[Archive] Un Prince nommé Végéta - terminée

Faîtes-nous partager votre fibre littéraire en écrivant votre propre histoire mettant en scène les personnages de Dragon Ball et, pourquoi pas, de nouveaux ! Seules les fanfictions textes figurent ici.

Re: [Archive] Un Prince nommé Végéta - terminée

Messagepar omurah le Dim Nov 06, 2016 17:42

C'est marrant, j'aurais pensé que cette fic plus longue. Bon du coup je vais lire ce qu'il me reste d'une traite, dès que j'ai un peu de temps :3

Merci pour le partage Antarka !
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Re: [Archive] Un Prince nommé Végéta - terminée

Messagepar Antarka le Lun Nov 07, 2016 4:42

Y'a la suite "Chronique de l'autre monde" à poster encore, a peu près aussi longue je crois. D'ou l'erreur de ton inconscient pi etre :)
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Re: [Archive] Un Prince nommé Végéta - terminée

Messagepar Pedro le Lun Nov 07, 2016 22:54

Bonjour,

où peut on trouver ces "chroniques de l'autre monde"?
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Re: [Archive] Un Prince nommé Végéta - terminée

Messagepar Antarka le Lun Nov 07, 2016 23:11

Sur mon google drive. Blague a part si je postais une fiction qui n est pas de moi c est parce qu on la trouvait pu sur le net.

Pi etre que la suite est trouvable. Mais j en doute.

Je posterais la suite mais houla, je donnerais aucun delai.
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Re: [Archive] Un Prince nommé Végéta - terminée

Messagepar omurah le Mar Nov 08, 2016 19:12

Antarka a écrit:Y'a la suite "Chronique de l'autre monde" à poster encore, a peu près aussi longue je crois. D'ou l'erreur de ton inconscient pi etre :)

Exact, haha ^^

Si la fin de "Un prince nommé Végéta" me tient en haleine, je saurai attendre aussi patiemment qu'il faut que "Chronique de l'autre monde" soit postée ^^, c'est déjà très cool de ta part d'avoir partagé la première partie. Je n'ai plus qu'à prier pour qu'elle se suffise à elle-même dans une certaine mesure lol, histoire de ne pas trop avoir à compter les jours pour la suite :mrgreen:
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Re: [Archive] Un Prince nommé Végéta - terminée

Messagepar Supaman le Sam Fév 17, 2018 20:06

Ah mais je croyais que tu avais la suite, Antarka.

Du coup, je vous la mettrais dans la semaine pour ceux que ça intéresse.
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Re: [Archive] Un Prince nommé Végéta - terminée

Messagepar Antarka le Sam Fév 17, 2018 21:42

Ah oups.

J ai oublié :mrgreen:

Ok je te la laisse Supaman
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Re: [Archive] Un Prince nommé Végéta - terminée

Messagepar Epsibalt le Lun Mai 20, 2019 8:24

Je suis pas l'auteur de cette fiction, je me permet de continuer le travail d'Antarka en mettant la 2nde partie de la Fanfic de Vincent Eymet (merci !) :

— Naissance —

A l'origine de l'univers était le Grand Créateur. Il lui avait suffit d'une pensée pour créer l'univers. Avant la naissance de l'univers, il n'y avait absolument rien -- ni temps, ni espace, ni énergie d'aucune sorte. Le Grand Créateur était parfait, pur esprit qui cherchait un moyen d'enrichir encore sa spiritualité. C'est pourquoi il avait décidé que tout devrait commencer : l'explosion initiale, qui donna ensuite vie à toute matière, par une suite compliquée d'interactions quantiques. Et il décida que plus tard viendraient les êtres vivants pour peupler cet univers matériel vide, sans pour autant décider à l'avance de leur apparence ni de la façon dont ils penseraient, ni de leurs capacités. Il laissait cela à l'évolution.

Le seul but du Grand Créateur était de donner une chance d'existence à un certain nombre d'être vivants, afin qu'ils puissent, par leur travail, leur réflexion, leurs efforts, s'enrichir et progresser, pour finalement être de nouveau absorbés dans le grand Tout. Le Grand Créateur installa donc également les êtres chargés de faire régner certaines règles dans cet univers : les Dieux suprêmes, le Prince de l'autre monde, les quatre Rois, et une entité divine sur chaque planète sur laquelle la vie se développerait. Mais à part l'acte de création initial, le Grand Créateur n'interviendrait plus dans la gestion de cet univers. A part pour une seule autre fois : l'univers aussi viendrait à mourir.

Le Grand Créateur n'était ni bon ni mauvais. Il était simplement. Donc l'univers serait à son image : bon et cruel à la fois. Certains peuples seraient enclins à la guerre, d'autres au développement des sciences et à la paix universelle. Et il y aurait Shi.

Shi fut la seule créature que le Grand Créateur matérialisa. Ce fut la seule dans toute l'histoire de l'univers, tout le reste étant laissé au hasard. Shi avait pour but de détruire l'univers lorsque le temps serait venu -- là encore, le destin serait seul juge du moment approprié. Mais la probabilité la plus forte était que l'apparition d'êtres suffisamment puissants, susceptibles de changer le cours de l'histoire, entraînerait automatiquement le réveil de Shi. Ces êtres, capables de manipuler suffisamment d'énergie pour mettre des races entières en danger devraient être exterminés. Ceci ne pourrait cependant se faire qu'à un seul prix : celui de la destruction totale de toute vie et de toute matière. Mais pour protéger l'univers de son sort fatal, le Grand Créateur instaura également un peuple de Gardiens, dont la mission serait de maintenir Shi sous sa forme initiale de petite sphère noire. Et de faire en sorte qu'il ne se réveille jamais, ou qu'il ne s'échappe pas. Ce jour là, le destin de l'univers serait définitivement fixé.

Shi était en fait une part du Grand Créateur. Pour que l'ordre des choses soit respecté, pour que la loi fondamentale de l'équilibre cosmique soit respectée, il faudrait que l'univers retourne à sa forme originelle un jour, la forme la plus pure, mais aussi la plus désorganisée : l'énergie libre. Toute la matière composant cet univers était composée d'énergie, et Shi aurait le pouvoir de déstabiliser suffisamment tous les liens faisant que l'énergie se manifeste sous forme de matière "solide" pour que toute cette énergie soit de nouveau libérée, et que l'univers s'éteigne. Tous les êtres vivants mourraient alors, mais la mort n'importait pas. Ils rejoindraient simplement le grand Tout un peu plus vite.

Une fois que Shi aurait détruit l'univers, et que tous les êtres vivants se seraient éteints aussi, le Grand Créateur aurait alors récupéré l'ensemble de l'énergie qu'il avait investi dans la création de l'univers, plus une somme inimaginable de savoirs et d'expériences, qui feraient alors partie intégrante de lui-même. Mais tout ceci prendrait place lorsque tous les êtres mortels auraient fini leur vie. Ces êtres ne seraient pas morts pour de bon, ils iraient tous dans l'autre monde, en enfer ou au paradis suivant ce qu'ils apportaient au Grand Créateur -- ce qu'il avait du définir comme le bon et le mauvais. Mais leur existence matérielle serait bien finie.

L'univers détruit, le Grand Créateur aurait atteint son but, et il se retirerait de l'endroit où il avait du s'incarner pour observer le déroulement des choses -- car il apprendrait au fur et à mesure que le fil du temps se déroulerait. Rien ne pouvait troubler ce plan grandiose, aucun détail ne pouvait échapper au Grand Créateur.

Pourtant, aussi inexplicable et incroyable que ça puisse paraître, le Grand Créateur ne se retira pas une fois que Shi eut accompli son vœu, quelque chose avait mal tourné dans le déroulement des événements. Le Grand Créateur venait d'avoir la preuve que ceux-là même qui étaient inconsciemment à l'origine de la disparition de leur univers avaient pu survivre à l'extinction de toute vie. Ceci n'aurait jamais du se produire. Désormais, le Grand Créateur n'avait plus aucun contrôle de la situation. Et il attendrait patiemment que ces êtres le rejoignent à leur tour pour agir de nouveau.

- Fin -
Dernière édition par Epsibalt le Ven Sep 03, 2021 9:36, édité 2 fois.
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Re: [Archive] Un Prince nommé Végéta - terminée

Messagepar Epsibalt le Lun Mai 20, 2019 8:30

Je suis pas l'auteur de cette fiction, je me permet de continuer le travail d'Antarka en mettant la 2nde partie de la Fanfic de Vincent Eymet (merci !) :

+ + Chroniques de l’Autre Monde

par Végéta

— Chapitre 1 —


Spoiler
Trois mois s'étaient écoulés depuis les événements terribles qui avaient eu pour principale conséquence la destruction de l'univers. La petite troupe vivait maintenant sur la planète des Dieux ; étant donné que celle-ci était située dans l'autre monde, et ne faisait pas partie du même univers que les mondes inférieurs sur lesquels vivaient les créatures mortelles, elle n'avait pas été concernée. Il y avait là Gokuu et Végéta, leurs familles respectives, Krilin, C18 et Marron, et plus généralement tous les amis proches de Gokuu : Yamcha et Plume, Tenshinhan et Chaozu, Tortue Géniale et Oolong, sans oublier Uubu, ses parents, Dunde, Piccolo, Maître Karine et Mr. Popo, ainsi que les deux Gardiens Kai et Saki. Tout ce petit monde avait débarqué sur la planète des Dieux, au grand dam de ces derniers, qui avaient vu leur tranquillité irrémédiablement brisée.

Depuis les derniers mois, la vie avait repris un cours normal pour nos amis. Les Saiyens, leurs fils et autres combattants passaient le plus clair de leur temps à s'entraîner et à manger, car il n'y avait franchement pas grand chose d'autre à faire sur cette planète. Quant aux autres, comme Chichi et Bulma, ainsi que Yamcha, Krilin et quelques autres, n'ayant pas ou plus goût au combat, passaient leurs journées à visiter les alentours. La planète était tout à fait agréable à vivre -- après tout, elle avait été créée pour les Dieux -- et ils commençaient à réellement apprécier leur nouvelle existence. Il suffisait de quelques heures de marche pour découvrir des paysages d'une beauté à couper le souffle : des forêts vertes et denses, dans lesquelles vivaient de nombreuses espèces d'animaux, et arrosées de courtes averses de pluie fine et chaude qui soulevaient des vapeurs fortement parfumées par les diverses essences végétales aux senteurs profondes. Des montagnes dont le pied baignait dans des océans d'herbe ondulant sous une douce brise, et dont les sommets enneigés étaient perdus dans de légères brumes bleutées. Des lacs miroitants sous l'éclat des multiples soleils de la planète, aux eaux infiniment transparentes, fraîches durant la chaleur de la journée. Le ciel lui-même était d'un bleu profond, souligné d'un léger ourlet mauve sur l'horizon, et l'air était parfaitement transparent, privé de toute pollution.

En fait, tout n'était qu'harmonie sur ce monde. Les vallées et les collines, aux courbes exquises, étaient tapissées d'une herbe drue et douce dans laquelle il faisait bon s'allonger pour une sieste à l'ombre de vieux arbres touffus. La vie était présente partout : les insectes peuplaient le moindre repli d'écorce, les oiseaux aux vives couleurs emplissaient les taillis de leurs chants mélodieux, et de grands mammifères traversaient les prairies en troupeaux paisibles. Les arbres donnaient pour la plupart des fruits sucrés et juteux, qui fondaient sous la langue. Et partout, des fleurs colorées s'épanouissaient à la moindre rosée ou averse.

Bulma comprenait maintenant le concept de paradis. Elle ne s'était jamais sentie aussi bien de sa vie. Bien entendu, ce sentiment était en grande partie dû au fait que dès son arrivée dans cet endroit, elle avait retrouvé un corps de jeune fille -- grâce au vieux Doyen -- mais même lorsqu'elle avait eu vingt ans, elle n'avait jamais connu un tel état de plénitude. Ce monde semblait dépourvu de toute maladie, ses muscles avaient acquis une tonicité et une fermeté incomparable qui procuraient une allégresse permanente, et même les légères blessures qu'elle avait eue guérissaient en des temps record. C'était comme une nouvelle naissance, ou une résurrection. Elle avait entendu le vieux Dieu grommeler quelque chose à propos d'une protection magique qui régnait sur cet univers, mais elle n'avait pas tout compris en détail. Peu importe, la vie sur cette planète était infiniment plus agréable que la vie terrestre. Même si elle était triste d'avoir perdu ses amis, et aussi ses parents, lors de la catastrophe qui avait anéanti tous les êtres vivants de l'univers mortel, elle était en un sens réconfortée par ses nouvelles conditions de vie. De plus, elle savait parfaitement que les êtres auxquels elle tenait vivaient maintenant une nouvelle existence, dans l'autre monde.

Le petit groupe s'était vite accommodé à la vie sur la planète des Dieux. Dès le premier soir, ils avaient construit des huttes de bambou dans lesquelles ils vivaient en famille. Le problème de la nourriture ne se posait pas : les arbres fournissaient toutes les sortes de fruits envisageables, les eaux étaient poissonneuses et les forêts pleines de gibier. De plus, le climat était doux, légèrement chaud dans la journée, mais l'air se rafraîchissait dans la nuit. Bulma avait souvent été réveillée par des cris de grands animaux, sans doute des prédateurs, mais elle n'en avait jamais rencontré lors de ses promenades en forêt.

Bulma détourna son regard de la vaste prairie, pour retourner à la réalité. A quelques dizaines de mètres derrière elle se préparait le repas de midi. Ou plutôt le festin de midi. Les Saiyens et demi-Saiyens ne connaissaient plus de limites sur ce monde : non seulement ils passaient leur temps à faire de l'exercice physique, mais eux aussi ressentaient les effets de la 'résurrection', terme sous lequel Bulma désignait l'état de plénitude permanente dans lequel ils vivaient tous à présent. Dans ces conditions, ils avalaient des quantités phénoménales de nourriture chaque jour. Les gènes Saiyens de Gokuu, Gohan, Goten, Trunks et Végéta, sans oublier Pan et Bra, s'étaient réveillés. Déjà les deux fillettes manifestaient un appétit digne de leurs aînés. Pour leur compte, Gohan, Goten et Trunks ne s'étaient jamais senti aussi bien de leur vie qu'en cet endroit.


Un petit point noir apparut à l'horizon, et se mit rapidement à grossir. C'était Gokuu, qui atterrit à faible distance du groupe ; il ramenait sur son visage un sourire enfantin, et sur ses épaules, ce qui ressemblait à un gigantesque animal. La bête était immense, poilue, et morte. Du sang maculait la tenue de Gokuu, mais celui-ci s'en moquait. Il s'avança, et déposa sa proie au sol. Bulma, avec une moue de dégoût, crut reconnaître une sorte d'ours préhistorique. Elle frissonna une première fois en découvrant la gueule du monstre, fournie de crocs immenses, et une seconde fois lorsque Gokuu trancha d'un geste vif le ventre de l'animal pour commencer à en extraire les viscères. Gokuu avait toujours eu un goût affirmé pour tout ce qui était gros et dangereux, surtout quand c'était comestible. Bra et Pan s'approchèrent en courant, les bras tendus sur les côtés, et se mirent à faire des cercles autour de l'animal. Elles décidaient déjà de la répartition qui serait faite des meilleurs morceaux, une fois le monstre grillé au-dessus d'un tapis de braises. Uubu et Marron finissaient d'apporter des branchages sur le bûcher déjà impressionnant. D'un rapide mouvement de la main, Uubu mit le feu au bois, qui commença à se consumer rapidement. Non loin de là, Gokuu lui sourit, et le remercia d'un hochement de tête. Bulma remarqua le regard admiratif de Marron devant les pouvoirs d'Uubu. Elle était souvent en sa compagnie, depuis peu -- depuis que Marron s'était rendu compte de la nature des relations entre Goten et Hana, en fait. Le dernier vœu de Namek avait été de transporter la famille et les amis proches du groupe qui avait participé au combat contre Shi. Hana avait fait partie des élus. Ce qui signifiait clairement ce que pensait le Dragon du lien entre Goten et son amie.

Justement, Hana et Goten se disputaient en ce moment même. Bulma remarqua qu'en fait, c'était principalement Hana qui faisait la 'discussion' : les mains sur les hanches, elle reprochait vertement à Goten de l'avoir une fois de plus laissée toute seule pendant toute la matinée, et de préférer la compagnie de Trunks et de son père à la sienne. Goten semblait ennuyé, attendant que l'orage se dissipe. Il était habitué à ces reproches quotidiens, et il se contentait désormais de sourire, sans rien tenter pour se défendre, en se grattant la nuque d'une main. Il se demandait si son père et son frère avaient connu les mêmes difficultés en leur temps, ou si Hana était unique en son genre.

Bulma soupira, et s'écarta légèrement du groupe. Elle passa à quelques pas du Doyen, qui était en méditation, les jambes serrées en tailleur et les yeux fermés ; il ne devait pas méditer très activement, car Bulma sourit en l'entendant grommeler de nouveau à propos du boucan que faisaient les Terriens, qui l'empêchaient de se concentrer.

Lorsque Bulma eut fait quelques centaines de mètres, après avoir contourné une petite butte, elle s'immobilisa, croisa les bras, et se retrouva seule face à un paysage qu'elle connaissait bien désormais. La grande plaine s'étendait à perte de vue, et l'herbe ondoyait sous l'effet du vent qui soufflait en courtes rafales ; elle aimait comparer cette étendue verte, animée de larges vagues en forme de croissant de lune, à un océan en perpétuel mouvement. Pendant quelques instants, elle laissa son esprit dériver, comme pour entrer en harmonie avec la beauté de ce qu'elle voyait.

Une main se posa sur son épaule, et Bulma sursauta légèrement. Végéta. Elle ne l'avait même pas senti approcher. Il arrivait toujours dans les moments les plus inattendus.

Tournant légèrement la tête vers lui, Bulma constata qu'il fixait lui aussi la plaine du regard. Il ne l'avouerait jamais ouvertement, mais elle savait qu'il appréciait lui aussi sa nouvelle existence dans ce véritable paradis. Elle savait qu'il passait de longs moments en compagnie de Gokuu ou de leurs fils, à s'entraîner, mais il disparaissait aussi pendant des journées entières certaines fois. Elle n'avait jamais pu lui faire avouer ce qu'il faisait pendant ces moments là, mais elle l'imaginait facilement. Ce que Végéta aimait par-dessus tout, c'était le calme de cette grande planète déserte. La solitude ne le gênait pas, il était même du genre à pouvoir se passer des autres. Elle le soupçonnait de passer des journées à errer dans les étendues vertes de la planète, à la recherche de tout ce qui était comestible pour lui.

"Ca va bien aujourd'hui ?" demanda t-elle. Lorsqu'elle s'était réveillé ce matin là, Végéta n'était plus à ses côtés, comme chaque matin. Le Saiyen acquiesça d'un geste de la tête, sans détourner son regard de la prairie.

"Tu as faim, je suppose," continua t-elle. Il acquiesça une nouvelle fois. Bulma soupira.

"Tu es un estomac monté sur pattes, tu le sais ?" Nouveau hochement de tête, accompagné d'un léger sourire cette fois-ci.

"Qu'est-ce que tu attends pour rejoindre les autres ? Gokuu est allé chasser, dépêche-toi sinon il ne te restera rien du tout."

"Je ne m'inquiète pas pour ça," finit-il par annoncer. "Je peux me débrouiller pour manger." Sa main remonta lentement de l'épaule de Bulma jusqu'à sa nuque ; puis ses doigts souples se mirent à lui gratter le cou, tout doucement, effleurant les courts cheveux à la base de la tête. Bulma soupira sous l'effet de la sensation. Elle pouvait lui faire confiance ; il savait exactement comment s'y prendre.

"Je ferais mieux d'aller retrouver Chichi et Videl," fit Bulma, en se détournant. "Elles vont se demander où je suis passée." Elle fit quelques pas en direction du groupe.

"Ne t'en fais pas," fit Végéta. Bulma n'eut pas le temps de se rendre compte de ce qui se passait ; elle se retrouva dans les bras de Végéta, légèrement surprise de la rapidité et de la douceur avec laquelle il l'avait soulevée. Puis il s'envola tout aussi rapidement, et elle dut enrouler ses bras autour de son cou, un peu effrayée de l'altitude et du vent qui lui coupait le souffle. "Elles se débrouilleront sans toi," ajouta t-il. Les sourcils de Bulma se soulevèrent.

"Tu m'emmènes où comme ça ?" demanda t-elle, plus étonnée que furieuse d'avoir été 'enlevée' de la sorte. Il ne répondit rien, se contentant de scruter le sol à la recherche de quelque chose qui puisse leur servir de repas.

Gokuu releva un instant la tête, et jeta un rapide coup d'oeil dans le ciel. Il sourit brièvement, et continua de faire tourner la gigantesque broche sur laquelle se trouvait sa proie. Autour de lui, le groupe s'assemblait lentement pour prendre part au repas.

***

Bulma jeta un regard autour d'elle. Elle avait une sensation étrange. Après avoir survolé la planète pendant quelques minutes, ils étaient arrivés au-dessus d'une immense forêt. Végéta s'était arrêté tout à coup, puis il avait atterri. Il avait déposé Bulma au sol, en lui demandant de l'attendre, et il avait bondi gracieusement dans les hauteurs des frondaisons. Pfuit, disparu. Bulma avait eu beau l'appeler, c'était le rire moqueur des perroquets qui lui avait répondu.

Bulma fit quelques pas dans la verdure. Elle était perdue au beau milieu de la plus épaisse forêt qu'elle ait jamais vue. Le climat devait être tropical dans cette zone, car l'atmosphère était lourde, chargée d'humidité. Au bout de quelques minutes de marche, sa peau devint moite, et se recouvrit d'une pellicule de transpiration. La chaleur n'était pas oppressante, car l'air était tellement chargé d'eau que le simple fait de respirer la rafraîchissait. Mais ce qui l'étonnait le plus, c'était la végétation. Elle était omniprésente. Les grands arbres s'élevaient jusqu'au ciel, et cachaient presque la lumière des soleils. De longues lianes descendaient des hauteurs pour venir prendre racine au sol. Plus modestes, des plantes aux larges feuilles décolorées par l'absence de lumière s'élevaient à quelques mètres de hauteur. La terre était elle aussi chargée d'humidité, et de petites flaques d'eau parsemaient le sol rocailleux.

Au bout de plusieurs minutes, elle s'avança de quelques pas dans la forêt. Végéta ne revenait pas, elle se demandait bien pour quelle raison il l'avait amenée jusqu'ici si c'était pour disparaître immédiatement. Bulma écarta quelques branches qui gênaient sa progression, puis elle commença son exploration -- tant pis pour Végéta, il la retrouverait comme il pourrait. A son approche, une multitude d'oiseaux colorés s'envolèrent, formant comme un arc-en ciel qui se dissipa rapidement dans les arbres. Bulma aperçut également quelques singes, qui se tenaient à une distance respectueuse d'elle. Ils n'avaient sans doute jamais vu d'humain auparavant. Bulma jeta un nouveau regard dans les hauteurs. Elle ne voyait toujours pas Végéta revenir. Tant pis pour lui, elle allait continuer de marcher encore un peu.


Le Saiyen avançait lentement, sautant prestement d'une branche à l'autre sans faire le moindre bruit. Bulma agissait exactement comme il le souhaitait. Tous ses sens étaient en éveil. Il pouvait percevoir la vie autour de lui, et son regard exercé lui permettait de déceler le moindre danger dans cet environnement spécial. Tout n'était que verdure, et un autre moins agile que lui n'aurait sans doute pas pu détecter les formes mouvantes qui se fondaient parfaitement dans le feuillage. Ici un serpent qui se glissait le long d'un tronc, là une araignée tissant sa toile mortelle.

Végéta tressaillit légèrement lorsque l'odeur qu'il attendait lui parvint. Une odeur très diffuse, presque imperceptible dans les vapeurs montant du feuillage. Les muscles de son dos se raidirent. Il bondit sur une nouvelle branche, sans même faire bouger une feuille, et il redoubla d'attention. La chasse était ouverte.


Bulma déboucha sur un paysage qui lui coupa le souffle. Elle se trouvait dans une large clairière, où quelques rayons de soleil parvenaient à percer la voûte verte du feuillage. Mais le sol ferme de la forêt était maintenant remplacé par un petit lagon. Des pierres blanches formaient un dallage irrégulier. Entre les pierres, une eau claire et légèrement bleutée recouvrait un sable jaune et fin. L'eau n'était profonde que de quelques centimètres, et Bulma retira ses chaussures pour marcher, non pas sur les pierres, mais dans l'eau ; elle était chaude, et la sensation du sable sous ses pieds était merveilleuse. Elle traversa ainsi l'étendue d'eau sur toute sa longueur, soulevant à chacun de ses pas un petit nuage de poussière qui se redéposait rapidement. Lorsqu'elle arriva de l'autre côté, elle prit pied sur une plage qui faisait face à un mur de végétation. Bulma se retourna pour contempler silencieusement le paysage.

Elle ne perçut qu'un léger craquement, et elle eut tout juste le temps de se retourner, surprise par le bruit. A une vingtaine de mètres d'elle, à la bordure de la forêt, venait de surgir un grand fauve. C'était une sorte de tigre immense, au pelage jaune rayé de rouge, et plus haut qu'un homme. De sa gueule sortaient deux crocs blancs et immenses. L'animal poussa un feulement terrible et se ramassa sur ses pattes arrière ; puis il s'élança souplement vers elle. Bulma poussa un cri strident, un cri de terreur.

Terrifiée, elle ne put même pas fermer les yeux. Le fauve fut au-dessus d'elle en une fraction de seconde. A en juger par sa taille, il n'allait faire qu'une bouchée d'elle. Il s'abattait déjà sur elle lorsqu'une silhouette jaillit d'un arbre proche, tel un diable de sa boite. Il y eut un cri, un choc terrible, et le fauve fut projeté à plusieurs mètres. Bulma regarda avec incrédulité l'animal s'affaler au sol, la nuque brisée.

Végéta se posa à côté d'elle, les bras déjà croisés sur sa poitrine. Elle ne réagit d'abord pas, puis se rendit compte de sa présence.

"Vé -- Végéta," bredouilla t-elle, encore toute tremblante du choc qu'elle venait de subir. "Tu -- tu m'as sauvée. Sans toi je --" elle se tut, ne trouvant plus ses mots. Elle ne parvenait plus à réfléchir de façon cohérente.

"Hum hum," fit le Saiyen, en s'avançant lentement vers l'animal mort. "Belle prise, tu ne crois pas ?" demanda t-il. Puis il commença à dépecer le tigre, sans autre forme de procès.

La lumière se fit peu à peu dans l'esprit de Bulma. Ce qui la troublait surtout, c'était que Végéta soit intervenu précisément au moment où l'animal allait la tuer. S'il était réellement parti de son côté, comme elle l'avait d'abord cru, il n'aurait pas logiquement pu la rejoindre assez rapidement pour la sauver, même en tenant compte de sa vitesse extraordinaire. A moins qu'il ne l'ait suivie tout du long, ce qui signifiait que --

Les yeux de Bulma faillirent lui sortir des orbites, et le sang lui monta au visage. Elle venait de comprendre ce qui s'était passé.

"Végéta !" cria t-elle. Le Saiyen interrompit un moment sa tâche -- il avait déjà les bras enfouis dans le ventre du monstre. "Tu t'es servi de moi comme appât, c'est bien ça ?" demanda Bulma. "Tu m'as laissée seule dans la forêt, et tu as attendu bien tranquillement que ce -- cette chose -- me considère assez à son goût pour la tuer ?"

"Aa," fit Végéta, en acquiesçant. Puis il replongea les mains dans les entrailles de l'animal, se désintéressant complètement d'elle.

Bulma sentit sa colère augmenter encore d'un cran. Elle était maintenant profondément révoltée. Jamais encore personne ne l'avait manipulée de la sorte. Végéta semblait trouver ça naturel en plus.

"Puisque c'est ça, adieu," fit-elle, en détournant les talons. Elle s'avança rapidement dans la direction opposée à celle de Végéta.

"A ta place," fit celui-ci, sans relever la tête, "je ne m'éloignerais pas trop. Il y a encore une dizaine de ces tigres dans les parages, et ils n'ont pas grand chose d'autre à manger que des singes, en temps ordinaires." Bulma s'arrêta subitement, soudain moins pressée de partir, et bien moins en colère contre Végéta. Elle recula lentement, en regardant autour d'elle, croyant deviner des prédateurs immenses tapis dans la moindre ombre de la forêt. Puis elle revint rapidement aux côtés de Végéta. Même si sa conduite avait été inqualifiable, il restait sa seule chance de survie dans cet univers étrange. Elle s'assit dans le sable, à quelques pas de lui.

Végéta soupira. Les humains étaient bizarres, et plus particulièrement les femmes. Pourquoi faire toute une histoire à propos de sa technique de chasse ? Elle n'aurait pas dû se plaindre, après tout. Il l'avait fait participer à sa chasse, et il trouvait que c'était un grand honneur.

Le tigre qu'il avait tué était vraiment immense. Bulma eut une moue de dégoût en le voyant retirer le foie de l'animal, et commencer à l'engloutir tel quel -- cru, plein de sang, et encore chaud.

"Tu ne pourrais pas cuire tes aliments, non ?" fit-elle. Végéta tourna son regard vers elle. Puis il détacha un morceau, et le lui tendit. "Tu en veux ?" demanda t-il. "C'est bien meilleur comme ça. Tout le goût est préservé."

"Non-merci," fit Bulma en détournant la tête. "Je ne suis pas une barbare, moi." Végéta soupira de nouveau, se leva, et tendit la main d'un geste lent vers un amas de branches mortes. Bulma ne vit qu'une lueur diffuse, et le bois s'enflamma. Végéta s'empara ensuite d'une branche droite, y empala le morceau de viande, et le porta au-dessus du feu. Bulma s'approcha de lui, attirée par l'odeur de la viande grillée. Au bout de quelques minutes, Végéta retira le bâton du feu, et le lui tendit.

"Bon appétit," fit-il. Bulma saisit l'extrémité de la branche, et remercia Végéta d'un regard. Celui-ci se retourna, et revint à son propre repas. Bulma souffla un petit moment sur le morceau de viande cuit, puis commença à le grignoter. Elle n'avait encore jamais mangé de la viande de tigre, mais elle devait bien avouer que c'était délicieux. Elle ne pouvait comparer le goût avec rien qu'elle ait mangé sur Terre.

"Tu aimes ?" demanda Végéta, en engloutissant d'énormes quartiers de viande crue. Bulma reconnaissait que malgré l'étrangeté de la situation -- elle était perdue en pleine forêt, entourée de fauves affamés, et d'un Saiyen non moins affamé -- elle appréciait fortement cette petite escapade.

"Hum -- ça peut aller," fit-elle, ne voulant pas paraître trop enthousiaste. Elle devait bien faire semblant de lui en vouloir encore pour tout à l'heure. Mais elle se rendait maintenant compte qu'elle n'avait jamais vraiment couru de réel danger. Végéta ne l'aurait jamais abandonnée toute seule, il avait simplement voulu s'amuser. C'était la frayeur qui s'était emparée d'elle lorsqu'elle avait vu le fauve qui l'avait fait réagir de cette façon.

Elle finit son morceau, rassasiée, et attendit qu'il ne reste du tigre que des os parfaitement blancs.

***

"Ah, vous voila, vous deux," fit Gohan en tournant la tête, pour voir atterrir Végéta qui portait Bulma dans ses bras. Il se reposait dans l'herbe, après le repas, aux côtés de Videl et de sa mère. Bulma avait la tête enfouie dans le torse de Végéta, et elle ne se remit sur ses pieds qu'à regret, une fois qu'il la déposa à terre. "Mon père vous cherche, il a une chose à vous demander."

"Qu'est-ce que ça peut bien être ?" demanda Bulma, en mettant les poings sur ses hanches.

"C'est -- c'est compliqué," avoua Gohan, en hochant la tête. "Il vous racontera tout ça lui-même, il est par là bas," ajouta t-il en pointant un doigt vers le petit rassemblement de huttes de bois. Gokuu jouait avec Pan et Bra ; les fillettes s'amusaient à courir autour de lui, et lui sautaient sur les épaules de temps en temps.

"Compliqué ?" demanda Végéta, une pointe d'ironie dans la voix. "Venant de Kakarotto ? Hum." Il sourit légèrement.

"Allons-y, voyons ce qu'il veut," fit Bulma.

Suivie de Végéta, qui avait les bras croisés sur la poitrine comme à son habitude, elle se dirigea vers Gokuu. Elle remarqua que les deux Gardiens, Kaï et Saki, se tenaient à quelques pas de lui, adossés à un mur de bambous.

"C'est vous," fit Gokuu, en les apercevant. Il tendit une main en signe de bienvenue vers Végéta, qui ne lui rendit pas la politesse. Bra se jeta contre sa mère, brisant le jeu.

"Tu veux nous dire quelque chose ?" demanda Bulma.

"Oui," répondit Gokuu, en inclinant la tête. "Ca concerne surtout Végéta, mais je ne sais pas si tu es intéressée, Bulma."

"De quoi s'agit-il ?" demanda à son tour Végéta.

"Et bien, je m'ennuie pas mal ici," fit Gokuu. Pan lui adressa un regard noir. "Même si ma petite fille tente bien de me distraire, il n'y a pas grand chose à faire, tu ne trouves pas ?"

"Tout dépend," fit Végéta, en souriant à Bulma. Il repensait à leur petite excursion dans la forêt, où ils ne s'étaient pas vraiment ennuyés. Puis il redevint rapidement sérieux. "Tu as raison, cette planète est relativement limitée. Qu'est-ce que tu proposes de mieux ?"

"Et bien, je pensais aller faire un tour dans l'autre monde. Etant donné que je peux me téléporter, je pensais que peut-être vous seriez intéressés pour venir avec moi."

"Quoi ?" s'exclama Bulma. "Dans l'autre monde. Tu veux dire -- le monde des... des morts ?" fit-elle avec un petit frisson. Gokuu acquiesça.

"Oui, exactement. Je pensais aller voir ce cher Maître Kaioh, et je pourrais vous présenter à quelques-uns uns de mes amis."

"Non-merci," fit Bulma. "S'ils sont tous comme Kamesennin ou le Doyen des Dieux, je ne tiens pas à me faire harceler de nouveau."

"Ah ah," fit Gokuu. "Je m'y attendais, Chichi et Videl ont déjà refusé, ainsi que Gohan, mais je ne sais pas du tout pourquoi. Je n'ai pas vu Trunks et Goten, ils ont disparu aujourd'hui. Et toi, Végéta ?"

"Hum." Ce dernier réfléchissait depuis la proposition de Kakarotto. Après tout, il ne risquait rien, et il se pourrait même qu'il fasse une ou deux rencontres intéressantes.

"C'est d'accord," fit-il. "Je n'ai rien d'autre à faire de toute façon. Qui d'autre vient ?"

"Moi !" cria Pan.

"Et moi aussi !" fit Bra.

"Ah non !" protesta violemment Bulma. "Bra, tu ne vas quand même pas le suivre -- je ne sais même pas où. C'est hors de question."

"Allons," fit Gokuu d'une voix rassurante, en voyant la mine triste que prit la fillette. "Nous prendrons soin d'elle, ne t'inquiète pas."

"Végéta, qu'est-ce que tu en dis ?" demanda Bulma, en se retournant vers lui. Celui-ci ne l'écoutait pas ; il pensait déjà aux rencontres qu'il allait faire. Peut-être d'anciens ennemis... il sourit intérieurement. Puis il revint à la réalité, devant le regard interrogateur de Bulma.

"Ne t'inquiète donc pas autant. Elle ne risque rien."

"Et bien," soupira Bulma. "Amusez-vous bien. Je vais aller tenir compagnie à Chichi." Bra sauta de joie à l'annonce de sa mère.

"Ne t'en fais pas, Bulma," continua Gokuu. "Kaï et Saki nous accompagnent aussi. Pour une autre raison... en fait, ils aimeraient trouver un moyen de rendre son aspect originel à l'univers, mais je doute que Maître Kaioh puisse les aider beaucoup, pour ça."

"On ne sait jamais," fit Saki, qui écoutait leur conversation avec son frère. "Peut-être aura t-il des conseils à nous donner ?"

"Ce n'est pas bête," fit Bulma. "Si vous pouviez faire quelque chose de ce côté là. Enfin, ne nous faisons pas trop d'illusions. Je vois mal qui pourrait réparer les dégâts, maintenant."

"En route," annonça joyeusement Gokuu à la ronde. Tous se réunirent autour de lui, et saisirent l'un un bras, l'autre une épaule ou un doigt."

"A plus tard," fit Gokuu, en souriant largement. Leur image frémit, puis tous disparurent dans un grésillement de l'air. Bulma soupira légèrement, et se dirigea vers Gohan, Videl et Chichi.

***

Le petit groupe se matérialisa au milieu d'une scène étrange. Ils se trouvaient à proximité d'un des grands avions qui emportaient les âmes des morts vers leur destination finale -- enfer ou paradis. Effectivement, les environs étaient recouverts à perte de vue par les petits nuages blancs qui représentaient chacun une âme. Le chaos était total, et une cacophonie ambiante régnait sur le passage de l'autre monde. Les âmes, trop nombreuses, ne savaient pas dans quelle direction aller. Le groupe était apparu au niveau du poste frontière. Gokuu reconnût la salle dans laquelle présidait habituellement Enma Daioh. Le géant était bien à son bureau, grattant furieusement sur son registre le nom de tous ceux qui se présentaient à lui, décidant rapidement de leur destination.

"Bonjour," fit Gokuu, en levant une main en signe de salut. Enma Daioh releva la tête de son grand livre, et reconnut Gokuu. Il avait vraiment l'air fatigué.

"C'est toi !" s'écria t-il. Ses yeux se dilatèrent, et il renversa son bureau dans un fracas assourdissant en se levant précipitamment. Tous ses papiers se répandirent au sol, et les âmes qui s'étaient pressées autour de lui s'enfuirent, effrayées par sa fureur soudaine.

"Je savais bien que je te reverrais !" hurla le Roi Daioh, en pointant un doigt gigantesque dans la direction de Gokuu. "Je vais te tuer !"

"Hein ?" s'écria Gokuu, en évitant de justesse un poing qui s'écrasa au sol, brisant les lames du plancher. Il portait Pan sur ses épaules ; quant aux autres, ils se dispersèrent rapidement, étonnés de l'attaque subite.

"Je ne comprends pas !" se plaignit Gokuu, en évitant cette fois une gifle qui l'aurait sans doute envoyé au tapis pour de bon. "Mais qu'est-ce que je vous ai fait ?"

Le Roi se redressa, à moitié essoufflé par ses efforts violents, et jeta un regard lourd sur Gokuu.

"Tu ne sais pas ? Ne fais pas l'innocent !"

De nouveau, il tenta de saisir Gokuu, mais celui-ci était trop agile, et il lui échappa de nouveau, telle une savonnette dans un bain.

"Expliquez-moi," fit Gokuu. "Je vous assure, je n'ai rien fait pour mériter ce traitement."

"Comment ?" s'exclama Daioh, haut et fort. Il dressa les bras au ciel. "Depuis des semaines, je ne me suis pas reposé un instant ; toujours en train d'enregistrer de nouveaux arrivants, et ce n'est pas prêt d'être fini. On m'a rapporté que la file d'attente fait plusieurs millions de kilomètres de long." Puis il regarda de nouveau Gokuu. "Tous les êtres de l'univers, tu m'entends ? TOUS !" Gokuu se boucha les oreilles pour ne pas être assourdi.

"Et tout ça à cause de toi ! De toi seul !"

"Mais -- je vous assure, je ne comprends toujours pas ce que vous me reprochez."

"Ah, tu ne comprends pas ?" fit Daioh, terrible dans sa colère. "Il se pencha lentement vers Gokuu, et hurla d'une voix tonitruante, en devenant tout rouge.

"Tu n'aurais pas pu empêcher ce monstre de détruire l'univers ?!! C'est de ta faute, si toutes les créatures vivantes se retrouvent là, maintenant."

"Ne vous fâchez pas ainsi," fit Gokuu, en se grattant la nuque d'une main. "On vient essayer de réparer ça, moi et mes amis." Il désignait le reste du groupe, qui assistait à la scène, éberlué. "A propos, vous ne sauriez pas où est Maître Kaioh, par hasard ?" demanda t-il, en regardant à la ronde. "Je pensais m'être téléporté près de lui, mais je ne le vois pas."

"Kaioh-sama ? Il est dehors," fit Daioh, en relevant son lourd bureau. "Il a été embauché à la signalisation, on n’avait pas assez de personnel.

"Hein ?" s'exclama Gokuu. Il passa derrière Daioh, et jeta un coup d'oeil par la porte.

Il aperçut Kaioh, qui tenait dans une main une pancarte sur laquelle figurait le symbole "paradis", et qui tendait l'autre main en direction d'un avion prêt à décoller. Il orientait les âmes perdues dans la bonne direction.

Lui et Gokuu se regardèrent un moment sans parler, sans bouger.

Puis Maître Kaioh devint tout rouge ; plus rouge qu'une tomate.

Et Gokuu s'effondra au sol, plié de rire, pendant plusieurs minutes.

Kaioh, le Grand Roi de la galaxie du Nord, servait de vulgaire poteau signalétique.


Chapitre 2

Spoiler
Lorsque Gokuu se fut calmé, et qu'il put se frotter les yeux pour sécher ses larmes, il vit que Maître Kaioh se tenait très droit, l'expression grave, un poing devant la bouche comme pour renforcer son sérieux. Il avait caché la pancarte derrière son dos.

"Ah, je ne pensais vraiment pas vous rencontrer ici, Maître Kaioh," fit Gokuu, toujours secoué par des accès de rire. Pan et Bra, qui ne comprenaient pas tout à la situation, pouffaient également de rire ; les deux Gardiens se tenaient très sérieusement, car ils avaient déjà entendu parler de Kaioh, et sa notoriété les empêchait d'imiter Gokuu. Quant à Végéta, il regardait autour de lui d'un air ennuyé.

Kaioh refila discrètement sa pancarte à son singe, et lui faisant signe de circuler. Bubbles prit l'enseigne, et s'éloigna en dansant légèrement, pour remplacer son maître dans sa tâche.

"Et bien, Gokuu," fit-il très calmement, faisant semblant de ne pas être vexé par l'attitude de son visiteur. "Que me vaut l'honneur de ta visite, Son Gokuu ?"

Gokuu ne sembla pas choqué par l'emploi de la forme polie. Il s'avança vers Kaioh.

"Je voudrais vous présenter quelques amis, et de la famille aussi," fit Gokuu. "Voila ma petite fille, Pan," annonça t-il avec emphase, en désignant la fillette, qui se tenait à ses côtés. Maître Kaioh rajusta ses lunettes de soleil, et sembla considérer la petite créature avec curiosité. Pan, quand à elle, était très impressionnée. Ses joues étaient toutes rouges, et elle inclinait la tête d'un air intimidé.

"Tu es donc grand-père ?" demanda Kaioh, en riant à son tour. Il pouffa de rire quelques instants. "Papi Gokuu, hi hi hi."

"Et voici des amis," continua Gokuu, nullement gêné par la remarque. "Kaï et Saki, qui voudraient s'entretenir avec vous. Et voila Végéta, avec sa fille Bra."

"Ah, vous voulez me parler. Mais --"

Maître Kaioh s'interrompit net dans sa phrase. Il dévisagea Gokuu, et tour à tour, chaque membre du petit groupe. Puis une expression de jalousie intense apparut sur son visage.

"Mais -- mais vous êtes vivants !" s'exclama t-il.

"Ah," fit Gokuu, en passant une main au-dessus de sa tête. "Vous voulez dire, on n’a pas d'auréole. Oui, effectivement."

"C'est un comble !" explosa le Roi de la galaxie Nord. "Toutes les créatures de l'univers sont mortes, mais bien sûr s'il y en a un pour faire exception à la règle, c'est bien toi !"

Gokuu sourit, en regardant autour de lui. Les âmes des morts se pressaient, de plus en plus nombreuses, pour entrer dans l'avion qui se trouvait à quelques centaines de mètres d'eux. L'avion était plein comme un &prêt à éclater, et des âmes blanches s'accrochaient de toutes parts pour faire partie du prochain voyage.

"Oui, et c'est un peu à cause de ça que je suis là. En fait, nous aimerions vous poser quelques questions. Si vous le permettez."

"Non." La réponse de Kaioh figea Gokuu sur place.

"Pardon ?" demanda t-il.

"Tu m'as vexé tout à l'heure, en riant comme ça," expliqua Maître Kaioh, en se détournant de lui. "Je ne répondrais pas à tes questions dans les prochains mille ans, pour te punir de te moquer de moi."

"Mais c'est urgent !" s'exclama Gokuu. "Maître Kaioh, vous ne pouvez pas me faire ça, pas vous." Gokuu avait joint ses mains en signe de supplication. Mais Kaioh restait inflexible.

"Et puis, j'ai cru deviner que ce sont tes amis qui veulent me parler, pas toi ; je me trompe ?" Il se retourna violemment, pour faire de nouveau face à Gokuu. Ce dernier hocha la tête.

"Oui, ce sont Kaï et sa soeur qui veulent vous parler."

"Dans ce cas je vais répondre à leurs questions. Tu peux t'en aller."

"Mais -- je --"

"Tu es encore là ?" Gokuu inclina la tête, d'un air désespéré. Quand Maître Kaioh avait décidé de bouder, rien ne pourrait le faire changer d'avis.

"Mais je ne sais pas où aller. On était venu vous rendre visite ensemble."

"Oh, si c'est ça qui te dérange," fit Kaioh en agitant une main. "Il y a pas mal de choses à faire en ce moment dans l'autre monde. J'ai entendu dire que l'enfer est une véritable pagaille depuis quelques temps, avec toute cette agitation. Tu pourrais aller y mettre un peu d'ordre."

"Et bien..." Gokuu jeta un regard à Végéta.

"Je ne suis pas venu jouer au policier," fit ce dernier. "Si on a rien à faire ici, on rentre."

"Oh, mais ça pourrait t'intéresser toi aussi," ajouta Maître Kaioh, en se tournant vers lui. "Si je ne me trompe pas, tu es un Saiyen, comme Gokuu, du reste ?"

"Qu'est-ce que ça peut vous faire ?" fit Végéta, d'un ton amer.

"Rien, mais ce sont des Saiyens qui sèment le désordre en enfer, tu pourrais peut-être les convaincre de se tenir tranquille."

"Des -- des Saiyens ?" Végéta en restait abasourdi. Non par le fait que les Saiyens puissent poser des problèmes, c'était la chose qu'ils savaient le mieux faire au monde. Mais il avait oublié jusqu'à la possibilité que les Saiyens puissent se trouver eux aussi dans l'autre monde.

"Mais bien sûr !" s'écria Gokuu. "Ils doivent se trouver en enfer, comme Radditz quand Piccolo l'a tué. Il a aussi été envoyé en enfer, je me souviens de l'avoir demandé à Enma Daioh."

"Oui," acquiesça Kaioh. "Et depuis tout ce temps, ils se sont retrouvés, et constituent un petit noyau rebelle, d'après mes informations."

"Nous y allons," fit Gokuu, animé de son habituelle bonne volonté. "Tu viens, Végéta ?" Ce dernier réfléchissait ; Gokuu se retourna dans sa direction, et attendit sa réponse. Elle vint au bout de quelques instants.

"Je ne sais pas si je tiens tellement que ça à les revoir," fit Végéta. "Mais ça peut être intéressant. Je viens."

Il posa une main sur l'épaule de Gokuu. Celui-ci donna une main aux deux fillettes, qui saluèrent Maître Kaioh poliment. Il posa deux doigts sur son front, et se concentra un instant.

"Je les sens," fit-il. "Je sens leur énergie." Kaioh inclina la tête.

"Au revoir, Maître," fit Gokuu. "Nous reviendrons vous voir."

"Le plus tard possible," ajouta ce dernier, une fois qu'ils eurent disparu. Puis il se retourna en direction des deux Gardiens, qui attendaient patiemment de capter son attention.

"Et bien," fit-il, en prenant un air sérieux. "J'accepte de répondre à vos questions," commença t-il. "Mais d'abord, il vous faut passer un petit test. Faites moi rire."

Kaï et Saki se regardèrent droit dans les yeux, décontenancés.

Bubbles se plaqua une main sur le front, tandis que le flot des âmes continuait de s'écouler auprès de lui.

***

Le stade était rempli à craquer. Tous les spectateurs étaient enthousiastes -- Saiyens dans la très grande majorité, hurlant à tue-tête, riant à voix haute, se battant quelques fois entre eux. Tous attendaient avec impatience le moment précis où les combattants allaient déboucher dans l'arène, leurs armes au poing. Très digne, et le visage absolument impassible, le Roi Végéta se tenait à la tribune d'honneur. Il était habillé de ses habits de cérémonie -- cape rouge sang, armure brillante aux riches brocards dorés, et bottes montantes blanches, ornées de décorations vertes et or.

"Le peuple est heureux de fêter les grandes retrouvailles," commenta Nappa, qui observait de sa haute stature les spectateurs. "C'est le premier tournoi que nous organisons depuis que tout le monde est réuni."

Le Roi inclina légèrement sa tête auréolée. Son peuple était heureux, c'était un jour de fête, même en enfer. Mais pour les Saiyens, l'enfer était un véritable paradis.

"Voila les esclaves," continua Nappa. Un fin sourire étira sa moustache. Une troupe constituée de leurs malheureux esclaves débouchait d'une porte latérale, pour s'arrêter au centre de l'arène. Les esclaves étaient tous ceux qui avaient été envoyés en enfer, mais pas assez forts pour résister aux Saiyens. Pour eux, l'enfer portait bien son nom. Ils allaient être roués de coups, puis mis à mort -- une seconde fois. Quand on détruisait complètement le corps de quelqu'un dans l'autre monde, son âme se libérait, et errait misérablement dans l'espace à jamais, sans plus aucun espoir de retrouver un jour une apparence physique.

Vinrent ensuite les combattants, qui furent accueillis par des hurlements assourdissants. L'élite des combattants Saiyens, choisis pour leur courage et leur force. Ils combattraient jusqu'aux limites de leurs forces, et le dernier qui resterait debout serait déclaré vainqueur. Ils portaient des armures résistantes, et avaient le droit de combattre avec une arme. Tous n'en avaient pas, car certains préféraient avoir les mains libres pour se battre. Mais on pouvait voir de nombreuses épées, des lances acérés, sans compter les couteaux camouflés, et quelques autres armes plus vicieuses.

Les combattants s'avancèrent à leur tour au milieu de l'arène, et allèrent s'incliner devant leur Roi. Celui-ci leva une main, et ils se retournèrent alors, pour faire face aux esclaves. Ceux-ci cessèrent alors de respirer. Ils savaient parfaitement le sort qui leur était réservé.

Soudain, la foule en délire se tut. Le vacarme cessa, et tout le monde braqua son regard en direction du centre de l'arène. Les esclaves relevèrent la tête. Le Roi lui-même sursauta de son trône, et se leva pour aller s'accouder à la balustrade ornée des armes de la famille Végéta.

"Mais -- mais qu'est-ce que c'est que ça ?" demanda Nappa, interloqué.

"Je n'en ai aucune idée," continua le chef des gardes royaux, qui s'était lui aussi avancé.

Le Roi Végéta, quant à lui, sentit une goutte de sueur couler le long de son front.

***

"Oh Oh," fit Gokuu, en se grattant la nuque d'une main, en faisant la grimace. "Je sens qu'on n'arrive pas au meilleur moment."

Des milliers de personnes les regardaient, dans un silence presque total. Il y avait des gens partout -- dans les gradins, autour d'eux, dans ce qui semblait être une arène.

"Grand-père," fit Pan, en s'agrippant aux pantalons de Gokuu, "qu'est-ce qui se passe ici ?"

"Je n'en ai aucune idée," fit-il, en se tournant vers la droite. "Végéta, est-ce que tu sais ce --"

Il s'arrêta net. Végéta semblait être dans un état second. Il avait fait quelques pas dans le sable, et s'était immobilisé, les yeux perdus dans le vide.


Ils sont morts, se dit-il. Ils sont morts depuis longtemps, mais -- Mais pourtant, ils étaient devant lui. Tous ceux qu'il avait connu, tous ceux qu'il avait détesté, tous ceux avec qui il avait eu des moments de joie, ou de peine, ou d'émotion, durant les premières années de sa vie. Il n'avait oublié aucun visage, n'avait oublié aucune de leurs habitudes. Il avait cru ne jamais les revoir, n'avait jamais cru qu'un jour, ils se retrouveraient. Même pas en enfer. Mais ce qui l'inquiétait le plus, c'est qu'il ne savait pas quoi en penser. Il ne se sentait ni joyeux, ni triste. Il ne savait absolument pas quoi leur dire, il n'avait pas été préparé pour ça. Lorsqu'il était mort pour la première fois, son corps aurait logiquement du être détruit, et son âme réincarnée dans un nouveau corps. Seulement, le Roi Enma avait jugé plus prudent de le laisser en sursis encore un peu -- et il avait bien fait. Il ne comprenait donc pas pourquoi les Saiyens étaient là, avaient toujours leur corps physique, comme s'ils n'avaient pas du tout vieilli depuis tout ce temps.

Un frisson passa dans la foule. Des murmures s'élevèrent, de plus en plus forts.

"C'est lui, tu ne crois pas ?" demandait l'un.

"Non, c'est impossible," fit un autre. "Regarde, il n'a pas d'auréole."

"Ils sont vivants !"

"Mais qui est-ce ?"

"Sont-ils Saiyens ?"

"Ils n'ont pas de queue."

"Qui sont ces fillettes ?"

"Majesté," fit Nappa, le souffle coupé, les yeux semblant lui sortir des orbites. "C'est -- c'est --"

"Oui," fit le Roi, les mâchoires serrées. "C'est lui. Je l'ai reconnu."

***

Le regard de Végéta passa sur la foule, et s'arrêta au niveau de la tribune. La tribune royale. Et juste au-dessus des armoiries de sa famille -- ça faisait si longtemps qu'il n'avait pas vu ce signe -- il aperçut un visage qu'il reconnut aussitôt. Un visage qu'il n'avait jamais pu oublier, le visage de son bourreau, de celui qui ne l'avait reconnu comme son fils que lorsque qu'il avait tué pour la première fois.

Son père.

Végéta s'avança lentement dans sa direction, en serrant les poings. Il sentait que derrière lui, Kakarotto et les deux fillettes ne bougeaient pas. Ils se contentaient de le regarder. En fait, tous les regards étaient tournés vers lui.

Il s'arrêta sous la tribune, le regard tourné vers ce visage qui avait continué de le hanter bien après la destruction de sa planète et de son peuple. Mais il n'avait aucune idée de ce qu'il allait bien pouvoir lui dire. Ils n'avaient plus rien en commun depuis longtemps. Il y avait trop de distance les séparant, trop de différences. Il ne valait même pas la peine qu'on lui adresse la parole.

"Et bien," fit le Roi, en regagnant un peu de son attitude dégaigneuse, "qu'est-ce que tu attendais pour venir nous rejoindre ici --" Sa phrase resta en suspens, comme s'il ne pouvait se décider à la finir ; comme si les mots ne pouvaient pas sortir de sa gorge, tellement ils lui faisaient mal. "Prince Végéta," finit-il par articuler, au bout d'un moment, les dents serrées.

Aux dernières paroles du Roi, la foule sembla se réveiller. Tous étaient déjà debout, mais les conversations reprirent avec une ardeur incomparable. Le Roi leva une main, imposant immédiatement le silence à la foule.

"Pff," fit Végéta, en crachant de côté, dans le sable. Il avait envie de le tuer, là, maintenant, tout de suite. Il en avait la possibilité, car il était infiniment plus fort que son père. Il sentait cependant que ses instincts violents revenaient avec une rapidité aveuglante, justement parce qu'il était de nouveau entouré de Saiyens. Et il avait envie que tous sachent quel genre de Saiyen il était devenu -- le meilleur, le plus fort. Mais il avait appris durant toutes ces années passées sur Terre. Il ne céderait pas à ses instincts, aussi forte que soit l'envie.

"Qu'est-ce qui se passe ici ?" demanda t-il. "Encore un de tes tournois stupides ?"

"Ne me parle pas comme ça," fit le Roi, qui le dominait du regard. Végéta serra les poings de plus belle. L'envie de tuer était de plus en plus forte. Son sang déferlait, faisait hurler une voix dans son esprit, une voix qui lui disait de lever la main, et de relâcher un tout petit peu de son énergie, pour le faire disparaître du paysage à jamais. Mais ils devaient parler, d'abord.

"C'est tout ce que tu as trouvé pour t'amuser ?" demanda t-il, sans prêter attention au ton de son père. "Tuer de malheureux esclaves pour le seul plaisir de tuer ?" Il désignait la horde d'êtres déguenillés qui attendaient leur dernière heure.

Le Roi le considéra d'abord avec surprise, une expression profondément choquée sur le visage. Puis il éclata de rire. Nappa -- cet imbécile de Nappa, pensa t-il -- sourit dans son coin. Lorsque le Roi se calma et put parler, ce fut sur un ton railleur.

"Qu'est-ce qui t'es arrivé, mon fils ?" demanda t-il. "Serais-tu tombé sur la tête, pour parler de la sorte ?" Un nouveau rire éclata, le genre de rire que Végéta n'avait jamais supporté dans sa jeunesse. Il le supportait encore moins maintenant. "Tu es un Saiyen, souviens-toi," fit Nappa. "Serais-tu devenu fou ? Nous tuons qui nous voulons."

"Tais-toi," fit le Roi, avec un geste de la main. Nappa se tut aussitôt. "Et toi," fit-il à l'adresse de son fils, "si c'est tout ce que tu as à me dire, tu peux repartir. Nous nous amuserons sans toi."

"Bande d'imbéciles !" cria Végéta, en levant un poing. Il sauta rapidement en l'air, et se posa aux pieds de son père. Celui-ci ne put s'empêcher de reculer devant l'attitude menaçante de son fils.

"Vous appelez ça vous amuser ?" demanda t-il.

"En effet," répliqua le Roi. "Nous nous sommes réveillés, il y a quelques semaines de ça, et nous avons fini par nous retrouver ici. C'est notre fête de retrouvailles, et nous allons nous battre pour célébrer ça. Si tu ne veux pas rester, personne ne t'y obligera."

Végéta leva un sourcil. Il ne comprenait rien à ce que son père racontait.

"Réveillés ?" Sans doute quelque chose à voir avec les phénomènes qui agitaient l'autre monde depuis la destruction de l'univers, pensa t-il rapidement. Il verrait tout ça plus tard. "Manifestement pas," continua t-il. "Vous avez toujours les yeux fermés. Laisse ces misérables repartir, et tuez-vous entre vous si ça vous chante."

"Je ne comprends pas ce qui a pu t'arriver," fit son père. "Je ne te reconnais plus. Comment as-tu pu devenir aussi faible ?"

"Faible ?" C'était la goutte qui fit déborder le vase. Une vague d'énergie pulsa du corps de Végéta, envoyant au sol son père, Nappa, et tous les gardes royaux amassés derrière eux. Le Roi releva la tête, interloqué, fasciné par l'aura brillante qui entourait le corps de Végéta. Celui-ci s'était retenu pour ne pas passer au niveau de Super-Saiyen d'un seul coup.

Le Roi actionna son détecteur, et écarquilla les yeux à la vue du chiffre que son appareil indiquait.

"En effet," fit-il, en regardant de nouveau Végéta. "Je m'excuse de t'avoir traité de faible, tu es très fort. Tu ne voudrais pas participer à notre petite fête, par hasard ?"

"Si tu veux," fit-il. "Si ça peut vous amuser. Mais laisse tous ces idiots repartir d'abord."

"Pff," fit le Roi, en se remettant sur ses pieds, et en époussetant sa cape rouge. "Je les tuerais plus tard, voila tout."

"Non," fit Végéta, en croisant les bras. "Tu ne comprends rien. Ils ne t'intéressent pas. Ils ne valent même pas le coup qu'on se fatigue à leur courir après pour les attraper et les traîner ici. Je vais vous montrer quelque chose de bien plus intéressant que ces misérables."

Sur quoi, Végéta s'éleva dans les airs, sous le regard médusé de son père et de ses gardes. Ils étaient étonnés par son assurance, sa maîtrise manifeste de lui-même, et son autorité. Végéta vola jusqu'au centre de l'arène, et se posa au sol. Se tournant, il fixa son regard dans ceux de chacun des combattants sélectionnés pour le tournoi.

***

"Voyons... quelle est la différence entre un pigeon ?"

Maître Kaioh fixa Saki du regard, interloqué. Il cligna des paupières, se gratta la tête, puis le menton, le tout sur un air profondément chagriné.

"Tu es sûre de n'avoir rien oublié ?" demanda t-il. Saki sourit, en secouant la tête. Elle vit du coin de l'oeil Kaï se frapper le front d'une main.

Oh ça va, lui lança t-elle par télépathie. Ta devinette n'était pas mieux.

Non, mais il a ri, au moins.

Attends un peu, lui rétorqua t-elle.

Maître Kaioh avait vraiment l'air désemparé cette fois-ci. Il ruminait dans son coin, se demanda quelle pouvait bien être la solution. Saki croisa les bras, se cala sur une jambe, et attendit patiemment la capitulation. Elle n'eut pas à attendre très longtemps.

"Je -- je ne sais pas," fit Kaioh, les bras croisés derrière le dos, d'un air mécontent.

"Et bien," fit-elle. "La voici : il n'y en a pas."

Le visage du maître s'illumina. Il ouvrit tout grand les yeux derrière ses lunettes de soleil. Kaï se demanda combien de temps il faudrait pour que l'information arrive à son cerveau. Ils perdaient un temps précieux.

"Il -- il n'y en a pas ! Hi hi hi !" Puis le grand Roi de la galaxie du Nord fut pris d'un fou rire qui le plia au sol pendant cinq bonnes minutes. Kaï se dandinait maintenant sur ses pieds.

Maître Kaioh se releva, et se sécha les yeux. Puis il reprit tout son sérieux.

"Vous êtes très bons, pas de doute." Kaï leva les yeux au ciel. "Bien, je vous écoute. Vous pouvez me demander tout ce que vous voulez."

"Enfin," soupira Saki. "Et bien voila. Nous n'allons pas tourner autour du pot pendant des heures. Nous aimerions savoir s'il y a un moyen de rendre son aspect normal à l'univers. Ou plutôt, s'il est possible de le remettre en place, car il n'en reste absolument rien.

Maître Kaioh ne broncha même pas cette fois-ci.

***

Végéta était certain d'avoir capté l'attention de tous, maintenant. Il put donc commencer.

"Guerriers Saiyens," fit-il, en élevant suffisamment la voix pour que tout le monde puisse l'entendre. "C'est bien moi, votre ancien Prince. Ce serait assez long de vous raconter tout ce qui m'est arrivé depuis -- depuis la destruction de notre planète par le tyran Freezer." Le nom souleva quelques remous dans son public, vite calmés pour entendre la suite.

"Je vais donc abréger un peu. Depuis cette catastrophe, j'ai vécu sur la planète Terre. Et là-bas, j'ai appris beaucoup de choses. J'ai aussi fait des progrès immenses, et pas que dans le domaine du combat. Je voudrais vous réveiller, Saiyens."

Les combattants commencèrent à grommeler. Les Saiyens n'aimaient pas beaucoup les discours. Mais c'était leur Prince légitime qui s'adressait à eux, et ils se calmèrent.

"Vous n'avez pas du tout changé depuis que vous êtes dans l'autre monde, à ce que je vois. Je n'en suis pas particulièrement fier. A mes yeux, vous n'êtes aujourd'hui que des brutes sanguinaires, des monstres de cruauté. Vous ne pensez au combat que pour le combat, et pas pour ce qu'il peut vous apporter dans d'autres domaines. Vous êtes encore trop terre-à-terre, et j'aimerais que tout ça change."

Ils entretenaient toujours un silence respectueux. Cette fois-ci, c'était par intérêt.

"Si vous n'êtes pas capables d'évoluer, alors Freezer avait raison de vous tuer. Mais j'étais comme vous, peut-être encore plus aveugle que la plupart d'entre vous lorsque je suis arrivé sur Terre. Et comme vous pouvez le voir, j'ai changé. Du tout au tout. Et je n'en ai pas honte. Voulez-vous savoir ce qui m'a changé à ce point ?"

Une vague rumeur monta. Puis le silence revint.

"Et bien, c'est grâce à cet individu !" Il tendit un doigt vers celui qui se tenait à quelques pas de lui, à ses côtés.

Vers Son Gokuu, qui le regardait avec incrédulité. Jamais il n'aurait cru Végéta capable de faire une telle chose. Lui qui n'a jamais pu -- ou voulu -- faire une phrase complète en public, pensa t-il.

"Oui, cet individu, Kakarotto. Ce n'est que le fils d'un guerrier moyen. C'est un raté, un imbécile. Mais il m'a réveillé, tout imbécile qu'il soit. C'est un Saiyen, fils de Badack, qui avait été envoyé sur Terre pour en exterminer les habitants. Mais il a oublié jusqu'à ses origines Saiyennes là-bas, et il a toujours vécu comme un humain. Selon leurs règles, leurs coutumes. Il ne s'est jamais battu pour obtenir la mort d'un adversaire. Il a toujours respecté le code d'honneur des combattants. Il a changé ma vie, comme celle de beaucoup d'autres. Il m'a fait voir la vraie nature des Saiyens ; et elle n'est pas mauvaise."

"De quoi parles-tu ?" interrompit le Roi, depuis sa tribune. "Ce ne sont que des paroles. Nous ne voulons pas de ton discours."

"Alors, il vous faut des preuves, hein ?" fit Végéta, en se tournant vers son père. "Et bien soit. Je vous propose une chose," continua t-il en direction des combattants. "Au lieu de continuer votre stupide petit massacre, je vous propose un véritable tournoi. Kakarotto se battra contre tous ceux qui le voudront, sans exception. Tous. Il n'est pourtant pas issu de la famille royale, mais il peut tenir tête à n'importe qui. Et vous verrez bien en vous battant contre lui, qu'il y a autre chose dans le combat que le combat lui-même."

Gokuu regardait Végéta de tout ses yeux.

"Et bien, pourquoi me regardes-tu de cet air stupide ?" demanda Végéta.

"Je ne te croyais pas capable d'un tel discours, Végéta," lui répondit-il. "Bravo, mais --" son visage se renfrogna. "Tu as quand même trouvé le moyen de me refiler tout le travail, tu ne comptes pas te battre un peu toi ?"

"Ce ne serait pas digne de moi," fit Végéta. "Le Prince ne se bat pas contre des hommes du peuple." Gokuu sembla deviner un léger sourire sur le visage de l'autre. "Sauf dans ton cas, mais tu es spécial." Gokuu lui sourit largement pour sa part.

"Montre-leur qu'ils ne sont pas invincibles, comme ils le croient tous. Montre-leur ta façon de te battre. Personne d'autre ne peut le faire pour toi."

"Pas de problème, Végéta."

***

"Et bien..." Kaioh réfléchissait profondément depuis plusieurs minutes. Il tournait le dos aux deux Gardiens qui attendaient, avec impatience, la réponse du Maître. Sa réputation en matière de conseils était connue dans tout l'autre monde, et ils avaient appris à le connaître par les rumeurs -- et les récits de Gokuu -- durant le temps qu'ils avaient passé sur la planète des Dieux.

"Et bien ?" demanda Kaï, qui commençait à s'impatienter. Sa soeur lui lança un regard signifiant clairement qu'il ne fallait pas troubler sa concentration, et Kaï leva les yeux au ciel.

"Et bien," fit Kaioh tout à coup, en se retournant. "Je ne sais pas." Il inclina la tête par deux fois. "C'est vrai, je ne sais pas du tout quoi faire dans votre cas."

Les deux Gardiens en tombèrent à la renverse.

Kaï se releva rapidement, se frottant l'arrière de la tête où poussait une bosse.

"Et c'est pour nous dire ça que vous avez réfléchi autant ?" fit-il, en se retenant de hurler.

Saki se releva, et s'interposa entre son frère et Kaioh.

"Du calme," fit-elle. "Un peu de respect, Kaï. Vous êtes certain, maître, de votre réponse ?"

"Non mais," répliqua l'autre. "Vous me prenez pour qui ? Je sais quand même quand je ne sais pas -- bon, je m'embrouille. Vous allez finir par me mettre en colère."

Il était tout rouge, et criait à son tour.

"Mais, qui pourrait nous aider, dans ce cas ?"

"Oh, c'est simple," fit Kaioh, en inclinant la tête, de nouveau. "Je vous conseille de vous adresser au Doyen des Dieux, pour votre problème. Lui seul pourra vous aider. Vous savez où le trouver ?"

Les deux Gardiens tombèrent de nouveau en arrière, encore plus violemment.

"Et dire qu'on vit sur sa planète plusieurs semaines, avec lui. Il s'est bien gardé de nous dire quoi que ce soit pour nous aider, le vieux filou," bégaya Saki, en se relevant.

"Nous vous remercions, Maître," ajouta Kaï, complètement épuisé. "Dès que Gokuu et Végéta reviennent, nous rentrons sur la planète des Dieux."

"Si j'étais vous," fit Kaioh, en se détournant, "je ne l'attendrais pas. Gokuu se débrouillera très bien tout seul, et quant à vous, vous ne le connaissez pas bien si vous croyez qu'il pense à rentrer."

"Et bien, dans ce cas..." fit Kaï, "nous allons faire un tour aux alentours, puis nous rentrerons de nous-même."

"Entendu," répondit Kaioh. "Bonne visite de l'autre monde, alors."

***

"Je demande à me battre en premier," fit une voix, qui appartenait à un guerrier caché au milieu du groupe.

Végéta fronça les sourcils en entendant sa voix. Quant à Gokuu, il fut subitement pris d'un étrange pressentiment. Il sentit les cheveux se hérisser sur sa nuque. Il ne connaissait pas cette voix, mais pourtant elle lui était étrangement familière.

Comme dans un rêve, il tourna la tête, pour voir émerger de la foule celui qui avait parlé.

Il était grand, puissamment musclé, une armure brillante sur le torse.

Un petit sourire en coin aux lèvres, et l'oeil brillant.

Des cheveux noirs, dressés sur la tête.

Et une grande cicatrice sur la joue.

Sans le connaître, sans l'avoir jamais connu, Gokuu le reconnut immédiatement. Il ressemblait trop à son frère Radditz, il ressemblait encore plus à l'image que Gokuu pouvait voir lorsqu'il se penchait au-dessus d'un ruisseau.

C'était son père.

"Baddack," murmura Végéta. Le Saiyen vint d'abord s'agenouiller aux pieds de Végéta.

"Majesté," fit-il, en inclinant la tête. "Je demande l'honneur de me battre contre -- contre Kakarotto, comme vous nous l'avez proposé."

"Entendu," répondit Végéta, un peu mal à l'aise. Personne ne s'était mis à genoux devant lui depuis bien longtemps. Baddack se releva, et s'avança droit vers Gokuu. Végéta fit un petit signe, et tout le monde s'écarta progressivement, jusqu'à quitter l'arène. Les prisonniers furent ramenés en cellule.

"Enfin, je te retrouve," fit Baddack, en s'arrêtant à quelques mètres de Gokuu. Celui-ci était trop étonné pour dire quoi que ce soit. "Kakarotto. Mon -- mon fils."

Gokuu sentit une vague de sentiments déferler en lui. Il avait été dans l'autre monde durant des années, et jamais il n'avait simplement pensé à rendre visite à son père. Il n'avait jamais pensé à lui. Mais maintenant qu'il était devant lui, Gokuu sentait qu'il avait des centaines de choses à lui dire ; et pourtant il était bloqué, il ne savait pas vraiment quoi dire. Donc il resta muet, bouche bée.

"Tu as l'air très fort," continua son père. "Quand tu es né, je t'ai à peine entrevu à travers la vitre de la maternité. Puis, je suis allé me battre contre Freezer, et tu es parti. Pourtant, je savais déjà que tu deviendrais un grand guerrier, que tu survivrais à la catastrophe. J'ai vu toute ta vie défiler dans mon esprit avant de mourir."

"Aa," fut tout ce que Gokuu put articuler.

"J'aimerais savoir si tu es devenu aussi fort que je le crois," ajouta Baddack. "En garde, mon fils." Il se mit en position de combat, et, instinctivement, Gokuu l'imita, redevenant sérieux. Pourtant, ses yeux brillaient, et il sentait que le combat serait un bon moyen de l'empêcher de pleurer.

"Ne te retiens pas," fit Baddack. "Je veux voir à quel point tu es devenu puissant." Gokuu sourit.


Chapitre 3
Spoiler
"Tu es prêt -- mon fils ?" demanda le Saiyen. Gokuu inclina la tête, en fronçant les sourcils. "Quand tu veux, je suis prêt."

Sans plus attendre, Baddack se jeta en avant. Toute la foule avait le regard braqué sur le père et le fils, attendant beaucoup de ce combat, qui revêtait un aspect symbolique en plus du divertissement.

Gokuu se rendit compte que son père était très rapide, pour un Saiyen. Mais bien trop lent pour lui ; il le voyait arriver comme au ralenti, et il eut tout le temps de se préparer. Il décida d'observer la technique de combat de son père avant de lui montrer de quoi il était capable.

Baddack écarquilla les yeux lorsque Gokuu évita son poing au dernier moment, en inclinant la tête de côté. Il eut le réflexe de projeter son coude de côté, tentant de le toucher à la gorge, mais Gokuu disparut ; Baddack sentit un déplacement d'air sur sa gauche, et il tourna la tête.

"Comment as-tu fait pour passer de ce côté aussi rapidement ?" demanda t-il.

Gokuu se contenta de sourire pour toute réponse.

"Peu importe, tu es très rapide, je te l'accorde."

Baddack se jeta de nouveau en avant. Puis il projeta tour à tour ses deux poings en direction de son fils, qui reculait à chaque fois, évitant toutes les attaques. Son père observait son dispositif en même temps qu'il tentait de porter un coup.

Il n'a presque pas de puissance, à peine 2000. Mais pourtant il est bien plus rapide que moi.

"Tu n'arriveras pas à me toucher, je suis désolé," fit Gokuu, en évitant un nouveau coup, les bras croisés sur sa poitrine.

"Comment ?" fit son père, en serrant les mâchoires. "Je suis le plus fort de mon groupe de combat, comment peux-tu dire ça ?"

"On verra bien, essaie encore." Baddack commençait à en avoir assez de se faire ridiculiser par son propre fils.

***

"Comment une telle chose est-elle possible ?" demanda le Roi. Végéta avait rejoint son père et la garde royale, avec les fillettes, et assistait maintenant au combat.

"Ce minable a encore moins de force que quand je me suis battu contre lui," déclara Nappa, tapotant nerveusement sur les boutons de son détecteur. "Mais quelle vitesse ! Je me demande comment il fait."

"Tu n'as toujours rien compris, idiot," fit Végéta, en tournant la tête vers Nappa. "Il cache sa force, c'est tout. En fait, il est bien plus fort que tout ce que tu as pu imaginer dans tes pires délires."

"Comment ?" demanda Nappa, en serrant les dents. "Ne me traite pas d'idiot, Végéta. Je te rappelle que c'est toi qui m'a tué, je te conseille de ne pas trop m'énerver."

"Tais-toi," ordonna Végéta, sans bouger. "Il ne m'a pas fallu beaucoup d'efforts pour te tuer la première fois. Maintenant, je n'aurais même pas besoins de bouger pour te faire disparaître. Hors de ma vue, misérable."

Nappa serra les dents de plus belle, mais il recula ; Végéta cessa de s'intéresser à lui, et il retourna son regard vers l'arène, où Kakarotto s'amusait énormément à échapper à son père.



"Vas-tu arrêter de bouger, et te battre un peu ?" demanda Baddack, exaspéré. Pas un de ses coups n'avait touché, et il commençait à se fatiguer.

"D'accord," fit Gokuu. Sans que son père ne puisse réagir, il se retrouva au sol, les jambes balayées par un coup de pied. Puis Gokuu lui bloqua les jambes avec les siennes, et lança le tranchant de sa main en direction de la gorge de son père. Il s'arrêta à quelques centimètres de sa cible.

Baddack déglutit lentement. Une goutte de sueur dégoulina de son front. Il n'avait rien vu, n'avait rien pu faire pour se protéger, ni même réagir.

"Tu -- tu es bien plus agile que je ne l'imaginais, mon fils," fit-il, en le fixant du regard ; les yeux de Gokuu ne vacillèrent pas.

"Et tu n'as encore rien vu," fit Gokuu, en se dégageant, et en aidant son père à se redresser. Celui-ci le regarda avec surprise.

"Tu as gagné, tu aurais du porter le coup fatal."

"Ce n'est pas ce que je recherche," fit Gokuu. "Continuons, si tu le veux bien."

"D'accord," fit Baddack, en souriant. Il sauta prestement en arrière, et réunit ses mains face à son torse.

"Tu ne pourras ni éviter cette attaque, ni la repousser. On va voir si tu es aussi fort que rapide."

"Je t'attends."

Les mains de son père commencèrent à luire, et Gokuu détecta l'énergie de la boule de feu avant de la voir. Une énergie sans doute immense pour l'autre Saiyen, mais ridicule par comparaison à ce qu'il était capable de faire. Brillant d'un éclat bleu, la sphère vibrait maintenant doucement dans le creux des mains de Baddack. Celui-ci haletait maintenant, épuisé par l'effort.

"Prends ça !" hurla t-il, en projetant soudain ses mains en avant. Mais Gokuu avait vu son mouvement ; il n'avait en face de lui qu'une image. Son père était passé derrière lui à grande vitesse, et lançait son attaque dans son dos. Rusé, si on tenait compte du fait qu'il ne possédait pas de détecteur de puissance. Mais son père ignorait qu'il n'en avait pas besoin.

Gokuu eut tout le temps de se retourner, et il tendit lascivement une main en avant, pour bloquer la boule d'énergie. Celle-ci explosa, soulevant un nuage de poussière, et assourdissant tous les spectateurs.

Lorsque toute la poussière se fut déposée, Baddack était essoufflé, un sourire au coin des lèvres. Cependant, son sourire s'évapora lorsqu'il aperçut la silhouette de son fils, qui n'avait pas bougé d'un millimètre. Puis il le vit complètement, la main toujours levée devant lui.

"C'est tout ?" demanda Gokuu. "Pas terrible. A mon tour."

Baddack recula de quelques pas, et se sentit défaillir lorsqu'il vit changer les chiffres de son détecteur. Son fils se concentrait, et dégageait une énergie énorme. Il avait une main levée vers le ciel, et une boule de feu se formait dans sa paume. L'appareil continua de lancer des 'bips' frénétiques jusqu'à ce que le chiffre se stabilise à un niveau que Baddack n'avait jamais atteint que dans ses rêves.

"35000 unités ?" demanda t-il. "Impossible, c'est impossible."

"Et pourtant," fit Gokuu. "Ton appareil s'est-il déjà trompé ?"

"Je ne peux y croire. Tu es incroyablement puissant. Comment fais-tu pour contrôler ta puissance de cette façon ?"

"Ca suffit, je crois," fit Gokuu, en faisant disparaître sa boule d'énergie.

"C'était ton maximum ?"

Gokuu sourit. "Non. Et de loin, si tu veux tout savoir."

"Quel genre d'entraînement suis-tu ?"

"C'est un peu particulier, je l'avoue."

"Montre-moi."

"Pardon ?" demanda Gokuu, sans comprendre.

"Montre-moi ton maximum. Montre-moi jusqu'où tu peux aller. Ta limite."

"Tu ne pourrais pas le supporter," fit-il. "Mais je veux bien te montrer quelque chose." Puis Gokuu se tourna vers la foule.

"Regardez bien !" cria t-il. "Voici ce que donnent des années de dur entraînement, essayez de faire la même chose si vous en êtes capables."

Non, il ne va tout de même pas oser, pensa Végéta, en décroisant les bras.

"Qu'est-ce qui se passe ?" demanda le Roi, en se penchant à la balustrade. "Il dégage une énergie plus qu'impressionnante, maintenant ; je n'ai jamais vu qu'un être plus puissant que ça : Freezer."

"Ce n'est pas fini," fit Nappa. "Elle augmente encore ; regardez, Majesté."

Gokuu avait serré les poings, et se concentrait lentement ; il aurait pu faire augmenter son énergie d'un coup, mais il voulait laisser le temps à ceux qui avaient le regard braqué sur leurs détecteurs le temps de comprendre ce qu'ils voyaient.

Il fit augmenter son énergie jusqu'à la limite du Super-Saiyen, et sentit la terre trembler sous ses pieds. De petites pierres s'élevaient lentement dans les airs, se brisant en entrant en collision avec son aura. Il sentait ses cheveux flotter librement sous l'effet de la puissance qui émanait de son corps. Tous les spectateurs avaient les yeux prêts de sortir de leurs orbites.

Puis d'un coup, il se cambra légèrement en arrière, et dépassa le Super Saiyen. Ses cheveux s'illuminèrent d'un vif éclat brillant, et ses muscles doublèrent de volume. Le sable fut repoussé tout autour de lui, par vagues successives.

"Mais -- mais c'est --" bégaya le Roi.

"Le Super Saiyen," fit Baddack, qui s'était reculé de plusieurs mètres, en se protégeant le visage de ses bras. "C'est toi, tu étais le Super Saiyen. Mes visions ne m'avaient pas trompé."

"Et ce n'est rien encore. Je suis loin de mon maximum," fit Gokuu.

"J'ai peine à croire ce que je vois sur mon détecteur," continua Baddack. "Même Freezer ne pouvait pas atteindre ce niveau, j'en suis certain."

"Tu as raison. C'est la raison pour laquelle il est mort."

"Tu -- c'est toi qui l'a tué ?" demanda son père, incrédule.

"Aa. Du moins, je l'ai vaincu."

"Tu nous as vengé, dans ce cas."

"Tu veux toujours te battre ?"

"Non," fit Baddack. "J'ai compris. Tu nous as donné une bonne leçon, à tous." Gokuu retrouva son apparence normale. "Tu nous as donné un nouveau but, progresser encore."

"C'est ça," fit Gokuu, en acquiesçant. "Les Saiyens sont invincibles, il suffit de progresser suffisamment. Mais pour ça, il faut accepter d'évoluer, et c'est dur quelques fois."

"Je comprends."

Une ovation retentit dans la foule. Les Saiyens, d'abord terrifiés et émerveillés à la fois par l'apparition du Super Saiyen légendaire, saluèrent Gokuu.

"Et dire que nous pensions que ce serait toi, le Super Saiyen," fit Nappa en regardant Végéta, en le narguant. "C'est ce soldat de basse catégorie qui était le Super Saiyen depuis le début, en définitive."

"Je t'avais dit de disparaître," fit Végéta. "Sache que je suis resté le plus fort, Kakarotto ne m'est pas supérieur. Si tu veux vérifier, tu n'as qu'à continuer." Nappa écarquilla les yeux, et s'empressa de reculer.

"Je sens," fit Baddack en posant une main sur l'épaule de Gokuu, "que nous avons des choses à nous dire, Kakarotto."

"Je crois aussi," fit Gokuu, en passant un bras autour des épaules de son père. Puis, ils quittèrent l'arène sous les yeux du public, qui venait d'assister à un spectacle bien inattendu.

***

Kaï et sa soeur lévitaient à quelques centaines de mètres d'altitude, au-dessus du poste frontière de l'autre monde. Ce qu'ils voyaient dépassait leurs pires cauchemars. A perte de vue, s'étendait une foule ininterrompue d'âmes attendant leur entrée au paradis -- ou en enfer. Une véritable marée d'âmes, qui bougeait lentement. Les millions de milliards d'êtres qui avaient vécu sur les nombreuses planètes habitées au cours des siècles se retrouvaient là. Certains avaient conservé leurs corps, mais la plupart se retrouvaient sous l'apparence d'un petit nuage blanc.

"Quel gâchis," fit Kaï. "Tous ces gens, qui n'ont pas pu être sauvés."

"Nous avons échoué dans notre mission," ajouta Saki. "Nous étions supposés empêcher Shi de nuire, c'est manqué. D'un côté, heureusement que les anciens de notre planète sont morts aussi, sinon ils nous auraient exilés."

"Mais Shi était imprévisible. Gokuu et les autres se sont battus du mieux qu'ils le pouvaient, ils étaient même plus forts que lui, en puissance de combat pure. Ce qui n'aurait jamais du arriver, entre nous. Il a quand même utilisé son atout majeur pour nous écraser."

"Mh." Kaï prit un air songeur. Il ne cessait de penser à toutes ces vies qui avaient été abrégées. Ils avaient bien pensé à restaurer l'univers avec les boules de cristal des Nameks, mais ceux-ci leur avaient assuré que même Porunga n'avait pas le pouvoir d'accomplir leur v&

"Je suppose que ça doit poser quelques problèmes dans l'autre monde, tout ça," fit Saki. "Normalement, les âmes des morts étaient réutilisées pour être incarnées dans de nouveaux corps, après effacement de leur mémoire. Ce n'est plus possible désormais. Je me demande comment tout ce monde pourra entrer maintenant."

"L'autre monde est infini," déclara Kaï. "Mais il faudra quelques millénaires avant de pouvoir faire entrer toutes ces âmes, au rythme actuel."

"En plus des autres problèmes que ça va entraîner. Je pense qu'on n'a pas encore tout vu."

"Le mieux," fit Kaï, "serait de trouver un moyen de tout faire rentrer dans l'ordre. Mais c'est improbable. Je ne sais pas si quelqu'un a le pouvoir de faire ressusciter autant de gens. Sans compter la reconstruction des planètes et des étoiles. C'est une tâche immense."

"Allons donc demander conseil au Doyen des Dieux," proposa Saki. "Il aura peut-être une solution." Elle matérialisa un disque sombre devant elle, et laissa son frère passer devant, avant de le suivre.

***

"Et voila comment je suis finalement venu à bout de Freezer," acheva Gokuu, le visage rayonnant. Les Saiyens qui l'entouraient -- seuls quelques privilégiés parmi la masse -- étaient bouche bée. Jamais ils n'auraient pu imaginer que Freezer puisse se transformer plusieurs fois, qu'il puisse atteindre une telle force, et, de plus, que quelqu'un puisse le battre.

"Oui, mais," fit Végéta, qui se tenait non loin de lui, assis en tailleur comme Gokuu et les deux fillettes, "tu ne l'as pas tué à ce moment là."

"Il a survécu à l'explosion de la planète ?" demanda Baddack, sidéré.

"Oui," répondit Gokuu en inclinant la tête. "Il s'est fait cybernétiser, par son père. Ensuite il a voulu détruire la Terre, mais Trunks, le propre fils de Végéta, l'en a empêché -- enfin, c'est compliqué, une version plus âgée du fils de Végéta."

