pour tous vos commentaires. On fera tous les deux une réponse appropriée quand on aura un peu plus de temps libre, vu que c'est la période des exams, c'est pas facile :/
La main droite du vieux scientifique violentait le bouton “reboot”.
La gauche s’excitait quant à elle sur la poche unique de sa vieille chemise blanc crème. Les enfants font parfois les poches de leurs vieux jeans, à la recherche de quelque petite monnaie oubliée. Gero, lui, était en quête d’une cigarette rescapée et d'un briquet.
In fine : rien d'intéressant ne fut déterré des méandres de la chemise.
La poche arrière du pantalon imbibé de mercurochrome fut alors immédiatement prise d’assaut.
C-F avait coupé la communication et Gero n’arrivait pas à la réengager.
Pire : tous ses écrans muraux s’éteignaient d’eux-mêmes, les uns après les autres, de plus en plus vite, sous son regard vitreux et impuissant. Le mur revêtu de plâtre débordait pourtant son champ de vision, trente mètres de large pour dix de haut, enchâssant 59 écrans en tout. Qui s’éteignaient tous un à un, sans explication. Sinon qu’il avait été victime d’une cyber-attaque.
Lui.
Gero.
L'attaque virtuelle du centre informatique et le highjacking de C-F avaient probablement le même auteur.
Qui ?
Wheelo ?
Bulma ?
Lévis ?
C-F lui-même ?
Gero ne savait pas lequel.
Mais c’était forcément l’un de ces quatre-là.
Ses mocassins s’aplatirent violemment au sol. Il fit pivoter son fauteuil et sortit en trombe de la salle informatique, non sans donner le plus formidable coup de pied de sa vie dans la première chose qui lui tomba sous la chaussure. Puis la porte claqua.
Énervé… oui, il l'était. C-F valait beaucoup plus cher que Winter, sur le “mercato” général.
Mais surtout… il y avait Gordon qui se jouait au milieu de tout ça. La balle de match.
Gero traversa un premier couloir… puis un patio…… s’annonça alors le petit jardin japonais, surgit une cave à vin…… vint une source thermale laissée au naturel… survint une passerelle…… que ponctua une autre source thermale. Suivit un autre patio……
…… ouvrant lui-même sur un nouveau couloir.
Gero se perdit trois fois, avant de pester contre la folie des grandeurs.
Contre la hauteur vertigineuse du bâtiment aussi, qui ne se devinait, en intérieur, qu'à travers les vitraux les moins opaques.
Ce gigantesque dédale répudiait le plat pays, préférant compter fleurette aux cambrures cotonneuses du ciel.
C’était un complexe fiché dans les montagnes, en un mariage littéralement fusionnel.
Une technopole à mi-chemin entre bâtisse scientifique, donjon old-school, et villa balnéaire de très haut standing.
Le genre à figurer pour plusieurs dizaines de millions dans les annonces immobilières.
Gero n’y avait pas consenti un rond. Le domaine ne lui appartenait pas, d’ailleurs. Il appartenait à C-F, qui l’avait conçu par jeu, sur son temps libre, et s’y retirait parfois, satisfaisant à ce goût de l’ostensible hérité de son ancien lui.
Gero n'avait pas manqué de remarquer qu’au fil du temps, le robot renouait de plus en plus avec sa personnalité d'origine.
Celle de Freezer.
Pourtant, chose incroyable, C-F ne rechignait jamais à arborer son éternel tablier rose.
Etait-ce un bug ?
C-F était-il buggé ?
Gero farfouilla dans sa mémoire… aussi loin qu’il se souvienne, le robot n’avait jamais semblé incommodé par ce tablier ridicule, même en face de tiers humains. Hiéronimus venait d’ailleurs de croiser certaines des ouailles et autres convives de C-F, tandis qu’il arpentait les patios jalonnant sa route. Autant de courtisans qui auraient confirmé leur étonnement de n'avoir jamais vu C-F se séparer de son tablier.
Ces personnes constituaient le cercle privé du robot, ses adorateurs au nez enfariné. Des gens de la haute pour la plupart, totalement déconnectés de la réalité… jusqu’à croupir dans l’ignorance d’une fin du monde pourtant imminente. Ils barbotaient encore dans un jacuzzi en plein air — à l’eau rapidement saturée de vanité — lorsqu’un coup de vent blanc crème aux relents de mercurochrome leur était passé sous le nez. Seul le trait de fumée tabagique, laissé à la traine, les avait renseigné sur l’identité du furtif passant.
À savoir la seule personne en ces lieux qui pouvait commettre l’impair de fumer une marque si peu prestigieuse.
