DBAF-Lamantin

Faîtes-nous partager votre fibre littéraire en écrivant votre propre histoire mettant en scène les personnages de Dragon Ball et, pourquoi pas, de nouveaux ! Seules les fanfictions textes figurent ici.

Re: DBAF-Lamantin

Messagepar omurah le Dim Mai 24, 2015 19:12

Tout comme Butterfly, moi je dis : need Baphasi XD
D'ailleurs la technique de la faire partir momentanément est pas mal du tout. J'ai été le premier étonné de l'attente que ça pouvait susciter chez nous. Rendre encore plus badass un personnage en le dégageant de l'histoire, fallait le faire.

J'aime bien le fait que même si les terriens n'apparaissent pas, il en soit fait mention par ci par là, c'est sympa ^^
Pour ce qui est de la seconde partie du chapitre, j'avoue avoir été assez perdu, ma faute certainement mais j'ai été un peu largué par les événements. ça se passe juste après l'incident diplomatique ou bien après ? Comment se fait-il qu'Ellac parle d'Abel comme s'il avait eu vent des agissements et donc de l'existence de ce dernier depuis longtemps alors qu'il semblait au chapitre précédent qu'il découvrait cette même existence en même temps que Nadil la révélait ?

Sinon ça reste un chapitre sympathique. J'aime de plus en plus Adjack. Tes personnages féminins en imposent souvent pas mal j'ai remarqué ^^
Et les manigances et deals, politiques ou pas, sont toujours aussi passionnants à suivre pour moi.
Hâte de voir la dégaine des "deux duellistes" !
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Re: DBAF-Lamantin

Messagepar Lamantin_Furtif le Lun Mai 25, 2015 22:41

Waaaah, je savais pas que vous aimiez autant Baphasi, moi. J'avaais peur de vous emm***** avec elle :shock:
C'est une bonne surprise en tout cas :D

Bah, mini-spoil à son sujet :
Spoiler
Vous n'allez pas la revoir tout de suite. :|



omurah a écrit:Pour ce qui est de la seconde partie du chapitre, j'avoue avoir été assez perdu, ma faute certainement mais j'ai été un peu largué par les événements. ça se passe juste après l'incident diplomatique ou bien après ? Comment se fait-il qu'Ellac parle d'Abel comme s'il avait eu vent des agissements et donc de l'existence de ce dernier depuis longtemps alors qu'il semblait au chapitre précédent qu'il découvrait cette même existence en même temps que Nadil la révélait ?


AAAAARGH
C'est décidé, j'arrête de poster à 2h du mat'.
C'était pas clair, et pour cause : j'avais zappé tout un paragraphe qui replaçait justement le contexte. Désolé tout le monde. :cry:
(deuxième paragraphe ddu chapitre 4, donc)

Bon, sinon, Abel est daans le Makaï depuis un petit siècle maintenant ; et ses agissements sont plus ou moins de notoriété publique. Ce qu'Ellac ne savait pas, en revanche, c'est que ce même nécromancien était planqué à cinq cent mètres de sa piaule, prêt à le vaporiser au moindre geste brusque, et ce depuis le début de la conversation.
Ce qu'il dit à Adjack ne fait pas référence à ce qui vient de se passer dans la tente, mais de la situation du makaï ces 100 dernières années.

Comme j'ai encore d'autres trucs à me faire pardonner : nouveau chapitre, avec plus de persos féminins et d'intrigues.





Chapitre 5 - Le Relai du Destin



    - Psychée. C'est moi. Il faut que tu m'écoutes.

Cela faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pas entendu cette voix. Il lui fallut plusieurs secondes pour se souvenir de son origine.

La silhouette se précisa en même temps que son environnement, alors que la mémoire lui revenait. Il se trouvaient dans un bar, toujours le même. La patronne était occupé à ranger des verres, et le seul autre membre du personnel passait un coup de chiffon sur la table. On était sûrement plusieurs heures avant l'ouverture, et, hormis un inconnu affalé sur le comptoir, aucun client n'était en vue. Le Relai du Destin n'était jamais fermé pour les mages.
Car l'autre silhouette en était un, lui aussi. Et sa figure se précisa alors même que cette pensée apparaissait dans l'esprit de Psychée. Il était grand, squelettique, son corps maigre noyé dans une robe d'un gris poussiéreux uniquement orné d'un I bleu-gris. Plus marquant était son visage. Pas de bouche, pas de nez sur cette face allongée. Seulement douze yeux sans paupières d'un noir uni qui ressortaient, symétriquement alignés sur une peau blanc craie. Les mains qui dépassaient de ses grandes manches comptaient chacune des dizaines de doigts fins à l'allure de griffes d'insectes qui battaient l'air en silence, et la robe, tombant au sol, laissait l'apparence de ses hypothétiques jambes à l'imagination, car aucun bruit de pas ne venait jamais accompagner ses déplacements, il était de toute évidence incapable d'émettre le moindre son et communiquait par télépathie. Tout dans l'apparence du premier mage était fondamentalement étranger.
Psychée, elle, semblait faire partie des meubles où qu'elle se trouve. Au milieu d'une foule animée, dans un petit village campagnard, ou même au fond de la vieille forêt perdue en montagne où elle avait élu domicile, cette petite femme approchant la soixantaine, dans sa robe simple et pratique était comme un point fixe commun à tous les contextes imaginables.

Tous sauf peut-être le "Relai du destin". Ce bar n'était en adéquation avec rien de connu. Même pas avec lui-même. Chaque élément de décoration semblait avoir été emprunté à un contexte radicalement différent : on trouvait un siège à antigravité à côté d'un tabouret en paille, des fauteuils dignes de châteaux baroques faisaient face à des banquettes trouées sans doute empruntées à une rame de métro, par-dessus des tables qui n'était parfois rien d'autre qu'un menhir allongé à même le parquet ; parquet qui virait similairement de la terre battue, au béton ou aux pavés selon l'endroit des deux grandes salles où l'on se trouvait. Le toit culminait à la hauteur ridicule de quatre mètres, et les étagères où la quantité incroyable de boissons dont disposait le bar étaient stockées montaient jusqu'au sommet. Juste entre le lampadaire et le porte-torche, un immense crocodile empaillé pendait du plafond, éternelle source de questionnement pour l'intégralité de la clientèle, et, disait-on, la patronne elle-même. Tout le monde le surnommait Dandy, et la rumeur voulait qu'il parlât aux buveurs ayant consommé une certaine combinaison de cocktails à la suite.
Les rumeurs sur le bar étaient légion. Après tout, les serveurs ne pouvaient pas tous avoir la même souris blanche cachée dans leurs cheveux. Et si oui, comment passait-elle d'une tête à l'autre sans que personne ne voie rien ? Et, en plus d'un million d'années, les travaux dans les toilettes des hommes auraient dû être achevés.

Le contenu véritable de la bouteille d'absinthe étiquetée "Bingo Destructeur" sur le comptoir (et qui n'était de toute évidence pas de l'absinthe, vu que la dernière personne à avoir insisté pour en consommer avait fondue), la raison de la présence d'une pièce de monnaie scotchée sous l'un des verres et que personne n'avait encore eu le courage de décoller, l'existence hypothétique d'un troisième étage où serait séquestré le véritable propriétaire du bar, et enfin l'identité de l' ivrogne endormi sur le zinc qu'on aurait cru mort sans ses ronflements... Tous ces détails avaient donné naissance à de véritables légendes parmi cette clientèle très particulière.

Une clientèle régulièrement renouvelée. L'établissement n'était pas simplement localisé à une adresse précise, cela aurait été beaucoup trop simple. On pouvait y accéder par pratiquement n'importe quel endroit doté d'une porte, pour peu qu'on prenne la peine de l'ouvrir, et que l'équation incompréhensible à forte composante aléatoire régissant les apparions du "Relai du Destin" soit favorable. Le consentement du futur consommateur n'entrait pas en ligne de compte. Si la large majorité des clients ne retrouvait jamais l'entrée du bar, quelques-uns avaient déterminé une série de techniques empiriques censées leur assurer un accès plus ou moins fiable, et il arrivait même parfois que cela fonctionne. Selon une autre théorie, le Relai choisissait lui-même ses habitués.

Le "Relai du Destin", en somme, était à l'univers ce que la division par zéro est aux mathématiques. Pour y comprendre quelque chose, mieux valait regarder ailleurs.


Psychée était à présent bien consciente que tout ceci n'était qu'un rêve, mais il n'était même pas impossible qu'elle soit effectivement dans le véritable relai... Ceci, toutefois, ne lui troubla pas l'esprit bien longtemps. Les apparitions de son maître étaient suffisamment rares pour qu'elle ne perde pas de temps avec des considérations extérieures, surtout quand elles n'avaient aucune chance d'aboutir sur quoi que ce soit de concret.

Les douze yeux de Primus continuaient de la dévisager jusqu'à ce qu'il soit certain de monopoliser l'attention de Psychée. Elle avait toujours trouvé amusant que le premier mage et le second représentent directement les deux extrêmes de puissances dans leur ordre. Amusant et déprimant, d'une certaine manière. Il était évident que la seule raison à sa présence dans cette élite était sa réceptivité exceptionnelle aux apparitions de Primus. Cela faisait d'elle le membre le plus important, en tant que lien principal avec la raison leur existence, se réconfortait-elle. Mais l'amertume était toujours là.

    - C'est l'une des dernières fois que tu me verras. La Singularité approche. Il est temps d'agir pour les mages.

Psychée le fixa, interdite. Que disait-il au juste ? Les fantômes projetés dans le futur par le premier mage manquaient souvent de capacités à s'adapter aux imprévus, mais se pouvait-il que les visions de Primus aient raté un événement aussi important que la chute de leur ordre ? Pourtant il lui était apparu à trois reprises, depuis. Et tout avait laissé penser qu'il était plus ou moins conscient de la situation.

    - Maître, je suis la seule qui reste. Les Dieux nous ont tous exterminés.

Tous sauf elle... Encore un cadeau de sa ridicule faiblesse. Les dieux n'avaient même pas jugé nécessaire de l'exécuter... Et d'une certaine manière, c'était justifié. Elle n'était ni assez puissante ni assez acharnée pour les attaquer. La projection la rassura en dodelinant doucement de la tête.

    - Je me suis arrangé pour ramener Abel, il se chargera tout seul de ressusciter l'ordre. Les Dieux devraient être trop affaiblis pour poser le moindre problème à présent.

Le deuxième mage mit quelques secondes à rassembler les pièces du puzzle.

    - Vous voulez dire que... Bibidi ?

    - Naturellement. Un seul petit madoshi n'aurait jamais pu créer une arme aussi dévastatrice que Boo sans aide. Il a fallu que je lui en donne un peu.

Psychée était choquée. Elle avait assisté de loin à l'abominable massacre qui avait suivi la libération de Boo sur l'univers, au désespoir de toute la civilisation intergalactique, à la cruauté mesquine du madoshi qui en avait le contrôle... Et son maître venait de lui annoncer qu'il avait encouragé tout cela ? Pire : qu'il l'avait permis ?
Une accélération du mouvement des doigts de Primus indiqua son agacement au fur et à mesure qu'il lisait les pensées de son élève.

    - La singularité est en route, Psychée. Il y aura des morts. La question est de savoir s'il restera des survivants. Je pensais qu'après toutes ces années, tu aurais gagné du recul, tâche de ne pas me décevoir.

Elle aurait pu se rebeller, lui briser un siège sur le visage, se réveiller et se couper à ses visions. Le premier mage était déjà mort depuis une éternité lorsqu'elle avait entrepris de fonder l'ordre, selon ses instructions. Il ne pouvait guère agir qu'en lui apparaissant à elle ou à d'autres sorciers, et en priant pour qu'ils acceptent de lui obéir.
Il avait été tout-puissant, et la précédente singularité n'avait laissé de lui qu'une silhouette et des intentions. Quel espoir avaient de simples mortels ? Quel espoir avait-elle ?
Comme un automate trop fait à sa tâche pour s'en détacher, elle se plia aux ordres du fantôme comme elle l'avait fait toute sa vie. Une trop longue vie, elle s'en rendait compte à présent. Personne ne devrait pouvoir passer l'éponge sur le sacrifice de milliards d'innocents, comme elle venait de le faire. Et pourtant...

Primus dut détecter son abandon. Comme à son habitude, il ne se gênait pas pour lire les pensées de ses interlocuteurs.

    - Bien. Je savais que tu comprendrais. Tu as toujours été la plus raisonnable, c'est ce que j'apprécie chez toi.

    - Je dois aider Abel ?

    - Oh, non. Ce garçon est débrouillard. Il doit déjà être en train de se trouver le l'aide lui-même. Je veux que tu comprennes ce qui entraînera la singularité. Quoi que ce soit, ça ne peut sûrement plus se cacher, maintenant. Les pièces sont en place, "ça" va devoir tendre le bras pour les manipuler. Et à ce moment, tu l'identifieras.

Une lueur d'espoir traversa le visage ridé de Psychée.

    - Vous voulez empêcher la singularité ?

Les mouvements de doigts se firent plus rapides.

    - Non. Bien sûr que non. On ne peut pas l'empêcher. Mais nous allons nous assurer qu'elle se déroule selon nos conditions, et piéger la monstruosité qui l'a entraînée. D'ailleurs, à propos de pièges, je te conseille de commencer tout de suite. Les Kaïoshins devraient bientôt t'envoyer de la visite.

Il ne manquait plus que ça... Psychée assimila l’information dans un long soupir. Elle n'avait pas eu à agir de la sorte depuis beaucoup trop longtemps.

    - Très bien. Vous me conseillez de commencer par où ?

    - Et bien... Pourquoi ne pas demander son avis à quelqu'un qui a déjà survécu à une singularité, justement ?
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Re: DBAF-Lamantin

Messagepar ButterflyAway le Mar Mai 26, 2015 23:39

OK, donc voilà le résultat de nos pérégrinations sur le tchat à chercher un nom pour ton bar "mobile". Le résultat en vaut la chandelle : maintenant que je me suis essayée au style Pratchett, je ressens d'autant plus son influence dans ta façon de raconter et décrire. Notamment dans la déco improbable du lieu qui mélange tous les styles, des associations improbables et fantaisistes. L'histoire des mages aussi, j'ai direct pensé à Rincevent.

En tout cas, je pense pas surprendre en disant que j'aime ce genre d'ambiance. Et que du coup, j'ai aimé le chapitre.

Mon point noir serait l'appellation "Psychée" qui sonne cliché. Mais bon, voilà quoi, faible point noir dans un océan de lumière.

Dernière remarque, j'avais proposé de l'absinthe un peu par hasard dans les boissons servies par le bar, mais si on s'y connait un peu, on sait que cet alcool était longtemps considéré comme vecteur de folie, et je trouve que tu as vraiment bien fait de l'insérer dans ton texte par rapport au bar "mobile" que tu as créé, car ce dernier apparaît et disparait tel un rêve, un truc surréaliste, en somme. Disons que ça donne encore plus de cachet.
Et sachant qu'au final des gens ont fini intoxiqués à cause de la fée verte, l'appellation "destructeur" est carrément légitime en plus du clin d’œil. :P
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Re: DBAF-Lamantin

Messagepar omurah le Jeu Mai 28, 2015 12:41

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Re: DBAF-Lamantin

Messagepar niicfromlozane le Jeu Mai 28, 2015 21:37

Cette image est parfaite, omurah. Juste parfaite.
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Re: DBAF-Lamantin

Messagepar Lamantin_Furtif le Dim Août 09, 2015 18:37

Yosh, nouveau chapitre. Pile à l'heure, voilà voilà. C'était pour vous laisser le temps de digérer les chaps précédents en vrai.

:oops:

Désolé du temps d'attente. J'étais pris par un très long chapitre qui n'est finalement pas celui-ci, mais surement le prochain.

Merci pour vos commentaires positifs, j'apprécie beaucoup !

Allez, place au texte, et à la prochaine ère géologique pour la suite :) :


Chapitre 6 - éveil



Le sol de la salle de l'esprit et du temps se disloqua encore une fois, et, avant que les débris immaculés n'aient eu le temps de percuter le sol, Boo l'avait quitté pour reprendre son ballet aérien. Les deux silhouettes fendaient l'air à une telle vélocité qu'un observateur extérieur n'aurait eu que les déflagrations successives et les nombreux bangs supersoniques comme témoin de l'existence du duel.

Le nouveau Dieu de la terre ne retenait pas ses coups, sous peine d'être immédiatement surpassé par son jeune partenaire d'entraînement. La notion d'entraînement n'était de toute façons pas entièrement assimilée par le sayen qui venait de le projeter.

À quelques mètres de lui, Son Goujin reprenait lentement son souffle. Son visage si jeune restait figé en un rictus concentré, ses yeux de ce vert luminescent inimitable étaient écarquillés, attentifs à la moindre ouverture dans la garde de Boo, et tout son corps tendu comme une balle dans un canon. Son kimono, réduit en lambeaux tout autours de son bras gauche dévoilait une musculature dont le détail jurait avec les traits juvéniles de l'adolescent. Il n'était pas bien grand : tout au plus mesurait-il un mètre soixante-quinze ; et il ne se démarquait ni par son charisme (ses traits tout à fit banals complétaient un naturel placide et rêveur), ni par son intelligence (il ne montrait pas de prédispositions pour quoi que ce soit qu'on ait tenté de lui enseigner jusque-là). Au combat, cependant... C'était bien le seul domaine où il s'épanouissait. Ses parents devaient souvent le chercher eux-même lorsqu'il séchait les cours pour aller méditer quelque part dans les montagnes, et la Capsule Corp tombait petit à petit à court d'explications fallacieuses pour justifier aux yeux des envoyés gouvernementaux les explosions répétés entendues dans la salle à hypergravité, ainsi que le flux quasi-ininterrompu de débris de robots de combat qui débouchait dans leurs poubelles. Les autorités scientifiques avaient fini par poser des questions précises au sujet des flash dorés qui éclataient à horaires régulières dans la haute atmosphère, et la vidéo devenue virale d'un garçon en lévitation irradiant la lumière au beau milieu d'un désert rocheux pris d'inexplicables secousses sismiques avait définitivement confiné les entraînements compulsifs de Goujin à la salle de l'esprit et du temps.

On avait tout de suite reconnu en lui le digne héritier de Son Goku. À dix ans, il était transformé et surpassait sa mère en duel. À treize ans, il était, seul, parvenu à trouver en lui la rage nécessaire à l'accès au second stade de super sayen. Il avait quinze ans, maintenant. Sa maîtrise de ce niveau était devenue quasi-irréprochable, et Boo guettait avec un mélange de fierté et d'anxiété le moment où il parviendrait à l'aboutissement logique de cette quête de puissance. En l'état, le jeune sayen était un adversaire de taille. La transformation suivante le placerait sans le moindre doute au-dessus du Dieu de la terre...
Boo ne parvenait pas à l'envisager sans appréhension, néanmoins. Si leur enthousiasme au combat et leur talent inné dans ce domaine les rapprochait, Goku et Goujin étaient comme le soleil et la lune. L'un ne faisait que renvoyer la lumière de l'autre, en la teintant d'un éclat sinistre et inquiétant qui, au lieu d'illuminer le monde, en étirait les ombres en des formes indiscernables et inquiétantes. Goku n'était pas que le combat : il était la bonté, la joie de vivre et surtout l'espoir face aux monstres pour qui il était comme un phare dans la nuit. Goujin n'avait pas de montres auxquels s'opposer, lui. Et Boo ne parvenait pas à occulter la possibilité que le jeune génie du combat vienne lui-même prendre cette place laissée vacante.

Lorsque lui, Dieu de la terre, ne parviendrait plus à canaliser cette énergie débordante, qui prendrait la relève ?


Dès que le le djinn se remit en position, Goujin reprit son mouvement, comme un film temporairement mis sur pause, totalement ignorant de son état passager d'immobilité. Il n'était que mouvement. Il n'était que combat. Un vrai Sayen.


La porte de la salle restait ouverte, mais il restait difficile, même pour ces êtres aux capacités de perception exceptionnelles, de percevoir les mouvements l'énergie à l'extérieur. Il en allait ainsi des dimensions de poche. L'essentiel de l'esprit de Boo était consacré à contrer la série de coups de poing que son adversaire lui dédiait, mais le reste de son attention demeurait mécontente de cette isolation. Il n'aimait pas rester éloigné de son domaine, même pour quelques minutes, même s'il était déjà gardé par une horde des meilleurs combattants de l'univers, même s'il aurait accès à l'aide combinée de Namek et du Kaïoshinkaï au moindre souci. Quelque chose en lui était mal à l'aise à cette idée. Ce « quelque chose » avait un nom, et une fonction. L'identifier lui avait pris trop longtemps, se rendait-il compte. Avait-il été éclairé ou troublé par le fait que cette identité se soit manifesté en son sein même ? Aujourd'hui encore, Boo n'aurait su y répondre.