"Et c'est lui qui l'a tué ?"

"En effet," répondit Végéta.

"Avez-vous rencontré des adversaires plus puissants par la suite ?" demanda de nouveau Baddack.

"Oui," fit Gokuu. "Et c'est bien pour ça qu'on continue de s'entraîner, on ne sait jamais sur qui on peut tomber."

"Hm. Je comprends," fit Baddack, songeur cette fois. "C'est vrai, les Saiyens ont toujours été convaincus d'être le peuple le plus puissant de l'univers. Mais nous nous sommes aveuglés nous-même."

"Racontez-nous plutôt ce qui se passe ici," fit Végéta. "Vous avez dit lorsque nous sommes arrivés que c'était le premier tournoi depuis que les Saiyens se sont retrouvés au complet. Vous n'avez pas eu le temps de vous réunir durant toutes ces années ?"

"Nous n'avons conscience d'être morts que depuis très peu de temps," fit le Roi. "Nous nous sommes mystérieusement réveillés en enfer il y a environ trois mois de ça. Auparavant, personne ne se rappelle de rien."

"Trois mois ?" s'exclama Végéta. "Bizarre, ça correspond avec la fin de la bataille contre Shi."

"Je suis certain qu'il y a un lien entre les deux évènements," fit Gokuu. Végéta fronça les sourcils.

"Bien entendu qu'il y a un lien entre ces évènements, Kakarotto !" hurla t-il dans l'oreille de Gokuu. Celui-ci recula vivement.

"Ne t'énerve pas, Végéta," fit-il en lui faisant signe de se calmer. "Je disais ça comme ça, n'y fais pas attention."

"Par contre, je ne sais pas comment la destruction de l'univers a pu entraîner le "réveil" de certains individus. De tout un peuple, à plus forte raison."

"Aucune idée," ajouta Gokuu, avec sincérité. Végéta lui jeta un nouveau regard noir, et Gokuu se plaqua une main sur la bouche, pour s'empêcher de le vexer de nouveau.

"Nous pourrons toujours demander aux Dieux lors de notre retour, s'ils ont une idée sur la question," fit Végéta, en gardant un oeil sur Kakarotto.

"Bonne idée," fit Gokuu, en se levant. "Mais j'ai un peu faim, en attendant. Qu'est-ce que vous avez de bon à manger ici ?" Il se frottait l'estomac d'une main, la mine réjouie.

De nombreux regards perplexes se tournèrent de son côté.

***

Les deux Gardiens émergèrent du disque sombre qui venait de se former au-dessus de la prairie. Ils cherchèrent un instant la présence du Doyen des Dieux, et se dirigèrent vers un arbre, attirés par son aura -- sans pour autant le voir de là où ils étaient. Petit à petit, il apparut à leurs yeux : le vieillard était allongé dans l'herbe plus courte, un manga ouvert à ses côtés, et dont les pages tournaient au vent, un verre de limonade fraîche avec une paille posé sur une pierre plate. Il avait les mains derrière la tête, et dormait du sommeil du juste -- une bulle se gonflait au rythme de sa respiration.

Devons-nous le réveiller ? demanda Kaï à sa soeur par télépathie.

Non, idiot, lui répondit-elle. C'est un Dieu, on ne le dérange pas ainsi. Faisons plutôt comme lui. Sur ce, elle s'assit en tailleur, bien droite, et ferma les yeux. Kaï soupira, mais l'imita. Il n'avait pas du tout envie de dormir, donc il s'empara agilement du livre posé près de là, et commença à tourner les pages, en faisant attention de ne pas rire trop fort pour ne réveiller personne.

***

Gokuu engouffrait des quantités phénoménales de nourriture. Morts, les Saiyens ne ressentaient plus le besoin de se nourrir. Gokuu trouvait ça étrange, étant donné qu'il n'avait jamais cessé de manger lors de ses deux morts successives. Mais il profitait de ce que personne n'avale rien pour se remplir l'estomac. Enfin, presque personne, car Pan et Bra l'imitaient joyeusement. Quant à Végéta, il tenait à garder une attitude digne devant les autres Saiyens. Cependant, Gokuu avait bien remarqué que son oeil déviait en direction des plats de temps à autre -- il devait être affamé, comme lui.

"Qui sont ces deux fillettes ?" demanda le Roi Végéta, en désignant du menton Bra et Pan. Il n'aimait pas du tout ce manquement à l'étiquette. Les enfants ne devaient pas approcher de loin ni de près la cour royale, mais tout le monde semblait s'en moquer en ce moment.

"La petite fille de Kakarotto est celle qui a les cheveux noirs," fit Végéta. Pan adressa un petit salut de la main au Roi, qui lui lança un regard terrible. Elle avala sa bouchée, et se remit à manger, impressionnée. "L'autre est ma fille."

Des chuchotements s'élevèrent parmi la garde royale et les autres Saiyens présents lorsqu'il lâcha ses derniers mots.

"Une -- une fille ?" demanda le Roi, incrédule. "Mais elle n'a pas l'air Saiyen. Comment cela se fait-il ?"

"Sa mère est terrienne," continua Végéta. Un sourire étira les lèvres du Roi. "C'est une longue histoire," ajouta Végéta. "Mais ça ne change rien au fait qu'elle soit votre Princesse, maintenant." Le sourire fut remplacé par une expression dure.

"Peu importe. As-tu eu d'autres enfants ?"

"Un fils, qui est adulte maintenant. Un autre demi-Saiyen."

"Végéta, j'ai toujours voulu savoir quelque chose." C'était Nappa, qui était adossé à un mur, les bras croisés contre sa poitrine. "A propos des demi-Saiyens. Sont-ils tous aussi forts que l'était le fils de Kakarotto ? Et peuvent-ils progresser comme nous ?"

"Hum. Ils sont plus forts que nous s'ils le veulent. Et ils ont un plus grand potentiel énergétique." Une goutte de sueur dégoulina le long de la joue de Nappa. Il s'était redressé.

"Ils sont plus puissants que vous -- que le Super Saiyen ?"

"Ca n'a rien à voir. Entraîne-toi encore quelques milliers d'années, et peut-être que tu leur arriveras à la cheville." Nappa n'ajouta rien. Un silence lourd pesait, interrompu seulement par le bruit du repas insouciant de Gokuu.

"On vous présentera toute la famille un autre jour," fit Gokuu en se cabrant en arrière, et en se frottant l'estomac d'un air satisfait. "Ils seront sans doute curieux de vous voir, de toute façon. Je ne comprends pas pourquoi ils ne sont pas venus aujourd'hui, d'ailleurs."

"Tu as fini ?" demanda Végéta, en posant son regard sur la pile de plats vides.

"Ca ira," fit Gokuu, en souriant largement. "J'aurais bien aimé en avoir plus, mais ça semble être tout ce qu'il y a."

La garde royale au grand complet failli s'effondrer au sol sous l'effet de la surprise.

***

Les deux garçons volaient au-dessus du monde des Dieux. Ils passaient le plus clair de leur temps ensemble ; depuis leur entraînement spécial dans la salle de l'Esprit et du Temps, leur amitié s'était développée à un point tel qu'ils imaginaient mal se passer l'un de l'autre.

Ils volaient à vitesse de croisière -- à peine trois fois plus vite que le son -- et regardaient le paysage défiler sous eux. Les montagnes aux sommets enneigés succédèrent à de grands lacs aux eaux limpides. La forêt s'étendait au-delà, chargée de secrets bien gardés.

"Pff," soupira Trunks, assez fort pour que l'autre l'entende malgré le rugissement du vent. "Dommage qu'il n'y ait ni filles ni cinéma sur cette planète. Qu'est-ce qu'on était bien sur Terre."

"Ne te plains pas trop," fit Goten, en fronçant les sourcils. "La Terre n'existe plus, on a de la chance d'être ici. En plus on est vivants, de quoi te plains-tu ?"

"De n'avoir rien d'amusant à faire."

"Menteur ; tiens, on arrive. On va s'amuser, comme tu dis."

"Oui, c'est encore la chose la mieux à faire, ici."

Ils venaient d'arriver en vue de leur point de repère : une gigantesque montagne au sommet embrumé s'élevait au beau milieu de la jungle. Mais cette montagne fantastique, aussi imposante soit-elle, ne les intéressait pas dans l'immédiat. Ils descendirent rapidement, puis se laissèrent tomber, sans un bruit, dans le feuillage. Pas une feuille d'arbre ne trembla lorsqu'ils pénétrèrent dans l'épais manteau vert de la forêt. Ils avaient atteint le point le plus dense, le plus sauvage, de toute la planète. Là, le danger était partout. Même pour eux, survivre était un combat constant -- relativement. Ils auraient pu faire disparaître cette forêt et tous les dangers qu'elle représentait sans même bouger le petit doigt, mais au lieu de ça, ils avaient mis au point une nouvelle forme de jeu.

Un jeu qui les divertissait particulièrement, et dont ils découvraient les règles au fur et à mesure qu'ils jouaient. Ils appelaient ça "danser avec les ombres".

Immobiles, ne faisant aucun bruit, respirant à peine, ils s'étaient posé sur une des immenses branches recouvertes de lianes. Ils ne dégageaient aucune odeur, pour ne pas troubler les habitants de la forêt. Ils cachaient également leur force, du mieux qu'ils le pouvaient. Le jeu requerrait une maîtrise absolue de l'esprit et du corps.

Les deux garçons se mirent en accord avec leur environnement. Fermant les yeux, Goten et Trunks découvrirent lentement la vie qui les entourait. Ils trouvèrent en premier les petits animaux -- oiseaux de toutes sortes et de couleurs variées, les singes et les serpents, les petits dinosaures et les rongeurs, toutes sortes d'insectes. Une mygale au venin mortel grimpa sur l'épaule de Goten, mais pas un des muscles du garçon ne tressaillit. Elle finit par sauter sur une branche voisine, hypnotisée par une volonté supérieure qui lui avait ordonné de continuer son chemin.

Puis ils continuèrent leur investigation silencieuse. Après les milliers d'espèces différentes d'insectes, Goten et Trunks sentirent vibrer les végétaux. Les grands arbres, mais aussi les buissons, et jusqu'au moindre brin d'herbe, et finalement les graines enfouies dans le sol. Tout cela vivait, respirait, émettait une certaine quantité d'énergie qu'ils pouvaient percevoir, si infime soit-elle.

Mais il y avait autre chose. A la limite de leurs esprits, ils sentirent tout à coup une présence -- pendant une fraction de seconde. Ils auraient pu croire avoir rêvé, mais ils avaient passé assez de temps à traquer leur proie pour savoir qu'ils ne se trompaient pas. Il y avait bien quelque chose d'autre dans cette forêt, quelque chose d'indéfinissable, une présence qui n'était ni animale, ni végétale. Aucune forme de vie connue d'eux n'émettait d'aura aussi étrange -- diffuse, et aussi presque imperceptible. Jamais encore ils n'avaient pu approcher les êtres qui émettaient cette énergie de façon si brève.

Tu les sens ? demanda Goten à Trunks, par télépathie. Ils en étaient arrivés à penser doucement, pour ne pas les faire fuir.

Presque pas -- c'est vraiment difficile.

Je sais. C'est la même chose pour moi.

Plusieurs fois déjà, ils avaient cru sentir une de ces étranges présences de façon assez précise pour se lancer à sa poursuite. Mais malgré tous leurs efforts, ils n'avaient jamais réussi à voir un de ces êtres mystérieux. C'était comme poursuivre un fantôme, insaisissable et invisible à la fois. Quand ils croyaient arriver à leur but, et qu'ils pensaient se trouver juste derrière une de ces hypothétiques créatures, la présence disparaissait, complètement. Comme si elle n'avait jamais existé. Comme si, en fait, elle s'amusait avec eux, à les faire courir inutilement pour ensuite aller rire d'eux en silence. Et chaque fois, ils repartaient épuisés, à force de concentration et de maîtrise de leur corps.

Pourtant, ils percevaient de façon de plus en plus précise les présences, tout autour d'eux. Toujours immobiles, ils comptèrent silencieusement au moins six de ces présences autour d'eux -- très proches, en fait. Ils savaient maintenant qu'ouvrir les yeux ne servirait à rien. Ces êtres n'étaient pas hostiles, jamais ils n'avaient tenté quoi que ce soit pour les blesser. Mais ils étaient totalement insaisissables, ce qui intriguait totalement les garçons. Le défi était lancé, et ils comptaient bien le relever.

Ils savaient que les "inconnus" étaient au courant de leur présence. Ils n'avaient pas pris la peine de cacher leur présence pour venir, c'était inutile. En fait, ils étaient persuadés que leurs hôtes les attendaient, pour commencer le jeu. Ils étaient tous présents maintenant, et ils leur laissaient juste assez d'indices pour le leur faire savoir. A mille reprises, Goten et Trunks avaient tenté de percer leur esprit, pour se faire une idée de leurs intentions, ou même plus simplement de leur apparence physique. Mais chaque fois, ils n'avaient rencontré qu'un vide infini. Leur esprit était aussi insaisissable que leurs corps. Ils n'étaient même pas certains qu'ils aient un corps.

Quelques minutes plus tard, personne n'avait encore bougé. Tout était parfaitement tranquille dans la grande forêt, sans qu'il soit possible d'affirmer que quiconque soit en train de les observer, lisant dans leurs esprits à livre ouvert. Goten et Trunks avaient tout d'abord été frustrés de ne pouvoir entrer en contact avec un de ces êtres, mais ils considéraient maintenant ça comme un jeu, une occasion de plus d'améliorer leurs performances.

Ils faisaient tout leur possible pour ne pas penser, pour vider leur esprit. Les autres sauraient avant eux quand ils décideraient de bouger, et ils devaient compter sur une vitesse fulgurante dès le premier instant, sans quoi ils auraient perdu.

Simultanément, et sans un bruit, les deux garçons disparurent, sans laisser aucune trace. Comme s'ils n'avaient jamais été là.


Chapitre 4
Spoiler
Bouger sans seulement faire vibrer l'air ambiant, le tout à ultra haute vitesse, demandait une maîtrise absolue de son énergie et de son environnement. Les garçons avaient tous leurs sens en alerte depuis le moment où ils avaient décidé de bouger, pour tenter de rattraper un des inconnus.

Leur technique commençait à se mettre en place. Plutôt que de se laisser désorienter par le nombre d'inconnus qui les suivaient, tentant de les tromper par une redondance d'informations, ils se focalisaient sur une proie unique. Ils se déplaçaient suivant des chemins parallèles, mais qui n'avaient rien de rectiligne : il leur fallait éviter tous les troncs, les lianes, les petits animaux, le tout sans faire remuer une seule feuille. En fait, la première règle du jeu était celle-ci : si vous trahissez votre présence par quelque signe que ce soit -- un mouvement perceptible, un son, une vibration -- vous avez perdu. Et toutes les présences s'évanouiraient dans la forêt, pour ne plus revenir. La technique permettant de se déplacer dans de telles conditions venait des temps anciens, et leur avait été communiquée au travers de leur entraînement. Sur Terre, les meilleurs Ninjas avaient développé un art permettant de se mouvoir très rapidement sans faire un bruit, pour se fondre dans les ombres, et se retrouver derrière leur ennemi avant que celui-ci ne se rende compte de quoi que ce soit -- jusqu'à ce qu'il soit transporté dans l'autre monde. C'était presque de la magie. Mais ils devaient faire mieux, mille fois mieux, pour avoir la moindre chance de gagner.

Trunks se força à se concentrer, pour ne pas perdre leur proie. Jamais ils n'avaient de contact visuel, il fallait faire tout le travail en détectant son aura presque imperceptible. Il ne cessait de se dire qu'un seul rayon d'énergie lui permettrait d'arrêter définitivement celui qu'ils poursuivaient. Mais ce n'était pas dans les règles du jeu, il le savait.

Lui et Goten volaient littéralement dans la forêt, chaque muscle tendu comme une corde d'arc, sans pour autant se servir de leur ki. Ils ne devaient compter que sur leur force physique, ce qui demandait une vivacité et une réactivité bien plus grandes. A plusieurs reprises, l'un d'eux perdit la trace de leur proie, mais il la retrouvait rapidement. Presque comme si la proie elle-même leur donnait des indications. Et elle devait sans doute trouver ça drôle.

Goten sentit que petit à petit, ils perdaient du terrain. Depuis quelques temps, c'était toujours la même chose : l'inconnu finissait par se perdre au loin, et ils ne le rattrapaient jamais. Ses amis avaient disparu depuis longtemps à ce moment là. Mais pas cette fois-ci, décida t-il.

Il accéléra subitement, et distança Trunks. Mais celui-ci savait parfaitement ce que son ami faisait, car ils avaient mis leur plan au point avant de venir. Il savait aussi que tout reposait sur lui, désormais. Il ne devrait plus jamais perdre la trace, sans quoi ils auraient perdu.

Goten se mit à zigzaguer, passant d'arbre en arbre à une vitesse effrayante, bien plus importante que tout ce qu'il avait fait jusqu'à présent. Il ne voyait même plus la végétation. Il était tellement concentré qu'il savait parfaitement où se trouvaient tous les obstacles, et comment les éviter. Là, prenant appui sur une branche, il sautait prestement sur la suivante sans même faire trembler la première. Il devait tout éviter, ne rien faire bouger, ne pas trahir sa présence. L'air ne sifflait même pas à son passage, tout était parfaitement contrôlé. Le jeu l'exigeait.

Mais son aura augmentait progressivement. Se déplacer plus rapidement signifiait aussi mobiliser plus d'énergie, et le ki de Goten envahit progressivement le paysage énergétique de la région. Loin de continuer de perdre du terrain, Goten rattrapait petit à petit sa proie. Il suivait une trajectoire apparemment totalement chaotique, mais en fait son plan était parfaitement au point. Tandis que la proie devait se concentrer de plus en plus sur les mouvements de Goten pour lui échapper, Trunks devenait à son tour "invisible" : personne ne faisait plus attention à lui.

Goten sentit des gouttes de sueur couler le long de son cou. Il ne tiendrait plus longtemps à ce rythme là. Soudain, ils débouchèrent dans un endroit un peu moins densément boisé. Leur proie dut sauter d'une branche pour se retrouver un instant dans les airs. Maintenant, ordonna Goten à son ami.

Les yeux clos, Trunks se jeta en avant ; il calcula rapidement le point d'intersection de sa trajectoire et de celle de leur proie, avant de s'élancer, plus rapide que l'éclair. Des yeux invisibles s'élargirent de stupeur. En une fraction de seconde, Trunks saisit des membres imaginaires. Et tout d'un coup, le jeu prit fin : Trunks et son adversaire s'écrasèrent ensemble au sol, en soulevant un nuage de poussière avant de s'arrêter complètement. Goten s'arrêta d'un coup, et s'immobilisa devant son ami. Il écarquilla les yeux.

Devant lui, Trunks était allongé au sol, à l'extrémité de la tranchée que son corps et celui de leur proie avaient creusé. Il tenait fermement entre ses mains quelque chose que Goten ne pouvait voir. Mais l'aura du mystérieux étranger se fit progressivement plus sensible.

Tout autour d'eux, les autres inconnus se rassemblèrent. Goten s'autorisa un soupir ; ils avaient enfin gagné, après tant d'efforts.

Peu à peu, les mystérieuses créatures redevinrent visibles.

***

"Regardez-moi ça," fit Hana, en tendant la main devant elle d'un air dédaigneux. Bulma, Chichi, C18 et Videl, avec qui elle se promenait, se mirent à pouffer de rire.

Le Doyen des Dieux dormait profondément, de côté, les mains regroupées sous la tête. A côté de lui, Kaï et Saki en faisaient de même. Saki était toujours assise en tailleur, mais son frère s'était aménagé un tapis d'herbe pour être plus à l'aise.

"C'est un dortoir ici, ma parole," continua la jeune fille. "Debout !!" hurla t-elle. Les Gardiens ouvrirent rapidement les yeux, tandis que le Doyen sursautait. Il retomba sur le dos, et se redressa rapidement ; il fit rapidement un tour d'horizon pour trouver qui avait pu le réveiller, le visage rouge de colère.

Il tomba droit dans les yeux d'Hana. Elle le regardait d'un air moqueur, en se frottant le bout du nez de l'index.

"Alors, on fait la sieste ?" fit-elle avec une intonation narquoise. Le Doyen se sentait prêt à la remettre en place, comme toute terrienne qu'elle était. Mais elle s'approcha de lui, les mains sur les hanches, et se pencha vers lui. Le vieux Dieu sentit son assurance s'évaporer en plongeant dans les grands yeux de la jeune fille.

"Vous," commença t-elle, sans baisser son regard, "on m'a dit que vous aviez certains pouvoirs particuliers. J'ai un service à vous demander." Son sourire charmant aurait convaincu n'importe qui.

"De quoi s'agit-il ?" demanda le Doyen, définitivement bien réveillé, et pas fâché du tout.

"J'aimerais savoir où est Goten," fit Hana. "Il disparaît régulièrement toutes les après-midi avec son ami Trunks. Je me demande bien ce qu'ils font."

"Et bien, ce n'est pas facile de savoir où se trouve quelqu'un," répondit le Doyen en commençant à se gratter la tête. Il se mit une main sous le menton, et sembla réfléchir intensément.

"Vous n'avez aucun moyen de le retrouver ?" demanda Hana, manifestement un peu déçue. Le visage du Doyen s'éclaira subitement.

"Je n'ai pas dit ça," fit-il en tendant une main devant lui, paume tournée vers le haut. Dans un petit nuage de fumée blanche, une boule de cristal apparut. Les femmes se penchèrent vers lui, intriguées.

"A quoi ça sert ?" demanda Bulma, en jetant un coup d'oeil dans la matière translucide de la boule.

"Regarde bien." Le Doyen posa la boule au sol, et passa rapidement ses mains au-dessus, en chantonnant une petite incantation. Lorsqu'il les retira, une image apparut au centre de la boule.

"Mais - mais ce sont eux," fit Hana, surprise de voir apparaître le visage de Goten, puis de Trunks, dans la boule. Goten avait l'air essoufflé, tandis que Trunks crachait la terre qu'il avait entre les dents.

"Que font-ils ?" demanda Chichi, qui passa la tête entre celles de Bulma et de C18 pour mieux voir. "Ils se sont battus ?"

"Non," fit le Doyen, subitement très sérieux. "J'ai bien l'impression qu'ils sont allés exactement où je craignais qu'ils aillent."

***

La créature se redressa lentement. Goten en restait bouche bée. Leur "proie" était immense, au moins deux fois plus grande qu'eux. Elle avait une apparence vaguement humaine, avec deux jambes et deux bras, ainsi qu'une tête. Mais la comparaison s'arrêtait là. La créature portait une épaisse fourrure rouge sombre sur le torse, les épaules et les bras. Pour seul vêtement, elle n'avait qu'un pagne de tissus déchiré par endroits. La tête était très poilue elle aussi, et des yeux étonnamment clairs contrastaient violemment avec une peau tannée et ridée. Une crinière aux reflets d'or partait en mèches fières vers l'arrière de la tête, avant de retomber en vagues généreuses sur les épaules. L'ensemble du corps était puissamment musclé, et quelques veines ressortaient par endroits. Un rictus étira les lèvres de la créature, dévoilant des canines effroyablement longues.

Trunks finit de cracher la poussière qu'il avait dans la bouche, et s'épousseta, avant de faire un tour d'horizon. Autour d'eux, d'autres créatures venaient de faire leur apparition. Maintenant que les inconnus étaient visibles, leurs auras étaient nettement perceptibles. Ils avaient tous la même apparence, mis à part de légères différences dans l'allure et les traits du visage. Plusieurs d'entre eux croisèrent leurs bras sur leur poitrine. Trunks cracha une dernière fois.

"Et bien," commença t-il en se retournant vers celui qu'il avait attrapé, "c'est ce qui s'appelle un petit jeu divertissant. Vous pouvez vous vanter de nous avoir fait courir."

"Trunks," fit Goten en se tournant vers lui, les mains sur les hanches. "On ne sait même pas s'ils parlent notre langue. Si ça se trouve, ils ne te comprennent pas du tout."

"Oh, mais si," fit une voix rauque. Ils tournèrent leur regard vers la créature que Trunks avait fini par attraper. "Nous parlons votre langue, sans problème. Et je dois vous féliciter, très peu de gens ont réussi ce que vous venez de faire. Votre technique est fantastique."

"Hum," grommela Trunks. "On y a réfléchi un moment. Jamais on aurait cru devoir passer tant de temps juste pour attraper quelqu'un comme vous."

Trunks mentait. Malgré l'imposante stature des inconnus, ils ne semblaient pas gênés par leur musculature. De plus, ils avaient prouvé être très agiles.

"Et si vous nous racontiez ce qui se passe ici," fit Goten, "puisque vous parlez notre langue."

***

"Qui sont ces créatures ?" demanda Hana, d'un air innocent. Elle jeta un coup d'oeil au Doyen des Dieux. Celui-ci était blême. Il vira ensuite rapidement au vert pomme.

"Ca alors," fit-il, bougon. Il croisa les bras d'un air d'évidente frustration. "Jamais des mortels n'auraient dû réussir à faire ça. C'est la première fois que j'entends parler d'une telle chose."

"Mais c'est qui ?" persista Hana, un doigt tendu vers l'image qui se tordait dans la boule de cristal.

"C'est la première fois que je les vois," continua le Doyen, en balançant la tête de droite à gauche. "Je croyais que c'était une légende, jusqu'à présent."

"Vous allez nous dire qui c'est, à la fin ?" cria Bulma dans l'oreille du Doyen. Celui-ci fut déstabilisé, et manqua s'écrouler au sol.

"Doucement," fit-il, en secouant la tête. "Ce sont les Gardiens de l'Eternel, voila."

"Bon sang," firent simultanément Kaï et Saki, qui fixaient la boule du regard avec intensité. "L'histoire est donc vraie."

Tout à coup, l'air se mit à vibrer. En plein milieu du groupe, Gokuu, Végéta et les fillettes firent leur apparition. Surpris, Chichi, le Doyen et Bulma tombèrent à la renverse, tandis que les nouveaux arrivant s'écroulèrent au sol. Gokuu se retrouva assis par terre, et la boule de cristal roula jusqu'à lui. Il la prit, et y jeta un coup d'oeil.

"C'est Goten et Trunks, ça alors !" s'exclama t-il. "Mais qui sont ces créatures bizarres qu'on voit avec eux ?"

Bulma, maintenant allongée dans l'herbe, poussa un profond soupir. "Tiens, Gokuu," fit-elle. "Tu nous manquais, je t'assure."

***

"Alors," fit Trunks, qui commençait à s'impatienter. "Vous pourriez nous dire au moins pourquoi vous ne vouliez pas qu'on vous voie."

"Parce que personne ne nous a jamais vus," répondit le géant poilu. "A vrai dire, ça nous gène un peu que vous soyez arrivés à nous attraper."

"Tu es nul, Khor," fit un autre, en s'approchant d'eux. Il avait l'air encore plus imposant et puissant que le premier. "Te laisser avoir par une ruse aussi minable, vraiment."

"Excuse-moi, mais ils t'auraient eu aussi, si tu avais été à ma place. Je ne l'ai vraiment pas senti venir, celui-ci," fit-il en désignant Trunks.

"Hey !" répliqua ce dernier. "Mon nom c'est Trunks."

"Peu importe," fit le dénommé Khor. "Que venez-vous faire par ici ? Et comment se fait-il que vous soyez si habiles, pour des êtres mortels ?"

"On s'ennuyait, à vrai dire," fit Trunks. "Et on a trouvé ce jeu, qui consistait à vous attraper."

"En fait, on cherchait surtout à vous faire partir," répliqua le géant.

"Ce n'est pas la bonne technique, dans ce cas," fit Goten. "On croyait que vous vouliez vous amuser aussi, c'est tout."

"Partez d'ici, vous n'êtes pas autorisés à rester." C'était le second inconnu qui venait de parler, en s'approchant imperceptiblement. Trunks se tourna vers lui, en se frottant deux ou trois fois une oreille entre le pouce et l'index. Il ne savait pas vraiment quoi lui dire.

"Mais dites-nous au moins qui vous êtes," se plaignit-il. "Nous ne pensions pas vous gêner en venant ici."

"Nous sommes les Gardiens de l'Eternel," répondit-il, dominant les deux garçons de sa haute taille. "Et vous ne nous gênez pas, mais vous ne savez même pas pourquoi vous êtes ici."

"Vous gardez quoi ?" demanda Goten, d'un air naïf.

"Et pour quelle raison sommes-nous sensés nous trouver ici ?" fit à son tour Trunks, de plus en plus intéressé par ces étranges créatures.

***

"Même les Dieux qui ont toujours vécu sur cette planète ne les ont jamais vus," fit Shibito, qui venait d'accourir, aux appels assourdissants de son aîné. Essoufflé, il venait de s'apercevoir à l'instant dans quelle situation s'étaient mis les deux jeunes demi-Saiyens.

"Et pourquoi aviez-vous peur qu'ils n'aillent là-bas ?" demanda Bulma. "Vous avez dit quelque chose dans ce genre, quand vous avez vu les garçons."

"Parce que," fit le Doyen, l'air grave, accentué par le fait qu'il avait les mains croisées derrière le dos, "les Gardiens de l'Eternel sont des tueurs."

"Mon Dieu," fit Hana, en portant les mains à sa bouche, d'un geste d'effroi. "Ils risquent quelque chose ?"

"Il y a toujours un risque, avec eux. On prétend qu'il n'y a pas de créatures plus habiles dans l'art de tuer, que les Gardiens de l'Eternel. Mais eux-mêmes n'étaient qu'une légende, jusqu'à il y a quelques minutes."

"Qui sont ces Gardiens ?" demanda Bulma, toujours curieuse. "Des cousins à vous ?" fit-elle à Kaï et sa soeur.

"Dans un sens," acquiesça Kaï.

"Nous empêchions Shi de s'échapper, vous le savez," continua Saki.

"Et bien la légende prétend que les Gardiens de l'Eternel ont le devoir d'empêcher quiconque d'approcher le Grand Créateur. L'Eternel est un autre de ses noms," acheva son frère.

Les deux Dieux, Shibito et le Doyen, gardaient un air grave, tandis que petit à petit, le groupe accueillait de nouveaux curieux, attirés par le rassemblement. Gohan, qui tenait compagnie à Mister Satan, s'approcha, ainsi que Yamcha, Plume, Oolong, Kamesennin et Krilin qui venaient juste de se réveiller de leur sieste.

"L'éternel ?" demanda Gokuu, comme piqué par une mouche. "Qui est-ce ? Et que fait-il ?" Le Doyen prit un air plus grave encore, tandis que Dunde rougissait devant le manque de tact du Saiyen dans sa façon de s'adresser à un Dieu.

"Et bien," expliqua le Doyen, en figeant son regard dans la boule de cristal, "personne ne l'a jamais vu, à vrai dire. La légende raconte cependant qu'il a créé l'univers inférieur, d'où vous venez. Ainsi que l'autre monde, bien entendu."

"Shi est une partie de lui, vous le savez déjà," continua Saki. "En fait, c'est la mauvaise partie, bien qu'il n'y ait pas de différence fondamentale entre le 'bien' et le 'mal' tel que vous l'entendez. Les deux s'équilibrent, mais c'est un tout autre sujet de conversation." Tout le monde la regardait, bouche bée.

"Mais alors," s'exclama Gokuu, qui décidément était inspiré. "Voila la solution ! Nous n'avons qu'à aller le trouver pour lui demander de recréer l'univers, et tout rentrera dans l'ordre."

Les regards se tournèrent de son côté. Gokuu rayonnait, les mains sur les hanches. Mais le Doyen et Shibito ne s'étaient pas séparé de leur expression grave.

"Tu ne doutes vraiment de rien," fit le Doyen, en se tournant vers Gokuu. Ce dernier prit un air surpris.

"Quoi ? Mon idée n'est pas bonne ?"

"Ce n'est pas si simple que ça," fit le Doyen, avec un petit sourire narquois. "Je t'ai dit que personne n'a jamais vu l'Eternel, bien que certains aient déjà essayé de le trouver. Ceux qui ont réussi à s'avancer jusque sur le territoire des Gardiens de l'Eternel ne sont jamais revenus."

"Alors on est sur la bonne voie," continua Gokuu, de nouveau jubilant. "Oui, regardez ça." Il désignait la boule de cristal. "Les garçons ont trouvé les Gardiens, c'est déjà pas mal, non ?"

"Je dois dire qu'ils m'étonnent, ces gamins," fit le Doyen. "Mais ça ne signifie pas qu'ils vont pouvoir être reçus par l'Eternel pour autant."

"Alors il faut les aider," décréta Gokuu, les sourcils froncés. "Qui vient avec moi ? J'y vais." Il se concentrait déjà, deux doigts sur le front. Immédiatement, Végéta posa une main sur son épaule. Il ne voulait pas manquer une nouvelle occasion de s'amuser.

"Gohan ?" demanda Gokuu, en se tournant vers son fils. Celui-ci le regardait, d'un air étonné.

"Et bien... si tu y tiens," fit-il, avec hésitation.

"Allons, ne te fait pas prier," répliqua son père, avec un grand sourire. Gohan s'avança de quelques pas, et Gokuu saisit sa main tendue.

"Grand-père," fit une petite voix qui montait du sol. Gokuu baissa les yeux. Pan avait les larmes au bord des yeux.

"Quoi Pan ?"

"Je peux venir avec toi ? S'il te plait." Gokuu fronça les sourcils.

"Il n'en est pas question !" intervint Videl, avec une rare vivacité. Elle brisa le cercle entourant les Saiyens, pour prendre sa fille dans ses bras. Celle-ci se mit à pleurnicher.

"C'est bien trop dangereux," continua Videl, en essayant de la calmer. "En plus, tu t'es bien promenée aujourd'hui. Et il va bientôt faire nuit." En effet, le soleil avait amorcé une franche descente dans le ciel déjà bleu sombre.

"Ne nous attendez pas," fit Gokuu. "Nous risquons d'être un peu en retard ce soir."

"Attends, Gokuu," fit une voix grave. "J'aimerais venir avec vous moi aussi."

"Entendu, Piccolo. Approche."

Le Namek n'avait pas attendu son invitation. Il se plaça à côté de Gokuu, près de Végéta, et posa sa main sur l'autre épaule. Il eut le temps de lancer un regard à Dunde, avant de disparaître dans un chuintement d'air.

***

"Mais je ne comprends pas pourquoi nous devrions partir si vite," fit Goten, les mains sur les hanches à présent.

"Parce que," lui répondit celui qui se faisait appeler Khor, "notre fonction est d'éloigner les curieux. Vous avez de la chance que nous n'ayons décelé aucune mauvaise intention chez vous, aussi vous êtes toujours en vie." Goten écarquilla les yeux, et tourna la tête en direction de Trunks. Ils se regardèrent un instant, puis ils éclatèrent de rire. Les grandes créatures ne partageaient manifestement pas leur hilarité.

"Vous ne manquez vraiment pas d'humour," fit Trunks, lorsqu'il put se calmer un peu. "Et bien, nous nous sommes pas mal amusés aujourd'hui. On ferait aussi bien de repartir. Goten ?"

"Je ne sais pas trop," fit Goten, en se grattant le sommet du crane. "Cet endroit est bizarre, et eux aussi." Il désignait Khor et ses amis. Ils n'étaient plus aussi nombreux que lorsqu'ils étaient apparus un moment auparavant. Goten se demanda rapidement s'ils s'étaient rendus invisibles ou s'ils étaient tout simplement partis.

"Je suppose qu'on pourra toujours revenir demain pour parler un peu," continua Goten.

"Un moment." Goten et Trunks se retournèrent vivement. Ils connaissaient cette voix.

"Yo," les salua Gokuu d'un geste de la main. "Bravo, les garçons, vous avez fait du bon travail."

"Qui c'est ceux là ?" demanda le compagnon de Khor. Goten lui sourit timidement.

"Heu... mon père."

"Père ?" répéta la grande créature. "Qu'est-ce que c'est ? Encore un concept de créature mortelle, je suppose."

"Hum," commença Gokuu, un peu surpris qu'on ne lui prête pas plus d'attention que ça. "Nous aimerions vous parler un peu. Si ça ne vous gêne pas trop, bien entendu."

Les deux Gardiens les plus proches tournèrent nonchalamment la tête dans sa direction.

"Nous devinons ce que vous voulez. La réponse est non." Sur quoi, tous les Gardiens présents commencèrent à s'évanouir dans l'air. En quelques secondes, ils eurent tout à fait disparu. Même leurs auras avaient disparu. Tout le monde se mit à tourner la tête dans toutes les directions, pour essayer de les repérer.

"Bravo," fit Goten, en haussant la voix, en direction de son père. "Tu les as fait fuir."

"Mais... ce n'est pas ma faute," répliqua Gokuu, en agitant un index devant lui.

"Et qu'est-ce qu'on fait maintenant ?" demanda Végéta, en croisant les bas. Gohan se gratta l'arrière de la tête.

"On reste ici," décréta Gokuu, d'une voix ferme. "On est pas venus jusqu'ici pour rien. On est sur la bonne voie. Il faut absolument retrouver ces espèces de fantômes."

"Mais qu'est-ce qui se passe ?" demanda Trunks. Il regarda Goten, qui affichait la même expression d'incompréhension.

"Tu pourrais nous expliquer ?" Gokuu ouvrit la bouche pour lui répondre, mais avant qu'il ait pu parler, leur attention fut attirée par un léger bruissement non loin d'eux. Un disque noir venait d'apparaître, flottant à quelques centimètres du sol. Saki et Kaï apparurent à tour de rôle, et prirent pied à terre. Puis le disque disparut.

"Salut," fit Saki avec un petit geste de la main. "Vous nous aviez oubliés. Mais..."

Elle et son frère regardaient autour d'eux, en tentant de percer les ombres de la forêt qui s'allongeaient rapidement, dans la faible lumière du soleil couchant.

"Où sont-ils passés ?" demanda Kaï.

Gokuu s'assit à même le sol, le menton dans les mains. La nuit promettait d'être longue.

***

Après le départ de la petite troupe, les femmes s'étaient mises en cercle autour d'un feu intense ; les nuits étaient plutôt fraîches depuis quelques temps. Kamesennin n'avait pas tardé à les rejoindre, puis Krilin et Yamcha en avaient fait de même. Uubu, et les Dieux avaient été les derniers à se joindre au groupe. Ils riaient maintenant tous autour des flammes qui dansaient dans l'air frais.

"Je me demande quand Gokuu et les autres se décideront à rentrer," fit Bulma, qui caressait les fins cheveux de sa fille, qui commençait à s'assoupir sur ses genoux. "Il est tard maintenant."

"Oh," grommela le Doyen, en rouvrant les yeux. Il était assis en tailleurs, et tout indiquait jusque là qu'il dormait. Mais il n'en était rien. "S'ils veulent réellement rencontrer l'Eternel, ils risquent fort de ne pas rentrer cette nuit. Ni les suivantes d'ailleurs. Il leur faudra beaucoup de patience."

"Mais pourquoi donc ?" s'exclama Bulma, surprise. "Ils ne peuvent pas demander où celui qu'ils cherchent habite à ces drôles de créatures qu'on a vues tout à l'heure ?"

Le Doyen sentit une goutte de sueur couler sur son front.

"Ce n'est pas si simple," fit-il. "L'éternel ne leur parlera que lorsqu'il le désirera. Ce n'est sans doute pas encore le moment."

"J'espère qu'ils trouveront un moyen de restaurer l'univers inférieur," fit Krilin, qui avait les mains croisées derrière la tête. "Quoi qu'on ne soit pas malheureux ici, je n'ai pas à me plaindre."

Un poing de Bulma s'abattit violemment sur sa tête, lui arrachant des larmes. Depuis qu'elle avait rajeuni, Bulma avait aussi retrouvé toute sa fougue.

"Imbécile," fit-elle sur un ton de reproche. "Pense un peu à tous les gens qui sont morts lorsque Shi a tout fait exploser. Tu ne penses qu'à toi-même !"

"Ouille," gémit Krilin en frottant la bosse qui ornait son crâne. "Tu n'as pas besoin de crier, Bulma. Je ne suis pas encore sourd."

"Et bien moi," fit Videl en se levant, "je vais me coucher. De toute façon Pan est trop fatiguée." Effectivement, les fillettes, assommées par les évènements de la journée, s'étaient déjà endormies. Les autres ne tardèrent pas à les imiter.

***

"On va attendre comme ça combien de temps ?" se plaignit Trunks, d'un air las. Ses yeux commençaient déjà à se fermer d'eux même. Le petit groupe était là aussi autour d'un feu, mais l'ambiance n'était pas la même. La perspective de passer une nuit au plus profond de la forêt sauvage ne rassurait aucun d'entre eux.

"La patience est une bonne chose," fit Saki, apparaissant dans le cercle de lumière. Elle rapportait une brassée de feuilles mortes, qu'elle disposa confortablement dans un petit creux du sol. Elle commençait à s'organiser pour la nuit.

"Mais j'ai faim moi," se plaignit à son tour Goten. "Quand va t-on rentrer ?"

"Je te l'ai déjà dit," fit Kaï, d'un ton bourru. "Vous avez réussi un exploit en attrapant un gardien de l'éternel. Il va se passer quelque chose, il suffit d'attendre."

"Je n'ai toujours rien compris à cette histoire d'Eternel," fit Trunks. "Pour nous ce n'était qu'un jeu, rien d'autre."

Saki s'installa sur sa couche de feuilles mortes et d'herbe sèche. Elle semblait très à son aise.

"Parlons plutôt d'autre chose," fit Gokuu, qui s'était fait oublier jusque là. Végéta soupira en l'entendant. "Végéta," fit-il, "qu'est-ce que tu as pensé de notre rencontre de cette après-midi ?"

"Qui avez-vous vu ?" demanda Trunks, intéressé.

"Tes ancêtres," répondit son père. "Et toi, Kakarotto, qu'est-ce que ça t'a fait de rencontrer ton père, que tu n'avais jamais vu ?" Les deux Saiyens se sourirent. Ils savaient bien ce que l'autre pensait.

"Vous avez rencontré un groupe de Saiyens ?" demanda Kaï. Végéta secoua la tête.

"Non," fit-il. "Pas un groupe. Le peuple des Saiyens, au grand complet."

"Mais comment est-ce possible ?" demanda Kaï. Sa soeur semblait aussi surprise que lui.

"Oui," continua cette dernière. "Leurs âmes sont censées avoir été lavées après leur mort, et réutilisées dans d'autres corps."

"Ils ont dit quelque chose de bizarre," fit Gokuu, se souvenant des mots des Saiyens. "Ils se sont en quelque sorte réveillés peu après la bataille contre Shi, et ensuite ils se sont tous retrouvés."

"Mh," grommela Kaï. "Effectivement, je pense savoir de quoi il s'agit. Si je ne me trompe pas, on leur donne une seconde chance."

"Une seconde chance ?" fit Gohan. "De quoi veux-tu parler ?"

"Et bien en bref, il est dit que tout le monde aura une chance de se racheter s'il est allé en enfer, après sa mort. Ca vaut aussi pour les Saiyens. A propos de Saiyens..."

"Quoi ?" fit Gokuu, intéressé par l'expression songeuse de la jeune fille.

"Oh, ça me fait penser à quelque chose. Je suppose qu'on a tout le temps pour discuter ce soir. Ca vous dirait d'apprendre les origines du peuple des Saiyens ?"

Végéta sursauta. Lorsqu'il était enfant, il avait entendu plusieurs légendes sur l'origine de son peuple, mais tout ça restait un grand mystère pour tout le monde depuis la nuit des temps. Et il restait encore des gens pour connaître la vérité ?

"Saki, non." C'était Kaï, qui venait de s'exprimer sur un ton autoritaire.

"Quoi ?" demanda t-elle d'une voix haut perchée. "Kaï, arrête. Ce n'est pas comme si on devait encore défendre les grands secrets de l'univers. L'univers est détruit, et je doute fort jamais quitter cette planète maintenant. Ils ont le droit de savoir."

"Mh. Entendu. Fais comme tu veux."

"Et bien," fit Saki, au groupe qui s'était imperceptiblement rapproché d'elle. "Voila. Tout a commencé, on ne sait pas exactement quand, sur une planète du monde inférieur."
Dernière édition par Epsibalt le Jeu Mai 23, 2019 9:31, édité 2 fois.
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Re: [Archive] Un Prince nommé Végéta - terminée

Messagepar Epsibalt le Lun Mai 20, 2019 8:41

Chapitre 5
Spoiler
Les treize capsules spatiales glissaient silencieusement dans l'immensité de l'espace. Elles étaient en mauvais état, et voyageaient manifestement depuis très longtemps. Les engins étaient presque parfaitement sphériques, entièrement construits de matériaux de synthèse. Ils n'avaient plus de peinture depuis longtemps, et de nombreuses éraflures zébraient les coques endommagées par endroits.

Leurs occupants - un par capsule - étaient à peine maintenus en vie par les systèmes intégrés. Ils étaient les uniques rescapés de tout un peuple qui avait succombé à une guerre civile sans merci. Ceux-là avaient eu la chance d'avoir vent du projet qui avait abouti à la destruction complète de leur planète. Ils avaient dû se battre pour s'échapper, et n'avaient pas eu le temps de régler leur destination - ils erraient dans l'espace. C'étaient des techniciens, des chercheurs pour la plupart.

Les capsules déviaient cependant depuis peu de la trajectoire qu'elles avaient suivi jusqu'à présent. Leur course était incurvée par le champ gravitationnel d'une planète qu'elles frôlaient. Leur vitesse était de peu inférieure à la vitesse de libération cosmique, et elles furent capturées par la gravité de la planète, et mises sur orbite. Puis, petit à petit, les frottements dus aux rares molécules d'air les firent chuter, toujours plus bas. Vint le jour où elles entrèrent dans l'atmosphère de la planète.

Treize boules de feu plongeaient droit vers le sol. Les systèmes de navigation, bien que fatigués, réussirent à utiliser les dernières réserves d'énergie pour incurver les trajectoires mortelles, et pour libérer le système d'atterrissage : des trappes s'ouvrirent dans le flanc inférieur de chaque navette, laissant apparaître de petites ailes, qui mirent les engins en vol plané, à quelques centaines de mètres d'altitude. Puis de grandes pattes de métal se déployèrent, lorsque les sphères furent suffisamment proches du sol.

Certains engins eurent plus de problèmes : batteries à plat, problèmes mécaniques, erreurs de mesures... et deux engins ne purent pas réagir à temps. Les deux explosions firent vibrer le sol à des kilomètres à la ronde des points d'impact.

Les autres réussirent à se poser : les extrémités des pattes entrèrent en contact avec le sol, comme celles de gigantesques autruches privées de cou. Puis les engins entamèrent une course folle dans l'herbe de la prairie, pour ralentir progressivement leur vitesse. Là encore, une autre capsule butta contre un rocher, et fut démantelée lorsqu'elle s'écrasa au sol. Les débris s'étalèrent sur des centaines de mètres.

Petit à petit, les dix rescapés parvinrent à s'arrêter. Les mécaniques grinçantes parvinrent encore à faire plier les pattes pour poser les capsules au sol, et les portes des véhicules spatiaux s'ouvrirent. Des vapeurs montaient de toutes parts, et comme épuisées par leur effort, certaines pièces mécaniques se brisèrent, dans des craquements sinistres. Un des vérins pneumatiques se retrouva presque bloqué, et l'un des sas mit plusieurs minutes à s'ouvrir. C'était la fin du long voyage.

Le vent se mit à souffler dans les longues herbes, emportant avec lui l'odeur de mort qui se dégageait des engins. Un bon quart d'heure s'écoula avant qu'il n'y ait le moindre mouvement. Puis une tête apparût à une porte. S'accoudant à la rambarde, la maigre silhouette tituba le long de la rampe de débarquement. L'homme - une créature à la morphologie quasi humaine - toussa une fois, puis s'effondra, les genoux dans l'herbe. Il avait peine à croire ce qu'il voyait.

L'homme s'appelait Khim. C'était l'un des rares non-scientifique du groupe. Il avait fait partie de la résistance sur sa planète natale, et avait été celui qui avait le premier entendu parler du projet d'annihilation. C'était aussi lui qui avait averti les autres du danger qu'ils courraient tous. Un homme fort, physiquement et mentalement. Et pourtant... et pourtant, cela faisait maintenant plusieurs décennies qu'il voyageait ainsi, maintenu en vie par les systèmes de ralentissement du métabolisme. Il n'avait plus vu la lumière du jour depuis sa fuite. Il avait depuis lors cessé de marcher, de respirer de l'air pur, de fouler l'herbe verte. C'était une seconde naissance.

La plaine verdoyante s'étendait à perte de vue. Des montagnes enneigées étaient visibles à l'horizon, et on devinait les reflets argentés des grands lacs qui s'étendaient à leurs pieds. C'était le paysage le plus beau et le plus paisible que Khim voyait depuis une éternité. Des larmes se mirent à couler lentement sur son visage - des larmes d'émotion, mais aussi parce que ses yeux étaient peu habitués à la lumière du grand soleil de cette planète.

On a eu de la chance, pensa t-il, en s'asseyant lentement dans l'herbe, et en inspirant profondément. Tomber par hasard sur une planète habitable, c'est un vrai miracle. Il leva la tête, et contempla les engins spatiaux. Il les compta, et remarqua que trois manquaient. Les colonnes de fumées montant de l'horizon lui indiquèrent ce qu'ils étaient devenus. Pas de chance.

Khim remarqua aussi qu'il était le premier à être sorti. Il avait toujours été le plus fort de leur groupe. Il se remit difficilement sur ses pieds - ses muscles étaient horriblement atrophiés par trop d'inactivité - et il se dirigea vers la plus proche des capsules.

***

Il réussit à réveiller huit de ses neuf compagnons. Le dernier était mort depuis longtemps dans son cercueil de métal. Ils passèrent plusieurs semaines à se remettre de leurs épreuves. Leurs véhicules leur offrirent protection pendant ce temps, et ils avaient emporté suffisamment de provisions pour ne pas s'inquiéter. Leur guérison fut en vérité étonnamment rapide : il leur aurait normalement fallu plusieurs mois de séjour dans un hôpital pour s'en sortir. Mais leurs corps fatigués se remplissaient d'énergie comme des éponges absorbent l'eau. En moins d'un mois et demie, les quatre femmes et les cinq hommes du groupe furent presque complètement rétablis.

Vint le jour où ils purent enfin quitter la protection de leurs vaisseaux pour tenter une exploration de ce monde nouveau. Il leur fallait entrer en contact avec toute forme d'intelligence locale. Les instruments d'approche de leurs capsules avaient pu leur indiquer que la planète sur laquelle ils étaient tombés était en grande partie recouverte de végétation, mais ils n'avaient rien pu apprendre sur la vie animale et la civilisation éventuelle. S'il y avait des habitants, et si ceux ci possédaient une technologie qu’ils avaient pu détecter leur arrivée.

Ils marchèrent pendant des jours dans la plaine, buvant dans les nombreux cours d'eau, s'alimentant des nombreuses espèces de plantes comestibles et de leurs rations de survie. La nuit, ils dormaient à la belle étoile, mais la température était tout à fait supportable pour eux. Rapidement, leurs forces augmentèrent dans de nouvelles proportions, et du stade de cadavres ambulants ils devinrent des athlètes olympiques. Mais rien ne leur laissait présager de ce qui était en train de leur arriver.

Une nuit, ils trouvèrent refuge dans une grotte. La caverne était spacieuse, et presque entièrement cachée par un rideau de végétation. Ils allumèrent un feu, et entamèrent leur discussion nocturne habituelle. Ils parlaient surtout de leur guérison inexplicable, et de cette planète si étrange.

Alors que les premiers signes de fatigue se faisaient sentir, Namia, qui faisait face à Khim, remarqua l'expression songeuse de ce dernier.

"Que se passe t-il, Khim ?" demanda-elle, en jetant un morceau de bois dans le feu. Une gerbe d'étincelles s'envola. "Tu n'as pas l'air bien."

"Je - je ne sais pas," répondit son ami. "Ca ne m'était jamais arrivé, c'est vraiment étrange."

"De quoi parles-tu ?" demanda Darn, son compagnon de droite.

"Je ne sais pas. C'est comme - c'est comme si j'entendais - une voix, dans ma tête."

"Une voix ?" Darn et les autres explosèrent de rire. "Tu n'aurais pas retrouvé une ration d'alcool dans une des capsules, par hasard ?" fit Miso, un des chercheurs de l'équipe. Mais leurs rires s'estompèrent rapidement, devant l'expression contrariée de Khim.

"Je vous assure," protesta ce dernier. "Je n'ai jamais senti quelque chose de similaire avant. C'est vraiment une sensation étrange. La voix me semble... froide, impersonnelle. J'en ai la chair de poule."

"Et... que dit cette voix ?" demanda Namia, en réprimant un pouffement de rire.

"Je - je ne sais pas. Je ne l'entends pas assez bien. Mais c'est bizarre, elle répète un mot, toujours le même me semble t-il Ca me fait froid dans le dos."

Personne ne riait plus. Car tout à coup, tout le monde tressaillit. Chacun venait de recevoir une douche froide : une voix presque imperceptible mais lancinante, s'élevait à présent dans leurs esprits. Elle se faisait un petit peu plus forte à chaque instant, à chaque minute. Mais personne ne savait encore ce qui se passait.

Leur nuit fut mauvaise, et certains ne dormirent même pas du tout, tenus en éveil par la petite voix, qui se faisait toujours plus présente dans leurs esprits. Mais étrangement, personne ne fut fatigué le lendemain. La formidable énergie dont faisaient preuve leurs corps depuis leur arrivée sur cette planète semblait aussi effacer la fatigue.

"Je crois que je sais ce que dit la voix, ce matin," grommela Khim en rejoignant son groupe, à l'aube. Les autres n'osaient plus sourire maintenant, et ils le regardaient, d'un air presque affolé. Ils commençaient à se demander s'ils ne devenaient pas fous.

"Et qu'est-ce que tu entends ?" demanda un de ses amis. "Peut-être que c'est la même chose pour nous."

"Et bien ce n'est pas encore très clair," répondit Khim. "Mais il me semble bien entendre sans arrêt le mot... Végéta."

***

Tout le monde entendait le même mot. Une litanie sans fin, qui s'imposait un peu plus à eux au fur et à mesure que le temps passait. Ils parcoururent des centaines de kilomètres dans l'herbe de la prairie, un enfer de végétation interminable. Ils marchèrent de jours, des semaines, avec en permanence ce petit mot qui résonnait dans leur tête, de façon parfaitement claire. Végéta. Végéta. A longueur de journée, et de nuit. Sans répit, sans un moment de tranquillité.

Et simultanément, des changements s'opéraient dans leurs corps : leurs muscles se mirent à grossir, à durcir. Les anciens chercheurs devinrent des athlètes. Au lieu de marcher, ils sautaient et courraient dans la prairie, à présent. Khim était indiscutablement le plus fort d'entre eux. Mais les changements ne s'opéraient pas que dans leurs corps. La voix glaciale et impersonnelle qui leur envahissait l'esprit un petit peu plus chaque jour les rendait fous. Ils commencèrent par devenir irritables, puis agressifs les uns envers les autres. Pourtant, ils avaient des moments de calme intense, presque de paix, une fois le soir venu. Mais durant la journée, l'enfer recommençait, et ils devaient se battre à la fois contre la voix, et la végétation omniprésente qui semblait vouloir les absorber. Désormais, ils avaient baptisé la planète Végéta. Souvent, l'un d'eux était obligé de se plaquer les mains sur les oreilles, et de crier de toutes ses forces, pour faire taire un instant la voix. Cependant, celle-ci revenait toujours forte, plus insistante, plus meurtrière.

Un jour, Khim, qui souffrait le plus de cette situation, se mit à hurler. Cambré en arrière, les muscles gonflés par l'effort, il hurlait de tous ses poumons. Son corps avait subi de profonds bouleversements depuis son arrivée, et surtout depuis le moment où ils avaient quitté leurs navettes spatiales. Il avait grossi, grandi, ses muscles étaient incroyablement développés et puissants. Ses cheveux avaient poussé, quoi qu'il fasse pour les couper. Ils prenaient maintenant une place phénoménale au-dessus de sa tête, et les mèches triangulaires formaient une touffe en forme de flamme. Mais ce n'était pas tout : tous ses sens s'étaient développés. Sa vue était incomparable, ainsi que son ouïe. Il pouvait également sentir la présence de ses compagnons auprès de lui, leur force, leur vitalité. Ce que plus tard d'autres nommeraient le ki.

Mais peut-être plus important que tout, et surtout le plus inquiétant pour ces êtres civilisés : à la base de leur dos, dans le prolongement de leur colonne vertébrale, s'était développée une queue aussi poilue que celle d'un singe, longue et très mobile, mais aussi très sensible. Ils étaient depuis longtemps convaincus qu'ils étaient tous fous, et qu'ils étaient morts dans leurs capsules spatiales. Mais la réalité s'imposait à eux quotidiennement. Ils se transformaient, en quelque chose de monstrueux et de fascinant à la fois. Corps et âme, ils devenaient d'autres personnes. Et l'origine de cette transformation, ils la connaissaient depuis longtemps : la voix ne se contentait plus à présent de leur répéter un seul mot, ils avaient entendu de nouvelles phrases, dans une langue inconnue, qu'ils avaient fini par comprendre sans l'avoir jamais apprise. La voix leur avait expliqué que c'était la planète elle-même qui était à l'origine de leur transformation.

La planète Végéta, qui, arrivée au terme de sa vie, donnait toute l'énergie qui lui restait à ces nouveaux arrivants, pour les transformer en des êtres invincibles, capables de résister à tout, et dont la fonction serait de fonder un nouveau peuple. Un peuple dont la seule raison de vivre serait le combat, un peuple qui pourrait écraser les autres, envahir les planètes alentour, et qui s'étendrait jusqu'aux confins de l'univers, portant avec lui la mémoire et la gloire de Végéta l'ancienne. Végéta serait aussi le nom du premier roi de ce nouveau peuple - celui qui se faisait auparavant appeler Khim - et tous ses successeurs se nommeraient Végéta. Tout cela était monstrueux, mais quelle importance ? C'était la loi de la nature, la loi du plus fort. La différence entre bien et mal était faible, et il fallait peu de chose pour passer de l'harmonie à la barbarie.


Vint le jour où le groupe pénétra sur le territoire des autochtones de la planète. Des êtres qui étaient là depuis trop longtemps pour que la planète ait pu avoir une quelconque influence sur eux. Ils possédaient une technologie extrêmement avancée - mais ils n'avaient pas pu repérer l'arrivée du groupe à cause de l'influence de la planète Végéta elle-même. Ils avaient exploité la planète sans vergogne, épuisant peu à peu ses ressources en énergie. Heureusement, ils étaient peu nombreux : le peuple entier tenait dans une unique cité. Celle-ci était une ville de haute technologie : c'était à la fois un lieu de détente, de travail, et un spatioport. Des mécanismes compliqués plongeaient jusqu'au c&même de la planète pour absorber son énergie, utilisant les réactions nucléaires naturelles qui avaient lieu dans le noyau liquide central. Ils avaient besoin d'une énergie énorme pour faire fonctionner leurs machines et leurs vaisseaux spatiaux, et ils avaient presque épuisé les réserves de la planète. Mais Végéta avait décidé de réagir. Le temps était venu de payer.

Végéta utilisa les neuf membres du groupe comme un outil de vengeance : munis de leur nouvelle force, ils purent se glisser dans la profonde forêt qui entourait la ville, et ils finirent par atteindre les montagnes qui la bordaient, sans se faire repérer. Ils surplombaient maintenant la cité.

"Que fait-on, Khim ?" demanda un de ses amis, à quelques pas de lui. Leur chef semblait songeur. Comme s'il communiquait par télépathie avec l'entité mystérieuse qui constituait l'âme de la planète.

"On attend," répondit-il, sans se retourner. "Cette nuit." Son regard froid détaillait déjà les rues de la ville, et prenait des repères qui seraient utiles. Derrière lui, les autres levèrent la tête au ciel : de lourds nuages noirs s'assemblaient au-dessus d'eux.


L'ordre d'attaquer fut silencieux. Les lumières de la ville étaient toutes allumées ; la cité ne dormait jamais. Les neuf s'envolèrent silencieusement - une capacité qu'ils avaient su maîtriser récemment - et tels des anges de mort, s'abattirent en silence sur le peuple parasite. De nombreuses boules de feu fleurirent dans le paysage nocturne, prenant de court les habitants de la cité. Mais l'effet de surprise fut de courte durée : des troupes spécialement entraînées entrèrent dans la danse. Les défenseurs ne disposaient pas d'une force physique importante, mais leur technologie leur permirent de tenir tête aux neuf envahisseurs : ceux-ci furent rapidement écrasés sous le nombre d'assaillants. Tous furent mis hors d'état de nuire, et immobilisés, à l'exception de Khim : celui-ci n'avait pas participé à l'attaque. Sa tâche était tout autre.

Pendant que ses compagnons se faisaient entraver par les défenseurs, Khim s'infiltra rapidement au travers de tous les systèmes de sécurité, pour se rendre au générateur principal, situé au c&: un dôme gigantesque, qui abritait la machine prélevant l'énergie de la planète, telle une sangsue géante. Il extermina rapidement tout le personnel travaillant sur les équipements, et il pénétra dans la salle de commandes. Guidé par l'âme de Végéta, il n'eut aucun mal à dérégler l'appareil, de telle façon à rendre le mécanisme instable.

Les huit compagnons de Khim étaient à présent maîtrisés par les forces de sécurité : mains et pieds immobilisés par des liens spéciaux quasi indestructibles, ils étaient dans divers états de conscience. Ils portaient de nombreuses marques des combats qu'ils avaient menés. Leur expédition était un échec : seuls quelques bâtiments avaient pu être détruits, et les victimes étaient peu nombreuses.

Mais c'était sans compter sur Végéta : l'esprit de la planète déroulait son plan, tel qu'il était prévu depuis le début. Les nuages se déchirèrent brusquement au-dessus de la ville. Et la lumière lunaire envahit le moindre recoin de la cité. Immédiatement, chaque membre du groupe d'attaquants sut ce qu'il avait à faire : fixer la Lune du regard, et attendre que la lumière argentée les traverse, qu'elle pénètre au plus profond de leur âme. Et la transformation fut irréversible.

Huit singes géants apparurent. Ils étaient animés d'une rage destructrice démesurée. De leurs gueules, surgissaient maintenant de grands rayons d'énergie, qui ravageaient des quartiers entiers de la ville. Celle-ci réagit du mieux qu'elle le put : les machines de défense automatique prirent les grands singes pour cible. Mais ceux-ci continuaient de semer la mort sur leur passage, réduisant les bâtiments en miettes et tuant tout ce qui oser encore bouger.


Pendant ce temps, Khim avait réussi à atteindre le cœur de la centrale d'énergie qui ne fonctionna bientôt plus du tout, et la vile entière fut privée d'énergie. Les systèmes de défense réussirent cependant à tuer deux Oozarus avant de se taire à jamais. Et les rugissements des six autres retentirent au plus profond de la nuit. La ville était désormais agonisante. Mais curieusement, les singes géants se calmèrent, et battirent en retraite. La voix le leur ordonnait. Il leur fallait fuir, fuir du plus vite qu'ils le pouvaient. Leur survie dépendait de la distance qu'ils mettraient entre la cité et eux.

Car Khim - ou plutôt Végéta, premier du nom - absorbait maintenant toute l'énergie que la planète injectait d'elle-même dans le capteur central, auquel il était directement relié. Une énergie immense, tout ce qui restait du cœur. Ses fibres musculaires se modifiaient pour recevoir le gigantesque flux de puissance. Tout son métabolisme évoluait pour accueillir l'énergie, pour la stocker. Il devenait Végéta. Pendant un moment, il crut ne pas y arriver, ne pas pouvoir supporter la terrifiante puissance qui était directement transférée de la machine à son corps au travers des grands arcs électriques qui jaillissaient de toutes parts, faisant trembler les superstructures de la ville. Mais l'âme de la planète était déjà en lui. Il parvint à maîtriser la vague d'énergie, à la chevaucher pour se l'approprier. Le transfert prit fin, une fois que la planète se fut totalement vidée de son énergie. Ce n'était désormais plus qu'un caillou de plus dans l'espace. Mais l'âme de la planète avait fini par réaliser son vieux rêve : s'incarner dans un corps organique.

Du haut de leurs montagnes, les singes géants fixaient du regard le centre de la ville avec attention. Un sourire bestial dévoilait leurs canines puissantes. Car soudainement, une colonne d'énergie monta vers le ciel, réduisant en cendres le dôme de la centrale d'énergie. La planète entière se mit à trembler. C'était le grand réveil de l'être légendaire, de celui qui était totalement invincible et sans scrupules. Une fois que le tremblement de terre eut cessé, et que les débris se furent déposés sur la ville tétanisée, une petite étincelle s'éleva du plus profond du gigantesque cratère qui remplaçait maintenant le dispositif d'alimentation en énergie. C'était un être vivant, qui s'élevait dans l'air de lui-même, sous l'effet de la puissance qui émanait de lui. Khim, plus grand de quelques centimètres, possédait désormais le corps parfait. Son aura flamboyait dans le ciel nocturne. Et ses cheveux semblaient de feu.

Le premier Super-Saiyen venait de faire son apparition. Il ne lui fallut que quelques instants pour exterminer le peuple qui avait toujours vécu là. Mais son cri résonna encore longtemps après que la pluie eut éteint les derniers foyers dans la ville exterminée.


Le lendemain, tandis que le petit groupe soignait ses blessures et reprenait des forces, une main se posa sur l'épaule du Roi.

"Que faisons-nous maintenant, Majesté ?" Végéta tourna la tête.

"On part, Namia. De nombreuses planètes attendent notre visite." Les autres sourirent. Ils n'avaient plus qu'un désir : se battre, tuer, exterminer. C'était leur raison d'être désormais.

"Vous pensez trouver des vaisseaux en état de fonctionnement ?" demanda Miso. Son Roi se tourna vers lui.

"Rien ne pourra nous arrêter," répondit-il, de la même voix froide qui les avait tant effrayés durant leur apprentissage. "Rien ni personne ne pourra arrêter les sept Saiyens."

***

"Waaaa," fit Gokuu, en étirant ses bras au-dessus de sa tête. "C'est super intéressant comme histoire. Pas vrai, Végéta ?" Celui-ci semblait plus songeur que jamais. Il ne prit pas la peine de répondre.

"Dis-moi, Saki," fit-il. "C'était vraiment un Super Saiyen ?"

"Oui," acquiesça t-elle. "Le Super Saiyen était ensuite censé apparaître tous les mille ans, parmi la famille royale."

"Qu'est-il devenu ?"

"Le premier Roi de ton peuple ? Et bien il s'est battu longtemps. Comme tu t'en doutes, il a toujours été invaincu. Jusqu'à ce que son fils le tue, une nuit, pour prendre sa place." Végéta sourit. C'était de cette façon que le trône était transmis chez les Saiyens, d'habitude.

"Mais ils n'étaient vraiment que sept à l'origine ?" demanda Trunks, qui avait écouté tout le récit avec grande attention.

"En effet," répondit Saki, assise dans les feuilles mortes qui composaient sa couche. "Les gènes Saiyens se sont transmis de génération en génération, et votre peuple a grandi petit à petit. Maintenant... ils n'y a plus que deux vrais Saiyens."

Un silence lourd passa sur le petit groupe. Piccolo le brisa en premier.

"Je suppose que c'est aussi bien comme ça," fit-il. "Les peuples sont comme les individus : ils naissent, et un jour ils meurent eux aussi."

"C'est vrai," fit Kaï, en inclinant la tête.

"Pourquoi nous as-tu raconté tout ça ?" demanda Végéta, sans regarder Saki. Pourtant elle savait que la question lui était adressée.

"Pour que vous appreniez tous l'origine de votre peuple. Pour que tu saches comment il est né. Pour passer le temps. Ca ne t'a pas ennuyé, je crois."

"Oh... non, loin de là. C'était très instructif. J'aurais encore des milliers de questions à te poser. Mais je suppose que ça peut attendre demain."

Saki remarqua alors que les yeux avaient commencé à se fermer depuis qu'elle avait fini de raconter. Loin d'être le denier, Gokuu ronflait déjà, assis en tailleur, la tête appuyée sur une main. Végéta lui balaya le bras d'un geste rapide, et Gokuu s'affala en avant. Il sursauta.

"Quoi ?" demanda t-il, en ouvrant tout grand les yeux. "Pourquoi as-tu fait ça, Végéta ?"

"Pour rien," fit l'autre, un sourire au coin des lèvres. "Va te coucher. Bonne nuit."

***

Le feu s'éteignait lentement. Ils dormaient tous profondément. Sauf Végéta. Il ne cessait de penser à ce qu'avait raconté la Gardienne. Etait-ce vrai ? Son peuple était-il réellement issu d'un petit groupe de créatures à l'agonie ? Et le mystère n'était toujours pas résolu pour lui : il ignorait encore quel était l'être qui s'était incarné dans le corps de l'ancien Khim, pour quelle raison il avait choisi ces rescapés de l'espace. Quel être serait en mesure de faire un Super Saiyen du premier venu ? Des centaines d'autres questions le hantaient. Mais il finit par succomber au sommeil, alors que les premières lueurs de l'aube pointaient à l'horizon. A son réveil, la première pensée de Végéta fut de se maudire pour s'être endormi.

***

Une tête poilue le fixait intensément du regard. Des yeux de bête fauve, aux iris injectés de sang. La tête était énorme, armée de crocs blancs et affûtés comme des rasoirs. Il sentait que des griffes du même modèle étaient posées sur sa gorge. Et il savait qu'au moindre mouvement, il aurait le cou tranché. Malgré toute sa force et sa vitesse de réaction, il ne pouvait rien faire. Mais comment se faisait-il qu'il n'ait rien remarqué pendant son sommeil ? Il était tombé entre les mains des terribles Gardiens de l'Eternel, ces êtres étranges qu'il n'avait qu'entraperçus dans la boule de cristal du Doyen. Tournant les yeux, Végéta vit que ses compagnons se trouvaient dans la même situation. Ils se trouvaient toujours dans leur campement, et manifestement personne n'avait rien senti venir : un monstre tenait en respect chacun d'eux.

"Bonjour," fit-il, sur un ton neutre. L'autre ne sembla pas apprécier la plaisanterie. Au contraire, voyant que sa proie était réveillée, il raffermit sa prise, et les grandes griffes entamèrent la peau pourtant à toute épreuve du Saiyen.

"Je vais vous tuer," fit-il, le regard menaçant. Une goutte de sueur glissa sur le front de Végéta. Il n'avait pas vraiment peur, mais il sentait son rythme cardiaque monter lentement.

"Vous n'avez pas le droit d'être ici," fit l'être.

"Je ne le savais pas," fit Végéta. L'autre ne relâcha pas sa prise d'un millimètre.

"Allons. Ne vous fatiguez pas. C'est la règle. Adieu."

Alors qu'il allait entamer le mouvement fatal, Végéta décida de tenter le tout pour le tout. Mais au dernier moment, une voix s'interposa.

"Arrête ! Tout de suite !" Le Gardien s'immobilisa net, et tourna la tête. Végéta vit un autre des monstres se matérialiser. Il apparaissait de nulle part, tel un fantôme issu de l'air ambiant.

"Je vous avais dit de les laisser partir. Qu'ils se décourageraient."

"Khor, laisse moi faire," répliqua l'assaillant de Végéta.

"Tu sais très bien que c'est la volonté de l'Eternel. Les laisser partir d'eux-mêmes."

La pression se relâcha un bref instant autour de la gorge de Végéta. C'était tout ce que le Saiyen attendait : d'un mouvement brusque, il se cambra, et projeta la masse de muscles et d'os le surplombant à plusieurs mètres de hauteur. Puis il tendit un bras, et projeta un rayon d'énergie qui traversa l'abdomen de son adversaire. Les yeux de ce dernier faillirent sortir de leurs orbites. Il retomba lourdement au sol, immobile.

Végéta se redressa rapidement. Il était déjà entouré de tous les côtés par les autres Gardiens. Les autres aussi étaient libres maintenant : Gokuu, les garçons, Piccolo, Saki et son frère se mirent rapidement sur leurs pieds, prêts au combat.

"Arrêtez !" cria de nouveau Khor. "Il n'a fait que se défendre. Laissez-les."

"Ca - ça se paiera," fit celui que Végéta venait d'attaquer. Le Saiyen jeta un coup d’œil à la blessure : celle-ci se refermait lentement.

Au bout de quelques instants, la créature se remit sur ses pieds. Une expression de satisfaction resplendissait sur son visage bestial.

"Immortel, hein ?" demanda Végéta. Il se plaça rapidement aux côtés des autres. Les deux camps se faisaient maintenant face. Khor se retourna vers ses semblables.

"Ils ne savent même pas pourquoi ils sont là," fit-il. "Pourquoi les attaquer ?"

"C'est la règle, tu le sais bien," fit celui que Végéta avait blessé.

"La règle prévoit de tuer les indésirables. Ce n'est pas le cas ici."

"Peuh," fit l'autre, en crachant de côté. "Tu es devenu trop mou, Khor, à force de ne rien faire. On a été tranquilles pendant trop longtemps."

Piccolo, ainsi que les garçons et Gokuu, semblaient perplexes. Végéta était toujours concentré pour le cas où il aurait à se battre.

"Si vous voulez qu'on parte," fit Gohan, "il fallait le demander." Les regards convergèrent vers lui.

"Mais non," lui fit son père, en s'approchant pour lui parler à l'oreille. "Tu sais bien qu'on doit trouver une solution à notre problème. Et le Doyen nous a dit qu'ils peuvent nous aider."

"On parle de moi ?" Gokuu et les autres se retournèrent au son de cette voix qu'ils connaissaient. Derrière le petit groupe, le Doyen et Shibito venaient d'apparaître. Le Doyen tenait toujours sa boule de cristal dans une main.


Chapitre 6
Spoiler
"Qui êtes-vous ?" demanda aussitôt celui que Végéta avait blessé - sans que ça ne le gêne le moins du monde, d'ailleurs.

"Un peu de respect, je vous prie," fit le Doyen, en posant sa boule de cristal au sol. Il se redressa, et mit les mains derrière son dos. "Je suis tout de même le Doyen des Dieux, et vous êtes ici sur ma planète.

"C'est plutôt vous qui êtes sur la notre," répliqua l'autre en s'avançant, l'air menaçant. Mais les Dieux ne semblaient pas s'inquiéter.

"Du calme, Ahm" fit Khor en s'interposant. "Disons que nous vivons sur la même planète, c'est tout. Il y a assez de place pour tout le monde, il me semble."

"J'ai pris la peine de me déplacer dans le seul but de clarifier un peu la situation," fit le Doyen. "Il semble régner un petit malentendu, ici."

"Ca vous pouvez le dire," fit celui que Khor venait de nommer Ahm. "Vous les mortels, vous n'avez rien à faire sur ce territoire. Partez avant qu'il ne vous arrive malheur."

"Nous ne demandons que ça," fit le Doyen. "Mais nous cherchons tout d'abord à entrer en contact avec l'Eternel. Je n'ai jamais cru à la légende des Gardiens de l'Eternel, mais aujourd'hui je suis bien obligé d'accepter votre existence. Aussi, nous vous demandons de nous conduire à lui."

"Ca ne change rien à nos lois," fit Khor à son tour. "Les mortels n'ont pas le droit d'être entendus par l'Eternel. Seuls les Dieux sont autorisés à entrer en contact avec lui, après - quelques petites formalités, bien entendu."

"Mais ces mortels-ci ne sont pas ordinaires," continua le Doyen. "Ils me sont même supérieurs dans quelques domaines. Ils en ont tout autant le droit que de véritables Dieux, croyez-moi."

Les Gardiens de l'Eternel qui étaient présents tournèrent leurs regards vers la petite troupe de Gokuu et de ses amis. Ils semblaient fortement douter de l'affirmation du Doyen.

"Et bien nous verrons ça," fit Khor. "De toute façon, c'est l'Eternel qui décidera, en fin de compte. Nous allons faire en sorte que vous puissiez lui parler."

"C'est vrai ?" fit Gokuu, son visage s'illuminant subitement. Khor acquiesça, et ses congénères se contentèrent de grogner.

"Ce sera la première fois en quinze millions d'années que quelqu'un lui parlera," fit Khor.

"Waaaa," ne put se retenir Gokuu. Végéta leva un sourcil, signe d'un profond étonnement.

"Suivez-nous," se contenta d'ajouter Ahm, avant de se mettre en marche. La petite troupe se mit en route à sa suite.

***

"Pfuu," fit Goten en soupirant profondément. "C'est encore loin ?" Ils avaient marché dans la jungle plusieurs heures, et ils grimpaient maintenant le flanc abrupt d'une montagne. Le Doyen, peu habitué à ces exercices physiques, se faisait porter sur le dos de Shibito. Mais les autres suivaient sans problèmes.

"Si tu es fatigué, tu peux toujours rentrer d'où tu viens," fit Ahm, sans se départir de sa mauvaise humeur qui devait être permanente.

"Non, ce n'est pas ça," fit Goten. "On pourrait aller plus vite en volant, c'est tout. Je commence à avoir faim."

"Voler ?" Ahm semblait étonné, et Khor prit la même expression surprise.

"Et bien oui, voler. Comme ça." Goten s'éleva de quelques mètres dans les airs. "Ne me faites pas croire qu'avec votre puissance vous n'en êtes pas capables."

"Et bien -" bégaya Khor. "Les Gardiens de l'Eternel n'ont pas cet étrange pouvoir."

"C'est une technique, pas un pouvoir. Il suffit de mobiliser un peu de sa puissance, c'est tout."

"Nous n'avons jamais appris ta technique, mortel," fit Ahm, en reprenant la marche. "Nous sommes faits pour marcher, courir et nager, pas pour voler."

"Quels grognons," fit Goten en se posant au sol. "Et vous pouvez m'appeler par mon nom, vous savez. Je m'appelle Goten."

"Arrête de te plaindre," fit Gokuu d'une voix amusée. "Rien ne vaut une petite marche avant un bon repas. D'autant plus que la vue est superbe, d'ici."

Effectivement, si la jungle avait été étouffante de végétation et de vie animale, les flancs de la montagne étaient totalement privés du moindre brin d'herbe, et la vue était totalement dégagée. Ils pouvaient admirer le lever de plusieurs soleils à l'horizon - tandis que quelques autres étaient déjà hauts dans le ciel - ainsi que la jungle qui s'étendait désormais à leurs pieds. Aussi loin que portent leurs regards, ils ne voyaient qu'une étendue uniformément verte, traversée par de larges fleuves jaunes et parsemée de lacs aux eaux de cristal. A l'horizon, ils pouvaient deviner quelques autres montagnes aux sommets enneigés. Mais celle sur laquelle ils se trouvaient semblait être la plus haute de toutes.

"Mais tu n'as pas faim, toi ?" lui demanda son fils. Gokuu prit un air pensif, comme s'il devait réfléchir pour répondre à cette question.

"A bien y penser, si," répondit-il gaiement. "Mon ventre crie famine. Hey !" Il s'adressait maintenant aux Gardiens de l'Eternel qui les précédaient sur le flanc de la montagne.

"Qu'y a t-il encore ?" demanda Khor, qui cessa de marcher pour se retourner vers Gokuu qui gesticulait en direction de la forêt.

"Vous pourriez faire une petite halte s'il vous plait ?" demanda Gokuu, en s'approchant de lui. "Nous avons faim, avec toute cette marche."

"Faim ?" Khor tourna le mot dans sa bouche comme si c'était la première fois qu'il l'entendait. "Je ne vois pas de quoi vous parlez. Mais nous pouvons nous arrêter, si vous voulez."

"Merci," fit Gokuu, avec un large sourire. "Goten, Trunks, venez avec moi."

Les garçons le regardèrent s'envoler à toute vitesse. Ils se jetèrent un coup d'œil et s'évanouirent rapidement dans la forêt.

"Mais - comment font-ils ça ?" demanda Ahm, éberlué.

"Vous n'avez pas fini d'être surpris, avec eux," grommela le Doyen dans sa barbe. "Pose-moi, petit, veux-tu," fit-il ensuite à Shibito. Celui-ci s'agenouilla pour permettre à son aîné de descendre à terre. Le Doyen s'étira, les os de son dos se mirent à craquer, et il inspira profondément plusieurs fois.

"Bonne idée de faire une petite halte," continua t-il. "Au fait, où nous amenez-vous exactement ?" demanda t-il en se tournant vers les quelques Gardiens de l'Eternel qui les escortaient. Il remarqua que pour le moment, seuls Khor et Ahm s'étaient donné la peine de leur adresser la parole.

"Vous verrez bien," fit Ahm, d'un ton bourru, en croisant les bras. Il regardait en direction de la forêt, là où Gokuu, Trunks et Goten avaient disparu. Manifestement il était très intéressé par leur comportement, même s'il faisait tout pour ne pas le montrer.

"Hum. Je crois que nous vous devons plus d'explications que cela," fit à son tour Khor. "Excusez-le, il est un peu bougon. C'est de nature," ajouta t-il en s'approchant du groupe constitué des Dieux, Gardiens, de Végéta, Piccolo et Gohan.

"Au sommet de cette montagne," commença t-il, "il y a un endroit où on peu communiquer avec l'Eternel. On ne le rencontre en personne que rarement, en fait. Mais on peut s'adresser à lui en quelques endroits précis, éparpillés sur notre territoire."

"Ce que je ne comprends toujours pas," fit Végéta en s'approchant d'eux, "c'est votre fonction exacte. Et pourquoi vous vouliez nous tuer ce matin."

"Et bien," fit Khor en inclinant la tête en avant, pour mieux voir Végéta qui était ridiculement petit à côté de lui, "nous sommes censés garder ces endroits magiques, où précisément on peut communiquer avec l'Eternel. Pour y parvenir, il faut surmonter certaines difficultés. Survivre dans la jungle est une de ces contraintes, survivre aux Gardiens de l'Eternel en est une autre. Certains d'entre vous ont prouvé leur valeur en réussissant à m'attraper, et vous avez pu repousser l'attaque d'Ahm, ce qui est un exploit hors du commun. J'ai donc décidé de vous autoriser à entrer en contact avec l'Eternel."

"Très aimable," grommela Végéta. "Vous êtes une sorte de chef, c'est ça ?"

"Et bien..." Khor réfléchit quelques instants. "Je ne sais pas si vous pourrez comprendre. L'ensemble des Gardiens de l'Eternel forme une entité vivante, qui réfléchit d'un seul bloc. Comme autant de cellules dans un organisme, si vous voulez une comparaison. Nous ne sommes pas des individus distincts, aussi nous n'avons pas de chef tel que vous l'entendez. C'est également la raison pour laquelle peu d'entre nous vous adressent la parole. Je parle au nom de tous les Gardiens de l'Eternel."

"Effectivement," fit Piccolo, "je crois comprendre. C'est comme si plusieurs individus étaient en fait les parties d'un tout." Khor acquiesça.

"C'est un peu ça. De plus, cette existence multicorporelle nous permet d'observer et de comprendre les choses bien plus vite."

"Regardez !" fit Gohan, en tendant un doigt dans la direction de la forêt. "Ils sont de retour."

Trois nuages de poussière venaient de fleurir dans la forêt, et bientôt Gokuu, Goten et Trunks apparurent dans le ciel. Ils mirent quelques secondes à remonter sur le flanc de la montagne. Lorsqu'ils posèrent pied à terre, les autres purent constater qu'ils avaient les bras chargés de fruits en tous genres.

"Nous n'avons pas trouvé de grands animaux comestibles," fit Gokuu d'un ton légèrement déçu, en déposant son butin au sol, près du tas que venaient de constituer Goten et Trunks avec leur propre charge. "Mais ces fruits me semblent délicieux. Bon appétit à tous !" Sans plus attendre, il engouffra quelques bananes.

Les autres l'imitèrent sans tarder. Pendant qu'ils mangeaient, Kaï et Saki remarquèrent que les Gardiens de l'Eternel se contentaient de les regarder d'un air stupéfait.

"Vous n'avez pas faim ?" leur demanda Gohan, en voyant à son tour que les grandes créatures hirsutes n'avalaient rien.

"C'est pour leur métabolisme," commenta Khor en tournant la tête en direction des autres. "Je pense que c'est ainsi qu'ils trouvent leur énergie et qu'ils entretiennent leurs corps."

"Quelle méthode primitive," fit Ahm à son tour.

Le Doyen des Dieux fut vite rassasié. Evidemment, les derniers à s'empiffrer furent les Saiyens. Il ne resta bientôt plus du tas que quelques fruits rouges et juteux. Gokuu les ramassa.

"Je les garde pour plus tard," fit-il avec un sourire. "On peut y aller," ajouta t-il en direction des Gardiens de l'Eternel. Ceux-ci reprirent immédiatement la marche en direction du sommet. Le Doyen reprit sa place sur le dos de Shibito.

"Vous ne pouvez pas aller plus vite ?" demanda subitement Gokuu, au bout de quelques minutes de marche quasi silencieuse.

"Bien sûr que si," fit Ahm, "mais pourrez-vous nous suivre ?"

Gokuu lui répondit d'un large sourire.

"Voyons toujours ce que vous pouvez faire," ajouta t-il. Les grandes créatures se regardèrent un instant, puis Khor se retourna.

"Alors nous allons courir. Suivez-nous." Aussitôt, les Gardiens de l'Eternel accélérèrent, et ils disparurent dans les hauteurs rocailleuses de la montagne.

"Et moi ?" cria le Doyen, perché sur le dos de Shibito. "Vous m'oubliez ?"

"Rejoignez-nous plus tard," fit Gokuu, en lui lançant un salut de la main. "On vous attendra." Sur ce, il décolla, suivi de près par Végéta, Goten, Trunks, Piccolo et Gohan. Kaï et Saki ne pouvaient se résigner à abandonner le vieux maître qui était maintenant rouge de colère.

"Ne vous en faîtes pas," le rassura Saki en s'approchant des deux Dieux. "Nous pouvons nous reposer. Nous les rejoindrons facilement lorsqu'ils seront arrivés."

***

"Ne les perdons pas de vue," fit Gohan, qui volait, bras alignés avec son torse, suivant une trajectoire parallèle à celle des autres.

"Pas de risque là dessus," fit Piccolo, qui était son voisin de droite. En effet, même si les Gardiens de l'Eternel étaient étonnamment agiles et rapides sur la terre ferme, ils ne faisaient aucun effort pour cacher leur présence. Les grandes créatures bondissaient le long de la pente, sautant de rocher en rocher à très grande vitesse. Mais au-dessus, la petite troupe n'avait aucun mal à suivre leur allure en volant. Après le paysage rocailleux des pentes à altitude moyenne, ils survolèrent bientôt une zone totalement enneigée, et cachée du sol par de lourds nuages blancs qui formaient une bague encerclant la montagne. Mais les Gardiens se déplaçaient toujours avec la même agilité sur la neige et la glace qu'ils l'avaient fait sur les rochers.

