Dragon Ball Extended Universe : Les Chroniques d'une Guerre

Faîtes-nous partager votre fibre littéraire en écrivant votre propre histoire mettant en scène les personnages de Dragon Ball et, pourquoi pas, de nouveaux ! Seules les fanfictions textes figurent ici.

Re: Dragon Ball Extended Universe : Les Chroniques d'une Gue

Messagepar broly97 le Sam Nov 11, 2017 5:42

Bon, c'est un peu du troll, mais si y'a bien un point positif, c'est que ça m'a fait rire (surtout par rapport au clin d’œil dans Califru). C'est vraiment de notoriété publique cette réputation de fanboy que j'ai ? :lol:


C'était le but :mrgreen: , et pour la réputation, j'ai qu'a regarder le fil des discussions concernant DBS :mrgreen: .

Si tu lis la suite en tout cas, je serai ravis d'avoir un vrai avis, si le cœur t'en dit :mrgreen:
Mais plus sérieusement, merci pour les jolis compliments glissés "subtilement" ci et là :P

Et merci d'avoir eu la curiosité de venir y jeter un œil. Vu que mon style a pas mal changé vers le chapitre 6 et complètement vers le 10, je songe parfois a réécrire au moins les premiers, qui me semblent plus forcément à niveau avec ce que je fais aujourd'hui. Je trouverai peut être le courage un jour qui sait. C'est quand même lisible rassure moi ? xD (16/20 ? Tu me flattes^^)


Moui ! J'ai pu vaguement déchiffrer ce premier chapitre :lol: . Normalement si la suite est meilleure je commente toujours, sinon il arrive que je commente pour dire que ça part en sucette :P

Pour le 16/20 je suis généralement peu regardant pour le premier chapitre car il pose les bases (J'ai remarqué que c'est entre le troisième et le cinquième chapitre que l'on commence à entrevoir la qualité du chapitre, après c'est pas une vérité générale). Et puis pour la blague avec DBS je voulais enlever plus de dix points :lol: .


Sinon pour ta remarque, tu verrais plus le mot mâle toi ? Perso j'ai toujours réfléchi en me disant que les termes homme/femme/humain pouvaient s'appliquer également aux extraterrestres dans la mesure ou pour moi, ils sont humains, humanoïdes, tout comme nous le sommes. Toute espèce humanoïde peut être qualifiée d'humaine pour moi, et donc se voir appliquer les qualificatifs "homme" et "femme". Simplement, nous sommes des Terriens, mais aussi des humains. Partant de là, un habitant de la planète Mars peut être qualifié d'humain (s'il est humanoïde) mais pas de Terrien. J'ai toujours raisonné de cette façon^^


C'est exactement comme ça que je raisonne aussi. Nous faisons parti de l'espèce humaine, réparties en différents groupes et ethnies, et d'un point de vue de civilisations intergalactiques, nous sommes de nationalité terrienne. De même pour moi si un saïyan naît sur Terre il sera un terrien, et non un végétatien (ou végétarien :lol: :lol: :lol: ) à cause du droit du sol.

Par contre je ne considère pas toutes espèce humanoïde comme humaine. Les saïyans sont des humanoïdes, voir des proches-humains, car ils ressemblent beaucoups aux humains, et pourtant ils ne sont pas considérés comme telles car leur capacités sont différentes des notre (transformation en Oozaruu, supersaïyan, capacité naturelle à utilisé le Ki...). Je dirais plutôt qu'ils font, tout comme nous humains, partis de l'ordre des primates, mais qu'ils ont évolués différemment de nous.

Enfin bref, là n'est pas vraiment la question. A titre personnelle, l'espèce humaine est pour moi une espèce animale comme les autres, qui a certe eu les moyens de se complexifier car l'évolution et les circonstances lui ont donnés les moyens de le faire, au même titre qu'un chien ou un chat par exemple. Il en va de même por tous les extraterrestre de fiction qui ont put atteindre un niveau de complexité égal ou supérieur à celui des humains. Et comme on ne dit (presque) jamais un homme chien, mais un chien mâle, je dirais donc pour un extraterrestre un mâle ou une femelle, ou pour prendre l'exemple de la race de Doria, une duriane et un durian.
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Re: Dragon Ball Extended Universe : Les Chroniques d'une Gue

Messagepar omurah le Dim Nov 12, 2017 21:52

Wow, excellent chapitre 21, ça faisait très roman mais dans l'univers de DB, tout est travaillé et bien pensé, l'altercation entre Dodoria et Zâbon était cool, l'ambiance globale du chapitre aussi, et que dire de l'intelligence dans la mise en scène, vraiment j'ai pris mon pied
La partie du procès était intéressante, et m'a donné envie de lire aussitôt le c22 bien qu'il me semble, après l'avoir rapidement parcouru du regard, avoir vu le nom de Ginyu mentionné donc je suppute qu'on change de cadre, je le saurai en lisant :p

Edit : bah... wow, encore. Le C-22, s'entend
Surtout la fin en fait, ça pour du twist c'en est un, et cette tension qui s'en dégage...
En dehors de ça, l'ambiance est très réussie, j'ai adoré deux passages en particulier :
- le passage Pierrot/Danmarine, qui renforce encore l'intérêt que j'ai pour le personnage de Pierrot qui est l'un des sinon le plus réussi de la fic (coude à coude avec Danmarine) tout en sachant que les personnages sont de toute façon ton point fort, et qu'ils sont tous plus réussis les uns que les autres
- le passage Ginyu/Naeko, qui tient finalement plus du duel psychologique qu'autre chose, et quel duel psychologique !
Enfin voilà, j'ai trouvé le 22 meilleur que le 21, ce qui n'est pas rien vu la qualité du 21 :p

Intéressant de voir un Reacum timide, du coup je me demande comment il a fait pour évoluer en le joyeux luron qu'on connaît :o
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Re: Dragon Ball Extended Universe : Les Chroniques d'une Gue

Messagepar broly97 le Ven Nov 17, 2017 3:30

Chapitre 2 et la moitié du 3 lu !

Comme prévu, l'entrée de Doria au sein de l'armée de Freezer se fait difficilement. Je pensais que j'aurais vu Freezer a ce moment là d'ailleurs, mais bon je me contenterais de Sorbet et de Tagoma :wink: .

-J'ai bien aimé la volée que Doria a donné à Eggu d'ailleurs trop arrogant le gars.

-Un peu surpris de voir les membres du futur commando Ginue dans la classe de Kiwi. Bon tu me dira logique, mais bon je pensais qu'ils étaient des exceptions que l'on a recruté adulte.

-De même je pensais que le blond était Sauzer, dommage.

Je finis le 3 avec le 4 et le 5, en espérant voir Freezer.
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Re: Dragon Ball Extended Universe : Les Chroniques d'une Gue

Messagepar Freeza97 le Dim Nov 26, 2017 19:38

Bon pour commencer désolé de mon retard sur ce chapitre, mais moi aussi j'ai une fanfic que j'aimerais pouvoir avancer !

Oui, je sais, c'est pas une excuse.
Spoiler
surtout que c'est pas une fanfic Dragon Ball :oops:


Bref, sans plus tarder, voici ma review du chapitre 22 :

Ah, Imate san, si tu crois vraiment que tu vas me faire avaler que
Spoiler
le mystérieux maître de Pierrot c'est Coola...

Tu te fourres le doigt dans l'œil !!

Spoiler
Pauvre Satsu, puisse tu reposer en paix. J'aime bien son exécution très christique en revanche,
ça me fait penser à la fin de Spartacus (l'original, pas la daube).

Tu t'es bien fait avoir Ginyu !

Bon j'ai pas grand chose d'autre à dire là dessus à part que c'est génial, je regarde par tous les angles possibles et je vois pas ce que tu as fait qui puisse être critiqué.

L'amitié entre
Spoiler
Kiwi, Reacum, Guldo et Barta
est franchement attachante. De même que la réaction de Danmarine lorsqu'il rentre chez lui.

broly97 a écrit:Plus sérieusement, il y a une remarque quue je voudrais faire concernant le mot "homme". C'est pas plus pour toi que d'autres auteurs,
mais je tiens tout de même à le dire. Quand l'on parle de troupe extraterrestre, je ne penses pas que ce soit très judicieux d'appliquer le mot "homme", car je penses qu'il convient aux humains, mais pour les extraterrestres je ne penses pas qu'ils aient créer ce mot dans leur vocabulaire, car ils n'ont jamais dût rencontré d'humains mâle. Ceci est mon ressenti.


Ouf ! Je ne suis pas le seul à penser ça, étant un peu tatillon de nature je me disais que c'était peut-être juste moi qui avait des obsessions bizarres pour l'exactitude des termes employés.

Imate a écrit:Sinon pour ta remarque, tu verrais plus le mot mâle toi ? Perso j'ai toujours réfléchi en me disant que les termes homme/femme/humain pouvaient s'appliquer également aux extraterrestres dans la mesure ou pour moi, ils sont humains, humanoïdes, tout comme nous le sommes. Toute espèce humanoïde peut être qualifiée d'humaine pour moi, et donc se voir appliquer les qualificatifs "homme" et "femme". Simplement, nous sommes des Terriens, mais aussi des humains. Partant de là, un habitant de la planète Mars peut être qualifié d'humain (s'il est humanoïde) mais pas de Terrien. J'ai toujours raisonné de cette façon^^


Oui mais ça dépend, une espèce humanoïde n'a pas forcément un ancêtre commun avec l'espèce humaine, elles n'ont peut-être d'ailleurs rien de commun mis à part une certaine ressemblance physiologique. Dire d'un non-humain qu'il est humanoïde revient simplement à dire qu'on pourrait le prendre pour un humain, c'est comme si on rencontrait son sosie dans la rue mais que ce dernier n'a aucun lien de parenté avec soit.
Si un humain nait sur Mars alors oui il est martien et humain, mais si une espèce non-issue de l'humanité et sans ancêtre commun avec elle et pour autant en tout point similaire à elle surgissait des profondeurs de Mars, alors on ne les appelleraient pas des humains, on les appelleraient... quelque soit le nom que cette espèce se serait donnée à elle-même.

broly97 a écrit: C'est exactement comme ça que je raisonne aussi. Nous faisons parti de l'espèce humaine, réparties en différents groupes et ethnies, et d'un point de vue de civilisations intergalactiques, nous sommes de nationalité terrienne. De même pour moi si un saïyan naît sur Terre il sera un terrien, et non un végétatien (ou végétarien :lol: :lol: :lol: ) à cause du droit du sol.

Par contre je ne considère pas toutes espèce humanoïde comme humaine. Les saïyans sont des humanoïdes, voir des proches-humains, car ils ressemblent beaucoups aux humains, et pourtant ils ne sont pas considérés comme telles car leur capacités sont différentes des notre (transformation en Oozaruu, supersaïyan, capacité naturelle à utilisé le Ki...). Je dirais plutôt qu'ils font, tout comme nous humains, partis de l'ordre des primates, mais qu'ils ont évolués différemment de nous.

Enfin bref, là n'est pas vraiment la question. A titre personnelle, l'espèce humaine est pour moi une espèce animale comme les autres, qui a certe eu les moyens de se complexifier car l'évolution et les circonstances lui ont donnés les moyens de le faire, au même titre qu'un chien ou un chat par exemple. Il en va de même por tous les extraterrestre de fiction qui ont put atteindre un niveau de complexité égal ou supérieur à celui des humains. Et comme on ne dit (presque) jamais un homme chien, mais un chien mâle, je dirais donc pour un extraterrestre un mâle ou une femelle, ou pour prendre l'exemple de la race de Doria, une duriane et un durian.
Pour le jargon millitaire ce serait plus soldat, troupes, guerriers, fantassin, etc...


Je suis assez d'accord avec ça, j'ajouterais qu'on a d'un côté les êtres intelligents, ceux qui ont conscience d'eux-mêmes et de l'autre côté les animaux sans conscience, qui sont des êtres de pur instinct et qui n'obéissent qu'à leurs pulsions ancestrales. On a aussi le terme sapiens qui ne renvoie pas à l'espèce mais au degré d'évolution, (sapiens signifiant sage en latin).

Edit: Bien sûr tout ça c'est juste mon opinion sur la question, tu es libre d'écrire comme bon te semble, et si tu veux appeler Dodoria un homme qui suis-je pour te l'interdire ?
Foenidis a écrit:« Face à celui de décembre, le monde tremble... un sourire aux fossettes, le nouveau se resservit un verre de 97. »
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Re: Dragon Ball Extended Universe : Les Chroniques d'une Gue

Messagepar Imate le Dim Fév 11, 2018 16:21

REEEEEEEE !

Ouais ça fait un moment, j'ai du faire une pause au moment de mes exams, et une fois finis...bah j'ai pas mal tâtonné pour me remettre à écrire en fait, du fait de la pause prolongée, il m'a fallut du temps pour me replonger dans ce chapitre. Mais, le voilà finalement !

Oh, au passage, vous le verrez, je me suis essayé à une petite fantaisie que j'ai déjà pu voir sur d'autres fics (coucou Max et omurah notamment), à savoir l'intégration d'une musique d'ambiance pour une scène en particulier. En fait c'est tout simple, j'écoute de la musique en écrivant, et celle-ci a commencé à jouer en playlist automatique sur Youtube quand je suis arrivé à une scène, et elle m'a tellement lancé que je me la suis passé en boucle jusqu'à finir d'écrire la scène en question. Du coup je me suis dit qu'elle méritait de figurer dans le chapitre. Vous n'êtes pas obligés de l'écouter bien sur, mais j'ai voulu intégrer ce petit bonus pour le fun^^

Ce chapitre aurait du être plus long que ça, mais compte tenu de sa longueur actuelle qui est déjà pas mal, et du temps qui continue de s'écouler depuis ma dernière publication mine de rien, je me suis dit qu'il valait mieux s'en tenir à ça pour éviter que ça soit étouffant :lol:

Sur ce, désolé pour l'attentte, et je vous souhaite une bonne lecture ! :D


* * *


Chapitre 23 : Doutes et Tourments


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C'était une chaude journée qui promettait un soleil caniculaire aux habitants de la capitale de Freeza 79 aujourd'hui. L'éclat de l'astre brillait de mille feux ardents, offrant une chaleur estivale en cette basse saison. Les gens étaient de sortie, profitant de ce bon bain de soleil unique qu'ils ne reverraient certainement pas de si tôt. Dans les rues les gens sifflaient et chantonnaient. Dans les salles de classes les fenêtres étaient grand ouvertes pour éviter que les élèves ne succombent au doux sommeil que leur suggérait sieur chaleur. Les soldats avaient – pour la plupart – déserté la salle d'entraînement et avaient troqué leurs altères pour une bière bien fraîche.

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Davantage aux abords du centre-ville, les rues, étrangement, semblaient désertes. Un calme et une tranquillité jamais vus dans cette cité régnait, laissant la voie libre aux animaux venus profiter de cette rare occasion de pouvoir se promener sans que les pavés ne soient infestés d'humains. Les oiseaux au plumage teinté de rose et vert prenaient leur toilette matinale dans les fontaines décoratives de la ville, d'étranges chats errants pourvus de quatre yeux et de moitié moins de queues se faisaient dorer la pilule, chassés de manière inopportune par une meute de chiens sauvages remontés jusqu'ici depuis les bas quartiers dans l'optique de dénicher de nouvelles poubelles à fouiller avec espoir d'y trouver quelques mets plus raffinés qu'à l’accoutumé.

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Et dans le cœur de la gigantesque mégapole, pas âme qui vive. Tout autour de l'immense tour académique – bâtiment central de la cité remplissant la double fonction d'établissement scolaire et de quartier militaire – même le vent semblait avoir pris congé, laissant sa place à un pesant silence. Un silence qui n'inspirait pas tant la tranquillité que l'inconfort et le malaise. Mais un son se démarquait au milieu de ce silence de mort. Un son devenant plus audible à mesure que l'on s'approchait de la grande place. Cet exaspérant, horrible, grouillant, et insistant bourdonnement.

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Cloué sur sa croix, la peau grisâtre et le teint morne, avec pour seul vêtement une pancarte « Ne pas déplacer » nouée autour du cou, le Général Satsu gisait là, à l'air libre et aux yeux de tous depuis trois jours. Ses plaies infectées attiraient déjà des nuages de mouches prêtes à se repaître de sa chair en putréfaction. Nul n'osait s'approcher, de peur des représailles qu'ils encourraient en tentant de l'aider.

«Fait chier putain ! Quelle espèce d'enfoiré !»

Le poing cogné contre le mur, à côté de la fenêtre d’où il observait le condamné à mort, Dodoria se retenait de plus en plus difficilement de «régler le problème» à sa manière. Le Durian-seijin se trouvait dans l'une des salles de la tour académique et militaire, au huitième étage, réservé à l'entraînement, comme en attestaient les nombreuses machines de musculation et autres équipements présents autour de lui.

«Garde ton calme...et surveille ton...langage...Dodoria...»

En pleine séance de musculation – le fait de soulever à répétition des poids de près d'un quart de tonne expliquant les coupures intempestives au milieu de sa phrase – Danmarine semblait étrangement serein vis à vis de la situation actuelle. Seuls ses muscles, qu'il exposait fièrement torse nu, semblaient tendus.

-Tu m'expliques pourquoi j'ai l'impression que tu t'en bats les noix ? Et rappelles moi pourquoi tu viens t'entraîner ici ? Comme si soulever des poids pouvait te rendre plus fort à ce stade.

D'un effort incisif, Danmarine souleva la barre de façon à la replacer dans ses cales, et se redressa en position assise afin de répondre à Dodoria en le regardant en face, tout en essuyant la sueur coulant sur son visage et dans sa nuque avec sa serviette.

-Un corps faible n'est pas adapté pour le combat et la maîtrise d'un flux trop puissant. C'est important de se maintenir en forme. Et pour ce qui est de mon calme...

Avant de poursuivre, Danmarine se leva et remit son armure, qu'il avait enlevé avant sa séance. Une telle patience exaspérait Dodoria au plus haut point, lui qui ne parvenait plus à supporter la tension qui régnait ces derniers jours.

-Je m'efforce de ne pas perdre mon sang froid parce que c'est exactement ce que cherche Byōna. Mais je te l'ai déjà dit, mes nerfs ne céderont pas.

-Les tiens peut-être, mais ceux de Satsu ont déjà cédé, eux !

Toujours dans le plus grand des calmes, l'Actinidia-seijin remit ses gants et enfila sa cape avant de commencer à ranger ses poids. Personne à part eux ne viendrait s'entraîner aujourd'hui après tout.

-Satsu savait pertinemment qu'il livrait sa dernière bataille sur Pomélo. Kota voulait sa mort, et si ce dernier était découvert, alors c'est l'Empire qui rendrait sa sentence. C'était un parieur invétéré. Il a joué sur les deux tableaux, et il a perdu.

-J'arrive pas à croire que ce soit toi qui vient de dire un truc aussi dégueulasse, Danmarine. Satsu était un fier guerrier ! Pour un Durian-seijin, rien n'est plus important que l'honneur ! Le voir ridiculisé comme ça et privé de pouvoir mourir dignement au combat, ça me rend malade !

-Ne te méprends pas, je suis sincèrement désolé pour Satsu, et j'aurai aimé que cela finisse autrement. Mais il connaissait son sort et il l'a accepté en gardant la tête haute pour ne pas leur donner de satisfaction. Je pense simplement que la meilleure façon d’honorer sa mémoire est de faire de même, et de passer à autre chose.

Un tantinet exaspéré, quoi que comprenant ce que voulait dire Danmarine, Dodoria jeta un nouveau regard par la fenêtre vers la potence, et soupira gravement. Probablement en partie pour Satsu, mais un autre malheur occupait son esprit. Car pour la première fois depuis qu'il avait rejoint l'armée impériale, il devait faire face à une chose dont il n'avait jusqu'ici pas connaissance : Un congés.

-Sur Durian j'avais l'habitude de me battre ou d'aller chasser pour me vider la tête. Si seulement y'avait un truc à faire ici pour s'occuper un peu et se changer les idées...

-C'est amusant que tu dises ça. Ce soir, une rencontre sportive à but diplomatique va avoir lieu sur la planète Coola 98. Les équipes galactiques de Flux Ball de Freeza sama et de Coola sama vont s'opposer comme chaque année pour resserrer les liens entre nos deux empires.

«Bien que ça ne soit qu'un prétexte des deux empereurs pour s'affronter indirectement» pensa Danmarine qui préféra garder ce détail pour lui.

-Et à cette occasion, les plus hauts gradés des deux empires seront réunis dans le stade planétaire de Coola 98 dans un but symbolique.

«Et pour s'assurer qu'aucun des deux n'envoie ses meilleurs hommes dans le système de l'autre» pensa à nouveau le Général au fond de lui.

Comme pris d'une épiphanie, le Durian-seijin s'exclama, «J'ai pigé !» en souriant à Danmarine, bien que chez lui, cela soit plus terrifiant qu'autre chose.

-Du coup tu vas pouvoir nous faire entrer gratis, c'est ça ?

Un sourire en coin, Danmarine attrapa son sac de sport et se dirigea vers la sortie, s'arrêtant devant la porte automatique qui venait de s'ouvrir à lui, afin de tourner la tête vers son subordonné et lui répondre en souriant.

-Non, je suis invité là bas en effet, mais j'emmène mon frère ainsi que Ranfu et son fils. Kiwi adore le Flux Ball, et je lui ai promis de l'y emmener un jour. On va sûrement passer une excellente soirée.

Quittant la pièce en faisant signe à Dodoria sans le regarder, Danmarine fit bien comprendre qu'il avait épuisé son stock de places offertes au barbare, qui ne put que se sentir encore une fois que comme le dindon de la farce, provoquant probablement ce gonflement de veine sur sa tempe qui semblait sur le point d'exploser.

-Grrr...

DANMARINE !!

* * *

-Des billets ? Pour le match de Flux Ball ?

Une main appuyée sur un rebord, entouré de médecins encadrant leurs patients dans cette salle de rééducation meublées de diverses installations pensées pour aider les victimes de la guerre à s'adapter à leurs nouvelles conditions – dans l'espoir de les envoyer se battre à nouveau jusqu'à la prochaine blessure – Ranfu recevait la visite de son Général, tout juste sorti de sa séance de sport, et descendu deux étages plus bas pour voir comment se déroulait les exercices de son lieutenant, ainsi que pour lui apporter un petit quelque chose.

-Reacum et toi, vous venez avec nous. Je vais essayer de convaincre Zarbon de nous accompagner également. Qu'en penses-tu ?

-Zarbon ? Le prisonnier ? Je ne sais pas si c'est une bonne idée, Danmarine sama. Il réside chez vous, il vous accompagne pendant votre temps libre. Je trouve votre relation...étrange.

-Allons, Ranfu, ne me dis pas que tu es jaloux ?

Soudain gêné par la remarque de Danmarine qui lui paraissait sincère, le rouquin ne put s'empêcher de rougir de honte.

-Qu'est-ce que vous racontez, Danmarine sama ? Je dis juste que vous ne devriez pas sympathiser autant avec un prisonnier politique.

Insistant, le Général glissa les billets dans le col de Ranfu, et lui tapota amicalement la nuque.

-Arrête de trop t'en faire, Ranfu. Tout va très bien se passer. Pour une fois, passons un bon moment sans nous préoccuper du reste. C'est une chose dont j'ai oublié la sensation depuis bien trop longtemps. Alors, qu'en dis-tu ?

Le grand roux hésita un instant, prenant en considération tous les risques qu'engendrerait le fait d'emmener sur une autre planète un prisonnier politique d'une telle importance. D'un autre côté, celui-ci étant en liberté conditionnelle sous la tutelle de Danmarine, il était logique qu'il l'accompagne. De plus, le laisser sur Freeza 79 alors que la plupart des hommes capables de le retenir en cas de fuite seront partis serait encourir un risque évident. À moitié convaincu, Ranfu soupira, et accepta finalement la proposition de son Général.

-C'est ce que je voulais entendre ! Très bien, je passerai vous prendre ici ce soir, et pas un mot à ton fils, d'accord ? Je voudrai faire la surprise aux gamins !

Alors qu'il regardait Danmarine s'en aller, Ranfu se demanda pourquoi il était d'une humeur aussi lumineuse. Il était rare de le voir ainsi, et la tension régnant actuellement sur Freeza 79 rendait son comportement encore plus étrange. Un inconnu ne l'aurait sans doute pas remarqué, mais pour Ranfu, cela ne faisait aucun doute.

«Quelque chose ne va pas»

* * *

Au pied de la grande tour académique, deux courtes silhouettes venaient d'arriver ensemble, scrutant l’édifice de haut en bas avant d'y pénétrer.

-J'ai l'impression que ça fait une éternité que nous ne sommes pas revenus ici...

Durant le même instant, dans la cour scolaire aménagée dans les jardins artificielles du rez-de-chaussée de la tour, un enfant semblait lui aussi sentir peser sur lui le poids de l'éternité. D'une pénible et éternelle attente.

-Ahhh...la journée va être longue. J'ai tellement hâte d'être à ce soir pour voit le match...

Assis sur un banc avec ses trois camarades – Barta, Guldo et le nouveau de la bande, Reacum – Kiwi, le menton tenu au creux de ses mains, les coudes posés sur ses genoux, contenait difficilement son impatience.

«C'est vraiment si bien que ça, le Flux Ball ?» demanda innocemment Reacum, avant d'être saisi au col par Kiwi, aussitôt soutenu par une paire de claques donnée à l'unisson par l'inséparable duo derrière la tête du petit roux.

-C'est le sport le plus populaire de la Galaxie ! Et ce soir c'est la rencontre la plus importante de la saison ! Faut rater ça pour rien au monde ! Si j'avais le permis de pilote, j'aurai pris une navette pour aller le voir en vrai au lieu de juste le regarder à la télévision ! Tu comprends à quel point c'est important ?!

«C'est aussi bien que la danse ?» se demanda Reacum en son for intérieur, sans oser partager sa passion avec ses nouveaux amis, de peur d'être rejeté.

-Ahhhh...je tuerai pour aller voir ce match...

«Je devrai sûrement pouvoir t'avoir des places sans problème, mais pas sur qu'un pauvre tel que toi les mérite, Kiwi»

Soudain encore plus énervé que par les question inutiles de Reacum, Kiwi lâcha sa victime et tourna la tête dans la direction de la voix hautaine qui venait de lui adresser ces mots révoltants, prêt à lui rendre ses insultes en baffes à en juger par l'air terrifiant que lui donnaient ses yeux révulsés et la veine gonflée sur sa tempe.

-Répète moi ça sale bourge ?!

Plus long à la détente que ses amis, Kiwi fut sans doute le dernier à réaliser qu'il connaissait la voix venant de s'adresser à lui. Ce n'est qu'une fois qu'il aperçut son sourire que le petit Actinidia-seijin retrouva son calme en un instant, et laissa son visage furieux être remplacé par une expression de joie, quelque peu gâchée par ses écoulements naseaux et ses larmes peu viriles.

-Na...Naeko ?

Derrière le petit blond qui venait de se révéler devant ses amis, un second enfant osa finalement se montrer, provoquant la même réaction que celle de Kiwi chez Barta et Guldo.

-CHEF !!!

Les deux garnements se jetèrent sur le petit batracien qu'ils plaquèrent au sol, écrasé par le poids de leur amour inconditionnel, sous le regard ahuri de Reacum qui ne comprenait pas cette soudaine agitation. Mais de son côté, Kiwi avait du mal à laisser éclater sa joie. Lui et Naeko se regardèrent dans les yeux un moment, ceux du blondinet étant légèrement moins humides que ceux de Kiwi. Ce dernier finit par se lever, et s'approcha lentement de son ami, pendant que les deux autres continuaient de torturer le second à coup d'étreintes.

-Pourquoi tu me regardes comme ça ? On dirait que tu as vu un revenant.

Comme doutant de la réalité de ce qui était en train de se produire, Kiwi leva la main vers Naeko, sans doute pour voir s'il était capable de le toucher, ou si tout ceci n'était qu'une hallucination. Néanmoins, une simple tape sur l'épaule aurait sans doute été suffisante, et moins agressive que le coup de poing que Kiwi envoya dans son ventre. Plié en deux par ce coup, Naeko se redressa malgré la douleur et attrapa le frère de Danmarine par le col de son armure.

-He ! Qu'est-ce qui te prend ?!

