La révolte

La révolte
* * *
Sommaire:
-Prologue
Partie une: Nuit de chasse
-Chapitre 1: Latcalis
-Chapitre 2: Seuls
-Chapitre 3: Colère
-Chapitre 4: Peur
-Chapitre 5: Transmission
Partie deux: Venus d'ailleurs
-Chapitre 6: Ellipse
-Chapitre 7: Chasse
-Chapitre 8: Essence
-Chapitre 9: Injection
-Chapitre 10: Rencontre
-Chapitre 11: Rétablissement
-Chapitre 12: Interrogations
-Chapitre 13: Dialogue
-Chapitre 14:Assaut
-Chapitre 15:Trouble-Fêtes
-Chapitre 16:Kavoth
-Chapitre 17: Interruptions
-Chapitre 18:Rivalité
-Chapitre 19:Acceptation
-Chapitre spécial: Le journal de Girga
-Chapitre 20: Pleurs
-Chapitre 21: Atmosphère
-Chapitre 22: Appartenance
-Chapitre 23: Réunion - Partie 1 et Réunion - Partie 2
-Prologue
Partie une: Nuit de chasse
-Chapitre 1: Latcalis
-Chapitre 2: Seuls
-Chapitre 3: Colère
-Chapitre 4: Peur
-Chapitre 5: Transmission
Partie deux: Venus d'ailleurs
-Chapitre 6: Ellipse
-Chapitre 7: Chasse
-Chapitre 8: Essence
-Chapitre 9: Injection
-Chapitre 10: Rencontre
-Chapitre 11: Rétablissement
-Chapitre 12: Interrogations
-Chapitre 13: Dialogue
-Chapitre 14:Assaut
-Chapitre 15:Trouble-Fêtes
-Chapitre 16:Kavoth
-Chapitre 17: Interruptions
-Chapitre 18:Rivalité
-Chapitre 19:Acceptation
-Chapitre spécial: Le journal de Girga
-Chapitre 20: Pleurs
-Chapitre 21: Atmosphère
-Chapitre 22: Appartenance
-Chapitre 23: Réunion - Partie 1 et Réunion - Partie 2
Partie trois: La bataille pour Talia
* * *
La révolte: Prologue
L'enfant criait.
Son cri juvénile se réverbérait dans toutes les pièces, et même à l'extérieur, de l'arbre. Ce son aiguë déplaisait aux oreilles, mais la joie de voir l'enfant naître effacait tout sentiment négatif vis à vis du cri émit. Et le bonheur de voir son fils naître est infini, quoiqu'on en dise.
Le petit être fracassa les parois gélatineuses de son œuf, le renfermant, et montra après son premier effort, son charmant visage : De magnifiques yeux rouges et globuleux, un nez trognon, des petites lèvres presque rosées, lesquelles cachaient de courtes dents triangulaires d'un très joli blanc. De la même façon, ses antennes pointaient en arrière – signe de calme et d'une personne réfléchie – un menton fendu et des cavités auditives retroussées.
De façon évidente, le garçon était un très beau bébé.
Bien entendu, ses ailes n'avaient pas encore bien poussées, caractéristique des enfants, tout comme ses pointes sur sa colonne vertébrale, mais ses six bras – visibles entre deux craquelures – semblaient bien formés.
Sa mère, agenouillée devant l’œuf depuis plusieurs heures, attrapa le bébé dès qu'elle le distingua correctement. Elle contempla son joli minois avant de le serrer fort contre son cœur, en prenant garde de ne pas le noyer dans ses larmes de joies. Et le père, lui, émerveillé, attendait son tour, les trois paires de bras croisés. En lui, c'était une telle joie qu'il oublia presque de surveiller la veilleuse, assise devant un communicateur, à sa droite.
Ses yeux étaient écarquillés, et elle prit vivement le microphone en composant un numéro.
Pour vérifier, elle déplaça son regard vers celui du père, il ne faudrait pas que celui-ci se rende compte qu'elle appelle les gardes de l'endroit...
...mais elle ne rencontra rien d'autre qu'une épaisse barre de métal.
Son crâne fut éjecté sur un bon mètre, et la scène aurait été toute autre si le corps n'avait pas suivi aussi. Le père de l'enfant attrapa avec quatre autres bras deux autres tuyaux, lesquels servaient à la base à l'aération. L'homme transpirait alors, et il se précipita vers le microphone, qui avait de justesse pris l'appel, pour l'éteindre.
Quand un « Service de l'Hôpital, je vous écoute ? » retentit, le bouton d'arrêt de l'échange fut pressé, et la mère, horrifiée, attrapa alors son bambin en hurlant :
-Mais, tu es fou !?