Gero, tandis qu'il traversait encore le domaine, se demandait s’il n’y avait pas quelque part — dans l’infini dédale de puces et de fils électriques parsemant l’intérieur de la boîte crânienne du robot — un petit brin de lumière réflexive. Gero s’était posé la même question pour C-16 à l’époque, se demandant s’il n’était pas parvenu à en faire un ersatz d’être conscient de lui-même… sur un malentendu.
Oui… Hiéronimus en était désormais certain, il n’y avait pas 36 options.
Soit C-F était buggé.
Soit conscient. Comme les autres cyborgs. Comme Winter….
Depuis quand ?
C-F n’en avait jamais parlé.
Mais Gero n’avait jamais posé la question non plus.
En tout cas, il raya rapidement la première hypothèse : Non, C-F n'était pas buggé ou défectueux.
Si ça avait été le cas, alors cela impliquerait que son créateur ait commis une erreur lors de sa conception.
Or, Gero avait atteint le sommet de son art depuis quelques années. Il ne commettait plus d'erreurs.
Aucune coquille ne se glissait jamais dans ses équations.
L'explication était donc l'inverse d'un bug.
Gero n'avait pas manqué de talent, au contraire, il avait était beaucoup trop talentueux.
C-F avait transcendé la fatalité de sa condition de non-être.
L’histoire d’un robot promu homme, sans autorisation.
Célébrant cette inespérée gradation… en s’arrogeant le droit de décider, comme tout homme, de son destin.
Célébrant cette inespérée gradation… en kidnappant le fils de son créateur ?
Gero maudit son génie tandis qu’il traversait un énième couloir… et puis un autre……
Une question demeurait irrésolue : C-F avait beau être devenu conscient… il ne pouvait pour autant pas agir en contradiction avec son programme informatique. Or, il ne pouvait pas non plus se hacker lui-même, Gero avait pris cette précaution dans son code initial.
Pourtant, si C-F avait pu désobéir à Gero… c'est bien qu'il avait trouvé un moyen ou un autre de contourner son propre programme. Il avait donc nécessairement fait appel à un hacker extérieur. Mais là encore, il y avait quelque chose qui ne collait pas. Le programme de C-F lui interdisait justement la possibilité de recourir à une aide extérieure pour faire sauter ses verrous informatiques. La question initiale restait donc intacte : comment C-F avait-il fait pour se libérer de ses chaînes virtuelles… et qui l'avait aidé ? Et surtout… en échange de quoi ?
Gero se posait encore la question. Redoutant le pire.
Il gravissait au pas de course une large et sublime route en pente, taillée à même le flanc de la montagne. Cette route, très récemment goudronnée, enivrait par ses senteurs, mêlées à l’air frais typique des lendemains de pluie… au milieu des montagnes qui baignaient toutes, en cette heure religieusement silencieuse, dans l'inégalable aura du coucher de soleil, aux cinquante nuances d'orange, auxquelles Gero ne s'intéressait pas. Son esprit était ailleurs. Et bientôt, sans le voir venir, le vieil homme déboucha sur un ultime pont périphérique.
Monumental celui-ci. Infiniment long, suspendu au dessus du vide exorbitant… et reliant deux bâtiments cubiques, pôles technologiques du complexe, chacun engoncé dans un titanesque piton de roche. Le pont, tout de métal, sonnait comme un claquement de dents trop près des oreilles, à chaque plus petit pas de Gero. Il lui en faudrait pourtant bien un bon demi-millier avant de pouvoir atteindre l’autre rive.
Le ciel flamboyant, nu de tout nuage, exhaussait d’autant la présence des astres indiscrets, encombrants squatteurs de toutes tailles et de toutes teintes… qui dominaient cette voûte insondable dont Gero semblait tellement proche, sur ce pont trop haut perché.
En regardant en bas, entre les lames épaisses de la passerelle, Hiéronimus put entrevoir certains corps célestes.
En levant la tête : pareil. En regardant à droite…… à gauche, aussi. Certains astres lui semblaient très éloignés, d’autres peu. D’autres encore tellement proches… qu’il aurait juré pouvoir les toucher, rien qu’en étendant le bras par dessus les suspentes métalliques.
Le vent se leva.
Balayant vers le Nord, l'éternelle pluie bleue comme peinture.
Il souffla bientôt assez fort pour que le vieil homme doutât de sa capacité à gagner l’autre bord. Lui qui était fin comme un peigne.