-Pourquoi vous avez disparu aussi longtemps tout les deux ?! Vous savez à quel point on s'est inquiétés ? On pensait que vous étiez...

Touché par la sincérité de ses sentiments, Naeko soupira la nom de son ami inquiet, et le prit dans ses bras avec toute l'affection qu'il pouvait lui donner.

-Désolé, Kiwi.

«C'est vrai ça, chef ! Pourquoi vous avez pas donné de nouvelles plus tôt ? Ou est-ce que vous étiez passés ?» demandèrent ensemble les petits rapides de la classe à leur leader qui put enfin respirer une fois lâché par ceux-ci.

-Naeko et moi...on...

-On a du disparaître un moment pour échapper à ma famille. Ginyu m'a caché chez lui, on ne pouvait pas prendre le risque de vous contacter. Désolé de vous avoir causé autant de souci.

Ginyu et Naeko se regardèrent à cet instant. Masquant au mieux leur malhonnêteté, ils repensèrent tout deux à la conversation qu'ils avaient eu après que le voleur de corps ait été maîtrisé. À ce qui avait profondément choqué Naeko, au point que celui-ci proposa à Ginyu de cacher la vérité aux autres, et d'oublier ce qu'il venait de se produire.

Ginyu pouvait le deviner à son regard. Naeko ne lui accordait pas sa confiance. Mais un étrange lien s'était tissé entre eux à l'issu de ce mystérieux échange. Trop heureux pour soupçonner la vraie nature de leur disparition, Kiwi, Guldo et Barta ne purent que se réjouir du retour de leurs amis, sans poser davantage de questions.

«Mais, les autorités te cherchent partout tu sais !» se rappela Kiwi qui sécha ses larmes et tenta de retrouver son calme pour ne pas avoir l'air ridicule.

-Tout est réglé, j'ai contacté le seul membre de ma famille en qui j'ai entière confiance, un oncle que mon père avait en horreur. Il a accepté de devenir mon tuteur officiel, de cette manière je suis sûr que les hommes encore fidèle à mon défunt père ne tenteront rien pour le venger pour ne pas être pris pour cibles. Mon oncle est un baron très influant lui aussi.

Alors qu'ils savouraient encore ces retrouvailles, les jeunes amis furent rappelés à l'ordre par la sonnerie qui les avertissait de la reprise des cours. Le quatuor enfin réuni commença à se rendre vers la salle de classe, mais Kiwi se retourna soudainement avant de s'en aller.

-Tu viens, Reacum ? On t'attend dépêche toi !

Ravis de ne pas avoir été oublié, le petit roux se dépêcha de rejoindre ses camarades, le sourire aux lèvres, et plus excité que jamais à l'idée de faire connaissance avec deux autres amis. En se levant subitement, le garçon fit s'envoler un oiseau au plumage vert, venu faire son nid dans ces jardins artificiels. Le volatile battit des ailes jusqu'à quitter les jardins pour rejoindre le hall – encore en chantier depuis la tentative d'enlèvement perpétrée à l'intention de Kiwi avant de tourner à l'attentat à la bombe – et traversa la haie d'honneur formée par les colonnades romaines orangées jusqu'à la porte de sortie qui s'ouvrit automatiquement alors que Danmarine quitta la tour, voyant l'oiseau passer juste au dessus de son épaule, et s'élever jusqu'aux étages supérieurs de la tour académique, dont chaque palier semblait aujourd'hui renfermer un tableau différent.

L'animal s'éleva, s'éleva, jusqu'à se poser devant une fenêtre du quatorzième étage – réservé aux logements de militaires en visite – ou il jugea bon de se nettoyer les ailes. Curieux hasard lorsque l'on sait que la dite fenêtre donnait justement sur la salle d'eau, alors qu'au même moment, un imposant félin nettoyait son épais pelage sombre sous le jet d'une bonne douche chaude.

Lui aussi tendu par les récents événements, et bien peu rassuré d'avoir vu la tête de Satsu tomber avant la sienne, le Général Rōku, qui avait prit ses quartiers sur Freeza 79 quelques temps, avait passé la matinée à se prélasser dans sa suite. Même si l'eau n'était pas sa passion première, il jugea nécessaire de dépoussiérer sa fourrure ternie par la poussière soulevée durant sa dernière campagne militaire le mois dernier. Sous le jet incandescent de l'eau portée à plus de quarante degrés par ses soins, le Général félin repensa à ce qu'il restait de Kota après avoir été percé à jour par Freeza.

Il se remémora les visages de chacun des hommes du Grand Commandant qu'il avait contribué à punir pour avoir fomenté contre l'Empereur en les exécutant un à un à bord du vaisseau avant d'arriver sur Freeza 79, et le son produit par les os de leur cou lorsqu'il les brisa. Il n'osait pas imaginer en revanche qui se chargerait de briser le sien si jamais il venait à se savoir qu'il avait travaillé pour Kota. Si Byōna apprenait qu'en réalité, il avait été plus qu'un simple Général placé sous les ordres du traître par un malheureux hasard avant de finalement se retourner contre lui en réalisant l'ampleur qu'avait prit cette affaire qui n'était pour lui au départ qu'un simple moyen de gagner de l'argent afin de racheter sa planète natale actuellement aux mains du seigneur Coola, ce qui lui demanderait bien plus que ce que permettait le salaire d'un Général.

Constatant que même les bienfaits d'une douche chaude ne suffiraient pas à oublier qu'il se trouvait au bord d'un précipice mortel, Rōku coupa l'eau et secoua sa crinière vigoureusement avant d'ouvrir la porte automatique de la cabine, découvrant devant lui, au milieu de la salle de bain commune, une bien mauvaise surprise qui eu pour effet d'effacer le peu de réconfort que lui avait procuré cette douche.

Une mauvaise surprise qui se tenait devant lui, nue comme un verre, avec malgré tout cet éternel maquillage grotesque pour masquer sa face de clown.

-Hoho ! Je ne vous pensais pas si...impressionnant, Six san !

«Que fais tu ici, Pierrot ?! Je pensais que tu possédais ton propre appartement sur cette planète ?» s'exclama la panthère tout en enfilant en vitesse une serviette autour de sa large taille, ce que ne semblait pas enclin à faire son interlocuteur, qu'importe à quel point Rōku pouvait l'espérer intérieurement.

-À vrai dire, j'ai eu à m'entretenir avec ce cher Sorbet au sujet de quelques affaires, disons...épineuses. Et aussi adorable que puisse être cette petite boule de glace adorée, je ressens toujours le besoin de me laver après un trop long moment passé en sa...plaisante compagnie.

De toute évidence décomplexé et peu inquiété par la notion de pudeur, le clown passa devant Rōku – sans doute d'un peu trop prêt à son goût – et se plaça devant la fenêtre d’où il admira la vue.

-Vous savez, Six san, malgré nos différents, je suis ravis que vous ayez pu éviter de subir le même sort que notre regretté Satsu. Quelle peine j'aurai eu de voir les moustaches d'un Général aussi droit et fidèle à l'Empereur être raccourcies en même temps que son cou. Au fond, je vous apprécie sincèrement.

Plus impressionné par la fermeté du postérieur de Pierrot qu'il voyait de dos que par la gentillesse de ses paroles hypocrites, Rōku se contenta d'enfiler son armure en écoutant d'une oreille peu attentive le monologue de son confrère.

-Cependant...il semblerait que l'infinie gentillesse dont j'ai gentiment fait preuve durant votre procès en vous portant secours n'ait pas suffit à obtenir la gratitude de notre ami le Général Danmarine. Auriez-vous une idée des raisons qui le poussent à être aussi méfiant à mon égard ?

Rōku avait tourné le dos à Pierrot. Pas tant pour s'éviter le terrible spectacle de son corps androgyne nu que pour fuir son regard accusateur. Mais cela ne suffisait pas. Il pouvait sentir ses yeux le transpercer, sentir un froid glacial s'insinuer en lui. Il n'avait pas besoin de se retourner pour deviner que Pierrot avait cessé d'admirer la vue de la fenêtre et s'était tourné vers lui pour le fusiller du regard.

Ni le calme apparent de sa voix ni les mots finement choisis avec précaution ne suffisaient à masquer la soif de sang du clown sombre. Ils étaient seuls, personne n'entrerait dans cette pièce avant le lendemain matin. Essayant de garder son calme, Rōku tenta de répondre en restant aussi évasif que possible, tout en continuant d'enfiler son armure pour n'éveiller aucun soupçon.

-Le Général Danmarine n'accorde pas facilement sa confiance. Sur ce point lui et moi sommes plutôt similaires. J'ai aussi eu du mal à te faire confiance, je pensais que tu ne faisais que mentir pour sauver ta peau. Mais je te suis reconnaissant.

Froid et humide. C'est ainsi que Rōku aurait décrit le souffle de Pierrot dans son cou lorsque celui-ci – soudainement rapproché de lui à son insu – lui susurra à l'oreille,

«Vraiment, Six san ? Vous avez donc changé d'avis à mon sujet ?»

-Vous en êtes absolument certain ?

Rōku n'avait probablement pas entendu les griffes de Pierrot s'étendre lentement à ce moment là. Les avait-il entendu ? Cela n'avait sans doute aucune espèce d'importance. Pierrot n'en avait pas besoin tant le sentiment d'insécurité du Général renforçait sa soumission. Il était déjà prisonnier de ses griffes, il le savait bien, et c'est pour cela qu'il ne pouvait que ravaler sa fierté, et mentir tel un arracheur de dents pour éviter que Pierrot n'arrache les siennes.

Mais ce n'était pas tant sa force qu'il redoutait. Après tout peu d'hommes dans l'univers pouvaient prétendre défier le puissant Général Rōku, en dehors de Freeza et sa famille, ainsi que quelques rares élus. Non, Rōku savait surtout avec certitude que Pierrot avait les moyens de faire tomber n'importe qui ayant trempé ne serait-ce qu'un orteil dans cette affaire. Et que lui – qu'importe à quel point il était certain de sa culpabilité – trouverait toujours le moyen de retomber sur ses pieds.

Le félin se retourna pour avoir Pierrot en vue, et lui assura avec autant de respect qu'il lui était possible d'exprimer, qu'il lui serait reconnaissant et redevable pour ce qu'il avait fait pour lui. Incertain d'avoir été suffisamment convaincant, Rōku s'efforça de ne pas lâcher le regard de Pierrot, jusqu'à ce que le visage de ce dernier s'éclaircisse soudainement.

-À la bonne heure ! Quelle joie de vous savoir fidèle ! Et les gens continuent à dire que les chats sont ingrats ! Enfin, puisque vous ne semblez rien savoir à propos de Danmarine, je vais vous laisser disposer, Six san.

Profitant de cette occasion de s’éclipser, Rōku laissa l'adonis aller jusqu'aux douches et prit la direction de la sortie, avant d'être interpellé une dernière fois avant de pouvoir atteindre la porte.

-Quand j'y pense, après toutes les crasses que j'ai pu vous faire, vous me prêtez tout de même allégeance et vous allez jusqu'à me lécher les bottes. Si je le voulais, je pourrais même exiger de vous de me rejoindre immédiatement sous cette douche, je trouve ça...désopilant.

Sur cette note d'esprit, Pierrot entra dans la cabine sans même un regard et alluma le jet d'eau. Sans la paroi pour lui bloquer la vue, il aurait pu apercevoir les crocs menaçant et le regard haineux et sanguinaire de Rōku qui peinait de plus en plus à résister à la tentation de faire couler du sang dans cette douche pour accompagner l'eau et le maquillage qui s'engouffraient dors et déjà dans le siphon. Conscient de son état de rage, Rōku préféra quitter la pièce sur le champ. Entouré d'une légère aura alors qu'il traversait les couloirs au sol tapissé du même pourpre que celui teignant les murs, le tigre noir capé de rouge était sur le point d'exploser de colère.

Malheureux fut le pauvre soldat passant par hasard dans ce couloir alors qu'il portait une pile de papiers probablement à l'intention de Sorbet, qui eut la mauvaise idée de demander au furieux Général ce qui n'allait pas. Il n'imaginait sans doute pas à ce moment là que cette simple question lui vaudrait de se faire enfoncer la tête dans le mur.

Il n'y avait pas pensé sur l'instant, trop envahi par la rage, mais le fracas provoqué par ce crâne s'écrasant sur la paroi murale qui se brisa sous sa force colossale n'avait pas pu échapper à celui à l'origine de cette crise, qui prenait actuellement sa douche quelques pièces plus loin derrière. C'est d'ailleurs sans doute de se savoir la cause d'un tel énervement qui poussa Pierrot à sourire à pleines dents alors que le maquillage blanc qui recouvrait sa face laissait lentement place à un visage dont la peau trop parfaite donnait l'impression de n'être qu'un masque de chair froid et inhumain.

Pierrot n'était d'ailleurs pas le seul à avoir entendu le bruit sourd de ce mur de métal couvert de moquette se fracturant violemment. Sur le rebord de la fenêtre, ce même volatile venu se poser quelques minutes plus tôt prit peur et quitta les lieux à grands battements d'ailes. Il vola longuement, au grès des nuages, sans se soucier du temps passant, poursuivant sa course en même temps que celle du soleil dont l'éclat rougissait peu à peu. Il croisa la route de congénères, se laissant porter là ou le vent les emmenait. Et c'est précisément vers son point de départ que l'un d'eux se dirigeait, finissant sa course en survolant l'immense tour académique faiblement éclairée par un soleil somnolant, annonciateur de la fin de la journée.

-J'en pouvais plus de cette journée. Tous ces vantards qui arrêtaient pas de se la raconter parce qu'ils vont voir le match ce soir. Je m'en fiche, de toute façon je préfère cent fois le regarder de chez moi loin de cette foule !

Au milieu de tous les enfants sortant de cours après une rude journée, Kiwi tentait de persuader Reacum que la jalousie ne faisait pas partie de son vocabulaire. Mais le petit roux semblait aussi convaincu que l'était lui même Kiwi. Les autres lurons de la petite bande étaient déjà partis chacun de leur côté, laissant ces deux là rentrer ensemble, eux qui habitaient dans la même direction. Alors que le petit Actinidia-seijin continuait de jouer la carte de l'auto-persuasion, il ne remarqua pas la présence de celui qui l'attendait là, en plein milieu de l'allée, écoutant les plaintes du jeune garçon d'un air rieur.

-Vraiment ? Dans ce cas je vais devoir demander à l'un de tes camarades s'il veut m'accompagner à ta place.

Immédiatement interpellé par cette voix familière, l'enfant tourna la tête et aperçut son aîné, accompagné de son meilleur ami, tenant devant lui bien en évidence les billets pour le fameux match centre de toutes les conversations aujourd'hui. Le jeune garçon, fou de joie, se précipita vers son frère pour l'enlacer brusquement, criant son bonheur à gorge déployée. Plus timidement, Reacum rejoint son père, qu'il tint aussitôt par le bras, comme pour se sentir en sécurité après cette journée loin de lui, mais aussi pour le remercier de cette surprise.

À moins que ce soudain besoin de se sentir rassuré ne fut lié à la présence d'un troisième individu se tenant quelque peu en retrait et les observant stoïquement, et dans l'immobilité la plus totale, à l'exception de sa perle frontale ondulant de gauche à droite en fonction des allers retours du vent.

Et il est vrai que le vent soufflait particulièrement fort aujourd'hui dans cette région de Freeza 79, accentuant encore davantage les puissantes bourrasques soulevées par l'allumage des réacteurs de navettes décollant du spatioport de la capitale ou s'étaient rendus les cinq hommes. Celles-ci étaient anormalement nombreuses aujourd'hui, du fait de ce grand événement politico-sportif annuel qui se tenait sur la planète Coola 98.

Cet immense spatioport d’où décollaient tant de vaisseaux, grouillant et fourmillant de monde et d'activité, animé par une technologie si futuriste réunissant robots utilitaires servant de guides aux visiteurs, et appareils à fonctionnement automatisé s'adressant aux gens comme s'il s'agissait d'un être conscient, cet environnement si vivant et si moderne attirait l'attention et le regard de Zarbon de tous côtés. C'est pourtant ici qu'il avait atterri après avoir été emmené loin de chez lui. Sans doute n'avait-il simplement pas regardé autour de lui, ayant préféré garder la mine basse et les yeux loin de ce monde habités par ceux qu'il tenait responsables de tous ses maux.

-Nous prenons ma navette personnelle, elle est posée sur cette plate-forme.

Rappelé soudainement à la réalité, Zarbon suivit le doigt tendu de Danmarine vers la plate-forme d'atterrissage qui leur était montrée, sur laquelle se trouvait une élégante navette spatiale, faite d'un métal blanc immaculé, surplombée d'un aileron arrondi allant en parfaite adéquation avec les ailes, disposées de chaque côté de la coque, inclinées à 90 degrés.

«Au fait, Dodoria ne se joint pas à nous ?» demanda naturellement Ranfu, à la surprise du Général, et se surprenant également à demander après le Durian-seijin.

-J'ai préféré le tenir à l'écart, puisque le match se déroule dans un système appartenant à Coola sama, j'ai eu peur de la réaction qu'il aurait eu. J'espère qu'il ne m'en voudra pas.

Cette tournure floue interrogea Zarbon, qui ne put comprendre de quelle inquiétude pouvait bien parler Danmarine. Ce qui ne fut visiblement pas le cas de Ranfu, qui immédiatement sembla comprendre la décision de son Général. Le petit groupe prit place à bord de la navette, et en découvrit l'intérieur qui semblait bien plus spacieux que de l'extérieur, mais tout aussi luxueux qu'attendu. L'intérieur blanc créait un contraste avec les sièges en cuir rouge, et avec le mobilier – allant de la table basse cerclée de chaises au comptoir du bar – lui aussi de la même couleur. Tandis que Ranfu hallucinait en réalisant la différence qu'il devait exister entre son salaire de lieutenant et celui du Général, les enfants s'émerveillaient à l'idée de voyager à bord d'un si bel appareil, qui laissait cependant Zarbon relativement indifférent, plus intéressé par le tableau de bord de l'appareil que par son design.

-Fait attention à ne rien toucher surtout, je ne voudrais pas que tu fasses s'écraser le vaisseau. Je vais te montrer comment piloter si tu veux.

-Moi ? Je ne sais pas, ce n'est pas vraiment le genre de technologie dont nous disposons sur Pomélo.

«Allons, même Dodoria pourrait piloter cet engin, vas-y assied toi à côté !» ricana Danmarine en retirant sa cape pour pouvoir s'asseoir confortablement devant les manettes.

Alors que le vaisseau de Danmarine décolla, s'élevant lentement dans l'atmosphère jusqu'à ce que les ailes ne se rétractent à l'intérieur de la coque pour laisser place au boost du réacteur arrière qui déclencha une accélération inouïe, non loin de là, errant dans les rues mains dans les poches, Dodoria fut interrompu dans ses grommellements, soudain prit d'un éternuement.

«Cet enfoiré de Danmarine doit encore bien rire à l'idée de me laisser pourrir ici pendant nos congés» supposa le Durian-seijin en reniflant et en s'essuyant le nez d'un élégant revers du bras.
«C'est la première fois que j'ai rien à faire depuis que je suis ici mais j'en ai déjà marre ! Je sens que je vais exploser !»

En criant sa rage, Dodoria leva les deux mains au dessus de la tête, écartant pleinement ses six doigts, l'idéal pour réceptionner l'énorme caisse qui lui tomba soudainement dessus sans crier gare. Le barbare mit un moment avant de se rendre compte de ce qu'il venait d'arriver. En fait, il ne réalisa vraiment qu'une fois qu'il entendit les remerciements d'un vieil homme qu'il aperçut sur une route suspendue située au dessus de lui.

Curieux, il vola jusqu'à lui, gardant la caisse dans les mains par réflexe sans vraiment y réfléchir, ce que le vieillard interpréta logiquement comme un fort appréciable altruisme de la part du militaire en armure.

-C'est un réel plaisir de savoir que l'armée de Freeza sama est toujours là pour nous venir en aide ! Mes sincères remerciements, monsieur...

Ne comprenant ni la raison de ces remerciements, ni l'intérêt de cette longue pause laissée à la fin de la phrase, Dodoria, sans s'adresser au reconnaissant quinquagénaire, se débarrassa finalement de sa lourde charge en la jetant grossièrement à l'intérieur de ce qui semblait être le véhicule de l'homme, sans vraiment se poser de question.

-Fait gaffe à tes affaires grand-père, ce truc a failli me tomber sur la tête.

-Oh bien sur, je vous fais mes plus plates excuses bien entendu. Si je peux faire quoi que ce soit pour vous...

-Je vois pas ce qu'un vieux maigrichon comme toi pourrait bien faire pour moi, à moins que tu puisses m'emmener là ou cet abruti de Danmarine est parti, rien que pour voir la tête qu'il ferait.

-Ma foi, si vous pouviez me dire ou votre ami s'est rendu, je pourrai sans doute vous y conduire.

-Si je savais ou c'est tu crois pas que j'y serai allé moi même, l'ancêtre ? Comme si j'avais retenu ce qu'il m'a raconté, à part qu'il est allé voir un match de je-sais-pas-quoi.

-Oh ! Mais vous faites sans doute allusion au match de ligue intergalactique de Flux Ball ? Mon épouse et moi y avons justement été invités, nous étions sur le point de nous y rendre.

«Ah ouais ? Et en quoi ça m'intéresse ?» rétorqua grossièrement le barbare qui ne comprenait absolument pas les sous-entendus pourtant évidents du vieil homme reconnaissant.

-Que diriez vous de nous accompagner, en guise de remerciements et d'excuses ? Je suis même prêt à vous offrir le billet si vous acceptez de m'aider à charger nos affaires !

Après un bref instant de réflexion, durant lequel la brute épaisse hésita à empoigner l'homme qui venait d'oser lui demander de lui rendre service, Dodoria réalisa – quoi qu'un peu tardivement – qu'il venait enfin de trouver une solution à ses problèmes.

-Vraiment papy ? Tu peux m'emmener là bas ?

La confirmation donnée par le vieil homme, Dodoria tapa dans le dos tordu et plein d'arthrose de son bienfaiteur qui manqua de tomber à la renverse, et monta le premier à l'intérieur du vaisseau par l'étroite porte qui lui donna du file à retordre pour passer, en le gratifiant d'un sympathique « Merci l'ancêtre ».

Ainsi, Dodoria prit la même route que celle actuellement empruntée par Danmarine, en direction du système voisin : L'espace de l'Empereur Pourpre, Coola.

* * *

-Tu te débrouilles bien avec les commandes finalement !

Peu à l'aise mais non moins fier de lui à en juger par son air extrêmement satisfait, Zarbon pilotait adroitement le vaisseau en suivant les instructions de son propriétaire, tandis que Ranfu s'exerçait avec les deux enfants comme partenaires d'entraînement. Le voyage s'était agréablement déroulé durant les trois heures qui venaient de s'écouler, quand finalement, Danmarine l'aperçut.

-Regardez, nous y sommes. Coola 98.

Elle était là, juste en face, couverte de lumières aux éclats multicolores. L'apercevoir suffisait à comprendre que cette planète était bien différente de Freeza 79, cette planète verdoyante et sauvage au climat chaud et humide, avec pour principale civilisation la capitale elle même et quelques avant-posts disséminés dans la jungle profonde. Mais celle-ci ne disposait que de rares étendues sauvages, sa surface étant presque intégralement couverte d'habitations. Après avoir traversé l'atmosphère, l'équipage pu constater l'immensité de cette ville planétaire qui s'étendait à perte de vue.

Celle-ci n'était pas composée uniquement d'immeubles. De nombreuses rues étaient à échelle humaine, quelques parcs faisaient office de substitut à la végétation naturelle, et le temps clair et frais laissait supposer une atmosphère étonnamment peu polluée.

Danmarine guidait Zarbon dans les bas couloirs aériens pour se rapprocher du stade, à côté duquel se trouvait une piste d'atterrissage. Immédiatement après que son frère l'ait avertit, Kiwi, suivi de son ami, se rua à l'avant du vaisseau pour voir le titanesque stade ou allait se jouer le match de ses rêves. Une immense structure ovale métallique suffisamment grande pour accueillir des milliers de personnes, un véritable monument du sport et de l’événementiel, digne représentation de la folie des grandeurs dont Coola avait hérité de son père en bien plus grande quantité que Freeza.

À l'entrée du stade, deux immenses statues de l'Empereur Pourpre taillée dans l'argent, entre lesquelles passaient un raz-de-marée de spectateurs venus des quatre coins de la Galaxie pour assister au match du sport le plus populaire de l'Empire. Ces personnes de toutes races, de toutes catégories sociales, de tout bords politiques, se réunissaient au même endroit pour la même raison.

La sécurité mise en place semblait elle aussi très importante. De nombreux soldats montaient la garde un peu partout, tentant de calmer les foules et d'encadrer l'événement de leur mieux. Ces gardes mélangeant des soldats des deux empires – distinguables par leurs armures au modèle sensiblement différent, celui de l'armée de Coola ne comportant qu'une seule épaulette et des courbes plus arrondies – symbolisaient à elles seules l'union célébrée en ce jour particulier. Et ce comme chaque année, depuis la paix formée entre les deux frères suite à la guerre qui avait éclatée entre leur deux empires il y a de cela deux décennies aujourd'hui. Ce chiffre important expliquait d'ailleurs certainement le particulier engouement provoqué. À l'intérieur, de nombreuses personnes avaient déjà prit place dans les gradins qui se remplissaient encore à vue d’œil.

Œil qui observait tous ces obéissants sujets depuis sa loge impériale idéalement située en haut d'une tour, plus haute partie de l'édifice.

-Regarde les. Ne ressemblent-ils pas à un vulgaire troupeau vu d'ici ? Du bétail entassé là à notre demande. N'est-ce pas magnifique, Mame san ?

Debout devant la rambarde de sa loge suspendue, agitant sa longue queue fuchsia derrière lui, le tyran cornu observait avec fierté le peuple venu se rassembler aujourd'hui en son honneur, oubliant sans doute volontairement qu'au moins la moitié était présente en celle de son frère.

L'absence de ce dernier expliquait sans doute le léger agacement naissant chez l'empereur qui commençait à perdre patience.

-Tss...ce Coola. Aurait-il renoncer à venir de peur du résultat de ce match ? Hohohohoho !

«Et risquer de rater la tête que tu feras en voyant ton équipe se faire écraser ? Même pas en rêve, Freeza»

Mame, l'homme de main le plus proche de Freeza, réputé pour son sang froid, sentit celui-ci se glacer plus encore lorsqu'il l'entendit. Cette voix terriblement similaire – pour ne pas dire presque identique – à celle de son maître. Cette voix qu'il savait être paradoxalement à la fois le son le plus agréable et le plus horripilant pour les oreilles de l'empereur. Cette voix qui avait instantanément provoqué le gonflement d'une veine sur la tempe de Freeza qui soudain crispa sa mâchoire, tandis que ses pupilles ardentes se rétractèrent.

Le chétif empereur se retourna, affichant un sourire forcé plus terrifiant qu'accueillant, serrant le poing autant que les dents à tel points que ses ongles s'enfoncèrent assez dans ses paumes pour en faire couler le sang.

-Cela faisait longtemps...


-...mon très cher frère...


« Coola ! / Freeza ! »


Face à Freeza, se tenait le second invité d'honneur. Un homme de taille moyenne, nettement plus grand que lui, à la peau pourpre, au crâne luisant de bleu, portant une armure blanche dénuée d'épaulettes et décorée d'une longue cape noire aussi sombre que l'aura qui semblait l'entourer. Le froid de son visage donnait lieu à un étrange contraste avec la chaleur de son regard de braise. Le même que celui de son frère.

Aux côtés du second empereur se tenait un homme à la carrure plutôt imposante. Violet de peau, l'individu se caractérisait surtout parce les deux cornes trônant sur son crâne aux veines proéminentes. Ce regard qu'il échangea avec Mame en guise de salutation pouvait donnait l'impression d'une relation peu amicale entre les deux hommes. Pourtant, nul autre que Mame ne pouvait le comprendre aussi bien, lui qui assumait également le rôle d'homme de main de l'empereur.

-Tu arbores toujours cette horrible forme de réduction à ce que je vois ? Tu n'es donc toujours pas capable de contrôler ton pouvoir.