Il s'appuya d'un bras sur le mur et sua d'autant plus qu'il annonçait à sa moitié son horreur :
-P...Pourquoi a-t-il fallu que ça nous arrive...à nous...
-Qu...Qu'y a-t-il ? ajouta-t-elle, paniquée.
Une armoire à produits de secours fut déplacée devant la seule porte de la salle pour la barricader, et tout en la calant correctement, le père du bébé – maintenant silencieux – répondit :
-Sa jambe...
En une fraction de seconde, l'attitude de la mère passa d'apeurée à tétanisée. Elle tourna rapidement sa tête vers les jambes de son fils et s'efforça de ne pas hurler...
...en remarquant que sa jambe gauche s'élevait moins que l'autre.
Quatre centimètres, quatre centimètres fatales et facilement remarquables...Jamais il ne pourra marcher correctement, il boitera...
Les larmes de bonheur se changèrent en une averse de peine...et elle serra son fils comme si elle allait le perdre. Le père gardait son sang froid, même si ses gouttes de sueurs, dues stress, n'avaient rien de froid, et préféra débuter l'épreuve de la fuite de l'hôpital : Brandissant les tuyaux d'acier, il fonça et commença à détruire un mur.
L'anecdote utile étant qu'il avait été, de profession, architecte, et planifia les plans mêmes de cet arbre, et en particulier de toutes les salles du rez de chaussée qu'il supervisa assidument. Justement, la naissance de son enfant dans cette salle avait été prévue, et que le mur qu'il tente d'effondrer soit un de ceux menant sur l'extérieur aussi. Ce même mur était très peu solide, et il avait fait exprès de le constituer de cette manière.
Alors l'écorce murale commençait doucement à céder sous les coups :
-Reste derrière moi ! Quand j'aurai enfoncé le mur, donne moi notre enfant, il y a un bon mètre à sauter. Tu es prête ?
Elle acquiesça, et la porte barricadée se plia sous d'énormes coups au même moment: Les gardes s'étaient doutés de quelque chose suite à l'appel, et ils intervenaient.
La femme commença d'une main à aider son homme à détruire le mur, et ils y parvinrent tandis qu'ils se demandaient ce que le gouvernement allait faire de leur enfant.
Il fallait qu'ils rejoignent un endroit sûr...
Un cri à l'accent prononcé venant d'un des gardes retentit :
- NOUS ALLONS OUVRIR DE FORCE !
N'entendant pas de réponse, les coups décuplèrent. Et l'enfant, gigoté dans tous les sens, se tortillait dans les quatre bras qui le supportaient avec une force surprenante.
L'écorce céda, la porte au même moment.
Pénétrant dans la salle, une brute épaisse ainsi qu'un vieil homme à l'allure svelte remarquèrent directement les deux lurons qui sautaient. Ils débutèrent la poursuite, mais l'avance notable du couple, qui déjà détalait, était un problème certain.
Le bébé, étrangement, cessa de pleurer quand les pieds de son père touchèrent le sol, mais heureusement, rien de grave.
Le plus gros des deux défonceurs de porte les suivit, non sans exploser le sol en arrivant : Il était massif, chacun de ses bras était assez puissant pour écraser des rochers sans forcer. Le second, moins costaud mais tout autant apeurant, de part ses yeux violets qui n'inspiraient rien de bon, s'occupa de la veilleuse en tentant de la réveiller.
Puis, s’élançant à travers les racines et traversant les chemins creusés à travers celles-ci, les parents n'eurent pas de mal à semer les surveillants du service infantile:
-On s'en sortira...Notre enfant vivra, devrai-je y laisser la peau!
* * *
Klim.
Une petite planète de la galaxie du nord. De diamètre presque deux fois plus petite que la Terre, elle est la seule et unique planète de son système a posséder la vie. Son équilibrage au niveau de la rotation autour du soleil lui vaut d'être tempérée quasiment globalement, mais étrangement de bénéficier d'un cycle jour-nuit aux trois-quarts nocturnes.
Donnant donc leur nom à leur planète, les klimiens dominent ce monde.
En apparence, les klimiens ne mesurent pas plus que quinze centimètres en moyenne. Cette taille ridicule est d'autant plus contraignante que ce qu'ils en ont fait est étonnante : Leur monde était constitué d'une faune et d'une flore bien plus grande qu'eux ! Les arbres, les animaux, et tous les phénomènes géographiques les dépassent !
