[fic en duo] Cogito Gero Sum

Faîtes-nous partager votre fibre littéraire en écrivant votre propre histoire mettant en scène les personnages de Dragon Ball et, pourquoi pas, de nouveaux ! Seules les fanfictions textes figurent ici.

Toi, oui toi, vénéré lecteur, vénérée lectrice, ton avis global sur CGS nous intéresse !

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Re: [fic en duo] Cogito Gero Sum

Messagepar omurah le Sam Mai 14, 2016 23:13

Thanks buddy, et content de voir que tu trouves ce chapitre sympa et la fic originale :)
On fera attention aux punchlines à l'avenir ;)
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Re: [fic en duo] Cogito Gero Sum

Messagepar xela26 le Dim Mai 15, 2016 2:11

Lawl, on pourra dire ce qu’on veut, Nabila a quand même de bonnes punchlines xD.
(à moins qu’elle ait piquée celle-ci à Booba, j’ai pas tracé le circuit x))


C'est Booba qui l'a pondue à la base il me semble :D
Cell: l'ascension de la terreur- Cell a vaincu Son Gohan lors du Cell game!! Quel sort réserve-t-il à la Terre?? Pour le savoir....viewtopic.php?f=42&t=5990
Chapitre 138: publié
Chapitre 139- 145: 90%- relecture, correction

Cell: Damned Souls- Les aventures parallèles de héros de "l’ascension de la terreur". Pour les connaitre:
viewtopic.php?f=42&t=6774
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Re: [fic en duo] Cogito Gero Sum

Messagepar Max le Lun Mai 16, 2016 0:43

Le bug forum m'aura finalement laissé poster ! :)

Voici, comme annoncé un chapitre spécial, en fait, un flashback, dont le projet n'est né qu'il n'y a que peu de temps. Anecdotique, il a prit de l'importance au fil des jours, et sans rire, on est resté jusqu'a 4H30 du matin pour en discuter, tellement on se prenait la tête avec les complications qu'il introduisait. :mrgreen:

Le voici donc, ce chapitre qui nous aura donné tant de mal !


Flashback n°1 — Ceci est un hold-up


Le calme tomba comme un couperet, sur cette copie de Kaioshinkaï… maintenant dévastée.

Aucun silence ne ressemble jamais à un autre. Et celui-ci était si lourd, de fait si fragile, que Démigra, pourtant exténué, expira très lentement… se faisant ainsi violence pour ne pas déchirer ce petit miracle. Exténué, c'était peu dire. Il venait quand même de tester — pour la énième fois… ou était-ce la énénénième ? — le “coup du siècle”… qu’il mettait ainsi à l’épreuve, bien à l’abri des regards… au plus “profond” de l’anti-Omnivers, au voisinage du Néant, sur une réplique presque parfaite du suprême Kaioshinkaï de l’univers n°6.

Bien qu’il n’y fasse jamais nuit, la poussière n’était pas entièrement retombée, aussi, la lumière s’y reflétant, badigeonnait-elle le dôme céleste d’un rouge clair, donnant l’illusion d’un crépuscule. L’absence de toute manifestation météorologique laissait l’endroit au moins aussi calme qu’un zob d’octogénaire. Sinon aussi calme que le Néant absolu, à deux pâtés de là. Lequel Néant n’allait accessoirement pas tarder à se voir détrôné — une fois le coup du siècle emballé et pesé — pour ce qui était d’être la référence ultime en matière d’absolu.

Une zone en particulier se démarquait des autres… à la surface de cette copie de planète sacrée. Sur un petit monticule de terre… se dressait un bâton — marron foncé — fiché dans le sol et s’élevant à un mètre cinquante pour sa partie visible. Cet énigmatique bout de bois, à l’apparence tout ce qu’il y avait de plus ordinaire, n’en dégageait que plus de mystère. Lent, calme, comme les battements de cœur d’un énorme animal, ce bâton pulsait, dégageant à chaque essor… une nouvelle vague d’énergie magique, imperceptible pour tout profane.

Ces vagues faisaient l’aller-retour entre les deux pôles de ce Kaioshinkaï… qui en réalité n'existait pas. Et toute la magie dont Démigra faisait usage ici… n'existait pas non plus. C'était de la magie virtuelle, à seule fin de simulation. Magie virtuelle… et donc illimitée. Malheureusement… la magie réelle de l’Archidémon, à contrario, n'était évidemment pas infinie. Or c'est de magie réelle qu'il aurait besoin… pour faire tomber le vrai Kaioshinkaï… avec son bâton de bois, artefact sans nom, à la droite duquel Démigra se tenait d’ailleurs, dans une posture dont tout initié reconnaitrait, par simple intuition, qu’elle ne pouvait appartenir qu’à l’antithèse-même du magicien de comptoir.

Démigra, pour recharger ses batteries de magie irréelle, fermait les yeux… naviguant lentement en méditation profonde, voire… en terres vaseuses du demi-sommeil. Son esprit vagabondait hasardeusement, jusqu'à chuter soudain dans une barque sans gouvernail, voguant sur un fleuve brumeux qui s’écoulait à reculons. Démigra était entré dans la phase des rêves ; surgissaient alors, sur les rives du fleuve, en de nombreux flashs indistincts, plus de créatures, d’évènements, de planètes, qu’aucun autre n’aurait pu se vanter avoir connu. Qui avait peu vécu… rêvait la nuit de peu de choses, parfois même, de telles personnes, les rêves se recyclaient fatalement, par manque de matière.

Mais Démigra ne connaissait pas cet écueil-là. Ses rêves à lui étaient toujours très différents… car il avait beaucoup de vécu. Il avait été beaucoup de choses, en d’autres temps. Il avait tout fait, tout vu. Le Saint-Graal que Winter quêtait désespérément… Démigra l’avait obtenu depuis belle lurette. Il avait voyagé, beaucoup voyagé, énormément voyagé. Il avait soulevé chaque pierre de chaque univers, retourné et inspecté chaque recoin… jusqu’aux plus insolites. Découvert chaque culture… connu chaque saveur exotique. Et maintenant…

Et maintenant…

Il était blasé.

Plus rien de ce que l’Omnivers avait à offrit ne l’intéressait. Les arts-martiaux ? Il en avait découvert tous les secrets, vu, parcœurisé et pratiqué tous les combos existants, tous les katas, toutes les prises… toutes les stratégies possible et imaginables. Non, les arts-martiaux ne l’intéressaient désormais pas plus que le fait de regarder en boucle un même-film, si passionnant fut-il. Plus largement, pour ce qui était de l’Art au sens auquel les grecs l’entendaient, eh bien Démigra avait aussi beaucoup étudié. S’il s’y était mis sérieusement, ses compétences en robotique auraient tôt ou tard fini par dépasser celles de Gero. Mais tout ce qu’il pourrait accomplir à présent lui semblait vain.

Pourtant… il n’était pas le seul à porter l’indicible fardeau de l’immortalité… de par le vaste Monde, Monde au sens large. Son histoire n’était pas unique. D’autres aussi vivaient ce qu’il vivait. Supportaient ce qu’il supportait. Démigra en connaissait certains, notamment le tristement célèbre Immortel de Pandora… et tant d’autres encore. Chacun des éternels gérait la chose à sa manière… comme il pouvait.

En fait… ils la géraient tous de la même manière… puisqu’ils avaient tous eu le temps de faire le tour de toutes les manières possibles de gérer la chose. Ils s’étaient passé tous leurs tuyaux. Un petit sursaut eut même défrayé la chronique, quand Politikaïus Césaré avait un jour rejoint le rang des immortels. Il leur avait alors enseigné les profonds arcanes du jeu d’alternance… redoutablement efficace pour se donner l’illusion que le schmilblick évoluait. Du moins, pour un temps. Car on ne tue pas le temps, on ne peut que l’assommer.

Tout cela étant, Démigra trouvait que les immortels semblaient moins souffrir de leur condition que lui-même. Ou alors c’est qu’ils se plaignaient moins fort que lui… ou bien s’étaient-ils fait une raison. Il ne s’expliquait vraiment pas la chose… jusqu’à ce que l’Immortel de Pandora ait porté à son attention… que s’il supportait encore moins le poids du temps que les autres… c’était peut-être tout bêtement mathématique. Presque aucun des immortels ne se souvenait de son début… mais ça ne voulait pas dire qu’ils n’en avaient pas eu un…

Et certains immortels étaient probablement plus anciens que d’autres…

De fait, mathématiquement, le “vase” de la tolérance des ces mêmes-anciens, était-il d’avantage rempli. Le cas de Démigra étant potentiellement plus hardcore… dans la mesure où sa nature divine laissait supposer qu’il n’ait peut-être même jamais eu de début.