-En effet mon cher frère, j'aurai aimé avoir une puissance aussi ridicule que la tienne, ainsi je n'aurai nul besoin d'avoir recours cette transformation.

-À en juger par le résultat de notre dernier affrontement, je dirai plutôt que tu as honte de ta véritable force et que tu préfères cacher ta faiblesse en te bridant volontairement, Freeza.

-Il ne me faudrait pas longtemps pour retrouver ma véritable apparence et te prouver le contraire, Coola.

Suant à grosses goûtes, l'homme de main de Coola regardait le destin de cette planète se jouer devant lui sans rien pouvoir faire. Lui qui redoutait ces retrouvailles malgré les bonnes intentions de son maître avait la preuve que même après vingt ans de paix, les relations entre les deux fils de Cold brûlaient toujours d'un feu inextinguible.

Sans imaginer le danger qui guettait à cet instant, Danmarine et les autres se promenaient à l'intérieur du stade, les deux enfants déjà chargés d'un mont de babioles inutiles et de produits dérivés exclusifs à l'image de l'équipe de Flux Ball qu'il supportaient.

-Danmarine sama, vous avez beaucoup trop dépensé, je vous assure que vous n'auriez pas du.

-Pourquoi tu t'inquiètes, Ranfu, les enfants ont l'air ravis. Ne t'en fais pas, tu me rendras la pareil une prochaine fois si ça peut te faire plaisir !

Ni le rire de Danmarine ni la tape amicale qu'il reçut de sa part dans le dos ne suffirent à lui ôter de la tête qu'il devrait dépenser l'équivalent d'un mois de salaire pour être quitte avec lui. En revanche, le vacarme qui survint prêt des stands tenus un peu plus loin le fit immédiatement sortir de ses pensées.

«Lâchez-moi ! Je refuse de lui obéir un jour de plus !»

Et à l'unisson, la réaction de Danmarine et Ranfu se fit entendre.

-Dodoria ?!

Juste devant eux, essayant de repousser deux gardes en train de le maîtriser péniblement, le Durian-seijin, chaînes restrictives de flux aux poignets, hurlait à la mort dans un langage plus que cru qui choqua les quelques visiteurs fortunés et non moins raffinés qui assistaient à la scène.

-Je suis un fier guerrier de Durian ! Je crèverai dans le sang et les combats, et pas au bout d'une laisse comme un chien !

Ils le réalisèrent après un temps de retard, à juste titre, n'importe qui aurait eu une réaction similaire. Danmarine le comprit en voyant la cicatrice créant une démarcation béante sur le visage du barbare, probablement là depuis des années vu son état de cicatrisation avancé. Ranfu le devina quand la montagne de muscle saisit l'un des gardes sous son coude et le retourna à terre, dévoilant son dos couvert de marques de fouet.

-Danmarine, c'est...

Le dernier avait peur de comprendre. Mais Zarbon lui aussi le remarqua finalement, lorsqu'il vit tout autour, accompagnant la plupart des spectateurs, ces individus à la mine basse, aux poignets enchaînés, et au cou décoré d'un collier métallique blanc.

-C'est une pratique qui n'a pas cours dans notre Empire. Freeza sama a décrété que tout homme trop peu civilisé pour devenir citoyen de son Empire rejoindrait son armée et prouverait sa valeur sur le champ de bataille. Mais il en est autrement des lois de Coola sama.

-C'est donc bien ce que je pense.

Pour un prince ayant toujours mis un point d'honneur à défendre les intérêts de son peuple, il était difficile d'imaginer cela dans un système si évolué. Et pourtant, Danmarine venait de lui en donner la confirmation.

Le Durian-seijin qui venait de se faire électrocuter par son collier, et de tomber aux pieds de son maître dans un état déplorable, n'était pas Dodoria.

«Voilà qui t'apprendra à ne plus jamais lever la main sur moi, sale esclave !»

-Alors c'est pour ça que Dodoria n'est pas venu avec nous, c'est ça ?

Tout en regardant avec dérangement, et en conservant un calme presque effrayant au vu de ce spectacle, Danmarine répondit à Zarbon ce que Ranfu avait compris seul quelques heures plus tôt.

Il n'est en effet pas rare que Coola et Freeza commercent l'un et l'autre. Et même si cette pratique n'a pas cour dans l'Empire de Freeza, il arrive qu'après une conquête, certains habitants, trop récalcitrants pour se plier aux ordres, soient expulsés du système. Une manière dissimulée de pratiquer le commerce d'êtres humains connue de peu de civiles. Et c'est précisément parce qu'il connaissait le risque de croiser un esclave de Durian que Danmarine a préféré tenir Dodoria éloigné.

Et force était de constater que le pressentiment de Danmarine était bon. Faire venir Dodoria aurait été une erreur dont il n'osait imaginer les conséquences.

«Bah tient ! Si voilà pas Danmarine et sa clique ! Tu t'attendais pas à me voir ici hein ? Et ben devines quoi, j'ai réussi à me trouver un taxi figures-toi ! Ça t'en bouche un coin pas vrai ?»

Ironie du sort, mauvais karma, malchance, hasard, Danmarine ne savait pas comment nommer la catastrophe qu'annonçait cette voix bourrue au langage grossier venant de derrière lui et qui avait fait retourner Ranfu et Zarbon aussitôt.

-Do...Dodoria ?! Qu'est-ce que tu fiches ici ?!

-Minute le rouquin, que toi il t'ait emmené je peux comprendre, mais que fout la princesse avec vous ? Et il va se retourner lui ? J'ai fait tout ce chemin rien que pour voir sa tête, alors il va pas gâcher mon plaisir en...

Ce que redoutait le Général arriva alors. Inévitablement, les yeux du récemment promu caporal se posèrent sur son semblable étalé sur le sol, enchaîné comme un animal, et humilié par un aristocrate aussi riche que faible, crachant ouvertement sur la fierté guerrière de celui qu'il appelait son esclave.

Le tout devant le chef barbare autrefois surnommé le briseur de crânes qui lui lança un regard glacial et livide – ses pupilles blanchâtres traduisant autant la colère que le choque de cette vision atroce – et lâcha d'une voix basse et froide...

Dodoria's Anger

«C'est quoi ce bordel ?»

Le Durian-seijin laissa alors exploser son flux autour de lui, projetant les visiteurs trop proches de lui directement sur les stands voisins, y compris l'homme lui ayant offert le moyen de transport. La puissante bourrasque provoquée par le déploiement de son énergie obligeait Ranfu et Zarbon à se protéger le visage de leurs deux bras, ou du moins concernant Zarbon, tandis que les deux enfants s'étaient cachés sur ordre du lieutenant. Danmarine, quant à lui, n'avait toujours pas osé se retourner pour voir le visage furieux du barbare. Mais ce que craignait le plus le Général à la cape agitée par la micro-tempête, c'était la déception qu'il risquait de trouver dans le regard de celui qu'il avait trompé.

Alors qu'il cherchait encore la source de ce vent désagréable qui le dérangeait pendant la correction qu'il administrait à sa chose, le riche propriétaire n'eut le temps de voir Dodoria au loin qu'une seconde avant que celui-ci n'apparaisse juste devant lui d'un vivace bond, et ne l'expédie à plusieurs mètres de là d'un direct dans l'estomac, sous les yeux de plusieurs de dizaines de personnes choquées et affolées, créant un mouvement de panique agrémenté de hurlements et de violentes bousculades.

-Lève toi. Ne laisse jamais personne salir la fierté Durian que tu portes.

À demi conscient seulement, l'esclave leva difficilement les yeux, et perçut avec beaucoup de mal la silhouette qui se perdait derrière ce déchaînement d'énergie accablant, ne laissant paraître qu'une forme massive pourvue de deux yeux blancs enragés. Une véritable incarnation vivante de la rage qu'il n'avait vu qu'une fois il y a des années de cela, une froide nuit d'hiver sur Durian, lorsqu'un jeune Durian-seijin avait été retrouvé dans la maison du chef de la tribu, couvert du sang de son père et des hommes qui avaient reçu l'ordre de tuer l'enfant, tenant dans sa main la tête écharpée de l'une de ses victimes qu'il serra avec fureur jusqu'à en faire éclater le crâne.

-Dodoria...sama ?

Le mastodonte avança lentement en direction de celui qu'il venait à l'instant d'expulser avec véhémence. La tentative inutile des gardes de le maîtriser lui aussi se solda par un échec cuisant, les trois hommes se retrouvant encastrés dans un mur pour deux d'entre eux, le dernier s'étant vu réserver une place dans le plafond.

-Je me fiche de voir mes frères mourir. Mais met toi une chose dans le crâne avant que je te le réduise en bouillie...

Le Durian-seijin attrapa sa victime déjà à moitié morte par la tête, qu'il tenait entre ses trois énormes doigts comme un vulgaire grain de raisin.

-Danmarine sama ! Il faut intervenir !

Ranfu le savait. Permettre à Dodoria de laisser libre cour à sa colère signerait son arrêt de mort, et risquerait même de créer un irrémédiable incident diplomatique. C'est pour cela qu'il interpella alors son Général, qui, à sa grande surprise, n'était déjà plus à côté de lui.

-Il n'existe rien de plus important pour un Durian-seijin que l'honneur !

À l'instant ou Dodoria allait commettre l'irréparable, une main couverte d'un gant saisit son poignet, le forçant à lâcher prise et à laisser tomber sa victime à terre, aussitôt récupéré par l'un de ses hommes de main qui le traîna rapidement hors d'ici.

-Ça suffit, Dodoria ! Si tu ne te reprends pas immédiatement, je serai obligé de te faire mettre aux arrêts ! Suis-je bien clair ?

L'aura du Durian-seijin s'était calmée aussitôt la pression de la main de Danmarine exercée sur son bras. Mais Dodoria gardait tête basse, fuyant le regard du Général. Les deux hommes restèrent ainsi immobiles, dans le plus oppressant des silences, guettés comme des bêtes par les curieux assistant à la scène, pendant que l'esclave à l'origine de toute cette agitation était emmené à son tour par d'autres serviteurs du riche noble agressé par Dodoria, qui émergeait d'ailleurs de sa perte de conscience passagère. Pris d'une rage folle, il tenta vainement de se lever alors que son garde du corps le tenait, et s'adressa à son agresseur en vociférant si fort qu'il expulsa de sa bouche le sang qui s'y était accumulé en presque aussi grande quantité que dans ses yeux injectés de colère.

-Tu vas me payer ça, sombre rebut ! Coola sama ne laissera jamais passer de tels agissements ! Je peux te garantir que tu vas regretter de t'en être pris à moi !

Porté par son orgueil, il trouva la force de se relever, et s'empressa de quitter les lieux, rompant du même fait l’attroupement qui s'était formé autour de leur altercation. Seuls restaient Ranfu et Zarbon, rejoints pas les deux enfants finalement sortis de leur cachette, tous silencieux. Attendant.

Attendant une réaction furieuse de Dodoria.

Attendant un sermon de Danmarine.

Attendant une énième dispute entre les deux hommes.



Attendant quoi que ce soit qui puisse venir mettre un terme à ce silence.

Dodoria, lentement et sans esclandres, retira simplement la main de Danmarine qui jusque là était restée accrochée à son poignet. Et toujours en s'assurant de fuir son regard, le Durian-seijin contourna simplement son Général.

Danmarine resté sans voix, le visage décomposé ? Dodoria partant silencieusement sans se retourner ? Ranfu ne savait simplement pas ou donner de la tête, décontenancé par les événements. Mais Zarbon, lui, bien au contraire, commençait enfin à comprendre cet homme qui l'intriguait tant. Cet homme à qui – malgré son évidente bonté et la confiance que lui portaient ses proches – il ne pouvait se fier aveuglément.

Le Grand Général Danmarine. Les secrets qu'il n'avait pu lui révéler au sujet du procès. Ceux qu'il n'avait osé confier à Dodoria de peur de ne pouvoir le retenir.

Le frère pour qui il était prêt à tout, simplement pour ne pas le perdre. L'ami qu'il avait invité à ce match pour lui faire oublier la perte de son bras et le sombre avenir qui l'attendait.

Le Général Byōna qu'il n'avait pas su convaincre. Le Général Satsu qu'il n'avait pas pu sauver. Le Général Pierrot qui le tenait entre ses griffes.

L'Empereur qu'il n'oserait jamais défier. Et le bandeau qu'il portait devant les yeux pour ne pas avoir à regarder en face le monde dans lequel il vivait. Ce bandeau qu'il avait mit devant les yeux de Dodoria. Ce même bandeau qu'il avait tenté de mettre devant les siens.

Zarbon comprenait enfin. Il comprenait qui était Danmarine. Au final, il n'était pas le méchant de l'histoire. Mais il n'en était peut être pas non plus le héros.

Voyant bien la détresse de son ami, Ranfu préféra le laisser seul, et invita Zarbon et les enfants à le suivre jusqu'à leur place dans les gradins.

Seul, debout au milieu de ce couloir désert saccagé, Danmarine, alors en proie au tourment, tourna la tête vers un stand qui se trouvait à sa gauche, sur lequel il aperçut son reflet déformé sur la surface d'un plateau de verre. Même en s'en rapprochant davantage, l'Actinidia-seijin avait l'impression de ne pas se reconnaître. Mais à force de le regarder avec une telle insistance, il crut un instant l'apercevoir.

L'homme qu'il voyait en rêve depuis son retour de Pomélo. Cet homme gris de peau aux larges yeux bleus unicolores et dépourvus d'iris. Pris d'une inexplicable colère, Danmarine détruisit le plateau d'un simple regard, et tourna finalement lui aussi les talons.

À mesure qu'il s'éloignait en direction de l'intérieur du stade, il sentait le sol trembler sous ses pieds, secoué par les vibrations que provoquait la foule en délire, tapant et appelant les équipes prêtes à jouer ce match tant attendu. Juste en dessous de lui, à l'étage inférieur, l'une des deux équipes finissait de se préparer lorsqu'elle entendit scander son nom.

Dans ces vestiaires, un jeune garçon à la casquette vissée sur le crâne, le plus petit de l'équipe, et seul enfant au milieu de tous ces sportifs confirmés, achevait de lasser ses chaussures bleues et blanches comme tout l'ensemble que portait son équipe, lorsque l'un de ses camarades vint lui adresser quelques mots d'encouragement.

-C'est le grand moment ptit' gars ! Tu vas pouvoir montrer ce que tu sais faire, toute la galaxie te regarde ! Hé, t'as pas trop les chocottes ?

Le dernier nœud serré à double tour, le petit garçon à la longue chevelure blanche saisit son gant de Flux Ball qu'il enfila sur sa main droite, puis se tourna vers l'autre joueur, à qui il adressa un sourire empreint de fierté.

«Les chocottes ? Moi ? Tu veux rire ?» ricana hautainement le benjamin de l'équipe, avant de relever la visière de sa casquette avec la main gauche, révélant à son interlocuteur ses yeux verdoyants à l'éclat d'émeraude aussi vif que celui de sa peau rouge vif.

-Je vais leur faire voir de quoi est capable le meilleur joueur de Flux Ball que l'univers ait jamais connu ! «Akai Magma», Jheese sama !

À suivre !
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Re: Dragon Ball Extended Universe : Les Chroniques d'une Gue

Messagepar omurah le Mar Fév 13, 2018 19:06

Géant.

Juste géant.

Que ce soit dans les descriptions, l'ambiance, les personnages, les enjeux, le moins qu'on puisse dire c'est que tu n'as pas perdu la main ;)

J'ai juste été un peu triste de voir que c'était pas sur cette séquence de l'esclave que tout allait s'emballer, et toute la fic partir définitivement en live, j'ai cru que le tournoi allait péter à ce moment-là précisément, et que le lecteur se verrait catapulté dans une sorte de maelström tournoi DBM infernal qui part en vrille et où ça se met sévère sur la gueule, à commencer par Freeza et Cooler :lol:

Bon, ce sera peut-être pour une prochaine fois :mrgreen:

En attendant j'ai vraiment kiffé tout ce à quoi on a eu droit, difficile de faire ressortir des moments en particulier, tout est bon, et les transitions entre les scènes sont toujours aussi fines ^^

Hâte au prochain comme on dit !
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Re: Dragon Ball Extended Universe : Les Chroniques d'une Gue

Messagepar Freeza97 le Mer Fév 14, 2018 1:03

Eh le lieutenant de Coola c'est le futur corps de Ginyu !

Trop classe.

Spoiler
Quoi t'as vraiment cru que j'avais que ça à dire ? Que j'allais pas te pondre un (petit) pavé pour te dire à quel point ce chapitre m'a une fois de plus bluffé?
Mais mon cher petit Imate tu te fourres le doigt dans l'œil.

Bon pour commencer PIERROT !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!, bon c'est vrai qu'il a rien fait dans ce chapitre qui m'est particulièrement énervé (note bien que j'emploie le mot énervé parce qu'il n'existe pas de meilleur mot pour décrire la façon dont ce personnage a de me retourner le cerveau et de me mettre sur les nerfs), MAIS il est flippant et dérangeant et menaçant et... trop bien écrit. Pauvre 6 je le plains sincèrement, j'espère qu'il va pas mourir, tu peux pas faire des votes pour qu'on choisisse quel personnage va vivre et quel personnage va mourir ? Non ? Je m'en doutais...
Bon alors, les passages avec les mômes c'est toujours trop cute !!!! Et je parle même pas des retrouvailles avec Naeko, non ça c'est un tout autre niveau d'émotion et j'y reviendrais plus tard, là je te parle du "c'est aussi bien que la danse ?" de Reacum, AWWWWW! J'ai hâte de découvrir le moment où il aura le courage de parler de sa passion à ses amis. Bon revenons à Naeko et... Ginyu ! Oui j'ai beaucoup apprécié leur nouvelle forme de... solidarité ? Je ne sais pas trop bien comment le dire, l'important c'est que maintenant qu'ils ne sont plus ennemis tout semble se goupiller pour le mieux dans le meilleur des mondes pour la bande à Kiwi, pourvu que ça dure ! Même si je sais que ça ne durera pas :cry: . Ah et les retrouvailles avec Naeko! Dis au fait ils sont juste amis ou...? Je plaisante, je plaisante (ou pas... :wink: )
Toujours est-il que tu as réussi à faire battre mon petit cœur de pierre par tes descriptions et tes dialogues vachement bien écrits et hyper inspirés.

Oh Danmarine ! Si tu savais... Tout le mal... que tu me fais... Sérieusement mec t'es obligé d'avoir une destinée aussi tragique ? Tu peux pas être comme Rey, insipide et sans intérêt ? Non il faut que tu fasse de ton mieux à chaque fois et que tu t'en prenne plein la gueule malgré tout. On s'attendait à avoir de l'humour mais à la place on a eu ça... Merci Imate.
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Merci beaucoup, c'était juste... beau.
Il y a pas de meilleur mot je crois. Si c'est la musique qui t'as inspiré ça alors continue de l'écouter non-stop, parce qu'on en veux d'autres des passages comme celui-là.
Ah Dodoria ! Maintenant je vais plus rigoler quand Vegeta va t'exploser, je vais pleurer à chaudes larmes.

Pour ne pas finir ce commentaire sur une note trop triste je vais dire que j'ai adoré la petite rivalité entre les deux frères et les petites piques qu'ils s'envoient, et Jheese fait son apparition ! Vivement la suite !
Foenidis a écrit:« Face à celui de décembre, le monde tremble... un sourire aux fossettes, le nouveau se resservit un verre de 97. »
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Re: Dragon Ball Extended Universe : Les Chroniques d'une Gue

Messagepar omurah le Mer Fév 14, 2018 1:11

Freeza97 a écrit:je vais dire que j'ai adoré la petite rivalité entre les deux frères et les petites piques qu'ils s'envoient

Ah ouiii merde, je m'étais promis d'en parler, de ça, et j'ai oublié...

Sérieux la vanne sur la forme de réduction (celle envoyée par Freeza) c'était du très collector.

Faut vraiment que je me sorte les doigts pour le créer, ce topic sur les moments cultes des fanfics !
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Re: Dragon Ball Extended Universe : Les Chroniques d'une Gue

Messagepar Imate le Ven Fév 16, 2018 15:43

Un grand merci à vous deux encore une fois, ça fait vraiment super plaisir de lire des réponses comme celles-ci, c'est juste énorme comme source de motivation^^

Et je suis vraiment content de réussir à te toucher autant avec mes personnages, Freeza97. C'est moi qui te remercie :D

Aller, on va essayer de pas être aussi long avant de sortir le prochain chapitre cette fois mais comme d'hab je promet rien au cas ou j'arrive pas à tenir mes délais :mrgreen:
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Re: Dragon Ball Extended Universe : Les Chroniques d'une Gue

Messagepar Imate le Jeu Avr 05, 2018 20:37

A-LO-HAAAAAAAA !!!

Je serai bref ! Exams bientôt, mais pas eu envie de faire traîner les choses plus longtemps et de vous faire attendre un mois de plus, donc Imate s'est bougé le cul-cul pour terminer ce chapitre avant de faire une brève pause le temps des révisions ! Voilà tout !

(putain, si je pouvais faire aussi bref à chaque avant propos, y'aurait pas à chaque fois tout un pavé à lire avant le chapitre)

Sur ce, je vous souhaite une excellente lecture 8-)

Chapitre 24 : Ce jour gravé à jamais


Je le tuerai...

«Messieurs, je tiens autant que faire se peut à être transparent et direct avec vous. Bon nombre de soldats ne reviennent pas du champ de bataille. Parmi ceux qui ont la chance d'en réchapper, une grande partie ne rentre pas entier. Et pour ceux qui ont été assez chanceux pour rester en un seul morceau, leur esprit, lui, n'aura pas cette chance.»

Je me vengerai...

«Soyez certains que je ferai mon possible pour vous préparer à ce qui vous attend. Mais ne comptez pas sur moi pour faire de vous des héros. Si j'ai bien appris une chose, c'est que les champs de bataille ne sont pas des scènes sur lesquelles s'illustrent les héros. Ce ne sont que les coulisses d'une guerre entre les puissants, ou les figurants s'entre-tuent selon le bon plaisir de ceux-ci.»

Je le tuerai...

«Je ne vous promet ni la gloire, ni la renommé. Je ne vous dirai pas que ce que vous ferez sera toujours juste. Et je sais que beaucoup d'entre vous ne sont pas ici par choix. Vous êtes ici pour servir sa majesté Freeza. Vous êtes ici pour servir l'Empire. Et si vous suivez mes ordres, alors peut être aurez vous une vie suffisamment longue pour un jour pouvoir prendre ma place.»

Des mes mains...à coup sur...je le tuerai !

De bon matin – alors que la chaleur des premières lumières du soleil peinaient encore à succéder à la froideur de l'éclat de la lune – sur le terrain de course de l'académie militaire de Freeza 79, une escouade nouvellement formée de jeunes recrues sortant tout juste de leurs classes se tenait respectueusement au garde à vous devant leur supérieur. Un homme chauve, gris de peau, aux larges yeux d'un profond bleu dans lequel le plus valeureux des hommes se perdrait.

Cet homme à la carrure massive, vêtu d'une armure de combat noire et blanche aux épaulettes rouges, dont le célèbre nom n'échappait à personne, reconnaissable à sa brûlure couvrant la partie gauche de son visage inexpressif. Celui que l'on considérait comme le protecteur de l'Empire.

Ce même homme qui soudain décroisa les bras, perturbé par l'une de ces nouvelles jeunes pousses dont le regard ne lui était pas inconnu. Un regard qu'il lui avait été donné de voir maintes et maintes fois, et qu'il avait sans doute lui même arboré fut un temps. Sans doute fut-ce là la raison qui le poussa à s'avancer précisément vers ce jeune homme.

Ce jeune homme à l'épaisse peau indigo, la mâchoire carrée et pourvue de deux sortes d'antennes latérales, disposant d'orifices auditifs sur les côtés du crâne, et dont les yeux bordeaux trahissaient les pensées secrètes.

-Je connais ce regard, Soldat. C'est un regard qui appelle le sang. Tu as obtenu de brillants résultats à l'académie. Mais ton comportement détaché n'a pas échappé à tes instructeurs. Je préfère t'avertir, quoi que tu envisages, il vaudrait mieux que tu suives mon conseil. Rentre dans le rang.

-J'ignore ou vous voulez en venir, mais de toute évidence, vous faites fausse route. Je n'ai nul besoin de votre sollicitude, ni de vos conseils.

«Te montrer aussi outrecuidant causera ta perte. Ne vois aucune sollicitude ni conseils dans ce que j'ai pu dire. Il ne s'agissait ni plus ni moins que d'un ordre.» avertit le colosse en avançant son visage à quelques centimètres de celui du sermonné.
«Est-ce bien clair ? Soldat Danmarine ?»

-Limpide...Général Rozū.

* * *

Lentement, dans un sourd râle métallique, s'élevant dans un écho résonnant, le toit du stade s'ouvrit sur la voûte céleste de Coola 98 tapissée d'étoiles brillant depuis des systèmes encore convoités par l'Empire. L'intérieur du colossale stade était éclairé comme en plein jour, grouillant et débordant d'un public en ébullition, dont l'attention fut captée par les projectiles mauves et roses tirées vers le ciel pour y éclater en un millier d'éclats colorés qui réunis ensemble formaient les visages des deux Empereurs qui au même moment saluaient en personne la foule depuis leur loge commune.

Ce spectacle de lumières se jouait au rythme des cuivres et percussions venus accompagner la troupe de danseurs acrobatiques en provenance de Freeza 22 – planète d'origine de Barta et sa mère avant qu'ils ne viennent habiter sur Freeza 79 – qui tenait son numéro au milieu du stade avant l'ouverture du match tant attendu.

C'est à ce moment précédant de quelques instants le match du siècle que Danmarine, perdu dans de vieux souvenirs enfouis qui refaisaient surface, retrouva Dodoria, seul au milieu d'une passerelle reliant les deux parties du stade, et lui aussi préoccupé par ses pensées. Les deux hommes, habituellement en perpétuel conflit à propos de futilités, étaient pour la première fois engagés l'un et l'autre dans une si glaciale opposition. À l'inverse de deux frères, eux aussi actuellement au cœur d'un énième règlement de compte, dont ils avaient sans doute déjà oublié l'origine.

Les deux empereurs, l'un face à l'autre, le plus grand pointant son doigt juste devant le crâne de son frère, un rayon mauve crépitant en son extrémité. Le plus petit, la main ouverte face au ventre de son aîné, une flamme rosée de flux brûlant contre sa paume. Près du balcon, Mame, incroyablement serein, tournait le dos aux souverains pour observer attentivement le spectacle qui précéderait une passionnante rencontre sportive dans le meilleur des cas, ou l'anéantissement de ce monde dans le pire. Autant dite que cette inquiétante perspective inquiétait davantage le bras droit de l'Empereur Pourpre, qui tentait de raisonner les tyrans avant qu'ils ne commettent l'irréparable.

-Hm...j'imagine que ton chien de garde n'a pas tout à fait tort, Coola.

-En effet, nous savons très bien ou cela nous mènera.

Après une éternelle seconde d'incertitude, le médiateur put enfin recommencer à respirer dès qu'il vit la colère des deux frère s’apaiser en même temps que leur flux destructeur. Un soulagement que Mame savait n'être qu'à moitié justifié, d’où le comportement détaché qu'il adopta en quittant sa place au bord du balcon pour la laisser à ses maîtres, se retirant de son observatoire en polissant d'une main l'unique corne siégeant sur son crâne vert.

-Dans ce cas, réglons ça comme nous avons l'habitude de le faire.

À l'instant ou les deux Empereurs révélèrent leurs intentions – qui finalement s'avéraient être les mêmes qu'à l'accoutumé – le cornu à la peau violette comprit son erreur sans même avoir besoin de remarquer le regard moqueur de Mame. Il était bien trop tôt pour se réjouir.


-Ouvrons les paris !
-Ouvrons les paris !


Comment avait-il pu l'oublier. À chacune de leurs rencontres, afin de prouver leur supériorité l'un sur l'autre sans avoir à faire usage de leur force destructrice, les deux hommes liés par le sang se livraient à divers défis sans queue ni tête, n'ayant pour but que d'humilier l'autre. Et leur dernière trouvaille n'était autre que le plus vieux jeu de hasard que l'univers ait connu. Inutile de préciser qu'il est arrivé plus d'une fois qu'à l'issu de l'un de ces paris, le perdant ne frôle la crise d'hystérie et en arrive à perdre également son sang froid.