Le gros génie idiot et insouciant qui était rentré du Kaïoshinkaï après la défaite de sa version maléfique n'avait pas longtemps gardé son état. L'évolution avait été subtile et s'était étalée sur une trentaine d'année, mais la stratégie de l'ancien Kaïoshin suprême s'était bientôt dévoilée au grand jour. Boo avait gagné en sagesse, en maturité et en intelligence, et le temps auparavant consacré à s'empiffrer de sucreries était maintenant passé à veiller sur la terre et ses habitants. Ce Boo-là, Bibidi aurait été bien en peine de le contrôler. La part divine de son esprit avait étouffé ce qui subsistait de vice dans la part originelle, et l'esprit supérieur du Kaïoshin avait pris le pas sur celui, limité, de l'arme vivante. Ce n'était pas une résurrection de l'ancienne divinité, ni simplement l'altération de personnalité qui survenait à chaque fusion de Boo... C'était une capsule de colorant divin introduite clandestinement dans une lessive de blanc.
Dendé, reconnaissant là un meilleur gardien pour la terre qu'il ne serait jamais, avait pris sa retraite sur Namek, laissant derrière lui les Dragon Balls, et l'état de la terre témoignait à lui seul de l'écart de compétence entre lui et son successeur.

Le monde prospérait comme jamais auparavant. Les gouvernements étaient subtilement remis dans le droit chemin à la moindre dérive, le potentiel destructeur des sayens savamment canalisé, et les autorités religieuses adoucies jusqu'à ne plus causer de tracas qu'en des cas tout à fait exceptionnels, et, même en ces temps de troubles politiques, les explosions de violence avaient été avortées. Boo veillait sur le monde comme jamais on n'avait veillé sur lui. Comme seul un Kaïoshin pouvait veiller. Et, si il ne faisait aucun doute à présent que Goujin serait son plus grand défi à relever, il restait confiant dans sa capacité à éviter la catastrophe.


Un kikoha assez puissant pour évaporer un petit continent venait de passer à deux centimètres de son crâne lorsque la silhouette noire de Mr Popo se détacha sur le sol blanc de la salle de l'esprit et du temps. Son état de panique était évident, et Boo s'arrêta dans l'entraînement pour lui consacrer immédiatement toute son attention, alors que l'explosion monumentale de l'attaque énergétique retentissait au loin.. Il fut puni de sa distraction par une savante suite de prises qui n'auraient pas laissé de place à la moindre riposte si tentatives de riposte il y avait eu.



Goujin mit plusieurs secondes à réaliser que Popo était intervenu et que le combat était, par conséquent, terminé. Il s'éloigna de son partenaire, et se métamorphosa. Littéralement. La perte du super-sayen n'était paradoxalement pas la part marquante de cette évolution instantanée.

En même temps que ses cheveux perdirent de leur raideur pour s'aplatir en une touffe brun sombre sans forme ni identité propre, l'éclat de vigilance farouche quitta ses yeux, et les deux iris marron qui remplacèrent le vert dans ses orbites se perdirent au loin, déconnectés du monde et du combat. Toute l'énergie et la violence de son corps surpuissant s'étaient évaporées en même temps que le besoin de les invoquer. De survolté, il était devenu fatigué, un instant passionné, il s'était lassé, terrifiant, il était maintenant minable.

Le menton relâché de Goujin inclina un signe d'excuse envers Boo, et ses deux pupilles vides fixèrent un point au-delà de Mr Popo.

Ayant enfin capté l'attention des deux êtres, le serviteur fit tout de suite part du problème :


« On a un gros problème, monsieur. Il est passé à l'action. »



*******

C'était une sorte de chalet.

Ses paupières battirent plusieurs fois, alors que son esprit blanc dessinait progressivement des formes en nuances de gris. Il fallait remettre un concept et un mot sur chaque chose.
Un lit, par exemple. C'était doux, chaud, agréable. C'était là qu'elle se trouvait. Il était si confortable... On pourrait souhaiter y rester endormi pour l'éternité.
Et elle était si fatiguée...



Elle revint du sommeil l'esprit plus clair. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre que ce qui crépitait à l'autre bout de la pièce était un feu dans une... Cheminée. Oui, c'était cela. Il fallait ajouter du combustible ou il s'éteindrait. Prise du besoin impérieux de remplir cette première mission qu'elle parvenait à saisir, elle mit plusieurs minutes à reprendre le contrôle de ses membres. Lorsqu'elle retrouva enfin comment mouvoir son bras gauche, elle ne contracta que le triceps, et à peu près aussi brutalement que possible, récupérant au passage un nouveau concept : la douleur. Elle laissa échapper un cri, pour se rendre compte que le son était étouffé par le dispositif qui recouvrait son visage et sa poitrine, se soulevant et s'abaissant en rythme lent, forçant une circulation d'air dans ses poumons. Elle tenta brièvement de le diriger, mais l'intuition lui vint qu'il ne faisait pas partie d'elle. Elle tenta de l'arracher à l'aide de son bras nouvellement acquis, mais sans succès. L'effort lui fit tourner la tête, et du coin de l’œil, elle capta des traces rouges brunâtres qui salissaient les draps et ses membres.

Du sang.
C'était mauvais.
Mais il ne lui restait pas la force de s'agiter davantage, et le sommeil reprit ses droits.



Dans son rêve, elle volait. Où, c'était encore flou, mais il lui semblait pouvoir aller où elle le désirerait, qu'elle était libre. D'autres, comme elle, voltigeaient aux alentours. Ils allaient toujours plus vite, toujours plus adroits, virevoltant entre les jambes d'êtres immenses, trop balourds et lents pour seulement les remarquer. La sensation de liberté était grisante, mais soudain, alors qu'ils étaient plus rapides que jamais, une ombre s'abattit sur eux, et elle se réveilla en sueur.

Il y avait un visage, cette fois-ci. Un visage qu'elle connaissait. Un ami. Sa peau à lui était brune, ses cheveux aussi noirs que les siens étaient blonds, et ses yeux d'un jaune-orangé qui firent bouillir son subconscient, mais rien de précis ne remonta.

Les anneaux de sa barbe tintèrent alors qu'il prenait place à côté du lit, sûrement sur une chaise. Il articula plusieurs phrases, mais les mots rebondissaient dans son crâne sans qu'elle ne parvienne à leur donner un sens. À l'exception d'un seul.

Lucie.


Et alors, tout devint plus clair.
Dernière édition par Lamantin_Furtif le Dim Nov 05, 2017 23:43, édité 2 fois.
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Re: DBAF-Lamantin

Messagepar Lamantin_Furtif le Lun Août 17, 2015 18:13

Bon, le fameux chapitre qui m'a pris un truc comme trois mois est là.

Un grand merci à Niic qui en a corrigé un bon tier, et bonne lecture à ceux qui sont encore là.


Chapitre 7 - Nouveau monde, nouveaux héros




Les deux vieux maîtres se tenaient sur une falaise qui leur donnait une vue dégagée sur la forteresse militaire qui se dressait en face d'eux. Il était impossible d'en avoir une vue en plongée : les constructeurs avaient pris soin d'assurer une position dominante sur le territoire montagneux, tout en conservant une bonne accessibilité via la route qui rejoignait une des entrées, plus bas. En cette journée de printemps ensoleillée, l'endroit paraissait presque accueillant, malgré tous les efforts des remparts de béton, des barbelés, des fils électriques et des miradors.
Paradoxalement, malgré les blindés, les soldats et les exo-armures qui patrouillaient, ainsi que tout ce qu'il savait au sujet des plans qui se tramaient dans ce repaire, l'attention du maître des tortues était focalisée sur le drapeau rouge orné de deux initiales qui flottait fièrement, sur le quartier général.

    - Ruban rouge... Il se fout de nous...

Tien Shin Han retint son vieil ami par l'épaule, dans un geste d'apaisement forcé. La rage qui brûlait dans ses trois yeux surpassait encore celle de Krilin.


Si le nouveau maître des tortues avait choisi de porter la barbe en hommage à son prédécesseur, préférant tout de même le kimono aux chemises à fleur, Tien n'avait gagné que quelques rides depuis l'époque où il avait combattu pour la terre aux côtés de Son Goku. Son corps, à présent sec et veiné était resté au maximum de ses capacités, fort de la résistance à l'âge que les secrets des grues lui avaient apportée.

Krilin aurait bien voulu pouvoir en dire autant, mais il n'avait pas l'assiduité et la volonté de fer de son collègue : il n'aurait pas pu tenir tête une seconde au Krilin qui, sur Namek, avait fait saigner le seigneur de l'univers, ou à celui qui avait, sur un coup de tête, décidé d'épargner une cyborgs et mis en danger toute l'humanité. Il avait perdu en carrure, en assurance, et commençait à accumuler une petite bedaine à force de se tourner les pouces à la Kame House. Les quelques courageux artistes martiaux qui parvenaient jusqu'à chez lui pour demander son entraînement n'étaient jamais assez doués pour le pousser à combattre sérieusement.



Enfin, presque jamais. Lorsque le jeune homme répondant au nom de Derek avait toqué à sa porte, sans autre équipement que son kimono trempé après avoir parcouru les kilomètres entre son île et la côte la plus proche à la nage, Krilin avait eu une vision de sa propre arrivée, des décennies plus tôt, lorsqu'il était venu recevoir l'enseignement du maître des tortues.

Cependant Derek s'était tout-de-suite avéré bien plus doué que lui. Il avait mémorisé les techniques en temps record, et, après que Krilin l'eut aidé à perfectionner ce don, il avait pu rejoindre le cercle très restreint des experts en arts martiaux capables de reproduire une technique à l'identique en une seule observation, voire de la perfectionner. À ce rythme Krilin ne mit qu'un an et demi à lui enseigner tout ce qu'il savait, et décida de le présenter au seul autre humain doté de si impressionnantes capacités d'imitation.


*******

Les moines de la grue, ordre fondé en l'an 771 par Tien Shin Han et Chaozu, formaient alors une petite communauté vivant en autarcie dans une douzaine de monastères éparpillés sur une chaîne de montagne de l'état ouest. Chaque monastère était plus élevé, froid et difficile d'accès que le précédent, et la suite d'entraînements physiques et mentaux nécessaires pour passer les tests successifs autorisant l'accès au neuvième, où les novices étaient jugés dignes ou non de devenir des moines des grues, prenait une bonne quinzaine d'années même aux plus doués. Pour ces raisons, le premier monastère, situé dans une petite ville de la vallée en contrebas n'acceptait habituellement pas les nouveaux disciples après leurs douze ans. Il fallut que Krilin use de toute sa persuasion pour les convaincre de laisser un jeune homme de dix-neuf ans tenter sa chance. Personne ne le pensait vraiment capable d'intérioriser les préceptes des grues en si peu de temps, sans parler de maîtriser les techniques de chaque sanctuaire pour monter en grade.


La trentaine de moines habitant le premier sanctuaire enseignait aux disciples la maîtrise de leur énergie interne, le maniement et l'histoire du ki. Il s'avéra que, grâce aux leçons de Krilin, Derek n'avait rien à envier à ses professeurs à ce sujet, et il fallut deux jours pour les convaincre de le laisser immédiatement rejoindre le second sanctuaire.

Celui-ci, situé en forêt, ne pouvait être quitté qu'à condition que le disciple parvienne à réaliser une série d'épreuves physiques privé successivement des sens les plus utiles à l'expérience. Le degré d'attention extrême requis bloquait la plupart des disciples pendant quatre à cinq ans. Derek mit presque un an à s'habituer à la nature de l'épreuve, et, après qu'il ait réussi à enfermer douze papillons de nuit dans un bocal sans en blesser un seul, et en les repérant uniquement grâce à leur ki, l'accès au troisième sanctuaire lui fut accordé.

Le troisième sanctuaire était le dernier accessible au public, pour la simple et bonne raison qu'aucune route ne menait au quatrième. Au bout d'un mois de méditation et d'errance autours des lacs glacés, Derek parvint finalement à maîtriser l'arcane légendaire qui lui débloquerait l'accès au sanctuaire suivant : La Danse de l'Air.

Le tour de force épuisant représenté par le vol jusqu'au quatrième point servait d'échauffement pour la technique que devaient y apprendre les disciples : le Dodompa. Si Derek, déjà détenteur du Kamehameha se trouvait ici en terrain connu, il lui fallut deux jours pour en saisir toutes les subtilités, sous les yeux médusés d'initiés qui y échouaient depuis plus d'un an pour certains.

Le cinquième sanctuaire n'était occupé que par cinq moines, car l'essentiel de l'entraînement s'y faisait en compagnie d'animaux. On y apprenait que, si seuls les humains correctement entraînés le faisaient de manière consciente, toutes les créatures vivantes percevaient en réalité le ki. Sa modulation pouvait permettre de se fondre dans une population ou d'influencer ses interlocuteurs de manière insoupçonnable et terriblement efficace. Le concept était nouveau pour Derek, et il lui fallut la durée traditionnelle de deux ans avant de pouvoir s'intégrer aux vols d'oiseaux migrateurs comme s'il était l'un des leurs, et de partager la chasse d'une meute de loups dont il était devenu un membre à part entière.

Le sixième sanctuaire était en vue du septième, et peuplé seulement de quatre disciples laissés à eux-mêmes, séparés de l'étape suivante de leur formation par une simple porte. Porte dont chaque battant pesait quatre tonnes. Deux mois après l'arrivée de Derek, ils s'ouvraient pour le laisser passer.

Le septième sanctuaire enseignait l'endurcissement de la chair à ses disciples. Le ki, parfaitement maîtrisé à ce stade, devait imprégner les fibres osseuses et musculaires avec une précision, une efficacité et une souplesse qui décuplerait l'efficacité de la puissance gagnée à l'étape précédente. L'ancien élève de Krilin crut halluciner lorsqu'on lui demanda avec un sérieux inébranlable de réduire en miettes une balle de fusil de précision tirée vers lui d'une direction inconnue, avant qu'elle ne l'atteigne, ce avec un seul doigt et sans l'aide de kikohas. Neuf semaines -dont deux de convalescence- plus tard, il quittait ce sanctuaire en se jurant de ne plus jamais y remettre les pieds.

Ce n'était qu'à partir du huitième sanctuaire que les disciples étaient jugés aptes à apprendre l'art du combat des grues. Derek, sûr de la force prodiguée par l'entraînement des tortues, reçut une série de corrections de la part des treize maîtres du monastère qui lui remirent les idées en place. Lorsqu'il parvint à faire chuter l'un d'entre eux au sol sur le tatami sans qu'un seul des disciples postés à quatre cent mètres du dojo ne puisse deviner que le combat avait commencé, il fut jugé digne de quitter le sanctuaire.

Au neuvième sanctuaire, il fit la connaissance de l'un des fondateurs de l'ordre : Chaozu. Derek avait toujours cru que les histoires au sujet des pouvoirs magiques des moines de la grue n'étaient qu'une légende urbaine, mais il fut bien forcé de reconnaître que non. Surmonter son incrédulité fut l'étape la plus aisée. Mais les difficultés et le sentiment d'inefficacité endurés pendant l'année qu'il passa au huitième sanctuaire disparurent d'un seul coup lorsqu'il put contacter son ancien maître, à un continent de lui, usant du formidable nouvel outil qu'était la télépathie, pour lui annoncer qu'il était enfin devenu un moine des grues.


La réputation du dixième sanctuaire était si affreuse que la plupart des initiés, une fois intégrés, mettaient fin à leur parcours initiatique et commençaient leur vie de moine au service de l'ordre.

Derek n'était pas comme la plupart des moines. Personne n'avait jamais franchi les sanctuaires aussi rapidement que lui, et il comptait bien les enchaîner jusqu'au tout dernier.

Il eut l'occasion de s'en mordre les doigts. Au dixième sanctuaire l'attendait Jade Maryam, une grande femme basanée aux yeux verts et au crâne rasé, apparemment la dernière initiée à avoir atteint le treizième sanctuaire. Si cela était exact, cependant, elle conservait une fraîcheur physique indécente pour une personne âgée de quarante-six ans. Mais plus dérangeant encore était le fait qu'elle arborât un œil au milieu du front, en plus des deux normalement positionnés.
Cela, cependant, passa rapidement en arrière-plan. Franchir le sanctuaire nécessitait de traverser le long couloir qui constituait l'essentiel du bâtiment, en tenant quatre lourds calices remplis à raz-bord sans en renverser une goutte. Manœuvre parfaitement irréalisable à moins d'avoir quatre bras.

Rien n'aurait pu préparer Derek au degré de tolérance à la douleur nécessaire à l'application de cette technique. Il faillit renoncer trois fois, se reprenant de justesse, au bord des larmes, sous le triple regard impitoyable de son enseignante. Même lorsqu'il s'était cru définitivement insensibilisé après avoir passé deux jours et deux nuits le corps percé de part en part par des aiguilles de métal, il n'avait pas réussi à faire entièrement pousser le quatrième bras. Et l'entraînement avait repris, inlassablement.

Au bout d'un mois de ce régime, il eut enfin la satisfaction de voir une expression de sincère admiration percer sous le masque de sévérité de son entraîneuse, lorsqu'il franchit la moitié du couloir avec les quatre calices dans les mains. Mais, à une trentaine de mètres de l'arrivée, il tressaillit sous un pic de douleur en provenance de ses omoplates, et renversa quelques gouttes. Il lui fallut mobiliser toute sa maîtrise de lui-même pour ne pas perdre son calme, mais Jade le soutint sur le retours et, deux jours plus tard, il réitérait l'expérience avec succès.


Le onzième sanctuaire était un labyrinthe interminable creusé dans la montagne, bardé de pièges et de mécanismes complexes et ingénieux qui nécessitaient invariablement la coopération de plusieurs personnes pour être franchis. Habitué à la manière de penser du maître des grues, Derek ne fut pas surpris quand Jade lui annonça qu'il devait le franchir seul et sans aide. Commença alors l'assimilation de la onzième arcane des grues : l'ubiquité, développée par maître Tien lui-même dans sa jeunesse.

Isolé à deux mille mètres d'altitude dans une cabane qu'on alimentait régulièrement en nourriture et en chauffage, Derek perdit la notion du temps, intoxiqué par des vapeurs d'opium et d'encens, et assisté télépathiquement de jour comme de nuit par une Jade assidue, afin de parvenir à la séparation de son esprit. Ce ne fut cependant qu'en tentant de faire sortir simultanément les deux corps du cabanon qu'il saisit la véritable difficulté de cette technique, s’emmêlant les membres dans des mouvements décousus et désorientés qui prenaient une incarnation pour l'autre.


La mise en application des enseignements acquis au cours des dernières années lui permit, après des jours de méditation et d'entraînement basique, de franchir enfin les premières épreuves du labyrinthe. Puis elles se complexifièrent. Il lui fallut quatre versions de lui-même, et les efforts demandés étaient toujours plus durs et précis. Alors il devait retourner s'entraîner, maîtriser ses bases jusqu'à ne plus confondre un double avec un autre, retrouver la clarté dans ses visions... Lentement mais sûrement, il avançait.

Et enfin, il parvint à la dernière salle. Ou les huit dernières salles, pour être exact. Dans chacune d'entre elles, une Jade l'attendait. Ce fut la première fois qu'il l'affronta, et, à leur surprise à tous les deux, trois de ses versions eurent le dessus. Faire mordre trois fois la poussière à son entraîneuse était loin d'être indispensable au passage au sanctuaire suivant, mais cela le rassura sur ses chances de réussite à l'épreuve qui l'attendait.

Grave erreur.

Rien n'aurait pu le préparer à ce qui l'attendrait dans le douzième sanctuaire.


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À son entrée, deux autres moines glabres dotés du troisième œil l'attendaient. Des clairvoyants : l'élite de l'ordre, qui avaient triomphé de chaque sanctuaire, et que Derek était sur le point d'intégrer. L'édifice était constitué d'une allée de colonnes sans toit terminée par ce qui semblait être une crypte. Mais le sommet montagneux perçait au-dessus des nuages, et les précipitations n'étaient pas à craindre. Le vent, en revanche... Le froid était mordant, le soleil frappait cruellement, et un être humain normalement constitué aurait dû s'effondrer en quelques secondes. Au loin, on voyait distinctement le treizième sanctuaire, demeure de maître Tien Shin Han. Ce ne fut qu'alors que Derek saisit ce qu'étaient en réalité les colonnes qui l'entouraient.

