Attention gros post, spoilers needed.
Chapitre posté, donc. Plus gros que les autres, pour m'excuser du retard.
On est plus proche d'Omurah que de Kurama_Senju, si vous voyez ce que je veux dire
Piccolo, Skirt et Gohan avaient à nouveau agressé le Cold de Métal dès qu’il s’était exposé en repoussant l’offensive de Cell. Ils avaient compté sur le fait que le Kamehameha lancé par le cyborg aurait émoussé un peu sa cible… ce n’était pas le cas. Aucunement déstabilisée, la réplique dorée avait anticipé chacun des coups qui étaient sur le point de l’atteindre et avait tout bloqué avec une facilité à faire perdre tout espoir. D’un seul mouvement circulaire, le monstre d’acier frappa ses trois assaillants à la fois et les renvoya mordre la poussière.
“Je m’occuperai de vous après en avoir fini avec Cell ! assura-t-il. Il mérite de souffrir un peu plus que vous depuis qu’il a failli m’anéantir, je suppose que vous comprenez.”
Le Namek mit un certain temps avant de se remettre les idées en place. Le poing qu’il avait reçu à la tempe lui avait un instant fait croire que son crâne s’était fissuré. Il constata que le fils de Son Goku, retombé à une bonne centaine de mètres de lui n’était pas dans un meilleur état. Quant à la fille de Nappa, elle peinait encore à se relever. Piccolo n’eut que quelques pas à faire pour la rejoindre et il lui prit la main pour l’aider à se redresser. Lorsque la Saiyajin émergea, le combattant à peau verte la fixait avec le plus grand sérieux.
“Encore deux baffes comme celle-ci et on n’aura plus à se soucier de grand chose à part de notre place dans l’au-delà.
-Dépêche-toi de t’expliquer, pressa Skirt en se massant le front.
-Cold s’occupe de Cell, on a un tout petit sursis ! dit le fils de Daimao. Il faut qu’on se casse maintenant… par le marais.”
La jeune femme n’avait absolument pas pensé à cette éventualité. Ne s’étant jamais rendue sur les lieux en personne, elle ne connaissait que ce qu’on lui avait raconté sur cette “porte vers un autre monde”. Tout ce qu’elle avait retenu, c’est que c’était pétri de magie maléfique et que ça n’avait aucun rapport avec son projet à elle, qui était de retourner dans son époque avec la machine à voyager dans le temps. La machine… elle était actuellement sous les décombres de Capsule Corporation, peut-être était-elle même détruite à présent. Si Skirt découvrait qu’elle ne pourrait jamais revenir dans sa dimension… elle ne le supporterait jamais.
“Non… souffla-t-elle, les yeux dans le vague.”
Piccolo stoppa aussitôt son envol et se retourna vivement vers la Saiyajin.
“Non ? s’étrangla-t-il. Comment ça, non ? Tu vois un quelconque moyen de limiter les dégâts autrement, toi ? Eh, qu’est-ce que tu...”
Les paroles du Namek se perdirent dans le froid et l’obscurité ; la jeune femme n’avait rien écouté et pour cause, elle s’était déjà précipitée vers les ruines du bâtiment pour fouiller les ruines avec une frénésie typique de quelqu’un en pleine crise de panique.
Le fils de Daimao pivota la tête vers Cell, simplement pour voir le cyborg se changer en vulgaire pantin désarticulé face à Cold. Dans une poignée de secondes, l’être presque parfait serait le premier à mourir sous les coups d’une entité bien plus aboutie que lui. Et il y avait Son Gohan, qui se remettait tout juste sur ses genoux, la main posée sur son cuir chevelu ensanglanté. Piccolo tressaillit. Il n’osait même pas imaginer la tristesse de son ami lorsque ce dernier réaliserait que ni sa mère, ni la fille qu’il aimait ne quitteraient cette planète en vie. La liste de potentiels survivants à cette catastrophe raccourcissait à chaque instant.
“Fait chier !”
Le Namek fusa vers le petit garçon et l’aida à se redresser complètement une fois arrivé à son niveau.
“Gohan, on s’en va… lâcha son mentor avec le plus de douceur possible.”
Le jeune métis n’était plus lucide. La peur de mourir combinée au désespoir d’avoir vu les tonnes de béton s’écrouler sur ses proches l’avait complètement tétanisé. Piccolo le secoua mais quand il constata que ça n’avait aucun effet, il attrapa le fils de Goku d’un bras et put enfin foncer vers sa destination. Durant tout le trajet, il ne cessa de se répéter qu’il n’était pas trop tard.
