La révolte

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Re: La révolte

Messagepar Point le Lun Fév 06, 2017 1:03

Chapitre 22: Appartenance

Ce ne fut en aucun cas parce que la nuit ne comportait que très peu de Lune que son visage paraissait assombri. En vérité, même sa capuche soigneusement placée de manière à camoufler l'intégralité de son visage – lequel ne semblait vouloir se montrer, ironique car on en distinguait clairement les formes – ne justifiait pas l'aura stressante – limite oppressante – du klimien, l'informateur, le traître, l'indic. De la même façon, il ne trahissait aucune émotion. Ces deux faits – soit la sombritude de son apparence ainsi que son impassabilité – dérangeaient Mani qui, comme le lui avait demandé le Grand Général Rafi K. Ouki, se devait de passer par cet homme – un agent-double, et le premier, car Mani devint le second, qui officiait pour la dictature en se faisant passer pour un recruteur rebelle – pour accéder au groupe de Bruno Bucharatti.

Et le jeune Sven-Tveskoeg pensait qu'adossé au mur, l'encapuchonné ne le verrait pas arriver avant que seulement quatre ou cinq mètres ne les séparent. Mais à peine le neveu de Kavoth distingua dans l'ombre l'indic, celui-ci détendit ses muscles et se prépara à l'accueil du klimien à l'écharpe et au manteau détaché. Alors qu'ils étaient chacun à portée de l'autre – imaginons, lors d'un duel improvisé – l'agent murmura:

- Approche.

Mani obéit, hésitant quand même avant de se lancer:

- La pire chose que vous pourriez faire, c'est de demander où il se situe.

- Il ?

- ...

Le silence perturba Mani. Après réflexion, il déduisit qu'on parlait alors certainement de Bruno, et se sentit idiot:

- J'y veillerai.

- Quoique vous puissiez tenter: contre lui, n'essayez même pas la subtilité, qu'importe votre art de la rhétorique ou votre talent d'oration.

- Entendu, articula-t-il, de façon non-sereine.

Soit il ne lui faisait pas confiance, soit il avait ses raisons. Si régnait la confiance de Rafi envers cet homme, alors il était évident que ses conseils se devaient d'être respectés, expérience oblige.

Plus jeune, et ce surtout avant que Kavoth ne puisse réellement être considéré comme une machine klimienne, Mani avait de par son oncle entendu de nombreuses histoires sur les dissidents rebelles. Là où certains enfants semblaient passionnés – au grand dam des parents corrompus – par les récits des révoltes, le fils Sven-Tveskoeg était dégoûté de ces êtres qui troublaient la paix en Talia: il avait toujours eu de la haine envers eux, et son oncle émettait plus que son père une aura – la fameuse aura de haine – qui entoura son coeur infantile pour lui inculquer une façon de penser agressive. Parmi les récits de Kavoth, une figure récurrente, celle de Bruno évidemment, inquiétait le garçon. Impassible, détaché, prêt à tous les sacrifices, intelligent, stratège et surpuissant, Mani imaginait alors le pire ennemi de la dictature, et sa manière de penser n'évolua que dans le sens où il plaçait Bruno en tant que parfait antagoniste à son oncle.

Pour lui, son oncle le vaincrait, inéluctablement.

Aujourd'hui, la mission de Rafi plaça Mani, ou c'est en tout cas ce qu'il pensait – dans une situation différente de la simple vengeance. Non, plus que de souhaiter le trépas d'un homme pour condamner son péché, il considérait la mort de Bruno comme la suite logique des événements, car Mani incarnait l'héritage de Kavoth, son successeur, et finalement, une sorte de fils qu'il n'avait jamais eu.

Le désir de vaincre du fils Sven-Tveskoeg ne saurait être altéré que par l'aliénation totale de son esprit.

De plus, la fidélité de la famille n'était pas la seule raison pour laquelle Rafi avait choisi jadis de donner autant de pouvoir à Kavoth, son frère et leur défunt père: que ce soit homme, femme ou enfants, les Sven-Tveskoeg semblaient pourvus d'aptitudes spécifiques, d'une sorte de... d'autres eux-mêmes, des doubles, des entités rattachées à leur corps, mais s'emparant de leurs esprits. On disait de Kavoth qu'il semblait un titan noir, inconscient mais monstrueusement puissant, voire invincible, quand il se battait jusqu'à ses limites. Rafi comptait certainement sur Mani pour réveiller cette caractéristique et devenir un véritable atout...

... car ayant déjà affronté lui-même Bruno, il savait quelles réserves émettre.

Enfin, Mani oublia sur l'instant son objectif de vengeance. Pour l'accomplir, il devait servir ces chiens de rebelles encore un temps, juste celui nécessaire pour atteindre Bruno et le tuer. Bien entendu, il allait le faire mesurément, car Mani n'était pas la première tête brûlée venue. Il en était une, c'est un fait, mais il savait se tenir, ou en tout cas le croyait-il, et avant de commettre son meurtre, il trouverait une porte de sortie viable, ainsi qu'une façon de pouvoir compromettre les plans de l'armée rebelle.

Ainsi suiva-t-il l'encapuchonné qui pénétra dans un bâtiment délabré et abandonné. Rares étaient-ils dans la zone sud, les habitants s'étant écartés des falaises en bordure de Latcalis, au cas où une des rares créatures volantes de la région s'aventuraient par ici, malgré leur faible dangerosité. Cette souche d'arbre – car rappelons qu'une grande partie des habitations de Klim étaient bâties sur ou dans des arbres vivants et morts – se révéla être en fait un des quelques points de patrouilles des rebelles klimiens, lesquels points servaient de lieux de repos à des groupes de quatre à six soldats rebelles qui faisaient faire des rondes et noter tout ce qu'ils voyaient ou entendaient. Ils possédaient des communicateurs et recevaient les ordre directement des leaders.

Alors entré, Mani découvrit un vieux grenier – d'après les étagères servant à entreposer on ne sait quel produit – qui ne s'étendait pas très loin, l'endroit ayant certainement été rebâti suite à la mise au pouvoir de la dictature il y a quasiment vingt ans de cela. Allumant une lampe à huile, l'agent double s'approcha sans soucis des rebelles présents dans la pièce, car il y en avait, et pas qu'un: dormant dans des matelas à même le sol, et encore l'un était assis dans un coin de mur, quatre soldats prenaient leur pause. Un autre, veillant à leur sécurité, surveillait dans l'ennui et le silence le communicateur pour être prévenu d'un message des chefs. Il y en avait un dernier, mais il faisait une mission de repérage pour connaitre les dimensions d'un entrepôt de la dictature plus au nord.

Le guet se leva en voyant arriver les deux compères – les traîtres – et leva par réflexe un DAN chargé, prêt à tirer, et déjà en joue. S'il avait appuyé sur la détente, l'un des deux ne se serait pas relevé. Finalement, il le reposa en voyant son acolyte à la capuche, et se permit même de le saluer:

- Hé, Gaïma, c'est qui qu'tu ramènes ?

C'était pitoyable de voir – enfin, le constat de Mani en présence – que le ténébreux indic, Gaïma apparemment, faisait semblant de bégayer, très certainement pour feindre l'excitation, ou le bonheur:

- Tu ne le reconnais pas !?

Le klimien – plutôt vieux et bourru – dévisagea Mani, puis prêta attention à ses vêtements:

- Il m'dit quelque chose et pas en bien. C'est des habits de richou ça, nan ?

- Il est fils d'une grande famille.

- Ouais voilà, un gamin qu'a toujours vécu dans les jupons d'la dictature. Dis-lui d'rentrer chez lui, il va clamser en cinq minutes.

Mani voulut émettre un avis, mais préféra se taire pour jauger l'ennemi avant de riposter, s'il fallait le faire. Il fit alors confiance au dissimulé par sa capuche, qui répondit donc:

- Tu ne l'as jamais vu ? C'est le fils unique des Sven.

- Les Sven... Attends... Les vrais Sven ? Sven machin truc là, les psychopathes ?

- Les Sven-Tveskoeg comme il n'y en a pas deux à Talia.

Il se leva et s'approcha avec mépris – ayant passé bien vite l'effroi et l'étonnement – avant de lui montrer sa supériorité en terme de masse musculaire et de taille de par sa position, soit devant lui et le regardant de haut:

- Qu'est-ce qu'un Sven viendrait fout' ici ? Une crise d'ado ? Ton oncle est mort et tu chiales ?

Serrées, les dents de Mani s'écrasaient les unes aux autres pour éviter de faire s'échapper un cri de colère. De la même façon, les poings se gardaient absents pour ne pas que ce sentiment d'énervement ne se manifeste et que le sang-froid ne se brise. Il préféra ouvrir la bouche et lui répondre, sans même le regarder dans les yeux, préférant toiser son torse, après tout ce rebelle ne méritait pas son regard:

- La mort de mon oncle m'importe peu. Je désire rendre justice en Talia, et le seul moyen pour moi d'y arriver et de participer à la rébellion.

Avant que le guet ne puisse rétorquer, l'encapuchonné préféra prendre parole pour éviter la confrontation:

- Il fait parti de l'élite militaire pour son âge, dans les écoles spécialisées, et il sait maîtriser les énergies. Un mois que je le surveille, et je sais de quoi il est fait. En plus, pour nous prouver sa bonne foi, il a ramené des documents confidentiels.

- Confidentiels ? C'est-à-dire ?

- Des renseignements sur les bases, les armements et les effectifs.

- Tu me montres ?

- Approche.

Alors qu'il se détachait de Mani – qui réciproquement le regardait d'un mauvais oeil – et s'approchait de l'indic, il réveilla un autre garde à qui il expliqua la situation. Ce dernier était un spécialiste, ancien stratège de l'armée de Talia. À deux, ils inspectèrent les documents: les plans d'une citadelle à l'ouest, près des quartiers des Sven-Tveskoeg, ne montrant que la partie rez-de chaussée, des cartes des No Klimian's Lands sur la bordure de la citadelle, montrant les points stratégiques et les positions de la dictature, ainsi qu'une carte de caches d'armes de la dictature.

Ces documents se révélaient être des vrais et des faux en même temps. La citadelle inscrite sur le plan ne comporte pas les positions de soldats et de certains passages, mais paraît véritable en tant que plan d'architecture, et l'était. Rafi dut faire ce sacrifice pour permettre à Mani de paraître crédible, tout comme la zone de combat – les No Klimian's Lands – entre Morio et Talia, qui montrait bien les bases et les points de ravitaillement sans citer les installations de défenses. Et encore, les caches d'armes des autres documents ne'étaient alors que vraies pour la moitié.

Le Grand Général conçut ces documents pour qu'ils appartiennent légitimement aux Sven-Tveskoeg, et donc des documents que Mani aurait pu voler de manière crédible. De cette manière, le guet et son spécialiste devraient tomber dans le panneau. En dernier recours, si preuve contraire il y avait, il serait bien aisé pour les deux traîtres d'éliminer les rebelles ici-présents, cependant...

.. .ils semblaient tomber dans le panneau.

Le réveillé le démontra:

- Ouais, ça à l'air d'être du vrai renseignement, mais ça fera pas avancer grand chose. Je veux dire, on a pas encore attaqué les Sven, donc ces papiers sont pas encore avantageux. Peut-être plus tard.

- C'est pas du pipeau servant à nous embrouiller l'esprit? intervint le premier rebelle.

- Pas du tout, c'est même précieux pour l'avenir.

Se tournant vers Mani, le vieux rabat-joie tenta de le sonder:

- T'es vraiment sûr de vouloir venir avec nous ? Tu sais ce que tu risques hein ?

- Oui, bien entendu.

- Vas-y, dis-moi quoi.

- Je risque de frapper ou tuer des gens que j'ai côtoyés, je risque de me faire tuer, je risque de devoir affronter ma famille, je deviendrai un ennemi public et surtout je serai traqué comme un traître.

- T'es moins con que j'le pensais gamin.

- Je suppose que je dois vous remercier ?

- Hé, calme-toi. Tu vas aussi d'voir obéir à chacun des ordres, peu importe lequel, que ça t'enchante ou pas. Si on t'dit de tuer, tu tues, si on te dit de te déguiser en arbre, tu te déguises en arbre, et si on te dit...

- ...de vous demander de la fermer, je dois vous la faire fermer ?

Et tous s'immobilisèrent, sauf la traditionnelle petite veine sur le front de Mani énervé par l'acharnement du gus. Le dit gus qui se releva en trombe pour se rapprocher du jeune klimien, qui cette fois daigna le regarder dans les yeux, pas par respect, mais pour savoir où mettre son poing.

- Tu m'as causé comment là !?

- Comme à un gars qui s'acharne sur quelqu'un qui ne désire que la justice.

- Tu vas voir c'que c'est qu'la justice !

Il abattit son poing supérieur gauche sur le crâne de Mani, et ses deux inférieurs dans ses gencives. Ou en tout cas, c'était le but recherché, jusqu'à ce qu'anticipant, Mani recule vivement d'un simple pas avant de revenir d'un second autre pour asséner un violent uppercut dans la machoire du guet, lequel recula en tituba sur un bon mètre avant de tenter une contre-attaque.

Il n'avança pas, une lame d'énergie calée sous sa gorge.

- Je me battrai contre quiconque tentera de me barrer la route, mais j'ai besoin de vous pour atteindre la justice.

Un silence, pour tout le monde, moins pour les endormis, et une larme qui ruissela sous l'oeil inquiet de l'agressif rebelle.

- Alors je vous en conjure, croyez-moi quand je vous dis que je suis dans votre camp...

... et que je ferai tout pour que la dictature tombe.


Dans l'ombre de son capuchon, l'indic afficha un sourire satisfait.

* * *



À ce moment-là, un hurlement expulsa toute once de courage dans le coeur des moins valeureux.

Un klimien averti saura interpréter ce cri comme celui d'une abomination fongique, une sorte d'être multiple qui résulte de l'évolution divergente et dangereuse d'un champignon se nourrissant exclusivement de chair. Ainsi, l'organisme en question, charognard car trop faible au début, absorbera la substance d'autres êtres pour lui-même se constituer, et finalement, devenir de plus en plus gros. Cependant, la finalité d'une énorme majorité de ces champignons est soit de se faire vaincre par plus fort – en général tout ce qui arrive à au moins la jambe d'un klimien adulte – ou alors de ne pas se nourrir assez pour bénéficier des moyens de s'entretenir. Bien entendu, cet organisme – endémique de Latcalis – est connu des pays conquis parce qu'une infime partie de ses individus arrive à se développer assez pour...

... atteindre une taille avoisinant les quinze mètres klimiens de haut.

Pour le moment, les abominations fongiques repérées par les registres de Talia se comptent sur les doigts d'une main – c'est à dire trois – et ont tous été les porteurs d'une destruction étonnamment plus importante que les tigres géants de la forêt maudite eux-mêmes, pourtant considérés comme les bêtes les plus difficiles à abattre. Pour donner un exemple précis, le félidé le plus dangereux connu fut un tigre blanc – blessé, même si cette information est inutile, par une abomination, aux pattes – qui réussit à détruire une quinzaine de barricades, à détruire un bâtiment entier de protection de la Frontière, et à tuer une trentaine de soldats, dont douze élites, ainsi qu'à engendrer une vingtaine de blessés, avec dix-sept cas graves.

Alors que ces dégâts furent énormes, ce ne fut rien face à la première abomination fongique qui déferla sa fureur sur le poste-frontière, mais heureusement, cette attaque aida beaucoup la Dictature à savoir comment se comporter: l'organisme – le premier, klimianoïde, possédait quatre bras rattachés à des épaules, une tête ventrale, une jambe placée à la place du cou, et trois autres au niveau du coccyx – fait de cadavres, et en particulier de renards et autres créatures, résistait étonnamment aux épines, qui ne le firent pas chanceler, et émettait en continu une sorte de fluide toxique, empoisonnant nombre d'imprudents. Alors que l'abomination se frayait un chemin parmi les barricades, un général tenta une autre approche en demandant la concentration massive de tirs de charges explosives non pas dans la tête, mais dans les bras.

L'horrible créature s'était constituée un leurre en prenant sur son torse l'image d'un visage, lequel aurait été son point faible, soit son cerveau. Finalement, l'analyse du-dit général se conclut sur la remarque, et remarque qui s'avéra positive, que l'abomination cadavérique cachait et protégeait certains de ses bras. L'opération s'acheva sur la scission de quelques membres de chair putréfiée, et la monstruosité s'agenouilla, vaincu, ses organes vitaux – ou alors, juste ses nombreux cerveaux – broyés ou détachés.

Mais la victoire fut de courte durée, ou alors, la joie qui lui était due.

L'abomination fongique dessina dans son soupir une explosion, laquelle, toute de poison constituée, balaya de prime abord les barricades et individus klimiens sur dix mètres à la ronde, puis projeta une marée mauve sur l'assistance, qui noya dans son acidité meurtrière sept bâtiments entiers. Dans l'opération furent décimés une trentaine de gardes, dont vingt-deux d'élite, quatorze techniciens, quatre civils, trois visiteurs, et furent blessés quarante-quatre klimiens, empoisonnés pour la plupart – certains en moururent, d'autres agonisent encore, les chanceux se soignèrent – ainsi que dix-neuf civils et autres utilitaires. Quatre individus n'ont pas été retrouvés, fut-ce en lambeaux.

Le général en question décéda dans l'explosion, mais ne fut pas oublié pour son acte. Maintenant, la stratégie visant à chercher les points faibles des abominations ainsi que les pièces d'artilleries servant à tirer de puissants obus à ces endroit précis sont appelés les "processus Nerion" en son honneur.

Les deux abominations fongiques suivantes furent donc moins violentes, non sans bien évidemment faire de bons dégâts au passage. Seule l'explosion finale n'a jamais pu être résolue, si ce n'est en renforçant les bâtiments et barricades.

* * *


"Bonjour, comme demandé nous avons récupéré ce que nous pouvions. Sur l'endroit où j'ai retrouvé Ginue, il y avait aussi des morceaux de vêtements en lambeaux, et dans la poche d'un panta-"

"Dans la poche d'un pantalon j'ai retrouvé une insigne incomplète avec marqué "Layo" suivi d'un nom indéchiffrable. Est-ce une preuve suffisante ?"

Giorno appuya vivement sur les touches du vieux communicateur pour répondre. Bien qu'il déprima, et qu'il fut assis sur une fenêtre en haut d'un arbre délabré, et alors qu'il avait veillé sur le communicateur – qu'il avait dû retrouver après l'avoir confié à un technicien lors de l'assaut – son coeur s'embauma au rappel de l'existence d'une troupe perdue dans Latcalis, dans laquelle se trouvait le fils étonnamment vivant de son meilleur ami décédé. Ainsi, il ne s'empêcha pas une faute d'orthographe, qui finalement répondit avec la limite de caractère imposée par les machines comme le suggéra le double message de Tial:

"Il s'agit de la plaque insigne de trbvail de Layo, le père de Ginue. Je vous crois sur parole, il n'y a personne au monde qui aurait pu façonner un plan si parfait contre la rébellion."

"Regardez dans le ciel. Nous allons tout mettre en œuvre pour que vous voyiez la fusée éclairante qui mène à la frontière. Allez y."

"Suivez la falaise. Ne vous approchez pas des barricades. Dès que vous les verraient, cachez vous. Attendez que l'on vous prévienne."

"Et sachez qu'elle est de notre coté."

* * *

Ein et Ginue discutaient. Et la nature de la conversation était scientifique, ou en tout cas pour le klimien, informative. En effet, alors qu'Ein se complaisait dans le confort de son fauteuil, le boiteux cherchait à déchiffrer les nombreuses lignes aux écrans d'ordinateur. Aussi, le dernier ordre de Tial ayant été de faire démarrer le moteur du vaisseau, tandis que lui allait récupérer les informations attendues de l'interlocuteur à l'autre bout du communicateur, et que Laktoz se devait d'expliquer aux réfugiés de la grotte – inquiets – la situation. Ainsi, s'étaient séparés tout le beau monde, et en secret, se fomentait un plan qu'Entier – toujours disparu, bien qu'un enfant affirma l'avoir aperçu – n'aurait pas pu supporter.

Veillé par Candya et Tekla, Laito dormait, l'essence pénétrant son corps tout comme Tial fut transformé plus tôt.

La demande, étonnante, du scientifique, ne fit pas cesser les pleurs de Candya, qui dans l'histoire est la plus meurtrie: elle supplia le vieux klimien de renoncer, mais il lui répondit, encore avec son absurde et lourd humour, que c'était dans les vieux pots qu'on faisait les meilleures soupes, et que Tial ne serait pas le seul à tricher pour pouvoir sauver les réfugiés de Latcalis.

D'ailleurs, Ein s'en donna à coeur joie, d'autant plus que le calumet de la paix fumé entre les klimiens et l'extraklimienne lui redonna espoir de les embrigader dans la rébellion contre Freezer. Le pouvoir de Tial restait flou dans les esprits, tandis que Tekla semblait ne rien pouvoir faire, ce qui fut décevant, mais Ginue sans essence supplémentaire possédait des capacités. En fait, Ein elle-même ne comprenait pas tous les tenants et aboutissants sur l'effet de l'essence sur le corps klimien.

Tout ce qu'elle espérait, elle ne l'a évidemment divulgué à personne, c'est que tels les tigres et autres oiseaux, le contact avec l'essence ne fasse pas pourrir leur corps en accéléré.

Quoiqu'il en soit, les moteurs, bien qu'endommagés par l'atterrissage, semblaient fonctionnels, et Ginue eut une idée, alors que Tial et Laktoz revenait, le premier avertissant des messages du communicateur – qui firent presque pleurer Ginue, d'habitude impassible – et la seconde porteuse d'une nouvelle plutôt malvenue, qui fut ignorée sur l'instant.

L'idée de Ginue était simplement d'utiliser le vaisseau pour se rendre jusqu'au point de rendez-vous. Cependant, il n'oublia pas la discrétion requise pour s'approcher. Ein disait qu'elle saurait le conduire de parfaite manière, et personne ne fut là, et n'eut les capacités requises, en terme de savoir, pour la contredire. Ils acquiescèrent à l'unanimité, et ajoutèrent que si un problème survenait à l'atterrissage, Ein pourrait servir de bouclier de chair ou d'airbag. Cette dernière blague de Tial ne fut pas au goût de tous, mais eut pour mérite de faire presque tomber l'alien de sa chaise, rajoutant de l'effet comique.

Laktoz fit barrage au chef de groupe, qui n'avait pas porté intérêt à sa demande d'attention plus tôt:

- Tial... Entier m'a fait parvenir un message pour toi.

- Tu as vu Entier ? Rétorqua-t-il intrigué.

- Non, mais il y avait une note dans sa chambre... et elle nous est adressée. Ma curiosité m'a demandé de lire, et... finalement je crois qu'elle a eu raison, parce que le message te parle directement.

- Montre-moi ça, souffla-t-il en arrachant des mains de Laktoz une feuille de papier jauni.