Gero progressa en s’accrochant laborieusement aux suspentes…
Au terme duquel douloureux effort parvint-il à atteindre le dernier quart du pont, cerné par deux parois de roche qui avaient le bon goût de servir de paravents, sur lesquelles poussaient miraculeusement quelques champignons, entre deux touffes d’herbe.
Après quelques tests de sécurité — Hiéronimus put enfin s’engager dans le bâtiment.
Il atteignit rapidement le salon qui l’intéressait : le séjour principal de l’aile Est du complexe. Une fois de plus, la porte claqua.
Son regard blême se balada un peu partout, dans cette pièce d’un blanc criard. C-F aimait le blanc. Il aimait aussi la démesure. Des tables, beaucoup de tables. Des fauteuils… beaucoup de fauteuils. Des télévisions… beaucoup de télévisions. Beaucoup d'ordinateurs… et beaucoup de frigo-bars. Pourtant, la pièce était tellement grande… que n’importe qui la trouverait cruellement vide et trop peu meublée.
Une immense fenêtre au nord de la pièce, grande ouverte — et probablement oubliée en l'état depuis des semaines… par la conciergerie — expliquait la présence de tous ces nids d'oiseaux qui décoraient sporadiquement certains meubles et autres recoins perchés de ce gargantuesque séjour. La table basse au centre du salon — taillée à même la roche — faisait bien la surface d’un ring de boxe. Or, l’objet que venait chercher Gero se trouvait au milieu de cette table. Il dut alors se prêter à l’exercice saugrenu de monter sur le meuble poli et émaillé, pour en rejoindre le centre, en rampant. Au bout de quelques dérapages contrôlés, Hiéronimus arriva finalement à destination.
La cloche chromée.
La cloche couleur corail sous laquelle se trouvaient normalement les six dragon balls qu’il avait su amasser.
Le cœur de Gero battit la chamade.
Les dragon balls étaient-elles encore là ?
Ou C-F s’en était-il servi comme monnaie d’échange ?
Gero n’osait pas vérifier.
Sa main se posa sur l'anse du couvercle chromé. Mais il n’alla pas plus loin.
Il n’osait toujours pas soulever. Sa main resta alors figée, jusqu’à trouver un bon compromis : secouer la cloche, pour s’assurer, dans un premier temps, qu’il y avait bien quelque chose à l’intérieur. Alliant le geste à la pensée, Gero agita l'objet, fiévreusement.
Le cliquetis caractéristique des dragon balls fit faire un salto au cœur fragile du vieux docteur.
Mais ça ne suffisait pas pour lui donner le sourire. Il restait encore trop de questions sans réponses.
Et — alors qu’il allait lever le voile sur au moins l’une d’entre elles — ses pupilles délavées tombèrent sur un objet jaune jurant avec le blanc partout présent. Il s’agissait d’une grande feuille de papier, trônant au nord de la table vernie, pile au bord. Gero devinait bien que ce papier n’était pas jaune par hasard. L’idée était qu’il ne passe pas inaperçu. Un message donc, très probablement pour lui.
Le hacker ?
Une lettre de menace ? Une demande de rançon ? Des instructions ?
Gero rampa grossièrement vers le Nord, jusqu’à arriver à bon port.
Il s’assit sur le rebord de la table… saisit la feuille entre trois doigts tremblants… et la déplia, tout en mâchouillant nerveusement le filtre de sa cigarette… laquelle pendouilla bientôt au bout de ses lèvres déclouées par la surprise…
Cette écriture…
C’était celle de Gordon.
Salut p’pa !
Je t’écris cette lettre, et ce sera la dernière.
Juste pour t’informer du fait que — tu t’en doutes — C-F ne t’appartiens plus.
Disons que j’avais la flemme d’attendre que tu crèves pour me le donner en héritage.
Les épaules de Gero se décrochèrent. Sa tête de décrocha. Sa mâchoire se décrocha.
Ses yeux aussi…… se décrochèrent, ils ne regardaient plus nulle part. Le vieux scientifique resta statufié, dans cette position mi-avachie, de très, très longue secondes. Le vent, qui s'engouffrait par la gigantesque fenêtre encore ouverte, voltigeait dans ses vêtements et ses cheveux, comme désespérément désireux de redonner au vieux retraité l'air d'un être vivant et animé. Les pensées du vieil homme, auparavant claires comme une vidéo en haute définition, désormais ne valaient guère plus qu'un écran de télévision à l'image grise, totalement parasitée.
L'image revint — en couleur et en 4k — quand il eut la bonne idée de reprendre sa lecture. Du moins pour les trois premiers mots.
Non je déconne =p
Ou pas.