-Que dis-tu de cela, Freeza ? Le perdant devra céder au vainqueur le meilleur joueur de son équipe.

-Et cela pour mieux affaiblir l'adversaire et remporter plus facilement encore le prochain match ? Voilà qui est des plus sournois. J'accepte !

Le sort en était jeté, et l'issue du paris décidée. Un enjeu bien mignonnet pour les deux empereurs sanguinaires, malgré leur tentative de s'auto-persuader quant à la nature vicieuse de ce paris. Et d'après la large perle de sueur coulant sur la tempe de chacun d'eux alors qu'ils tentaient au mieux d'afficher leur plus malicieux rictus en peinant à ricaner, cet excès d'innocence devait leur procurer une forme rare d'urticaire des plus désagréable.

De toute évidence, ils avaient du retenir la leçon depuis le dernier sermon de leur rabat-joie de père qui n'avait pas apprécié que leur dernier paris ne se solde par la destruction d'une planète au choix de la galaxie du perdant, suite à quoi il avait du dépenser une fortune dans sa « campagne d'information » dans laquelle il avait du expliquer que la planète en question s'était effondrée sur elle même du fait d'un dérèglement du noyaux planétaire. Une explication bien capillotractée qu'il avait cependant su vendre aux scientifiques les plus sceptiques. Suffisamment pour que ceux-ci, afin de s'excuser, ne décident apparemment de quitter leur poste et de disparaître mystérieusement dans la nuit, probablement pour prendre une agréable retraite anticipée.

C'est pourtant bien – malgré d'évidentes réticences devant le profond ennui que cela risquait d'engendrer – sur ce marché qu'ils arrivèrent à un accord. Tremblantes d'hésitation, leurs mains finirent pas se refermer l'une sur l'autre, scellant d'une solennelle poignée de mains ce paris, en même temps que les portes Est et Ouest du stade ne s'ouvrirent, laissant pénétrer les champions dans l'arène sous une acclamation grondante.

À seulement quelques mètres de son caporal, le Général hésitait à s'avancer. Incertain de la réaction à laquelle il aurait droit. Peu sur de ce qu'il allait bien pouvoir dire pour s'excuser. Surpris, également, de voir le barbare caractériel dans une position si mélancolique, lui qui exprimait davantage ses sentiments de manière expansive. Au moment ou son pied droit eut finalement un mouvement de recul précédent son premier pas vers Dodoria, c'est ce dernier qui finalement l'interpella.

-Qu'est-ce que tu me veux, Danmarine ? Si t'es venu me faire gober d'autres salades, tu peux garder ta grande gueule fermée.

-Je ne pensais pas que tu te sentirais tant affecté par le sort de tes semblables.

-Ferme là ! Je viens de te dire d'arrêter de me prendre pour un con ! Tu savais très bien que je réagirai comme ça, c'est pour ça que tu ne m'en as pas parlé avant !

Face à l'évidence, le Général préféra ne rien ajouter. Dodoria avait bien sur raison, Danmarine lui mentait au moins autant qu'il se mentait à lui même.

-J'en ai rien à foutre de ce qui peut leur arriver. J'aurai même aucune hésitation à tuer mes frères moi même si je le devais. Mais ça, c'est pire que la mort, ça touche toutes nos valeurs et nos traditions, notre honneur ! Putain même des animaux ne réserveraient pas un sort aussi misérable à leurs semblables ! Vous êtes quoi au juste, hein ?!



-Répondez moi ! Qu'est-ce que vous êtes ?! Comment vous pouvez vous regarder dans le miroir en rentrant chez vous après avoir pris autant de vies de vos mains ?!

Les mains liées par des entraves de flux, attaché à un poteau au milieu d'un campement de fortune monté en plein milieu d'une jungle humide avec les maigres moyens du bord, le jeune Actinidia-seijin, blessé et le visage couvert de sang hurlait sa rage à son supérieur, sur lequel il se serait certainement jeté une nouvelle fois quitte à recevoir une nouvelle correction, si seulement il avait pu se libérer de ses chaînes. Supérieur qui le fixait de ses larges globes oculaires bleus, d'un visage affreusement neutre et insensible.

-Un soldat n'a pas besoin de morale. Il n'a pas besoin d'une conscience. La seule chose dont il a besoin, c'est de discipline. Et tu en manques clairement mon garçon. Tu n'es pas le premier jeune idéaliste auquel je fais face. Et chacun d'eux a fini de la même manière. Je te l'ai déjà dit, deux issus s'offrent à toi. Rentrer dans le rang, ou finir sur un peloton d'exécution.

«Sans lui, notre attaque aurait été une réussite ! C'est sa faute si on se retrouve dans cette situation !»

Derrière le Général Rozū, un homme de très grande taille, à la peau dont l'éclat bleu titillait autant la rétine que le rouge vif de ses yeux, ou le jaune pétant de la crête osseuse surplombant son crâne, semblait particulièrement rancunier à l'égard du coupable de la récente débâcle subie par leur unité.

-On devrait l'exécuter sur le champ pour ce qu'il a fait !

Sans acquiescer ni contre-argumenter, leur supérieur se contentait de garder le silence, persistant à dévisager le soldat qui se trouvait sur la sellette, essayant de percevoir autre chose que de la rage dans ses yeux bouillonnants.

-Et que devrait-on vous faire subir pour tous vos crimes, Rine ?

Poussé à bout par les perpétuels leçons et reproches du nouveau, le grand Taba-seijin haut de deux bons mètres et demi s'approcha – presque en un éclair – du rebelle qu'il attrapa par le col de son armure.

-Écoute moi bien monsieur le justicier ! J'ai une femme, et un fils dont j'ai raté les premiers pas à cause de cette mission. J'ai une famille à protéger, à faire vivre, et que j'espère bien revoir une fois qu'on aura quitté ce trou à rats ! Tu as un frère, tu devrais pouvoir comprendre ça non ?!

-Et ça justifie de commettre des actes aussi inhumains ?!

Plus agacé que vraiment furieux, le caporal se redressa, et lança un regard que Danmarine n'oubliera jamais. Un regard mêlant culpabilité et empathie, colère et peine.

-Aller jusqu'à se montrer inhumain pour protéger ce qui nous est cher, crois moi, il n'y a rien qui soit plus humain.

Confus et perplexe quant à ce qu'il venait d'entendre, Danmarine retrouva son calme, tandis que Rine regagna sa tente, le laissant avec Rozū., tout deux sous le regard du reste de l'unité, tous à bout de force, de nerfs et de patience.

-Ton cas attendra soldat. Pour le moment, tu vas rester attaché là pour te rafraîchir les idées. Si tu veux te racheter, tâche de nous être utile la prochaine fois. Nous partons à l'aube. Ne me déçois pas une deuxième fois.



-Eh ! Tu...tu pleures là ?

Incapable de rester fort face au caporal, Danmarine versa une unique larme. La première depuis bien longtemps. Le poing serré, la gorge nouée, il essaya de trouver les mots. De trouver le courage de l'admettre. Admettre ses faiblesses. Admettre son humanité. Quitte à briser cette coquille qu'il s'était forgé pour devenir ce héros invincible que voyaient ses hommes.

-Dodoria...je suis...

-Raaa ! Ferme la ! Je veux pas de tes excuses, je sais que t'es un mec bien et que c'est pas toi qui décide de tout ça. La dernière chose que je veux c'est te voir te transformer en tapette qui exprime ses sentiments ! Pigé ?

En voyant la mine gênée et contrariée de Dodoria, Danmarine esquissa un sourire, qui irrita irrémédiablement le Durian-seijin, dérangé au plus haut point de montrer ses émotions.

-Vas surtout pas te faire de film. Mais...t'es le seul gars pour qui j'éprouve vaguement du respect. Et j'ai pas envie de perdre ça. Alors arrête de te faire du mouron et oublie ça, tu veux ? Mais la prochaine fois que tu me caches un truc, je te déglingue !

« C'est ce que tu appelles du respect, Dodoria ? » s'exclama le Général qui riait aux éclats, presque de manière incontrôlable, à la fois amusé par son atypique acolyte, et vivement soulagé de se savoir pardonné.

Soulagé, oui. Mais loin d'être guéri des doutes et des remords qui tournaient et tournaient encore dans une valse infernale dansée à l'intérieur de sa tête. Rapidement à cour de souffle et de bonne humeur, cette euphorie s'estompa, ouvrant la voie à Dodoria qui tendit sa main à son Général en signe de paix.

Une main tendue, énorme et rose, bien peu amicale de prime abord, mais pourtant, il le savait, pleine à cet instant de bonnes intentions. Une main tendue, énorme et rose, qu'il crut voir, l'espace d'un instant, fine, bleue, et évocatrice de lourds souvenirs.

-Je compte pas rester comme ça toute la journée, tu sais ?

-Et pourquoi me remercies tu au juste ? Pour vous avoir aidé à tuer ces gens ?

À l'intérieur d'une grotte, éclairée par une lumière aux subtiles reflets de jade produite par le mélange de la lueur dorée du feu de camp et l'éclat bleu de la pleine lune se reflétant sur les parois composées de minerais cristallins, l'escouade de Rozū avait installé son campement après leur dernière attaque, à laquelle Danmarine avait cette fois-ci prit part.

Voyant bien la méprise de l'Actinidia-seijin, le grand Rine prit place en tailleur à côté de lui.

-Non. Pour m'avoir sauvé la vie là bas. Tu n'y étais pas obligé. Mais je suis bien forcé d'admettre que sans toi, je ne serai pas assis là à regarder la lune.

« Tu m'as bien dit que tu avais un fils, non ? » grommela Danmarine en détournant le regard.

-C'est pour qu'il puisse te revoir que j'ai fait ça, alors pas besoin de me...

Bien peu intéressé par ses motifs, Rine ne le laissa pas terminer sa phrase avant de le prendre violemment sous le coude pour lui taper l'épaule d'une façon aussi amicale que virile, en riant à gorge déployée.

-Aller pas besoin de te justifier comme ça, Danny ! Je te suis vraiment reconnaissant !

Irrité par de tels épanchements, Danmarine repoussa bien vite son collègue pour retrouver le minimum d'espace vital dont il avait besoin.

-Pas besoin d'en faire autant ! Et c'est quoi ce surnom ridicule au juste ?

« Hahaha ! Je me suis dit que ça t'irait bien, tu ne trouves pas ça mignon ? » railla le Taba-seijin en se levant, prêt à s'en aller pour laisser seul le soldat à qui il devait la vie.

-T'es un mec bien, Danmarine.

Cette phrase, lâchée subrepticement par celui que Danmarine n'imaginait pas devenir un jour son meilleur ami, résonna au plus profond de lui. Elle n'avait pourtant aucune raison de le toucher. Quel intérêt portait-il à ce qu'un homme de Freeza pouvait penser de lui ?

Mais il l'avait senti. À cet instant. La chaleur de sa sincérité, qui le réchauffa plus que ne le faisait le feu devant lequel il était assis. Cette chaleur, qui le fit sourire pour la première fois depuis qu'il avait quitté Actinidia. Un sourire bien vite effacé par le souvenir des flammes ayant ravagé sa planète, et l'image de ses proches, qu'il voyait apparaître dans le feu de bois crépitant.

Un sourire qu'il retrouva, des années plus tard, en cet instant, alors que cette fois, il saisit finalement cette main tendue en signe de paix.

-Merci, Dodoria.

-Bon ça va les remerciements, fait pas chier. Par contre, tu me dois bien un service. Et j'y compte bien !

-Un service ? Et qu'est-ce que tu pourrais bien me demander ?

Alors que la conversation entre les deux hommes se poursuivait à l'intérieur de cette passerelle de verre, de l'autre côté de la vitre, le son de leur voix était couvert par les acclamations de la foule, déchaînée par le match exceptionnel qui battait son plein.

Cette soudaine excitation des spectateurs – allant de paire avec l'ovation impressionnante de quelques milliers de personnes présentes dans ce stade colossale et démesuré – était sans doute provoquée par l'exploit du jeune lanceur qui venait d'éliminer 14 joueurs à la suite.

« Va falloir travailler vos réflexes, les vieux ! C'est pas avec des mouvements aussi lents que vous arriverez à attraper les balles supersoniques de Jheese sama ! » clama fièrement le benjamin de l'équipe en relevant du pouce la visière de sa casquette.

Face à lui, sa potentielle quinzième victime était sur le point – d'après l'annonce du commentateur sportif diffusée dans chacun des nombreux mégaphone du stade – de frapper sa dernière balle. Rater une fois encore le lancé du jeune garçon signifierait son éviction. Un joueur expérimenté tel que lui, éliminé par un gamin. Cette simple pensée fit bouillir le sang du second meilleur batteur de l'équipe adverse, bien décidé à lui prouver qu'il n'avait pas sa place sur ce terrain.

Les mains vissées sur sa batte en acier, l'étrange batteur à l'apparence d'une mouche humanoïde jaunâtre – dont la casquette mauve était tout juste posée sur le dessus du crâne difforme – concentra son flux dans deux de ses six mains pour accroître sa force, et renforcer sa prise.

-Mon coup fétiche ! Iron Hands !

Depuis le banc ou attendaient les joueurs suivants, l'entièreté de l'équipe de Coola s'était levée pour encourager leur batteur, captivés par ce qui allait se jouer. Tous, à l'exception d'un garçon de la même taille que l'extraordinaire lanceur qui déchaînait les foules, qui était resté assis, une jambe croisée par dessus l'autre, tentant inutilement de battre son piètre record au Rubik's cube. Comme si le match ne l'intéressait guère.

« Eh ! Tu pourrais au moins venir encourager ton équipe ! » s'énerva l'un des joueurs justement debout, agacé par l'attitude bien trop détachée du jeune joueur.

Trop occupé à essayer de tourner maladroitement le cube de couleur, l'enfant lui rétorqua que c'était «Inutile».
-Je sais déjà comment ça va se passer.

La tension était à son comble sur le terrain. Bien décidé à quitter sa base à la prochaine balle, le batteur appuyait ses pied aussi fermement qu'il le pouvait contre le sol, attendant impatiemment la balle qui signerait son homerun. Celui qui permettrait à leur équipe d'égaliser, avant que le dernier batteur n'entre en scène, et ne gagne le dernier point de la victoire.

Lui, de son côté, jouait avec sa balle, la lançant en l'air et la rattrapant inlassablement, tout en mâchant son chewing-gum bruyamment. Quand finalement, Jheese vissa sa casquette jusqu'à ses yeux, et effectua un mouvement de recul, avant de lever la jambe à 180°.

Tous les yeux étaient rivés sur lui, tout particulièrement ceux de son opposant qui ne le lâchait pas du regard, déterminé à voir partir la balle et à l'envoyer dans la stratosphère. Quand finalement la jambe de Jheese s'abaissa à l'instant ou son mouvement s'enclencha, il put voir ses mouvements se décomposer, image après image, percevant sa gestuelle au ralentit. Mais alors qu'il se rendit compte que le bras de Jheese, resté jusqu'ici dans la même trajectoire que celle de sa jambe, avait soudainement accéléré pour la dépasser, il était trop tard.

Avant même que sa jambe ne soit entièrement rabattue, le jeune Brench-seijin avait déjà lancé sa balle à pleine vitesse. Mais cette fois, il l'avait vu. Dans un cri de rage, le batteur frappa de toutes ses forces, avec une hargne telle que l'onde de choc de son coup balaya toutes l'herbe qui se trouvait devant lui, et souleva quelques mottes de terre dans la volée.

Un geste vain, lorsque l'on sait que la balle était déjà au creux du gant de l'attrapeur se trouvant derrière lui, encore fumante.

L'annonce de l'arbitre sonna dans ses oreilles avant même qu'il ne commence à parler. « Strike ».

Une fois de plus, la foule était en délire. Une nouvelle fois, le jeune garçon que personne ne connaissait avant aujourd'hui venait d'empêcher l'égalisation, permettant à son équipe de rester en tête, tandis que quatre joueurs de l'équipe adverse attendaient sur leur base dans l'espoir de voir enfin une balle s'élever pour leur permettre d'avancer.

-Moi qui pensais que les mouches avaient une bonne vue, on dirait que t'as pas vu cette balle non plus !

-Cette fois c'en est trop !

Sa casquette claquée dans la poussière, le joueur moqué empoigna sa batte dans l'une de ses mains droites, et expulsa à terre de colère un répugnant jet de salive acide par sa trompe.

-Je vais t'apprendre à respecter tes aînés, sale mioche !

Sous les hués du public, le batteur s'élança vers le jeune garçon armé de sa batte, malgré les cris de ses coéquipiers lui demandant de se calmer, malgré les avertissements de l'arbitre. Un acte qui ne sembla pas inquiéter la cible de cette subite colère. Dans le plus grand des calmes, alors qu'il faisait tournoyer sa nouvelle balle sur le bout de son index à une vitesse impressionnante, Jheese – la casquette si enfoncée qu'elle en cachait ses yeux – forma une bulle avec son chewing-gum.

Une fois le batteur à quelques mètres de lui, le garçon laissa finalement éclater la bulle qui s'étala autour de sa bouche, haussa soudainement les sourcils qui soulevèrent alors sa casquette jusqu'au dessus de ses yeux émeraude, stoppa la rotation de sa balle, devenue rouge de par son incandescence, pour pouvoir la saisir à pleine main, et la lança à pleine vitesse et à bout portant dans l'estomac de son agresseur, qui cracha cette fois de douleur alors qu'il se fit propulsé jusque sur le banc de son équipe, encastré dans le mur du fond.

Le « Homerun ! » annoncé par le commentateur sportif dans la dérision la plus totale déclencha une nouvelle agitation générale, tandis que les supporters de chacune des équipes commencèrent à s'insurger les uns contre les autres.

« C'est ça ! Vous allez tous finir pareil ! »

Depuis sa place dans les gradins, Kiwi apportait sa contribution orale à l'émeute naissante, déclenchée à cause d'un mélange de rivalité sportive portée à ébullition suite à l'altercation éclair s'étant déroulée sur le terrain, de rancœur subsistante vis à vis des conflits passés, et de consommation excessive d'alcool, probablement explicable par l'offre spéciale du Happy-Hour.

-Tu vois Reacum ? La violence, les insultes, la sueur, la bière qui coule à flot ! C'est ça le Flux Ball !

« Mais...et le sport dans tout ça ? » se demanda innocemment le garçon, tandis que Ranfu remarqua quant à lui que parler d'alcool n'était pas vraiment de l'âge de Kiwi.

« Alors, qu'est-ce qu'on a manqué ? »

Un tel sourire sur les lèvres de Kiwi ne pouvait être provoqué que par une personne. Un sourire bien vite remplacé par une moue boudeuse.

-Plus de la moitié du match ! On en est déjà bientôt au dernier lancé !

« Je n'ai pas eu l'impression de te manquer pourtant ! » rit le Général en venant s'asseoir à côté de son jeune frère, accompagné de Dodoria et d'un plateau garni de nourriture qui attira immédiatement l'attention, plus que la présence de celui qui le portait, comme si le match avait effacé leurs souvenirs de la récente confrontation entre lui et Danmarine. À moins qu'ils n'aient tous préféré se taire pour ne pas raviver la flamme que Danmarine avait probablement réussi à éteindre.

-Qu'est-ce que c'est ?

-Tu plaisantes Reacum ? C'est un Hot-dog ! On raconte que c'est l'inventeur du Flux Ball qui en a imaginé la recette après un voyage sur une lointaine planète dans les espaces inconnus ! Tu dois absolument en manger un quand tu viens assister à un match !

Tous intrigués par cet étrange petit pain brioché garni d'une saucisse, de moutarde, et d'une étrange garniture épicée apparemment appelée « Chili », chacun prit une bouchée pour découvrir ce met, faisant fi des disputes et échanges de coups tout autour d'eux. Le premier surpris par les saveurs de ce sandwich, bien peu habitué à des plats si peu raffinés, s'étonna de découvrir une saveur qui lui était jusqu'ici inconnue.

-C'est étrange...ce goût ne me rappel absolument rien...de quel légume s'agit-il ? Je n'en ai jamais mangé de semblable sur Pomélo.

« Mouais...ça vaut pas un bon morceau de viande grillé au feu de bois si vous voulez mon avis, ça fait à peine l'affaire pour un amuse gueule. » râla encore une fois Dodoria, comme à l'accoutumé, après avoir englouti le petit pain d'une seule bouchée.

Alors que son teint vira au vert – bien que la différence avec son teint habituel ne soit pas vraiment évidente – Zarbon posa la question fatidique à la personne la moins propice à lui donner une réponse délicate.
« Comment ça...de la viande ? »

-Bah de la viande quoi. De la bidoche, de la barbaque, de la chair bien fraîche et saignante ! Transformer de la viande animale en ce ridicule petit tube sans goût, c'est du gâchis.

Après un temps de latence et de réflexion durant lequel Zarbon pâlit encore davantage, le prince se sentit soudainement prit d'un écœurement sans précédents, au point de cracher immédiatement ce qu'il venait d'ingurgiter.

-C'est...répugnant ! Comment pouvez vous...manger de la viande comme des animaux ?!

À nouveau, il fallut attendre de voir passer un temps de réflexion, avant que finalement, le groupe n'éclate de rire en voyant le pauvre Zarbon s'essuyer vivement la langue avec sa serviette.

-Bouffer ou être bouffé, c'est comme ça qu'on fonctionne, princesse ! Me dit pas que tu manges de l'herbe comme un bestiau de pâturage !

-Fermez là ! Vous n'êtes vraiment qu'une bande de barbares !

Tous prit d'un fou-rire incontrôlable, le petit groupe ne portait même plus attention au reste. Un tel instant de bonheur, ces éclats de rire semblant arrêter le temps, cette joie honnête et franche capable d'effacer un instant les moments douloureux qu'ils avaient vécu. De transporter Danmarine, à une époque ou ces rires résonnaient presque chaque jour. Des souvenirs lui évoquant la joie, autant que la souffrance. Et ce jour, qui resterait gravé en lui à jamais.

Des rires résonnant, que partageait Danmarine avec les membres de son unité ce jour là. Ce fameux jour. Alors qu'ils nettoyaient leurs équipements avant leur prochaine mission. La veille de leur départ pour la planète Pants.

-Je vous jure, j'ai perdu le compte ! Je ne sais pas le nombre de fois que ce gars a pu me sauver la vie en un an !

-Soixante-douze fois exactement. Si tu étais plus attentif, je n'aurai pas besoin de te sauver les fesses aussi souvent.

-Tu...as vraiment compté ?

-Évidemment, Rine ! Sinon comment je saurai combien de verres tu dois encore me payer ?

« Vu mon salaire, je préfère encore être envoyé sur Ikonda ! » plaisanta le grand Taba-seijin, à une époque ou cette blague n'était pas encore devenue aussi récurrente, avant de donner à son ami une tape franche et chaleureuse sur l'épaule, tout deux échangeant leur plus éclatant sourire, sublimés par l'ambiance animée et bonne enfant qui régnait dans leur unité.

-T'inquiètes pas, Danny ! S'il le faut, je te sauverai soixante-douze fois pour rembourser ma dette !

soixante-et-onze

Comme piégé, entre ce doux passé et le douloureux présent. Comme figé dans le temps, et isolé du carnage qui l'entourait, au point qu'il n'entendait plus les hurlements qui résonnaient pourtant dans ses oreilles quelques secondes plus tôt. Dérangé par cette sensation de chaleur et d'humidité se répandant sur lui, de la tête aux pieds.

je n'ai plus qu'à te sauver...soixante-et-onze fois

Soudain ramené à la réalité par le son atroce de ce giclement émanant de la bouche de son ami, dont le sang encore tiède avait recouvert son corps à l'instant ou il s'était jeté devant lui pour le protéger. Son ami, percé de part en part par l'immonde créature qui se trouvait devant eux.

Un monstre hideux, constitué d'un long tronc gris couvert par un large visage, sans dissociation entre le corps et la tête, le tout porté par deux jambes minuscules. Deux longues tentacules en guise de bras, avec pour mains ces énormes oursins garnis de picots aiguisés aussi tranchant que de l'acier.

Ce même oursin dont les dizaines de piques traversaient le corps de Rine. Dans les jambes comme dans les bras. À travers le torse, mais aussi le ventre. Sa tête, même, transpercée par l'une de ces épines au niveau de l’œil droit. Chacune d'elles se trouvant à tout juste quelques millimètres de Danmarine, toujours en état de choc.

Lorsque le monstre extirpa sa main épineuse du corps criblé de Rine, libérant quantité de ce flot pourpre qui recouvrit plus encore le visage de Danmarine, qui rattrapa son ami dans ses bras, le temps reprit finalement son cour.

À nouveau, il entendait. Ces cris de souffrance et de désespoir. La chair arrachée des os. Les grognements terrifiants de ces créatures. Mais surtout, la voix étouffée de Rine, qui semblait le regarder de son dernier œil livide, mais ne parvenait plus à parler.

À nouveau, il humait. L'odeur de cet air chargé en fer. Cette senteur de mort qui se répandait à mesure que ses compagnons se faisaient massacrer. La puanteur de ces créatures, venues défendre férocement leur territoire. Mais surtout, celle des entrailles du Taba-seijin bientôt à l'air libre, dont les fluides s'écoulaient sur le sol, et sur l'armure de Danmarine déjà souillée.

À nouveau, il sentait. La froideur de la pluie, qui bien qu'abondante, ne pourrait sûrement pas le laver de tout ce sang qui le recouvrait. Froideur à peine contrastée par la chaleur du sang de Rine qui serait bientôt aussi glacial que cette pluie. Mais surtout, le corps tremblant de son camarade, probablement pas à cause du froid, ni même de la douleur, mais simplement du fait de ses nerfs se débattant une dernière fois.

Et à nouveau, Danmarine voyait. Non pas la boucherie dans laquelle il se trouvait, son unité exterminée par ces autochtones massifs, ou la créature s'apprêtant à lui faire subir le même sort. Mais surtout, le visage sans vie de Rine, percé de ce large trou béant. Ce visage qu'il reconnaissait à peine, sans son habituel sourire. Sans cet éclat dans le regard qui brillait chaque fois qu'il parlait de son fils qui l'attendait chez lui, ou de sa femme qu'il chérissait tant.

Chacun de ces sens, qui disparurent à l'instant ou la créature abattit sauvagement ses poings pour achever ces deux pauvres âmes. Disparus – alors même que Danmarine s'était soustrait à cette attaque in extremis – pour laisser place à un instinct bestial, que son poing traduisit par un coup si puissant que le corps tout entier de la bête éclata sous sa force.

Puis par un hurlement plus horrifiant encore que celui de ces animaux, qui ne faisaient que protéger leur monde, mais que Danmarine était déterminé à exterminer.

Un hurlement qui à lui seul était presque aussi bruyant que les cris poussés par la foule dans le stade, alors que le dernier batteur de l'équipe de Coola était sur le point d'entrer en scène.

-Vous allez bien, Danmarine sama ? Vous avez l'air absent.

-Oui Ranfu, ça va, ne t'inquiètes pas. Je savoure juste ce Hot-dog, depuis le temps que Kiwi m'en parle !

Assis juste à côté de l'endroit ou était venu s'encastrer le pauvre batteur de son équipe, le jeune garçon à la peau bleue ciel posa finalement son Rubik's cube, et se leva en silence, un incontrôlable sourire sur les lèvres, partant en direction de la base du receveur.

En le voyant venir nonchalamment, faisant tourner sa batte dans sa main gauche comme si elle ne pesait pas plus lourd qu'une plume, Jheese souleva la visière de sa casquette, l'accueillant avec le même sourire.

-C'est enfin ton tour, je me languissais d'avoir un adversaire à ma hauteur.

-J'avoue que je me suis bien bidonné en te regardant battre tous ces idiots. Je t'aurai peut être même laissé gagner, si je ne devais pas remporter cette victoire pour faire honneur à Coola sama.

-Toujours aussi arrogant à ce que je vois, Sauza. Tu crois vraiment que j'ai besoin de tes faveurs ? Je compte bien gagner à la loyal.

« J'aurai été déçu du contraire. » confia en riant le petit blond bleu de peau, en soulevant finalement lui aussi sa casquette, laissant paraître ses yeux dorés pour mieux regarder son ami d'enfance.