"Tial, ou n'importe qui.
J'ai pris quelques minutes pour réfléchir et je ne comprends toujours pas votre décision. Je me sens trahi, et il ne fait aucun doute que je le suis, mais je ne peut renier mes origines et tout ce que vous avez fait pour moi. Mon énervement est mon principal défaut, mais je sais me contrôler dans la mesure du possible, preuve étant que je n'ai tenté de tuer personne. Tial, je te hais. Façon de dire que c'est de toi que je ressens la trahison la plus pernicieuse: tu as été une sorte de frère, voire de père, et même si nos avis ont souvent été différents, je n'ai jamais ressenti de haine, jusqu'aujourd'hui envers toi. Mon fils a été enlevé, ma femme et mes amis torturés, nous-mêmes avons été gravement blessés, mais au lieu de réclamer vengeance, tu as préféré pactiser avec l'ennemi jusqu'à toi-même t'empoisonner. Maintenant, même ma famille me trahit, mais elle constitue ma seule raison de vivre avec la protection de la colonie. Alors, j'ai pris une décision que vous ne pourrez refuser qu'en venant me passer sur le corps: je vais rester en Latcalis et protéger les habitants du refuge. En ce sens, je vous demande de partir, de partir à la recherche d'un échappatoire, à la recherche d'une solution. Même si je vous hais, vous pouvez grâce à votre ami monstrueux nous faire échapper de Latcalis, et ça reste dans mes idées, tout en restant en contradiction avec celles de Tial, qui voulaient que l'on peuple et domine cette jungle. Dans un sens, j'ai gagné.

J'espère ne vous revoir que lorsque que vous aurez trouvé une solution.

Entier"


À ces mots, Tial hésita. Oui, lui qui restait souvent borné, lui qui décidait toujours d'un coup d'un seul, qui n'hésitait qu'après avoir été inconscient et se devant de résoudre une situation, là, il réfléchissait à comment réagir. Pas pour ne pas blesser quelqu'un en adoptant une attitude désagréable, mais bien, comme à son habitude, par pur égoïsme. Cependant, ici, il se demandait quel avis prendre entre la fierté envers son ancien disciple, qui l'a surpassé et qui l'a remplacé en tant que protecteur de la colonie, ou la déception. Une déception envers lui-même, d'avoir perdu face à Entier... de ne pas avoir été à la hauteur face à lui, qui maintenant le surpasse, et même...

... qui lui donne un ordre qu'il ne pourra pas refuser.

Il avait toujours, et finalement est toujours, le chef du groupe, et le leader incontesté. Toutes ces épreuves, ils les avaient endurées chacun leur tour, et ils changèrent tous à leur manière, au niveau psychologique, que ce soit Ginue en sachant qu'il pourra découvrir son identité, Entier parce qu'il se sent trahi, Candya d'avoir été mis à part par tout le monde, Tekla est alors l'élément déclencheur et s'en veut, Laito d'être ici le plus inutile, même en temps que soutien moral et Tial... d'avoir rencontré deux êtres bien plus puissants que lui, en l'espace d'une simple journée.

Alors il prit sa décision, et alla porter la lettre à Candya, qui ne pleura pas, et resta fixement devant le bout de papier. Le silence pesant fut perturbé par le klimien à cinq bras:

- Je respecterai la volonté de ton mari, et je vous dois bien ça. J'admets avoir agi inconsciemment en dominant Ein et en absorbant l'essence, sans me soucier de vos opinions.

- Entier souffre bien plus que nous.

- Oui, et c'est pour cette raison que je vais respecter son choix, tout en respectant les vôtres...

Tial se tourna alors vers l'assemblée, et tout en restant en conversation avec Candya, interagit avec tout le monde:

- ... car dès le réveil de Laito, nous partirons vers la frontière entre Latcalis et le pays d'où Ginue vient. J'inclus dans le "nous" tous les volontaires, et je comprendrai aisément qu'il y ait des refus. Devrai-je partir seul, ou Ein et moi seront les seuls à s'échapper de la jungle maudite ?

Sa voix résonna finalement dans chacun des esprits comme une simple annonce sur un mur. La voix de Tial n'ébranla personne, si ce n'est Ein qui jubilait comme d'habitude, et il était évident que ce cri de ralliement passait simplement pour un appel à l'aide. Cependant, Tial semblait avoir compris qu'il ne resterait pas longtemps le chef pour tous, déjà qu'Entier ne se soumettait pas, s'il continuait à décider sans en prendre part avec les autres.

Mais qu'importe les conditions, et étonnamment la première, Candya se leva de son coin de mur et donna un coup sur une épaule de Tial:

- On va y aller tous ensemble.

Du fond de la salle, Tekla décroisa les bras et appela à ce qu'on l'entende de vive voix:

- Où ma mère ira, j'y serai.

De la même façon, Laktoz répondit:

- Il faut bien quelqu'un pour calmer tes ardeurs si ça tourne mal.

Alors qu'il ne prêtait attention à la scène que depuis le dialogue entre Candya et Tial, Ginue fit part de son opinion, faisant alors décrocher un sourire heureux et imprévu à Tial:

- Nous irons pour trouver un monde meilleur, pour la colonie, pour notre famille, et pour nous échapper de cet enfer.

Puis, il se tourna vers l'alien qui s'était écroulée de plaisir:

- Préparez les moteurs, Ein, nous partons.


* * *


La Frontière se situe sur quatre kilomètres de terrain, entre l'épais mur de Néasgil – un empilement naturel de roches gigantesques qui constitue le croisement entre Latcalis, Morio et Talia – et la falaise qui entoure la jungle. Bien que l'interstice qui relie les arbres maudits à la mégalopole soit restreint, il suffit durant de nombreuses années à semer la désolation au sud de Talia, laquelle plaça en tout premier lieu toutes ses défenses ici. Ainsi, que ce soit avant ou après la dictature qui ne fit que perfectionner les équipements, le complexe de défense de la Frontière est composé de sept bâtiments centraux, équipés défensivement, disposés en U – face à Latcalis – quatre autres derrière, servant de casernes, de points de ravitaillement, et de pièces de stockage, deux devant, prêtes et faites pour détruire à distance les ennemis, et une trentaine de barricades, en permanences surveillées, barricades étant synonymes de sacs de sable épais disposés derrière des plaques de pierres, servant à ralentir les petites créatures ou à se protéger des attaques à distances, car certaines espèces de Latcalis projettent des aiguillons nocifs.

Ce complexe, en permanence relayé par des dizaines et des dizaines de gardes – d'élites ou de novices, rarement de soldats moyens – ne possède pas véritablement de faiblesse, car chaque parcelle de terrain est équipé en conséquence pour se battre, la Frontière étant un lieu très dangereux, presque aussi bien gardé que la citadelle de Thomore elle-même.

La Frontière est un lieu important pour les rebelles: le nombre faramineux de troupes relayées dans le complexe empêche celles-ci de servir de remparts aux actes révolutionnaires, tout en logiquement les protégeant de monstres puissants. De la même façon, c'est de là-bas d'où vient une certaine partie des nouveaux rebelles, repoussés face à un choix simple: vivre dans l'illégalité et rejoindre les rébellions, ou devoir endurer les attaques incessantes – mortelles ? - de Latcalis.

Nous sommes en fin de semaine et quelques élites décident de prendre du repos. C'est la seule faille que Giorno - et Bruno avant lui – trouva à la Frontière, au niveau du personnel qualifié, et qui pourrait être utile si les rebelles décidaient de prendre la Frontière. Une mauvaise idée ? La pire de toutes. Les troupes rebelles ne pourraient pas occuper les lieux tout en opérant. Giorno avait une toute autre idée: risquée, égoïste, dangereuse, insensée, le nouveau chef rebelle allait utiliser une simple déduction en pratique, un plan stratégique aussi pratique que facile à imaginer – moins à entreprendre – et un atout...

... venu tout droit des enfers.

Alors, depuis une trentaine de minutes, à seulement deux-cent mètres des bâtiments retranchés, planqués dans une souche – que les rebelles allèrent "gentillement" perquisitionner – Giorno, Naranz et Trysh se préparaient à l'attaque du poste-frontière, accompagnés entre-autres par une poignée de soldats de la région, tous ayant reçu un message privé sur leurs ondes. Une petite partie des soldats portaient – en bandoulière ou dans des sacs – des DAN supplémentaires pour approvisionner les klimiens de Latcalis quand ils arriveront. Sans doute leurs troupes seront nombreuses, et la précarité de la jungle ne fut pas grand donatrice de moyens de défenses.

Le chef rebelle aux lunettes de soleil – alors que la nuit s'intensifiait – broyait d'une main un communicateur jetable qui avait servi à faire appel à des renforts. Il n'en garda qu'un – non utilisé – et attendait un message, deux simples lettres qui dès qu'elles seront lues, ou ne serait-ce qu'entraperçues, voire même imaginées, ou encore suggérées, endosseront le rôle de déclencheur dans l'esprit de Giorno, qui pour la première fois lancera de lui-même l'assaut sur la Frontière.
Pour lui, c'était un gros stress, car il perdrait des membres rebelles pour récupérer des alliés qui seront sans doute précieux, et c'était la seule raison qui avait motivé le reste de la troupe, pour ceux qui avaient été prévenus. En vérité, il faisait aussi ça – et on le répétera – d'une part égoïstement, parce qu'il est parrain du fils disparu de Layo.

Pour honorer la mémoire de son meilleur ami, Giorno est prêt à tout.

Un vibrement ébranla la main gantée du klimien à la chemise de cuir. Et les deux salvateurs caractères apparurent: “Ok“, de la part de Bacchio, l'aviateur rebelle, celui-là même qui lança la bombe sur l'avant-poste de la base Nord. Inconnue opération entreprise par les soldats rebelles, ils comprenaient en revanche la phrase “En avant !“ que tonna haut et fort – non sans émettre la traditionnelle goutte de sueur d'inquiétude – Giorno. Là, sorti de la souche, un flot noirâtre de klimiens armés déferlèrent sur l'arrière de la Frontière.

À ce moment-là, furent distingués quatre groupes, convergeant au même point mais de façon différente: le premier, l'avant-garde, aux armes plutôt lourdes, par exemple, les fusils à pompes Ikary, encaissaient les tirs des soldats de la frontière en tentant de percer les portes arrières. Pendant ce temps, les légers, dirigés par Giorno, s'infiltraient par les fenêtres et autres murs surélevés pour prendre en tenaille les réserves ennemies ainsi que pour bénéficier d'une force de plus et diriger un assaut sur un hypothétique flanc. Fugo, quant à lui, dirigeait les DAN à l'arrière, directement positionnés dans le dos des Ikary, servant de principale source de dégâts sur l'ennemi. Pour finir, une dernière troupe, cette fois – et ce fut pour lui une fierté énorme – commandée par le jeune Naranz, constituée essentiellement de Princes, éliminait à distance les embusqués, en apportant une nouvelle source de dommages.

La stratégie était simple, et n'aurait pas pu être parfaitement exécutée si seulement les gardes de la Frontière n'étaient pas déjà occupés à autre chose. Car oui, à ce moment-là, les troupes de la dictature positionnées dans le complexe se défendaient en seconde partie de la rébellion, la première - toujours d'actualité – était alors bien plus dangereuse et bien plus importante: leurs effectifs ne comprirent alors pas tous pourquoi leurs dos furent criblés d'épines, traître-ment.

Un rugissement propulsa certains des soldats-frontière sur les rebelles, lesquels s'empalèrent sur les canons des armes, et ne se redressèrent pas.

Giorno appela au calme: l'apparition de son démon faisait parti de son plan, et il en fit part à toutes ses unités proches, demandant même à certains de courir prévenir les arrières-lignes. Il n'aurait pas pu risquer de prévenir tout le monde avant, encourant un risque de fuite pour les moins courageux, ou alors simplement pour les consciencieux.

Alors, les gardes qu'assassinèrent la troupe rebelle furent assez peu, et l'offensive fructueuse, car le bâtiment principal fut passé avec brio, tandis que les tireurs tombèrent et les discrets mis au pas. Seuls les nombreux tirailleurs tentaient d'abattre le démon, lequel marchait sur les barricades sans sourciller.

L'avancée inexorable de l'abomination fongique dévasta alors l'entrée de la Frontière.

Le message de l'apparition de cette dernière ne parvint pas à toutes les cavités auditives, mais une épine passa toute proche de celles de Naranz. Il chuta lamentablement, mais se redressa aussitôt, la flamme de sa combativité ranimant ses réflexes comme son doigt pressa la détente à l'aveuglette sur un hypothétique agresseur placé derrière lui, car l'épine ne venait pas du front.

Effectivement, il toucha sa cible, mais pas la centaine d'autres, armée et préparée.

C'était une attaque surprise d'une attaque surprise, l'arroseur arrosé. L'arrière garde ne put se défendre face à la horde de fusils, lesquels visèrent en priorité les plus faibles, donc les Princes. Certains, comme Naranz, qui eurent la chance de voir les assaillants à temps, se réfugièrent derrière les DAN. Seulement, ceux-ci n'ont aussi pas eu la possibilité de réagir, les plus en retraits furent sauvagement décimés. Cependant, les Ikary distinguèrent l'ennemi, et reculèrent – bousculant quiconque – pour mieux combattre. L'assaut stoppa un temps, mais la Frontière n'en profita aucunement, car le démon fongique prend beaucoup de place – tous les coins à part celui du bas à droite, et le reste – sur la liste des priorités.

Giorno n'entendit pas l'attaque et continua de mener l'attaque, mais put compter – sans le savoir – sur Fugo pour commander les troupes à l'arrière, dans la contre-attaque de cinquante contre cent. Moins bien équipée, moins ordonnée, moins nombreuse, l'armée rebelle sortit de sa manche un involontaire atout... un allié bien précieux qui intervint sans qu'on ne lui demande, mais qu'on fut bien heureux de voir débarquer.

Jetant son DAN au sol, Mani fit jaillir si lames de ki autour de ses poignets.

Rejoindre les tirailleurs ne lui avait même fait entreprendre d'avoir peur. C'était ça le champ de bataille ou il y aurait mieux à accomplir ? Fonçant tel une flèche, il pénétra dans la mêlée. Déjà, les premiers ennemis se voyaient tranchés – dans le lard, pour certains – et s'abattaient sur le sol comme des petites crêpes au kevlar. Mani tailladait chaque klimien, chaque bout de klimien et chaque fragment de klimien qui passait à sa venue.

Ses mouvements étaient précis, presque chirurgicaux. Doué d'une dextérité sans pareille, le garçon ne se battait pas en suivant un art martial précis, il n'utilisait pas de techniques inventées par certains maîtres, ou juste des mouvements classiques de combats. Non, Mani dansait, il jouait avec son corps ainsi qu'avec ses lames, puis s'amusait de voir les membres se taillader. C'était son art, son style de combat: chacun de ses pas se voyait accompagné d'une ribambelle de mouvements sans qu'on ne puisse en voir aucun, des verticaux ou des horizontaux, des diagonales ou des coups d'estocs.

Alors que les premiers corps tombaient, Mani voyait entre deux coups les ennemis pris de panique devant lui. L'armée rebelle passait juste derrière lui, tentant de profiter de la couverture de l'expert qui par pur hasard esquivait les épines, et terminait le travail de leur allié, ou bien le supportait.

Ses alliés ? Bien trop peu. Le fait de tuer ses véritables compagnons le dérangeait. Celui d'avoir intégré la rébellion, bien plus. Mais pour venger son oncle, il était prêt à tout. Le moyen le plus rapide pour arriver jusqu'aux leaders était de faire ses preuves sur le champ de bataille, et tiens, il est en plein dedans.

Et quelle maîtrise insoupçonnée.

Là où il passait, on tombait, abattu. Les épines semblaient déviées, ou alors était-ce la chance, le destin qui dirigeait les projectiles vers l'horizon ?
Là, grâce à lui, les Ikary et DAN s'étaient retournés, et les pertes s'en devenaient moins lourdes. L'attaque surprise se voyait endiguée par la hargne d'un seul homme, qui commandait à la ferveur de ses alliés, lesquels s'exprimaient de plus belle en hurlant.

Mani jubilait. Le sang talien coulait à flots, et ses poignets – les six – se teintaient au fur et à mesure de ses découpes. Peu commune célérité qui faisait de lui une machine témoignait de son entraînement intensif, pour faire honneur à sa famille. Mais de la même façon, aucune représentation plus belle, plus traditionnelle et si innée des Sven-Tveskoeg que...

... cette incarnation de haine pure qui remplaça alors le corps de Mani.

La créature ainsi naissante sur le champ de bataille ne vivait que pour le sang, et avançait toujours, pour remplir son estomac d'hémoglobine klimienne. N'importe qui de raffiné serait outré de l'expression faciale du jeune garçon, et de ce qu'il accomplissait à l'instant. Le digne fils de son père, aurait dit Rafi.

Alors la véritable conscience du klimien se tapit dans l'ombre de sa haine qui contrôlait son corps, et dormait en attendant qu'on le lui rende l'esprit. Sans le savoir, Mani possédait cette hargne diabolique, cette même hargne qui animait son oncle, et cette folie destructrice qui ne différenciait pas les amis des ennemis, qui ne différenciait le bien du mal qu'en sachant qu'il faisait le second.

Et alors que les rangs ennemis étaient percés – littéralement, percés de part en part – par la flèche de dernière chance rebelle, s'immobilisa la cohorte et avec elle la tête, soit Mani – ou son démon.

Puis ce dernier, se retourna.

L'instinct primaire de la bête le guida vers un endroit où le sang s'humait plus abondant. Le délicieux arôme qui presque lui ferait se lécher les manches attira ses narines fumantes vers ses propres alliés. Alliés ? Non, proies. Et ses mains, toujours enveloppées de ki, se levèrent alors tout aussi promptement que son sadique rictus. La décomposition des visages des quelques rebelles comprenant leur situation fut instantanée, mais visible, et ils comprirent en leur for intérieur que cette bête qui n'était plus Mani allait mettre fin à leurs jours.

Néanmoins, le couteau fut plus rapide que les lames.

Une arme blanche pénétra sans ressortir dans le flanc gauche de Mani. Ses bras levés se rabattirent sur ses hanches, et sa face parut alors livide. Le démon intérieur de Mani s'estompa, et le jeune klimien comprit alors qu'il y avait eu un blanc dans son esprit, un rouge sur ses mains, et bien plus alors en son flanc. La créature avait disparu, non pas pour laisser un esprit plus apte à gérer la situation le faire, mais par lâcheté, pour éviter la douleur.

L'incompréhension régna en l'âme du neveu de Kavoth tout comme en celles des rebelles, mais dans les deux cas, ils s'effondrèrent: les soldats furent abattus, déconcentrés et donc cibles faciles, et Mani s'écroula, l'inattention – ou l'instinct, les deux disons – de sa bête scellant leurs destins.

C'est à cet instant que trois autres rebelles distinguèrent leur héros agonisant. Ils ne se battaient plus et fixaient le corps, puis leurs corps fixèrent la bataille. Trois lames, de même gabarit que la première, fendirent l'air.

Un svelte guerrier, portant la chemise ainsi qu'un pantacourt, comme un vacancier, et affublé d'un masque intégralement neutre et blanc, rangea de ses poches – sur ses cuisses – ses armes blanches, minuscules mais mortelles, et attrapa le corps blessé de Mani, lequel geint, toujours vivant mais en proie à une certaine douleur qu'il aurait pu éviter.

Le théâtre n'était pas une discipline enseignée en Talia. Dans d'autres pays cependant, il existait quelques établissements pour apprendre les rudiments de ce genre littéraire. Cependant, Mani aurait sans doute été très bon à ce genre d'exercices: il fit reparaître une lame de ki et l'abattit instantanément sur le crâne du nouvel arrivant.

Nonchalamment, son poignet fut arrêté. Le masqué attrapa son arme plantée en Mani et l'arracha du flanc, il savait bien que son coup ne serait pas vital. Puis, il maîtrisa le jeune garçon au sol, et chuchota près de son oreille quelques mots:

- Je suis ici, pour vous protéger. Ordre du Grand Général.

D'une puissante main, il balança le corps blessé de Mani à travers les buissons, à sa gauche, dans l'optique de le camoufler. Les ombres se chargèrent de le faire disparaître. Telle une lourde feuille, le fils Sven-Tveskoeg s'écrasa en douceur et rampa jusqu'à une position moins dangereuse, évitant cette bataille qui ne pourrait plus l'accueillir, si ce ne fut en tant que cadavre.

Ne trouvant pas la réponse, car son double guida sa conscience et ne lui permit d'entrevoir une partie de la bataille, il tenta de comprendre: Rafi aurait envoyé une personne pour le garder de la mort ? Il est vrai que sa seule possibilité d'échappée en cas de non-acceptation des documents censés le rendre crédible auprès des rebelles était de le faire surveiller, et l'encapuchonné indic n'aurait pas fait le poids face à cinq hommes armés.

Alors, ne sachant que penser, il surveilla assit contre un arbre l'issue de la bataille, qui se constituait en une égalité approximative d'une cinquantaine contre une cinquantaine, quoique le camp rebelle semblait voir à l'horizon une lueur de desespoir...

... que Mani identifia clairement comme la silhouette d'un des neufs.


* * *


Le hublot du vaisseau réverbérait la lumière rougeoyante de la fusée rebelle tirée dans le ciel nocturne de Latcalis. Ein avait stationné la machine volante juste en dessous des nuages, de façon à avoir une vue d'ensemble de la forêt. Et alors qu'ils furent à portée de la vitre – après un annoncellement de livres et d'un tabouret – Ginue et Tekla s'émerveillaient en voyant, au loin, une vaste étendue verdâtre et grise: Talia, la mégalopole. Le boiteux empêcha une sorte de larme de couler – fruit d'un sentiment d'accomplissement, celui d'avoir la possibilité de savoir d'où il venait – et réussit à détourner son regard pour se diriger vers le cockpit.

Ein n'adressa pas un regard au fils de Layo, contrairement à Tial qui lui posa la question de sa venue:

- Tu devrais rester là-bas. Si on se fait attaquer, cet endroit est plus vulnérable.

- J'irai juste après. Seulement, où nous dirigeons-nous précisément ?

- On nous a dit de suivre la falaise. Par déduction, et à partir de l'endroit où je t'ai recueilli, je pense que c'est dans cette direction.

Il montra l'endroit indiqué en pointant une caméra d'Ein:

- La fusée a été tirée non loin d'un endroit éloigné où la falaise descend, je suppose que c'est ici que se situe la frontière.

Le jeune garçon trouva logique les déductions de son mentor, mais il lui rappela un détail:

- Le dernier message du communicateur... Qui est "elle" ?

Le guerrier corrompu par l'essence fit mine de réfléchir, avant d'abandonner et d'hypothétiser:

- Une divinité ? Une faute de frappe ? Qu'est-ce que j'en sais...

- Un avertissement ?

- Il aurait été plus explicite.

- Ou une erreur...

- Probable. Enfin, je te conseille de retourner dans la salle. Laito est réveillé ?

- Non, mais il bouge, comme s'il avait mal.

L'extraklimienne se permit d'intervenir:

- Vous aussi vous convulsiez vers la fin de l'opération, adressa-t-elle à Tial.

Après cette information, Ginue décida de s'en aller voir, tandis que Tial jubilait. Secrètement, il espérait que son vieil ami aie un pouvoir moins puissant que le sien, mais qui sait ce que le hasard – enfin, si les pouvoirs de l'essence sont basés sur le hasard – pourrait réserver au technicien ?

Enfin arrivé dans la salle de tests, Ginue fut attrapé par Laktoz:

- C'est vous qui avez décroché Laito ?

