…Comment dire?
Je sais que certains vont me haïr vu que j'ai un mois de retard sur mon autre fic (qui n'a pas avancé d'une seule ligne, my bad

Et non: il n'est absolument pas nécessaire d'avoir lu mon autre fic pour se lancer dans celle-là. Les liens seront TRÈS ténus, même si ça se passe dans la même canonicité, c'est-à-dire la mienne.
J'ai 3 chapitres prêts en plus du prologue, je table sur une parution bimensuelle et comme vous pouvez le voir, ce sont des chapitres assez courts. Je pensais terminer la fic entièrement avant de la poster mais j'ai eu l'envie spontanée de poster en terminant le chapitre 3, alors voilà.
Bref, voilà une histoire en une vingtaine de chapitres avec des sauts dans les époques comme on les aime, sur une idée originale de Kouki (pour changer…) et avec l'aimable soutien éditorial de Tinky Dan Dan. Merci à eux et bienvenue dans

Tout sera désormais différent. Et sans doute pour le mieux.
* * *
Un jour, le vieux sentier disparaîtrait.
C'était inéluctable.
La route était l'avenir ; le sentier n'était plus qu'une relique du passé.
Pourtant, en d'autres temps, ils avaient été nombreux à fouler du pied la piste du Mont Paozü. Pas un jour ne passait sans qu'un groupe de jeunes gens ne l'emprunte, que ce soit pour passer le col, chasser le tigre, garder les troupeaux ou simplement flâner dans les magnifiques vallées qui s'étendaient sur des kilomètres par-delà le fleuve, vierges de toute activité humaine.
Autrefois, ç'avait été un chemin presque large. Il aurait été impossible de s'y perdre.
Aujourd'hui, c'était à peine si l'on devinait le tracé de certaines courbes.
Car tout était voué à disparaître.
Et lui aussi, un jour, disparaîtrait.
Mais si la vie lui avait offert une destinée exceptionnelle, elle lui en avait aussi fait payer le prix, et la solitude n'était pas des moindres. Il avait eu à traverser bien des épreuves avant de trouver enfin la sérénité à travers ce dernier cadeau de l'existence, quand elle avait enfin daigné lui accorder un héritier après le lui avoir si longtemps refusé.
Car le jour où la Mort viendrait réclamer son dû du tranchant de son impitoyable lame, alors il partirait l'âme rassurée par la certitude que ses connaissances ne disparaîtrait pas avec lui, mais survivraient au travers des enseignements qu'il prodiguerait à son petit-fils.
C'est cette perspective qui réjouissait le vieil homme tandis qu'il posait patiemment un pied devant l'autre sur ce fameux sentier. Il n'avait, lui, aucun problème pour s'y repérer ; il l'avait arpenté bien trop souvent pour s'y égarer. À chaque fois qu'une belle journée d'été se prêtait à une partie de pêche à la cascade, il se mettait en route à l'aube afin de profiter des heures les plus fraîches pour se déplacer. Il n'était pas Mutën Roshi : l'âge le rattrapait et son paquetage pesait un peu plus à chaque nouvelle expédition.
Il portait en effet sur le dos une sorte de panier en osier cylindrique recouvert d'un drap léger de couleur blanche, afin de préserver son contenu de la chaleur de l'été. Une canne à pêche, un bocal de vers et une paire de bottes accrochés à son paquetage complétaient ce tableau champêtre.
Parfois, il parvenait à surprendre un gibier sur le chemin et l'ajoutait à son fardeau, mais en ce jour, la chance n'avait pas été de son côté. C'était bien dommage. Les ours se faisaient de plus en plus rares et il n'avait plus la patience pour de longues séances de chasse.
Son estomac gargouilla spontanément à la pensée d'un civet de cerf accompagné de fruits des bois.
Comme un écho aux borborygmes, des pleurs d'enfant s'échappèrent du panier d'osier.
- — Ha ! Ha ! Toi aussi tu as faim, Gokü ?
Il pensa à sa propre mère, aux conseils qu'elle lui avait prodigués et qu'il avait si suffisamment ignorés ; il pensa à cette épouse chimérique dont la quête de toute une vie s'était finalement soldée par un échec. Et à ce tour facétieux du destin qui lui avait accordé un héritier quand il en avait enfin terminé le deuil.
Et quel héritier !
Le moins qu'on ait pu dire, c'est que Son Gokü avait du caractère. L'enfant avait beau être taciturne et renfermé, il faisait preuve d'une force, d'une vivacité et d'une adresse peu communes pour un enfant de son âge.
Il deviendrait à n'en pas douter un grand maître des arts martiaux. Son digne successeur.
Son Gohän sourit à l'enfant et amena le panier à l'ombre d'un arbre.
- — Attends-moi là, Gokü. Je vais voir si je trouve quelques fruits dans la forêt. Ça nous fera patienter le temps d'arriver à la rivière.
Quelques minutes plus tard, il rejoignit son paquetage en sifflotant, les bras chargé d'un tel amoncellement de fruits divers qu'ils cachaient son torse et son visage ; seul le pompon de son bonnet en dépassait, qu'on aurait facilement put confondre avec un agrume.
Gohan déposa les fruits au pied de l'arbre où se trouvaient ses affaires.
- — Tu vois, Gokü, j'ai de quoi nous faire un excellent goûter ! annonça-t-il d'un ton joyeux en se tournant vers le couffin vide.
Vide.
Le couffin était vide.
La réalité percuta Son Gohän et le choc le fit suffoquer.
Quelle négligence ! Il n'aurait jamais dû le laisser seul.
Et s'il lui est arrivé quelque chose ?
Tout en luttant contre la panique qui serrait sa gorge toujours plus fort, Son Gohän parcourut les alentours des yeux. Il s'attendait à voir son petit-fils émerger derrière chaque rocher, chaque arbuste.
Puis son regard s'arrêta sur le précipice qui longeait le sentier, à quelques mètres de là.
Non.
Non, ça n'a pas pu arriver.
C'est alors qu'un cri d'enfant retentit dans son dos.
Son Gokü se tenait là, sur le vieux sentier, à quatre pattes. Il tenait à la main un lapin mort dont il avait de toute évidence brisé la nuque, et tendait sa proie vers son grand père, une expression de fierté sur le visage. Il y avait quelque chose de profondément bestial dans l'attitude du jeune enfant. Normalement, on apprend à parler avant d'apprendre à chasser et tuer.
Mais Son Gohän ne releva même pas. Le soulagement de voir son petit-fils en vie le rendit aveugle à tout ce que la scène avait de dérangeant. Il courut vers son protégé et l'étreignit entre ses bras.
- — Oh, Gokü ! Tu m'as fait tellement peur ! Je te promets d'être moins négligent à l'avenir !
Le vieil homme resta ainsi de longues minutes à serrer l'enfant contre son torse dans un débordement d'amour sincère, sans se douter que le destin était loin d'en avoir fini avec lui…
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