"Nous arrivons bientôt au sommet," constata Goten, qui volait en tête, près de son père. Végéta les suivait de peu.

"Regardez-moi ça !" s'exclama Trunks avec ravissement. "C'est un autre monde, totalement !" En effet, si les pentes de la montagne étaient stériles de végétation, le sommet se présentait sous la forme d'un plateau où s'était développée une forêt dense, qui n'avait rien à envier à la jungle qu'ils avaient quitté quelques heures auparavant. Un épais brouillard semblait monter du sol pour former des nuages au-dessus du plateau, qui se trouvait entouré de contreforts de tous côtés. Le sommet de la montagne était ainsi entièrement plat, et très vaste. Ils remarquèrent que les Gardiens s'étaient immobilisés à l'orée de la forêt. Ils descendirent rapidement dans leur direction.

"Woa," s'extasia Gohan, en mettant pied à terre. "Je me demande comment une telle chose est possible : une véritable forêt tropicale en haute altitude." En effet, l'air commençait à se faire rare.

"Nous sommes sur un volcan éteint," commenta Khor en jetant un regard en direction de la jungle. "Mais des sources d'eau chaude jaillissent à cet endroit, ce qui explique à la fois la végétation tropicale et la brume perpétuelle qui englobe le sommet."

"Je comprends mieux moi aussi," fit Piccolo. "Mais ça m'étonne tout de même."

"Vous n'avez pas fini d'être étonnés," déclara Khor, "si vous comptez réellement rencontrer l'Eternel." Un sourire dévoila ses longues canines pointues.

"Qu'est-ce que ça veut dire ?" demanda Gokuu.

"Vous le découvrirez bien assez tôt," répondit Ahm.

"Tiens, les voila," fit Trunks, qui regardait de côté. Les autres tournèrent la tête dans la direction indiquée : le cercle de téléportation de Saki venait de se former dans l'air humide. Kaï, suivi des deux Dieux, et enfin de sa soeur, en émergèrent successivement.

"Nous revoilà," fit Saki, en souriant. "Il nous a suffi d'attendre que vous arrêtiez de bouger pour qu'on vous rejoigne. Pas bête, hein ? Ca nous a fait gagner plein de temps."

"Mais comment ont-ils fait ça, à présent ?" demanda Ahm, au bord de l'exaspération.

"Je - je pense à une sorte de transfert instantané de matière," répondit Khor. "Ils sont décidément bien étranges. Il faudra se méfier d'eux."

"Peu importe," continua son compagnon. "Puisque tout le monde est réuni, nous pouvons continuer."

Les Gardiens de l'Eternel commencèrent à s'enfoncer dans la profonde forêt. Les autres les suivirent tout en discutant gaiement.

***

Petit à petit, cependant, l'ambiance se mit à changer : la forêt était complètement silencieuse ; elle ne semblait renfermer aucun animal. Les plantes omniprésentes et extrêmement colorées, qui devaient renforcer leur chlorophylle pour parvenir à capter la faible luminosité traversant la couche de nuages perpétuelle. Le seul bruit était celui de leur marche laborieuse dans la jungle. Si les Gardiens, malgré leur imposante stature, se faufilaient facilement au milieu des arbres et des fougères géantes, il n'en était pas de même de ceux qui les accompagnaient. Le Doyen n'arrêtait pas de pester, mais il finit lui aussi par se taire. La morosité ambiante finit par tous les envelopper. Mais il y avait plus dans cette jungle : l'impression constante d'être observé par des yeux invisibles. Les Saiyens étaient tous sur leurs gardes, comme à la veille d'un combat.

D'un seul coup, la vue se dégagea : de la forêt dense, toute la troupe déboucha sur les rives d'un lac gigantesque, qui formait le centre du cratère. Par endroits, des fumerolles s'élevaient des eaux limpides, pour se mêler aux grands nuages qui tourbillonnaient à quelques centaines de mètres au-dessus du lac.

"Chouette, un lac," se réjouit Goten. "Ca faisait longtemps que je ne m'étais pas baigné." Il s'approcha de la berge avec ravissement.

"Tu ne peux pas être sérieux un instant ?" demanda Trunks, en l'accompagnant. "Nous ne sommes pas ici pour ça, je te signale."

"Je sais, mais - oh !" Goten venait de s'agenouiller au bord de l'eau, qui affluait en vaguelettes molles. "L'eau est chaude ici !" s'écria t-il.

"Effectivement," commenta Khor. "Je vous avais bien dit qu'il y avait des sources d'eau chaude."

"Je ne m'attendais pas à ce qu'elle soit si chaude, à une telle altitude," lui répliqua Goten.

"Et maintenant ?" demanda Piccolo en s'approchant des Gardiens de l'Eternel. "Vous ne nous avez pas fait faire une si jolie promenade pour venir prendre un bain d'eau thermale, tout de même ?" Ahm le dévisagea.

"Cet endroit est sacré," fit-il. "C'est ici que l'on peut communiquer avec l'Eternel."

***

"Je me demande quand ils reviendront," fit Videl, qui accompagnait Bulma et Chichi pour une promenade aux alentours de leur campement. "Ca fait bientôt une journée entière, j'aimerais bien savoir ce qu'ils font." Bulma et Chichi échangèrent un regard complice.

"Je suis habituée depuis longtemps à voir partir Gokuu et Gohan, sans savoir quand ils rentreront. Je suppose que les autres subissent leur influence."

"Ne t'en fais pas," la rassura Bulma. "Ils sont assez grands pour se débrouiller par eux-mêmes. Et ils doivent bien s'amuser, sinon ils seraient déjà revenus."

Les fillettes gambadaient dans la prairie ; elles poursuivaient un petit rongeur qui avait détalé dans l'herbe haute à leur approche. Soudain, un cri de victoire retentit.

"Maman, maman ! Regarde !" Pan déboula à toute allure, tenant dans son petit poing les deux oreilles démesurées d'une sorte de grand lièvre roux, qui se débattait avec vigueur, n'appréciant manifestement pas du tout le traitement que la fillette lui faisait subir. Bra la suivait de près, les joues encore toutes rouges de l'excitation de la chasse.

"Et bien, le problème du repas est résolu, maintenant," fit Chichi. "Tu me le donnes ?" demanda t-elle à Pan. Sa petite fille regarda l'animal avec tristesse.

"Tu veux le tuer ?" demanda t-elle. Sa proie avait maintenant cessé de gigoter, et le lièvre regardait en tout sens avec inquiétude d'où viendrait la prochaine menace.

"Bien sûr, il faut bien que nous mangions ce soir," répondit Chichi en riant. "Je te promets que ce sera délicieux, encore meilleur que ce qu'a ramené ton grand-père hier."

"Ah bon ?" fit Pan, dont le visage s'éclaircit subitement. Elle tendit l'animal par les oreilles à Chichi, qui s'en empara adroitement.

"Rentrons," fit-elle aux autres. "Il va bientôt falloir préparer le dîner de toute façon. Tiens, Videl, pour te changer les idées tu m'aideras à préparer ça." Elle désignait l'animal apeuré. Videl lui sourit. Puis elles se mirent en marche en direction des huttes.


"Ah ?" fit Piccolo, un peu interdit, en décroisant légèrement les bras. Il n'aurait jamais osé imaginer qu'au cours de son existence il puisse être témoin des événements qu'ils vivaient en ce moment. Le moment était grandiose. Un coup d'&que les Dieux, ainsi que Kaï et sa soeur, vivaient cet instant de la même façon que lui. C'était la première fois depuis une éternité que quelqu'un s'adresserait à l'Eternel. Cependant, il y en avait qui semblaient être totalement étrangers à la gravité du moment.

"Mais il n'y a personne," fit Gokuu en tendant les bras devant lui, et en désignant le lac. Sa tête pivota de droite à gauche, à la recherche d'une autre présence. "Je ne sens rien, en tout cas." Puis il leva les mains en porte-voix. "Hou-hou," se mit-il à crier, "y'a quelqu'un ?"

Goten, Trunks et Végéta se frappèrent le front de leur paume ouverte. Des gouttes de sueur étaient visibles sur le front des Gardiens de l'Eternel.

"Ce manque total de manière, c'est aussi une caractéristique des mortels ?" demanda Ahm.

"Non," répondit son compagnon. "Je pense qu'il est unique dans son genre. Du moins, je l'espère."

"Je ne comprends toujours rien," fit Gokuu en se grattant la tête d'une main, et en se tournant vers les Gardiens de l'Eternel. "Il n'y a absolument personne à part nous, ici."

"Bien sûr que si," fit une voix qui semblait monter des profondeurs du lac. Ils sursautèrent tous ; non seulement parce que cette voix n'appartenait à personne, qu'elle semblait irréelle. Mais également parce qu'ils avaient déjà entendu cette voix.

"Vous pouvez parler," continua la voix.

"Mais - mais," se mit à bégayer Gokuu, en regardant dans toutes les directions à la fois. "Je reconnais cette voix."

"Bien entendu," fit de nouveau la voix.

C'était celle de Shi.

"Vous savez parfaitement que votre dernier adversaire était une partie de moi-même. Il est normal que nous ayons des points communs."

"J'aurais du m'en douter," fit Saki. "Gokuu," continua t-elle en s'approchant du Saiyen, "ça ne te fait rien si je prends les choses en main, à partir de maintenant ?"

"Hum ? Heu, non, pas du tout," répondit-il, en s'éloignant légèrement du bord du lac. Saki prit sa place.

"Merci de bien vouloir nous accorder un moment," fit-elle, en s'adressant aux eaux du lac.

"C'est normal," lui répondit la voix aux accents caverneux. "De toute façon, depuis que l'univers mortel a été détruit, je n'ai plus grand chose à faire."

"Hum," marmonna Kaï. Sa soeur ne lui prêta aucune attention.

"Vous devez savoir dans quel but nous sommes venus jusqu'ici," continua la Gardienne. "Nous aimerions trouver une manière de restaurer l'univers inférieur, et pour cela nous avons besoin de votre aide."

"Effectivement, je savais quelles étaient vos intentions," lui répondit l'Eternel. Un moment de silence plana, au cours duquel Saki sentait son c&battre bien plus rapidement qu'à son état normal.

"Malheureusement," continua la voix, "ce qui est fait est fait, personne ne peut rien contre ça."

"Est-ce que ça veut dire qu'il est impossible de retrouver l'univers inférieur dans son état antérieur à l'arrivée de Shi ?" demanda t-elle, sans pouvoir cacher sa déception.

"Je n'ai pas dit cela. Rien n'est impossible, et surtout pour moi. Mais tout dépend de la manière dont on veut quelque chose pour l'obtenir. Le point jusqu'où on est prêt à aller. Et plus précisément, jusqu'à quel point vous pouvez aller."

"Je - je ne comprends pas," fit-elle.

"Vous comprendrez, je vous l'assure. Il faut que vous me prouviez votre détermination avant que je ne décide ou non d'exaucer votre vœux, c’est une chose bien inhabituelle que vous me demandez."

"Et bien - disons que nous ne serions pas venus vous demander de l'aide si c'était un problème ordinaire," répondit-elle, sans se laisser démonter. Gokuu et les autres écarquillaient les yeux pour tenter d'apercevoir quelque chose montrant l'existence de celui qui leur parlait. Mais ils ne voyaient que de l'eau et de la vapeur, à la surface du lac.

"Que faut-il que nous fassions ?" demanda Saki. "Nous sommes prêts à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour vous aider si c'est ce que vous voulez."

"Ce n'est pas de l'aide que je demande," répondit l'Eternel. "Mais une preuve de votre volonté."

"Vous ne pouvez pas la sentir en chacun de nous ?"

"Et bien, disons que pour l'instant je ne décèle en vous aucune détermination excessive. Vous êtes simplement venus ici me poser une question, demander mon aide, en espérant que je vous l'accorderais sans aucun retour. Je me trompe ?"

Saki se détourna un instant pour consulter ses compagnons du regard. Tous réfléchissaient aux dernières paroles de l'Eternel.

"Qu'attendez-vous de nous ?" demanda Kaï en s'avançant aux côtés de sa soeur.

"Que vous preniez conscience de certaines réalités. Pour cela, je vous propose un petit jeu."

"Un jeu ?" s'exclamèrent Gohan, son frère, et Trunks.

"C'est ça. Du moins j'espère que vous y prendrez goût. Voila ce que je vous propose : vous aurez à surmonter plusieurs épreuves. Si vous les réussissez toutes, si vous franchissez les divers niveaux, je vous rencontrerai en personne. Mais si vous échouez à une seule d'entre elles, jamais je n'accomplirai votre désir."

"Chouette !" fit Gokuu, en faisant aussitôt de grands moulinets avec ses bras. "Cette idée me plait. Que faut-il faire ?"

"Un instant," l'interrompit Saki. Elle se retourna en direction du lac. "Vous parliez de nous faire prendre conscience de certains faits. Mais au travers d'un - d'un jeu ?"

"Exactement," continua la voix. "Ce sera un jeu autant pour vous que pour moi. Il faut bien que je me divertisse aussi, n'est-ce pas ?"

"Et bien - "

"Voici les règles, si vous acceptez : vous pouvez être aussi nombreux que vous voulez. En fait, plus vous serez nombreux, plus votre progression risque d'être rapide. Ensuite, contentez-vous d'atteindre l'objectif, par n'importe quel moyen."

"Cette idée me plait, à moi aussi," fit Végéta, qui s'était tenu un peu à l'écart jusque là, pour observer la scène. "Que faut-il faire ?"

"En ce qui concerne le premier niveau d'épreuves," répondit l'"Eternel, "contentez-vous de trouver l'entrée du Labyrinthe. Puis vous devrez le traverser afin d'atteindre le second niveau. A ce moment là, nous pourrons alors continuer cette conversation. Bonne chance, mais faites tout de même attention aux pièges."

"Attendez !" fit Saki, en levant les bras. "Nous ne savons même pas à quoi ressemble ce "Labyrinthe", nous n'avons aucun indice !"

Mais la réponse ne vint jamais. La voix s'était tue. Au bout de quelques instants, Saki se retourna en direction du petit groupe. Tous étaient au moins aussi étonnés qu'elle.

"Le Labyrinthe ?" demanda Gokuu. "Il suffit de trouver un labyrinthe et de le franchir ?" Il semblait franchement déçu. "Et c'est ça qu'il appelle un jeu ?"

"Ca ne me semble pas si facile que ça, à moi," fit Piccolo, qui avait repris son expression familière. "Comme le disait Saki, nous n'avons aucune indication."

"Et eux ?" demanda Gokuu, en désignant les Gardiens de l'Eternel qui les avaient accompagnés.

"Désolé," fit Khor en secouant la tête de droite à gauche. "Nous ne pouvons pas vous aider, cette fois. Nous n'en savons pas plus que vous au sujet de ce labyrinthe. Si son entrée se trouve sur notre territoire, elle doit être bien cachée, car jamais nous n'en avons entendu parler."

"Ca commence bien," bougonna Kaï, en raclant le sol d'un pied.

"Mais par contre, nous serions heureux de vous accompagner, si vous n'y voyez pas d'inconvénients," ajouta le grand Gardien. "Ca nous donnera une nouvelle occasion de nous enrichir au travers de votre contact."

"Je crois qu'ils peuvent nous être utiles," fit Gohan. "Vous ne pensez pas ?"

"C'est entendu," répondit Kaï. "Qui participe à ce - ce jeu ?"

Tous s'avancèrent, ainsi qu'Ahm et Khor.

"Nous ne viendrons pas tous," déclara Ahm. "De toute façon, les autres membres de notre peuple suivront notre progression, et nous risquerions de vous gêner."

"Par où commençons-nous ?" demanda alors Saki. Elle regarda les autres, qui soudain semblaient moins enthousiastes. Les regards avaient tendance à se faire fuyants.

"Je vois," fit-elle, en soupirant. "Et bien je crois que nous n'avons plus qu'à nous séparer, pour augmenter nos chances de réussite."

"D'accord," fit Gokuu en s'avançant vers elle. "Mais avant, il faudrait songer à manger. Je réfléchis toujours mieux le ventre plein. Et toutes ces émotions m'ont donné faim, pas vous ?"

Un coup d'œil à pic, pour une fois. Ils se mirent donc tous avec bonne humeur à la recherche de nourriture, et à la préparation du camp pour la nuit, car les soleils - de simples halos lumineux au travers de la brume - amorçaient leur descente sur l'horizon.


Chapitre 7
Spoiler
Il n'avait pas fallu longtemps aux Saiyens - les plus qualifiés pour cette tâche - pour redescendre dans la jungle entourant le pied de la montagne, et pour y trouver leur repas. Lorsqu'ils revinrent dans le cratère du volcan éteint, les autres avaient monté un campement provisoire : une petite hutte qui les abriterait des averses nocturnes ; un beau feu flambait près du lac sacré, qui reflétait maintenant la lueur des flammes. Ils n'eurent plus qu'à faire griller leurs proies au-dessus du foyer.

"Vous avez besoin de manger souvent, ainsi ?" demanda Ahm au milieu de la conversation. Il était un peu étonné de la consommation de nourriture qui était faite au sein du groupe.

"Humpf," répondit Gokuu, la bouche pleine, en hochant la tête. Il avala rapidement sa bouchée. "De préférence trois fois par jour. Vous êtes sûrs de ne rien vouloir avaler ?"

"Non-merci," répondit l'autre.

"A propos de ce fameux labyrinthe," fit Saki, qui avait terminé son repas par quelques fruits, "vous n'avez réellement aucune indication à nous donner ?" demanda t-elle aux deux Gardiens de l'Eternel. Ceux-ci haussèrent les épaules.

"Si l'entrée de ce labyrinthe se trouve sur notre territoire," fit Ahm, "comme nous vous l'avons dit, nous ne savons absolument pas où elle se trouve. Et pourtant nous vivons là depuis la création de cette planète, nous connaissons chaque centimètre carré de notre terre."

"Ca me semble logique," fit le Doyen, qui mâchonnait un morceau de viande prélevé à un rôti. "Réfléchissons," continua t-il. "Il n'y a aucun problème que nous ne puissions résoudre."

Il termina lentement son morceau, puis prit de nouveau la parole.

"Sur quelle superficie s'étend votre territoire ?" demanda t-il.

"Il comprend toute la zone de forêt entourant cette montagne," répondit Ahm. "Dans cette direction," fit-il en pointant un doigt vers Goten, "la limite est marquée par une chaîne de montagnes, et par-là, ce sont des lacs et des fleuves qui bordent la jungle. En fait ce territoire est très vaste."

"Hum, j'imagine que l'entrée de ce labyrinthe peut-être n'importe où sur cette planète," continua le Doyen. "Mais mon intuition me dit qu'elle ne peut pas être très loin. Sinon nous aurons à fouiller chaque recoin de ce monde pour la trouver."

"C'est bien ce que nous craignons," fit Khor. "Nous n'avons jamais entendu parler d'un quelconque labyrinthe jusqu'à aujourd'hui dans les parages."

"Admettons," fit soudain Gohan, "qu'il y ait un endroit où vous allez rarement. Est-ce possible ?"

"Et bien -" Ahm et Khor se mirent à réfléchir. "Tôt où tard nous sommes passés partout, nous avons exploré en détail toute la région que nous gardons."

"Hum," fit Gohan, un peu déçu. "Il n'y a vraiment nulle part où vous ne soyez jamais allés ?"

"Je ne pense pas, non," répondit Khor. "A l'exception, bien entendu, des lieux sacrés - comme ce lac, par exemple. Jamais il ne nous serait venu à l'idée d'explorer ce lac. Il est sacré pour tous les Gardiens de l'Eternel."

"Comment ?" Les Dieux et les deux Gardiens sursautèrent.

"Mais voila !" s'exclama Saki. "Goten, tu voulais aller te baigner tout à l'heure ?"

Le jeune homme s'arrêta un instant d'engloutir un quartier de viande pour la fixer du regard. Il inclina la tête par deux fois.

"Et bien je crois que demain matin nous irons tous prendre un bon bain," fit-elle avec un sourire radieux. "Il ne vous est jamais venu à l'idée de plonger ici ?" demanda t-elle aux grandes créatures.

"Ce serait un sacrilège," fit Ahm. "Et autant vous prévenir tout de suite, nous ne vous accompagnerons pas si vous comptez explorer ce lac."

"Ca ne fait rien," lui assura Kaï. "Nous serons assez nombreux pour trouver l'entrée du labyrinthe, si elle est bien là."

***

Les premiers soleils faisaient leur apparition au-dessus de l'horizon. En raison de leur nombre, la température aurait du être insupportable à la surface de la planète, et Bulma s'était longtemps demandé la raison pour laquelle ce n'était pas le cas. Shibito lui avait un jour confié que ces soleils n'étaient pas aussi chauds individuellement que le soleil terrestre, et qu'ils ne risquaient donc rien de ce côté là.

Bulma s'étira, se leva, et sortit en chemise de nuit sur le pas de la porte de la hutte qu'elle partageait d'ordinaire avec Végéta, Trunks et Bra. Elle balaya les environs du regard, et constata que le jeune Uubu était en train de faire ses exercices matinaux dans la prairie, à quelques dizaines de mètre des cabanes. Gokuu l'avait bien habitué, il prenait maintenant le plus grand soin de son entraînement. Lorsqu'il la vit, Uubu s'arrêta et s'approcha de Bulma.

"Bonjour," fit-il en levant une main en signe de salut. Bulma lui rendit la politesse.

"Tu es bien matinal," remarqua t-elle.

"Je me suis toujours levé tôt," répondit le garçon. "J'en profite pour m'échauffer un peu, en attendant que tout le monde se réveille."

"Tu ne t'ennuies pas trop sans Gokuu ?" demanda Bulma.

"Et bien - " Uubu prit un air légèrement triste. "J'aurais du l'accompagner, ça m'aurait permis de faire autre chose."

"Oh, mais de toute façon il ne faut pas que tu te laisses trop influencer par son comportement," fit-elle sur un ton de plaisanterie. "Il ne pense qu'à se battre et à manger, j'espère que tu ne finiras pas comme lui." Uubu éclata de rire.

Petit à petit, les autres finirent par sortir de leurs huttes, attirés par le bruit de leur conversation.

***

Trunks bâilla à s'en décrocher la mâchoire tout en se frottant les yeux. Il avait bien dormi, mais pas assez à son goût. Et quelqu'un le secouait par l'épaule. Il finit par s'asseoir.

"Debout, paresseux," fit Goten. "Tu es le dernier à te lever." Trunks vit que la luminosité extérieure était encore faible.

"Mais il fait à peine jour," grommela t-il.

"Allons, arrête de te plaindre. Il fait beau, tu verras."

Trunks s'habilla, et sortit pour rejoindre les autres qui s'affairaient déjà. Il leva les yeux vers le ciel, et ne put rien distinguer d'autre que les grands nuages de la veille, masquant l'éclat direct des multiples soleils.

"Tu parles d'un beau temps," maugréa t-il. Son ami éclata de rire.

"Mange quelque chose," fit-il en désignant le reste des fruits qu'ils avaient ramenés la veille. "Ensuite nous irons nous baigner, comme promis."

"Laisse-moi le temps de me réveiller, d'abord." Trunks s'empara de quelques fruits, et les engloutit les uns après les autres. Ce faisant, il se rapprocha du petit groupe constitué de Piccolo, des Dieux et des Gardiens de l'Eternel.

"Bonjour," fit-il. "Où sont les autres ?" demanda t-il en s'étonnant de ne voir ni son père, ni le reste de la bande.

"Gokuu, Gohan, Végéta, Saki et son frère sont allés survoler le lac," expliqua Shibito. "Simple histoire de reconnaissance. Ils tentent aussi de déterminer si l'entrée de ce labyrinthe ne se trouve pas aux abords du lac, par hasard, où si elle n'est pas visible depuis la surface."

Trunks acquiesça. "Vous croyez que ce sera facile de trouver ce labyrinthe ?" demanda t-il après quelques secondes de silence.

"Le problème n'est pas tant de trouver l'entrée," fit le Doyen. "Je m'inquiéterais plutôt de la façon dont nous allons en sortir. Mais une chose à la fois. Nous aviserons en temps voulu." Trunks le considéra en silence pendant quelques instants.

"Ah, ils reviennent," fit Goten, qui s'était contenté de scruter la surface du lac pour tenter de localiser les autres.

Gohan, qui avait patrouillé avec Végéta, atterrit près du groupe.

"Alors ?" demanda Trunks, plein d'espoir. "Vous avez trouvé quelque chose ?"

Végéta croisa les bras, et s'éloigna sans dire un mot.

"Non," répondit Gohan en secouant la tête. "Rien pour l'instant. Peut-être que mon père et les autres auront eu plus de chance."

"J'en doute," fit Végéta. "Nous avons fait tout le tour, et il est impossible de voir ce qu'il y a sous l'eau, à cause de toute cette brume."

"Gardons espoir," ajouta Gohan, en se grattant la nuque d'une main. Trunks lui sourit, en signe de compréhension ; le caractère de son père était souvent difficilement supportable.

Quelques minutes plus tard, ce fut au tour de Kaï, Saki et Gokuu de revenir.

"Et bien ?" demanda le Doyen.

"Nous n'avons rien trouvé," annonça Gokuu. "Le brouillard empêche de voir ce qui se trouve sous l'eau, et il n'y a rien sur les berges." Végéta eut un petit ricanement.

"Il ne reste qu'une solution," continua Gokuu, en appuyant son idée d'un geste évocateur. "Plonger."

"On aurait dû commencer par là," fit Végéta. "Ca nous aurait évité de perdre tout ce temps."

"Et bien il ne faut surtout pas vous gêner," fit Ahm d'un ton cassant. "Faites comme chez vous."

"Ecoute," commença Gokuu, en s'approchant du Gardien. "Si nous voulons avoir une chance d'arriver au second niveau d'épreuve, il nous faut absolument trouver l'entrée de ce labyrinthe."

"Rien ne prouve qu'elle se trouve sous l'eau de ce lac," répliqua le géant, avec la même expression dans la voix.

"Mais rien ne prouve le contraire non plus," répondit à son tour Gokuu. "Et il n'y a qu'un moyen de s'en assurer." En quelques secondes, il retira sa chemise bleue et son pantalon de toile verte. Il se trouvait maintenant en caleçon.

"Qui m'accompagne ?" demanda t-il à la ronde. "Ca sera plus rapide si chacun explore une partie différente du lac."

"Et bien," fit Goten en commençant à se dévêtir à son tour, "je suppose que je n'ai pas le choix. Trunks, tu viens ?"

"D'accord," répondit son ami, en l'imitant. Les garçons plièrent convenablement leurs habits, à la différence de Gokuu qui en avait fait un tas informe à même le sable sombre de la plage.

"Je viens aussi," fit Gohan.

"Ne m'oubliez pas," annonça Végéta. Trunks sourit. Il savait que l'idée de se mouiller ne plaisait pas particulièrement à son père, mais il supporterait encore moins l'idée de laisser aux autres le soin de repérer leur objectif. Végéta ôta ses chaussures et sa veste, mais garda le reste de ses habits.

"Hé, Piccolo !" héla Gokuu. "Tu viens ?"

"Non-merci," répondit le Namek. "Vous êtes assez nombreux de toute façon."

"Tant pis," fit Gokuu. "Allez !" cria t-il en tendant un bras en direction du lac. "En avant !" Sans plus attendre, il se jeta dans l'eau, et son plongeon souleva une vague de hauteur proportionnelle à son enthousiasme. Trunks, Gohan et Goten, contaminés par la bonne humeur de Gokuu, le suivirent immédiatement avec de grands cris de joie. Ils firent tous surface à quelques mètres du bord.

"Qu'est-ce qu'elle est bonne !" s'exclama Trunks, qui avait tout d'abord été un peu rebuté par l'idée d'un bain si matinal. Mais l'eau était réellement chaude ; il ne manque que les remous pour imiter parfaitement la piscine de Capsule Corporation, se dit-il.

"Tu peux le dire," confirma Gohan.

"Végéta, qu'est-ce que tu attends ?" cria Gokuu. L'autre se contenta de grogner, avant de plonger à son tour. Il ne fit pas surface : il avait directement plongé dans les profondeurs du lac pour se mettre à la recherche de l'entrée du labyrinthe.

"Hey !" fit Gokuu, en le sentant s'éloigner. "Attends-nous !" Il plongea à sa suite, et les autres l'imitèrent.

"Vous n'y allez pas ?" demanda le Doyen en se tournant vers Kaï et Saki. Ceux-ci regardèrent d'un air gêné dans la direction de Khor et Ahm.

"Et bien - nous aurions l'impression d'enfreindre un tabou," répondit Kaï.

"Et ils sont assez nombreux, comme l'a fait remarquer Piccolo," ajouta Saki.

"Et toi ?" demanda le vieux Dieu à Shibito. Celui-ci prit un air étonné.

"Non-merci," fit-il en agitant les mains en signe de protestation. "Les couleurs de mes vêtements déteindraient avec cette eau chaude."

Les autres se regardèrent, se demandant s'il pouvait y avoir plus mauvaise excuse pour ne pas se mouiller.

***

Trunks se sentait finalement très bien sous l'eau. Il se demandait maintenant pourquoi il avait presque traîné les pieds avant d'y entrer. Il n'en sortirait pour rien au monde.

Il partit de son côté, avec Goten, pour explorer une partie du lac, tandis que Gokuu s'était lancé à la poursuite de Végéta. Gohan partit seul de son côté, dans une troisième direction.

Lorsque Gokuu rejoint Végéta, celui-ci prospectait déjà le fond du lac, regardant dans toutes les directions pour tenter de localiser une ouverture, une faille, une caverne dans les parois rocheuses. Gokuu, quand à lui, ne put s'empêcher de s'émerveiller en constatant la pureté de l'eau, et la longueur du lac : il ne pouvait distinguer l'autre bord d'où il était. Végéta lança un regard dans sa direction, puis haussa les épaules. Il ne pouvait pas empêcher Gokuu de le suivre si celui-ci en avait envie. Le Saiyen continua ses recherches, bien déterminé à trouver quelque chose avant les autres. Gokuu glissa silencieusement dans l'eau cristalline pour le rattraper.

Gohan cherchait maintenant depuis quelques minutes - il savait qu'il n'aurait pas besoin de respirer avant longtemps encore. Il s'enfonçait toujours plus profondément dans le lac, et la luminosité se faisait de plus en plus faible, malgré la transparence de l'eau. Il aurait souhaité disposer d'un matériel de plongée complet, et surtout d'une lampe pour pouvoir mieux distinguer les rochers qui n'étaient maintenant plus que des ombres plus épaisses dans cet espace sombre. Il se demandait quelle profondeur pouvait bien atteindre ce lac. Il descendait depuis un bon moment, et il pouvait supposer être déjà à presque cent mètres de profondeur. La pente ne faisait que s'accentuer. Chose étrange, il remarqua que plus il descendait, et plus l'eau se faisait chaude. Poussé par la curiosité, Gohan décida de continuer encore un peu. Au bout de quelques instants, il tressaillit : il était maintenant dans l'obscurité complète, et il ne progressait qu'en tâtonnant sur le fond rocailleux pour être certain de descendre. Cependant, dans les lointaines profondeurs du lac, il lui semblait maintenant distinguer une faible lueur.

Les deux derniers membres du groupe exploraient une vaste baie à l'eau aussi limpide que celle du reste du lac. Les fonds offraient un spectacle qui, à lui seul, justifiait leur plongée : de petites collines parsemaient de grandes plaines vides, et par endroits des bancs de sable sombre donnaient une courbure plus douce à certains reliefs. Les deux garçons regrettaient un peu qu'il n'y ait pas de poissons dans ce lac - formée à partir d'un cratère volcanique, la retenue d'eau n'avait jamais connu de vie animale. Le paysage n'en semblait que plus tranquille. Au bout d'un moment, cependant, lassés de ne rien voir d'autre que des rochers succédant à d'autres rochers, Goten et Trunks accélérèrent leur allure, pour se diriger inconsciemment tout droit vers le centre du lac.

***

"Je ne voudrais pas vous inquiéter," fit Ahm d'un ton railleur, "mais ils sont partis depuis plus de dix minutes maintenant. Ils respirent sous l'eau, ou quoi ?"

"Pas d'inquiétude à avoir," répondit Piccolo qui était drapé dans sa longue cape blanche, et qui observait l'eau limpide, les bras croisés sur la poitrine. Il semblait avoir les sens assez développés pour pouvoir suivre la progression des différents groupes. "Ils n'ont pas besoin de remonter très souvent à la surface. Et leur énergie ne baisse pas, signe que tout va bien."

"Hum," marmonna le grand Gardien. "Bien sûr. Je ne faisais que me poser la question."

***

Végéta affichait un large sourire. Il se retourna vers Gokuu, qui fixait avec des yeux élargis par la surprise la découverte que venait de faire son compagnon : Végéta venait de déboucher en plein devant l'ouverture d'une large grotte, qui semblait s'enfoncer dans les entrailles de la montagne en pente douce. Gokuu lui fit un signe signifiant clairement qu'il souhaitait entrer. Végéta acquiesça, et les deux Saiyens pénétrèrent dans la grotte aux larges dimensions. Rapidement, ils se trouvèrent dans l'obscurité la plus complète. Végéta eut alors une idée simple qui leur permettrait d'avoir de la lumière : il fit rapidement monter son niveau d'énergie, jusqu'à atteindre le niveau le plus simple du Super Saiyen ; inutile de gaspiller son énergie. Le flot de lumière qui se dégageait de son corps suffisait à éclairer une large zone autour d'eux. Séduit par l'idée, Gokuu l'imita. Ils continuèrent leur progression en toute sécurité, sans craindre de se heurter contre une paroi, qui aurait alors risqué de s'effondrer derrière eux.

Surpris par le subit changement dans l'énergie dégagée par les deux Saiyens, Goten, Trunks et Gohan se retournèrent un instant. Puis chacun continua son chemin.

***

"Que se passe t-il ?" demanda Kaï, étonné. "Le niveau d'énergie de Gokuu et Végéta vient d'augmenter considérablement."

"Ils se sont transformés en Super Saiyens," répondit Piccolo. "Tout simplement pour avoir de la lumière, ils ne sont pas en train de se battre ; ils viennent de trouver une grotte, et ils y sont entrés."

"Tu peux les voir ?" demanda Saki. Piccolo acquiesça, d'un hochement de tête presque imperceptible.

"Une grotte ?" demanda à son tour Khor. "Auraient-ils découvert l'entrée du labyrinthe ?"

"Ca," continua Piccolo, "je n'en ai aucune idée. Ils va falloir attendre leur retour."

Le grand Namek détourna rapidement son regard de la direction dans laquelle Gokuu et Végéta avaient disparu. En revanche, quelque chose semblait l'intéresser au plus au point. D'autres découvertes semblaient avoir été faites.

***

Le demi-Saiyen écarquilla progressivement les yeux tout en approchant. Il avait bien vu une lueur un moment auparavant. Maintenant, il assistait à un spectacle qu'il n'aurait jamais osé imaginer contempler auparavant : devant lui, s'étendait une large zone qui brillait de reflets d'or. Une vague de matière en fusion bougeait lentement, et transformait instantanément l'eau en vapeur à son contact. Le volcan n'était donc en fait pas tout à fait éteint. Mais son activité semblait s'être stabilisée. Fasciné, Gohan observait la matière visqueuse remonter lentement du plus profond de la planète pour venir s'échouer là, à une température suffisante pour qu'elle apparaisse presque blanche à ses yeux. Puis, au fur et à mesure que son regard s'éloignait du centre de la résurgence, Gohan pouvait voir la couleur changer, devenir jaune, puis rouge, enfin prendre les dernières teintes orangées avant de sombrer dans le noir complet sur les extrémités, après un refroidissement accéléré par l'eau du lac. Il comprenait maintenant pourquoi l'eau était si chaude - et là où il se trouvait, la température était à peine supportable - ainsi que la présence de vapeur à la surface du lac.

Gohan se contenta d'observer un moment encore le spectacle que la nature lui offrait, avant de détourner son regard. Il se demandait toujours pourquoi son père et Végéta s'étaient transformés en Super Saiyens un petit moment auparavant ; mais la situation ne semblait pas être trop grave pour eux, étant donné que leur niveau d'énergie s'était maintenu à un niveau relativement faible.

Après un autre moment de contemplation passive, Gohan s'éloigna doucement de la lave affleurante : il commençait à avoir chaud, et il lui faudrait bientôt remonter pour respirer, de toute façon. Il voulait cependant s'assurer qu'il n'y avait rien d'autre d'intéressant dans la zone qu'il avait à explorer.

***

Les deux garçons atteignirent rapidement le centre du lac, toujours en nageant rapidement à quelques dizaines de mètres au-dessus du fond. Soudain, ils tressaillirent simultanément : à la limite de leur champ de vision, ils apercevaient maintenant un faible halo blanchâtre. Ils accélérèrent encore leur allure, et tout en approchant, ils purent constater qu'ils venaient de faire une découverte majeure : ils s'immobilisèrent à la verticale du centre d'un grand disque blanc qui ornait le fond parfaitement lisse du lac à cet endroit. Le contour d'une énorme étoile à six branches, de couleur jaune vive, ornait ce cercle. Le centre était marqué d'un cercle de la même couleur, d'un diamètre environ égal à un mètre.

Prudemment, ils descendirent, pour finalement poser les pieds sur la surface blanche, immaculée. Et ils glissèrent de côté.

Rattrapant leur équilibre, Goten et Trunks se remirent à nager. Etonnés par leur mésaventure, ils passèrent la main sur la surface blanche : le disque était composé d'une matière inconnue d'eux, qui possédait une texture agréable au toucher. Mais ils remarquèrent instantanément que cette matière était plus glissante que du savon, ce qui expliquait pourquoi ils n'avaient pas pu y poser les pieds sans déraper. Rapidement, ils se rendirent également compte qu'aucune poussière ne maculait ce disque : il était absolument vierge de toute trace et de toute rayure, ce qui était pour le moins étonnant, étant donné que la structure semblait aussi vieille que cette planète elle-même.

Goten donna quelques petits coups à l'aide des phalanges de ses doigts sur la matière blanche. Elle ne résonnait pas, la matière lui sembla compacte, et pour ainsi dire indestructible. Il aurait pu s'en assurer d'une autre manière, mais il avait un étrange pressentiment : l'impression que même ses attaques les plus puissantes resteraient sans effet sur cet étrange disque.

Trunks gesticulait à son côté. Goten lui faisait clairement signe qu'il désirait remonter pour respirer. Goten se rendit compte qu'ils étaient restés là un bon moment déjà, et il décida de lui obéir. Il fallait de toute façon rentrer pour rapporter leur découverte aux autres.

***

Les deux Saiyens se jetèrent un regard, pour indiquer qu'il aurait bien aimé faire demi-tour pour revenir à la surface. Mais Végéta secoua la tête : ils étaient loin d'avoir épuisé leurs réserves d'air, et ils allaient bien finir par déboucher quelque part. De toute façon, ils ne risquaient absolument rien : la couche rocheuse qui les surplombait ne devait pas faire plus de quelques dizaines de mètres d'épaisseur, et ils pourraient toujours sortir en force de ce côté là en cas d'urgence. Il tendit un bras devant lui, pour faire signe à son compagnon qu'il désirait continuer ; et il accéléra, ne laissant aucun choix à l'autre que de le suivre.

La galerie dans laquelle ils s'étaient engagés était immensément longue et sombre. Elle semblait même s'élargir au fur et à mesure de leur progression. Au bout de quelques minutes supplémentaires, ils rencontrèrent une pente qui remontait doucement ; puis la lumière combinée de leurs auras se réfléchit contre la surface. Ils sortirent de l'eau quelques instants plus tard.

"Pfuu," souffla Gokuu, "jamais vu un tunnel si long !" s'exclama t-il. Sa voix projetait des échos qui se répercutaient sur les parois lointaines. La grotte dans laquelle ils venaient de déboucher semblait immense : toujours éclairés par leur propre énergie, ils ne pouvaient que vaguement distinguer l'extrémité de la caverne.

Végéta augmenta brièvement son aura, ce qui eut pour effet de le sécher instantanément. Il s'avança d'un pas prudent sur le sol rocheux. Personne ne semblait être venu là depuis bien longtemps.

"Tu crois que c'est l'entrée du labyrinthe ?" demanda Gokuu, qui observait maintenant les parois avec attention.

"Aucune idée," répondit l'autre Saiyen. "Si c'est le cas, c'était bien caché."

"Oui, mais on l'aura vite trouvé."

"Allons voir ce qu'il y a par ici," fit Végéta. "Il me semble y avoir un tunnel par-là."

Ils s'avancèrent dans les ténèbres, le bruit de leurs pas se répercutant en de nombreux échos. La température était fraîche dans cette nouvelle galerie, mais parfaitement supportable.

Le tunnel faisait un coude devant eux. Alors qu'ils allaient tourner, Végéta entendit un sifflement aigu, et il se baissa rapidement, tout en donnant une forte bourrade à Gokuu. Celui-ci s'étala au sol avec un cri de surprise. Trois pointes de métal passèrent là où, un instant auparavant, avait été la tête de Végéta, pour se ficher dans le mur leur faisant face.

"En arrière, vite !" cria Végéta. Il recula juste à temps pour que deux nouvelles pointes se fichent dans le sol à l'emplacement qu'il venait de quitter. Gokuu se lança en arrière d'un mouvement souple. Les deux Saiyens se plaquèrent contre la paroi rocheuse qui les protégeait de leur assaillant inconnu grâce au coude du tunnel.

"On nous attaque," commenta Gokuu. "Qu'est-ce qu'on fait ?"

"Chut !" lui intima son compagnon avec un geste de la main pour le faire taire.

Dans la galerie, ils pouvaient entendre des pas légers s'éloigner rapidement.

"Il s'enfuit," fit Végéta, en se jetant en avant : il fit une roulade au sol en tendant les mains dans la direction de la galerie, puis laissa une boule d'énergie fuser de ses mains. L'explosion retentit bruyamment dans l'espace clos, et toute la galerie se mit à trembler.

"Je ne crois pas que je l'ai eu," fit Végéta en se relevant. "Il était déjà trop loin. Mais maintenant il sait à quoi s'attendre."

"Regarde ça, Végéta," s'exclama Gokuu. Il désignait les pointes de métal qui avaient failli les transpercer. La roche moussait dans la zone où elles s'étaient plantées.

"Un acide, ou un poison," commenta l'autre Saiyen en se penchant, et en ramassant avec prudence une des armes. Gokuu s'approcha pour y jeter un coup d'œil.

"Ca ressemble à une arme de ninja," fit-il. "Mais ça allait tellement vite que ça aurait pu nous blesser si on ne les avait pas évités."

"Hum," grommela Végéta. "Tu te souviens de l'avertissement de l'Eternel ?" demanda t-il. "Il nous a dit de nous méfier des pièges qui seraient tendus sur notre chemin."

"Ce qui veut dire qu'on est sur la bonne piste !" fit Gokuu, avec une note d'espoir dans la voix.

"Pas nécessairement," répliqua l'autre. "Ca peut être un piège, pour nous le faire croire."

"Je n'y aurais pas pensé." Gokuu s'époussetait : dans sa chute, il s'était tâché. "On continue ?" demanda t-il.

"Je ne vois pas d'autre solution," répondit Végéta. "Mais faisons plus attention, à partir de maintenant."

Ils reprirent leur progression, tous leurs sens à l'affût. Au bout d'un petit moment, ils débouchèrent dans une nouvelle salle. Le sol était toujours de pierre, lisse et propre. Au centre de la caverne, se dressait un coffre de bois qui semblait attendre là depuis des millénaires, à en juger par la couche de poussière qui le recouvrait.

"Je me demande ce qu'il y a dedans," fit Gokuu en s'avançant. Une main lui saisit le bras, l'arrêtant.

"Un instant," fit Végéta, qui jetait des regards dans toutes les directions. "Tu ne remarques rien ici ?"

"Heu..." Gokuu regarda autour de lui, en prenant un air sérieux. "Non, je ne vois rien de particulier."

"C'est bien ce qui m'inquiète," répliqua Végéta. "Regarde, il n'y a pas de sortie. Aucune porte, aucun passage pour continuer. Je me demande où est passé notre attaquant de tout à l'heure."

"Mais c'est vrai ça," fit Gokuu, en se mettant instinctivement en position de défense. Ils augmentèrent légèrement leur puissance, pour jeter plus de lumière dans les coins sombres.

"Laisse tomber," fit Végéta. "Il n'y a personne ici à part nous. De toute façon, nous aurions remarqué une autre présence."

"Mais alors, où est-il passé ?" demanda Gokuu, en se redressant complètement. Végéta s'avança vers la paroi qui lui faisait face, et il se mit à marteler la pierre de son poing. Mais partout, la roche rendait un son mat.

"C'est une bonne question," fit-il quand il eut terminé de sonder l'ensemble de la paroi. "Il n'y a aucun moyen pour lui de s'échapper."

"A part la téléportation," ajouta Gokuu. "Mais je connais peu de gens qui maîtrisent cette technique."

"Je ne vois pas d'autre explication." Il prit un air songeur pendant quelques instants. "D'un autre côté, nous sommes tombés sur un cul de sac. Ce n'est sûrement pas ici que nous trouverons l'entrée de notre labyrinthe." Végéta s'avança vers le coffre de bois. "Et si on jetait un coup d'&était maintenant autrement plus méfiant. Mais il finit par hocher lentement la tête.

"Doucement," fit-il lorsque Végéta s'empara du bord du couvercle pour le soulever. "Ca pourrait être un autre piège."

La partie supérieure du coffre tourna lentement dans ses gonds. Lorsqu'il fut totalement ouvert, une lumière aveuglante envahit la pièce.

La caisse était remplie à ras bord de pierres et de métaux précieux, qui brillaient de mille feux sous l'éclat de la double aura des Saiyens. Il y avait là un trésor digne des plus grands rois.


Chapitre 8
Spoiler
"Comment ?" s'exclamèrent en chœur les Gardiens de l'Eternel étaient restés de marbre devant les déclarations de Goten et Trunks. Quant à Gohan, qui venait juste de remonter à la suite des deux garçons, il prit lui aussi un air surpris.

"C'est normal," fit Ahm, ses longs bras musclés repliés sur son torse. "Nous savons où il y a d'autres disques identiques à celui que vous avez trouvé. Cela n'a rien d'inexplicable."

"A quoi sert-il ?" demanda Trunks, qui avait maintenant fini de se sécher. Il commençait à se rhabiller, tandis que Goten et Gohan l'imitaient.

"En fait, personne ne le sait," répondit à son tour Khor. "Ils marquent les endroits où on peut s'adresser à l'Eternel, c'est tout. Leur fonction exacte dans la communication, nous l'ignorons."

"Ils ne pourraient pas être utilisables pour entrer dans le labyrinthe ?" demanda Goten, en s'ébouriffant les cheveux. Ils reprirent leur forme naturelle au-dessus de sa tête.

"Je ne pense pas, nous n'avons jamais observé de propriété spéciale attribuable à ces disques," fit Khor.

"Mais combien y en a t-il ?" demanda le Doyen, les mains croisées derrière le dos.

"Trois en tout," répondit Ahm. "Nous pouvons vous montrer les autres, si vous voulez."

"Je crois que ce sera la prochaine étape," fit le Dieu. "Je persiste à croire que l'entrée de ce labyrinthe se trouve dans un endroit spécial, et ces disques semblent marquer des points bien précis."

"Vous vous trompez," répliqua Khor. "Les deux autres disques se situent dans des zones que nous connaissons parfaitement bien. Si l'entrée du labyrinthe est proche d'un disque, nous ne l'avons jamais remarquée."

"Qui sait ?" fit Saki. "Peut-être allons-nous trouver quelque chose, en cherchant bien."

"Gokuu et Végéta reviennent," commenta laconiquement Piccolo, qui s'était jusque là contenté de suivre le débat d'une oreille tout en explorant le fond du lac du regard. Comment pour lui donner raison, deux projectiles crevèrent la surface du lac à quelques dizaines de mètres d'eux. Les Saiyens s'immobilisèrent à mi-altitude, tandis que de grandes vagues soulevées par leur retour s'écrasaient sur la plage. Ils étaient toujours en état de Super Saiyens, mais ils reprirent rapidement leur apparence normale en s'approchant des autres. Ils finirent par poser pied à terre. Gokuu se dirigea vers ses vêtements.

"Alors ?" demanda Piccolo, en suivant Gokuu du regard. "Racontez-nous ce que vous avez trouvé, ça me semble important."

"Tu nous as vus ?" demanda Gokuu, en ramassant son pantalon. Il l'enfila rapidement. "Et bien nous avons trouvé une grotte."

"Ca, on sait," fit Kaï. "Mais vous l'avez explorée, non ?" Gokuu hocha la tête.

"Oui," fit Végéta, d'un ton froid comme à son habitude. "Et à part un mystérieux agresseur qui a disparu sans laisser de traces après avoir failli nous tuer, nous n'avons rien trouvé. C'était une impasse."

"Ah oui," fit Gokuu d'un ton calme, "il y avait aussi ce coffre rempli de pierres précieuses. Mais il ne servait à rien, alors nous l'avons laissé."

"Quoi ?!!" Goten, Trunks et Gohan semblaient sur le point de s'étouffer. "Vous avez trouvé un trésor ?" demanda Trunks. Gokuu hocha lentement la tête, étonné par la vive réaction de ses fils et de celui de Végéta.

"Et tu l'as laissé là bas ?" demanda Goten, qui avait la larme à l'œil !

"Le coffre nous aurait gêné pour revenir," expliqua Gokuu. "Et de toute façon ça ne nous appartenait pas."

"Papa," implora Trunks en se mettant à genoux devant son père, les mains jointes en signe de supplication. "Montre-moi l'entrée de cette grotte, par pitié."

"Trunks," fit son père en haussant un sourcil, "tu oublies une chose. Toutes ces babioles sont inutiles, maintenant que la Terre a été détruite."

Un silence lourd figea la scène pendant quelques secondes. Personne n'osait dire un mot. On pouvait presque entendre les battements de paupières frénétiques de Trunks qui assimilait les mots de son père. Il se redressa d'un coup.

"Je disais ça -- bien entendu, ça n'intéresse plus personne de nos jours, un coffre rempli de pierres précieuses." Il se détourna et se mit à racler le sol du bout du pied. "Suis-je bête."

"Affaire close," décréta Végéta, en poussant un léger soupir. Les réactions humaines le surprendraient toujours.

"Et maintenant," fit Gokuu. "Quelle est la suite du programme ?"

***

"Voila," fit Videl avec un petit soupir, "c'est comme ça que j'ai rencontré Gohan."

"Quelle étrange famille, tout de même," commenta Hanna, qui était assise en tailleur à même l'herbe qui bordait les huttes. Une main soutenait son menton, et elle fixait Videl du regard d'un air absent.

"Tu peux le dire !" fit Videl, en cueillant machinalement un brin d'herbe. "Mais j'ai fini par m'y habituer."

"Donc si je comprends bien," continua Hanna, "c'est en t'entraînant pour ce championnat d'arts martiaux avec lui que vous avez appris à mieux vous connaître."

"Hum-hum, c'est ça," acquiesça t-elle.

"C'est étrange tout de même, ils ne pensent tous qu'à se battre."

"Oh, pas tout le temps. Mais d'après ce que j'en ai compris, c'est le développement de leurs capacités physiques qui intéresse surtout les Saiyens. Et naturellement, leur aptitude au combat."

"Mais est-ce que nous -- je veux dire les humains -- pouvons faire la même chose ?" Videl fronça les sourcils. Hana continua. "Je veux dire, j'ai vu Goten pulvériser un énorme rocher juste en tendant la main dans sa direction, et une sorte d'éclair en est sorti."

"Ah," fit Videl en acquiesçant rapidement, "tu parles du contrôle de la force spirituelle."

"Hein ?" C'était la première fois que la jeune fille entendait parler d'une telle chose. "La -- la force spirituelle ?"

"Tout à fait. C'est -- c'est la première chose que Gohan m'a apprise. Bien entendu, personne -- je parle des humains -- n'arrivera jamais à rivaliser avec un Saiyen. Mais avec beaucoup d'entraînement, on peut arriver à contrôler sa propre énergie. J'ai même appris à voler avec Gohan."

"Voler ? Tu veux dire, ce n'est pas une illusion d'optique ?" Videl éclata de rire. "J'ai toujours cru qu'il y avait une sorte d'astuce qui permettait de faire ça, quand j'ai vu Goten s'envoler."

"Non non, c'est bien réel."

"Mais -- mais alors !" Hana sursauta. Ses yeux venaient de s'illuminer d'une lueur nouvelle. "Je pourrais le faire moi aussi ?"

"Contrôler ton énergie ?" Videl se mit à réfléchir un instant. "Je ne sais pas. D'après Gohan, il faut déjà posséder une force potentielle relativement importante pour obtenir des résultats."

"Mais tu as dit que tu y es arrivée," persista Hana. "Tu ne voudrais pas m'apprendre ? S'il te plaît !"

"Et bien -- " Videl fronça les sourcils. L'expression d'Hana finit par la faire craquer. "D'accord, mais je ne sais pas quelle sorte de professeur je suis. Il te faudra sans doute être patiente."

"Oh, super !" fit Hana, qui laissa sa joie exploser. Elle se leva d'un bond. "Quand commençons-nous ?"

"Hem -- quand tu veux. De toute façon, je n'ai rien d'autre à faire. Tout de suite, si ça te chante."

"Entendu."

***

"Ah, je vois," fit Gokuu. "Donc personne n'a rien trouvé de franchement intéressant, en fait."

"C'est une façon de voir les choses, en effet," répondit Kaï, avec une pointe d'ironie. "Et je commence à douter qu'on trouve un jour ce labyrinthe. A moins de passer les quelques prochains millions d'années à fouiller le moindre recoin de cette planète."

"Il doit y avoir un moyen plus rapide de procéder, tu ne crois pas ?" demanda Gohan.

"Et quoi par exemple ?"

"Et bien -- je ne sais pas," répondit-il, en se grattant la nuque d'une main. "Mais je suppose qu'il faut continuer de chercher, tout en comptant sur notre chance. Il doit absolument y avoir une manière rapide de résoudre cette énigme."

"Et bien," soupira Kaï, en se tournant vers les deux grandes créatures qui les avaient jusque là guidés. "Où se trouve le disque le plus proche ? Autant ne pas négliger cette piste."

"Pas très loin," fit Ahm. "Suivez-nous, et ne traînez pas en route."

Les deux Gardiens de l'Eternel partirent alors en courant sur un chemin connu d'eux seuls. Les autres s'envolèrent à tour de rôle pour ne pas les perdre de vue.

"Et moi ?" fit le Doyen des Dieux, tandis que Shibito s'envolait lui aussi pour suivre les autres. "Vous n'allez pas me laisser ici tout seul, quand même ?"

"Arrêtez de vous plaindre un peu," fit Kaï, qui semblait avoir oublié qu'il s'adressait à un supérieur. Il s'empara de son aîné en lui passant les bras sous les épaules. Puis il s'envola à son tour, accompagné de sa soeur.

"Mais -- mais descendez tout de suite !" se mit à crier le Doyen. "Pourquoi n'utilisez-vous pas votre technique de téléportation, comme la dernière fois ?"

"Et vous voudriez vous priver d'un si joli paysage ?" fit Saki en éclatant de rire. Sous eux, la grande forêt vierge commençait à apparaître. Elle était encore enveloppée d'un manteau de brouillard cotonneux, mais les rayons des soleils de plus en plus hauts dans le ciel dissolvaient lentement la brume, qui s'effilochait en rubans ascendants.

***

"C'est difficile de se concentrer," fit Hana. Videl lui avait demandé de s'asseoir, jambes croisées, et de se concentrer jusqu'à ce qu'elle 'sente' son énergie vitale en elle. Mais jusque là, ses tentatives n'avaient pas été couronnées de succès.

"Je t'avais prévenu," fit Videl. "Ce sera long, et tu n'en es qu'au début. Maintenant tais-toi, et concentre-toi comme je t'ai dit."

La jeune fille respira profondément, et refoula son impétuosité. Si Videl y était parvenue, il n'y avait aucune raison pour qu'elle non plus n'y arrive pas.

Elle suivit donc la procédure que Videl lui avait conseillée : devenir extrêmement calme, ne faire plus qu'un avec son environnement, pour arriver à détecter toute la vie qui les entourait. Elle pourrait ensuite passer à l'étape suivante : commencer à maîtriser sa propre énergie.

"Bonjour les filles," fit une voix joyeuse. Hana faillit s'écouler en arrière, tellement la surprise avait été grande. Videl jeta un regard assassin à l'importun.

"Qu'est-ce que j'ai encore fait ?" demanda Krilin, en prenant un air étonné.

***

La petite escadrille aérienne suivant de haut la progression des deux Gardiens de l'Eternel. Ceux-ci étaient extrêmement rapides au sol, mais Gokuu et les autres n'avaient aucun mal à les suivre tant qu'ils percevaient leur trace énergétique dans la forêt. Désormais, le grand tapis vert qui se déroulait sous eux était totalement réveillé : la vie était nettement perceptible au c&

"Regardez là-bas !" cria Trunks, pour couvrir le bruit du vent qui leur sifflait dans les oreilles. Il volait en avant avec Goten. Les autres braquèrent leur regard dans la direction qu'il montrait du doigt.

Dans le prolongement de la trajectoire qu'ils suivaient depuis quelques minutes, se dessinait une vaste clairière. Et tous décelèrent rapidement ce qu'il y avait au centre de cette clairière : un vaste disque blanc, immaculé, orné d'une étoile dorée à six branches. Et d'un petit point doré au centre.

"C'est ça ?" s'exclama Gokuu. "Waa, c'est grand. Je ne l'avais pas imaginé comme ça."

"Tu verras," fit Goten, en tournant la tête vers son père, "ce disque est fait d'une matière très étrange. Il est impossible d'y marcher dessus, tellement c'est glissant. Mais c'est aussi très dur."

"Ah bon ? Mais à quoi ça sert, exactement ?"

"On te l'a dit tout à l'heure," fit Piccolo, qui volait les bras croisés à ses côtés, sa grande cape blanche flottant dans le vent. "Ils marquent les endroits où on peut s'adresser à l'Eternel."

"Peut-être ferions-nous mieux de lui demander où se trouve ce fameux labyrinthe," proposa Gokuu.

"Je doute que ce soit dans les règles du jeu," répliqua Piccolo avec un léger sourire qui dévoila de longues canines blanches.

"Peut-être y a t-il un passage secret par dessous ?" fit Gokuu. "Ou encore, peut-être qu'il faut prononcer une formule magique, comme avec les DragonBalls, pour entrer dans le labyrinthe." Il parlait maintenant tout seul. "Ou bien faut-il faire un mouvement spécial, une danse, comme pour fusionner, ou alors peut-être --"

"Kakarotto !" Végéta l'interrompit brutalement.

"Quoi ?" demanda le Saiyen.

"Tu nous saoules avec tes suppositions. Pense moins fort."

Gokuu sourit, et il augmenta brièvement sa vitesse pour se retrouver juste à côté de Végéta. L'autre, surpris, tourna rapidement la tête vers lui.

D'un geste bref, Gokuu saisit le nez de Végéta entre son pouce et son index, puis imprima un rapide mouvement de torsion. Les yeux de Végéta faillirent sortir de leurs orbites.

"Quel vieux ronchon tu fais, Végéta," fit Gokuu en éclatant de rire. Mais l'autre ne l'entendait pas de cet avis. Il était trop étonné pour penser rationnellement. Tous virent le visage du Saiyen passer au rouge cramoisi, et son énergie augmenta rapidement.

"Kakarotto !!" se mit à hurler Végéta. "Je vais te tuer !!"

Gokuu partit d'un franc éclat de rire, tout en accélérant pour distancer Végéta. Celui-ci, furieux, se lança à sa poursuite dans un jaillissement d'énergie.

"Reviens ici !" cria t-il. "Espèce de lâche !"

Les vociférations de Végéta ne trouvèrent que le rire de Gokuu comme écho.

***

"Ce n'est pas comme ça qu'il faut procéder," fit Krilin, qui secouait la tête d'un air profondément navré. "Si tu veux arriver à contrôler ton énergie vitale, tu ferais mieux de t'adresser à des professionnels."

"Et comment t'y prendrais-tu, dans ce cas là ?" demanda Videl, les mains sur les hanches, d'un air agressif. "Je sais que je ne suis pas vraiment une experte, mais je me défends."

"Mettez-vous d'accord," fit Hana d'un ton plaintif. "J'aimerais bien apprendre quelque chose, moi."

"Que se passe t-il ici ?" Krilin, Hana et Videl se tournèrent de côté. Yamcha et Tortue Géniale approchaient, accompagnés de Plume et Oolong. Videl se plaqua une main sur le visage, d'un air désespéré.

"Maître, c'est vous," fit Krilin. Il tendit un index vers Videl. "Elle essaie d'apprendre à Hana le contrôle de sa force spirituelle. Mais elle s'y prend mal."

"Je fais exactement la même chose que Gohan a jugé utile de faire pour me l'apprendre," fit Videl. Krilin fit un petit geste de la main, comme pour chasser un insecte.

"Il fallait me le dire tout de suite," fit Tortue Géniale, qui s'immobilisa devant le petit groupe, les mains croisées derrière le dos. "Si tu veux des leçons, je suis prêt à t'aider." A cause de ses lunettes de soleil, personne ne pouvait voir où portait son regard. Mais il regardait manifestement Hana avec beaucoup d'intérêt.

"Vous ?" Videl faillit éclater de rire. "Je me demande quel genre de leçons vous pourriez bien lui donner." Hana semblait totalement désorientée ; son regard ne cessait de passer de l'un à l'autre.

"Qu'est-ce que c'est que ces insinuations ?" fit Tortue Géniale, en haussant le ton. "Vous semblez oublier que c'est moi qui ai tout appris à Son Gokuu, il n'en serait pas là où il est maintenant sans mes talents. Puisque c'est ça, je préfère m'en aller."

Joignant le geste à la parole, il se détourna, et continua son chemin.

"Tu l'as vexé, Videl. C'est malin," fit Krilin. Videl serra les poings. Elle ne savait pas par quel miracle elle arrivait encore à se retenir de le frapper.

"Ne t'énerve pas," fit Yamcha en souriant. "On va t'aider, n'est-ce pas, Krilin ?"

"Hein ?" Il jeta un coup d'oeil à Yamcha. Celui-ci ne semblait pas plaisanter. "O--oui, bien entendu. Si vous acceptez notre aide, bien sûr."

"J'accepte," répondit Videl. "Mais on suit ma méthode, d'accord ?"

"Hem -- d'accord," fit Krilin. Yamcha éclata de rire.

"Tu vas voir," fit ce dernier en s'adressant à Hana. "Avec nous, tu pourras contrôler ton énergie avant ce soir. Au travail."

***

Le groupe était de nouveau reconstitué, à quelques pas du large disque blanc qui ornait la grande clairière. Végéta avait fini par rattraper Gokuu, et il lui avait fait payer l'humiliation qu'il lui avait fait subir par quelques coups, pour la plupart soigneusement évités.

"C'est donc ça, ce fameux disque ?" fit Gohan. "C'est impressionnant, c'est vrai." Il s'accroupit au bord du disque, et passa ses doigts sur la matière blanche.

"C'est très étrange, je n'ai jamais rien vu de semblable." Il scruta attentivement la surface du disque. "Vous remarquez ?" fit-il à l'attention du groupe. "C'est parfaitement propre, comme si les poussières ne pouvaient pas s'y attacher."

"C'était pareil pour l'autre, dans le lac," fit Trunks. "Il n'y a pas que les poussières qui ne peuvent pas y adhérer. Essaie de marcher dessus, qu'on rigole un peu." Il lança un coup d'oeil complice à Goten.

"Marcher dessus ?" demanda Gohan. "Je ne vois pas où est le problème..." Il posa un pied sur le disque, et lorsque son second pied quitta le sol, il glissa et se retrouva allongé sur le dos avant d'avoir pu réagir. Sa première réaction fut de tenter de se remettre debout. Mais il ne réussit qu'à déraper de plus belle.

Goten et Trunks étaient pliés de rire devant la mésaventure de Gohan. Celui-ci finit par trouver une solution adaptée : il s'envola de quelques mètres, et vint se poser à proximité de son frère et de son collègue.

"Vous le saviez, c'est malin," fit-il, en réajustant ses lunettes sur son nez.

"Quand vous aurez fini de faire les pitres," fit Ahm, qui avait observé toute la scène sans dire un mot. "Il est normalement interdit de profaner ces lieux sacrés."

"Pardon," fit Gohan, "je ne savais pas."

"Bien, on cherche l'entrée de ce labyrinthe, ou pas ?" demanda Saki, qui commençait à s'impatienter. "Vous avez une idée d'où elle pourrait se trouver ?"

"Quelque part dans les environs, je suppose," fit le Doyen, en tournant la tête dans tous les sens, comme s'il s'attendait à voir un panneau lui indiquant le chemin à suivre. "Ces disques marquent des endroits privilégiés sur cette planète, il serait logique de trouver quelque chose près de l'un d'eux."

"Cherchez tant que vous voulez," fit Khor. "Mais je doute que vous trouviez quoi que ce soit."

"J'avais une idée," fit soudain Gokuu. "Et si l'entrée du labyrinthe se trouvait sous le disque ?"

Tous les regards s'étaient tournés dans sa direction. Gokuu tourna la tête vers les Gardiens de l'Eternel.

"Je pourrais tenter de le vérifier ?"

"Hem -- et bien, si tu veux -- "

Avant qu'Ahm n'ait pu achever sa phrase, Gokuu lui adressa un petit signe de la main. "Merci," fit-il. Il s'approcha à son tour du disque, et se mit à donner de petits coups sur sa surface.

"Bonne idée, Gokuu," fit le Doyen en s'approchant de lui. "Je n'y aurais jamais pensé. Mais -- que fais-tu ?"

"J'essaie de savoir à quel point ça peut être solide," répondit-il. Il se releva, et se frotta le menton d'une main. "Et ça m'a l'air très solide, ce truc là." Il leva la tête vers le ciel, qui était dégagé. Puis il tourna la tête vers les autres.

"Eloignez-vous un peu, on se sait jamais," fit-il, avant de s'envoler rapidement.

"Mais -- qu'est-ce qu'il va faire ?" demanda Khor, de plus en plus intrigué.

"Avec lui, on ne sait jamais," répondit Kaï, d'un air songeur.

Gokuu s'était immobilisé à une centaine de mètres au-dessus du disque. Tous sursautèrent lorsqu'il se transforma en Super Saiyen.

"N -- non !" s'écria Piccolo. "Il ne va quand même pas oser !"

Gokuu tendit une main devant lui, et visa soigneusement le centre du disque.

"Mettez-vous à l'abri !" cria Piccolo. Les autres avaient compris, et tous s'éloignèrent à toute vitesse du disque. Les Gardiens s'emparèrent vivement du Doyen avant de s'envoler à leur tour.

Avec un cri perçant, Gokuu laissa un rayon d'énergie concentrée jaillir de la paume de sa main, dans une explosion de bruit et de lumière.

Le rayon se propagea rapidement vers sa cible, et un vacarme assourdissant retentit lors de l'impact. Mais cette fois, Gokuu n'avait pas mesuré les conséquences de son geste.

Le rayon d'énergie vint s'écraser contre le disque, qui agissait comme une sorte de bouclier. Il se divisa en milliers de petites étincelles, qui s'envolèrent dans toutes les directions.

La terre se mit à trembler dans toute la région. Une fois que le bruit se fut dissipé, Piccolo écarta les pans de sa grande cape avec laquelle il s'était protégé. Ses yeux s'agrandirent de surprise.

Il s'était attendu à trouver un grand trou à la place du disque. Au lieu de quoi, celui-ci était parfaitement intact. Il n'avait pas bougé d'un millimètre, ne portait pas une fissure, ni la moindre trace de l'attaque de Gokuu. Par contre, le visage de la forêt venait de changer : l'énergie dégagée par le Saiyen avait détruit la végétation dans une large zone autour du disque. La clairière venait subitement de s'élargir.

Lentement, le petit groupe se reforma près de Gokuu.

"Mince," fit celui-ci, en jetant des regards désespérés dans toutes les directions, "je ne pensais pas que ce fichu disque soit si solide. Il a renvoyé mon rayon."

"Bravo," fit Végéta. "Même pas capable de faire les choses proprement."

"Mais -- mais où sont Khor et Ahm ?" demanda soudain Trunks. Il se souvint rapidement que les Gardiens de l'Eternel ne savaient pas voler. Ce qui signifiait --

Il les trouva facilement. En fait, les deux créatures avaient été prises de court par l'attaque de Gokuu, et n'avaient pas eu le temps de bouger. Ils avaient tout juste pu se protéger partiellement de leurs bras.

"Oh non," fit Gohan, en imitant Trunks qui descendait déjà dans leur direction. Les autres les suivirent.

"Ca va ?" demanda Trunks en se posant près des deux Gardiens de l'Eternel. Ils avaient reçu une bonne décharge d'énergie, et de petits rubans de fumée montaient de leur peau brûlée.

"Qu'est-ce que c'était ?" demanda Ahm en relevant lentement la tête. "Comment a t-il pu faire une telle chose ?" Leurs regards convergèrent vers Gokuu, qui avait maintenant repris son aspect normal.

"Je suis désolé, fit-il, mais je croyais que j'arriverais à briser ce maudit disque." Les yeux d'Ahm et de Khor se dilatèrent sous l'effet de leur fureur.

"Mais tu es fou !" fit Khor. "Rien ne peut briser ces disques, absolument RIEN !! Et tu as failli nous tuer par la même occasion, sans parler de la forêt que tu as carrément anéantie !"

"Oui," renchérit Ahm. "Tu as de la chance que nous soyons immortels, d'ailleurs."

"Je ne le ferais plus," promit Gokuu, avec un sourire contrit. "C'était une mauvaise idée, je le reconnais -- sauf que -- "

"Quoi ?" demanda Gohan.

"Je me demande toujours si l'entrée de ce labyrinthe ne se trouve pas sous le disque. Peut-être qu'avec un Kaméhaméha au niveau trois -- "

"Non !" s'écrièrent en cœur qui se frappait le font d'une main d'un air désespéré.

***

"Je la sens !" s'écria Hana. Aussitôt, l'étincelle d'énergie qui s'était manifestée entre ses mains disparut. Hana s'écroula en arrière dans l'herbe, épuisée.

"Bravo !" fit Videl, en applaudissant. Elle se tourna un instant vers Krilin. "Qui a dit que ça ne marcherait jamais ?"

Krilin se contenta de grogner. Il devait bien admettre que la technique de Videl fonctionnait vraiment. Même s'il n'avait pas cru un instant qu'Hana arrive à un quelconque résultat. Si on pouvait appeler ça un résultat.

"C'est incroyable," fit Hana, qui respirait avec avidité. "J'ai senti ma force se concentrer entre mes mains. Tu avais raison, Videl."

"C'est comme ça que j'ai commencé moi aussi," fit-elle. "Maintenant, tu vas voir, tout sera plus facile."

"J'aimerais savoir une chose," fit Krilin, sans se départir de son air bougon. Les autres tournèrent leurs regards vers lui. "Pourquoi tiens-tu tellement à maîtriser ton énergie ? Pour apprendre les arts martiaux ? Ou y aurait-il une autre raison ?" Il sourit légèrement en posant sa dernière question.

"Pourquoi es-tu si désagréable, Krilin ?" demanda Videl, qui prenait instinctivement la défense de la jeune fille. "Tu es jaloux… de ma méthode d'apprentissage, peut-être ?"

"Pas du tout," fit l'autre, en la regardant d'un air menaçant. "Mais je me disais simplement que ça va épater Goten, si Hana sait maîtriser son ki lorsqu'il va revenir."

"Pff," lâcha Videl. "Tu peux parler. Je parie que tu n'as appris les arts martiaux que dans le but de frimer auprès des filles."

"Quoi ?" éclata Krilin, qui se releva d'un bond. "Pas du tout !" cria t-il. "J'ai toujours eu envie d'apprendre les règles des arts martiaux ; je me rasais même la tête pour imiter les grands maîtres !"

"Menteur," fit Videl en faisant un petit clin d'oeil à Hana. Celle-ci se mit à pouffer de rire. Yamcha, Plume et Oolong l'imitèrent rapidement en voyant que Krilin devenait tout rouge. Il ne savait vraiment pas mentir.

"Ne fais pas la tête, Krilin," fit Yamcha. "Tu sais bien qu'il ne faut jamais discuter avec les filles."

"Qu'est-ce que j'entends ?"

Les regards se tournèrent vers Bulma, qui approchait rapidement. Bra et Pan la suivaient docilement.

"Je vous ai cherchées partout," fit-elle en regardant Videl et Hana. "Mais qu'est-ce que vous faites là ?"

"Je -- Hana voulait apprendre à voler, alors j'essaie de lui montrer la façon de procéder," expliqua Videl.

"Regardez-moi ça," fit Bulma, en posant les mains sur les hanches. "Elle est complètement épuisée, cette petite." Effectivement, le front de la jeune fille était en sueur, et elle finissait de reprendre son souffle à la suite des efforts qu'elle avait du faire.

"Vous deux," fit Bulma en regardant tour à tour Krilin et Yamcha, "rendez-vous utiles, et allez donc trouver quelque chose de comestible pour midi. Il est bientôt l'heure de manger."

"Pourquoi nous ?" demanda Krilin, d'une voix plaintive.

"Parce que le monopole de la chasse revient d'habitude à Gokuu," expliqua Bulma, "et en son absence, j'ai décidé que tu devrais t'en charger."

"Allons," fit Yamcha, qui s'était déjà levé. "Viens, Krilin. Il est inutile de discuter, de toute façon."

Krilin ne protesta pas cette fois-ci, et il se leva, pour suivre Yamcha.

"En plus," ajouta Yamcha, "ça te permettra de te dégourdir un peu."

"Je vais très bien," répliqua Krilin. "Mais tu as raison Yamcha, il vaut mieux partir. Elles sont trop nombreuses."
Epsibalt
 
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Re: [Archive] Un Prince nommé Végéta - terminée

Messagepar Epsibalt le Lun Mai 20, 2019 8:43

Chapitre 9
Spoiler
"On arrive bientôt ?" Le Doyen commençait à en avoir assez de marcher toute la journée. Le petit groupe s'était mis en route à travers la jungle épaisse, en direction du troisième et dernier disque connu des Gardiens de l'Eternel. La particularité de ce disque, avaient dit Khor et Ahm, c'était qu'il se trouvait dans le village même des Gardiens de l'Eternel.

"Vous avez hâte de voir le village de nos guides, vous aussi ?" demanda Gohan au Doyen. Il jeta un coup d'oeil dans la direction de ce dernier. Une branche, écartée par Piccolo, revint un peu rapidement en arrière, et frappa le Dieu en plein visage. Il jura, et dans un geste désespéré, leva les bras au ciel.

"Oui, petit," répondit-il, sans même le regarder. "Mais pas pour les mêmes raisons que toi, je pense. Maudite jungle !"

Gohan, Trunks et Goten éclatèrent de rire.

Les soleils commençaient à décliner dans le ciel. La nuit s'installerait pour de bon dans peu de temps. La forêt s'illuminait de reflets dorés, tandis que les oiseaux commençaient à se taire. Bientôt, la vie nocturne allait prendre place dans la grande forêt.

Soudain, les deux guides s'arrêtèrent, en plein milieu d'une petite clairière. Etonnés, les autres jetèrent des regards inquisiteurs dans toutes les directions.

"Nous sommes arrivés ?" demanda Saki, en cherchant le village des yeux.

"Pas exactement," répondit Khor. "On change de direction, c'est tout."

"Ah ?" s'étonna Gokuu. "Et on va où, maintenant ?"

"On monte."

Les deux Gardiens de l'Eternel levèrent la tête. Les autres les imitèrent. Ils ne virent rien d'autre qu'un méli-mélo de branchages, de feuilles et de lianes.

"Monter ? Là dedans ?" Le Doyen des Dieux semblait totalement dégoûté de la jungle.

"Vous habitez dans les arbres ?" demanda Gohan. "C'est peu banal."

"Vous ne vous imaginez quand même pas que je vais monter là-haut ?" s'exclama le Doyen, outré.

"Vous verrez par vous-même," fit Ahm, ignorant la question. "Suivez-nous."

Les deux grandes créatures s'élancèrent avec agilité dans les arbres. Un à un, les autres les suivirent. Il ne resta bientôt que Shibito et le Doyen dans la clairière.

"Qu'est-ce qu'on fait ?" demanda le Doyen, en levant les yeux au ciel. Ils avaient tous disparu dans la verdure étouffante.

"On attend," fit Shibito, en s'asseyant dans l'herbe. "J'en ai assez de marcher moi aussi," ajouta t-il. "On les rejoindra plus tard."

"Bonne idée," fit le Doyen, en s'allongeant dans l'herbe aux côtés de son compagnon.

***

Goten entendit Piccolo pousser un juron. Le grand Namek n'avait pas l'habitude de se déplacer dans un tel environnement. Les branches et les lianes enchevêtrées gênaient sa progression. Mais dans l'ensemble, tous se montraient assez agiles, et parvenaient à monter à bonne allure. Goten et Trunks avaient plus d'expérience que les autres, bien entendu. Trunks fut cependant surpris de voir son père se mouvoir comme un chat dans le feuillage dense, comme s'il avait vécu là toute sa vie. Gokuu s'en sortait plutôt bien, lui aussi. Le Saiyen retrouvait les habitudes prises durant sa jeunesse, lorsqu'il vivait dans les montagnes, et qu'il était obligé de chasser les animaux sauvages pour survivre.

"C'est drôlement haut," remarqua Gohan au bout d'un petit moment. Ils montaient sans s'arrêter, toujours plus haut, à la suite de Khor et Ahm. Ceux-ci avaient disparu depuis longtemps dans les frondaisons, mais leur énergie était toujours perceptible.

"On va arriver," fit Gokuu. "Ils se sont arrêtés."

Effectivement, ils s'immobilisèrent bientôt, pour constater qu'au-dessus d'eux se trouvait une sorte de clairière aérienne. Le feuillage avait presque complètement disparu. Et entre les troncs des arbres, s'étendait le village des Gardiens de l'Eternel : des passerelles étaient jetées au-dessus du vide, pour se raccrocher aux arbres. De là où ils se trouvaient, ils pouvaient deviner que ce village était en fait gigantesque : le réseau de passerelles était immense, raccordant entre eux des milliers d'arbres. Les maisons étaient d'un style assez rudimentaire : il s'agissait de simples huttes de branchages, dressées sur l'incroyable toile d'araignée de ponts suspendus.

"C'est gigantesque !" s'écria Goten. A côté de lui, ses compagnons en avaient le souffle coupé. Aucun d'eux n'aurait pu imaginer telle chose. De nombreuses créatures semblables à Ahm et Khor circulaient dans le village. Ils remarquèrent aussi des trous dans les troncs des arbres, semblables à des cavernes.

Leurs guides se tenaient sur une passerelle, à quelque distance d'eux. Ils leurs faisaient signe de les rejoindre.

"Je me demande comment ils sont allés là bas sans voler," demanda Gokuu, en commençant à flotter lui-même en l'air. Les autres l'imitèrent, et le groupe se dirigea rapidement vers le pont suspendu. En posant pied au sol, Goten remarqua avec étonnement que le sol était tout à fait stable. Pourtant, la fragilité apparente de la structure ne l'avait pas mis en confiance.

"Où est le vieux ronchon ?" demanda Khor, en regardant le groupe.

"Il est là," répondit le Doyen, qui venait de se téléporter avec l'aide de Shibito.

"Je vois," fit Ahm. "Encore un de vos tours de magie. Il faudra nous habituer, je pense."

"Alors, c'est ça votre village ?" demanda Piccolo, qui jetait des regards curieux dans toutes les directions depuis son arrivée. "Ca a l'air grand."

"C'est vrai," répondit Khor. "Notre village est très grand. Et ici, nous sommes bien plus tranquilles que nous ne le serions au sol."

"A quoi servent ces trous dans les arbres ?" demanda Goten, en tendant un doigt vers une des ouvertures. Les trous étaient immenses, capables de laisser passer un Gardien de l'Eternel sans aucun problème, mais les arbres étaient encore énormes à cette hauteur, et les ouvertures en question semblaient insignifiantes face à ces géants du règne végétal. Khor tourna la tête dans la direction indiquée.

"Ces arbres abritent des chambres, et des pièces réservées à la communauté. La plupart d'entre nous vivent à l'extérieur, mais nous avons aussi des abris à l'intérieur des arbres."

"Je me demande quelle est leur hauteur totale," fit Gohan en levant les yeux au ciel. "Même d'ici, on ne voit pas les cimes. Et pourtant nous sommes très hauts."

"Puisque tout le monde est là," fit Ahm, "autant vous montrer le disque tout de suite, avant qu'il ne fasse nuit."

"Le disque se trouve aussi en haut des arbres ?" demanda Trunks. Ahm acquiesça rapidement.

"Il est sur la place centrale du village. Par-là."

Le groupe se mit en route, pour la dernière fois de la journée.

***

"Il va falloir les aider un peu, j'en ai peur."

"Oui," répondit la petite fée aux cheveux couleur d'or. Elle s'avança lentement dans la mousse épaisse et humide, jusque sur la petite plage de galets qui bordait le lac d'eau chaude, alimenté par une source souterraine affleurante. "Ils n'y arriveront jamais, sinon. J'ai déjà essayé de leur donner des indices, comme vous me l'aviez demandé, mais ils n'ont apparemment pas compris."

Elle ôta avec précautions les boucles colorées de ses petites oreilles pointues, et elle les posa sur un petit écrin de mousse. Elle avait un visage aux traits fins, une peau couleur de lait, et une apparence indiscutablement féminine. La magicienne entreprit de se dévêtir. Sa tunique de soie verte et or se retrouva bientôt à terre. Un pied rose aux courbes délicates entra dans la vapeur qui surnageait au-dessus de la source d'eau chaude. Avec un soupir de soulagement, elle s'y immergea totalement. Puis elle refit surface. Ses jolis cheveux étaient maintenant plaqués en arrière, et les rayons du soleil couchant qui venaient s'y poser, diffusés par les gouttes d'eau, lui conféraient une aura presque rouge.

"Cependant, ils ont résisté à la tentation avec une facilité désarmante. Un bon point pour eux. Mais tu n'as pas été très habile pour les aider dans leurs recherches."

"Comment ?" fit-elle d'un ton indigné, en penchant sa tête en arrière, sous le poids de ses cheveux mouillés. "Ils n'ont pas cherché, c'est pour ça."

"Et bien, il faudra faire en sorte qu'ils trouvent, la prochaine fois."

"J'ai besoin de me reposer un peu. Je rentre juste."

"Entendu. Mais tu y retournes dès que possible."

"Oôh," fit la fée d'une voix haut perchée, comme si elle souffrait violemment. "Vous êtes vraiment sans cœur !" et projeta une gerbe d'eau de la pointe du pied. Les galets de la berge se retrouvèrent éclaboussés.

"Et toi, tu n'es qu'une petite paresseuse."

"C'est injuste. J'ai toujours fait ce qu'il fallait. Et sans me vanter, je crois être assez douée dans mon domaine."

"Tu as peut-être raison. Mais souviens-toi que les Gardiens sont très agiles eux aussi. Essaie de ne pas te faire attraper, cette fois-ci."

"La dernière fois," répliqua t-elle avec une moue, en se mettant à flotter sur le dos, les membres totalement relâchés, "c'était il y a plus d'un million d'années. Et je m'en suis sortie." Elle ferma les yeux, et se laissa lentement dériver au gré des courants qui remontaient des profondeurs de la terre pour venir lui lécher le dos. Ses courbes exquises se devinaient à peine dans l'épaisse vapeur qui s'élevait de l'eau.

"Tu n'auras peut-être pas tant de chance la prochaine fois. Les Gardiens en ont assez de tes plaisanteries."

"Mais il faut bien que je m'amuse, non ?" demanda t-elle, de sa voix cristalline. "Ils sont tellement rigolos, ces grosses baudruches, que je ne peux pas résister."

Puis elle éclata de rire, et plongea dans le petit lac d'eau chaude et pure, pour trouver plus de chaleur.

***

Piccolo écarquilla les yeux, signe qu'il était profondément étonné. Les autres ne l'étaient pas moins. En effet, le groupe venait d'arriver au milieu du village des Gardiens de l'Eternel, après une longue marche. Les passerelles de bois s'étaient progressivement transformées en matière verte, dure, qui constituait une gigantesque plate-forme soutenue par les troncs des formidables arbres de la forêt. Ils auraient facilement pu se croire sur la terre ferme. Mais plus étonnant encore, ils se trouvaient maintenant aux abords de la place principale du village. Et le grand disque blanc trônait en plein milieu.

Les Gardiens déambulant sur la place se s'avançaient jamais sur le disque lui-même, mais ils le contournaient. Ce troisième disque avait la même taille que les deux autres, et portait les mêmes dessins. Les trois étaient parfaitement semblables. Gokuu s'avança lentement vers le magnifique ouvrage, les mains sur les hanches. Là aussi, le disque était parfaitement immaculé. Il le détailla du regard sous tous les angles.

"Qu'est-ce qu'il y a dessous ?" demanda t-il, en se tournant vers leurs guides.

"Rien," répondit Ahm. "Le vide, et en dessous, la forêt."

"Ah," fit Gokuu, en inclinant la tête en avant. Il se gratta la nuque d'une main. "Et bien," continua t-il, "je suppose qu'il n'y a pas de passage secret depuis les disques vers le labyrinthe."

"Je ne crois pas non plus que la solution se trouve sous les disques," fit Piccolo. "On a rien trouvé près des deux autres, et je pense qu'il n'y aura rien non plus à proximité de celui-ci. Il est en plein dans le village des Gardiens."

"Tu en déduis quoi ?" lui demanda Kaï, qui se tenait à sa droite.

"Qu'on a pas avancé. On est toujours au point mort."

"Excellente conclusion," fit Végéta, d'un ton sarcastique. Il croisa les bras sur sa poitrine. "Il ne nous reste plus qu'à chercher ailleurs."

Un silence tendu s'installa sur le petit groupe. La réalité était sans doute difficile à admettre, mais Piccolo avait raison. Ils n'étaient encore arrivés à rien.

"On peut passer la nuit ici ?" demanda Gokuu, qui s'était détourné du disque pour s'avancer vers les deux Gardiens de l'Eternel. "On verra demain ce que nous pouvons faire."

"Entendu," fit Khor. "On continuera les recherches demain matin. On a assez couru pour aujourd'hui."