Ginue avait vu venir la conversation, savait ce qu'il allait répondre, et ce qu'elle allait dire ensuite, donc abrégea:

- Tiens-toi sur tes gardes, il pourrait très bien nous sauter dessus pour nous faire une blague, c'est son genre.

La guerrière comprit immédiatement l'anticipation du jeune klimien, et dos à dos ils se collèrent ensuite, espérant ne pas tomber dans un piège du farceur.

Pour seule réponse, les microphones du vaisseau tonnèrent:

- Ici Ein, on va atterrir dans trois minutes, mais on a un problème de taille, littéralent.

En arrière, on entendit Tial corriger son amie en maugréant "Littéralement". Elle poursuivit cependant, et n'avait alors pas pas vu voir – et quiconque aurait été près d'eux aurait voulu les voir – sursauter l'intégralité des klimiens du vaisseau:

- Il y a une abomination fongique de ma taille à deux pas de là où on va se poser, préparez-vous.
Dernière édition par Point le Dim Fév 12, 2017 16:44, édité 2 fois.
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Re: La révolte

Messagepar omurah le Ven Fév 10, 2017 20:07

L'idée de Mani qui rejoint les rebelles et tente de "monter" jusqu'aux leaders, j'adore ! Ça me rappelle le bon vieux temps avec Kurapika (Hunter x Hunter) qui tente sa percée jusqu'au sommet du clan Nostrad '-' #sweet_memories

Entier... Entier... je ne sais que penser. J'hésite sincèrement sur mon jugement quant à son comportement xD
J'attends d'en voir plus, mais pour le moment je n'arrive pas vraiment à me prononcer, je ne sais pas si je lui collerai un falcon punch si je l'avais en face ou si je prendrais éventuellement son parti :3

L’affrontement principal du chapitre, j'ai pas tout-tout compris, mais c'était globalement très intense, et très immersif.
Gros GG sur ce point-là.

Je trouve ton style intéressant, pour le moins atypique, parfois maladroit comme un Gaston, souvent joli et harmonieux comme une rose blanche, mais toujours généreux. Bien plus généreux qu'un style procédurier voire rigide sinon cadavéreux comme le mien par exemple.

Les abominations fongiques participent à agrémenter encore ton univers déjà très fourni et intéressant ! +3

Hâte de voir ce que sera le pouvoir de Laito !

Pour les votes :
- Un chapitre qui mets dans l'ambiance, une certaine hâte du chapitre suivant
- Les personnages me plaisent, j'espère que la qualité restera la même (oui oui, même Entier... enfin je crois XD)
- La suite de l'assaut du poste-frontière me hype
- Long life to Amondo Sanchez ( Pas la bonne fic ? ) (J'ai voté sans savoir (Jojo je suppose) mais l'option m'a fait marrer alors yolo :p)
- 6 à 8/ 10 (plus 8 que 6)

Good luck pour la suite des opérations !!
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Re: La révolte

Messagepar Point le Ven Fév 10, 2017 23:27

omurah a écrit:L'idée de Mani qui rejoint les rebelles et tente de "monter" jusqu'aux leaders, j'adore ! Ça me rappelle le bon vieux temps avec Kurapika (Hunter x Hunter) qui tente sa percée jusqu'au sommet du clan Nostrad '-' #sweet_memories


Je suis à la fois content du fait que tu aimes bien comme désolé de ne pas avoir la référence ( j'ai arrêté HxH à l'arc des JV sur l'île là ). Mani et son ascension est un des nombreux éléments principaux de l'histoire, c'est quasiment LE truc à ne pas louper sinon c'est la merde, on verra ce que ça va donner.

omurah a écrit:L’affrontement principal du chapitre, j'ai pas tout-tout compris, mais c'était globalement très intense, et très immersif.
Gros GG sur ce point-là


Aïe Aïe Aïe justement. Ce chapitre a été très difficile à écrire, parce qu'il annonce le suivant, qui sera le dernier de l'arc 2. Or, ce dernier sera lui-même très difficile à rédiger, qui encore précède le premier de l'arc 3 qui sera horriblement long. Aussi, dans celui-ci, j'ai tenté de tout faire le plus simplement possible pour que tous les éléments à préparer le soient pour le chapitre 23. J'ai trop de mal à rédiger La Révolte c'est fou, faut que je fasse des choix. Par exemple, la scène de recrutement de Mani aurait due mal se terminer, se serait ensuivi un combat résultant de la victoire de Mani et Gaïma, puis d'une péripétie pour aller jusqu'à l'assaut et être crédibles, soit tooooooooooooooute une histoire inutile qui n'apporte rien si ce n'est plus de " cohérence " et encore je pense que je suis assez cohérent de base donc lol. Ravi que l'ambiance soit au rendez-vous, c'est ce que je travaille le plus, mais qu'est ce que tu n'as pas compris ?

omurah a écrit:Je trouve ton style intéressant, pour le moins atypique, parfois maladroit comme un Gaston, souvent joli et harmonieux comme une rose blanche, mais toujours généreux. Bien plus généreux qu'un style procédurier voire rigide sinon cadavéreux comme le mien par exemple.


Je saurai pas quoi en dire, si ce n'est merci :3 Après je t'ai déjà dit que je m'inspirai en partie de toi, prends ça comme tu eux ololol

omurah a écrit:Hâte de voir ce que sera le pouvoir de Laito !


Moi qui pensais que ça n'allait pas du tout faire réagir, ma tentative de camouflage n'a pas marchée, mince. Tu sauras ça dans le prochain chapitre :)

omurah a écrit:- Long life to Amondo Sanchez ( Pas la bonne fic ? ) (J'ai voté sans savoir (Jojo je suppose) mais l'option m'a fait marrer alors yolo :p)


Un délire sur le channel. Amondo Sanchez est le nom que j'ai donné au Amondo du film de Thalès, lequel Amondo apparaît dans ma fic Le Fruit de ses tourments. Le membre CupNero a trouvée cette idée géniale, et s'est exprimé en ces termes " Long life to Amondo Sanchez ". Et je ne fais pas QUE des références à Jojo oh !

omurah a écrit:Good luck pour la suite des opérations !!


Je vais en avoir besoin, MERCI BEAUCOUP !
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Re: La révolte

Messagepar omurah le Dim Fév 12, 2017 15:49

Y'a une balise qui traine dans le texte, juste après le "Et sachez qu'elle est de notre coté." ^^

Zaagaan Protecteur a écrit:Ravi que l'ambiance soit au rendez-vous, c'est ce que je travaille le plus

Et ça paye. J'ai vraiment hésité à coller un 9 au chapitre d'ailleurs, parce qu'au niveau de l'ambiance, que ce soit sur le champ de bataille, ou la scène au début dans le bâtiment délabré, ou encore l'ambiance au niveau du vaisseau de Ein, le niveau monte très haut. En fait si j'ai pas mis 9 c'est uniquement à cause du style (tu t'es un peu trop lâché sur ce chapitre, amha), mais sur le fond ça vaut facilement un 9.
C'est typiquement le genre de chapitre qui aurait mérité d'être accompagné d'une musique bien sale, parce que l'épic était là :P

Zaagaan Protecteur a écrit:mais qu'est ce que tu n'as pas compris ?

Des trucs genre : "L'idée de Ginue était simplement d'utiliser le vaisseau pour se rendre jusqu'au point de rendez-vous." c'était pas le plan de Tial à la base ? Pourquoi il avait demandé à Ginue de faire partir les moteurs du coup ?
Sinon, sur ce passage : "Ne trouvant pas la réponse quand à sa perte de mémoire, il tenta de comprendre"
Perte de mémoire ?
Pis ici : "- Quoique vous puissiez tenter: contre lui, n'essayez même pas la subtilité, qu'importe votre art de la rhétorique ou votre talent d'oration."
J'ai pas compris ce que voulait dire Gaïma par là x)
Pis là : "que Mani identifia clairement comme la silhouette d'un des neufs."
Un des neufs ? J'ai manqué quelque chose ? Ou peut-être est-ce normal que je ne sache pas encore de qui il s'agit ?

Sinon, j'ai relu le chapitre. La deuxième lecture fut encore plus plaisante que la première.

Ça va chauffer pour le matricule de Bruno quand les rebelles se rendront compte qu'ils ont mené un raid suicidaire tout ça pour récupérer un vieillard, deux handicapés, une scientifique, un gamin, et deux briques de lait :lol:

La manière dont on réalise que Mani fait partie du raid, c'était joli. On ne le voit pas venir, et au moment où ça arrive, on se dit que ouais, tu maîtrises très bien ton sujet. Parce que c'est important quand même de faire en sorte que les différentes intrigues puissent se croiser, et tu en as vraisemblablement conscience !

+ La manière dont on réalise que le type masqué est dans le camp de Mani, c'était épique.

La créature avait disparu, non pas pour laisser un esprit plus apte à gérer la situation le faire, mais par lâcheté, pour éviter la douleur.

La classe, ce passage. :)
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Re: La révolte

Messagepar Point le Dim Fév 12, 2017 16:50

omurah a écrit:Y'a une balise qui traine dans le texte, juste après le "Et sachez qu'elle est de notre coté." ^^


Merci, corrigé o/

omurah a écrit:Et ça paye. J'ai vraiment hésité à coller un 9 au chapitre d'ailleurs, parce qu'au niveau de l'ambiance, que ce soit sur le champ de bataille, ou la scène au début dans le bâtiment délabré, ou encore l'ambiance au niveau du vaisseau de Ein, le niveau monte très haut. En fait si j'ai pas mis 9 c'est uniquement à cause du style (tu t'es un peu trop lâché sur ce chapitre, amha), mais sur le fond ça vaut facilement un 9.
C'est typiquement le genre de chapitre qui aurait mérité d'être accompagné d'une musique bien sale, parce que l'épic était là


Niveau style, c'est surtout dans les parties de la team de Ginue que j'ai du mal à écrire et rajouter des nouveaux éléments sans être redondants. Si j'avais fait l'effort d'approfondir le tout - enfin, ce sera fait sans soucis et prévu après - ça aurait logiquement été mieux, mais je pense que le chapitre suffit en lui-même.

omurah a écrit:Des trucs genre : "L'idée de Ginue était simplement d'utiliser le vaisseau pour se rendre jusqu'au point de rendez-vous." c'était pas le plan de Tial à la base ? Pourquoi il avait demandé à Ginue de faire partir les moteurs du coup ?


Tial à la base voulait juste utiliser le vaisseau pour partir de Latcalis, égoïstement. C'est Ginue qui ira le lui conseiller de profiter du vaisseau pour rejoindre Talia. Après, Ginue demande à Ein de faire partir les moteurs parce que c'est dans cette scène lui qui est à coté d'elle et que je disais bien avant qu'ils discutaient tous deux devant son PC.

omurah a écrit:Sinon, sur ce passage : "Ne trouvant pas la réponse quand à sa perte de mémoire, il tenta de comprendre"
Perte de mémoire ?


Quand le double de Mani surgit, il n'est plus pleinement conscient et n'agit pas de lui-même. Je vais changer ça pour que ce soit plus explicite.

omurah a écrit:Pis ici : "- Quoique vous puissiez tenter: contre lui, n'essayez même pas la subtilité, qu'importe votre art de la rhétorique ou votre talent d'oration."
J'ai pas compris ce que voulait dire Gaïma par là x)


En gros, il lui dit que même s'il voulait tenter de glaner des infos sur les rebelles quant à la position géographique de Bruno, il ne devrait même pas essayer en tentant d'être subtil. Déjà parce que ceux qui savent où est Bruno sont peu nombreux, mais aussi parce que ceux-ci sont plus susceptibles de comprendre que Mani joue l'agent-double s'il venait à poser cette question. Gaïma l'expliquer clairement à Mani: Pour accéder à la position de Bruno, monte les échelons, ne te précipite pas.

omurah a écrit:Pis là : "que Mani identifia clairement comme la silhouette d'un des neufs."
Un des neufs ? J'ai manqué quelque chose ? Ou peut-être est-ce normal que je ne sache pas encore de qui il s'agit ?


Je parlerai mieux des neufs dans le prochain chapitre. J'ai déjà évoqué ceux-ci lors du combat contre Kavoth, lequel faisait parti des neufs. Pour résumer ce qu'on sait des neufs pour le moment: Des hauts gradés de l'armée de Talia, assez puissants pour rivaliser avec Rafi ou Kavoth.

omurah a écrit:Sinon, j'ai relu le chapitre. La deuxième lecture fut encore plus plaisante que la première.


Merci ^^

omurah a écrit:Ça va chauffer pour le matricule de Bruno quand les rebelles se rendront compte qu'ils ont mené un raid suicidaire tout ça pour récupérer un vieillard, deux handicapés, une scientifique, un gamin, et deux briques de lait


C'est...exactement ça. Et ce sera tout aussi drôle qu'épique cette rencontre !

Merci pour le reste du commentaire, ça fait plaisir ! On se reverra pour le chapitre final de la seconde partie de La Révolte !
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Re: La révolte

Messagepar Point le Dim Avr 09, 2017 13:32

Hello !

Le chapitre 23 ( qui finalement ne clôturera pas la partie 2 ) arrivera certainement dans la semaine ( Lundi comme Dimanche, ça dépend, le hasard tu vois ? ) mais en attendant, voici un petit reboot du chapitre 1 de la fic, réécrit, peut-être trop court, mais il fallait que je le fasse. En espérant qu'il plaise aux anciens comme aux nouveaux, j'éditerai le véritable chapitre plus tard ^^

Merci x1000 aux corrections de Jack Le Flocon et Masenko !


Chapitre 1: Latcalis


Il était l’heure d’y aller. La nuit restait moins dangereuse que le jour, mais il ne fallait pas sous-estimer Latcalis, peu importe le moment ou le lieu.

Le klimien déplaça le rocher ovale qui camouflait l’entrée de la grotte, non sans y mettre de la force : chacun de ses six bras dut en supporter le poids, mais le temps était compté, et la masse de pierres ne serait certainement le pire obstacle. Heureusement, le-dit obstacle servait de gardien indestructible, et par l’interstice résultant du mouvement du klimien sur la pierre, le vivant put scruter les environs pour voir si quelconque animal sauvage s’était rapproché. Ce n’était pas le cas.

Il termina de mouvoir le rocher et chuchota de vive voix :

- On peut sortir... Avec moi !

Trois silhouettes se détachèrent du boyau de la grotte. Trois adolescents.
Une jeune femme imposante de par sa taille et par sa musculature développée pour son âge se tenait en avant, tremblante d’excitation. De grands yeux jaunes et de courtes mandibules montraient un visage attirant, mais un nez abîmé et quelques blessures camouflées sur sa mâchoire transformaient celui-ci en la parfaite représentation du futur guerrier. Elle portait aussi un plastron en bois fissuré, témoin notable de ses entraînements nombreux pour gagner en puissance. C’était Laktoz.

Plus en retrait, mais avançant, un garçon aux larges épaules, moins grand que son amie, se trouvait effrayé par l’idée de sortir du refuge. Ses traits le rappelaient: son expression à cheval entre la crainte et la couardise signifiaient bien qu’il aurait préféré ne pas accompagner les autres dehors. En revanche, il restait droit en stature, certainement pour éviter de paraître faible, comme quoi avoir peur ne veut pas dire qu’on ne se défendrait pas. Il dévisageait la troisième personne avec ses pupilles violettes, pour se rassurer. Son nom était Entier.

Justement, la dernière des lurons se faisait appeler Candya. Malade de naissance, ses os ne tiendraient pas un choc trop fort. Aussi ne fut-elle jamais appelée par le combat pourtant primordial dans la forêt. Mais sa volonté se voyait bien plus grande arme que n’importe quelle lance dont s’équiperait un combattant. Pour résister à un coup, Entier avait sacrifié son armure personnelle pour la forger avec celle de son amie. Ainsi, le bois déjà très solide se voyait bien moins pénétrable. Et car le corps à corps ne pouvait être à son avantage, les réfugiés lui confectionnèrent à partir de débris un fusil qu’elle chargeait avec des épines artisanales. Le hasard voulut qu’elle s’en serve avec maîtrise.

Ils parurent juste derrière le rocher, et prirent la température de leur mentor, lequel d’un mouvement de main, les fit traverser la ô combien significative limite entre l’intérieur et l’extérieur, entre la sûreté et le danger, entre l’inconnu et l’habituel.


* * *



Latcalis était le nom que les antiques klimiens donnèrent à cette immense forêt qui jadis représentait le quart de la superficie de la planète. En plus d’être le plus vaste milieu de Klim, elle était l’endroit le plus dangereux, le plus inconnu et le plus étrange que jamais la civilisation ne connut. Pour dire, rien n’explique que les créatures de la forêt n’aient pas déjà détruit le monde. Bien que les légendes parlaient des grandes attaques, les contes mythologiques faisaient état de héros ayant repoussé les vagues ténébreuses de Latcalis. Ainsi, depuis des temps immémoriaux, la forêt effrayait et fascinait les klimiens. Dans certains états, tout ce qui était considéré comme impur était projeté dans l’enfer que les croyances désignaient comme la jungle de Latcalis. Dans d’autres, on ne faisait que protéger la population des bêtes de celle-ci. Certains pensaient y trouver des trésors incroyables... et se constituaient aventuriers, explorant les contours, ou pour les plus fous, pénétrant au plus profond. Ces derniers ne sonnèrent jamais plus signe de vie.

Cependant, il y eut un groupe qui décida de monter une cohorte nombreuse et protégée, parcourue de tous les corps de métier, de spécialiste de survie et d’équipements onéreux, donc efficaces. L’équipe Fortune était acclamée par les adhérents à cette expédition. Elle prévoyait de faire le tour de Latcalis et de revenir dans une dizaine d’années au plus tard. Ils ne purent réussir qu’à se frayer un chemin jusqu’à l’opposé – en ligne droite – du point de départ. La montagne les bloqua.

L’opération se terra dans une grotte et jamais sa terre natale ne les retrouva.


* * *



Le guide était un vétéran. Son nom était Tial.
Chacun de ses six bras pouvait porter jusqu’à sept fois son propre poids sans qu’il ne sente quelque chose lui résister, comme l’attraction due à la gravité. Ses jambes expulsaient les tigres en orbite quand elles leur assénaient un coup. Son torse musculeux écrasait à vue le mental des bêtes et réduisait leur volonté en poussière. La dernière fois qu’il frappa un rocher, il divisa une colline en deux.

Sous l’effet de l’alcool, les vieux adoraient les hyperboles.

Mais rien ne se référait pas à un exploit passé du grand guerrier Tial. Une force extraordinaire animait bien ses biceps redoutables et un passé rempli de combats acharnés achevait de signifier l’incroyable réputation de ce klimien. Le monde et tous les autres ne trouveraient pas plus aguerri soldat pour explorer la jungle de Latcalis, car de cette dernière il en est le pire ennemi et meilleur ami.

Il racontait souvent qu’il avait un pouvoir, autre que ses compétences physiques. De la semi-prémonition, une capacité à anticiper les coups en les voyant à l’avance. Il ne savait pas s’il s’agissait d’une manifestation d’un quelconque fantôme hantant la forêt, ou s’il avait développé quelque chose de par ses nombreux duels contre les bêtes, une habitude. Des sornettes, disait-on. Un don, pensait-il.

Physiquement, ses épaules dépassaient l’imposante Laktoz. À l’échelle universelle, il aurait mesuré un bon mètre quatre-vingt quinze. Sa peau vert foncé se voyait reflétée par ses larges ailes ébènes, et des yeux jaune clair agissaient comme un esprit éclairant sur les jeunes attirés par ses exploits. N’ayant égal que son charisme, on voyait bien que même la vieillesse approchante ne ferait pas défaillir sa musculature entretenue. Courir, car il s’adonnait avec plaisir à cette occupation, était le maître mot de la raison de l’existence de ses jambes vigoureuses. Optimiste, courageux et intelligent, Tial n’avait comme seul défaut que l’envie de foncer, la hâte fougueuse et imprudente de l’action. Un danger pour les plus calculateurs.

Trois adolescents le prirent comme modèle : Laktoz enviait sa force, Entier son courage, et Candya sa détermination. Jeunes, ils cherchaient déjà à devenir ses héritiers. Et cette nuit, cette nuit qui s’annonçait comme un baptême, ils furent autorisés à sortir du refuge... Ils furent autorisés à tenter le diable. Presque consciencieux, Tial refusa. Que peut-on refuser à trois désireux d’aventure ? Tial regardait d’un mauvais œil les adultes faiblards qui ignoraient une hypothétique disparition de Tial. S’il tombait, qui sera là pour les protéger ? Un héritage. Tial constituait un héritage.

Le rocher fut replacé en tant que gardien. Le groupe se dirigea vers un petit sentier que Tial empruntait souvent, simple d’accès et facilement retrouvable. Il scruta aux alentours le silence pesant qui appuyait déjà sur les cœurs des trois enfants, puis se tourna chuchotant vers eux :

- On va continuer tout droit. Une fois les trois grands arbres gris passés, vous distinguerez un rocher à votre droite. Nous continuerons à gauche pour trouver l’eau. Compris ?

Ils acquiescèrent, non sereins. Évidemment.

Un son vint perturber les cavités auditives de Tial. Il se retourna lance en main, et comprit qu’il avait rêvé.

- Par la suite, nous chasserons la fourmi. La fleur rouge nous montrera le chemin de leur tanière. En avant, ne faites aucun bruit.

Leurs visages témoignaient de la peur qu’ils manifestaient, bien qu’ils tentèrent de le dissimuler. Tial sourit, tel un père, pour les rassurer. Mais il brisa le réconfort en avançant : en tête, il était suivi d’Entier maniant la lance aussi, puis de la jeune Candya, tireuse d’élite, et laissait la marche fermée par Laktoz, protégée uniquement par ses poings.

Ensemble, ils passèrent le premier arbre.

Le bruit perpétuel, angoissant et bourdonnant qui environnait n’avait d’alarmant que le fait de cacher d’innombrables créatures en attente de proies.

Ils dépassèrent le deuxième, tous les quatre.

Plus lents, les pas s’espaçaient de moins en moins. La discrétion régnait sur le groupe, par simple peur d’engendrer un pas plus bruyant que l’autre.

Ils aperçurent le troisième arbre, et de la même façon le rocher. Sans y espérer, les trois adolescents l’atteignirent, et tournèrent…

...à trois.

La panique ne put prendre place, car renversée instantanément par un bruit sourd. Le sol lui-même en tremblait, et la crainte s’en voyait décuplée. Cependant, le mystère se révéla vite aux yeux ébahis des trois adolescents du refuge, quand ils virent se détachant de l’ombre au loin, un cadavre gigantesque se mouvoir en leur direction, brisant la terre de ses pas puissants et morbides.

Une réaction ne se déclara pas pour les klimiens. Ou seulement quand ils furent déplacés contre leur volonté par un bras salvateur : Entier et Candya atterrirent dans un buisson bordant le chemin, et Laktoz le dessous d’une racine déplacée. Tial, vigie experte et arboricole, anticipa l’arrivée du monstre de chair.