Bon en fait je me suis un peu amusé à le bidouiller dans ma chambre avec mon propre PC quand j’avais rien à faire la nuit. Tu sais que j'aime bien voler sur le dos de C-F, le plus haut possible dans le ciel. Du coup au début je le bidouillais surtout parce que je voulais faire sauter la limite de hauteur que tu avais programmée. Puis ça a pris d'autres proportions. J’étais obsédé à l’idée de devenir admin à ta place.
Ça se peut aussi que j’ai piqué deux-trois trucs dans ton labo…… avec la complicité de C-F lui-même.
Et là tu te dis probablement que c’est impossible, que je n’ai pas les connaissances qu’il faut pour trouver le chemin du panneau d’admin ou pour faire démarrer C-F en mode système. Sans compter qu’il ne m’aurait jamais aidé à le hacker.
Disons que j’ai de qui tenir.
Non, pour de vrai… c’est bien C-F lui-même qui m’a aidé. Il m’a fait un chantage bizarre d’ailleurs.
En gros il acceptait de m’aider à devenir admin si j’acceptais de devenir ami avec Gohan. Une histoire de “fonction racine prioritaire”, j’avoue que j’ai toujours pas bien compris. Askip, tu aurais programmé C-F pour qu'il fasse en sorte que Gohan et moi soyons amis, de sorte qu'une fois que ce serait le cas, tu pourrais t'empêcher toi-même de faire du mal à Gohan, de peur de me faire du mal à moi. C'est ça le délire ? P'pa t'es vraiment tordu des fois hein Oo. Mais bon… du coup, cette fonction racine, du fait qu'elle était prioritaire, a permis à C-F de contourner l'interdiction de recours à une aide extérieure. Et maintenant tu sais pourquoi je traînais dehors avec Gohan, parfois.
Bref, désolé. C-F a choisi son camp. Et moi je l’ai vendu.
Oui, tu as bien lu.
J’ai vendu C-F. Il ne m’appartient plus à l’instant où je t’écris. Il a un nouveau propriétaire.
Bordel, si je te dis c’est qui, tu me croiras pas !!
Toujours est-il que oui, j’ai vendu C-F.
Mais !
Mais…
Je ne l’ai pas vendu pour des clopinettes.
(arrête de balancer la cendre sur le tapis… C-F ne sera plus là pour nettoyer…)
Gero poussa un juron inaudible.
Il venait effectivement de se débarrasser d’un bloc de cendre sur le tapis couleur lavande.
Je me suis fais des couilles en or papa ! Entre nous, l’acheteur, je l’ai pigeonné.
On s’est fait des couilles en or ! Jackpot !
Sayonara les rêves inaccessibles.
C’est la fin de tous nos problèmes.
La fin des emmerdes…
La fin de notre relation aussi.
Fallait bien que ça s’arrête un jour. Il n’est de bonne compagnie qui ne se quitte, pas vrai ?
On s’est bien amusés quand même !
Bon allez, trop de suspens, ouvre la cloche en verre…
Le vieil homme resta figé un instant… avant de retourner au centre de la table. Cette fois, c’est exempt d’hésitation qu’il s’empara de la cloche… pour la jeter au loin sans délicatesse aucune. Et lorsque ses yeux descendirent, il poussa un “Et quoi ?” tout haut.
Il n’y avait en effet rien de spécial sous le couvercle, à part les boules de cristal.
Mais c’est lorsqu’il les compta… que la cigarette de Gero tomba enfin de sa bouche pour aller noircir le verni blanc de la table ronde.
1…
2…
3…
4…
5…
6…
7 !Hiéronimus reporta immédiatement son attention sur le papier qu’il avait encore en main, et reprit le texte là où il l’avait laissé.
Les dragon balls…
Au complet.
C’est bien ce que tu voulais ? Ce dont tu avais toujours rêvé ?
Eh bien voilà. J’ai troqué la dernière qu’il te manquait contre les droits d’admin de C-F. L’acquéreur a accepté assez facilement d’ailleurs. (non je ne te spoilerai pas, de toute façon je pense que tu vas pas tarder à recevoir une petite visite…… ne panique pas quand tu le verras, il te demandera simplement de lui céder un vœu puis te laissera les deux autres.)
Bref, Elles sont là maintenant, toutes les sept. Actives et à ta totale disposition.
Tu peux formuler trois vœux, quand tu en as envie (enfin, deux, du coup…). Même maintenant, si ça te chante.
Voilà, voilà. Amuse-toi bien.
De mon côté, je me dirige avec C-F vers la zone d’atterrissage de “la Chose”. Elle va débarquer d’une minute à l’autre, selon lui.
Je veux la voir.