Dans chacun des huit piliers, on pouvait voir le corps momifié d'un moine ayant échoué à la douzième épreuve. Sur tous les candidats à l'épreuve au cours des cent dernières années, seuls quatre l'avaient franchie avec succès. Tous les autres avaient péri. Les deux nouveaux moines lui expliquèrent ce en quoi consisterait l'ultime épreuve, et le risque énorme qu'elle impliquait.


Le kikoho avait originellement été pensé comme une technique suicide. Durant l'antiquité, il avait permis à des héros d'emporter des armées, voir des forteresses entières dans leur mort. La guerre moderne, et son lot de pièces d'artillerie et d'explosif avait annulé l'utilité d'une telle technique, incommensurablement moins rentable et plus risquée qu'une bonne vieille batterie de missiles. Il avait fallut toute l'intrépidité du maître des grues d'alors, et de celui qui lui succéderait, pour sortir cette attaque des limbes de l'oubli et la pratiquer à l'occasion du 22ème championnat du monde des arts martiaux.

La maîtrise du kikoho n'était qu'une formalité dans l'épreuve du douzième sanctuaire. Elle servirait à en atteindre le véritable but. Si le corps et l'esprit du moine capable de franchir les onze premiers étaient à présent infaillibles, il restait à éprouver son âme ; ce qui faisait de lui un être vivant capable d'user du ki et non une simple carcasse animée de signaux chimiques.


Derek s'était élevé aussi haut que ce à quoi un être humain vivant pouvait prétendre. Pour progresser encore, il devrait mourir. Et pour revenir de la mort, il lui faudrait laisser derrière lui tous les fardeaux qui faisaient encore de lui un être faillible et tourmenté. Il lui faudrait tout abandonner, progressivement, pour adoucir au possible la pente de sa chute inexorable vers le décès. Et si il parvenait à ralentir suffisamment le processus, alors prendre le chemin inverse ne serait qu'une question de volonté. Il fallait cependant que son organisme continue d'assurer les fonctions vitales pendant l'opération, ce qui ajoutait une contrainte temporelle à l'équation.


L'épreuve durait douze jours et douze nuits. Douze jours et douze nuits durant lesquels il devrait méditer seul, sur le plateau montagneux, à la merci des vents glacés et du soleil brûlant. Douze jours et douze nuits de jeûne où il ne pourrait boire qu'une seule coupe par jour, contenant non pas de l'eau, mais un poison lent appelé « Eau de Dieu suprême ». Pour consumer son corps, il devrait affronter un moine chaque matin, et pour consumer son esprit, tout sommeil lui serait interdit.

Viendrait alors la pratique du kikoho. Le dernier pas, celui dont les huit momies du sanctuaire n'étaient pas revenues. L'ultime dégagement qui soufflerait le corps et l'esprit du moine, et le laisserait enfin face à lui-même.


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Ils étaient des dizaines, excités à l'idée d'assister au point culminant de cette ascension fulgurante, lorsque l'initiation commença et que Derek avala la première coupe de poison, sous le soleil de midi. Le goût était abominable, et il faillit recracher, mais il se retint, sous le regard admiratif et effrayé de l'assistance. Puis vint la douleur. Le breuvage lui vrillait les entrailles, et aurait dû le mettre à terre. Mais l'épreuve du dixième sanctuaire l'avait immunisé, et il ne laissa même pas une grimace déformer ses traits, même lorsqu'il sentit une étrange sensation de puissance remonter de son estomac pour envelopper tout son corps. Le compte à rebours était lancé. Il deviendrait une légende, ou il mourrait.

Au bout de trois heures, même les observateurs les plus assidus se lassèrent et Derek fut laissé à lui même, les boyaux en feu. La douleur avait au moins le mérite de retenir son attention, car , malgré la vue splendide qui s'offrait à lui, il craignait de plus en plus l'ennui extrême qu'il risquerait d'avoir à supporter.

Dix heures après le début de l'épreuve, le soleil s'était couché, la douleur était partie, et il avait vidé à peu près tout ce que ses intestins et sa vessie avaient à vider. Sans raison valable de se lever, il se contenta de somnoler autant que ce que sa position accroupie et le passage régulier de moines chargés de la surveiller lui permettaient.


Le premier duel lui apparaissait comme une occasion de se distraire enfin, et il se mit en garde plein de confiance et de bonne humeur, décidé à n'échanger que quelques passes, afin de garder un compromis entre une remise en forme nécessaire, et une inutile dépense d'eau. C'était sans compter l'effet de la liqueur absorbée la veille. Ce qu'il avait voulu être une simple manchette se transforma en un impact destructeur qui brisa l'os du bras que son infortuné adversaire avait interposé, pour son plus grand bien. Le combat immédiatement interrompu laissa Derek stupéfait et désolé, sous les regards interloqués de ses confrères.

La deuxième coupe fut moins difficile, si le goût en était toujours atroce, la joie d'avoir enfin de quoi se réhydrater le compensait presque. De plus, son corps commençait à s'habituer à la substance, et la douleur autant que la sensation de force étaient à peine notables.

Le manque de sommeil le plongea bientôt dans un état de somnolence tel qu'il ne vit presque pas le deuxième moine s'avancer vers lui pour le combattre. Si celui-ci était très loin d'approcher la maîtrise et la violence de Jade et des maîtres du huitième sanctuaire, la fatigue se fit cruellement sentir. Malgré la relative faiblesse de son adversaire, Derek encaissa plusieurs atémis inutiles avant de le maîtriser d'une clé de bras, en prenant celle fois-ci bien garde à ne pas trop serrer.


Les quatre jours suivants furent insupportables. Son cerveau embrumé ne parvenait plus à distinguer ce qui, de son estomac hurlant famine, de la sécheresse désespérante de son corps ou des baquets d'eau froide qu'il recevait au moindre signe d'endormissement, le tourmentait le plus. Les duels étaient devenus de véritables séances de torture où il devait convaincre son corps éreinté d'effectuer chaque mouvement supplémentaire, là où ses adversaires frais et dispos ne ménageaient pas leurs efforts pour le malmener.


Le septième jour fut celui de la révélation. La coupe de poison fit déborder le vase métaphorique de la tolérance du corps de Derek. Il se sentit suffoquer, ressentit les contractions désordonnées de ses muscles à mesure qu'il recrachait une partie du liquide et s'étouffait avec le reste. D'un coup, ses dorsaux refusèrent de fonctionner, et il se retrouva allongé sur le dos, pris de violents spasmes. Plusieurs moines se précipitèrent à son chevet, affolés et inutiles. Ils furent brutalement écartés par une force invisible, et ses sens émoussés parvinrent à lui faire parvenir le visage flou de Jade, qui, l'ayant replacé en position assise, lui donnait de grandes tapes dans le dos pour lui éviter la noyade, tout en l'abreuvant d'un flot d'encouragements dont il ne saisit pas un mot.

Il était à un doigt de renoncer. Le gouffre de la mort menaçait de l'engloutir, mais il se raccrocha à ces paroles, comme un funambule en équilibre sur un fil invisible, cerné par un océan de ténèbres. La mort lui tendait les bras, il ne pouvait pas fuir, pas combattre, et quelque part en lui, une hargne ravivée par les encouragements de Jade lui interdisait l'abandon.


Il ne lui restait plus d'autre choix que de négocier un compromis avec la faucheuse.


*******


Seul le son du vent se faisait encore entendre entre les colonnes. Le ciel, vierge du moindre nuage, laissait un soleil lourd et paresseux pilonner de ses rayons bruts une assistance pétrifiée. Une vingtaine de moines avaient déjà ressenti la mort de leur confrère, et toujours plus accourraient. La détresse des plus jeunes détonnait avec l'attente anxieuse de ceux qui avaient déjà été là au temps où Jade Maryam avait elle-même tenté l'expérience. Au centre de cette scène, c'était elle qui tenait le corps brûlé et desséché de Derek dans ses bras, répétant inlassablement les même formules.

Les minutes s'écoulèrent, au rythme des claquements de toujours plus de kimonos. Lorsqu'elle accepta finalement de se détacher du corps qu'elle étreignait, ils étaient près de trois cent à léviter autours du sommet. La quasi-totalité de l'ordre.


À reculons, elle s'éloigna de la momie immobile qui avait été il y a si peu de temps le plus brillant d'entre eux.

Sur les trois cent personnes présentes, seules trois souriaient, sereines.


Et Jade n'eut pas besoin de se retourner pour voir le hochement de tête approbateur partagé par Tien et Chaozu lorsque le corps cliniquement mort de Derek tendit le bras pour engloutir ce qui lui restait d'eau de Dieu suprême sous les yeux médusés des moines des grues.

Son regard à présent vitreux fixait le vide sans ciller, et son corps avait regagné une vigueur qu'on hésitait à attribuer à la rigidité cadavérique. Silencieusement chacun pria pour ne pas être tiré au sort pour l'affronter le lendemain matin.


*******


Le hasard désigna un champion à la hauteur. Wilfrid Müller était l'un des maîtres enseignant au huitième sanctuaire, ce qui faisait de lui un des meilleurs combattants de l'ordre, et il avait à plus d'une reprise eu l'occasion de faire ravaler sa fierté à Derek. Mais ce temps-là lui semblait à des millénaires, et le spectre vers lequel il s'avança à l'aurore n'avait pas beaucoup en commun avec l'aspirant qu'il avait connu.

Il ne réagit à sa présence que quand Wilfrid ne fut qu'à une poignée de mètres de lui, et se redressa pour se mettre en garde avec une souplesse impossible pour un corps si malmené.


Le maître en arts martiaux choisit la voie de la prudence, et commença par des passes douces et des échanges rapides et prudents, pour tester son adversaire, qui lui rendait coup sur coup avec vivacité, malgré l'air absent sur son visage. Wilfrid s'attendait à le voir fléchir sous la fatigue d'une seconde à l'autre, mais rien ne se produisit. Au bout de huit minutes d'échanges infructueux, il saisit l'ampleur de son erreur : Derek ne fatiguait tout simplement pas. Il se maintenait à un régime bas, mais sans jamais en changer, comme à un seuil minimum impossible à franchir. Il était déjà bien au-delà du stade de la simple fatigue.


Dès qu'il saisit les nouvelles règles du combat, le moine des grues pressa les attaques pour prendre son adversaire de vitesse, mais, contrairement à son ennemi, son énergie était loin d'être inépuisable. Il dut aller jusqu'au bout de ses talents et recourir à l'intégralité de son vaste panel de techniques pour faire enfin chuter le Derek que le douzième sanctuaire avait forgé.


Aucun des combattants à venir ne réitérerait l'exploit.



*******


Le nouveau Derek était plus violent, c'était évident. Si l'incroyable maîtrise martiale de Wilfrid lui avait permis d'y échapper, ce ne fut pas le cas de son malheureux successeur. Annie n'avait jamais été une combattante de premier rang, et brillait principalement au sein de l'ordre par ses capacités de perception. Elle n'esquiva le premier coup de pied que pour mieux recevoir le second en pleine tempe, et un uppercut cruel dans le foie faillit la faire chuter de la montagne, crachant du sang.

Cette relative inaptitude au combat s'avéra en fait une bénédiction, comme put en témoigner le moine qui lui succéda. Fabien était un artiste martial parfaitement aguerri dans son domaine, ce qui lui permit de prendre un bref avantage, et de pousser Derek jusqu'au bord de la falaise, en le zonant, profitant de son avantage de taille. Les mouvements secs et saccadés du cadavre ne lui permirent d'abord pas de contrer les puissants coups de pieds qui l'assaillaient, et, un instant, il faillit tomber de la falaise. Son ennemi, euphorique, laissa une légère ouverture dans sa garde, dont son adversaire, animé d'une soudaine poussée de vigueur, profita pour lui agripper la jambe. Lorsque Derek relâcha sa prise, le corps de Fabien avait perdu tout dynamisme, et gagné une demie-douzaine de fractures.


*******


Trente moines accompagnaient le combattant qui parut le douzième jour. Parmi eux, les chefs de chaque sanctuaire, Chaozu inclus. Jade était là elle aussi.

Le sort avait désigné pour le combat un jeune homme au teint pâle chez qui des cheveux blonds presque incolores et de grands yeux délavés trahissaient une forme d'albinisme. Lorsqu'il dut quitter le groupe pour s'avancer seul vers Derek qui se redressait déjà avec toute la froideur mécanique d'une guillotine, il ne put contrôler une vague de frisson qui s'empara de son corps.

Les autres moines s'étaient placés en arc de cercle pour assister à l'étape finale de cette ascension fulgurante. Le candidat, dont la nervosité était à présent palpable, transpirait malgré le vent glacé qui battait dans son kimono. Il adopta une garde défensive et resta à distance, manifestement déterminé à ne livrer qu'un combat symbolique avant d'abandonner. Derek, lui, ne se tenait même pas en position. Il vacillait, les bras ballants, le regard perdu sur quelque point au-delà de celui qu'on avait envoyé le combattre. Ils se dévisagèrent de longues secondes, dans un silence de plus en plus oppressant. Déterminé à réagir aux attaques du spectre vacillant, le jeune condamné bougeait lentement, tout en conservant sa distance.

Face à l'air froid et sec, il fut forcé de battre des yeux. Le mouvement n'était pas terminé qu'il comprenait déjà son erreur. Il ne recouvrit la vue que pour la perdre immédiatement, encaissant en plein visage une gigantesque droite d'un Derek qui s'était semble-t-il téléporté face à lui. Il rejoignit le sol avec une brutalité incroyable, creusant un trou de plus dans les dalles du sanctuaire. S'en suivit une avalanche de coups de pied et de poing qui pulvérisèrent ses maigres forces, alors que son kimono virait du banc au rouge. Lorsqu'il ne resta plus de chair à martyriser sur le dos, une prise du pied le releva, et le déluge exécutoire reprit de plus belle, les frappes verticales suffisant à elles seules à le maintenir en hauteur.

*******

Le carnage n'avait duré que quatre secondes, et Chaozu comprit que le martyr ne survivrait pas à deux de plus. Ses mains s'élevèrent pour stopper la machine à tuer incontrôlable qu'était devenu Derek, mais, alors que le mouvement s''initiait, il réalisa qu'il était trop tard. Il avait suffisamment d'expérience en combat pour reconnaître la cible que l'arc formé par ses doigts repliés en griffe allaient frapper. Il allait le décapiter. Une vague de honte se pointa à l'horizon de la conscience de Chaozu : il n'avait pas anticipé une telle poussée de violence chez son disciple, et sa télékinésie ne serait pas assez rapide. Du coin de l’œil il vit Jade et les deux autres moines du treizième sanctuaire se jeter sur Derek, entourés de l'aura rouge du kaïoken. Ils n'arriveraient pas à temps non plus.

Merde.

Le corps ensanglanté s'effondra, éclaboussant ce qui restait du dallage de sang gluant. Il ne restait guère plus qu'un point intact à la surface du charnier qu'était devenu son corps.


Sa gorge.

Le corps tremblant, débordant de fureur de Derek se convulsait, retenu par la poigne inamovible refermée autours de son avant-bras. Surgit ne nulle part, sans que qui que ce soit ne l'ait senti approcher, Tien Shin Han s'était matérialisé pour empêcher le drame. La force phénoménale de Derek ne parvenait même pas à faire vaciller son bras. Les moines qui avaient tenté d'intervenir reculèrent à une distance prudente. L'ire du maître des grues transparaissait sur chaque fibre de son être, et seul le dégoût se mêlait à elle dans le triple regard inquisiteur qui jugeait le chien fou qu'il retenait.

Derek tenta un coup de pied au visage du maître, mais celui-ci fut paré juste avant que le plus puissant crochet qu'il ait jamais encaissé ne le sèche instantanément. Alors seulement, la main de Tien Shin Han se desserra, envoyant le bourreau rejoindre sa victime au sol du sanctuaire, inconscient.

Sous les yeux de l'assistance, toujours médusée par cette démonstration de force, il fouilla dans sa poche, et en sortit une petite bourse d'où il prit deux haricots. Il lui fallut aider le moine albinos à l'avaler, mais lorsqu'il y parvint, celui-ci, instantanément régénéré, alla rapidement rejoindre le groupe, le plus loin possible de Derek.
Le senzu effaça chez ce dernier toute trace des privations subies au cours des douze derniers jours. Mais son air horrifié confirma bien que son esprit en avait gardé chaque fragment en mémoire. Il passa un long moment à regarder successivement ses mains ensanglantées, l'état lamentable du sanctuaire, Jade, Tien Shin Han, et le jeune homme qu'il avait faillit tuer une minute auparavant.

Seul le dos du maître des grues s'offrait à la vue de Derek, alors qu'il s'en retournait vers la foule des spectateurs sans lui accorder un mot ni un regard. Une rafale siffla entre les pics glacés, et les autres moines, détournèrent le regard pour emboîter le pas de Tien.
Les mots n'étaient pas nécessaires. : il avait échoué. Mais pas seulement à l'épreuve du douzième sanctuaire. Il avait échoué en tant que moine des grues, en tant que pratiquant des arts martiaux. Son esprit avait faillit et son corps s'était déchaîné sans discipline.



*******



Les yeux dans le vague, sur la neige éblouissante, Derek mit du temps à réaliser pleinement ce qui venait de lui arriver. Jade ne le quittait pas, autant pour tenter de comprendre, de l'aider, que pour l'empêcher d'agir de manière inconsidérée. Elle ne savait plus ce dont il pouvait être capable.
Sa présence eut l'effet inverse de celui escompté : Ses trois yeux, son crâne rasé et sa toge de clairvoyante ne rappelaient que trop Tien Shin Han. Seuls sur ce pic montagneux dépourvu de végétation, dans ce sanctuaire dévasté cerné d'une mer de nuages et dominé par le seul soleil, ils auraient pu se croire au sommet du monde, n'eut été l'ombre du treizième sanctuaire, de Tien Shin Han, l'autorité à laquelle même eux devaient se soumettre.

Jade risqua une main se voulant réconfortante sur l'épaule de Derek. Ce fut l'étincelle révélatrice.

    - Allez tous vous faire foutre.

Il avait à peine murmuré, mais son ton était sans appel, lassé, libéré. Le geste de Jade s'arrêta à mi-chemin. Elle n'eut pas le temps de penser à une réponse qu'il enchaînait déjà, se relevant péniblement.

    - Bande d'abrutis... Vous vous complaisez dans votre pseudo-sagesse et votre force ridicule alors que le monde grouille littéralement de types mille fois plus forts que vous... Vous n'êtes même pas des insectes pour eux...

    - Ce sont des sayens, tu le sais très bi...

    - Et nous alors ??? La coupa Derek. Nous sommes humains peut-être ? Trois yeux, quatre bras, t'as combien de seins sous ta robe ? On vole, bordel. Et on trouve ça normal !
    Des putain de Dieux. Voilà ce qu'on est. Et qu'est-ce qu'on en fait ?

Jade vivait coupée du monde depuis plus de vingt ans. Ce genre de considérations lui étaient devenu étranger. Elle n'avait quitté le sanctuaire qu'à une seule occasion, lorsque la traque d'un criminel de niveau international sur tout un pays avait requis la vigilance de cinquante moines en plus de tous les sayens disponibles. Sa voix perdait en assurance.

    - De quoi est-ce que tu parles ? Le temple fait tout son possible... Et... Enfin, ce n'est pas parfait mais il n'y a plus eu de guerres depuis la fondation...

Ceci ne lui arracha qu'un rire sec et condescendant.

    - Et vous avez ma bénédiction pour ça. Quels crétins. Tant de possibilités et vous restez les bras croisés. Tien est le plus complaisant du lot, et vous restez là à l'adorer. Tu m'étonnes qu'on en soit là.


Sans plus d'explications, il se redressa de toute sa taille. Le soleil matinal projetant sur le sol défoncé du douzième sanctuaire l'ombre démesurée de sa personne. Son regard plus dur que jamais tourné vers le ciel, il s'éleva, puis pris de la vitesse en partant vers l'est, où la lumière du jour naissant l'ôta rapidement au regard de son aînée.



*******


    - C'est de ma faute. J'aurais dû me renseigner sur lui, mais je ne voyais que son talent.

Krilin et Tien venaient juste de neutraliser une demie-douzaine de patrouilleurs, avant que ceux-ci ne puissent donner l'alarme. De petites brutes sans envergure, mais équipées d'armes volées dernier cri. Suffisant pour menacer l'armée royale, mais parfaitement obsolète face à la puissance des deux maîtres.