La lumière se faisait maintenant très ténue. Ce qui voulait dire qu'en bas, dans la forêt, la nuit était déjà tombée depuis un bon moment. Partout dans le village, les Gardiens allumaient des torches pour entamer la soirée.

"Venez," fit Ahm, en indiquant une passerelle. "Je vais vous montrer un endroit où vous pourrez passer la nuit."

***

Le premier soleil commençait à peine à illuminer l'horizon ; les animaux nocturnes rentraient de leur chasse, pour aller se reposer. Et les oiseaux commençaient à s'ébouriffer, en attendant que les premiers soleils réchauffent l'air froid de la nuit, pour se mettre à chanter.

Dans le village des Gardiens de l'Eternel, rien ne bougeait encore. A part une ombre. Une ombre parmi les ombres, une silhouette qui se fondait dans le feuillage des arbres surplombant les huttes. Sans un bruit, sans un frémissement du feuillage, l'ombre s'approchait de la hutte dans laquelle Saiyens, Dieux et Gardiens dormaient. Puis, toujours aussi silencieusement, la silhouette se laissa tomber au sol.

Dans son sommeil, Goten bougeait. Plongé dans un cauchemar particulièrement horrible -- ou un rêve particulièrement agréable -- il tendit une jambe. Son pied eut la mauvaise idée d'aller s'écraser sur le nez de Trunks, qui s'éveilla brusquement, saisi par la douleur. En temps ordinaires, il aurait flanqué un grand coup de poing dans la figure de Goten, pour lui apprendre à faire attention. Mais pas cette fois-ci. Car Trunks était figé sur place par la surprise, qui lui faisait oublier sa douleur, et le sang qui commençait à couler lentement d'une de ses narines.

Car il venait de voir tomber un ange, en provenance directe du ciel. L'apparition venait de nulle part, et s'immobilisa immédiatement en voyant que quelqu'un l'observait. Trunks ne la vit que pendant une fraction de seconde -- mais c'était le réveil le plus agréable de sa vie, et de loin. La fille -- d'après ce qu'il avait pu en juger -- possédait un visage gracieux, de magnifiques cheveux dorés qui étaient rassemblés en arrière, des oreilles pointues recourbées vers l'arrière de sa tête, et un petit nez malicieux. Les yeux de l'inconnue -- les plus magnifiques yeux verts que Trunks ait jamais vus -- s'agrandirent légèrement -- de surprise ou d'effroi, il n'aurait pas pu le dire -- et elle disparut à ses yeux.

L'instant d'après, Trunks était pris d'une irrésistible envie de dormir. Il sentait qu'une pression était appliquée sur ses tempes, sans aucune force, presque avec douceur. Il sentit que deux mains à la peau douce et délicate lui soutenaient la nuque, et sa tête se posa lentement sur la cuisse gauche de Gokuu. Ses yeux se fermaient déjà, mais Trunks vit le visage de l'inconnue apparaître une fois de plus devant lui, très près du sien maintenant. La fille souleva un sourcil. Puis, aussi subitement qu'elle l'avait immobilisé, elle posa délicatement ses lèvres sur son front. Trunks se sentit défaillir. Jamais il n'avait rien connu de si exquis.

"Dommage que j'aie une mission à accomplir. Tu es plutôt mignon." Trunks ne savait pas s'il avait rêvé les mots si doucement prononcés tout contre son oreille. Juste avant de sombrer dans un sommeil sans rêves, il eut le temps de la voir porter un doigt à sa bouche -- il y avait une goutte du sang de Trunks à l'extrémité de cet index.

***

Un cri de rage les réveilla tous d'un coup. Piccolo sursauta ; il était assis en tailleur, comme d'habitude, et sa méditation était interrompue de façon plutôt brutale. Il reconnaissait ce hurlement. C'était Végéta.

Le Namek se leva, avec les autres membres du groupe. Il avait passé la nuit dans la hutte, et il ne se souvenait pas d'avoir entendu Végéta sortir. Pourtant, il avait l'ouie fine.

"Que se passe t-il ?" demanda Gokuu. Un bref coup d'oeil sur ses compagnons lui apprit qu'ils n'en savaient pas plus que lui.

"Allons voir," fit Kaï, en sortant.

"C'est Végéta qui crie comme ça ?" demanda Gohan, en posant ses lunettes sur son nez.

"Mon père ?" Personne ne remarquait l'expression étonnée de Trunks, qui semblait débarquer tout droit d'une autre planète. Mais avec un réveil si brutal, c'était tout à fait normal.

Ils sortirent avec précipitation, et se dirigèrent rapidement vers l'endroit d'où provenaient les hurlements.

"Qui m'a mis dans cet état ?", hurlait Végéta. "Qui a OSE me faire une telle chose ?? A MOI ??!!"

Kaï, Saki, et les Dieux ne purent se retenir de sourire en apercevant le Saiyen. Piccolo s'arrêta net dans sa course, trop étonné pour continuer. Quant à Gokuu, Gohan, Goten et surtout Trunks, les yeux faillirent leur sortir des orbites.

Végéta était suspendu en l'air, par les pieds, au-dessus du vide, près d'une passerelle. La liane qui le soutenait se perdait dans le feuillage supérieur de la forêt. Mais le Saiyen n'était pas simplement attaché à l'envers : ses mains et ses pieds étaient solidement maintenus par des liens apparemment résistants : Végéta se contorsionnait comme un beau diable, mais apparemment il ne parvenait pas à se libérer.

"Qu'est-ce qui t'arrive, Végéta ?" demanda Gokuu, entre deux éclats de rire. "Qui t'a mis dans une telle position ?"

"C'est ce que j'aimerais savoir, figure-toi !" cria l'autre, en se démenant de plus belle. Mais plus il se débattait, et plus les liens se resserraient. "Qui que ce soit, je vais le lui faire payer très cher. Je vais même le réduire en poussière !"

"Attends," fit Gokuu, qui commençait à s'élever dans les airs pour s'approcher de Végéta. "Je vais t'aider."

"Kakarotto !!" hurla Végéta, figeant l'autre sur place. "Je n'ai pas besoin de ton aide !"

Sur quoi, le Saiyen libéra en une fraction de seconde une incroyable quantité d'énergie, et passa directement au niveau deux du Super Saiyen. Aucun genre de liens, aussi solides soient-ils, n'auraient pu résister : ils se vaporisèrent instantanément. Puis dans une gerbe d'énergie dévastatrice, Végéta s'envola directement au-dessus de la forêt. L'onde de choc renversa toutes les huttes des environs, et fit trembler la forêt aux alentours. Les Gardiens de l'Eternel, réveillés par les cris du Saiyen, et qui s'étaient approchés, furent violemment projetés au sol.

L'aura de Végéta s'éloigna rapidement. Il était fou de rage.

"Il faut l'arrêter !" cria Shibito. "Il va dévaster la région, sinon."

"Je te déconseille de le suivre," fit Piccolo, qui commençait à retrouver son comportement habituel. "Si tu ne veux pas que ce soit toi qui soit dévasté. Laissons-le, il finira bien par se calmer."

"Qui a bien pu faire une telle chose ?" demanda Saki, en prenant un air soucieux. "J'imagine mal que quiconque puisse ligoter Végéta de la sorte, durant son sommeil, sans qu'il ne se réveille."

"Et je n'ai rien remarqué," fit Piccolo. La sueur ruisselait sur son front. "J'aurais du entendre toute personne entrant ou sortant de la hutte."

"C'est elle," fit une voix. Tout le monde se tourna vers Trunks. Celui-ci se tenait la tête des deux mains. Il avait l'air plutôt malade, ou choqué.

"De qui parles-tu," lui demanda Gohan, qui était le plus proche de lui.

"Je me suis réveillé," expliqua Trunks. "Et une fille était là. Elle m'a rendormi, mais je ne l'ai pas senti bouger, pas du tout. Elle a parlé d'une "mission", du moins je crois m'en souvenir."

"Tu es sûr que tu n'étais pas en train de rêver ?" demanda Goten. Trunks lui lança un regard noir. Puis un poing s'abattit sur le nez de Goten, sans que celui-ci eut le temps de réagir. Le sang se mit à couler immédiatement.

"Nous sommes quittes," commenta Trunks, en guise d'explication. Son ami le regarda et recula, aussi étonné de sa réaction que par le goût du sang qui venait d'envahir sa bouche.

"Non, imbécile," continua Trunks. "Je suis certain d'avoir vu cette fille."

"Une fille ?" demanda Ahm, qui venait d'arriver près du groupe. "Quelle fille ? A quoi ressemblait-elle ?"

"Hem -- " Trunks rougit légèrement, mais personne ne le remarqua. "Elle -- elle était très belle. Yeux verts, cheveux blonds --"

"C'est elle," fit Khor. Les deux Gardiens se lancèrent un regard, et inclinèrent légèrement la tête en avant.

"Qui ça ?" demanda Trunks.

"Cette petite peste," continua Khor. "Elle n'a pas arrêté de nous jouer de mauvais tours durant les quelques deux cent derniers millions d'années. C'est bien son style, nous aurions du nous en douter tout de suite."

"De qui parlez-vous ?" demanda de nouveau Trunks.

"Une magicienne. Très douée dans l'art de créer des ennuis," répondit le Gardien, en se tournant dans sa direction. "Elle nous a posé quelques problèmes par le passé. Nous l'avons attrapée la dernière fois qu'elle est venue dans le village. Elle a réussi à nous échapper, mais nous croyions lui avoir fait définitivement peur pour le reste de son existence."

"Vous connaissez son nom ?"

"Elle s'appelle Lyn," répondit Ahm. "Nous n'en savons pas plus."

"Lyn..." fit Trunks, perdu dans ses pensées. Soudain, il revint à la réalité.

"Mon père est furieux. Il va tout faire pour la retrouver. Il faut absolument lui expliquer que ce n'était qu'une plaisanterie."

"Tu crois qu'il va comprendre ?" demanda Goten, en reculant de quelques pas. Il se méfiait maintenant des réactions que déclenchaient ses questions chez Trunks.

"Hum -- tu as raison, il ne nous écoutera pas."

"Inutile d'aller le chercher," fit Gokuu qui avait levé la tête vers le ciel. "Il revient. Et il ne me semble pas de bonne humeur du tout."

Effectivement, le Saiyen revenait. A pleine puissance, il fonçait droit sur le village des Gardiens. Il s'immobilisa net à quelques mètres du groupe, sans atterrir. La nouvelle onde de choc projeta par-dessus bord les quelques débris restants du village. Il avait conservé son apparence de Super Saiyen 2, et semblait plus en colère que jamais.

"Quelqu'un peut me dire qui m'a fait ça ?" demanda Végéta, l'air menaçant. Les Gardiens de l'Eternel reculèrent, très peu rassurés.

"Attends," fit Gokuu, en tendant une main devant lui. Il avait pris un air sérieux. "Végéta, ce n'est pas l'un d'entre nous qui t'a joué ce mauvais tour. Nos amis pensent savoir qui l'a fait, en revanche." Il indiquait Ahm et Khor du coin de l'oeil Ceux-ci reculèrent un peu plus en voyant le Saiyen enragé se tourner vers eux. Un rictus étira ses lèvres.

"Et bien," fit-il d'une voix tout à fait calme. "Qui est-ce ?"

"Une magicienne," répondit Ahm. Sa voix tremblait légèrement. "Nous ne savons pas du tout où elle se cache. Rassure-toi, nous lui en voulons tout autant que toi. Mais nous avons nos propres raisons."

"Je vais le lui faire payer très cher," gronda Végéta. Chacun de ses mots étaient ponctués d'une gerbe d'éclairs explosant autour de ses poings. Et sa puissance ne cessait d'augmenter.

"Papa," fit Trunks, tourné en direction de la jungle. "Tu veux bien te calmer un peu ?" Il ne prêtait aucune attention à son père. Le jeune homme était totalement concentré vers une direction précise. "Je crois sentir quelque chose par là-bas, mais en ce moment il est très difficile de sentir autre chose que ton énergie."

Végéta le regarda un moment ; dans l'état de rage où il se trouvait, personne ne pouvait dire s'il allait se calmer, ou s'il allait attaquer son fils pour le punir d'une telle impertinence. Finalement, la raison sembla refaire surface chez le Saiyen, et il se posa au sol. Puis il reprit lentement son apparence normale. Tout le monde poussa un profond soupir de soulagement.

"Je la sens," fit Trunks. "Oui, je ne me trompe pas. C'est une énergie différente de celle des Gardiens, des Nameks et des humains."

"Je ne sens rien, moi," fit Gokuu, en s'approchant de lui.

"Par-là," fit Trunks, en tendant une main droit devant lui. "C'est faible, fais attention."

Gokuu posa deux doigts sur son front. Puis il se concentra.

"Oui," fit-il. "C'est très faible, effectivement. Mais il y a quelque chose, je n'ai jamais rien senti de tel. Elle bouge -- très rapidement. On ne l'attrapera jamais avant qu'elle ne se cache, elle est trop loin. A moins --"

Végéta s'avança d'un pas résolu vers Gokuu. Il posa une main sur son épaule.

"Bien joué, Kakarotto. On y va, tout de suite. Je vous jure qu'elle va me payer une telle insulte, cette petite peste."

"Accrochez-vous !" lança Gokuu. Immédiatement, Gohan, Goten et Trunks s'agrippèrent eux aussi à Gokuu. Puis ils se téléportèrent dans un chuintement.

"Et nous ?" demanda Piccolo, qui n'avait pas eut le temps de réagir.

"T'inquiète," fit Saki, en lui adressant un clin d'oeil. "On a pas besoin d'eux pour y aller." Elle tendit une main devant elle.

***

Les quatre Saiyens se matérialisèrent sur le flanc d'une colline aride. Ils étaient très loin de la forêt vierge. La végétation était plutôt rare sur cette partie de la planète -- ils étaient relativement près des zones désertiques.

Sans perdre un instant, ils se mirent à la recherche de l'inconnue. Elle bougeait à grande vitesse, ce qui l'obligeait à dégager une quantité d'énergie qu'ils pourraient rapidement déceler --

"Là !" s'exclama Trunks, en tendant un bras. Les autres se tournèrent dans la direction indiquée. Elle était là, à quelques centaines de mètres d'eux. La petite créature, d'apparence frêle et menue, courait aussi vite qu'un Saiyen entraîné. Etonnée par l'apparition brutale des forces, elle tourna la tête vers eux. Ses yeux s'écarquillèrent, et elle s'immobilisa sur un rocher plus haut que les autres. Elle posa ses mains sur ses hanches. Les autres purent remarquer qu'elle n'était même pas essoufflée.

"Comment avez-vous fait pour venir ici si rapidement ?" cria t-elle.

"Ca ne te regarde pas," répliqua Végéta. Le reconnaissant, elle eut un léger frisson. Le Saiyen se précipita vers elle, de toute sa vitesse. "Tu vas me le payer," cria t-il, en s'approchant rapidement.

"Pas de chance," fit-elle, avec un large sourire. "Je suis plus rapide que toi."

Végéta s'approchait d'elle à une vitesse diabolique, poing en avant, prêt à l'assommer net. Mais juste avant qu'il ne l'atteigne, elle disparut. La dernière image qui resta imprimée sur sa rétine fut celle d'un diablotin qui lui tirait la langue, en louchant. Puis son poing ne rencontra que du vide.

Dans une gerbe de poussière, Végéta s'arrêta net ; il jura, et se mit à la recherche de l'inconnue. Elle courait -- bien plus rapidement que lui -- en direction d'une haute falaise. Ses pieds soulevaient de petits nuages de poussière sur son passage. S'il n'avait pas été particulièrement bien entraîné, Végéta n'aurait jamais pu la suivre du regard tellement elle était rapide et agile.

"Mais -- que -- " Les Saiyens sursautèrent en se rendant compte qu'elle ne comptait pas modifier sa trajectoire -- elle fonçait réellement droit vers la falaise, qu'elle ne pourrait maintenant plus éviter, malgré toute son agilité.

Trunks et Goten cessèrent un instant de respirer, lorsqu'elle arriva à quelques mètres du rocher lisse. Puis elle disparut. Totalement. Comme absorbée par le rocher.

"Où est-elle ?" demanda Végéta, en tournant la tête en tous sens. Même son énergie n'était plus détectable. Elle avait totalement disparu.

"Incroyable," fit Gokuu, en s'avançant vers Végéta. "J'aimerais bien savoir comment elle a fait. C'est une technique encore meilleure que ma téléportation. Elle a vraiment disparu, sans laisser de traces."

"Impossible," fit Végéta. "On ne disparaît pas ainsi." Le Saiyen se lança sur les pas de l'inconnue. Les marques de ses pieds étaient très faibles sur le sol poussiéreux, mais il parvenait à les détecter. Puis il s'immobilisa devant la falaise. Les autres arrivèrent derrière lui.

"Ca alors," fit Goten, les yeux écarquillés. "Regardez, les traces s'arrêtent devant le rocher."

"Impossible," répéta Végéta, les dents serrées. "Où est-elle passée ?"

Trunks passa une main sur le rocher. Il n'y avait pas de fissures, pas de porte cachée. Il rendait un son plein. Pas d'artifices.

"Maudite magicienne !" cria Végéta, en projetant un poing sur le rocher. Les autres se protégèrent vivement la tête, prêts à recevoir une pluie de rochers. Mais rien ne se passa. Pas un bruit, pas un mouvement.

"Qu -- qu'est-ce qui m'arrive ?" demanda Végéta, dont la voix venait de passer de la colère à une surprise sans bornes.

Gokuu, Gohan, Goten et Trunks relevèrent la tête, prudemment. Végéta se tenait face au rocher, l'air aussi surpris qu'eux.

Son poing était enfoncé dans la pierre. La moitié de son bras disparaissait dans le rocher. Celui-ci semblait vibrer doucement. Lentement, le Saiyen retira son poing. Son bras réapparut, puis son poing, et finalement il fut totalement dégagé. Le rocher n'avait rien. Pas une seule fissure.

"C'est -- c'est incroyable !" s'exclama Gohan, comme pris de folie. "Tu -- tu as trouvé, Végéta !"

"Pardon ?" demanda celui-ci, toute idée de colère ou de vengeance oubliée.

"Tu as trouvé ! Elle a disparu en se jetant sur cette falaise. Et ton poing, lancé à toute vitesse sur ce rocher, s'y est enfoncé. Tu ne comprends pas ?"

Il regarda tour à tour son père, son frère, Végéta et Trunks. Mais personne ne semblait comprendre.

"La vitesse," s'écria Gohan. "C'est uniquement à une certaine vitesse que les objets peuvent passer à travers cette étrange matière." Il donna quelques petits coups sur le rocher, qui était totalement solide. Puis, d'un geste rapide, Gohan projeta sa main contre la pierre. Son bras s'y enfonça, de la même manière que celui de Végéta quelques instants auparavant.

"C'est ça !" s'exclama Végéta. Ils se regardèrent, et s'exprimèrent tous d'un seul c&

"Mais -- mais alors, ça veut dire que --"

"Où est notre mystérieuse inconnue ?" demanda Kaï. Il venait d'émerger du disque de téléportation de sa soeur, à la suite de Piccolo et des Dieux. Khor, Ahm et Saki arrivèrent après lui. Le groupe était reconstitué.

"Partie," répondit Trunks.

"Vous avez trouvé quelque chose d'intéressant ?" demanda Shibito, en remarquant l'expression de surprise sur leurs visages.

"Uhn," répondit Gohan, en inclinant la tête en avant. "L'entrée du labyrinthe."


Chapitre 10
Spoiler
"C'est dingue." Ahm avait l'air stupéfait, tout comme son collègue. "Nous sommes totalement en dehors de notre territoire. Si nous avions voulu trouver le labyrinthe en explorant chaque recoin de cette planète, nous aurions mis une éternité. De plus, comment aurions-nous pu supposer que l'entrée était ici ?"

"Le hasard fait bien les choses," répliqua Gokuu. "On y va ?" demanda t-il, en tendant une main en direction du rocher. "Tout ce que nous avons à faire, c'est traverser cette paroi à grande vitesse."

"Comment vais-je faire ?" demanda le Doyen. "N'oubliez pas que je ne peux pas faire ça."

"C'est un problème, en effet," répondit Gokuu, en prenant un air ennuyé.

"Mais non," fit Saki. "Vous m'oubliez toujours. Je peux me téléporter une fois que vous aurez franchi le passage."

"Ah mais oui," fit le Saiyen, en redressant la tête. "Je ne pensais plus à toi, c'est vrai." Il adressa un clin d'oeil à Saki. "Alors c'est parti. Nous avons assez perdu de temps."

Sur quoi, il se retourna vers la falaise. Il se concentra un instant, puis s'élança rapidement vers le rocher. Au lieu de se s'écraser sur la pierre, il disparut à son contact.

Les autres l'imitèrent rapidement : Gohan, Goten, Trunks, Végéta, Piccolo et enfin les deux Gardiens de l'Eternel s'élancèrent sur les traces de Gokuu.

"A notre tour," fit Saki, en tendant une main devant elle. Elle se concentra, mais rien ne se produisit, alors que son disque de téléportation aurait du apparaître.

"Alors ?" demanda Kaï, en s'approchant d'elle. "Tu es en panne ?" Saki avait froncé les sourcils, d'un air à la fois surpris et ennuyé.

"Je -- je ne comprends pas. Normalement je devrais pouvoir les localiser. Mais -- mais c'est impossible, je ne sais pas du tout où ils sont. Je ne peux pas me téléporter jusqu'à eux."

"Comment ?" demanda à son tour le Doyen, intrigué. "Mais qu'est-ce qui se passe ?"

"Je ne sais pas du tout," fit Saki, en laissant retomber son bras. "Je devrais être capable de me téléporter n'importe où. Mais là, c'est impossible. Ce labyrinthe est vraiment très spécial."

"Nous allons être obligés de traverser la paroi nous aussi," fit Kaï en se retournant vers Shibito et le Doyen. "Mais vous ne pourrez pas nous suivre."

"Je pourrais," fit Shibito.

"Mais pas moi," répliqua le Doyen, d'un ton courroucé.

"Que faisons-nous, dans ce cas ?" demanda Saki.

***

La "traversée" ne prit qu'une fraction de seconde, et tous se retrouvèrent au milieu d'une salle circulaire de grande taille. Le sol était dallé de larges quartiers de pierre, tandis que les murs et le plafond étaient constitués d'une matière grise, lisse, et légèrement fluorescente. Il n'y avait pas d'autre source de lumière. Au sol, avait été tracé le cercle doré, dans lequel était inscrite l'étoile bien connue. Comme si cette salle marquait un point bien particulier. Des dizaines de couloirs aboutissaient à la salle.

"Regardez," fit Gokuu en tendant un doigt. Ceux qui l'avaient déjà rejoint purent voir Ahm et Khor émerger du vide, et pas d'un mur comme ils auraient pu s'y attendre. Le passage de la falaise débouchait dans cette salle, mais rien ne permettait de localiser le passage en lui-même dans le sens inverse.

"On ne pourra jamais faire demi-tour," acquiesça Gohan.

"Je ne peux même pas sentir l'énergie des autres, qui sont restés là bas," fit Gokuu, qui se concentrait sur le monde l'entourant.

"Bref," fit Végéta, en croisant les bras sur sa poitrine, "nous sommes coincés ici."

"Et nous n'avons pas d'autre choix que d'arriver à trouver la sortie," fit à son tour Gohan.

"A propos," grommela Piccolo, "où sont les autres ? Ils ne devaient pas nous rejoindre ?"

"Peut-être ont-ils le même problème ?" fit Gokuu. "Si nous ne pouvons pas sentir leur présence, comment vont-ils faire pour nous trouver, de leur côté ?"

"Alors," fit Piccolo, en inspectant la salle des yeux, "voila donc ce fameux labyrinthe ?"

***

Saki, son frère, Shibito et le Doyen apparurent aux abords des huttes abritant Humains et Nameks. Ces derniers étaient déjà levés depuis longtemps, et vaquaient à leurs occupations quotidiennes -- principalement, la construction de logements dans le plus pur style architectural Namek. Marron, Pan, Uubu et Bra s'amusaient avec quelques enfants Nameks, tandis que leurs mères respectives s'occupaient de préparer le prochain repas. Les autres étaient soit en train de dormir, soit partis s'occuper ailleurs.

"Après tout ce que j'ai fait pour eux," grondait le Doyen, "je suis obligé de faire demi-tour. C'est vraiment injuste, j'aurais aimé voir le labyrinthe aussi."

"Ne vous fâchez pas," lui fit Kaï. "Après tout, ça peut se révéler dangereux. Vous serez bien mieux ici."

"Je reste moi aussi," fit Shibito. "C'est épuisant de les suivre, je préfère me reposer un peu." Mais ça ne sembla pas calmer la colère du Doyen.

"On y retourne," fit Saki. "Ils doivent nous attendre."

"Attends une minute," intima son frère, en prenant un air songeur. "C'est vrai, ça pourrait être dangereux à partir de maintenant. Autant ne prendre aucun risque --"

Saki vit qu'il semblait observer avec attention un point précis, derrière elle. Elle jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule. Pourtant, derrière elle, il n'y avait que les enfants Terriens et Nameks, qui s'amusaient.

***

"On attend encore cinq minutes, et on y va," fit Gokuu, en réponse à l'impatience de Végéta. Celui-ci aurait voulu commencer l'exploration du labyrinthe immédiatement. "Ils ont sans doute un problème, mais ils vont venir."

"On perd du temps," répliqua l'autre Saiyen. Il faisait le tour de la salle, en explorant brièvement chaque couloir qui aboutissait à cette pièce. Ils étaient tous construits sur le même modèle. La même matière lumineuse recouvrait les murs et le plafond, tandis que le sol était dallé de pierre. L'ensemble donnait une forte impression d'ordre et de propreté frisant à l'asepsie. Le couloir finissait toujours par faire un coude, et il ne pouvait en distinguer l'extrémité. Mais rien ne permettrait de choisir entre un chemin en particulier. Ils n'avaient aucun indice permettant de décider la route à suivre.

Soudain, Saki émergea de l'espace, comme ils l'avaient fait un petit moment auparavant. Kaï la suivit. Mais tout le monde fut surpris de voir qui les accompagnait. C'était Uubu.

Le garçon jeta des regards désorientés autour de lui. Il connaissait tout le monde, à l'exception de Khor et Ahm. En les voyant, il prit un air troublé.

"Uubu !" s'exclama Gokuu. "Comment es-tu venu ici ?" lui demanda t-il.

"Le Doyen ne pouvait pas nous suivre," répondit Kaï. "Il a préféré rentrer chez lui, et nous avons demandé à Uubu de nous accompagner."

"Comment vont les autres ?" demanda Gohan, en posant une main sur l'épaule d'Uubu. Celui-ci se tourna vers lui, et leva la tête pour le regarder.

"Tout le monde va bien. Mais j'aimerais savoir où nous sommes."

"C'est bien le problème," fit Piccolo. "Nous ne le savons pas nous même. Allons explorer ce labyrinthe, maintenant que nous sommes au complet. Et faisons en sorte de trouver la sortie."

***

La petite magicienne s'avança doucement dans l'herbe courte, jusqu'à atteindre la base d'un arbre gigantesque, recouvert d'une mousse drue. Elle s'avança entre deux racines titanesques, qui formaient autant d'alcôves au pied de l'arbre. Elle s'assit dans la mousse qui tapissait également la base de l'arbre, et finit par s'y allonger complètement. Elle replia ses mains sous sa nuque, plongea son regard dans le bleu infini du ciel, et poussa un profond soupir.

"Bon travail," fit la voix.

"Merci," répondit-elle, sans entrain particulier. "Mais vous auriez pu m'avertir qu'ils étaient aussi dangereux. Ce -- Végéta, a bien failli m'avoir. Ils sont vraiment rapides et puissants. J'ai bien fait de faire attention à ne pas le réveiller. Mais maintenant il va m'en vouloir."

La voix éclata d'un petit rire, qui dura quelques secondes.

"Ta réputation n'est plus à faire, de toute façon."

"C'est quand même injuste de ne pas m'avoir avertie." La petite créature déplia un bras, et tendit une main vers le ciel. Quelques secondes plus tard, la pomme attendue tomba dans sa paume ouverte. Elle la porta à sa bouche, et mordit délicatement dedans. C'était délicieux, comme toujours.

"C'aurait été moins amusant de cette façon," fit la voix. "Il faut bien que ton travail comporte une certaine part de risque."

"Si jamais ils me retrouvent, je vais passer un mauvais moment," fit-elle, en dégustant son fruit, les yeux perdus dans le vague.

"De toute façon," fit son interlocuteur, "il faudra les aider encore. Ils ne trouveront jamais le bon chemin."

"Bonne nouvelle," répliqua t-elle d'un ton sardonique. "Mais je suis un peu fatiguée. Je vais dormir quelques temps."

Elle finit son maigre repas, jeta le trognon de sa pomme à quelques mètres -- où les oiseaux eurent vite fait de le faire disparaître -- et s'endormit dans la douce chaleur prodiguée par la nature environnante.

***

Ils marchaient depuis quelques temps, dans des couloirs toujours identiques. Ils avaient choisi une direction au hasard, et n'avaient eu de cesse de monter, descendre, tourner, prendre des bifurcations, tout au long de leur progression. Même Piccolo avait cessé depuis longtemps de repérer les couloirs empruntés, tellement ils étaient nombreux.

"Ce labyrinthe porte bien son nom," fit Gohan. Il parlait plus pour briser le lourd silence que pour autre chose. La lumière douce qui diffusait des parois finissait par les endormir, et le seul bruit audible dans cet environnement stérile était celui de leurs pas.

"L'Eternel nous avait prévenus," fit Ahm, qui était obligé de se recourber légèrement en avant pour ne pas se cogner la tête au plafond, "que nous aurions des épreuves à subir."

"Mais il avait aussi parlé de jeu," répliqua Kaï. "Et je ne trouve pas ça très amusant."

"Sans doute pas toi," fit Saki. "Mais peut-être que ça l'amuse énormément."

Gokuu jeta un coup d'oeil à son côté, en direction d'Uubu. Son jeune élève le suivait docilement, mais n'osait pas dire un mot. Lui aussi commençait à être fatigué de déambuler dans ces couloirs qui ne menaient nulle part.

"Cessez de discuter," fit Végéta d'un ton bourru. "Concentrez-vous plutôt. Il peut y avoir des pièges."

Le silence revint rapidement dans le groupe.

***

"C'est mieux," fit Videl, en inclinant la tête d'un air approbateur. "Tu progresses rapidement."

Hana était en pleine concentration. Les yeux fermés, elle canalisait son énergie vitale de façon à l'utiliser de façon directe, sans faire intervenir ses muscles. Ses pieds flottaient à quelques centimètres du sol. Des gouttes de transpiration coulaient sur son visage. Elle retomba à terre assez lourdement au bout de quelques minutes, perdit l'équilibre, et se retrouva assise dans l'herbe.

"Pas mal, hein ?" fit Videl d'un ton sarcastique, en tournant la tête vers Krilin. Celui-ci avait assisté à la scène tranquillement assis, les bras croisés, et le regard dur. Il finit par se dérider.

"Il faut bien avouer que ta méthode d'apprentissage a du bon," fit-il. Videl sourit, et adressa un signe en "V" à Bulma, d'un air triomphant. Celle-ci se mit à applaudir, tandis que Krilin reprenait sa moue dubitative.

"Félicitations, Hana," fit Videl. "Tu maîtrises cette technique très rapidement."

"Bof," fit Krilin. "Quand on connaît le truc, c'est facile. Il ne m'a pas fallu si longtemps pour arriver à ce résultat."

"Tu étais bien plus fort qu'elle ne l'est, à ce moment là," répliqua Bulma. "Elle n'a pas le même niveau d'énergie, c'est tout."

"C'était génial," fit Hana, en reprenant son souffle. "Tu connais des techniques sensationnelles, Videl. Je n'y serais jamais arrivée toute seule."

"Et ce n'est pas tout," ajouta Videl, en levant les bras au ciel. "Tu as encore beaucoup de choses à apprendre."

"Dommage qu'elle ne veuille pas de mes leçons," fit Tortue Géniale, qui était assis à côté de Krilin. "Je lui aurais bien appris les arts martiaux, moi."

"On en a déjà parlé," fit Bulma. "De toute façon, vous ne seriez pas capable de faire la même chose.

"Non, mais je pourrais lui apprendre autre chose," fit le vieil homme. "Comme le combat au corps à corps, par exemple."

"Non-merci," répliqua Hana avec une grimace. Elle tourna la tête vers Videl. "Quelle est la prochaine étape ?"

"Repose-toi un peu," répondit-elle. "Ensuite on verra jusqu'où tu peux aller."

***

La petite troupe marchait maintenant depuis de longues heures, sans relâche, dans les couloirs du labyrinthe. Ils avançaient au hasard, prenant des passages qui étaient de toute façon identiques à tous les autres. Piccolo s'était surpris de nombreuses fois à relâcher son attention : la marche n'était en aucune façon fatigante, mais terriblement monotone.

"J'ai faim," fit Gokuu pour la vingtième fois en cinq minutes. Les autres poussèrent de profonds soupirs. Ca faisait de nombreuses heures qu'ils n'avaient pas mangé, et ils commençaient à en souffrir. S'ils ne trouvaient pas la sortie rapidement, ils allaient se trouver dans une situation délicate.

Mais ils cessèrent de penser à leurs estomacs, car tout à coup, au détour d'un coude du passage, ils débouchèrent dans un long couloir rectiligne. Il s'étendait à perte de vue.

"Ca alors," fit Trunks, qui marchait en avant avec Goten. "Je ne vois même pas le bout, avec cette lumière."

"C'est vrai," acquiesça Gohan. "Faisons attention. Ce n'est pas normal."

"Bien remarqué," fit Végéta, sardonique comme à son habitude. "Allons, avançons."

Goten et Trunks, soudain sur leurs gardes, commencèrent à s'avancer dans le passage. Au bout de quelques mètres, ils s'arrêtèrent net, et les autres l'imitèrent.

"Qu'est-ce qui se passe ?" lui demanda son père, en s'avançant vers lui. Il eut vite la réponse.

"La gravité," siffla t-il entre ses dents. "Elle augmente à partir d'ici."

"Ah bon ?" demanda Gokuu. Il les rejoint rapidement.

"Ce n'est pas très méchant," fit Végéta. "Il suffit d'augmenter un peu notre énergie."

Ils continuèrent lentement leur progression, tous leurs sens en alerte. Ils remarquèrent que la gravité augmentait en fait graduellement. Plus ils progressaient, et plus il devenait difficile de mettre un pied devant l'autre. Ceux qui avaient le plus de mal à marcher étaient les Gardiens de l'Eternel.

"Ca devient vraiment difficile," déclara Ahm. "Nous ne sommes pas habitués à ce genre de sport. Ca ne semble pas vous poser de problèmes, en revanche," remarqua t-il.

"On est habitués," répondit Gohan, qui devait comme les autres augmenter progressivement son niveau d'énergie. "Mais je ne sais pas combien de temps ça va durer."

"Sans doute sur toute la longueur de ce couloir," fit Kaï. "Dépêchons-nous," ajouta t-il. "J'ai comme un mauvais pressentiment. Cet endroit me paraît parfait pour une embuscade."

"Ne parle pas de malheur," fit sa soeur, avec un petit rire.

Rapidement, la gravité se stabilisa -- mais Ahm et Khor devaient maintenant avancer en utilisant toute leur énergie. Les autres avaient conscience des difficultés qu'ils pouvaient éprouver, même si le problème n'était pas si crucial dans leur cas.

Ils parcoururent ainsi plusieurs centaines de mètres. L'extrémité du passage était maintenant visible, mais elle restait très éloignée.

Soudain, Trunks s'arrêta, en faisant signe aux autres de faire la même chose.

"Je sens quelque chose," fit-il. "Par-là." Il tendit un doigt droit devant.

Comme pour confirmer ses mots, une silhouette frêle apparût soudain au bout du couloir. Ils ne la reconnaissaient que trop bien.

"Toi !" s'exclama Végéta, en l'apercevant. "Tu vas me payer ce que tu m'as fait !" Sans que personne n'ait le temps de réagir, il s'élança, complètement insensible à la gravité, maintenant. Mais la magicienne se contenta de sourire d'une façon cruelle. Elle secoua la tête.

"Désolée," fit-elle. Puis elle tendit un doigt en direction de Végéta. Soudain, celui-ci fut brutalement stoppé dans sa course, et il s'écroula au sol, cloué sur place par une gravité insupportable. Les autres ne subirent pas le même sort.

"Saleté de magicienne," fit Végéta, en se remettant avec difficultés sur ses genoux. Mais il ne parvint pas à se remettre debout sans augmenter encore son énergie.

"On ne bouge plus," fit la petite fée avec un petit rire.

"Pourquoi voulez-vous nous empêchez de progresser ?"s'écria Goten, qui était partagé entre l'envie d'aller aider Végéta, et la nécessité de ne pas se retrouver dans la même situation que lui. Difficilement, le Saiyen parvint à se mettre sur ses jambes ; mais il ne pouvait plus bouger rapidement en cas de besoin.

"Allons," fit la magicienne. "Il faut bien que quelqu'un s'occupe de vous mettre des bâtons dans les roues. Sinon ce ne serait même pas amusant. Et vous pouvez m'appeler Lyn, si vous en avez envie." Son regard passa sur chaque membre du groupe. Trunks, qui était cloué sur place depuis l'arrivée de l'inconnue, ressentit un frisson lorsqu'elle planta son regard dans le sien. Ses yeux brillaient avec une intensité qu'il n'avait jamais connue chez personne d'autre.

"Mais ce n'est pas très amusant, de subir tous tes caprices," fit Gokuu, qui s'avançait pour aller porter assistance à Végéta. Il dut lui aussi faire un effort pour ne pas s'écrouler sous l'effet de la gravité, sans passer au mode de Super Saiyen.

"Et j'ajouterais même que je n'apprécie pas beaucoup tes méthodes," ajouta Gokuu. Il jeta un coup d'oeil à Végéta. Celui-ci acquiesça brièvement à la question que Gokuu n'avait pas posée.

"A toi l'honneur, Kakarotto," fit-il. Celui-ci lui sourit rapidement. Puis il redevint sérieux, et dans un cri perçant, se transforma en Super Saiyen. Végéta l'imita aussitôt. Leurs auras dorées lançaient des éclairs de lumière dans toutes les directions.

"Aaaaah," fit Végéta en faisant quelques moulinets avec ses bras. "C'est bien plus facile ainsi."

Les deux Saiyens, maintenant redressés de toute leur hauteur, jetèrent un regard en direction de Lyn. Celle-ci les regardait, bouche bée, et les yeux grands ouverts. Elle ne comprenait pas ce qui venait de leur arriver. Mais leur énergie vitale venait d'augmenter d'un coup, et ils pouvaient manifestement bouger comme s'il n'y avait pas de gravité du tout. De son côté, elle ne pouvait plus faire augmenter la gravité. Quoi qu'il en soit, tout ça annonçait de très mauvaises nouvelles pour elle.

"Evitez donc ça !" cria-elle, avant de tendre une main en direction des deux Saiyens. Un mince rayon d'énergie émergea de l'extrémité de son index, et se propagea instantanément vers les guerriers.

"Peuh," fit Végéta avec une moue de dédain. Pour lui, le rayon avançait comme au ralenti. Et même s'il avait décidé de l'encaisser, il ne lui aurait absolument rien fait. D'un doigt, il fit dévier l'extrémité de l'attaque, qui s'écrasa contre la paroi. Il n'aurait pas fait plus d'efforts pour chasser une mouche. Puis un sourire froid étira les lèvres du Saiyen. Il tendit un bras en direction de la fée, doigts écartés.

"A mon tour," fit-il.

"Oh-oh," fit Lyn, dont les yeux faillirent lui sortir de la tête ; cette fois-ci, ça allait vraiment mal.

La magicienne passa une main dans sa tunique. D'un geste rapide, elle projeta quelque chose devant elle. Une série d'explosions retentit sur le sol, tandis que les billes qu'elle venait de jeter libéraient une épaisse fumée.

Surpris, Gokuu et Végéta se protégèrent instinctivement de leurs bras. Lorsque le bruit disparut, la gravité redevint normale. Mais le couloir était empli de fumée, rendant toute poursuite impossible. Végéta jura.

"Elle va s'échapper !" s'écria t-il, en s'élançant à toute vitesse dans la fumée. Mais il allait trop vite, et un cri de douleur retentit lorsqu'il s'écrasa contre le mur qui faisait angle au couloir.

"Végéta, ça va ?" demanda Gokuu, en s'avançant à son tour dans la fumée, mais plus prudemment. Des jurons lui répondirent, et il sourit. Au moins, Végéta était toujours conscient.

L'écran de fumée disparût rapidement. Mais lorsque l'air redevint clair, la fée avait disparu, et son énergie demeurait introuvable.

Végéta se releva, le nez en sang. Le mur s'était effondré à l'endroit où il l'avait heurté.

"C'est la troisième fois qu'elle nous glisse entre les doigts," gronda t-il, d'un air menaçant. Lentement, il essuya le sang qui coulait de ses narines, en fixant du regard la direction dans laquelle Lyn avait filé.

***

La fée cessa de courir, et prit rapidement quelques inspirations en regardant tout autour d'elle. Elle se trouvait à la croisée de plusieurs couloirs. Mais dans sa hâte, elle ne se souvenait pas exactement lequel il lui fallait prendre. Elle jeta rapidement un coup d'oeil derrière elle. Ils n'allaient pas tarder à la suivre. Elle se concentra un instant, et prit sa décision : elle emprunta le tunnel de droite, en continuant sa course folle. Il lui fallait absolument se cacher avant qu'ils ne la rattrapent. Elle avait été trop confiante en elle-même : ces individus avaient plus de ressources qu'elle ne l'avait imaginé. Le labyrinthe était d'ordinaire son terrain de jeu préféré. Mais il pouvait aussi devenir un handicap terrible, un véritable piège.

***

"On va l'avoir," fit Gohan, qui courait en tête, avec Végéta. Les autres suivaient derrière. Ils s'étaient tous lancés à la poursuite de la magicienne lorsqu'ils s'étaient remis de leur surprise.

"Il n'y a pas de bifurcations," fit Gokuu. "On va forcément la rattraper."

"Tu te souviens de l'attaque que nous avons subie dans le tunnel sous le lac ?" lança Végéta, sans tourner la tête. Gokuu haussa un sourcil. "Je parie que c'était elle. Il n'y avait pas de sortie, mais pourtant elle nous a échappé."

"C'est vrai," fit Gokuu, d'un air surpris. "Je me demande toujours comment elle a fait."

"Je parie qu'elle est passée au travers du rocher, comme pour l'entrée du labyrinthe," répliqua Végéta.

"Alors nous ferions mieux d'accélérer," fit Gokuu. "Sinon elle risque encore de nous échapper."

"Un instant."

Ils s'arrêtèrent simultanément, car ils venaient d'atteindre un point de jonction entre plusieurs couloirs. Végéta regarda rapidement dans chacun d'eux, mais aucun indice ne permettait de dire dans quelle direction elle était partie.

Trunks émergea alors du groupe. Il ne savait pas pourquoi, mais il savait exactement où la fée avait mis les pieds. Peut-être était-ce son parfum délicat, ou pouvait-il détecter inconsciemment son énergie. Il s'avança jusqu'à son père, et sans lui jeter un regard, il prit sans hésitation le couloir de droite.

"C'est par-là," fit-il.

"Comment le sais-tu ?" demanda Végéta.

"Je ne sais pas," répondit-il. "Mais elle est passée par-là. Si tu veux la rattraper, il faut se dépêcher."

Végéta grommela quelque chose d'indistinct concernant la rationalité de la situation, et il reprit sa course effrénée dans les couloirs du labyrinthe. Les autres l'imitèrent.

***

Lyn jura à voix basse ; non seulement elle avait échoué dans sa mission qui consistait à dérouter le groupe, mais en plus elle les guidait maintenant directement vers la sortie du labyrinthe. Mais elle n'avait pas vraiment le choix -- si elle voulait leur échapper, il lui fallait impérativement sortir, elle aussi.

Elle accéléra de toute la puissance de ses jambes ; elle pouvait sentir la présence de ses poursuivants derrière elle, telle l'haleine chaude d'un fauve qui rattrapait petit à petit sa proie. Agile, elle se précipitait directement sur les parois du couloir pour avancer plus rapidement. Mais ses poursuivants ne lâcheraient pas prise, elle le savait. Elle n'avait que très peu d'avance sur eux.

Soudain, elle déboucha dans une grande salle différente du reste du labyrinthe, et elle sentit sa confiance revenir. Elle était arrivée. Sans prêter la moindre attention aux riches sculptures qui ornaient les murs de pierre, la magicienne s'avança directement au centre de la salle, puis jeta un regard en l'air. Puis elle sourit, en constatant que du sol, on ne percevait que des ténèbres.

D'une rapide flexion des jambes, elle se jeta en l'air, et disparut.

***

Le groupe déboula dans la salle quelques secondes plus tard. Surpris, Trunks et Végéta s'arrêtèrent pour contempler la pièce.

L'endroit était superbe, et magnifiquement décoré : des piliers de pierre sculptée soutenaient de lourds linteaux monolithiques de grès rose. Des fresques étaient représentées sur les murs, et d'étranges idéogrammes semblaient compter les histoires gravées dans la pierre. De nombreux pans de murs, constitués de la même matière que les parois des couloirs, jetaient une lumière dans la grande salle, ce qui permettait d'en éclairer la majeure partie. Quant à la voûte, elle disparaissait dans l'obscurité au fur et à mesure qu'elle s'élevait au-dessus du sol.

"Où es-tu ?" s'écria Végéta, manifestement toujours aussi en colère. "Inutile de te cacher."

"Elle n'est plus là," lança Trunks. "Je ne sens plus sa présence." Le garçon releva la tête, et constata que tout le monde le regardait d'un air étonné. Mais le regard le plus gênant était celui de son père.

"Trunks," fit ce dernier. "Lorsque nous aurons un moment de calme, il faudra qu'on discute un peu de cette magicienne. Elle t'a tapé dans l'oeil, où je ne m'y connais pas."

Trunks devint tout rouge, mais déjà, plus personne ne faisait attention à lui. Sauf Goten, qui semblait prêt à éclater de rire.

"Trouvons-là," lui lança Trunks, en s'élançant à la suite des autres. Goten sourit légèrement, puis se concentra de nouveau.

Ils se dispersèrent tous dans la salle aux dimensions gigantesques. Piccolo et les deux Gardiens de l'Eternel, malgré leur masse, se révélaient doués pour apparaître brusquement dans les recoins les plus sombres. Gokuu, ses fils, Végéta, Trunks, Uubu, ainsi que Saki et son frère, cherchaient plus spécifiquement la présence de Lyn au travers de son ki. Mais rapidement, il devint manifeste que la fée avait disparu. Une fois de plus.

"Partie," déclara laconiquement Piccolo, en émergeant de l'ombre. Il faillit ne pas pouvoir se retenir de sourire en entendant Végéta pester dans son coin.

"Elle est douée," fit Gokuu, en s'avançant du groupe qui était en train de se reconstituer. Il continuait de jeter des regards dans toutes les directions. "J'aimerais bien savoir comment elle a fait pour disparaître, cette fois-ci."

"Kakarotto," fit Végéta, d'un air bourru, "pourrais-tu faire des remarques un peu plus constructives parfois ?"

"Regardez," fit Uubu, qui avait le nez levé depuis quelques secondes. "Vous ne voyez rien ?" Il tendit un doigt vers les hauteurs sombres de la salle.

Les autres levèrent rapidement la tête dans la direction indiquée. Ils restèrent quelques secondes silencieux.

"Mais il n'y a rien," fit Gokuu. Il se tourna vers le garçon. "Uubu, qu'est-ce qui t'arrive ?"

"Vous ne voyez pas ?" demanda t-il, en prenant un ton déçu. "Là bas, je vois une lumière."

"Il a raison, Gokuu," fit la voix grave de Piccolo. Le Namek se tenait drapé de façon digne dans sa grande cape blanche, les bras croisés sur son torse, et les yeux rivés vers le plafond. Les autres louchèrent de plus belle, pour mieux voir.

"Une étoile," continua Piccolo.

En effet, une petite lumière leur parvenait des hauteurs de la salle. Mais elle était parfaitement dissimulée dans la pénombre totale qui cachait la voûte aux yeux les mieux entraînés de l'univers.

"Le ciel," fit Végéta, dans un souffle. "La sortie."



Chapitre 11
Spoiler
Un à un, les membres du groupe sortirent du Labyrinthe par l'ouverture dans la voûte de la grande salle. Ils débouchèrent dans une clairière entourée de nombreux arbres. Le feuillage dense cachait la quasi-totalité du ciel, et c'était pur hasard s'ils avaient pu apercevoir la lueur d'une étoile depuis l'intérieur. Il faisait nuit noire, et ils n'y voyaient pas à plus de quelques mètres de distance. En pleine journée, ils n'auraient eu aucun mal à détecter la sortie.

"Aaaah," bâilla Goten en s'étirant, une fois que tout le monde fut sorti. "C'est déjà la nuit, ou le temps est passé plus vite dans ce labyrinthe ?"

"Apparemment," fit Piccolo en jetant un coup d'oeil en l'air, avec un petit air ironique, "c'est bien la nuit. Mais il est possible que nous soyons sur un autre monde, où il fait déjà nuit, tandis qu'il n'est que le milieu de l'après-midi pour nous."

"Ca doit être ça, une sorte de décalage horaire," fit Gohan, qui avait commencé à explorer prudemment les environs. Mais tout n'était que rochers et forêt autour d'eux. Il lui semblait cependant que les arbres étaient d'une espèce qui lui était inconnue. Etait-ce l'effet de l'obscurité, où étaient-ils réellement plus grands et plus gros que les arbres terriens ?
p
Quant à Végéta et Trunks, ils s'étaient mis à la recherche du ki de la magicienne, mais ils ne trouvèrent rien. Cette fois-ci, elle s'était bel et bien volatilisée ; mais ils commençaient à être habitués.

"Je me fiche qu’il fasse nuit," fit Gokuu, "mais mon estomac crie famine." Ses paroles furent appuyées par un grondement sourd, qui fit résonner les arbres des alentours.

"Je l'aurais parié," fit Piccolo. "Tu n'es qu'un goinfre."

"C'est vrai, ça," fit Goten. "Moi aussi je commence à avoir vraiment faim. Trouvons quelque chose à manger." Aucun autre Saiyen ne protesta. Ils s'élevèrent au-dessus du feuillage dense, pour scruter les environs.

Ils ne mirent pas longtemps à localiser des grappes de lumière, disséminées aux alentours.

"Cette planète semble habitée," déclara Trunks. "Allons voir si les habitants peuvent nous aider pour cette nuit."

"Allez-y," fit Ahm, qui était resté au sol avec son compagnon. "Nous n'avons pas besoin de manger, nous vous rejoindrons demain matin."

"Ah --" fit Gokuu. Il ne parvenait pas à s'habituer à côtoyer des êtres qui n'aient pas besoin de se nourrir. "Et bien, à demain," ajouta t-il avec un petit geste de la main en direction des deux Gardiens déjà invisibles dans l'obscurité. "Piccolo, tu viens tout de même avec nous ? Après tout -- "

"Je sais, je n'ai pas besoin de manger moi non plus," fit le Namek. "Mais je vous accompagne, tu as le pouvoir d'attirer les ennuis, où que tu te trouves."

"Merci Piccolo," fit Gokuu avec un large sourire. "de veiller sur nous de cette façon."

"Nous venons aussi," fit Kaï, qui parlait pour lui et sa soeur. "On veut bien voir à quoi ressemblent les habitants de ce monde.

"Assez parlé," fit Végéta, de son ton brutal habituel. "Allons-y."

"Oh," remarqua Gokuu avec un haussement de sourcil. "Tu as faim toi aussi."

"Quel sens de l'observation, Kakarotto."

***

La troupe posa pied sur une petite place pavée, vivement éclairée par plusieurs feux allumés à même le sol sur le pourtour. Une sorte de jardin était aménagé au centre de la place, et il était protégé par un muret bas, le long duquel poussaient des plantes grimpantes. Un filet d'eau prenait sa source dans le jardin, et il coulait avec un doux murmure jusque dans un bassin empli d'eau claire, dont le trop-plein disparaissait à son tour dans une canalisation souterraine.

Les habitations s'élevaient sur plusieurs étages, d'après les nombreuses ouvertures qui y étaient aménagées. Mais elles n'avaient rien de moderne dans leur apparence : les murs étaient construits de bois, de pierre et de torchis. Des simples rideaux leur cachaient l'intérieur des maisons. Manifestement, les habitants n'avaient pas dépassé l'ère médiévale sur cette planète.

Cette impression fut renforcée lorsqu'ils se rendirent compte qu'ils s'étaient posé à proximité d'un groupe d'enfants qui jouaient sur la place. Les petites créatures étaient vêtues d'habits vivement colorés, qui semblaient être fait d'un matériau très léger, comme de la soie. Leurs petites oreilles étaient pointues et recourbées vers l'arrière de la tête à leur extrémité. Dans l'ensemble, leur physionomie était très similaire à celle des humains en ce qui concernait les traits du visage. Cependant, ils purent constater que leurs cheveux étaient des couleurs les plus variées, et souvent mêlées par mèches.

A leur arrivée, les enfants cessèrent leur jeu, et les dévisagèrent avec incrédulité jusqu'à ce que tout le monde eut posé pied à terre. Gokuu, qui était le plus proche d'eux, leva une main dans leur direction, en souriant.

"Yo," fit-il joyeusement.

Sans qu'il ait le temps d'en dire plus, les jeunes prirent un air effrayé, et s'enfuirent en criant, puis disparurent dans plusieurs maisons. Les cris retentirent pendant un petit moment à l'intérieur.

"Ta grosse tête de Saiyen leur a fait peur," grommela Piccolo, qui se tenait derrière Gokuu, les bras croisés. Gokuu lui jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule.

"Hum," fit-il en souriant. Il ne savait pas qui de lui ou du Namek faisait le plus peur. Piccolo esquissa un sourire à son tour.

Quelques secondes plus tard, les enfants réapparurent, mais précédés cette fois d'adultes. Il y en avait trois, apparemment tous mâles, et ils avaient une apparence semblable aux jeunes. Immédiatement, Gokuu et les autres sursautèrent.

"Mais -- mais je rêve, ou quoi ?" s'écria Végéta.

"Non, tu as raison," fit Trunks, en inclinant la tête. "Lyn fait partie de leur peuple, c'est évident."

"Qui êtes-vous ?" demandèrent-ils presque simultanément. Ils n'avaient pas d'arme, ni n'avaient l'air menaçant. Mais ils n'en avaient pas moins l'air sérieux, et n'étaient apparemment pas très rassurés par l'apparence de ces étrangers -- Piccolo était au moins deux fois plus grand qu'un adulte, et de physionomie radicalement différente. Trunks se demanda quelle tête ils auraient fait si les Gardiens de l'Eternel les avaient accompagnés.

Ce fut Saki qui prit les choses en main, en s'avançant vers le petit groupe qui venait à leur rencontre. D'autres descendaient maintenant sur la place du village, et poussaient de petits cris de surprise en apercevant le groupe.

"N'ayez pas peur," fit-elle, en prenant garde de faire aucun geste inconsidéré. "Nous sommes simplement des voyageurs -- égarés. Nous ne savons même pas sur quel monde nous sommes. Nous souhaitons juste un peu d'aide pour ce soir."

"Comment ça," fit un des petits lutins en s'approchant prudemment. Il jeta un regard presque effrayé en levant la tête vers Gokuu -- il apercevait également Piccolo par-dessus son épaule, "vous ne savez même pas sur quel monde vous êtes ?"

"Non," continua Saki, toujours sur le même ton rassurant. "Nous sommes venus par le -- le Labyrinthe," fit-elle en tendant un bras dans la direction d'où ils étaient venus.

"Hein ?" firent-ils en c&se regardèrent tous, et semblèrent se concerter en silence pendant un instant. "Alors je pense que nous savons ce que vous cherchez. Et si vous êtes parvenus jusqu'ici, vous n'êtes pas mauvais. Nous allons vous aider."

"Quoi ?" La surprise était générale de l'autre côté. Les petites créatures semblaient maintenant les accueillir les bras ouverts. De réservée, presque méfiante, leur attitude était passée à enthousiaste.

"Vous pouvez entrer," fit celui qui avait pris la parole en premier. Il tendait une main vers la porte de la maison d'où il était sorti. Gohan et son père se regardèrent un instant, puis haussèrent les épaules, en souriant.

"Au fait," fit Gokuu, en se pliant presque en deux pour passer la porte basse, "si par hasard vous aviez quelque chose à manger..."

"Ce ne serait pas de refus," continua Goten.

"On a aussi quelques petites questions à vous poser, si vous n'y voyez pas d'inconvénients," fit Trunks, en passant à la suite de son père.

"Ce que personne ne se demande jamais," grommela Piccolo, qui entra le dernier, à la suite de Kaï et d'Uubu, "c'est pourquoi tous les êtres que nous rencontrons depuis quelques temps parlent exactement la même langue que nous."

***

Hana et Videl flottaient doucement à quelques mètres de la surface du sol. Tandis que la seconde semblait être tout à fait à son aise, la première tentait maladroitement de sourire malgré l'effort apparent qu'elle devait fournir.

"Tu es trop tendue," fit Videl. "Tes muscles devraient être presque totalement relâchés. Essaie de faire comme moi."

"Je -- je ne peux pas y arriver," bégaya t-elle. Elle essaya cependant, et perdit ses moyens. Avec un cri aigu, elle tomba lourdement vers le sol.

Et fut rattrapée par deux bras, qui à défaut d'être très grands, étaient au moins solides. Krilin la déposa doucement à terre.

"Heureusement que je suis là, finalement," fit-il en souriant. "Sinon tu te cassais une jambe."

"Qu'est-ce que vous essayez de faire, ici ?" demanda le Doyen d'un air curieux. Une fois sa sieste terminée, il avait décidé avec Shibito d'aller jeter un coup d'oeil dans le village humain / namek.

"C'est vous, maître," fit Krilin, en s'avançant légèrement dans sa direction. "Nous essayons d'apprendre à Hana comment voler."

"Pourquoi faire ?"

"Elle veut épater Go -- ouch !"

Videl avait tendu une main, et d'un air innocent, tirait de toutes ses forces sur les cheveux de Krilin. Celui-ci grimaça de douleur, et faillit tomber à la renverse.

"Hem -- pour passer le temps, je suppose," rattrapa Videl, en souriant largement. Elle tira vigoureusement par deux fois la mèche de cheveux qu'elle avait agrippée. Lorsqu'elle relâcha Krilin, quelques cheveux s'éparpillèrent dans l'herbe.

"Mais elle est bien trop faible pour voler correctement," ajouta le Doyen, en secouant la tête d'un air désespéré.

"Est-ce qu'elle s'est correctement entraînée, au moins ?" demanda Shibito, qui dépassait son aîné d'une tête. Videl, Krilin et Bulma se concertèrent du regard un bref instant.

"Mais je suis pressée," fit Hana, qui se retrouvait petit à petit son souffle. "Je n'ai pas de temps à perdre."

"Si tu n'augmentes pas ton énergie vitale," continua le Doyen, "tu ne pourras jamais voler avec aisance, cependant."

"Et bien," fit Bulma, "qu'est-ce que vous nous conseillez ?"

"Hein ?" C'était au tour des Dieux d'être étonnés.

"Oui, pour augmenter son énergie vitale. Vous ne pourriez pas lui en donner un peu, ou quelque chose comme ça ?" A ses mots, Krilin et Yamcha sursautèrent violemment. Ils se regardèrent une seconde, puis éclatèrent de rire.

"Qu'est-ce qu'il y a ?" demanda Bulma, d'un air excédé. "J'ai dit quelque chose de drôle ?"

"Si on veut," fit Yamcha, en cessant de rire. "Bulma, l'énergie vitale n'est pas quelque chose qu'on peut se donner, comme un objet. Il faut la développer."

"Oh, pardon," répliqua Bulma, en prenant un air boudeur. "Je sais bien, mais j'imaginais qu'il y aurait un tour de magie qui pourrait nous arranger."

"Ce n'est pas le cas," fit le Doyen. "Mais tout être vivant possède une certaine quantité d'énergie cachée. Je doute que dans ton cas elle soit très élevée," ajouta t-il en s'approchant d'Hana, "mais je peux tout de même essayer de t'aider si tu veux."

"Vraiment ?" fit Hana, dont le visage s'éclaira subitement d'un des superbes sourires dont elle avait le secret. "Je ferais n'importe quoi pour ça."

"Vraiment n'importe quoi ?" demanda le Doyen, soudain très intéressé. "Et bien c'est entendu, nous commencerons demain matin."

"Pourquoi pas tout de suite ?", demanda Hana, un peu déçue.

"Parce qu'il va bientôt faire nuit. Et ça prendra quelques heures, au moins."

"Dans ce cas -- "

" Quelle chance elle a," fit Krilin, qui se massait le crâne depuis peu. "Ce n'est pas donné à tout le monde, tu sais."

"Personne ne me résiste," lui fit Hana, en posant les mains sur les hanches, avec un sourire triomphateur.

***

Les Saiyens engloutissaient littéralement les réserves de nourritures de leurs hôtes. Goten porta à hauteur de ses yeux un légume qu'il n'avait encore jamais vu -- une sorte de carotte gigantesque d'apparence rustique -- et considéra qu'il avait trop faim pour faire des manières. Il l'avala en trois bouchées, et put constater que le goût était lui aussi différent de tout ce qu'il connaissait, mais c'était loin d'être désagréable.

De leur côté, Saki et Kaï avaient terminé leur repas depuis longtemps, tandis que Piccolo se contentait de regarder ses amis bâfrer en maugréant à propos de certains appétits insatiables.

"Vous aviez l'air de connaître la raison de notre venue," fit Saki au bout d'un moment. Elle aurait préféré que tout le monde eut fini de manger pour engager la conversation, mais personne ne savait exactement pour combien de temps Gokuu et les autres en avaient. Celui qui s'était adressé à eux en premier -- ils avaient appris qu'il s'appelait Kynon -- hocha la tête.

"En effet," commença t-il. "Vous savez, il n'y a pas beaucoup de gens qui réussissent à sortir du Labyrinthe. Les légendes racontent cependant qu'une autre personne y est parvenue, mais c'était il y a très longtemps, nous ne l'avons jamais rencontrée."

"Nous avons été légèrement aidés," fit Trunks. Son père lui adressa un regard sombre. Il déglutit avec peine. "Enfin," continua t-il, "par inadvertance. Nous poursuivions quelqu'un, qui nous a guidés vers la sortie en s'échappant."

"Comment ?" Kynon et ses amis semblaient tout à coup très intéressés. "Quelqu'un sait comment se diriger dans les couloirs du labyrinthe ?"

"Hum-hum," acquiesça Trunks, qui avait la bouche pleine. Il se dépêcha d'avaler sa bouchée. "Elle fait même partie de votre peuple, elle vous ressemble beaucoup. Elle s'appelle Lyn." Leurs hôtes sursautèrent.

"C'est elle !" s'écria celui qui était à la droite de Kynon. "Celle dont parlent les histoires. Vous --vous l'avez vue ?" demanda t-il en se tournant vers Trunks. Celui-ci, la bouche de nouveau pleine, inclina la tête.

"D'un peu trop près à notre goût," grommela Végéta.

"Ainsi, elle existe vraiment," continua leur interlocuteur d'un ton songeur.

"Mais vous ne la connaissez pas ?" demanda Gohan. "Pourtant --"

"Elle ne vit pas parmi le peuple des Thers. Nous ne l'avons jamais rencontrée en personne. Mais ses exploits sont célèbres. Elle a joué plus d'un mauvais tour à Vörtigern."

"Hum ? Qui ça ?" demanda Piccolo, en ouvrant un oeil.

"C'est un roi, qui traite notre peuple comme des esclaves. Mais Lyn lui fait bien payer pour sa bêtise et sa méchanceté."

"Il a une étrange obsession," continua Kynon. "Il veut absolument construire la tour la plus haute et la plus solide qui soit. Mais il n'est jamais content de notre travail."

"Une tour ?" s'exclama Gokuu. "Je me demande bien à quoi ça peut lui servir."

"Nous vivons loin de lui, et nous n'en savons pas beaucoup plus. Mais ceux qui participent au chantier en savent quelque chose."

"Ce -- Vörtigern mérite une leçon, d'après moi," continua Gokuu, en continuant d'engloutir tout ce qui était à sa portée.

"Toujours à propos de Lyn," fit Trunks, qui ne comptait pas laisser tomber aussi facilement, "est-ce que vous savez où elle vit ?" Les autres se mirent à le regarder d'un air surpris. Trunks se reprit aussitôt.

"Il me semble que nous apprendrions bien des choses en l'interrogeant," fit-il, d'un air gêné.

"Si jamais je la tiens," fit son père, "tu n'auras pas le temps de lui poser beaucoup de questions, crois-moi."

"Hem -- non, nous ne savons pas grand-chose d'elle, désolé," continua Kynon. "Sauf que personne parmi notre peuple ne pourra vous en dire plus. Comme nous vous l'avons dit, nous ne la connaissons qu'au travers de quelques histoires."

"Dommage," fit Trunks, en prenant un air pensif.

"Ne te fatigue pas," fit Goten, "je suis sûr qu'on la reverra."

"J'espère," fit Végéta, en souriant d'une façon cruelle.

Les Saiyens eurent bientôt fini de manger -- et c'était une chance, car les réserves des Thers arrivaient à épuisement. Gokuu se balança en arrière sur sa chaise, trop petite pour lui, et se frotta vigoureusement le ventre avec une mine réjouie.

"Je n'ai jamais vu personne manger autant que vous," fit un des compagnons de Kynon, qui n'avait pas placé un mot jusque là.

"Et encore," fit Piccolo, "ils n'avaient pas fait beaucoup d'efforts aujourd'hui."

***

Végéta ouvrit prudemment un oeil. Il commençait à faire attention à la façon dont il s'éveillait maintenant. Mais cette fois-ci, il n'y avait personne pour lui ouvrir la gorge, et il n'était pas pendu par les pieds au plafond. Lui et les autres n'avaient pas bougé des lits presque trop petits que leurs hôtes leurs avaient prêté pour la nuit. Il se releva lentement, et sortit de la pièce, tandis que les autres se réveillaient à leur tour.

A l'extérieur, il rencontra Goten et Trunks, qui s'étaient levés avant tout le monde -- ce qui l'étonna un peu, connaissant les habitudes de ces deux là. Ils étaient assis sur la margelle du petit jardin central, sur la place. Piccolo lévitait, à deux bons mètres du sol, dans une méditation silencieuse. Goten et Trunks croquaient des fruits qu'ils cueillaient sur les arbres qui étaient à leur portée.

"Bonjour," firent-ils simultanément, en voyant Végéta approcher, avec un petit salut de la main. Végéta ne leur répondit pas, et se contenta de saisir au vol la pomme que son fils lui lançait. Il l'engloutit rapidement.

"Insomnie ?" demanda t-il, en s'asseyant près d'eux.

"C'est toi qui dors plus longtemps que d'habitude," fit Trunks, avec un sourire complice à Goten. Végéta ne répliqua pas. Il ne parviendrait pas à savoir ce que les deux garnements avaient bien pu faire de si bonne heure.

Les habitants du village se levaient aussi, et découvraient avec étonnement les étrangers dont ils avaient entendu parler la veille. Les enfants prenaient plus d'assurance à chaque instant, et ils s'approchaient graduellement pour voir de près ces géants venus d'un autre monde.

Piccolo ouvrit un oeil, et en un instant, il se remit debout et se posa à terre. Sa grande cape se déplia et se mit à onduler dans l'air matinal, chassant pour le coup les enfants qui s'étaient approchés trop près. Leurs parents se mirent à rire en observant la scène.

"Les voila," fit Piccolo d'un ton sérieux.

Végéta, qui n'était pas particulièrement sur ses gardes jusqu'à présent, sentit une présence le frôler. En y faisant plus attention, il se rendit compte qu'il s'agissait de Khor et d'Ahm, qui venaient de les rejoindre. Ils étaient sous leur forme invisible, et ils s'étaient approchés de la façon la plus silencieuse qui soit.

"Gokuu et les autres arrivent," continua Piccolo, en tournant la tête vers la maison où ils avaient été hébergés. Effectivement, quelques instants plus tard, les deux Gardiens, Gokuu, Gohan et Uubu en émergèrent, l'air toujours endormi.

"Tout le monde est là ?" demanda Gokuu, en voyant les autres déjà levés. Piccolo se demanda s'il avait aussi détecté la présence des Gardiens de l'Eternel. Il eut vite la réponse. Gokuu se dirigea droit vers un arbre sous lequel se tenait Ahm -- encore invisible.

"Pourquoi vous cachez-vous ?" lui demanda t-il.

"Pour ne pas effrayer les habitants," lui répondit-il. Pour les Thers qui observaient la scène, tout se passait comme s'il discutait avec l'arbre. L'un d'eux haussa les épaules en se grattant la tête, d'un air dubitatif.

"De plus," fit Khor à voix basse, sans cesser de bouger, pour ne pas être repéré, "nous allons avoir de la visite ; nous avons vu des cavaliers se diriger vers ce village en venant."

"Ah ? Et c'est plutôt bon signe ou pas ?" demanda Gohan, en s'asseyant sur le rebord de pierre avec Goten et Trunks. Il croisa les bras sur sa poitrine, imitant inconsciemment la pose de Végéta.

"Je te laisse deviner, petit," fit Piccolo, en tournant la tête dans la direction d'où il pouvait entendre des cris s'élever. Bientôt, ce fit la panique générale chez les Thers, qui déboulaient dans toutes les directions, pour regagner leurs maisons. Quelques instants plus tard, des créatures armées apparurent. C'était des humanoïdes portant de lourdes armures de métal noir, des lances de bois effilées à la main, et chevauchant de grands lézards bipèdes harnachés comme des chevaux. Les montures étaient agiles malgré leur masse imposante, et elles s'arrêtèrent sur la place du village sur ordre de leurs cavaliers. Gohan compta une quinzaine de guerriers, tandis que Piccolo faisait l'inventaire silencieux des armes attachées sur le dos des montures.

Le chef de la troupe -- reconnaissable aux cornes dépassant de son lourd casque -- aboya un ordre, et un très vieux Thers s'avança devant lui. Il avait les traits tirés, une longue barbe blanche qui lui descendait jusqu'aux genoux, et il s'appuyait sur un bâton noueux pour marcher.

"C'est le doyen du village, sans doute," fit Piccolo, en croisant lui aussi les bras. "Il vaut mieux les laisser régler leurs affaires entre eux." Les autres acquiescèrent silencieusement.

"Toi," fit le chef de la bande armée, en brandissant une hallebarde effilée dont l'extrémité s'arrêta juste sous le menton du vieillard. "Tu vas ordonner le rassemblement de tous ceux qui sont en âge de travailler. Notre roi Vörtigern a besoin de toutes les vermines qui vivent sur cette planète pour le chantier. Nous reviendrons dans deux jours pour vérifier que nos ordres auront bien été accomplis." Sa monture ne cessait de trépigner dans tous les sens, et Trunks crut à plusieurs reprises que la lame acérée aller trancher la gorge du vieux Thers. Mais l'autre retira son arme une fois qu'il eut fini son discours, et fit faire demi-tour à sa monture. Les autres lézards avaient envahi le petit jardin, et dévastaient les arbres fruitiers pour trouver de la nourriture. Les Thers n'osaient intervenir pour les chasser ; ils étaient terrifiés devant la force armée de leurs maîtres.

Gohan jeta un coup d'oeil à son père. Celui-ci avait inconsciemment serré les poings, et il se retenait pour ne pas se jeter sur les hommes armés. Lorsque Gokuu fit un pas en avant, Piccolo tenta de s'interposer, mais c'était inutile.

"Laissez-les tranquilles !" cria Gokuu, en repoussant le bras de Piccolo qui voulait lui barrer le passage.

Les guerriers tournèrent tous la tête dans sa direction, prirent un air étonné, et leur chef se retourna vers le doyen Thers.

"Qui c'est, ceux là ?" demanda t-il, en désignant le petit groupe. Un des compagnons de Kynon s'avança, en tendant les bras au ciel comme pour apaiser les brutes.

"Ce sont des étrangers qui sont arrivés hier soir," fit-il, d'un ton peu rassuré.

"Qu'ils tiennent leur langue, dans ce cas," fit l'autre. "Je n'aime pas beaucoup qu'on discute mes ordres." Il frappa le Thers sur la tête avec le plat de sa lame, mais le coup le fit tomber. "Compris ?" ajouta t-il, en souriant d'un air cruel.

"Je t'ai dit," cria Gokuu, en se jetant en avant malgré les protestations de Piccolo et des Gardiens, "de le laisser tranquille !" Il s'arrêta sous le nez de la monture du chef, qui était médusé par sa rapidité. Gokuu saisit la lame entre son pouce et son index. L'autre tenta de ramener son arme en arrière pour le frapper, mais il ne parvint pas à la dégager. D'un brusque mouvement de va-et-vient, Gokuu le fit lâcher son arme, puis il entreprit de plier lentement la lame, pour la rendre inoffensive. Les yeux des guerriers faillirent leur sortir de la tête.

"Tu ne l'arrêteras pas," fit Gohan en entendant Piccolo maudire Gokuu en Namek. "Tu sais bien qu'il déteste la violence, lorsqu'elle est inutile."

"Nous ne sommes pas censés intervenir," maugréa Piccolo. "Nous ne sommes que des visiteurs dans ce monde, nous devrions éviter d'agir directement sur les problèmes locaux."

Dans un grand cri, l'homme en armure saisit une chaîne, qui siffla lorsqu'il la projeta vers le cou de Gokuu. Mais la chaîne ne fit que s'enrouler autour de l'avant-bras gauche du Saiyen. Sa main droite relâcha l'autre arme, et avant qu'elle ne touche terre, Gokuu s'était élancé en l'air, et avait projeté son adversaire d'un violent coup de pied. Dans un grand cri, l'autre décrivit une gracieuse trajectoire aérienne, avant de disparaître à l'horizon.

Gokuu se positionna en défense, mais la démonstration était suffisante. La monture dont le cavalier avait été éjecté de ses étriers prit peur, et s'enfuit dans une suite de couinements aigus. Les autres membres de la troupe l'imitèrent, et le vacarme ne cessa que lorsque la place se vida complètement.

Le Saiyen se redressa complètement, il déroula la chaîne qui vint frapper le sol dans un son métallique, et son visage reprit un air détendu. Puis il se dirigea vers le Thers qui avait été assommé, et qui gisait à terre, tandis que le doyen du village tentait de le ranimer. Gokuu s'agenouilla, tandis que Goten, Trunks, Uubu, Gohan, et une bonne partie de la population locale se précipitaient pour former un cercle autour du petit groupe.

"Il vaudrait mieux le soigner", aussitôt, il fut emmené par plusieurs Thers. Gokuu se redressa, tandis que Kynon s'avançait vers lui.

"Merci de nous avoir aidés," fit-il. "Mais c'était inutile. Ils reviendront bientôt, encore plus nombreux, et cette fois-ci, nous n'aurons pas autant de chance."

"Je te l'avais dit," grommela Piccolo, qui tournait le dos à la scène. "Il fallait les laisser régler leurs affaires eux-mêmes."

"Ca ne se passera pas comme ça," fit Gokuu, en inclinant la tête pour regarder Kynon. "Je vais aller voir leur roi pour lui dire de vous laisser tranquille."

"Kakarotto," fit Végéta, qui n'avait pas bougé d'un pouce pendant toute la scène. "Tu oublies que nous ne sommes pas ici pour ça. Nous avons autre chose à faire que de régler toutes les guerres sur lesquelles nous tombons."

"Et toi," répondit Gokuu, en se tournant dans sa direction avec un regard sérieux, "tu oublies qu'ils nous ont hébergés hier soir. De plus, je ne peux pas laisser faire une telle injustice. Continue si tu veux, moi je vais régler ça d'abord."

"Mais c'est impossible," s'écria Kynon. "Ils sont bien trop forts, et trop nombreux. Vous allez vous faire massacrer si vous y allez."

"Ne t'en fais pas pour moi," lui répondit Gokuu, d'un air presque amusé. "La seule chose importante, c'est qu'on cesse d'exploiter ton peuple. Où est-ce que je peux trouver ce roi ?"

"Et bien, si tu tiens vraiment à y aller --" Le regard de Gokuu le rassurait quelque peu. Kynon ne savait pas pourquoi, mais il sentait qu'il y avait une volonté de fer, et bien plus que de jolies paroles, derrière ce visage souriant. " -- tu ne pourras pas dire que je ne t'ai pas prévenu. Tu ne peux pas te tromper : tu trouveras la tour inachevée dans cette direction." Il tendit un bras vers l'horizon. "Le chantier est visible à des kilomètres. Et tous ceux que tu interrogeras sauront t'indiquer le chemin. Mais c'est loin, tu vas en avoir pour quelques jours de marche."

"Ne t'inquiète pas pour ça non plus." Il tourna la tête vers ses compagnons de route. "Qui m'accompagne ?"

Les autres se dévisagèrent mutuellement. Après tout, c'était Gokuu qui s'était mis tout seul dans la panade... Mais Gohan et Uubu s'avancèrent d'un pas décidé vers lui.

"On vient," déclara Gohan.

"Nous aussi," firent en cœur Trunk et Goten ! On va enfin s'amuser un peu. Ils se lancèrent un clin d'oeil malicieux."

"On vient aussi," déclara Saki, qui traînait son frère par la manche. La perspective de voir Gokuu à l'&

"Piccolo ? Végéta ?" demanda Gokuu. Piccolo se tourna vers lui.

"Je viens. Mais tu te débrouilles, je me contenterai de regarder."

"Hum --" Végéta se redressa, mais garda les bras croisés. "Peut-être que ces étranges lézards sont bons à manger, après tout. J'en aurais le cœur net ! Khor s'adressa à lui.

"Je crois qu'on a pas le choix, nous."

"Alors en avant !" cria Gokuu. Dans autant d'explosions de lumière, ils s'élancèrent tous dans le ciel. Leur trajectoire s'incurva rapidement dans la direction indiquée par Kynon. Personne ne remarqua le départ des Gardiens de l'Eternel, qui étaient toujours invisibles.

"Bonne chance !" cria Kynon, en agitant une main vers les petits points noirs qui disparurent bientôt dans le ciel.


Chapitre 12
Spoiler
Les premiers rayons du soleil passaient par-dessus l'horizon. Un petit poing émergea entre les racines de l'arbre géant, et Lyn bâilla à s'en décrocher la mâchoire. Elle avait dormi repliée sur elle-même, dans le tapis de mousse épaisse, et ses muscles endoloris la faisaient maintenant souffrir. Sans se lever, elle s'étira de tout son long dans la mousse, et elle poussa un soupir de plaisir lorsque son sang se remit à circuler dans tous ses membres.

"Bien dormi ?" fit la voix, qui semblait surgir de nulle part. Elle referma les yeux, et fit semblant de n'avoir rien entendu. Elle ramena ses mains sous sa nuque, et plia les jambes. Sa respiration était régulière, mais elle ne dormait pas.

"Tu es en colère ? Tu ne veux plus parler ? Tu n'as rien dit depuis que tu es rentrée --"

"Je boude," fit-elle, sans ouvrir les yeux. Un petit rire retentit, et les oiseaux en profitèrent pour se mettre à chanter eux aussi.

"Parce que tu as failli te faire attraper hier ? Je t'avais pourtant prévenu --"

"C'est faux !" rétorqua t-elle. "Vous ne m'aviez pas prévenu qu'ils étaient si puissants. J'ai bien failli me faire avoir. En plus, je les ai aidés à trouver la sortie."

"Et qui te dit que ça me déplait ?" Cette fois-ci, la fée ouvrit les yeux, qui s'agrandirent sous le coup de la surprise.

"Vous voulez dire que -- que c'était votre plan ?"

"Et bien -- au début, non. Mais ils méritaient de s'en sortir rapidement. De plus je n'ai absolument rien fait, le hasard a bien fait les choses."

"Mouais," répliqua t-elle en faisant une moue disgracieuse. Elle referma les yeux, et tenta de retrouver son calme en inspirant profondément.

"De plus," continua son interlocuteur, "les derniers évènements semblent confirmer mon opinion à leur sujet." Lyn resta silencieuse un petit moment. Elle se mettait en harmonie avec le reste de l'univers, et son esprit toucha rapidement la planète où vivait son peuple. En quelques secondes, elle eut un aperçu de la situation qui y régnait.

"Ils vont vraiment aider les Thers ?"

"Il semblerait bien."

"C'est une bonne chose, ils souffrent depuis bien trop longtemps."

"Ils arrivent à pic, c'est vrai."

Cette fois-ci, la petite fée ouvrit les yeux d'un coup, et se redressa sur son séant d'un geste brusque.

"Une idée affreuse me vient," fit-elle d'un ton qui ne présageait rien de bon. "Vous n'allez pas me dire que la seule et unique raison d'exister des Thers, toutes ces souffrances et cette injustice pendant tout ce temps, c'est uniquement pour prouver la valeur de ces terriens. Ne me dites pas que vous saviez de tout temps qu'ils allaient venir, et que ceci ne constituerait qu'une épreuve de plus sur leur chemin. Avec le risque d'échouer, bien sûr."

"Puisque tel est ton souhait," fit la voix, calme comme à son habitude, "je ne dirais rien."

Lyn jura violemment, et elle fut aussitôt sur ses pieds. Sa tenue, jusque là une ample toge blanche, se transforma en combinaison moulante noire. A ses pieds, apparurent des bottines, noires également, parfaitement adaptées pour la course. Ses cheveux d'or se nouèrent d'eux-mêmes pour former un chignon qui ne la gênerait pas pour bouger. Elle s'élança.

"Où vas-tu ?"

"Les faire payer pour ça. Vous faire regretter votre décision. Aider mon peuple -- " Mais elle était déjà loin.

"Ca risque d'être encore plus amusant que prévu," fit la voix. Mais personne ne pouvait l'entendre.

***

Le petit groupe volait, Gohan en tête. Une légère aura les entourait tous, et ils laissaient sur leur passage une traînée blanche de condensation dans l'air froid.

"Qu'est-ce que c'est, là-bas ?" demanda soudain Goten, en tendant un doigt droit devant lui. Les autres ne mirent pas longtemps à confirmer ses doutes.

"On dirait bien qu'on a trouvé la tour," fit Trunks. "Mais c'est gigantesque !" En effet, plus ils s'approchaient, et plus la construction leur semblait titanesque. Lorsqu'ils ne furent plus qu'à quelques kilomètres, leur champ de vision tout entier fut envahi par le chantier. Non seulement la tour à proprement parler était énorme, d'un diamètre de près de cent mètres, et haute de plusieurs kilomètres, mais tout le paysage avait été bouleversé par l'ouvrage : la région était parsemée de villages d'ouvriers, et de tas de pierres qu'on faisait venir de plus en plus loin pour la construction.

"Où est-ce qu'on va, maintenant ?" demanda Gohan, qui continuait de voler en direction de la tour.

"On a qu'à demander à rencontrer le roi -- j'ai oublié son nom, déjà," fit Gokuu, en se grattant la tête.

"Vörtigern," fit Piccolo.

"C'est ça."

"Alors c'est parti," fit Gohan. Il inclina sa trajectoire en direction du sol, et les autres le suivirent. Puis ils se laissèrent tomber au sol, et ils atterrirent l'un après l'autre avec un bruit sec.

Les ouvriers, tous des Thers, s'échinaient à pousser des blocs de pierre bien plus grands qu'eux, en les faisant rouler sur des rondins de bois. Mais leur masse était telle qu'ils devaient se mettre à plus de dix pour les faire avancer. Et des gardes en armure noire étaient présents partout, pour les pousser au travail.

Lorsqu'ils posèrent pied à terre, tous ceux qui travaillaient aux environs tournèrent la tête vers eux. Les Thers prirent un air effrayé, mais ils étaient pour la plupart trop épuisés pour s'enfuir en cas de menace réelle. Un des gardes reprit rapidement ses esprits, et s'avança vers eux.

"Qui êtes-vous ?" demanda t-il, une lance à la main. Gohan tendit une main vers lui en signe de salut, mais la politesse ne lui fut pas rendue. "Je ne vous ai jamais vus par ici," continua l'autre. "Si vous ne travaillez pas, rentrez chez vous."

"Nous aimerions simplement savoir où trouver le roi Vörtigern," fit Gohan, en souriant. Les Thers reculèrent vivement en entendant prononcer le nom du souverain.

"Le roi ?" demanda le garde, surpris. "Vous ne manquez pas de culot. On ne peut pas lui rendre visite ainsi, il faut une bonne raison."

"Nous en avons une," continua Trunks, en s'avançant. "Contentez-vous de nous dire où nous pouvons le trouver, et nous partirons."

"Et bien il reste en permanence dans la tour. Mais je vous préviens, vous ne pourrez pas accéder à lui si c'est bien votre intention. C'est formellement interdit."

"Merci," fit Trunks. Ils repartirent tous par la voie des airs, en direction de la tour, laissant les ouvriers et les gardes bouches bées sur leur passage.

"La prochaine fois qu'on demande notre chemin," fit Trunks, "pas la peine de descendre tous. Je crois qu'on se fait remarquer." Effectivement, toutes les têtes se tournaient dans leur direction lorsqu'ils passaient.

"Voila une entrée," annonça Gokuu, qui avait prit la tête du groupe. Une porte gigantesque, magnifiquement ornée, était percée dans la base du colosse de pierre. Ils se dirigèrent rapidement vers cette ouverture, et se posèrent à proximité. Gohan, son frère, ainsi que Trunks, ne purent retenir des cris de surprise en jetant un regard sur la construction. Même inachevée, la tour était réellement imposante, lorsqu'on la voyait d'en bas.

"C'est absolument extraordinaire," fit Gohan. "Je n'ai jamais vu de pareil chantier."

"Demande-toi plutôt à quoi ça peut bien servir," fit Piccolo, sur son éternel ton de reproche. Gohan souleva un sourcil.

"Tiens," fit-il, "c'est vrai ça. Ca ne peut pas servir à grand-chose, un truc pareil."

Ses réflexions furent interrompues par l'arrivée bruyante d'une garnison complète de gardes montés sur des lézards encore mieux armés que ceux qu'ils avaient pu voir au village. Ils furent rapidement encerclés par une rangée d'hommes armés jusqu'aux dents, qui pointaient des lames acérées dans leur direction.

Celui qui semblait commander le détachement brisa le cercle, et s'avança vers eux. Il était plus grand que la plupart des soldats. Pratiquement aussi grand que Piccolo.

"Je me demande comment vous avez fait pour briser toutes les lignes de défenses," fit-il. "On n'entre pas ici comme dans un moulin."