J’ai négocié un sursis avec l’acquéreur, du coup j’ai encore le droit de garder C-F pour moi jusqu’à 19 heures ce soir… et d’ici là je crois que je vais m’amuser un peu avec lui, en volant tranquillement dans le ciel. Beaucoup plus haut que la limite que tu avais fixée =p
Sinon, le dîner est déjà prêt. Il est au four, il n’y a plus qu’à réchauffer. Faut racheter le ketchup par contre.
N’oublie pas aussi de débrancher ma console dans ma chambre, ça consomme ce truc-là, mine de rien.
Et n’oublie pas de nourrir Jamaal tous les jours aussi, s’il te plait. Mais évite les croquettes.
Ne m’attends pas pour le dîner.
Je ne reviendrai pas.
Je m’étais fixé un objectif ces dernières années. T’aider à réaliser ton rêve. Et je savais que dès que j’y arriverais… je partirais ensuite, définitivement. Mais tu ne manqueras pas de compagnie. Je suppose qu’avec les dragon balls… tu vas ressusciter ton fils.
La gorge de Gero se resserra. Gordon n’avait pas écrit “ton autre fils”. Simplement “ton fils”.
Passe-lui le bonjour de ma part.
J’aurais bien voulu le faire moi-même, mais je ne peux pas, je ne saurais pas trop te dire pourquoi.
Même toi, je ne peux plus te regarder dans les yeux.
Même avec toute la force d’auto-persuasion du monde, je n’arriverai pas à revenir à la maison. Dès l’instant où il sera revenu dans ta vie…… je me sentirai comme l’étranger. L’autre. Le surplus. Je n’ai pas la force…… je n’ai pas la force de revenir……… papa.
Non franchement, je veux pas faire pleurer dans les chaumières, mais entre nous, avoue que ça n'aurait pas de sens que je revienne.
On s’est bien amusés quand même !
Au revoir, et merci pour l’escale, Hiéronimus.
Ps : ne me cherche pas.
Les bras de Gero tombèrent lourdement le long de son corps.
Le froid de la roche blanche tenta de lui lécher les doigts.
Il en eut la langue gelée et bonne pour l’amputation.
Au même moment, très loin de là… Gordon fit signe à C-F, en lui tapotant l’épaule.
Ce dernier obéit et coupa la caméra-espion de l’insecte robotique qui planait discrètement au dessus de la tête de Gero.
Gordon retira son visiocasque… puis le rangea dans une capsule qu’il écrasa dans sa main avant de la jeter par dessus bord.
— Tu as été très dur avec le docteur, souffla C-F, tandis qu’une plaine d'herbe verte s’esquissait progressivement en contrebas.
— Il n’aura pas le temps de me pleurer… “La Chose” va s’appliquer à tous nous tuer dans quelques instants.
— Tu parles comme si tu savais de quoi il s’agit. Qui te dit que c’est un être vivant ? C’est peut-être simplement… une…… Chose.
— Après la grande saga Freezer et la non moins mémorable saga Cell… viendrait une simple “Chose” ? Nan j’y crois pas. Jamais deux sans trois. C’est encore un être vivant. Toi et papa vous pensez qu’il va entrer en collision avec la Terre du fait de sa vitesse, n'est-ce pas ?
— …
— Eh bien moi je pense que même à trois petits centimètres du sol et avec une vitesse de 9999999999 km/h… cette créature sera capable de freiner et de se poser comme une fleur. Ce qui ne change rien au fait que - et là tu peux me croire sur parole - dans quinze minutes grand max, il n’y aura plus sur Terre ni frères, ni pères, ni mères, ni super sayen 2, ni héros quelconque. Il n’y aura plus qu’un spam massif de Taiyōken et une masse informe de gnous qui courent pour sauver leur peau.C-F amorça enfin l’atterrissage qui se faisait diablement attendre par un certain quelqu’un qui — trop impatient — n’attendit même pas que le robot ait été au bout du processus et sauta directement sur l’herbe. Un frisson parcourut alors le corps de Gordon, de la pointe des pieds à celle de ses longs cheveux noirs
qui n’avaient jamais vu un peigne ; il avait sous-estimé ce petit saut de cinq mètres.
Lorsqu’il redressa fébrilement le regard, rien d’autre qu’une infinie plaine d’herbe verte ne se présentait à sa vue. Sinon Mars et Vénus, côte à côte, haut dans le ciel. Un tableau épuré s’il en est. Un Éden perdu au beau milieu de nulle part. Ou l’arène du début de la fin.