Auquel cas… son vase était plein à ras bord depuis longtemps déjà.

Depuis toujours. En réalité.

Si cette théorie de l’Immortel était vraie…

Alors cela faisait de Démigra le plus damné des damnés.

Pourtant… il y avait une chose qu’il n’avait jamais au plus grand jamais dite, à aucun des immortels, de peur de devenir persona non grata et d’être radié de l’ordre des martyrs du temps ; de peur ne plus être autorisé à assister à ces réunions du dimanche qu'ils tenaient, tous les 36 du mois, au sein d’une cabane dans l’arrière-cour de chez la douce Tati Josée, pour déprimer dans l’ambiance la plus savoureusement morose qui soit. Poussant en chœur ces chants qui rappelaient les complaintes amères… du temps des plantations de coton, dans le Sud.

Cette chose, que Démigra avait cachée… tenait tout simplement à ceci que contrairement aux autres immortels :

Il pouvait mourir.
Il pouvait mourir n’importe quand, n’importe où.

Il lui suffirait de le vouloir. Il lui suffirait tout bêtement de se taillader les veines…, de se pendre…, d’avaler trop d’efferalgan…, ou d'écouter tout l'album de Maitre Gims. Mourir était pour lui la chose la plus facile et la plus accessible au monde. Malheureusement, s’ôter la vie ne l’intéressait pas. Il était donc littéralement coincé entre la vie et la mort… car ne souhaitait ni l’une ni l’autre en particulier.

Son cas revenait donc, en pratique, à celui des autres immortels.

Il ne trouvait aucun intérêt à la vie. Il ne trouvait non plus aucun intérêt à la mort. Alors, par défaut, il végétait en l’état, depuis des temps immémoriaux. Seul l’espoir d’un déclic miraculeux le maintenait encore sous perfusion, le poussait encore à se tirer du lit chaque matin. Car on ne sait jamais de quoi demain sera fait. À force de laisser les éons lui rouler dessus, Démigra était devenu une forme de vie à part, qui avait fini par se fondre dans les lois universelles. S’il mourait, une auréole apparaitrait simplement au dessus de son crâne.

Mais s’il mourait à nouveau ?
C’était la seule chose qu’il ignorait.

Il ne se rappelait pas. Il se rappelait pas de… son avant.

Avant qu’il ne devienne Démigra, l’administrateur du Chaos, tout-puissant. Avait-il gravi les échelons comme dans une entreprise, en commençant stagiaire… voire apprenti de son prédécesseur ? Ou avait-il toujours été dans son fauteuil de n°1 ? Il était plus probable qu’il ait toujours été celui qu’il était. Il n’existait aucun temps… où il se serait connu aussi ordinaire que Shin, aussi peu influent. Remplaçable.

Démigra ne savait même pas si Dieu était venu avant lui, ou s’il était venu avant Dieu.

Alors que ce dernier ordonnançait encore sa création, désignant chacune des lois qui régirait son Grand-Œuvre……, Démigra était soudain apparu… mais hors du temps. Il était “né” Dieu-Démon, incarnation du Chaos. Un dieu qui maintenant, mourait d’ennui, et maudissait justement Dieu, pour avoir nommément créé l’Ennui. Car chaque mot du dictionnaire… était un mot… mais aussi une divinité.

Démigra était simplement celle issue du mot Chaos.

La quasi-totalité des divinités primordiales était absolument neutre. Il était l'exception confirmant la règle.

Ces divinités sont comme l'arrière-arrière-plan d'une toile. Elles existent entièrement en toile de fond. Elles sont là, mais on ne les verra jamais. Elles n'interviennent jamais. Elles sont comme une plante purement décorative. Elles se suffisent à elles-mêmes. Elles se contentent d'être et d'irradier. L'opération de Démigra n'était pas à même de menacer leur existence. Elles sont en dehors de l'espace et du temps.

Et ces divinités omnipotentes, omniprésentes et omniscientes, il y en avait en fait autant qu’il y avait d’idées possibles… et autant qu’il y avait de mots dans le dictionnaire. Dont Ennui… que l’Archidémon ne parvenait plus à tromper. Car le temps permet toujours tout, même à ce coyote d’Ennui d’avoir enfin rattrapé Démigra, après que tant de bip-bip aient retenti depuis l’horloge électronique du Monde.

Mais tout cela allait changer.

Démigra allait tromper Ennui.

Le roi Arthur avait marqué l’histoire en retirant Excalibur de son rocher. Démigra allait marquer l’histoire en faisant bouger l’aiguille des heures sur la colossale horloge du Monde. Aiguille que personne n’était jamais parvenu à voir bouger, sinon les grands menteurs… ; les autres quant à eux se demandaient tous, du coup, si cette aiguille bougeait juste très, très lentement, ou pas du tout… ou encore si elle n’était pas tout bêtement détraquée. Démigra en tout cas était bien décidé à la faire bouger… pour la porter à minuit.

Et tout cela allait se faire grâce à ce coup du siècle, qui se testait encore.

Oh, son plan de détruire l’Omnivers ne datait pourtant pas d’hier, mais Démigra avait ce mauvais défaut de toujours remettre au lendemain. Seulement, à force de remettre au lendemain, et d’ainsi négliger la course de l'ineffable déesse Evolution — aperçue par Darwin tandis qu’elle galopait sur sa tortue ailée, à travers les âges, au sein de toute la création divine — un imprévu était finalement tombé comme un cheveu sur la soupe de Démigra. Des créatures trop belles et précieuses avaient fini par voir le jour :

Les nihiliens ; les kaïoshins, les super sayens, … les ceci… les cela.

Ces races étaient de franches réussites de dame Evolution.
Elle, Dieu et tant d’autres dieux… s’en enorgueillissaient.

L’Archidémon ne pouvait plus en disposer arbitrairement, puisque ces-mêmes races avaient toutes rejoint le programme de sauvegarde du patrimoine universel. Demigra aurait bien porté ses bijoux de famille et fait fi… mais l’image de sa propre tête, sans yeux, sans oreilles, sans nez et sans langue, l’avait fait frissonner d’horreur. Or, les Dieux qui régissaient les cinq sens, assurément, lui auraient immédiatement repris tous ces beaux cadeaux qu’ils lui avaient faits… et qu’il s’était malheureusement assez habitué à posséder… pour ne plus pouvoir ne serait-ce qu’envisager de s’en séparer. Mais ça c’était avant. Aujourd’hui, Démigra savait créer un œil ex-nihilo, par exemple. Ce qui lui avait pris du temps, bien évidemment ; à côté d’un œil, la création d’un Boeing 757 était aussi facile que de faire des pâtés de sable à la plage.

Tous ces souvenirs refaisaient surface… tandis qu’il méditait encore sur sa copie de Kaioshinkaï. Démigra fronça les sourcils. Dans cet état méditatif très particulier… il n’avait aucune maîtrise sur ses pensées. Elles s’imposaient. Il pouvait cela dit les chasser… mais elles seraient alors automatiquement remplacées par d’autres, qui pourraient bien s’avérer encore plus emmerdantes. Aussi la décision de “zapper” revenait-elle à jouer à la loterie. Alors Démigra ne zappa pas… il débrancha carrément le “rétroprojecteur”… et ouvrit les yeux.

Sa magie virtuelle était totalement rechargée.

Il aurait bien profité de la chose pour tenter son 3429e test… mais c’était déraisonnable. Il devait mettre entre parenthèse sa lubie — si prenante fut-elle — pour d’abord s’acquitter de ses obligations professionnelles. Car avant d’être un fou furieux… Démigra était quand même un dieu. Avec des prérogatives… mais aussi avec un cahier des charges à assurer, des horaires de cadre… mais des horaires quand même.

Un cadre disposant de toute la panoplie du parfait salarié du service public.