Tien vérifia qu'ils étaient bien inconscients avant de répondre à son collègue.

    - C'est du passé, tout ça.

Il scruta encore les corps étendus sur le sentier montagneux. Le quartier général du nouveau ruban rouge était à la merci de leur attaque. Tout cela était ridiculement simple.

    - C'est absurde. Qu'est-ce qu'il cherche au juste ? Il ne ne gagnera pas et il le sait très bien.

Un rugissement se fit soudain entendre dans la direction de la forteresse, et un nuage de missiles longue portées s'en échappèrent, pour fuser vers l'ouest. Les deux maîtres mirent quelque secondes à tenter de saisir les tenants et les aboutissants de cet événement soudain, quand Tien écarquilla brusquement les yeux, alors qu'il réalisait l'évidente destination des explosifs : Les sanctuaires de la grue.
Il décolla dans la seconde à pleine vitesse pour les intercepter, laissant sur place son collègue.

Krilin n'eut pas le temps de jurer avant qu'une voix trop familière ne retentisse dans son dos.

    - Inutile d'être si discret, vous êtes sur la liste des invités.



*******


Quelques mois à peine après son exil, il devint évident que, même si il tentait de rester discret, Derek était revenu à ce que les recherches avaient révélé être ses origines.


Avec la chute du ruban rouge, de Piccolo, de Cell, de Babidi, le monde s'était pacifié. Ces effroyables menaces avaient trempé tous les humains dans la même baquet de peur et de désespoir, et ils en étaient ressortis unis par une nouvelle fraternité. Le gouvernement central tentait avec succès de limiter les tensions dans les zones les plus difficiles, alors qu'internet et les moyens de communication toujours plus efficaces et faciles d'accès avaient réduit l'incompréhension et la haine qui en découlait à peau de chagrin. L'armée royale n'avait plus qu'un rôle symbolique, et, même si une crise d'ampleur pouvait se présenter, elle était toujours vite étouffée dans des circonstances floues accompagnées de rapports visuels de combattants dorés. La terre était devenue ce qui se rapprocherait le plus d'une utopie. Avec une exception.

Si toutes les villes minières avaient réussi leurs reconversions, avec plus ou moins d'aide extérieure, une série de petits désastres avait frappé Gagto, la privant du projet d'autoroute et de voie ferrée qui aurait dû la desservir. Tornades, tremblements de terre, attaques d'indépendantistes, épidémies, faune et flore exceptionnellement invasives... C'était comme si le destin avait cherché à conserver un îlot de brutalité dans ce monde de civils.


Lentement mais sûrement, la société à Gagto avait pourri sur pied. Les infrastructures étaient toujours présentes, mais l'absence de communications avait renvoyé les humains dans une époque antérieure. On ne chauffait au charbon de bois, récolté dans d'anciennes mines rouvertes aux risques et périls des mineurs. L'autorité en place s'était corrompue, puis armée, puis effondrée. Une sorte de syndicat cupide et violent l'avait remplacé, plus proche d'une mafia que d'un véritable gouvernement, imposant sa loi par une milice armée au sein de laquelle les coups d'état faisaient changer la ville de tyran tous les ans environs. L'isolement avait fait de Gagto une jungle : les forts faisaient la loi et les faibles la subissaient.

La violence, les combats perpétuels, la misère et l'injustice toujours ne firent que croître au fur et à mesure que le reste du monde prospérait. Et lorsque cette petite graine de haine et de vice eut fini de se condenser au sein d'un monde gouverné par l'entente et l'amour, était né un germe du nom de Derek.


*******


Avec le recul, certains penseurs affirmeraient que la société s'était ramollie. Que l'absence de conflits avait rendue les gens faibles et peu réactifs. D'autres accuseraient le manque de performance des forces de l'ordre, qui n'avaient jamais eu affaire à plus qu'une mafia peu menaçante et mal organisée. Enfin, il s'en trouverait pour déclarer que les politiques s'étaient voilés la face, et que leur déni de la menace avait permis ce désastre.

La vérité était qu'aucun de ces facteurs n'avait joué le moindre rôle. Cela faisait bien longtemps que le destin de la terre et de ses habitants n'était plus entre les mains des simples humains.

L'organisation simultanée de la plupart des organisations criminelles mondiales, aurait encore pu être jugulée, mais pas avec le vol systématique des stocks d'armes royaux. La transformation soudaine de la milice de Gagto en une armée d'invasion aurait pu être écrasée, mais pas avec la destruction des casernes, ni l'apparition soudaine des stocks d'armes entre les mains des insurgés, et la coopération des mafias qui leur ouvrirent le chemin.


En quelques mois, la nouvelle armée du ruban rouge et son terrible chef avaient conquis plus de territoire que l'ancienne en une décennie. Derek, seule cible valable de cette organisation restait introuvable, camouflé comme seul les meilleurs moines des grues pouvaient l'être. Aucun sayen ne parvenait à cacher son ki démentiel assez pour ne pas se trahir, et les moines envoyés à sa recherche étaient retrouvés tabassés dans une allée sombre quand ils ne rentraient pas tout simplement bredouille. Il devint évident qu'il revenait au maître qui l'avait formé de mettre un point final à l'histoire de Derek.

Il était par contre plus délicat de déterminer de quel maître il s'agirait.



*******


Lorsque la porte de la forteresse vola en éclats, ce fut un véritable déluge de balles, de missiles et de lasers qui fusèrent vers l'entrée. L'enceinte était remplie de soldats surarmés, d'exo-armures, de chars et de pièces d'artillerie. Il était inconcevable que même une chose capable de vaincre la colonne de tanks, la centaine de fantassins et les hélicoptères qui attendaient à l'extérieur puisse s'en sortir indemne. Et pourtant. Quand le vacarme des armes se tut et que les soldats confiants essayèrent de distinguer entre les nuages de fumée ce qui restait de l'envahisseur, force fut de constater que Jade se tenait toujours sur ses deux jambes, recouverte de poussière, les vêtements partiellement déchirés, mais indemne et bouillante de fureur.

Par respect pour les deux anciens, elle avait d'abord prévu de les laisser se charger du renégat, mais la fuite incompréhensible de Tien Shin Han avait laissé Krilin seul pour constater à quel point l'élève avait dépassé le maître. Le maître des tortues avait subi une sacrée correction, à en juger par ce qu'elle distinguait de son ki. Derek ne fuyait plus, maintenant. Et c'était à elle de l'affronter. Elle avait laissé sa toge derrière elle, et opté pour un un kimono blanc crème sans manches marqué du symbole de l'école et des sandales, paraissant ridiculement frêle et sous-armée face à la horde.


La clairvoyante s'élança seule à une vitesse folle vers l'armée désemparée. Quand elle les atteignit, elle était quatre, et ce fut la débâcle. Impossible à suivre, impossible à cibler, elle était partout à la fois. Les armures volaient en éclat sous ses poings, et elle disparaissait avant que les débris ne touchent le sol ; les tanks se démantelaient, et leurs conducteurs s'écrasaient lamentablement au sol, la mâchoire brisée. L'infanterie ne connaissait pas un meilleur sort, et les pilotes des hélicoptères, trop difficiles à épargner, brûlaient en même temps que leur appareil dans l'explosion des dodompas.

Le ballet mortel ne dura qu'une vingtaine de secondes avant que le ruban rouge ne commence à tomber à court de soldats. Il n'en restait plus qu'une trentaine debout quand l'une des Jade traversa la forteresse pour s'encastrer dans un mur, à l'opposée. Les trois autres versions se tournèrent à l'unisson vers la créature qui venait d'entrer en jeu. Un énorme robot chromé à la cuirasse recouverte d’impacts en forme de poing, sur lequel le logo du ruban rouge avait été récemment peint. L'engin devait mesure environ deux mètres et boitait de la jambe gauche. Jade n'était pas trompée par son apparence, néanmoins : elle avait parfaitement évalué la puissance phénoménale de la machine à partir du coup qu'elle venait d'encaisser. Elle se réunit sagement en un seul avatar moins vulnérable, alors que les derniers soldats prenaient leurs jambes à leur cou.

Son attention fut brusquement détournée par l'apparition qui vint la toiser. Derek avait changé depuis le matin où il avait quitté le temple, hagard, pâle et ébouriffé. Tel qu'elle le voyait, accoudé au balcon de son poste de commandement, en pantalon de treillis, accoutré d'un simple débardeur noir et de son képi écarlate, il était comme rené de ses cendres. Ses cheveux châtain étaient coupés très court, il avait énormément bronzé, et s'était rasé de près. Ses yeux rieurs, bleu vif, cependant, brillaient toujours du même éclat où il était difficile de distinguer le génie de la folie. La voix qui l'apostropha était chaude, pleine d'un orgueil qu'il contenait encore lors de son ascension des sanctuaires.

    - C'est fou ce qu'on trouve en fouillant un peu dans la résidence Brief, non ?

Jade buta sur la remarque. Avait-il vraiment été si intrépide ? Se risquer dans la maison d'un sayen... Cela aurait été incroyablement stupide, si le résultat avait été d'un échec retentissant, mais Derek avait semble-t-il réussi...
Plus inquiétant était ce qu'impliquait sa tirade : si cette machine était bien un pantin d'entraînement des Briefs, les marques sur sa cuirasse vraisemblablement été causées par des poings sayens, et son état de fonctionnement sous-entendait une résistance affolante. Elle risquait de ne même pas pouvoir l’abîmer sous cette forme.

Le robot de capsule corp se précipita sur Jade avec une agilité surprenante pour sa taille et son aspect massif. Il aurait été bien assez rapide pour la saisir, mais sa trajectoire droite et prévisible ne lui offrait pas l'ombre d'une chance. Elle l'esquiva d'un unique pas sur le côté qui la positionna idéalement pour envoyer un monumental coup de talon directement dans l'articulation du cou de l'homme de métal. Il ne vacilla presque pas, et riposta d'un balayage du bras si affreusement prévisible qu'il rata sa cible de plusieurs mètres. L'engin avait une force et une résistance hallucinante, mais ses réflexes étaient clairement à revoir.
Lui porter un coup capable de le détruire ne serait pas une mince affaire, et c'était très clairement au-delà de ses capacités en l'état. Cela en disait long sur la force physique que les sayens pouvaient déployer pour avoir défoncé ainsi le plastron du pantin. Beaucoup plus que ce même un clairvoyant pouvait générer dans son état normal. Sous kaïoken, en revanche... L'opération semblait plus réaliste.

L'aura rouge caractéristique enveloppa Jade alors que sa puissance décuplait. L'esquive des mouvements grossiers de son adversaire passa soudainement de facile à élémentaire. Il était toujours aussi résistant, cependant. Il lui fallut tournoyer à une distance dangereuse de l'engin pendant plusieurs longues secondes tout en mitraillant ses articulations pour obtenir le moindre résultat .

Tout le long, elle surveillait du coin de l’œil une attaque surprise de la part de Derek. Cela aurait été logique. Il avait beau être redoutable, elle était elle aussi une génie du combat, et son aînée de près de vingt-cinq ans. Selon toute logique, il aurait dû l'attaquer avec l'aide du robot, provoquant une situation très difficile à tenir pour Jade. Mais rien. Il ne vint pas au secours de la machine qui finit par tomber en morceaux lorsqu'une énième rafale d'atémis atteignit un de ses point sensibles.


*******

Cette démonstration de puissance avait affaibli Jade, mais elle restait parfaitement confiante dans sa capacité à écraser Derek. Le kaïoken était un avantage trop formidable pour pouvoir être contrebalancé par quoi que ce soit.

Le kaïoken...

Il n'y avait pas qu'un seul Derek, elle ne le réalisa qu'alors. Ils étaient seize copies à l'observer aux quatre coins de la base. Observer n'était pas le mot exact. Leurs yeux minutieux disséquaient chacun de ses plus infimes mouvements, et nul doute que son ki était lui aussi passé au scanner. Elle haleta encore deux secondes, dans son brasier rougeoyant, avant qu'un large sourire carnassier de Derek ne lui fasse saisir ce qui se tramait.

Jade se rua à pleine vitesse vers le Derek du balcon, qui était devenu le seul, les autres s'étant évaporés pour le rejoindre.



*******


Tien Shin Han avait bien senti la défaite de Krilin et le combat dans lequel Jade venait de s'engager, mais il avait plus urgent à faire que d'aider ses deux amis. Partout dans le monde, il sentait les kis des moines, des élèves de Krilin et des sayens se manifester. Probablement une attaque coordonnée d'une ampleur sans précédent de la part du ruban rouge. Quel que soit le plan de Derek, il en était à la phase finale, mais, peu importe comment il retournait la situation dans sa tête, il ne saisissait pas quelle issue pourrait bien être favorable à son ancien élève.

Il n'avait pas le temps pour ce genre de considérations, néanmoins, et accélérait tant qu'il faillit se cogner avec Piccolo qui lévitait sur la trajectoire des missiles. Sa main tendue encore fumante. Le namek n'avait cessé de progresser depuis le bon vieux temps, à un rythme lent mais régulier. Les premières rides qui apparaissaient sur son visage plus adulte ajoutaient un air sagesse assurée à son charisme déjà impressionnant.
On pouvait voir les débris des fusées du ruban rouge s'abîmer vers l'océan en contrebas.

Tien remercia Piccolo d'un signe de tête et se prépara à se téléporter à nouveau vers l'action quand ce dernier l'apostropha.

    - Ce n'était que des leurres.

Le maître des grues dévisagea l'ancien démon jusqu'à ce que celui-ci explicite.

    - Les missiles ne contenaient pas d'explosif. Il n'a jamais cherché à détruire tes sanctuaires.



*******


Impossible ! Il lui avait fallu un an, à elle, pour maîtriser cette technique. Il n'avait pas pu se contenter de l'observer une minute et...

Le choc fut d'une brutalité hallucinante. La panique avait poussé Jade à donner tout ce qu'elle avait. Toute la partie supérieure du bâtiment avait été soufflée, mais Derek n'avait accusé qu'un recul de quelque dizaines de mètres. Ils flottaient en l'air réciproquement immobilisés dans une prise à quatre bras chacun. Jade, à la fois furieuse de s'être laissée piéger et sidérée par le tour de force auquel elle venait d'assister. L'aura du kaïoken émanait autant de Derek que d'elle, à présent, et la difficulté évidente qu'il avait à maintenir un niveau encore très inférieur au sien ne changeait rien à son sentiment de défaite. Elle allait devoir le tuer. Elle n'avait plus le choix.

Jade gagerait ce combat-ci, sans le moindre doute. La différence de niveau entre eux deux était bien trop large. Même si son adversaires conservait un as dans sa manche (et elle ne doutait pas qu'il le faisait), et que celui-ci était susceptible de renverser cette situation désespérée pour lui, elle gardait une botte secrète à même de lui assurer la victoire. Mais qu'en serait-il de leur prochaine rencontre ? Tel qu'elle le connaissait, Derek aurait parfaitement maîtrisé le kaïoken, et qui savait si, alors, si même sa dernière carte suffirait à l'arrêter ?

Il fallait en finir maintenant. Et c'était à elle de le faire.


Elle s'apprêtait à briser la prise quand l'arrivée d'une puissance immense à une vitesse vertigineuse dans leur direction les interrompit. Un éclair doré passa devant Jade pour lui arracher Derek des bras, manquant de peu de les lui briser par la même occasion. Quasi-simultanément à ses yeux, un énorme pan de forêt explosa dans un nuage de terre, de roche et d'arbres déchiquetés. Un rapide sondage lui indiqua que Derek avait survécu à l'attaque de la sayenne, quoique dans un état lamentable.

Tous les sayens étaient naturellement doués pour le combat, mais même dans ce milieu de surdoués, Kyra passait pour une force de la nature. Les éclairs qui parcouraient son corps attestaient qu'elle avait, à vingt-deux ans seulement, atteint le second niveau de sa transformation. Aucune maîtrise dans cette énergie infinie ; Jade pouvait sentir la tornade bouillonnante de ki qui rageait dans son corps. C'était bien au-delà de ce qu'un millier de clairvoyants pourrait fournir...

Bien que plus petite que lui d'une bonne tête, elle était sur le point d'écraser Derek. Encore un coup, un choc, une bousculade trop brusque de la part de cet être d'un autre monde, et ce serait la fin du jeune prodige. Kyra ne semblait pas en complète possession de ses esprits : la rage des super sayens faisait bouillir son sang, et elle risquait de le tuer d'une seconde à l'autre. Jade hésitait sur le mode d'intervention à adopter. Vu son état instable, il était impossible de prédire sa réaction si elle voyait quelqu'un approcher. Et elle n'avait aucune envie d'être désintégrée.

Ces conditions n'auraient même pas dû l'effleurer : elle venait juste de prendre la décision d'en finir définitivement avec Derek ; et pourtant, elle ne pouvait pas accepter l'idée que la sayenne s'en charge à sa place.


Il y eut un moment d'hésitation, où l'on parvenait à peine à entendre les halètements furieux de Kyra par-dessus les crépitements de son aura. Jade restait pétrifiée, guettant un éclat salvateur de lucidité dans les yeux de la jeune fille, et Derek consacrait sûrement le peu de conscience qu'il lui restait à dénombrer ses os encore intacts. Lentement, sous le regard horrifié de la clairvoyante, Kyra arma son bras, tremblante sous le coup de la colère. Elle allait vraiment le tuer.


    - Kyra ! Calme-toi tout de suite !


Avant même que l'injonction n'ait atteint les oreilles de Kyra, un élément bien plus rapide venait contrer son poing et interrompre l'homicide en cours. Goujin, transformé en un instant, ne perdait jamais une seule occasion d'utiliser sa force. Elle parut prête à engager le combat contre l'interrupteur (ce à quoi ni Jade ni Derek n'aurait survécu), mais la voix de Boo la calma immédiatement. Ses cheveux reprirent la teinte d'ébène qu'on leur connaissait, et elle s'éloigna brusquement de son frère de race, qui reprit lui aussi son aspect classique.

Un mot du Dieu avait volatilisé la violence ambiante. L'assistance se tourna alors vers le corps brisé de Derek, interdite. Un crépitement dans l'air accompagna l'arrivée de Tien et Piccolo, qui prirent place avec eux, tout aussi incapables d'énoncer un jugement. Krilin se libéra des débris de la forteresse, et les rejoignit en boitant, refusant avec entêtement l'aide des deux autres sayens et de C17 qui venaient tout juste d'arriver. D'autres moines commencèrent à affluer, avec d'autres sayens et maîtres en arts martiaux non affiliés aux grues.

Le rassemblement de combattants se fit de plus en plus dense autours du corps immobile, parodiant la scène de résurrection ayant eu lieu il y a plusieurs mois, au douzième sanctuaire. Mais il paraissait évident que Derek ne se relèverait pas, cette fois. Boo, cependant, au lieu de l'aider, restait immobile dans sa contemplation, et personne n'osait outrepasser son autorité en prenant soi-même l'initiative de l'aider. La plupart se demandaient si cela était seulement souhaitable. Le dernier geste de merci à son égard s'était soldé par un désastre sans précédent. Ne serait-il pas préférable pour tous de le laisser mourir ici ?


Boo ne bougeait toujours pas. Allait-il vraiment laisser un être humain, aussi dangereux soit-il, périr sous ses yeux ? Certains commençaient à s'inquiéter de cette poussée de cruauté inattendue chez le Dieu de la terre.


Et puis, soudainement, il y eut un mouvement. Pas chez Boo, cependant. Chez Derek. Sous sa peau, pour être précis. Quelque chose bougea dans un bruit de craquement organique. Les os se mouvaient, les muscles se réorganisaient en une configuration plus viable. Les moines des grues étaient déjà familiers de cette technique, pour l'avoir vue pratiquée par les rares élus à avoir passé le dixième sanctuaire. Mais si la voire utilisée pour faire pousser de nouveaux membres était une chose, son usage comme technique de chirurgie d'urgence pratiquée sur soi-même en était une autre. Les moines ayant tenté de franchir le dixième sanctuaire réalisaient pleinement l'insurmontable martyr auquel ils assistaient. Comment pouvait-il conserver sa concentration tout en s'auto-infligeant cette abomination ?


Au bout du énième craquement, la nuque de Derek reprit une inclinaison normale, et il se redressa de toute sa taille, tremblant encore sous l'effort impossible qu'il venait de fournir. Un sourire épuisé se dessina sur son visage épuisé, au centre des décombres de son armée défaite, et encerclé par une horde d'ennemis invincibles.

Et il riait, victorieux.