Tout le match allait se jouer sur cette action. Trois réussites permettraient à Jheese de faire gagner Freeza. Mais une bonne frappe de Sauza donnerait une chance aux quatre joueurs de son équipe présents sur les bases de finir leur tour.

🎵La dernière balle🎵

Le petit Brench-seijin souffla une dernière bulle avec son chewing-gum avant de se mettre en position, tandis que son ami tapotait la base avec sa batte de métal comme pour l'interpeller. Dans un geste de rotation de la jambe droite, Jheese traça devant lui un demi cercle sur la poussière recouvrant le sol, et se mit en position de lancé.

La casquette à nouveau enfoncée sur la tête, laissant ses yeux brillant d'un vert éclatant à peine visibles, le garçon porta la balle devant son visage, observant son adversaire juste par dessus elle, cherchant à analyser sa position, à trouver la moindre faille. Une fine aura rouge enveloppa alors le cuir de la balle. En réponse à cette aura, Sauza concentra la sienne autour de sa batte, qui se mit alors à briller d'un éclat d'améthyste.

Résonnant ensemble, les deux sources de flux semblaient se répondre, sous les regards attentifs des milliers de spectateurs, en transe devant ce moment crucial, plongeant alors le stade dans un silence qu'il n'avait jamais connu.

Et quand finalement, le Brench-seijin aux longs cheveux blancs arma son bras en arrière pour amorcer son lancé, l'énergie autour de sa balle se déchaîna instantanément, accompagnant le cri de son lanceur,

Crusher....BALL !!

Lancé à pleine vitesse, le projectile semblait être devenu une boule de feu ardente, un boulet de canon tiré avec une telle puissance qu'il ravageait le sol sur son passage. Un tir si destructeur qu'il tuerait probablement sa cible, s'il avait été réceptionné par un autre.

À l'instant ou le blondinet entama sa frappe, l'énergie violette de sa batte se déploya elle aussi entièrement, fissurant le sol autour de sa base, et faisant ainsi honneur à sa fameuse botte secrète,

Sauza....BAT !!

À peine la batte avait-elle percuté la balle que la porte des enfers semblait avoir été ouverte en plein milieu du stade. Le sol se mit à trembler et se briser de toute part, les joueurs trop faibles se laissèrent balayés par l'onde de choc crée par la rencontre entre les deux puissantes auras qui éclatèrent au contact de l'autre.

Une seconde. Un seul coup. C'est habituellement ainsi que ce serait déroulé un simple lancé au Flux Ball. Mais c'était un combat acharné qui venait de s'ouvrir. Poussant de toutes ses forces, Sauza encaissait l'immense pression qu'exerçait la balle lancée par Jheese, tenant son arme aussi solidement que possible, laissant ses pieds s'enfoncer dans la terre si cela pouvait lui permettre d'avoir un meilleur appui. Face à lui, le Brench-seijin gardait la main tendue vers la balle, le bras tremblant, le visage suant, le front luisant autant que l'éclat de ses yeux focalisés sur sa balle. Lui aussi continuait de concentrer son flux.

Un seul lancé. Une seule frappe. Un seul mouvement. C'est ce qui déterminerait la victoire dans n'importe quelle autre match. Mais cet échange là durait depuis maintenant plus d'une minute, poussant les fissures qui se formaient dans le sol jusqu'aux murs du stade. Les énergies des deux joueurs enflammaient l'arène comme le ferait le brasier du tartare, dont la chaleur touchait maintenant même les spectateurs, forçant les plus proches du bas des gradins à se cacher le visage, quitte à manquer ce spectacle grandiose, bien que les plus téméraires d'entre eux tentaient même de se rapprocher encore un peu plus pour admirer ce numéro de sons et lumières qui était venu remplacer le match de Flux Ball initialement prévu.

D'après le compteur qu'affichait l'écran géant, il ne restait plus qu'une minute avant la fin du match.

Danmarine n'en croyait pas ses yeux. Kiwi et Reacum vivaient un rêve éveillé. Ranfu et Dodoria – ils en étaient persuadés – seraient un jour pas si lointain dépassés par ces jeunes prodiges à peine sorties des jupons de leur mère. Même Freeza et Coola s'étaient levés de leur siège pour observer avec grand intérêt ce clash final.

Alors que Sauza continuait de repousser tant bien que mal ce tir, une pluie d'éclairs provoquée par la rencontre entre leur deux énergies se joignit à ce balai improbable. Comme si ce match n'était pas déjà devenu suffisamment incompréhensible pour les spectateurs lambda. Au milieu de ce micro cataclysme, les deux garçons étaient forcés de pousser la voix pour se faire entendre, alors qu'il n'étaient finalement éloignés que de quelques mètres.

«Lâche l'affaire Sauza ! Cette balle passera quoi que tu fasses !»

«Même pas en rêve, Jheese ! J'en fais le serment ! Cette balle....»

Sauza, animé par la flamme de sa volonté, et par l'honneur de l'Empire de Coola qu'il portait, dans un ultime effort, mit à l’œuvre tout ce qu'il lui restait de force, si bien que sa batte commença à se briser sous cette immense pression. Voyant la situation lui échapper, et la batte de son rival repousser lentement sa balle, Jheese joignit ses deux mains pour contenir sa force et faire obstacle encore quelques secondes, alors que le compteur du match venait d'entamer les 30 dernières secondes avant le Time's Up.

Sentant la détermination des jeunes espoirs qui se faisaient face, certains membres de l'assemblée poussèrent tout le monde à les relever à l'aide de leurs encouragements. C'est ainsi que le public s'éveilla à nouveau et sortit de ce silence solennel qui s'était emparé d'eux, à moins qu'il ne s'agisse de l'effet à retardement de l'alcool. Les pieds frappaient par milliers le sol comme sur un tambour de guerre. Et les cris des supporters, bien qu'inaudibles pour les deux enfants qui peinaient à s'entendre eux même, les atteignirent au plus profond d'eux.

Même Danmarine se laissa prendre au jeu, et se leva précipitamment, le poing brandi pour encourager le petit Brench-seijin, à la grande surprise de Dodoria et Zarbon qui commençaient à trouver cette situation ridicule au plus haut point, malgré la prouesse indéniable de ces enfants. Pour la première fois, ces deux là – bien qu'ils l'ignoraient sans doute – étaient sur la même longueur d'onde, pensant presque mot pour mot cette évidence qui semblait pourtant échapper au public...

«Ils jouent juste...à la balle.»

Il ne restait plus que 20 secondes.

20 secondes qui paraissaient durer une éternité pour les partenaires de Sauza qui l'observaient impuissants, attendant de pouvoir enfin partir en trombe et franchir la ligne de départ. 10, non, 5 secondes leurs suffiraient pour l'atteindre. Il ne leur en faudrait pas plus. Mais restait-il encore à savoir si sa batte résisterait à ces 20 secondes, la fissure commençant à s'étendre jusqu'en haut de celle-ci.

« J'en fais le serment ! Cette balle...cette balle...»

Il ne restait plus que 10 secondes.

« S'ENVOLERA !!! »

Finalement, comme il le redoutait, sa batte éclata en mille morceaux lorsqu'il poussa sa force à son paroxysme, projetant des fragments de métal tout autour de lui, chacun enveloppé par son aura qui se dispersa en même temps.

Le vainqueur était décidé !

Et grâce à lui, lui qui venait de propulser la balle de la victoire dans la stratosphère - avec une telle puissance qu'elle dégagea d'un seul coup le voile nuageux qui recouvrait les étoiles - en faisant exploser sa batte, les quatre joueurs en attente purent atteindre la dernière base, et remporter les quatre derniers points de cette rencontre, sous le nez de Jheese qui tomba genoux à terre en même temps que tomba le zéro final du compteur affiché par l'écran géant.

TIME'S UP !

[fin de musique]

« Le jeune Sauza termine cette rencontre incroyable sur un Home Run magistrale ! Et avec ces quatre points de dernière minute, que dis-je, de dernière seconde ! Il permet sur le fil du rasoir d'obtenir l'égalité ! »

« Impossible ! » pensèrent en cœur deux frères qui attendaient avec impatience de découvrir le vainqueur, et en venaient à se regarder bêtement l'un l'autre sans savoir quoi dire.

Alors que Jheese, à genoux sur le sol, serrait dans ses poings la pelouse déracinée dans une réaction de désespoir, incapable de retenir ses larmes, lui qui rêvait de cette victoire depuis toujours, celui qui venait de la lui arracher vint à lui, se mit à sa hauteur, et retira sa casquette, ainsi que celle de son ami.

L'euphorie avait prit possession d'une partie du public, tandis que les autres se partageaient la peine et la colère qu'il restait. Mais pour la seconde fois de la journée, et de l'histoire de ce stade, le calme s'empara des lieux à cet instant. Tous, les yeux rivés sur ces deux garçons à qui ils devaient ces quelques instants mémorables, retenaient leur souffle, parfois leurs larmes, et se contentèrent d'admirer ces deux jeunes héros du peuple.

-Eh, Jheese, allez sèche moi un peu ces larmes tu veux ?

-Tu comprends pas...je devais gagner ce match...je devais prouver de quoi j'étais capable...je voulais que mes parents soient fiers de moi...de là ou ils me regardent...

-Jheese, lève les yeux, tu veux ?

Difficilement, le garçon lâcha prise, sécha ses larmes avec ses mains pleines de terre, et regarda autour de lui. Pas une once de colère, pas un regard accusateur, pas même un sentiment de déception.

-Regarde les, ils ont tous arrêté de se battre. Aujourd'hui, il n'y a ni vainqueur, ni vaincu. C'est ce qu'il faut retenir de ce match. En fait, je pense même que d'avoir uni tout le monde, c'est peut être une victoire en soi. Cette égalité, c'est ce que tu pouvais nous offrir de mieux. Ce jour restera gravé dans les mémoires à jamais. Et il n'y a pas de meilleur raison d'être fier de toi. Tu crois pas, Jheese ?

Lorsque, dans une harmonie parfaite, tout le monde se leva pour applaudir les garçons, des larmes coulèrent à nouveau, cette fois pour une bonne raison.

-Eh bien, Freeza, j'imagine qu'aucun de nous deux n'aura le plaisir d'humilier l'autre aujourd'hui.

-En effet, je vais donc prendre congé. Toute ces niaiseries me rendent malade, je n'ai plus rien à faire ici.

Après avoir regardé son frère quitter leur loge, Coola lança un regard au jeune garçon qui avait permis cette égalité, et afficha un sombre sourire qui ne rassurait pas son homme de main. Des pensées sans doute proches de celles de Freeza, qui confia à Mame une fois à l'extérieur son intérêt grandissant pour le jeune Brench-seijin qui avait failli remporter la victoire.

« Il va falloir surveiller ce garçon de très près »

En voyant, depuis les gradins, cet enfant aider son ami à se remettre de son échec, à oublier sa culpabilité, et à aller de l'avant, Danmarine essaya de ne percevoir que la beauté de cet instant, et la légèreté de ce moment si pur et anodin. Mais il ne put, en voyant ce tableau si familier, d'un champ de bataille ravagé, avec pour seul survivant un homme brisé ayant échoué à sa tâche, et celui qui tentait de l'aider à surmonter cette épreuve, que voir l'ombre du passé recouvrir ce présent étincelant.

Et voir à nouveau cette scène qui hantait ses nuits les plus sombres. Cette plaine ravagée, couverte des corps de ses amis, et de ceux de leurs assassins calcinés. Cette plaine grise, brûlée, consumée par les flammes de sa colère, que même la pluie peinait à étouffer. Cette plaine morte et cauchemardesque au milieu de laquelle Danmarine, couvert de sang, son sang, celui de ses victimes, et celui de son ami, tenait le corps meurtri de Rine sans pouvoir contenir ses larmes et ses cris de désespoir.

Le reste de son unité, commandé par le Général Rozū, venait d'arriver sur les lieux, découvrant l'ampleur de l'horreur. Sans même se laisser ne serait-ce qu'un peu ébranler par cette macabre découverte, Rozū se précipita vers son jeune lieutenant – hurlant à genoux dans la boue – et l'obligea à lâcher le Taba-seijin pour mieux pouvoir le saisir par les épaules, et le secouer sèchement pour qu'il retrouve ses esprits.

-Lieutenant ! Regardez moi ! Lieutenant !

-Je vous ai trahi ! Mon Général...je n'ai sauvé personne, je vous ai trahi...

-Reprenez-vous lieutenant ! Rien de ceci n'est votre faute !

-Si, c'est à cause de moi qu'ils sont morts ! Si je n'avais pas laissé cette créature blessée repartir...si je l'avais achevé comme un animal là bas, il n'aurait pas pu avertir ses semblables ! C'est ma faute...tout est ma faute...

Conscient de ce qui avait causé cette situation, le Général Rozū se leva, regardant Danmarine d'un regard sombre et inquiétant.

-Tu penses donc qu'ils sont morts à cause de ta clémence, exact ?

Incapable de répondre franchement, ou même de regarder son Général dans les yeux, Danmarine se contenta d'un hochement de tête coupable et honteux.

-Et donc, es-tu enfin décidé à abandonner cette morale à laquelle tu tiens tant ? À t'abandonner à Freeza et à devenir un tueur de sang froid, si c'est la seule solution dont tu disposes pour protéger tes proches ?

En retrait, la dizaine d'hommes qui étaient partis avec Rozū quelques jours plus tôt, laissant à Danmarine le commandement du reste de l'unité, et soudainement réapparus après la bataille, observaient la scène d'un calme dérangeant, faisant fit du charnier qui les entourait.

-Mon Général...je suis désolé, mais je sais que j'en suis incapable...jamais je ne pourrai m'en prendre à des innocents, même si cela veut dire mettre en danger mes camarades. Je pensais avoir changé, mais...si vous devez m'exécuter pour ce que j'ai fais, allez-y ! Mais promettez moi simplement que vous veillerez sur mon frère.

-Alors même après cela, ta volonté de ne pas plier devant Freeza demeure intacte ?

C'était la seconde fois, mais Danmarine venait seulement de le remarquer. Cette manière désinvolte de parler de l'empereur. Ce ton étrangement calme et ces questions incessantes. Suspicieux, Danmarine leva les yeux vers Rozū, découvrant son visage impassible et son regard obscur. Derrière lui, ses hommes, connus pour être les plus proches du Général, souriaient malgré ce contexte malsain.

-Il est prêt.

-De quoi est-ce que vous parlez ? Pourquoi vous agissez tous aussi bizarrement ?! Prêt à quoi ?!

À peine se releva-t-il pour quitter cette position de faiblesse qu'il affichait face à Rozū, que Danmarine reçut un coup de celui-ci en pleine poitrine. Un coup qui le repoussa simplement légèrement, sans pour autant lui causer le moindre dégâts. Mais alors qu'il s'apprêtait à contre attaquer, Danmarine sentit sa peau brûler sous son plastron. Cette horrible sensation de brûlure, comme si sa chair s'arrachait d'elle même.

Souffrant et suffoquant, l'Actinidia-seijin ôta son armure rapidement, découvrant alors sur son pectoral gauche une forme étrange se dessiner. Cette sorte de X fait d'un flux rouge, à la branche inférieure droite plus longue que les autres, se gravant dans sa chair sans qu'il ne puisse l'arrêter.

Une fois le symbole marqué dans sa peau, et la douleur enfin estompée, le X disparut de lui même, laissant Danmarine pantois et encore plus interrogé qu'auparavant.

-Prêt à te joindre à nous. À te joindre à l'Organisation.

À suivre !
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Re: Dragon Ball Extended Universe : Les Chroniques d'une Gue

Messagepar Freeza97 le Ven Avr 06, 2018 0:45

J'ai pas de mots, c'était juste... du grand art.

Heath le dira mieux que moi

Désolé d'être bref mais moi aussi j'ai mes exams bientôt (comme tu dois le savoir...)

Bref je vais passer sur tout l'aspect émotionnel parce que je risque de devenir redondant, je veux pas dire que cette histoire l'est, c'est juste que mes compliments incessants envers l'aspect émotionnel de cette histoire commencent à être lourds (c'est mon ressenti en tout cas) et puis que dire de plus que je n'ai pas déjà dit ? D'ailleurs c'est une critique que je t'adresserais à chaque fois qu'on crois avoir atteint le paroxysme émotionnel dans un chapitre tu t'arranges pour qu'il soit encore plus intense dans le suivant.

Tu veux bien arrêter de t'améliorer oui ?

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Bon je serais fort, je suis sûr que quelqu'un d'autre en parlera de toute façons. Donc non je ne parlerais pas de Danmarine, ni de sa relation avec Dodoria, ni de... De rien qui m'a fait pleuré ou rire ou fait dire WAOUHHHHHHHH !!!!! en le lisant.

Donc...

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Je me demande bien qui a inventé le flux ball du coup...

Ah et ah oui ! On en apprend un peu plus sur le passé de Danmarine ou Danny et...


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Non je peux pas continuer... Juste merci. J'essaierais de donner une critique plus détaillée et mieux exprimée un de ces quatre.
Foenidis a écrit:« Face à celui de décembre, le monde tremble... un sourire aux fossettes, le nouveau se resservit un verre de 97. »
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Re: Dragon Ball Extended Universe : Les Chroniques d'une Gue

Messagepar Imate le Jeu Juin 14, 2018 0:44

Z'êtes toujours là ? Oui ? Non ? Tant pis, on commence sans vous.

Non avant de lancer le chapitre, je tiens quand même, avec beaucoup de retard mais tout de même, à te remercier pour ton commentaire Freeza97, peu importe que tu ailles dans le détail ou non, rien que de voir quelqu'un commenter est une récompense pour moi ! Donc même si je le dis et continuerai de le dire chaque fois : Merci :D

Et maintenant, place au chapitre. Un long chapitre. Après une longue absence. Mouais, ça me paraît de mise. Bonne lecture à vous :wink:

* * *


Chapitre 25 : Tempus fugit


L'un d'eux s'enroulait dans sa couverture, bien peu confortable, trop fine et rugueuse à son goût, regrettant son linge personnel, si doux et soyeux.

L'autre se débarrassa de cette couette ridicule et sans intérêts, qui de toute façon ne faisait que l'énerver, elle qui n'avait selon lui d'autre but que de le chatouiller et lui tenir excessivement chaud, alors que la température de cette planète l'exaspérait déjà au plus haut point.

L'un d'eux tournait et frottait sa tête sur son oreiller, réalisant subitement qu'il n'était pas rempli de plumes, mais de vulgaires granules synthétiques, irritants et grossiers. L'idéal pour se réveiller avec un mal de nuque désagréable que même un bon café fraîchement moulu – auquel il n'aurait de toute manière sans doute pas droit non plus – ne saurait apaiser suffisamment.

L'autre jeta le coussin au plafond, qu'il percuta pour mieux retomber sur le sol déjà couvert de linge sale. Encore un accessoire mielleux sans doute inventé par un de ces nobles maigrichons et fragiles.

L'un d'eux tentait, autant que faire se peut, de se blottir sur le matelas. Bien dur en comparaison de la literie dont il avait l'habitude, il ne parvenait pas à y trouver la position idéale, preuve en est, la nuit qu'il a passé à gigoter, encore et toujours, dans l'espoir de finir par amollir le matelas récalcitrant.

L'autre se demandait pourquoi il ne s'était pas encore décidé à brûler son lit comme il se l'était promis la veille pour mieux pouvoir dormir sur un sol ferme et droit, sur lequel il ne risquait pas de se déformer la colonne. Rien de tel que le plancher des vaches, et si l'on cherche le confort, éventuellement, une pierre pour y poser la tête, pour passer une nuit revigorante.

Deux individus bien différents, dans deux lits identiques, situés dans le même appartement, qu'ils partageaient depuis bientôt une semaine, et qui venaient d'y passer une énième nuit de sommeille épuisante.

C'est Dodoria qui le premier se décida à quitter les bras trop douillets à son goût de Morphée, et à se lever de son lit pour ouvrir les rideaux, de même que la fenêtre qu'ils cachaient, laissant entrer chez lui la lumière naturelle et l'air frais dont il avait besoin pour émerger, sans se préoccuper de savoir si son colocataire était du même avis.

Seulement vêtu d'un caleçon qui ne laissait qu'une place anecdotique à l'imagination, le Durian-seijin se dirigea en premier lieu vers le réfrigérateur, à l'intérieur duquel il regarda un long moment en se grattant élégamment l'arrière train en baillant, sous les yeux encore peu habitués à la lumière du jour du beau aux bois dormants qui aurait sans doute souhaité une vision plus poétique au réveil.

Faut-il noter qu'il aurait surtout voulu un logement à lui seul, maintenant que son statut de prisonnier politique avait été révoqué grâce à la demande d'un certain Général bien placé dans la hiérarchie impériale, qui parvint à obtenir l'accord lui permettant de devenir son garant, considération faite du succès obtenu avec le Caporal Dodoria, à la seule condition que ce dernier ne devienne son tuteur, afin de veiller sur lui au quotidien. Une décision qui n'avait pas plu au barbare solitaire, à qui le choix ne fut de toute façon pas laissé.

« Décision des hautes instances » disait Danmarine. Comme si l'idée ne venait pas de lui, bien sur !

Finalement agacé de regarder cet énergumène avec lequel il était forcé de vivre boire son lait à la bouteille sans même porter le goulot à sa bouche, déversant en bonne partie le breuvage sur sa bedaine rose plus que dans son gosier, le prince finit par se lever lui aussi, choisissant de commencer la journée par la salle de bain plutôt que par le garde manger. Chacun ses priorités, et l'hygiène ne faisait pas partie de celles de Dodoria, qui une fois son « petit déjeuner » terminé, enfila les mêmes vêtements que ceux portés la veille, ainsi que son armure, derrière laquelle il accrocha l'épée de pierre qu'il ne quittait presque jamais.

« Bon, princesse ! Je vais faire un tour pour me dégourdir un peu ! Reste pas trop longtemps sous la douche, si j'en prend pas c'est pour pas foutre en l'air ma prime, alors si la facture grimpe, c'est pour ta pomme ! »

Avec le bruit du jet d'eau comme excuse, le Pomélo-seijin fit mine de ne rien entendre, évitant tout contact avec son comparse de bon matin pour mieux commencer la journée.

« Ah, et bouffes pas tout ce qu'il y a dans le frigo surtout ! Sinon je te fous une raclée en rentrant ! »

Cause toujours devait-il penser, lui qui de toute façon n'était certainement pas intéressé par l'amas de viande crue qui remplissait le frigidaire. Le bruit de la porte qui se referma sonna pour lui comme un soulagement. Enfin seul. Dans ce qu'il considérait comme un infâme taudis en comparaison de son palais, et qui plus est tenu de la moins ragoutante des façon par son propriétaire, certes. Mais il y était seul. Sous le jet de la douche, les cheveux détachés pour mieux pouvoir les laver, et le front dépossédé de sa perle, le prince au teint azure réalisait une chose qui lui faisait froid dans le dos.

Il vivait dans une porcherie insalubre. Il la partageait avec un immonde barbare sans cervelle mangeur de viande. Son supérieur hiérarchique était celui qu'il considérait encore aujourd'hui, malgré son changement d'état d'esprit, comme l'un des principaux responsables de la mort de son frère. Pire encore, il travaillait pour l'empereur à l'origine de la chute de son royaume, et vivait parmi les siens.

Alors comment ? Comment était-ce possible ?

Comment pouvait-il commencer à s'y habituer ? À ne plus détester ça au point d'y préférer la mort ? À l'accepter comme ces choses inévitables de la vie ?

Un mois s'était écoulé depuis la désormais légendaire rencontre de Flux Ball ayant opposé les équipes des deux empires. Et une routine commençait déjà à s'installer. Des relations naissaient déjà avec certains habitants du coin. Aujourd'hui, Zarbon avait même rendez-vous avec Danmarine au réfectoire de l'académie pour manger avec lui et discuter d'un projet professionnel. Lui, le prince de Pomélo, convoqué pour se voir proposer un emploi rémunéré. Cette situation n'avait décidément pas le moindre sens.

Agacé par ses propres réflexions, il tourna le robinet pour couper l'arrivée d'eau, et entrouvrit la porte pour attraper une serviette qu'il ne parvenait pas à trouver même en tâtonnant de la main. Agacé par lui même, il le fut une fois encore quand il se souvint qu'il était de toute façon seul, et qu'il pouvait donc sortir nu sans crainte de tomber sur « l'autre grosse barrique ».

Son pantalon et sa chemise de lin enfilés, Zarbon se rendit sur l'humble petit balcon de leur appartement pour s'y sécher les cheveux, puis jeta un regard sur la ville. Une scène qu'il avait déjà vécu peu de temps après son arrivée sur Freeza 79. Mais qui avait cette fois une autre signification. Il regardait un monde qu'il ne haïssait plus. Un monde qu'il ne désirait plus expressément voir à feu et à sang.

Mais un monde qu'il voulait assurément quitter à la première occasion pour rejoindre les siens.

« C'est lui ? »

« Ça m'en a tout l'air. Je risque pas d'oublier ce visage. »


Observant le prince penché sur son balcon à l'aide d'une paire de jumelles digitales à longue portée, deux hommes situés en hauteur, à une distance assurément très éloignée de là, semblaient reconnaître le visage fin et délicat de Zarbon.

« Mais qu'est-ce qu'un type de son rang viendrait faire sur une planète comme celle-là, patron ? », exprima d'une voix nasillarde l'un des deux individus. De petite taille, la peau couverte d'écailles noires, l'étrange mercenaire qui se tenait à quatre pattes se gratta derrière l'une de ses oreilles de chauve-souris avec le pied, faisant preuve d'une évidente souplesse.

-Va savoir. Probablement un voyage diplomatique ou un truc du genre.

Derrière ses jumelles, le cou protégé par une longue écharpe brune, le leader du duo au crâne lisse couvert de cicatrices et à la peau rouge pâle semblait nourrir une certaine rancune à l'égard du prince. Lorsqu'il quitta son observatoire, il en profita pour remettre en place son cache-œil métallique par dessus son œil borgne qui avait troqué l'éclat jaune qu'il partageait autrefois avec son jumeau pour un blanc nettement plus sobre, et clipsa à nouveau dans son dos – couvert d'une combinaison en acier grise et verte qui s'étendait sur tout son corps – le fourreau de son épée, qui devait être plus large que la fine lame rangée à la taille de son compère, bien que d'une taille tout à fait raisonnable en comparaison de l'arme démesurée de Dodoria.

-Gyhéhéhé ! Vous pensez qu'on pourrait tirer une bonne rançon d'un gros poisson comme celui-là ?

-Va savoir. Ce qui est sur, c'est que j'ai un compte à régler avec lui. Et même si je crache jamais sur un bon paquet de blé, pour ce qu'il m'a fait, c'est avec du sang qu'il va devoir rembourser sa dette.

-Gyéhéhéhé, mais patron, c'est plutôt vous qui avez un paquet de dettes à payer, non ? Vous êtes sur de pas vouloir en profiter ? On peut pas dire que les boulots marchent beaucoup en ce moment. Vous croyez qu'ils vont encore vous accorder un délai cette fois ?

Le vent soufflait ce matin là. C'est ce que remarqua le petit être rieur en cet instant de calme, au lieu de la réponse de son chef, qui ne daigna rien montrer d'autre qu'une discrète gouttelette de sueur à l'arrière du crâne, et ne répondit qu'après une longue attente.

-....Va savoir. Mais dans le doute, je devrai peut-être bien suivre ton plan.

À nouveau plongés dans un calme seulement couvert par le souffle du vent et le rire pour le moins étrange de la petite créature, le duo resta là un moment sans bouger. Cherchant probablement la motivation nécessaire pour s'activer.

Une motivation dont ne manquait clairement pas Kiwi, qui profitait de ce retour après deux semaines de vacances scolaires pour narrer à ses camarades – en se tenant fièrement debout sur le bureau du professeur encore en retard en guise d'estrade – la vie palpitante dans laquelle il évoluait.

-Arrête de raconter des bobards Kiwi !

-Mais je te jure que c'est vrai, Ginyu ! Après le match, un grand type tout vert avec un pique sur la tête est venu voir mon frère et lui a demandé de le prendre avec lui et de l'emmener ici !

-Et donc ça fait un mois qu'il vit avec vous et on l'a jamais vu ? Tu nous prends vraiment pour des idiots...

-Toi aussi Barta ? Reacum, dit leur que c'est vrai toi !

