. L'étroitesse décuplait la pression comme une étreinte invisible. Au bout de la salle, dos tourné, une petite créature assise dans un appareil suspendu à quelques centimètres du sol contemplait un écran géant. Végéta se crut un bref instant de retour face à son hublot : le poste numérique captait les images de la bataille du Commando Ginyu, mais sans aucun son, coupé par automatisme dès la fermeture de la porte d'entrée. Il écuma lorsqu'il vit que les soldats d'élite avaient forcé le vaisseau et le ravageaient de toutes parts à coups d'attaques énergétiques.
Le grincement de ses dents suffit pour que la créature devine sa présence. Elle se retourna pour lui faire face. Le soldat baissa la tête devant son chef dans un signe de soumission protocolaire, mais ne put s'empêcher de lui jeter un regard plein de mépris une fois qu'il l'eut relevée.
– Vous m'avez demandé, Maître Freezer, s'enquit-il la voix légèrement enrouée.
Il avala sa salive. Son acidité lui plomba l'estomac.
– Vous voilà enfin, soupira la créature. Sachez que vous venez de me faire perdre dix minutes, Végéta. Rattrapez ce retard au plus vite.
Le ton employé était sans équivoque.
– Pardonnez-moi si je vous ai fait attendre, dit Végéta sans le penser une seule seconde. Je serai bref : les habitants de Tycross avaient beau posséder une culture phénoménale, ils n'étaient pas du tout expérimentés en combat. Ça a été rapide, même pour Raditz. Nous n'avons gardé en vie que quelques scientifiques, comme ils semblaient susceptibles d'apporter leurs savoirs à votre service. Je pense qu'ils ont de quoi se nourrir suffisamment longtemps si jamais vous souhaitez les rencontrer avant d'estimer la valeur de cette planète.
– Parfait, c'est parfait, commenta Freezer d’un ton mielleux. Je partirai sur Tycross le vérifier moi-même une fois que le Commando Ginyu aura terminé sa mission… Vous recevrez votre solde selon l'intérêt que je porterai à leur vie. Vous pouvez disposer jusqu’à nouvel ordre.
Le guerrier salua de nouveau son maître et pivota afin de quitter la pièce. Le son réapparu soudainement à l’écran. Végéta stoppa sa marche, hésitant.
– Eh bien, allez-y, encouragea Freezer comme amusé, ou bien faut-il que je vous apprenne comment on ouvre une porte ?
Végéta sentit son cœur faire un saut périlleux dans sa poitrine. Ces paroles furent décisives. Les poings serrés, il se tourna à nouveau vers son supérieur.
– Maître, commença-t-il, tentant de conserver tant bien que mal le calme dans sa voix, il y a autre chose...
Freezer haussa d’un œil.
– Oh, vraiment ? Compte tenu des circonstances, je crains que votre temps ne soit compté. Vous disposez d'une minute.
Il appuya sur un bouton situé à l'intérieur de son appareil portatif et tout son se volatilisa à nouveau dans la salle. Le chiffre cinquante-neuf apparu en haut à droite de l'écran, puis un décompte s'entama sur-le-champ, cinquante-huit, cinquante-sept, cinquante-six... le temps dont bénéficiait Végéta. Freezer ne plaisantait pas. Cette façon de faire déplut fortement au soldat qui ne se sentit pas pris au sérieux.
– Pourquoi les avoir missionnés, eux ?! s'exclama-t-il en désignant l'écran géant d'un doigt accusateur. Je ne comprends pas ! Une élite comme moi aurait très bien pu convenir ! Mais non, pendant ce temps, vous préférez m'expédier sur Tycross, cette planète insignifiante...
Végéta voulut poursuivre mais il retint son souffle : l'air pincé de Freezer laissait supposer qu'il le considérait comme une mouche qui agace par ses bourdonnements importuns. Mais, contre toute attente, un rictus se forma finalement sur ses lèvres violettes.
– Une fois de plus vous me prouvez que votre stupide fierté Saïyenne vous aveugle, ricana-t-il. Parce que vous vous imaginez arriver à la cheville du Commando Ginyu, Végéta ? Je n'ai jamais rien entendu d'aussi ridicule !
– Tss ! Mon niveau va bien au-delà des lavettes qui m'entourent, protesta Végéta. Depuis quelques mois je sens comme de la réticence à me laisser exploiter mon potentiel ! C'est bien vrai, n'est-ce pas ? Qu'est que ça signifie, Maître ?
– Je vous aurais cru plus futé que ça, enchaîna Freezer, dont la grandiloquence empestait la fausseté. Vous n'espériez tout de même pas un traitement de faveur après ce qui s'est passé ?
Végéta jeta un coup d'œil nerveux en direction du décompte. Trente-deux, trente-et-un, trente...
- Ce qui s'est passé... répéta-t-il avec lenteur. Je vois... C'est à cause de cette histoire avec le Commando Ginyu, là ? Je vous l'ai dit, j'y étais uniquement pour vous prouver que je vaux tout autant que ce Guldo que vous venez d'engager, Maître (il força le terme plus que nécessaire). Je ne vois pas ce que je pourrais faire de plus pour vous convaincre.
– Ce n'est pas ce qui ressort chez Ginyu, tempéra Freezer en retrouvant un ton plus sérieux. Aucune preuve assez convaincante de votre implication ou innocence dans cette affaire de pillage ne m’a été donnée de leur côté comme du vôtre. Comment voulez-vous que je fasse ? Bien évidemment, je pourrais tout oublier en vous tuant sur-le-champ...