Dans le même temps, Son Gohan s’agitait de plus en plus, réalisant soudain qu’il était en train d’abandonner les siens sans même s’être donné la peine de les aider. Le Namek essayait de le contenir au maximum mais le gamin finit par faire exploser son aura à nouveau et il se libéra de l’emprise de son frère d’armes. C’est d’ailleurs peut-être ce qui le sauva. Car quelques mètres derrière l’intense lueur dégagée par le petit Saiyajin, une seconde brillait encore plus fort. Un Ki immense et désormais familier l’accompagnait d’ailleurs, fusant droit sur les fuyards.
“Co… Cold ! éructa Piccolo.”
Il y eut un bruissement à peine perceptible et le clone de métal sembla disparaître… rapidement remplacé par une douleur aigüe dans l’abdomen du guerrier Namek. Un poing doré avait en effet traversé son tronc de part en part depuis son dos. Une voix électronique et froide lui murmura à l’oreille.
“N’essayez même plus de vous éclipser face à moi… votre souffrance n’en serait que plus grande.”
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La première chose que remarqua Bulma, c’est qu’elle était encore vivante. On ne souffrait pas à ce point lorsqu’on était mort, de ce qu’elle savait sur le sujet. Un sifflement suraigu venant de son propre crâne lui vrillait les tympans mais c’est à ce bruit strident qu’elle s’accrocha pour se réveiller. La jeune femme allait avoir besoin d’un certain temps à remettre de l’ordre dans son esprit mais elle savait qu’elle était en danger.
Le souvenir de l’effondrement de son laboratoire lui revint en mémoire comme un nouvel éclair de douleur. Après avoir essuyé le sang qui lui maculait le visage et laissé ses yeux faire le point sur la scène de désolation qui l’entourait, la scientifique aux cheveux constata que le plafond était bien plus bas qu’il aurait dû l’être, comme s’il planait difficilement, hésitant entre revenir à sa place ou s’effondrer définitivement.
“Bu… Bulma ! grogna une voix familière, indiquant que son propriétaire était manifestement en difficulté. Écarte-toi de là tant que tu le peux encore.”
L’intéressée n’identifia pas l’individu, ses capacités cognitives temporairement limitées avaient simplement conclu que cette personne ne lui voulait pas de mal, au contraire. Il fallait l’écouter. La scientifique tenta de se relever mais écarta aussitôt cette idée. L’une de ses jambes refusait de se plier. Elle choisit alors de ramper pour se trouver un coin plus sûr au milieu de tous ces éboulis. Mais par où fallait-il aller ? Sa vue encore trouble ne lui permettait pas de décider efficacement. Ici, un homme imposant tentait vainement de soulever l’énorme bloc de béton qui lui enfonçait la cage thoracique. Là, une femme brune qui respirait difficilement, écrasée sous plusieurs tonnes de blindage et de ciment.
“Bulma ! Dépêche-toi ! reprit la voix, plus forte mais aussi plus étranglée que la première fois. Je ne tiendrai pas longtemps !”
L’adrénaline commença à monter jusqu’aux synapses de la chercheuse blessée, lui faisant prendre conscience du guêpier dans lequel elle se trouvait. Le plafond s’était encore affaissé d’une dizaine de centimètres, à moins qu’elle n’ait des hallucinations… c’était bien possible. Elle fit demi-tour, toujours sur les coudes et en traînant sa jambe inerte. Devant elle désormais, le corps inanimé d’un cochon humanoïde à moitié enseveli, tenant dans ses bras une sorte de chat en peluche, inanimé lui aussi. La voie était bloquée dans cette direction également.
La voix se fit à nouveau entendre, sous la forme d’un simple râle de douleur, et Bulma comprit que d’une seconde à l’autre, son protecteur allait flancher. Elle explora du regard chaque recoin qu’elle n’avait pas encore sondé… pour arriver à la conclusion qu’elle n’avait aucune issue. Aussi pressant soit-il, son gardien n’était pas plus lucide qu’elle. La scientifique ne pouvait pas échapper à son sort, qui était de mourir écrasée aux côtés de celui qui persistait à vouloir la sauver, malgré la vanité de son acte.
La jeune femme voulut se forcer à lever la tête pour dire adieu à son gardien, qu’elle avait désormais identifié par déduction en ayant déniché les autres victimes, mais un voile noir apparût devant elle. L’instant suivant, elle eut l’impression d’être transportée à l’équivalent de mille fois la vitesse lumière hors de cet enfer.
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Mister Popo déposa délicatement Bulma aux côtés de Tigu et repartit aussitôt sans un mot. Il se matérialisa instantanément aux côtés de Kame Sennin, dont les muscles démesurés manquaient d’exploser à tout moment. Le génie noir, toujours en silence, dégagea Chichi des décombres et la posa sur son tapis volant, pour disparaître à nouveau, non sans avoir fixé ses yeux dans ceux du vieil ermite, l’air de dire : “Je reviens tout de suite.”