Piccolo l'interrompit dans ce qui s'apparentait de plus en plus à de la démence.

    - Pourquoi ?


Derek prit le temps de ménager son effet en dévisageant un maximum de personnes dans la foule, à commencer par le namek qui l'avait interrogé.


    - Pourquoi ? Mais pour le pouvoir, allons. Tout a toujours été une question de pouvoir.

    - Alors savoure bien ce que tu as eu. Ton règne est terminé.


Le sourire de Derek ne fit que s'élargir.


    - Le mien ? J'espère bien, oui. Le vôtre, en revanche, vient juste de commencer !

*******


Sur le coup, Lin n'avait pas pensé aux conséquences. La mère de Kyra venait de démanteler personnellement les dizaines de tanks qui s'étaient engouffrés dans la capitale, menaçant la vie des civils. Au moindre obus, ç'aurait été la catastrophe, et elle avait dû mobiliser toute sa force et sa vigilance pour intervenir sans dommages collatéraux. Et elle y était arrivé. Sa propre performance la surprenait, et il avait été étonnamment agréable d'enfin tester ses limites.
Elle en venait à comprendre les entraînements de sa fille. C'était libérateur. Un peu trop libérateur, cependant, et elle avait gaffé.


Elle venait d'extraire l'officier responsable de l'attaque de son char de commandement, et de le secouer comme un prunier, parvenant avec succès à calmer sa rage de super-sayenne et à ne pas le tuer. Lorsqu'elle avait finalement perdu sa transformation et cessé de malmener sa victime pour jeter un regard aux alentours, elle n'avait rencontré que les dos des téléphones portables pointés vers elle, immortalisant déjà la scène à travers internet. Le summum de la panique avait été atteint à l'entente de son nom, crié par un collègue de travail.

Les super-sayens n'étaient plus une légende urbaine.
Le monde savait.


*******


    - Vous avez toujours eu le pouvoir en main, vous refusiez de vous l'avouer, et de prendre la place qui vous revenait de droit ! Voilà pour votre ingérence ! Gagto, et une horde de malfrats qui tenaient le monde entier en otage. Vous auriez dû être là ! Vous auriez dû tuer le mal dans l’œuf, mais vous l'avez laissé prospérer.
    Je vous donne une chance de tout reprendre à zéro. J'ai concentré cette pourriture, je l'ai faite remonter à la surface pour que vous l'écrasiez. Maintenant, saisissez votre chance, et construisez l'utopie que la terre aurait toujours dû être.


*******


    - Mais je le reconnais ! C'est l'héritier des Brief !

    - Ah mais oui, c'est lui ! Zakriel Brief !

    - Je comprend mieux.

    - Comprendre quoi !!!??? Ils avaient des bazookas et ça ne lui a rien fait !

    - Ils étaient si forts que ça ?

    - C'est comme ça qu'ils sont devenus riches, si ça se trouve...



« Et merde. »



Les mots parvenaient aux oreilles du super-sayen, diffus. Il n'avait qu'une trentaine d'années, mais il rayonnait déjà de plus de respect et d'autorité que n'importe lequel des hommes politique occupé à murmurer dans le fond de la pièce. Que ce soit dans son port de tête fier, dans son regard gris qui semblait percer jusqu'au plus profond de l'âme de ses interlocuteurs, dans son physique puissant et svelte à la fois, ou même dans l'assurance de sa voix, il y avait en lui une chose qui rappelait la royauté du peuple disparu des sayens. Ses vêtements taillés sur mesure avaient été partiellement déchirés et calcinés aux endroits où les balles et les missiles l'avaient frappé, mais restaient miraculeusement en état.

Le dispositif mains-libres accroché à son oreille gauche sonna, et une voix féminine lui annonça que les capitales sud et est avaient été sécurisées. Il confirma l'état de la capitale de l'ouest, et, une vingtaine de minutes plus tard, il fut annoncé que la menace du ruban rouge avait été effacée du globe terrestre pour de bon.

Le gouverneur de l'ouest était allongé au sol, à ses pieds, sa grosse moustache ne cachait même pas les tremblements de ses lèvres face à l'ange libérateur qui venait de balayer d'un revers de main la menace que le gouvernement avait lamentablement échoué à gérer.

Zakriel réalisa alors seulement qu'il se tenait exactement là où le fauteuil du vieil homme aurait dû se trouver. L'élimination des putschistes l'avait trop concentré pour qu'il fasse attention à ce genre de détails, mais l'objectif de la caméra à laquelle le politiciens devait s'adresser était à présent braqué sur lui. La déclaration d'abdication forcée avait beau avoir été interrompue, il était toujours en direct, et le public avait dû pouvoir profiter du spectacle.

Évaluant la situation, le milliardaire reprit lentement son souffle. Autant jouer franc-jeu, à présent. Son regard se braqua sur l'objectif, défiant le regard de millions de citoyens à travers le monde, et il raconta tout.



*******


Le treizième sanctuaire était terriblement dénué de luxe et de décorations. Les plus puissants moines des grues devaient méditer à même le sol, en tailleur, le sommeil était devenu pour eux un luxe dispensable. Des fresques et des estampes abstraites décoraient le plafond et les murs, leurs courbes harmonieuses et leurs tourbillons perdaient le regard des observateurs, les rapprochant un peu de l'illumination. Pas de fenêtre pour empêcher le vent glacial et sec de transpercer le bâtiment de part en part, mais les clairvoyants n'y prêtaient même pas attention. Ces quatre-là semblaient vraiment au-dessus de tout. Impassibles et inébranlables, ils restaient droits, dévisageant celui qui aurait pu être l'un des leurs, et qu'ils allaient à présent neutraliser pour toujours.

Derek, à genoux, assommé à la fois par l'effort phénoménal fourni lors de sa reconstruction et par le manque d'oxygène dû à l'altitude, était fermement tenu par deux d'entre eux.


À sa droite, Jade, dont les yeux vert sombre trop inexpressifs trahissaient sans le vouloir sa détresse intérieure. À sa gauche, Soman. Ce colosse était la seconde personne à avoir triomphé du douzième sanctuaire. Sa musculature, sa stature et son air inquisiteur étaient comme une couche de verni sur sa réputation d'invincibilité : Second meilleur combattant de l'ordre derrière Tien Shin Han, il passait même pour le surpasser en matière de ki, et était couramment présenté comme « le plus puissant homme sur terre ». Loin d'être une brute sans cervelle, il avait été une épine dans le pied de Derek durant ses mois de fuite : L'affronter aurait été hors de question, et il n'avait dû à de nombreuses reprises son échappatoire qu'à la chance.
Mais à présent que la poigne du géant lui pressait l'épaule, s'enfuir était impossible. Il avait encore du chemin à parcourir avant de s'élever au niveau des clairvoyants. Sans parler du plus puissant d'entre eux.

Plus à droite, les bras croisés, se tenait Erik, le troisième clairvoyant intronisé. Derek n'avait trouvé aucune source fiable sur ses origines, mais son visage et les tatouages visibles sur sa peau laissaient supposer les îles tropicales de l'état sud. N'eut été Derek, il aurait été celui ayant traversé le plus rapidement les douze sanctuaires successifs, et le manque de données sur ses actions en tant que moine trahissait une efficacité minutieuse lorsqu'il s'agissait de masquer ses traces.
Enfin, tout à gauche, Sahane, la première et plus sage des clairvoyants, respectée comme porte-parole de l'ordre au même titre que Tien et Chaozu. La petite femme ne payait pas de mine, frêle et mince dans son vêtement trop large, mais on percevait dans ses yeux une intelligence et une force à même de faire reculer toutes les ténèbres du monde.


Et face à eux, Tien. Leur maître à tous. Celui qui avait tout commencé, et à qui il revenait de finir. Lentement, il posa au sol un antique autocuiseur au métal terni, dont les bords gravés d'estampes relataient des combats d'un autre temps. Il mit quelques secondes à retrouver l'incantation du Mafuba, et tendit les bras vers un Derek agenouillé, qui ne le quitta pas des yeux jusqu'à ce que le tourbillon l'ait définitivement scellé.

Le vent ne cessa pas de souffler, après que le couvercle se soit refermé sur le prodige. Il reprit au contraire de plus belle, claquant dans les amples toges des clairvoyant, et glaçant même leur chair surentraînée jusqu'aux os. Plus brûlant encore était le souvenir des yeux de Derek, qui restaient imprimés dans l'esprit de Tien.

« Je reviendrai. », disaient ils. « Je reviendrai, et cette fois-ci, tu ne m'arrêteras pas. »
Dernière édition par Lamantin_Furtif le Dim Nov 05, 2017 23:47, édité 4 fois.
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Re: DBAF-Lamantin

Messagepar omurah le Lun Août 17, 2015 23:32

L'un des plus plaisants chapitres de fiction DBZ que j'ai lu.
C'est totalement ma cam ça. Bravo. J'aurais troqué un épisode d'HXH contre ce chapitre easy ! XD
C'est long mais c'est autant jouissif que nécessaire pour bien rentrer dans le délire.
Je ne pensais pas que cette fik pouvait avoir à l'occasion (sera-ce régulier ?) un ton aussi DBZ en fait. Je suis agréablement surpris.
Ce chapitre complète parfaitement le précédent d'ailleurs, qui annonçait un peu la couleur. Bon j'aurais vu le découpage différemment, je trouve que l'intensité aurait été plus grande en enlevant le dernier quart de ce chapitre et en greffant C-6. Mais les deux publications se suivant quasiment au final, c'est du tout bon.
L'apparition de Kyra (ce clin d'oeil x) ) et ce côté bestial là, c'était magique... ça faisait très cavalier de l'apocalyse ou God's hand *-*
Au pif je dirais que Lucie est l'une de mages de l'ordre. J'ai déjà hâte d'en apprendre plus!
Buu en gardien de la terre, ça me paraît tellement logique haha. ça me fait penser au Gourou dans Sly 3 tiens. C'eût-été sympa d'ailleurs, d'avoir un petit changement de look pour l'occaz :p
La classe tes sayen btw :)
Goujin ça se prononce gou(d)jine ou gou(d)jein ?
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Re: DBAF-Lamantin

Messagepar Pedro le Jeu Août 20, 2015 20:12

Il est bien chouette ce chapitre, j'ai adoré.

C'est parfois difficile de suivre certains combats (on a parfois du mal à suivre quel personnage donne son point de vue). Mais dans l'ensemble on finit par comprendre.

Très attentif à la suite.
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Re: DBAF-Lamantin

Messagepar GLaDOS le Lun Août 24, 2015 17:25

C'était un excellent OS que tu as pondu là, Lamantin, mais un peu court pour une histoire aussi massive.

Ah pardon, on me signale que c'est un chapitre de ta fiction.

Donc ; très bon chapitre vraiment, l'écriture est toujours au top, les personnages sont présentés de façon assez cool. Je dois avouer cependant que j'ai trouvé que ça traînait un peu en longueur. Ou plutôt que ça allait trop vite ou plutôt...

Tu raconte quelque chose d'assez énorme, mais qui n'aura au final - je le crois - qu'un impact limité dans ta fiction. Je pense que c'était surtout pour introduire la situation de la Terre quand on y arrivera enfin, avec la position des Super Saiyen et, possiblement, un retour du méchant dans le futur, même si quelque part, j'en doute. Du coup, tu ne peux pas passer trop de temps dessus, du coup on a ce massif chapitre avec tout ce qui arrive dedans.
Là où je veux en venir, c'est que je trouve que vu l'ampleur de ce qui est raconté là, je pense que tu aurais pu y passer plus de temps, voir quelque chapitre, ou au contraire nous le faire raconter d'une autre façon au moment où l'on redécouvrait la Terre.

Parce que l'autre petit défaut que je trouve à ce chapitre, c'est qu'il est très bien, magnifique, super, mais il ne se relie à rien de ce qu'on a déjà vu dans la fic (excepté le chapitre précédent qui était ultra-court en comparaison), il ne fait qu'ajouter des éléments. Ce qui n'est pas un mal, mais ça commence à devenir une habitude et avec le rythme de parution, j'avais un peu l'impression de stagner. Donc au final, j'attends la suite pour pouvoir relier le tout et savoir si ça valait le coût ou non. Le fait que ce chapitre ne résolve et n'ajoute rien aux éléments de ceux précédents (les cinq premiers) fait que je m'en suis assez désintéressé à partir d'un moment et il fut un peu confus, du fait cette fois de la masse d'info nécessaire à la comprendre en entier.

Aussi, petit détail c'est tes sauts de ligne qui varie de façon un peu aléatoire par moment, je trouve ça bizarre.
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« Mais elle est trop bien ta fic en fait. »
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Re: DBAF-Lamantin

Messagepar Lamantin_Furtif le Lun Août 24, 2015 18:19

Bon, on commence par les gentils.

omurah a écrit:L'un des plus plaisants chapitres de fiction DBZ que j'ai lu.
C'est totalement ma cam ça. Bravo. J'aurais troqué un épisode d'HXH contre ce chapitre easy ! XD


J'espère bien ! :P

omurah a écrit:Je ne pensais pas que cette fik pouvait avoir à l'occasion (sera-ce régulier ?) un ton aussi DBZ en fait. Je suis agréablement surpris.

C'est sûrement dû à l'environnement plus familier... Sans spoiler, je pense pouvoir dire que la terre gagnera en importance

omurah a écrit:Ce chapitre complète parfaitement le précédent d'ailleurs, qui annonçait un peu la couleur. Bon j'aurais vu le découpage différemment, je trouve que l'intensité aurait été plus grande en enlevant le dernier quart de ce chapitre et en greffant C-6. Mais les deux publications se suivant quasiment au final, c'est du tout bon.

Ah, pas faux... à la base une version un peu raccourcie de cette scène était incluse dans le C7, mais j'ai préféré séparer pour conserver l'action et ne pas alourdir encore un chapitre déjà très lourd.

omurah a écrit:L'apparition de Kyra (ce clin d'oeil x) ) et ce côté bestial là, c'était magique... ça faisait très cavalier de l'apocalyse ou God's hand *-*


Souligner le côté surpuissant et incontrôlable des ssj est un souci majeur, ravi d'avoir réussi

omurah a écrit:Goujin ça se prononce gou(d)jine ou gou(d)jein ?


Je voyais plus "gou(d)jine", perso...


Pedro a écrit:C'est parfois difficile de suivre certains combats (on a parfois du mal à suivre quel personnage donne son point de vue). Mais dans l'ensemble on finit par comprendre.


Retenu. Ce combat-ci partait un peu dans tous les sens avec Kyra qui intervient, et tout... Ou alors c'est les précédents ?
Bon, je ferai attention en tout cas.


Hahaha, c'est vraiment trop cool, tout le monde aime ma fic, même quand je mets trois mois à poster un chapitre plus long que l'hélicoptère de Batroux et plus lourd qu'une blague de Kouki !
à ce rythme, CFC, L'empereur sayen et La déchéance du héros seront bientôt oubliées

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GLaDOS a écrit:C'était un excellent OS que tu as pondu là, Lamantin, mais un peu court pour une histoire aussi massive.

Ah pardon, on me signale que c'est un chapitre de ta fiction.

Donc ; très bon chapitre vraiment, l'écriture est toujours au top, les personnages sont présentés de façon assez cool. Je dois avouer cependant que j'ai trouvé que ça traînait un peu en longueur. Ou plutôt que ça allait trop vite ou plutôt...

Tu raconte quelque chose d'assez énorme, mais qui n'aura au final - je le crois - qu'un impact limité dans ta fiction. Je pense que c'était surtout pour introduire la situation de la Terre quand on y arrivera enfin, avec la position des Super Saiyen et, possiblement, un retour du méchant dans le futur, même si quelque part, j'en doute. Du coup, tu ne peux pas passer trop de temps dessus, du coup on a ce massif chapitre avec tout ce qui arrive dedans.
Là où je veux en venir, c'est que je trouve que vu l'ampleur de ce qui est raconté là, je pense que tu aurais pu y passer plus de temps, voir quelque chapitre, ou au contraire nous le faire raconter d'une autre façon au moment où l'on redécouvrait la Terre.

Parce que l'autre petit défaut que je trouve à ce chapitre, c'est qu'il est très bien, magnifique, super, mais il ne se relie à rien de ce qu'on a déjà vu dans la fic (excepté le chapitre précédent qui était ultra-court en comparaison), il ne fait qu'ajouter des éléments. Ce qui n'est pas un mal, mais ça commence à devenir une habitude et avec le rythme de parution, j'avais un peu l'impression de stagner. Donc au final, j'attends la suite pour pouvoir relier le tout et savoir si ça valait le coût ou non. Le fait que ce chapitre ne résolve et n'ajoute rien aux éléments de ceux précédents (les cinq premiers) fait que je m'en suis assez désintéressé à partir d'un moment et il fut un peu confus, du fait cette fois de la masse d'info nécessaire à la comprendre en entier.

Aussi, petit détail c'est tes sauts de ligne qui varie de façon un peu aléatoire par moment, je trouve ça bizarre.


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Bon.
comment dire ?
Oui ?
Oui. Je ne sais pas vraiment quoi dire d'autre, enfin si, mais on va avoir besoin de faire un tour dans les coulisses de DBAF_Lamantin.
Ce chapitre a une histoire : à la base, ce n'était pas censé être un chapitre. C'était ça :

Spoiler
« Ça devait arriver. On a déjà eu de la chance que ce ne se soit pas produit plus tôt. »

Les trois résidents du palais divin avaient fait le silence. Boo avait rejoint le namek et mr Popo depuis des années, maintenant. Le grand enfant stupide et rose ramené par Babidi, avait considérablement gagné en sagesse et en intelligence au fil des années. Si il lui arrivait d'avoir une réaction infantile de temps à autres, de se gaver de sucreries sur un instant de faiblesse, ce n'était plus du tout la chose qui prédominait chez lui. Un autre esprit, plus fort et expérimenté se fondait dans le sien, prenant de plus en plus d'influence, et déteignant sur ce qui avait été une arme de destruction massive, et était maintenant un parangon de sagesse et d'amour...
Et alors que le véritable plan du Kaïoshin sacrifié il y a un million d'années se révélait enfin au grand jour, Dendé avait décidé de laisser le titre de Dieu de la terre au djinn, maintenant plus qualifié que lui dans son domaine. Il était parti rejoindre les siens, laissant derrière lui les dragon ball, qui continueraient de veiller sur la terre, et les héritiers de Son Goku.

Mais il était peu probable que les dragon balls puissent réparer une bavure aussi large que celle-ci. En contrebas, les trois êtres dépités pouvaient observer le résultat de ce qui s'était produit quasi-simultanément partout sur terre.

Presque cent cinquante ans depuis que ce nom avait été rayé des menaces à l'échelle mondiale, l'armée du ruban rouge avait décidé de refaire surface. Cela n'avait au départ été qu'une petite force privée autonome d'une trentaine d'individus, usant d'un nom historique pour sa réputation. Mais ils avaient connu un succès retentissant, se montrant de plus en plus voraces en se confrontant avec la mafia, et rapidement, ils eurent tout une île sous leur contrôle. Puis un archipel. Puis un pied-à-terre... Leur chef avait appris les arts martiaux auprès du célèbre maître des tortues, et avait éliminé personnellement sans encombre tous les obstacles qui auraient normalement stoppé net un groupe de même envergure. Ils parlaient de renverser l'ordre social, de bousculer un monde qui avait sombré dans la paresse, d'un messie qui descendrait des cieux pour éliminer les faibles et les indigents.
Les gouvernements les avaient ignorés, sous-estimés, malgré les avertissements des maîtres en arts martiaux du monde entier. La dernière mobilisation militaire générale revenait à l'attaque du démon Boo, et s'était avérée inefficace. L'armée était affaiblie et la paix était si fermement installée que les gens refusaient de se confronter la réalité.
C'était donc la réalité qui était venue toquer à leur porte. L'organisation du nouveau ruban rouge était digne de louanges. Leurs groupes avaient attaqué simultanément toutes les capitales, alors que des frappes de missiles avaient visé les principales écoles d'arts martiaux et bases militaires, et ce en une seule nuit. Des dizaines de gouvernements à genoux se retrouvaient forcés d'abdiquer, et aucune entrave n'était visible à 'horizon pour les putschistes.

La désillusion n'en fut que plus grande. En l'espace d'une heure, en passant une poignée de coups de téléphone, douze individus avaient planifié la contre-attaque. Il ne leur fallut pas vingt minutes pour réduire à néant des années de travail acharné. Des colonnes de tanks renversés, des centaines de soldats vaincus en quelques instants, des bases militaires prises avant même de se rendre compte de ce qui leur arrivait... Ce qui avait vaincu les humains en un claquement de doigts n'avait pas tenu une seconde face à la colère des super-sayens.