Avant même que le petit roux n'ait le temps de parler, un Ginyu fortement ennuyé par l'insistance de Kiwi s'exclama que, contrairement à lui, Reacum n'était pas un « sale menteur » – remarque de Ginyu qui força Naeko à étouffer son rire discrètement – et qu'il ne rentrerait pas dans son jeu.

-Mais puisque je vous le dit ! On a demandé à mon frère de s'occuper des formalités pour lui parce que c'est qu'un enfant, et maintenant que tout est réglé, il a été placé dans un foyer, et il va venir à l'école ici avec nous !

À l'unisson, les camarades de classe de Kiwi l'affublèrent du nom de menteur une nouvelle fois, incrédules face à l'histoire abracadabrante de leur ami. Il était évidemment impossible qu'une star telle que lui n'ait été pris en charge par le frère de Kiwi, et à la demande de l'empereur lui même ? Cette histoire n'était simplement pas crédible.

«Et pourtant, c'est la vérité.»

Un, deux, puis trois. L'un après l'autre, du plus petit au plus grand, les trois enfants perplexes se retournèrent vers la porte d’où une voix soutenant les mensonges de Kiwi venait d'apparaître. La voix d'un jeune garçon de leur âge, de la même espèce que celle du regretté Zōra, vêtu d'une salopette bleue attachée par dessus un T-shirt blanc des plus simples. Le plus remarquable étant sa casquette de Fluxballer, vissée sur sa tête, par dessus sa longue chevelure neige.

La venue de la jeune célébrité provoqua l'éblouissement des garçons qui n'en croyaient par leurs yeux. Des réactions plus ou moins excessives, allant de l'évanouissement de Guldo aux larmes de Barta, en passant par le magistrale décrochage de mâchoire de Ginyu. Un rêve éveillé, dont profita Kiwi pour lancer un amical «Yo» au nouvel arrivant, qui ne répondit que par un souffle du nez avant de relever légèrement sa visière d'une manière presque dédaigneuse, manière assez peu subtile de mettre une barrière entre lui et son camarade, qui à l'inverse de ses amis bien trop admiratifs, ne trouvait pas cette attitude si « cool » que ça.

« Salut ! Moi c'est Barta ! Je suis un grand fan ! » déclara le plus grand de la bande en tendant la main vers son idole, qui sembla hésiter avant de lui répondre mollement,

-Moi c'est, Jheese, mais vous le savez déjà. Tu peux m'appeler «Akai Magma»

-Oooooh ! C'est super classe comme surnom ! Je dois m'en trouver un moi aussi !

Regardant en retrait Barta en extase et Guldo – fraîchement remis de ses émotions – demander un autographe à la jeune célébrité, Ginyu et Kiwi ne semblaient pas aussi fans, dérangés par l'arrivée d'un garçon si populaire dans la classe. Seul Reacum, encore assez peu convaincu par l'intérêt du Fluxball, restait neutre face à cette « situation de crise » que craignaient déjà les deux petits leaders voyant s'échapper au pas de course leur influence sur leurs camarades.

C'est également au pas de course que Ranfu se rendit au réfectoire, en retard pour son déjeuner avec son Général, en compagnie de leurs deux nouveaux compères. L'ambiance y était pour le moins agitée, remplie de soldats sortis de leur entraînement, affamés et bruyants à souhait, rythmant l'heure du repas par une mélodie orchestrant claquements de fourchettes, masticage de nourriture à l'air libre, et parlotte aussi bruyante qu'inutile.
Essoufflé, davantage par l'affolement que l'épuisement, il se laissa tomber sur la quatrième chaise libre, juste à côté de Danmarine.

-Pardonnez moi, Danmarine sama, ma séance de rééducation s'est éternisée plus que prévu.

-Détend toi Ranfu, tu n'as que cinq minutes de retard. Dodoria aussi vient d'arriver.

« Vraiment ? Et quelle est ton excuse au juste ? » reprocha le lieutenant au Durian-seijin qui faisait un parfait substitut à sa culpabilité.

-Contrairement à toi la rouquine, je me cherche pas d'excuses, j'ai autre chose à foutre que de lécher le cul de Danmarine.

-Je vous demande pardon, Caporal Dodoria ?!

-Tu veux vraiment la jouer comme ça ? Et si on réglait plutôt ça dehors, hein ?

Interrompus dans leur habituelle querelle de couple par le raclement de gorge de Zarbon, les deux militaires reprirent leur calme et se fuirent du regard afin d'éviter de faire se recroiser ces étincelles qui avaient failli faire voler les plateaux repas hors de la table.

-Alors, et cette histoire d'emploi ? C'est pour ça que je suis venu, non ?

-En effet. Et je pense avoir trouvé quelque chose qui te conviendrait à merveille. Toi qui était chef de guerre sur ta planète, et quelqu'un d'assez cultivé, j'ai pensé que tu remplirai parfaitement cette fonction.

-Je te préviens tout de suite. Il est hors de question que je dirige la moindre opération militaire pour le compte de Freeza. Tu perds ton temps.

-Il ne s'agit pas de ça. Au contraire, je te donne une chance de changer les choses. À la racine.

-Comment ça ?

Volontairement mystérieux, comme à son habitude, et principalement par esprit de taquinerie, Danmarine se permit de prendre quelque bouchée de son repas, laissant les trois autres patienter en silence, attendant curieusement sa réponse.

-Et si je te disais que tu dois donner un cours aux jeunes élèves de l'académie dans une demi heure ? Quelle serait ta réponse ? Tu as carte blanche.

-Quoi ?! Dans une demi heure ? Moi donner un cours ? Tu es sérieux ?

-Tu sais bien que l'humour n'est pas mon fort.

-C'est toi qui a eu cette idée, tu n'as qu'a y aller à ma place !

« Moi aller m'occuper de ces petits démons ? Plutôt être envoyé au front sur Ikonda ! » ria le Général, utilisant encore et toujours cette expression célèbre au sein de l'Empire, que ni Dodoria ni Zarbon ne comprenaient, de près ou de loin.

« Tu...tu aurais pu me demander mon accord avant ! » bégaya le jeune prince, déstabilisé par cette proposition aussi soudaine que tentante pour lui qui avait toujours été intéressé par l'enseignement.

Trop déboussolé pour réfléchir correctement, Zarbon quitta le réfectoire soudainement, laissant ses trois collègues en plan. Les portes battantes de la cafeteria franchies, le Pomélo-seijin se mit à réfléchir à haute voix. Faire faux bonds à des enfants ne lui plaisait pas. Mais d'un autre côté, devait-il contribuer à la formation de la future génération d'envahisseurs ? Ou au contraire, n'était-ce pas l'occasion de leur inculquer certaines valeurs ? Et pourquoi diable prenait-il ça au sérieux ?

Après tout, il n'avait pourtant pas l'intention de s'éterniser ici.

-Au fait, Danmarine sama, avez vous des nouvelles de votre vaisseau ?

-Non Ranfu, aucune. Il faut croire qu'il a simplement disparu pendant le match. Pas vrai Dodoria ?

-Hein ? Oh, euh...sur, ouais.

Loin d'être dupe, le lieutenant aux cheveux de feu voyait bien la manière qu'avaient ces deux là d'éluder la question chaque fois que le sujet du mystérieux vol du vaisseau de Danmarine durant le match de Fluxball revenait sur le tapis.

-J'ai entendu dire que les charges contre Dodoria avaient été abandonnées. Paraît-il qu'en réalité, l'homme qui s'est fait agresser aurait confondu son esclave avec toi. C'est vrai ?

-Ou...ouais, j'ai eu du bol C'est un foutu interrogatoire ou quoi ?

-Du tout. Je trouve simplement que c'est amusant comme coïncidence. Parce que j'ai appris que ce vaisseau aurait été volé par un Durian-seijin. Et celui-ci aurait pu pénétrer dans le vaisseau et le faire décoller sans souci. Je me demande comment il a pu faire sans la carte magnétique. Sans compter que l'esclave apparemment responsable de l'agression aurait disparu au même moment. Étrange, non ? À se demander s'il n'aurait pas été aidé par quelqu'un.

Voir Dodoria fuir son regard accusateur, et Danmarine boire longuement un verre d'eau déjà vide après avoir manqué de s'étouffer confirma ce que pensait Ranfu. Ces deux là n'y étaient pas pour rien.

-Très bien, je ne vous poserai pas davantage de questions. Mais je vous trouve bien imprudent, Danmarine sama. Si cela venait à se savoir...

-Inutile de t'inquiéter pour rien, Ranfu. Disons simplement que...je devais tenir une promesse, faite à un ami.

Sur cette réplique aussi intrigante que terriblement clichée, Danmarine partagea un regard avec Dodoria, tout deux satisfaits d'avoir contourné la question, et persuadés que Ranfu n'avait pas compris qui était l'ami en question. Heureusement pour leur ego, le lieutenant préféra ne rien dire, et les laissa baigner dans leur satisfaction.

Le temps de cette conversation, et alors que l'introspection de Zarbon arrivait à son terme, ce dernier atteignit finalement la porte de la salle de classe d’où émanait un véritable brouhaha, certainement dû au retard présumé de leur professeur, en réalité remplacé par un certain intervenant exceptionnel pour un cour particulier.

Hésitant, boutonnant sa chemise jusqu'en haut pour paraître plus sérieux, passant sa main dans ses cheveux pour se recoiffer, déboutonnant de nouveau sa chemise pour avoir l'ai détendu, Zarbon n'en revenait pas. Il était anxieux.

Lui.

Yūdaina Zarbon, le glorieux prince du royaume de Pomélo.

Stressé à l'idée de donner un cour. Sans doute était-ce parce qu'il s'agissait de jeunes pré-adolescents. Ou bien redoutait-il la barrière culturelle plus que la générationnelle.

Ramené à lui par cet horrible sentiment d'implication qu'il se refusait d'éprouver, Zarbon se décida à se jeter dans la gueule du loup et à faire face à ce qui l'y attendait, et qu'il découvrit en ouvrant la porte infernale. Une bande de démons court sur pattes et survoltés répandant le chaos dans toute la salle, avec au premier plan, un groupe d'enfants dont les visages ne lui étaient pas inconnus, plongés en pleine dispute avec un petit diable rouge.

Mais l'apparition du prince lumineux sembla restaurer le calme et l'ordre en un instant, persuadant les élèves de regagner leurs places sans avoir à prononcer le moindre mot. Seuls trois d'entre eux ne semblaient pas convaincu par la prestance de leur nouveau professeur.

Qu'à cela ne tienne, Zarbon n'eut qu'à se rapprocher du trio pour projeter au dessus d'eux une ombre menaçante qui les fit enfin réagir à sa présence.

-Zarbon san ? Qu'est-ce que vous faites ici ? Ou est Amu san ?

-Ce n'est pas lui qui vous fera cours aujourd'hui, petit Danmarine. Exceptionnellement, je serai votre professeur. Et je vous demanderai une attitude exemplaire. C'est bien compris ?

C'était un jour à marquer d'une pierre blanche. Pour la première fois de l'année scolaire, le jeune prince avait réussi l'exploit resté hors de porté du professeur à la physionomie chevaline depuis le début de sa carrière. Obtenir le silence, en se contentant de le demander. Ginyu et Kiwi regagnèrent leur place, sans omettre de lancer un dernier regard vengeur à Jheese, qui partit lui aussi s'installer, le plus loin possible de ces énergumènes.

Ne sachant par ou commencer, mais comprenant bien en revanche qu'il était impératif de profiter de ce calme pour faire les présentation, Zarbon commença à parler.

Et il parla. De lui. De celui qu'il était. De ce qu'il avait accompli. Il ne se risqua pas à tenir des propos vindicatifs à l'encontre du monde de ces enfants. Il savait ce qu'il risquait à s'y essayer. Il savait aussi qu'ils n'y étaient pour rien. Il se contenta alors de parler du sien. De ce qu'il y avait appris. De ce qu'il avait à leur transmettre aujourd'hui. La classe était captivée par le prince, qui poursuivit ce qui devenait peu à peu un véritable cour, en allant se placer devant la fenêtre la plus proche de son estrade. Et il parla, tout en observant les vaisseaux décollant au loin depuis l'astroport. Quittant cette planète ou il avait été amené de force.

Cette planète sur laquelle, depuis quelques temps, les jours se succédaient paisiblement, le soleil et la lune alternant calmement leur cycle. Un semblant de havre de paix, dans un univers en proie au chaos. Une paix maintenue au prix de celle des autres.

Une paix qu'un objet volant non identifié vint perturber, sur une lointaine planète aux terres rocailleuses baignant dans une atmosphère orangée, telle un perpétuel coucher de soleil.

Sur le site du crash, une équipe de secours, tous vêtus de casques de protection, et venus armés pour l'occasion, avait encerclé le vaisseau en piteux état qui venait de s'écraser. Le démineur du groupe s'approcha de l'objet métallique qu'il inspecta minutieusement, de l'extérieur pour commencer.

-Alors, ton expertise ?

En réponse à son supérieur, l'expert se contenta de hausser les épaules, précisant tout de même que l'ovni de semblait pas dangereux.

-Je peux simplement affirmer que ce vaisseau ne vient pas de chez nous.

-Évidemment, il est arrivé de nul part sans autorisation d’atterrir !

-Non, je veux dire que ce n'est pas un vaisseau appartenant à notre système. Je suis presque sur qu'il s'agit d'un vaisseau de l'Empire de Freeza.

-Freeza ? Il n'aurait aucun intérêt à envoyer l'un de ses appareils jusqu'ici, et ça ne ressemble pas vraiment à un vaisseau espion. Un déserteur ?

Pendant que les deux hommes échangeaient afin de déterminer la raison de la visite de ce visiteur impromptu, l'un des soldats posté en haut du cratère activa la lampe torche de son arme, persuadé d'avoir décelé quelque chose dans l'obscurité. C'est alors qu'en pointant le rayon lumineux sur le cockpit, il aperçut à son bord un individu dans un état déplorable, visiblement inconscient.

Avertis de la situation, le capitaine ordonna à deux de ses hommes de procéder à l'ouverture de l'appareil, découpant l'énorme hublot avant du vaisseau au laser afin d'avoir accès à la salle de pilotage. Sur le siège, un homme grièvement blessé, couvert de sang, et au teint extrêmement pâle. Entaillé du visage jusqu'au bas du corps, et amputé d'un bras, l'individu venu d'une autre planète restait inerte, vidé d'une quantité inquiétante de sang qui s'était répandue sur le sol.

L'un des agents ayant pénétré à l'intérieur du vaisseau tenta, en vain, de trouver de signes vitaux chez le pilote « salement amoché », tandis que son collègue, plus à l'aise avec les systèmes informatiques qu'avec les cadavres, étudia l'ordinateur de bord dont il comprenait partiellement l'alphabet.

-Ce vaisseau dérive dans l'espace depuis plusieurs semaines, cette pauvre âme a dû mourir peu de temps après le décollage. Il devait certainement fuir quelque chose. Je peux peut être savoir d’où il a décollé...

Délaissant le corps pour inspecter la cale du vaisseau, quelle ne fut pas la surprise du militaire lorsqu'il y découvrit des caisses remplies d'or et de joyaux à la valeur inestimable. Malgré ses appels répétés et insistants destinés à faire venir son collègue, ce dernier était trop concentré à déchiffrer le contenu du journal de bord, grâce auquel il avait la confirmation qu'il s'agissait bien d'une navette appartenant à l'Empire de Freeza, plus précisément, à la flotte d'un certain Kota. À force de recherches, il finit par finalement découvrir d’où avait décollé l'appareil pour la dernière fois.

Une planète d'un système neutre, bien éloignée de leur monde, mais dont le nom lui était difficile à lire, n'étant pas écrit dans sa langue natale.

-Eh ! T'entends quand je t'appelle ? Je te dis qu'il y a un trésor de malade à l'arrière ! Ce type devait juste être un vulgaire pirate, il a sûrement volé ce vaisseau à des soldats de cet enfoiré de Freeza et s'est fait buter avant de décoller. Ce qui veut dire que ce trésor est à...

-Dit, tu sais lire l'alphabet nihilien pas vrai ? Tu saurais me lire ce qui est écrit là ?

Agacé par l'indifférence de son collègue face à l'appel de la richesse, l'avare se décida tout de même à lui venir en aide, ne manquant pas de soupirer bruyamment pour signifier sa déception. L'homme retira son casque et le posa sur le poste de pilotage – révélant son visage rond et mauve, et son crâne chauve tacheté – afin de mieux discerner l'écran grésillant de l'ordinateur, qui semblait commencer à manquer d'énergie.

-Ce mot là ? C'est...hm...Po...Pomélo ?

À peine ce nom fut-il prononcé, une voix étouffée émana du pilote présumé trépassé, alors que celui-ci ouvrit difficilement les paupières, collées par le sang coagulé qui s'était accumulé.

-Impossible ! Comment ce type peut encore être...

Plus professionnel que son acolyte rechignant à la tâche, l'informaticien se rendit immédiatement au chevet du miraculé, lui posant les habituelles questions de routines, auxquelles il ne semblait pas capable de répondre.

-Tu sais même pas s'il parle la langue.

« Oh ferme là tu veux ? » rétorqua sèchement le policier, avant de se tourner à nouveau vers le blessé.
« Monsieur, est-ce que vous m'entendez ? Pouvez-vous au moins me donner votre nom ? »

Revenant peu à peu à lui, l'étranger leva lentement la tête vers son sauveur, essayant tant bien que mal de prononcer quelque chose, sans parvenir à expulser de sa bouche autre chose que de l'air. Après de vaines tentatives de répondre, l'homme leva son unique main avec les forces qui lui restaient, et l'approcha faiblement de la large visière du casque de l'agent, qui voulut prendre sa main en retour, pensant que l'individu cherchait son aide.

C'est alors, qu'au creux de cette main mollement tendue vers le visage casqué du soldat, perla une lumière verte qui illumina la visière jusqu'à rendre visible à travers elle le visage apeuré de son propriétaire, comprenant alors, trop tard hélas, qu'il aurait effectivement dû se cantonner à l'ordinateur de bord.

Et de l'extérieur, tout ce que virent les hommes restés postés autour du site, fut cette impressionnant éclat crépitant couleur de jade qui jaillit du cockpit en même temps que les hurlements d'agonie des deux hommes.

Des cris, il en résonnait également, au même moment, sur Freeza 79. Des cris d'enfants. Plus que des cris, un chahut, que Zarbon n'avait su contenir bien longtemps, alors qu'il avait emmené la classe au gymnase de l'académie, afin de laisser la théorie faire place à la pratique.

-Bien ! Tout le monde est là ? Parfait. Puisque je ne suis ici que pour une journée, je vais au moins vous enseigner quelques bases du combat tel qu'on le pratique sur Pomélo.

« On sait déjà se battre, pas besoin d'apprendre comment vous vous battez chez vous puisqu'on vous a battu ! » contesta effrontément l'un des élèves au long crâne.

-Tu es bien confiant. Votre armée a certes surpassé la notre par le nombre et l'armement, mais certainement pas par la technique. L'art du combat sur Pomélo est un art ancestral, et aucune technique martiale n'égale celle de la famille Yūdaina. Anticiper, ressentir les mouvements, renverser les attaques de l'ennemi contre lui, à tel point qu'un seul bras peut suffire.. Mais je sais bien que je ne vous convaincrai pas seulement avec des mots. Que chacun trouve un binôme. Vous passerez ensuite à tour de rôle, deux par deux, et viendrez m'affronter.

Excités par l'idée de combattre un prince guerrier venu d'un monde lointain, l'agitation prit à nouveau possession de la classe. Les enfants se mélangèrent et formèrent de multiples duo, certains plus attendus que d'autre.

Si voir Barta et Guldo n'était pas étonnant, chacun se montra surpris en voyant Ginyu et Naeko faire équipe. Lorsqu'il remarqua Reacum seul au milieu de tous, Kiwi décida d'en faire son partenaire. Décision que ne devait pas approuver celui qui l'attrapa par l'épaule et lui demanda de devenir son binôme.

-Tient, monsieur la star a quand même besoin d'aide finalement ?

-Te méprend pas, je l'aurai combattu tout seul si j'avais pu, je fais que suivre les règles. Quitte à devoir me coltiner un boulet, je préfère autant en prendre un pas trop lourd.

-C'est censé être un compliment ?

-Si ça peut te faire plaisir !

Confortablement installés dans leur relation de rivalité naissante, Kiwi et Jheese se sourirent finalement, avant de se serrer la main en signe d'alliance.

Les équipes ainsi formées purent se mettre en place et passer l'une après l'autre. Excessivement confiant, et se sentant d'humeur généreuse, Zarbon gratifia les jeunes élèves d'une faveur que lui fit bien souvent son père lors de leurs entraînements quotidien durant sa jeunesse.

« Je n'utiliserai qu'une seule main, ça vous va ? »

Irrités par tant de condescendance, les deux enfants qui formaient le premier duo se ruèrent furieusement sur leur professeur qui les attendait de pied ferme, une main soigneusement placée dans son dos.

Une rotation sur la droite, une poussée de la main contre le dos de l'un de ses assaillants pour l'envoyer se cogner contre l'autre, un croche pied à celui qui lui fonça bêtement dessus, pied qu'il écrasa ensuite sur le visage du second avant qu'il n'ait le temps d'attaquer.

C'est à la chaîne que Zarbon administra ces raclées aussi instructives qu'humiliantes, laissant passer les groupes un à un. Après que le duo de Reacum fut aisément défait, le pauvre garçon trop peu habitué à la violence pour riposter, c'était au tour de l'un des duo les plus attendus de tous. Barta et Guldo entrèrent en scène.

-Vous êtes prêts les garçons ?

Ricanant comme deux idiots, les garçons – dont les chevilles semblaient bien enflées – annoncèrent leur victoire facile sur « le vieux » qui ne faisait selon eux pas le poids. Davantage amusé que touché, Zarbon rit en retour, et donna le signal de départ.

Oui. Il venait de le donner, ce fichu signal de départ. À cet instant. Pas même une seconde auparavant.

Alors comment diable le petit démon verdâtre avait-il déjà pu se glisser derrière lui pour lui agripper la tête par derrière et lui cacher les yeux ?

À peine eut-il le temps d'attraper le diablotin par la tête pour le jeter au loin qu'il sentit s'enfoncer contre son ventre le poing enragé du plus grand des deux. Zarbon le repoussa sans peine, mais sentit au même moment se serrer autour de sa cheville les bras de celui qu'il venait pourtant de lancer à l'autre bout du gymnase. Persuadé qu'il en aurait le temps, le Pomélo-seijin lança sa jambe en avant pour projeter le gêneur sur son ami.

Mais Barta, en un éclair, était revenu à la charge, le poing lancé directement dans le visage de Zarbon, qui hallucina un cour instant avant de se ressaisir. Il se saisit du poignet de l'attaquant, et tournoya sur lui même jusqu'à faire rencontrer sa main et son pied, auxquels les garçons étaient accrochés, et les claqua l'un contre l'autre, avant de reculer.

« Ces garçons ne manquent pas de ressources » pensa-t-il, préférant garder de tels compliments pour lui même.

Voyant que son ami vert ne se relèverait pas après ce choc, Barta décida de lancer l'assaut seul. En position de départ d'un sprint, il se prépara à « envoyer la gomme » comme il le disait si souvent. Le voyant déterminé à en finir en un seul coup, et bien décidé à ne pas laisser un enfant le ridiculiser, Zarbon se prépara à l'accueillir.

Enveloppé d'un halo bleu, et les pieds brûlant d'un flux auréolé de la même lueur, Barta s'apprêtait à démontrer qu'il n'avait pas usurpé sa réputation de coureur le plus rapide de l'académie.

-La vitesse, c'est la force ! Et personne dans toute la galaxie n'est aussi rapide que moi !

Blue Booster : Turbo !

Tels deux moteurs à combustion, les pieds de Barta s'embrasèrent de cet ardent flux indigo, créant une explosion par laquelle le garçon se propulsa à une vitesse si ahurissante que les spectateurs furent incapables de le voir partir en trombe.

La scène se déroula en un éclair.

Zarbon, préparé à réceptionner l'attaque avait déjà armé son bras pour stopper le poing lancé à pleine vitesse de Barta. En s'abattant sur son adversaire, le poing de Barta fissura le sol du gymnase derrière Zarbon, et déclencha une violente bourrasque. Écrasé par une telle vitesse, le bras du prince s'était plié, prêt à céder sous la pression. C'est alors qu'il doubla soudainement de volume, donnant à Zarbon la force d'écraser le poing de Barta, le soulever au dessus de lui, et l'écraser sur le sol couvert d'un revêtement en caoutchouc, initialement prévu pour amortir les chocs d'une bien moindre envergure, mais qui ici n'épargna pas le dos de Barta qu'il sentit craquer de bas en haut.

Laissant rapidement son bras retrouver sa taille normale, et ses griffes bestiales redevenir de simples ongles, Zarbon tourna les talons et félicita humblement les garçons pour leur prestation, faisant mine de ne rien leur trouver d'extraordinaire. Réaction en contradiction avec l'intense douleur dans son poignet qu'il tentait de calmer en le frottant de l'autre main. Acclamé par ses élèves pour sa force incroyable, Zarbon préféra faire bonne figure.

Mais en soutien à son ami, le jeune Reacum s'exclama,
« Woua ! Je ne savais pas que tu étais aussi rapide Barta ! Tu as été incroyable ! »

Tout juste relevé à l'aide du petit roux, tandis que Ginyu était quant à lui parti ramasser Guldo – encore inconscient suite au choc entre son crâne et celui de Barta qui l'avait décoré d'une sublime bosse ronde et rougeoyante – Barta le remercia tout en allant s'asseoir sur l'estrade ou attendaient les élèves précédemment rossés.

-Je perfectionne ma vitesse depuis que je suis tout petit pour aider ma mère malade. Faire les courses, travailler notre jardin, aller chercher ses médicaments, rentrer de l'école pour la soigner. Je dois tout faire le plus rapidement possible. C'est pour elle que j'ai décidé de devenir l'homme le plus rapide de la galaxie !

-Ouah, Barta...la classe !

Bien que ravis de recevoir des fleurs, Barta ne put s'empêcher de voir son attention captée par l'entrée en scène du prochain duo : Kiwi et Jheese.

-Je m'attendais plutôt à voir Kiwi avec Naeko, qu'est-ce que Ginyu fiche avec lui ?

Devant ce binôme formé par la grande star du Fluxball et par le jeune frère du célèbre Général Danmarine, la classe retenait son souffle, impatiente d'assister aux prouesses que promettait une telle alliance. Et à en juger par leur air satisfait, les deux garçons, eux aussi avaient hâte de voir Zarbon tomber à leurs pieds.

-Tâche juste de pas me gêner, c'est clair ?

-C'est ça, fais moi voir ce que tu sais faire à part jouer à la baballe.

-Ils ont l'air de bien s'entendre ces deux là à se lancer des petites piques, pas vrai ?

« Ils ont l'air aussi rustre et irréfléchi l'un que l'autre, ça ne m'étonne pas. » constata Naeko en réponse à la remarque de Ginyu, non sans une pointe de jalousie dans la voix, voyant son ami copiner avec cette « star » venue de nul part.

Avant même le signal de départ, et sans concertation préalable, les deux garçons qui se connaissaient si peu malgré le dernier mois passé ensemble prirent d'assaut leur professeur, qui se promit cette fois de rester vigilant.

La vigueur de ces deux garnements lui confirma qu'il avait eu raison.

Tout deux l'attaquèrent avec une vivacité et une célérité dépassant l'entendement pour des enfants de leur âge, même pour les élèves de l'académie militaire. Ensemble, assénant de manière répétée des coups aussi vifs que possible, Kiwi et Jheese souffraient néanmoins d'un cruel manque de synchronisation dont Zarbon comptait bien profiter.

Se marchant l'un sur l'autre, se bousculant pour prendre les devants, se mettant involontairement – à priori du moins – des coups l'un à l'autre dans la précipitation, ils se gênaient davantage qu'ils ne s'aidaient, permettant à Zarbon de contrer les attaques qui elles parvenaient jusqu'à lui.

Voyant le désordre dans leur organisation s'amplifier de plus en plus, au point que les deux nouveaux rivaux en venaient à s'affubler de sobriquets moqueurs au lieu de se focaliser sur leur adversaire commun, Zarbon en profita pour mener une contre-attaque rapide et décisive.