Mais le maître des tortues n’en pouvait plus. Il ne tiendrait pas une seconde de plus. De toute façon, il n’y avait plus personne à sauver ici. Et lui-même n’avait aucune envie de découvrir les horreurs qui se terraient là où se rendaient les réfugiés. Le grand Muten Roshi avait fait son temps, voilà tout… le monde tel qu’il était devenu depuis l’avènement de Metal Cold, ce n’était plus pour lui.
Sentant soudain ses coudes craquer, il souhaita mentalement bonne chance aux potentiels survivants de ce désastre et se laissa enfin aller. Tout ce qui subsistait encore de Capsule Corporation disparut en même temps que cet homme dont les pouvoirs ne pouvaient plus sauver cette planète depuis longtemps.
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Skirt se posa près du complexe de recherche à peu près au moment où Kame Sennin se faisait aplatir par les tonnes de gravats du grand laboratoire. La Saiyajin sentit le Ki disparaître et prit soudainement conscience qu’il y avait plus important que sa machine. Des gens qu’elle connaissait se trouvaient là-dessous... dont sa mère. Aussitôt la combattante se mit à arracher d’énormes blocs de béton armé des décombres pour tenter de se frayer un chemin vers ce qu’on pouvait encore appeler l’intérieur de l’édifice.
Elle se débarrassait des débris de la taille d’autobus en les jetant loin derrière elle, sans se soucier des dégâts supplémentaires qu’elle causait ; il n’y avait plus grand monde aux alentours qui craignait ce genre de projectiles. Si Bulma était encore en vie, elle l’emmènerait avec elle dans sa navette temporelle. Elle pourrait alors lui montrer son monde à elle, une fois qu’elle l’aurait délesté de l’empereur Cold.
“Tu ne porteras secours à personne là-dessous… lâcha quelqu’un à travers le blizzard.
-... Popo… répondit-t-elle en se retournant, la peur dans les yeux. Est-ce que tu veux dire que…
-Ta mère et celle de Gohan sont encore en vie, elles sont en sécurité, dans un lieu où je vais t’emmener également.”
Skirt soupira de soulagement et se concentra à nouveau sur son entreprise de déblayage.
“Si tu es venu rien que pour moi, sache que je n’ai aucune intention de vous suivre dans votre marais putride, annonça fermement la métisse. Tu me déranges, ne reste pas planté là !
-C’est que... tu es la seule que je puisse encore sauver… prononça le serviteur divin avec difficulté. Les autres sont condamnés.”
La fille de Nappa pivota vivement, soudain plus agressive, et fixa le génie d’un air mauvais. Si elle avait été touchée par les larmes qui inondaient le visage de ce dernier, elle n’en montra rien.
“Gohan et Piccolo se battent toujours, non ? cracha-t-elle. Ils ont plus besoin de ton aide que moi, qu’est-ce que tu attends ?”
Le pauvre Mister Popo fut blessé par cette remarque et ne put réprimer un sanglot. Bien sûr qu’il aurait aimé leur porter secours ! Mais le temps qu’il les fasse monter sur son tapis, Cold l’aurait tué une dizaine de fois. Cette jeune femme avait pointé son inutilité avec la plus grande désinvolture, sans même se rendre compte du chagrin supplémentaire que cela faisait peser sur le mentor de Tigu. Popo tenta d’articuler quelque chose mais un imposant individu se posa à leurs côtés. L’aura de Skirt produisait suffisamment de lumière pour qu’une armure verte, une petite touffe de cheveux roux et un bras manquant se détachent dans l’ombre.
“Qu’est-ce que tu fais ? demanda Numéro 16 à la combattante, sur un ton qui lui donnait l’impression de découvrir quelqu’un en train de préparer à manger.
-Laissez-moi, bordel ! s’emporta Skirt. Je ne partirai pas vers ce marécage ignoble ! Je dois… je dois retourner dans mon époque !
-Tu abandonnes tes amis ? continua le robot, sans une once de jugement dans la voix.”
La Saiyajin se figea l’espace de quelques secondes, semblant se calmer un peu et prendre conscience de sa propre perte de lucidité. Un voile de tristesse modifia l’expression de ses traits, sans pour autant changer son discours.
“Je suis tout aussi incapable de les sauver que Popo, et bien sûr que ça me déchire le cœur d’abandonner le P’tit Gars, finit-elle par admettre. Alors je me raccroche à ce que je peux… rentrer chez moi, tuer Cold dans mon monde et revenir ici plus tard en espérant revoir Gohan et les autres sains et saufs. Ou pourquoi pas réapparaître plus tôt encore pour étouffer tout ce merdier dans l’œuf, si la technologie de voyage dans le temps le permet un jour.
-Ça ne fonctionnera probablement pas… énonça simplement Numéro 16.
-Alors… j’irai noyer mon chagrin auprès d’un autre Gohan, d’un autre Goku, d’une autre Bulma… dans une autre timeline. Fichez le camp, maintenant !”