Bureau, photocopieuse, machine à café, cadre photo sur un coin du bureau, cognac sur un autre, collection de stylos au centre… tous ces biens meubles étaient aménagés ci et là ; le bureau, en bois de chêne sacré, se trouvait à quelques mètres du bâton magique encore planté dans le sol. Démigra se dirigea vers ce même bureau… et s’y installa paresseusement, brossant tous ses dossiers d'un bref regard.

Il avait chaud et retira sa tunique… pour se retrouver simplement en pantalon et débardeur léger.

Entre autres paperasses négligemment étalées sur toute la surface de l’imposant meuble en bois, une immense colonne de feuilles de papier partait d'un tiroir ouvert… pour aller presque chatouiller le ciel. En réalité, depuis le sol, on n'en voyait même pas le sommet.

Démigra soupira. Il balada sa main au large du bureau et se saisit d’une paire de lunette de vue qu’il enfila… avant d’ouvrir une première chemise pour en étaler le contenu sur la table. Il croisa les jambes et se saisit d’une feuille et d’un stylo. Avant de porter un coude sur le meuble… et la main au menton. Un premier bâillement naissait dans sa gorge… alors qu’il n’avait même pas encore commencé.

Démigra tapota du stylo sur le bois verni, avant de griffonner une petite invocation sur le papier qu’il avait sous les yeux. Aussitôt… un immense coffre-fort en or massif apparut du néant, à dix mètres de là, tombant de tout son poids au beau milieu de l’herbe bleuâtre.

Le coffre était apparu dans un gigantesque nuage de poussière d’or, qui tarda à se dissiper du fait de l’absence totale de vent. Démigra dû gonfler ses poumons et souffler lui-même, depuis sa position assise, après avoir fait pivoter son fauteuil en direction du caisson doré.

L’Archidémon dut s’y reprendre à sept fois et finit totalement essoufflé.

Son souffle était impuissant. Yamcha aurait certainement balayé ce nuage en moins de coups que lui. Et ce n’était pas qu’une question de capacité pulmonaire. Démigra était impuissant à bien des égards. Pour se faire du mal… il tenta d’ailleurs de surélever un peu son bureau en agrippant les rebords. Il n’y arriva pas, c’était trop lourd… et lui… il était trop faible. Yamcha, lui, serait certainement parvenu à faire bouger ce bureau. L’impact psychologique était terrible pour Démigra. De savoir que l’ex-bandit du désert pouvait lui casser la gueule.

Mais Yamcha ne pouvait pas faire apparaître ce bureau sur commande.

Il pouvait au mieux perdre du temps à le construire ou aller l'acheter. Alors que pour Démigra… c’était l’affaire d’¼ de seconde. Chacun sa spécialité. Yamcha lui était peut-être supérieur en matière de Ki… mais Démigra restait l'undisputed n°1 du game en matière de magie. Et dans cette matière, l’Archidémon pouvait se vanter d’empiler les doctorats. Babidi en comparaison en était encore à l’école primaire.





Les fonctions divines de Démigra étaient d’ailleurs liées à cette prédilection… puisqu’il était administrateur et comptable en chef de toute la magie du Grand-Tout. Démigra n’était pas seulement l’un des meilleurs magiciens qui soit… il était surtout le seul magicien qui soit. Tous les autres ne faisaient que lui emprunter virtuellement la magie dont il avait la garde — et non la possession — à l’image d’un banquier.

Et justement… le coffre-fort qu’il venait d’invoquer était celui de la banque centrale de magie du Grand-Tout… qui lui en avait remis les clés et la gestion. Démigra avisa le coffre désormais libéré de son nuage… et se mit à tapoter de plus en plus nerveusement du stylo sur la table. La taille du coffre symbolisait la quantité de magie encore présente dans les caisses de l’univers. Et cette même taille était présentement très en dessous de la normale. Là maintenant… le caisson doré faisait à peine vingt mètres cube. Les réserves de l’univers étaient vides.

Et c’était la faute de Démigra… qui avait négligé la gestion du besoin en fond de roulement.

Il y avait eu plus de sorties que d’entrées, ces derniers temps.

Spoiler
Il avait été trop gentil.


Bien sûr la situation n’était que conjoncturelle. Les choses finissaient toujours par tendre à l’équilibre… car rien ne se perdait ni ne se créait jamais. Pour que quelqu’un ait de la magie quelque part… il fallait que quelqu’un d’autre en doive ailleurs. Et Démigra se contentait de distribuer et redistribuer cette même magie, savamment, à tous les utilisateurs du Grand Tout… même ceux qui ignoraient y avoir recours, inconsciemment, tous les jours. Ce que l’on appelle la chance du débutant, par exemple, n’est autre qu’une formule magique bien précise, que tout le monde possède dans son subconscient, et qui est gérée par Démigra sur demande de tous les subconscients du Monde.

La chance.
L’intuition.
La créativité.
Les coïncidences.
Le petit quart d’heure de gloire.
Le petit talent particulier que possède tout un chacun.
L’impression que le temps passe plus vite quand on est occupé.
La capacité que tout le monde a de se projeter mentalement dans le futur.
La facilité qu’ont les enfants à apprendre une langue plus vite que les adultes.

Et cætera.

Tout cela, c’est de la magie. Pour chacune de ces choses… existe une formule magique, demandant une certaine quantité de matière magique. Et il existe quasiment une formule magique pour tout. Certaines ayant cela dit été abrogées par la Loi Primordiale. Car jugées trop absolues. Les prononcer — et encore faudrait-il les connaître — reviendrait uniquement à gaspiller sa salive. Elles sont sans effet.

Il était question du gros dossier rouge qui traînait sur la moitié droite du bureau en bois de chêne. Dossier contenant toutes les formules classées S. Des formules exagérément puissantes… ayant été effacées… oubliées… cassées… interdites… cryptées… etc. Leurs noms ne subsistaient qu’en tant qu’ils avaient encore quelque valeur… au regard de l’histoire. Démigra avait très souvent bavé sur ces formules, en les lisant pour le fun. Comme les choses auraient été simples… si elles existaient encore dans la réalité véritable.

Avec des formules de ce calibre, son coup du siècle… il l’aurait bouclé en deux-deux. Démigra sourit à cette idée… en se levant sèchement de son fauteuil… pour aller se servir un café, non sans avoir une brève petite pensée pour Gero… dont il connaissait les tares. L’Archidémon revint bientôt s’asseoir avec une tasse fumante à la main, tandis que son esprit dérivait encore. Bouclé deux-deux ?

Rien n'était moins sûr.

Même si elles avaient encore été disponibles… le prix de ces formules classées S aurait de toute façon été exorbitant et hors de portée du premier terroriste venu. Car chaque formule magique a un prix, libellé en matière magique — aussi appelée mana — pour le principal… et en Ki pour les intérêts. Demigra en tant que banquier agréé distribuait la mana contenue dans le coffre-fort… et percevait le Ki pour le compte de l’univers — au sens large — dont il était l’employé. Il en récupérait une partie au titre de son salaire… et pouvait utiliser ce même salaire pour ses envies personnelles ou pour emprunter de la matière magique à la banque elle-même, à taux plus avantageux que les autres.

Au final, il fallait ironiquement du Ki par acheter de la mana.
Et réciproquement, il fallait de la mana pour acheter du Ki.

Car de la même manière qu’il existait un coffre-fort pour la mana… il existait, ailleurs, un coffre-fort identique… mais pour le Ki universel. Cet autre coffre-fort avait son propre gardien et administrateur. Ce même-gardien qui n’était autre que l’alter-ego de Démigra :

Shinki, père de toutes choses.

Shinki était cela dit un banquier beaucoup plus sévère et intransigeant que ne l’était Démigra. Il prêtait difficilement son précieux Ki… même à des hauts-placés comme les Kaïoshins créateurs de vie. Et même lorsqu'il daignait prêter, ses taux étaient tout bonnement ignobles.

Cela expliquait pourquoi il y avait si peu d’être puissants, de par le Monde, au sens large. Car la puissance brute… c’est le Ki.

Et justement… de la puissance brute… Démigra n'en possédait pas tant et donnerait bien un bras pour en avoir plus, là tout de suite. Histoire de pouvoir se défendre, défendre sa vie, au jour J du coup du siècle, après avoir fait tomber le Kaioshinkaï. Car il y aurait un après. Et cet après… c’était tous les gentils du monde qui lui tomberaient dessus pour planter sa tête au bout d’une pique. Démigra serait déjà satisfait de voir le Kaioshinkaï tomber. Parvenir éventuellement à survivre ensuite à la chasse au Démigra, ne serait pour lui que du bonus.