Après des millénaires d'histoire, et grâce à des capacités intellectuelles et physiques étonnantes, les klimiens dressèrent la nature, et ainsi imposèrent sur leur monde une sorte de suprématie. Usant des bienfaits des arbres, ils se constituèrent des équipements à leur mesure, et notamment lors de la découverte, ou plutôt l'utilisation, du minerai de Zaka, qui équivaut à l’électricité, mais qui possède bien d'autres propriétés.
De nomades, ils passèrent sédentaires, de soumis, ils devinrent dominants, et de petits, ils devinrent les plus grands.
Au niveau physique, ils possèdent une grande paire d'yeux monochromes passant par tout le spectre de couleurs, des cavités auditives carrées, un nez humanoïde, une bouche à la dentition blanche pointue, une paire de mandibules courtes prenant leur base dans les joues, un corps résistant pourvu de six bras – la paire intermédiaire située au niveau des épaules, la supérieure derrière, et l'inférieure juste en dessous – eux-mêmes terminés par six doigts, deux jambes avec aussi six orteils, deux longues ailes – quoique la longueur varie – dures mais arrondies de manière à planer, une colonne vertébrale à pointes, et pour finir, un sexe – pour les deux genres – rétractable.
Les coloris oscillent entre le vert clair et très foncé pour le corps, et entre le gris clair et le noir. Le cas d'albinisme existe, donnant alors une teinte rougeâtre au klimien, ainsi qu'une paire d'ailes blanches et des yeux bleus clairs.
Les différences hommes-femmes n'existent pas, si ce n'est de par le sexe. En vérité, le bassin féminin klimien est un tout petit peu plus large pour laisser passer l'oeuf lors de la pondaison de ce dernier. Lequel œuf grandira alors hors de sa mère et couvé par les parents – ou artificiellement – pendant toute la durée du développement de l'enfant. La conception est identique à celle des autres humanoïdes, mais il faudra attendre un mois pour que l’œuf sorte, et cinq autres pour qu'il éclose.
Pour finir, on se rend compte de la ressemblance frappante des klimiens avec des insectes.
Aujourd'hui, la planète est divisée en une quinzaine d'états très grands en superficie par rapport à la planète : Le plus grand, au nord, celui de Kurimu, fiers de posséder la nation la plus avancée technologiquement, la mégalopole si grand qu'elle en constitua un pays, Talia, en proie depuis des années à un état dictatorial dangereux, et qui s'étend modestement sur l'équateur, Morio, le pays de la culture et de la paix, principal exportateur de ressources et pays fulminant d'argents, exerçant une pression monstre aux autres états de par sa puissance, puis vient Mür, le quatrième pays des plus grands, au sud, tout au sud, connu pour ses traditions, mais surtout pour avoir dompté en premier l'unique océan du globe. Les autres sont plus jeunes, et résultent soit de gouvernements calmes, soit de colonies sur la grande presqu'île de Djakitchan. Ce dont on ne parle pas, c'est de l'apeurante, et non-rattachée à un pays, jungle de Latcalis, une énorme zone où les monstres les plus terrifiants et gigantesques – atteignant presque deux mètres humains – pullulent et vivent en continu.
On pourrait y aller au cas par cas, mais l'histoire parle d'un couple talien.
Il y a dix-neuf ans, une guerre civile ravagea Talia. Le gouvernement, alors tourné vers la fusion de la mégalopole avec Morio, pays allié, fut renversé par les détracteurs, et les nouveaux dirigeants refusèrent. Seulement quatre mois après, ce même nouveau gouvernement tomba, de la main d'un groupe de terroristes. Adoptant un régime totalitariste, le développement de l'armée et de l'isolement – en passant par la construction d'épais murs tout autour du pays – passa en priorité, tout autant que la déclaration des nouveaux dirigeants de se préparer en vue d'une guerre généralisée. Les pays voisins, à savoir et surtout Morio et Kurimu, communiquèrent leur mécontentement, mais furent ignorés. Toutes importations et exportations furent stoppées suite à la découverte d'un gisement gigantesque de Zaka dans le nord du pays.
Malgré tout, le gouvernement morien – en étroite et secrète collaboration avec celui de Kurimu – ont envoyés des hommes – et deux en particulier - pour constituer une rébellion secrète à l'intérieur même de Talia. Ils frappent, suivant le groupe, soit dans l'ombre, soit publiquement de grands édifices militaires...et ils frappent rarement, mais sûrement.
Ce changement politique soudain fit sombrer le pays dans la terreur. Chaque individu apte passe son service militaire à quinze ans, et si ses capacités ne sont pas reconnues correctes, il passera dans le service public. Les vieux et les anciens de profession restèrent pour la plupart aussi en activité .
Après un an de règne, la dictature pouvait se targuer d'avoir augmenté son nombre de soldats de 8%, valeur qui doubla l'année suivante.