La jeune femme repartit s’affairer dans les décombres, laissant Mister Popo plus désemparé que jamais.
“Je n’ai plus qu’à t’emmener toi, si tu le souhaites, marmonna-t-il à l’intention de la création de Gero.
-Je suis programmé pour tenter de survivre autant que possible, répondit l’imposant synthétique.
-Alors tu tiendras compagnie à Tigu là où je l’ai déjà envoyé.
-Non, coupa le robot en armure. J’ai une autre idée. Tu peux encore sauver Son Gohan et Piccolo, ils seront de bien meilleure compagnie que moi.”
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Après avoir rebondi plusieurs fois sur le sol gelé, Son Gohan parvint à se rétablir, la peur au ventre. Ce n’était pas le genre de peur qu’on ressentait quand on se savait en danger, c’était de l’angoisse d’avoir cru assister à quelque chose de terrible arriver à un être cher, avec l’envie irrépressible de s’assurer que ce n’était que le fruit de sa propre imagination. Le fils de Goku se tourna donc tout entier vers son ennemi, dont l’aura flamboyante éclairait un Piccolo incapable de se relever, barbotant dans une flaque de sang qui allait en s’élargissant. Le jeune garçon n’avait pas fabulé, son frère d’armes se trouvait bien à l’article de la mort, terrassé par un ennemi dont la puissance était montée bien trop haut pour espérer en percevoir les limites un jour.
À cet instant, il apparût à Gohan qu’il allait perdre son meilleur ami. Celui qui lui avait tant appris et qu’il avait négligé ces derniers mois, voire ces dernières années, au profit d’une fille charismatique qui n’était même plus là pour le soutenir dans une situation si critique. Il ne resta alors plus que la rage au pauvre petit Saiyajin désemparé, qui lui redonna un peu d’éclat doré, quoique toujours aussi pâle en comparaison de la brillance du clone impérial.
Le garçon se jeta sur son adversaire en hurlant; avant que celui-ci ne puisse achever le valeureux guerrier Namek… une tentative que le métis savait déjà vaine. Il voulait simplement se sacrifier et mourir avant Piccolo, en quelque sorte pour s’excuser de son comportement distant, pour lui dire que l’amitié, ça fonctionnait dans les deux sens.
Comme lors des essais précédents, la réplique d’or et d’argent bloqua les offensives sans aucune difficulté et en quelques mouvements précis, attrapa Son Gohan par le cou, bras tendu pour mieux l’admirer en train de s’étouffer.
“Doucement… c’est bientôt fini, prononça la machine dans un murmure faussement rassurant.”
Le fils de Son Goku, désormais incapable de respirer et saisi par la douleur, réussit toutefois à baisser les yeux sur Piccolo. Son ami était allongé sur le ventre, les yeux fermés. Dommage, il avait perdu conscience avant d’assister à l’ultime preuve d’amour et de respect qui lui était destinée. Gohan n’avait plus qu’à attendre que le Namek le rejoigne dans l’au-delà aussi vite que possible.
Les doigts effilés du Nihilien métallique broyaient progressivement le larynx du jeune Saiyajin. Lentement mais sûrement, ses phalanges perçaient la peau et s’enfonçaient dans la gorge, laissant apparaître cinq petits filets écarlates. Le sourire cruel et froid du soldat doré s’élargissait encore lorsque celui-ci fut percuté avec une violence inouïe sur le côté. Le choc lui fit lâcher prise et l’ébranla suffisamment pour qu’il soit forcé de tituber de plusieurs pas sur le côté. Cold reconnut son agresseur en la personne de Numéro 16 : un pantin obsolète qui devait être aussi désespéré que ses compagnons organiques pour intervenir une fois la fête terminée.
Le golem indestructible comprit rapidement pourquoi ce robot n’était pas si stupide que ça. Le but n’avait pas été d’infliger le moindre dégât mais bien d’écarter brièvement le prédateur de ses proies. En moins de cinq secondes, un énergumène enturbanné du nom de Mister Popo, qu’il avait déjà épargné lors de leur première rencontre, s’était téléporté deux fois pour emmener les semi-cadavres hors de danger. Même si Gohan et Piccolo échappaient à l’empereur de métal dans l’immédiat, cette opération restait tout de même d’une bêtise confondante.
“Vous allez soigner vos petits protégés dans un recoin du palais divin ? ricana le Nihilien. J’espère qu’il y a le chauffage et de l’air en quantité, car dans moins de trois heures, cette planète n’existera plus, dévorée par le Guedester.
-Tu as raison… commenta Numéro 16 en se permettant même un sourire. La Terre n’existera bientôt plus. Tu te trompes juste sur le timing ; tout ceci prendra fin bien avant trois heures.”
Metal Cold se fit soudain très silencieux. Ses pupilles rouge vif rencontrèrent celles bleu azur de l’humanoïde roux. Il ne le trouvait plus si insignifiant, tout à coup.