Super-sayens dont le monde ne pouvait plus ignorer l'existence.

Piccolo se renfrogna, maussade.

- J'aurais bien aimé que ça dure encore un peu. Ça peut dégénérer n'importe quand à partir de maintenant.

- Je suis sûr qu'ils y arriveront. Répondit le nouveau Dieu de la terre, avec un sourire confiant. Ils ont de qui tenir.


*******


- Il a de qui tenir. C'est l'héritier des Brief !
- Ah mais oui, c'est lui ! Zakriel Brief !
- Je comprend mieux.
- Comprendre quoi !!!??? Ils avaient des bazookas et ça ne lui a rien fait !
- Ils étaient si forts que ça ?
- C'est comme ça qu'ils sont devenus riches, si ça se trouve...

« Et merde. »

Les mots parvenaient aux oreilles du jeune homme, diffus. Il n'avait qu'une vingtaine d'années, mais il rayonnait déjà de plus de respect et d'autorité que n'importe lequel des hommes politique occupé à murmurer dans le fond de la pièce. Que ce soit dans son port de tête fier, dans son regard gris qui semblait percer jusqu'au plus profond de l'âme de ses interlocuteurs, dans son physique puissant et svelte à la fois, ou même dans l'assurance de sa voix, il y avait en lui une chose qui rappelait la royauté du peuple disparu des sayens. Ses vêtements taillés sur mesure avaient été partiellement déchirés et calcinés aux endroits où les balles et les missiles l'avaient frappé, mais restaient miraculeusement en état.

Le dispositif mains-libres accroché à son oreille gauche sonna, et une voix féminine lui annonça que les capitales sud et est avaient été sécurisées. Il confirma l'état de la capitale de l'ouest, et, une vingtaine de minutes plus tard, il fut annoncé que la menace du ruban rouge avait été effacée du globe terrestre pour de bon.

Zak expira. Le plus dur restait à faire. Maintenant que les humains venaient d'être sauvés du ruban rouge, il allait falloir éviter que la convoitise suscitée à coup sûr par les super-sayens ne ruine tout le travail.


Voilà. Il aurait pu ressembler à ça, et cela aurait peut-être été préférable, mais dans la tête du lamantin, c'était plutôt
Lamantin_Furtif a écrit:Pffff, ça va trop vite, j'ai pas eu le temps de développer le background. Pis, comment j'introduis Goujin et "Kyra" (elle n'avait pas encore de nom à ce moment là), là-dedans ?
...
Y'a pas Krilin alors qu'on est sur terre. Niic va gueuler.
...
J'aimerai bien mettre des humain bien forts avec des pouvoir OP, pour la suite. Ce serait cool.
...
Et j'aimerais bien lui donner un peu de vie à ce méchant...
...
OMFG, balékouilles, on va faire tout un chapitre de fanservice sur Tien Shin Han, ça va être trop bieng !


Et trois mois de galère plus tard, on en est là.
Du coup.
Et le pire, c'est que je ressentais déjà moi-même. ça a été l'un des freins à l'écriture de ce chapitre : la sensation que je ferai mieux de laissser tomber et de peaufiner mes deux petites sous-parties en réfléchissant à des moyens d'introducion annexes pour les ssj. Et il a aussi fallut introduire les nouveaux éléments dans l'histoire...
à defaut de rattraper les erreurs fondamentales de ce chap', vous avec au moins les éléments pour les comprendre

GLaDOS a écrit:Parce que l'autre petit défaut que je trouve à ce chapitre, c'est qu'il est très bien, magnifique, super, mais il ne se relie à rien de ce qu'on a déjà vu dans la fic (excepté le chapitre précédent qui était ultra-court en comparaison), il ne fait qu'ajouter des éléments. Ce qui n'est pas un mal, mais ça commence à devenir une habitude et avec le rythme de parution, j'avais un peu l'impression de stagner.

C'est mon angoisse principale avec AF_Lamantin : le temps de mise en place. ça allaiit pendant 4-5 chapitres, mais ça commence à devenir difficile... Euuuh...
C'est presque fini ? Je ne peux pas en dire plus sans spoil... :(


GLaDOS a écrit:Aussi, petit détail c'est tes sauts de ligne qui varie de façon un peu aléatoire par moment, je trouve ça bizarre.

Retenu ! (ça au moins, c'est facile à corriger)
"Dorenavant votre rage me parviendra comme un sketch de Gad Elmaleh"
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Re: DBAF-Lamantin

Messagepar omurah le Mar Sep 29, 2015 22:48

Je me posais une question. Je relisais le dernier chapitre pour la Xe fois… et ce truc là m’intrigue :

lorsque la traque d'un criminel de niveau international sur tout un pays avait requis la vigilance de cinquante moines en plus de tous les sayens disponibles.

Ça a peut-être été pensé comme un simple accessoire… mais ça m’intrigue quand même. Mais qui donc est capable de déclencher un tel ramdam ? Oo
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Re: DBAF-Lamantin

Messagepar Lamantin_Furtif le Lun Oct 26, 2015 16:26

HAHAHA, nouveau chapitre !

Et on commence par répondre aux questions :

omurah a écrit:Je me posais une question. Je relisais le dernier chapitre pour la Xe fois… et ce truc là m’intrigue :

lorsque la traque d'un criminel de niveau international sur tout un pays avait requis la vigilance de cinquante moines en plus de tous les sayens disponibles.

Ça a peut-être été pensé comme un simple accessoire… mais ça m’intrigue quand même. Mais qui donc est capable de déclencher un tel ramdam ? Oo


Euuuh... ça a été pensé comme un simple accessoire. Il faut bien se dire que, si aucun maître en arts martiaux n'a rencontré cette personne, il devient très dûr de la localiser. Encore plus si elle pense à se cacher dans une ville, là où il est impossible de distinguer son ki de celui de la masse.

Le gars en question était très dangereux, certes, mais le nombre de personnes mobilisées se justifie surtout par la difficulté à le retrouver.

Allez, comme on dit : Place au texte ! (et merci encore à Niic pour la correction/les ajustements)


Chapitre 8 - Les apprentis sorciers




La subtilité n'était pas d'élargir sa perception, mais au contraire de se réduire à un seul angle d'approche. De simplifier un corps astral aux facettes infinies à une seule dimension, linéaire, à un seul élément, un seul aspect, un seul mot.

Feu.

Une tornade de flammes rugissantes s'échappa à toute vitesse des mains tendues de Panka, droit vers le visage impassible d'Uranie. Sans que celle-ci n'ait besoin d'agiter les mains ou même d'ouvrir la bouche pour énoncer un incantation, un pentacle lumineux se traça dans les airs au-dessus de son épaule, et projeta un fin rayon de givrant, pas plus gros qu'une paume de main, qui percuta la tornade en pleine course. Les flammes entourèrent la sorcière, mais, là où elle se trouvait, à l'endroit qui aurait dû être frappé par le centre de la tornade, le flot de flammes était fendu par sa propre contre-attaque. Quand Panka réalisa ce qui advenait, il était déjà trop tard. Elle tenta de focaliser le flux, mais la flèche givrante l'atteint en plein torse. Elle perdit toute sensibilité dans sa poitrine pendant une seconde, avant que son ki ne ré-imprègne la chair à peine gelée, la ramenant à la vie.
Elle resta sur le sol, haletante, le temps que les picotements caractéristiques s'estompent dans sa poitrine. Panka détestait cette sensation. Rien à voir avec les attaques de ki qui cognaient beaucoup plus dur, mais ne brûlaient que modérément. Les kikohas était une manifestation de puissance corporelle, lui avait-on appris. Une forme d'énergie que toute créature intelligente suffisamment puissante pouvait invoquer à loisir, comme une seconde force.

Ce qu'elle et Uranie venaient d'échanger, en revanche... C'était autre chose. La magie était une manifestation de l'esprit, et prenait donc la forme que les créateurs de ses innombrables domaines d'application avaient décidé de lui faire adopter. Là où les détenteurs de pouvoirs psychiques déchaînaient leur propre énergie spirituelle pour faire plier le monde selon leur volonté, les magiciens employaient celle, ô combien plus abondante, versatile et délicate à manipuler qui stagnait, latente, dans le monde tout autours d'eux. L'Art était une discipline de précision, dangereuse à expérimenter, difficile à maîtriser, et, parmi les quelques génies ayant tenté d'élaborer un nouveau domaine de magie, seule une poignée avait survécu pour entrer dans la postérité. Une fois établis les protocoles spirituels nécessaires à la maîtrise d'une forme spécifique de magie, il était beaucoup plus facile pour un sorcier apprenti de suivre la voie de son prédécesseur.
Cette organisation de l'Art avait divisé les magiciens en loges qui se spécialisaient chacune dans une poignée de domaines dont elles gardaient jalousement les secrets. Passer de l'une à l'autre était une vraie gageure pour les jeunes magiciens qui tentaient d'enrichir leur panel tout en échappant aux griffes des vieux chanceliers, qui passaient plus de temps à tenter de s'arracher leurs secrets mutuels et leurs apprentis prometteurs qu'à fournir les cités et la Citadelle en sorciers qualifiés.

Panka faisait progressivement en sorte de changer tout ceci, néanmoins, et c'était peut-être le seul domaine où elle trouvait à la fois le soutient d'Abel et de Ladra. Les loges se voyaient imposer de plus en plus de quotas, le savoir circulait de plus en plus facilement, et le pouvoir décisionnel glissait doucement de mains des chanceliers pour tomber entre celles de la Citadelle. Compenser la perte de puissance militaire subie lors de l'attaque de Makaïoshins par un recrutement accéléré de magiciens de combat était une idée dont Panka se félicitait. Quand Baphasi reviendrait, elle trouverait à ses ordres une véritable armée de sorciers loyaux à la citadelle et prêts à la suivre dans sa croisade.

Exhortée par son père, Panka s'était elle aussi intéressée à l'Art. Avec énormément de succès, aurait dit un observateur extérieur : sa maîtrise des arcanes était si fluide et naturelle que seuls les meilleurs étudiants évitaient le ridicule en comparaison. Le problème, justement, était qu'elle n'avait pas l'occasion de se comparer aux autres étudiants. Ladra lui avait collé rien de moins que la seconde meilleure praticienne du Makaï comme professeur particulier, plaçant la barre injustement haut pour sa nièce. Et ce n'était pas les occasionnelles leçons du nécromancien qui allaient améliorer les choses...


La voyant toujours pliée en deux, Uranie accourut en lévitant vers elle, pour l'aider à se relever, se répandant en excuses affolées. Elle venait de blesser la princesse héritière ! Du temps de Dabra, cela aurait été sévèrement puni. Mais les manières de tyran du roi avaient disparu, et Panka tenait moins de Baphasi que ce qu les apparences pouvaient suggérer.


Un coup d’œil rapide aurait certes pu les confondre, mais Panka était plus petite que sa mère, et regardait ses interlocuteurs dans les yeux là où la reine les toisait. Les cheveux de Panka étaient aussi moins raides, ses canines moins pointues, ses oreilles moins longues et dressées et sa peau moins rouge. La différence la plus évidente, cependant, était encore la démarche.

Baphasi marchait comme une impératrice, et avait un don pour rappeler à quiconque en sa présence qui était la reine et qui était le sujet. Elle jouissait de son pouvoir, déléguait les tâches ingrates, et profitait presque innocemment de tous les plaisirs que sa vie au somment du monde lui procurait. Panka, elle, adoptait un pas plus lent et ouvert. Sa vue prenait souvent le temps de s''égarer aux alentours là où celle de Baphasi restait braquée sur son objectif.
Élevée dans un monde en pleine mutation et purgé de l'influence néfaste des Makaïoshins, Panka s'était, à l'image de la nouvelle génération, ouverte au monde. Elle prenait de plus en plus souvent souvent l’initiative d'envoyer des missions de charité envers les basses-cités, ou de présider personnellement à des événements locaux dont Baphasi ne se serait jamais souciée. Ces marques d'attention, si nouvelles pour le peuple du Makaï, étaient rendues au centuple. Les foules scandaient son nom à chaque apparition, et il avait fallut construire des salles particulières pour entreposer la nuée de colifichets, d'amulettes, de bijoux qui lui étaient offerts à chaque passage dans les villes basses.

Baphasi avait été une reine invincible à la fois crainte et admirée, mais son image s'effaçait progressivement de la mémoire collective du peuple du Makaï, remplacée par celle de Panka, déesse protectrice au nom synonyme d'espoir et de miséricorde.

Et, lorsqu'elle rassura Uranie sur son état, éclatant même d'un grand rire clair devant la panique injustifiée de son professeur, la sorcière ne sut soudain plus, de Panka ou de Baphasi, qui était la mère et qui était la fille.


*******


Psychée ouvrit les yeux, alerte dès le réveil. Un regard à droite, un autre à gauche, et elle était prête. L'avertissement de Primus restait bien présent dans son esprit : elle n'avait pas beaucoup de temps. Elle se releva et mit en vitesse ses grosses chaussettes en laine et ses épaisses bottes de cuir usées. L'une des leçons que le temps lui avait appris était qu'il ne fallait jamais se fier à la magie si l'on pouvait faire autrement. Cela commençait par l'habillement. Elle enfila son manteau, enroula son châle autours de son cou, et ramassa son énorme sac à dos rempli à part égale de camelote et de reliques d'une valeur incalculable.

Le second mage jeta un dernier regard à la pièce. Elle lui avait servi de maison pendant une éternité, mais ce ne restait au final, sous les couches de décorations, d'amulettes et de tapisserie qu'elle avait ajoutées, qu'une petite chambre de servante, comme il y en avait un jour eu des centaines d'autres dans l'immense temple à présent presque entièrement dégradé par le temps. Un regard distrait aux alentours n'aurait pas immédiatement décelé l'anormale disposition du sol, ni le fait que les substituts de certaines dalles érodées soient encore discernables. La végétation et l'altération avaient rendu à la terre ce qui avait été le plus grand temple des quatre galaxies, érigé à la gloire de Primus. Un temps, l'édifice avait toisé l'immense ville dans laquelle il prenait place du haut de ses trois cent mètres, et de son demi-kilomètre carré de superficie. Il avait été gigantesque et splendide, accueillant des milliers de pèlerins quotidiens. Les balbutiements de l'ordre y avaient eu lieu, et, avec les années, les mages en avaient fait une juste représentation de leur grandeur.

Il avait été sans cesse plus beau, pendant près d'un million d'années, des milliards de personnes s'étaient succédé dans son entretien... Et voilà tout ce qu'il en restait : une mansarde de pierre dure, préservée par des sortilèges basiques et abritant une vieille folle, au beau milieu d'une forêt montagnarde. Le paysage était splendide, certes... Mais comment ne pas ressentir de nostalgie au souvenir de l'époque où elle, Psychée, était encore considérée comme la parole de celui qui occultait même les Dieux. Du temps où les plus grands se damnaient pour sa bénédiction, et où son simple mot pouvait arrêter une guerre ou en déclencher un autre.


Elle prit une grande inspiration et passa la porte. Les immenses conifères la toisaient, à présent. Et le sol accidenté de ce qui, en d'autres ères, été une plaine remettait en doute ses souvenirs.

Les bottes crissèrent sur le tapis d'aiguilles et les premières neiges, faisant fuir les animaux alentours, alors qu'elle rejoignait la cabane de rondins, où, à quelques centaines de mètres, se trouvait le seul autre être intelligent à cent kilomètres à la ronde.

Le protégé de Psychée n'était pas dans sa demeure. Il s'était depuis quelques années passionné pour la sculpture, après qu'un voyage en ville l'ait exposé à cet art. Il s'était acheté quelques outils à l'aide de ses dons et de ce que Psychée lui avait appris, et avait depuis pris la peine de s'entraîner. S'il n'avait pas le talent inné des vrais maîtres, il en avait tout l'acharnement et ses dernières créations tiraient un hochement de tête appréciateur même aux yeux blasés du deuxième mage.

Sa dernière création tentait de reproduire avec autant de fidélité que possible la navette qui l'avait amené sur cette planète. On aurait dit une sorte d'insecte, un gros corps presque sphérique perché sur quatre pattes en pointe, avec un gros œil rond là où se trouvait le cockpit.
Le détail était encore imparfait, mais on commençait déjà à reconnaître dans l'esquisse de bois la forme du vaisseau sur lequel le sculpteur prenait exemple. Bien que, concentré sur son travail, il n'en laissât rien paraître, Psychée savait que son l'ouïe du namek n'avait pas manqué son arrivée. Il ne tourna cependant la tête que lorsqu'elle prit la parole.

    - Unio. Prend tes affaires, nous partons.

Son protégé avait bien grandi depuis le jour où elle avait trouvé cet étrange vaisseau spatial ne contenant guère qu'un petit enfant et une coquille d’œuf desséchée. Il la dépassait d'une bonne tête, maintenant, et avait acquis un corps large et puissant, mais néanmoins capable d'une délicatesse insoupçonnable. Psychée lui avait enseigné les rudiments de l'Art, malgré son manque de prédispositions, et il avait assez ralenti son vieillissement pour paraître dans la force de l'âge alors que son espérance de vie naturelle aurait déjà dû le condamner à la sénilité.
Devant la confusion de son disciple, Psychée reprit.

    - Je viens d'avoir une vision. Le monde est peut-être au bord de la destruction, et nos ennemis sont déjà en route. Allez, dépèche-toi !

Sortir ainsi de plusieurs années de tranquillité à l'annonce d'une catastrophe imminente était un changement pour le moins drastique dans l'univers personnel d'Unio. Il resta quelques instants interdit, cherchant l'attitude adéquate à adopter. Son mentor, lui, traçait déjà son cercle de téléportation au sol, avec une poudre sortie d'une des innombrables poches de son sac à dos. Notant soudainement l'absence de réaction de son disciple, elle le pressa.

    - Qu'est-ce que tu fais ? Vite !

Ceci sembla réactiver le Namek. Il commença à emballer ses affaires à la va-vite, ressortant plusieurs fois le même objet pour le replacer dans le sac après hésitation, le tout avec l'inefficacité caractéristique de ceux qui s’attellent pour la première fois à une tâche qu'ils savent être censé maîtriser.
Une vingtaine de minutes d'embarras croissant plus tard, Unio était parvenu tant bien que mal à empaqueter une grande majorité d'objets inutiles, tout en oubliant l'essentiel. Il rejoignit sa tutrice avec les grands yeux à la fois excités et paniqués d'un enfant quatre fois centenaire qui quittait pour la première fois son foyer. L'aventure ! Lui qui s'était bien gentiment contenté d'une vie facile et tranquille auprès du deuxième mage sentait un grisant frisson d'excitation lui parcourir l'échine. Tout était si soudain !

Psychée était parvenue à dégager quelques mètres carrés de sol plat, afin d'y tracer les symboles qui faciliteraient une téléportation aussi loin que possible de cet endroit, ainsi que les brouilleurs qui interdiraient toute tentative de traçage à un sorcier moins doué qu'elle -ce qui regroupait, elle n'en doutait pas, tous les pratiquants des arcanes à deux ou trois exceptions près-. Un chevreuil malchanceux fournissait le sang servant à tracer les runes. De toutes les substances servant à canaliser la magie, aucune n'égalait le sang frais en efficacité.

La réalité du cadavre refroidit brutalement l'excitation d'Unio. L'aventure commençait vraiment. Psychée invoqua le portail de quelques mots, et s'y engouffra immédiatement, invitant son disciple à l'imiter. Déboussolé, il avança comme un pantin vers la faille, sentant peser dans son dos le regard vitreux de la bête assassinée.


*******


Les oignons ! Matsu avait oublié les oignons dans sa soupe, et elle était presque cuite. Il allait falloir les faire cuire à part, ou ce serait la catastrophe... C'était précisément dans ces moments là qu'il se félicitait d'avoir choisi des études de sorcellerie au lieu de reprendre l'entreprise familiale de peinture en bâtiments. Toutes la comptabilité du monde aurait été bien incapable de découper les légumes en dés et de porter une casserole d'eau à ébullition en moins d'une douzaine de secondes comme il venait de le faire.
Tout étudiant isolé loin du foyer parental apprenait tôt ou tard à faire la cuisine, et Matsu était un étudiant exemplaire. Si exemplaire, en fait, qu'il avait réussi à se frayer un chemin depuis sa petite banlieue jusqu'à la prestigieuse université des arcanes de la Citadelle, dans le cadre du programme de « mise en valeur des jeunes talents ». La magie de combat n'était pas exactement sa tasse de thé, mais avoir accès à un enseignement de ce niveau valait bien la corvée d'assister à quelques cours de pyromancie chaque semaine.