"Lignes de défenses ?" demanda Gokuu, d'un ton naïf. "Désolé, nous avons du les survoler."

Le commandant le regarda un instant, complètement interloqué. Puis il braqua son épée dans sa direction.

"Enfermez-moi ce fou, et ses complices aussi."

"Ne me touche pas, toi !" Un des gardes s'était avancé, et tentait de faire avancer Végéta en braquant une arme vers lui. Mais celui-ci s'était retourné contre son assaillant. Son énergie augmenta brièvement, et tous les gardes ainsi que leurs montures furent instantanément renversés ou emportés par le flux d'énergie. Gokuu et les autres se protégèrent pour ne pas subir le même sort.

"Je te préviens, Kakarotto," fit Végéta en s'avançant vers l'autre Saiyen. "J'en ai assez de tes petits jeux. Si tu crois que ça m'amuse, tu te trompes."

Les gardes qui n'avaient pas été assommés par le choc s'enfuirent en hurlant. Leurs montures en faisaient de même.

"Ne t'énerve pas," fit Gokuu, en tentant de le calmer.

"Il a raison, Gokuu," fit Piccolo. "Je comprends qu'il n'ait pas envie de se laisser donner des ordres par ces pantins."

"On a qu'à détruire cette tour, et le problème sera réglé," continua Végéta, en désignant le monument.

"Je ne crois pas que ce soit si simple," fit Gokuu, en prenant un air songeur. "Si on la détruit, les esclaves devront simplement travailler encore plus dur pour la reconstruire. Non, la première chose à faire, c'est de trouver ce roi Vörtigern."

"Alors allons-y." Ce fut Végéta qui partit le premier, d'un pas décidé, vers la porte qui donnait accès à l'intérieur de la tour. Mais les défenses étaient maintenant en alerte, et la porte fut vivement refermée.

"Ils ne comptent pas nous laisser entrer comme ça," fit Trunks, qui suivait son père.

"Ah, vous voila enfin," fit une voix pantelante. Ils se retournèrent tous, pour voir arriver Ahm et Khor, qui avaient couru depuis le village Thers pour les rejoindre. Ils étaient redevenus visibles, et ils étaient complètement essoufflés.

"Vous en avez mis, du temps," fit Gokuu. "Je croyais que vous étiez plus rapides que ça."

"On ne sait pas voler, nous," répliqua Ahm. Le simple fait de respirer dévoilait ses dents gigantesques, et ils n'avaient eu aucun problème pour se frayer un passage jusqu'à la tour.

"On cherche un moyen d'entrer là-dedans," fit Gokuu, en désignant la porte. "Vous n'auriez pas une idée ?"

"J'en ai une, moi," fit Végéta, en tendant un bras vers la porte de pierre massive. Il écarta les doigts, et se concentra un instant. Les autres se détournèrent et se bouchèrent rapidement les oreilles.

Mais l'explosion qui secoua la terre semblait parvenir de très loin. Goten rouvrit les yeux, et ne vit aucun débris retomber. Par contre, des cris provenaient depuis l'autre côté de la tour. Ils relevèrent tous la tête. Végéta avait toujours la main tendue vers la porte, mais il regardait ailleurs.

"Il vient de se passer quelque chose," fit Piccolo. "Allons voir."

Ils s'élancèrent, pour contourner la tour. Ils pouvaient voir de grands nuages de poussière s'élever dans le ciel bleu.

Le sol fut secoué par une nouvelle explosion, qui fit trembler la construction toute entière sur ses bases. Des matériaux et des corps étaient projetés dans toutes les directions. Les Thers, ainsi que les gardes, effrayés, s'enfuyaient dans la plus complète panique.

"Il faut arrêter ça," cria Gohan. "C'est un véritable carnage."

Ils arrivèrent rapidement du côté de la tour où les explosions venaient de retentir. Le bâtiment était violemment endommagé sur plusieurs dizaines de mètres : des pans entiers de pierres s'étaient écroulés, et les fissures formaient de véritables toiles d'araignées autour des points d'impact. Plusieurs salles intérieures avaient été mises à jour, et les gardes qui n'avaient pas été tués par les explosions en sortaient précipitamment.

Non loin de la tour, se déroulait une véritable bataille. Les gardes aux lourdes armures tentaient d'immobiliser un ennemi qu'ils ne pouvaient qu'apercevoir entre deux explosions. Pour chaque garde tué, deux revenaient à l'assaut. Leur adversaire -- de petite taille, et entièrement habillé de noir -- était certes très agile et puissant, mais il était forcé de reculer devant le nombre d'assaillants.

Soudain, un cri strident retentit, et une explosion plus violente que les autres envoya tous les gardes au tapis d'un seul coup. Un grand nuage de poussière fut soulevé, et le mystérieux attaquant en émergea dans un mouvement acrobatique, puis vint se percher sur un monticule de pierres écroulées. Gokuu et les autres purent alors voir de qui il s'agissait.

C'était Lyn, la petite fée qu'ils avaient maintenant rencontrée à plusieurs reprises. Sa tenue était déchirée en plusieurs endroits, et elle devait être blessée. Son visage était noirci par la fumée et les coups. Elle n'avait pas remarqué leur présence, car toute son attention était dirigée vers la tour. Elle ne la quittait pas des yeux, tout en reprenant sa respiration.

"C'est elle !" s'écria Goten.

"Mais pourquoi est-ce qu'elle est en train de se battre ?" demanda Trunks. "Je n'y comprends plus rien."

La magicienne se concentrait maintenant depuis quelques instants. Son énergie venait d'augmenter, et elle concentra toutes ses forces entre ses mains, avec la ferme intention de réduire la tour en poussière.

"Je ne sais pas ce qu'elle fait ici," fit Végéta, "mais cette fois-ci elle ne m'échappera pas." Gokuu jeta un coup d'oeil à Lyn, puis à Végéta.

"Non ! Végéta !" Trop tard. Le Saiyen s'était jeté en avant. Une fois qu'il se trouva en l'air, privé de toute défense, ses yeux s'agrandirent de stupeur : Lyn se retourna vers lui d'un mouvement brusque, un sourire cruel sur les lèvres.

"Tu crois que je ne t'avais pas vu ?" demanda t-elle. Puis elle tendit ses bras vers Végéta. "Et maintenant, meurs !" Une gerbe de lumière et de feu explosa de la paume de ses mains, et Végéta se retrouva pris dans l'explosion avant qu'il n'ait le temps de se rendre compte qu'il s'agissait d'une ruse.

Gokuu tendit un bras dans sa direction, mais Végéta avait déjà disparu. Il ramena son bras devant ses yeux, pour se protéger des débris qui volaient dans toutes les directions.

Lorsque la poussière se dissipa, Lyn se tenait toujours sur le tas de gravats, bras tendus devant elle. Elle haletait rapidement. Mais il n'y avait plus trace de Végéta.

Soudain, la magicienne sentit une présence derrière elle. Elle se retourna rapidement, lançant une main en avant dans un réflexe de survie. Son poignet fut bloqué par une main plus puissante que la sienne.

Elle releva la tête, et la première chose qu'elle vit, furent les yeux noirs et sans pitié du Saiyen.

"Tu croyais m'avoir avec une attaque si ridicule ?" demanda t-il.

Dans un juron, la fée tenta de lui porter un nouveau coup, du tranchant de sa main libre ; mais son second poignet se retrouva immobilisé comme le premier, par une poigne d'acier. Elle était prise au piège.

"Je te tiens, maintenant," fit le Saiyen. "On va pouvoir s'expliquer, tous les deux." Un frisson parcourut la colonne vertébrale de Lyn. Sa panique était maintenant évidente, et Végéta n'en fut que plus satisfait.

"Co -- comment est-ce que j'ai pu me laisser attraper par une vermine comme toi ?" demanda t-elle, à bout de souffle. Le Saiyen augmenta légèrement la pression sur ses poignets, et elle se tordit de douleur. Mais elle conserva son air fier et méprisant.

"Et qui es-tu pour sortir indemne de mon attaque la plus puissante ?"

"C'est vrai que c'était bien joué, comme tactique," répondit Végéta. Il serra un peu plus, et cette fois-ci elle ne put retenir un petit cri de douleur lorsque les os se brisèrent. "Mais je suis du genre coriace."

"Papa ! Arrête !" Trunks s'était jeté en avant, et il s'immobilisa en l'air, devant son père. Végéta, étonné, leva les yeux vers son fils, qui était rouge de colère.

"T -- Trunks ?"

"Tu ne vois pas qu'elle est blessée ? Lâche-là."

"Pas question. Elle nous a joué assez de mauvais tour, je ne compte pas la laisser partir."

"Mais elle est bien moins puissante que toi ; elle ne peut rien te faire."

"On ne sait jamais."

"Je ne voudrais pas vous interrompre," fit Piccolo, qui jetait des regards dans toutes les directions, "mais on ferait bien de continuer cette conversation ailleurs."

De tous les côtés, des bataillons de gardes en armures déboulaient, et se dirigeaient droit vers le petit groupe.

"Même s'il ne sont pas très dangereux," continua Piccolo, "je doute qu'ils nous laissent le temps de nous expliquer. Dégageons d'ici."

Végéta jeta quelques regards autour de lui.

"Bonne idée," fit-il. Aussitôt, il décolla, en tenant toujours la fée par un poignet. Celle-ci sentit son estomac se soulever lorsqu'elle se retrouva entraînée à sa suite. Les autres quittèrent tous le sol pour suivre Végéta. Le Saiyen monta en ligne droite pendant quelques instants, puis se posa sur le sommet de la tour inachevée. Des machines et des outils abandonnés gisaient au sol. Le haut de la tour était en chantier permanent, et de grands pans de murs étaient en construction un peu partout. Les ouvriers avaient quitté précipitamment leur poste lorsque Lyn avait attaqué la tour.

"On sera tranquilles, ici," fit Végéta, en se posant. La fée n'eut même pas la force de se rattraper, et elle se laissa tomber au sol. Les autres arrivèrent l'un après l'autre, et se posèrent en cercle autour de Végéta.

"Lève-toi," fit le Saiyen, en secouant le bras de Lyn, qu'il n'avait pas lâché un instant.

"Papa !" s'écria Trunks, maintenant énervé. "Tu ne vois donc pas qu'elle est complètement épuisée ? Laisse-là, elle n'ira pas loin."

"Je crois qu'il a raison, Végéta," fit Gokuu. "Elle n'a plus de forces." Le Saiyen le regarda un instant. Il lâcha le poignet de la petite créature.

Puis il donna un coup de pied dans les côtes de la magicienne, et Trunks la rattrapa au vol.

"Tiens," fit Végéta. "Puisque sa santé a l'air de te préoccuper autant. Mais fais bien attention, si elle s'échappe, c'est sur toi que je me défoulerai."

Trunks, sans prêter la moindre attention à ce que disait son père, déposa en douceur le corps de Lyn sur le sol poussiéreux. Il écarta quelques mèches de son visage noirci. Les yeux de la fée se fermaient sous l'effet de la douleur.

"Ca va ?" demanda t-il, le souffle court. Elle lui semblait tellement fragile et délicate, qu'il se demandait comment elle avait bien pu survivre au traitement de son père. Il n'obtint pas de réponse. Goten s'agenouilla à côté de lui, pour examiner la petite créature.

Elle avait des blessures sur tout le corps, la plupart reçues lors de son combat contre les gardes. Du sang coulait de son front, de ses poignets et de sa bouche, et elle avait une épaule démise. Son bras droit -- celui par lequel Végéta l'avait traînée -- portait une longue déchirure, par laquelle le sang s'écoulait. Quelques côtes semblaient également brisées. Et elle avait fini par s'évanouir.

"On a pas de médicaments, rien de ce genre ?" demanda Trunks. Son ami secoua la tête, d'un air désolé. Mais Saki s'avança vers eux.

"Laissez-moi faire," fit-elle en s'agenouillant à son tour. "Je pense que je peux réparer ça."

Elle posa les mains sur le ventre de Lyn. Trunks écarquilla les yeux lorsqu'il vit une lueur briller autour des mains de Saki ; la lumière semblait couler des mains de la Gardienne, pour être aspirée par le corps de Lyn.

"Quelle brute, ce Végéta," fit Saki à voix basse, de telle façon que seuls ceux qui étaient proches d'elle purent l'entendre. Goten sourit ; il savait que Végéta n'avait pas voulu blesser Lyn, il avait juste manqué un peu de sang froid. Ca aurait pu être bien pire s'il s'était vraiment énervé.

Au bout de quelques instants, la petite fée rouvrit les yeux, et sembla émerger d'un rêve. Elle considéra un moment avec surprise le visage de Trunks, qui se trouvait juste au-dessus du sien ; puis elle regarda Saki, et lui sourit.

"Merci," fit-elle doucement. "Je n'ai plus mal nulle part."

"Ca va," fit Saki, en posant une main sur son front. Elle lui prit le pouls, et put constater que tout était normal. Lyn se redressa à moitié, et elle fit jouer les muscles du bras qui avait souffert. Mais tout était redevenu parfaitement normal.

"Ca va mieux ?" demanda Trunks. Elle le regarda, et put constater que son visage avait gardé son expression contrariée. Elle acquiesça silencieusement, puis se força à détourner son regard.

La fée se leva lentement, et fit quelques pas ; puis, voyant que ses vêtements étaient sales et déchirés, elle utilisa un de ses tours de magie pour les remettre à neuf. Elle jeta un regard autour d'elle. La voyant bouger, Gohan fit un pas dans sa direction.

"Rassure-toi" fit-elle, en prenant une expression sérieuse." Je ne compte pas m'enfuir. Vous me rattraperiez trop facilement, maintenant." Elle jeta un regard dur à Végéta. "Ce que je ne comprends toujours pas, c'est pourquoi mon attaque la plus puissante n'a eu aucun effet sur celui-ci."

"Mon père est bien plus puissant que toi, c'est pour ça," fit Trunks, qui avait fini par se relever.

"Ton père ?" demanda t-elle, en soulevant un sourcil. "Alors peut-être que j'ai mal choisi ma cible, cette fois."

"Ta cible ?" Végéta était furieux. Son visage était rouge de colère, et ses poings étaient serrés, comme s'il comptait se jeter en avant pour la rouer de coups.

"Ce n'était qu'un petit jeu. Si ça ne t'a pas plu, je m'en excuse." Le Saiyen prit un air décontenancé. Il médita un instant, puis décida qu'elle était sincère. Il grogna quelque chose à propos d'excuses acceptées.

"Et moi, j'aimerais savoir pourquoi tu te battais, tout à l'heure," fit Gokuu, qui avait souri en voyant la mine stupéfaite de Végéta. Lyn détacha ses cheveux noués, et une pluie d'or s'abattit sur ses épaules. Elle inspira profondément.

"Affaire personnelle. Je voulais régler un vieux compte avec l'armée de Vörtigern, qui traumatise mon peuple depuis trop longtemps ; je savais également que j'allais vous trouver là, et je comptais vous éliminer par la même occasion."

"Ca a le mérite d'être franc," fit Piccolo, qui s'était perché sur un bloc de pierre pour observer le monde, plus bas.

"Mais pourquoi ?" demanda Goten. "Je veux dire, on ne t'a rien fait, pourquoi t'en prendre à nous ?"

"C'est trop compliqué à expliquer. Vous avez été manipulés, même si vous ne vous en êtes pas aperçus. Et je pensais arranger les choses en vous supprimant. Mais je vois maintenant que j'ai été manipulée moi aussi, n'est-ce pas ? C'est très amusant, sans doute, ce qui vient de se passer !" Elle avait prononcé ses deux dernières phrases en levant la tête vers le ciel. Les autres se mirent à regarder dans tous les sens, pour voir à qui elle s'adressait.

"Il ne répondra pas, laissez tomber," fit Lyn. Elle fit quelque pas, et alla s'asseoir sur une pierre. "Mais pour me faire pardonner de ma bêtise, je compte -- vous aider à atteindre votre but, à partir de maintenant." A la grimace qu'elle faisait, on devinait qu'il lui en coûtait de prononcer ces quelques mots.

Les autres la dévisagèrent avec surprise.

"Pas de blague, cette fois-ci," fit Végéta d'un ton maussade.

"Tu n'as donc jamais confiance en personne ?" lui demanda t-elle. Végéta comptait la reprendre pour son impertinence, mais Gokuu fut plus rapide que lui.

"Nous acceptons ton aide," fit-il. "Il faut dire que nous sommes un peu perdus, depuis que nous sommes sortis du labyrinthe, et que nous sommes arrivés sur ce monde étrange."

"C'est ma planète natale," répliqua t-elle. "Et à propos, je n'ai toujours pas réglé son compte à cette ordure de Vörtigern." Elle se leva. "Vous pouvez m'attendre ici, je n'en ai pas pour très longtemps. Ce sera bref et -- douloureux." Le sourire qui étirait ses lèvres se fit cruel.

Végéta la regarda, surpris. Peut-être avait-elle de la fierté, elle aussi, après tout. Ce qui était malheureux, c'est qu'elle n'avait pas les moyens de la défendre.

"Pas question de te laisser filer," fi-il. "On te suit." Mais tout le monde savait ce que ces paroles cachaient. Ils voulaient tous voir de quelle façon elle allait procéder avec Vörtigern.

"Humpf," grogna t-elle. "Vous pouvez me regarder faire, si vous en avez envie." Elle s'avança jusqu'au bord du vide, et regarda en bas. Très loin, des petits points bougeaient. On pouvait voir les débris des quartiers de pierre qu'elle avait fait sauter. Lyn secoua la tête, d'un air désolé. Qu'avait-elle cru ? Que la tour aller s'écrouler sous l'effet de ses attaques ? Vu d'en haut, les dégâts ressemblaient à peine à des égratignures sur le grand édifice.

Avec un grand cri, elle se jeta dans le vide, en effectuant un magnifique saut de l'ange. Les autres la suivirent.

***

Hana s'approcha du Doyen, qui dormait dans l'herbe verte. Incroyable, se dit-elle. Il est toujours en train de dormir, celui-ci. Elle s'arrêta, accroupie dans l'herbe, près de lui. Derrière elle, Bulma, Chichi et Videl la regardaient faire. Hana s'allongea dans l'herbe, de telle façon à ce que ses lèvres se retrouvent à quelques centimètres des oreilles du vieux Dieu. Puis inspira profondément, et lâcha un "Bonjour !" tonitruant qui aurait réveillé un mort. Le Doyen sursauta, et ne put se rattraper en tombant.

Tandis qu'Hana se roulait dans l'herbe en éclatant de rire, il secoua la tête, pour tenter de comprendre ce qui se passait. Puis il aperçut les femmes qui le regardaient.

"Qu'est-ce que vous voulez ?" demanda t-il, furieux.

"Nous, rien," répondit Videl en étouffant un petit rire. "C'est elle." Elle désignait Hana, qui était prise de fou rire.

"Je voudrais savoir -- quand est-ce que vous comptez commencer -- " fit la jeune fille, en tentant de se relever. Mais elle en avait les larmes aux yeux.

"Commencer quoi ?" grogna le Doyen. "Et j'attends des excuses, tu m'as fait peur."

"Peur ? Vous avez peur de moi ?" Hana retrouva un instant son calme. Puis elle se mit de nouveau à pouffer de rire. "Votre tête -- c'est trop drôle --" Le Doyen croisa les bras, d'un air digne. Mais il était rouge de colère. Au bout de quelques instants, Hana redevint sérieuse.

"J'aimerais commencer -- enfin que vous commenciez à augmenter ma force. Vous me l'aviez promis, hier."

"Et bien," fit le Doyen, d'un air découragé, "je suppose que le meilleur moyen de me débarrasser de toi, c'est encore de t'obéir." Hana acquiesça vigoureusement, avec un grand sourire qui lui dévoilait les dents.

"Assieds-toi, et calme-toi," ordonne le Dieu, en tendant un doigt vers le sol. Aussitôt, Hana s'assit dans l'herbe, droite comme un 'i'.

"C'est bien. Il ne te faut pas bouger, pendant toute la durée de l'incantation."

"Entendu," fit-elle en hochant la tête.

"Tais-toi, aussi. Il est important de garder le silence pour que ça fonctionne."

Hana soupira intérieurement. Elle commençait déjà à trouver ça moins drôle.

Le Doyen fit quelques assouplissements, et toussa un peu, comme pour s'éclaircir la voix. Puis il se mit à entonner un petit chant, et entama une danse ridicule en cercle, autour d'Hana.

Bulma, Chichi et Videl écarquillèrent les yeux, surprises. Elles ne savaient pas trop quoi penser de cette situation.

***

Lyn tendit une main, et saisit le rebord d'une corniche. D'un geste souple, elle se redressa, et atterrit, en position accroupie, sur le rebord de pierre du dessous. Les autres s'étaient arrêtés en l'air, et la considéraient avec étonnement. Mais la fée se concentrait uniquement sur les gestes précis qu'elle devait accomplir.

Elle ramena une main, paume ouverte, vers la fenêtre qui donnait sur le vide, et une explosion de lumière et de bruit la vit voler en éclat. Puis, dans une roulade, elle entra dans la pièce immense, interrompant une scène bien curieuse.

C'était la salle du trône, à en juger par les riches décorations qui ornaient toutes les parois. Plusieurs lustres jetaient leur éclat éblouissant dans toutes les directions. Vörtigern, un géant muni d'une lourde armure noire et rouge, se tenait sur son trône. Autour de lui, une armée de conseillers et de hauts responsables. Ils étaient en train de faire le point sur l'attaque qui avait eu lieu plus tôt, mais leur conversation fut subitement interrompue. Toutes les têtes se tournèrent vers Lyn.

Les gardes royaux pointèrent leurs arbalètes vers la fée, et une bonne vingtaine de flèches vint immédiatement se ficher dans le sol, à la position qu'elle occupait un instant auparavant. Mais Lyn s'était déjà jetée en avant. Tout en bondissant, elle fit un mouvement rapide du poignet, et une petite lame empoisonnée se ficha dans le cou de chaque garde. Ils s'effondrèrent aussitôt, mais la fée les avait déjà contournés. Avant que quiconque n'ait pu réagir, elle se tenait à côté du roi, et elle avait glissé une lame brillante sous sa gorge.

"Reculez tous !" cria t-elle, en saisissant le roi par les cheveux. "Sinon je lui règle son compte pour de bon."

Impuissants, les gardes abaissèrent leurs armes, et reculèrent lentement.
Epsibalt
 
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Re: [Archive] Un Prince nommé Végéta - terminée

Messagepar Epsibalt le Lun Mai 20, 2019 8:45

Chapitre 13
Spoiler
L'état major du roi était littéralement figé sur place. Vörtigern, quant à lui, avait l'air effrayé. Une goutte de sueur coula le long de sa joue, pour finir sur la lame effilée posée sur son cou.

"Pas mal," fit Gokuu en entrant, par la fenêtre. Les autres suivirent. Les hauts dignitaires se retournèrent dans la direction des inconnus. A la vue des gardes étendus à terre, Trunks et Goten écarquillèrent les yeux.

"Ils -- ils sont morts ?" demanda Goten, en déglutissant avec peine.

"Non," siffla Lyn entre ses dents. "Les lames n'étaient recouvertes que d'un puissant soporifique. Mais -- pas celle-ci," acheva t-elle avec un petit sourire, et en jetant un petit coup d'oeil au couteau qu'elle tenait fermement.

"Sale petite peste," fit le roi, avec une expression dédaigneuse sur le visage.

"Bouge seulement le petit doigt," lui fit-elle, en tirant légèrement sur ses cheveux, "et je te coupe la tête."

"Ne t'énerve pas," fit Trunks, en s'approchant légèrement.

"Qui c'est, ceux là ?" demanda le roi, en regardant les Saiyens et Gardiens.

"T'occupe," fit-elle. "Ce ne sont pas leurs histoires. Et vous," fit-elle en direction de l'Etat-major, qui s'était reculé du roi. "Regardez bien ce qui va se passer. Ca risque de vous étonner."

"Qu'est-ce que tu vas faire ?" demanda Vörtigern, qui transpirait maintenant à grosses gouttes.

"Ne t'inquiète pas," fit Lyn. "Je ne te tuerai que si j'y suis obligée. Tu as tellement fait souffrir mon peuple, que j'ai longtemps cherché un moyen de te faire payer, d'une autre façon."

"Hein ?" Vörtigern avait l'air effrayé.

"Ca m'a pris pas mal de temps," continua la magicienne. "Mais j'ai découvert ton secret, grand roi."

"Quel secret ?" demanda un des généraux, en faisant un pas dans la direction du trône. Lyn tira la tête du roi en arrière, pour mieux dévoiler son cou et la lame qui le menaçait.

"Ne bouge pas, toi," fit Lyn. "Regarde plutôt. Tu as toujours obéi à cette crapule de Vörtigern car il était le plus fort, pas vrai ? Il a réussi à s'imposer à la tête du royaume, en grande partie grâce à sa puissance physique."

"Je me demande où elle veut en venir," souffla Goten à l'oreille de Trunks. Mais celui-ci était entièrement absorbé par la fée.

"A ça," fit Lyn, en lui jetant un bref coup d'oeil. D'un seul coup, elle tira fortement le roi par les cheveux. Ce dernier, surpris, n'eut pas le temps de réagir.

Les sbires du roi ouvrirent tout grand les yeux en voyant un tout petit être émerger de l'armure gigantesque de Vörtigern. Le roi était en fait une créature rachitique, aux membres atrophiés, surmontés d'une tête au moins aussi grosse que le reste de son corps.

"Non !" s'écria t-il, totalement affolé. Il se mit à agiter ses bras et ses jambes avec incohérence. Lyn le maintenait en l'air par les cheveux, et elle le tendit à bout de bras en direction de ses généraux.

"Mais -- comment est-ce possible ?" demanda l'un d'eux, toujours sous le coup de la surprise.

"C'est une armure vide," fit Lyn, en désignant la coque vide. Le haut de l'armure contenait un mécanisme de précision, qui permettait à la petite créature de manipuler le grand corps à sa guise, par un jeu astucieux de capteurs et de détecteurs perfectionnés.

"Tu es horrible," fit Vörtigern, avec une grimace. Sa position était très inconfortable, et il tenta en vain de se dégager de la poigne de Lyn.

"Moins que toi," fit-elle, en riant. "J'ai fini de jouer avec toi. Maintenant, tout le monde saura que tu n'es pas le grand guerrier que tu as toujours prétendu être." Elle le jeta en l'air, et il s'écrasa lamentablement aux pieds de ses généraux. Le roi se frotta le bas du dos en se remettant sur ses pieds. Puis il leva la tête pour s'apercevoir que tous son état major le regardait d'un air menaçant. Il arrivait à peine à mi-jambe de ses hommes.

"Ceci est inutile, maintenant," fit Lyn, en tendant une main vers l'armure vide du roi. Elle se concentra rapidement, et la fit exploser dans un éclair de lumière.

"Noooon !" cria Vörtigern d'un air désespéré, en tendant un bras vers son trône à moitié détruit. Lyn rangea son couteau dans une poche située contre sa jambe droite, puis elle s'avança vers le groupe de Saiyens.

"Une dernière chose que je n'ai pas pris le temps d'approfondir," fit-elle en se retournant vers Vörtigern. Celui-ci lui adressa un regard meurtrier.

"Pourquoi tenais-tu tellement à construire cette tour immense ?" demanda t-elle, en croisant les bras. Vörtigern serra les dents, avec la ferme intention de ne rien dire. Mais un de ses généraux s'avança, se baissa vers lui, et le saisit par le col de son vêtement, puis le hissa à sa hauteur. Le roi déchu agita de nouveau ses jambes ridiculement petites dans tous les sens.

"Bonne question," fit la grande brute. "Et tu vas y répondre."

"On se calme," fit Vörtigern, qui devenait tout rouge. "Je -- je voulais démontrer ma puissance aux yeux de tous, prouver que j'étais le plus grand et le plus fort de tous. Voila la raison d'exister de cette tour."

"Et bien je n'en attendais pas plus de ta part," fit Lyn, d'un air dégoûté. "Et maintenant, je te laisse, c'est l'heure des explications douloureuses avec toutes les autres crapules que tu as manipulées." Elle s'avança de quelques pas vers la fenêtre, puis se retourna une nouvelle fois.

"Et si jamais j'apprends que tu continue d'exploiter le peuple des Thers, ou qui que ce soit d'autre, je reviendrai. Et je ne serai sans doute pas si clémente la prochaine fois."

"Ne -- ne me laisse pas ainsi !" fit Vörtigern d'un air terrifié, en voyant l'expression de cruauté qui se peignait sur le visage de ses ex-généraux.

"Adieu," fit Lyn, en se jetant par la fenêtre. Elle se mit aussitôt à grimper le long de la paroi.

"Bien joué," fit Goten, en la regardant disparaître. Trunks acquiesça vivement. Il était encore ébloui du retournement de situation qui venait d'avoir lieu.

"Suivons-là," fit Végéta, en se précipitant lui aussi à la fenêtre. "Sinon elle va nous glisser entre les doigts." Gohan sourit, et jeta un regard amusé à son père et à Piccolo. Ce denier leva les yeux au ciel à la réaction vive du Saiyen.

Un à un, les Saiyens et Gardiens rejoinrent Lyn au sommet de la tour.

***

Les deux fillettes déboulèrent à toute vitesse, et atteignirent le grand arbre, sous lequel attendaient Bulma, Videl, Chichi, Krilin, Yamcha, Tortue Géniale et Shibito. Ces derniers jouaient aux cartes pour tuer le temps.

Non loin de là, Hana méditait, comme lui avait dit de faire le Doyen. Ce dernier, maintenant épuisé par sa longue danse, s'était assis en face de la jeune fille, et il avait tendu les mains vers elle, pour prolonger l'incantation. Un verre de jus de fruit apparut à sa droite, avec une longue paille qui aboutissait à sa bouche. Il se mit à siroter sa boisson, tandis qu'Hana lui lançait un regard noir.

"Je ne peux pas en avoir, moi ?" s'exclama t-elle. Le Dieu secoua la tête négativement.

"Tu dois te taire," fit-il. "Sinon ça ne fonctionnera jamais."

Hana lui obéit, mais son regard laissait facilement deviner ce qu'elle pensait de ses manières. Au bout d'un moment, elle referma les yeux, et continua de se concentrer sur son énergie.

"Pauvre Hana," fit Chichi d'un air désolé, en regardant dans la direction du duo. "Je me demande combien de temps ça va durer encore."

"Aucune idée," fit Videl. "Je me demande quelle puissance elle aura après ça," marmonna t-elle, d'un air songeur.

"Et bien, si vous voulez savoir," fit Bulma, en se levant, "moi, j'ai faim. On va manger quelque chose ?"

"Et Hana ?" demanda Chichi, en regardant Bulma d'un air étonné. "On ne va pas la laisser toute seule."

"Je suis sûre qu'elle ne bougera pas," fit Videl. "Et elle mangera plus tard, voila tout."

"On vous accompagne," fit Yamcha, en posant ses cartes au sol, et en se levant. Il était resté dans la même position trop longtemps, et il dut s'étirer quelques instants. Krilin tenta de protester, pour terminer le jeu, mais les autres imitèrent Yamcha. Krilin jeta ses cartes à son tour, et suivit le groupe.

***

Les Saiyens et Gardiens atterrirent quelques instants après que Lyn eut atteint le sommet de la tour. La fée leur jeta un coup d'oeil, puis repoussa d'une main une mèche de cheveux blonds qui lui tombait dans les yeux. Puis elle croisa les bras.

"Je ne sais pas comment tu as fait pour découvrir sa véritable identité," fit Saki en s'approchant d'elle, "mais c'est bien joué. On ne le reverra pas de sitôt."

"J'y ai passé pas mal de temps, pour trouver son point faible," répondit Lyn avec un faible sourire.

"Et maintenant ?" demanda Gokuu, en posant les mains sur ses hanches. "Qu'est-ce qui va se passer sur cette planète ?"

"Je souhaite que les chefs de guerre de Vörtigern vont s'entretuer," répondit Lyn, avec une moue. "Et qu'ils laissent mon peuple tranquille."

"Tu n'arrête pas de nous parler de ton peuple," fit Gohan. "Mais certains Thers nous ont dit que personne ne te connaissait autrement que par des histoires."

"C'est vrai," acquiesça t-elle. "Je ne vis pas parmi les Thers. Pas -- sur cette planète. Pourtant j'y suis née. Mais je ne vais pas vous raconter toute ma vie, ce serait un peu long."

"Et moi je suis sûr que ce serait très intéressant, au contraire," fit Piccolo. "Ca nous permettrait sans doute de comprendre bien des choses."

"C'est vrai," fit Trunks. Goten et Gohan lui jetèrent un coup d'oeil. Ce n'était pas son habitude d'être du même avis que Piccolo. Mais Trunks était intéressé pour d'autres raisons.

"Très bien," fit Lyn, en s'avançant lentement vers le vide. Elle s'arrêta au bord de l'abîme. Elle avait une vue imprenable sur une bonne partie du territoire des Thers. Les autres firent un cercle autour d'elle, tandis que Trunks se percha au sommet d'un grand bloc de pierre pour regarder lui aussi le paysage qui s'étalait sous leurs pieds, mais aussi en grande partie pour ne pas avoir à affronter le regard de Lyn en permanence. Goten s'assit sur une arrête du bloc, non loin de lui.

"Je suis née sur cette planète, il y a très longtemps. Je me souviens à peine de mes parents et de ma maison. Mais ça ne fait rien. Toute ma famille doit avoir disparu depuis une éternité."

"Hein ?" fit Trunks, étonné. "Mais quel âge as-tu ?" Il regretta aussitôt d'avoir parlé. Lyn tourna la tête dans sa direction, et il ne put éviter ses yeux. A chaque fois qu'elle le regardait, il perdait tous ses moyens, et il restait figé sur place. Ce fut son père qui le sauva.

"Laisse-la parler," fit Végéta, qui avait croisé ses bras. "Sinon on n'y arrivera jamais." Lyn détourna la tête.

"Je suis bien plus âgée que vous ne pouvez l'imaginer," fit-elle. "Mais dès mon enfance, je suis allée vivre avec -- celui que vous appelez l'Eternel. Dans un autre monde." Ils écarquillèrent tous les yeux.

"Tu -- tu vis sur la planète de l'Eternel ?" demanda Kaï, sans oser y croire.

"Je vis dans un endroit privilégié, où l'Eternel a implanté son esprit. C'est plus compliqué que ça, mais on peut l'expliquer ainsi."

"Mais qu'est-ce que tu fais, là bas ?" demanda à son tour Saki.

"La plupart du temps, je discute avec l'Eternel. Mais j'ai aussi une fonction bien précise : accomplir certaines de ses volontés."

"Comment ça ?" demanda Kaï.

"C'est simple. Il me confie souvent des missions. Comme par exemple -- et bien, vous tendre des pièges tout au long de votre progression. Mais j'ai fait bien d'autres choses pour lui."

"Je ne comprends pas," fit Piccolo. "S'il est tout puissant, pourquoi a t-il besoin de toi pour que ses désirs soient accomplis ?"

"C'est encore assez compliqué," répondit Lyn avec un soupir. "L'Eternel interfère le moins possible de façon directe dans la destinée de ses créatures. Il faut que quelqu'un se charge de faire ce qu'il juge bon ou utile. Je suis en quelque sorte responsable de ce qu'il décide."

"Ah," fit Piccolo ; il pensait saisir en partie le sens de ses paroles.

"Mais pourquoi est-ce que tu devais nous empêcher d'atteindre notre but ?" demanda Gohan. "Nous avons quelque chose de très important à demander à l'Eternel, tu devrais le savoir." La magicienne tourna son regard dans sa direction.

"Je sais aussi que ce n'est pas mon rôle de discuter les ordres qui me sont donnés. Et si tu réfléchissais un peu plus, tu te serais rendu compte que je vous ai rendu de nombreux services."

"C'est vrai," acquiesça Gokuu. "Elle nous a aidé à sortir du Labyrinthe. Et elle nous a aussi aidés à y entrer."

"Je ne parlais pas de ça," fit Lyn, en regardant de nouveau le monde sous ses pieds. En bas, il lui semblait régner une grande agitation. Elle se calma progressivement, pour se fondre petit à petit dans son environnement. "C'était de façon purement involontaire que je vous aie aidés dans ces deux cas," continua t-elle. "Je parlais d'une aide dont vous n'avez apparemment pas conscience. Ca ne fait rien, vous avez encore le temps."

Végéta serra les poings. Ce qui l'énervait le plus dans cette fille, c'est qu'elle semblait insinuer qu'elle était plus intelligente que lui. Et il avait l'impression qu'elle en savait plus long qu'elle n'en disait. Mais il serait toujours temps de la faire parler plus tard. Gokuu lui jeta un regard interrogateur, devant la soudaine poussée de son ki. Mais Végéta se calma rapidement lorsque Lyn continua son discours.

"Mais je me suis rendu compte que j'ai été trompée, c'est pour ça que je vais vous aider à atteindre votre but, maintenant."

"Tu peux nous conduire sur la planète de l'Eternel ?" demanda Gohan. "Nous devions reprendre contact après être sortis du Labyrinthe."

"Je vous conduirai là bas," acquiesça t-elle. "Mais je voudrais d'abord m'assurer que les Thers ne seront plus traités comme des esclaves."

"Et combien de temps est-ce que ça va prendre ?" demanda Piccolo. "Nous n'avons pas que ça à faire."

"Je te croyais plus malin, Piccolo," fit Lyn, sans se détourner. Piccolo souleva un sourcil. "Tu ne sais donc pas reconnaître une épreuve quand tu en rencontres une ?"

"Quelle épreuve ?" demanda Végéta, tandis que Piccolo était trop surpris pour répondre. "Tu veux juste gagner du temps, pour t'échapper."

"Si je veux partir," fit t-elle, "ce n'est pas toi qui m'en empêcheras." Végéta se força à contenir son envie de lui taper dessus. "Vous n'êtes pas assez patients, pourtant vous avez bien le temps."

"Je continue de croire que tu essaies de nous manipuler," fit Végéta.

"Pense ce que tu veux," fit Lyn. "Ca ne changera rien."

"Alors," demanda Gokuu, en s'étirant, "qu'est-ce qu'on fait maintenant ?"

"Dans un premier temps," répondit Lyn, "il faudrait s'assurer que plus aucun Thers ne travaillera jamais sur ce chantier."

"Hem -- je veux bien," fit le Saiyen. "Mais comment ?"

"Ma petite intervention a fait des remous, en bas," fit Lyn, en tendant un bras en direction du sol. "C'est la pagaille là-dessous. Vörtigern a été chassé de la tour, et ses généraux sont en train de se battre pour savoir qui va prendre la tête de l'armée. Et les Thers s'enfuient tous."

Gokuu écarquilla les yeux, et il se rendit lui aussi au bord du précipice pour voir ce qui se passait au sol. Il ne mit pas longtemps à se rendre compte que les ouvriers abandonnaient effectivement leurs tâches.

Tout à coup, Lyn sauta, pour atterrir près de Trunks. Celui-ci la regarda, surpris.

"Tu vas me rendre un petit service," fit-elle, en lui donnant un petit coup dans les côtes, et en souriant. Trunks lui adressa un regard interrogateur.

"Tu pourrais m'aider à détruire la tour ?" demanda t-elle. "Je veux la réduire en poussière, pour être certaine que jamais les Thers n'auront à plus à travailler sur ce chantier." Plus Trunks la regardait, et plus il se sentait défaillir. Il ne prenait même pas garde à ce qu'elle lui disait, tellement il était fasciné par la profondeur de son regard, son attitude, ses manières d'agir...

"Tu veux bien ?" demanda t-elle, en souriant de nouveau. Trunks battit rapidement des paupières, comme s'il se réveillait ; puis il acquiesça vivement la tête.

"Je suis d'accord," répondit-il. "Mais tu n'es pas assez forte pour détruire cette tour --"

Lyn lui tira soudainement la langue, d'un air moqueur. "C'est bien pour ça que j'ai besoin de toi, nigaud !" fit-elle, avant d'éclater de rire. Puis elle se tourna vers le reste du groupe.

"Eloignez-vous," fit-elle. "Si vous ne voulez pas être touchés. On vous rejoint tout de suite."

"Entendu," fit Gohan. Il s'éleva lentement au-dessus du vide, et les autres le suivirent. Dernier à bouger, Végéta tourna la tête en direction de Lyn. Lorsque leurs regards se rencontrèrent, le temps sembla se figer. Les yeux du Saiyen s'étrécirent, mais son expression resta aussi énigmatique qu'à son habitude. Cependant, Lyn ne s'y trompait pas. Elle savait que Végéta lui en voulait toujours, et qu'il ne lui laisserait rien passer. Il lui faudrait faire preuve d'astuce, cette fois-ci.

Végéta finit par rejoindre le petit groupe, qui descendit lentement pour aller se mettre à l'abri. Ils purent constater au passage que les Thers avaient évacué les abords immédiats de la tour.

Trunks se rendit soudain compte qu'il se trouvait seul avec la fée, et il sursauta légèrement ; lorsqu'il la regarda, Lyn souriait de toutes ses dents.

"Et bien," fit-elle, "on va enfin pouvoir être un peu tranquilles."

"Hein ?" demanda Trunks, en prenant une expression de surprise.

"Ne fais pas l'innocent," continua Lyn. "Tu en mourrais d'envie. Mais -- d'abord, il faut détruire cette tour démoniaque." Elle avait repris un visage sérieux. Trunks inclina la tête en avant, et fit de même.

"Tu sais voler ?" demanda t-il. Lyn agita une main en l'air.

"Bien sûr," fit-elle. "Je savais voler bien avant que tu ne voies le jour." Elle s'éleva de quelques mètres pour le lui prouver. Puis elle monta tout droit au-dessus de la tour. Trunks la suivit.

Lorsqu'ils furent suffisamment hauts, ils s'arrêtèrent. Trunks se rendit compte qu'il éprouvait des difficultés à respirer ; ils étaient à très haute altitude. Le froid se faisait aussi plus intense. Mais il avait connu bien pire dans la salle de l'esprit et du temps ; il augmenta simplement son niveau d'énergie pour dresser une barrière protectrice autour de son corp, en remarquant que Lyn en avait fait de même.

"Vas-y," fit-elle. Le manque d'air lui donnait aussi une voix différente, plus aiguë, et Trunks sourit. Il jeta un regard sous ses pieds.

En bas, la tour occupait une large partie de son champ de vision. De là où il se trouvait, il pouvait voir toute une partie de la planète. Il constata que de grandes chaînes de montagnes aux sommets perdus dans les nuages se dressaient à l'horizon, devant lui. A sa droite, et à bonne distance, il apercevait la couleur jaune de ce qui devait être un désert. Partout ailleurs, c'était un océan sans fin. Il se concentra un instant sur sa tâche, pour vérifia mentalement qu'aucun Thers ne serait pris dans l'explosion. Puis il jeta un regard à la tour, et jugea rapidement de la puissance qui serait nécessaire à la pulvériser.

"Ne bouge pas," fit-il, en tendant une main vers le bas. Lyn souleva un sourcil.

"Ne t'en fais pas," répliqua t-elle. "Maintenant que je te tiens, je ne te quitterai plus." Les intonations de sa voix faillirent le faire rougir. Il se concentra sur ce qu'il devait faire pour ne pas laisser son esprit s'égarer.

Une petite boule d'énergie apparût à quelques centimètres de la paume de sa main. Puis elle grossit rapidement, pour atteindre une dimension respectable. Lyn écarquilla les yeux, puis battit des paupières pour chasser sa surprise.

"Ca devrait suffire," fit Trunks, d'un ton tout ce qu'il y avait de plus sérieux. Lyn resta bouche bée lorsque la sphère quitta sa main dans un sifflement suraigu, pour foncer à une vitesse vertigineuse vers le bas. Comme dans un rêve, elle la vit s'enfoncer dans la pierre comme s'il s'agissait d'eau. Puis elle frissonna lorsque la grande structure de pierre explosa, transpercée par le feu du Ciel.

Avant que les premiers débris ne l'atteignent, Trunks sentit deux bras délicats lui enserrer le cou.

"Maintenant," fit la délicieuse voix de la petite fée, "il est temps de filer en douce."

Avant qu'il n'ait le temps de répondre, Trunks se sentit chuter dans un abîme sans fond, tandis que l'univers autour de lui explosait en mille couleurs éclatantes.

***

"C'est fini," fit Piccolo, en voyant le géant de pierre s'effondrer sur lui-même. Le bruit de l'explosion roula longtemps, tandis que le nuage de poussière continuait de croître au-dessus de l'ancienne tour. Un léger vent s'éleva, mais il savait que c'était un ouragan au centre de l'explosion. Une pluie de débris inoffensifs retombait à des kilomètres aux alentours.

Quelque part, loin d'eux, un petit personnage à la tête ridiculement grosse s'effondra au sol. Vörtigern avait perdu dans le même jour son trône, son empire, et le rêve de sa vie. Sans parler de son influence sur les Thers. En voyant sa tour s'écrouler, il maudit le destin, qui avait voulu qu'il ne meure pas dans l'explosion.

Végéta souleva un sourcil ; puis il décroisa lentement les bras, tandis que ses yeux sortaient progressivement de leurs orbites. Goten et Uubu, sentant l'énergie du Saiyen augmenter rapidement, opérèrent une retraite prudente.

"Ils -- ils ont disparu !!" hurla Végéta, en serrant les poings, comme s'il était sur le point de se battre. Les autres suivirent la direction de son regard, et comprirent vite la raison de sa colère. Au-dessus de la tour, le vent dispersait rapidement le grand nuage de débris et de poussière résultant de l'explosion ; Trunks et Lyn étaient invisibles, et leurs énergies indétectables.

"Elle t'a filé entre les doigts," fit Gokuu, en éclatant de rire. "Cette fille est formidable," continua t-il. "On n'a pas fini d'être surpris, en tout cas."

Tandis que Végéta avait entrepris de maudire Lyn dans tous les langages possibles et imaginables, elle, ses enfants, ses petits enfants et tous ses descendants jusqu'à la septième génération, Piccolo s'approcha des Gardiens.

"Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ?" demanda t-il à Saki. Cette dernière réfléchit un instant.

"Elle nous a bien eus," fit-elle. "Je pense qu'il vaut mieux ne pas compter sur elle pour trouver l'Eternel," fit-elle. "Elle avait l'air d'insinuer que nous avions tout le temps du monde pour accomplir notre mission, même si elle avait vraiment l'intention de nous aider ; mais nous n'avons pas de temps à perdre." Piccolo inclina la tête d'un air affirmatif.

"On commence par où ?" fit-il.

"Je ne sais pas trop. Sans guide, nous sommes un peu perdus sur cette planète, non ?"

"Et bien il nous faut un guide," fit Gohan, qui s'approchait, avec Goten et Uubu.

"Et tu penses à qui ?" demanda Saki.

"A Kynon et à ses amis," répondit Gohan, comme s'il s'agissait d'une évidence. "Ils ne peuvent pas nous refuser un peu d'aide, après ce que nous venons de faire pour leur peuple."

"C'est vrai," fit Goten. "Ils pourront sans doute nous aider."

"Comment ?" fit Piccolo. "Vous comptez retourner dans cette maison au plafond tellement bas que je dois me plier en deux pour entrer ?" Les autres lui jetèrent un regard de reproches.

"Arrête de te plaindre, Piccolo," fit Gohan, avec un large sourire. Le Namek lui répondit d'un grognement.

Ils furent interrompus par le bruit d'une galopade. C'était les deux Gardiens de l'Eternel qui avaient fini par retrouver leur trace. Mais de toute évidence, ils n'avaient pas l'air contents du tout. Leur fourrure était brûlée par endroits, et ils semblaient aussi meurtris et fatigués qu'énervés.

"Qu'est-ce qui vous est arrivés ?" demanda Gokuu d'un ton naïf, en souriant.

"Combien de fois faudra t-il vous dire," fit Ahm, en se dressant de toute sa hauteur pour ajouter du poids à ses mots, "de nous prévenir quand vous déclenchez des cataclysmes planétaires !"

***

Le Doyen avait fini par s'endormir ; il était toujours assis, mais sa tête pendait en avant, et il ronflait légèrement. Ce qui rendait la concentration d'autant plus difficile pour Hana. Exaspérée, elle finit par ouvrir un oeil. Puis elle sourit, et, sans faire un bruit, leva un bras. Sa main finit par atteindre une oreille du vieillard, et elle la pinça sauvagement, avant de retirer sa main en vitesse, et de refermer les yeux.

Une exclamation de surprise et de douleur retentit sur la prairie, réveillant par la même occasion Bulma et Videl qui faisaient la sieste dans l'herbe.

Tandis que le Doyen se concentrait de nouveau sur son incantation magique, Videl referma les yeux, et passa ses mains sous sa tête.

"Ils vont finir par s'apprécier, ces deux là," fit-elle.

Bulma hocha la tête, tout en bougeant légèrement pour mieux profiter de la lumière des nombreux soleils.

***

"Où -- où sommes-nous ?" demanda Trunks, d'un air ébahi. Un nouveau décor remplaçait celui de la planète des Thers. Autour de lui, la nature était omniprésente. De grands arbres projetaient leurs ombres majestueuses sur les champs d'herbe. Le ciel, éclairé par un unique soleil, était d'un bleu profond. Trunks pouvait aussi voir une petite rivière couler à proximité, et il entendait de nombreux chants d'oiseaux. Une agréable odeur de feuillage mouillé flottait dans l'air. Mais cet endroit lui semblait étrange. L'atmosphère était différente de tout ce qu'il avait connu jusqu'à présent. Les sons, les couleurs, les formes, tout lui semblait étrangement beau. Il se sentait vraiment bien.

"Au paradis," répondit Lyn, avec un petit rire cristallin. Il tourna la tête vers lui. Il ne savait pas comment elle avait fait, mais elle les avait conduits jusqu'ici en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire. Il s'était senti tomber, puis -- plus rien. Il s'était retrouvé dans cet étrange endroit. Ce n'était pas vraiment de la téléportation, il n'avait jamais ressenti cela lorsqu'il s'était téléporté avec Gokuu. Ca devait être un autre de ses tours de magie.

"C'est -- très beau, ici, vraiment," fit-il, en continuant de jeter des regards étonnés dans toutes les directions.

"Je suis sûre que ça va te plaire," fit-elle.

Un déclic se fit dans l'esprit de Trunks. Et si --

"Mais -- c'est ici que tu vis, n'est-ce pas ?" demanda t-il, soudain très excité. Lyn le dévisagea, étonnée.

"Bien entendu," répondit-elle. "Mais ne t'en fais pas," continua t-elle, d'un ton lourd de sous-entendus qui le firent frémir des pieds à la tête, "personne ne viendra nous déranger ici." Il fit un effort pour continuer.

"Mais tu as dit aussi que l'Eternel vit sur ta planète," fit-il. "Est-ce que je peux lui parler d'ici ?"

"Bien sûr," lui répondit la voix de Shi. Il sursauta violemment, et se mit à regarder dans toutes les directions. Mais il ne parvenait pas à détecter l'origine de la voix.

"Où -- où es-tu ?" demanda t-il, sur ses gardes.

"Partout et nulle part," répondit la voix. Elle semblait émaner de l'air ambiant, comme si elle n'avait aucune source précise. Trunks était complètement désorienté. "Lyn, pourquoi l'as-tu emmené ici ?"

La petite fée posa ses poings serrés sur ses hanches.

"Je fais ce qui me plait, d'abord," répondit-elle. "Vous vous êtes bien amusé à mes dépends, n'est-ce pas ? A mon tour de prendre un peu de bon temps."

"Comme tu veux," répondit l'Eternel. "Mais tu as l'air de m'en vouloir. Je ne vois pas pourquoi. Je t'avais bien prévenu de ce que tu risquais --"

"Ce n'est pas ça du tout !" fit Lyn, le coupant net dans sa phrase. "Comment avez-vous pu me faire croire que c'était cette crapule de Vörtigern le responsable de tout ce qu'ont subi les Thers, alors que tout ça faisait partie de votre plan depuis le début ?"

"Je ne comprends rien à ce que tu dis," fit l'autre, d'un ton où émanaient des intonations amusées.

"Moi non plus," fit Trunks, complètement perdu. "Tu pourrais m'expliquer de quoi vous êtes en train de parler ?"

"Plus tard," répondit Lyn, en s'approchant de lui. Trunks déglutit avec peine. Il n'avait jamais eu peur face à une fille auparavant, mais il se sentait maintenant complètement désemparé. Il ne savait pas trop quoi penser du petit sourire qui étirait les lèvres de Lyn.

"J'aimerais que les autres puissent venir ici, et qu'on règle cette histoire pour de bon," fit Trunks, en reculant légèrement ; Lyn sourit de plus belle, et d'un petit geste de la main, elle matérialisa une pierre derrière le pied de Trunks. Celui-ci tomba à la renverse, et avant qu'il ne songe à se rétablir, il se retrouva allongé dans une mousse épaisse. Lyn était déjà recroquevillée à ses côtés. Trunks écarquilla les yeux lorsqu'il sentit une de ses mains se glisser dans son cou. Son autre bras s'avança lentement sur son torse, tandis qu'elle ramenait une jambe en travers des siennes.

"Plus tard," fit-elle, tout en se blottissant plus près de lui. Il pouvait presque sentir battre son cœur.

"Mais --" Il n'eut pas le temps de continuer. Il se sentit soudain envahi d'une sensation de bonheur et de paix, telle qu'il n'avait jamais connue auparavant. Plus rien ne comptait maintenant, et il chassa immédiatement toute préoccupation matérielle de son esprit. Tandis que Lyn posait sa tête contre son épaule, en fermant les yeux, Trunks ramena une main sous la nuque délicate de la petite fée, et posa ses lèvres sur son front. Il n'ajouta pas un mot, pour apprécier pleinement le sentiment de tendresse infinie qui s'emparait de lui, tandis que son esprit se mêlait à celui qui était contenu dans ce petit corps si frêle, qui était blotti tout contre lui.


Chapitre 14
Spoiler
Les Saiyens et Gardiens posèrent pied à terre. Dans le ciel, le soleil embrasait de nouveau les nuages des riches couleurs du crépuscule. Ils étaient revenus sur la place du village Thers où ils avaient passé la soirée précédente ; mais cette fois-ci, au lieu de fuir, les enfants du village s'approchèrent d'eux. Même s'ils semblaient toujours impressionnés par l'apparence des étrangers, ils manifestaient une curiosité de plus en plus importante à leur égard.

Kynon ne tarda pas à sortir d'une maison, accompagné de ses compagnons. Gohan remarqua que le chef du village les accompagnait aussi. Le vieillard s'appuyait sur un bâton que le temps avait patiné, tandis que sa grande barbe blanche frôlait les pavés.

"Salut," fit Goten, en agitant une main, et en souriant. "On est de retour."

"Kynon," fit Gokuu, en s'avançant vers les Thers, "ton ami va mieux ?"

"Ah," fit l'autre en acquiesçant de la tête. "Il se repose, mais il n'est pas en danger. Merci de nous avoir aidés, Son Gokuu."

"Ce n'était rien," fit le Saiyen en éclatant de rire ; il passa une main dans ses cheveux d'un air gêné ; mais les Thers avaient compris que sa modestie naturelle l'obligeait presque à s'excuser lorsqu'il devait reconnaître qu'il s'était révélé utile.

"Nous vous attendions," déclara le vieux chef. "Nous savons ce que vous avez fait aujourd'hui."

"Hein ?" s'étonnèrent en cœur Piccolo, Uubu et Végéta se contentèrent de hausser un sourcil, ce qui trahissait également une surprise de taille. "Mais -- comment --" bégaya Goten.

"C'est un peu compliqué," fit le vieillard, en fermant les yeux, comme s'il était extrêmement fatigué. "Si vous voulez, je pourrais vous expliquer tout ça autour d'une table bien garnie."

Les yeux des Saiyens s'illuminèrent ; les Thers avaient rapidement appris à connaître leurs hôtes. Un à un, ils suivirent les petites créatures dans la maison de Kynon.

"Il y a d'autres choses que nous devrions éclaircir -- ouch !"

"Piccolo," fit Gohan, en souriant, "pense à baisser la tête pour entrer, la prochaine fois !"

Le Namek lui répondit d'un grognement sourd.

Ils s'installèrent dans la grande salle qu'ils connaissaient maintenant bien. Les murs d'argile, sur lesquels on pouvait voir les boiseries qui soutenaient la construction, étaient décorés de fresques, pur produit de l'artisanat local. La pièce était éclairée par une bonne dizaine de torches qui dégageaient une odeur âpre, et placées de telle façon à laisser le moins de place possible à l'ombre. Mais pour les Saiyens, le plus beau se situait au niveau de la table, qui était chargée d'une quantité incroyable de plats de toutes sortes. Le fumet qui s'en dégageait supplantait de loin celui des torches. Manifestement, ils étaient bien attendus, et ce repas était une preuve de la reconnaissance des Thers.

"Bon appétit !" lança Gokuu à la ronde, sans quitter des yeux le festin qui les attendait. Sans autre forme de procès, il s'empara d'un plat, qu'il entreprit de vider méthodiquement.

Les autres l'imitèrent rapidement -- non seulement il était impossible de refuser un tel repas, mais en plus, ils n'avaient rien mangé depuis plusieurs heures, et ils étaient tous affamés.

"Comment savez-vous ce que nous avons fait aujourd'hui ?" demanda Saki, qui mangeait avec plus de retenue. Ce qui n'était pas le cas de son frère, qui tentait de faire concurrence aux Saiyens.

"Il vous faut savoir tout d'abord," fit le chef, qu'on avait installé en bout de table, "qu'il existe un conseil des anciens parmi notre peuple."

"Et vous en faites partie, j'imagine," répliqua Saki, en s'emparant d'un morceau de viande que Kaï venait de poser dans son assiette. Il la fusilla du regard, et elle se contenta de lui adresser un sourire angélique en guise de réponse.

"En effet," répondit le doyen du village. "Les anciens possèdent certains pouvoirs -- que nous avons développés au cours de notre longue existence -- et nous avons pu suivre ce que vous avez fait durant la journée."

"De la télépathie ?" fit Gohan, intrigué, entre deux bouchées.

"Pas exactement," répondit Kynon. "C'est plus compliqué que ça. D'après ce que j'en sais, il faut parvenir à se fondre dans son environnement, et atteindre un stade de méditation intense."

"Intéressant," fit Gohan, qui n'écoutait que d'une oreille.

"Peu importe," ajouta l'ancien. "Nous sommes heureux que vous ayez pu nous délivrer de ce tyran pour de bon. A l'heure qu'il est, notre peuple tout entier fête votre victoire et sa liberté, car les anciens ont répandu la nouvelle. Nous vous devons beaucoup."

"Pas du tout," fit Piccolo, qui s'était assis à même le sol, un peu à l'écart de la table. Des gamins jouaient tout autour de lui, et il tentait en vain de les éloigner à grand renfort de regards qui se voulaient terrifiants. "Nous n'avons rien fait, c'est Lyn qui a destitué Vörtigern."

"Qui sait ?" fit le chef. "Nous croyons au contraire que c'est votre présence qui est à l'origine de ce qu'elle a fait. Les évènements se sont précipités du fait même de votre arrivée." Piccolo haussa un sourcil. Il n'avait pas vu les choses sous cet angle.

"En parlant de cette petite peste," fit la voix menaçante de Végéta, "est-ce que vous savez où elle est passée ? Je suppose qu'elle a aussi entraîné Trunks avec elle."

"Ne t'en fais pour elle. C'est simplement un petit caprice, mais elle retrouvera bientôt la raison. Elle et ton fils --"

"Merci, j'imagine très bien ce qui se passe entre eux," fit le Saiyen avec un petit sourire en coin, tout en s'emparant d'un autre plat d'un geste rapide.

"Puisque tu le dis," fit l'autre, d'une voix distante.

"Je me fiche de savoir ce qu'ils sont en train de faire," continua Végéta d'un ton ironique. "Mais elle a rompu sa promesse. Je ne peux pas supporter ça."

"Tu te trompes," répliqua le doyen. "Elle n'a pas juré qu'elle devait vous aider immédiatement. Elle reviendra en temps utile."

"J'espère que tu dis vrai," fit Végéta, d'un ton glacial. "Sinon --" La fin de sa phrase se perdit lorsqu'il engloutit la moitié d'un plat de céréales diverses. Gokuu lui jeta un regard triste tandis qu'il finissait le tout.

***

Trunks n'osait pas respirer, de peur de la réveiller. Il ne pouvait croire à ce qui lui arrivait -- à ce qui leur était arrivé ; tout ce qu'il avait toujours rêvé de partager avec un autre être, ses peurs et ses désirs enfouis, ses faiblesses et ses forces, il pouvait maintenant les affronter pleinement. Son esprit était encore brumeux de l'expérience incroyable qu'il avait partagée avec Lyn. Une fois ses premières craintes futiles évaporées, leurs esprits s'étaient intimement mêlés, de façon naturelle. Leur communion spirituelle avait aboli l'espace et le temps autour d'eux. La force des sentiments qu'elle avait fait naître en lui l'avait totalement ébloui. Quant à Lyn, elle s'était maintenant endormie, mais il pouvait toujours sentir son esprit frôler le sien de façon inconsciente. L'harmonie qui s'était établie entre eux avait dépassé tout ce que Trunks avait toujours pu imaginer.

Sans vraiment s'éveiller totalement, Trunks ouvrit les yeux -- il sentit qu'il devait avoir pleuré à un moment donné. La lumière autour d'eux était très faible, c'était celle d'une grande lune blanche en partie cachée par l'épais feuillage de l'arbre majestueux au pied duquel ils étaient recroquevillés. Un a un, ses sens se réactivèrent faiblement ; il pouvait voir la petite cascade d'eau chaude qui se déversait dans le lac, à quelques dizaines de mètres d'eux. De la vapeur s'élevait en volutes blanches dans l'air maintenant frais. Mais il ne ressentait pas le froid, son corps était entièrement insensible à toute notion étrangère à celle de plaisir. Le bruit agréable de l'eau parvenait à ses oreilles, ainsi que toutes les vibrations de la nuit -- insectes, petits animaux ; il pouvait même presque entendre respirer les arbres. Ensuite, vinrent les odeurs, de délicates senteurs végétales qu'il redécouvrait au travers de leur pureté extrême.

Trunks posa ensuite son regard sur le visage de Lyn, qui n'avait pas bougé d'un millimètre depuis le début. Ce visage, blanc dans la lumière lunaire, lui semblait parfait. Tout en elle l'éblouissait ; la courbe de ses fins sourcils, parfaitement symétrique, lui communiquait une grâce qu'il n'avait jamais remarquée jusque là. Même fermés, ses yeux étaient magnifiques, tandis que le parfum qui se dégageait de ses cheveux blonds plaqués en arrière envahissait son esprit de sa force. Sa peau était souple et douce, et dégageait la même senteur pénétrante. Il ne put s'empêcher de soulever légèrement une main, pour passer son index le long de la courbe délicate de ses petites oreilles pointues. Ce simple geste suffit à la faire légèrement tressaillir, et Trunks sentit en réponse une vague de plaisir figer le moindre de ses muscles. Incapable d'en supporter plus, il replaça sa main derrière le cou de la magicienne ; puis ses yeux se refermèrent, et il sombra de nouveau dans les plus doux des rêves.

***

Le repas -- ou plutôt le festin -- était maintenant terminé. Des Thers s'affairaient pour débarrasser la table, tandis que Gokuu, Goten et Végéta se balançaient sur leurs sièges, en se tapotant le ventre d'un air repus et satisfait. Gohan jeta un coup d'oeil à Piccolo, et malgré le regard noir ce dernier, il ne put s'empêcher de sourire : un groupe d'enfants de la maison, assommés de fatigue par leurs jeux tumultueux, s'était endormi autour de lui. Quelques-uns s'étaient même recroquevillés contre lui ; le Namek était plongé dans une profonde méditation, avec une expression contrariée sur le visage.

"Bravo," fit Saki, avec un ton de reproche, en regardant son frère et Uubu, qui avaient une mine aussi réjouie que les Saiyens. "Vous allez pouvoir leur faire concurrence, bientôt. C'est du propre." Ils s'étaient goinfrés sans retenue. Les deux coupables se jetèrent un regard plein de connivence, avec un sourire féroce.

"J'avais très faim," firent-il en cœur.

"Nous n'avions que ça à vous offrir," fit un des amis de Kynon. "J'espère que ça vous a plu."

"Pour ça," répondit Gokuu avec son plus beau sourire, "tu peux être rassuré." Il jeta un coup d'oeil à Végéta.

"Tu vois," fit-il avec un clin d'oeil, "ça valait la peine de les aider, non ?"

"Je dois bien admettre que c'est vrai," répondit l'autre Saiyen. "C'est bien joué, Kakarotto." Gohan faillit recracher la gorgée d'eau qu'il était en train d'avaler ; depuis quand Végéta faisait-il des compliments à Gokuu ? Finalement, la nourriture des Thers devait avoir des vertus cachées, en plus de celle de remplir les estomacs.

"J'aimerais savoir quelque chose," fit Saki, en regardant de nouveau le doyen ; celui-ci venait de terminer l'unique assiette de légumes qu'il avait acceptée. "Est-ce que nous pouvons rester dans votre village le temps que Lyn décide de revenir pour nous aider à continuer notre quête ?" Le vieillard leva les yeux sur elle. "Nous pourrons vous aider, bien entendu, nous ne voudrions pas avoir l'air de profiter de la situation." Elle ponctua sa phrase d'un coup de coude bien placé qui coupa le souffle de Kaï.

"Bien sûr," se dépêcha d'ajouter ce dernier. "Ce serait impoli."

"Nous ne pouvons pas vous refuser de rester," fit leur interlocuteur, avec un sourire qui souleva légèrement sa longue barbe. "Et il y a du travail pour tout le monde, je pense. Cependant --" Il reprit un air sérieux, presque triste. "Vous n'avez pas vraiment besoin de Lyn pour continuer votre chemin. Nous savons où vous voulez aller, et le moins que nous puissions faire, c'est de vous aider à notre tour."

"C'est vrai ?" s'exclamèrent les membres du groupe.

"Les anciens détiennent un savoir millénaire," continua le chef, qui avait refermé les yeux. "Si vous le voulez bien, nous pourrons vous en révéler une partie, et vous permettre ainsi de comprendre un peu mieux ce qui est en train de vous arriver."

"Je ne saisis pas tout," fit Saki, qui s'improvisait porte parole du groupe -- les autres étaient proprement incapables de réfléchir avec ce qu'ils avaient avalé. "Nous ne voulons savoir que peu de choses. En fait, tout ce qui nous préoccupe, c'est de pouvoir à nouveau entrer en contact avec l'Eternel."

"Une chose à la fois," fit le sage. "Il y a beaucoup de choses que vous ignorez, autant sur ce qui vous entoure que sur les véritables raisons de votre venue. Tout viendra en temps voulu, et vous atteindrez votre but une fois que le temps sera venu."

Les autres le regardaient d'un air qui trahissait les difficultés qu'ils éprouvaient pour comprendre le sens de ses paroles. Saki se frappa le front d'une main d'un air consterné.

"Ne faites pas cette tête," fit-elle en les regardant à tour de rôle. "Ca veut dire qu'ils vont nous aider."

Le visage de Gokuu s'éclaira subitement d'une lueur d'intelligence. "Ca me va," fit-il, en inclinant vivement la tête.

"Tu te ramollis de plus en plus, Gokuu," fit une voix profonde ; ils se retournèrent tous vers Piccolo. Ils en restèrent bouche bée. Tandis que le Terrible Démon Piccolo fit lentement glisser un regard rempli d'horreur vers sa main, posée sur la tête d'un gamin roulé en boule sur ses genoux, Gokuu et les autres s'écroulèrent de leurs chaises, dans un grand fracas.

***

"Debout, paresseux !"

Trunks ouvrit les yeux ; ils étaient toujours enlacés, n'ayant pas bougé depuis la veille. Mais il se sentait parfaitement bien, trop bien, même. Lyn fit courir ses doigts le long de sa nuque, et de petits frissons l'agitèrent.

"Allons, il faut penser à bouger un peu," ajouta t-elle, avant de se lever, lentement. "Même si moi aussi, j'aimerais que ça dure éternellement." Trunks ne chercha même pas à la retenir ; au lieu de quoi, il se leva lui aussi. Mais il ne pouvait rien faire d'autre que la regarder ; il ne pouvait même plus penser.

"Et bien," fit la magicienne, en remettant de l'ordre dans ses cheveux défaits, "tu comptes rester là à me regarder toute la journée ?"

Trunks la dévisagea, sans saisir le sens de ses mots. Puis il se gratta la nuque d'une main, en souriant.

"Excuse-moi," fit-il, "ce -- c'était -- je n'ai pas l'habitude, tu comprends --"

"Je sais," fit-elle doucement, en le regardant d'un oeil malicieux. Elle s'approcha de lui, jusqu'à ce que la pointe de leurs nez se touche. "C'était merveilleux pour moi aussi. Tu étais parfait."

Trunks la regarda, sans oser répondre. Mais après ce qu'ils avaient partagé, ils n'avaient plus rien à s'apprendre, ni à se cacher. Son visage s'illumina d'un franc sourire.

"Allez, un bon bain ne nous fera pas de mal !" lança t-elle sur un ton enjoué. Elle se retourna, et s'étira tout en s'éloignant ; puis elle fit disparaître tous ses vêtements d'un claquement de doigts.

Les yeux de Trunks explosèrent.

Tandis que d'un pas gracieux, elle se dirigeait vers le petit lac d'eau chaude, il ne put rien faire d'autre que de la regarder. C'était -- la plus belle chose qu'il n'ait jamais vue, et qu'il aurait sans doute jamais pu imaginer. Après ce qu'ils avaient partagé, la voir nue n'avait rien de choquant, ni d'obscène. Bien au contraire. Trunks savait que malgré son apparente négligence, elle ne faisait ça que dans le but de renforcer les liens qui s'étaient tissés entre eux. Et il ne voyait qu'une façon de répondre à son appel.

"Attends-moi !" cria t-il, tout en luttant misérablement pour se libérer de son T-shirt qui ne voulait pas le lâcher. Il tira un peu trop violemment, et tous ses vêtements se retrouvèrent bientôt en lambeaux.

"Ne sois pas si pressé," fit-elle en riant, tout en entrant dans l'eau cachée par un nuage de vapeur. Elle disparut rapidement sous l'eau.

Trunks la suivait de près.

***

Hana bâilla à s'en décrocher la mâchoire. Ils avaient passé toute la nuit sur leur carré de pelouse, sans bouger, tout en se concentrant pour achever l'incantation du Doyen. Ce dernier ronflait maintenant profondément, mais il était toujours assis en tailleur. La jeune fille se frotta les yeux ; elle allait maintenant avoir quelque mal à se concentrer s'il fallait rester encore longtemps dans cette position. Heureusement, tous ses besoins vitaux avaient été abolis par l'effet de l'incantation, et elle n'éprouvait ni faim, ni soif.

A l'horizon, les premières lueurs de l'aube embrasaient le ciel, et les oiseaux se réveillaient un à un dans les arbres.

"Hé," fit-elle, en secouant le Dieu par l'épaule ; elle n'avait même plus la force de le réveiller en sursaut.

"Quoi ?" fit le Doyen, en ouvrant les yeux. "Tiens, il fait jour ?"

"Mm," grogna Hana. "C'est bientôt fini, votre cirque ?"

"Hein ?" demanda l'autre, qui reprenait lentement contact avec la réalité. "Tu n'es pas allée te coucher cette nuit ?"

"Quoi ?" fit Hana, incrédule. "Mais je ne pouvais pas, vous m'aviez dit --" Son regard se vida de toute expression ; puis une colère noire s'y installa.

"Vous n'allez pas me dire que c'est terminé ?"

"Bien sûr que si," répondit le Doyen, en se levant. Il s'étira, et tous ses os se mirent à craquer. Il était resté trop longtemps dans une mauvaise position. "Depuis hier soir, en fait. Tu aurais pu me réveiller plus tôt, je n'ai pas fait attention."

"QUOI !?" s'écria Hana, furieuse. L'énergie qui se dégagea d'elle se manifesta soudain sous forme d'une légère aura blanchâtre. Le souffle d'air expédia le Doyen à quelques dizaines de mètres.

Hana se redressa, surprise par la force qui émanait d'elle. Sans accorder la moindre attention au Doyen, qui s'était écrasé au sol, elle se mit à se concentrer pour tenter d'analyser la totalité de son énergie.

"C'est fantastique !" fit-elle, en sautant de quelques mètres. "Je suis devenue super forte ! Bulma ! Chichi, Videl ! Venez voir ça."

Elle se mit à courir en faisant de grands bonds, en direction du village encore endormi, tout en continuant de pousser des cris de victoire.

Le Doyen se releva avec peine, et s'épousseta méticuleusement.

"Ah la la," maugréa t-il, "cette jeunesse, plus aucun respect. On se saigne aux quatre veines pour eux, et voila comment on est remerciés."

***

Goten, Uubu et Gohan s'étaient levés plus tôt que les autres, à l'initiative du second. Ils survolaient les environs du village, pour se rendre compte de la situation ; maintenant que Vörtigern ne régnait plus sur le peuple des Thers, et que la majorité de ses généraux avaient été tués dans l'explosion de la tour, l'esclavage était officiellement aboli sur la planète entière. Cependant, il était toujours possible que les anciennes troupes du roi, maintenant en déroute, cherchent à venger leur souverain. Le trio était parti en reconnaissance pour s'assurer que les Thers seraient maintenant définitivement tranquilles.

Gokuu et Végéta sortirent sur la place du village ensemble ; le premier étirait ses bras au-dessus de sa tête, tout en bâillant largement, tandis que le second affichait sa moue boudeuse habituelle, bras croisés sur la poitrine. Ils rejoinrent Piccolo, Kaï et sa soeur qui discutaient avec un groupe de villageois, dont certains avaient assisté au repas de la veille.

"Salut," fit Gokuu, en agitant une main en direction du groupe. "Piccolo," ajouta t-il en regardant le Namek, digne dans sa grande cape blanche, "tu as fini de jouer à la nounou ?" Piccolo lui adressa un regard meurtrier.

"Les enfants ont bien tenté de jouer avec lui," fit Saki, qui faisait des efforts apparents pour ne pas éclater de rire, "mais il leur a fait peur." Gokuu sourit, et décida de changer de conversation.

"De quoi est-ce que vous étiez en train de parler ?" demanda t-il. Tandis que Végéta s'arrêta à quelques mètres du groupe, Gokuu s'éloigna légèrement, et commença à faire des étirements pour finir de se réveiller.

"De tout et de rien," répondit Kaï, en admirant la souplesse remarquable du Saiyen. "Tes fils et Uubu sont partis faire un tour dans la région, pour vérifier que les soldats de Vörtigern se tiendraient tranquilles."

"C'est une bonne chose," répliqua Gokuu. Il acheva ses mouvements d'assouplissement, et enchaîna sur une rapide série de pompes.

"Et nous attendons le chef, pour lui poser quelques questions," continua Saki, sans quitter le Saiyen des yeux. D'une légère poussée, Gokuu se retrouva en position verticale, sur une main, et il continua ses pompes dans cette nouvelle position.

"Je ne suis pas sûr de comprendre tout ce qu'il dira," fit-il, d'un ton où pointait de la déception. "Déjà hier soir, c'était limite."

"Dans ce cas, on peut te trouver une occupation," fit une petite voix chevrotante. Le vieux chef s'approcha du groupe, escorté de Kynon et de quelques-uns de ses amis. Gokuu tendit le cou dans sa direction, ainsi que tous les autres. D'un mouvement souple, le Saiyen se projeta en l'air, et atterrit juste devant le chef, qui venait de s'immobiliser. Il plia ses bras plusieurs fois, pour tester son tonus musculaire, et sourit d'un air satisfait.

"Si ça peut vous faire plaisir," fit-il, "nous pouvons vous aider au village. Ca nous occupera, pendant que vous discutez." Le chef inclina la tête en avant.

"C'est très judicieux. Kynon, est-ce que tu peux leur trouver quelque chose à faire ?" Le Thers s'avança, le menton dans une main, d'un air pensif.

"Nous avons quelques champs de céréales à récolter... des maisons à construire... et il faudrait réparer le barrage, que les soldats ont pris plaisir à démolir le mois dernier. Pour ça, vous ne manquerez pas d'occupations."

"Tant mieux," fit Gokuu, en se frottant les mains. "Tout ça devrait nous occuper une partie de la matinée, en effet. Végéta, Piccolo, vous venez ?" demanda t-il, en se retournant vers les autres.

"Non-merci," fit Piccolo, qui se contenta de tourner un oeil vers lui. "Je préfère participer à la discussion, si ça ne te dérange pas."

"Bien sûr que non," répondit Gokuu. "Végéta ?" L'autre Saiyen le regardait sans savoir quoi répondre. Kakarotto s'imaginait-il vraiment qu'il allait s'abaisser à faire un travail manuel ? Dans ce cas, son cerveau était encore plus fêlé qu'il n'y paraissait. Il ouvrit la bouche pour lui dire ce qu'il pensait de son idée -- puis se retint. Le regard de Gokuu venait de changer. Ses yeux étaient devenus sérieux, et il semblait vouloir lui dire quelque chose. Végéta ne mit pas longtemps à déchiffrer son expression : la perspective de ce travail ne l'enchantait pas non plus, mais il était nécessaire. Non seulement les Thers s'étaient montrés accueillant à leur égard, et il fallait leur en être reconnaissant, mais en plus ils pourraient sans doute en apprendre plus long sur ces étranges créatures, à leur contact. Finalement, Kakarotto n'était pas totalement privé d'intelligence.

"C'est entendu," déclara Végéta, en s'avançant vers Gokuu. "Allons leur montrer de quoi nous sommes capables." Gokuu sourit.

"Je vais vous accompagner," fit Kynon. "Puisque vous semblez si décidés."

Le trio se mit en route, tandis que Gokuu entreprenait de discuter avec Végéta. Ils n'eurent pas plus tôt disparu au coin d'une rue qu'on entendait déjà ce dernier se plaindre au ciel d'être en si mauvaise compagnie.

"Venez," fit le chef, sur le visage duquel traînait un petit sourire. "Nous allons nous asseoir pour parler." Il s'avança lentement jusqu'à un coin de la place, où étaient disposés des troncs d'arbres qui faisaient office de bancs. Il s'y installa, et les deux Gardiens en firent de même. Piccolo, voyant que les enfants qui jouaient dans ce coin là se jetaient vers lui, préféra s'asseoir en tailleur à deux bons mètres du sol, totalement hors de portée. Il jeta un coup d'oeil aux gamins déçus ; il ne comprenait toujours pas si les petits étaient attirés par son apparence étrange, auquel cas ils voulaient satisfaire leur curiosité naturelle, ou s'il représentait une sorte de compagnon idéal pour eux -- un genre de nounours Thers géant. Mais même s'il n'avait aucune mauvaise intention à leur égard, il ne comptait pas se ridiculiser une seconde fois.

"Bien," commença le vieillard, une fois qu'il fut installé. Saki ne put s'empêcher de remarquer à quel point il paraissait âgé et faible ; ce qu'il n'était certainement pas, car il aurait fait l'objet de plus d'attention de la part de ses compagnons dans ce cas. "Vous vous demandez sans doute pourquoi je vous ai demandé de venir me parler, ce matin." Les deux Gardiens acquiescèrent. "En effet, je pourrais vous laisser continuer votre chemin, en vous indiquant la route à suivre. Vous atteindriez votre but, mais vous ne comprendriez sans doute pas dans ce cas quelle est la véritable raison de votre quête."

"Je suis certaine," fit Saki, en prenant garde d'employer un langage adéquat à son rang, "que vous mourrez d'envie de nous le dire."

Le visage du doyen s'illumina d'une expression malicieuse.

***

"Je t'assure," continuait Gokuu, qui parlait sans relâche depuis leur départ, "que pour vaincre Shi, les deux gamins n'avaient qu'à fusionner. Je ne vois pas pourquoi ils ne l'ont pas fait, c'était pourtant si simple."

Végéta poussa un profond soupir, signe que l'autre l'exaspérait avec sa conversation stérile.

"Kakarotto," fit-il sur un ton qui se voulait patient, "nous avons discuté ce ça une bonne demi-douzaine de fois déjà. C'est trop tard pour avoir des regrets, de toute façon."

"Mais tu ne penses pas que --" Végéta leva les yeux au ciel. Rien ne pouvait le faire taire, il était parfois pire que Bulma.

"Nous arrivons," fit Kynon. Ils s'étaient avancés hors du village, ils avaient traversé plusieurs champs où travaillaient les Thers, pour finalement arriver au sommet d'une butte, d'où ils avaient une vue d'ensemble sur une vallée au fond de laquelle courait un petit ruisseau.

"Regardez," fit leur guide en tendant un bras vers un tas de bois éparpillé par le cours d'eau, "voila ce qui reste de notre barrage. Les troupes du roi se sont amusées à le détruire récemment, sous prétexte qu'il était trop ancien, et que c'était la seule façon pour que nous l'entretenions correctement. Maintenant, nous devons le reconstruire."

"A quoi vous sert-il ?" demanda Gokuu. Végéta jeta un rapide coup d'oeil sur les ruines du barrage. C'était un simple ouvrage de bois, une technologie archaïque. Il fit une moue de dégoût. Ce peuple semblait piétiner dans l'âge de pierre.

"C'est une réserve d'eau, qui nous permet d'arroser nos cultures durant l'été," répondit Kynon. Gokuu hocha la tête en signe de compréhension. Des ouvriers s'affairaient pour récolter les débris de l'ancien barrage, et une équipe commençait même à poser de nouveaux piliers. Mais le travail ne pouvait pas avancer rapidement, principalement par manque d'effectifs.

"Qu'est-ce qu'il faut faire, en somme ?" demanda Gokuu, en croisant les bras, tandis que le trio s'avançait vers le chantier.

"Déblayer le terrain, et ensuite construire un nouveau barrage, ce n'est pas si compliqué en fait."

"Et bien, ça promet d'être intéressant," fit Végéta, d'un ton narquois. Cette idée d'aider ces créatures pour un travail si méprisable lui semblait toujours aussi étrange. Mais il avait appris à être patient avec le temps.

"Arrête de râler," fit Gokuu, en posant ses poings sur ses hanches. Il jeta un regard sur le site, et salua les équipes de travail d'un large geste de la main. Les ouvriers lui répondirent, un peu étonnés par la présence des deux étrangers sur le site de construction. "Rends-toi utile, plutôt. Pendant que je vais aller couper quelques troncs d'arbres, tu pourrais nettoyer l'endroit, qu'est-ce que tu en penses ?"

"Que plus vite on aura terminé, mieux je me porterai," répliqua Végéta, en enlevant sa veste. Il l'accrocha à un arbre. Kynon ne put se retenir d'écarquiller les yeux à la vue des muscles qui saillaient sous son T-shirt. "C'est parti," déclara le Saiyen d'un ton décidé.

Gokuu lui adressa un petit signe de la main, et décolla, en direction de la forêt proche. Il disparût rapidement sous le regard ébahi de leur guide, et Végéta fit rapidement un tour d'horizon de ce qu'il avait à faire. Les débris jonchaient les berges de la rivière sur plusieurs centaines de mètres. La vague déclenchée par la subite rupture du barrage avait tout balayé sur son passage.

Sans ajouter un mot, le Saiyen disparût à la vue de Kynon. Celui-ci le chercha du regard, en vain. Cependant, il se rendit vite compte des rapides changements qui s'opéraient au bord de l'eau. Un à un, les troncs d'arbres et les débris épars s'envolaient, comme soulevés par une tornade invisible, et allaient tous s'écraser au même endroit, sur un petit plateau qui surplombait le site. En moins d'une minute, les berges étaient nettoyées, et le tas de débris haut de plusieurs mètres. Kynon aperçut Végéta, debout à proximité de la petite montagne. Il tendit une main, et le bois s'enflamma aussitôt. Puis Végéta réapparut à côté de Kynon, qui n'arrivait pas à en croire ses yeux.

Il finit par tourner la tête en direction de Végéta. Celui-ci regardait le monticule de débris brûler tranquillement, les bras croisés sur la poitrine, d'un air calme. Il semblait ne pas avoir bougé du tout. Puis il haussa subitement un sourcil, et tourna son regard vers le ciel. Kynon en fit de même, et ses yeux sortirent une nouvelle fois de ses orbites. Une pile d'environ cinquante troncs d'arbres, maintenus ensemble par de grandes lianes, fonçait droit dans leur direction par la voie des airs. Gokuu soutenait les troncs d'une main. Il descendit rapidement vers le chantier, et d'un geste rapide, il projeta son énorme fardeau sur l'aire réservée au bois de construction. La masse s'écrasa au sol en faisant vibrer toute la région. Puis Gokuu posa pied à terre près de Végéta.

"Et bien," fit-il, "tu nous montre comment on doit faire pour le monter, ce barrage ? Moins on perdra de temps, et plus vite vous aurez de l'eau."

Kynon le dévisagea, d'un regard vide, puis il acquiesça. Autant ne pas le contrarier.

***

"Lyn," fit Trunks à voix basse, dans le creux de l'oreille de son amie ; il nageait lentement sur le dos, et Lyn était allongée sur lui. Elle avait fermé les yeux, et il se laissait dériver au gré des légers courants aquatiques. Trunks avait passé un bras autour de sa taille, et une des mains de Lyn, ramenée en arrière, lui grattait doucement la nuque.

"Mm ?"

"Tu iras chercher mon père et les autres -- bientôt ?"

La magicienne éclata d'un petit rire aigu, et sa tête se cambra en arrière.

"Toi, quand tu as une idée dans la tête," fit-elle lorsqu'elle se fut calmée, "tu ne l'as pas ailleurs." Trunks sourit.

"Excuse-moi," répliqua t-il. "Je suis simplement impatient de savoir si tout va pouvoir rentrer dans l'ordre pour -- pour ma famille, mes amis, pour l'ensemble des Terriens, et pour tous les autres peuples." Sa voix trahissait son émotion.

"Tu es vraiment très triste," fit doucement Lyn au bout d'un petit moment, d'un ton sérieux. Trunks acquiesça silencieusement.

"C'est vrai. Non seulement Shi a tout réduit à néant, mais en plus j'aurais pu l'en empêcher, si j'avais su de quoi il était capable." Lyn n'était pas surprise ; elle avait lu dans son esprit ce qu'avait été le combat contre Shi, avec le reste de la vie de Trunks.

"Les regrets ne te serviront à rien," constata t-elle. "Mais je pense que je te comprends -- ce que tu ressens surtout, c'est de l'injustice. Je me trompe ?"

"Non."

"Je vais t'aider," répondit-elle, en se contorsionnant pour le regarder. Elle finit par se retourner, pour se retrouver face à lui. "Plus vite cette histoire sera terminée, et plus vite nous pourrons vivre totalement heureux."