Mais il avait quand même l’intention d’essayer. Y’a pas de raison.
Malheureusement, c’était mal parti. Démigra était faible, par nature.

De la même manière que Shinki était nul en magie, Démigra faisait pâle figure en matière de puissance brute. C’était dans l’ordre des choses. Et c’était justement pour compenser ce déphasage… que le salaire reçu par L’Archidémon était du Ki. Et inversement pour Shinki.

Demigra savait convertir le Ki “jetable” en puissance potentielle. Pour un mage alchimiste de son niveau, c’était plus facile encore que d’échanger de yens contre des zenis, au guichet du coin. Malheureusement, même en réunissant son dernier salaire et toutes ses actuelles économies de Ki… Démigra savait qu’il ne pourrait, au mieux, que passer de son actuel niveau Yamcha à un niveau Freezer. Or, dès l’instant où son ultime coup du siècle serait mis sur les rails… L’Archidémon savait que tout l’univers lui tomberait dessus à bras raccourcis.

Tout l’univers.

Les nameks, les nihiliens, les héloïtes, les terriens, les sayens et les kaïoshins…

Tout le monde.

Démigra savait que si son coup fonctionnait… il deviendrait, dans la seconde, l’ennemi public n°1.

Alors autant dire qu’avec un pauvre niveau Freezer… il ne parierait même pas sur lui-même, au jour J du coup du siècle. Et malheureusement, ce qu’il lui resterait de mana après l’opération de destruction du Kaioshinkaï serait dérisoire. Il allait clairement tout perdre dans cette seule et unique opération. Toutes ses réserves magiques allaient y passer. Il se retrouverait ensuite totalement à nu.

Démigra avait beau retourner le problème dans tous les sens. C’était la même solution qui revenait, en boucle.
S’il voulait avoir une petite chance de survivre à l’après-destruction du Kaioshinkaï… alors il fallait se mouiller jusqu’au cou.

Il fallait aller chercher Shinki sur son territoire.
Et réaliser une OPA hostile sur son précieux coffre-fort.

Il fallait être fou… rien que pour y penser.
Et il fallait être fou à lier… rien que pour l’envisager… après y avoir pensé.

Mais fou à lier… c’était le deuxième prénom de Démigra.
Et s’il lui en fallait un troisième… Vladimir coulerait de source.

Démigra était la transgression. Il était l’irrévérence. Il était Rock 'n' roll.
Là où tout le monde dirait non… Il dirait oui. Là où tout le monde dirait oui… il dirait non.

Là où tout le monde dirait impossible… il dirait facile.
Il ne vivait que par ça. Que pour ça. Choquer. Déranger. Mettre un coup de pied dans la fourmilière.

Faire danser le monde.

Il n’avait rien à perdre. Vraiment rien de spécial.
Il ne faisait pas ça pour la gloire… ou pour l'argent.

Il ne faisait même pas ça pour la victoire.

Il ne le faisait que pour l'amour du sport.

Si quelqu'un arrivait à le battre… tant mieux.
Mais alors cette personne devrait se lever de bonne heure…
Démigra lui-même n'aurait pas aimé s'avoir comme adversaire…
Mais il était bien décidé à tenir son rôle jusqu'à la dernière seconde… sans faire le moindre cadeau.

S’il mourait… quelqu’un d’autre se chargerait de prendre la suite des opérations et de faire sauter le Kaioshinkaï à sa place, en sa mémoire. Ses amis de l’ordre des martyrs du temps… n’y manqueraient pas. Ils connaissaient les tenants et aboutissants de cette opération si chère à Démigra, que certains d’entre eux s’amusaient d’ailleurs à nommer “opération : le ciel nous tombe sur la tête”. Et justement… autant les immortels avaient tenté bien des choses pour mettre fin à leurs jours. Autant ils n’avaient pas encore tenté ça…. Peut-être que ça pourrait marcher. Certains étaient bien tentés d’essayer. Et Démigra leur avait justement laissé toutes les clés, toutes les instructions. S’il mourrait, Ils reprendraient exactement là où il s’était arrêté. Certains pour honorer sa mémoire, si tant est qu’ils ne lui en veuillent pas trop longtemps d’avoir dissimulé sa mortalité. D’autres par curiosité. La plupart… parce qu’ils n’avaient surtout rien d’autre à faire de leurs journées…

Toujours était-il que ceux qui, comme Shin, penseraient Démigra seul dans sa vendetta… se tromperaient lourdement. Il avait un paquet de géants en backup, géants dans tous les sens du terme, qui n’attendaient que sa mort pour sortir de l’ombre et marcher sur l’Omnivers.

Mais ils n’allaient daigner sortir de leur trou pour renverser la table… que si Démigra mourait. Dans la mesure où ce dernier n’avait pas manqué de faire comprendre qu’il se réservait jusqu’à nouvel ordre le privilège d’appuyer sur le gros bouton rouge de la fin du Monde.

Et il allait y arriver. Il avait foi en lui-même. Pas une foi surexcitée. Une fois sereine.
Celle qui précède l’évidence. La surexcitation… il réservait ça à une affaire moins certaine quant à son issue.

Car Démigra prévoyait toujours d’aller rendre une petite visite à Shinki.
Il y avait pensé sur un coup de tête… à chaud. Il ne se dégonflait toujours pas… à froid.
Démigra allait rendre visite à Shinki tout à l’heure, Et lui “emprunter” son carnet de chèque personnel.

Mais d’abord…… en finir avec ce satané travail comptable… et pointer.

Démigra avisa la colonne de papier qu'il fuyait jusqu'ici du regard.

Celle qui partait de l'un des tiroirs grand ouvert du bureau… pour s'étirer jusqu'au ciel. Cette colonne, c'était toutes les demandes qu'il avait à traiter. 99% d'entre elles venait des divinités primordiales. Elles n’intervenaient peut-être pas dans les affaires de la vie réelle, n'empêche qu'elles étaient vachement actives dans leur propre réalité. Celle du monde des possibles, où il se passait toujours tellement de choses, qu'y jeter un œil revenait à observer, sur un écran de cinéma, une infinie succession de bandes-annonces de films AAA, en accélération x100. Et toute cette effervescence se traduisait pour Démigra et Shinki par d'incessantes requêtes, en matière de prêts de mana et de Ki.

Le Dieu-Démon croisa à nouveau les jambes sous son bureau.…

Il prit une grande inspiration… s’empara d’un stylo bleu… et retira diligemment un premier papier de la colonne, avec assez de dextérité pour ne pas la faire chanceler. Il ajusta alors ses lunettes… porta à nouveau le coude au rebord du meuble… puis la main au menton…

Et, bientôt, un nouveau bâillement se forma dans sa gorge…
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Re: [fic en duo] Cogito Gero Sum

Messagepar Lamantin_Furtif le Lun Mai 16, 2016 20:00

ok, donc un chapitre tout en introspection qui nous montre les tréfonds de la stratégie de ce vilain si atypique.

Je vois pourquoi personne n'a commenté, en fait parce que ce qui ressort de ce chap, c'est une sensation de bordel total. Dans d'autres situations, ce serait assez condamnable, mais vu que cette fic nous a déjà habitué à une certaine dose de bordel, et que le chapitre parle quand même du dieu du chaos, ça passe plus ou moins.

Dans la forme, donc, c'est improbable, déroutant, mais ça sert le fond, qui est justement la présentation de Demigra et de cet univers à part.

Je suis assez mitigé, en fait. On est vraiment très loinn dans votre déllire, mais ça n'auraait pas eu de sens de s'arrêter en pleine route.

Bon, j'ai quand même hâte de voir si Demigra va réussir à braquer la banque de ki, parce que ça risquerait de compliquer beaucoup de choses.
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Re: [fic en duo] Cogito Gero Sum

Messagepar Max le Lun Mai 16, 2016 21:49

Plop Lam

tout d'abord, merci pour ton retour '-'

Lamantin_Furtif a écrit:en fait parce que ce qui ressort de ce chap, c'est une sensation de bordel total. Dans d'autres situations, ce serait assez condamnable, mais vu que cette fic nous a déjà habitué à une certaine dose de bordel, et que le chapitre parle quand même du dieu du chaos, ça passe plus ou moins.