Il fit front, bras sur les hanches et lance en mains, à l’abomination qui menaçait ses amis. Celle-ci ne mit pas plus de trois secondes à remarquer cet obstacle désuet. Ainsi, quand les regards se croisèrent, le guerrier légendaire de Latcalis déclara :

- Je ne pensais pas qu’un tel danger se présenterait à nous ce soir, mais je n’ai d’autre choix que de l’affronter, les enfants. Prenez votre courage à autant de mains que vous le voulez, et allez chercher ce que nous sommes partis trouver.

La bête détalait maintenant pour capturer entre ses crocs informes le klimien imprudent.

- Je reviendrai dès que possible. Pour la colonie, je compte sur vous ! Ne faiblissez pas !

Ses jambes l’emportèrent bien plus loin déjà qu’on ne put le croire. La silhouette gigantesque ne tarda pas à rattraper celle de Tial détalant, et finit par laisser tranquille trois enfants paralysés.

Paralysés par tous les synonymes de l’effroi. Laktoz, proportionnellement plus courageuse que ses amis, attendit une dizaine de secondes avant que ses yeux ne se détachent de l’immobilité pour opérer un mouvement vers Candya et Entier. C’est aussi elle qui parvint à faire un premier pas hasardeux en dehors de sa cachette de fortune, et à bredouiller :

- Qu’est ce que... c’était que ça ?

- Tial nous a abandonnés...murmura Candya.

- Comment on va faire pour survivre sans lui ? Je tiens à ma vie, je retourne au refuge !

- Entier... Ne te précipite pas. N’oublie pas que nous avons un but, tu voudrais qu’on soit venus pour rien ? commença à s’emporter Candya.

- Mais on risque de mourir ! Quel sacrifice glorieux de se faire boulotter par des fourmis !

Les regards embrouillés des deux plus petits se dirigèrent par automatisme vers Laktoz qui suivait le chemin, doucement. D’abord, ils s’étonnèrent, puis se rendirent compte de la situation :

- Laktoz, où tu vas !? appela le couard.

- Bah, je poursuis la mission. Si Entier a la trouille, qu’il rentre, je me demande s’il est capable de faire le retour vivant.

Candya avait peur. Peut-être plus que son ami, si tant est qu’il le considérait encore comme un simple ami, leur relation s’accentuant plus sous les traits de l’amour. Mais elle se devait d’abandonner ses sentiments un instant, le temps de le persuader de les accompagner. Borné, il devrait refuser. La pression double, de Latcalis et de la solitude, aiderait les deux jeunes femmes.

Ainsi, sans autre signe qu’un regard, la tireuse s’en alla derrière Laktoz.

- Je la suis. Nous avons un objectif, je suis prête à tout.

Fronçant les arcades, le garçon croisa ses trois paires de bras et tourna la tête :

- C’est ça, à tout à l’heure, si vous respirez encore !

Puis elles s’éloignèrent. D’abord d’une simple dizaine de mètres. Puis d’onze. Douze. La quinzaine. Oh, vingt mètres ! Vingt-cinq.

Un oiseau laissa son gosier exprimer tout son désir de chair fraîche, loin au dessus des arbres.

- Vous savez... j’ai soif et... on... on se dirige vers un point d’eau !... Étonnant, hein… ?

Tial aurait pu envier Entier, tant il oublia l’écart entre sa position et celle de ses amies, qui s’échangèrent alors un regard complice. Il n’arrêta pas de bouder pour autant.


* * *



C’était un jeu. Ou en tout cas, Tial laissait la course-poursuite se dérouler comme un jeu. Il esquivait les branches basses, bondissait par-dessus les buissons, traversait les feuillages et se servait des racines comme appuis pour augmenter sa vitesse : la forêt se constituait course d’obstacles. Et si Tial échouait, il ne se relèverait pas, parce qu’une certaine abomination préférait détruire le terrain de jeu plutôt que de s’y prêter, avec comme objectif final l’assimilation du corps du klimien. Oui, l’horreur en putréfaction annihilait tout ce que Tial tentait de ne pas détruire dans un simple souci de ralentissement, et rien ne pourrait se mettre en travers de sa route.

De temps en temps, des renardeaux de la jungle tentaient de voler la nourriture à la créature. Soit les bras puissants de Tial les balayaient gaiement, soit leurs carcasses étaient violemment ingérées. Quoiqu’il en soit, le héros ne craignait rien : son pouvoir, le fameux, lui conférait vision de l’avenir en plein effort, d’une seconde, seconde salvatrice, et sa vivacité d’esprit lui permettait de s’approprier ce proche futur pour gagner cette course. Car il y avait un autre objectif que l’amusement pour le mentor des trois adolescents…

... et tout près d’ici, se trouvait la résolution du problème.

Sa capacité d’anticipation se voyait compromise par le temps. Heureusement, il n’avait plus à l’utiliser car il arrivait à destination : une vaste plaine autour d’un gigantesque et millénaire arbre creux. Il stoppa net son avancée à quelques centimètres de l’Ancien, et la créature difforme ne contint pas son élan, ainsi elle s’écrasa lamentablement contre l’écorce. D’un bond, Tial trancha un écart. Il se moqua ensuite de l’horrible monstruosité, en sachant pertinemment qu’elle ne comprenait pas :

- On a du mal à m’attraper ? Faut arrêter de manger et faire plus de sport…

Énervée, elle se retourna pour l’écraser verticalement. Raté.

- Dommage, retentez votre chance !

Balayant le sol, un tas de terre accompagné d’une « jambe » en décomposition fusèrent vers Tial. Il accompagna le mouvement en trottinant sur le coté, ponctuant même le tout d’un sifflement moqueur.

Mais un déclic parvint à l’esprit du klimien, prenant forme d’un souvenir, celui des trois jeunes pousses qu’il aurait dû garder. Il se décida à abréger :

- Je vais t’expliquer un truc, mon gros. Y’a une amie à moi ici...

Désintéressé, si tant fut qu’il puisse être intéressé de base, le cadavre géant enfonça son poing en plein dans la face du guerrier. Enfin, ce serait rabaissant de parler du visage de Tial comme d’un simple lopin de terre. Justement, le coup de la créature faisait écho à la frappe de Tial contre l’écorce, une frappe bien plus puissante que le simple choc du crâne de l’abomination.

- Elle n’aime pas être réveillée. Je crois que je dois te prévenir qu…

Traversant la matière, une griffe sans commune mesure découpa net, au niveau du bassin, la monstruosité. Celle-ci ne mit pas longtemps à comprendre qui était l’auteur de son meurtre, mais son corps laissa échapper plusieurs minutes avant de réellement se scinder en deux. Quand enfin le haut fut détaché du bas et s’écroula contre un sol dévasté, la silhouette élégante de la tueuse se dessina près de l’arbre.

Une tigresse blanche. Si Latcalis abritait des créatures et bêtes immenses, alors le félin représentait parfaitement l’esprit disproportionné de celle-ci. Deux mètres cinquante à l’échelle humaine à quatre pattes suffisaient pour assurer sa domination sur toute la région. Et la protection – ou cet étrange dévouement – de l’arbre déterminait les limites de son territoire. L’énorme cicatrice dans le dos de Tial était résultante de la rencontre entre les deux forces, quelques mois en arrière.

Les coussinets habiles de la féline ne caressèrent pas la terre, alors que celle-ci pensait retrouver son perchoir. Non, le terrible requiem de l’abomination s’enclenchait. Alors que chacune de ses parties se détachaient entre elles, le cerveau décida d’offrir un cadeau des plus atypiques, et le pire de tous : ne laissant pas les cadavres avec lequel il se faisait un corps retourner à la terre, il se fit imploser. Le rejet de tous ses suintements cadavériques abattit sa dangereuse corrosion sur l’espace autour de lui, faisant fondre la matière à son contact. Dans sa souplesse, la tigresse réussit à se soustraire à l’attaque suicide. Une goutte de mort parvint à réduire une de ses griffes à néant.

Tial ne perçut que peu le rugissement bestial de la déesse de Latcalis. Il était déjà parti, depuis un long moment. Il revenait sur ses pas, et cherchait le rocher indicateur qui le rapprocherait des enfants.

Bip... Bip... Bip... Bip…

Un son bref, toutes les deux secondes. Un bruit agaçant…
Jamais le klimien n’avait déjà entendu pareil son. Ce ne devait pas être quelque chose de vivant, à en juger par les grésillements.

Bip... Bip... Bip... Bip…

La curiosité l’emportait. Tial fouilla dans l’herbe, dans l’espoir de comprendre qui émettait cela.

Bip... Bip... Bip... Bip…

Il se rapprochait. De plus en plus, il le sentait.

C’était le territoire d’un tigre, un autre. Un moins amical, apparemment, si l’on en croyait ces tas de cadavres ici et là, les charognards abondaient d’ailleurs. Tial les fit fuir avec une paire de claques, et il continua de chercher. Les arbres étaient éventrées, des marques de griffes comme habits pour l’écorce des autres. Le sol semblait renfoncé, comme si on avait tapé dedans avec la carrure d’un géant. Les lianes mêmes se voyaient tranchées. De toute évidence, une bête assez agressive que Tial devait impérativement éviter. Il ne solliciterait pas une seconde fois la blanche.

Entre deux racines, un objet luminescent crachait l’horripilant signal. Tial le souleva et tapota l’écran de celui-ci, sans comprendre tous les caractères inscrits sur les cotés de la boîte métallique.

- Un communicateur ? Il semble plus élaboré que ceux de mon époque.

Tial chercha un moyen de stopper ces bips. Il appuya sur tous les boutons sans succès, puis pensa à presser le plus gros longuement. Une vibration, et il s’éteignit dans un dernier « zing ».

Une goutte chaude s’écrasa avec lourdeur sur son front. C’est après une seconde que Tial leva la tête, et distingua à travers des lianes emmêlées une boule sanguinolente. Celle-ci semblait immobile et mouvante à la fois, comme si à l’intérieur on se débattait sans succès.

- Qu’est ce que... laissa échapper Tial avant de bondir sur la branche basse d’un arbre proximité.

Il se fraya un chemin parmi les feuilles et se voyait à proximité de la mystérieuse boule. Avec une paire de bras, il soutint l’objet suspendu, et avec une autre se stabilisa. La dernière servit à découvrir ce qui émettait tant de sang.

Un bébé.


L’enfant ne pleurait pas, il ne le pouvait plus. Le pauvre semblait même mort, mais quelques respirations se laissaient entendre de son cœur battant faiblement. Ses bras et ses os semblaient brisés, d’où venait cet enfant ?

Tial ne laissa pas la raison le ralentir. Il attrapa de la façon la plus douce possible bambin et atténuant le choc de son atterrissage en comptant sur ses genoux. Sa vitesse fut autant décuplée que s’il avait été poursuivi par dix abominations. Peu importe à quel point l’enfant avait eu de la chance, peu importe d’où il venait, la survie de ce dernier était le seul et unique objectif que Tial se devait d’accomplir, un dessein bien plus important que le sauvetage – si tant fut qu’il y ait un sauvetage à effectuer – de Laktoz, Candya et Entier.

Sans le remarquer, le héros klimien marcha sur les ossements de deux adultes décédés depuis seulement quelques heures. Se servant habilement de son don, Tial traversa littéralement les arbres et les buissons pour assurer une vitesse constante. Rien ne pourrait se constituer obstacle entre Tial et le refuge, si ce n’est la mort : dix aberrations ne suffiraient pas à le ralentir. De la même façon il ne se remettrait pas de la mort du bébé s’il venait à échouer. Comment vivre avec ceci sur la conscience ?

Dans l’ombre, deux yeux ardents observaient le héros klimien . Quelques mètres seulement, et ils pourraient se mettre en chasse.
La révolte
En cours.
Le plus modeste des êtres...Un homme qui fera peur au plus grand des démons...Celui-là même qui en deviendra le guerrier le plus fidèle...


Le fruit de ses tourments
En cours.
Piégé à cause de ses origines, Thalès va tenter de survivre pour venger son peuple. Mais avant tout, il va devoir se battre contre lui-même, et ce sera bien plus dur que ce qu'il imaginait.
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Re: La révolte

Messagepar Point le Ven Avr 14, 2017 19:27

Et voilà donc le chapitre 23 tant attendu...mais malheureusement pas aussi fou que ce que j'aurai espéré. J'avais dis plusieurs fois qu'il serai le dernier de la seconde partie de La Révolte, soit la partie Latcalis du groupe de Ginue, mais je ne veux pas faire un chapitre plus long que d'habitude. Là, il fait déjà 7000 mots, d'habitude les chapitres en font 5000 en moyenne. Ainsi ce chapitre sera divisé en deux parties, parce que le titre que je voulais donner à ces moments est unique et ne peut pas réellement être changé pour deux chapitres distincts.
Donc oui, le prochain chapitre, cette fois ci, clôt cette partie et spoiler...le premier chapitre de la partie 3 se verra situé chronologiquement après une ellipse qui laissera travailler votre imagination.

Merci à JackLeFlocon pour la correction, en espérant qu'il plaise !


Chapitre 23 ( partie 1 ): Réunion



Giorno n'y avait pas été inattentif. Le cri de la bataille – semblait plutôt une complainte – ne fut pas aussi délirant et hargneux qu'il ne le pensait, malgré les hurlements tonitruants de l'abomination fongique qui dévastait toujours la frontière en se délectant des râles d'agonie de ses victimes. Les troupes rebelles auraient dû signaler leurs présences en abattant les murs principaux depuis longtemps, or, seul le groupe de Giorno – qui avait pour mission de s'infiltrer en premier lieu – était passé, et avait éliminé tous les gardes postés sur les balcons. Rien ne pouvait les bloquer, l'abomination – durement amenée ici – servant d'appât prioritaire.

En lieu et place du messager, le nouveau leader rebelle – caché derrière des créneaux – aperçut, courant vers lui essoufflé après avoir escaladé une portion de mur, un allié encapuchonné, certainement remplaçant du premier porteur de nouvelles qui ne devait pas être en bon état. Giorno tâta l'environnement: les autres membres de son groupe continuant à quelques mètres d'ici l'assaut, prenant par surprise les unités de la dictature défendant le poste-frontière du démon, puis continuant leur avancée sans s'arrêter. Seul, le fumeur l'interpella:

- Pourquoi ne sont-ils pas encore passés ?

- Une... Une attaque surprise, cracha-t-il entre deux respirations.

Impossible, ils avaient tout prévu sur trois avants-postes, le seul moyen que la dictature ne sache pour l'assaut aurait été qu'on les prévienne. Giorno hypothétisait sur la présence d'un espion. Pourtant, chacun avait été contrôlé il y a moins d'une semaine, un agent-double n'aurait pu apprendre les fondements du plan sur ce laps de temps trop court en venant de rentrer dans la rébellion.

- Comment se porte la contre-attaque ?

- Un héros monsieur...

- Un héros ? Nous n'avons pas le temps de jouer, dépêche-toi de m'expliquer.

- Un jeune garçon qui vient d'arriver dans notre camp, que j'ai rencontré sur le chemin. Mani Sven-Tvsekoeg, trahissant sa famille, a massacré à lui seul avant de tomber la moitié des troupes ennemies, et...

- ... Merci, dispose maintenant, bégaya-t-il sèchement.

Giorno insista en abaissant son crâne, de façon menaçante. Ces nouvelles lui firent autant plaisir qu'elles ne le troublèrent. Que l'attaque surprise fut à moitié avortée était une excellente nouvelle. Que celle-ci soit possible grâce à un des membres traîtres d'une des familles les plus influentes et dangereuses de Talia n'en fut pas une. La question de l'appartenance de ce héros improbablement rebelle sera posée plus tard, en second lieu après celle des représailles que la mort de celui-ci pourraient causer. Si le père Sven-Tvsekoeg hésitait à mener un raid sur les bases rebelles ou en tout cas à tenter activement de les repérer suite à la mort de son frère, alors le décès de son fils ne pourrait empêcher le Grand Général de le dissuader de commettre une telle folie. En fait, la fourberie du meneur de la famille en serait capable, de sacrifier son fils pour rendre crédible cette justification... mais Giorno et Bruno même n'auraient jamais pensé qu'il puisse aller jusque là.

Actuellement, l'effet de surprise due à l'attaque de l'abomination fonctionna encore mieux que ce que pensaient les rebelles, décontenançant les défenseurs du poste. L'ancien technicien décida de momentanément arrêter l'attaque pour soutenir l'arrière, et il en appela d'un sifflement un tireur embusqué à quelques mètres d'ici...

... ou aurait bien voulu siffler.

L'instinct. L'instinct de Giorno, peut-être un message du destin, lui dicta de mettre pause au fil de ses réflexions pour capter les présences autour de lui. Il était seul, mais ne connaissait pas les lieux, et pouvait être surpris par quelconque soldat un tant soit peu lâche qui aurait voulu éviter un coup de tas de cadavres géant. Ne se retournant pas, toisant le champ de bataille, le klimien au gilet de cuir, sentait une présence agressive dans son dos, aussi ne siffla-t-il pas. Il savait qu'au moment même où il bougerait, peu importe la vitesse, il prendrait un coup, une attaque, un tir. Mais il comprit, au même moment, l'identité de son agresseur, ou de celui qui allait l'agresser, à l'odeur. Ni l'odeur du sang, ni l'odeur de putréfaction, ni l'odeur de la poudre, mais celle de la terre piétinée à la hâte.

Giorno devina, et le fit savoir, nonchalamment:

- J'aurais dû vérifier que tu étais parti, quand je te l'ai demandé, n'est-ce pas ?

Gaïma sursauta presque. Ses talents d'assassins avaient été compromis, et cette lame cachée dans son poignet n'atteindrait pas aussi facilement son but, but ayant la forme, dans l'idée, d'une jolie nuque inattentive. Quoiqu'il en soit, l'agent double était à portée de coup. Il n'était pas, à la base, venu pour ceci, seulement pour assurer la promotion de Mani, mais les conditions réunies – l'isolement du leader rebelle et sa position – indiquèrent à l'encapuchonné de tenter le diable, tant pis si mort s'ensuivait. Il ne pensa pas un instant à la corruption du plan que cela aurait pu engendrer, que cela serait de sa faute si la mise en scène de Rafi implosait. Mais s'il réussissait, s'il faisait mourir Giorno, que lui seul savait dans tout Talia successeur de Bruno, alors la récompense que le Grand Général lui offrirait dépasserait les limites de son imagination.

Il n'hésita pas plus et ne répondit pas: l'estoc, et le poignard atteignait le cœur battant du fumeur, juste entre les deux ailes, avec le bruit caractéristique de la chair souillée par le fer, et les effluves de sang qui l'accompagnent.

Cependant, le facteur cœur manqua à l'équation. Tout au plus, une part du poumon en serait meurtrie, si tant fut que les plaques osseuses dorsales de Giorno en soient pénétrées. Elles le furent, mais l'écart de quelques centimètres, le pas de coté d'esquive, fut salvateur à une certaine vie. Le coup de coude en arrière, et en pleine face, d'un bras milieu droit, beaucoup moins pour une autre.

Alors, Gaïma souffrit d'un nez et d'une paire de dents cassées, mais ne recula pas pour autant: si la cible n'est pas atteinte au premier coup, mais que l'instrument est encore actif, rien n'est terminé. Profitant de la mauvaise position du fumeur, l'agent-double se décida à abattre ses dernières cartouches, prenant forme de quatre autres bras armés de lames. Dans le sens des aiguilles d'une montre, elles touchèrent à la cuisse, au bras central et à l'épaule supérieure gauche ainsi qu'à la nuque et de peu au crâne, même si l'arme blanche pénétra, frôlant la colonne.

Pris au piège, Giorno aurait dû passer à l'étape suivante de son plan, soit retirer les lames d'elles-mêmes en avançant. Or, l'assassin constata avec étonnement, et heureusement pour lui, que son adversaire était collé aux créneaux, lui supprimant toute possibilité d'esquive en avant. Ce n'était qu'une question de seconde, avant que ce Giorno immobilisé ne succombe à la sixième lame que Gaïma préparait, et celle-ci serait la dernière, aboutissant directement dans le crâne, sans passer par la case départ.

Giorno recula.


Les poignards pénétrèrent plus profondément. Celui de la nuque fendit l'air quand la caboche au lunettes de soleil se dégagea, lacérant un bout de peau conséquent au passage. Puis, le successeur de Bruno se réavança. Le prix de l'esquive et de la contre-attaque était la douleur, douleur qui étonna d'autant plus Gaïma que le poids du corps entier de Giorno s'apposait sur ses bras. Cet improbable geste le déstabilisa au point de ne pas amorcer son coup de sixième lame.

Or, Giorno avait exprès attendu une seconde supplémentaire dans la souffrance pour comprendre où se situait le bras en question. Libéré du joug des poignards, il ne se pressa pas: faisant basculer son bassin grâce à un pied droit solidement ancré au sol, il fit tourner son abdomen vers la droite et fit glisser son pied, retournant son corps en un instant et permettant à un poing entouré d'un ki violacé de littéralement casser le poing armé et prêt à éviscérer de Gaïma. Privé de son arme, et ses autres membres en train de reculer pour frapper, la marge d'action de Giorno durerait deux secondes maximum, peut-être une de plus si l'adversaire se voyait ralenti par la main fracturée.

Il déclencha vivement son aura, et le souffle de son activation balaya Gaïma.

Le choc de l'apparition de l'ectoplasme de ki projeta l'assassin opportuniste sur trois mètres, et ne put s'en défaire que quand il s'écrasa lourdement – tête la première – sur le mur opposé. L'impact du crâne encapuchonné sonna assez l'indic de Rafi pour qu'il soit hébété, et Giorno, malgré ces blessures qu'il tentait d'oublier, ne tarda pas à s'approcher pour le saisir au cou d'un bras. Pour éviter une attaque, il attrapa les autres membres avec les siens, ayant la chance de faire correspondre le nombre de bras étant donné que l'un de ceux de Gaïma était brisé. Giorno lui cracha au visage:

- C'est gentil de t'être dénoncé tout seul, ça fait combien de temps que t'es infiltré ?

- J'ai échoué mais Rafi me vengera ! La dictature vaincra votre pitoyable bande de chiens galeux et mettra de l'ordre dans ce monde impur !

- T'es pas le premier à me le dire, dommage. Vous avez appris la phrase par cœur ?

- Tu mourras d'une minute à l'autre, charogne ! Elle vous massacrera jusqu'au dernier !

- Ouai, vous avez tout un manuel en fait... Bon, tu me réponds ou j'emploie des moyens un peu plus sales ?

- Je ne parlerai pas, même sous la torture !

- Perroquet numéro soixante-et-un, ce n'est pas tes menaces qui feront plier la révolte. C'est l'heure de dormir, à toute.

Giorno garda son adversaire au chaud. Façon de dire qu'il le jeta bâillonné dans une armoire, au préalable assommé d'une manchette. Cet indic ne se réveillerait pas de si tôt, ou bien ne se réveillerait pas. Dans le premier cas, Giorno l'emmènerait pour le faire interroger, et il est prêt bien entendu à n'importe quoi pour acquérir des informations en défaveur du camp ennemi.