Gordon fit un signe de tête à C-F. Ce dernier se mit alors à faire quelques pas droit devant lui, dépassant bientôt la position du jeune adulte qui de son côté sortait une capsule de sa poche pour la jeter au sol. L’instant d’après, un transat surmonté d’un parasol lui ouvrait les bras, avec une mignonne petite table de jardin sur laquelle reposait un verre de jus d’orange. Gordon prit ses aises.
Il reporta ensuite son regard sur C-F et fit au robot un nouveau signe de tête.
L’ex-automate pointa alors un doigt vers le sol et — d’un épais rayon laser — traça lentement une croix noire, supposée marquer précisément la zone d’atterrissage de la Chose, calculée par lui-même. En dessous de cette croix… C-F grava au laser, toujours sur demande de Gordon, un “Welcome to Earth” stylisé… en lettres géantes et capitales. Ceci fait, le robot revint sur ses pas jusqu’à se poster à la gauche de Gordon.
Ce dernier sortit une nouvelle capsule de sa poche et l’activa. L’instant d’après… sa petite table de jardin se voyait garnie de boissons et apéritifs divers, sans oublier les très nombreuses pâtisseries en droite provenance des ateliers des plus grands chefs du pays.
La table ainsi dressée était nettement plus belle que toutes les vitrines de bijouterie du monde.
— Il ne sera pas dit que les terriens ne savent pas recevoir ! scanda gaiement le fils adoptif de Gero… avant d’éternuer subitement, ayant pris froid du fait de son pantalon encore honteusement mouillé depuis son saut de l’ange pas si angélique.
Il se passa l’avant-bras sous le nez… avant d’essuyer ce même avant-bras sur le tablier rose de C-F à sa gauche.
Gordon prolongea le mouvement en tendant deux verres de jus d'orange sous les yeux du robot.
— Jeffrey… remets-nous des glaçons ♪.
C-F désarticula sa main droite avant de souffler dedans.
Il ouvrit ensuite cette même main et agrémenta les verres de Gordon de trois glaçons chacun.
Un silence courut alors, à petites foulées. Puis vint le temps des dernières paroles.
— Je dois y aller maître Gordon. Il est bientôt 19 heures, et il faut honorer ta part du contrat.
— Je comprends. Merci à toi de m’avoir emmené jusqu’ici.Une lueur blanche, qu’on eut pu prendre — à tort ou à raison — pour une émotion, traversa le regard de C-F.
— Il reste cinq minutes avant 19 heures, si je fais vite… je peux encore t’emmener loin d’ici, en sécurité.
— Nan, c’est gentil, mais mon épilogue aura lieu ici. Y’a pire quand même. Vise un peu ce coucher de soleil.
— La Chose va atterrir ici, et si elle ne détruit pas la planète sur le coup… alors tu seras probablement sa toute première victime.
— Mourir est un art comme un autre. C’est pas ce que te répétait ton père, à l’époque ?
— …
— Comprend que je n’ai pas envie que la mort me prenne en levrette, comme elle le fera avec tous les autres. Tu vois, moi, je discute avec la mort, face à face. Je DIS-CUTE avec la mort. Comprends-tu ?
— … Je comprends surtout que tu es complètement con, maître Gordon.
— M’en suis-je jamais caché ?
— …
— Et puis entre nous… s’il s’avère que la Chose ressort satisfaite de l’accueil que lui est fait ici… et que par le plus grand des hasards… il se trouve qu’elle aime la bonne nourriture… et décide de s’asseoir à ma table. Tu devras retirer tout ce que tu viens de dire.
— 10 zenis que tu mourras du simple impact de l’atterrissage de la Chose, souffla C-F en sortant un billet vert de son tablier… pour ensuite le poser sur la table de Gordon.L’adolescent marqua un temps de surprise… avant de sourire très sobrement.
Il fouilla dans les poches de son pantalon… et en ressortit bientôt un billet de dix… qu'il posa à côté de celui de C-F.
— Dis-moi, C-F… tu as quand même conscience que si je perds… je ne pourrais techniquement pas te rembourser ?
— Alors, ne perds pas.Gordon marqua un nouveau temps de surprise… avant de sourire encore une fois aussi sobrement que possible, tout en détournant soudain le regard… pour ne pas laisser entrevoir le fait qu’il était présentement ému par le subtil témoignage d’amitié que lui faisait cette personne… qu’il avait lui-même toujours vue comme un membre à part entière de la famille, plutôt qu’un simple domestique.
— Combien de temps avant qu’elle n’arrive ? se ressaisit le jeune adulte, sans laisser l’émotion teinter sa voix.
— Cinq petites minutes. Et je le répète : tu seras sa première victime.