Trunks sourit. Lyn était merveilleuse. Non seulement elle semblait parfaitement le comprendre, mais de plus, elle partageait ses opinions.

Il lui mordit légèrement le bout du nez, et elle sursauta, légèrement surprise. Quelques gouttes d'eau tombèrent sur son front, puis se mirent à couler le long de ses sourcils, et enfin sur ses joues. Trunks les écarta d'un doigt.

La brume blanche qui flottait à la surface de l'eau finit par les recouvrir tout à fait.


Chapitre 15
Spoiler
Gokuu prenait les troncs d'arbre gigantesques un à un dans ses bras puissants ; de quelques rapides mouvements, il leur taillait une pointe effilée, puis il s'envolait, pour aller planter le nouveau pilier dans le lit de la rivière. En quelques minutes de travail, un véritable rideau d'arbres avait surgi, et l'eau rugissait en se frayant un passage entre les troncs. Gokuu se posa à terre, à côté des membres du groupe de travail chargés de reconstruire le barrage.

"Ca ira comme ça ?" demanda Gokuu, en désignant du pouce son ouvrage. Kynon inclina lentement la tête en avant, sans quitter la rangée d'arbres du regard.

"Oh, oui," répondit l'autre. "C'était le travail le plus difficile, nous aurons vite terminé, maintenant."

"Végéta," fit Gokuu en inclinant la tête pour jeter un coup d'oeil à ce dernier, "tu aurais pu m'aider un peu, quand même."

"Tu avais l'air de bien t'amuser," répliqua t-il. Il s'était contenté de le regarder, les bras croisés, d'un air ennuyé.

"Dis-moi," continua Gokuu en regardant de nouveau Kynon, "si c'est tout ce que je peux faire ici, qu'est-ce que tu dirais d'aller ailleurs pour continuer le travail ?" Le Thers lui jeta un regard surpris.

"Tu ne veux pas te reposer un peu ?" demanda t-il, interloqué. Gokuu écarquilla les yeux, d'un air étonné.

"Mais je ne suis pas du tout fatigué," répondit le Saiyen.

"Dans ce cas, suivez-moi." Il adressa un petit signe à l'équipe de construction, qui s'était déjà mise au travail pour 'habiller' la structure, et en faire un véritable barrage. Même s'ils n'étaient pas aussi rapides que Gokuu, ils auraient terminé dans quelques jours, jugea Kynon.

Le petit groupe remonta la pente en direction du village.

***

"Le peuple Thers est très ancien." Le chef semblait encore plus âgé maintenant qu'il faisait appel à ses souvenirs ; les gardiens avaient appris qu'il avait plusieurs centaines d'années d'existence.

"Mais pourtant," répliqua Kaï en jetant des regards dubitatifs autour de lui, "votre technologie ne semble pas très avancée."

"Détrompe-toi," répliqua son interlocuteur. "Tu dis cela parce que notre peuple ne te semble pas en avance du point de vue technique. A une époque pourtant, nous avions une technologie extrêmement développée."

"Mais alors --"

"Oui, nous l'avons délibérément abandonnée. Nous avons évolué d'un point de vue moral ; les anciens ont alors lentement décidé que notre peuple devait se consacrer à son développement spirituel, car même si la technique offre des avantages certains, ce n'est qu'une impasse, dans laquelle il est impossible de progresser. Et nous sommes revenus au stade dans lequel nous nous trouvons, sur le plan matérialiste."

"Très intéressant," marmonna Saki, perdue dans ses pensées. "Il est rare qu'un peuple tout entier choisisse ce genre d'évolution." Son frère acquiesça.

"Ensuite," continua le vieux sage, "nous avons pu améliorer notre connaissance de l'univers qui nous entoure, et de l'Autre Monde."

"A ce propos," fit remarquer Saki, "j'aimerais savoir dans quel 'univers' nous nous trouvons. Nous ne sommes manifestement pas dans l'Autre Monde -- vous semblez tous très vivants -- mais pas non plus dans l'univers des mondes inférieurs, où les créatures mortelles sont sensées vivre."

Le chef inclina lentement la tête, tout en semblant perdu dans ses réflexions.

"Nous avons, nous aussi, longtemps cherché à percer ce mystère," répondit-il, "une fois que nous nous sommes rendu compte de l'existence de l'univers inférieur. En fait, nous nous trouvons dans l'univers des Dieux, qui est intermédiaire entre le monde des vivants et celui des morts. Pourtant, nous ne sommes pas des Dieux."

"Vous êtes cependant capables d'utiliser la magie," remarqua Kaï.

"Nous sommes capables de manipulation d'énergie, en effet. Si c'est ce que vous appelez de la 'magie'. Mais les aptitudes de chacun varient beaucoup d'un individu à l'autre"

"Mais si nous nous trouvons dans le domaine des Dieux," continua Saki, toujours d'un air sérieux, "pourquoi ne pouvons-nous pas sentir l'énergie de ceux qui sont restés sur la planète de Kaioh-Shin ?"

"En êtes vous sûr ?" demanda le sage, d'un air énigmatique. "Avez-vous essayé ?"

"Et bien --" Les Gardiens étaient interloqués. "Pas depuis que nous sommes sortis du Labyrinthe, c'est vrai, mais --"

"C'est bien ce que je disais," fit l'autre, en agitant de nouveau la tête d'avant en arrière. "Le Labyrinthe est une dimension à part, il est impossible de ressentir quoi que ce soit provenant de l'extérieur une fois que vous y êtes entrés. Mais vous en êtes sortis, maintenant."

"Je comprends mieux," fit Saki, "pourquoi nous ne pouvions pas rejoindre les autres lorsqu'ils y sont entrés. Et aussi pourquoi nous ne pouvions plus nous téléporter lorsque nous étions à l'intérieur."

"Maintenant," continua l'ancien, "vous pourrez détecter la présence de vos amis, même s'ils sont très éloignés."

"C'est toujours bon à savoir," fit Kaï, songeur.

"Pour en revenir à notre discussion," coupa leur hôte, "j'ai encore quelques petites choses à vous dire."

Les deux Gardiens se turent, pour mieux se concentrer.

***

Trunks regardait Lyn sans comprendre ; ils se trouvaient dans un grand champ, où étaient plantés de nombreux arbres. La fée s'avançait sous chacun d'eux, tendait une main, et un ou deux fruits y tombaient systématiquement, sans qu'elle n'ait rien à faire. Au bout d'un petit moment, elle revint vers lui, les bras chargés de nourriture.

"Voila," fit-elle d'un ton joyeux, "j'ai terminé la cueillette." Elle déposa son butin dans l'herbe, et s'assit. Trunks en fit de même.

"La cueillette ?" s'étonna t-il. "Tu as une drôle de façon de cueillir des fruits." Il était maintenant affamé, mais il se retenait de se jeter sur ce qu'elle ramenait d'un air trop impatient.

"Pourquoi ?" demanda t-elle, en mordant à pleines dents dans un fruit strié d'orange et de rouge que Trunks n'avait jamais vu auparavant, "il existe une autre façon de faire ?" Il sourit.

"Peut-être pas sur cette planète," répondit-il, en s'emparant à son tour d'une sorte de gros citron tacheté de petits points verts. Il le regarda sous tous les angles d'un air dubitatif, puis croqua. Il fut agréablement surpris par le goût sucré de sa chair tendre et juteuse.

"Je me demande," continua t-il, tout en dévorant le fruit, "ce que mon père et les autres peuvent bien faire en ce moment."

"Oublie-les un peu," fit-elle, en agitant une main en l'air. "Ils vont très bien, ils n'ont pas besoin de toi en ce moment."

"Hein ?" demanda Trunks, étonné, sans cependant s'arrêter de manger. Une fois qu'il avait commencé, rien n'aurait pu l'interrompre. "Tu peux savoir ce qu'ils font ?" Elle lui jeta un regard malicieux.

"Bien sûr," répondit-elle en pouffant de rire. "Je t'apprendrais la technique, si tu veux."

"Ca pourra toujours me servir," fit-il. Il avalait maintenant les fruits les uns après les autres, en prenant à peine le temps de les mâcher. Lyn s'arrêta un instant de manger, pour le regarder faire, avec une expression amusée.

"C'est bon," fit-il, en souriant largement. Elle acquiesça, et jeta un coup d'oeil au sol ; il ne mit pas longtemps à engloutir tout ce qu'elle avait récolté.

"J'ai encore faim," ajouta t-il d'un ton impatient, lorsqu'il eut avalé la dernière bouchée. Il se leva rapidement, et s'avança sous un arbre. Il lui jeta un coup d'oeil, puis tendit une main, comme il l'avait vu faire.

"C'est un pommier," fit-elle, sans se lever.

"Tant mieux," acquiesça Trunks. "J'aime les pommes. Mais --" Il prit un air ennuyé. "Tu pourrais me dire comment tu fais ? Ca ne fonctionne pas, avec moi."

En effet, rien n'était encore tombé dans sa main. Il tordit le cou, pour jeter un coup d'oeil dans le feuillage. Pourtant, se dit-il, les pommes sont bien là.

"Allons," fit Lyn, d'une voix plus forte, en regardant le ciel. "Ce n'est pas très gentil de votre part."

"A qui est-ce que tu parles ?" demanda t-il. Puis il se souvint de la voix de Shi qu'il avait entendue lors de son arrivée sur cette planète.

"Il a les mêmes droits que moi, maintenant," continuait Lyn, sur un ton de reproche.

"Hein ?" L'arbre frissonna, comme s'il prenait vie.

Puis une pomme tomba dans la main de Trunks. Celui-ci sourit.

Un autre fruit suivit le premier.

Puis un autre.

En quelques instants, une véritable pluie de pommes s'abattit sur le malheureux Trunks, qui se retrouva à moitié recouvert. Lyn se frappa une main sur le front en agitant la tête de droite à gauche.

"Jaloux," fit-elle, en tournant son regard vers les nuages, tandis que Trunks la regardait, totalement éberlué. Mais personne ne lui répondit.

***

Kynon et les deux Saiyens faisaient maintenant face à un champ immense. Les céréales -- une sorte de blé aux épis gigantesques -- était mur, et pratiquement sec. Plusieurs dizaines de villageois s'étaient répartis pour couper les longues tiges. Mais ils ne progressaient que très lentement.

"Et il faut tout ramasser ?" demanda Gokuu, les mains sur les hanches, d'un air presque amusé. Tout ça lui rappelait le temps où il s'entraînait sur Terre, avec Tortue Géniale. Même si les travaux que lui proposait maintenant Kynon étaient un peu plus difficiles que ce qu'il avait dû faire durant cet entraînement, la comparaison éveilla de profonds souvenirs dans l'esprit du Saiyen ; la sensation d'épuisement qui survenait généralement après une dure journée de travail ; le repas du soir en compagnie de son maître, de Krilin et de Lunch ; le sentiment d'appartenir à un groupe, presque une famille ; savoir qu'il avait des amis.

Gokuu secoua la tête, pour revenir au présent.

"C'est ça," disait Kynon. "Si tu en as le courage, tu pourrais nous aider à terminer cette récolte avant l'arrivée des pluies."

"Ne bougez pas," répondit Gokuu d'un ton joyeux. "Ca ne me prendra pas longtemps. Mais il faudrait que tous ces gens sortent de là, s'ils ne veulent pas être blessés." Kynon écarquilla les yeux. Il jeta un regard à Végéta. Celui-ci haussa un sourcil.

"Tu ferais mieux de l'écouter," fit-il. Kynon acquiesça rapidement, puis il entreprit de faire évacuer le champ. Une fois que tous les villageois les eurent rejoints, Gokuu fit lentement quelques pas en avant.

Il leva une main, et matérialisa un disque d'énergie au-dessus de sa tête.

Avec un cri de joie, il le projeta à pleine vitesse devant lui, tout en dirigeant sa trajectoire de rapides mouvements de la main.

A quelques centimètres du sol, le disque tranchait tout ce qu'il rencontrait sur son passage. En quelques instants, le champ tout entier se retrouva rasé. Gokuu rappela à lui le disque de lumière, puis il le fit disparaître. Il se retourna vers les Thers, qui regardaient le champ, bouche bée.

"Il ne reste plus qu'à tout ramasser," fit Gokuu, d'un ton joyeux.

"Quel gamin," fit Végéta, en souriant légèrement. "Il lui en faut vraiment peu pour s'amuser."

Les villageois entreprirent de charger la récolte dans leurs charrettes, tandis que Kynon guidait Végéta et Gokuu vers le prochain chantier.

***

"Votre venue sur cette planète," fit le vieux chef d'une voix chevrotante, "est loin d'être un hasard. Elle correspond à un événement prévu de longue date."

"Quel événement ?" demanda Kaï.

"Il y a des choses que je ne suis pas en mesure de vous dire. D'autre part, vous allez le découvrir bien assez rapidement par vous-même." Kaï prit une moue boudeuse. Il n'aimait pas qu'on ne réponde pas à ses questions.

"Ce que je peux vous dire, en revanche," continua le doyen du village, "c'est que malgré les capacités de prédiction de l'ensemble du conseil des anciens, il nous est impossible de savoir de quoi sera fait l'avenir proche. Nous avons su de tout temps que vous viendriez un jour, et que vous agiriez comme vous l'avez fait, mais nos visions s'arrêtent là."

"Notre destin était alors tout tracé ?" demanda Saki, d'une voix presque triste.

"Ah," fit l'autre, de son expression la plus mystérieuse, "c'est un sujet de polémique très important en effet. Dans quelle mesure pouvons-nous affirmer que nous sommes libres d'agir si nos actions sont prédéfinies ?"

"Si vous avez pu prévoir les nôtres," continua Saki, "alors il est clair que nous n'avons aucun libre arbitre, malgré l'illusion que nous en avons."

"C'est un peu plus complexe que ça," affirma le vieillard, en hochant de nouveau la tête. "Le fait que nous ayons pu lire l'avenir ne doit pas vous faire penser que vous ne possédez aucune liberté d'action ou de décision. C'est même tout le contraire, mais nous savions simplement que vous agiriez d'une certaine manière."

"C'est tout de même assez frustrant pour nous," fit Kaï. "La surprise n'a pas été très importante pour vous, si vous aviez connaissance de la façon dont les choses allaient se dérouler."

"C'est pour ça que nous sommes complètement démunis face à l'avenir," répliqua son interlocuteur. "Vous devez absolument réussir la prochaine épreuve qui vous sera imposée, mais personne n'est en mesure de prédire si vous allez réussir ou pas."

"Quelle épreuve, à la fin ?" demanda Kaï, légèrement énervé à présent. Sa soeur lui adressa un regard lourd de reproches.

"Ce n'est pas mon rôle de vous le dire," répondit l'ancien, sur un ton de voix égal. "C'est l'Eternel qui vous le fera savoir, lorsque le temps sera venu."

"Nous y sommes," fit Saki. "Comment allons-nous faire pour entrer en contact avec lui ? Nous ne savons pas où aller pour le trouver."

"Ca, je peux vous le dire." Une lueur se mit à briller dans le regard des deux Gardiens. "Il vous faut vous rendre à l'endroit d'où vous pourrez communiquer avec l'Eternel."

"Ca ne ressemblerait pas à un disque ?" demanda Piccolo, qui prenait la parole pour la première fois depuis le début de la conversation ; mais le Namek avait jusque là préféré se taire, et écouter.

"C'est bien ça," répondit le sage. "Il se trouve dans le grand désert, situé à l'ouest de ce village. Mais personne en dehors du conseil des anciens ne connaît son existence, et à fortiori sa localisation exacte. Vous devrez donc le trouver par vous-même, à moins que Lyn ne décide de venir vous aider."

"Encore une épreuve," marmonna Piccolo, en refermant les yeux. Il commençait vraiment à en avoir assez d'attendre et de ne pouvoir rien faire pour que les choses avancent plus vite ; cependant, il pressentait que lorsque le moment de bouger serait venu, il ne pourrait pas non plus se révéler d'une grande utilité.

Une goutte de sueur coula le long de la joue du Namek.

***

Kynon semblait totalement épuisé ; il n'était pas parvenu à fatiguer les deux Saiyens, qui, en dépit de tout ce qu'il leur avait proposé pour les occuper, étaient toujours aussi frais. Gokuu s'épousseta les mains, considéra un moment avec un sourire la maison qu'il venait de construire -- un peu grande pour des Thers, mais ils devraient faire avec -- puis il jeta un regard satisfait aux deux autres. Même si Végéta n'avait pas activement participé à tous les travaux, il s'était révélé utile au moment de raser la précédente construction, afin de faire place nette. D'ailleurs, Végéta était toujours plus intéressé lorsqu'il s'agissait de détruire, que de construire.

"Je suis désolé," fit Kynon, "mais vous avez terminé tous les travaux urgents du village."

"Ca ne fait rien," fit Gokuu, en souriant. "On va pouvoir souffler un peu, et surtout aller manger." Il rayonnait intérieurement : toute cette activité l'avait mis en appétit.

"Tiens," fit-il remarquer, en levant le nez vers le ciel, "ils reviennent." Kynon regarda autour de lui, mais ne put rien voir d'autre que le ciel bleu et quelques nuages, à l'horizon.

Quelques instants plus tard, Gohan, Goten et Uubu se posèrent à proximité du trio.

"Tout va comme vous voulez ?" demanda Gokuu, en les saluant de la main. Ses fils et son élève firent de même.

"Ca va," répondit Goten. "On n'a rien vu d'anomal. Les anciens soldats se tiennent tranquille pour le moment, ils ne sont pas du tout organisés."

"Si vous avez des problèmes avec eux," continua Gohan en regardant Kynon, "vous pourrez toujours nous en parler."

"J'y penserai," répondit l'autre.

"Et si nous rentrions ?" demanda Goten, en passant une main sur son estomac qui grondait. Personne ne protesta.

***

Saki était plongée dans ses réflexions, à la suite d'une nouvelle phrase sibylline du vieux sage. Le regard perdu dans le vague, le menton dans une main, elle ne vit même pas son frère lever la tête pour jeter un coup d'oeil par-dessus son épaule.

Elle sentit soudain deux mains se poser contre son ventre, pour lui faire les chatouilles les plus inattendues de sa vie. Elle écarquilla les yeux, et fit un bond de quelques mètres, en poussant un glapissement de terreur.

Lorsqu'elle retomba au sol, elle se retourna, avec la ferme intention de trucider celui qui venait de lui faire une telle surprise. Elle tomba nez à nez avec un Gokuu hilare, plié en deux par le rire. Goten, Gohan et Uubu étaient également tout rouges à force de s'esclaffer. Elle était tellement préoccupée par ses pensées qu'elle ne les avait même pas entendus venir.

"C'est malin !!" hurla t-elle, en serrant les poings. Si elle n'avait pas su qu'elle risquait de se faire mal, elle aurait volontiers assommé Gokuu. Ce dernier, sans pouvoir s'arrêter de rire, lui posa une main sur l'épaule, comme pour s'appuyer.

"Pardonne-moi," fit-il avec difficulté. "C'était plus fort que moi, je n'ai pas pu m'en empêcher." Saki vit qu'au moins, Végéta et Kynon ne se moquaient pas d'elle : le premier semblait ennuyé par tout ce cirque, et le second ne voulait manifestement pas se mêler des affaires des autres. Par contre, Kaï ne pouvait se retenir de pouffer dans sa barbe.

"Et tu trouves ça drôle, toi ?!" lui cria t-elle au visage. Il fallait qu'elle passe sa colère sur quelqu'un. Son frère, au lieu de se calmer, finit par éclater franchement de rire.

"Si tu voyais ta tête," fit-il, "on dirait que tu as vu un fantôme. C'est trop drôle."

"Bon, ça suffit, maintenant," fit la Gardienne, en se détournant pour bouder. "Vous êtes déjà rentrés ?" demanda t-elle, en penchant la tête dans la direction des Saiyens.

"Ils ont achevé tous les travaux importants en cours," fit Kynon, d'un ton presque déçu.

"On avait décidé d'aller chasser, pour trouver quelque chose à manger," déclara Gohan. "Nous sommes simplement revenus vous proposer de venir avec nous." Saki leva fièrement la tête, en prenant un air supérieur.

"Vous vous imaginez honnêtement que je vais aller chasser ? Avec vous ?"

"Tant pis," fit Gokuu. "Et toi, Kaï ?" Ce dernier jeta un regard amusé à sa soeur.

"Je viens," répondit-il. "Un peu de détente, ça ne me fera pas de mal. Je te rapporterai quelque chose, petite soeur," fit-il en se levant.

"Pff," souffla t-elle. "Fais ce que tu veux."

Ils partirent au pas de course, et en discutant gaiement. Saki, calmée, se retourna vers le banc, où attendait toujours le doyen du village.

"Ce n'est pas très bon pour le cœur !" Saki sentit toute sa colère remonter.

"Ah vous, ce n'est vraiment pas le moment !" hurla t-elle. Le vieillard fut pratiquement soulevé de terre par la force de son cri.

***

"Tu es prêt ?" demanda Lyn, en finissant d'ajuster sa combinaison de combat. Elle plaça les dernières lames empoisonnées à sa ceinture, et releva la tête. Trunks semblait mal à l'aise dans ses nouveaux vêtements. Etant donné que les siens étaient complètement en lambeaux après l'enthousiasme qu'il avait manifesté au moment de suivre Lyn dans le lac, elle lui avait offert une nouvelle tenue. Le pantalon et le maillot, entièrement noirs, lui donnaient l'impression de trop le serrer, bien que le tissus fut totalement souple et étirable. Elle avait également fait apparaître de nouvelles bottes courtes à ses pieds, et des gants blancs entouraient ses mains.

"J'ai la sensation de me retrouver dans une combinaison de plongée," fit-il, en souriant faiblement.

Lyn le dévisagea de bas en haut. Le vêtement était superbe ; parfaitement moulant, il faisait ressortir tous ses muscles, et il ne le gênerait pas dans ses mouvements.

"Aha," fit-elle, en acquiesçant de la tête. "Tu vas t'y faire, il te faut bouger un peu, c'est tout."

"Mais tu portes exactement la même chose," fit-il. "On dirait deux jumeaux."

"Et ça te déplait tant que ça ?" demanda t-elle, en mettant les mains sur les hanches. Trunks leva la tête, et lui rendit son sourire.

"Non, c'est parfait," répondit-il, avec un regard complice. "Mais ça," fit-il, en jetant un coup d'oeil à sa ceinture, "je ne sais pas du tout à quoi ça peut servir."

"Fais attention !" s'exclama t-elle, en le voyant poser les doigts un peu partout. Il finit par presser un bouton camouflé, et l'extrémité d'une lame acérée jaillit. Trunks sursauta.

"Le poison déposé sur cette arme," fit Lyn en s'approchant, "pourrait te tuer en quelques secondes. Je me demande si j'ai bien fait de te confier ce type de matériel, après tout." Elle replaça la petite lame dans sa cachette.

"Je n'y touche plus, promis !" fit-il, en levant les bras au ciel.

"Et maintenant, tu es prêt ?" demanda t-elle, légèrement agacée. Trunks acquiesça, avec un air sérieux.

"Alors pose ta main sur mon épaule." Il s'exécuta.

"Tu sais te téléporter, toi aussi ?" demanda t-il. "Comme Gokuu ?"

"Je ne pense pas que ce soit la même technique," répondit-elle. "Il me faut beaucoup de concentration pour y parvenir, et beaucoup d'énergie aussi. C'est pour ça que je ne l'utilise pas très souvent."

"Je vois."

Elle se tut, et prit un air pensif pendant quelques instants. Puis, ayant manifestement trouvé ce qu'elle recherchait, elle fit augmenter son niveau d'énergie. Trunks sentit de nouveau le monde basculer autour de lui, et le sol s'effondrer sous ses pieds.

***

Les chasseurs avaient préféré se séparer dans la forêt, pour augmenter leurs chances de trouver du gibier. Goten et Uubu étaient partis ensemble, ainsi que Kaï et Gohan. Quant à Végéta, il s'était éloigné dans la direction opposée à celle que Gokuu avait décidé de suivre -- il était toujours persuadé qu'il ne pourrait avoir que de mauvaises surprises en compagnie de l'autre Saiyen.

Gokuu, justement, suivait une trace. Aidé de son odorat, et des marques que l'animal laissait sur la végétation, il avançait prudemment, en prenant garde de ne faire aucun bruit.

Il s'immobilisa subitement ; il venait de voir un buisson frémir. Un sourire de prédateur s'étira sur ses lèvres. Sa proie était très prudente, car elle ne donnait aucun signe de vie -- il ne pouvait même pas ressentir son énergie -- mais il venait de la débusquer. Gokuu s'accroupit, se mettant instinctivement en position d'attaque. Il leva une main, contracta tous ses muscles, et attendit le moment propice.

Une ombre jaillit du buisson, et le sang de Gokuu ne fit qu'un tour. Il se jeta en avant à toute vitesse, tandis que son bras commençait à prendre de la vitesse dans un rapide mouvement de fauchage.

Puis sa main s'immobilisa à quelques millimètres de sa cible, tandis que celle de Végéta s'arrêta dans la même position, juste sous sa gorge. Les deux Saiyens se fixèrent un moment dans les yeux, trop étonnés pour parler, totalement figés sur place.

"Kakarotto !" explosa Végéta, en ramenant ses poings en arrière. "Mais qu'est-ce que tu fais là ?"

"Et toi ?" répliqua l'autre, en se grattant la nuque d'un air déçu. "J'étais sur une piste --"

Un feulement le fit taire. La panthère que Gokuu avait jusque là suivie se jetait sur eux du haut d'une branche, toutes griffes en avant. Elle fut accueillie par deux coups de poing simultanés sous la gorge, ce qui brisa instantanément sa nuque. L'animal, mort, s'affala au sol.

"C'est moi qui l'ai eu !" cria Gokuu, le bras toujours tendu en avant. Végéta, qui se tenait dans une position exactement symétrique, se mit à ricaner.

***

Le petit cortège ne passait pas inaperçu au milieu des champs des Thers. Gokuu avait obtenu de pouvoir porter le fauve, même s'il avait dû reconnaître que c'était Végéta qui l'avait abattu. Uubu et Goten avaient tué un cerf, tandis que Kaï tenait un malheureux lapin par les oreilles. Ce qui fit exploser sa soeur de rire lorsqu'ils débarquèrent dans le village. Kaï l'ignora superbement, et suivit l'exemple des chasseurs, qui entreprirent de vider leurs proies, pour ensuite les faire griller.

En plein milieu du repas, une ribambelle de gamins déboulèrent en trombe sur la place. Tandis que Piccolo ouvrait un oeil pour s'assurer qu'ils ne venaient pas dans sa direction, l'un d'eux s'avança jusqu'à Kynon, et lui glissa quelques mots à l'oreille. L'autre faillit s'étrangler avec le morceau de viande qu'il était en train de grignoter.

"Qu'est-ce qui se passe ?" demanda Gohan, en levant la tête.

"Trunks," finit par articuler Kynon. "Et Lyn. Ils viennent par ici." Saki s'arrêta de rire pour le coup, tandis que Végéta se dépêcha d'engloutir sa propre part. De telle façon qu'il eut les mains libres lorsque le couple débarqua sur la place du village. Trunks s'approcha avec un sourire vers le groupe, en faisant un signe en "V" de la main.

"Pour une arrivé discrète," fit Goten, "c'est réussi." Trunks le fusilla du regard. Tout le village Thers était aux fenêtres ; ce n'était pas tant Trunks qui les intéressait, mais surtout Lyn, qu'ils voyaient pour la première fois.

"Comme on se retrouve," fit Végéta, en toisant son fils et sa compagne d'un air hautain. "Et bien, c'est carnaval aujourd'hui ?" Trunks jeta instinctivement un regard sur les vêtements qu'il portait, identiques à ceux de Lyn. Finalement, il s'était rendu compte que cette tenue était très pratique ; il n'en changerait pour rien au monde.

"Salut," fit Lyn, d'un ton joyeux. "Contente de vous revoir."

"Si ce n'est pas indiscret," continua Végéta, en la suivant des yeux tandis qu'elle s'avançait au milieu du groupe, "pouvons-nous savoir pour quelle raison vous êtes revenus ?"

"Lyn a décidé de nous aider," répondit Trunks ; les regards se tournèrent dans sa direction. "Elle va nous conduire au dernier disque, et on pourra savoir ce que l'Eternel attend de nous, maintenant." Son père haussa un sourcil.

"Ca tombe plutôt bien," fit Saki, en faisant signe à la magicienne de venir s'asseoir à côté d'elle ; ce que Lyn s'empressa de faire. "Le chef du village nous avait justement dit que nous aurions besoin d'un guide pour y parvenir."

"Je le sais bien," répliqua Lyn. Elle jeta un regard à Trunks, qui lorgnait maintenant avec envie sur les restes de leur repas.

"Tu veux manger quelque chose ?" lui demanda Kaï, en voyant qu'il en salivait déjà. Les pommes n'avaient manifestement pas totalement rempli son estomac.

"Sers-toi," fit Saki. "Il reste du lapin." Sur quoi, elle éclata de nouveau de rire, tandis que son frère soupira en secouant la tête d'un air désespéré. Trunks s'empara de ce qui restait du petit animal, et prit immédiatement une mine plus réjouie.

***

"On va pouvoir y aller, maintenant ?" demanda Piccolo d'un ton colérique. Il ne cessait de maugréer à propos de tout le temps qu'ils perdaient pour remplir les estomacs sans fond des Saiyens. Ce qui était d'après lui totalement inutile, sachant qu'ils seraient de nouveau vides quelques heures plus tard. Il n'avait fait qu'absorber un peu d'eau depuis la veille.

"Maintenant, oui," répondit Gokuu, avec un large sourire ; il s'était bien amusé depuis qu'ils étaient sortis du Labyrinthe, mais il lui tardait aussi de reprendre leur chemin.

"Vous partez tout de suite ?" demanda Kynon, un peu déçu. Il avait fini par s'habituer à la personnalité des Saiyens. Lyn pencha la tête de côté.

"Bien sûr, ils ont quelque chose d'important à faire."

Le chef du village s'avança lentement jusqu'à eux, pour leur faire ses adieux. Puis il tendit un bras vers le jardin qui ornait le centre de la place.

"Pensez à prendre vos amis avec vous. On ne peut pas dire qu'ils soient très bruyants, mais ils doivent s'ennuyer à mourir." Ils tournèrent tous un regard étonné vers le petit coin de nature.

"Khor et Ahm !" s'exclama Gohan, en se frappant le front d'une main. "Nous les avions complètement oubliés !" Les deux Gardiens de l'Eternel reprirent leur forme visible, sous le regard amusé des Thers. Puis il s'avancèrent d'un air penaud vers le groupe.

"Vous étiez au courant de notre présence depuis longtemps ?" demanda Ahm. Le doyen sourit, et acquiesça de la tête.

"Depuis le début, bien entendu. Mais nous n'osions pas vous déranger, vous avez l'air tellement timides. Ahm, à peu près quatre fois plus haut que le chef, baissa la tête pour mieux le regarder. Les autres éclatèrent de rire.

"En route," lança Piccolo, qui commençait vraiment à perdre patience. Il s'éleva de quelques mètres dans les airs, et les autres le suivirent un à un. Lyn prit la tête du groupe.

"Et c'est reparti," maugréa Khor, en testant les muscles de ses jambes qui avaient été éprouvés par les derniers évènements. "Il faudra vraiment qu'on apprenne à voler, nous aussi, un de ces jours."

Les deux grandes créatures se mirent à la poursuite de la petite formation aérienne, qui disparaissait déjà à l'horizon.


Chapitre 16

Spoiler
Le groupe avait survolé une bonne partie du territoire des Thers. Les vallées verdoyantes avaient petit à petit laissé place à une chaîne de montagnes ; de l'autre côté, le climat était beaucoup plus aride. Ils étaient alternativement passés au-dessus de plaines désolées, puis de vastes étendues rocailleuses, pour maintenant se retrouver à la verticale d'un désert de sable, qui apparaissait presque blanc sous le reflet du soleil.

Lyn incurva soudainement sa trajectoire vers le sol, et les autres la suivirent. Ils arrivèrent bientôt en vue du dernier disque qui devait jalonner leur parcours. Celui-ci, s'il possédait les mêmes motifs que ceux qu'ils avaient eu l'occasion de voir, était cependant beaucoup plus grand. Mais il possédait exactement les mêmes caractéristiques curieuses : en plein désert, malgré le vent et le sable, pas un grain de poussière n'était visible sur sa surface immaculée.

Ils se posèrent l'un après l'autre à quelques mètres du bord. A peine Piccolo eut-il posé ses pieds au sol, qu'il tourna la tête dans la direction d'où ils étaient venus.

"Les Gardiens de l'Eternel ne vont pas tarder à nous rejoindre. Nous n'avons pas volé très vite, et ils sont rapides."

"Ils ont aussi eu l'occasion de s'entraîner, ces derniers jours," fit Gokuu, sur un ton ironique.

Les autres regardaient avec déférence le magnifique disque blanc, qui resplendissait sous le soleil. L'endroit était imposant. L'air était totalement immobile, et la grande étendue de sable, totalement vide, où régnait une chaleur étouffante, imposait presque le silence. Ils se jetèrent un regard tendu : l'atmosphère était plus que lourde. C'était le moment de vérité. Ils allaient enfin savoir si leur souhait était réalisable ou non.

Quelques minutes plus tard, Uubu, qui jetait des regards dans toutes les directions, tendit un doigt devant lui.

"Regardez," fit-il. Un nuage de poussière s'élevait à l'horizon ; c'était Ahm et Khor, qui fonçaient droit vers eux. Ils s'arrêtèrent en projetant une grande gerbe de sable, non loin des autres ; puis ils les rejoinrent.

"Ca fait longtemps que vous êtes là ?" demanda Ahm, en sautillant sur place, tout comme son congénère.

"Non," répondit Gohan. "On vous attendait."

"Mais qu'est-ce qui vous arrive ?" demanda Trunks, remarquant leur petite danse ridicule. Khor s'avança vers lui, et souleva un pied ; la peau de sa plante était totalement rouge. L'air se troublait au-dessus, signe qu'elle était extrêmement chaude.

"On va finir par attraper des ampoules, à force de courir," fit-il avec un sourire féroce, qui dévoila ses longues dents blanches. Trunks acquiesça, incertain de l'attitude à prendre.

"Vous voilà réunis." Ils sursautèrent tous au son de la voix de l'Eternel. Lyn posa les mains sur les hanches, et fixa d'un air décidé la zone délimitée par le grand disque blanc.

"Vous vous décidez enfin à parler," fit-elle. Puis elle sourit. "Je pensais que vous boudiez."

"Pas la peine d'en rajouter," fit son interlocuteur invisible.

"Nous voila, en effet," fit Saki, en s'approchant de Lyn. "Je pense qu'il est temps d'arrêter le jeu maintenant, n'est-ce pas ?"

"Tu as raison. Vous avez franchi les diverses épreuves assez facilement ; plus que je ne l'espérais, en tout cas."

"Hum." Piccolo ne partageait pas cette opinion.

"Je dois tout de même vous remercier," fit l'Eternel. "Je me suis bien amusé, et ce n'est pas fini."

"Comment ça ?" demanda Saki. "Nous n'avons pas fait tout ce que vous nous avez demandé ?"

"Allons," répondit l'autre. "Vous avez tout au plus fait ce que vous pouviez, rien de plus. Mais pour répondre à ta question, vous avez encore le plus dur devant vous." Tous les visages se tendirent de déception.

"Ne faites pas cette tête," fit l'Eternel, d'un ton joyeux. "C'est la partie la plus intéressante qui vous attend, maintenant. Mais tout d'abord, j'ai une bonne nouvelle pour vous."

"Ah ?" fit Végéta, sarcastique comme toujours. "La seule bonne nouvelle que vous pourriez nous annoncer, c'est que cette petite comédie soit définitivement terminée. J'en ai plus qu'assez de ce cirque." Il avait levé un poing vers le disque, en signe de défi. Les autres tournèrent un regard étonné vers lui ; s'il n'avait jamais manqué de culot, Végéta n'avait rien perdu non plus de sa combativité naturelle.

"Aaah," fit la voix de l'Eternel. "Les Saiyens, toujours impétueux, exactement comme je les avais imaginés." Il éclata de rire, ce qui fit monter un peu plus de couleurs au visage de Végéta.

"Non, restons sérieux," continua l'Eternel. "Je voulais vous annoncer que votre vœu sera accompli. Je vais recréer l'univers inférieur, comme vous le souhaitiez." Ils écarquillèrent tous les yeux. Sauf Lyn.

"Je vous connais," fit cette dernière. "Vous ne donnez jamais rien gratuitement. Qu'est-ce que vous nous cachez ?"

"Tu as raison," fit l'autre. "J'attends une dernière chose en échange. En fait, vous l'attendez aussi depuis longtemps."

"De quoi s'agit-il ?" demanda Lyn, en étrécissant les yeux, sur un ton de voix méfiant.

"De votre revanche. Tout le monde a droit à une seconde chance." Le disque se mit soudain à briller plus intensément, et un bruissement s'éleva autour d'eux ; instinctivement, ils reculèrent tous d'un pas. La structure de la surface immaculée se modifiait : tandis qu'elle devenait parfaitement plane, elle devenait aussi plus terne. Mais l'étoile brillante ne disparut pas. Enfin, une lueur s'éleva au centre du disque. Elle s'étira, en ondulant doucement, et sembla se ramasser sur elle-même, pour prendre l'apparence d'un fantôme. Une forme lumineuse se modela lentement, puis se stabilisa. La lumière se transforma subitement en matière, et une forme humanoïde finit par émerger.

Ils reconnurent tous Shi. Le bruit strident s'estompa, ainsi que tous les phénomènes lumineux.

Aussitôt, Végéta serra les poings, et les autres purent sentir sa puissance augmenter. Mais ils ne quittèrent pas leur ancien ennemi des yeux.

"Du calme," fit ce dernier en levant une main vers eux. "Je suis ce que vous pourriez appeler la 'bonne' partie de l'Eternel, le Créateur. Je suis là pour accomplir votre souhait."

"Ainsi, voila votre apparence physique," fit Lyn, d'un ton énigmatique. Shi lui sourit. Il n'y avait aucune mauvaise intention dans ce visage calme. Une étrange sensation de paix et d'harmonie se dégageait de celui qu'ils n'avaient jusque là connu qu'en tant que Shi. Mais il était différent ; il n'avait manifestement aucune mauvaise intention à leur égard. Rapidement, Végéta se calma, tandis que les autres se détendaient.

"Venez plus près," fit-il, en décrivant un demi-cercle de la main. Ils le regardèrent, sans savoir trop quoi faire.

Ce fut Lyn qui s'avança en premier vers lui. Elle tourna la tête, et leur fit signe d'avancer.

"Allons," fit-elle. "Il ne va pas vous manger. Venez."

"Puisque ce n'est plus Shi," fit Gokuu avec entrain, "on peut y aller, non ?" Il fit quelques pas, et se retrouva aux côtés de Lyn. Trunks le suivit, puis ce fut au tour de Goten, Gohan, Uubu, des Gardiens, de Khor et Ahm. Piccolo et Végéta s'avancèrent en dernier, sans quitter des yeux celui qui prétendait ne pas être Shi.

"Il plongerait la main dans de l'huile bouillante si on lui assurait que c'est sans danger," fit amèrement Piccolo, en jetant un bref coup d'oeil à Gokuu. Végéta acquiesça. La naïveté de Kakarotto l'avait toujours dépassé.

"Vous voyez," fit l'Eternel. "Ce n'était pas si compliqué." Il sourit de nouveau. "Et maintenant," ajouta t-il, "je vais exaucer votre vœu." Il tendit un bras à la verticale. Une petite lueur apparût à quelques centimètres de la pointe de son index dressé. Soudain, le paysage de la planète des Thers s'effaça. Ils jetèrent tous des regards de panique vers l'obscurité qui entourait le disque de toutes parts.

"Qu'est-ce qui se passe ?" demanda Goten, complètement déstabilisé.

"Pas d'affolement," fit l'Eternel, bras toujours tendu vers le haut. La lumière se fit un peu plus intense, mais ils ne purent toujours pas voir autre chose que les ténèbres les plus complètes en dehors de la zone circulaire dans laquelle ils se trouvaient. "Nous sommes maintenant dans l'espace vide laissé par la destruction de votre univers."

"Notre univers ?" fit Trunks, étonné. "Il en existe d'autres ?"

"Bien sûr," répondit l'autre, en tournant son regard rassurant vers lui. "Il existe une infinité de lignes temporelles différentes, ce qui vous est arrivé n'est qu'un scénario possible parmi tant d'autres. Mais malheureusement pour vous, on ne peut pas passer librement de l'une à l'autre."

"Je n'y comprends rien du tout," fit Gokuu, en secouant la tête.

"Ca n'a aucune importance. Maintenant, regardez bien."

L'Eternel prit une expression plus sérieuse. Soudain, la lumière explosa dans toutes les directions, les aveuglant tous.

"Que -- qu'est-ce qui se passe ?" demanda Gohan, alarmé. Ils se frottaient tous les yeux, pour retrouver la vue le plus vite possible.

"C'est ce qu'on pourrait appeler -- l'acte de création primaire. L'univers est en train d'être restauré. Tout comme vous le souhaitiez."

Ils finirent par voir de nouveau. Lorsque Trunks rouvrit les yeux, ils les écarquilla.

"Re -- regardez," fit-il, totalement incrédule. Les autres tendirent le cou vers le "haut". Autour d'eux, de petites lumières se mettaient à clignoter, puis se stabilisaient. Elles étaient de plus en plus nombreuses à apparaître.

"C'est beau," fit Saki, en regardant dans toutes les directions. "On dirait un nuage de lucioles. Ou bien --"

"Oui," fit l'Eternel. "Ce sont les étoiles. Il faudra un petit moment pour que tout redevienne comme avant."

"Et -- et les êtres vivants ?" demanda Gokuu, pris d'un espoir fou.

"Ils seront ressuscités, bien entendu," répondit son interlocuteur. "Ils ne se souviendront même pas d'avoir été tués. Pour l'univers entier, tout sera exactement comme si rien n'avait changé."

"J'aimerais savoir quelque chose," fit Saki. "Ca m'a toujours préoccupé."

"Pose ta question. Il sera bientôt trop tard."

"Bien, voila. J'aimerais savoir pourquoi vous avez créé cet univers. Pourquoi vous vous donnez la peine de faire vivre des centaines de milliards de créatures mortelles dans un tel environnement. Pourquoi nous naissons, et pourquoi nous sommes appelés à mourir un jour. Quelle est votre motivation, quels sont vos intérêts."

"Ah," fit l'Eternel, d'un ton songeur. "La grande question, celle que toute créature intelligente est amenée à se poser un jour." Saki acquiesça. Les autres retenaient leur souffle. Autour d'eux, les points brillants se faisaient de plus en plus nombreux. Lentement, les galaxies se reformaient, dans une chorégraphie ahurissante de grâce et de majesté.

"Et bien, j'accepte de te répondre." Saki écarquilla les yeux. Elle allait enfin savoir.

"Mes intérêts, comme tu dis, sont nombreux. Mais la raison principale --" Il rassembla les mains à hauteur de son ventre. Les extrémités de ses doigts se touchèrent. "-- peux-tu imaginer ce que c'est que d'avoir la possibilité de créer ? De créer vraiment, de faire naître quelque chose, de permettre qu'il existe ?" Saki secoua lentement la tête.

"Je ne crois pas."

"C'est bien ce que je veux te faire comprendre. Imagine que tu puisses donner la vie à un ensemble de données, à un concept purement théorique. Et que les données se mettent à interagir entre elles, de façon coordonnée, sans aucune intervention de ta part, mais selon une certaine logique que tu aurais fixée une bonne fois pour toute. Tu saisis ?"

"Je -- je pense comprendre, oui."

"A ce moment là, lorsque tu aurais compris de quelle façon tu peux donner vie à ton concept, que ferais-tu ?" Saki ne chercha même pas à répondre. Autour d'eux, les étoiles formaient maintenant de grands nuages lumineux. Quelque part dans cet espace infini, dans un bras éloigné d'une galaxie spiralée, une petite planète bleue apparût à son tour. "Tu n'aurais qu'une envie, celle de voir de quelle façon tout ça va évoluer. Plus concrètement, le concept élémentaire que j'ai réussi à imaginer, c'est l'interaction de l'énergie. C'est la base, l'énergie se condense pour donner la matière, qui peut à son tour se comporter suivant un ensemble de lois. A partir de là, la vie a pu naître. Les êtres doués d'intelligence, et les autres. Mon principal but était de voir de quelle façon toutes ces créatures allaient agir. Comment ma création allait évoluer, pour quelles raisons. Le destin individuel de chaque créature est à la fois insignifiant, et la chose la plus importante au monde, c'est ce qui m'intéresse. Est-ce que j'ai répondu à ta question ?"

Saki était comme pétrifiée. Même si elle savait qu'elle ne comprenait pas dans le détail ce qui venait de lui être expliqué, elle venait de saisir au moins l'idée selon laquelle le Créateur avait mis à exécution le projet le plus insensé que l'on puisse imaginer : donner une réalité matérielle à toute chose. Il n'avait eu qu'une chose à faire, donner l'impulsion initiale, définir les lois de comportement élémentaires, et ensuite observer de quelle façon les choses allaient se passer.

La Gardienne en était éblouie. Mais immédiatement, une bonne centaine de questions surgirent à son esprit. Trop de points restaient encore obscurs. L'Eternel leva une main vers elle.

"Je n'aurai plus le temps de répondre à tes demandes, j'en suis désolé. Le processus est presque terminé. Il est temps que je vous informe de ce qui va suivre." Toutes les attentions se concentrèrent vers lui.

"La partie 'mauvaise' va bientôt dominer en moi. Shi, si vous préférez. Vous devez absolument le vaincre pour que ce nouvel univers survive. Je vous ai donné une seconde chance, mais c'était aussi la dernière. Si vous mourez, tout sera perdu." Ils déglutirent avec peine.

Soudain, l'Eternel se replia sur lui-même, en se prenant la tête à deux mains. Il tomba à genoux au sol.

Et se mit à hurler. D'un cri inhumain, insupportable.

Ils se rendirent compte que l'obscurité faisait petit à petit place à la lumière. Le disque émergea de l'ombre, et ils s'aperçurent qu'ils se trouvaient sur une planète qu'ils ne connaissaient pas. Le sol était pierreux, sombre, et le ciel était presque rouge, chargé de nuages déchirés.

Le corps de l'Eternel se mit à briller, et son cri s'intensifia encore. Ils reculèrent tous vivement, pour ne pas être emportés par la vague d'énergie qui se dégagea à ce moment là du centre du cercle. L'aura du Créateur se transformait aussi petit à petit.

Les Saiyens se jetèrent un rapide coup d'oeil. Ils prirent de brefs repères sur leur environnement -- le sol était absolument stérile, aucune vie ne peuplait ce monde mort. Pas d'animaux, pas de végétaux. A perte de vue, tout n'était que rochers, montagnes et canyons. Les regards de Gokuu et Végéta se croisèrent.

Un endroit absolument idéal pour se battre.

Le cri cessa tout d'un coup. Ils se tournèrent vers le disque, qui était à présent incrusté dans la pierre. La créature recroquevillée au centre se releva lentement. Puis elle tourna ses yeux injectés de sang vers eux. Ce n'était plus le Créateur. C'était Shi.

Le Destructeur.

Immédiatement, quatre explosions retentirent, et autant de flammes s'allumèrent. Goten, Trunks, Gokuu et Végéta venaient de passer simultanément au niveau Super Saiyen 2. Gohan et Uubu firent également monter leur puissance le plus rapidement qu'ils le pouvaient. Kaï et Saki se mirent sur leurs gardes, tandis que Lyn recula rapidement, pour se mettre à l'abri, avec les Gardiens de l'Eternel.

Un sourire cruel dévoila les dents de Shi.

"Vous ne souffrirez pas," fit-il.

Avant que quiconque ne puisse réagir, il avait disparu. Il se rematérialisa devant Saki. Il tendait un bras vers elle. La Gardienne tenta brièvement de focaliser sur la paume de sa main, qui touchait presque son visage.

Une vague de lumière déferla, faisant trembler tous les environs, et vaporisant toute la matière qu'elle rencontrait.

"Noooon !" hurla Kaï. Une longue traînée se dessinait maintenant sur le sol, permettant de visualiser la trajectoire du rayon qui venait de tuer Saki.

Shi se redressa, et se tourna vers les guerriers, qui n'avaient pas eu le temps de réagir.

"A qui le tour ?" demanda t-il, calmement.

Gokuu jura à voix haute, et se téléporta rapidement. Il réapparut près des Gardiens de l'Eternel, qui fixaient d'un air incrédule l'endroit où Saki se tenait encore quelques secondes auparavant.

"Uubu !" hurla le Saiyen. "Kaï ! Gohan ! Ici, tout de suite !!"

Les intéressés se tournèrent vers lui. Ils n'avaient aucune idée de ce qui pouvait bien lui passer par la tête. Mais ce n'était pas le moment de se poser des questions. Ils se jetèrent sur lui. Gokuu avait saisi d'une main chaque Gardien de l'Eternel. Kaï, Uubu et Goten s'emparèrent à leur tour d'une partie des vêtements de Gokuu.

"Lyn !" cria t-il de nouveau. "Accroche-toi, vite ! On s'en va d'ici !"

"Pas question," répliqua la petite fée, en tournant un visage décidé vers lui. "Je reste ici. Avec Trunks."

"Héla," fit Shi. "Tout le monde reste ici, il n'est pas question d'aller où que ce soit." Il dirigea sa paume, toujours ouverte, vers Gokuu. Celui-ci écarquilla les yeux.

Trop tard.

Il disparût, entraînant tous les autres avec lui. Shi souleva un sourcil.

"Ce n'est pas grave," fit-il, en abaissant son bras. "Je les retrouverai facilement. Mais je vais m'occuper de vous, d'abord."

Il ne restait que Végéta, Goten, Trunks et Lyn pour faire face au terrible destructeur de mondes.

***

Dans un grand bruit, le petit groupe s'écroula au sol. Gokuu et les autres venaient d'apparaître sur la planète des Dieux, au beau milieu des huttes du village Humain et Namek. Ceux qui étaient présents tournèrent la tête vers les arrivants.

"Vite !" cria Gokuu, sans prêter la moindre attention à Chichi, qui lui souriait. Il se jeta sur le Doyen des Dieux, qui sursauta. Gokuu était toujours sous son apparence de Super Saiyen 2, et dégageait une puissance colossale. Mais il resta à une distance suffisante du Doyen pour ne pas le tuer sur le coup.

"Vite," continua le Saiyen. "Une boule de cristal, pour voir ce qui se passe."

"Pardon ?" demanda l'autre, interrompu en plein milieu de sa partie de cartes, qu'il disputait contre Shibito, Krilin et Yamcha.

"Gokuu," fit ce dernier, "tu es sûr que ça va ?"

"Non, rien ne va," répondit l'autre. "L'univers a été recréé, mais Shi est de retour aussi." Ils sursautèrent tous à ses paroles. "Je veux voir le combat, les autres sont restés là bas ! Dépêchez-vous !"

Le Doyen acquiesça rapidement ; il avait saisi l'essentiel. Il réunit ses mains, et fit apparaître l'objet demandé. Puis il posa la boule au sol. Gokuu tomba à genoux pour la regarder, tandis que le Doyen tendait les mains vers la surface polie.

"Le combat se déroule sur une planète de l'univers inférieur ?" demanda t-il. Gokuu eut un hochement de tête, et le Dieu se concentra. Une image émergea rapidement de la boule de cristal. Entre-Temps, un cercle s'était formé autour d'eux. Dunde s'approcha autant qu'il le put de Gokuu.

"Tu voudrais bien te calmer, s'il te plait ?" lui demanda t-il. Le Saiyen le regarda, sans comprendre, puis il hocha la tête. Il fit retomber son niveau de puissance ; tout en conservant son apparence, ils pouvaient à présent le toucher sans craindre de se brûler les mains.

"Que s'est-il passé ?" demanda Dunde. "Comment avez-vous fait pour que l'univers retrouve son apparence antérieure ? Et pourquoi est-ce que vous êtes ici ?"

"Je vais t'expliquer," fit l'autre. Il tendit un doigt vers la boule, où on pouvait voir le visage de Shi. "Il a tué Saki." Le Namek sursauta légèrement. "Et j'ai préféré mettre tout le monde à l'abri," continua Gokuu. "Personne ne peut rivaliser contre lui, même pas moi. Seuls Goten, Trunks et Végéta ont une chance, s'ils s'unissent."

"C'était la seule chose à faire, c'est vrai," fit le Doyen, en dodelinant de la tête. "Mais -- et celle là ?" demanda t-il. La boule montrait à présent l'image de Lyn.

"Elle a voulu rester là-bas," répondit le Saiyen d'un air désolé. "Je n'ai rien pu faire pour la décider, et je n'avais pas le temps."

"Elle court de grands risques, dans ce cas," marmonna le Dieu.

Ils se concentrèrent tous sur l'image retransmise par l'intermédiaire de la boule de cristal. Tous, sauf Kaï, qui se laissa misérablement tomber au sol, sur les genoux. Son visage était vide de toute expression, et il semblait privé de ses forces.

Seul Uubu le remarqua ; le jeune garçon s'avança, et posa une main sur son épaule.

***

"Pourquoi l'as tu tuée ?" cria Goten, en serrant les poings. "Elle ne t'avait rien fait." Shi lui sourit doucement.

"Elle savait," fit-il. "Et elle avait compris. Mais maintenant, elle ne pourra plus le dire à personne."

"J'ai tout entendu moi aussi," répliqua l'adolescent.

"Ne t'en fais pas," fit son ennemi. "Tu vas la rejoindre, très bientôt. Mais j'avais d'autres raisons pour la tuer : elle aurait pu vous soigner, et me jouer de mauvais tours. Non seulement elle savait se téléporter, mais de plus, sans elle, il vous est absolument impossible de me faire régresser à mon état latent."

"Tu veux dire, t'emprisonner ?" demanda Goten, en repensant aux petites billes d'où Shi avait initialement émergé. "Mais on n'a pas besoin de ça," ajouta t-il avec un rictus. "Tu vas disparaître."

Il jeta un bref coup d'oeil à Trunks et Végéta, qui comprirent aussitôt le message. Tous les trois serrèrent les poings, et firent rapidement augmenter leur niveau de puissance. Trois colonnes de lumière transpercèrent le ciel sombre de la planète.

"Puisque vous voulez vous amuser," fit Shi, assourdi par le triple cri de fureur des guerriers, "on va jouer un peu." Il croisa les bras sur sa poitrine, attendant patiemment qu'ils finissent de se transformer.

Il en profita également pour jeter un coup d'oeil à Lyn, qui se tenait un peu en retrait. Celle-ci se crispa pour que ses jambes ne se défilent pas sous elle.

La puissance dégagée par les trois Saiyens dépassait la plus folle des imaginations ; leur niveau ne cessait d'augmenter, jusqu'à ce que leur esprit ne soit plus baigné que par la rage la plus dévorante. Leurs corps se modifiaient à vue d'oeil, devenant plus résistants, se transformant en permanence pour accueillir le déferlement d'énergie.

Dans un ultime cri, une lumière aveuglante recouvrit toute la région. Les trois seuls Saiyens Ultimes que l’univers n’ait jamais connu venaient de refaire leur apparition.

"C'est fini ?" demanda Shi, d'un ton qui se voulait légèrement ennuyé. "Pas trop tôt." Il décroisa les bras, et entreprit à son tour de se concentrer. Une nouvelle explosion retentit, envoyant des débris de roches dans toutes les directions. Shi fit rapidement monter son propre niveau de puissance, et il fut vite à son maximum. Tandis que les Saiyens s'étaient parés d'une fine aura blanche, une lueur rouge émanait de Shi. Les cheveux de ce dernier flottaient dans le rugissement d'énergie qu'il émettait.

"Je ne sais pas si tu le sais," fit remarquer Végéta, d'une voix où toute émotion avait disparu, "mais un seul d'entre nous est presque aussi puissant que toi. Tu ne feras jamais le poids contre nous trois, c'est impossible."

"Rien n'est impossible," répondit l'autre avec un rictus. "Et puisque tu es si malin, c'est à mon tour de te faire remarquer qu'aucun d'entre vous ne sait se téléporter."

"Et alors ?" fit Végéta, se mettant lentement en position de défense.

"Et alors -- ça." Shi disparût, pour réapparaître aussitôt derrière lui. Il tendit rapidement une main vers Végéta, mais au lieu de l'attaquer, il se contenta de poser un doigt sur son épaule.

Puis ils s’évanouirent tous les deux aux regards de Goten, Trunks, et Lyn, qui n'en croyaient pas leurs yeux.

***

"Ils -- ils sont partis !" s'écria Gokuu, inquiet.

"Un instant," fit le Doyen, ennuyé, en tendant les mains vers sa boule de cristal. L'image se brouilla, pour se stabiliser peu après. Le paysage n'avait pas beaucoup changé, et la scène montrait Shi et Végéta, à quelques mètres l'un de l'autre. Ils étaient manifestement toujours sur la même planète, mais le Saiyen jetait des regards dans toutes les directions, pour tenter de localiser les autres.

"Zut !" fit le Doyen. "Shi veut se battre contre eux, les uns après les autres !"

Gokuu comprit le sens de ses paroles, et écarquilla les yeux.

***

"Où -- où sommes-nous ?" demanda Végéta, en serrant de plus belle les poings ; ses muscles, déjà démesurés, se dilatèrent encore plus.

"A l'autre bout de la planète," fit Shi, en positionnant ses mains pour une attaque. L'autre contracta les mâchoires. Il comprenait les intentions de son ennemi.

"Pas mal comme tactique, hein ?" demanda Shi, en bougeant lentement les mains, dans un mouvement presque hypnotique. "De cette façon, je vais vous exterminer les uns après les autres. Comme tu l'as dit, chacun de vous estlégèrement moins fort que moi. Il ne me faudra que quelques instants pour te tuer. Les autres n'auront même pas le temps de venir t'aider, et en plus, ils vont venir se jeter dans la gueule du loup !"

Végéta comprenait, et garda le silence, tout en se préparant à l'affrontement.

***

"Il l'a emmené avec lui," fit Goten, avec un mouvement énervé de la main, qui désintégra les rochers qui se trouvaient sur le trajet de l'onde de compression.

"Et toi," fit Trunks, en se tournant vers Lyn, "tu es complètement inconsciente ou quoi ? Tu sais ce que tu risques ?"

"Je le sais," répondit-elle, en le toisant du regard. "Mais je veux savoir comment ça va finir."

"Que fait-on ?" demanda Goten.

"C'est clair," répondit Trunks. "On va aider mon père, et en vitesse."

"Mais c'est exactement ce que Shi attend," répliqua son ami. "Il va nous battre les uns après les autres, de cette façon."

"Tu as une meilleure idée ?" fit Trunks. "Plus vite on rejoindra mon père, et plus grandes seront nos chances de battre Shi."

"Entendu."

Ils disparurent, dans un déferlement de bruit, de lumière, et de poussière. Lyn se protégea les yeux d'un bras, puis suivit avec étonnement leur rapide progression dans le ciel rougeoyant de la grande planète.

Elle se lança à leur poursuite, à une vitesse bien inférieure.

***

Shi percuta violemment la tête de Végéta d'un coup de coude ; le menton du Saiyen fut projeté en arrière, et un filet de salive et de sang s'échappa de sa bouche. Immédiatement, Shi se souleva légèrement, et se retourna en l'air, expédiant pour l'occasion un terrible coup de pied dans le ventre de Végéta. Celui-ci se plia en deux sous la douleur, tandis que ses yeux sortaient de son crâne.

Mais il en fallait plus pour abattre un Saiyen au niveau ultime ; les doigts de Végéta se refermèrent, tels des pinces, sur le pied que Shi n'avait pas eu le temps de retirer. Il prit une brève respiration, et hurla de toutes ses forces en projetant Shi vers le ciel. Il se lança à sa poursuite, et planta un coude dans le dos de son ennemi, qui fut aussitôt redirigé vers le sol. Il s'écrasa sur les rochers sombres, une centaine de sphères lumineuses le suivant de près. La série d'explosions fit trembler toute la planète.

Tandis que Végéta continuait de projeter ses plus puissantes attaques au point d'impact, Shi se téléporta derrière lui. Végéta écarquilla les yeux en sentant que l'autre n'était plus au sol.

Il baissa la tête juste à temps pour éviter le coup de Shi qui lui aurait brisé les vertèbres. Mais il reçut de plein fouet un autre coup de pied dans les côtes, et le Saiyen fut projeté à une vitesse vertigineuse vers le sol. Une autre explosion retentit lorsqu'il s'enfonça dans la masse rocheuse.

***

"Il va perdre !" s'écria Gokuu, en serrant les poings. "Il n'est pas assez fort contre ce monstre, même à son niveau maximum."

"Va l'aider, dans ce cas," fit Krilin.

"J'aimerais bien," répondit Gokuu. "Mais cette fois-ci, ce n'est pas moi le plus fort." Il sourit à son ami. "Même si j'arrivais à me transformer de la même façon que Végéta et les garçons, je ne leur serai pas d'un grand secours contre Shi. Et je ne peux pas faire ça."

"Je comprends," fit Krilin, en baissant la tête, d'un air résigné.

"Cette fois-ci," fit le Doyen, "nous sommes vraiment dans une situation critique."

***

Trunks et Goten déchiraient le ciel à toute vitesse ; personne dans l'univers entier ne pouvait aller plus vite qu'eux ; pourtant, ils savaient que s'ils ne trouvaient pas un moyen d'aller encore plus vite, ce serait bientôt trop tard. Végéta ne pourrait pas résister contre Shi tout seul bien longtemps.

***

Shi tenait son adversaire par les cheveux. Le visage du Saiyen était un amas de sang et de chairs tuméfiées ; Végéta avait les yeux fermés. Il pouvait sentir qu'il avait de nombreux os brisés, et qu'il perdait du sang en plusieurs endroits. Mais rien de ceci n'avait d'importance. A son niveau de puissance actuel, il ne ressentait pas la douleur, mais seulement une envie de tuer qui dépassait toute autre considération.

Il ouvrit subitement les yeux, et tendit une main vers le visage de Shi ; avec un bref cri, il lança à bout portant un rayon d'énergie, mortel pour tout autre ennemi. Celui-ci, pris par surprise, fut expédié vers les hautes couches de l'atmosphère.

Lorsqu'il se redressa, Shi se rendit compte qu'un gigantesque rayon blanc se dirigeait vers lui à une vitesse terrifiante, dans un bruit de tonnerre, assourdissant. Aucune possibilité de l'esquiver, et pas le temps de se concentrer pour se téléporter. Il se retrouva englobé par la lumière et la chaleur insoutenables.

Une boule de lumière explosa, et mit quelques secondes à se résorber. Les rochers furent désintégrés sur des kilomètres, laissant place à un paysage torturé.

Lorsque l'énergie se dissipa, Végéta jeta un coup d'oeil vers le ciel. Ce qu'il craignait se révélait exact : Shi n'avait pas bougé d'un pouce.

Et le Saiyen avait atteint sa limite d'épuisement ; dans un dernier frisson, il reprit son apparence normale, et s'écroula au sol, sur le dos. Shi sourit, tout en descendant vers lui. Végéta le vit arriver, une main tendue dans sa direction, au travers du rideau de sang qui lui brouillait la vision. Privé de son état ultime, toute la douleur refluait maintenant dans son corps torturé. Il ne pouvait plus soulever le petit doigt pour se défendre.

La mort serait un soulagement, cette fois.

Du coin de l'oeil, Végéta vit deux étincelles apparaître à l'horizon ; c'était Goten et Trunks, qui venaient pour tenter de le sauver.

"Ils arrivent," fit Shi, en souriant. "Comme prévu." Végéta tourna les yeux vers les deux garçons.

"Non," murmura t-il. "N’approchez surtout pas."

Shi hurla, et le rayon quitta sa main avec un bruit d'explosion.

L'haleine chaude de la mort léchait déjà le visage du Saiyen impuissant, qui venait de comprendre quel était le plan de son adversaire.
Epsibalt
 
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Re: [Archive] Un Prince nommé Végéta - terminée

Messagepar Epsibalt le Lun Mai 20, 2019 8:46

Chapitre 17
Spoiler
Trunks vit Shi lancer une attaque mortelle en direction de la forme immobile au sol. Son père, qui n'avait apparemment plus la force de bouger. Un mélange de peur, d'injustice et de rage l'envahit, et Trunks se jeta en avant sans plus réfléchir, à une vitesse inimaginable.

Trunks remarqua alors que quelque chose de très étrange se produisait : la trajectoire du rayon destructeur s'incurvait, dans sa direction. Le jeune homme s'arrêta aussitôt, sans comprendre ce qui se passait. Comment Shi parvenait-il à manipuler une telle quantité d'énergie ?

Il n'eut pas le loisir de réfléchir beaucoup plus ; il se retrouva entouré de tous les côtés par la boule de feu rugissant. Trunks tenta de fuir, mais il était totalement désorienté. Le rayon s'empara de lui, trop vite, et une expression d'horreur s'inscrivit sur son visage juste avant qu'il ne disparaisse dans la tempête d'énergie dévorante. Le rayon géant alla se perdre à l'horizon, avant d'exploser.

"Trunks," fit Goten, les yeux agrandis par la surprise. Son meilleur ami venait d'être balayé, d'un seul coup. Mais il fut vite rappelé à la réalité : Shi n'était plus à la place qu'il occupait lorsqu'il l'avait vu pour la dernière fois.

***

"Je l'ai eu lui aussi," fit Shi.

Végéta serra les dents. Après lui, son fils unique venait de se faire battre. Une larme de désespoir coula le long de sa joue, et se mêla au sang qui avait commencé à coaguler. Shi souriait toujours de son air le plus cruel, mais il s'essoufflait légèrement.

"Maudis sois-tu !" hurla le Saiyen, en se redressant subitement sur un bras. De l'autre main, il projeta ce qui lui restait d'énergie sur son ennemi, à bout portant. Cependant, son attaque ne fit que traverser une image immatérielle.

"Dommage," fit Shi, derrière lui. Végéta se retourna rapidement, pour se retrouver face à la main de l'autre, tendue dans sa direction.

Soudain, une ombre se matérialisa entre les deux combattants. Goten n'avait plus rien du garçon calme qu'il était d'habitude : ses cheveux, totalement blancs, dressaient leurs pointes vibrantes vers l'arrière de sa tête. Ses muscles, développés à l'extrême, étaient parés d'une fine aura également blanche, qui contenait avec peine la bourrasque d'énergie qui déferlait en lui. Des étincelles crépitaient tout autour de lui, et son visage exprimait toute la rage qu'il ressentait dans une grimace de douleur et de haine.

Goten s'empara du bras tendu de Shi, sans que celui-ci n'ait le temps de le retirer.

"C'est fini pour toi," fit lentement le demi-Saiyen. Sur quoi, il projeta puissamment son adversaire à la verticale. Shi tenta de ralentir sa course, mais il se rendit vite compte que l'autre le suivait. Goten lui expédia un coup de genou dans les mâchoires, et une attaque magistrale, portée des deux poings réunis, le cueillit derrière la tête. Shi, légèrement fatigué à la suite de l'attaque qu'il avait infligée à Trunks, ne put s'arrêter qu'après avoir traversé quelques centaines de mètres de roches, dans une série d'explosions dévastatrices.

***

"Il se débrouille plutôt bien, non ?" demanda Shibito, les yeux rivés vers la boule de cristal. Mais le regard de Gokuu n'inspirait aucun optimisme.

"Shi s'est débarrassé de Végéta. Puis de Trunks," fit-il. "Tu crois que Goten aura plus de chances de le battre ? Shi n'est presque pas affaibli, après les terribles efforts qu'il a du fournir jusqu'à présent." Shibito fronça les sourcils.

"Ca veut dire qu'on va perdre ?" demanda t-il.

"On n'a pas intérêt à perdre," répliqua Gokuu. Son regard se fit menaçant. "Je ne sais pas comment on va faire, mais il faut absolument gagner. C'est notre dernière chance."

Puis il concentra de nouveau toute son attention sur le combat.

***

Shi émergea de sa gangue de pierre dans une nouvelle explosion qui projeta des débris dans toutes les directions. Goten posa pied à terre, à une distance raisonnable de son ennemi. Il se mit en position de défense, les bras levés à hauteur de son visage, et les pieds solidement plantés au sol, pour pouvoir observer son adversaire.

Shi adopta la même attitude. Il haletait légèrement, mais son visage n'avait rien perdu de sa dureté glaciale.

"Vous ne me facilitez pas la tâche," fit-il. "Vous êtes trois contre moi. Cependant, je vais gagner."

"Tu peux toujours rêver," répliqua Goten. Il profita de cette accalmie pour tenter de localiser la force de Trunks. Mais l'énergie de son ami restait introuvable.

"Regarde les choses en face," fit Shi. Goten était conscient du fait que l'autre cherchait à gagner du temps, pour reconstituer ses réserves en énergie. Etrangement, il avait envie d'attendre. Peut-être à cause du flux d'hormones qui rugissait dans ses veines, et qui exigeait de lui qu'il se batte contre un adversaire au maximum de ses capacités. "J'ai déjà vaincu les deux autres, et maintenant c'est ton tour."

"Comment se fait-il que tu sois si puissant ?" demanda Goten. Lentement, des morceaux de rochers se détachaient du sol sous l'effet de son aura, mais ils étaient aussitôt réduits en poussière. "Je veux dire, tu n'étais pas si fort lorsque nous nous sommes battus contre toi la première fois."

"Je sais à qui j'ai affaire," répliqua l'autre, avec un petit sourire. "J'ai donc adapté ma puissance en conséquence."

Goten écarquilla les yeux un bref instant. Ce monstre avait donc une énergie infinie ? Il ne pouvait y croire.

Shi disparut soudain à sa vue, et se matérialisa à sa droite. Goten eut le temps de bloquer le coup de poing qui se serait enfoncé dans ses côtes, mais un coup de pied balaya ses jambes. Le Saiyen posa une main à terre pour se retenir, mais l'autre poing de Shi lui comprimait déjà l'estomac. Les yeux agrandis par la surprise et la douleur, Goten ne vit même pas venir le coup de pied suivant, qui le projeta dans les airs.

Le combat reprit de plus belle, à plusieurs centaines de mètres d'altitude.

***

Trunks ouvrit les yeux, complètement désorienté. Il se souvenait juste de cette énergie brûlante qui l'avait entouré, emporté, et de cette explosion gigantesque qui l'avait complètement assourdi. Puis il avait du parcourir une grande distance dans les airs avant de finalement s'écraser au sol. Il se releva lentement, et examina ses blessures. Il n'avait pas perdu son état de Super Saiyen ultime, mais la peau de ses bras, de son torse et de son visage était brûlée en plusieurs endroits. Aucune autre blessure importante, mais son énergie avait bien baissé.

Il se concentra rapidement, et localisa le lieu du combat. Shi se battait toujours, sans doute contre Goten, et ils étaient très loin de lui. Trunks comprit qu'il avait simplement été écarté. Shi n'aurait jamais eu la force nécessaire pour le tuer avec une seule attaque, mais sa stratégie n'en restait pas moins extrêmement intelligente : il avait maintenant les mains libres pour se battre à pleine puissance contre Goten. Et si Trunks n'allait pas l'aider immédiatement, son ami allait subir exactement le même sort que Végéta.

Le demi-Saiyen tourna soudain la tête de côté. Quelqu'un se dirigeait vers lui. Mais il se calma rapidement : il reconnaissait cette présence.

Lyn arriva bientôt dans son champ de vision, et se posa quelques secondes plus tard à côté de lui. Elle le dévisagea de haut en bas.

"Tu ne devrais pas être là," fit-il, d'un ton neutre.

"Imbécile," fit-elle. Elle glissa une main contre sa ceinture, et en retira un minuscule flacon. Elle le déboucha, et le lui tendit entre son pouce et son index.

"Avale ça," ordonna t-elle. Trunks haussa un sourcil, puis s'empara délicatement de la petite fiole. Elle renfermait quelques gouttes d'un liquide transparent, inodore.

"Ca va te donner des forces," fit-elle. "Tu te sentiras mieux." Trunks lui adressa un petit sourire de remerciement. Puis il avala rapidement le contenu du flacon.

Une chaleur subite diffusa bientôt de son estomac, vers tous ses membres. Sa peau, endommagée, se reconstitua rapidement ; ses muscles déjà éprouvés se remplirent d'une énergie nouvelle, et de nombreuses veines apparurent à leur surface. Ses cheveux se tendirent violemment, tels des cordes d'arcs. Trunks se sentit presque défaillir sous le flux de puissance qui s'empara de lui. Il n'avait aucune idée du genre de produit qu'il venait d'absorber, ni des effets secondaires que son corps aurait à endurer, mais tout cela était pour l'instant la dernière chose à l'inquiéter.

"Merci," fit-il, en soulevant lentement ses bras, étonné par sa nouvelle vigueur. Puis son regard redevint sérieux.

"Tu ne devrais pas t'approcher plus," fit-il. "Ca pourrait être dangereux."

"Mais dépêche-toi, au lieu de parler !" cria Lyn, en tendant une main dans la direction du combat. Trunks acquiesça rapidement, et décolla dans une explosion d'énergie. Sa vitesse ne cessa de croître au fur et à mesure qu'il s'éloignait.

***

Goten perdait du sang en plusieurs endroits, et sa vision ne cessait de s'obscurcir depuis peu. Il cracha, et jura violemment. Jamais il n'aurait cru que son adversaire puisse lui tenir tête si facilement ; malgré toutes ses attaques les plus puissantes, Shi se relevait toujours, apparemment insensible aux coups qui lui étaient portés. Par contre, Goten n'avait pas une endurance extensible à l'infini.

Un nouveau coup de poing s'écrasa contre sa joue, et un flot de sang s'échappa de sa lèvre ouverte. Dans un mouvement de colère, Goten saisit le bras de son ennemi, et le tira violemment à lui, tandis qu'il enfonçait un genou dans le ventre de Shi ; ce denier se plia en deux sous l'effet de la douleur, mais le Saiyen savait qu'il n'en aurait aucune séquelle. Il continua de le frapper rapidement à la tête, sans lui laisser la moindre opportunité de placer un coup. C'était la meilleure façon de ne pas être touché davantage.

Goten expédia un nouveau coup de pied dans le ventre de Shi, et il enchaîna aussitôt par une série de sphères de feu, qui trouvèrent toutes leur cible. Dans un cri strident, le jeune homme finit par projeter une formidable quantité d'énergie sur son adversaire. Une nouvelle explosion illumina le ciel.

Goten haletait maintenant ; il était épuisé par les efforts qu'il avait dû faire. Mais Shi était toujours là, recroquevillé sur lui-même. Il était brûlé en de nombreux endroits, mais l'ampleur de ses blessures était loin de satisfaire Goten.

"Imbécile," fit Shi, en se redressant. "Tu sais bien que tu ne gagneras pas." Il se transposa derrière Goten. Celui-ci détecta facilement son mouvement, mais son corps ne put réagir à temps : une nouvelle série de coups s'écrasaient dans son dos. Puis un pied s'enfonça dans ses côtes. Certaines cédèrent sous la pression, et la douleur fit hurler Goten. Replié sur lui-même, il sentit à peine l'onde de chaleur l'entourer. Il ne put qu'attendre l'explosion qui l'expédia s'écraser au sol.

Cependant, son calvaire ne prit pas fin avec le premier impact : Shi continuait de projeter ses attaques sur lui, de toute sa vitesse. Goten se concentra, pour former autour de lui le meilleur écran de protection. Mais l'effort était trop coûteux en énergie, et il sentit rapidement ses forces décliner. Une explosion plus puissante que les autres le déstabilisa complètement, et il s'enfonça plus profondément dans la pierre sous l'effet de la pluie de feu qui s'abattait sur lui.

Lorsque Shi cessa son attaque, Goten était à peine conscient. Il avait plusieurs os brisés, et ne pouvait plus respirer. Ses cheveux reprirent rapidement leur habituelle couleur noire. Shi s'avança rapidement vers lui.

"Une autre leçon élémentaire," fit-il. "Si tu veux gagner, ne laisse aucune chance à ton adversaire." Goten ouvrit un oeil. Shi était bien moins blessé que lui. Il n'avait presque rien, tandis que Goten s'était vidé de toute son énergie.

Le Saiyen se sentit saisi par les cheveux, et expédié dans les airs. Il s'écroula non loin de Végéta. Goten tourna la tête vers lui, mais il ne put deviner si l'autre était mort à la suite de ses blessures ou non. Il n'avait plus assez de forces pour essayer de détecter son ki.

Shi s'éleva rapidement dans le ciel. Il savait que Trunks n'allait pas tarder à arriver, car il était impossible qu'il l'ait tué.

Il lui fallait donc en finir avec ces deux là en priorité, avant d'avoir plus de problèmes.

"Je vais vous faire disparaître !" hurla t-il, en concentrant rapidement sa puissance à l'extrémité de son index.

***

"Ils vont mourir," fit Gokuu, d'une voix calme. "Il faut absolument que j'y aille."

"Mais -- seras-tu assez fort ?" demanda Yamcha, non loin de lui. Gokuu ne prit pas le temps de lui répondre. Il sauta en l'air, posa deux doigts sur son front, et disparût.

Le petit cercle se rétrécit autour de la boule de cristal.

***

Une explosion retentit lorsque Gokuu se matérialisa sur le champ de bataille. Il était apparu entre Végéta et Shi, de telle façon que celui-ci ne put faire autrement que de le remarquer immédiatement. Gokuu fit rapidement augmenter sa puissance.

Même s'il savait qu'il ne tiendrait pas longtemps face à un tel adversaire, Gokuu ne pouvait se résoudre à abandonner les autres à une mort certaine. Toute sa vie, il s'était battu pour la justice, pour faire reculer la cruauté et la violence. Il n'avait jamais baissé les bras une seule fois, même dans les cas les plus désespérés. Et il n'allait sûrement pas abandonner maintenant, alors que le destin de l'univers tout entier était en jeu.

Son énergie explosa, et dans un cri, il se transforma au niveau trois. Ses cheveux s'allongèrent démesurément, tandis que tout son corps se transformait. Mais il ne s'arrêta pas là. Il savait que pour vaincre Shi, il lui faudrait être beaucoup plus fort. Il avait déjà atteint un stade de transformation plus élevé, lorsqu'il s'était entraîné avec tous les champions en arts martiaux, dans l'autre monde. Mais jamais il n'avait été capable de renouveler cette expérience une fois qu'il avait retrouvé la vie. Il fit augmenter sa puissance jusqu'à ses limites extrêmes. Son aura flamboyait telle une étoile autour de lui. La région entière s'était mise à trembler.

Shi le dévisagea d'un regard froid. Il avait oublié celui-ci. Mais il était prêt à le recevoir.

D'un geste rapide, il projeta sur Gokuu toute l'énergie qu'il avait accumulée jusque là. Le Saiyen écarquilla les yeux un bref instant, puis il croisa les bras devant lui, en rentrant la tête dans ses épaules, et en se concentrant au maximum.

L'explosion l'assourdit, et sa puissance faillit l'emporter. Mais Gokuu s'arqua contre la pression terrible qu'il était en train d'encaisser. Finalement, le bruit cessa, et il rouvrit les yeux. La peau de ses bras était brûlée en de nombreux endroits, mais il avait tenu bon. Et surtout, il avait protégé son fils et Végéta, qui n'avaient plus la force de se défendre.

"Zut," fit Shi. "Je l'ai sous-estimé, il est plus résistant que je ne pensais."

Gokuu esquissa un demi-sourire, et se mit rapidement en position d'attaque. Shi se posa à quelques mètres de lui. Son visage était fermé, inexpressif. Il croisait les bras sur sa poitrine, d'un air plus que suffisant. Pour lui, ce combat n'avait même pas d'intérêt.

Avec un cri, Gokuu se jeta en avant ; son adversaire le regarda venir, d'un air presque amusé. Le poing de Gokuu ne rencontra que du vide, tandis que le genou de Shi s'enfonçait dans son estomac. Ses yeux faillirent exploser.

Gokuu recula vivement. Shi le regardait toujours, mais il n'avait manifestement pas l'intention de se battre sérieusement. Comme s'il voulait s'amuser. Le Saiyen se frotta le menton, et sourit.

Il se transposa rapidement en trois endroits équitablement répartis autour de Shi, et projeta à chaque fois un rayon d'énergie. L'autre, surpris, écarquilla brièvement les yeux.

Avant que les trois rayons ne se rencontrent, Shi n'était plus là. Il s'était projeté à une bonne altitude. Gokuu l'y attendait, et il enfonça ses deux poings réunis à la base de son cou. Shi fut projeté au sol, qu'il heurta juste au même instant où les rayons se réunissaient. Il fut pris dans l'explosion, sans aucun espoir de s'échapper.

Gokuu sourit. Il venait de mettre au point cette technique inédite, et il était très heureux du résultat. Malheureusement, lorsque la poussière se dissipa, il put voir que Shi ne portait aucune trace de son attaque. Il se contentait de le regarder, bras ballants contre son torse.

Un éclair s'interposa subitement entre les deux combattants. Gokuu reconnut Trunks de dos. Celui-ci semblait encore plus puissant que dans son souvenir. Comment le gamin faisait-il pour atteindre un tel niveau ?

"Tu peux repartir, Gokuu," fit Trunks, sans quitter Shi des yeux. "Ca ira, je vais m'en sortir."

"Tu es sûr, Trunks ?" demanda Gokuu. "Je peux te donner un coup de main, si tu veux."

"Non. Je préfère que tu ailles te mettre à l'abri ; tu ne pourrais que me gêner. Et emporte les autres avec toi."

Gokuu savait parfaitement ce que l'autre ressentait ; Shi avait presque tué son père et son meilleur ami. Il n'allait pas lui laisser la moindre chance. Et la force des sentiments pouvait souvent déterminer l'issue d'un combat.

"Toi," fit Trunks, avec un regard sombre en direction de leur adversaire. "Je vais te faire payer pour ce que tu as fait."

Il projeta ses deux bras devant lui, et Shi n'eut que le temps de décroiser les siens. Le souffle d'air le cueillit, et l'expédia à toute vitesse en direction d'un grand amas de rochers, derrière lui. Il s'y écrasa dans un bruit de tonnerre, tandis que des rochers étaient dispersés aux alentours.

Trunks jeta un rapide coup d'oeil à Gokuu ; ce dernier comprit. Le demi-Saiyen faisait uniquement diversion, pour lui permettre de mettre les autres à l'abri. Gokuu se jeta sur Goten, lui prit une main, et se téléporta jusqu'à Végéta. Il saisit ce dernier de son autre main, et finit par disparaître tout à fait.

Shi émergea alors de sa prison de pierre, et jaillit en l'air. Dans une série de roulades aériennes, il vint se poser devant Trunks.

"Pas mal," fit-il. Trunks sourit, ce qui dévoila ses dents blanches. "Mais tu es le dernier," continua Shi. "Le combat est bientôt terminé."

"Ce ne sera pas si facile avec moi," répliqua Trunks, avec un geste de défi de la main. "En fait, je meurs d'envie de te tuer."

"Je suis la mort," fit Shi, en se jetant en avant.

Trunks était sur ses gardes ; de plus, la substance que Lyn lui avait donnée produisait maintenant son effet maximal. Ses réflexes étaient poussés à l'extrême. Aussi vit-il venir son adversaire comme au ralenti, malgré sa vitesse étonnante.

Trunks se déporta de côté au dernier moment, et porta un rapide coup du tranchant de la main sur la nuque de Shi, qui roula au sol. Il se releva en un instant, et attaqua de nouveau, mais ce fut cette fois un coup de pied qui le renvoya à terre. Désorienté, Shi vit la main de Trunks le saisir au col, tandis que son poing s'abattait sur son visage avec un bruit sourd.

Puis le Saiyen projeta son adversaire dans les airs. Trunks se jeta à sa poursuite, et l'assaillit de coups de pied et de poing, sans que l'autre ne puisse réagir. Il le força à s'élever, toujours plus haut. Puis un ultime coup expédia Shi au loin.

Lorsqu'il se rétablit, il écarquilla les yeux. Trunks se tenait face à lui, les bras tendus de part et d'autre de son torse. Son aura flamboyait, comme si elle ne pouvait plus retenir l'énergie qu'il était en train d'amasser. Les doigts du Saiyen étaient crispés, et ses muscles ne cessaient d'augmenter de volume. Le sifflement strident, de plus en plus aigu, semblait être généré par le champ énergétique ambiant.

Paralysé de surprise, Shi n'eut pas la présence d'esprit de tenter une fuite. Trunks ramena soudain ses bras vers lui. Tous ses muscles étaient gonflés au maximum, prêts à exploser. Entre ses paumes réunies, une petite boule à l'éclat insoutenable était en train de se former. Trunks rayonnait d'une lueur plus intense que n'importe quel soleil.

"Final Flash !!!" hurla t-il. Comme dans un cauchemar, Shi vit le magnifique rayon se propager dans sa direction, tandis que toute l'énergie que Trunks avait amassée se trouvait subitement libérée. Le bulbe profilé, blanc, était prolongé d'une colonne de feu autour de laquelle s'enroulait un serpent d'éclairs bleutés.

Shi ramena rapidement ses bras en position de défense, et dressa devant lui le bouclier le plus puissant qu'il puisse réaliser. Il savait que rien ne pourrait arrêter une telle attaque, même pas la structure moléculaire extraordinairement dense de son corps, qui était à l'origine de sa résistance hors du commun. Le rayon déchira l'espace séparant les deux adversaires en une fraction de seconde.

La rencontre des deux énergies rivales créa une explosion digne d'une supernova. La planète toute entière se mit à trembler sur ses bases, tandis qu'une grande partie se retrouva violemment illuminée. Le rayon continua sa course folle dans l'espace, entraînant avec lui une bonne partie de l'atmosphère. Les vents résultants se propagèrent aux alentours, ravageant le paysage sur des centaines de kilomètres.

Lorsque la situation sembla se stabiliser, Trunks, toujours entouré de débris de rochers qui retombaient en pluie drue sur toute la région, chercha à localiser son adversaire. Il savait qu'il n'avait pas pu le tuer, que rien ne viendrait jamais à bout de lui. Mais il espérait au moins l'avoir affaibli. Il avait été un moment surpris par la puissance qu'il avait été capable de réunir, juste avant de lancer son attaque. Maintenant, restait à savoir s'il aurait la force de faire face à Shi très longtemps.

Il finit par apercevoir son ennemi. Il était au sol, agenouillé. Ses vêtements avaient été largement déchirés, et Trunks put voir qu'il avait réussi à le blesser à la poitrine et à la tête ; comment Shi avait fait pour survivre, il ne le saurait jamais. Mais il n'était pas encore mort, loin de là. Le jeune homme descendit rapidement, et se posa à bonne distance de son adversaire. Celui-ci se redressa au milieu de la pluie de pierre qui n'avait pas pris fin, et cracha de côté dans une attitude menaçante. Il serra les poings.