Cette omniprésence de la fonction militaire valut de strictes lois visant à assurer à Talia la perfection de chaque personne, et ce, notamment en éliminant les inaptes mentaux ou physiques graves : Dès la naissance, un enfant, par exemple, ayant des troubles cérébraux, ou handicapé – comme ayant un bras de moins – sera abattu. Si la famille s'y oppose, ils seront aussitôt éliminés pour insubordination.
L'horreur était installée partout, pas d'autre choix que d'obéir.
* * *
Alors qu'ils ressortaient de chez eux, prenant leurs affaires personnelles les plus importantes, le couple et leur enfant, qui habitaient dans une souche près de la frontière sud de Talia, détalaient vers l'ouest, où ils pourraient trouver refuge. Ayant passé l'enfant à sa moitié, le père échangeait des messages avec on ne sait qui avec son communicateur portable. L'état d'alerte avait été sonné dans le lotissement, et plusieurs agents de la loi furent dépêchés sur les routes principales. Les fugitifs ne pourraient pas s'en sortir, en théorie.
Seulement, le père ne savait alors pas ce qu'il risquait en prenant ce petit chemin, à la frontière même, mais alors à la limite géographique précise de Talia...avec Latcalis, prenant la forme d'un gouffre insondable séparé de la mégalopole par une falaise non protégée.
Juste là, et c'était peut-être une malheureuse coïncidence, un soldat s'était éloigné pour faire profiter à la jungle une petite averse jaunâtre, et il était armé. L'homme tenta quelque chose, et il dégaina son arme, arme qu'il avait caché de nombreuses années durant au cas où : L'épine – car utilisant les bienfaits de la gigantesque nature, les armes à feu tirent de petites mais solides épines – atteignit le bas de son dos, le faisant chanceler puis s'écraser sur le sol.
Grave erreur d'oublier de l'achever.
Le soldat, qui hurlait à la mort, sortit son arme à lui, et hésita sur quelle personne abattre...et il prit sa vengeance : L'épine ne fusa pas dans un point vital, mais pénétra, puis se logea, dans la cuisse gauche du père. Lequel s'écrasa lourdement sur le sol, faisant chuter son flingue qui glissa plus loin.
Alertés par le bruit des deux tirs, d'autres hommes vinrent juger la situation et virent l'homme à terre, ainsi que sa femme qui le tenait fermement :
-Allez, lève toi ! Vite, ils arrivent !
Il arracha le projectile meurtrier et souleva son genou, mais la douleur le retint au sol :
-Non...Je suis fini.
Il serra les dents, d'une part pour la douleur, d'une autre parce que se sachant condamné. Il donna ses instructions en fixant le visage affolé de sa conjointe :
-Prends le pistolet, tu sais où aller, et ne t'arrêtes pas ! Sauvez vous, et restez en vie !
- NON ! Je ne peux pas te laisser là ! Qu'est-ce qu'il deviendra sans son père ?
-Je sais qu'il me vengera. Allez, partez, ils arrivent !
Elle le baisa sur le front en laissant échapper une nouvelle salve de larmes. Détalant en arrière, le bébé tenu contre sa poitrine, elle se jeta sur le pistolet pour le saisir...
...et ses trois épaules gauches furent criblées d'une épine.
L'enfant, dans un petit drap blanc, tomba avec douleur sur le sol et hurla de douleur.
Derrière eux, le petit klimien aux yeux violets de l’hôpital, accompagné de son acolyte baraqué et de plusieurs policiers. Il était responsable de l'habile tir sur la mère, et le rictus sur son visage témoignait de la sadicité dont il faisait preuve.
Il avançait, dans son petit uniforme rouge, son arme tendue droite devant lui, et en arrière, une dizaine de soldats étaient en joue sur le couple. Un peu plus au fond, deux hommes supportaient le corps du soldat précédemment blessé.
Un cri déchirant provint de la gorge de la jeune mère, qui ne put que soumettre ses dernières volontés:
- Laissez-le vivre ! LAISSEZ-LE !
Une démarche vive témoignait de la stature du klimien aux yeux violets, et il s'approcha du couple à terre. Quand enfin à un mètre d'eux il fut, il laissa plaça au jugement :
-Vous êtes des ennemis de l'état, et ce sens, vous devez être éliminés. L'enfant ne fera pas exception.
Si madame veut bien coopérer, nous pourrions envisager de vous laisser en vie. Pour monsieur, les blessures envers un soldat sont condamnables, vous comprendrez aisément qu'il faille vous tuer.