— Je serai aussi la première personne à l’avoir vue dans les yeux, nez à nez.
— Ça vaut le coup de mourir ?
— Je suis mort il y a longtemps, depuis le jour où mon père m’a appelé Samir, sans faire exprès.
— …… C’est votre dernière bafouille, Guy ?
— C'est ma dernière bafouille, Marcel.
— …… Ainsi soit-il.
— ‘fin… à vrai dire, j’ai bien l’impression d’oublier quelque chose depuis tout à l’heure… mais j’arrive pas à voir quoi.
— ……
— Nan vas-y laisse tomber. File.
— … Adieu.
C-F tourna les talons… s’éloigna de quelques pas… et décolla sans plus de cérémonie.
Gordon le regarda s’éloigner… et lorsque le robot ne tint plus qu’à point au loin, le jeune fils adoptif de Gero s’en retourna à son transat et à son verre de jus d’orange. Trois grosses gorgées de cette boisson trop froide lui valurent une “céphalée de la crème glacée” qui le fit frissonner. Et pour le coup, ça lui avait peut-être aussi rafraîchi les idées. Car il se souvint au même instant de ce dont il cherchait désespérément à se rappeler… juste avant le départ définitif de C-F. Le regard de Gordon se figea alors passablement dans le vide.
L’interrupteur, dont C-F avait précisé qu’il concernait quelqu’un d’autre que lui-même.
L’interrupteur vert/rouge, que ce-même C-F lui avait demandé de remettre à sa position initiale.
Gordon se souvenait maintenant. La position initiale, c’était le vert.
Or, il l’avait laissé au rouge.
~~~~~~~~
Piccolo se laissa tomber du palais de Kami, en chute libre durant une bonne grosse poignée de secondes. Il chutait droit comme un piquet et atterrit exactement dans la même position, les deux pieds solidement ancrés au sol. Il se mit alors à faire les cent pas, ressassant les infos qu'il avait pêchées plus haut. Une histoire de fusion des univers, de course contre la montre, d'Armageddon, de Dieu de la Destruction…
Il n'avait pas vraiment tout capté… mais en gros : la Terre était à nouveau en danger d'extinction. Apparemment elle avait même des chances d'exploser. Retrouver les sept boules de cristal et les jeter hors de la marmite interplanétaire fut la première mission qu'il se donna. Malheureusement, la Terre était déjà envahie par une armada de gêneurs et ces derniers n'avaient eu de cesse de lui mettre des bâtons dans les roues. Des sayens principalement. Apparemment ces derniers étaient la race dominante d’une bonne moitié des univers.
Et certains savaient parfaitement sentir et cacher leur énergie.
Histoire de ne pas être repéré… et d’éviter une destruction hasardeuse des boules de cristal par quelque dégât de zone imprévu, Piccolo s’interdisait la danse de l'air, résolu à confiner son énergie autant que possible. Quitte à se déplacer au sol, en marchant.
Malheureusement, à pieds, la recherche des boules de cristal devenait mission impossible. Cornélien dilemme.
Il venait déjà de faire cent pas depuis son atterrissage et approchait son record, étant donné qu'il n'était jusqu'ici pas une seule fois parvenu à faire plus de cent-vingt pas… sans qu'un nouveau gêneur ne vienne le perturber. Cette fois-ci, c'était peut-être la bonne ; Piccolo continua de marcher et, au bout du pas n°149… s'arrêta. Son record s'en tiendrait donc à 149… puisqu'un nouvel arrivant venait d'atterrir à dix mètres de sa position. Piccolo croisa lourdement les bras… et fit un pas de plus, parce qu'il n'aimait pas les chiffres impairs.
— C'est dangereux de se balader seul par les temps qui courent. Je sais qu'en général c'est toi qui joues le rôle de garde du corps. Mais là, en l'occurrence, tu devrais en avoir un aussi, exclusivement pour toi tout seul.
— Je sais me défendre, ne t'inquiète pas, souffla le namek sans sourciller.
— Oui mais quand même, tu n'es pas n'importe qui. Tu es sous-coté mon pauvre.
— …
— On est d’accord ? Je te rappelle que sans toi, pas de boules de cristal. C'est pas rien.
—Et depuis quand tu t'intéresses aux boules de cristal ?
— J'ai entendu tout ce qui s'est dit au palais du Tout-Puissant ces dix dernières minutes.
— Tu as dû mal comprendre notre conversation dans ce cas.
— Enfin bref. C'est l'heure de mourir Piccolo.
— Ramène-toi. Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis la dernière fois.