Le prince intercepta le poing de l'un de ses deux petits opposants, et si glissa entre eux deux en pivotant sur le côté tout en chassant du pied le tibia de Kiwi qui manqua de trébucher et de rejoindre Jheese, tout juste mit à terre par une clé de bras. Habilement réceptionné cependant, Kiwi, debout sur ses mains, se lança en arrière pour prendre de la distance, et profiter de son élan pour se jeter de plus belle sur Zarbon.

Cette tentative était sans compter sur celle de Jheese, qui s'était relevé au même moment pour prendre sa revanche, entrant sans crier gare dans le champ d'action de Kiwi qui le percuta, offrant alors à Zarbon le loisir de les regarder tout deux rouler-bouler sur plusieurs mètres.

-Fait gaffe ou tu vas ! C'est lui que t'es censé attaquer !

-Tu te fiches de moi ? C'est toi qui t'es mis devant moi alors que j'étais sur le point d'en finir !

Finalement agacé par la tournure de ce combat, Zarbon tapa dans ses mains pour y mettre un terme.

-Il est inutile de poursuivre si vous n'êtes pas capables de vous entendre. Personne ne triomphe seul. J'espère au moins que vous retiendrez cette leçon à défaut d'autre chose. Aux suivants.

Déçus et exaspérés, les deux élèves quittèrent le terrain sans s'accorder un mot ni même un regard. Cette débandade fut pourtant un réel soulagement pour Zarbon, qui commençait à croire finalement que Barta état un cas exceptionnel. Vint alors le binôme qui devait succéder aux responsables du dernier fiasco.

-Vos noms ?

Confiant, l'un des deux arriva mains dans les poches, tandis que l'autre craquait sa nuque de gauche à droite.

-Naeko.

Ginyu !-


Lorsque Zarbon leva la main pour amorcer le signal de départ, les deux anciens ennemis s'adressèrent quelques mots concis, seulement de quoi préparer leur stratégie. Quand le bras de leur professeur commença à descendre, Naeko ôta les mains de ses poches, et Ginyu sembla prendre une grande inspiration, gonfla d'air ses deux joues élastiques. Une fois la main de Zarbon abattue, et le début du combat lancé, Ginyu bondit tel le batracien qu'il était en direction du professeur remplaçant, qui plaça ses deux mains en position de self défense.

Dans son saut, l'amphibien se retourna vers son coéquipier, tête en bas, et projeta sa langue dans la direction de Naeko afin de l'enrouler autour de sa taille, et de le balancer soudainement vers Zarbon qui le vit alors arriver sur lui à la vitesse d'un boulet de canon. En plus du choc initial de Naeko contre Zarbon, le petit blond poursuivit son assaut par un enchaînement furieux de coups lancés à toute vitesse afin de déstabiliser son adversaire autant que fait se peut.

Après seulement quelques secondes, Naeko lança une onde de choc vers le haut pour se projeter contre le sol, laissant arriver derrière lui Ginyu, jusqu'ici resté caché du champ de vision de Zarbon, alors obstrué par Naeko, et qui attaqua à son tour.

Juste avant que le Pomélo-seijin n'ait le temps de frapper Ginyu, Naeko, alors au sol, prit appui sur ses mains pour coller ses pieds à ceux de Ginyu qui se trouvait juste au dessus de lui, lui permettant ainsi de sauter le plus haut possible, et esquivant par la même occasion le coup de Zarbon.

Suite à quoi, le petit bourgeois poussa sur ses mains pour se lancer jusqu'au niveau du visage du professeur, et recommença à l'attaquer, flottant devant lui la tête en bas.

De ce temps, Ginyu en profita pour bondir à répétition de murs en murs, du sol au plafond, accélérant sa vitesse à chaque rebond. Une tactique qu'il avait déjà expérimenté contre Naeko, mais qui cette fois, était couverte par ce dernier. Son dernier rebond se fit contre le mur auquel Zarbon tournait le dos, l'angle parfait pour se propulser contre lui et lui asséner un violent coup de tête contre la colonne, l'amochant suffisamment pour que Naeko se remette à l'endroit et enchaîne avec un crochet du droit directement dans la mâchoire.

Toute la classe entra alors dans un état d'hystérie général devant la prouesse de leurs camarades.

De sa seule main utilisable, Zarbon, qui venait de se faire envoyer au tapis, se réceptionna et s'élança en arrière pour échapper aux deux garçons, cependant bien décidés à ne lui laisser aucun répit.

Ginyu, arrivé le premier sur lui, se fit dégager d'un revers énergique de la main, ensuite réquisitionnée pour arrêter l'attaque suivante venant de Naeko. Du sol ou il avait été expédié, Ginyu lança sa langue autour du bras de Zarbon, alors privé de sa seule protection. Le prince contra tant bien que mal les attaques du blondinet à l'aide de ses pieds, mais se voyant déborder, le choix ne lui était plus permis.

Zarbon se libéra de son entrave en tirant un faible rayon de flux directement dans la bouche de Ginyu, qui perdit conscience sur le coup, et utilisa son bras fraîchement libéré pour attaquer le premier. Mais Naeko avait disparu. Presque paniqué, le Pomélo-seijin cherchait de toute part ou le fuyard avait bien pu se cacher. La réponse lui sembla alors évidente.

Lorsqu'il leva les yeux en direction du plafond, un projectile de flux lui fonçait directement dessus. L'esquiver n'était plus possible, Zarbon le stoppa net avec sa main. C'est à cet instant précis qu'il comprit...

...que son lanceur n'était déjà plus là haut. Juste devant lui, Naeko arriva de face pour porter le dernier coup. La main prise, et les pieds écrasés contre le sol à cause de la pression du kikoha, Zarbon ne put que dégainer son autre main, et arrêter le coup du petit garçon juste à temps.

Essoufflé, le poing écrasé par la main son professeur, le front en sueur, la chemise déboutonnée, mais le sourire aux lèvres – embelli par l'éclat que projetait sur lui la lumière doré de son propre kikoha encore brûlant au dessus de leur tête dans la main de Zarbon tel un micro soleil – Naeko savourait sa victoire.

-On dirait que je vous ai forcé à l'utiliser. Votre main gauche.

Défait, mais lui aussi souriant, Zarbon écrasa complètement la sphère de flux qui s'évapora alors entre ses doigts, et lâcha le poing de Naeko qui se laissa retomber sur ses pieds, à bout de souffle.

-Je vous félicite tout les deux. J'ai transgressé les règles, je vous déclare donc vainqueurs.

Devant un tel exploit, toute la classe – à l'exception de Kiwi et Jheese, encore bien trop irrités par leur défaite – se rua vers les gagnants pour les féliciter et les aider à tenir debout après un effort aussi exténuant.

-Vous êtes des malades les gars ! Je savais pas que vous aviez des combinaisons pareils ! Même avec Guldo on a rien d'aussi classe en réserve !

-C'est vrai ! T'es le meilleur, Ginyu !

De là ou il se tenait, en retrait, Zarbon regardait ces enfants se congratuler entre eux, les sourires fiers et fatigués des deux petits prodiges lui paraissaient si chaleureux. Finalement, cette idée qu'avait eu Danmarine n'était peut être pas si mauvaise après tout.

-Avec des mecs comme vous, personne pourra résister à l'empire !



-C'est clair ! Je suis sur qu'à vous deux un jour vous serez assez fort pour envahir tout une planète !



-Héhé ! Je vous ai toujours dit que j'étais un génie, nan ? Plus tard, je créerai mon propre commando d'élite spécialisé dans la conquête de planète ! Et vous serez dedans les gars ! À nous tous, les sauvages pourront pas nous résister !



Invasion
Conquête

Guerre

Sauvage

Empire


Le poing de Zarbon se serra de lui même. Si fortement que le sang coula de sa paume. Dans cette euphorie générale, seul Kiwi remarqua le teint de leur professeur pâlir, ses mains trembler, et ses yeux tressaillir. Lui qui côtoyait le prince depuis quelques temps maintenant, jamais il n'avait vu chez lui une telle soif de sang.

Se sentant sur le point de déraper, Zarbon usa du peu de self-control dont il disposait encore pour quitter au plus vite les lieux, sous les seuls yeux de Kiwi, qui remarqua qu'indubitablement, quelque chose n'allait pas.

En effet, quelque chose n'allait pas.

Alors qu'il venait d'arriver devant la porte de son nouvel appartement, Danmarine remarqua que le verrou magnétique de celle-ci avait été forcé. Aucun doute, quelqu'un s'était introduit chez lui en son absence. Mais l'inquiétude de Danmarine ne venait pas de ce que la personne aurait pu trouver chez lui. Il savait bien que rien n'y était caché, d'autant plus qu'il n'avait emménagé ici que très récemment. Ce qu'il redoutait surtout, c'était de savoir si la personne qui s'était introduite chez lui s'y trouvait encore, et de qui il pouvait bien s'agir pour oser pénétrer par effraction chez un Général.

En toute discrétion, l'Actinidia-seijin entra dans son appartement. Danmarine respirait le plus lentement et faiblement possible, effaçant sa présence et son flux pour ne pas être repéré, et prendre l’intrus par surprise. Le couloir de l'entrée étant désert, Danmarine s'avança jusqu'au bout du mur, là ou il se coupait pour donner accès à la cuisine-salle à manger ouverte. Après avoir glissé un rapide coup d’œil, la pièce semblait déserte. Il poussa alors la porte du bout du couloir, donnant accès à sa chambre, pour découvrir une une pièce vide. Personne ici non plus.

Prit de doutes, mais contenant son anxiété, il s'avança dans la salle à manger, pièce centrale de l'habitation, afin d'y chercher d'éventuelles traces. Alors qu'il inspectait la table, il sentit derrière lui une présence, jusqu'ici dissimulée au plafond, descendre et tenter de l’attraper pendant qu'il avait le dos tourné.

Convaincu d'avoir l'avantage, Danmarine se retourna vivement et bloqua le mystérieux indésirable contre le réfrigérateur, l'avant bras contre la trachée pour l'immobiliser.

L'expression de Danmarine se décomposa alors, voyant finalement le visage de l'intrus, lui faisant face les yeux dans les yeux. Le bras entre le menton et la poitrine de l'individu, le visage à tout juste quelques centimètres, le Général, rougissant comme une pivoine, ne su que demander en bégayant ce qu'elle faisait là, et comment avait-elle pu trouver son adresse.

-C'est comme ça qu'un Général accueil sa capitaine favorite ? J'avoue que je suis déçue...

En reculant d'une manière trop subite, le Général se cogna le bassin contre la table d’où tomba le pot de fleur posé en son milieu. Alors qu'il aurait du se sentir soulagé en découvrant que l'intrus n'était nul autre que Rubī, Danmarine sentit au contraire son cœur s'accélérer.

-Je peux savoir ce qui t'a pris d'entrer par effraction et de me surprendre comme ça ? J'aurai pu te...

-Comme c'est mignon, alors tu as eu peur de me faire mal ? Tu es toujours aussi adorable Danmarine.

« Mais tu as tendance à oublier une chose » ajouta la sulfureuse jeune femme aux cheveux rouges en tirant le Général par le col pour approcher son visage du sien,
« Je ne suis pas une pauvre petite chose fragile à laquelle il faut faire attention. Enfin, j'imagine qu'on peut dire qu'il faut faire attention à moi, d'une certaine façon »

Aussi rouge qu'un Brench-seijin, Danmarine ne put même pas répondre à la jeune capitaine, qu'il regarda s'éloigner en souriant pour aller chercher quelque chose dans le frigo.

-Bon, si tu me disais ce que tu es venue faire ici pour commencer ?

« Quel homme pressé ! Je peux au moins te dire que je ne suis pas venue pour que tu reluques mes fesses », piqua la capitaine, penchée en avant alors qu'elle fouillait le dernier étage du réfrigérateur pour s'emparer d'une brique de jus de fruit frais.

-Je n'étais pas en train de... !

Amusée de le voir aussi gênée et incapable de terminer sa phrase tant il se savait coupable, Rubī, qui venait de planter la paille dans la briquette, tira une gorgée du breuvage fraîchement dérobée, et contourna Danmarine pour s'installer à table.

-Je suis en permission, maintenant que les choses sont sous contrôle sur Pomélo, ils n'ont plus besoin de moi là bas. J'ai pensé que tu aimerais en savoir plus sur la situation, et comme j'étais de passage dans ce système...

Sans répondre oralement, Danmarine montra son intérêt en allant s'asseoir en face d'elle, retirant ses gants qu'il déposa sur la table pour se mettre à l'aise.

-Les choses n'ont pas beaucoup bougé à la capitale, j'imagine que le petit prince a su les convaincre de ne pas résister. Mais ailleurs sur la planète, on a du sévir pour mettre fin aux insurrections. Avec notre surnombre, les assauts que j'ai mené n'ont pas mit longtemps à se solder par une victoire.

-Le bilan ?

-C'est pas mon genre de m'occuper des comptes, mais le gros des dépenses s'est fait sous la direction de ce pauvre Niwa. Si je regarde dans ses registres je pourrai...

Interrompue sèchement par Danmarine, Rubī ne termina pas sa phrase, sentant bien le sérieux dans la voix du Général.

-Je te parle du bilan humain. Combien de victimes ?

-Fidèle à toi même pas vrai ? Toujours trop gentil. Comme je te l'ai dit, notre avantage sur eux était écrasant, nous avons subit des pertes minimes, à peine quelques milliers de soldats.

-Et chez eux ?

-Tu me demandes combien de Pomélo-seijin on a tué ? Enfin, Danmarine...

-J'ai promis à Zarbon qu'on ne ferait aucun mal à son peuple. Je savais bien qu'en lui promettant ça, je lui mentais en partie. Je veux seulement savoir...à quel point je lui ai menti.

L'atmosphère lourde et silencieuse calma le tempérament de Rubī, qui voyait dans les yeux de son Général une peine profonde, une facette qu'elle n'avait jamais vu de lui.

-Tu sais bien qu'on ne fait pas le compte des ennemis tombés au combat. Mais si je devais faire une estimation, je dirai...probablement plus d'un milliard. C'est une planète très peuplée, il ne fallait pas t'attendre à moins.

Rubī voyait bien que Danmarine n'était plus le Général imperturbable qu'elle avait connu. Mais elle ne s'expliquait pas ce changement soudain. Peut-être était-ce dû au fait qu'il s'était lié avec ce prince, en qui il devait sans doute se voir plus jeune, à l'époque ou il était à sa place. Souhaitant le réconforter, la jeune femme connue pour son cœur de pierre lui prit les mains, lui assurant que s'il avait besoin de parler, elle serait l'oreille attentive dont il avait besoin, même si – et elle l'admettait volontiers – ce n'était pas dans sa nature. Mais Danmarine repoussa ses mains, préférant se fermer à la belle, qui ne supporta cet énième signe de faiblesse, et se leva de colère.

-Il serait temps que tu te reprennes, ce n'est pas parce que tu as fait ami-ami avec l'un des leurs que tu dois te mettre à baliser. Tu es le fier Général Danmarine ! Quand je t'ai rencontré il y a 3 ans, je venais tout juste d'entrer dans l'armée, j'étais une gamine de 17 ans, et toi, alors que tu approchais à peine de la trentaine, tu étais déjà un Général célèbre aux côtés duquel j'avais toujours rêvé de combattre ! La seule faiblesse que j'ai toujours aimé chez toi, c'est celle que tu as quand tu te tiens en face de moi. Mais je t'ai toujours admiré pour ta force et ta détermination, tu étais mon modèle. Le grand Général Danmarine, l'infaillible, le survivant d'Actinidia ! Un homme droit et juste, au grand cœur certes, mais inflexible et sur de lui. C'est ce Danmarine que...j'admire tant.

La mine basse, conscient de ses torts, mais incapable de regarder Rubī en face, Danmarine déçut la jeune femme une fois de trop. Elle même incapable de le regarder ainsi, la capitaine préféra s'éclipser. Ce n'est que lorsqu'il entendit le son si désagréable de la porte d'entrée se refermer qu'il tourna la tête en direction du couloir. Ce son sonnant pour lui comme un glas qu'il refusa d'accepter.

Probablement trop tard, Danmarine se reprit et appela le nom de la jeune femme en se précipitant dans le couloir vers la sortie, priant pour qu'elle ne soit pas encore partie trop loin, priant de pouvoir la rattraper. Mais une fois dans le couloir, il s'arrêta soudainement avant d'atteindre la porte. Et alors qu'il regardait fixement droit devant lui, le Général se mit à sourire.

Un sourire que lui rendit Rubī, restée à l'intérieur, à l'attendre juste devant la porte.

-Alors, ça t'a remis les idées en place ? Ou bien est-ce que je dois agrémenter mon discours d'une bonne trempe pour te secouer un peu ?

Amusé mais surtout tellement habitué à cette impertinence, Danmarine ne put s'empêcher de rire en lui demandant quand se déciderait-elle enfin à respecter son supérieur hiérarchique. Et dans un silence paraissant maintenant si léger, les deux amants se regardèrent dans les yeux, le sourire du Général retrouvé malgré son conflit intérieur, et se rapprochèrent l'un de l'autre, sans dire un mot.

* * *

À quelques rues d'ici, du côté de l'ancien quartier ou résidaient Danmarine et Kiwi avant ce terrible incendie, Zarbon traversait d'un pas dur et ferme le marché toujours si bruyant et animé des bas quartiers de la capitale. Perdu dans des pensées brumeuses et bien trop sombres pour être exprimées, le prince contenait difficilement ce déferlement d'émotions négatives qui le suppliaient de les laisser refaire surface. La simple visualisation de la ville saccagée, mise à feu et à sang par ses soins, lui procurait à la fois une profonde satisfaction, et un dégoût insoutenable.

Perdu dans ses pensées au point qu'il n'entendait pas – ou ne souhaitait pas entendre – la voix de l'enfant qui l'avait suivi jusqu'ici en l'interpellant régulièrement sur un ton aussi agaçant qu'agacé, qui finit par faire se retourner Zarbon à la cinquante-troisième occurrence, qu'il aurait préféré ne pas compter.

-Je t'ai déjà demandé d'arrêter de me suivre à la sortie du gymnase. Et je te l'ai à nouveau demandé à la sortie de l'académie. Et je suis presque certain de te l'avoir encore une fois demandé à mi-chemin jusqu'ici !

-Je suis têtu vous savez. Et je vous ai vu tirer la tronche avant de sortir, vous faisiez peur à voir. Je vais pas vous laisser partir comme ça et faire une bêtise. C'est un peu ma responsabilité à moi aussi.

-Ta responsabilité ? Bon sang, tu ressembles beaucoup trop à ton frère.

-Vous le pensez vraiment ?!

-Plus que jamais, mais crois moi, ça n'a rien d'un compliment.

-Vous savez, Zarbon san, je crois que je comprend un peu ce que vous ressentez. Quand j'étais tout petit, parfois, j'ai vu mon frère faire cette tête. Exactement la même. Et il me faisait un peu peur. Je pense que c'est parce que notre maison lui manquait, et qu'il aurait aimé y retourner. Moi je m'en souviens pas parce que j'étais trop petit, mais il m'en a parlé, et il aimait vraiment beaucoup notre planète. Mais il m'a toujours dit que parfois, il fallait étouffer ses émotions, et faire au mieux pour les autres. Peut être que vous devriez trouver un moyen de faire quelque chose de bien pour tout le monde et pour vous aussi, et que vous irez mieux ensuite.

La bonne volonté de cet enfant contrastait tant avec les propos tenus tantôt au gymnase que Zarbon réalisa qu'il avait eu tort d'y voir un mal véritable. De toute évidence, ces enfants ne faisaient que suivre les enseignements de leurs aînés. À la fois attendri et étonné que des paroles si innocentes et naïves puissent aussi être si pleines de bon sens, Zarbon sentit son état de colère s'apaiser inexplicablement, simplement en partageant un sourire avec cet enfant. Mais ces sourires échangées laissèrent vite place à une expression de doute et de suspicion.

-Tu l'as senti toi aussi, Kiwi ?

-J'avais un doute quand on est sorti de l'académie, mais cette fois j'en suis sur...

Au milieu de la foule, un homme massif, encapuchonné et couvert d'une tunique noire le recouvrant complètement, s'approchait de Kiwi, la main posée sur ce qui devait être le manche d'une lame, attachée dans son dos. Derrière Zarbon, une seconde silhouette, bien plus petite et discrète, se faufilait entre les passants pour parvenir jusqu'à lui.

Le professeur et son élève échangèrent un regard rapide, suivi d'un hochement de tête suffisamment évocateur pour qu'ils se comprennent simplement : Ils étaient suivis.

Dès l'instant ou les deux individus comprirent qu'ils avaient été repérées, ils se jetèrent sur leur cible, le plus petit en bondissant d'une manière animale au milieu des passants, et le plus massif en bousculant sauvagement tous les obstacles se trouvant sur sa route.

Zarbon intercepta l'assassin court sur pattes d'un coup de pied direct dans le tronc qui le renvoya dans la foule, tandis que Kiwi bondit lui aussi en direction du second, qui le balaya d'un puissant revers du bras, l'envoyant directement contre une échoppe qui se brisa sous le choc. Le champ libre, l'encapuchonné dégaina l'arme qu'il tenait dans sa main, dont l'imposante lame s'électrifia tout à coup d'un champ de flux bleuté libérant des décharges permanentes autour d'elle. Le vif coup asséné vers Zarbon fut esquivé de justesse, suffisamment tard pour que le prince puisse sentir l'air balayée par la puissance du coup, et d'assez prêt pour qu'il reconnaisse l'arme qu'il savait être une électro-lame.

Alors qu'au même moment, un agent de police venu porter assistance à l'enfant si violemment agressé dégaina son arme pour sommer à son agresseur de se rendre, ce dernier tendit simplement sa lame dans sa direction qui libéra une fine étincelle vers le revolver qui se trouva projeté au loin, hors des mains de son propriétaire.

-Gardez cotre calme ! Que tout le monde évacue au plus vite cette rue, mais ne cédez pas à la panique ! Je m'occupe d'appréhender ces criminels !

Voyant le jeune homme à la peau azure gérer parfaitement la situation, l'agent préféra ne pas s'immiscer, et resta auprès du jeune garçon. À nouveau, Zarbon évita un coup de lame en sautant au dernier moment, laissant l'arme s'enfoncer horizontalement dans le mur se trouvant derrière lui, puis une seconde attaque, plus vive cette fois, de la part du plus petit lui aussi revenu à l'attaque à l'aide de sa fine électro-lame aux éclairs jaunes. Le Pomélo-seijin s'envola jusqu'au toit, suivi de prêt par son agresseur qui atteignit le sommet en quelques bonds rapides, à l'inverse de son imposant ami qui quant à lui se contenta d'un saut assez puissant pour à la fois briser le sol sous ses pieds, et atteindre les toits instantanément, ou tout trois se trouvaient désormais.

-J'ai déjà vu ces électro-lames par le passé. C'est l'arme de prédilection des pirates du Diable Rouge qui sévissaient dans la nébuleuse de Gōman non loin de Pomélo. Vous avez quelque chose à voir avec eux, pas vrai ?

« J'espérais que tu ne m'aies pas oublié malgré toutes ces années, jeune fils de Yūdaina Seed »

-Cette voix...

D'un geste franc, l'homme mystérieux tira sur sa capuche, dévoilant son visage à la peau rouge et son œil borgne caché par une protection en acier. Suivant le mouvement, son petit allié couvert d'écailles noires ôta lui aussi son capuchon, libérant enfant ses grandes oreilles qui n'en pouvaient plus d'être autant à l’étroit.

-Je m'attendais bien à ce que vous fassiez partie de l'équipage de ces maudits pirates, mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit le capitaine, Ichigo le Diable Rouge.

-Ancien capitaine. Après que ton emmerdeur de père et toi soyez venus nous rendre visite, accompagnés d'un petit groupe d'hommes armés pour nous chasser de votre planète qui nous servait d'escale entre deux raids, j'ai perdu plus que l’œil gauche que m'a volé ton père. J'y ai aussi laissé ma crédibilité et mon équipage.

-J'espère que tu ne t'attends pas à ce que je plaigne une ordure de pirate telle que toi ?

-Je n'ai que faire de ta pitié. Ni même de ces imbéciles qui m'accompagnaient. Je ne suis plus qu'un mercenaire connu sous le nom de Borgne Rouge, et aujourd'hui, la prise qui va me rapporter gros, c'est toi.

« Gyéhé, moi je vous ai toujours soutenu capitaine ! », ajouta bêtement l'étrange compagnon du borgne, vexé de ne même pas avoir été évoqué une seule fois durant son monologue.

-Désolé de vous décevoir, mais vous n'obtiendrez rien de moi. Pomélo est tombée. Je ne suis plus personne maintenant. Vous perdez votre temps.



-Chef, si c'est vrai, alors on pourra rien en tirer. Vous avez déjà appelé vos créancier pour leur dire que vous étiez sur un gros coup. Si il dit la vérité, vous êtes mal, non ?

Le vent soufflait cette après-midi là. C'est ce que remarqua le petit être rieur en cet instant de calme, au lieu de la réponse de son chef, qui ne daigna rien montrer d'autre qu'une discrète gouttelette de sueur à l'arrière du crâne, et ne répondit qu'après une longue attente.

-Va savoir. Mais s'il dit vrai...

Le poing tremblant autour du manche de sa lame, Ichigo dégagea soudainement son manteau d'un revers rageur, révélant son armure au grand jour.

-Alors j'ai plus aucune raison de me retenir de le saigner à blanc !

Suivant son chef sans réfléchir comme à l'accoutumé, le second ôta lui aussi sa tunique, et lança l'attaque à ses côtés. Seul face aux deux hommes en furie, Zarbon s'efforça de conserver son sang froid.

En exécutant une habile roue, le Pomélo-seijin passa entre les épées des deux mercenaires pour se retrouver derrière eux. Aussitôt, le borgne se retourna – manquant de trancher la tête de son compagnon au passage – et tenta à nouveau de terrasser d'un seul coup le fils de sa Némésis d'un tranchant direct, que ce dernier esquiva en se pliant à 90°, le dos parallèle au sol, avant de se laisser tomber pour chasser les jambes de son agresseur d'un coup de tibia, qui malheureusement se heurta à la solidité des jambières de son armure.

Voyant arriver d'en haut un nouveau coup de lame, Zarbon recula d'une série de sauts arrières, mais directement rejoint par le petit animal doué de parole qui bondit sur lui et lui agrippa le visage, tentant de ne pas lâcher prise du fait des secousses de la tête de sa victime, afin de se stabiliser et de lui enfoncer la lame dans la gorge. Mais d'un coup sec, Zarbon parvint à décaler la trajectoire de la lame, qui se planta au niveau de l'épaule, assez proche pour qu'il puisse l'attraper avec les dents, faisant fi de la décharge électrique, puis arracha la lame de sa chair d'un simple coup de mâchoire qui obligea son utilisateur à la lâcher. Furieux de s'être fait déposséder de son arme, la bête sauvage sortit le crocs et tenta de se jeter à la gorge du voleur, qui l'attrapa au vol par les oreilles, et le jeta dans le vide, laissant la petite créature ricocher contre les murs dans sa chute pour finalement atterrir plus bas dans une poubelle.

-Maintenant que nous sommes débarrassés du sac à puces, réglons cela entre nous, Ichigo.

D'en bas, Kiwi encore sonné par le choc observait le combat, inquiet pour son professeur dont la plaie à l'épaule le vidait de son sang, venant teindre de rouge sa tunique de lin blanche. Les deux hommes, chacun armé d'une électro-lame, se tournèrent autour dans une ronde funeste, attendant que l'autre commette une erreur, s'échangeant quelques mots visant à divertir son adversaire.

-Tu es de la même trempe que ton aîné et ton paternel petit, qu'est-ce qu'ils deviennent ?

-Ils sont morts.

D'un vif élan, rapides comme l'éclair, les deux hommes se foncèrent dessus et échangèrent de rapides coups de lames, esquivant un coup sur trois, entrechoquant leurs lames électrifiées avec célérité, puis se reculant à nouveau.

-Navré de l'apprendre. On dirait que ma revanche devra se contenter du sang du dernier rejeton de la famille royale.

-Heureusement pour toi. Tu n'aurais jamais fait le poids contre mon père. Et encore moins face à Mélo.