"Tu as raison," fit-il. "Ce sera plus dur, contre toi."

Un début de sourire étira les lèvres de Trunks.

Sans attendre plus longtemps, ils se jetèrent simultanément dans la lutte.

***

"Il faut trouver un moyen de sauver Trunks !" s'exclama Bulma, qui ne quittait pas la boule de cristal des yeux. Même si le combat était trop rapide pour qu'elle puisse le suivre, elle pouvait apercevoir son fils lors des rares pauses que le rythme du combat imposait. Elle le reconnaissait à peine tant son apparence avait changé.

Végéta et Goten avaient été guéris grâce à Dunde, mais ils étaient encore sous le choc. Ils n'avaient pas pu récupérer assez d'énergie pour retourner au combat immédiatement. De plus, Trunks et Shi semblaient bien décidés à réduire la planète en poussière, ils n'avaient aucune envie de repartir. Végéta jeta un coup d'oeil vers Gokuu, qui avait retrouvé son apparence normale une fois qu'il était revenu avec eux. Il devait une nouvelle fois la vie à Kakarotto. Celui-ci lui sourit, signe qu'il acceptait ses remerciements silencieux.

"Comment veux-tu arrêter un monstre pareil ?" demanda Gohan, en regardant Bulma. "Nous ne pouvons plus compter que sur Trunks. Même mon père ne peut pas lui tenir tête." Végéta lui jeta un regard qui aurait arrêté le coeur d'un plus sensible que lui.

"Ne raisonnons plus en termes de puissance," fit-il, sans quitter Gohan des yeux. "Il est évident qu'il aura toujours assez d'énergie pour nous tuer. Il faut agir autrement, et très vite."

"Si ma soeur était toujours vivante," fit Kaï, d'un air pitoyable, "ce serait plus facile. Il nous suffirait d'emprisonner Shi grâce au pouvoir qui nous a été communiqué par les magiciens de notre peuple. Mais malheureusement --"

"Il faut donc la ressusciter," fit Gokuu, d'un ton parfaitement anodin. Tous les yeux vers lui. Une fois de plus, c'était lui qui avait la solution.

"Grand Chef !" se mit aussitôt à hurler Bulma, en se mettant à courir en direction du village Namek. "Il reste un voeu à demander à Porunga, n'est-ce pas ?"

***

Trunks et Shi luttaient à armes égales. Ils étaient de même force, et avaient les mêmes réflexes. La seule chose qui ferait la différence serait leur endurance. Et Shi était totalement inépuisable.

Trunks esquiva une rapide série de coups de pied. Depuis quelques temps, il remarquait que ses propres coups se faisaient de plus en plus rares. Bouger à la vitesse de Shi demandait énormément d'énergie, et il sentait qu'il ne pourrait pas soutenir ce rythme très longtemps. Même s'il n'avait presque pas été touché, il savait que ses propres réserves seraient vite épuisées.

Un premier coup de poing s'abattit contre sa nuque, lui faisant momentanément perdre conscience de son entourage immédiat. Shi n'en demandait pas plus : il frappa de nouveau Trunks, plus fort. Beaucoup plus fort.

Le Saiyen s'écrasa au sol ; il n'était pas gravement blessé, mais il s'en voulait de ne pouvoir se concentrer suffisamment pour faire face à toutes les situations. Shi était un véritable démon.

"Tu fatigues ?" lui demanda ce dernier. Trunks secoua lentement la tête, pour faire passer la douleur.

"Tu rigoles ?" rétorqua t-il. "Je vais t'écraser, et tout de suite."

Shi ne répliqua même pas. Il savait parfaitement qu'il bluffait. Trunks serait bientôt à sa merci, comme les autres.

***

Porunga apparût dans une explosion de lumière, et inclina sa grande tête en direction des petites créatures qui faisaient une nouvelle fois appel à lui.

Leur souhait était facile à réaliser. Il se demandait vraiment pourquoi on avait besoin de lui pour une telle chose. Cependant, ce voeu était le dernier qu'il accorderait avant que les Dragon Balls ne redeviennent actives. Une fois son travail accompli, il incarna de nouveau son esprit dans les boules, qui devinrent des pierres ordinaires.

Saki se tenait maintenant face à eux, toute étonnée d'être vivante. Kaï s'avança vers elle. Sa main tremblait légèrement.

"Toi," fit-il, en souriant faiblement, "je t'interdis de mourir de nouveau. C'était notre dernière chance de te ramener."

"Pff," fit Saki avec une moue boudeuse. "J'étais sur le point de convaincre le Roi Daioh de me rendre la vie. Il était tellement heureux d'avoir terminé les inscriptions dans l'autre monde, qu'il était prêt à accepter."

"Hey," fit une voix. Uubu était resté avec les Dieux, autour de la boule de cristal. Il les hélait, en faisant de grands signes. "Venez," continua t-il. "Ca ne va pas bien du tout là bas !"

***

Trunks se rendit compte avec amertume qu'il avait présumé de ses forces. Son aura avait bien diminué, ainsi que sa puissance. Shi le tenait maintenant à sa merci. Il était inutile de se battre contre lui, pensa t-il. Si ce que l'Eternel leur avait dit était vrai, il représentait tout le mauvais côté des choses, et il disposait d'une force infinie. Mais pourquoi le Créateur aurait-il donné vie à un tel être, qui avait le pouvoir d'anéantir toute son oeuvre en un instant ? Peut-être par goût du risque, pensa t-il lorsqu'un nouveau coup de poing l'envoya s'écraser contre un nouveau pan de rochers, sans qu'il ne puisse rien faire pour s'arrêter. Peut-être pour voir de quelle façon ses créatures réagiraient face à une telle menace ; mais dans cette hypothèse, il devait y avoir une façon d'en venir à bout. Peut-être plus simplement que le Créateur ne pouvait pas aller contre l'ordre des choses, qu'il avait réussi à condenser tout ce qui s'opposait à lui en Shi, et qu'il ne pouvait pas l'empêcher de nuire d'une autre façon qu'en le gardant prisonnier éternellement.

Une rapide succession de boules d'énergie envoya Trunks au sol, sous des milliers de tonnes de roche et de poussière. Il trouva de nouveau la force de s'extraire de cette tombe, mais combien de fois pourrait-il encore le faire ? Il se contentait d'encaisser les coups, sans même chercher à répondre. Il savait que c'était parfaitement inutile, que tout espoir était perdu. Rien ne pourrait jamais abattre Shi. Même s'il avait pu lui tenir tête un moment, même s'il lui avait infligé de sérieuses blessures, Shi se relevait toujours, il revenait toujours à la charge.

Peut-être, pensa Trunks, que c'était inscrit de tout temps. Leur longue quête, et ce combat perdu d'avance. Tous leurs espoirs anéantis, et la destruction finale et irrémédiable de l'univers. Tout devait faire partie d'un grand plan, et l'Eternel devait s'amuser énormément en ce moment, à le regarder souffrir, et à constater l'incapacité dans laquelle il se trouvait de lutter.

Trunks était tombé, face contre terre. Il ne bougeait plus. Shi se posa près de lui, et s'agenouilla. Il saisit une poignée de cheveux blancs, et souleva sa tête.

"Pourquoi est-ce que tu te bats plus ?" demanda t-il. "Tu as encore de la force."

Trunks lui sourit, malgré ses lèvres gonflées et douloureuses.

"Tu as gagné," fit-il. "Personne ne peut te vaincre. Même pas moi."

"Aha," répondit Shi, en acquiesçant. "Tu le vois enfin. Je te l'avais dit, non ?" Trunks ne répondit pas.

"Et bien, puisque tu abandonnes," continua l'autre, "je n'ai plus qu'à te tuer." Il se redressa, et entreprit de frapper Trunks au ventre, méthodiquement, sans relâche. Le Saiyen se mit à hurler, puis, progressivement, se recroquevilla sur lui-même. Il n'eut bientôt même plus la force de bouger. Sa puissance diminua d'un seul bloc, et il retrouva son apparence ordinaire.

Shi le regardait maintenant. Trunks haletait faiblement, attendant la mort comme une délivrance. Il avait perdu. Il était le dernier espoir des terriens, des Nameks, de son père et de tous les autres. Il était le dernier espoir de tout un univers. Et il avait perdu, lamentablement. Il ne savait pas s'il devait s'en vouloir de manquer de courage et de persévérance, ou s'il devait s'abandonner à la mort sans regrets.

Shi leva une main vers lui, et sourit.

"Tu m'auras donné du mal, tu sais," fit-il.

"Normal," répondit Trunks, dans un soupir. "Je suis le fils de Végéta."

Shi lui adressa un nouveau regard froid. La boule d'énergie, blanche, pure, fatale, commença à se former entre ses doigts.

Un cri retentit soudain, et une vague de feu emporta la petite sphère au loin, où elle s'écrasa dans une explosion retentissante. Shi et Trunks tournèrent rapidement la tête.

C'était Lyn, qui venait juste d'arriver sur les lieux du combat. Elle savait, elle aussi, que tout était perdu, mais elle ne comptait pas laisser Trunks mourir de la sorte, sans réagir.

"Mais c'est toi," fit Shi, en souriant presque. "Tu arrives juste à temps pour le grand final. J'allais le tuer."

"Je ne te laisserai pas faire," répliqua t-elle. Mais elle était essoufflée par son long vol, et l'effort qu'elle avait du fournir un instant auparavant.

"Oh, dans ce cas, je vais te tuer d'abord."

Shi tendit une main vers elle. Le rythme cardiaque de Lyn s'accéléra rapidement, et elle jeta un dernier regard désespéré à Trunks. Celui-ci ne pouvait même plus respirer.

D'un rapide mouvement du poignet, Shi dégagea une infime partie de sa puissance ; ce fut suffisant pour entraîner Lyn à toute vitesse. Elle se mit à hurler, mais sa course fut subitement interrompue par un énorme rocher, sur lequel elle s'écrasa, avec un sinistre bruit de craquement.

Lentement, comme dans un cauchemar, Trunks vit le corps désarticulé de sa petite fée retomber au sol. Elle laissait une longue traînée sanguinolente sur la pierre.

C'est alors que le cri s'éleva, au plus profond de son âme.


Chapitre 18
Spoiler
Un frisson parcourut l'ensemble des spectateurs qui assistaient au combat, autour de la boule de cristal du Doyen des Dieux. Bulma et Chichi poussèrent un petit cri d'effroi, et portèrent leurs mains devant la bouche. Videl détourna le regard, pour ne pas voir la flaque rouge sombre qui s'agrandissait sous le corps sans vie de Lyn, pour ne pas voir ses yeux révulsés, et l'expression d'horreur sur le visage de plus en plus blême. Végéta serra les poings.

"Kakarotto," fit-il soudainement, "il faut y aller." L'autre Saiyen se tourna vers lui, et haussa un sourcil. Végéta leva un poing, menaçant. "Il va le tuer, comme il vient de faire avec l'autre. Même si nous devons y rester nous aussi, nous ne pouvons pas rester là comme deux potiches."

Gokuu transpirait maintenant abondamment. Derrière lui, Kaï et Saki, le regard sombre, fixaient le sol des yeux. Le regard du Saiyen passait alternativement de la boule de cristal à Végéta. Il lui fallait prendre une décision, et rapidement.

Soudain, il se figea sur place. Les cheveux de sa nuque se hérissèrent, et ses yeux se perdirent dans le vague.

"Et bien ?" cria Végéta. "Qu'est-ce que tu attends ? Il va le tuer !"

"Un instant," répondit Gokuu, d'une voix faible. "Tu -- Végéta, tu ne sens donc pas ?"

"Hein ?" Bulma tourna un regard inquiet vers Végéta. Ce dernier venait de prendre la même expression vaguement effrayée que Gokuu un instant plus tôt. Ils regardaient maintenant la boule de cristal. Elle n'y vit que l'image de son fils, allongé au sol, couvert de sang. Bulma fronça les sourcils ; inconsciemment, elle sentait bien que quelque chose n'allait pas.

***

Une vague de colère indescriptible avait envahi l'esprit de Trunks. La colère la plus noire, la plus terrifiante qu'il n'ait jamais connu. Son corps était totalement brisé, épuisé, mais cela n'avait absolument aucune importance désormais. Plus rien ne comptait maintenant ; il se moquait totalement de mourir.

Il ouvrit les yeux, et se redressa sur un bras. Son regard se fixa sur l'ennemi, qui se tenait à quelques pas de lui, encore dirigé vers sa dernière victime. Lentement, Shi se retourna vers Trunks. Un sourire cruel lui étira les lèvres.

"Toujours vivant ?" demanda t-il. Il tendit une main dans sa direction. "Plus pour longtemps," ajouta t-il, d'un ton froid.

Instantanément, Trunks se transforma au niveau Super Saiyen ultime. L'explosion créa un immense cratère autour de lui ; Shi fut surpris par la réaction du jeune homme. Ainsi, il lui restait des forces. Le corps de Trunks se souleva de lui-même, puis se redressa en position verticale. Shi fut surpris par l'intensité du regard qui était braqué sur lui.

Trunks était incapable de réfléchir. Il n'avait pas besoin de regarder Lyn pour sentir que son petit corps était lentement en train de refroidir. Qu'elle était morte, qu'elle ne reviendrait plus. Elle était perdue à jamais. Après tout ce qu'il avait partagé avec elle, l'idée lui était insupportable. Il secoua la tête, et des larmes teintées de rouge s'échappèrent de ses yeux. Son esprit n'était plus que haine, une haine noire, qui ne laissait place à aucun autre sentiment. Il était un descendant de la famille royale des Saiyens ; à ce titre, personne n'avait le droit de lui faire subir une telle chose. Personne.

Le jeune homme se cambra en arrière, et laissa exploser sa colère dans un cri suraigu. L'aura blanche qui entourait tout son corps se dilata, enveloppant tout l'espace qui l'entourait. Ses muscles se mirent à enfler, tandis qu'ils se chargeaient d'énergie. Toujours plus gros, jusqu'à la limite de l'explosion. Personne n'avait jamais atteint un tel niveau de puissance. Shi, impressionné, se protégea le visage de tous les débris de rochers qui étaient projetés à une vitesse extrême dans toutes les directions, et recula à bonne distance.

Trunks n'était même pas conscient de la puissance qu'il était en train d'accumuler. Ce qu'il faisait lui semblait totalement logique, naturel. Il ne connaissait plus aucune limite.

Son cri cessa tout à coup, et ses yeux, assombris par la rage, se fixèrent sur Shi. Ce dernier serra les dents, et se mit en position de défense, tout en concentrant ce qui lui restait de puissance. Il avait été durement éprouvé par ses combats ; il aurait logiquement dû tuer son adversaire avant que ce dernier ne récupère assez. Même s'il ne pouvait détecter son ki, il sentait bien que la puissance du Saiyen dépassait maintenant la sienne, et de beaucoup. Une telle chose n'aurait jamais dû arriver, c'était rigoureusement impossible. Et pourtant.

L'atmosphère s'était chargée de lourds nuages, qui défilaient rapidement dans un ciel rougeoyant. Des éclairs couraient à la surface de la planète, désintégrant les rochers d'où ils surgissaient, dans un vacarme assourdissant. L'un d'eux explosa entre les deux adversaires, mais le regard de Trunks ne s'écarta pas d'un pouce. Un rictus dévoila les canines de Shi ; enfin un adversaire à sa hauteur. Le sort de l'univers serait fixé par le résultat de ce combat.

***

"Il est impressionnant," fit Gokuu, qui louchait pour ne pas être aveuglé par la lueur des éclairs. "Je me demande jusqu'où ce garnement peut aller. Il semble parfaitement calme et détendu, et sa puissance a encore augmenté."

Végéta était cloué sur place par la surprise, ainsi que le reste du groupe.

"L'énergie des Saiyens est infinie," déclara t-il. "Tu es bien placé pour le savoir, Kakarotto."

"C'est vrai," acquiesça l'autre. "Lorsque c'est nécessaire, nous pouvons devenir plus puissants ; il n'existe pas de limites. Mais... ça !"

Ils tournèrent de nouveau les yeux vers la boule, dans laquelle ils pouvaient voir le terrible face-à-face des deux adversaires.

***

Trunks leva un bras dans la direction de Shi. Celui-ci écarquilla les yeux. Il n'avait pas vu son mouvement. Il ne vit pas non plus Trunks ouvrir rapidement son poing. L'onde de choc le percuta de plein fouet, et il s'écrasa dans un magma de rochers, sans comprendre ce qui lui était arrivé.

Rapidement, Shi réapparut, dans une nouvelle explosion qui souleva un grand nuage de poussière. Il se posa face à Trunks, qui n'avait pas bougé d'un millimètre. Son bras droit était toujours tendu devant lui. Il était totalement immobile, seuls bougeaient les éclairs bleus qui enlaçaient tous ses membres, tels des serpents à l'agonie.

"Je ne sais pas d'où tu tires ta force," cria Shi, d'un ton qui se voulait blessant. "Mais tu ne feras jamais le poids face à moi."

Trunks n'entendait rien. Le hurlement qui avait envahi son âme était la seule chose à laquelle il était sensible. Il ne savait pas de quelle façon il allait exterminer son adversaire. La seule certitude, c'était qu'il allait le faire. Et que ce serait douloureux.

Shi écarquilla légèrement les yeux lorsqu'un fin rayon d'énergie explosa de la paume ouverte de Trunks. Il était tellement rapide qu'il n'eut que le temps de croiser les bras devant son torse, dans un geste de défense. L'explosion secoua toute la région -- jamais il n'aurait pu soupçonner qu'une telle énergie fut contenue dans cette attaque d'apparence si inoffensive. Shi fut de nouveau projeté en arrière, et ses pieds creusèrent deux profonds sillons dans le sol rocheux, avant qu'il ne s'immobilise. Une fumée noire s'élevait de ses avant-bras, gravement brûlés. Shi serra les mâchoires de plus belle, et réagit instantanément : il se téléporta derrière Trunks, et lança un coup de poing à puissance maximale devant lui, avec un grand cri.

Trunks bougea rapidement de côté, et bloqua le poing de son adversaire entre son torse et son bras droit. Shi tenta de le retirer, mais son poignet était maintenu avec une telle force qu'il ne pouvait plus le bouger. Une nouvelle fois, Trunks agit trop vite pour qu'il puisse voir son mouvement : de sa main libre, le Saiyen s'empara du poing de Shi, tandis qu'il opérait une rotation sur son pied gauche, l'autre jambe tendue en arrière. Shi fut déséquilibré par le mouvement de balayage, et pendant qu'il tombait au sol, Trunks se servit de son élan pour tordre violemment le bras de son ennemi. Un craquement sinistre retentit, et Trunks libéra le poing qu'il tenait. Shi se redressa rapidement, et jura à voix haute. Son bras pendait lamentablement à son côté ; l'articulation de l'épaule était réduite en miettes. Il sauta en arrière, pour se mettre à bonne distance de cet adversaire qui lui faisait de plus en plus peur. Trunks lui faisait face, mais l'expression glaciale de son visage n'avait pas changé. Lentement, les mains du Saiyen remontèrent à hauteur de son torse, en position d'attaque.

Shi leva le bras qui lui restait. Il ne comprenait toujours rien à ce qui lui arrivait.

***

"Il va gagner !" s'exclama Goten, les yeux plein d'espoir. Ils fixaient tous la boule de cristal, sans oser y croire. Qui aurait pu croire que Trunks réagirait ainsi à la mort de Lyn, et qu'il serait devenu aussi puissant ? Il allait les débarrasser de Shi en un rien de temps.

"Il doit prendre garde," fit Kaï, qui conservait une attitude méfiante. "Shi a plus d'un tour dans son sac, nous ne savons pas de quoi il est capable."

"Tu rigoles ?" demanda Piccolo, en lui jetant un rapide coup d'oeil. "Le gamin a toutes les chances de son côté. Je suis désolé de dire ça, mais la mort de Lyn aura été très profitable. Ca l'a réellement mis hors de lui, et Shi n'a plus aucune chance."

"C'est bien le problème."

Ils sursautèrent tous. La voix provenait de nulle part. La voix de Shi, mais aussi celle de l'Eternel. Ils levèrent la tête vers le ciel, chacun dans une direction différente.

"Co -- comment ?" demanda Gohan, sans savoir dans quel sens il devait se tourner. "Shi va perdre, et c'est un problème ?"

"Exactement." Le demi-Saiyen prit une expression soucieuse. Il ne comprenait pas.

"Shi ne doit pas perdre," continua l'Eternel. "Du moins, il ne doit pas mourir. Aussi comique que ça puisse sembler, vous devez absolument faire quelque chose pour le sauver."

"Mais -- je ne comprends pas pourquoi vous dites cela," fit Bulma, en tendant un index vers la boule de cristal. Trunks donnait maintenant des séries de coups de poing dans le visage de Shi, à une vitesse qui gommait le contour de ses bras. L'autre tenait à peine sur ses jambes. "Il est en train de gagner et vous voudriez que nous -- que nous l'arrêtions ?"

"Mais pourquoi ?" demanda à son tour Saki. "Je ne comprends pas non plus."

"C'est pourtant simple," répondit l'Eternel, sur un ton ironique. "Shi est une partie de moi. S'il meurt, je meurs aussi. L'univers n'aura plus de raison d'être. Pire que tout cela, privé de son créateur, il disparaîtra. Je parle de l'Univers inférieur, mais également de l'Autre Monde, et vous n'y échapperez pas. Ainsi que toutes les autres lignes temporelles, tous les univers possibles. C'est pourquoi vous devez intervenir."

"Je comprends mieux maintenant," fit Kaï, "pourquoi Shi doit être emprisonné sous une forme latente, et non tué."

"Et c'est notre travail," continua sa soeur. "A nous de jouer, maintenant."

"A votre place," fit Végéta, "j'attendrais un peu avant de me précipiter." Il désignait la boule de cristal. "Regardez, la planète toute entière est le siège de terribles tempêtes d'énergie. Je doute que vous puissiez survivre une fois que vous serez là bas."

Les Gardiens jetèrent un regard sur la scène du combat. Les éclairs redoublaient en intensité et en fréquence. Le Saiyen avait raison. Ils allaient se faire tuer par la seule puissance qui émanait des combattants déchaînés.

"Dans ce cas, il faut calmer Trunks," fit Bulma. "Je ne sais pas ce qui lui passe par la tête, mais ça doit être terrible. Je ne l'ai jamais vu ainsi, et -- " Elle prit un air songeur pendant quelques instants. Son visage était triste, et elle se mordillait les doigts sous l'effet de l'angoisse. "Tout ça ne me dit rien qui vaille. Il me fait peur."

"Ne t'en fais pas," fit Gokuu, en posant une large main sur son épaule. Elle tourna la tête vers lui. Le contact était chaud, rassurant. Elle sembla se détendre un peu. "Je vais aller là bas," continua le Saiyen, un air confiant dans les yeux. "Je sais ce que tu ressens, mais je te garantis qu'il reviendra sain et sauf."

"Merci," fit Bulma, en posant sa propre main sur celle de Gokuu. Elle sourit faiblement, puis tourna de nouveau la tête vers la boule de cristal. Trunks, totalement invincible, frappait Shi sans relâche à la poitrine, avec des coups de plus en plus puissants et rapides. Du sang s'échappait maintenant de la bouche de son adversaire, qui ne pouvait rien faire pour réagir.

"J'y vais," fit Gokuu d'un ton sérieux, en retirant sa main de l'épaule de Bulma, pour porter son majeur et son index réunis à hauteur de son front. Un léger grésillement de l'air, et il n'était plus là.

***

Trunks frappait, et frappait encore. Insatiable, le coeur empli d'une haine insondable et d'une tristesse indescriptible. Il savait parfaitement que tuer Shi ne lui rendrait pas Lyn, mais son corps et son esprit ne lui obéissaient plus. Il devait absolument écraser ce monstre qui avait réduit à néant son seul rêve, qui avait tué Lyn, celle avec qui il avait voulu partager sa vie. Le seul être qui ait autant compté pour lui. Sa perte l'avait totalement anéanti, et il ne savait pas où s'arrêterait sa folie meurtrière, ce qu'il devrait faire pour parvenir à se calmer, ou s'il se calmerait jamais. Il avait une puissance infinie, rien ne pourrait s'opposer à lui, et surtout pas ce misérable insecte à la force si ridicule qui avait osé lever la main sur elle. Sans se préoccuper des dégâts terribles que subissait la planète sous l'effet de ses attaques, Trunks avait entrepris de briser le corps de Shi, membre par membre, méthodiquement, avec une précision chirurgicale, sans lui laisser le moindre répit.

A la limite de sa conscience, le jeune Saiyen perçut l'arrivée d'une nouvelle force. Il reconnaissait parfaitement Gokuu, mais il n'interrompit pas un seul instant ce qu'il était en train de faire : réduire en bouillie la mâchoire de Shi. Il tenait son adversaire par un pan de son vêtement, d'un bras démesuré, gonflé d'énergie, tandis que de l'autre main, il lui infligeait de rapides séries de claques retentissantes. Peu importait le faible pouvoir destructeur de cette technique, l'essentiel était qu'il souffre énormément. Shi ne réagissait pas, tandis que les coups de Trunks pleuvaient, à une vitesse trop importante pour tenter la moindre action défensive.

"Trunks !" hurla Gokuu, à quelques centaines de mètres de lui. Le Saiyen se protégeait le visage des deux bras, les pieds solidement plantés dans le sol, arc-bouté contre le souffle d'air rugissant qui émanait des combattants. "Arrête, tu vas le tuer !!"

Trunks eut presque envie de sourire, mais il était bien trop triste pour le faire. C'était effectivement le but qu'il recherchait. Il se concentra de plus belle sur sa tâche. Ce que l'autre Saiyen pouvait lui dire, il s'en moquait éperdument. Il ne connaissait plus ni amis ni alliés. Pour lui, le monde s'était écroulé lorsque Lyn avait été tuée. L'univers entier pouvait bien disparaître, il s'en moquait éperdument.

"Je t'en prie," continua Gokuu, qui commençait à déraper sous l'effet de la pression du vent. "Arrête avant qu'il ne soit trop tard. Si tu le tues, l'Eternel mourra aussi, et nous disparaîtrons tous avec lui."

Trunks s'arrêta net. Lentement, les paroles de Gokuu faisaient surface dans son esprit, et il assimilait leur sens. Mais ses référentiels avaient radicalement changé. Il se moquait bien que l'Eternel meure, que l'univers soit de nouveau détruit.

Shi ouvrit soudain les yeux. Les coups avaient cessé. Même si sa puissance avait bien baissé, il n'allait pas laisser passer une si belle occasion de riposter. Il leva une main, et concentra rapidement sa force en une boule d'énergie brillante. Sans même le regarder, Trunks le lâcha, et lui planta un coup de pied en pleine poitrine. Shi écarquilla les yeux durant le bref moment où l'air fut expulsé de ses poumons. L'instant suivant, il se retrouvait entraîné dans une course folle ; il traversa les plus gros rochers pendants plusieurs secondes avant qu'une véritable cathédrale de pierre ne parvienne à stopper son élan, en s'effondrant sur elle-même. Trop affaibli, il perdit conscience, en maudissant une fois de plus son adversaire.

"C'est mieux," fit Gokuu, qui put enfin se redresser. La bourrasque d'énergie avait cessé. Il s'éleva lentement dans les airs, et s'approcha le plus près qu'il le put de Trunks. L'aura de ce dernier n'était pas détectable, mais le bouclier énergétique qui l'entourait le rendait totalement inaccessible. Le Saiyen prit l'expression la plus sérieuse qu'il put.

"Calme-toi, je t'en prie," fit-il, en tentant de le rassurer avec des gestes apaisants. Mais inconsciemment, il sentait que l'autre n'avait pas besoin d'être rassuré. Son regard était infiniment triste, comme si tout le malheur du monde s'était abattu sur ses épaules. Dans un sens, il le comprenait. La perte de Lyn avait dû être terrible pour le jeune homme, même s'il n'avait aucune idée des liens qui s'étaient tissé entre elle et Trunks. Il devait surtout lui faire retrouver goût en la vie.

"Trunks," fit t-il, "je t'assure que c'est vrai. Crois-moi, il ne faut surtout pas tuer Shi. Je comprends ce que tu ressens, mais tu dois aussi penser aux autres. Alors calme-toi."

Trunks secoua lentement la tête. Il mentait. Il ne pouvait pas comprendre ce qu'il vivait. Le vide et le froid qui s'étaient emparés de lui, son envie de pleurer, de crier, la rage destructrice qui l'avait envahi, qui était la seule chose qui comptait pour lui désormais. Il n'avait plus que ça, sa force, et sa folie meurtrière. Rien d'autre n'avait d'importance. Gokuu, son père et sa mère, son ami Goten, tout ça ne signifiait plus rien. Tous les liens étaient rompus, il n'appartenait même plus à ce monde. Il savait qu'il était devenu totalement fou, mais il n'y pouvait rien. Il ne fallait pas que Lyn lui soit prise. C'était trop tard. Shi lui-même n'était pas responsable de ce qui était en train de se produire. Il allait détruire ce gêneur, puis cette planète, et tout ce qui l'entourait. S'il en mourait, ce serait tant mieux. Rien ne pourrait le calmer, à part la mort, le néant.

La réaction du jeune homme surprit Gokuu. Il s'était attendu à le voir se calmer, baisser les bras, et retrouver une apparence plus douce. Au lieu de quoi, Trunks se cambra de nouveau en arrière, serra les poings, et son aura doubla d'intensité. Gokuu fut emporté par le souffle, et il se roula en boule sur lui-même pour mieux se protéger. La région toute entière fut secouée par le regain d'énergie de Trunks, et la planète se mit à trembler.

Trunks tourna son regard vers un point à l'horizon. Shi venait de s'extraire de sa prison de pierre, et se dirigeait maintenant dans sa direction. Même blessé, il ne comptait ni s'enfuir, ni déposer les armes. Trunks sourit : il aimait cette attitude.

Les pieds du Saiyen quittèrent le sol, et il se rendit lentement à la rencontre de son adversaire.

Avec une moue de dépit, Gokuu n'eut d'autre choix que de se téléporter de nouveau.

***

"Désolé," fit-il en s'avançant lentement vers le groupe, "je n'ai pas pu le convaincre. Il ne m'écoute même pas. Je n'ai jamais vu une telle chose."

"Bien évidemment," fit Végéta, "tu ne sais pas t'y prendre. Espèce d'incapable."

"Je ne crois pas qu'il t'écouterait non plus, tu sais," répliqua Gokuu, d'un ton neutre. Végéta haussa un sourcil. "Il semble malheureux, plus qu'il ne l'a jamais été. Lyn devait compter beaucoup plus pour lui que nous ne l'avions soupçonné."

"Dans ce cas," fit Goten, "il faut la ramener à la vie pour avoir une chance de le calmer. Et il faut se dépêcher," ajouta t-il, en jetant un coup d'oeil à la boule de cristal. "Il va vraiment le tuer." Trunks se battait maintenant les bras croisés, frappant son adversaire uniquement de ses pieds. Shi encaissait tous les coups ; il ne pouvait pas prévoir les mouvements de son adversaire, ni les visualiser.

"Mais les Dragonballs ne seront de nouveau actives que dans un an," fit Dunde, avec des intonations de déception dans la voix. "Nous ne pouvons malheureusement pas rassembler celles qui sont sur Terre en si peu de temps, donc nous n'avons aucun moyen de ramener Lyn à la vie."

"C'est vrai," fit Gohan, en frappant un de ses poings dans l'autre main. "J'oubliais jusqu'à l'existence des Dragonballs de la Terre. Nous sommes dans une impasse."

"Peut-être pas !" s'exclama Gokuu, en se tapotant la tempe d'un doigt. "Je vais tenter une dernière chose. A plus tard !" Il disparût de nouveau, après un bref moment de concentration.

***

"Et bien ? Vous me rendez la vie, oui ou non ?" Lyn était perchée sur le gigantesque bureau du roi Enma Daioh, assise en tailleur, les bras croisés. Le malheureux Daioh tentait de se libérer du filet que la magicienne avait projeté sur lui. Mais ses mouvements désordonnés le faisaient s'empêtrer davantage.

"Pas question !" hurla t-il. "Je vais même t'envoyer en enfer dès que je sortirai d'ici !" Les petits démons qui étaient à son service n'osaient intervenir. Si cette étrange fille était venue à bout de leur chef si facilement, ils voyaient mal ce qu'ils pourraient faire. "Et d'abord, sors-moi de là tout de suite."

"Pas question," fit Lyn, en lui adressant un clin d'oeil. Elle croisa les mains derrière la tête, d'un air parfaitement détendu. "Tu me rends la vie d'abord, on verra ensuite."

Un bourdonnement fit trembler l'air, et Gokuu se matérialisa dans la pièce. Il s'était concentré sur la présence de Lyn, qu'il était parvenu à détecter, même morte. Une autre des techniques acquises durant son long séjour dans l'Autre Monde, car il était très difficile de détecter les morts.

Il faillit éclater de rire en voyant dans quelle situation se trouvait le roi Enma : il ne l'avait jamais vu si rouge de colère. Lyn, quant à elle, tourna la tête dans sa direction, et le reconnut. Elle lui adressa un petit salut de la main, et Gokuu le lui rendit, tout en s'approchant d'Enma.

"Salut," fit-il. L'autre devint encore plus rouge en reconnaissant Gokuu. Sa présence ne lui avait jamais apporté que des ennuis.

"Qu'est-ce que tu veux, toi ?" hurla t-il. Le Saiyen dut se boucher les oreilles pour ne pas être assourdi.

"Je -- je voudrais que tu m'accordes une petite faveur," fit-il. "Cette fille -- Lyn -- doit revenir dans le monde des vivants. C'est une priorité absolue."

"Pas question," répondit l'autre, sans cesser de se démener. Il parviendrait à s'extraire de ce maudit filet, d'une façon ou d'une autre. Lyn, pour sa part, haussa un sourcil.

"Mais je ne te demande pas de lui rendre la vie," continua Gokuu. "Accorde-lui un petit moment dans le monde des vivants, comme tu l'as fait pour moi. Si tu ne nous donne pas cette chance, l'univers sera de nouveau détruit, ainsi que l'Autre Monde."

Le roi Enma cessa de se débattre. Les paroles de Gokuu avaient de quoi donner à réfléchir. Il tenta de ramener une main vers sa tête, pour se gratter le crâne, mais fut stoppé par le filet. Il jura.

"Entendu," fit-il. "Elle peut aller avec toi. Je lui accorde une heure, pas une seconde de plus ; tâche de faire avec." Lyn prit une expression déçue, tandis que Gokuu se frottait les mains. Il tendit une main à la fée.

"Viens," fit-il. "Trunks a besoin de toi." Ses yeux s'agrandirent de surprise. Elle posa une main minuscule dans la grande paume de Gokuu. Celui-ci se concentra rapidement, et ils disparurent.

"Heeeeeeyyyyyy !" cria Daioh. "Sortez-moi de là tout de suite !"

Effrayés par son regain de colère, les démons reculèrent vivement au lieu de lui obéir.

***

Lyn et Gokuu apparurent sur la planète qui servait de terrain de jeu à Trunks. De grands blocs de pierre explosaient un peu partout, sous l'effet de la colère qui descendait du ciel sous forme d'éclairs éblouissants. Au loin, brillait l'étoile lumineuse qu'était Trunks. Gokuu prit Lyn dans ses bras, pour mieux la protéger, et lui assurer un peu de stabilité ; elle s'y recroquevilla du mieux qu'elle put, effrayée par la violence des éléments.

"Il est très malheureux depuis que Shi t'a tué," fit le Saiyen. "J'ai essayé de le calmer, mais rien n'y fait. Il ne m'écoute même pas. Il ne faut pas qu'il tue Shi."

"Je vois," fit-elle. "S'il le tue, l'Eternel disparaîtra aussi. Mais -- il est si fort que ça ? Je le croyais presque mort tout à l'heure."

"Il a retrouvé des forces ensuite." Lyn sourit brièvement.

"Allons-y."

***

"Il a réussi !" s'exclama Goten, en flaquant une grande claque dans le dos de son frère. Celui-ci se mit à tousser, tout en luttant pour conserver son équilibre. Une grande clameur accueillit l'apparition de Lyn et Gokuu sur les lieux du combat.

"Il faut qu'elle réussisse," continua Dunde. "C'est vraiment notre dernière chance."

"Quelle ironie," fit Piccolo. "Etre obligé de ne pas tuer l'ennemi."

Dunde sourit en regardant le grand Namek. En tant que combattant, cette situation était sans doute extrêmement frustrante pour Piccolo.

***

Lyn écarquilla les yeux. Trunks, déchaîné, était entouré d'éclairs qui se croisaient dans des gerbes d'étincelles. Il semblait totalement inconscient de ce qui l'entourait. Il avait réduit Shi à l'impuissance totale : ce dernier était désormais inconscient. Plié en deux sur un genou du Saiyen, il ne réagissait plus aux coups que celui-ci lui portait. Du sang ruisselait de ses multiples blessures, et Trunks en était couvert. Mais il s'en moquait éperdument. Ses poings s'abattaient, imperturbablement, réguliers comme les battements d'une horloge folle.

La fée comprit alors, en jetant un regard sur le visage du jeune homme : il n'était plus lui-même, il ne pouvait même plus réfléchir. La rage l'aveuglait. Elle chercha et trouva son esprit, et fut époustouflée par la tristesse qu'elle y découvrit. Sa mort l'avait affecté d'une façon tout à fait inattendue ; la douleur qui l'avait envahi ne trouverait son exutoire que dans la violence, mais il était totalement incapable de décider, et surtout, de s'arrêter. Il était devenu dangereux, bien plus que Shi lui-même, si celui-ci avait pu faire quoi que ce soit.

Trunks s'arrêta soudain. Ses yeux étaient perdus dans le vague. Il venait de ressentir quelque chose. Une caresse, une présence presque impalpable. Aucun doute, c'était l'esprit de Lyn, qui tentait de s'infiltrer dans le sien. Il leva la tête, tandis que le corps de Shi, inconscient, glissait au sol. Leurs regards se croisèrent.

La raison sembla alors faire de nouveau surface dans les yeux du Saiyen. Immobile, silencieux, il se contenta de la regarder.

Elle était revenue. Certes, elle n'était plus de ce monde -- en attestait l'auréole dorée qui flottait au-dessus de sa tête. Mais sa simple présence suffit à lui faire retrouver conscience de son entourage immédiat : la planète, défigurée à jamais, et qui semblait prête à exploser d'un instant à l'autre. Le corps de Shi, à ses pieds -- était-ce vraiment lui qui avait fait une telle chose ? Et surtout, Lyn et Gokuu, qui le regardaient avec des yeux ronds, comme s'ils ne l'avaient jamais vu auparavant, comme s'il n'était plus le Trunks qu'ils avaient connu.

Le jeune homme leva ses mains, et les regarda longuement. Elles étaient tâchées de sang. Son propre sang, mais aussi celui de Shi, qui avait fini par couler. Il possédait maintenant une puissance supérieure à tous les niveaux jamais atteints ; mais à quel prix ? Fallait-il en passer par la folie pour devenir encore plus fort ? Fallait-il être privé de raison et de discernement au point de ne plus pouvoir contrôler ses actions de façon cohérente, de devenir un danger au lieu d'être un secours pour ceux qu'il aimait ? Son regard se posa sur son ennemi, qui gisait à ses pieds, inconscient. Il était enfin parvenu à le battre, sans aucune difficulté. Il lui avait fait payer pour tous ses crimes. Même si au fond de lui, il aurait préféré l'achever, pour encourir moins de risques dans l'avenir, sa conscience maintenant pleinement éveillée lui dictait le contraire. Le tuer serait une grave erreur. C'était le dernier piège à éviter.

Trunks leva de nouveau les yeux vers Lyn. Alors seulement, son corps se détendit. Toute sa rage disparût, et il retrouva son apparence normale en quelques instants. Il tomba à genoux au sol.

Lyn se posa à ses côtés, et s'agenouilla en face de lui.

***

"A nous de jouer !" s'exclama Kaï, en serrant les poings. Ils poussaient tous de profonds soupirs de soulagements, en voyant que Trunks était enfin calmé. Végéta et Piccolo étaient toujours impressionnés par la puissance dont le jeune homme avait fait preuve lors de son combat.

Saki tendit un bras devant elle, et fit apparaître son disque de téléportation. En un instant, les deux Gardiens avaient disparu, et le passage s'était refermé.

"On l'a échappé belle," fit Goten, en passant un bras sur son front. Il jeta un dernier coup d'oeil dans la boule de cristal : Gokuu s'approchait lentement de Shi, qui semblait désormais inoffensif.

Une main se glissa dans la nuque du jeune Saiyen, et il sursauta. Se retournant, Goten tomba nez à nez avec Hana, qui lui souriait à pleines dents d'un air espiègle.

***

Shi respirait à peine. Gokuu n'osait même pas le toucher, de peur de le réveiller. Cela semblait presque inespéré : leur plus terrible ennemi réduit à l'impuissance ; sa propre violence avait fini par se retourner contre lui-même. Le Saiyen hocha la tête d'un air approbateur : ce n'était finalement que justice.

Kaï et sa soeur émergèrent à tour de rôle du disque de déplacement instantané. Ils se jetèrent un coup d'oeil, et se positionnèrent rapidement de part et d'autre du corps de Shi. Gokuu effectua un prudent saut en arrière. Les Gardiens effectuèrent une série de mouvements rapides, tout en se concentrant. Le dernier acte de ce cauchemar, pensa Gokuu. Enfin.

Saki et son frère tendirent leurs bras l'un vers l'autre. Shi se trouvait entre eux deux, allongé dans la poussière. Lentement, de fins filaments de lumière se mirent à briller dans l'espace séparant les deux Gardiens. Les pointes de leurs doigts se trouvèrent rapidement reliées entre elles par un faisceau de lignes lumineuses bleues, qui vibraient doucement dans l'air maintenant calme. Le corps de Shi se souleva, pour s'immobiliser au centre d'un grand bulbe de lumière. Petit à petit, les filaments immatériels s'enroulaient autour de chacun de ses membres, tel un filet imaginaire.

Gokuu jeta un coup d'oeil de côté : Lyn parlait doucement à Trunks, qui semblait désormais vidé de toute énergie. Le Saiyen se promit de penser à féliciter son jeune ami pour l'exploit qu'il venait d'accomplir. Il faudrait aussi qu'il lui demande de lui donner des leçons d'arts martiaux, car il l'avait maintenant dépassé, et de beaucoup.

Son regard revint vers Shi. Ce dernier était désormais totalement enveloppé d'une fine pellicule bleutée. Ce cocon d'un genre particulier se mit ensuite à rétrécir, et il ne subsista au bout de quelques instants qu'un petit point lumineux entre les deux Gardiens. Saki se jeta soudain en avant, et saisit la petite bille maintenant noire avant qu'elle n'atteigne le sol. Elle la prit entre son pouce et son index, puis la porta à hauteur de ses yeux. Un petit sourire étira ses lèvres, tandis qu'elle admirait les reflets qui ornaient sa surface luisante.

Shi était de nouveau entre les mains de ses Gardiens. Un profond soupir souleva sa poitrine.

Kaï s'était lentement avancé jusqu'à Trunks et Lyn, qui n'avaient toujours pas bougé. Gokuu les rejoignit en quelques pas. Il posa une main sur la tête penchée de Trunks. Celui-ci leva bientôt les yeux vers lui. Un large sourire dévoilait les dents blanches du grand Saiyen.

"Debout," fit-il. "Il est temps de rentrer à la maison."


Chapitre 19
Spoiler
Deux semaines après la fin de l'ultime bataille, la vie avait repris son cours normal sur Terre. Chacun avait retrouvé sa planète d'origine : Gokuu avait ramené les Nameks, puis les Gardiens de l'Eternel, sur leurs planètes, tandis que Kaï et Saki étaient repartis sur leur propre monde, en prenant garde de ne pas oublier la petite bille noire pour laquelle ils avaient vécu tant de péripéties. Les Saiyens avaient réintégré leurs familles respectives eux aussi : Végéta attendait avec impatience la fin des travaux entrepris par Bulma, qui avait soudain décidé de faire construire la nouvelle salle de gravité dont les plans traînaient dans son ordinateur depuis longtemps. Et Gokuu s'était accordé des vacances, qu'il passait dans sa famille. Il avait décidé qu'Uubu avait eu assez d'émotions fortes pour un moment.

Pour sa part, Hana venait rendre visite à Goten de plus en plus souvent -- l'arrivée de son avion sur la ligne d'horizon ne manquait pas de faire sourire Gohan et Videl, pour qui cette situation rappelait de bons souvenirs.

Quant à Trunks, il n'avait pas regagné Capsule Corporation. Il avait élu domicile au Palais de Dunde, pressant sans relâche ce dernier de réactiver les DragonBalls afin de ramener Lyn à la vie. Il avait un moment pensé à se suicider pour aller la rejoindre dans l'Autre Monde, mais Dunde l'avait dissuadé de mettre son projet à exécution, en lui assurant que les boules redeviendraient actives dans peu de temps -- exceptionnellement, le jeune Dieu avait décidé de lui accorder cette faveur, bien que Shenron ait été appelé pour la dernière fois peu de temps avant l'apparition de Shi. Bra et Bulma venaient le voir de temps en temps pour s'assurer qu'il allait bien -- durant les jours qui avaient suivi leur retour sur Terre, le jeune homme était allé jusqu'à refuser de s'alimenter. Il n'était pas certain que les DragonBalls puissent ressusciter Lyn, car elle n'était pas Terrienne, et échappait donc à la zone d'influence de Dunde. Mais Trunks espérait atteindre son but en formulant son souhait d'une façon appropriée.

***

Mais pour l'heure, le soleil se couchait une fois de plus sur la montagne au pied de laquelle vivaient Gokuu et sa famille. Son disque rougeoyant s'inclinait sur l'horizon, tandis que ses rayons dorés allaient se perdre dans les rares nuages effilochés qui s'étiraient pour la nuit. Et les étoiles se mirent à briller, comme si elles n'avaient en fait jamais cessé d'exister, imperturbables dans leur course sans fin.

Dans la petite maison d'où sortait un fin filet de fumée bleuâtre, la famille était réunie au grand complet autour d'une table abondamment fournie. Hana était assise aux côtés de Goten ; ce dernier, s'il n'était pas insensible à sa présence, était pour l'instant bien plus préoccupé par la nécessité de remplir son estomac. Ils passaient leurs journées ensemble, et depuis quelques temps, avait été définitivement admise comme faisant partie de la famille. La meilleure preuve en était que Chichi elle-même lui avait proposé de rester pour le dîner.

"Goten," demanda son frère, en reposant son bol de riz maintenant vide, "est-ce que tu sais comment va Trunks ?"

"Humpf." L'interpellé avalait sa propre ration à grande vitesse. "Non, je ne suis pas allé le voir depuis quelques jours. Je suppose qu'il attend patiemment que les Dragonballs ait retrouvé leur fonction."

"A propos," intervint Hana, qui discutait jusque là avec Videl, "tu as promis de m'emmener voir un jour ce Palais du Paradis dont vous ne cessez de parler."

"On ira demain si tu veux," répondit Goten, en tournant la tête vers elle.

"Je viendrai aussi," fit Gohan. "Ca me donnera l'occasion de rendre une petite visite à Piccolo."

"On pourra y aller en volant," continua Hana, avec un clin d'oeil. "Maintenant que j'en suis capable." Goten faillit recracher sa bouchée. Les autres éclatèrent de rire.

"Arrêtez de vous moquer de moi à ce sujet," fit-il amèrement. "Les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures."

"Tu -- tu aurais vraiment dû voir ta tête lorsque je me suis envolé sous tes yeux pour la première fois," répliqua son amie, entre deux quintes de rire. "C'était hilarant."

"Pour ça," fit Goten, en souriant, "tu m'as vraiment fait une surprise. C'était réussi." Hana lui rendit son sourire. Même si elle avait connu des moments difficiles, elle ne regrettait pas d'avoir demandé au Doyen des Dieux d'augmenter sa force, ni à Videl de l'entraîner. Elle avait ainsi pu se rapprocher de Goten et de sa famille. Il la considérait maintenant d'un tout autre oeil.

"Pour ma part," fit Gokuu, sans pour autant lâcher l'os qu'il était en train de dépouiller, "il me tarde de plus en plus que cette nouvelle salle de gravité soit terminée. Végéta m'a promis de m'inviter à y faire un petit tour avec lui dès que tout fonctionnera."

"Tu as tellement insisté, qu'il n'a pas eu d'autre choix pour te faire taire," répliqua Gohan. "Essaie de ne pas trop forcer contre lui, il est plus fort que toi, maintenant."

"C'est bien ce qui m'intéresse," répliqua son père, en inclinant la tête en avant. "Au moins, j'aurais un adversaire valable." Hana donna un léger coup de coude à Goten. Des adversaires valables, elle en connaissait d'autres. Ils se sourirent mutuellement.

"Et bien je n'aurais qu'à préparer les pansements, comme d'habitude," dit Chichi, en soupirant.

"C'est une bonne idée," acquiesça Gokuu. "Végéta m'a assuré qu'on pourrait se battre à puissance maximale dans cette nouvelle salle." Une goutte de transpiration coula le long de la joue de Chichi.

"Ca promet," ajouta t-elle. "J'espère que Bulma ne s'est pas trompée dans ses calculs. Essayez de ne pas faire sauter la planète, pour une fois."

***

Perché sur le dôme du bâtiment principal de Capsule Corporation, Végéta contemplait la ville. Il avait les bras croisés sur la poitrine, et une expression neutre sur le visage.

Des centaines de lumières, qui naissaient et disparaissaient à tour de rôle. Les bruits des véhicules, des machines, qui lui parvenaient de loin, étouffés par la distance. Il aimait venir là, la nuit, lorsque tout était plus calme, que l'air était plus froid. Personne ne savait qu'il était là, mais il voyait tout. Les nuits sur cette planète duraient affreusement longtemps, et il n'avait besoin de dormir que quelques heures par jour. Aussi passait-il le plus clair de son temps à observer les humains, lorsqu'il ne s'entraînait pas. Ces stupides petits humains, à la force si misérable, paresseux, éternellement fatigués, qui ne cessaient jamais de se plaindre, et à l'intelligence si limitée. Il avait fini par s'habituer à la façon dont ils laissaient si facilement transparaître leurs émotions. Malgré tous leurs défauts, ils étaient parvenus à créer une société organisée. Si différente de celle des Saiyens, mais parfaitement adaptée à la vie en communauté. Un mode de vie essentiellement fondé sur la relation avec l'autre, ce qui était naturel, étant donné le nombre extraordinaire d'être humains vivant sur une si petite planète. Le regard du Saiyen se perdit dans le vague, et pendant quelques instants, il autorisa ses souvenirs à refaire surface.

***

Le jeune Prince avait aujourd'hui quatre ans. C'était aussi son premier jour d'entraînement véritable. Jusque là, il avait dû se contenter de survivre parmi les enfants de son âge. Mais dans la matinée, un grand guerrier chauve à la musculature imposante était venu le chercher. Avec un rictus mauvais, il lui avait annoncé que le temps des jeux était terminé. Il se tenait maintenant dans une salle capitonnée, où tous les sons étaient amortis, et où la lumière était plus vive qu'à l'extérieur. On lui avait fait revêtir une tenue de combat complète, qui portait les insignes dus à son rang. Puis on lui avait donné l'ordre d'entrer dans cette salle spéciale, en lui disant d'attendre. Il n'y avait aucun doute qu'on était en train de surveiller ses réactions en ce moment même : les caméras, fixées aux quatre coins de la pièce, ne cessaient de le suivre dans ses moindres mouvements. Il avait fini par s'immobiliser, et elles avaient cessé de bouger. Même si son coeur battait à tout rompre, il ne permettrait pas que sa peur devienne visible. Il n'avait aucune idée du genre d'entraînement qu'on lui réservait, mais il était prêt. Depuis qu'il savait marcher, il avait dû se battre pour obtenir la reconnaissance. Il était rapidement devenu plus fort que tous les autres enfants, et il était une nouvelle fois certain de sa victoire, même contre un adulte.

Une porte coulissa, sans aucun avertissement préalable. Une créature à la peau verte, aux yeux globuleux, portant un détecteur et une armure solide, entra dans la pièce. Le Prince ramena lentement sa queue autour de sa taille. L'autre posa son regard sur lui, puis activa son dispositif de détection. Il lut rapidement les indications que donnait l'appareil, puis sourit. Végéta haussa un sourcil.

"Qui es-tu pour être si sûr de toi ?" lança t-il, sur un ton de provocation. L'autre posa ses mains sur ses hanches, sans effacer le sourire cruel de son visage.

"Jeune Prince," fit-il, "ceci n'est pas un combat à mort. Je vais simplement te faire ravaler ton arrogance, petit ignorant."

"Comment ?" Végéta serra les poings, et décroisa les bras. Son visage devint tout rouge, et il se positionna en attaque. Cette limace allait regretter ses paroles.

"Allez-y !" ordonna la créature.

"Hein ?" Aussitôt, le Prince s'effondra au sol. Ses jambes ne pouvaient plus supporter son poids. Il se tenait à genoux, les bras tremblants, et la tête inclinée en avant. Même l'air semblait plus difficile à respirer.

"Il te faudra t'habituer à une gravité plus élevée," fit l'autre. "C'est le premier stade."

"Au -- aucun problème," répliqua Végéta, en se redressant difficilement. Tous ses muscles se contractèrent violemment, et il finit par se remettre complètement debout. Il regarda son adversaire. Celui-ci se tenait toujours dans la même position. Il ne semblait pas ressentir la gravité du tout. Le petit Saiyen serra les dents.

"Allons," fit l'extra-terrestre, en lui faisant signe d'approcher. "Attaque-moi, que je voie ce que tu vaux."

Gravité ou pas, Végéta décida qu'il allait faire ravaler son sourire à cet abruti. Il se concentra rapidement, faisant monter sa puissance à son maximum. Puis il se jeta en avant à toute vitesse. Lorsqu'il arriva sur son adversaire, celui-ci se projeta en l'air d'une détente souple. Végéta écarquilla les yeux, et tenta de le suivre du regard, tout en freinant sa course. Mais l'autre avait déjà atterri derrière lui. Un coup de pied expédia le Prince au sol, tandis que la créature verte éclatait de rire.


Une heure plus tard, le combat était terminé. Végéta était au sol, incapable de bouger. Il n'était pas gravement blessé, mais son corps était recouvert de meurtrissures. Et il n'avait plus de forces du tout. La gravité l'accablait, il ne s'y était pas préparé. Et coup après coup, son adversaire avait fini par le clouer au sol, sans qu'il ne parvienne à le toucher une seule fois. Les techniciens qui l'observaient en salle de commandes étaient probablement en train de mourir de rire. Plus grave que tout cela, le jeune Prince venait de connaître la première défaite de sa vie. Une larme coula le long de sa joue.

Un coup de poing s'abattit violemment sur son estomac, lui coupant le souffle. Il se mit à rouler sur lui-même sous l'effet de la douleur.

"Pas la peine de pleurer," fit l'autre, d'une voix dure, où ne filtrait aucune émotion sympathique. Végéta n'en avait pas attendu, mais il n'avait pas compté sur tant de brutalité. "Tu n'arriveras à rien en pleurant," continua son entraîneur. "Ce sont les faibles qui se plaignent. Essaie de réagir, de trouver un moyen de me battre."

Le Prince sentit qu'on le saisissait par les cheveux. Sa vision était brouillée, et il mit un moment à focaliser correctement sur le visage de l'autre. Même s'il l'avait voulu, il n'avait plus les moyens de lutter, ni de parler.

Avec une moue de dégoût, l'entraîneur le projeta à l'autre bout de la pièce. Végéta s'écrasa lourdement au sol, sans rien pouvoir faire pour amortir sa chute. La porte s'ouvrit, et l'autre quitta la salle d'entraînement sans ajouter un mot. Puis la gravité redevint normale, et Végéta put enfin respirer.

Il resta un long moment immobile. Il ne pleurait plus. Cependant, la colère s'était emparée de lui. Il se maudissait d'avoir été trop faible pour lutter, de n'avoir pu effacer le sourire goguenard de son adversaire. Mais il se jura qu'un jour, il y parviendrait. Si la vie était si cruelle avec lui, il n'y avait aucune raison de s'apitoyer sur son sort. Il espérait juste vivre assez longtemps pour devenir plus fort, et tuer ce misérable qui avait osé lui tenir tête. La douleur le tenaillait. Il y scella sa promesse : devenir le plus puissant de tous les Saiyens ayant jamais existé.

***

Végéta revint à la réalité. Autour de lui, rien n'avait bougé. L'air était simplement un peu plus vif, le froid un peu plus mordant, mais cela n'était qu'un détail. Son esprit déroula rapidement ce qui avait suivi : comment il s'était entraîné, sans relâche, jour après jour. Comment il avait fini par tuer ce premier gêneur quelques mois plus tard, dans une explosion qui avait réduit en cendres la moitié du bâtiment, manquant de peu de le tuer par la même occasion. Par la suite, il n'avait cessé de progresser, mu par l'agressivité et la haine qui lui étaient témoignées de tous côtés. Pour finalement devenir un monstre froid et sanguinaire, sans sentiments, sans émotions. Une arme de destruction idéale, forgée dans le sang et la douleur. Il possédait maintenant assez de recul pour se rendre compte à quel point il avait été manipulé, à quel point il avait été une victime plus qu'un bourreau.

Le Saiyen secoua la tête ; son peuple était éteint, il n'y avait rien à regretter. Il était maintenant quelqu'un de différent, de bien meilleur à ses yeux, et cela seul comptait. De toute façon, remuer ces souvenirs ne le mènerait à rien, sinon ranimer de vieilles rancoeurs qui n'avaient plus lieu d'être.

Il finit par s'élever lentement en l'air, puis il regagna la fenêtre par laquelle il était sorti. Il la referma, puis s'avança d'un pas rapide dans les couloirs de Capsule Corporation illuminés par la lumière bleutée des néons longilignes qui épousaient la courbure du bâtiment. Il atteignit la porte de la salle de gravité, et s'arrêta soudain, comme pris d'incertitude. Les travaux s'étaient achevés dans la journée, mais le mécanisme de contrôle n'était pas encore actif : Bulma voulait s'assurer que tout fonctionnait selon ses prévisions avant de la mettre en fonctionnement pour de bon. Il jeta un coup d'oeil par la vitre, puis décida de continuer son chemin. De toute façon, l'ordinateur aurait déclenché l'alarme s'il avait décidé d'entrer, et Bulma devait sans doute déjà dormir.

Arrivé au bout du couloir, il déboucha dans le salon. Les lumières étaient éteintes, mais Bra était toujours devant la télévision, affalée dans un coussin, à même le sol. Il ne parvenait pas à comprendre l'intérêt que les humains pouvaient porter à ce gadget. Il jeta un coup d'oeil sur l'écran lumineux : sa fille avait choisi de regarder une de ces histoires stupides dans lesquelles il ne se passait jamais rien, et auxquelles il n'avait jamais rien compris. Il traversa la pièce sans qu'elle lui adresse seulement la parole ; elle était bien trop captivée par l'affichage presque grotesque que faisaient les personnages de leurs sentiments respectifs l'un envers l'autre.

Il se rendit dans sa chambre ; mais à sa grande surprise, Bulma ne s'y trouvait pas. Pourtant l'heure à laquelle elle allait se coucher d'ordinaire était dépassée depuis longtemps. Mais il savait où la trouver lorsqu'elle ne dormait pas, et il sortit de la pièce en refermant la porte.

***

Bulma avait les yeux gonflés par le sommeil ; cependant, elle ne comptait pas s'arrêter avant que tout soit parfaitement au point. Elle fixait l'écran de son ordinateur, sur lequel défilaient des diagrammes et, de temps en temps, des messages d'erreur qui l'obligeaient à apporter des modifications au système de gestion qu'elle était en train de programmer. Une tasse de café, récemment apportée par un petit robot, fumait encore à côté de sa main droite. Le laboratoire était parfaitement silencieux, mis à part le cliquetis des touches et le vrombissement des unités centrales qui exécutaient les calculs demandés.

La porte d'accès principale s'ouvrit dans un chuintement, et Bulma finit de taper une ligne de code avant de tourner la tête.

"Qu'est-ce que tu fais là ?" demanda t-elle, lorsque Végéta arriva près d'elle. "Tu viens rarement voir ce qui se passe ici."

"Va dormir," fit-il, en croisant les bras sur sa poitrine. "Tu as l'air d'un zombie."

Les couleurs montèrent instantanément au visage de Bulma. Elle écarquilla les yeux, et posa la tasse qu'elle n'avait pas eu le temps de porter à ses lèvres.

"De quoi je me mêle ?" fit-elle, d'un ton colérique. "Je fais ce que je veux, et en plus, c'est pour toi que je suis en train de travailler. Tu peux aller te coucher si tu veux, mais j'en ai encore pour un bon moment."

Le Saiyen se contenta de hausser un sourcil. Jetant un coup d'oeil sur son écran, il comprit ce qu'elle était en train de faire. Si elle finissait de mettre au point sa nouvelle salle de gravité, c'était tout différent. Autant ne pas la contrarier. Sous le regard étonné de Bulma, il prit une chaise derrière lui, et s'assit à ses côtés. Elle s'était attendue à le voir tourner les talons d'un air grognon, sans ajouter un mot. Au lieu de quoi, elle dut même se pousser pour lui laisser plus de place.

"Tu me montres ?" demanda t-il, en commençant à déchiffrer le diagramme animé. Bulma écarquilla les yeux de plus belle. Depuis quand s'intéressait-il à ce qu'elle faisait ? Elle finit par hausser les épaules, en poussant un profond soupir.

"Très bien," commença t-elle. "Ce que tu peux voir là, c'est une vue simplifiée de la nouvelle salle d'entraînement. Tu vois ça ?" A l'aide du curseur, elle fit tourner le schéma tridimensionnel, puis désigna un ensemble de faisceaux colorés de jaune, qui passaient manifestement à l'intérieur des murs même de la salle. Il n'aurait pu dire quelle taille avait l'ouvrage, mais à en juger par la dimension des équipements annexes, il était plus spacieux que la première salle.

"Je vois," répondit-il. Il suivit des yeux les canalisations, avec l'intention de découvrir leur fonction. Mais elle lui donna la solution avant qu'il n'ait terminé.

"En fait, ces tubes sont beaucoup plus nombreux que ce qu'on peut voir ici. C'est le système de refroidissement. Je devrais plutôt dire réfrigération, étant donné la puissance du compresseur. Enfin passons. C'est de l'azote liquide qui circule dans ces canalisations, à vitesse variable, ce qui devrait te permettre de t'entraîner à puissance maximale sans que l'énergie que tu dégages ne fasse fondre le bâtiment entier. Les murs sont constitués d'une triple épaisseur d'acier renforcé. Ca doit résister à n'importe quoi, à moins que tu n'y portes un coup direct, bien entendu." Elle jeta un coup d'oeil au visage de Végéta. Il avait légèrement écarquillé les yeux. Bulma sourit ; elle savait bien que ça allait l'épater.

"Pas mal du tout," fit le Saiyen. Elle avait dû investir une fortune dans ce dispositif, sans compter les efforts de mise au point. "Et pour ce qui est de la gravité ?"

"Oh, rassure-toi," répondit-elle. "C'est principalement pour ça que je l'ai conçue. Tu pourras atteindre jusqu'à 1000g, mais je doute que tu ailles jusque là. De plus, l'appareil de contrôle n'est plus situé au milieu de la salle. C'est une commande vocale."

"Très pratique," concéda l'autre, en hochant la tête. "Ca libère plus d'espace pour les mouvements." Il jeta un coup d'oeil à Bulma. Elle rayonnait. Sur ce visage à nouveau jeune, son sourire était magnifique.

"Je travaille sur les commandes du système de gestion de la gravité," continua t-elle, enthousiasmée par l'intérêt que portait Végéta à ses recherches. "J'ai un ensemble d'actionneurs et de robots dirigés par cette machine, et le système doit être piloté par un programme autonome. Le problème, c'est que jusqu'à présent, les simulations ont montré un léger dysfonctionnement. J'essaie de rectifier le logiciel." Un nouveau message apparût sur l'écran, tandis que la machine émit un 'bip' d'alerte. Bulma se retourna rapidement.

"Oh non," se plaignit-elle. "Il recommence. Ce qui veut dire que je n'ai pas encore trouvé l'origine de cette erreur."

"C'est quelque chose de très important ?" Bulma acquiesça vivement, sans quitter le moniteur des yeux.

"C'est une commande défaillante, qui peut avoir de graves conséquences sur tous les autres systèmes. Tu ne voudrais tout de même pas que subitement, la gravité double ou triple sans avertissement ? Ou que la régulation de température ne réagisse trop violemment, et que tu te retrouves complètement congelé ? Je pense que ça peut même en péril le renouvellement correct de l'air."

"Je trouverai bien un moyen de m'en sortir," fit-il. Elle se tourna vers lui en agitant une main d'un geste agacé.

"Peut-être, mais peut-être pas. Et personnellement, ça ne me plait pas du tout. Je veux que ce système fonctionne à la perfection." Elle retourna à son problème, et Végéta se contenta de regarder défiler les pages de code du programme.

La nuit promettait d'être longue.

***

Piccolo ouvrit les yeux subitement, et se redressa dans le même temps. Il descendit jusqu'au parvis de pierre au-dessus duquel il avait passé la nuit, en lévitant. A l'horizon, les premiers rayons du soleil atteignaient le bord du palais. Il n'y avait aucun nuage dans le ciel, et la journée serait très probablement magnifiquement ensoleillée. Du moins sur Terre, car à l'altitude du palais, il ne pleuvait jamais.

Un bâillement fort peu discret retentit derrière lui, et le Namek tourna suffisamment la tête de côté pour apercevoir Trunks sortir du bâtiment principal en se grattant la tête. Ses vêtements étaient froissés, comme s'il ne les avait pas enlevés pour dormir. Les marques rouges sur son visage montraient également qu'il n'avait sans doute pas beaucoup dormi.

Le jeune homme arriva près de lui. Il s'immobilisa au bord du vide, et fixa d'un air endormi le monde encore endormi sous eux. Il bâilla de nouveau, plus largement encore.

"Piccolo," fit-il. "Dunde nous a bien assuré que c'est aujourd'hui même que les Dragonballs seraient de nouveau fonctionnelles, n'est-ce pas ?"

"Hum," répondit l'autre, en inclinant imperceptiblement la tête en avant. Sans ajouter un mot, Trunks enfonça une main dans sa poche, et en retira le radar du Dragon qu'il avait emprunté à sa mère avant de quitter Capsule Corporation. Il mit le détecteur en route. Le dispositif émit une série de petits bips, tandis que des points lumineux s'affichaient sur l'écran quadrillé. De quelques coups de pouce, Trunks agrandit l'échelle d'observation, et les sept Dragonballs, éparpillées sur le globe, devinrent visibles.

"Enfin," fit-il, avec un petit soupir. Piccolo jeta un rapide coup d'oeil au visage de Trunks : celui-ci n'exprimait que de la fatigue et de la détermination : nulle lueur de joie ni de gaîté. Il ne semblait même pas impatient de réunir les Dragonballs afin de réaliser son voeu.

"A plus tard, Piccolo," fit-il. "Je reviendrai remercier Dunde un de ces jours."

Il s'élança d'une puissante poussée au-dessus du palais, et disparût en quelques instants à l'horizon.

***

Bulma et Végéta dormaient, enlacés, tandis que les lueurs de l'aube commençaient à illuminer la pièce. Ils avaient passé une bonne partie de la nuit devant l'ordinateur, et Bulma n'avait pas abandonné sa tâche avant d'avoir réglé tous les problèmes. Après quoi, elle s'était endormie sur son clavier, et Végéta avait dû la porter lui-même au lit. Mais désormais, la salle de gravité devait fonctionner parfaitement. Il n'avait plus qu'à la tester pour s'en assurer.

Végéta ouvrit un oeil ; il avait eu une impression bizarre, indéfinissable. Comme si quelqu'un d'indésirable était en train de penser à lui. Il jeta un regard dans la chambre, et, ne voyant rien, décida de se rendormir. Il bougea un bras, et la tête de Bulma glissa sur son épaule.

Soudain, l'air se mit à vibrer. Il ne connaissait ce bruit que trop bien. Le Saiyen sursauta, réveillant par la même occasion Bulma.

"Salut vous deux," fit joyeusement Gokuu, en levant une main en signe de salut. Seulement ensuite, il prit un air étonné. Goten l'accompagnait. Le garçon avait commencé par écarquiller les yeux en apercevant Bulma. Maintenant, il était aussi rouge qu'une tomate.

"Vé -- végéta, tu es encore au lit à cette heure-ci ?" fit Gokuu, avec une expression de surprise. "Mais je croyais que tu te levais toujours tôt."

Bulma finit par reconnaître les intrus. Elle se rendit alors compte qu'elle était nue, et à moitié redressée dans le lit. Avec un cri effarouché, elle ramena les couvertures contre sa poitrine.

"SON GOKUU !!" hurla t-elle. "Sortez d'ici tout de suite ou j'appelle la police !"

"Je t'avais bien dit, papa," fit Goten, en faisant tout son possible pour détourner son regard de Bulma, "qu'ils dormiraient encore. Tu es trop pressé."

"Kakarotto," fit tranquillement Végéta, en se passant une main sur le visage d'un air désespéré, "veux-tu bien me dire ce que tu fais ici, et à cette heure-ci ?"

"C'est simple," répondit le Saiyen, en se frottant l'arrière de la tête d'une main. "Tu m'avais proposé de venir essayer ta nouvelle salle de gravité, et j'ai pensé que maintenant, elle serait peut-être terminée. J'ai demandé à Goten s'il voulait venir, et voila."

Bulma, maintenant rouge de colère, jetait tout ce qui lui tombait sous la main en direction de Gokuu et de son fils. Ils évitèrent une paire de chaussures à talons, tandis qu'une brosse à cheveux atterrit sur le sommet du crâne de Goten.

"Et maintenant," continua calmement Végéta, "voudriez-vous bien SORTIR D'ICI avant que je m'énerve pour de bon !"

Ils décampèrent au pas de course, sous le bombardement implacable d'une Bulma hystérique.

***

Une colonne d'eau de plusieurs centaines de mètres s'éleva vers le ciel, en plein milieu de l'océan. Trunks en émergea. Il tenait dans une main le radar, et dans l'autre, le Dragonball à six étoiles. Il le plaça dans le sac à dos qu'il avait emporté, tandis qu'il se mettait déjà à la recherche de la prochaine boule. Il en avait déjà trois, dont deux qui étaient tombées à l'eau. Mais rien ne l'empêcherait de les réunir toutes avant la fin de la journée.

Ayant fait son choix, il éteignit le radar, le rangea dans sa poche, et accéléra vivement dans une explosion de lumière.

***

Végéta et Bulma, maintenant habillés, débarquèrent dans la cuisine, où les attendaient Gokuu et Goten. Celui-ci baissa la tête à leur arrivée, tandis que son père finissait d'engloutir les fruits qui s'étaient trouvés sur la table.

"Tu as de la chance, Gokuu," fit Bulma en ouvrant un placard. "J'ai terminé hier soir les derniers réglages, vous allez pouvoir vous amuser comme des fous."

"Aaah," fit le Saiyen, d'un air satisfait. "Je suis heureux d'entendre ça." Végéta avait ouvert le frigidaire, et il en sortit tout ce qu'il avait l'intention d'avaler pour son petit déjeuner. Bulma se versa une tasse de café, et commença à l'avaler par à-coups.

"On peut vraiment dire que tu as le chic pour surprendre les gens," fit-elle, en se tournant vers lui. "Ne me refais jamais ça, mon coeur ne le supporterait pas." Un sourire dévoila toutes les dents de Gokuu.

"Excuse-moi," fit-il. "La téléportation a aussi ses inconvénients, c'est certain." Il regardait maintenant avec envie Végéta, qui s'était attablé. L'autre Saiyen lui jeta un regard boudeur signifiant clairement qu'il n'aurait pas une miette.

"Et Trunks ?" demanda soudain Goten. "Est-ce qu'il est rentré ?" Bulma faillit s'étrangler avec une gorgée de café.

"Pas encore," répondit-elle après avoir toussé plusieurs fois. "Mais il est assez grand pour prendre ses propres décisions, maintenant."

"J'ai comme dans l'idée que le ciel va s'assombrir très prochainement," ajouta Goten, avec un petit sourire en coin.

Ils attendirent tous que Végéta eut terminé son petit déjeuner. Une fois que la dernière bouchée fut avalée, le Saiyen se leva, en leur faisant signe de les suivre. Bulma le rattrapa rapidement.

"Héla," fit-elle, en le dépassant. "Laissez-moi quand même vous montrer le résultat de mon travail, avant de vous précipiter comme des brutes."

Arrivés devant la porte de la salle d'entraînement, elle tendit le doigt vers un petit écran noir implanté dans le mur.

"C'est un détecteur d'ADN," fit-elle, avec une pointe d'orgueil dans la voix. "L'ordinateur ne laissera entrer que les personnes autorisées."

Végéta posa sa main sur le dispositif, et la porte coulissa sans bruit. Ils entrèrent tous dans la salle, Bulma en tête.

"Waaah," fit Gokuu, admiratif, en tendant le cou dans tous les sens. "Bulma, c'est fantastique. Je savais bien que tu étais un génie, mais j'en suis maintenant convaincu."

"Merci," fit-elle, en prenant un ton amer. "C'est gentil de me le dire." La salle de gravité était en effet bien différente de la précédente : deux fois plus vaste, totalement vide à l'exception des renforts qui soutenaient les murs. La lumière provenait de dispositifs implantés dans les parois. Aucun angle vif. Goten se pencha, et testa du poing la matière qui recouvrait le sol : elle était rigide, mais se rétractait légèrement sous la pression. Puis il se releva, et passa une main sur un mur. Il la retira vivement, légèrement surpris.

"C'est froid," fit-il, en se tournant vers Bulma. Celle-ci acquiesça.

"Je te conseille de ne pas faire ça lorsque le système de refroidissement sera en marche," fit-elle. "Ca va vraiment devenir froid." Goten hocha la tête, sans bien comprendre la raison de son avertissement.

Végéta avait lentement fait le tour de la pièce, regardant dans tous les coins pour admirer l'ouvrage. Tout lui plaisait, dans les moindres détails. C'était à la fois fonctionnel et robuste, sans excès d'artifices.

"Pas mal du tout," fit-il, en rejoignant Bulma. "Et les commandes ?"

"On le pilote à la voix," annonça t'elle fièrement. "L'ordinateur écoute tout ce que vous dites, et comprendra tous vos ordres."

"Et bien," fit Gokuu, en commençant à faire de larges moulinets avec ses bras. "Il ne reste plus qu'à essayer, maintenant."

"Un instant," fit Bulma. Elle se dirigea rapidement vers la porte. "Attendez que je sois sortie avant de mettre la gravité en marche. Je ne compte pas être aplatie comme une crêpe."

La porte se referma sur elle. Végéta fit quelques pas, et décroisa lentement les bras. Puis il se campa solidement sur ses pieds, face à Gokuu et son fils.

"Gravité 400g," fit-il laconiquement. Immédiatement, un bourdonnement s'éleva. Lentement, la force d'attraction se fit plus intense, jusqu'à atteindre la valeur demandée, qui était simultanément affichée sur un écran mural. Les trois Saiyens avaient automatiquement adapté leur puissance pour faire face à la gravité écrasante.

"On verra ensuite si on peut aller plus loin," déclara Végéta, avec un petit sourire. Puis ils se transformèrent en même temps au niveau Super Saiyen.
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Re: [Archive] Un Prince nommé Végéta - terminée

Messagepar Epsibalt le Lun Mai 20, 2019 8:47

Chapitre 20
Spoiler
Le roi Enma Daioh surveillait du coin de l'oeil la petite fée, qui était revenue une fois de plus. Il commençait à se méfier d'elle : elle avait déjà entravé à plusieurs reprises le bon fonctionnement du service d'accueil dans l'Autre Monde, à la seule fin de retrouver la vie. Le roi Enma s'était même retrouvé pieds et poings liés, lorsqu'elle avait décidé qu'elle retournerait à n'importe quel prix dans le monde des mortels. Mais elle l'avait relâché peu après, calmée, en prétendant que quelqu'un se chargeait de la faire ressusciter sur la planète Terre. De toute façon, il n'avait pas le pouvoir de rendre la vie aux gens ; ce n'était pas son travail.

Pour l'heure, elle était devant un miroir, et accrochait toutes sortes de choses sur son auréole. Un démon était venu plus tôt lui demander pour quelle raison elle faisait cela, et elle lui avait répondu que c'était bien plus joli ainsi. De petites tresses de laine colorée ornaient maintenant l'auréole, ainsi qu'un grelot qu'elle avait récupéré on se savait où. Elle bougea la tête de droite à gauche et sourit, amusée par le tintement du gadget, tout en se regardant dans le miroir. Elle déplaça quelques colifichets, en faisant attention que cela correspondre exactement à ce qu'elle souhaitait, puis sourit, satisfaite du résultat. Enma haussa les épaules, et soupira en levant les yeux au ciel, mais se garda de tout commentaire : il valait mieux la laisser faire ce qu'elle voulait, sans quoi elle risquait une nouvelle fois de l'empêcher de travailler.

Finalement, Lyn sortit à pas mesurés de la pièce. Depuis qu'elle était arrivée là, elle se contentait d'errer dans l'Autre Monde. Enma avait bien regardé dans son grand registre quelle devait être sa destination, mais elle n'était répertoriée ni dans les listes de l'enfer, ni dans celles du paradis. Ennuyé par ce problème administratif majeur -- et totalement inédit --, il n'avait pu lui indiquer quelle route à prendre. Mais cela lui importait peu ; elle savait que Trunks aller trouver un moyen de la ramener à la vie sans tarder.

***

Les trois Saiyens s'entraînaient maintenant depuis près d'une heure. Ils étaient tous les trois au niveau Super Saiyen 2, mais manifestement, la salle supportait très bien la somme des énergies qu'ils émettaient. Tout avait bien fonctionné jusqu'à présent.

Végéta parait les coups que les deux autres tentaient de lui porter. Mais aucun ne cherchait réellement à prendre le dessus. Ils s'étaient jusque là contentés d'un échauffement -- un peu rude. Végéta esquiva une rapide série de coups de poings lancés par Gokuu, tandis que Goten tentait de lui faucher les jambes. Il les rétracta à temps, mais un pied de Gokuu le cueillit sous le menton, et il fut projeté vers une paroi. Il se rétablit à temps pour y poser les mains, et, d'un mouvement souple, se posa au sol. Les deux autres l'imitèrent.

"Je ne t'ai pas fait mal, au moins, Végéta ?" demanda Gokuu. L'autre se contenta de se mettre en position d'attaque.

"Bien sûr que non," fit-il. "Il m'en faut vraiment plus. Et si on passait à quelque chose de plus sérieux, d'ailleurs ?"

"Comme tu veux," répondit Gokuu, en se positionnant à son tour.

"Gravité 700g," déclara Végéta. Dans les secondes qui suivirent, l'ordinateur adapta la gravité au niveau souhaité. Ils durent une nouvelle fois augmenter leur puissance pour ne pas être écrasés par leur propre poids. L'aura de Gokuu flamboyait. Il était sur le point d'atteindre le niveau 3 pour mieux résister. Il contracta les muscles de ses jambes, pour mieux soutenir l'effort. Mais dans l'état actuel des choses, c'était bien là sa limite.

"Je -- je ne sais pas si je pourrai me battre dans ces conditions," fit-il, en serrant les dents. "Je vais devoir me transformer encore."

"A ta guise," répliqua Végéta, qui ressentait lui aussi certaines difficultés à marcher. Mais il avait encore des réserves. Goten, quant à lui, ne semblait pas trop souffrir de la situation. Il avait simplement augmenté sa force, sans avoir besoin de se transformer une fois de plus. L'avantage d'atteindre des niveaux de puissance plus importants, pensa Végéta, était qu'on était plus puissant aux niveaux inférieurs. Il avait pu remarquer ce phénomène à de nombreuses reprises.

Tout à coup, Gokuu ressentit comme une décharge d'électricité traverser son corps. Il n'avait pas éprouvé une telle sensation depuis longtemps : l'envie de progresser, de s'améliorer. Il se sentait parfaitement bien dans son état actuel, et il était persuadé qu'il pouvait encore aller beaucoup plus loin. Sans plus réfléchir, le Saiyen contracta tous les muscles de son corps, et son aura redoubla d'intensité. Un violent courant d'air s'éleva autour de lui. Sa violence était augmentée par l'étroitesse de l'espace disponible.

"Mais -- mais qu'est-ce qui lui arrive ?" demanda Végéta, les yeux écarquillés par la surprise. Goten était tout aussi étonné. Son père agissait de façon curieuse, par moments. Mais là, c'était autre chose qu'une subite lubie. Il sentait très nettement la détermination de son père, visible dans ses yeux aux prunelles dilatées.

La puissance de Gokuu décupla tout d'un coup. Le crépitement intense des éclairs qui entouraient ses membres ne parvint pas à masquer le grondement qui s'éleva du sol : le système de régulation de la salle se mettait en régime nominal de fonctionnement, pour absorber toute la puissance qui était émise à l'intérieur. Les murs commencèrent à refroidir exactement comme prévu, pour évacuer l'énergie excédentaire. Dans sa salle de commandes, d'où elle observait la scène, Bulma jubilait : tout fonctionnait exactement comme elle l'avait prévu. Elle eut un regain d'orgueil. Elle était particulièrement fière de son nouveau système : il utilisait les quantités phénoménales d'énergie extraites de l'intérieur de la salle pour faire fonctionner tous les équipements. Au lieu de perdre de l'énergie, elle en produisait. Dommage qu'elle ne pourrait jamais faire comprendre une telle chose à ceux qui utilisaient les équipements en question, pensa t-elle.

Gokuu serra les mâchoires. Il sentait confusément qu'il lui arrivait quelque chose, mais il n'aurait pu dire quoi. Son corps agissait de façon indépendante, il n'avait fait qu'amorcer le processus. Sa puissance augmentait sans cesse, tandis que son apparence physique se modifiait pour accueillir le trop-plein d'énergie. Des douleurs apparurent au niveau des muscles de ses bras, qui semblaient prêts à exploser, mais il ne pouvait plus rien faire pour empêcher ça. Il se délectait de la sensation de puissance qui envahissait ;a moindre des fibres de son corps, tandis que sa conscience se mettait à fonctionner plus rapidement, à un autre niveau. Ses cheveux, semblables à des flammes, devinrent progressivement plus clairs, se tendirent vers l'arrière de sa tête, tandis que son ki atteignait des sommets insoupçonnés.

Puis un grand calme envahit subitement son esprit. Gokuu n'était plus vraiment lui-même, il avait radicalement changé. Il souleva une main et la porta à hauteur de ses yeux : les angles étaient plus vifs, les muscles infiniment plus robustes, et une fine aura blanche entourait tout son corps. Il savait également que son énergie n'était plus détectable pour les autres. Il effectua un petit bond, et fut étonné de la facilité avec laquelle son corps se soulevait. Même avec une gravité extraordinairement élevée, il ne ressentait pas plus de gêne que d'ordinaire. Sa mobilité et sa vitesse étaient incomparables.

La lumière se fit soudain : il se souvenait d'avoir déjà atteint ce niveau de puissance, lorsqu'il s'était entraîné lors de son second séjour dans l'autre monde. En tout cas, c'était très semblable. Malheureusement, il n'était jamais parvenu à rééditer cet exploit sur Terre -- du moins jusqu'à maintenant. C'était comme si toute l'énergie de l'univers se trouvait concentrée dans son corps, et qu'elle s'y retrouvait piégée. Il n'avait pas alors compris comment il avait fait pour atteindre ce niveau, et il ne comprenait pas plus maintenant : le mécanisme s'était enclenché de lui-même, sans qu'il ait à donner d'ordre conscient.

Il regarda tour à tour son fils et Végéta ; tous les deux le fixaient, bouche bée. Ils en avaient le souffle littéralement coupé.

"Kakarotto," fit Végéta, d'une voix peu assurée. "Tu -- tu as réussi. Tu as atteint le dernier niveau de transformation."

Gokuu fit de nouveau quelques mouvements d'assouplissement. Il n'y croyait pas lui-même.

"C'est donc ça le niveau ultime ?" demanda t-il, sur un air naïf. "Dans ce cas, ce n'est pas vraiment une nouveauté pour moi. Je suis capable de faire ça depuis longtemps, mais le seul problème, c'est que je ne sais pas comment. C'est sans doute sous l'effort demandé pour résister à la gravité que j'ai pu me transformer."

Goten prit une expression contrariée.

"Papa," fit-il, "tu peux atteindre ce niveau, et tu ne nous as pas aidés dans le combat contre Shi ? C'est vraiment injuste de ta part." Son père lui jeta un regard étonné, comme s'il venait de dire quelque chose d'absurde.

"Mais je te dis que je ne peux pas contrôler cette transformation à volonté. Peut-être que ça viendra, avec le temps."

"Peu importe," fit Végéta, qui commençait à encaisser le coup. Kakarotto avait le don de l'énerver. Comment faisait-il pour discuter normalement sous cette apparence ? Il aurait dû être totalement concentré sur ce qu'il était en train de faire. En tout cas, c'était le cas pour tous ceux qui avaient jusque là atteint de stade. Au lieu de quoi, il allait jusqu'à affirmer qu'il s'était transformé de façon presque naturelle, qu'il n'en était en somme pas responsable.

"Ca tombe bien, j'avais envie de me dégourdir," continua Végéta, en serrant les poings. Sur quoi, il fit rapidement augmenter son propre niveau de puissance, en espérant que la salle résisterait à la présence de deux Saiyens au niveau ultime.

Goten, pour sa part, préféra se mettre dans un coin pour observer ce qui allait suivre. Il savait que Végéta rêvait de cette confrontation au sommet depuis un beau bout de temps, autant ne pas lui gâcher son plaisir.

***

"Et de sept," fit Trunks, en brandissant le dernier Dragonball, qui était allé se perdre dans un marécage. Il avait de la boue jusqu'aux genoux, et ses vêtements étaient en lambeaux, mais ses yeux s'étaient enfin rallumés d'une lueur d'espoir. Il commençait à entrevoir la fin de son calvaire.

La boule alla rejoindre les six autres dans son sac, et le jeune homme décolla rapidement, en direction du palais de Dunde. Il avait retrouvé les Dragonballs en un temps record, en grande partie grâce à la détermination dont il avait fait preuve. De plus, il avait pu profiter du fait que personne n'avait trouvé aucune des boules avant lui, ce qui lui avait évité de longues négociations pour se les accaparer toutes. De toutes les façons, pensa t-il, il savait que les éventuels propriétaires des Dragonballs n'auraient vu aucun inconvénient à les lui prêter pour un petit moment.