Quoiqu'il en soit, ce contretemps aura permit à Giorno d'apprendre une chose, ou plutôt d'en déduire une autre: Gaïma avait parlé d' « Elle ». Si « Elle » représentait l'abomination, alors Giorno et sa clique seraient déjà bien loin quand elle serait abattue, étant donné qu'elle ne se focalisait actuellement que sur les bâtiments qu'elle pensait être une menace. Mais dans le cas contraire, si “Elle“ s'avèrait apparaître comme étant la seule femme – et de plus, la personne la plus crainte – des Neufs, alors Giorno se devait de trouver un moyen rapide de soigner ses blessures, de sorte à pouvoir entreprendre une joute contre elle. Parce que dans le cas présent, le leader rebelle ne saurait pas dire s'il pouvait s'en sortir vivant avec autant de cicatrices: Kavoth même semblait plus abordable, en un contre un.


* * *



Les pattes d'acier du vaisseau percèrent la terre battue, écrasant un arbre sans peine au passage, et se posèrent lourdement à deux cent mètres du poste-frontière. L'abomination fongique, par chance, ne distingua pas l'énorme masse se détacher du ciel, et ne changea pas de cible. Enfin, la porte principale de la navette s'abaissa lentement pour permettre à une Ein perturbée de courir placer les attaches autour des pieds de son vaisseau. Une fois précipitamment rentrée, elle briefa encore une nouvelle fois les klimiens, qui tous s'apprêtaient à sortir au péril de leur vie pour rejoindre leurs sauveurs. Après tout, le seul risque était de se faire voir par le tas de cadavres, auquel cas il faudrait employer la force:

- Alors, une fois que vous les avez retrouvés, je fais quoi ?

- Tu restes ici, Ein, nous aurons encore besoin de toi dans le futur, rétorqua Tial.

- Mais... Et notre...

- Oui, je viendrai t'aider avec ton groupe, seulement, je veux tout d'abord m'assurer que mes amis soient dans un endroit tranquille, d'accord ? Dès que je serai sûr qu'il n'y a plus du danger, direction l'espace !

Elle acquiesça. Tout le monde se prépara, en s'équipant des armures qu'Ein avait confisquées plus tôt, et en rechargeant leurs épines. Ginue constata que sa prothèse était dysfonctionnelle, mais il expliqua que rien n'était grave pour lui. Une fois prêts, Laito, dans l'ombre, apparut, pensant que sa blague – prévue plusieurs fois – allait fonctionner:

- Je m'étais caché, et je vous aurai surpris en...

- On s'en fout, prends ça, interrompit Laktoz en lui jetant son fusil.

Laito n’était pas déçu de la réplique sèche et condescendante de Laktoz. Sa dernière phrase était en vérité une blague. Son plan n’avait jamais été de surprendre quelqu’un... mais de trouver un endroit isolé où pouvoir comprendre qu’il était devenu. Cependant, ce fut sans succès.

La petite cohorte s'apprêta à sortir. Ein abaissa la porte. Juste avant, Ginue décida d’écrire un dernier message sur le communicateur :

« Nous sommes arrivés. Nous ne sommes pas loin de notre point de rendez-vous, mais une créature nous empêche de trop avancer. Nous allons la contourner. »

Les six klimiens reprirent leur position de défense: Tial à l'avant, Laktoz en arrière, Candya à gauche, Laito à droite, et les deux enfants au centre. Le chef de groupe demanda en levant le bras à l'extraklimienne de fermer la porte, puis lui glissa un petit mot:

- Je reviendrai bientôt ! Reste ici, et n'ouvre à personne, merci pour tout !

Un « Merci » ironique qui ne plut pas à tout le monde, mais Tial n’avait jamais été très fort pour déstresser un groupe.

Einn était déçue de perdre ses potentiels sujets de test, mais au moins elle avait eu des résultats concluants. Ginue semblait déjà avoir développé des pouvoirs, Tekla prenait son temps mais des effets devraient apparaître d'ici peu, déjà qu'il possédait naturellement une résistance à l'essence, Tial a gagné un pouvoir étrange et...

La scientifique se rendit compte avec stupeur qu'elle avait oublié de constater le pouvoir de Laito.


* * *



Parmi les cinquante derniers rebelles qui avaient été attaqués par le détachement de la dictature, c'est Pannacoto Fugo qui, en premier, aperçut au loin, dissimulée derrière cette fumée rougeâtre caractéristique des champs de bataille, le véhicule de la championne de la dictature. Toujours accompagné de son fidèle bazooka, inégalé en terme de puissance brute, il découvrit avec horreur que l'avenir de l'assaut se verrait compromis s'il ne s'en servait pas pour empêcher son avancée, le temps que Giorno n'intervienne pour l'éliminer. Car oui, bien qu'il soit un leader ingénieux et charismatique, Fugo était loin d'être un génie du combat, ni même un excellent tireur. Il avait juste la plus grosse. Mais ça ne suffirait pas, loin de là, à ne serait-ce qu'approcher l'ennemie.

Elle, la générale Tinky Boraliza, princesse de la destruction et maîtresse de l'affliction.

Habituellement, tous ceux qui tentaient de s'opposer à elle étaient châtiés avant même qu'ils ne puissent espérer savoir qui s'en prenait à eux. Bien que les vétérans rebelles eussent maintes fois rencontré et pris part à des escarmouches avec elle, ils ne purent comprendre de quelles manières elle s'y prenait pour placer des pièges explosifs si mortels sur le lieu de combat. Giorno – alors bien plus jeune – s'était même retrouvé involontairement à un mètre d'un piège, lequel s'était activé sur un allié, dont on a pu – après la détonation – seulement retrouver des jambes fumantes. La rumeur courante était de penser qu'elle pouvait choisir un endroit, y placer une bombe invisible et la faire exploser à distance. Seule la magie aurait pu être capable de telles prouesses, mais les sorciers n'existaient pas à Talia.

Fugo toisa autour de lui pour essayer de se situer: il y avait bien trop de personnes pour qu'au kilomètre qui les séparait, Tinky puisse le déceler de visu. Elle le connaissait, et elle était suffisamment maline pour savoir qu'il ne résisterait pas à une bombe, et que s'il mourait, le moral des troupes serait réduit, sans compter que la rébellion perdrait un bon lieutenant. Il fallait faire le plus de dégâts possible à Tinky avant qu'elle ne l’aperçoive, question de survie. Ainsi, Fugo hésita à tirer sur elle: S'il ratait son coup, elle le localiserait et le tuerait. L'autre solution aurait été de demander à l'habile Naranz de tenter une attaque, mais de la même façon, un échec mènerait la seule femme des Neufs à attaquer le jeune garçon.

Comme réponse, la première d'une série d'explosions se fit annoncer.

Non loin de là, un groupe de quatre rebelles partit en fumée, ne laissant de trace d'eux que des morceaux de chair s'étalant dans la boue, précédant les bouts de métal des armes brûlées percer la terre comme des petites mines. De toute évidence, la princesse débutait déjà son spectacle de terreur. Il fallait agir, et vite. Fugo en était maintenant sûr: elle ne l'avait pas vu, et rien que cette information signifiait beaucoup.

Il plaça sa lourde arme sur son épaule et s’apprêta à viser. Le poids de son bazooka faisait traîner le temps d'attaque, mais la précipitation scellerait son destin déjà bien entamé par le simple fait de devoir affronter Tinky. Ses yeux dévisagèrent le champ de bataille et le quadrillèrent, de sorte à ce qu'une ligne parfaite se trace imaginairement entre lui et sa cible. Alors, il ne restait plus qu'à presser la détente pour que le missile aille droit au but, seulement...

... aurait-il fallu que Fugo ait un index pour le faire.

Le doigt verdâtre s'écrasa aux pieds du klimien au cache-oeil. Sa main – la supérieure gauche – lâcha la poignée, séparée d'un de ses six membres, et l'énorme arme s'enfonça dans la terre, Fugo s'étant automatiquement dépossédé de son bazooka pour opérer un geste en arrière. Bien qu'il n'échappa pas à une cicatrice – du bas du ventre jusqu'aux pectoraux – il empêcha au couteau d'en finir. Pannacoto Fugo lui-même fut étonné d'avoir réagit à temps, et de ne pas s'être fait éviscéré.

Il se dégagea donc pour un temps de la portée du klimien masqué.

Par réflexe, il se plaça en position de défense. Même s'il n'était pas un expert du corps-à-corps, il en avait les rudiments, et se défendrait jusqu'à la mort ou jusqu'à ce qu'un tiers se rende compte qu'un ennemi l'agressait. Cependant, le fait de penser à la présence de l'agresseur était une erreur, lequel se voyait déjà camouflé par les ombres. La vision n'était pas un moyen de perception sûr, mais le toucher, bien plus: Fugo cracha du sang, un couteau pénétrant son torse pour accompagner son cœur d'une douceur métallique.

Alors que pour assurer son meurtre, l'assassin tenait la poignée de son arme par trois mains, il dévisageait Fugo, qu'il ajouterait à sa collection de victimes. Mais, futilement, l'attention du borgne se hâta sur ce regard qu'ils s'échangèrent. Brillant, d'un jaune éclatant, l’œil, derrière le masque blanc, semblait privé de son confrère gauche.

- Alors, toi aussi tu as été privé d'un œil ? murmura Fugo, comme s'il n'avait pas un problème à régler de façon prioritaire.

- Les morts... ne sont pas censés parler, susurra le tueur.

- Amusant, je peux entendre les fantômes !

Fugo décida de faire tomber le masque, littéralement: une main l'arracha habilement en le détachant par le menton, tandis qu'une autre décida de devenir poing pour écraser le visage ainsi découvert. Le poignard resta planté, mais le possesseur fut contraint de choir projeté. Expertement, le klimien découvert se redressa avant même d'avoir complètement touché le sol.

Le lieutenant rebelle leva sa main intermédiaire gauche, dans laquelle se trouvait – la traversant de parts en parts – l'arme blanche. Le point d'impact était profond, mais le cœur a pu être sauvegardé, ce qui ne fut certainement pas le cas d'un bout de poumon. L'idée de placer son bouclier à six doigts juste devant son pectoral gauche fut déduite de la logique habituelle des tueurs discrets, dirigée vers les organes vitaux ou la gorge.

Cachant son visage d'une main, l'assassin regardait – littéralement – d'un mauvais œil, son adversaire: Il l'avait vu, il trouverait un moyen de le tuer. Avant même qu'il ne puisse se servir des ombres pour disparaître, il se devait de le faire comprendre, pour au moins lui faire entendre à quel point sa haine se manifestait :

- Pannacoto Fugo, tu es originaire de Morio et tu as deux enfants là-bas.

- Et toi, Tarka Angry, assassin le plus célèbre de Talia, le chasseur de têtes du Grand Général, je pourrais continuer l'énumération, mais je pense pas que t'aies fini ta phrase...

- Je n'ai pas le temps de m'occuper de toi, mais je possède assez d'informations pour te faire payer.

- Mes enfants sont trop bien protégés. Et ce sont des guerriers.

- Tinky prendra un père, ce soir.

Fugo le savait : il ne devait pas cligner des yeux. Perdre de vue ne serait-ce qu'une microseconde cet assassin signifierait inévitablement que ce dernier se permette de disparaître. Tarka Angry était très peu connu et pourtant si célèbre pour sa vitesse aberrante que Fugo n'avait que des désavantages à ne pas savoir où il se trouvait. Et de la même façon, rien ne disait que le tueur ne reviendrait pas à la charge, si quelque paupière rejoignait sa binôme inférieure. Cette hypothèse se voyait compromise par la dernière déclaration de Tarka : il aurait certainement explicité son désir d'en finir lui-même s'il désirait continuer le combat. De plus, il avait visiblement été affecté à une autre tâche. Giorno ne se laisserait certainement pas avoir par le premier venu et Naranz – qui constituait avec eux les seuls combattants importants – n'avait aucune identité.

Mais ce qui devait arriver arriva. Malgré sa tentative, Fugo ferma les yeux. Il ne les rouvrit que pour se rendre compte de la disparition et de Tarka et de son masque. Il abandonna tout de suite l'idée de le poursuivre, et préféra trouver quelque moyen d'opérer une retraite temporaire, histoire de se mettre un bandage autour du doigt. La cicatrice sur son ventre ? Quelle cicatrice sur son ventre ?

Puis, Fugo interpréta, et rapprocha toutes les informations entre elles, au moment le plus tardif, au moment M appelé « trop tard », à la procrastination se référa son attention, et son corps fut littéralement soufflé, comme une feuille mais avec un bazooka, jusqu'au plus proche mur, par défaut celui du poste-frontière.

Le court duel de borgnes attira l'attention de Tinky. Perchée sur son véhicule de guerre, elle ne leva qu'un dédaigneux doigt pour se débarrasser de Fugo.


* * *



- Vous vivez vraiment dans cet endroit ?

- Permettez-moi de répondre par une question : vous êtes bien ceux qui doivent venir nous chercher ? Se questionna Laito, prenant la parole.

- Mon nom est Trysh Uuna. Effectivement, moi et mon détachement avons passé la frontière par la falaise. On a mis trente minutes pour tout descendre à la corde.

La guerrière rebelle se voyait accompagnée d'une dizaine de gars équipés de sacs de provisions, au cas où, et d'armes. Ils s'approchèrent des klimiens de Latcalis qui se laissèrent dégager de DAN rafistolés pour qu'ils soient remplacés par d'autres plus aptes à la défense. Tial, alors chef du groupe, prit la parole à son tour :

- Comment sommes-nous censés nous échapper, maintenant, Trysh ?

- Bah, vous amenez le reste de votre régiment, et on attend que les autres terminent l'assaut du poste-frontière. Sinon, n'ayez pas peur de nous, j'ai bien vu que vous n'étiez pas au complet.

- Vous insinuez que...

- ... que d'autres gars sont cachés pas trop loin et nous surveillent au cas où on serait pas là pour vous secourir. Oui, exactement.

- Non... Pas du tout, enfin je veux dire...

- Avec moi le vieillard, ça fait deux handicapés, un estropié, un gorille et un gosse. Oui, vous rêvez pas. C'est quoi le problème ? intervint Laito.

Trysh apparut d'abord intriguée, puis dépitée, et enfin, consciente de la situation. Elle tourna la tête en direction de l' abomination fongique qu'elle apercevait au loin et s'empressa de décrocher son communicateur:

- Giorno ! Giorno, réponds !

Et le son continu de l'attente d'un signal résonna. Trysh frémit. Il ne se séparait jamais de son communicateur d'habitude, et l'inquiétude gagna la klimienne. Elle regarda ensuite Tial et Laktoz, les deux seuls guerriers visibles:

- Vous savez vous battre ?

- Et comment ! ne se laissa pas réfléchir Laktoz.

- Vous n'êtes vraiment que six ? Vous ne me faites pas de blague ?

- Expliquez-nous le pourquoi de vos inquiétudes, madame Trysh, clarifia Candya, impatiente.

- Pour résumer, notre pays – Talia - a été pris par les armées de Rafi K. Ouki. Actuellement, on a mené un assaut surprise sur la frontière pour venir vous chercher. Bref, on a fait ça pour une bande de troufions, alors qu'on attendait une armée ! Bordel, vous vous rendez compte du temps et des soldats qu'on a perdu pour vous ?

Trysh s'énervait progressivement, d'autant plus qu'elle perdait l'envie d'expliquer l'histoire au fur et à mesure. Elle ne semblait pas apprécier le visage de Laktoz, qu'elle dévisageait avec hargne, lequel visage fronça les arcades, se sentant visé:

- Hé, c'est à moi que tu parles !?

- Il n'y aura pas de combats, ne craignez rien, susurra Ginue pour avorter l’idée d’un duel entre les deux femmes.

Laito empêcha Tial de s'avancer pour parler, et lui fit comprendre d'un signe qu'il allait régler la situation. Problématique quand on se rappelle du tact légendaire du technicien... mais le chef de groupe décida de lui faire confiance, pour une fois:

- Il est inutile, actuellement, de laisser monter la tension et de nous énerver les uns contre les autres. Je suis le seul de ce groupe à avoir connu le monde hors de Latcalis, mais je ne savais pas que le fils de Kompa G. Ouki s'était montré aussi différent de la voie de son paternel.

- Kompa a été assassiné par un groupe d'anarchistes, et ce même groupe a été démantelé par Rafi.

- Bien, et vous vous constituez rebelles ? Quel sorte de régime est-ce actuellement en Talia ?

- Une dictature sans foi ni loi qui trucide les enfants et qui tente de s'emparer du monde. On veut récupérer note ville.

- Parfait ! Pourquoi cherchiez-vous une armée ?

- Nous avons continuellement besoin de renforts, logique non ?

- Et bien voilà les renforts ! Tadaaa ! haussa-t-il le ton, sous le signe du bonheur, en montrant ses amis, bras tendus et sourire déchirant ses joues ridées.

Ils parurent chacun à leur manière déconfits et gênés, tout autant que questionnés par la tentative de leur doyen. Sauf Ginue. Il avait vu la fin de la discussion, aussi préféra-t-il se retourner pour concentrer son attention sur autre chose.

- Ah, c'est vrai que cinq gus vont aider à mater un gouvernement armé jusqu'aux dents !

L'abomination fongique semblait reculer. Le fils de Layo entendit en se concentrant une détonation.

- Vous vous trompez, Latcalis a forgé des guerriers d'exception... et les étoiles d'autant plus.

Le tas de chair perdit un membre qui se confondit avec le sol dans une explosion morbide, violette et putride. Le monstre leva un bras pour l'abattre sur une barricade.

- Tu m'énerves vieillard. Je n'arrive pas à comprendre comment vous êtes capables de changer Talia ! Giorno a vraiment fait de la merde ! Si j'avais su...

L'élan du levé permit à un missile d'encore plus éjecter le bras du démon, lequel décida de rejoindre le ciel...

... et de le traverser, n'hésitant pas à se rapprocher de plus en plus de la troupe. Le bras de l’horreur putride se dirigea à une vitesse ahurissante sur le groupe réuni. L'impact – cataclysmique - emporta Candya et Laito, qui périrent, écrasées, et blessa gravement Trysh, privée de ses jambes à jamais. L'explosion instantanée qui suivit emmena à Enma Ginue, Tekla et un nombre certain de klimiens rebelles. Les survivants furent empoisonnés, et en mourront.


Les yeux vifs du boiteux reprirent vision de la réalité. Son corps s'activa d'autant plus qu'il avait peur de ce futur. Il oublia l'écart entre ses deux genoux et se propulsa à toute vitesse sur Tial, qu'il agrippa avant de choir. Avec Tekla, il serait le seul assez réactif pour empêcher la prémonition, mais était l'unique à avoir les ressources de le faire dans les temps, soit moins de dix secondes.

Le temps de réfléchir de Ginue, et son avancée: deux secondes.


- J'ai eu une vision. Il faut partir.

Tial, perturbé, ne réagit pas aussi vite qu'on ne put le croire. Mais il le fit, il agrippa les épaules recouvertes de Ginue et le jeta à quelques mètres derrière lui, le mettant en sécurité. Ce dernier ne bougonna pas au moment de toucher la terre: il vivrait.

Comprendre, et sauver: Tial laissa échapper trois secondes.


Tekla gagna au jeu du temps: Laissant ses cavités auditives traîner, il put à son petit niveau aider à la sauvegarde du groupe en demandant à sa mère de lui faire confiance, et ils opérèrent une retraite vers l'arrière, courant. Laito et Trysh s'étaient alors tus, mais allèrent à l'unisson poser la question du pourquoi, en se retournant. Par hasard, le doyen croisa le regard lointain de Ginue, qui à sa grande surprise, pointait du doigt le bout d'abomination volant. Laito prit le temps d'interpréter. Tial s'était dirigé vers Trysh, plus proche klimien de lui, et avait asséné un coup de pied de projection en plein ventre à cette dernière, qui en plus de la sauver, emporta dans la douleur trois soldats.

La réaction de plusieurs, et leurs tentatives: quatre secondes.


Laktoz regardait la scène avec questionnement. Par souci de compréhension, elle ne bougea pas. Puis elle vit Laito scruter le ciel. Ses réflexes lui dictèrent de rejoindre Candya et son fils d'un saut expert. Et dans la zone d'impact, se trouvaient alors Laito et Tial.

Mise en sécurité de Laktoz: dernière seconde.


Le bras de l'abomination dessina un cratère putride sur le lieu de la réunion.


* * *



- Avoue-le, gamin.

- Me donner des coups ne vous aidera pas à obtenir une réponse qui n'a aucun lieu d'être !

- Mais ça me défoule. Avoue-le.

- Quel intérêt d'avouer un mensonge ?

- Car il saute aux yeux que tu n'es pas là pour faire le bien. Tu es un Sven-Tveskoeg, tu as été élevé dans le mal.

Quelques bras blessés ne feront jamais plier Giorno Gévanna. C'est d'autant plus vrai qu'il ne se laissa alors pas arrêter par des douleurs logiques pour continuer d'étrangler et de soumettre Mani, ayant récemment rejoint les murs du poste-frontière pour espérer des soins, de quelque nature qu'ils soient. L'attaque surprise de Gaïma trahit l'identité de Mani, qui ici ne pouvait s'aider que de son don naturel de persuasion pour se sauver d'un ennemi bien plus puissant que lui. L'encapuchonné vaincu disait que les paroles ne pouvaient pas fonctionner non plus. Quel risque supplémentaire à parier ?

- Si je n'étais pas de votre coté, pourquoi aurai-je massacré tant des miens ?

- Je te la fais courte ou tu veux des détails sur la multitude de raisons ? lâcha-t-il accompagné d'un rictus.

- Peu importe, Enrico.

- Ton père est un adepte de ce genre de stratégies. Ton oncle aussi. Sauf que ce dernier aimait sa famille. Memento a déjà massacré ses plus fidèles lieutenants en se servant de leur loyauté pour que Rafi puisse gagner des batailles. Ça ne m'étonnerait pas qu'il utilise son fils pour tuer Bruno.

- Vous connaissez décidément bien mal ma famille. Mais je vais vous donner la vérité, étant donné que vous la cherchez ! souffla-t-il en tentant de s'extirper des puissants bras.

- Aboule.

- J'ai réfléchi à ce que vous m'avez dit le jour où mon oncle est mort. J'ai considéré le monde dans lequel je vivais, et j'ai compris où j'avais tort. Je suis allé voir l'agent de mon père, et il m'a montré de si horribles choses que je ne savais pas quoi penser. Aujourd'hui, je n'ai que le désir égoïste de ne plus revoir ces horreurs. Le seul moyen de changer Talia et de vaincre Rafi, et mon père.

- Tsss... Bien tenté. Mais c'est pas en quelques jours qu'on change le mental d'un gosse comme toi. Pas d'autres arguments ?

- Tinky a vaincu votre lieutenant. Avant de venir, je l'ai aperçu se relever et la provoquer en duel. Elle est descendue de son véhicule. Vous me laissez ici, je désactive les processus Nérion et vous sauvez votre ami. Le plan est simple.

Giorno douta. Soit Mani disait la vérité, soit il était assez astucieux. Dans le second cas, quel formidable adversaire il serait. Maintenant, le jeune klimien semblait dire la vérité: Fugo constituait un vétéran rebelle, et ses mimiques sont très peu connues d'une bonne partie des effectifs. Giorno le connaissait depuis assez longtemps pour savoir le plus gros défaut du charismatique borgne: son illogisme notoire. Le jour où il perdit son œil, il fuyait, poursuivi par un ancien des Neufs, et il se savait trop faible pour l'affronter. Mais lorsqu'il fut privé de son bien, il rentra dans une rage folle et l'essence même de la chance triompha en son honneur, prenant forme d'une chaise qui s'était matérialisée par magie à ses cotés. Mourut alors le guerrier de la dictature. Fugo lui-même n'avait pas constaté cette étrange caractéristique, et c'était bien Bruno et Giorno qui savaient que le lieutenant était capable de vaincre n'importe quoi quand énervé ou au bord de la mort...