Meh, si c'est bordélique, c'est qu'on a foiré quelque part, même si comme tu le dis, on parle bien du Dieu du chaos. Ça sera probablement un flashback en 3 parties, mais on va essayer de rendre ça plus simple pour faciliter la compréhension du coup, sans trop denaturer le propos.

j'en profite pour préciser (c'est ce que j'avais ressentis dans nos échanges sur skype, mais omurah me corrigera si il est pas d'accord), ce flashback est totalement optionnel et nous sers en fait de planche pour combler les trous et developper un peu Démigra & ses motivations, on l'a improvisé en cours de route, et il ne change pas d'un iota la suite de l'histoire, sinon quelques références. Si je devais developper dans un commentaire sans trop spoiler, c'est aussi pour eviter d'avoir un vilain qui fait un peu deus ex, avec des pouvoirs à notre convenance, même si ça avait l'air de passer pour l'instant.

A ce niveau, sans vouloir passer pour l'auteur needy en manque de com (on en a eu largement plus de ce qu'on esperait sur l'ensemble de la fic, sans doute + que ce qu'on méritait), mais si c'est mauvais... dîtes le nous aussi =p (j'avoue espérer des ogives de type GLaDOS un de ces 4) Du coup, pour faire passer la pilule, on diluera p-e ce spécial entre plusieurs chapitres "normaux" ou on le postera entre deux chapitre en temps que chapitre supplémentaire spécial, ça dependra de notre temps / disponobilité
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Re: [fic en duo] Cogito Gero Sum

Messagepar Imate le Mar Mai 17, 2016 20:25

Et bien, accumuler quatre chapitres de retard n'aura pas été une si mauvaise chose finalement, ça m'aura au moins permis de tous les dévorer en une après-midi :mrgreen:

Bon je vais peur être éviter de commenter autant que d'habitude parce que si je le fais, 4 chapitres à commenter d'un coup, ça risque d'être encore plus long qu'un chapitre de votre fic :lol:
Mais j'aimerai revenir rapidement sur tout ça.

Le chapitre 10 a le mérite d'être surement mon préféré de ce nouveau lot. Kibito est très bien dans son rôle, paniqué et consciencieux dans son travail, il est assez fidèle. Il fait peine à voir d'ailleurs, je crois bien que personne n'aimerai se retrouver à sa place. Son dialogue avec Enma m'a bien fait rire, lui aussi est proche du personnage d'origine. Sa petite dispute avec Baba aura été l'apothéose de ce passage^^
Quand Kibito se fait débusqué par Domigra, mon cœur s'est soulevé en même temps que le sien, on ressent vraiment l'immédiateté de la chose dans le texte, on voit que c'est soudain. Et les tirades du Dieu Démon qui suivent ainsi que la manière dont il joue avec le pauvre Shinjin montrent tant la cruauté que la personnalité décalée de Domigra, j'adhère beaucoup au personnage.

Second dialogue frappant, avec Kaioshin, criant de charisme dans ce chapitre par la manière dont il tient tête à son ami-ennemi, lui crache au visage et la façon dont, par son calme inébranlable, il le terrifie avec l'histoire de la Z-Sword. La tension de la scène est ahurissante, vraiment j'ai adoré. Par contre, si je l'attendais à 100% à Goku, je n'avais pas du tout vu venir le Gogeta ! Vegeta est donc le guerrier venu de l'enfer, je l'aurai pensé au paradis. Pour moi son allé simple en enfer dans l'arc Buu était surtout dû à ses actions en tant que Majin, je le pensais suffisamment repentit après les Cell Game pour aller au paradis sans pour autant avoir le cœur pur. Ceci dit, le temps n'avait peut être pas tant passé au moment de sa mort. Quoi qu'il en soit, un Gogeta en possession de la Z-Sword, avouons le, l'image est classe ! Hâte de voir ce qui va suivre, puisque les chapitres suivant changent de point de vue :P

Le début m'a déjà moins plu personnellement, j'avais du mal à m'y retrouver. Bon, c'est le chaos qui règne, j'imagine que c'est normal^^ Toujours est-il que j'ai eu le sentiment que cette armée de Saiyajins sortait de nul part et que leur combat contre Winter aussi.

La scène suivante à Kame House m'a plu car bien mise en scène, par contre les images à la télé sont confuses. Les sphères oranges flottantes seraient des Dragon Balls ? Des Super Dragon Balls alors vu leur taille ? La Dead Zone serait elle aussi de la partie, donc Garlic à priori ? C'est un bordel monstre, mais là par contre je ne critique pas. Si ce qui doit ressortir de ce flash info vu par le vieux Kame-sennin, c'est le chaos total et sans concessions instigué sur Terre par Domigra, alors c'est réussi et faut dire que effectivement, cette ratatouille de dangers mixés entre eux sans logique fait peur, plus que n'importe quelle description de fin du monde possible.

La suite avec le fils adoptif de Gero par contre, c'était lourd, très lourd ! (petit +1 pour l’évocation de Wheelo, pas très important donc je case ça là mais j'aime bien le clin d’œil au film^^).
Jusqu'à la révélation, j'était totalement curieux de découvrir la cause de ce revirement de C-F, espérant secrètement un retour de conscience de Freeza qui aurait pété la classe ! Mais pour le coup, découvrir que Gordon était responsable m'a scotché sur place, et je tiens à vous féliciter pour ce petit effet de suspens qui nous fait penser à un total coup en traître 100% pure dégueulasserie de sa part, avant de révéler la suite du message, purement génial ! La rédaction est pas mal fichue du tout non plus d'ailleurs, avec la présence de quelques smileys et expressions de jeune^^
Mais surtout, cette lettre nous tient en haleine jusqu'à sa conclusion, on attend de connaître ses motivations, puis on tombe sur le cul en apprenant la vente de C-F, puis en découvrant ce contre quoi il l'a échangé (d'ailleurs j'aime bien le décompte qui sert à la révélation de la 7ème). Et encore une fois surtout, surtout, l'émotion qui se dégage de la fin, ce pauvre garçon torturé qui se pense de trop, et Gero qui pleure son départ plus qu'autre chose et semble se haïr de ne pas avoir su lui montrer qu'il aime non pas comme un substitut de son vrai fils, mais bien COMME son vrai fils. Je ne lisais pas du Dragon Ball à ce moment là, mais ça m'a claqué des frissons.

Même C-F aura réussi à être attendrissant, lui qui s'avère attaché à Gordon. Ce dernier faisant face à la mort avec humour fait d'ailleurs penser à son père, impassible même un pas dans la tombe, toujours plaisantin et ironique. J'aurai même adoré le personnage autant pour son courage que pour cette conversation enivrante avec C-F, si seulement il n'avait pas condamné Winter en guise de testament ! J'avais presque oublié le détail de l'interrupteur à ce moment là d'ailleurs ! ^^
Rapidement par contre, son allusion au fait que "La Chose" (aussi appelé "El Diablo" ou Dieu de la Destruction) pourrait bien aimé la nourriture qu'il va lui offrir et décider d'épargner la Terre, ça me fait définitivement penser que c'est en effet Beerus mais sous une autre appellation. J'attend de voir, après tant de surprises au fil des chapitres, je peux aussi bien me tromper pour la énième fois.

La fin me laisse perplexe. Encore un personnage sortant de nul part (Cell) sans que cela ne surprenne Piccolo. A croire que tous le monde comprend ce chaos sauf le lecteur x)
Autant j'aime bien leur échange et ce prélude à un duel épique, autant je reste perturbé par le bordel total de ce Ragnarök revisité ! Si c'est volontaire de nous perdre par contre alors oui c'est réussi :lol:

Pour aborder très vite le chapitre flashback, j'ai ressenti un ton encore plus libre et décalé que d'habitude, non ? (petite pensé au "zob octogénaire" et à l'album de Maître Gimms xD)
Pas seulement le ton mais même la manière dont est tourné le chapitre, cette aspect bureaucratique du bouleau de Domigra, enfin tout. C'est définitivement votre style ça, ce côté bien barré auquel je ne m'attend toujours pas au bout de presque une quinzaine de chapitres et qui parvient encore à me surprendre. Pour ça bien joué, réussir à mêler une histoire réfléchie et de qualité, et un ton aussi désinvolte, ça demande du talent, sincèrement, donc bravo. Clairement, ça plaît ou ça plaît pas, il n'y a pas de demi mesure tant c'est un style unique et déjanté. Mais en tout cas, sur moi ça marche, justement parce que maintenant quand je viens lire du Cogito Gero Sum, c'est ce que je viens chercher en partie, et ça c'est la preuve que vous avez réussi à vous démarquer.