Il y eut un terrible silence. Végéta sentait à nouveau son cœur battre à tout rompre, sachant que toute intervention de sa part pouvait lui être fatale. Sa colère se transforma en frustration. Il se contenta de soutenir le regard de son maître, déterminé.
– Cependant je vous garde sous mes yeux le temps que cette affaire se règle. Et comme vous me l’affirmez de façon assez soutenue, vous êtes un bon élément. Vous perdre n’est pas encore dans mes objectifs. Mais si j'obtiens la preuve que vous y êtes pour quelque chose, n'ayez pas la folie d'attendre un miracle.
Le tyran fit une nouvelle pause, tout à son plaisir de regarder le corps de Végéta se parcourir de spasmes incontrôlés, puis il poursuivit :
– De plus, je remarque que contester mes ordres semble la seule chose que vous soyez capable de faire convenablement. Ce qui n'est pas à votre avantage.
Végéta lui lança un regard aussi hargneux que possible. Il sentit son sang circuler dans ses veines avec une rapidité affolante et il dut opérer de grands efforts pour retenir son envie de frapper, de réduire en miette cette vulgaire petite créature qui se tenait face à lui. Il pouvait toujours essayer, mais la vulgaire petite créature possédait une puissance jusqu'alors incomparable. Il le savait, tout ce qu'il arriverait à provoquer en agissant selon son penchant serait sa propre mort. Ironie du destin, lui qui avait été assuré dès sa naissance de devenir l'homme le plus puissant au monde... Et pourtant, vingt-cinq ans après, l'image renvoyée par chaque miroir lui rendait douloureusement compte d'un prince forcé à obéir tel un esclave. Un esclave appartenant à ce Freezer surpuissant. Ses lèvres se mirent à trembler. Avec ses deux acolytes Nappa et Raditz ils étaient les uniques représentants de la race Saïyenne. Si l'éradication de son peuple ne lui faisait ni chaud ni froid, Végéta s'était intimement persuadé d'une chose depuis son enfance : il était convaincu d'être le meilleur et se devait de travailler à le rester. Être un jour enfin en mesure d'affronter Freezer demeurait son plus grand, et plus vain espoir secret. Quelle joie d'imaginer ce que cela ferait, de satisfaire enfin son désir de vengeance pour toutes ces années d'humiliation, de soumission et d'oppression que sa monumentale dignité peinait à endurer...
Mais cet espoir était une chimère, rien de plus. Il s'était fait une raison. La force de Freezer était insurpassable, chaque année passée sous son commandement l'attestait comme un boomerang lancé dans le vide et revenant encore plus vif qu'il ne l'était auparavant. Affligé, Végéta se força à maîtriser son poing, machinalement serré, sur le point se d'abattre sur le visage de son maître. Freezer l'avait sûrement deviné, car il esquissa un sourire mesquin en toisant du regard le jeune Saïyen qui essayait de contrôler son tempérament agressif. Cette situation semblait le réjouir au plus haut point.
Zéro. Le décompte s'était arrêté. Dès lors retentit un « BIP BIP BIP » aigu, puis le chiffre disparut de l'écran tandis que les détonations énergétiques du Commando Ginyu refirent surface. Freezer ferma les yeux.
– Bon, dit-il après quelques secondes de réflexion, remerciez les prouesses du Commando Ginyu, je suis de bonne humeur. Si vous réussissez à accomplir la mission que je m’apprête à vous confier, peut-être envisagerai-je de réviser mon jugement.
Végéta tendit l’oreille, intrigué. Freezer jeta un coup d’œil furtif à l’écran géant et comme il n’y observa rien qui puisse l’intéresser dans l’immédiat, il appuya sur un nouveau bouton. La bataille spatiale s'éclipsa tout à coup pour laisser place à un clavier virtuel.
– Pour tout vous dire, je suis en pleine négociation avec des individus qui pourraient s'avérer très utiles, expliqua-t-il, ses mains s'agitant dans le vide au-dessus du clavier. Le genre d'individus qu'il me contrarierait beaucoup d'avoir à éliminer en cas de refus. J'envisage de les dompter en leur offrant la plus parfaite des planètes.
Les lettres « LONE N°IV » apparaissaient l'une après l'autre sur l'écran tout au long de son discours. Un programme qui s'apparentait à une espèce d'encyclopédie s'enclencha à leur suite : il aligna automatiquement la distance qui séparait cette planète de Freezer 74, décrivit le nombre de satellites dont elle était composée, ainsi que la température, suivit d'autres données d'ordre environnemental.
– Vous vous en doutez, mon choix s'est porté sur Lone n°IV, poursuivit Freezer. « Verdoyante et densément peuplée » selon nos informations, elle fera une très belle pièce de collection. Vous vous chargerez de me débarrasser des gêneurs. D'autre part, je compte sur votre discrétion, je ne veux personne au courant de tout cela. Pas même Nappa et Raditz, ajouta-t-il en se retournant vers Végéta avant que ce dernier ne puisse élever la voix, c'est un point extrêmement important et j'espère être bien clair. Après avoir réussi à soumettre Lone n°IV par vos propres moyens, et si elle convient, son prix vous reviendra. Vous retrouverez mon entière confiance et vous jugerai digne...
Freezer n'acheva pas sa phrase mais prit un air entendu. Il se contenta de pointer l'écran du doigt. Son sourire s’élargit.
– Vraiment ? s'étonna Végéta devant cet élan de gratitude. Je pourrai faire comme le Commando après ça ?
– Le Commando Ginyu, rectifia Freezer. Oui, en effet, vous pourrez. A condition que vous réussissiez ce petit test, ajouta-il avec un rire mielleux. A présent, disparaissez.
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Spoiler
Voilà donc pour ce premier chapitre. 0/
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