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Cell se demanda l’espace d’un instant comment il avait pu se remettre debout sans être renvoyé à terre aussi sec. C’était tout simplement parce que le terrible empereur aux éclairs l’avait délaissé pour d’autres mets de choix… qui venaient apparemment de rendre les armes, à en juger par leur Ki désormais proche du néant.
Ce petit sursis permit à l’hybride de faire le point sur son avenir, qui se résumait actuellement à fuir cette maudite planète qui l’avait vue naître pour aller n’importe où, pourvu que cette horreur métallique ne le retrouve pas. Restait un problème : il ne pouvait décemment pas laisser le Guedester avoir accès à ce que détenait le Namek. Cette chose qui avait permis à ce dernier de bâtir une relation s’apparentant à celle d’un maître vis-à-vis de son esclave.
Que Piccolo ait un pouvoir de pression sur Cell était déjà insupportable en soi, mais que ce plaisir revienne en fin de compte à Cold, c’en était trop. Le cyborg bleu allait devoir se confronter au monstre électrique à nouveau, pour espérer sauver le peu qu’il pouvait sauver… ou bien mourir de sa main. Ce serait toujours mieux que de vivre à son crochet.
Une impression supplémentaire vint troubler l’esprit de l’être semi-parfait. Il n’aurait su comment définir ce qu’il ressentait à ce moment précis. C’était comme si un signal d’alarme interne s’était activé et lui hurlait de sauver sa peau sous peine de voir la moindre de ses cellules partir en fumée. C’était plus fort que son besoin de retrouver Piccolo, c’était même plus puissant que son besoin viscéral de devenir parfait. Quelque chose d’inscrit dans son ADN lors de sa conception le forçait à partir au fin fond de l’espace et encore au-delà s’il le pouvait. La création de Gero se sentit toute frêle et n’aurait pas été contre un peu de compagnie lors de son exil.
Restait-il au moins quelqu’un à embarquer dans son périple ? Une puissante émanation de Ki lui donna la réponse souhaitée, et avant de s’envoler vers le vide spatial, Cell ferait un petit détour… malgré l’apparente inutilité de la chose, malgré le danger, malgré le caractère irascible de la seule personne à sa disposition.
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“Tu bluffes, vieille boîte rouillée ! s’esclaffa le Nihilien doré en reprenant une contenance en partie feinte.
-Tu sais très bien que non, rétorqua Numéro 16, plus calme que jamais. Il semblerait que ton vaisseau soit en train de se poser. Je suis donc certain qu’il sera détruit dans l’opération.”
Pour la première depuis l’existence des Metal Cold, la réplique conversant avec le robot exprima de la frustration. Cette machine dépassée avait l’air trop sûre d’elle pour raconter des histoires.
“Détruit ? À l’aide de ton seul poing valide ? aboya le clone, dont le sourire se faisait de plus en plus crispé.
-Il existe sur Terre une bombe suffisamment puissante pour t’anéantir, aussi imbattable sois-tu devenu, continua le grand roux. Et je suis le seul à pouvoir l’activer.”
Le soldat électrique ne broncha pas. Il devait rester stoïque et montrer qu’il était prêt à empêcher Numéro 16 de mettre sa menace à exécution. La dite bombe, même dans l’hypothèse où elle se situait non loin d’ici, devait au moins prendre une seconde à être mise en marche. Il suffisait d’armer son poing discrètement et de détruire ce pantin avant qu’il… La seizième création de Gero leva brusquement le bras, mimant l’activation d’un quelconque mécanisme. Pris de panique, mais vif comme l’éclair, Cold se jeta sur lui bien plus rapidement que tout ce que le robot en armure aurait pu anticiper. Une nanoseconde fut amplement suffisante pour qu’une main brillante découpe le membre de la discorde et qu’une autre transperce le corps charpenté de Numéro 16.
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Au prix d’efforts importants, Kochin avait réussi à se traîner sur plusieurs dizaines de mètres. Les dégâts qu’il avait subis avaient dû détruire le mécanisme lui prodiguant une force surhumaine, car il avait désormais l’impression de se déplacer aussi difficilement que lors de ses dernières années précédant sa cybernétisation. Chassant les douloureux souvenirs de sa condition de vieillard handicapé, il atteignit la salle dans laquelle il pourrait trouver de quoi se réparer, au moins le temps de s’abriter en attendant que l’orage passe. À chaque mètre parcouru, l’espoir renaissait en lui. Il pourrait peut-être s’en sortir, soit en restant caché, soit en proposant ses services au Guedester… ce qui lui serait le plus profitable, ou le moins dommageable, selon le point de vue.