Tout ce que je reproche parfois à ce style, c'est qu'il déteint sur les personnages alors qu'il devrait se cantonner à la narration et au style de l'histoire, ce qui fait qu'on se retrouve souvent avec des personnages OOC et des répliques qui ne semblent effectivement pas sortir de la bouche d'un Piccolo ou d'un Cell mais bien de celle des auteurs. Autant pour Gero c'est justement ce que j'adore car ça construit le personnage d'une manière inédite et réussie, autant retrouver cet aspect pour les autres personnages n'est pas toujours top. Bien sur ces petits points noirs n'entachent pas la qualité de la fic, mais c'était à soulever.

Sur ce, j'attend la suite que je vais pouvoir cette fois lire sans faute, en me demandant bien ce que ses deux auteurs imprévisibles vont nous réserver^^

PS : J'avais promis de faire court ? :lol:
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Re: [fic en duo] Cogito Gero Sum

Messagepar omurah le Dim Mai 22, 2016 18:20

Yoooooooooooo :mrgreen:

Imate et Lamou, merci x 9000 pour vos commentaires tout aussi priceless l'un que l'autre !
Les compliments font plaisir et les critiques au moins autant, sinon plus, soyez en assurés !
Je répond dans le détail later, là maintenant : post impulsif de chapitre :3

On continue donc dans la démesure, la parodie et l'over-kitsch, caractérisant cette série de FB ^^

______________________________________

Flashback n°2 — 2999


Démigra bouclait encore les derniers dossiers comptables tandis qu’une partie de son esprit restait focalisée sur la visite qu’il prévoyait de rendre à Shinki. Une fois l’euphorie un peu retombée… l’Archidémon s’était rapidement rendu à l’évidence qu’il courait à la mort la plus expéditive qui soit… s'il ne prenait pas la peine de faire d'abord un petit saut à l'Ammu Nation de la mana, avant d'aller titiller Dieu.

Shinki disposait d’une quantité de Ki virtuellement illimitée.
Démigra disposait d’une quantité de magie virtuellement illimitée.
Mais ils ne pouvaient pas taper dans leurs coffres-forts respectifs, à loisir.
Ils devaient s’emprunter à eux-mêmes selon des conditions et des plafonds très précis.

Or, Démigra avait déjà emprunté une quantité astronomique de mana en prévision de la destruction du Kaioshinkaï. Il avait atteint son plafond… et ne pouvait en demander plus à sa banque. Il ne pouvait pas non plus se permettre de taper dans cette même mana précédemment empruntée, pour ensuite aller défier Shinki. Cette mana était exclusivement réservée à la destruction du Kaioshinkaï.

Et pourtant, Démigra avait déjà beaucoup tapé dedans à l’aveuglette, pour aller défier tous les mages de l’Omnivers et les éradiquer. Il ne savait même pas réellement combien il lui restait de mana après cette ambitieuse razzia. Parfois il alimentait les réserves… parfois il tapait dedans. Sans jamais regarder le relevé bancaire. Mais depuis quelques années, L’Archidémon n’avait plus touché à cette réserve.

Il s’était formellement interdit de taper dedans. Même un peu.

Pourtant ce coup-ci, il n’avait pas le choix. Shinki gérait mieux ses comptes que Démigra. Il était certainement plein aux as en matière de Ki, à l’heure actuelle. De fait, si Démigra ne tapait pas un peu dans son actuelle réserve de mana… son alter-ego allait l’atomiser en règle.

L’Archidémon s’empara d’une feuille… après avoir farfouillé dans un tiroir du bureau. Cette feuille… c’était son relevé de compte bancaire, de mana. Il fit rapidement rouler ses yeux jusqu’en bas du papier… pour prendre connaissance de son solde exact. Ce qu’il ne faisait jamais en général… étant atteint de ce mal si méconnu qu'était la phobie administrative. Mais là… il n’avait pas vraiment le choix…


25800 tgcm.

Les lunettes de l’Archidémon glissèrent un peu sur son nez.
25800 tgcm ? Seulement ?! Il aurait juré dix mille fois plus.

Là c’était vraiment trop serré.

Là c’est tout son monde qui s’écroulait, bêtement et simplement.

Il ne pouvait pas acheter grand-chose avec 25800 tgcm.

Impossible de faire les courses. Or… son “roster” de formules magiques disponibles était présentement vide… totalement, absolument vide. Il devait nécessairement refaire le plein en prévision des combats qui l’attendaient. Démigra brassa à nouveau les documents sur son bureau jusqu’à se saisir d’un catalogue. Dans ce même-catalogue étaient référencées plusieurs centaines de formules diverses et variées…

Toutes ces formules étaient classées par nature et par prix en tgcm. Il suffirait à Démigra de barrer l'une d'entre elles au stylo, pour la voir ipso facto rejoindre son roster virtuel… et voir dans le même temps le solde de son relevé de mana être débité automatiquement.

Démigra s’empara d’un certain stylo, dont l’encre n’était autre que son propre sang.
L’Archidémon fit ensuite défiler les pages du catalogue… à la recherche de formules intéressantes.

Il s'intéressait d'abord au prix. Mais dans l’idéal… il fallait trouver des attaques magiques lourdes type dégâts de zone. Parce qu’il aurait possiblement beaucoup d’ennemis, de tous horizons et de toutes spécialités, à gérer le jour J. Et aussi parce que Le Shinki était grand.

Très grand.

Sort : Invisibilité
Durée : 5 minutes
Effet : Invisibilité
Effets secondaires : -
Remarques : N’efface pas la présence pour autant.
Prix : 450 tgcm.


Démigra s’arrêta un instant sur cette offre… avant de passer à autre chose.

Ça ne coûtait pas cher d’accord… mais à quoi pourraient bien servir 5 petites minutes d’invisibilité ? ……… Et puis tant pis, c’est une bonne affaire… Démigra barra la formule… et cette dernière rejoignit immédiatement son roster. Son compte fut débité de 450 tgcm.

Sort : Matérialisation d’un Death Note
Durée : -
Effet : Tuer quiconque en marquant son nom dans le cahier.
Effets secondaires : Ivresse du pouvoir.
Remarques : Lire la notice en quatrième de couverture.
Prix : 666666 tgcm.


Démigra soupira. Trop cher…
Sans compter qu’il ne connaissait pas le véritable nom cosmique de Shinki.
De la même manière que Démigra n’était que l’un de ses nombreux noms à lui.
C’était même le b.a.-ba de la spiritualité. Tous les initiés savaient taire leur nom.

Sort : Invulnérabilité
Durée : 20 secondes
Effet : Intégrité physique garantie.
Effets secondaires : -
Remarques : Ne marche pas contre les allergies à la Kryptonite.
Prix : 69990 tgcm


Beaucoup moins cher qu’un Death Note. Mais quand même hors de portée des finances actuelles de Démigra.

Il passa rapidement à autre chose…

Sort : Matérialisation de boules de cristal type namek
Durée : -
Effet : Invoquer Porunga pour obtenir la possibilité de formuler trois vœux.
Effets secondaires : -
Remarques : Il faut en posséder au moins sept pour pouvoir invoquer le dragon.
Prix : 10 millions de tgcm (l'unité)


Démigra tourna rapidement la page. Il n’avait évidemment pas 70 millions de tgcm.

Sort : Mode Berserk
Durée : 30 secondes
Effets : force + vitesse + résistance x multiplicateur.
Effets secondaires : immobilité totale de 120 secondes une fois le mode épuisé.
Remarques : N'oubliez pas de remplir la case réservée au multiplicateur choisi.
Prix : 1000 tgcm x multiplicateur


Démigra hésita une poignée de secondes…… avant de finalement se décider à acheter ce sort, en deux exemplaires, avec un multiplicateur de huit. C’était une bonne affaire, le rapport qualité-prix était plutôt honnête. Il posa le stylo sur la feuille pour barrer la formule…

… Mais sa main demeura en suspens.