C'était que, contrairement à la légion d'imbéciles arrogants et bien-nés qui envahissaient les couloirs de l'institut, Matsu rêvait de plus que quelques boules de feu. Tuer des gens, quel que soit le moyen, ne revêtait aucun attrait à ses yeux. L'opération inverse, en revanche...


La Citadelle grouillait de gens intéressant, et Matsu avait eu la chance de se faire remarquer par le plus intéressant d'entre tous. Le nécromancien avait su voir en lui le génie caché sous les origines modestes et les manières rustres. Il avait fallu la jouer fine : Abel était étroitement surveillé, et prendre un jeune magicien sous son aile lui aurait été formellement interdit. De la même manière, on ne laissait pas les jeunes sorciers prendre trop de liberté dans la Citadelle, alors inutile même de penser à prendre des cours particuliers de ce qu'une grande partie de la classe dirigeante tenait pour l'ennemi public numéro un. Cela avait requis beaucoup de travail ainsi que, Matsu s'en doutait bien, la mort de quelques innocents, mais Abel avait prouvé être à la fois plus puissant et plus malin que l'administration, qui croyait à présent Matsu mort et enterré (partiellement à raison, il avait été mort pendant au moins deux heures).

Le jeune sorcier avait à présent droit à des cours journaliers dispensés par fantôme interposé, et devait en échange veiller sur une très jolie jeune femme complètement amnésique, dans un chalet perdu au beau milieu de nulle part. Il avait vu pire, tout au plus se sentait-il un peu mal pour ses amis et sa famille, mais il s'était promis de les avertir de sa véritable situation dès que possible.


Pour l'heure, cependant, c'était hors de question : Abel tenait à sa protégée comme à la prunelle de ses yeux et exigeait que Matsu veille en permanence sur elle. C'était assez compréhensible : elle semblait complètement perdue, dans tous les sens du terme. C'était presque comme si elle venait d'un autre monde. Par exemple, elle ne pensait pas à s'alimenter. Ou plutôt, ne faisait pas le lien entre la sensation de faim et le besoin de nourriture. Il avait fallu presque une heure à Matsu pour identifier la source de son malaise, la première fois. Inspirer et expirer n'étaient pas non plus des réflexes, et il avait été convenu de lui faire garder le masque et le harnais enchantés qui maintenaient une respiration artificielle, de jour comme de nuit. Il avait cru avoir atteint le sommet avec la gestion extrêmement laborieuse des excréments, mais il s'avérait que sa protégée ne faisait pas non plus le lien entre la sensation de douleur et les dommages que subissait son corps.
La voir face à un miroir, enfoncer ses ongles dans son visage jusqu'au sang, avec toujours cette même expression de dégoût perplexe avait été difficile à surmonter, et, à la réaction d'Abel lorsqu'il s'était rendu compte de la faute d'attention de son disciple, Matsu avait cru sa dernière heure arrivée.


Plus question d'échouer. Lucie était de toute évidence en train de parvenir à une réalisation quelconque, et il fallait s'en occuper le temps qu'elle y parvienne, aussi gardait-il un œil attentif sur elle, tout en finissant de préparer son repas. Elle se tenait debout, à l'extérieur de la cabane, dos à lui, les bras ballants, depuis presque une demie-heure. Chez n'importe qui, cela l'aurait alarmé, mais de la part de Lucie, c'était finalement assez rassurant.

Elle allait finir par le rendre fou, à ce rythme.

Matsu éteignit le feu d'un claquement de doigts, et s'apprêtait à verser le potage, quand il perçut du coin de l’œil un mouvement inhabituel chez la jeune fille. Tout son corps semblait pris de tremblements. Il se rua vers la porte pour la secourir, mais, pendant le bref laps de temps qu'il lui avait fallu pour sortir, elle était tombé à genoux, la tête renversée vers l'arrière. Les soubresauts s'étaient transformés en spasmes de plus en plus violents. Il ne réalisa qu'alors que tout le corps de la malheureuse se teignait de rouge. Voilà qu'elle se mettait littéralement à transpirer du sang par tous les pores de la peau ! Merde, ça n'avait pris que quelques secondes ! Qu'était-il censé faire ?

Le cadavre en sursis de Lucie était déjà au sol, pris de tremblements de moins en moins forts. Ça y était. Pour une raison ou pour une autre, elle allait mourir, et il n'avait rien pu y faire. Un instant, il envisagea de s'enfuir, et de prier pour qu'Abel ne le retrouve jamais, mais il lui alors traversa l'esprit que, s'il existait bien une personne qualifiée pour réagir à ce décès soudain, c'était précisément le nécromancien. Son amulette de communication d'urgence ne le quittait jamais, aussi la saisit-il pour l'activer dès que la panique le quitta.



Abel Alazrhad ne se matérialisa quelques secondes après l'envoi du signal, mais il était déjà trop tard. Matsu n'avait jamais vu ça : le corps de Lucie s'était littéralement délité en petits morceaux. Là où se tenait une splendide jeune femme en parfaite santé quelques instants auparavant, il ne restait plus que des lambeaux de chair imbibés de sang frais. Il réprima une soudaine poussée de nausée. Le spectacle était déjà assez répugnant, il ne s'agissait pas d'y ajouter un apprenti sorcier en train de vomir.
Déjà occupé à contrôler son estomac, il n'eut pas l'occasion d'expliquer la teneur de l'incident à son maître. Il avait bon espoir que le répugnant tas de viande au sol serait suffisamment explicite. Après un bref instant de perplexité, il vit un large sourire se dessiner sur le visage du nécromancien.

    - Haha ! Elle n'a pas traîné, hein ? J'aurais dû te prévenir, mais je croyais qu'on en avait encore pour deux-trois mois.

Les comportements inadaptés du nécromancien face à aux événements les plus macabres n'étaient pas une nouveauté, mais il faisait très fort sur ce coup-là. Ses capacités avaient dû sérieusement altérer sa sociabilité. Il avait veillé sur Lucie avec un amour et une attention toute nouvelle chez lui. Et là... Sous le choc, Matsu peinait à conserver son calme.

    - Vous vous foutez de moi ? Vous saviez quelle allait mourir depuis le début !?

Abel se retourna, surpris par l'explosion de son disciple.

    - Tu crois vraiment qu'elle est morte ? Qu'est-ce que je t'ai appris ? Ne fais jamais confiance à tes yeux.

Matsu tenta de se calmer... Il ferma les yeux pour se couper du spectacle répugnant auquel il faisait face, et ouvrit ses sens spirituels. Le dégoût et la panique l'avaient fermé au monde, lui faisant rater l'évidence même. Ils n'étaient pas seuls. Dans ce petit chalet, il percevait sa propre présence, l'aura destructrice et brûlante du nécromancien... Et autre chose. Plus diffuse, moins dense. Et rapide, aussi. Terriblement rapide. Sur le plan matériel, il était presque impossible de la suivre, et il se rendit rapidement compte qu'elle suivait les flux d'énergie magique au lieu des mouvements de matière. C'était...
C'était impossible. Toute forme de vie avait besoin d'un corps, c'était la base même de l'étude des flux magiques chez le vivant. Le corps était le navire qui empêchait l'équipage de l'âme de sombrer sur la mer en furie qu'était le monde spirituel. Et, depuis son pont secoué par la houle et harcelé par les rafales, Matsu contemplait maintenant un immense cétacé, indifférent tant aux vagues qu'à l'agitation des insectes étrangers à son domaine, qui usaient de mille artifices pour y survivre. Des millénaires de connaissances accumulées étaient réduits à néant sous ses yeux.

De l'énergie, qui se déplaçait sur le monde matériel sans y laisser de trace. L'esprit rationnel de Matsu en vint à une impossible conclusion.

    - Une onde. C'est une onde vivante... Impossible.

Le Nécromancien semblait ravi. Il éclata soudain de rire, et saisit le jeune homme par l'épaule.

    - Matsu ! Je te présente celle qui est la quinzième de notre ordre ! Comme tu peux le constater, sa véritable forme n'est pas très pratique pour moi, il m'a fallu fabriquer de quoi faire la transition.

Il regarda l'ancienne incarnation de Lucie avec regret. Dans le ciel, autours d'eux, des courbes luminescentes se formaient et disparaissaient aussitôt, signes de la présence de cette improbable créature.

    - Elle aurait pu faire un peu plus attention, remarque. Je m'étais vraiment appliqué.

Cela ne calma pas la curiosité panique de son élève.

    - Comment est-ce qu'une chose pareille peut exister ?

Abel passa plusieurs fois sa main dans sa barbe, en silence, alors qu'il tentait de trouver une formulation qui trouve son sens dans l'esprit désespérément instruit de Matsu.

    - Heum... Tu sais qu'à notre échelle, les conditions idéales, pour qu'un être vivant subsiste sont... Mettons, des températures entre vingt et trente degrés, et une abondance de matière organique, de lumière et de dioxygène.

    - Oui... Matsu était sur le point de ne plus rien y comprendre.

    - Voilà. Et... Je t'avais appris que, dans le monde d'au-dessus, les premières formes de vie s'étaient développées très profondément sous la mer, en l'absence de lumière, sous des températures extrêmes, et traitaient le dioxygène comme un poison.

    - …

    - Ce que j'essaie de te dire, Matsu, c'est que ce que tu tiens pour fondamental n'est qu'une dérivation très spécifique de la réalité.


*******



Les cieux rouges des désolations résonnaient des détonations régulières du combat aérien qui y faisait rage. En d'autres lieux, un tel manque des discrétion aurait attiré une foule de d'animaux monstrueux avides de chair fraîche, mais même les plus féroces des dragons avaient appris à éviter cette zone. On trouvait toujours plus gros prédateur que soi, et les rares êtres intelligents à avoir survécu seuls dans les désolations jusqu'à atteindre cet endroit avaient toutes les chances d'être de sacrés prédateurs.

Une série d'attaques énergétiques fendit le ciel, certaines touchèrent, mais pas assez pour ralentir la cible qui parvint à réengager le corps à corps après une série de pirouettes acrobatiques. Les impacts reprirent de plus belle, spectacle sonore impossible et terrifiant.

Adossé en tailleurs au tronc desséché d'un arbre mort, un jeune garçon au teint hâlé suivait attentivement les mouvements aériens de ses grands yeux bleus sans pupille. Il ne réagit pas lorsqu'une soudaine rafale de vent agita son repère, ni lorsque cette même rafale prit la forme d'ombres indistinctes qui se concentrèrent en une silhouette en même temps que le vent se calmait. Un bref instant plus tard, l'être s'était défini en une grande créature androgyne parée de deux ailes de corbeau ; Voyant qu'il n'y faisait pas attention, elle décida d'engager elle-même la conversation.

    - Teumabris ?

Il ne sembla la repérer qu'à ce moment là.

    - Ah, bonjour Aza. Tout va bien ?

    - Oui, oui très bien. C'est assez tranquille ces temps-ci, on a pas besoin de patrouiller autant.

    - Hum.

Encore ce silence. Teumabris était aimable, mais affreusement peu bavard. Leur micro-société n'était déjà pas très nombreuse, il aurait pu faire un effort... Mais au moins était-il aimable, et c'était déjà plus que ce que la plupart de leurs compagnons avaient à offrir, aussi Aza se résigna-t-il à faire un effort.

    - Attend, c'est bien Khorn, là-haut ?

    - Oui.

    - …

Les manières de Teumabris commençaient sérieusement à lui taper sur le système.

    - La nouvelle a fait des progrès, dis-donc. Il y a deux ans, Khorn l'aurait ouverte en deux temps trois mouvements.

    - Oh, mais tu n'as rien vu du tout, là.

Une demie-seconde plus tard, un terrifiant impact retentit, alors que le corps de Khorn, projeté sans ménagement au sol, y creusait un cratère que son adversaire vint rejoindre à toute vitesse. Les premières secousses se faisaient sentir au niveau du sol.
La chèvre de compagnie d'Aza, royalement indifférente à la brutalité de l'affrontement, trotta tranquillement vers l'arbre de Teumabris pour en grignoter l'écorce avec appétit. Les secousses s'intensifièrent un petit moment, avant que le combat ne reprenne dans les airs. Il mit quelques instants à réaliser ce qu'il se passait.

    - Elle est en train de gagner, là ?

    - Oh que oui. D'assez loin, d'ailleurs.

    - Wow...

    - Ah, c'est autre chose qu'Ellac, ça c'est sûr.

Une troisième voix apparut derrière eux, beaucoup plus grave.

    - Mais qu'est-ce qui lui prend à cet abruti ?

Teumabris sourit sans même se retourner. Il ne regardait presque jamais les gens qui lui parlaient. Encore un détail frustrant chez lui.

    - Il a dit qu'il n'accepterait pas de suivre quelqu'un de moins fort que lui.

Le nouvel arrivant s'approcha de son pas lourd, jusqu'à prendre position juste derrière les deux spectateurs. La chèvre écopa d'un petit coup de pied lorsqu'elle se désintéressa de l'écorce qu'elle grignotait alors pour tenter de rogner l'une des plaques osseuses qui recouvrait son tibia.
Elle répondit par un bêlement résigné et une mastication plus assidue du bois sec auquel elle avait accès.
Suivant le combat aérien des yeux, il reprit son commentaire.

    - Il doit être servi... Ça fait au moins deux ans qu'elle s'entraîne avec le chef, il s'attendait vraiment à la battre ?

    - Je ne pense pas, non. Il est juste trop orgueilleux pour lui obéir comme ça.

Aza, peu au courant des dernier événements, se renseigna :

    - Elle rentre au Makaï, c'est ça ? J'ai entendu qu'elle voulait mener une guerre...

    - C'est plus que ça. Elle veut lancer une expédition dans le monde d'au-dessus, répondit Teumabris. Elle recrute autant de combattants que possible.

    - Wow ! Mais il ne risque pas d'y avoir des Kaï... Ah, quoique. Elle a déjà tué ceux d'ici, ça ne devrait pas être un gros problème.

    - C'est ce qu'elle doit aussi se dire.

Le combat s'était achevé sur une défaite écrasante de Khorn. Les trois spectateurs restèrent encore interdits un moment, quand la voix la plus grave reprit.

    - Et vous, vous comptez la rejoindre ?

Teumabris détourna finalement le regard du champ de bataille pour changer de position. La chèvre avait presque entièrement dévoré la souche, et commençait à s'intéresser d'un peu trop près à son pagne. Après avoir écarté l'animal, il se tourna en souriant vers son interlocuteur.

    - Oui, je pense. Je commençais sérieusement à m'ennuyer, ici. Et puis, il faut bien avouer qu'elle donne envie de la suivre.

    - C'est vrai. Et toi, Aza ?

    - Oh, non, très peu pour moi. Le chef risque de se sentir seul avec tous ces départs. Et puis, je la connais à peine... Non, sans façons, fit-il en grattant son animal de compagnie derrière l'oreille. Il se retourna enfin vers celui qui avait posé la question.
    Et toi, Banquiz ? Ce sera une bonne occasion de retrouver ton ancien royaume, non ?

Le visage blanc du démon du froid haut de plus de deux mètres se fendit d'un grand sourire carnassier, alors que sa longue queue battait l'air derrière lui, signe caractéristique de satisfaction.

    - Évidemment que je viens.
Dernière édition par Lamantin_Furtif le Dim Nov 05, 2017 23:48, édité 2 fois.
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Re: DBAF-Lamantin

Messagepar omurah le Mer Oct 28, 2015 11:51

Un chapitre dans la même veine que les précédents... mais crescendo! On sent la bouteille sous pression, c'est intéressant.
Le coup de la chèvre m'a achevé, ça t'es venu d'où ce délire ?
Panka m'est de plus en plus sympathique. Je l'aimais déjà pas mal avant ce chapitre... là elle est pas loin d'être mon actuel personnage préféré.
Pour ce qui est du fond de l'intrigue... je dois m'accrocher pour suivre j'avoue. Par exemple quand Psychée dit "nos ennemis sont déjà en route" là comme ça je vois pas forcément à quoi elle fait allusion. Me souviens plus trop des bails en cours des Kaïoshins...
En tout cas ce chapitre fourmille d'idées plus croustillantes les unes que les autres. Bravo.
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Re: DBAF-Lamantin

Messagepar Lamantin_Furtif le Dim Déc 06, 2015 14:12

Voilà voilà, nouveau chapitre. Je sais que le rythme de parution est de plus en plus anarchique, mais j'ai vraiment beaucoup de mal à me dégager du temps pour écrire. Plus à cause de mon manque d'organisation que de mon planning (même s'il est chargé)

Bref

omurah a écrit:Le coup de la chèvre m'a achevé, ça t'es venu d'où ce délire ?

Disons que c'est un des attributs du personnage dont est tiré Aza. Content qu'elle t'ai plu, j'ai fini par m'y attacher moi-même pendant son élaboration. :mrgreen:

omurah a écrit:Panka m'est de plus en plus sympathique. Je l'aimais déjà pas mal avant ce chapitre... là elle est pas loin d'être mon actuel personnage préféré.

Content qu'elle vous plaise :D
Elle risque d'être assez importante, c'était une de mes appréhensions.

omurah a écrit:Pour ce qui est du fond de l'intrigue... je dois m'accrocher pour suivre j'avoue. Par exemple quand Psychée dit "nos ennemis sont déjà en route" là comme ça je vois pas forcément à quoi elle fait allusion. Me souviens plus trop des bails en cours des Kaïoshins...

J'aurais sans doutes dû intégrer la première partie de ce chapitre au précédent...

Bon, allez, place au texte

Chapitre 9 - Life. Death. Immortality.



La tente des chamans était la plus grande du campement, après celle d'Ellac lui-même. Percée au niveau du toit, la structure permettait de laisser s'échapper la fumée dégagée par le brasier au centre. La grande superficie permettait à la centaine de praticiens que le chef de tribu avait rassemblé de conserver un minimum d'espace vital. Ellac avait recruté les meilleurs des meilleurs pour son projet.

Les sorciers avaient dégagé un grand cercle, au milieu duquel de trouvait un chasseur vêtu seulement d'un pagne, et recouvert de la tête aux pieds de runes et de peintures chamaniques. Il faisait face à l'un des rares utilisateurs de magie de combat que comptaient les tribus. Celui-ci se concentra un moment, puis envoya, les deux mains jointes, un puissant torrent de flammes vertes droit sur le jeune homme.

Ce fut alors que les flammes adoptèrent un comportement étrange. À un mètre de la cible, elles se séparèrent en des dizaines de plus petites flammes qui fusèrent vers les symboles peints. Ceux-ci absorbèrent l'attaque, puis se mirent à luire comme des fers portés au rouge, arrachant une grimace de douleur à leur porteur. Faible contrepartie : il aurait dû finir brûlé au dernier degré.
L'attaque avait été totalement absorbée.

Une série de félicitations et de hochements de tête appréciateurs s’éleva dans la salle. Ses longs bras croisés sur son torse, Ellac dévoila ses dents dans un sourire confiant.
À sa droite, Ladra ne partageait pas son enthousiasme.

    - Très impressionnant. Mais le nécromancien est d'une autre trempe que votre sorcier.

Ellac ne répondit pas. Il laissa juste Ladra constater que trois lanceurs de sorts de plus, concentrant leurs attaques, n'arrivaient pas à des résultats plus concluants.

    - Et vous êtes sûrs que ça fonctionnera contre les flammes noires ?

    - Non. Mais d'après eux, ça devrait au moins les affaiblir. De plus, elles sont lentes et de courte portée. On fera avec.

Les attaques combinées cessèrent d'un coup, et, si le cobaye peinait à masque la douleur que les marque chauffées à blanc lui infligeaient, il ne portait pas la moindre trace de brûlure.


******


Le vautour ne fit que quelques tours dans le ciel avant de se poser à côté de son prochain repas. L'odeur de la carcasse l'avait attiré, mais l'oiseau, tout prédateur qu'il était, restait prudent. Quelques instants plus tard, il se posait sur la dépouille, faisant détaler d'un cri le corbeau qui s'acharnait déjà sur un œil.
Son minuscule cerveau s'étonna de ce que l'animal n'avait même pas été partiellement mangé, mais la perspective d'un nouveau repas l'écarta bientôt. Il avait à peine commencé à grignoter la chair du cou, que ses sens aiguisés perçurent deux silhouettes s'approchant de sa position. C'était beaucoup trop gros pour qu'il s'en débarrasse comme du corbeau de tout à l'heure. Pestant, engloutit sa dernière becquetée avant de fuir à tire d’aile.