Ce n’est que lorsqu’il rampa jusqu’à un lit médical équipé d’appareils divers et variés que la plus grande désillusion de sa vie le frappa de plein fouet… Parmi tous les signaux d’alerte qui inondaient le laboratoire d’une marée sonore insupportable, un son se démarqua. Une mélodie funèbre retentissait effectivement plus fort que les autres, apportant avec elle la pire des nouvelles.
Kochin cessa alors toute résistance. Il n’y avait plus rien à faire. Cette alarme annonçait la fin la Terre dans quelques secondes seulement. La bombe de Numéro 16… comment avait-il pu oublier ? Voilà qui allait régler le compte tout le monde, y compris ceux qui ne méritaient pas de mourir. Le vieil édenté s’affala sur le carrelage vermoulu et resta là, à se demander s’il aurait l’occasion de se voir périr dans l’explosion.
Sa dernière pensée fut pour Wheelo. Il lui souhaitait d’enfin terminer son projet là où il se trouvait. Une bien maigre consolation à laquelle il s’accrocha pourtant comme le plus précieux des joyaux.
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Le grand robot roux esquissa peut-être le plus large sourire que son visage neutre ait pu contenir. Malgré le fait que son torse venait d’être broyé, et ce sans aucun espoir de réparation, il ressentait une sorte de plénitude. Il trouvait toutefois étrange d’avoir été programmé de cette manière, de sorte à être content d’avoir accompli quelque chose… c’était un peu comme réfléchir à la façon d’un humain. Dans ce cas précis, sa performance se résumait à anéantir un être capable de soumettre l’univers entier à sa volonté. Ce n’était pas si mal…
“Tu as l’air heureux de finir ton existence sur un échec total, grinça la voix du Cold doré.
-Justement parce que ce n’est pas un échec, répliqua la machine en armure verte, toujours souriante. Je t’ai bluffé pour que tu sois celui-là même qui déclenche la destruction de ma pile atomique.”
Le clone de Nihilien fixa soudain son bras, toute confiance en sa victoire évaporée.
“Tu es tombé en plein dans le piège… conclut Numéro 16, en fermant les yeux.”
Il ne les rouvrirait plus jamais.
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Dès que Skirt fut quasiment certaine que Popo avait mis tout le monde en relative sécurité, elle s’était attelée à déblayer les décombres pour s’enfoncer encore plus profondément dans les sous-sols de Capsule Corporation. Il lui fallut quelques minutes pour trouver l’entrée de la pièce dans laquelle était entreposé ce qu’elle cherchait. Pièce était un bien grand mot… le sol et le plafond s’étaient rejoints presque sur toute la surface, ce qui ne fit qu’augmenter l’angoisse de la combattante.
À chaque bloc de béton qu’elle pulvérisait entre ses mains, elle se posait la question de savoir si elle n’aurait pas mieux fait de partir d’ici elle-aussi. Elle sentait son destin arriver à un tournant mais au lieu de prendre le bon chemin, elle dérapait et glissait dans le sentier en pente qui menait inexorablement vers une chute mortelle. Pourtant, elle persévérait, car elle n’avait plus d’autre choix. Jamais elle ne pourrait fuir cet endroit autrement, maintenant qu’elle avait refusé l’aide du génie.
C’est finalement en soulevant un énorme pan de mur qu’elle sentit son cœur manquer un battement. Sa machine à voyager dans le temps était bien là, à l’endroit où Bulma l’avait laissée avant que Cold n’attaque la planète. Mais ce n’était plus qu’une carcasse cabossée par les éboulis. La coupole de verre avait volé en éclats, deux pieds crochus s’étaient tordus au point de se détacher du reste et une longue tige de fer avait transpercé la carlingue de part en part. Inutile d’essayer d’allumer le moteur, rien ne se produirait.
Skirt fut rattrapée par son propre manque de lucidité et une rage sourde la submergea au point même d’en oublier sa détresse. Elle avait compris dans les paroles de Numéro 16 qu’elle serait condamnée si elle ne quittait pas la Terre immédiatement. Elle avait échoué et n’avait plus que ses cordes vocales pour hurler. Et tandis que son aura flamboyait de plus en plus fort, de plus en plus haut vers le ciel, une lueur rougeâtre au loin sembla lui faire écho. Le grand robot roux était en train de faire honneur à ses penchants pacifistes de la plus paradoxale des manières.
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L’imposant individu en armure donnait l’impression de se changer en lave incandescente, devant le regard hébété du soldat doré. Le clone de Cold ne chercha pas à s’éloigner. C’était trop tard. Ses capteurs avaient analysé la puissance dévastatrice de l’imminente déflagration et il savait qu’il n’en réchapperait pas. Mû par un réflexe purement intégré dans ses circuits, ses yeux écarlates se placèrent dans l’axe du Guedester, tout proche d’atterrir à la surface de la planète afin d’en aspirer la précieuse énergie.