Il resta immobile durant une minute entière avant de soudain balayer violemment tous les papiers sur son bureau… d’un revers du bras gauche. Il s’affala ensuite sur le meuble, en semi-étoile de mer, aplatissant sa joue droite sur la surface lisse et froide… et perdant ses yeux un peu plus loin… sans vraiment regarder nulle part en particulier. Demigra resta ainsi… deux longues minutes, apathique… mélancolique…

À quoi ça servait tout ça ?

Multiplicateur de 8 ? Bullshit. L'Archidémon venait de réaliser que 8 x Yamcha… ça ne valait absolument rien sur l’échiquier universel. Il allait se faire vaporiser par Shinki. Et même s’il décidait finalement d’aller au Kaioshinkaï sans passer par la case Shinki… alors il se ferait vaporiser par le premier super sayen venu. Sinon par Shin lui-même, qui se ferait un plaisir de lui tirer les oreilles avant de le trainer devant Enma.

25000 tgcm…

Sachant qu’au jour J, Démigra pourrait facilement se retrouver seul contre cent. Cent personnes toutes plus crackées les unes que les autres, contre un seul dieu…… possédant tout juste la force de Yamcha et 25000 tgcm en poche. 25000 tgcm, comment cela pourrait-il suffire pour faire tomber des kaïos, des rois kaïos, des kaïoshins, des Heloïtes U4, réapprovisionnés en armures ultra il n’y avait même pas un demi-siècle de cela, des Végéta SSFP, des Gohan SSJ2, des Goku super sayens 3, des super nameks, des hyper ceci, des giga cela ? Or, faire fusionner tous les univers… c’était clairement prendre le risque de faire se rencontrer et s’allier toutes les plus grosses pointures de tous les univers.

Tous… contre un.

Demigra ne cessait de chasser cette pensée à chaque fois qu’elle toquait à la porte de son esprit… :

J’ai vu trop grand ?

Je ne suis pas prêt ?

Il faut tout arrêter… tant qu’il est encore temps.

Je dois prendre mon mal en patience et économiser plus de tgcm.

Dans trois ou quatre petits milliards d’années, j’aurais un capital suffisant pour ré-envisager de lancer le coup du siècle…

On arrête tout !


Démigra entendait par avance les moqueries de Shin, il était sûr que le jour de leur rencontre, le Dieu lui dirait quelque chose comme :

— Tu ne peux pas faire fusionner les 12 univers. À la manière de techniquement pas. Type : impossible. Il faudrait une quantité d'énergie proprement impossible à posséder ou à capitaliser. Sans compter le savoir-faire. Ce n'est pas accessible à un électron libre, tout suprême soit-il. Tu as vu trop grand. Maintenant détache-moi.


Oui, Démigra était certain que Shin dirait quelque chose comme ça.

Et il aurait malheureusement raison.

Non !!

Non…… je n’arrête pas. Hors de question. J’ai déjà trop attendu.


— Si tu le dis. Le résultat est le même. Tu as voulu te lancer seul dans une opération qui aurait dû te demander des siècles de préparation, des tonnes d'amulettes de chance… et une équipe du feu de Dieu. Ton ego t’a perdu. Je te donne une dernière chance de revenir en arrière Démigra. Et c'est la toute dernière fois que je le dis : détache-moi.


Démigra entendait vraiment la voix de Shin dans sa tête. Il devinait tous les mots que le dieu à l'iroquois prendrait plaisir à lui asséner en rafale. L'Archidémon se maudit pour avoir passé tous ces millions d'années à préparer minutieusement son coup… à faire du repérage aux Kaioshinkaïs, à apprendre la géographie et la physique pour trouver la faille, à traquer patiemment tous les sorciers du répertoire, à finasser pour échapper aux radars d’Enma, à arpenter tous les univers en quête de boules de cristal à détruire par tous les moyens, en quête de science aussi… et d’associés. Oui, il s’était emmerdé à arpenter les univers… en dépit de ces immondes distances en années-lumière.

Et il avait fait tout ça… tous ces sacrifices-là, sans jamais avoir eu le courage, durant toutes ces années, de vérifier ne serait-ce qu’une seule fois son solde bancaire. Il s'était fait des films, il s'était persuadé que ses réserves de mana étaient énormes. Sans jamais vérifier.

Sa névrose administrative lui coûtait désormais très cher. Il fallait repartir pour plusieurs millions d'années à économiser patiemment.

Non !!

Hors de question de perdre encore des siècles à économiser. J’ai beaucoup déjà beaucoup trop patienté.

Si je dois perdre, tant pis. Si je dois me faire massacrer par la cavalerie, tant pis. Mais j’y vais. Ce soir !

J’ai personne moi, je marche seul, mais je vais le faire, maintenant. Je DOIS le faire.

L’important, c’est de faire tomber le Kaioshinkaï. Survivre ensuite, c’est du bonus.

Mais je vais le faire. Je vais faire les deux !

Ouais, avec mon niveau Yamcha et mes 25000 tgcm, je jure que je vais le faire !

C’est jouable. Quand bien même ça ne le serait pas, tant pis, on verra bien.

Vas-y, merde, 25000 tgcm… c’est jouable, suffit de bien investir !

Picsou est parti de moins que ça !

Je peux gagner le match !

Tout ce qu’il me faut, c’est…


Spoiler
Une équipe. Un onze de légende !


Démigra avait donné à la chose des airs de révélation subite… pour se remotiver, mais le fait était que cette révélation n’en était pas une, ou alors à moitié. Il avait déjà prévu de faire appel à un freelancer, pour dynamiter le Kaioshinkaï, étant donné qu’il était foncièrement incapable de faire sauter cette planète tout seul. Il faudrait trop d’énergie… et ce n’était certainement pas ses pauvres 25000 tgcm, même convertis en KI — ce qui était possible, il y avait des guichets pour ça — qui allaient faire trembler le kaioshinkaï de l’univers n°6.

Cela étant, Démigra avait déjà trouvé son collaborateur. Le bon de commande qui trainait actuellement dans l’un des tiroirs de son bureau en témoignait. Le contrat avait déjà été signé… entre Démigra et Gero. Pas celui de l’univers n°6. Plutôt celui de l’univers n°5.

Un Gero insaisissable, qui avait conçu un nombre incalculable de copies de lui-même. Un Gero autrement plus cinglé et mauvais, un Gero qui n’avait pas eu la chance d’avoir quelque Gordon dans sa vie, pour l'apaiser et lui rendre son âme. Un Gero immortel… qui avait dévoué cette immortalité à son art, sa seule muse. Ce même-Gero qui avait signé avec Démigra un contrat de livraison de 3000 Cells clonés.

Gero possédait une machine industrielle faite sur mesure pour la créature parfaite, permettant à cette dernière d’accoucher non pas de Cells juniors, mais de versions parfaitement identiques de son propre “être”. Le prototype C.E.L.L pouvait de fait se dupliquer en série. Mais les accouchements ne pouvaient se faire que sur un certain intervalle de temps. Un tous les ans. Démigra et Gero avaient donc attendu 3000 ans… pour réunir tous les clones commandés par l’Archidémon. Gero s'étant plongé en sommeil artificiel, pour vite passer le temps.

L’original du prototype C.E.L.L — qui n'avait rien à voir avec le Cell parfait de l'U6 — avait ensuite été détruit, une fois les 3000 clones produits et stockés. Gero avait par là même voulu éviter une quelconque rebellion de C.E.L.L. Rebellion qu’il ne craignait pas des clones, lesquels étaient infiniment plus malléables. Chacun étant programmé non pas comme une arme vivante… mais comme une bombe au libre-arbitre parfaitement neutralisé. Ils possédaient chacun une bombe sans égal en eux. Chacune de ces bombes valant l'explosion de mille C-16. Le corps des clones servait ensuite d’amplificateur en gonflant comme un ballon avant explosion. Démigra en avait commandé 3000.

Et 3000 C.E.L.L qui explosent au même moment, au même endroit…… : ça fait bobo.