Lorsque les deux hommes se ruèrent à nouveau l'un sur l'autre, Zarbon anticipa l'attaque horizontale de son adversaire, bien plus prévisible qu'il ne le pensait, et saisit l'occasion de planter sa lame dans son jarret. Si le mercenaire poussa effectivement un effroyable cri de douleur, il n'en perdit pas pour autant ses moyens, et profita de l'immobilisation du prince pour le frapper d'un revers du poing en plein visage, l'envoyant valser jusqu'au bord du toit.

Zarbon se releva difficilement en s'appuyant sur le pommeau de son épée, l'épaule saignant de plus en plus abondamment, et le sévère coup reçu à la tête se répercutant sur sa vision maintenant trouble. Face à lui, l'ancien capitaine pirate tenait le trou percé dans son armure d’où s'écoulait également une impressionnante quantité de sang qu'il ne parvenait pas à contenir.

-On dirait que c'est moi qui ait fait couler ton sang finalement.

-Je reconnais bien là l'arrogance de votre maudite famille de bourges. Mais tu aurais tort de me sous-estimer si vite !

Certain de sa victoire, et dans un ultime effort, le dernier descendant de la lignée des Yūdaina fonça à nouveau sur son adversaire, voyant que la gêne causée par sa blessure l'empêcherait d'être assez réactif.

Ce qu'il ne vit pas en revanche, c'est la petite sphère que l'homme détacha de sa ceinture avant de la jeter sur le sol, libérant une lumière aveuglante à laquelle Zarbon ne s'attendait pas. Le flash était visible depuis les rues voisines, et ne se dissipa qu'après plusieurs secondes, révélant alors le responsable, riant aux éclats, et sa victime, la rétine brûlée et incapable d'ouvrir les yeux, se tordant de douleur.

-Je t'avais pourtant prévenu ! C'est une énorme erreur de sous-estimer un pirate ! Sache que nous gardons toujours un atout dans notre manche !

Fier de ce retournement subit de situation, le mercenaire attrapa Zarbon par la gorge et le claqua contre le sol, avant de le rouer de coups de pieds d'une violence inouïe.

-Dans un combat à mort, tous les coups sont permis ! C'est en suivant cette règle que j'ai survécu seul jusqu'à aujourd'hui ! C'est en suivant cette règle que j'ai pu vous échapper la dernière fois ! Et c'est grâce à elle qu'aujourd'hui, je vais pouvoir prendre ta tête !

Au tapis, les vêtements couverts de sang et de poussière, probablement quelques côtes fêlées par les coups répétées de la montagne de muscles, Zarbon, en entendant fondre vers lui le tranchoir de l'énorme guillotine humaine, tenta le tout pour le tout, et tira un puissant kikoha directement dans le visage de son adversaire, tentative qui aurait pu s'avérer inutile et fatale contre un guerrier aux aguets, mais qui fonctionna à merveille contre l'imbécile irréfléchi et aveuglé par l'arrogance qui se trouvait au dessus de lui. L'explosion projeta le pirate en arrière, se rétamant sur plusieurs mètres.

Les jambes tremblantes, Zarbon se leva une nouvelle fois, les yeux fermés, plongé dans le noir. Un peu plus loin face à lui, le mercenaire se redressa lui aussi sur ses deux jambes – l'une saignant abondamment – en se tenant la mâchoire, celle-ci s'étant brisée sous le choc de l'explosion. Les yeux écarquillés et injectés de sang, le borgne rouge fusilla du regard le responsable, qui se tenait prêt, l'épée en position défensive, et le souffle retrouvé.

Essayer d'ouvrir la bouche pour insulter le prince s'avéra infructueux pour Ichigo, qui se rendit compte que celle-ci était remplie d'une quantité anormale de sang, qui se déversa alors à ses pieds. L'ex capitaine retrouva un semblant de calme, tendit devant lui à l'horizontal son imposante électro-lame, et souffla le sang contenu dans sa bouche sur la surface plane de la lame. Lentement, il commença à tourner autour de sa proie, laissant traîner sa lame sur le sol derrière lui.

-Tu m'as dit tout à l'heure que ta planète avait été soumise. J'en déduis que si tu es ici, c'est que tu es devenu leur toutou. C'est bien triste de voir le prince de Pomélo tomber si bas. Ton père aurait sûrement honte de savoir qu'il a élevé un traître tu crois pas ?

Voyant que ses provocations ne semblaient pas affecter le jeune homme, le borgne frappa violemment du pied sur le sol, et balaya l'air dans sa direction avec sa lame.

Mais rien n'y fit. Le calme de Zarbon semblait inébranlable, au grand dam du mercenaire.

-Dis moi ! Tu n'as pas honte de les avoir protégé tout à l'heure ? J'aimerai bien savoir ce que penseraient tes semblables s'ils savaient que tu es du côté de leur envahisseur ! Pas toi ?!

La veine gonflée sur le front, le pirate se rendait compte que cette séance improvisée de provocation avait l'effet inverse de celui qu'il cherchait à obtenir, perdant lui même son calme alors que Zarbon, lui, ne fléchissait pas. Serrant les poings de toutes ses forces autour du manche de son arme, Ichigo, incapable de se contenir plus longtemps, se jeta vers Zarbon afin de lui donner le coup de grâce.

Plongé dans un état de quasi méditation, l'aveugle revivait ses vieux souvenirs. Ceux desquels il tirait les enseignements qu'il avait voulu transmettre à ses élèves. Aveugle et troublé, il était pourtant à cet instant capable de le voir, et de l'entendre. Celui qui lui avait tout appris.

« Anticiper, ressentir les mouvements, renverser les attaques de l'ennemi contre lui, à tel point qu'un seul bras peut suffire »


À tel point que voir est inutile.

Une leçon qu'il tenait de son père, dont il revivait les entraînements passés aux côtés de son frère, tentant tout deux en vain de prendre le dessus sur lui.

Alors qu'il se contentait d'un seul bras.

Alors qu'il se contentait de son ouïe.

Quand le tranchant de la lame arriva sur lui, Zarbon s'abaissa presque instinctivement pour l'esquiver, pivota pour se retrouver de l'autre côté de son adversaire, qui lui était désormais au bord du précipice.

Se retourner était inutile.

Le plastron tranché de bas en haut, le cache-œil coupé en deux, sa vieille cicatrice ouverte à nouveau sur toute sa longueur, la même que celle infligée par le roi de Pomélo tant d'années auparavant, comme si quelqu'un avait guidé la main de l'aveugle.

Comme si cette silhouette spectrale qu'il pensait voir en tombant du toit, ressemblant étrangement à Seed Yūdaina, dans laquelle Zarbon semblait enveloppé à cet instant, était bel et bien réelle.



« Vous avez été incroyable ! Je ne saurai vous exprimer suffisamment ma gratitude ! »

Pansé par quelques bandages à l'épaule, au ventre et autour du front, la vue partiellement retrouvée, assis juste en face des deux criminelles attachés l'un à l'autre par l'officier de police qui s'était occupé d'aider à l'évacuation de la ruelle, Zarbon se sentait étrangement bien.

-Je vous assure que ce n'est vraiment rien !

-Vous plaisantez ? Vous avez su appeler au calme avant de demander aux gens d'évacuer, vous avez emmené ces deux voyous sur les toits pour éviter de provoquer des blessés et minimiser les dégâts matériels, et vous avez su les maîtriser sans les tuer ! J'ai rarement vu autant de sang-froid et de professionnalisme ! Croyez moi, on manque cruellement d'hommes comme vous dans la police galactique !

-Vous...vous le pensez ?

« Dis moi ptit gars ! » insista l'aimable mais non moins exubérant officier rondouillard,
« Tu n'as jamais pensé à t'engager ? Je suis certain que tu ferais un agents formidable ! »

-C'est très gentil à vous, mais je ne compte pas m'installer ici, alors...

-Tu aimes voyager c'est ça ? Mais tu sais, la police galactique patrouille dans tout l'Empire ! Avec ton accréditation en poche, tu pourras aller dans des tas d'endroits !

-Vraiment ? N'importe ou ?!

-C'est évident ! La justice n'a pas de barrière pas vrai ? Ou il y aura des innocents à protéger, nous nous rendrons sans hésiter ! C'est notre devise après tout !

-Moi...dans la police galactique ?

* * *

Des hurlements.

Des flots d'alcool.

Une fumée nauséabonde émanant certainement de produits illicites.

Une musique aussi assourdissante par son volume que par le growl pratiqué par le chanteur.

Des litres de sueur malodorante parfumant l'air déjà irrespirable.

Une lumière tamisée bien trop inquiétante pour ce lieu confiné et malfamé.

C'est dans cette atmosphère que s'aventurait Ranfu, sans vraiment savoir ou il mettait les pieds, suivant simplement le signal émettant de sa montre GPS. Le lieutenant, qui ne sortait jamais sans son armure de service mais s'était camouflé exceptionnellement sous un manteau marron aussi naturel que discret, se démenait pour éviter tout contact physique avec les truands et autres malfrats gesticulant et se bousculant les uns les autres tout autour de lui dans l'agitation générale, et se faufilait en direction de la source de cette hystérie, qui se trouvait aussi être l'endroit ou menait son signal.

Il l'avait deviné. Avait espéré se trompé. Il ne fut pas surpris d'avoir raison. Et au final, il ne put s'empêcher de bouillir intérieurement.

À l'intérieur d'une cage entourée par une foule aux airs bien peu fréquentables, le massif Dodoria, torse nu, cirant et luisant de transpiration, prenait un malin plaisir à refaire le portrait de tout ceux osant entrer dans la cage.

-Amenez vous bande de lopettes ! Ben quoi ? Y'a plus personne qui ose se mesurer au briseur de crânes ?!

Persuadé de n'avoir jamais donné son vrai nom ici, le Durian-seijin fut immédiatement interpellé lorsqu'il entendit quelqu'un brailler son prénom de manière autoritaire.

Ce n'est qu'en voyant Ranfu bousculer les organisateur pour entrer dans la cage qu'il se sut dans la mouise.

-Ra...Ranfu ? Comment est-ce que tu m'as trouvé ? Me dit pas que toi aussi tu traînes dans ce bar ?

-Bien sur que non, aucun soldat digne de ce nom ne fréquenterait un établissement aussi répugnant ? Si je t'ai retrouvé c'est grâce au mouchard que j'ai mis dans ta nourriture ce midi et que tu as avalé bêtement !

-Tu as fait quoi ?! De quel droit tu me pistes ?!

-Je te rappel que je suis ton supérieur et qu'il est de mon devoir de surveiller les fauteurs de trouble tel que toi ! Tu m'expliqueras plus tard ce que tu es venu faire dans un endroit pareil, suis moi immédiatement !

-Alors ça j'en doute ma mignonne.

Plus agacé que convaincu par les palabres de Dodoria, Ranfu s'approcha de la sortie, qu'il fut surpris de voir verrouillée.

-T'es rentré dans la cage, y'a qu'un moyen d'en sortir ! Alors amène toi !

-Je n'ai pas le temps de jouer à...

Interrompu dans son sermon par un énorme poing rose qui heurta les barreaux de la cage au lieu de sa tête qu'il avait décalé juste à temps, le lieutenant entra dans une colère noire, troqua son expression faciale de bon père de famille bien sous tout rapports pour celle d'un chien enragé, et en dépit de tous ses principes, rentra malgré lui dans le jeu de Dodoria.

Dans cet espace extrêmement exigu, les deux hommes commencèrent à se battre de la manière la plus primaire qui soi. Autant de poings en pleine figure que de clés de bras. Quand Dodoria entourait le cou de Ranfu entre ses bras pour ensuite se jeter avec lui à terre, le rouquin le forçait à lâcher en le mordant aux sangs. Quand Ranfu plaquait Dodoria contre les barreaux, le Durian-seijin répondait à coups de coudes contre sa tête jusqu'à ce qu'il recule.

Quand le chef barbare le faisait tournoyer au dessus de lui, Ranfu enroulait ses jambes autour de sa gorge pour l'étrangler et répliquait à coups de phalanges sur le sommet de son crâne. Quand le manchot devenait trop confiant à force d'enchaîner les coups, le briseur de crâne refroidissait ses hardeurs d'un terrible coup de boule rappelant qui avait la tête la plus dure dans cette cage.

Après plusieurs minutes de combats exténuant auquel les deux militaires récemment en manque d'action avait pris un réel plaisir, le regard de Ranfu s'illumina, comme ramené à la raison par une soudaine épiphanie. Lorsqu'il comprit que son précieux partenaire avait retrouvé ses esprits pour redevenir « le mec ennuyeux » dont il se plaignait tant habituellement, Dodoria préféra nier l'évidence et s'élança à nouveau sur lui pour le rappeler au combat. Mais pressé par le temps, Ranfu retira soudainement sa tenue de camouflage, et explosa la porte de la cage d'un rayon de flux à la puissance de feu parfaitement dosée.


Qu'est-ce que c'était que cette explosion ?
Vous avez vu ça, ce mec sait utiliser le flux !

Regardez ! C'est une armure de l'armée ! C'est un putain de soldat impérial !

On s'arrache en vitesse !

Foutez le camp, ces types sont des crevures de balances !


-Qu'est-ce que t'as foutu ! Maintenant je suis grillé je pourrai plus jamais venir dans ce bar !

Malgré le chaos qui régnait dans le bar et la colère bouillonnante de Dodoria, Ranfu attrapa les épaules du caporal en l'appelant par son grade.

-Je t'ai dit que la situation était urgente, le temps presse, alors écoute moi bien !

* * *

-C'est ici ?

Devant la porte d'entrée du logement de Danmarine, accompagné de Kiwi, Zarbon peinait à masquer son trac. Après confirmation du jeune garçon qu'il s'agissait du bon endroit, et quelques secondes pour se préparer psychologiquement, le prince appuya sur la sonnette. Il avait prévu au mot près ce qu'il allait dire.

Prévu de manière si mécanique qu'il commença à présenter ses salutations à Danmarine à peine la porte commença à s'ouvrir.

Prévu de manière si mécanique qu'il poursuivit sa phrase encore quelques instants avant de réaliser que la personne qui venait de lui ouvrir n'était pas Danmarine.

Prévu de manière mécanique, mais pas assez pour réagir calmement à la vue d'une femme entièrement nue lui demandant de la plus naturelle des manières ce qu'il venait faire ici, tandis qu'il n'eut à lui offrir en guise de réponse qu'un incompréhensible balbutiement semblant déclamé par une tomate tant son teint s'était rougi en une fraction de seconde.

Tout juste vêtu d'un pantalon qu'il tenait des deux mains pour ne pas le laisser tomber, Danmarine fit irruption dans le couloir en hurlant à la capitaine aux tendances exhibitionnistes de ne pas aller ouvrir la porte en tenue d’Eve.

-Eh, grand frère ! C'est qui celle là ? Qu'est-ce qu'elle fiche chez nous ?

-Ki..Kiwi ! Tu es là aussi ? Pourquoi est-ce que tu es là aussi ? Zarbon, tu n'es pas censé être en train de leur donner un cours ?

-Pa...Pardonnez moi. Je n'ai absolument rien vu.



« La police galactique, vraiment ? »

Confortablement installés autour de la table de la cuisine, une boisson chaude entre les mains, le quatuor avait pu s'expliquer longuement, préférant faire mine d'avoir oublié l'incident précédemment survenu, bien que la gêne de Zarbon à chaque regard lancé à la jeune femme désormais vêtue trahissait ses pensées, de même que celles de Kiwi, visiblement très contrarié par la présence de la grande rousse à son domicile.

-Il m'a dit s'occuper de tout et m'a demandé de venir le voir demain pour commencer la formation. Vivre sereinement au sein de l'Empire m'est impossible, et vous le savez, mais si je peux au moins servir une juste cause, alors...

-Je comprend parfaitement, ne t'en fais pas. Je doute qu'on te laisse sans surveillance pour le moment étant donné ton statut particulier, mais te savoir au sein de la police et surveillé en permanence par des professionnels arrangera certainement le haut commandement.

-Alors vous allez nous quitter, Zarbon san ?

Devant l'attendrissante moue du jeune garçon, Zarbon se sentit au moins obligé d'essayer de le consoler d'une tape sur la tête. La conversation reprit d'elle même, initiée par Zarbon qui semblait bien plus facilement s'adresser au Général, maintenant libéré d'un poids, et enivré à l'idée de pouvoir faire le bien même au sein d'un Empire qu'il jugeait profondément mauvais.

Ainsi qu'à la perspective de pouvoir s'envoler loin d'ici une fois la confiance de ses supérieurs acquise.

Mais ils furent rapidement interrompus lorsqu'ils entendirent quelqu'un tambouriner sauvagement à la porte. À la demande de son aîné, Kiwi s'occupa immédiatement d'aller voir de quoi il retournait. Avant même de voir arriver dans la cuisine les deux hommes que le garçon venait d'inviter à entrer, Danmarine avait bien deviné de qui il s'agissait.

-Je ne m'attendais pas à vous voir débarquer ensemble vous deux ! C'est amusant parce que voyez vous, vous n'êtes pas les premiers à...que vous est-il arrivé exactement ?

Les regards plein de perplexité des résidents et de leurs visiteurs s'expliquaient probablement par les visages défigurés des deux nouveaux venus, encore tristement amochés par leur puérile « distraction ». Mais jugeant la situation urgente – ce qui cette fois l'arrangeait bien s'il s'agissait de s'éviter d'avoir à s'expliquer – Ranfu se permit de presser quelque peu son supérieur.

-Allons allons, calme toi Ranfu, qu'y a-t-il de si urgent ?

-Mon Général, lorsque vous avez quitté tantôt le quartier général, j'ai reçu la visite de Tagoma sama, il était à votre recherche, sur ordre du Général Suprême.

-Tagoma ? Il est bien rare qu'il veuille s'entretenir avec moi, de quoi s'agit-il ?

-Mon Général...vous et vos hommes êtes appelés au front, le départ est prévu pour ce soir.

-Ce soir ? Si vite ?

La surprise de chacun était évidente, presque aussi palpable que la déception de Kiwi qui apprenait le départ de son frère avant même d'avoir fini d'accuser le coup de celui de Zarbon. Alors que le calme avait prit possession de la pièce, Danmarine retrouva malgré tout le sourire et tenta de motiver ses troupes.

-Allons, je t'ai déjà vu plus combatif que ça, Ranfu. Toi qui avais hâte de retourner au combat. Ce n'est pas la première fois qu'on fait appel à nous dans des délais aussi courts. Je sais que tu étais heureux de passer un peu de temps avec ton fils, mais dis toi que ce n'est pas si mal ! Je veux dire, ce n'est pas comme si on nous envoyait sur Ikonda, pas vrai ?

À nouveau, plus un bruit. Le silence étouffa instantanément le rire de Danmarine qui n'eut qu'à regarder la figure déconfite de Ranfu pour comprendre. La nouvelle était floue pour Zarbon, plus que pour Dodoria qui avait été mis au courant de la situation au préalable. Mais pour les autres, le coup de masse était lourd à encaisser. Sobrement, le Général posa la question dont l'évidence n'avait d'égale que celle de sa réponse.

-Lieutenant...quels sont nos ordres ?

-Mon Général. L'objectif de la mission est la planète Ikonda. Besoin de renforts immédiat. L'assaut final va être lancé. Aucun rapatriement avant la victoire totale.



«Plutôt être envoyé sur Ikonda»



«C'est ça ?»

* * *

Debout, sur la carcasse de ce vaisseau délabré écrasé au milieu de cet énorme cratère, entouré d'un brasier de flammes aux reflets de jade, serrant dans son unique main la gorge de sa dernière victime qu'il soulevait devant lui.

À demi conscient, se demandant s'il se trouvait en enfer, ou dans le monde des vivants. Se demandant si cela faisait une grande différence. Admirant le carnage dont il était responsable, persuadé d'avoir une dernière fois massacré quelques sympathisants de Freeza avant de rendre l'âme, et respirant cet air empli de souffre et d'une dérangeante odeur de mort.

Le Pomélo-seijin pensait qu'il s'agirait de son ultime satisfaction, de son ultime service rendu aux princes Yūdaina. Mais plus il se focalisait sur ses sens encore vaguement fonctionnels – principalement pour ressentir la chaleur des flammes sur sa peau et entendre leur crépitement si doux à son oreille – et plus il avait cette persistante impression d'entendre un son se distinguer. Un son venant du haut du cratère.

Des claquements.

Non, des applaudissements.

Le manchot porta son regard dans la direction d'où semblait provenir ce son émanant probablement de sa prochaine et dernière victime, le poussant à se désintéresser du cadavre qu'il étranglait depuis déjà bien trop longtemps, et qu'il lâcha donc dans le vide, pour offrir tout son intérêt à ce nouveau venu, qui, aussi étonnant que cela puisse paraître, applaudissait toujours.

Cet homme d'une taille inhabituellement grande, plus de deux mètres, portant une étrange et sombre robe aussi longue que sa chevelure corbeau. Cet homme au visage dissimulé derrière un étrange masque d'ivoire scindé en deux parties égales, l'une représentant la moitié du visage d'un homme, et la seconde, celui d'une femme, chacune dessinées sous des traits archaïques.

Cet homme qui de ses mains vêtues de gants en acier cloutés, cessa d'applaudir, et commença à parler d'une voix sonnant d'outre-tombes, et pourtant si douce à la fois.

-Voilà bien longtemps que je n'avais assisté à un tel spectacle. La vie, laissant place au trépas. La laideur, à la beauté. Le courage, à la couardise. Tout ceci, en un instant, aussi éphémère de par sa nature que chacune des choses souillées par ta présence, envolé, ne laissant derrière qu'une ombre. Une émotion.

Peu captivé par ces palabres théâtraux, Jatoron, le visage livide et sans expression, leva la main vers le dramaturge qui n'eut qu'un mot à prononcer pour que son mouvement ne s'arrête de lui même, nettement, comme obéissant à un instinct de survie encore bien vivace malgré son état, le sauvant de la mort imminente qui menaçait de s'abattre sur lui à l'instant ou cette présence terrifiante et oppressante lui donna un ordre.

-Je ne ferai pas cela si j'étais toi. Pas dans un tel état. Pas à quelqu'un comme moi. Ce vaisseau n'est pas le tient. Tu es un ennemi de Freeza, n'est-ce pas ?

Sentant la menace s'estomper, l'ancien assassin du roi baissa complètement le bras, et commença à ressentir le contre-coût de tels efforts, peinant même à tenir sur ses jambes.

-Toute chose tire sa magnificence de sa fragilité, de la fatalité, vouée à s'effacer pour revenir au néant d’où elle est issue. Mais toi, mon ami, ton rôle n'a pas encore atteint l'apogée à laquelle son inéluctable extinction brillera de mille feux.

À bout de forces, et épuisé encore davantage par l'assommant discours de cet homme commençant à se dessiner comme un allié, le bretteur de Pomélo sombra à nouveau dans l'inconscience et chuta du nez de l'appareil ou il se trouvait perché.

Rattrapé d'une main par ce mystérieux individu soudainement apparu au centre du cratère, portant le blessé sur son avant bras, et l'observant longuement au milieu de ce brasier vert, avant de disparaître avec lui derrière les flammes.

* * *

Grondements, souffles et vrombissements jouaient de concert à l'astroport de Freeza 79 pour annoncer le départ imminent des troupes envoyées sur le front le plus redouté par l'armée, résistant à l'Empire depuis près d'une vingtaine d'années, et père de plusieurs dizaines de millions de décès.

C'est en deuil, et à reculons, que la plupart des hommes convoqués par le Général Suprême PuiPui se rendaient aux transports militaires prêts au décollage, mais l'exception confirmant la règle était sans doute Dodoria, le sourire montant jusqu'aux oreilles, et plus excité que jamais à l'idée d'aller se battre.

Lui, Ranfu et Rubī embarquèrent les premiers, laissant Danmarine en arrière, retenu par son jeune frère qu'il tentait de consoler au mieux avant son départ.

Touché et dérouté par ce tableau, Zarbon ne vit contre toutes attentes que peu d'hommes ravis d'aller au combat. Alors qu'il souhaita sobrement bonne chance au Général, ce dernier caressa une dernière fois la tête de son jeune frère au bord des larmes, puis le quitta sur un dernier clin d’œil confiant. Voyant celui qu'il considérait comme son père prendre la route pour l'enfer, le jeune garçon, aussi ardemment souhaitait-il croire qu'il reviendrait sain et sauf, ne put s'empêcher de penser au pire.

-Grand frère ! Promet moi que tu vas revenir ! Promet le moi !

Tout autour, les transports décollaient un à un. Danmarine poursuivit sa voie vers la rampe d'accès de l'embarcation qui leur était attribuée, portant son sac d'affaires par dessus l'épaule. Et d'un ton assuré, sans même se retourner vers lui de peur de voir couler ses larmes, le Général lui fit cette promesse à laquelle s'accrocherait le jeune garçon.

-Quoi ? Tu as peur pour moi ? Tu devrais savoir que personne ne peut me vaincre, il ne peut rien m'arriver, pas même sur Ikonda. Soit sur que je serai bientôt de retour. Après tout...

« Un Général ne doit jamais faillir à son devoir »

Derrière le fier Général, la porte du dernier vaisseau se referma avant que celui-ci ne décolle finalement. Désirant faire honneur à son frère, Kiwi sécha ses larmes, repoussa la main chaleureuse de Zarbon qui lui tenait l'épaule en guise de réconfort, et s'avança jusqu'à l'extrémité de la plate-forme d'atterrissage pour observer cette pléiades de gigantesques navires célestes quitter l'atmosphère.

Seul face à l'horizon, et en réponse à la promesse de son frère, Kiwi fit le serment de ne plus verser une larme jusqu'à son retour, et de revenir ici chaque semaine guetter son arrivée.

Petit à petit, le spatioport se vida. Zarbon lui aussi finit par quitter les lieux, laissant le jeune Actinidia-seijin seul face à l'horizon, au bord de cette plate-forme donnant vue sur les contrées sauvages de Freeza 79.

Cette plate-forme sur laquelle il revint, chaque semaine, le même jour, à la même heure.

Cette plate-forme, sur laquelle se tenait ce jeune adolescent, guettant son arrivée.

Le même jour, à la même heure.

Trois ans après son départ.

À suivre !
Un Général...ne doit jamais faillir à son devoir - Les Chroniques d'une Guerre

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Re: Dragon Ball Extended Universe : Les Chroniques d'une Gue

Messagepar biskus le Jeu Juin 14, 2018 19:38

Bon ce chapitre ma fait ressentir de bonne émotions , je me suis pris au jeux des états d'âmes de chacun , cetait vraiment poignant et la petite phrase de fin ma fait vibrer et soulever plein de question quid de danmarine vivant ou non . Les interactions du futur commando son sympa et le coup de la transformation partielle et bienvenue ( dailleur si il ne cetait pas brider contre le pirate sa aurait ete rapide . Je me demande en quel occasion on va le voir se transformér complètement ) .
Ta fic est un régal de prequelle concernant la futur garde rapprocher de freeza et sa team spéciale .
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Re: Dragon Ball Extended Universe : Les Chroniques d'une Gue

Messagepar Imate le Sam Juin 16, 2018 0:12

Merci beaucoup de ton retour, c'est toujours plaisant de voir un lecteur satisfait et mis en haleine par la fin du chapitre^^

Pour répondre à ta question, Zarbon s'est transformé une seule fois jusqu'ici, dans le chapitre 19. C'est une chose qu'il évite le plus possible, tant cette forme le répugne.

biskus a écrit:Ta fic est un régal de prequelle concernant la futur garde rapprocher de freeza et sa team spéciale .

Franchement, merci, ça fait très plaisir :wink:
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Re: Dragon Ball Extended Universe : Les Chroniques d'une Gue

Messagepar omurah le Jeu Juin 21, 2018 17:02

Mais cette fin putaing !
J'ai beaucoup aimé de nombreux passages, et passé en diagonale sur quelques autres (généralement les combats), je trouve Rubi et Danmarine vraiment mignons, et je me demande encore pourquoi jusqu'ici tu n'as pas tellement travaillé le duo Dodoria-Zâbon (je veux dire, en tant que "duo"), je parie que c'est à dessein et que tu as prévu des trucs :P (ou alors tu ne les voies pas comme un duo, ce qui ne saurait être illégitime comme point de vue :P)
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