Si le soldat pouvait y laisser sa carapace électrisée dans l’opération, ce n’était pas le cas de la sphère de métal. Sans elle, tout était perdu. C’est donc avec la plus grande assurance que la réplique de l’empereur galactique enserra Numéro 16 dans ses bras puissants et attendit de fondre sur place.
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Mister Popo déposa un Piccolo toujours inconscient avec délicatesse à même la fange du marais maudit, à quelques centimètres de la grande porte creusée dans un grand rocher noir et immaculé. L’édifice jurait avec le décor poisseux des environs, ce qui renforçait encore son aspect surnaturel. Tigu se dépêcha d’attirer le blessé à l’intérieur de la cavité sombre comme la nuit, partagé entre le soulagement d’avoir à ses côtés un fort guerrier et le sentiment de le trahir en l’attirant dans cet endroit. Il le traîna sur cinq mètres pour l’installer tout proche des autres victimes et se tourna vers l’extérieur, faisant signe à son serviteur de le rejoindre enfin. Mais le génie restait résolument statique dans l’encadrement des battants de pierre.
“Popo ! Dépêche-toi ! s’impatienta le jeune Namek.
-Je suis désolé, répondit l’intéressé, se voulant apaisant. Ma nature m’empêche de quitter ce plan d’existence. Je suis lié à la Terre et si elle doit disparaître, je disparaîtrai avec elle…”
Le successeur de Kamisama crut d’abord à une mauvaise blague, son colocataire au palais divin avait parfois une manière très singulière de s’exprimer. Au fil des secondes, l’incompréhension fit place à l’émotion. Mister Popo était on ne peut plus sérieux, les larmes coulant sur son visage pouvaient en témoigner, ce qui eut pour effet de causer le même phénomène chez Tigu.
“Non… tu ne me l’as jamais dit… sanglota l’enfant.
-Tu ne m’aurais pas laissé vous sauver si je l’avais fait, se défendit le serviteur divin.”
Ce qui était absolument vrai, et l’apprenti le savait très bien. Dès lors, il se sentit totalement désemparé, comme privé d’un membre, amputé de la moitié de son âme. Il tendit vainement les bras vers celui qui avait été un mentor hors-pair et un compagnon fantastique, bien plus qu’un simple majordome.
“Je suis certain que tu feras un dieu fantastique, conclut Popo en signe d’adieu. Tu protégeras tes amis mieux que quiconque, je le sais… Prends soin de toi…”
À genoux, terrassé par le chagrin, le jeune Namek fixait le génie sans rien dire, il était bien incapable d’articuler le moindre mot. Il ne pouvait que rester là jusqu’à ce que son acolyte disparaisse dans un torrent de braises et de magma, avant de finir cryogénisé dans le vide spatial. Mister Popo se tint digne jusqu’au bout, souriant à Tigu comme un parent aimant aurait souri à son enfa. Au loin, une terrible tempête tout droit venue de l’enfer approchait avec cent fois plus de célérité qu’un Super Saiyajin lancé à pleine vitesse.
La Terre vivait ses derniers instants, tout comme le génie noir qui avait tant fait pour ce monde. Les exilés auraient peut-être tous péri dans cette monumentale explosion si quelqu’un n’était pas intervenu pour fermer la porte, gravant dans la rétine de Tigu l’image d’un Popo plus anéanti que jamais mais également serein et rassuré sur le travail qu’il avait accompli, sur fond de fournaise aux flammes plus hautes que les plus hautes montagnes.
Le raclement de la pierre et l’arrivée de l’obscurité confirma à l’apprenti dieu qu’il venait d’être séparé de son univers natal, peut-être pour toujours. Sa seconde vie venait de démarrer, et avec elle venaient son lot de soucis, à commencer par l’identité du portier salvateur.
“Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de vous ? réfléchit Gero en se grattant la moustache. Ai-je vraiment besoin de m’encombrer d’une telle escouade de bras cassés pour faire mon trou dans ce que l’on appelle le Makai ?”
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Après avoir fermé mon unique œil de toutes mes forces, après avoir senti la chaleur insoutenable et le souffle surpuissant de la déflagration, après avoir senti la fureur ainsi que la douleur du Guedester, après avoir cru des dizaines de fois en une minute que mon heure était enfin arrivée, je n’ai plus rien entendu ni plus rien ressenti. L’accalmie s’est produite si brusquement que j’étais persuadé d’avoir été pulvérisé, alors que j’avais simplement été propulsé hors de l’atmosphère terrestre, qui s’était de toute manière volatilisée en même temps que sa planète.