Piccolo se mit en garde après avoir retiré sa cape et son turban.
Cell copia précisément la posture défensive du namek, avec un sourire en coin.
Un long silence s'étala alors aux quatre coins de la zone déserte, à peine brisé par les chuchotis du vent ; qui soufflait à Piccolo le prochain mouvement de Cell et à Cell le prochain mouvement de Piccolo. En conséquence, les deux adversaires portèrent presque au même moment deux doigts au front, et quelques secondes plus tard… la terre commençait à trembler, et les petites pierres… à décoller du sol.
— C'est ce que j'ai toujours aimé avec toi Piccolo, sourit Cell. Pas de chichis, pragmatisme… et incrédulité.
— Le temps que nos attaques respectives finissent de charger… J'aurais deux questions à te poser. La première : Es-tu le Cell de cet univers… ou celui d'un autre ? Deuxième question : combien de fois as-tu frôlé la mort ?
— Hm. Si je suis le Cell que tu as connu ? Quelle importance ? Tu me déçois Piccolo.
— D'accord. Tu ne répondras pas à la première question. La deuxième…
— Combien de fois j'ai frôlé la mort ? Haha, ce sont mes gènes sayen qui te font paniquer ?
— Plus tu perds de temps… plus tu m'en donnes pour charger mon Makkankosappo… et plus je t'en concède pour charger le tien. Mais tu rêves si tu penses que je vais te laisser le temps de concentrer un rayon qui soit à même d’être utilisé plus d’une fois par cartouches successives… alors si tu as l'intention de me répondre… c'est maintenant.
— Huh, c'est vrai que cette attaque met beaucoup trop de temps à charger. Mais ne me prends pas pour un crétin… de nous deux celui qui cherche à perdre du temps en conversation… c’est toi.
— …
— D’ailleurs, tu m’as déjà fais un coup du genre, lors de notre première rencontre. Ma mémoire n’est pas si défaillante.
— …
— Bon. Disons que j’ai frôlé la mort entre une et trois fois. Ça te va comme réponse, mon petit Piccolo ?
Les deux flashs jaune-violacé crépitaient toujours rageusement au bout de leurs doigts accolés tandis que les pierres qui avaient le malheur de flotter trop près de leurs corps finissaient proprement désintégrées. Les Makkankosappo quant à eux vrombissaient crescendo… et gênaient passablement la vue de leurs porteurs, déjà pressés de s’en débarrasser. Du moins, l’un d’entre eux.
— Bon, ça se passe comment, maintenant ? Je tire d'abord… et tu tires ensuite ? Ou alors… on le fait en simultané ? Ou encore… on y va au feeling, peut-être ? questionna Cell, joueur et taquin.
— Repose-moi la question quand tu sentiras un courant d'air dans ta tête.
— Okay…… je vois ce que tu as à l’esprit. Si par hasard je suis le Cell que tu as connu… et que je n'ai par conséquent frôlé la mort qu'une seule fois avant d'être jeté en enfer… alors tu te vois au jour d'aujourd’hui en mesure de survivre à mon Makkankosappo… et moi, à contrario, mourir suite au tien ? Par contre si je viens d'un autre univers ET que j'ai frôlé la mort plus d'une fois… alors tu penses que l’issue sera précisément inverse. Et tu as décidé de prendre le pari. C'est ça ?
— Rien ne m'oblige à jouer à ce jeu-là.
— Hmm ?
— Je peux très bien éviter ton tir par intuition et tenter d’assurer le mien. Indépendamment de nos niveaux respectifs.
— Si on la joue comme ça… alors personne ne tirera sur personne. On est bien avancés. Il nous faut un consensus.
— Tu veux un dessin pour t'expliquer que le premier à trouver une ouverture tire ?
— Trop classique, allons. Où est passé ton sens du sport ?
— Très bien. Tu veux jouer ? Alors on va jouer.
— À la bonne heure.
— Voici les règles : personne ne bouge… et on tire. Interdit d’esquiver. Interdit de se téléporter.
— Huh ! Woooo-ho-ho-hoow ! siffla Cell, sans camoufler son évidente surprise. Quitte ou double ?!
— Si on veut.
— Hahahahahaha ! Eh bien… pourquoi pas ?! J’accepte !
— Parfait.
— Le pigeon défie l’aigle, on aura tout vu…, sourit Cell, hautain, en ajustant quelque peu sa position de tir.
— On verra. Si tu penses que j'ai passé les sept dernières années à jouer à la marelle, tu risques d'être surpris.Vu qu'on a un poil de retard, on postera p-e un petit truc courant de la semaine, j'dis rien de plus