Les deux serviteurs, habillés de la tenue habituelle du Kaïoshinkaï, se posèrent près du cercle de sang dessiné au sol.

    - Bon, au moins on sait qu'on est au bon endroit, fit le premier.

C'était une petite créature qui avait gagné un physique très androgyne lors de sa fusion, les deux parties étant de sexe opposé. Ses petits yeux en amande et la coupe iroquoise qu'il avait décidé d'adopter lui donnaient une ressemblance sans doute voulue avec l'ancienne apparence du Kaïoshin.

Son camarade lui rendait une bonne tête et demie. Il avait de très grands yeux, aucune pilosité et six longues antennes articulées sortaient de son front, héritage de la partie d'insecte en lui.

    - J'aurais préféré qu'on arrive aussi au bon moment. On dirait qu'elle a déjà décampé.

Si elle a fui, c'est qu'elle sait quelque chose. Essaye de tracer sa téléportation, je m'occupe de fouiller le secteur.

Le petit serviteur observa un petit moment le vaisseau Namek, puis décida de commencer son exploration par la demeure de Psychée.
Son collègue joignit les mains, et s’agenouilla à côté du cercle d'invocation. Il était la fusion de deux petits sorciers qui avaient toujours utilisé la foi pour canaliser leurs pouvoirs. La fusion avait démultiplié leur faible talent individuel, mais il lui suffit d'effleurer l'aura du pentacle pour comprendre que la praticienne à son origine avait pris soin de brouiller les pistes, et était manifestement beaucoup plus expérimentée que lui. Il prit le temps d'effleurer les défenses à la recherche d'une faille, sans succès, mais fut interrompu par un mouvement d'air qui lui passa sous le nez pour aller s'encastrer dans le vaisseau Namek.
Un coup d’œil dans la direction opposée lui indiqua ce qui avait projeté ainsi son collègue. La maison du mage avait bien changé, en quelques secondes. Les énormes blocs de pierre roulaient, les poutres glissaient contre les meubles pour s'arranger en une forme vaguement humanoïde, mus par la force surnaturelle de la magie golémique à l’œuvre. L'artefact arrachait aussi de la terre et des rochers au sol, et ne cessait de grandir, en s’avançant de pas de moins en moins patauds.

-
    Continue à la traquer.

Son ami s'était immédiatement remis de l'impact, et sautillait sur place et faisait craquer ses articulations dans l'attente du combat à venir. D'un seul coup, son ki augmenta jusqu'à un niveau phénoménal.

    - On va vérifier si cette révélation de potentiel fonctionne.


*******


L'escorte de Panka resserra ses rangs à son entrée dans la ville de Skarr. La pseudo-reine du Makaï masqua au mieux sa frustration. Elle ne saisissait toujours pas l'intérêt de lui coller quatre soldats aux basques : elle était à peu près sûre que si quelque chose en mesure de la menacer se pointait, elle pourrait aussi se débarrasser des gardes. Mais cela avait l'air de rassurer Adjack, alors elle se pliait à ces exigences.

L'absence de Baphasi, son isolement à la Citadelle et les tentatives réciproques de Ladra et d'Abel pour s'éloigner l'un-l'autre de l'enfant avait réduit l'entourage de la jeune fille aux quelques personnes trouvant également grâce à leurs yeux. Au-delà de la capitaine de la garde, cela se résumait plus ou moins à Nadil, à la fois fidèle à son sang et débiteur du nécromancien, et à Uranie. La pupille de Baphasi avait été comme un roc au milieu de cette confrontation, fidèle à la véritable reine et à elle seule. Bien que toujours timide et peu apte à se mettre en avant, aucun camp ne s'était allié sa coopération, et il semblait à Panka qu'elles étaient les seules au monde dans cette situation.
Avec le temps, ce rat de bibliothèque aussi intelligent qu’associable s'était transformé en conseillère avisée, sournoise, pratiquement incollable quel que soit le sujet abordé, et surtout dévouée. La ferveur d'uranie pour Baphasi, dont Panka savait n'être qu'un substitut, faisait presque peur à voir. C'était comme un brasier dans ses yeux à chaque fois qu'on évoquait la reine en face d'elle. S'il ne restait qu'une chose au monde sur laquelle se reposer, c'était incontestablement la foi aveugle de la magicienne, et Panka y recourait à outrance. Faire pression sur Uranie aurait été prendre le risque d'une sévère réprimande au retour de Baphasi, et personne ne s'y risquerait de plein gré.

Cela était un avantage phénoménal. L'impossibilité de faire surveiller une sorcière de ce niveau lui donnait une liberté de mouvement inégalable, dont elle se servait tant pour accomplir des travaux discrets en solitaire que pour suivre la princesse héritière comme une ombre même là où l'un des deux rivaux aurait bien voulu la voir seule.
En l’occurrence, il s'agissait de la mise en place d'un projet personnel qui lui tenait tout autant à cœur qu'il indifférait royalement son père et sa grande-tante : La mise en place de la toute première voie de communication ouverte au public à travers le Makaï. L'idée était simple en elle-même, mais requérait d'importantes quantités de ressources pour être mise en place, et dérangeait à la fois les seigneurs régents qui profitaient de l'ignorance de leurs sujets vis-à-vis des autres cités, et les groupes de combattants qui gagnaient leur pain en convoyant à prix d'or personnes, biens et informations entre les différentes cités.

De toute évidence, l'incident actuel était du fait d'un de ces groupes. Craignant pour leur avenir,quelques combattants avaient lancé une attaque éclair excessivement violente sur le site des travaux. L'installation d'un portail de téléportation durable n'était pas chose aisée, et il avait fallu stationner des équipes d'ouvriers et de magiciens sur le chantier pendant plusieurs semaines. Le projet était populaire, et s'était fait sous les ordres directs de la citadelle. De penser qu'on puisse oser s'y attaquer... Et avec cette brutalité...
Les assaillants ne s'étaient pas contenté d'endommager le chantier, non. La scène à laquelle l'héritière royale assistait semblait tout droit sortie de l'époque de la révolte d'Ashura. L'équipe mandatée avait été massacrée construction réduite à l'état de gravats, et les cadavres des victimes empalés tout autours des ruines en guise d'insulte ou d'avertissement.

La grimace de fureur sur le visage de Panka suffit à Uranie pour comprendre ce qu'elle avait à faire. Les responsables n'avaient sûrement pas prévu qu'une sorcière de son niveau se déplacerait spécialement pour eux, sans quoi ils n'auraient jamais tenté quelque chose d'aussi dangereux.
Uranie n'avait pas besoin de plus que quelques traces de matières organiques ou de brûlures de ki pour tracer un combattant, même après une journée entière. Ce carnage-ci ne datait que de quelques heures, et les tueurs ne s'étaient pas exactement fait preuve de discrétion. Un profane aurait immédiatement reconnu les nombreux cratères de kikohas, même sans sens magiquement améliorés, et il ne fallut pas une minute à Uranie pour comprendre aux marques de brûlures que l'équipe terroriste incluait un pyromancien. Des traces de magie toute fraîches ! Cela en devenait presque trop facile. Lorsqu'elle parvint à capter le signal, elle se lança à leur poursuite mais pas sans que Panka ait confirmé son initiative et que deux des soldats mandés par Adjack l'aient rejointe. On était jamais totalement à l'abri d'un imprévu.


*******


Comme elle s'en était douté, la bande de criminels ne s'était pas égarée bien loin. Leur refuge avait pris la forme d'une sorte de taverne posée dans le coin d'un petit quartier résidentiel mal famé, en aval du relief sur lequel Skarr avait été implantée. Ici-bas, les bâtiments n'étaient ni beaux, ni grands, ni très ancien, et l'ombre des hautes et froides spires supérieures, lieu de résidence du seigneur régent, apparaissait comme un olympe indifférent, lointain, inaccessible.
En contrebas, à l'écart de la ville, sous haute protection, on parvenait à distinguer une large sphère striée de chaînes dorées. Les sceaux d'interdiction, enfermés les uns dans les autres comme des poupées russes. C'était tout simplement le plus inviolable des coffres-forts à travers tout le Makaï. Seuls les héritiers royaux pouvaient l'invoquer et le révoquer à loisir. Pour tous les autres, ils étaient ne muraille infranchissable aux sens, au ki, à la magie, et à toute forme d'interaction entre l'intérieur et l'extérieur. Seule une force physique hors norme pouvait passer outre, et encore, une fois brisés, ils ne mettaient que quelques jours avant d'être à nouveau prêts à l'usage. C'était là que Baphasi avait entreposé le plus étrange artefact obtenu lors de la fouille d'Eden, comme si elle ne désirait la garder à portée de main, mais néanmoins loin de la Citadelle. Comme si elle craignait quoi que ce soit d'une simple graine inerte, scellée à la fois par un coffret magique, des dizaines d'enchantements et ses artefacts héréditaires...

Sans se l'expliquer, Uranie comprenait parfaitement ces appréhension. Elle avait un don pour repérer la magie, et cette graine n'avait rien de commun avec les plus puissants objets sur lesquels elle avait jusque-là réussi à mettre la main. Ceux-ci concentraient l'énergie ambiante et la déformaient comme un siphon multidimensionnel aux angles extrême. La graine était différente : elle émettait l'énergie, générait le monde autours d'elle au lieu de le modeler. Pour être honnête, Uranie s'attendait presque à voir les sceaux exploser de l'intérieur, tant la graine semblait « créer » de la réalité. Tout autours, les bas quartiers à la réputation sordide avaient échappé à l'évolution des dernières années. Scar, loin d'avoir suivi la voie d'assainissement et de pacification ouverte par Panka, s'enfonçait de plus en plus dans la violence et l'archaïsme. Si les demeures les plus luxueuses le cachaient encore, cela devenait évident dans les quartiers pauvres en contrebas.
Un détective de mauvais roman aurait sûrement dit « Il y a quelque chose de pourri dans cette ville. », et, s'il lui manquait chapeau, cigarette, imperméable et barbe de trois jours, Uranie avait en revanche une idée très précise de ce que pouvait être le « quelque chose » en question.



Assise en tailleur sur un toit, elle scanna le quartier où les meurtriers s'étaient réfugiés et estima leur nombre à une vingtaine. C'était beaucoup plus que prévu, mais elle n'était même pas certaine que ses deux protecteurs aient besoin d'elle pour régler le problème. Le chef mis à part, ce n'était que du menu fretin.
Enfin, Panka les voulait vivants, et elle avait de nouveaux sortilèges à tester. La petite sorcière se releva doucement, ridiculement et frêle entre les deux colosses chargés de veiller sur elle. Ceux-ci prenaient leur rôle très au sérieux, et lançaient des regards suspicieux aux alentours, prêts à neutraliser toute menace potentielle. Elle envisagea un instant de leur avouer qu'elle avait scanné la zone, et était sûrement plus au fait qu'eux des dangers potentiels, mais ils ne faisaient là, au final, que leur travail. On n'allait pas leur reprocher un peu de zèle. Uranie réfléchit un peu à l'approche à adopter. Elle aurait bien transformé l'établissement où ils se cachaient en poussière avec tous ses occupants, mais Panka devenait furieuse à chaque fois qu'il était question de dommages collatéraux, et puis, il les fallait vivants...

Finalement, les gardes allaient servir. S'il n'était pas possible de les neutraliser à l'intérieur du bâtiment, il allait falloir les en faire sortir. Elle ordonna aux deux combattants d'intercepter tout éventuel fuyard, et se concentra sur son invocation.
Il était possible de manipuler les plans élémentaires avec beaucoup de subtilité. Si la plupart des sorciers se contentaient de projectiles efficaces mais primitifs, certains initiés parvenaient à insuffler une vie éphémère dans leurs création. Beaucoup (de jaloux, suspectait Uranie), dénigraient ouvertement la création de familiers, excessivement fastidieuse et complexe, pour des résultats médiocres et temporaires. Mais ils restaient, quoi qu'on en dise, autrement plus adaptables qu'une boule de feu.

Un oiseau de flammes bleues quitta les poings serrés de la magicienne et plongea en piqué vers le repaire des tueurs. Quelques secondes et une explosion azurée plus tard, c'était la débandade. Chacun tentait de fuir le bâtiment incendié par les fenêtres, la porte, la cheminée... Autant de cibles faciles. Deux autres familiers de Panka (de simples boules de foudre en lévitation, ceux-ci), assommaient les fuyards d'une décharge bien placée. Les rares à s'échapper se faisaient cueillir non loin par ses acolytes. Bien.

Un mouvement plus rapide que celui des autres la fit sursauter, mais le chef de la bande se fit percuter par un garde de la Citadelle bien avant de représenter la moindre menace pour elle. Dommage pour lui. S'il aurait sans nul doute dominé la jeune fille au corps à corps, elle de donnait pas cher de sa peau face aux lutteurs d'élite formés par Adjack.
Il n'avait pas chargé seul, cependant. Juste derrière lui, se trouvait le pyromancien de la bande, qui lui chargeait droit dessus, entouré d'une véritable tornade de flammes, et préparant ce qui devait certainement être sa meilleure attaque incendiaire. Il ne savait manifestement pas à qui il avait affaire. Tant pis pour lui.

La magie élémentaire présentait le net avantage de permettre de canaliser énormément de puissance très vite, au point même de surpasser les utilisateurs de ki, si le magicien aux commandes était assez doué. Plus d'un combattant avait vu ses jours se finir sous une volée de tirs incendiaires libérés par un sorcier statique mais destructeur. Le plan élémentaire du feu était sans conteste le mieux maîtrisé, et toutes les forces armées du Makaï contenaient de véritables cohortes de pyromanciens chargés de dégrossir les rangs ennemis avant la charge. Certains apprentis, plus rares, montraient une affinité pour le plan de la glace. Les cryomancien, quoique rares, étaient très prisés pour leur capacité à contrer les tirs incendiaires d'une demie-douzaines d'adeptes du feu de niveau équivalent. L'électromancie, elle, faisait l'exclusivité de deux loges, qui se partageaient le monopole des quelque cinquante-sept élus capables d'utiliser la forme la plus versatile et dangereuse de l'Art, à même de griller sur place un cryomancien imprudent, ou tout imbécile trop confiant en la capacités qu'aurait le feu à surpasser du plasma, en terme de vitesse ou de dégâts causés.
Seules deux personnes dans tout le Makaï parvenaient à jongler également entre les trois éléments. Et Uranie était l'une d'elles. (la seconde soutenait quant à elle l'existence d'environs deux puissance trente plans élémentaires, dont onze milliards agissant à échelle humaine, un milliard deux cent millions observables, neuf mille théoriquement accessibles, soixante-quinze effectivement accessibles, et affirmait maîtriser vingt-sept d'entre eux. Peu de monde y croyait complètement, mais le milieu avait globalement renoncé à contredire Abel Alazrhad, quel que soit le sujet.)

Le pyromancien n'avait pas la moindre chance. D'un mouvement du doigt, Uranie conjura un rayon élémentaire glacé sur son attaque brûlante. Il s'avéra un peu plus réactif que prévu, et, après s'être arrêté en urgence dans sa course, s'efforça de retenir la contre-attaque. Non seulement il échoua, mais il remarqua pas non plus la salve d'éclairs qui remontait le flux de cristaux de glace, cachée derrière la collision des deux attaques.

Uranie était perfectionniste.


*******


À son retour triomphant, entourée des corps magiquement ligotés des criminels qu'elle faisait léviter, impuissants, autours d'elle, elle constata que Panka avait déjà terminé les préparatifs.
Les corps des victimes avaient été alignés et leurs visages recouverts d'un voile blanc. Panka, débarrassée de ses atours royaux, avait retroussé les manches de sa chemise et essuyait ses mains sur un torchon tâché de rouge. Sous la croûte de sang, on notait que les torses des cadavres ne conservaient pas de trace de l'empalement subi.

Uranie claqua des doigts, et les captifs, toujours ligotés, s'écrasèrent au sol sans ménagement. Uranie et ses deux autres gardes se posèrent derrière eux, les coinçant entre eux, la princesse et la rangée de corps.
Dès qu'ils réalisèrent l'identité de Panka (ce qui prit un peu de temps, elle ne portait rien qui l'identifiât au premier regard), leurs insultes et leurs marmonnements laissèrent place à un silence de mort. Si Panka était aimée du peuple, elle n'en avait pas moins prouvé à plusieurs reprises qu'elle pouvait être tout aussi ferme que Dabra, et qu'elle s'avérait particulièrement impitoyable pour ceux qui entravaient ses projets personnels, ou menaçaient les civils. Ceux qui cumulaient les deux accusations avaient du souci à se faire.

L'héritière royale finit de se nettoyer les mains avant de se tourner vers les prisonniers. Ses traits n'étaient pas familiers de la colère, et ne la laissaient transparaître qu'à regrets. Mais sa mimique de dégoût suffit à glacer les criminels. Elle attendit que le silence soit complet avant de prendre la parole.

    - On vous a sûrement dit des tas de choses sur moi et mon père. Les gens croient que nous pouvons contrôler la mort.

Elle secoua la tête, comme pour souligner le ridicule de l'idée.

    - On ne peut pas contrôler la mort, bien sûr. La mort n'est que l'absence de vie. Notre pouvoir est en réalité celui de manipuler la vie. Dit comme ça, ça fait beaucoup moins peur, non ?

À en juger par la tête de son auditoire, non.

    - La vie est le lien entre le corps et l'âme, c'est une chose délicate. Facile à briser, et presque impossible à créer, même pour moi.
    Ce que je sais faire, en revanche, c'est la transférer.


*******


Les arcs lumineux zébraient le ciel depuis plusieurs heures, maintenant, laissant derrière eux des courbes irisées toujours plus élégantes, brèves et complexes. Lucie retrouvait l'entière mesure de son apparence originelle. Abel, assis sur un rocher, contemplait le spectacle en silence. De toutes les choses qu'il avait perdu avec la chute de l'ordre, c'était peut-être ce qui lui avait le plus manqué. Les ballets aériens du quinzième mage étaient aussi splendides qu'envoûtant. D'une certaine manière, ils donnaient un sens à ce mot creux qu'était « liberté ». Elle avait toujours adoré voler.

Une spirale éblouissante se stabilisa à sa droite, dans son tournoiement hypnotisant. Toujours plus d'arabesques la rejoignirent alors que le ciel perdait de son éclat, et la forme de Lucie finit par se dessiner à côté de lui. Il avait tenté de façonner un corps de chair à sa hauteur, mais il était impossible d'égaler la perfection. Lucie était éblouissante, dans tous les sens possibles du terme. Les pupilles d'Abel rétrécirent jusqu'à n'être plus qu'un infime point noir dans le désert ambre de ses iris. C'était le genre de modification nécessaires pour regarder cette créature dans les yeux sans les y perdre définitivement. Sa réceptivité à la lumière réduite au minimum, il ne pouvait plus voir d'autre chose qu'elle. Cela devait, il le savait, la ravir. Elle était aussi orgueilleuse que belle.

Son corps formé n'était pas grand, mais ses pieds flottaient toujours au-dessus du sol. La gravitation n'exerçait aucun contrôle sur elle. Dans son dos, six arcs de lumière continuaient à claquer silencieusement comme la flamme d'une bougie éternelle, sensibles à des vents dont même Abel ne pouvait qu'à peine comprendre l'existence.

    - Merci de m'avoir ramenée, Abel. Je ne pourrai jamais te revaloir cela.

Sa voix. Comment avait-il pu oublier sa voix ?

    - Tout le plaisir est pour moi, je t'assure.

Lucie souriait. Son sourire aussi était une merveille. Abel se souvenait en avoir été fou amoureux pendant un temps, comme tout le monde. Et puis les années avaient passées, et il avait pris du recul. Il avait saisi à quel point cette créature était étrangère. Plus proche de l'océan que de l'humain, en vérité. Immense, intense, forte, extrême, cruelle et passionnée. Splendide, également. Splendide, elle le resterait toujours.

D'un coup, elle le prit dans ses bras et le serra fort. Son contact n'avait rien d'humain. C'était une vague de vie et félicité qui vous enlaçait. Lucie exaltait, excitait, libérait, brûlait. Il faillit défaillir sous le flot d'émotions, et elle cessa le contact. Il se dévisagèrent encore un instant, avant de rire à l'unisson. L'ordre renaissait.
Dernière édition par Lamantin_Furtif le Dim Nov 05, 2017 23:52, édité 7 fois.
"Dorenavant votre rage me parviendra comme un sketch de Gad Elmaleh"
Many, 12 juin 2016


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