... mais il était impossible que Mani le sache.

S'il y avait eu mensonge, le neveu de Kavoth se voyait improbablement chanceux. Mais le simple fait qu'il évoquait la possibilité d'un duel entre la chance borgne et le sadisme explosif découragea le nouveau chef rebelle de continuer son interrogatoire. Elle sembla descendue de son véhicule, ainsi elle acceptait le duel. C'était une bonne information: elle jouerait un peu avec Fugo et sa carcasse, de quoi gagner du temps. Et en parlant de temps, le témoignage de Mani date d'assez longtemps pour ne pas qu'il perde en discussions supplémentaires, encore une fois s'il s'avérait que Mani ne blague pas.

Giorno préférait que Mani mente.

Les secondes écoulées étaient les garantes de la survie de Fugo, dans le cas de la vérité. Un certain homme aux lunettes de soleils devait détaler pour sauver son ami, peu importe l'objectif des déclarations de Mani. Si ce dernier disait faux, le risque le plus gros aurait été qu'il s'enfuit, ce qu'il ferait probablement une fois Giorno parti. Le plan de Rafi en aurait été avorté, et un efficace ennemi en ligne de mire.

Dans le cas actuel, il fut pris une décision. Le successeur de Bruno lâcha le manteau à plumes de Mani et le releva:

- Pigé. Tu sais comment détruire les processus ?

- En théorie. Dans le pire des cas, je casse tout.

- Ne me déçois pas, ou tu ne seras pas le seul Sven à bouffer du pissenlit.

Oubliant une chute, Giorno sauta par-dessus les murs et plana jusqu'au champ de bataille, laissant Mani seul à seul avec sa conscience. Il aurait soufflé, ce souffle réflexe résultant de la situation qu'on avait réussi à gérer, mais préféra tenter de contenir sa colère. Il se rappelait de pourquoi il servait le danger en s’infiltrant aux cotés des ennemis: venger son oncle. Mais le doute, l'horrible doute accompagnant une angoisse, parut dans son esprit interrogé, et ce à cause de l'intense dialogue avec le chef rebelle.

Et si Rafi... non pas son père... se servait de lui pour autre chose ?

Bien entendu qu'outre la vengeance, le Grand Général voyait en Mani l'espoir de tuer les têtes de la rébellion, et il aurait été bête de penser que ça aurait été de voir périr l'assassin de Kavoth la priorité des raisons quant à l'infiltration de Mani, mais le jeune klimien imagina une autre situation: Rafi tenterait autre chose, sans le lui avoir dit ? Un bonheur lui signifiait de servir le dirigeant dans la dictature, mais moins de ne pas savoir dans quoi il s'impliquait réellement.

Enfin, le temps lui était compté, et la réflexion était friande de ces minutes. Il se devait de traverser le reste des bâtiments pour atteindre le plus proche processus, prenant forme d'une tourelle-canon à épines de fer, synonyme d'énorme projectiles tranchants prenant plus l'apparence de scies que d'épines. Ayant le pouvoir de défaire un bras en quelques secondes à une abomination fongique, la réputation de cette arme n'était plus à faire. Son temps de rechargement, si.

Mani avait entendu le tir précédent. Il savait approximativement la direction à prendre, et il déduirait le nombre de processus qu'il se devait de détruire pour laisser champ libre à l'abomination et... pour incapaciter la dictature ? Mani ne connaissait pas les raisons de l'assaut, mais se doutait de l'utilité de l'abomination. La créature de Latcalis se rapprochait doucement, et la moitié des barricades se voyaient déjà enfoncées. Alors qu'il commençait sa course vers la tourelle, le fils Sven-Tvsekoeg crut percevoir une voix. Il stoppa net son avancée et découvrit un placard enfoncé dans un bâtiment, près de la part du mur enfoncée.

- Oh, c'est vous.

- Détachez-moi !

- Détacher un traître ? Par votre faute, notre plan a été compromis, j'ai été obligé d'utiliser cette si inutile rhétorique pour m'en sortir.

- Et bien je me rachèterai ! Détachez-moi, par pitié !

- Inutile, vous n'êtes plus rien pour la dictature, et votre statut est actuellement celui de décédé. Il serait dommage que vous soyez interrogé par Bruno et ce Enrico, ajouta-t-il en détournant le regard et en levant une main.

- Vous allez me tuer ? Rafi compte autant sur moi que sur vous !

- Donnez-moi une raison de vous laisser en vie.

- Je me mettrai au service de votre famille.

- Je me demande si mon père autorisera un insecte de votre type.

Mani ignora les plaintes et ferma la porte du petit local. Il fit brûler le verrou de sorte à ce qu'aucune clé ne puisse rouvrir la porte, et s'en alla, ayant autre chose à faire que de s'occuper d'un incompétent:

- Pour la dictature, tentez de survivre jusqu'à mon retour.


* * *



Son seul œil valide brûlait abondamment d'une rage intense, et seul le magma primordial d'un volcan en éruption, à la source, pouvait espérer l’égaler. Et calciné, le reste de son musculeux corps se teintait de ce orange et de ce rouge vif qui colorait les braises soufflées, ici par le souffle d'une autre explosion. Son cache-oeil se souleva et la cicatrice noire du passé s'anima rougeoyant en concordance avec un cri de haine condensée, sorti de poumons brûlés et à l'agonie. Pourtant, malgré la chaleur qui le consumait, la puissance brute couplée à la magnificence destructrice du feu amplifiait son aura de véritable avatar de l'élément infernal. Le hurlement désespéré ne fit cependant pas vaciller l'adversaire, qui n'émit face à la bête qu'était devenue le lieutenant qu'un faux bâillement provocant. Le geste anima le démon, il étendit son influence sur les mètres les séparant, et ne retint pas son coup.

Il fut vain.

Le bras supportant toute la puissance de Fugo devint littéralement cendres, pliant jusqu'à l'os face à la magie inconnue de Tinky, n'ayant eu qu'à toucher le bras pour qu'il se consume la seconde d'après. Elle continuait de narguer la bête, qui ne pouvait pas encore abandonner: elle ne broncha pas et balaya le sol en traçant une ligne fumante en direction des jambes de la maîtresse de l'affliction. Elle esquiva d'un bond, l'air désemparé, balançant juste avant ses bras dans le vide. Un instant, l'air se flouta avant de reparaître normal, devant l’œil démoniaque de Fugo.

Non... Un piège. L'esprit corrompu par la haine ne se laissait pas avoir par la précipitation, et l'incarnation du feu ne foncerait pas tête baissée vers Tinky. Chaque élément étant à prendre en compte dans un combat contre elle. Ce flou était un facteur de l'invincibilité de l'adversaire, Fugo s'en rappela entre deux hurlements de flammes.

Il dévia de sa trajectoire au dernier moment, vers la gauche. Et Tinky parut un instant perturbée, avant de se reprendre. Une nouvelle explosion emporta des vies juste derrière Fugo: il n'avait pas eu tort. Oui, enfin, il était à portée, mais il perdrait si contact de Tinky il y avait, comme son bras plus tôt. Un bond, de nouveau, mais cette fois-ci du lieutenant calciné, empêchant l'ennemie de se concentrer, d'autant plus que Fugo sacrifia tel un appât son bras inférieur gauche, explosant jusqu'au coude dans une nouvelle flambée dévorante.

Face à Fugo, le dos de Tinky. Dos à Tinky, la mort.

Le poing lacéra le dos découvert de la seule femme des neufs et traça dans son armure une traînée rougeoyante, mêlant alors scories et chair. Projetée, Tinky ne démordit pas: serrant les dents, elle se rétablit et s'apprêtait à générer une nouvelle bombe...

... si elle en avait l'occasion; ce ne fut pas le cas.

Une botte vint perturber l'incantation, et une autre éjecta un Fugo en pleine charge. Débarquant en plein milieu d'un enchaînement de coups, Giorno empêcha la mort prématurée de son lieutenant, qui actuellement gisait sur le sol, inconscient. Le feu consumait son corps et les explosions répétées de Tinky dévoraient chacun de ses sens, qui sait s'il pourrait encore espérer posséder de la peau, s'il s'en remettait. L'ennemie aurait certainement tué Fugo avec la bombe qu'elle chargeait, le borgne n'aurait perçu aucune silhouette, l'ombre de la mort par contre...

Le leader rebelle hurla pour appeler des soldats en retrait qui n'osaient pas traverser la zone d'herbe calcinée. Mais pire que de se brûler les doigts, ils le firent pour éviter la colère de Giorno. Lui, il n'attendit pas de savoir si Fugo était transporté en lieu sûr, il avait un combat à faire et à remporter:

- Et bien, comment saviez-vous que nous allions attaquer le poste-frontière, Madame Boraliza ?

- Moi qui pensais que nous allions discuter avec nos poings d'entrée de jeu, vous m'étonnez. À qui fais-je l'honneur d'écouter les paroles ?

- Mon nom n'a pas d'importance, effacer le vôtre, beaucoup plus. Préparez-vous à faire « Boom », je ne retiendrai pas mes coups.

- Meurs, insecte !

Les mains de Tinky balayèrent toutes l'horizon, sans plus d'effet. Giorno n'était pas dupe: il y avait alors de préparées six bombes quelque part, à six doigts d'exploser. Le but allait être d'anticiper leurs trajectoires, et certainement déplaçables, les mines lévitantes de ki pourraient faire bien plus de dégâts que sur Fugo. Les deux combattants se faisaient face et se regardaient droits dans les yeux – Giorno avait alors rangé ses lunettes. Aucun doute, celui qui aura un coup d'avance sur l'autre gagnera, et en une seconde.


* * *



Sur le lieu de l'impact...se dessinait alors la forme courbée, abîmée et faiblarde de Laito, celle athlétique, entretenue et imposante de Tial... mais aussi la musculeuse et avertie Trysh, qui atterrissait seulement sur le sol... à coté de celui qui l'avait projeté.

Et aucune trace d'un certain bras d'abomination, si ce n'est loin d'ici, dans le ciel couvert de Latcalis.

Le silence de la forêt ne put alors que témoigner de celui, d'intrigue et de soulagement, des klimiens. Même Ginue fut perturbé de ne rien percevoir, tant l'attente de la vérité fut longue, les cages thoraciques haletantes ajoutant même un effet d'épuisement au fur et à mesure du temps. Puis, étant la cible principale des questions, Trysh décida de se relever, ne sachant pas elle-même pourquoi elle avait déviée de sa trajectoire initiale... pour atterrir là où elle avait été frappée.

Puis, la solution prit forme du rire sournois de Laito.

Mais il riait plus de soulagement, justement, et du bonheur d'avoir réussi sans le faire exprès. Il regarda successivement chacun de ceux qui le toisaient, agacés d'attendre qu'il n'explique la situation. Il leva sa main droite vers Tial, qui la serra sans un mot sans comprendre.

- Tu m'as permis de nous sauver.

Le quarantenaire intrigué le montra en haussant les arcades, et elles furent récompensées:

- Tu disais avoir vu une aura bleue autour des corps, quand tu utilisais ton pouvoir. Et c'est cette même aura que j'ai vue sur Trysh lorsque tu l'as envoyé valser.

Le mystère s’épaississait. Laito marqua une pause et montra des signes avec ses mains:

- Juste avant que la bombe n’explose, j'ai repéré sur elle la même pellicule bleue. Inconsciemment, j'ai réussi à activer quelque chose...

Ginue laissa le futur à sa place, et décida de l’accélérer. Il ramassa un DAN laissé au sol et le fit tenir à Laito.

- Tu as compris de quoi retournait ta capacité ?

- Je pense.

- Alors je vais me reculer, et nous allons tous deux lancer notre arme vers l’autre.

Après s’être éloigné lentement – ses jambes obligent – le devin fit un signe de main à son mentor et ensemble ils projetèrent leur fusil l’un vers l’autre. Laito laissa ses yeux s’illuminer de ce bleu clair caractéristique, et les armes parurent téléportées, chacune modifiant à l’unisson avec l’autre leur trajectoire vers le sens inverse. Le propriétaire de chaque DAN récupéra son dû.

- Je peux échanger la position des objets à condition qu’il y ait un autre corps mobile. Je testerai la limite de mon pouvoir mais... je pense pouvoir y arriver sur deux ou trois paires de corps.

- C’est pour ça que je suis revenu là où je me suis fait frapper ? questionna Trysh Uuna.

- J’ai inversé votre position avec celle de la... météorite. C’était quoi en fait ?

- Un bout de l’abomination.

Confuse, la membre de la rébellion se redressa et toisa en opérant un pas en arrière la cohorte de Latcalis :

- Mais... Vous êtes tous capable de trucs comme ça ?

Candya s’avança :

- Bientôt oui, mais nous sommes tous capables de vous aider dans votre lutte. Toute notre vie nous avons attendu de pouvoir sortir d’ici, et nous y parviendrons, avec ou sans vous. Si vous nous aidez, devinez quel atout nous pouvons constituer ?

La spécialiste de la fuite dévisagea cette femme qui transpirait la détermination. Elle paraissait faible mais tellement courageuse que ça la convainquait que les apparences étaient trompeuses. Trysh montra la direction de l'abomination fongique:

- Un allié a attiré cette abomination que nous faisions grossir. Une opération dangereuse et morbide mais terriblement efficace. Pour venir vous chercher, nous avons mené un assaut sur cette frontière des deux cotés, et j'ai été choisie pour vous récupérer. Notre but va être d'attendre et...

Le communicateur de Trysh sonna. Une petite voix se laissa entendre:

Grésillements... Naranz et Fugo a été... Grésillements... une armée menée par Boraliza... Grésillements... À l'ai... Grésillements...

Les éléments mirent quelques minutes imaginaires à se mettre en place dans l'esprit de Trysh. De toute évidence, les renforts de Latcalis seraient utiles plus tôt.

- Changement de plan, on va pas se morfondre ici. Vous vous sentez prêts à détruire l'abomination ?

- En pièces détachées, s'amusa à dire Laito, je connais ouai.

- Nous pourrions l'attirer pendant que vous passez aider vos amis, peu importe le conflit, dit alors Tial confiant en montrant Laktoz et Ginue.

- Servir d'appât serait mortel, logiquement, on est pas venus vous chercher pour rien.

- Et nous ne sommes pas venus pour ne servir à rien. Alors laissez-nous, j'ai déjà combattu des monstres comme ça, et des tigres à mains nues... se vanta-t-il alors que sa dernière altercation avec un félidé le tua presque.

Discuter plus serait inutile, et les regards échangés entre Tial et Trysh témoignèrent en ce sens. De la même façon, tous se démarquèrent par l'attitude de leur position: chacun se sentait prêt à se battre. Ensemble, la quinzaine d'âmes, la première réunion entre des klimiens de Latcalis et de Talia, fusèrent à toute vitesse vers un ennemi qu'il fallait abattre le plus vite possible.

Bien que tous les éléments ne se soient pas encore rencontrés, il ne faudrait pas plus de temps avant qu’ensemble ils ne décident de faire tomber l’ennemi commun qui les empêchaient ensemble d’accéder à la paix.


* * *
La révolte
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Re: La révolte

Messagepar omurah le Sam Avr 15, 2017 17:42

C'est marrant les trolls quand même, quand tu veux troller au moins fait ça bien :lol: là c'est cramé à 99% que c'est fait pour descendre gratuitement lol (je parle des votes). Bon, je viendrai probablement contrebalancer ça une fois que j'aurais lu :p
(sauf si mon avis rejoint celui du troll, mais j'en doute)
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Re: La révolte

Messagepar Point le Sam Avr 15, 2017 18:24

Et bien, ça arrive. Y'avait aussi eu le cas sur Le fruit de ses tourments, mais c'est pas grave ^^ Je vais relancer le sondage ou un truc comme ça pour réinitialiser les votes.
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Re: La révolte

Messagepar omurah le Sam Avr 15, 2017 18:31

Hum, fausse bonne idée la réinitialisation, parce que c'est pas possible de prouver qu'il s'agit d'un troll, et si on devait censurer arbitrairement à chaque fois qu'on a un commentaire qui ne va pas dans notre sens..., je sais bien que tu ne ferais pas ça, mais ça peut être perçu comme ça :p ; de toute façon les trolls s'il y en a perdent leur temps, il n'y a que des adultes dans le coin, capables de se forger leur propre avis sur une fic, sans se laisser aucunement influencer par un sondage quelconque :mrgreen:
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Re: La révolte

Messagepar Point le Sam Avr 15, 2017 18:39

Ouai je comprends. Enfin, le mal est fait, le troll en question repassera certainement mais bon, pas grave ^^
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Re: La révolte

Messagepar omurah le Jeu Avr 20, 2017 20:03

Alors déjà, je sais pas si c'est juste moi, mais je trouve qu'au niveau stylistique ce chapitre est très bon. Il y a beaucoup moins de fantaisies fantaisistes qu'avant, or c'était-là ma principale (sinon ma seule) réserve, donc là - tel que c'est - j'aime beaucoup. Tout ça pourrait encore être épuré mais bon, le point d'équilibre n'est plus très loin là.
Et en vérité, j'aime bien ce genre de constructions peu orthodoxes :
Le fils de Layo entendit en se concentrant une détonation.
L'explosion instantanée qui suivit emmena à Enma Ginue.


Même en dehors de ça, ton style est osé, peut-être le plus osé de la section, et ça c'est bieng.

Par exemple, le côté alambiqué marche très bien ici :
Le geste anima le démon, il étendit son influence sur les mètres les séparant, et ne retint pas son coup.


Le bref passage Giorno/Gaïma était hype, je me suis pris à croiser les doigts pour que Gaïma réussisse à buter Gio, ce qui aurait sacrément arrangé Mani T-T ; mais finalement quand j'ai vu le swagg de Gio face à Tinky, j'étais content qu'il soit encore en vie :mrgreen:

Pour éviter une attaque, il attrapa les autres membres avec les siens, ayant la chance de faire correspondre le nombre de bras étant donné que l'un de ceux de Gaïma était brisé. Giorno lui cracha au visage

La classe ce passage 8-)

Fugo le savait : il ne devait pas cligner des yeux. Perdre de vue ne serait-ce qu'une microseconde cet assassin signifierait inévitablement que ce dernier se permette de disparaître.

Bis 8-)

Le concept des 9, c'est très la hype aussi, hâte d'en apprendre plus ! ^^
Tinky envoie bien du bois, même si pour comparer inutilement, je trouve que Kavoth reste à cette heure ta plus belle réussite en matière de "boss de stage", mais Tinky ne démérite pas non plus :) (manque juste peut-être une description physique pour se figurer le bordel :p)

- Meurs, insecte !

C'est le cas de le dire ! :lol:

Y'a un truc, je sais pas comment l'expliquer, mais j'aime beaucoup, ça concerne les personnages :mrgreen:
En fait ça concerne le découpage, je le trouve intelligent, sans savoir mettre des mots dessus.
Je trouve que TOUS les personnages ont réussi à trouver leur place dans cette histoire, et c'est un réel plaisir de suivre tout ce beau monde :)

Puis bon, au niveau de l'imagination et de l'intrigue, c'est aussi très riche. Ta fic, t'aurais juste remplacé tous les noms d'OC par des personnages de DB, en gardant la même histoire, je pense que ça aurait été la grosse fic hype du moment.

9/10 pour ma part, sur ce dernier chap, l'originalité du style aidant ^^
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Re: La révolte

Messagepar Point le Jeu Avr 20, 2017 21:06

omurah a écrit:Alors déjà, je sais pas si c'est juste moi, mais je trouve qu'au niveau stylistique ce chapitre est très bon. Il y a beaucoup moins de fantaisies fantaisistes qu'avant, or c'était-là ma principale (sinon ma seule) réserve, donc là - tel que c'est - j'aime beaucoup. Tout ça pourrait encore être épuré mais bon, le point d'équilibre n'est plus très loin là.


Hé bien ! Je suis bien content que ça te plaise, ça m'étonne en plus. De quoi tu parles quand tu dis " fantaisies fantaisistes " ? Enfin je crois comprendre mais éclaire moi avec un exemple, peut être ?

omurah a écrit:Même en dehors de ça, ton style est osé, peut-être le plus osé de la section, et ça c'est bieng.


Bonne surprise aussi ! Merci !

omurah a écrit:Le bref passage Giorno/Gaïma était hype, je me suis pris à croiser les doigts pour que Gaïma réussisse à buter Gio, ce qui aurait sacrément arrangé Mani T-T ; mais finalement quand j'ai vu le swagg de Gio face à Tinky, j'étais content qu'il soit encore en vie


Surtout qu'à la base, Gaïma n'aurait même pas tenté une attaque sur Giorno. Il venait juste pour asseoir Mani là où il fallait mais il s'est cru trop fort et...fail :mrgreen:

omurah a écrit:Le concept des 9, c'est très la hype aussi, hâte d'en apprendre plus ! ^^


J'aurai dû plus en parler - même si je l'ai évoqué plusieurs fois viteuf dans les chapitres précédents - et je vais un peu éclairer les lanternes: Les Neufs sont un conseil affilié à l'armée, constituant les plus puissants ou/ et influents guerriers et généraux de la dictature. A ce jour, on en connait trois: Tinky Boraliza, Kavoth Sven-Tveskoeg et...un nom que j'ai involooontairement laisser trainé dans ce chapitre ^^

omurah a écrit:Tinky envoie bien du bois, même si pour comparer inutilement, je trouve que Kavoth reste à cette heure ta plus belle réussite en matière de "boss de stage", mais Tinky ne démérite pas non plus :) (manque juste peut-être une description physique pour se figurer le bordel :p)


Crois moi ou pas: Tinky n'a pas eu plus de présence que ça ( et encore :p ) parce qu'elle sera plus au centre dans la prochaine partie. Mais oui, j'ai omis un peu la description, c'est mal :( Il y a pourtant comparaison: ils sont arrivés tous deux au hasard pour casser des culs, ont des aptitudes lolesques, c'est normal que Kavoth soit plus apprécié parce qu'il entretient plusieurs relations avec les personnages, contrairement à Tinky.

omurah a écrit:" Meurs insecte ! " C'est le cas de le dire


Une référence à une des phrases phares du seigneur élémentaire Ragnaros de l'univers Warcraft !

omurah a écrit:Y'a un truc, je sais pas comment l'expliquer, mais j'aime beaucoup, ça concerne les personnages :mrgreen:
En fait ça concerne le découpage, je le trouve intelligent, sans savoir mettre des mots dessus.
Je trouve que TOUS les personnages ont réussi à trouver leur place dans cette histoire, et c'est un réel plaisir de suivre tout ce beau monde


Content de lire ça ! Niveaux cuts...je l'avoue, c'est parce que je sais jamais faire un enchaînement cohérent d'actions sur le long terme et que je préfère zapper en faisant vite fait un moment SUSPENS et changer de scène. Si ça marche autant continuer XD

omurah a écrit:Puis bon, au niveau de l'imagination et de l'intrigue, c'est aussi très riche. Ta fic, t'aurais juste remplacé tous les noms d'OC par des personnages de DB, en gardant la même histoire, je pense que ça aurait été la grosse fic hype du moment.