Le silence et le froid régnant dans le vide spatial m’ont convaincu que j’étais encore en vie. Je me suis alors résolu à évaluer les dégâts que mon hôte avait subis. Je n’ai d’abord vu que le noir complet, ce qui était plutôt rassurant d’un certain point de vue. Puis ma vue s’est adaptée et j’ai remarqué les petits points lumineux apparaissant çà et là, un peu partout autour de moi. C'était bien ce que je craignais : les étoiles se voyaient même depuis le hall principal du Guedester, derrière des centaines de mètres de parois métalliques, qui n’avaient plus de parois que le nom. La sphère d’acier était mutilée, parcourue de plaies béantes…
Les points positifs que j’ai perçus alors étaient que nous étions en mouvement et que nous allions bien tomber dans le champ d’attraction d’un astre un jour. Il serait alors possible de se ressourcer en y absorbant l’énergie des planètes gravitant autour de lui. La veilleuse rouge clignotant non loin de moi m’a assuré que la conscience du vaisseau était encore opérationnelle. Affaiblie, voire agonisante, mais toujours là, toujours avide de vengeance.
Bien sûr, cela m’a rassuré. Mais j’ai également été en proie à des émotions contradictoires, surgissant à nouveau du fond de ma conscience, maintenant que le combat titanesque ayant eu lieu sur Terre était terminé, et l’adrénaline qui allait avec s’était évaporée. Les fameuses questions qui m’avaient longtemps taraudées se sont imposées à moi avec un besoin pressant de réponses.
Pourquoi, alors que nous sommes à peu de choses près une seule et même entité, le Guedester avait-il bloqué mes actions lors de mon étude des Saiyajin captifs ?
Pourquoi avait-il empêché la construction de clones puisant dans le Ki de Goku et de Vegeta, pour finalement s’y résoudre quand il se retrouva au bord de la défaite ?
Pourquoi avoir fait en sorte que je n’en sache pas plus sur le magnifique potentiel de ces sujets ? Qu’ils étaient capables d’atteindre un niveau d’énergie dépassant l’entendement, déployant un Ki tellement dense qu’il se changeait en foudre dansant autour de leur corps ?
J’avais déjà résolu une partie de cette énigme depuis longtemps : la sphère n'a toujours vu en moi qu’un moyen de subsistance et, éventuellement, une source d’inspiration pour les stratégies à adopter face à de dangereux ennemis. Le Ki n’étant pas exploitable par ses batteries, il lui est inconcevable que je puisse m’émanciper en utilisant quelque chose qui lui échappe. Restait à savoir pourquoi le Guedester était-il terrifié par cette idée, alors que c’est lui qui exerce un contrôle quasi-total sur les soldats qu’il fabrique, fussent-ils à mon effigie ? Alors que je ne suis plus qu’un bout de visage incapable de se déplacer ?
Ce n’est que le lendemain, ce qui nous amène au moment présent, que j’ai trouvé l’explication à tout ceci. Dès mon réveil, j’ai ressenti une gêne ; comme si quelque chose, un objet ou un mur exerçait une pression contre moi au point de m’obliger à m’installer différemment. Mais comment se déplacer, même de quelques centimètres, lorsqu’on ne possède plus qu’un crâne incomplet ? C’était impossible. J’y suis pourtant parvenu, ce qui provoqua chez moi un mélange de stupéfaction et d’incompréhension.
Mon regard a glissé sur l’enchevêtrement de câbles me donnant un semblant de forme et c’est à cet instant que mon existence a pris une nouvelle tournure, une sensation souvent éprouvée ces derniers temps, je dois bien l'admettre. Je n’ai aucune idée de la manière dont cela s’est produit mais pour la première fois depuis mon arrivée dans le Guedester, j’ai pu voir mon corps. Pas un corps complet, à peine une épaule et un moignon de bras, ainsi que le tout début d’un torse, tout aussi puissant que celui qui était le mien par le passé. D’une façon ou d’une autre, Goku et Vegeta, dont le Ki avait transité par mon esprit avant de rejoindre les chaînes de production, avaient participé à la régénération d’une partie de mon organisme.
Voilà pourquoi le Guedester craignait tant de me laisser expérimenter sans barrières, voilà pourquoi je suis aujourd’hui l’être le plus heureux de l’univers, porteur des projets les plus ambitieux jamais mis en chantier par quiconque en ce monde. Je suis décidé à ne plus me laisser faire par cette conscience obsédée par le contrôle, surtout depuis que j’ai découvert le butin que nos dernières répliques de métal, juste avant de succomber au manque d’énergie, ont rapporté parmi les débris de la Terre.
Mes adversaires sont encore nombreux et mon but reste bien évidemment de les anéantir jusqu’au dernier. Mais mon destin n’est plus seulement de me venger. Mon champ de possibilités s’est ouvert à un point que même le Cold empereur galactique que j’étais autrefois n’aurait pu le concevoir dans ses fantasmes les plus fous.
Un sourire désormais bien réel se dessine sur mon visage fraîchement reconstruit. Entre chasse à l’homme et exploration en quête de découvertes, les prochaines années vont être passionnantes.Bon maintenant, place à la petite mise au point.