Un long silence, révélateur de l'opinion et de la décision des fugitifs. La femme jeta un regard attristé vers les deux personnes qui lui étaient le plus cher, et baissa les yeux.
Le chef des soldats pointa son arme en direction du crâne de la mère, et il faillit presser la détente...
…quand alors le père, qui se déplaçait lentement mais sûrement, se saisit de son arme, et tira.
La main droite de l'homme aux yeux violets fut traversée de parts en parts, et il lâcha son arme dans un cri de douleur. Derrière lui, les gardes se retinrent de tirer, ayant peur de viser leur supérieur, ils attendirent donc un signal qui ne tarda pas :
-Aaaaaaaaaaaah ! Achevez les !!!
Il se jeta sur le coté, et dix sons identiques, qui n'en firent qu'un seul, crachèrent une épine.
La femme, elle, ferma les yeux. Inconsciemment, le bébé, lui, les ouvrit. Il distingua son père, dans une bien fâcheuse posture.
Et faisant barrage, son dos était percé de tous les projectiles.
Son visage s'éteignit sans attendre, mais il put adresser à sa femme un dernier sourire, puis s'écroula, décédé. Il s'était interposé et les avaient sauvés. Le sang se propagea extrêmement vite et déjà ils pataugeaient dedans.
Le soldat le plus proche de tous courut alors pendant la phase de rechargement de son arme vers la femme, pour l'abattre. Elle, elle s'agenouilla, et pleura abondamment : Elle ne pleurait pas parce qu'elle allait mourir, mais parce que son fils ne pourra pas vivre !
Alors dans un dernier soupir, elle regarda son fils, baignant dans le sang, et son mari. Elle décida de copier sa moitié, et sourit. Elle leva les yeux au ciel, et le projectile de mort enclencha sa course.
L'enfant hurla de plus belle, entouré de deux cadavres.
Le chef des soldats se redressa en hurlant et en se tenant sa main meurtrie. Il reprit son calme et regarda le bambin avec des yeux injectés de sang. Tout son sadisme lui dicta sa conduite :
-Amenez moi le gamin !
Le baraqué de l'hôpital n'enjamba pas les corps : Non, il s'en servit de support pour ne pas salir ses bottes. Quand enfin il fut à porter, il souleva le bébé qui se débattait par réflexe, et l'emmena vers son acolyte.
Le sadique donna une claque au bébé, sans prendre la peine de supporter son poids, puis lui susurra :
-Toi morveux...C'est de ta faute si je souffre ! Regarde ma main !
D'un mouvement de doigts, il fit signe au baraqué de le suivre vers la falaise :
-Il aura le droit à un sort différent.
Il souleva le bébé et l'emmena près du vide de Latcalis. Mais en le dévisageant, il fut prit d'une autre idée : Ce gosse devait souffrir plus !
Alors il sortit une épine de son chargeur et plaqua le bébé sur le sol. Il fut pression sur son dos et il donna un violent coup de poing dans les ailes du bébé, lesquelles se détachèrent et furent brisées. Enfin, il planta, et ce malgré les pleurs incessants, son épine dans son dos de nouveau-né, et y grava une inscription :
-Souffre ! Déchet ! Déchet ! Déchet !
Il attrapa la jambe défectueuse du jeune enfant, qui explosait les records de décibels produits par un corps vivant, et lâcha le petit corps meurtri du bébé près de la falaise, sans attendre plus que ça.
Le petit être s’enfonça rapidement dans l'immensité noire de Latcalis, et nul doute qu'il ne lui restait que vingt secondes à vivre.
Haletant d'énervement, le chef garda assez de sang-froid pour ne pas abattre juste pour déstresser un soldat qui lui amenait des bandages.
Des petits bips sonores se firent entendre de par la sacoche que possédait le mari. Le baraqué y trouva un communicateur, quelqu'un avait envoyé un message, et il ne le lit pas, préférant appeler son supérieur pour savoir quoi faire :
-Monsieur, que fait on des corps et de ce communicateur ?
-Jetez-les aussi, Latcalis se chargera du nettoyage.
Il s’exécuta. Les parents allèrent rejoindre leur enfant, tout comme la petite machine.
Alors que la troupe faisait passer le message de la résolution du problème de fugitifs, le baraqué alla poser une question :
- Monsieur, l'enfant, vous lui avez mutilé le dos ?
-Oui, et alors ?
-Je me demandais...
-J'ai marqué un mot dans la langue de ma mère.
-Qu'est ce que ça veut dire ?
- « Déchet ».
-Quel était le mot ?
Décidément, il lui posait beaucoup de questions. Enfin, autant le lui répondre :
-Ginue.
---------------------------------------------------------------