"Oolong sursauta presque. Ses talents d'assassins avaient été compromis, et cette lame cachée dans son poignet n'atteindrait pas aussi facilement son but, but ayant la forme, dans l'idée, d'une jolie nuque inattentive."
Je suis pas sûr que remplacer les noms soit une bonne idée :p

Je vois où tu veux en venir et je comprends. Oui, c'est sûr que mon univers est atypique mais il me procure plus de libertés que si j'utilisais les personnages de Dragon Ball, sinon je devrai gérer la cohérence, l'époque, pas tomber dans le OOC, etc...Mais bon, heureusement que La Révolte se termine à la fin de l'arc Namek, vous aurez un peu de Goku, Gohan et tout le tralala ( promis sans redite et sans être what-if ).

omurah a écrit:9/10 pour ma part, sur ce dernier chap, l'originalité du style aidant ^


Quelle surprise ! Merci beaucoup en espérant que tu apprécies le prochain !
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Re: La révolte

Messagepar Point le Dim Juil 30, 2017 14:11

C'est un peu coupable et en même temps très heureux que j'annonce le dernier chapitre de la partie 2. J'avoue, j'ai été très lent pour pas grand chose, plus de 3 mois pour un chapitre 3 fois moins long que le dernier, pour une simple conclusion d'arc. Je me suis un peu relâché, me suis plus occupé à jouer à WoW qu'à autre chose,n'ait pas écrit durant le longues périodes ( ou alors c'était Le fruit de ses tourments, ou alors la RCZ 2 en cours de correction, à moins que ça ne soit cette dernière qui soit corrigée avant, qui sait, je sais pas, je prépare ce message des jours avant, kestuvafér ? ).

J'espère sincèrement que ce chapitre vous plaira, pour les quelques qui s'y sont accrochés jusqu'ici. C'est le chapitre de conclusion de l'arc 2 de La Révolte, qui fera suite au dernier arc de la partie Klim. Si je parviens à son terme cette dernière devrait être moins longue que celle qui s'achève actuellement, ensuite Freezer devrait être plus présent et les OC moins nombreux pour souffler un peu ^^ parce que là ça fait beaucoup histoire originale et je lasse beaucoup. Ma seule défense pour avoir peu écrit est que ce chapitre a été difficile à écrire parce qu'il devait clore toute l'intrigue de la partie 2 pour mieux débuter la suivante, mais il ne sera rien comparé aux prochains. Malheureusement, et en même temps j'en suis très heureux, j'ai inventé un univers très ( trop ) vaste. Le premier chapitre de la partie 3 se passera à la suite d'une ellipse de plusieurs années. La difficulté d'écrire ce chapitre 24 se fera sentir pour vous comme pour moi, car la compréhension sera difficile. De nombreux OS ( de l'exacte même veine que " Le journal de Girga " ) pallieront ce vide ( et vous étonnera ! pour sûr ).

Enfin, je vais vous laisser à la lecture. Je vais essayer de moins flâner, je vais profiter de mes vacances et écrire plus. En espérant que cette conclusion vous plaise, en espérant que le commentaire que je veuille apparaisse et que vous dormiez bien après avoir mangé ces quelques milliers de mots !


Chapitre 23 ( partie2 )


Sur toute la plate-forme surélevée que constituait le mur principal du poste-frontière, étaient installés les processus Nérion, véritables bijoux de technologie klimienne. Rien dans la galaxie n’y ressemblait. Le dispositif se voyait constitué de quatre canons, et leur faible nombre – justifié par leur coût exorbitant – équivalait à plus de mille armes du même type classiques. Aucun dispositif n’était installé autre part en Talia pour le moment. Mais quelle en était leur spécificité ? Simplement leur puissance sans commune mesure avec les autres armes modernes. Déjà, leur apparence conférait un aérodynamisme important comparé aux autres canons cantonnés à une direction ; les processus Nérion étaient simplement de grandes boules dorées posées sur une pointe solidement fixée d’une hauteur de deux mètres environ. Ils avaient la capacité de bouger sur eux-mêmes et d’effectuer des rotations de presque 360° dans tous les sens. Bien entendu, le canon situé à l’avant se voyait un peu encombrant, de même que la pointe fixée, mais la puissance destructrice de ces engins palliait ces défauts. Pour enclencher les mécanismes, le pilote – unique et installé à l’intérieur, entrant par un compartiment à l’arrière – n’avait pas besoin de formation spécifique ou d’instructions supplémentaires : il fallait viser, et appuyer sur le bouton. Les manettes de pilotage se voyaient simple d’utilisation parce que chaque déplacement dans un sens représentait le déplacement de la boule. Ainsi, les mouvements s’effectuaient extrêmement rapidement, tout autant que l’utilisateur du processus. Il ne fallait attendre qu’une seconde de délai avant que le projectile contenu dans le canon ne sorte et entame sa campagne de destruction. Et ce projectile représentait l’atout majeur – heureusement – du dispositif. Plus qu’un simple boulet – explosif ou pas – ou une décharge de gravats violents, c’était une sorte de boule à pointes entourée par deux scies circulaires, laquelle mesurait quand même le huitième de la taille du canon, pour une vitesse se voulant atteindre les 600 mètres par seconde. Et c’était là toute la force disponible ? Qui a dit que le boulet n’avait que cela dans le ventre ? Bien entendu, le projectile explosera après contact, mais pas seulement en déchaînant le feu des enfers, les armées aussi: une gerbe de shrapnels aiguisés iraient piéger l’espace. Pour finir, et en fait la pièce maîtresse, le point final, l’apogée, appelée scientifiquement "l’épine de Tunak", plus couramment "le couteau des forêts", une trouvaille dévastatrice de la dictature: les épines d’une plante vénéneuse des vastes jungles de l’ouest – les sœurs de Latcalis – capables au contact de faire fondre les corps organiques. Dans le boulet, ces épines se situent avec les shrapnels, contaminant ceux-ci. Il fallait se rendre compte que l’accumulation de tous ces éléments, ajouté à la vitesse exponentielle de tir du processus, réduisait en miette n’importe quoi dans n’importe quelle condition. Un autre des défauts du processus était son temps de rechargement assez long, à savoir une dizaine de minutes pour réinstaller un boulet. Mais quel contretemps est assez important quand la puissance est au rendez-vous ? Aucun. Cette monstruosité technologique se voyait en plus multipliée par quatre. La dictature ne laisserait jamais passer un tigre ou une abomination fongique…

Et celle qui attaquait actuellement le poste-frontière ne fera pas long feu.

* * *

La tension ne pouvait alors plus se mesurer. Giorno, blessé aux membres et au cou, traînait presque ses ailes dans la poussière, tant il appréhendait ce combat qui ne laissera de lui pas plus d’un ou deux bouts de peau. Au mieux. De son coté, toute pimpante dans son armure de combat, Tinky enlevait sa capuche et laissait découvrir son regard bleu vicieux et ses longues antennes. Son sourire narquois en disait long sur son aisance à se tenir au milieu du sang et des larmes. Chacun entouré de cette aura significative de puissance, ils se toisaient. Ils savaient que l’autre le tuerait à la première occasion, sans sommation ni même sans demande de repenti. Et Boraliza avait l’avantage de partir avec 100 % de ses capacités dans ce duel.

L’erreur de Fugo, l’erreur de tant d’autres avant lui, c’était de ne pas chercher ce qui ne pouvait être vu. Au lieu de trouver la source du mal, on cherche à l’esquiver. Le problème n’est pas résolu en ce sens. Et les bombes mortelles de Tinky fonctionnaient selon ce principe. Invisibles, elles empêchaient tout discernement et s’approchait doucement des agneaux apeurés pour les cueillir dans leur fuite inespérée. Giorno n’était pas dupe et le fit savoir. De toute évidence, Tinky avait lancé six bombes, à en juger par la posture de ses doigts de la main gauche. En un seul instant, la seule femme des neufs contrôlait le même nombre de boules invisibles de ki que de doigts qu’elle avait sur une main. La concentration se devait d’être dense, et une certaine expertise laissait deviner avec quelle ferveur la maîtresse de l’affliction s’était entraînée pour pouvoir jouer avec autant de puissance. Sa position, son immobilité en somme, se voyait peu fiable, car n’importe quelle épine perdue pourrait lui percer le crâne sans problème. Tinky Boraliza s’entourait d’une aura certainement aussi impénétrable que sa concentration. Mais qui s’approcherait ?

Giorno ne pouvait avancer. Il avait peu de temps pour trouver les boules à l’œil nu et les détruire à distance. Chacune se déplaçait indépendamment et ne restaient certainement pas fixées en l’air. En vérité, elles n’étaient pas invisibles, seulement transparentes, telles de petites vitres sphériques. Le nouveau chef des rebelles s’autorisa à fermer les yeux. Il cherchait à savoir si les projectiles de mort produisaient un quelconque bruit. Pas même un sifflement ne lui parvint, autre que celui des épines du champ de bataille qui fusaient. Il récupéra son regard et s’arrêta précisément sur chaque partie de l’horrible fresque devant lui. Il sentait leur arrivée mais ne savait pas quelle direction elles allaient prendre. Fonceraient-elles ensemble sur lui ? Il pourrait tenter une esquive en bondissant. Allaient-elles exploser séparément, empêchant de se mettre en sûreté ? Il faudrait suranticiper. Giorno chercha des solutions, et joua avec ce temps qui lui faisait défaut. Il ne pouvait pas foncer sur Tinky sous risque de trébucher sur une bombe, ou tirer dessus, sinon l’une d’elle pourrait s’approcher d’un coup et servir de barrière offensive. Il ne restait qu’un espoir, trouver les bombes…

... et Giorno réussit avec brio à distinguer une bille floutée.

Là, juste à sa droite. Avançant lentement telle la mort incarnée, d’une rondeur parfaite et si irrégulière dans son mouvement, la voix du temps qui répète en boucle que son heure est venue, la représentation parfaite du lent mais inarrêtable démon, celui qui va arriver, qui arrive et qui est déjà là. L’inquiétude ne garda pas la chaise pour l’effroi malgré tout. La bombe, si proche, n’était pas seule engeance. Le regard qui balaya l’horizon découvrit les autres perverses: à deux mètres devant ses yeux, juste au-dessus de ceux-ci, l’épaule droite, ses jambes... Où était la dernière ? La question aurait plutôt été de savoir quelle stratégie adoptait Tinky. Giorno avait deviné. Trop tard ?

Derrière. La dernière bombe était derrière.

Plus efficace que tout, l’encerclement. Chaque bombe ne laissait pas une seule issue possible propice à l’esquive. Le rayon surpuissant que préparait Giorno dans sa main droite se voyait compromis dans son utilité. Mais gâcher autant d’énergie serait une perte de moyen gênante. Un certain klimien ne se priverait pas. Le dernier regard avant la fin opposa Tinky et Giorno. Tinky lui adressa son sourire diabolique, Giorno lui répondit par une petite langue tendue. En face, ce fut un étonnement qui laissa place à la colère due à la provocation.

L’Enfer annihila Giorno en un littéral claquement de doigts.


* * *



Finalement, le champ de bataille s’était tu. Les soldats des deux camps s’étaient arrêtés et contemplaient le mur de force qui les séparait d’un tout autre niveau de puissance : Giorno et Tinky. Sans le savoir, les deux forces avaient arrêté le temps et la vie autour d’eux. Presque tous les rebelles et les soldats de la dictature pansaient ensemble leurs blessures, en jetant leurs armes sur le sol. De toute manière, il n’étaient en tout pas plus de quarante, tous aussi épuisés qu’après une journée de course. Certains tentaient de prendre la retraite, tandis qu’à l’arrière on se disait qu’il fallait continuer, sans parvenir à lever son fusil. L’un d’eux, cependant, n’abandonna pas le combat devant les deux monstres de la nature et détourna, confiant, ses yeux vers le mur de du poste-frontière…

... et Naranz escalada ce dernier pour continuer l’assaut.

Le jeune sniper était étonné de constater la différence sonore et d’ambiance entre les deux cotés : ici, tout était animé et bien moins morbide, mais l’atmosphère se voyait plus désespérée. En fait, tous les soldats défendaient la base des assauts répétées de l’abomination fongique et des armées de Giorno en même temps, dans la douleur et la difficulté. Naranz se surprit même à émettre de la compassion, en dévisageant au loin le regard bouleversé d’un jeune klimien fuyant le démon cadavérique pour s’empaler sur le canon d’un rebelle. C’était la guerre, et les états d’âme attendraient la fin du combat. Que devait-il faire ? Derrière, Giorno perdrait ou gagnerait, et ici, qui dirigeait les opérations étant donné que personne n’était là pour le faire ? Les dernières directives étaient d’éliminer les soldats postés pour que l’alliée géante se fraie un chemin. Comment participer ?

Il tenta de trouver une position plus élevée pour que son art soit plus efficace mais aussi pour comprendre les positions de ses alliés. Montant les escalier menant à une tour, il se préparait à se défendre au cas où n’importe qui descendrait l’agresser. Personne. Arrivé au sommet, il se mit sur le ventre et regarda autour de lui. Il vit alors l’immensité de l’abomination rongeant les barricades, et arrivant à la fin de celles-ci, mais aussi la nature de ses blessures : il ne restait plus grand-chose d’elle en vérité. Ses bras avaient été sectionnés et ses jambes entaillées. Elle avançait difficilement et l’explosion finale lors de sa mort ne sera pas efficace si elle ne se situe pas proche du mur. Naranz descella de visu la position des processus Nérion, lesquels étaient certainement coupables de l’état de son allié monstrueux. Le tueur à peine arrivé dans l’adolescence dirigea sa lunette vers la plus proche des machines. La fenêtre n’était pas opaque, mais noircie, empêchant de voir la tête du conducteur.

Le processus bougeait très vite pour garder sa stabilité et viser correctement. Il était apparemment chargé, si l’on en croyait la présence de soldats courant se cacher. Celui qui allait tirer commençait à faire ralentir l’appareil en opérant des rotations circulaires, il devait avoir sa cible en joue. Plus que quelques secondes et il serait à même d’appuyer sur le bouton rouge et détruire un autre bout d’abomination, peut-être le dernier. Il le fit alors…

...mais ne visa pas l’abomination.

Un autre processus, sur la partie gauche du mur, se voyait visé. Le conducteur de celui-ci dut voir le projectile de son compère arriver car il tenta – sans succès – de sortir. Le second canon était chargé, ainsi le premier boulet de mort percuta l’autre. L’explosion fut sans précédents, et une gerbe infinie de shrapnels et de ferraille déferla sur le champ de bataille, tuant une grande partie des klimiens proches, et avalant le mur sur lequel le processus était fixé.

De toute évidence, il y avait un traître dans l’armée de la dictature. Naranz se replaça – le vent phénoménal du choc le décala un peu – et entreprit d’abattre le klimien en question. Il devina que le retrait du pilote se ferait vers l’arrière. Sa lunette, cadrée à quelques millimètres du processus, attendait patiemment le crâne de cet imbécile. Pourtant, elle fut déçue. La machine dorée se divisa dans un éclair bleu clair tressaillant en plusieurs morceaux chirurgicalement tranchés. Une forme de vie bondit du haut du processus et fut camouflé par la fumée de la mini-explosion de l’onéreux destructeur, empêchant Naranz de le trouver de visu.

Se redressant, le jeune klimien cherchait à savoir si éventuellement cette personne l’avait vu. Il attendit, prêt à tirer à l’aveugle dans une cible proche, quelques minutes, juste le temps nécessaire à un sprint vers sa position. Enfin, il se remit en place, et le chercha du regard. Il ne le trouva toujours pas, et se rabattit sur l’abomination qui s’était arrêtée. Elle n’attaquait plus les barricades, mais les soldats autour de lui. D’ailleurs, eux-mêmes ne semblaient plus tirer sur la créature de Latcalis.

Deux groupes, de part et d’autre du démon, traversaient le champ de bataille en fonçant.

Naranz n’en croyait pas ses yeux : l’un d’eux, mené par Trysh, bousculait les morceaux putrides de cadavres avec une ferveur incroyable. Juste à l’arrière, fonçant comme un dégénéré, un vieil homme souriant réussissait, à l’aide d’une magie inconnue, à dévier les balles, accompagné de soldats que le jeune sniper avait déjà croisé. L’un d’eux portait sur ses épaules une femme qui utilisait un Prince elle aussi. Naranz écarquilla les yeux en voyant avec quelle expertise le crâne d’un soldat partit en éclats, à l’exact opposé de leur position. Bien qu’ils ne faisaient pas énormément de dégâts, ils constituaient une flèche argentée perçant le cœur de la bataille, qui ne pourra se planter qu’à Talia, pas avant. Le second groupe se voyait peu rapide, mais dévastateur. Deux fous dangereux, deux montagnes informes de muscles, un homme et une femme, pénétraient dans la masse en hurlant leur rage. Ils semblaient invincibles, guidés par deux jeunes garçons perchés sur leurs épaules. L’un parlait avec un débit de parole extraordinaire, comme s’il lisait le combat et l’anticipait, l’autre distrayait l’ennemi à l’aide de kikohas. Suivis par quelques soldats, ils finirent sous la lunette de Naranz par se rejoindre aux dernières barricades encore debout.

Ils n’en firent qu’une bouchée.

Une pensée surgit dans l’esprit étonné du protégé de Bruno : était-ce... l’armée de Latcalis ? Il se surprit à sourire. Puis à arrêter en voyant la colère de l’abomination fongique. Cette dernière, apparemment furieuse, avait arrêté d’avancer, de simplement donner des coups de pieds dans les barrières. Désespérée ? Folle ? Mue par un espoir incertain ? Elle sauta. Ses jambes se détachèrent lourdement du sol sanguinolent et une bombe empoisonnée s’apprêtait à s’écraser sur les deux groupes.


* * *


Mort. Il était mort. Son cadavre ne tarderait pas à retomber lourdement, si tant est qu’il en resterait un. Pourtant, Tinky ne poussait pas ses petits cris de jubilation. Des veines tressaillantes polluaient son front, et ses dents pointues écrasaient ses gencives. Cette petite langue tendue de Giorno était la provocation de trop. Ses yeux se gorgeaient de sang, et presque elle en bavait de fureur. Il y avait un cratère fumant qui jonchait l’endroit où le chef rebelle était mort. Tinky s’en approcha, espérant qu’un bout de doigt y serait. Non, rien du tout...

...ou en tout cas le reste était derrière elle en train de la toiser.

Giorno brûlait, ses bras droits et une partie de son visage et de ses jambes sentaient le roussi. Pourtant, sur son visage, il n’y avait aucune expression de douleur. Ni de haine, ni de vengeance, ni d’envie de meurtre. C’était un ton parfaitement neutre, parfaitement imperméable à la situation, imperturbable et impassible. Tinky le prit dans les quelques fractions de temps où elle l’aperçut, comme une récompense. Il ne riait plus. Cela la galvanisa.

Ils se tinrent l’un devant l’autre dans un respect et une haine mutuelle. Elle avait gagné la première manche, à son tour. Giorno fonça, et il asséna une violente gauche dans le visage de Tinky qui fut projetée en arrière. Il écrasa le sol devant lui pour se redresser et d’un pas décidé, écrasa le nez de l’adversaire avec deux poings de feu droits. Le corps de la klimienne se ramassa plus loin, accompagnée d’une effusion de sang. Giorno reprit sa respiration, perdant une seconde. Celle-ci fut tentée par Tinky pour se redresser. Un succès, celui de la victoire.

Il ne lui fallut pas plus d’une seconde pour charger une nouvelle bille de mort.

- Crève, susurra-t-elle en poussa de l’index le projectile en direction de Giorno.

Les yeux découverts du leader rebelle auraient dû se fermer, par frayeur, pour ne pas voir l’objet de sa mort en face. Il préféra regarder l’espoir en face : sa position à demie-agenouillée laissa ses mains se balader sur le sol. Elles trouvèrent le salut.

Une nouvelle explosion.

Cette fois-ci, Giorno hurla. Oui, de douleur, de pure douleur. Le martyr fut souffert. La fumée entoura le nouveau cratère dans un ocre rougeâtre. Tinky fit un pas un arrière au cas où son ennemi aurait encore survécu. Il ne reparut pas, mais le feu ne s’était pas éteint. Enfin, avait-elle gagné ? Enfin, la victoire était-elle assurée ? Aucun son, aucun mouvement, le temps s’était arrêté. La seule femme des neufs se plaça en garde, anticipant une attaque physique surprise. Elle n’avait plus assez d’énergie pour générer de nouvelles billes, aussi regarda-t-elle partout autour d’elle, dans l’espoir de ne pas se faire prendre de revers. Derrière elle ? Non plus. Il n’était pas là.

Une lumière violette dégagea la poussière et avala la distance entre Giorno et Tinky.

Un rayon transperçant traversa la hanche de Boraliza. Elle vomit du sang et s’étala plus loin, ses yeux ne parvenant pas à s’ouvrir correctement après atterrissage. Rampant lamentablement, elle commença à s’enfuir pour sa vie. Puis, elle se rendit compte que c’était vain, il la rattraperait. Elle allait mourir par un de ces chiens de la rébellion. Impossible…

Dans son traumatisme, Tinky oublia de réellement regarder Giorno. Il gisait debout, noir de ses brûlures, un genou cherchant à se faire la malle, l’un de ses bras tendu et encore chaud de son kikoha, le tout tenu par un corps tremblant qui ne tenait bon…

... que grâce au soutien du bazooka de Fugo, ramassé et utilisé comme bouclier.

Immobilisé, sans l’énergie nécessaire pour survivre à une chute, le successeur de Bruno souffla :

- Désolé, je peux juste pas crever maintenant.

Enfin, les yeux de la maîtresse de l’affliction trouvèrent le chemin de ceux de Giorno. Ensemble, ils s’effondrèrent et laissèrent le vide prendre la place qu’il lui revenait.


* * *



Il avait eu une chance folle, presque extraordinaire en fait.

Se préparant à viser les autres processus avec le sien, Mani décala son regard vers les hauteurs. Et, étonnamment, fut heurté par un reflet , lequel parut anodin. Mais la paranoïa du fils Sven-Tveskoeg le conduisit à prendre quelques dixièmes de seconde pour y réfléchir. Si c’était un tireur embusqué, et certainement du coté de la rébellion, il pourrait ne pas savoir qu’en théorie ils étaient alliés. En fronçant les arcades, il distingua au loin la forme de quelqu’un d’allongé. Si la vie n’avait pas voulu qu’il continue la sienne, ce reflet ne l’aurait pas alerté. Alors, il fallait faire attention.

Le neveu de Kavoth enclencha le bouton de destruction et le processus fit feu sur un autre. Le boulet projeté fit trembler la machine et ébranla presque Mani, mais ce dernier n’attendit pas plus. Il n’avait juste pas le temps de le faire. Laissant son ki ensevelir à la vue l’image de sa main, une lame bleue prit forme d’épée autour de son poignet. Prenant appui dans les commandes devant le jeune garçon, l’arme perfora le processus. Dessinant dans l’acier d’énormes arcs de cercle, il fallait évacuer l’endroit dans les plus brefs délais. Arrachant le toit, Mani sauta le plus haut possible qu’il puisse au moment précis de la détonation. Une fumée noirâtre et parsemée de grésillements électriques le dissimula du sniper.