Volant à vitesse maximale sans avoir à se transformer, il s'approcha rapidement du palais flottant.

***

Gohan, Videl et Hana se dirigeaient également vers le palais de Dunde. Ils survolaient des régions boisées, évitant soigneusement les villes, où on avait plus de chances de les apercevoir. Gohan, en tête, prenait garde à ne pas distancer les autres, en volant à leur rythme.

"Goten va entendre parler de moi," fit Hana. Ses yeux étaient emplis de colère. La veille, ils avaient tous décidé d'aller rendre visite à Trunks au Palais du Paradis, mais son ami avait disparu avant même qu'elle ne se lève. Etant donné que son père aussi était introuvable, ils en avaient conclu qu'ils étaient partis en vadrouille ensemble. Chichi avait profondément soupiré en constatant l'absence de son mari et de son fils, puis lui avait posé une main sur l'épaule, en lui assurant qu'elle finirait par s'habituer, comme les autres.

Videl et Gohan éclatèrent de rire devant l'expression d'Hana. Elle apprenait lentement à connaître la famille.

"Regardez," fit soudain Videl, en tendant un doigt devant elle. Gohan redressa la tête, tandis qu'Hana tentait d'apercevoir ce qu'elle voulait leur montrer.

Il lui sembla apercevoir, au loin, comme un fil qui reliait la Terre et les cieux ; elle était intriguée, mais ses yeux n'étaient pas habitués à voir nettement à une telle distance. Lorsqu'ils furent suffisamment proches de la tour de Karin, Gohan incurva rapidement leur trajectoire vers le haut. Le mystère s'épaississait de plus en plus pour Hana.

***

Végéta encaissa un magistral coup de poing dans la joue, ce qui lui aurait brisé la mâchoire dans des circonstances différentes. Kakarotto n'y allait pas de main morte, cette fois-ci. Il prenait vraiment beaucoup de plaisir à tester ses nouvelles capacités de combat. Végéta se souvenait de ce qu'il avait lui-même ressenti la première fois qu'il avait atteint le même niveau de puissance : un sentiment d'invincibilité totale ; une puissance indomptable, qui était à sa disposition, avec laquelle il pouvait faire disparaître des planètes entières d'une simple pensée. Si la sensation était effectivement grisante, elle n'en était que plus dangereuse : il fallait également prendre garde à ne pas perdre pied dans la folie, ce que Trunks avait été bien près de faire lors de son dernier combat contre Shi. Mais il ne descendait pas de la famille royale pour rien. Les Princes Saiyens avaient toujours eu tendance à laisser parler leur force en premier.

Avant que son adversaire n'ait eu le temps de retirer son bras, Végéta saisit son poing. Gokuu se sentit attiré en avant, et ses yeux faillirent lui sortir de la tête lorsqu'un coup de genou le plia en deux. Il avait le souffle coupé, mais il eut la présence d'esprit d'enfoncer son propre coude dans le ventre de Végéta. Les deux Saiyens effectuèrent simultanément un saut en arrière, avant de se retrouver de nouveau face à face. Leurs visages étaient identiquement meurtris et éraflés. Aucun des deux ne semblait pouvoir l'emporter sur l'autre. Un sourire cruel dévoila les canines de Végéta.

"Pas mal du tout, pour quelqu'un qui n'a pas l'habitude de se battre à ce niveau," fit-il.

"Merci," répliqua Gokuu, en prenant la même expression. Il essuya un filet de sang qui coulait d'une lèvre ouverte. "Je dois dire que tu te défends bien, de ton côté."

"Tu ne vas plus sourire très longtemps," continua l'autre. Mais soudain, une autre voix se mit à résonner dans la salle.

"Vous n'en avez pas encore assez de vous taper dessus ?" C'était Bulma, qui avait assisté à leur combat depuis sa petite salle de commande. Les trois combattants levèrent la tête, incapables de dire d'où provenait la voix.

"Allez, sortez de là tout de suite," continua Bulma. "Il me faut faire quelques réglages supplémentaires ; je vais couper la gravité dans quelques secondes."

"Et zut," fit Gokuu, en se redressant. "Quelle guigne." Les autres acquiescèrent silencieusement, de peur que Bulma les entende. Ils laissèrent progressivement retomber leur puissance, tandis que la gravité redescendait lentement à son niveau normal. Puis la porte de la salle s'ouvrit, et Bulma entra au même instant où les trois Saiyens retrouvaient leur apparence normale.

"Regardez-moi ça," s'exclama Bulma, en les détaillant du regard l'un après l'autre. "Allez vous laver, vous êtes dégoûtants." Gokuu et Végéta, surtout, ruisselaient de sueur.

"Bulma," commença Gokuu, sur un ton plaintif. "Tu pourrais nous laisser achever un combat, un jour ?"

"Pas pour l'instant, désolée. Le système de contrôle n'est pas encore parfaitement au point, j'ai dû oublier de régler certains paramètres. Vous pourrez revenir lorsque tout fonctionnera. Et maintenant, dehors."

Ils sortirent à tour de rôle, en maugréant et en traînant les pieds.

***

Le ciel s'assombrit prématurément, et Shenron apparût, dans une lumière aveuglante. Puis le long cou du Dragon sacré se tordit, pour lui permettre de regarder les minuscules créatures qui l'avaient appelé. Il reconnaissait bien Dunde, son créateur, ainsi que les deux autres, qu'il avait déjà vus à maintes reprises. Du ciel, arrivaient d'autres humains.

Piccolo tourna légèrement la tête de côté, tandis que Gohan, Videl et Hana prenaient pied sur les dalles de pierre. Hana notamment semblait très impressionnée par la taille et l'apparence du Dragon : c'était donc la première fois qu'elle le voyait, se dit Piccolo.

"Salut," fit Gohan, en adressant un signe de la main aux deux Nameks. Dunde mit un doigt devant sa bouche, et désigna ensuite Trunks, qui fixait Shenron des yeux. Gohan comprit qu'il n'avait pas encore formulé son voeu.

"Dragon Sacré," commença Trunks. "Je voudrais que tu rendes la vie à Lyn, qui a été tuée par Shi il y a quelques temps."

Le Dragon majestueux réfléchit quelques secondes, avant que sa voix ne fasse trembler tout le palais.

"Impossible," déclara t-il. "Ca s'est passé bien trop loin d'ici, je ne peux rien faire pour elle."

"Je te l'avais dit," fit Dunde, en posant une main sur l'épaule de Trunks. Le jeune homme semblait perdu. "Même Shenron ne peut pas accomplir ton souhait."

"Pas dit," répondit Trunks. Il leva de nouveau la tête vers le Dragon. Dunde haussa un sourcil. Il se demandait bien de quelle façon il comptait s'y prendre pour que son voeu soit tout de même exaucé.

"Shenron," continua Trunks, "si tu ne peux pas la ressusciter, est-ce que tu peux au moins lui donner mon potentiel de vie ?" De nouveau, la grande créature se plongea dans ses pensées.

"Je peux le faire, en effet." Tout à coup, une auréole apparût au-dessus de la tête de Trunks. Etant donné qu'ils se trouvaient à mi-chemin entre la Terre et le Ciel, Trunks est encore physiquement présent. Dunde se retint d'applaudir à l'idée du garçon : son subterfuge était bien trouvé. Il comprenait maintenant son plan.

***

Il y eut un petit tintement lorsque le grelot tomba aux pieds de Lyn ; celle-ci, surprise, le ramassa. Elle constata que toutes les autres décorations étaient tombées. Elle comprit alors : elle était de nouveau vivante, et son auréole avait disparu. Comment Trunks avait pu réussir ce tour de magie, elle l'ignorait. Mais le résultat était là. Elle se mit à crier de joie, ce qui fit lever la tête de tous les diablotins travaillant dans le bâtiment.

Enma leva des yeux ébahis sur elle. Lyn lui adressa un sourire des plus délicats.

"Je t'avais bien dit que je ne resterai pas longtemps ici," fit-elle. "A plus tard." Elle se concentra quelques instants, et disparût.

"Le plus tard possible," ajouta Enma, avant de soupirer profondément. Puis il se replongea dans sa tâche.

***

"J'attends votre dernier voeu," fit Shenron, d'une voix grave aux intonations puissantes. Dunde sourit, et leva la tête dans sa direction.

"Je voudrais que vous rendiez la vie à Trunks, maintenant," fit-il. Ce que le Dragon s'empressa de faire.

"Et voila," fit-il. "Maintenant, vous n'avez plus besoin de moi." Il disparût dans un dernier éclair, et les Dragonballs s'envolèrent dans sept directions différentes. Le ciel retrouva son bleu habituel.

Trunks passa une main au-dessus de sa tête. L'auréole avait disparu. Son passage dans le monde des morts aurait été bref.

"Merci, Dunde," fit-il en se retournant dans sa direction. Mais le Namek fixait du regard quelque chose qui se trouvait derrière lui.

"Je crois qu'on t'attend," fit-il. Trunks sentit deux mains fraîches se poser sur ses yeux, et il sursauta.

***

Gokuu s'arrêta subitement. Les autres en firent de même.

"Regardez," fit-il, en désignant une des larges baies vitrées du salon. "Il fait noir dehors."

Subitement, la lumière revint, et l'éclairage, qui s'était automatiquement mis en route, fut coupé.

"Trunks a dû réunir les Dragonballs," déclara Goten, excité. "Papa, il faut le rejoindre, j'ai hâte de voir s'il va mieux, et si son souhait a pu être accompli. Si ce n'est pas le cas, je m'inquiète pour lui"

"Entendu," répondit son père, en hochant la tête. Il regarda Bulma et Végéta, puis leur fit signe d'avancer. "Vous venez ? Ca ira plus vite comme ça."

Ils s'agrippèrent à lui, et ils disparurent tous les quatre.

***

Trunks ne pouvait plus respirer, mais c'était le dernier de ces soucis. Lyn était blottie contre lui, et ses bras lui enserraient le cou, de telle façon qu'il en avait le souffle coupé. Tout ce qui le préoccupait désormais, c'était de l'écraser contre lui. Il ne voulait plus jamais la quitter. Il se rendait maintenant à quel point il avait été malheureux durant son absence, et la seule chose qu'il souhaitait, c'était de ne plus jamais vivre une chose pareille.

"Elle est donc revenue." Trunks ouvrit les yeux. Tout le monde les regardait. Non seulement Gohan, Videl et Hana, mais aussi ses parents, ainsi que Gokuu et Goten, qui débarquaient de Dunde seul savait où. Ce dernier leur souriait, mais Piccolo leur tournait fermement le dos, les bras croisés sur le torse.

"Ton fils a trouvé une ruse géniale pour faire revenir Lyn," annonça Dunde à Végéta, qui considérait le couple d'un oeil critique. Le Saiyen haussa un sourcil. "Croiras-tu qu'il est allé jusqu'à lui donner sa propre vie ? Heureusement qu'il nous restait encore un souhait, et nous avons pu le ressusciter à son tour. Sans quoi, il aurait dû prendre sa place dans l'Autre Monde."

"Tu as fait ça ?" demanda Lyn, en redressant la tête. Trunks, qui était en train de virer au bleu, put enfin respirer. Il inclina doucement la tête. Lyn lui tira les cheveux, sans méchanceté.

"Imbécile," fit-elle. "Tu serais donc mort pour moi ?" Le jeune homme lui sourit. Il se moquait complètement de ses remontrances. Il était bien trop heureux pour dire quoi que ce soit. Il se contenta d'incliner la tête vers la sienne ; leurs fronts se touchèrent. Le contact de sa peau lançait des démangeaisons dans tout le reste de son corps, et Trunks ne put retenir un frisson.

Lyn finit de se dégager de leur étreinte, mais resta aux côtés de Trunks.

"Alors," fit Goten, en s'approchant de son ami. "Ca va mieux maintenant ?" Trunks tourna la tête vers lui, tandis que Goten lui donnait une légère tape sur l'épaule. Il lui rendit son sourire chaleureux.

"Excuse-moi," fit-il. "Je sais que je n'étais pas très sociable ces derniers jours ; mais ça va beaucoup mieux, effectivement. Dunde," ajouta t-il en tournant la tête vers le jeune Namek. "Je dois aussi te remercier pour ce que tu as fait. C'est vraiment sympa de ta part de modifier un peu l'ordre cosmique rien que pour moi." Il lui lança un clin d'oeil, et Dunde lui donna la réplique en lui faisant un signe de la victoire.

"Alors tu vas pouvoir revenir à la maison ?" demanda sa mère, en posant les mains sur ses hanches, d'un air décidé. Trunks haussa un sourcil, puis regarda Lyn. Son petit nez se retroussa légèrement, tandis qu'un sourire étirait ses lèvres.

"Non," fit-elle, en saisissant le T-shirt de Trunks d'une main, qu'elle serra en un petit poing compact. "Il reste avec moi. Après tout, il a bien gagné ce droit, non ?" Trunks écarquilla légèrement les yeux.

"Mais tu peux venir toi aussi à Capsule Corporation, tu sais," fit-il. "Il y a de la place pour tout le monde."

"J'ai quelque chose de mieux," fit-elle. Elle se concentra rapidement, et localisa ce qu'elle était en train de chercher. Elle sourit de nouveau. Puis elle se tourna vers Bulma.

"Ce qui ne l'empêchera pas de revenir de temps en temps. Mais je doute qu'il en ait envie avant longtemps."

Son image, ainsi que celle de Trunks, se mit à trembler. Puis elles se désagrégèrent rapidement, avant de disparaître tout à fait.

"Mais -- mais où sont-ils ?" demanda Bulma, en tournant la tête dans tous les sens pour tenter de localiser son fils.

"Ne t'inquiète pas trop," fit Gokuu. "Je suis sûr qu'elle s'occupera bien de lui."

"Affaire réglée," marmonna Piccolo, en se tournant dans leur direction. Son visage était tout aussi fermé qu'à l'habitude.

"Tu es dur," fit Gokuu, en s'approchant de lui. "Moi, je suis content que ça se termine bien. Il le mérite vraiment." Le Namek hocha imperceptiblement la tête.

"Peut-être," fit-il. "Mais je ne m'habituerais jamais tout à fait aux manières des humains, je crois."

"Goten." C'était Hana, qui arrivait droit sur lui, en prenant un air sombre. Le jeune homme écarquilla brièvement les yeux. Elle passa une main sur son visage, et considéra avec dégoût les traces noires qui restaient sur ses doigts.

"Mais où as-tu été traîner ?" fit-elle, sur un ton qui se voulait menaçant. "Je parie que tu es encore allé te battre, bien entendu." Il se passa une main derrière la nuque, gêné, et regarda son père. Un sourire éclatant lui dévoilait toutes les dents.

"Puisque tout le monde s'est retrouvé," fit Gokuu, "que diriez-vous de fêter tout ça à la maison ?"

Tandis que Gohan et Goten manifestaient bruyamment leur approbation, Végéta haussa un sourcil. Il croisa les bras, et jeta un coup d'oeil à Bulma.

"Je suppose que les modifications sur la salle de gravité peuvent attendre à demain," fit-elle en haussant les épaules. "De plus, comment refuser quand c'est si gentiment proposé ?"

"Alors c'est d'accord," acquiesça Gokuu. Il se tourna vers son plus jeune fils. "Tu veux bien aller prévenir Chichi ?" Goten inclina la tête. Dans le même geste rapide, il se baissa, saisit Hana à la taille, et avant qu'elle n'ait eu le temps de hurler, décolla dans une explosion de bruit et de lumière.

***

"Salut." Trunks haussa les épaules d'un air moqueur.

"Toujours là ?" demanda t-il, à personne en particulier. Il lui faudrait prendre l'habitude de parler à des voix, pensa t-il. Surtout quand la voix en question faisait dresser les cheveux sur sa nuque, au seul souvenir des souffrances qu'il avait endurées à cause de Shi. Mais il n'oubliait pas non plus que cette voix était celle de l'Eternel, que lui et Shi ne faisaient qu'un. "J'aurais cru que vous nous laisseriez un peu tranquilles."

"Laisse-le," fit Lyn, en s'approchant tranquillement de lui. Trunks la dévisagea de bas en haut. Sa démarche avait tout du félin qui s'apprêtait à se jeter sur sa malheureuse proie. Mais la proie en question sourit ; il rêvait de ce moment depuis tellement longtemps, qu'il se laisserait volontiers dévorer tout entier. Elle tendit un bras, et le poussa d'un doigt. Trunks ne fit rien pour lui résister, et il tomba à la renverse dans la mousse épaisse. Lyn le toisa de haut. Dans un claquement de doigts, elle matérialisa de nouveaux vêtements sur son corps : une tenue riche en couleurs, plus grande que sa combinaison de combat. Trunks haussa un sourcil, conscient du fait qu'elle était encore plus belle ainsi.

"Lyn," continua l'Eternel, "j'ai une mission à te confier. Un problème sur une planète du monde inférieur."

"Je suis occupée," fit-elle, sans quitter le regard de Trunks. "Pendant les dix prochains millions d'années." Sur quoi, elle eut un dernier petit sourire malicieux, et se laissa tomber en avant. Trunks amortit sa chute, et elle s'allongea de tout son long sur lui. Même ainsi, la pointe de ses pieds arrivait à peine au niveau des genoux de Trunks.

Ce dernier passa un doigt le long de son nez. Il l'immobilisa sur l'extrémité pointue.

"Rébellion ?" demanda t-il. "Ce n'est pas très correct, tout ça."

"Mon oeil," fit Lyn, en louchant sur la pointe de son doigt. "Ca fait une éternité que j'accomplis tous ses ordres sans discuter. J'ai droit à un peu de paix, non ?"

Trunks souleva ses deux mains, et décrivit la courbe gracieuse de ses petites oreilles de la pointe de ses doigts. Le contact évoquait en lui de nombreux souvenirs qu'il avait cru enfouis à jamais. Il ne parvenait toujours pas à se rendre tout à fait compte de la réalité : elle était revenue, et plus rien ne pourrait jamais les séparer, désormais.

"Pendant que tu étais encore dans l'Autre Monde," fit-il, "une amie m'a posé quelques questions à ton sujet."

"Une amie ?" demanda t-elle, soudain méfiante. "Tu as beaucoup d'amies, toi ?" Trunks éclata de rire.

"Pas tant que ça, rassure-toi. Je suppose que tu dois la remercier, d'ailleurs." Il sourit de plus belle devant son expression inquisitrice.

"Je dois remercier qui ? Et pour quoi ?" Trunks se mit à rire ouvertement.

"Crystal. Pour tous les dessins qu'elle a fait de toi." Lyn écarquilla les yeux.

"Hey, toi !" fit-elle, en lui tirant sauvagement une oreille. Trunks se mit à gesticuler, en riant. "Je te rappelle qu'il est interdit de parler de trucs réels. C'est une fanfic, ici !"

"Tu n'as aucun humour."

"Et peut-on savoir ce qu'elle t'a demandé ?"

"Et bien --" Il sembla réfléchir un petit moment. "Tout d'abord, comment tu as rencontré l'Eternel."

"C'est simple," répondit la fée, en lui prenant le menton entre le pouce et l'index. "Je ne l'ai pas rencontré, c'est lui qui a fait appel à moi. Tu sais bien que je fais partie du peuple des Thers." Trunks acquiesça. Il profitait de ce qu'elle parle pour la dévorer du regard. Il remarqua également que, dans cette position, il avait une superbe vue plongeante sur son décolleté. Elle ramena son regard à hauteur de ses yeux en lui pinçant une joue. "Un jour, un des anciens est venu me voir, et m'a informé du rôle que j'aurais à jouer. Et il a révélé les pouvoirs que l'Eternel avait placés en moi, et qui étaient latents jusqu'à ce moment. D'autres questions ?"

"Oui," fit Trunks. Lyn haussa un sourcil. Elle n'aimait pas du tout cette lueur qu'elle venait d'apercevoir dans son regard. "Elle voudrait aussi savoir combien on va avoir d'enfants." Les yeux de Lyn faillirent exploser.

"Ca," répondit-elle, en reprenant son attitude de prédateur, "c'est une surprise. Si tu veux bien, on va en parler tout de suite."

Histoires de Famille
Trunks se faufilait entre les rochers, se laissait glisser entre les blocs énormes, sans un bruit, tel un serpent. Il savait qu'il ne devait pas relâcher son attention une seule seconde, sans quoi il s'exposait à de grands risques. Son esprit était en alerte constante, recherchant les sources d'énergie l'entourant, pour tenter d'anticiper l'attaque qui ne manquerait pas de survenir ; autour de lui, le vent sifflait en s'engouffrant dans les fissures au milieu desquelles il progressait. Il se trouvait sur le flanc d'une montagne, dont un côté baignait dans une mer intérieure. La lumière du soleil était réfléchie sur la couverture de neige éternelle qui recouvrait le sommet, qu'il n'apercevait que par intervalles.

Le principe du jeu était simple : Lyn et lui devaient mutuellement se trouver, et le premier qui se serait dans l'impossibilité de bouger aurait perdu la partie. Tous les moyens étaient bons pour parvenir à son but. Le jeu pouvait durer des mois entiers, durant lesquels ils devaient soigneusement prendre garde à ne pas être repérés. Trunks n'avait pas vu Lyn depuis maintenant quatre jours ; il n'avait alors fait qu'apercevoir sa chevelure blonde disparaître derrière un pan de rochers, après avoir suivi sa piste durant plusieurs jours. Elle avait alors totalement disparu, et il la soupçonnait de le suivre à son tour depuis lors, sans cependant en avoir eu la preuve. Mais plusieurs années d'expérience lui avaient appris à suivre son instinct en ce genre d'occasions.

Trunks faisait attention de ne déplacer aucune pierre, à ne briser aucune brindille, à ne faire aucun bruit qui pourrait trahir sa présence. Il devait partir du principe qu'il pouvait être découvert à tout instant, ce qui exigeait une concentration permanente sur son environnement. Cependant, les rochers offraient une protection plutôt satisfaisante, et il pouvait avancer assez vite. Une des règles essentielles était de ne pas rester immobile trop longtemps, ce qui aurait eu pour conséquence immédiate de permettre à l'autre de détecter sa présence. Il avait également appris à dormir sans baisser sa garde, en émettant le moins d'énergie possible, et en changeant de quelques kilomètres sa position au moins une fois par heure.

Soudain, le jeune homme se figea : le vent venait de lui apporter un bruit. Lointain, diffus, mais il traduisait un mouvement. Au même moment, il détecta une présence vivante. Il pouvait s'agir de n'importe quoi : d'un oiseau, d'un petit rongeur, ou encore d'un serpent. Mais il ne devait prendre aucun risque. Lentement, il se hissa sur un pan de pierre incliné suivant une forte déclinaison. Arrivé au sommet du bloc de pierre, il jeta un regard autour de lui pour vérifier qu'il n'était ainsi pas trop vulnérable. Il portait des vêtements usés, déchirés, et tellement sales que son camouflage était presque parfait : il se fondait dans le décor, et seuls ses mouvements pouvaient le trahir. Il jeta un coup d'oeil par une fente sur l'arête irrégulière du bloc de pierre. Au loin, il ne voyait que de l'herbe et des rochers. Encore plus haut, c'était la forêt de résineux qui couvrait la moitié de la montagne d'une couleur sombre. Au-dessus de la forêt, le paysage devenait lunaire, et se couvrait finalement de neige au sommet. Son intention avait été de se glisser dans la forêt, où il serait quasiment indétectable, pour contourner les pentes abruptes, et enfin atteindre un point d'observation assez élevé pour tenter de détecter sa proie -- car au fil du temps, il avait appris à se comporter comme un prédateur.

Un mouvement attira son regard : une touffe d'herbe s'était mise à bouger, mais pas sous l'effet du vent. Il se concentra, et hocha la tête : la présence qu'il avait détectée se trouvait bien là bas. Mais ce n'était pas Lyn. Soudain, un éclair gris jaillit. Trunks eut le temps d'apercevoir un lièvre, qui réintégrait son terrier. Son estomac se mit à gronder, et il fit une grimace : il n'avait rien avalé depuis bientôt 24 heures, et son corps commençait à protester. Il grava dans sa mémoire l'emplacement du trou où l'animal avait disparu, puis redescendit lentement de son perchoir. A pas de loup, il se glissa entre les rochers, sans faire le moindre bruit.

Quelques minutes après, il se trouvait accroupi au sol devant le terrier. Il détectait la présence de plusieurs animaux à l'intérieur, et se mit à saliver. Il savait que pour capturer son déjeuner, il devrait momentanément baisser sa garde, mais remplir son ventre était maintenant devenu une priorité absolue. Il devait manger, sinon il allait s'affaiblir, et toutes les chances seraient alors du côté de Lyn.

Il leva une main, et d'un mouvement brusque, l'enfonça dans le sol. Le choc effraya les animaux, qui se précipitèrent vers la sortie. Rapide comme l'éclair, Trunks les cueillit un à un par les oreilles, et les assomma avant qu'ils n'aient le temps de se rendre compte de ce qui leur arrivait. Il y en avait trois : un adulte, et deux jeunes. Puis il se réfugia de nouveau à l'abri des blocs de pierre, avec un sourire triomphant. Il était préférable d'attendre la nuit pour se restaurer, et il aurait donc le temps de trouver des fruits ou d'autres animaux pour compléter son repas. Il s'assit à même le sol, adossé à un rocher, le temps de calmer les battements de son coeur, et de reprendre ses marques. Au moment où il tourna la tête pour ramasser les trois lièvres qu'il avait laissé tomber, Trunks écarquilla les yeux -- et les narines. Non, il ne rêvait pas, il reconnaissait très bien cette odeur. C'était celle de Lyn, aussi diffuse soit-elle. Son sang ne fit qu'un tour : il venait de retrouver sa trace. Elle s'était tenue là, à cet endroit précis, dans la même position. D'après le peu d'intensité de l'odeur, il jugea qu'elle était partie depuis environ deux jours. Mais une chose était certaine, il était maintenant sur sa piste. Un reflet doré le confirmait : il tendit un bras, et ramena entre son pouce et son index un fil d'or accroché à une aspérité de la pierre. Elle s'était arrêtée pour se reposer, peut-être pour dormir un peu.

Se guidant à l'odorat, et aux infimes informations qu'il pouvait détecter -- ici une herbe brisée, là une pierre retournée, une trace sur une paroi, ou encore une marque dans la terre humide -- il pouvait maintenant progresser plus rapidement. Il espérait seulement qu'il était le chasseur, et non la proie : combien de fois lui avait-elle ainsi laissé des indices, combien de fois avait-il suivi de fausses pistes, qui finissaient invariablement par se perdre, et au bout desquelles elle l'attendait patiemment ! Mais il avait beaucoup appris, il était devenu très agile : même si c'était encore un piège, il saurait le détecter et l'éviter. La seule chose qui importait, c'était qu'il se rapproche d'elle.

Cependant, la nuit l'obligea à trouver un refuge. De plus, du ciel, qui avait été bas et sombre toute la journée, tombait maintenant une pluie fine et glacée. Il trouva donc une grotte à flanc de montagne, et s'y installa. Par chance, un grizzly y avait élu domicile avant lui : il l'assomma d'un mouvement du poignet, et le dépeça. Les lièvres seraient pour le dessert, décida t-il. Il se félicita d'avoir trouvé un tel abri, car il devait la plupart du temps se contenter du ciel étoilé comme couverture ; et il regretta amèrement de devoir l'abandonner le lendemain. Ici, il pourrait dormir tranquille, à l'abri des animaux sauvages, et surtout de l'attention de Lyn. Il pourrait même faire du feu -- il n'avait pas mangé d'aliments cuits depuis plusieurs jours, car faire du feu aurait irrémédiablement trahi sa position. Les flammes seraient visibles à des kilomètres aux alentours la nuit, et dans la journée, il devait craindre la fumée. La seule solution consistait à boucher l'entrée de la grotte par un épais tapis de branchages, et à prier afin que les maigres courants d'air emportent suffisamment de fumée pour qu'il puisse respirer. Ainsi, il était pratiquement indétectable.

Aussi confortablement installé qu'il l'était possible, Trunks passa ainsi sa première nuit tranquille depuis près d'un mois.

***

Le lendemain, reposé et rassasié, il se remit en route. Un épais brouillard montait de la terre, et restreignait sa perception visuelle à une dizaine de mètres, mais lui assurait également un camouflage supplémentaire. La pluie de la veille avait effacé la plupart des traces du passage de Lyn, mais il parvenait à en trouver suffisamment pour être certain d'être sur le bon chemin. A mesure qu'il progressait, le jeune homme devenait de plus en plus excité à l'idée d'atteindre son but. Il ne cessait cependant de tempérer son enthousiasme : non seulement son attention baissait et il devenait plus imprudent, mais rien n'était encore gagné. Il lui faudrait procéder avec la patience la plus extrême une fois qu'il serait suffisamment proche de Lyn, à supposer qu'il y arrive jamais. Il risquait de perdre sa trace à tout instant ; de plus, il se pouvait fort bien qu'elle soit en train de mourir de rire en ce moment même, en le voyant suivre une piste tracée par ses soins, auquel cas elle pouvait lui tomber dessus n'importe quand. Et dans cette hypothèse, elle bénéficierait d'un effet de surprise suffisant pour avoir l'avantage sur lui. Trunks se souvenait de nombreuses occasions où il s'était retrouvé à terre avant même de comprendre qu'une fléchette enduite d'un soporifique s'était plantée dans son cou. Ce n'était qu'un des nombreux scénarios qui risquaient de se répéter s'il n'y prenait garde.

La piste s'enfonça soudain dans la forêt. Elle devenait du coup plus facile à suivre, mais il était de son côté plus facilement détectable. De très nombreux indices jalonnaient la progression de Lyn, au point qu'il en devint presque persuadé qu'elle était en train de le rouler. A un moment, il perdit sa trace, et ce n'est qu'au bout de vingt minutes qu'il comprit qu'elle avait quitté le sol, pour continuer sa progression dans les arbres. Ainsi, elle faisait tout pour ne pas être repérée, ce qui le rassurait. Mais il ne relâcha pas son attention pour autant.

Une fois dans les arbres, il était difficile de savoir quel chemin elle avait emprunté. Mais ses sens étaient devenus suffisamment affûtés pour qu'il ne perde pas son cheminement. Elle avait encore une large avance sur lui, ce qui lui permettait d'avancer rapidement. Durant une bonne partie de la journée, il parcourut plusieurs dizaines de kilomètres dans le feuillage ; elle avait donc suivi le même chemin qu'il avait eu l'intention d'emprunter : la route qu'il suivait évitait soigneusement les pentes les plus raides, sur lesquelles elle n'aurait eu presque aucune chance de grimper sans se faire remarquer. Elle avait ainsi continué en arc de cercle vers le haut. Vers le milieu de l'après-midi, il arriva à l'orée de la forêt : celle-ci se terminait brusquement, et elle était remplacée par un paysage à nouveau rocailleux, mais où il était très difficile de se cacher. Il ne put rien détecter sur les pentes nues ; pourtant, sa piste continuait vers le sommet, sans que le doute soit possible.

Trunks s'accroupit sur une branche basse, où il était entouré de toutes parts par la végétation. Si elle s'était effectivement avancée vers le haut, il y avait toutes les chances du monde qu'elle puisse le voir une fois qu'il sortirait de la protection que lui offraient les arbres. Il jugea qu'il n'avait plus qu'un jour de retard sur elle, mais ça lui donnait suffisamment de temps pour avoir trouvé un abri valable, d'où elle pourrait surveiller tous les environs. Il n'avait cependant que deux alternatives : soit jouer la prudence, et longer le bord de la forêt en espérant retrouver sa trace plus bas, soit compter sur un manque d'attention de sa part, et se jeter en avant. Aucune des deux solutions ne le séduisait : la seconde n'était rien d'autre qu'un immense coup de bluff, tandis que la première lui faisait perdre la piste qu'il avait suivie avec succès jusqu'à maintenant.

Mais lorsqu'on y réfléchissait, elle n'avait aucun moyen de savoir qu'il allait la suivre lorsqu'elle était passée par ici. Du moins, c'est ce qu'on pouvait supposer en faisant l'hypothèse qu'elle cherchait, elle aussi, à ne pas être repérée. Bien entendu, elle pouvait avoir pensé qu'il y avait une mince chance qu'il retrouve sa trace, mais dans tous les cas, elle n'avait pas intérêt à s'avancer à découvert. Donc la seule conclusion logique était qu'elle non plus n'était pas montée plus haut sur ce terrain où on ne pouvait se cacher nulle part. Elle avait nécessairement dû avoir besoin d'un minimum de garanties pour se déplacer. Trunks se mit sur ses pieds, et grimpa au sommet de l'arbre, pour avoir une meilleure idée du relief de la région. Une fois perché sur les plus hautes branches, il lui suffit d'un coup d'oeil pour trouver ce qu'il cherchait : à sa gauche, un torrent dévalait la pente. Il sourit, et redescendit de quelques mètres.

Il se dirigea ensuite vers le lit du cours d'eau. Il lui fallut un petit moment pour l'atteindre, car la végétation était très dense sur ses berges, et il ne voulait pas se frayer un chemin trop voyant dans les murs de lianes et de ronces qui lui barraient le passage. Il longea quelques minutes le torrent avant de trouver une percée dans le feuillage. Il se percha sur un rocher, et ne put se retenir de contempler le spectacle : c'était un véritable fleuve qui bouillonnait sous ses pieds. Des rochers immenses, submergés d'écume, faisaient figure de navires naufragés dans cet enfer liquide. La vitesse de l'eau était impressionnante, sans compter que la température ambiante ne l'invitait guère à plonger dans les remous rugissants. Les pentes étaient abruptes, les parois glissantes, et les cachettes nombreuses dans un tel environnement. L'endroit idéal pour une embuscade. Trunks esquiva un sourire : il était maintenant totalement persuadé qu'elle l'avait amené là à dessein. C'était trop beau pour être un simple hasard. Mais il n'allait pas se laisser avoir par sa ruse. Cependant, il ne pouvait s'empêcher d'admirer les trésors d'imagination qu'elle avait dû déployer pour l'attirer jusque là.

Si ce qu'il supposait était fondé, elle devait le guetter, quelque part le long du torrent. La question était de savoir où elle se trouvait exactement. En amont, ou en aval de sa position actuelle ? S'il choisissait de bouger, il lui fallait être extrêmement prudent à partir de maintenant. Il était traqué. Mais au moins, il le savait.

Trunks décida de ne pas continuer à évoluer à proximité immédiate du cours d'eau. Non seulement il était trop vulnérable, mais la forêt offrait plusieurs avantages : il pourrait se déplacer plus vite dans les arbres qu'à terre, il serait partiellement caché, et l'eau faisait trop de bruit pour que son ouïe puisse lui être utile, de toute façon. Il regagna lentement les arbres qui bordaient le torrent, et se contenta de sonder les alentours pendant les minutes suivantes, à la recherche de tout indice qui lui permettrait de l'aider à localiser Lyn. En vain. Il ne trouva rien, mais il avait au moins la certitude qu'elle ne l'espionnait pas. S'il ne s'était pas trompé, elle ne devait pas savoir qu'il était à sa poursuite, ou du moins, elle ignorait à quel stade il en était. Donc il aurait peut-être l'avantage de la surprise.

Le soleil descendait maintenant sur l'horizon. Il savait que le temps jouait contre lui : plus il attendait, et plus elle serait sur ses gardes. D'un autre côté, il pouvait profiter des quelques heures de jour restantes pour explorer la région tout à son aise ; elle était forcément quelque part dans les environs.

Il se retira donc vers l'intérieur de la forêt. Plusieurs espèces d'arbres fruitiers lui fournirent des victuailles, et il eut même la chance de tomber sur une biche qui broutait tranquillement sous un arbre. Sans un bruit, il fondit sur l'animal, qui se laissa étrangler silencieusement. Il cacha le cadavre, y laissa tous les fruits qu'il avait récoltés, et partit à l'aventure, bien décidé à trouver des traces du passage de Lyn.

Malgré tous ses efforts, il ne trouva rien de satisfaisant. L'obscurité envahissait peu à peu la forêt, et il ne put voir que quelques marques sur l'écorce des arbres. Mais les elles auraient tout aussi bien pu être laissées par des animaux. Rien n'indiquait quelle soit déjà passée par là. Pourtant, Trunks était persuadé qu'il était maintenant tout près. Il n'avait jamais eu besoin de détecter son énergie vitale pour sentir la présence de Lyn. C'était une sensation plus profonde, une sorte d'angoisse qui lui nouait l'estomac, et qui lui donnait de petits frissons. Il savait que c'était exactement la même chose pour elle : à l'heure qu'il était, elle devait savoir qu'il n'était pas loin. Heureusement pour lui, elle ne pourrait pas s'en servir pour le repérer : le sentiment était trop diffus pour être utilisé avec tant de précision. Mais désormais, elle serait sur ses gardes.

Une fois la nuit tombée, Trunks revint à l'endroit où il avait laissé son repas. Il engloutit rapidement tout ce qu'il put. Pas question de faire du feu, cette fois-ci : il aurait été immédiatement repéré. Il se contenta donc de viande crue, et froide. Mais il avait dépassé le stade où il en éprouvait du dégoût ; il en ressentait même un certain plaisir, mêlé à de l'excitation, ce qui n'était pas étranger au goût du sang dans sa bouche, à la texture particulière de la chair entre ses dents. Lorsqu'on est un Saiyen, on ne peut pas se refaire.

Il dormit très peu. Non seulement il lui fallait bouger très souvent pour rester tout le temps en alerte, mais il se mit à pleuvoir en plein milieu de la nuit. Une pluie pénétrante, froide, très inconfortable. Il repensa avec nostalgie à tous les moments de paix qu'il avait connus dans le petit sanctuaire de Lyn. Il chassa toutes ces pensées d'un coup : s'il y avait bien un piège dans lequel il ne devait pas tomber dans une telle situation, c'était celui de la mélancolie. Ne jamais se laisser abattre, c'était une des règles essentielles. Mais ce n'était pas à lui qu'on apprendrait une telle chose. Il profita donc de ce qu'il était éveillé pour trouver quelques fruits de plus, histoire de se réchauffer autant que possible -- il ne pouvait pas non plus augmenter son énergie interne pour dresser autour de lui une barrière protectrice contre le froid et l'humidité, sans quoi Lyn l'aurait repéré et ligoté dans les cinq minutes suivantes. De plus, la sensation qu'elle se trouvait à proximité, elle aussi éveillée, et à sa recherche, devenait de plus en plus forte. Même s'il l'avait voulu, il n'aurait pu trouver le sommeil.

Dès les premiers rayons du soleil, il se remit en route, progressant lentement dans les arbres. Le sol était maintenant détrempé, et il était hors de question de laisser des traces de pas dans la boue. Il s'approcha autant que la prudence le lui permettait de la rive du torrent, et le suivit dans le sens ascendant. Il ne savait pas ce qu'il devait chercher, mais il s'attendait au pire à tout instant. Désormais, il savait que la véritable chasse venait de débuter : il n'aurait plus de repos jusqu'à ce qu'elle soit terminée.

La partie de cache-cache dura ainsi cinq jours. Cinq jours durant lesquels il ne dormit pas plus de vingt minutes d'affilée ; durant lesquels il ne mangea que des baies, des fruits, et le peu de chasse qu'il se permettait pour ne pas mettre sa sécurité en péril. Et pas un instant la sensation d'une présence l'épiant ne le quitta. Il était constamment en alerte, prêt à bondir au moindre bruit, prêt à riposter. L'épuisement le gagnait peu à peu, mais il était hors de question de laisser tomber. Il savait qu'ils devaient en finir rapidement : Lyn n'aurait pas les mêmes capacités de résistance que lui, malgré tout son courage et sa détermination.

Il parcourut ainsi les berges du torrent, toujours du même côté, de peur d'avoir à franchir le cours d'eau et ainsi s'exposer à être vu. Il ne faisait que monter et descendre, sur toute la longueur qui était entourée de végétation. Il était hors de question qu'elle puisse se trouver autre part : elle non plus ne se serait pas exposée inutilement en terrain découvert. De plus, son instinct était là pour le guider. Au soir du cinquième jour, il commença à avoir des hallucinations : il lui sembla apercevoir une fois sa chevelure blonde disparaître derrière un arbre, et il entendit clairement par trois reprises son rire merveilleux -- mais ce n'étaient que les oiseaux, et il finit par penser qu'ils avaient bien raison de se moquer de lui. Son parfum était partout, le hantait. Mais il savait que tout cela était dû au manque de sommeil.

Cependant, il ne comptait pas relâcher son attention pour autant. Et c'est ainsi qu'il fit une découverte majeure, alors que le soleil se couchait une fois de plus. Dans sa hâte de trouver un abri de fortune pour la nuit, il avait failli se jeter droit sur un fil invisible tendu dans un passage aérien. Il ne remarqua le piège qu'au dernier moment, alors qu'un rayon lumineux était réfléchi par une goutte d'eau accrochée à une toile d'araignée tendue dans le vide, sans qu'aucun fil de maintien ne soit visible. Il jubilait : ce fil indiquait qu'il avait eu raison. Lyn se trouvait ici, dans son environnement immédiat. Il indiquait également qu'elle prenait de plus en plus de risques, signe d'un épuisement presque total. Il étudia le piège avec attention : le fil était relié à une branche souple, qui se rabattrait dès que le lien serait brisé. Le bruit engendré, sans parler de celui de sa chute éventuelle, l'alerterait immédiatement. A condition, bien entendu, qu'elle se trouve assez près pour l'entendre. Cela signifiait qu'elle était toute proche.

Trunks se transforma alors en statue : il alla se percher sur une branche plus haute, et attendit patiemment que la nuit tombe pour agir. A la faveur de l'obscurité, il pourrait enfin bouger.

Engourdi par le froid, il se décida enfin à redescendre. La meilleure chose à faire était d'explorer les alentours avec la plus grande prudence. Elle ne l'avait pas encore remarqué, sinon elle aurait attaqué. A moins que son plan ne soit plus complexe, mais il n'y croyait plus beaucoup. Il savait qu'il était sur son territoire de chasse : elle avait sans doute semé des pièges un peu partout dans les environs. Cette sensation ne faisait que l'exciter. Il trouva effectivement deux pièges de plus. L'un était constitué d'un autre fil, qui actionnait cette fois la détente d'une lame soigneusement cachée -- décidément, elle exagérait un peu. L'autre était au sol : il distingua des marques sur la terre et la végétation. Elle avait réussi à creuser une fosse qu'elle avait presque parfaitement dissimulée. Au fond, devaient sans doute se dresser des pics affûtés qui n'attendaient plus que leur proie.

Soudain, Trunks tressaillit, et se figea : une branche venait de craquer, non loin de lui. Ca ne pouvait être un oiseau, ni un écureuil, ni aucun autre animal. Il en avait l'intime conviction : aucune énergie n'était décelable dans les environs. Et son estomac était plus noué que jamais. Il tourna vivement la tête dans la direction d'où provenait le bruit, et faillit hurler de joie : un pied qu'il ne connaissait que trop bien disparaissait derrière un arbre. Il se jeta en avant de toute la vitesse qui lui était permise sans se faire détecter, et il rattrapa facilement Lyn. Elle avançait lentement, de branche en branche, épiant tout sur son passage. Mais il prenait soin à ne jamais se faire repérer lorsqu'elle regardait dans sa direction. La seule façon de le trouver aurait été d'entendre les battements de son coeur, et il doutait même qu'elle en soit incapable.

Elle disparût soudain de son champ de vision, et il tendit la tête hors du feuillage pour la suivre du regard. Mais elle restait invisible. Intrigué, il s'avança de quelques centimètres sur une branche large, et fut aussitôt soulagé : elle était là, accroupie sur ses talons. Sa magnifique chevelure blonde resplendissait sous le clair de lune, et émettait des reflets chatoyants. Mais elle avait cessé de bouger. Il n'aurait pu dire si elle dormait ou si elle attendait simplement, mais elle était immobile. Absolument immobile. A bien y regarder, elle était même trop immobile. Ses yeux s'écarquillèrent soudain, et la peur s'empara de lui, plus intense que tout ce qu'il avait connu dans les dernières semaines : il ne s'agissait pas de Lyn. Uniquement d'un mannequin habilement installé, et qu'on pouvait facilement prendre pour l'original dans l'obscurité. Ce qui voulait dire que la vraie Lyn était --

Il réagit instantanément. Les étoiles empoisonnées sifflèrent à ses oreilles, et le filin d'acier lui aurait tranché la gorge s'il n'avait déjà tourné la tête de côté. D'un bras, il bloqua le coup qui aurait dû l'assommer, et il se laissa tomber dans le vide. Il se raccrocha d'une main à la branche qu'il venait de quitter, et il se rétablit dans un mouvement gracieux, en faisant un tour complet pour revenir à sa position initiale. Lyn était à présent à sa merci : déconcertée par sa rapidité de réaction, elle n'avait pu arrêter sa course. Elle était propulsée par son élan vers le prochain tronc. Il savait de dès qu'elle l'aurait atteint, elle disparaîtrait dans l'obscurité sans qu'il n'ait le temps de voir quoi que ce soit. Il augmenta donc rapidement sa puissance -- inutile de se cacher, désormais -- et s'élança à toute vitesse vers elle. Il réussit à saisit une cheville, alors qu'elle était sur le point d'atteindre une branche de la main. Il la tira violemment à lui, puis referma ses bras puissants autour d'elle, tandis que ses pieds entourèrent les jambes de la petite fée. Ils s'effondrèrent tous les deux au sol, enlacés, et elle ne pouvait plus bouger d'un centimètre.

"J'ai gagné," fit Trunks à voix basse, au creux de son oreille.

"Tu as eu de la chance," répondit-elle, d'une voix où filtrait clairement de l'amertume.

***

"Tu as faim ?"

Trunks secoua lentement la tête. Il n'avait vraiment pas envie de bouger. Le monde pouvait s'écrouler autour de lui, ça lui était complètement égal.

Ils étaient revenus depuis presque une journée au sanctuaire de la fée. Une journée entière passée à dormir, d'un sommeil profond, sans rêves, et qui les laissait presque aussi las que lorsque le jeu s'était terminé.

"Et pourtant," continua Lyn, "il nous faut nous lever." Ce qu'elle fit, en se dégageant de son étreinte. Trunks, déçu, ouvrit les yeux. Puis il l'imita. Ses jambes le portaient à peine : tous ses muscles étaient perclus de douleurs. Il savait que la situation devait être encore pire pour sa compagne ; pourtant, elle se déplaçait avec sa grâce naturelle, ses mouvements étaient toujours aussi souples et fluides. Elle s'avança de quelques pas en direction de la source, se retourna un instant, et lui fit signe d'approcher de la main. Il lui obéit, tout en jetant un regard à ses vêtements : leur véritable couleur avait disparu depuis longtemps, et ils étaient tellement déchirés qu'on aurait facilement pu le prendre pour un vagabond. Lyn fit un petit mouvement de la main droite, et leurs vêtements disparurent simultanément. Le jeune homme ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux ; il ne s'était toujours pas habitué à la voir nue, malgré leurs années de vie commune. Plus il la regardait, et plus elle lui semblait belle. Il savait cependant qu'elle ne changeait pas : elle était immortelle, et lui aussi, depuis qu'il vivait sur cette planète sacrée.

Lentement, Lyn entra dans l'eau chaude ; elle laissa échapper un petit soupir de soulagement lorsque son corps s'allongea dans la vapeur. Trunks lui-même fut surpris par la caresse du liquide contre sa peau. L'effet était immédiat : toutes ses courbatures disparaissaient les unes après les autres, ses muscles se détendaient, le sang affluait de nouveau dans les fibres contractées, emportant avec lui toute la tension accumulée. Il se mit sur le dos et ferma les yeux, ne laissant que son visage surnager. A côté de lui, Lyn faisait exactement la même chose. L'énergie refluait maintenant dans leurs corps fatigués.

Au bout d'un moment, il se sentit assez remis pour relever la tête hors de l'eau. Lyn flottait à quelques mètres de lui, sur le dos. Il s'approcha lentement, et elle se retrouva bientôt complètement allongée sur lui. Un petit sourire lui étira les lèvres : la situation avait l'air de lui convenir parfaitement. Il ramena ses bras en avant, et les posa sur sa poitrine. Ses mains se laissèrent un moment aller le long de ses courbes harmonieuses, et il ferma de nouveau les yeux sous le déferlement des sensations qui l'assaillirent. Ses fins cheveux dorés lui caressaient le cou, et emplissaient l'atmosphère de leur parfum délicat.

Enfin, il posa une main sur le ventre de Lyn, et elle tressaillit légèrement. Il la rassura en décrivant de petits cercles rassurants du bout des doigts.

"Comment va t-il ?" demanda t-il doucement. Ses lèvres pouvaient presque toucher la pointe de ses fines oreilles.

"Elle," reprit Lyn, avec un soupçon de reproche dans la voix. "Et elle va bien, merci." Il sourit à pleines dents.

"On n'aurait pas du continuer le jeu aussi longtemps," continua Trunks, en enfouissant son visage dans ses cheveux.

"Et pourquoi ? Je t'ai déjà dit que tout irait bien. Je ne suis pas si faible que ça. Et puis de toute façon, tout s'est bien passé."

"Oui," concéda t-il. "Mais il aurait pu t'arriver n'importe quoi. Je me faisais du souci."

"Imbécile. Je suis infatigable."

"Mais pas lui," fit-il en tapotant légèrement son nombril du bout de l'index.

"Trunks," ajouta t-elle, maintenant excédée. "C'est une fille."

Il se contenta de sourire. Il s'en fichait totalement, mais le jeu les amusait depuis le début. Lorsque, deux ans auparavant, elle lui avait dit qu'elle attendait un enfant, il s'était évanoui sous le choc. Depuis, elle n'avait pas pris un seul gramme. Elle lui avait bien dit que les femmes de son espèce pouvaient mettre de une à plusieurs années avant de donner naissance à leurs enfants, et que le bébé serait tellement petit qu'elle ne grossirait pas du tout durant tout ce temps. Mais il avait toujours eu de la peine à le croire. Pourtant, lorsqu'il posait ses mains bien à plat sur la peau lisse et douce de son ventre comme il le faisait en ce moment, et qu'il vidait son esprit de toute émotion, il pouvait sentir la vie qui se développait sous ses doigts. Une vie ténue, frêle et puissante à la fois. Son fils -- car il était persuadé que ce serait un garçon -- serait quelqu'un d'exceptionnel, il en était convaincu d'avance.

"Tu vas arrêter un peu, oui ?" fit-elle en riant, lorsque les mains de Trunks se firent tout à coup plus curieuses sur son anatomie. Elle se mit à gigoter et lui planta involontairement un coup de coude dans les côtes. Trunks se mit à gémir, et il coula lentement dans l'eau claire, en laissant échapper une colonne de bulles.

"Trunks, non --" commença Lyn, effrayée, en se redressant. Puis elle se mit à hurler. Sous l'eau, il l'avait saisie par les chevilles, et l'entraînait maintenant avec lui vers le fond. Elle avala une gorgée d'eau lorsque sa tête fut totalement immergée.

A la surprise de Trunks, elle se ressaisit soudain : elle se plia en deux, et se libéra les chevilles d'un mouvement agile. Puis elle se mit à nager vers lui, en faisant une grimace d'horreur. Il faillit se noyer en éclatant de rire. Rapidement, il dut remonter à la surface, en luttant contre l'étouffement.

"Je t'ai eu," fit-elle, triomphante, en émergeant près de lui. Trunks n'en finissait pas de tousser.

"Tu -- tu vas voir," rétorqua t-il, en ouvrant avec peine ses yeux pleins de gouttes d'eau et de larmes.

Elle lui tira la langue, et s'éloigna rapidement. Elle semblait glisser sur l'eau tellement ses mouvements étaient rapides. Mais Trunks était plus puissant qu'elle, et il la rattrapa en quelques brasses. Elle écarquilla les yeux lorsqu'il fondit sur elle, tel un fauve prêt à la dévorer, en soulevant une grande gerbe d'eau.. Mais il se contenta de passer ses bras autour de son cou, et de la serrer contre lui.

"Tu as gagné," fit-elle, en passant ses mains délicates dans les cheveux de son ami. L'eau ruisselait lentement sur son visage, le rendant encore plus beau à ses yeux. "Tu peux me faire ce que tu veux." Un sourire étira les lèvres de Trunks.

"Vraiment tout ?"

***

Ils somnolaient, enfouis dans la mousse entre deux racines gigantesques du grand arbre qui leur servait de toit, encore éblouis par la puissance de leurs ébats amoureux. Ils étaient tous les deux surpris à chaque fois de retrouver intacts leurs sentiments du premier jour, comme s'ils se redécouvraient entièrement à chaque fois. Les yeux mi-clos, Lyn errait entre rêve et réalité, le visage enfoui dans l'épaule de son compagnon. Ils avaient développé leurs techniques de communication silencieuse, et les pensées de l'un étaient immédiatement connues de l'autre, partagées, même les sentiments les plus personnels et les plus secrets. Elle se rendait compte que c'était en fin de compte ce qu'elle avait recherché toute sa vie, et que seul Trunks pouvait lui apporter un tel bonheur, car il la comprenait parfaitement. Jamais aucun être n'avait autant compté pour elle, et elle savait que c'était totalement réciproque pour lui. Ils n'étaient pas seulement faits l'un pour l'autre : ils s'étaient apprivoisés dès leur rencontre. Le premier regard avait scellé leur destin, elle l'avait toujours su.

Trunks bougea lentement une main pour flatter la pointe d'une de ses oreilles ; le contact de sa peau était semblable à une décharge d'électricité, et elle ne put se retenir de se trémousser. Elle sentit une vague de plaisir envahir l'esprit de son compagnon. Elle ne savait pas si d'autres êtres avaient un jour connu un bonheur aussi complet que le leur : il n'était pas seulement fondé sur le contact physique, mais aussi sur une entente parfaite de l'âme, une compréhension mutuelle qui frisait à la fusion.

Epuisée, elle s'endormit ; Trunks l'imita sans tarder.

***

Lyn se réveilla presque en sursaut ; quelque chose n'allait pas chez Trunks. Pourtant, il était à ses côtés, tout aussi réveillé qu'elle. Elle fronça les sourcils, et se tourna de côté, en s'appuyant sur un coude, pour lui faire face. Trunks en fit de même, et lui sourit. Il savait qu'elle avait perçu son angoisse.

"Qu'est-ce qui t'arrive ?" demanda t-elle, en passant une main dans ses cheveux. Il baissa les yeux vers le sol. Elle aurait facilement pu lire dans son esprit pour connaître la cause de son trouble, mais elle savait s'en empêcher lorsque Trunks avait besoin de réorganiser ses pensées. Elle avait longtemps été étonnée du temps qu'il pouvait y passer, mais après tout, il était encore très jeune par rapport à elle ; il était donc logique qu'ils ne pensent pas exactement de la même façon. Elle attendit patiemment qu'il trouve ses mots.

"Je crois que le dernier jeu ne m'a pas assez fatigué," fit-il. Lyn le regarda un petit moment, sans comprendre.

"Mais -- tu étais complètement épuisé lorsque nous sommes revenus," rétorqua t-elle. Il secoua la tête.

"J'étais fatigué parce que je n'avais pas dormi depuis longtemps. Mais mon corps n'a pas été habitué à ce genre d'effort très prolongé. Ce que je veux dire, c'est que je ne me suis pas battu depuis trop longtemps."

"Et ça te manque tant que ça ?" Elle n'avait même pas besoin de poser la question. Il suffisait de regarder ses yeux pour se rendre compte qu'il en avait vraiment besoin.

"J'adore me trouver avec toi, ici, tu le sais bien," fit-il, en levant une main. Il la posa sur sa joue, et descendit lentement en direction de son épaule. "Mais il y a certaines choses que tu ne peux pas m'apporter. Des sensations que je ne peux éprouver que lors des combats."

"Tu sais bien que ça ne fait aucune différence si tu t'entraînes ou non, tant que tu restes sur cette planète." Trunks acquiesça ; il savait que son corps ne s'habituerait pas à l'inactivité, qu'il conserverait tous les acquis de son entraînement sans faire aucun effort. Un petit cadeau de l'Eternel.

"Ce n'est pas ça," continua le jeune homme. Sa main caressait maintenant la courbe gracieuse du dos de son amie. "Pour les Saiyens, le combat fait partie intégrante de la vie. Il permet de refouler ses angoisses, de s'affirmer. A voir mon père, on sait tout de suite qu'il a pris les plus grandes décisions de sa vie lors des batailles. On en a besoin pour conserver un certain équilibre."

"Désolé de ne pas pouvoir t'aider," fit Lyn. La main de Trunks était remontée derrière sa nuque. Elle haussa un sourcil ; elle savait comment ce genre d'histoires se terminait, généralement.

"Si ça ne te fait rien," continua t-il, "j'aimerais bien retourner sur Terre un de ces jours. Pour un moment seulement, mais ça me donnerait l'occasion de revoir ma famille. Lyn inclina la tête ; elle comprenait parfaitement qu'il ait besoin de ce genre de choses.

Ses yeux s'agrandirent de surprise lorsque Trunks attira fermement sa tête en avant, pour l'embrasser sauvagement. Il était capable de la surprendre dans les moments les plus inattendus.

Lorsqu'elle put reprendre son souffle, elle lui sourit légèrement.

"Encore ?" demanda t-elle. "Je te croyais trop fatigué pour recommencer si tôt."

"Ne dis pas de bêtises," répliqua Trunks, sans se départir de son air sérieux. Il la prit dans ses bras puissants tout en l'embrassant de nouveau, et elle répondit avec fougue à son invitation.

***

Le magazine de mode tomba lentement sur l'épais tapis d'herbe, et les pages de papier glacé se mirent à tourner une à une, sous l'effet de la légère brise. Allongée dans une chaise confortable, Bulma s'était complètement endormie à l'ombre d'un parasol. L'été était revenu, et pour son premier bain de soleil de l'année, elle avait revêtu un maillot de bain tellement microscopique qu'il aurait sans doute totalement vidé de son sang le vieux maître des tortues s'il avait pu la voir.

Un petit papillon aux ailes roses se posa sur le bord de son verre de soda, et un moustique se mit à tourner autour de son visage. Apparemment ravi du spectacle, l'insecte se posa entre ses seins, et la piqua violemment. Bulma se réveilla immédiatement en poussant un petit cri, et elle entreprit de régler proprement son sort au fautif en le réduisant en poussière.

Calmée, elle s'allongea de nouveau ; mais un bruit attira son attention. Elle releva la tête, et elle ôta ses lunettes de soleil pour fixer le ciel.

Deux points venaient d'apparaître à l'horizon ; ce qui n'était qu'un sifflement aigu dépassant à peine le bruit ambiant devint rapidement un rugissement de tonnerre, alors que les projectiles aériens se transformèrent en deux silhouettes entourées d'une aura brillante qu'elle ne connaissait que trop bien. Tour à tour, Goten et Gokuu se posèrent -- ou plutôt ils percutèrent le sol, sans prendre la peine de réduire leur vitesse. Ils creusèrent chacun deux traînées profondes dans la pelouse soigneusement entretenue, pour amortir leur élan, en projetant un nuage de terre et de poussière devant eux. Bulma poussa un cri strident en voyant les deux Saiyens s'approcher dangereusement d'elle. Mais elle fut littéralement projetée en arrière avec le parasol, le verre de soda et la chaise, par le puissant souffle d'air dégagé par les deux arrivants. Elle criait toujours lorsqu'elle s'écrasa dans un massif de fleurs, avec un bruit sourd.

"Gagné !" hurla Goten, en sautant de joie, un poing tendu vers le ciel. A côté de lui, son père croisa les bras en soufflant pour reprendre sa respiration. Il sortit du mini-cratère qu'il avait creusé, et se mit à épousseter soigneusement ses bottes tachées.

Bulma se releva soudain, en furie. Elle cracha rapidement la terre qu'elle avait dans la bouche, et tel un démon furieux, se jeta droit sur Gokuu, sans prendre la peine de poser les pieds à terre. Le Saiyen la regarda arriver en haussa légèrement les sourcils. Bulma s'arrêta si près de lui qu'il dut baisser la tête pour la regarder. Elle était crispée, et hurlait des mots totalement incompréhensibles, à pleins poumons. Goten, qui exultait un instant auparavant, inclina la tête de côté pour considérer la scène qui ne manquait pas d'intérêt : dans sa hâte à se relever, Bulma avait oublié de rajuster la bretelle droite de son soutien-gorge, et il avait une vue imprenable sur une bonne partie de son anatomie.

Elle s'arrêta soudain de hurler ; on aurait presque pu voir de la vapeur sortir de ses narines et de ses oreilles tellement elle était rouge de colère. Gokuu et elle se contentaient de se regarder.

Le Saiyen finit par éclater de rire. Il adorait vraiment Bulma lorsqu'elle se mettait dans des états pareils ; ça lui rappelait son enfance. Le visage de cette dernière vira au blanc ; puis elle éclata en sanglots. Bulma tomba à genoux au sol, et deux jets de larmes jaillirent de part et d'autre de son visage. Gokuu cessa de rire. Il ne savait pas ce qu'il avait fait, mais il sentait bien qu'elle n'était pas très contente.

"Allons, Bulma," fit Goten, en s'approchant. Il la souleva par les épaules, et la remit debout. Elle continuait de pleurer, et elle se mit à se frotter les yeux. Puis elle serra les poings, et se mit à marteler furieusement la poitrine de Goten.

"Mais qu'est-ce que vous faites ici ?" demanda t-elle, d'une voix entrecoupée de sanglots. Goten, gêné par la situation -- c'était maintenant tout le haut du maillot de Bulma qui s'effondrait -- se gratta la nuque d'une main.

"On avait décidé de venir vous voir," répondit-il. "Papa voulait faire la course avec moi, et j'ai gagné," annonça t-il fièrement. Bulma faillit s'effondrer de nouveau.

"Mais regardez ce que vous avez fait !" cria t-elle, en se retournant ; la pelouse était saccagée, les arbres couchés, les fleurs arrachées. Un cyclone n'aurait pas fait mieux. "Vous ne pouviez pas aller faire la course dans le désert, non ?" hurla t-elle de nouveau, en se retournant vers Goten. Malgré sa colère, elle remarqua que le regard du jeune homme n'était pas franchement dirigé vers son visage. Elle baissa les yeux, et découvrit ce qui attirait ainsi son attention.

Bulma sursauta, en poussant un nouveau cri strident. Gokuu fit la grimace ; il se moquait qu'elle se brise les cordes vocales, mais qu'elle laisse ses oreilles tranquilles. Elle rajusta vivement son maillot de bain, et se mit à rougir comme une tomate.

"Qu'est-ce qui se passe ici ?"

Ils tournèrent tous la tête vers l'origine de la voix. Végéta arrivait de l'autre côté du bâtiment. Les yeux de Gokuu et Goten faillirent exploser de surprise : l'autre Saiyen était pieds nus, torse nu... en fait, il ne portait qu'un caleçon -- mais d'un air très digne. Il s'arrêta à quelques mètres d'eux, et jeta un regard autour de lui. Rien de très grave.

"Vé -- Végéta," fit Gokuu, sans parvenir à faire remonter sa mâchoire inférieure qui s'était effondrée. L'interpellé tourna la tête vers lui, et haussa un sourcil à sa mine déconfite.

"Quoi ? C'est à moi d'être surpris, Kakarotto, pas le contraire."

"Non," fit l'autre en tendant un doigt vers lui. "C'est -- c'est ta tenue, Végéta."

"Et alors ? Je faisais la sieste au soleil, pas la peine d'en faire tout un --" Il fusilla du regard Goten qui était plié en deux de rire. Le jeune homme reprit rapidement une apparence plus sérieuse, sous le terrible regard noir qui lui était adressé.

"Végéta," fit Bulma, en se jetant sur lui, "regarde ce que ces deux imbéciles ont fait. Le jardinier en a pour deux mois à réparer ça !"

"Kakarotto," fit-il, en croisant les bras sur sa poitrine, "j'espère que tu as une bonne excuse. Tout d'abord, peut-on savoir pourquoi tu as subitement décidé de venir nous voir ?"

"Je ne sais pas trop," répondit Gokuu, en secouant la tête de droite à gauche. "J'ai eu comme une intuition, et je me suis dépêché de venir, c'est tout."

Bulma le regarda pendant un petit moment sans comprendre. Puis elle tourna la tête vers Goten, mais ce dernier baissa immédiatement les yeux en direction du sol.

"Je n'en reviens pas," fit-elle, d'une voix faible. "Vous n'êtes pas venus depuis des années, et il faut que vous débarquiez ainsi."

"Salut tout le monde."

Ils tournèrent la tête un à un au son de la voix qu'ils connaissaient tous. A quelques mètres du groupe, Trunks et Lyn venaient d'apparaître, main dans la main. Trunks levait son bras libre en signe de salut, et son amie écarquillait les yeux, étonnée par la scène qu'elle découvrait.

C'en était trop pour Bulma. Tout d'abord sa pelouse et le retour de Gokuu, et enfin celui de Trunks. Elle s'avança lentement vers lui, sans oser y croire. Combien de fois avait-elle souhaité qu'il revienne la voir ? Ne serait-ce que pour avoir le plaisir de l'étrangler, afin de lui faire payer l'insolence qu'il avait eu en les quittant de la sorte pour suivre cette fille. A mille occasions, elle avait rêvé le tenir entre ses mains, pour lui faire subir les pires tortures. Après tout, elle et Lyn n'avaient même pas été officiellement présentées. Mais maintenant qu'il se trouvait là, devant elle, tout ce qu'elle pouvait faire était de le dévisager, tandis que de nouvelles larmes coulaient lentement sur ses joues.

Trunks les vit, et s'approcha lentement d'elle. Puis il lâcha la main de Lyn, prit Bulma entre ses bras, et celle-ci enfouit sa tête contre sa poitrine. Tout en tenant fermement sa mère contre lui, il releva la tête. Gokuu agitait furieusement les mains en faisant une grimace simiesque pour lui souhaiter la bienvenue, tandis que Goten avait levé une main pour le saluer, d'un air rayonnant. Quant à son père --

"Papa," fit Trunks, d'une voix totalement neutre, "je remarque que ta tenue vestimentaire va en se dégradant au cours du temps." Végéta écarquilla brièvement les yeux, puis se rembrunit aussitôt. Il décroisa rapidement les bras, et serra les poings. Ses biceps augmentèrent légèrement de volume.

"Arrêtez de me faire ce genre de remarques !" cria t-il. "Je m'habille comme je veux, je suis chez moi !" Il ignora Gokuu et Goten qui se mettaient à pouffer de rire, pour se tourner vers Lyn, qui souriait de toutes ses dents. Il tendit un bras vers elle, d'un air méprisant, tandis que Bulma séchait ses larmes d'émotion.

"Encore vivante ?" demanda t-il. "Qu'est-ce que vous venez faire ici ?" Lyn cessa de rire, pour poser les mains sur ses hanches, et prendre une expression arrogante.

"Hum," fit-elle. "Toujours aussi méchant, celui-là. Je me demande bien comment une brute sans cervelle comme toi a pu avoir un fils aussi beau et intelligent."

Un silence de mort s'abattit sur l'assemblée. Le vent se mit à souffler, emportant quelques pétales de fleurs avec lui. Végéta gardait le silence lui aussi, mais son énergie augmentait rapidement, et de façon inquiétante. Trunks tendit un bras de côté, comme pour empêcher Lyn d'avancer.

"Arrête ça," fit-il, sans quitter son père du regard. "Vous vous raconterez des mots doux plus tard. J'aimerais ne pas avoir à vous séparer."

Lyn afficha son expression la plus espiègle, fit un clin d'oeil à Végéta -- qui faillit en avoir une attaque cardiaque -- et lui tira finalement la langue. Le Saiyen croisa les bras, et se détourna d'un air menaçant.

"Petite peste," grommela t-il entre ses dents.

"Ca a un caleçon vert à pois roses, et ça se permet d'ouvrir la bouche ?" siffla Lyn.

Végéta se retourna brusquement vers elle, les mâchoires serrés, et il contracta ses muscles inconsciemment. Le dégagement d'énergie brûla toute l'herbe dans un rayon de quelques mètres autour de lui.

Il la regarda un moment, puis se détourna de nouveau, et il partit d'un pas décidé en direction du dôme de Capsule Corporation. Le robot d'identification étendit une extrémité dans sa direction juste avant qu'il ne passe la porte ; dans un mouvement trop rapide pour être visible, il fit exploser la malheureuse machine, avant de disparaître dans le bâtiment.

"Il est vraiment fâché," fit remarquer Bulma, qui croyait à peine ce qu'elle voyait. Gokuu et Goten acquiescèrent vivement.

"Encore plus aimable que dans mon souvenir, ton père," déclara Lyn, qui semblait très satisfaite d'elle. Trunks tourna la tête vers elle, et lui sourit.

"Tu sais que tu es odieuse, toi." Pour toute réponse, elle se contenta d'un sourire.

"Trunks ?"

Bra émergea de la porte par laquelle Végéta venait de disparaître, en courant. Elle portait une jupe courte et un T-shirt à son nom, et Trunks était surpris par la ressemblance avec sa mère. Mis à part quelques détails, elles avaient la même apparence. Il avait oublié que sa soeur aurait grandi en cinq ans.

Elle lui sauta au cou, et Trunks fut presque renversé par son élan.

Bra finit par calmer son élan d'affection, et laissa son frère respirer. Ce dernier remarquait que tout le monde regardait vers le ciel.

"Qui est-ce ?" demanda t-il, en posant une main en visière devant ses yeux pour mieux voir la frêle silhouette qui avançait lentement dans leur direction. Il ne parvenait pas à reconnaître l'énergie qui se dégageait de cette présence. Il fronça les sourcils. Erreur. De ces deux présences.

"Hana," répondit Goten, en croisant les bras sur son torse.

"Et Tess," acheva Gokuu, en l'imitant à son tour. "Elle a tenu à nous suivre, à son rythme."

Une étrange sensation envahissait Trunks. Il reconnaissait bien le ki d'Hana, mais pas celui de la personne qui l'accompagnait. De plus, la seconde énergie était bien trop faible pour qu'il s'agisse d'un adulte. Ce qui voulait dire que --

"Qui -- qui est Tess ?" demanda t-il, mal à l'aise, en se tournant vers Goten. Ce dernier se mit à se frotter frénétiquement la nuque d'une main, en éclatant de rire.

"Ma fille," répondit-il, d'un air innocent, en échangeant un sourire avec son père.

***

Hana se posa au sol, les traits tirés. Elle haletait pour retrouver son souffle. Trunks sourit en apercevant la petite figure rose du bébé qu'elle tenait dans ses bras. La petite fille avait apparemment apprécié le vol, et en redemandait dans son gazouillis balbutiant.

"Vous allez trop vite," fit Hana, en s'avançant vers Goten. Trunks et Lyn s'approchèrent, et sourirent à l'enfant. "Impossible de vous suivre."

"On t'avait prévenu," répondit Goten. "Mais tu es têtue. Tu n'aurais pas pu venir en avion, non ?"

"Ah non," répliqua sèchement Hana. "Je ne suis pas si faible que tu le penses." Goten et Trunks échangèrent un regard complice.

"Comme elle est jolie !" s'exclama Lyn, qui tenait à peine en place. Elle regarda Hana, et lui fit une moue implorante. "Je peux la prendre ?"

"Avec joie," répondit-elle, en lui tendant le bébé. Lyn la souleva délicatement, en lui souriant largement. La petite fille éclata de rire.

"Oh mon Dieu," fit soudain Lyn, en écarquillant les yeux. "Mais -- mais qu'est-ce que c'est ?" Goten, Hana et Trunks éclatèrent de rire. La petite queue poilue du bébé s'était enroulée autour du poignet de la fée.

"Ne t'inquiète pas," fit Trunks. "C'est de famille. Je suppose que le nôtre en aura une aussi."

"Pardon ?" s'exclamèrent en coeur les autres. Gokuu se transposa immédiatement derrière Bulma qui venait de s'évanouir. Il la rattrapa et la posa dans l'herbe, sans savoir quoi faire. Trunks rougit jusqu'à la pointe des oreilles.

"Hem -- c'est à dire --" Il ne pouvait plus trouver ses mots. Gokuu s'était mis à tapoter les joues de Bulma pour la ranimer.

"Tu vas être papa toi aussi ?" demanda Goten, émerveillé. Trunks acquiesça, et regarda Lyn. Celle-ci prit Tess dans un bras, et posa son autre main sur son ventre, en souriant.

"Et -- c'est pour quand ?" demanda Bulma, qui venait de rouvrir les yeux.

"Aucune idée," répondit Trunks, en secouant la tête. "Même Lyn ne sait pas."

Bulma referma les yeux, et Gokuu crut un moment qu'elle s'était évanouie de nouveau. Mais elle finit par serelever de ses propres moyens.

"En tout cas," continua Lyn, "ce sera une fille."

"Ne l'écoutez pas," fit Trunks, en levant les yeux au ciel. "C'est un garçon, j'en suis sûr."

***

Tess avançait lentement, à quatre pattes sur le tapis blanc du salon, sous le regard amusé de Bulma, Lyn, Hana et Bra. Trunks et Goten avaient filé droit en direction de la salle de gravité dès qu'ils en avaient eu l'occasion, et Gokuu parcourait les couloirs du grand bâtiment de Capsule Corporation à la recherche de Végéta.

Le bébé passa à côté d'une table basse, et sa queue s'enroula instinctivement autour d'un pied de verre. Etonnée, la fillette se retourna pour voir ce qui l'empêchait d'avancer.

"Alors," fit Bulma, en entrant dans la salle. Elle ramenait plusieurs verres pleins sur un plateau. "Est-ce que Trunks se comporte bien avec toi, au moins ?" demanda t-elle, en posant le plateau sur la table à laquelle Tess était accrochée. Elle se baissa, et déroula l'appendice poilu. Libérée, la petite fille éclata de rire, et continua sa lente exploration du salon.

Bulma se redressa, et tendit un verre à Lyn ; celle-ci l'accepta, et but une gorgée avant de répondre.

"Oh oui," fit-elle, avec un sourire indéchiffrable. "Il n'a pas le temps de s'ennuyer non plus, ne vous en faites pas."

"Je suis un peu déçue qu'il ne vienne pas nous voir plus souvent," continua Bulma, en s'asseyant sur le grand divan. "Mais j'ai fini par accepter qu'il mène sa vie comme il l'entend."

"Il n'est pas malheureux du tout," fit Lyn. "Il tenait à revenir ici pour vous rendre visite, et je vois que ça valait la peine."

"Tess, non !" Hana se leva précipitamment ; l'enfant venait de rencontrer un chat roulé en boule sur un coussin, et elle riait en lui tirant les moustaches. L'animal, débonnaire, se laissait faire sans protester. Hana se baissa, et jeta un regard menaçant à sa fille. Celle-ci cessa immédiatement de martyriser le félin, et elle reprit sa progression à la recherche d'une activité moins répréhensible. Hana retourna à sa place auprès des autres.

"J'espère que tu auras moins de problèmes avec le tien," fit-elle en passant près de Lyn. "Les enfants Saiyens semblent pour avoir seul et unique but de manger ou casser tout ce qui les entoure."

"Ma fille sera une vraie peste," déclara Lyn, en souriant fièrement. "Comme moi."

"Ca promet," fit Hana, en lui rendant son sourire. "Trunks va devenir fou."

"Bien fait pour lui," fit Bulma, en avalant son verre d'un seul coup. Les autres se mirent à pouffer de rire.

***

Le hurlement aurait fait écrouler le bâtiment tout entier si les parois n'avaient été parfaitement insonorisées. Enfin libéré de toutes les contraintes, Trunks laissait son énergie couler librement le long de ses membres. La sensation était puissante et exaltante. Il dépassa le niveau deux dans une explosion de lumière aveuglante ; il avait presque oublié le sentiment de toute-puissance qui s'emparait de lui lorsque ses muscles se dilataient, lorsque ses cheveux se dressaient sur sa tête comme des flammes. Son énergie, trop longtemps contenue en lui, se pressait maintenant vers l'extérieur dans un rugissement qui faisait vibrer toute la structure de la salle.

"Tu n'as vraiment plus l'occasion de t'entraîner sur la planète de l'Eternel ?" demanda Goten, qui rattrapait rapidement le niveau de son ami. Trunks secoua la tête.

"On n'a pas le droit de se battre là-bas," répondit-il. "C'est un lieu de paix et de calme ; tu comprends qu'il me tardait de revenir ici." Son ami acquiesça.

"Cette nouvelle salle est formidable," constata Trunks, en regardant autour de lui.

"Ta mère l'a construite dès notre retour sur Terre," lui rappela Goten. "Elle a beaucoup plus de puissance que la précédente."

"Gravité 700g !" ordonna Trunks. Immédiatement, le système de contrôle fit en sorte d'ajuster l'accélération de façon à atteindre la nouvelle consigne. Goten poussa une exclamation.

"Attends !" fit-il. Trop tard. Il poussa son propre cri de guerre, et fit rapidement augmenter son énergie, pour ne pas être écrasé par la force d'attraction. La coupole de la salle, soumise à des contraintes phénoménales, adapta insensiblement sa forme pour supporter son propre poids. "Je ne suis pas habitué à une telle gravité !" cria Goten, qui luttait pour ne pas tomber à genoux. Trunks sourit.

"Pas de problèmes," fit-il. Et il laissa sa puissance prendre le relais. Son énergie se mit rapidement à augmenter, tandis que Goten l'imitait. Les corps des deux Saiyens se modifièrent lentement pour atteindre une forme plus parfaite, plus apte à accueillir leur nouvelle puissance. Leurs ki disparurent simultanément lorsqu'ils atteignirent le niveau Ultime du Super Saiyen. Mais leur énergie interne n'en était que plus importante.

"Alors," fit Trunks, en baissant lentement son regard vers son ami ; il avait l'impression de se regarder dans un miroir : Goten avait les mêmes cheveux blancs et tendus vers l'arrière de sa tête, la même expression d'extase contenue sur le visage. "C'est si difficile que ça ?"

"Tu plaisantes ?" A leur niveau de puissance, la gravité n'avait plus aucune importance. Ils ressentaient le même besoin impérieux de laisser leurs corps s'exprimer, pour goûter au délicieux frisson du danger, au plaisir capiteux de leur invincibilité. Leurs gènes Saiyens reprenaient le dessus, exigeaient d'eux qu'ils atteignent leurs limites, pour les repousser encore et toujours plus loin.

"Prêt ?" demanda Trunks, en se mettant en position d'attaque. Les yeux de Goten se fixèrent sur lui. Une série d'éclairs blancs descendit le long de ses bras, et ils disparurent simultanément.

***

Les verres tremblaient légèrement sur la table. Ils s'entrechoquaient parfois, en émettant de légers tintements.

"C'est parti," fit Bra. "Ils vont surchauffer le système d'amortissement des vibrations, s'ils continuent à ce rythme." Bulma sourit ; elle ne s'inquiétait pas autant que sa fille en ce qui concernait la solidité de la salle d'entraînement.

"De vrais gamins," commenta Hana, en secouant la tête.

"C'est normal," fit Lyn. "Il faut bien les laisser s'amuser de temps en temps."

"Leurs jouets coûtent cher," protesta Bulma. "Il m'a fallu un budget équivalent à celui de plusieurs états pour la mettre au point."

"Détail," répliqua Lyn. "Trunks ne peut pas s'entraîner sur notre petite planète. Et je suppose que la Terre ne survivrait pas non plus très longtemps à leurs jeux."

"Moi," fit Bra, "je me demande où est passé papa. Quand je suis venu vous rejoindre dehors tout à l'heure, il n'avait pas l'air très content." Bulma et Lyn sourirent.

"Oh, regardez !" s'exclama Hana, qui s'était mise à la recherche de Tess ; sa fille avait fini par rejoindre le chat sur son coussin. Elle s'était roulée en boule auprès de l'animal, qui avait même posé une patte sur son petit bras. Leurs queues ondulaient, et s'enroulaient l'une autour de l'autre dans leur sommeil.

***

"Ah, je t'ai enfin retrouvé !"

Gokuu franchit la porte de la chambre de Végéta et Bulma, au second étage du grand bâtiment. Il n'avait pas eu trop de mal à localiser l'autre Saiyen : il ne prenait même pas la précaution de cacher son énergie.

"Bravo," fit l'autre. Gokuu put constater qu'il avait revêtu un pantalon de toile et une chemise, et il inclina la tête d'un air approbateur ; pour quelqu'un qui se disait Prince, il valait mieux être habillé correctement. Végéta fouillait maintenant dans la garde-robe de Bulma. Il en retira une robe de chambre qui parut lui plaire, et il la prit avec lui en quittant la pièce. Gokuu le suivit.

"Pour cette fille," fit-il, "je ne crois pas qu'elle te déteste vraiment, tu sais."

"Kakarotto," répliqua Végéta, déjà énervé, "je te remercie de t'occuper de la qualité de mes relations avec les autres. Mais je me débrouillerai bien tout seul."

"Comme tu veux."

Un petit moment plus tard, ils débouchèrent dans le salon. Lyn sursauta d'un air faussement effrayé en apercevant Végéta, qui ne lui prêta pas la moindre attention. Puis elle lui fit les gros yeux, et posa un doigt sur sa bouche pour lui faire signe de se taire, en lui montrant du doigt le bébé endormi aux côtés du chat. Végéta considéra la scène un instant, puis se plaqua une main sur le front d'un air désespéré, en secouant lentement la tête de droite à gauche.

"Tiens," fit-il, en lançant à Bulma le vêtement qu'il lui avait ramené. Elle déplia la robe de chambre, et baissa les yeux ; elle était encore en maillot de bain.

"Pour que ce cher Kakarotto ne se vide pas totalement de son sang," expliqua t-il d'un air railleur. Gokuu sourit, en passant une main sur sa nuque. Bulma enfila le vêtement avec hâte. Elle en avait vraiment marre de tous ces obsédés parmi lesquels elle vivait.

Végéta alla s'asseoir dans un fauteuil près d'une fenêtre, et Gokuu s'assit à même le sol, près de sa petite fille à laquelle il se mit à sourire.

Lyn se leva, s'étira, et s'approcha de la grande baie vitrée sous le regard pesant de Végéta. Elle croisa les bras, et considéra un moment le paysage qui s'offrait à elle.

"Jolie planète, la Terre," fit-elle. "Un peu trop de monde à mon goût, cependant. Qu'est-ce que tu en penses, Végéta ?"

Le Saiyen croisa les mains sous son menton. Si elle voulait jouer, elle allait être servie.

"Les humains ne m'intéressent pas trop," répondit-il.

"Végéta," commença Bulma, sur un ton de reproche. "Essaie de rester poli, tout de même." Il jeta un coup d'oeil dans sa direction, et le regretta aussitôt. Lyn en avait profité pour se glisser derrière lui. Elle s'était accoudée au dos du fauteuil, et passait maintenant un doigt dans ses cheveux.

"C'est amusant," fit-elle. "Cette coupe de cheveux. C'est naturel ou tu utilises un produit pour les faire tenir comme ça ?"

Le Saiyen se força à conserver son calme. Inutile de s'énerver, elle ne méritait même pas que l'on s'intéresse à elle.

"Je me demande si ma petite fille va te ressembler," continuait la fée. "J'espère bien que non, tu es vraiment moche."

Du calme. Elle veut simplement une réaction.

Lyn vint s'asseoir sur l'accoudoir du siège, et continua de passer sa main dans ses cheveux.

"Végéta," fit Gokuu, en se retenant pour ne pas éclater de rire, "respire. Tu es tout rouge." C'était la goutte qui fit déborder le vase.

"Imbécile !" cria Végéta, en se levant brusquement. Lyn s'écarta vivement de lui. "Tu crois que c'est facile de ne pas lui taper dessus, à cette petite vipère ?"

"Tais-toi," fit l'autre Saiyen, en lui faisant signe de baisser la voix. "Tu vas réveiller la petite."

"Quelle fougue," fit soudain Lyn, en s'approchant de lui. Elle leva une main, et la passa sur l'arrière de sa tête. Elle lui gratta doucement la nuque. "Encore plus impulsif que Trunks."

Continue comme ça et je peux te garantir que --

"Végéta !" C'était Bulma, qui n'avait pas l'air contente du tout. Elle avait croisé les bras sur sa poitrine, et le regardait d'un air menaçant. "Veux-tu bien m'expliquer ce que tu es en train de faire avec elle ?" Bra et Hana étaient en train de mourir de rire.

Il leva de nouveau les yeux au ciel, en menaçant intérieurement Dunde de représailles éternelles si cette fille ne disparaissait pas à l'instant de chez lui.

***

"Vous voulez vraiment partir si tôt ?" Bulma en avait presque les larmes aux yeux. Son fils n'était revenu que pour se battre, elle n'avait pas eu le temps de le voir. Ils étaient de nouveau à l'extérieur, sous la lumière rougeoyante du soleil couchant. Elle jeta un regard à sa pelouse massacrée pour se distraire momentanément l'esprit. Après tout, elle avait exagéré l'ampleur des dégâts au départ : les robots avaient presque fini de remettre le gazon en état. Dès le lendemain, il n'y aurait plus aucune trace.

"C'était super," fit Trunks, en lançant un clin d'oeil à Goten. Ce dernier avait passé un bras autour de la taille d'Hana, qui tenait elle-même Tess endormie contre elle. Goten lui renvoya un signe en V de l'index et du majeur.

"Reviens nous voir avant qu'on soit morts," continua Bulma. "Sinon je te jure qu'une fois dans l'Autre Monde, je viens te tuer moi-même."

"Promis, maman," fit Trunks, en s'avançant pour l'embrasser. Bulma lutta pour ne pas laisser ses émotions prendre le dessus. Bra s'avança, pour saluer elle aussi son frère.

"A plus tard tout le monde," fit-il, avec un grand geste de la main. Gokuu le lui rendit avec un large sourire. Trunks se tourna vers Lyn, mais celle-ci le regardait d'un air qu'il ne connaissait que trop bien ; elle avait une idée derrière la tête.

"Un instant," fit-elle. "Une dernière chose à faire."

"Quoi donc ?" demanda t-il. Sans un mot de plus, elle disparût. Un grognement de surprise retentit, et ils se retournèrent tous pour la voir coller ses lèvres à celles de Végéta, puis l'embrasser sans retenue pendant de longues secondes. Le Saiyen faillit en tomber à la renverse.

"Sans rancune," fit-elle, avec un petit clin d'oeil. Avant qu'il ne puisse réagir, Lyn avait rejoint Trunks.

"Végéta !" hurla Bulma. "Tu vas devoir t'expliquer, je te le jure !"

Tandis que les autres explosaient de rire, Lyn et Trunks rejoignirent leur monde.

- Fin -


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