Cependant, il fallait comprendre la suite des événements. Bien qu’il ait l’avantage de ne plus être repéré pour l’instant, l’ennemi saurait où poser son œil si Mani se dirigeait vers un autre processus dans l’optique de réitérer l’opération précédente. Or, c’était sa mission et perdre un temps fou à régler le compte de ce gus n’était pas envisageable. Aussi, n’était-il peut-être pas plus sage de profiter du bruit ambiant ? Plaçant ses mains près de son torse en forme de triangle, l’enfant prodige débuta la création du vague de ki destructrice.

Et une fois que la fumée se dissipa, cette dernière traça sans escale jusqu’aux tours.

On ne put entendre réellement, justement, l’écho de cette explosion. Mani sourit, il s’était probablement débarrassé d’un potentiel ennemi. De toute manière, personne ne pourrait savoir que c’était de sa faute. Replaçant son écharpe – bizarrement intacte – derrière son manteau, Mani détala jusqu’aux processus Nérion suivants, à 10 heures. En courant, il put constater l’avancée de l’abomination fongique qui n’était pas à réellement plus de dix barricades de détruire la porte. Peut-être même la voyait-on de l’autre coté ? Mais ça ne serait pas possible si elle mourait avant. Et elle était dans un piteux état. Cette démone-là devait avoir un cerveau normalement placé dans son crâne où dans son torax, car la majorité de ses bras sectionnés ne faisaient pas état d’organes vitaux. Empêcher les deux derniers processus d’aider à l’achever serait plutôt une idée valable.

Par chance, encore, Mani remarqua la présence d’une quinzaine de soldats de la dictature occupés à charger l’énorme boulet dans la sphère d’or. Caché derrière un pilier, il cherchait à savoir de qui il allait prendre la place. Lorgnant chacun d’entre eux, il remarqua une klimienne à épaulettes, une générale sans nul doute. Alors qu’elle s’apprêtait à appuyer sur la petite molette permettant l’accès au processus dansa la mort. Découpant les techniciens dans une calme fureur, Mani se fraya un chemin. Attrapant par le cou la femme, il tenta de la surélever pour lui asséner quelques coups. Malheureusement, elle enserra sa propre gorge et serra du plus fort de ces biceps. Le jeu aurait pu être de celui qui aurait la plus efficace apnée, mais la victoire fut remportée par Mani quand la générale comprit que ses pieds ne touchaient plus le sol, le corps déplacé jusqu’à la limite même entre les murailles et le vide.

Enfin installé, l’héritier des Sven-Tveskoeg, qui prenait presque goût au tir à l’autre tireur, fit tournoyer la sphère dorée. Après sa basse besogne, il en serait fini des processus et l’abomination pourrait avancer et abattre le poste-frontière. En joue, Mani se stabilisa et n’attendit pas plus d’une seconde pour faire feu…

... mais fut interrompu, le doigt sur le bouton, par le son de la porte ouverte du processus.

Il se retourna : le canon d’un Prince caressait son nez. Même pas une cellule du neveu de Kavoth ne s’autorisa à s’activer. Naranz, lui, était dans le même état, mais plutôt car il se concentrait pour être sûr que le crâne de son adversaire puisse servir de tunnel. Mani n’avait pas réellement le temps d’attendre, d’autant plus qu’il ne savait pas encore de quel coté était le sniper. Il regarda ses vêtements et en déduisit qu’il y avait une sorte de quiproquo, qu’ils étaient dans le « même camp ». Ses mandibules s’animèrent pour sauver sa vie :

- Tu es un rebelle, et moi aussi.

- Non. Tu ressembles pas à un de nos gars et t’es bien plus fort qu’eux.

- Et alors ? Je me suis battu comme un diable derrière le mur, regarde ma hanche !

- Pourquoi détruis-tu les processus ?

- Pour ne pas qu’ils touchent l’abomination, gros malin.

- Je te défie de répéter ça.

Les rôles s’inversèrent. Mani réfléchissait, les lèvres élevées, signifiant la conviction, l’optimisme, tandis que Naranz semblait dubitatif, peu sûr. Puis, quand le processus se secoua d’un coup énorme et sec, suivant l’appui du bouton de par Mani, Naranz tira par réflexe. Malheureusement, d’une habile et anticipée esquive, Mani s’était détourné de l’énorme balle pour sauter sur un jeune protégé de Bruno ébranlé et projeté en arrière à cause de la secousse. Sortant de la machine, Naranz avait lâché son fusil et se voyait roulant jusqu’au vide. Se prenant dans la hâte les pieds dans la porte, le plus jeune Sven-Tveskoeg chuta pitoyablement sur la pierre. Alors qu’ils se relevaient…

... tous deux entendirent le cri tonitruant de l’abomination touchée par la balle de processus.

Ils dirigèrent leurs yeux vers le tas de cadavres. Ne restait d’elle qu’une pile immonde de chair en putréfaction, sans forme qui s’écoulait sur le champ de bataille comme une mer de poison... mais de laquelle les vagues semblaient liées aux abysses. Après quelques remous, ils comprirent que le tout n’allait pas tarder à exploser. Et cela signifie que ce n’était pas une affaire de minutes, mais de secondes, même de fractions. Mais ils étaient tétanisés, pas de peur mais par cette vision d’horreur, cette sadique envie de regarder le nauséabond, cette souillure qui fait se coller les yeux. Et l’abomination emplit l’espace et tout partir en fumée dans ce nuage mauve de mort : les barricades furent réduites à néant, le mur s’écroula, les tours arrivèrent aux sols, les vivants ne firent pas de vieux os, d’ailleurs ces derniers n’existaient même plus. Simplement, la vie avait été éradiquée - purement – même si la notion de pureté était la dernière à pouvoir se complaire dans cette situation – et simplement.

Naranz rouvrit les yeux.

Au-dessus de lui avait servi de rempart face au décès le neveu de Kavoth, l’ayant poussé loin d’ici, à l’abri derrière le processus croulant dont l’or avait grisé et rouillé d’un seul coup. Le sniper le décala d’effroi et constata l’état de son sauveur: sa cape avait été perforée et la chance, encore une fois, avait laissé le poison ne mordre que l’échine de son dos. Mani soufflait et sa respiration était très rapide, mais légère: il y avait largement plus de peur que de mal, n’en déplaise à ses vêtements. Le protégé de Bruno l’aida à se relever :

- Je suppose que c’était pour prouver ta bonne foi ?

- Personne n’avait besoin de cette précision. Mais oui.

- Qui es-tu ?

- Mani, désireux de justice et de vous aider.

- Notre mission est terminée, nous devons partir.

Déshabillant Mani, Naranz lui montra la direction à suivre en oubliant son arme dans les décombres. Cependant, le danseur aux lames bleues ne suivit pas le chemin et fit un détour. Il donna un fort coup dans une serrure et laissa le corps à la ramasse de Gaïma s’écraser dans un râle aiguë :

- Grumbl…

- Je ne te défais pas de tes liens. Suis-moi de près et n’ouvre pas la bouche une seule fois.

- Qui est-ce ? s’interrogea Naranz.

- Un traître, il a attenté à la vie d’un de nos leaders et je l’ai capturé.

- Lequel ?

- D’après toi ?

En vérité, Mani doutait. Ce nom, Enrico, n’était certainement pas le véritable du chef aux lunettes noires. C’était trop évident. Le simple fait de le nommer de cette façon aurait pu décrédibiliser le jeune klimien aux yeux du tireur d’élite et semer le doute. Le fait de jouer sur les mots et de se donner ce style de langage où il détournerait toujours les phrases avec un air désagréable pourrait-être utile.

Enfin, Gaïma sur les talons, ils rejoignirent le bout de mur détruit précédemment en espérant y trouver un quelconque soutien, si tant fut qu’il en resta un.


* * *



Les deux groupes avaient détruit les barricades et s’étaient rejoints à l’entrée même du poste-frontière. Ils avaient facilité l’avancée de l’abomination, mais cette dernière ne semblait pas s’en soucier, et au contraire, continuer d’avancer à la même allure. Malgré tout, elle finit par penser que ces quelques klimiens, traversant le champ de bataille bien plus rapidement qu’elle, étaient de par leur célérité bien plus menaçants que les pauvres tireurs de la dictature, et surtout, de ce mur gigantesque qu’elle voulait viscéralement abattre. Cependant, elle se rendit aussi compte de son état, avec ses jambes perforées et ses bras absents: de toute évidence, et elle le savait, elle succomberait. Alors, dans son cerveau de champignon, elle devait se sacrifier. Forcément, elle réussirait, en explosant, à cette distance, à abattre le mur. Et cette menace qui l’avait dépassée serait emportée avec. Alors, elle utilisa ses dernières forces abominables et s’éjecta du sol sur onze mètres de hauteur.

Candya, Tekla, Ginue, Tial, Trysh, Laktoz, Laito et les rebelles étaient repoussés – sans difficulté – par les dernières forces de résistance de la dictature. C’est en voyant l’avenir qu’ils surent que l’abomination utilisait sa vie comme arme létale. Mais la confusion n’égalait pas la soif et l’exaltation du combat: véritablement, le champ de bataille était grisant pour les guerriers de Latcalis. Les ennemis, groupés, armés et désarmés, fragiles mais opposants farouches, se pliaient sous les coudes de Tial qui traversait la mêlée. Ce dernier n’avait pas eu de réelle menace de sa taille à combattre de toute sa vie, ou quasiment pas, et son envie de frapper et de recevoir des coups était décuplée. Laktoz faisait corps avec le sang et les fracas; la violence jouissive laissait son cœur tambouriner assez fort pour que sa cage thoracique même se défende en frappant. Et les vents guidaient le poste-frontière, sans chemins définis, sans terrains propices au déferlement, juste aléatoirement, des brises soutenues et lacérantes, du même acabit que les épines enflammées de Candya au bout de son canon ou les verdâtres kikohas de Tekla. Mais, restant calme, ne se laissant pas emporté par la nouveauté, Ginue pressentit leur mort. Cependant, il ne parvint pas à diffuser l’information. Il ne bougeait pas et contemplait. Pourquoi ? Qui sut. Il resta immobile, descendu de son perchoir klimien, et laissa ses yeux voir la réalité qu’il connaissait déjà.

Heureusement, les dons de prescience se partagent, parfois.

Laito transpirait à grosses gouttes. Ses pupilles suivaient l’ascension fulgurante dans toute sa lenteur de l’abomination avec effroi, puis il tenta de trouver secours dans celles de Ginue. Et il comprit. Il ne comprit pas la vision – qu’il avait déjà retenue – mais ce qu’il se passerait s’il n’intervenait pas. Car il pouvait intervenir, car il en avait la capacité ! Il cibla dans sa tête le premier corps en mouvement nécessaire à l’activation de son détournement: logiquement, la masse fongique. Mais qu’est-ce qui se verrait adéquat, de forme similaire ou en tout cas plus enveloppée qu’un klimien, pour servir de contrepoids et de seconde cible, pour égaler la vitesse de plusieurs tonnes de chair s’écrasant sur eux ? Laito balaya la zone sans succès. Ils étaient certainement finis, ils n’auraient pas de secours, même pas de temps, même pas les mètres nécessaires. Pourtant, ils étaient si près du but, si près de l’esquiver. Ce fut à ce moment…

... que Mani activa le tir de processus Nérion.

Le missile n’était pas sur la trajectoire de la bête empoisonnée. Il se dirigeait, on le sait, vers l’autre processus, c’est-à-dire, plus en arrière de la créature. Même le saut n’a pas rectifié le tir. En revanche, il a permis à Laito de repérer au loin le projectile, lequel se voyait libre de passer, aucunement dévié ou camouflé par une mêlée noirâtre. C’est là que l’aura bleue, l’héritage yardrat éloigné, prit part au problème: inversant les trajectoires des deux objets, la fin du combat apparut avec un compte à rebours particulièrement morbide et voyant. La balle de processus rejoignit le ciel presque en même temps que la tête inversée de l’abomination fongique, élevée elle aussi vers les étoiles. Cette dernière n’eut le temps de retomber que de quelques mètres. Puis, elle explosa simplement, rejetant partout son fluide immonde.

De l’autre coté du mur principal du poste-frontière, on avait aperçut l’être de cadavres. Il semblait au petit matin une lune qui faisait marche arrière entre les nuages pour garder la nuit et préserver le jour. Pour les rebelles, absolument pas, et au contraire, le soleil espérait se lever d’un autre coté pour décupler l’espoir. L’astre se scinda en une avalanche de bonheur putride et emmena l’intégralité, ou presque, de la vie. Le lac de poison avala le terrain et interrompit le combat. Soldat de la dictature, animal, rebelle, objet, arme, véhicule, barricade, vivant, mort, le seul et unique espoir d’avoir pu y réchapper aurait été de se tenir sur les murs ou par derrière le mur. Et de cette manière, les troupes rebelles rejointes par les guerriers de Latcalis avaient utilisé à bon escient le temps de déviation de l’abomination puis de sa pluie pour se mettre à l’abri.


* * *



Des médecins de combat tentaient de panser les plaies fumantes de Giorno après avoir tout fait pour arrêter les brûlures de terminer son état des plus alarmants. Véritable momie, le chef aux lunettes noires résistait pour rester conscient, car ne savait-il pas s’il vivrait s’il s’adonnait à l’épreuve du sommeil. Alors, il serrait les dents, et de la fumée noire s’échapper entre ses canines. Nu, allongé sur le sol, des kilomètres à l’abri du champ de bataille, il n’y avait plus aucun ennemi dans les parages. Parfois, il distinguait dans la masse du camp-hôpital improvisé que ce garage était devenu le brancard grisé de Fugo. D’après ce qu’il en sut, lui n’y réchapperait pas. Il en versa une larme qui s’évapora instantanément à cause de la chaleur ambiante, et espéra de tout son cœur que Tinky avait été abattue par son rayon, car d’après les nouvelles, son corps avait été récupéré à la hâte en même temps que le sien par ses alliés. Par contre, immobilisé depuis plusieurs dizaines de minutes, l’état de la bataille ne lui était pas proposé. Trysh avait-elle trouvé l’armée ? Naranz était-il vivant ? Les troupes avaient-elles réussi à emmener l’abomination au plus proche possible du mur ? Le fameux Mani avait-il officié du bon côté ? Finalement, qui était le vainqueur de la bataille ?

La porte de fer de l’endroit s’ouvrit lentement. Un soldat des plus banals pénétra et leva son fusil en annonçant qu’il cherchait à parler de toute urgence à un officier ou un grade supérieur. Là, une combattante s’approcha, correspondant à la demande, mais fut interrompu par le râle optimiste de Giorno. Balaya la main salvatrice d’un médecin qui tentait de l’empêcher de bouger, il se mit en position assise en tremblant le martyr pour mieux être visible, et rugit doucement :

- Je peux encore écouter un rapport.

Pour ne laisser autrement plus qu’une goutte suinter sur son front pour manifester son alerte de voir son supérieur en si mauvaise état, le convoyeur de nouvelles dit ce qu’il avait à dire :

- Un de nos éléments, Naranz Girga, semble pactiser avec une figure dangereuse de l’armée ennemie. Il affirme que celui-ci a officié pour notre cause et qu’il ne sera, je cite: "dangereux que pour ceux qui l’empêcheront de vous voir".

- Mani Sven-Tveskoeg ? répondit-il en bousculant la liaison.

- Exactement !

- Qu’ils entrent tous deux maintenant, ou que je sois écarté pour leur parler.

Après quelques mots des soignants, les secondes laissèrent leur place aux deux jeunes. Démunis de toute arme et de tout vêtement superflu – c’est-à-dire le large manteau et l’écharpe de Mani – ils s’approchèrent, entourés de gardes, du leader rebelle brûlé. Naranz semblait perplexe quant à la situation, et Mani confiant. Ce dernier se permit même de parler en premier :

- Je suis heureux de voir que vous avez survécu.

- Je ne suis pas sûr que ce soit réciproque, lui rétorqua Giorno.

- Quelle animosité ! Le champ de bataille n’aurait pas été le même sans moi. Vous devriez presque être content que je sois passé de votre coté.

Depuis que le neveu de Bruno prenait la parole, l’entièreté de la salle se taisait. Ils ne savaient pas ce que pouvait leur réserver le malotru, ni même qui il était. Il dominait l’endroit. Le simple fait d’évoquer le fait qu’il soit un membre de l’armée rebelle paralysa quelques personnes. Le chef rebelle se permit d’en rigoler :

- Ah oui ? Naranz, fais-moi un rapport complet de la bataille. Inclus toutes les actions de Mani comme événements principaux et ce que tu as pu faire.

L’interpellé parut confus, détourna son regard entre le vide, les verres de Giorno et le fils Sven-Tveskoeg puis prit une inspiration et se mit à raconter :

- Nos armées ont été prises en tenaille au début de la bataille, par le poste devant et par les dictat’ derrière. Et... Il nous a permis de nous frayer un chemin dans les ennemis, bégaya-t-il presque en montrant l’autre klimien du doigt.

- Sans arme ? s’interrogea Giorno.

- Sans aucune. Ensuite, Tinky Boraliza a attaqué et je me suis replié vers l’arrière pour ne pas être visé. Je ne sais pas ensuite ce qu’il s’est passé à l’arrière, car je me suis positionné sur les tours pour soutenir l’avant. C’est là que j’ai vu Mani rentrer dans le canon de Nérion et le détruire. J’ai hésité à l’abattre, et il a tiré son énergie vers moi. Je m’étais replié et ait pensé qu’il était un ennemi. J’ai tenté de l’abattre à bout portant, mais nous avons été projetés à cause de l’abomination qui a explosé. Mani m’a protégé de l’acide.

- De quelle façon ?

- Bouclier klimien.

- Je vois. L’abomination a-t-elle explosé sur la porte ?

- Très proche, je n’en sais pas plus, nous nous sommes vite repliés.

- Les renforts de Latcalis sont-ils arrivés ?

- Je pense, mais…

- Mais ?

- Je crains qu’ils n’aient été tués. Leurs champions sont peut-être arrivés derrière le mur, mais j’étais occupé. Ils n’étaient pas beaucoup de toute manière.

Giorno serra cette fois les dents de tristesse et de haine. Avaient-ils fait tout ça pour rien ? Avaient-ils sacrifié tant de monde pour deux ou trois vies ? Avaient-ils consommé la moitié de leurs ressources pour y perdre plus au final ?

Le fils de Layo... était-il mort à cause de lui ?

Interrompant la réflexion de Giorno, celui dont on ne savait pas toujours l’appartenance se permit de rester impoli :

- C’est bien dommage tout ça, en attendant, je ne sais pas si vous faites des prisonniers, mais j’en ai un bien beau pour vous. Tu t’en rappelles, toi qui ne semble toujours pas s’appeler autrement que par Enrico ?

- Alors tu ne connais toujours pas mon prénom, Mani ?

- Enrico ? Non ? Dommage. La prochaine fois peut-être ?

- Triste, hein ? Le résidu qui a tenté de m’assassiner, qu’on l’enferme. Il ne faisait pas de prisonniers par honneur, je ne serai pas aussi intransigeant, affirma-t-il en parlant bien entendu de Bruno. Bon, vous pouvez disposer. Naranz, tu emmènes Mani où on emmène les nouveaux, tu fais le topo de base, et après tu m’attends. Si je suis pas là, demande la personne la plus haut gradée que tu puisses. Compris ?

- Ce sera fait.

Les deux jeunes garçons partirent alors, escortés. Ils croisèrent un large groupe dont ils ne purent voir le centre tellement il y avait de personnes armées autour du noyau. Tous rentrèrent à leur tour dans le bâtiment, le plus vite possible pour éviter d’alerter la dictature. Le manque de place commençait à se faire sentir, mais plusieurs de la troupe déclarèrent qu’ils ne resteraient que le temps nécessaire à un jugement de Giorno. Lui qui pensait qu’il serait tranquille un moment, voilà que la massive voix de Trysh lui sonna dans la tête :

- Mon vieux, je vois qu’on t’a pas raté. C’était qui ? Airémaire ou Boraliza ?

- Boraliza.

- Morte ?

- Je sais pas. Mais ne me fais pas attendre, Trysh. Ton rapport ne serait pas le second de mes problèmes si je ne voulais pas autant faire tomber la dictature.

- Voici l’armée de Latcalis au complet.

Se découvrant, tous dans leur état pitoyable, blessés et sanguinolents, mais fiers et vivants, les réfugiés de la grotte, Tial et Candya devant, Laktoz et Tekla juste à coté et Laito plus en retrait, tentaient de faire bonne figure malgré leur nombre ridicule. Ils se taisaient, car ils ne savaient pas quelle avait été l’ampleur de la mission consistant à venir les chercher.

Giorno, derrière ses lunettes, n’en croyait pas ses yeux. À ce niveau-là, il ne savait pas s’il devait être décontenancé. Il les regarda tous un à un. Il contourna les épaules massives de Laktoz, glissa sur les frêles jambes de Laito, se balada entre les muscles de Tial, rampa autour des antennes de Candya et se traîna sur les bras dénudés de Tekla.

- Cinq personnes. Ils sont cinq ?

- Oui, mais ils sont vraiment trè…

- Ils sont six.

Ginue écarta son mentor et son amie et arriva devant le leader rebelle. Il déposa le communicateur à ses pieds, puis se redressa difficilement à cause de sa jambe. Il attendit que ses yeux aient retrouvés les plaques de verre noires, et il murmura, emplit d’une conviction folle et d’une détermination sans pareille, ainsi que d’une injustifiée nostalgie :

- Je suis le fils de Layo. Ensemble, nous changerons cette guerre.

Cette fois-ci, la larme de Giorno ne s’évapora pas. Et ne fut pas seule.
Fin de la partie 2: " Venus d'ailleurs ".

Début de la partie 3: " La bataille pour Talia ".
La révolte
En cours.
Le plus modeste des êtres...Un homme qui fera peur au plus grand des démons...Celui-là même qui en deviendra le guerrier le plus fidèle...


Le fruit de ses tourments
En cours.
Piégé à cause de ses origines, Thalès va tenter de survivre pour venger son peuple. Mais avant tout, il va devoir se battre contre lui-même, et ce sera bien plus dur que ce qu'il imaginait.
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Re: La révolte

Messagepar omurah le Dim Août 06, 2017 16:02

Wesh!
Perso je suis pas spécialement intéressé par ce qui pourrait se passer avec Freezer, à moins que l'histoire ne commence vraiment à se concentrer exclusivement sur Ginue, mais sinon, ça me va très bien comme c'est actuellement, càd la dictature, les rebelles, les 9, Mani, toussa. Pas trop de place pour Freezer là-dedans quoi, amha. Mais faut voir ouais !
En tout cas, très très bon chapitre, très dense mais moi ça me dérange pas, puis les idées et l'ambiance sont là donc c'est tout bénéf ; chapitre qui d'ailleurs faisait très GoT pour le coup, et j'aime GoT :)
Peut-être un second com' plus tard quand j'aurai pas la flemme de détailler les points que j'ai apprécié ^^
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