Enfin…… 3000…… pas vraiment. Gero n’avait rien dit à l'Archidémon — et il doutait que ce dernier prenne jamais la peine de tout compter — mais le fait était qu’il n’y avait pas 3000 clones d’entreposés dans les hangars souterrains du savant…… mais 2999. Il en manquait un.

Gero avait pourtant re-compté et re-re-compté… mais il en manquait bien un. Il ne s’expliquait pas du tout la chose.
Mais il n’allait certainement pas prendre le risque de perdre le contrat en avouant ce trou microscopique à Démigra.

La livraison était prévue pour la semaine en cours. Tous les clones étaient censés être encapsulés par Gero avant d’être entreposés dans un fourgon pour ensuite rejoindre le circuit de transbordement normal. Hors de question de réaliser le convoyage au noir. C’était la meilleure manière d’attirer l’attention d’Enma. Non… Gero savait comment faire transiter le fourgon par voies galactiques totalement légales.

Monaka allait livrer les paquets du véhicule sans même se douter de leur contenu. Et Gero allait en assurer la supervision sans lui-même se douter de ce que Démigra prévoyait vraiment de faire avec ces explosifs. Démigra lui avait raconté des craques… et il n’aurait de toute façon jamais effleuré l’esprit de Gero qu’il soit possible de faire tomber l’Omnivers à partir de la destruction d’une seule et unique planète.

La livraison était censée se faire dans la plus grande discrétion, sur une certaine planète naine de la galaxie Ouest.

Demigra avait signé le contrat avec le savant détraqué de l'u5, pour plusieurs millions de tgcm sonnants et trébuchants ; en plus d'un convertisseur mana-ki. Malheureusement, au moment où l’Archidémon avait engagé Gero, il ne se doutait pas encore que dans ses poches ne se trouvaient que 25000 tgcm. Le contrat ayant été conclu pour 6 millions de tgcm…… Démigra pouvait déjà faire une croix dessus.

Il allait devoir trouver un autre moyen de faire sauter le Kaioshinkaï…
Et ce moyen ne pouvait malheureusement pas passer par son bâton.

Ce dernier était déchargé. Totalement déchargé. Démigra en avait épuisé les “batteries” pour se rendre au château d’El Diablo, et piquer ce dernier durant son sommeil. Si L’Archidémon n’avait pas utilisé son bâton pour faire le voyage, la distance en siècles-lumière lui aurait pris une éternité à couvrir “à pieds”. Son bâton était donc déchargé, notamment du fait de ce long voyage… mais aussi parce qu’il avait servi à combattre plus de 10000 mages. Dont 9 mages de rang S. Que Démigra avait tous éliminés. Pour être certain d’être le dernier.

In fine, son bâton était actuellement vide comme ses poches. Et il faudrait de la mana pour le recharger.

La quantité de mana qu’il faudrait pour recharger le bâton au maximum ? Le bâton n’avait pas de maximum. Il pouvait se charger autant qu'on le voulait, et la quantité à charger dépendait tout simplement de la tâche que l’on voudrait accomplir avec. En l’occurrence, pour faire sauter le Kaioshinkaï de l'U6, il faudrait recharger le bâton pour beaucoup plus de 6 millions de tgcm. Ajoutez au moins trois zéros.

Le prix de Gero u5 était en réalité une affaire en or à ne surtout pas rater.
Une affaire que Démigra voyait filer entre ses doigts, par insuffisance de trésorerie.

Tant pis. De toute façon, il ne réfléchissait déjà plus en termes de contrats.

Il réfléchissait en termes de ligue. S'il voulait porter l'aiguille des heures du Monde à minuit, alors il lui fallait des arguments de poids. Des gens inclassables, qui seraient prêts à marcher à ses côtés, pour rouler sur l'Omnivers et ses défenseurs façon rouleau compresseur.

Mais avant de marcher sur le Monde, il y avait une étape : marcher sur Shinki… pour prendre le contrôle de son coffre.

L’Archidémon s’empara du combiné téléphonique qui avait miraculeusement échappé à son précédent tabula rasa. Et tandis qu’il avait l’appareil collé à l’oreille… se demandait qui appeler. Il ne pouvait s’arroger les services de personne d’intéressant… pour seulement 25000 tgcm. Il ne pouvait donc pas compter sur une relation d’affaire. Tout ce qu’il restait éventuellement, c’était un coup de main gratuit…

Qui serait prêt à lui filer un coup de main totalement gratuit ? Et qui serait assez stupide pour l’aider à tout détruire ?

Tout au sens de Tout. Qui pouvait trouver un quelconque intérêt à ce que TOUT soit détruit ? Qui pouvait être assez stupide pour accepter de faire une descente avec lui, dans la tanière de Shinki, père de toutes choses, en prévision du plus grand “casse” jamais vu, jamais osé ?

Au final toutes ces questions pouvaient se résumer à une seule :

Qui pouvait bien avoir envie de mourir. Car, c’était certain, un tel programme…… c’est la mort au bout. Pas peut-être. Obligé.
Alors qui pouvait bien avoir envie de mourir bêtement… ou qui n’avait tout bêtement pas peur de la mort ?

Ces questions avaient toutes une seule et même réponse.

L’Ordre des martyrs du temps.



~~~~~~~~


— Allô ?

— L’Immortel ? Salut, c’est Dém.

— Bonsoir. Ou bonjour… je ne sais pas.

— Comment va ?

— On ne t’a pas vu à la réunion… dimanche dernier, chez Tati José.

— Vous avez gardé de côté ma part de tarte, j’espère ?

— On s’est gênés tiens…, les absents ont toujours tort Démigratroloin…, répondit une voix fluette et lointaine, qui n’était pas celle de l’Immortel, mais d’un autre éternel - une femme en l’occurrence - qui passait en coup de vent non loin dudit Immortel, resté interdit.

— Vivianne… attend que je vous attrape, toi et tes petits chats…, siffla Démigra entre ses dents.

— Que me vaut ce coup de fil ? relança l’Immortel.

— Attend, je t’entends très mal là. Il y a du monde chez toi ? C’est quoi ce boucan de fou ?

— La bande est là, oui. J’allais t’appeler d’ailleurs. Mais je suis curieux de savoir ce que toi tu me veux.

— Tout le monde est là ? Ça tombe très bien. Je vais être direct, mon ami.

— …

— J’ai vraiment besoin que vous me rendiez, tous, un immense service. Et c’est pour pas plus tard qu’aujourd’hui.

— Tu me demandes beaucoup de services ces temps-ci, Démigra.

— Tu exagères. Le dernier date de l'arrivée de Mathusalem dans l'Ordre.

— C'est bien ce que je dis, c'est récent. D’ailleurs tu me rappelles justement que tu m’en dois une, suite à ce dernier service.

— …

— Ne compte pas sur moi pour t’en rendre un autre tant que tu ne m’auras pas d’abord renvoyé l’ascenseur. Tu avais promis de te pencher à nouveau sur la création d’une chimère capable de nous bouffer sans laisser la moindre miette. Ça en est où ?

— Point mort. De toute façon Duncan, j’ai appris il y a quelques temps que ce fameux service, tu ne me l’as pas rendu à moi en particulier… mais aux Kaïoshins. C’est avec et pour eux que tu as fait tomber Abel et les autres, dans cet univers-ci. Moi je n’entrais pas dans l’équation mais vu qu’il y avait convergence d’intérêts… tu n’as rien dit pour t’assurer que je te doive quand même un renvoi d’ascenseur.

— ……

— Je ne t’en veux pas Duncan, c’est de bonne guerre… et je sais à quel point tu es à bout. Mais maintenant c’est toi qui m’en dois une.

— Mettons. Et qu’est-ce que tu veux ?

— Mettre la main sur le coffre de Shinki.

— …… Ce même Shinki que tu as affronté 7954 fois… et qui t’as battu 7953 fois et ½ ?

— Il ne m’a pas battu. Il m’a simplement déporté très loin.

— …

— Et c’est précisément ce qu’on va lui faire. On va l’éloigner au maximum de son coffre… se servir copieusement… partager le butin s’il faut, et le temps qu’il soit de retour… on sera déjà partis. Réfléchis-y deux secondes, à nous tous…… c’est jouable. Et crois-moi le jeu en vaut la chandelle. De toute façon l’opération “le ciel nous tombe sur la tête” en dépend. Donc ce n’est pas optionnel. Fais rappliquer tous les autres autour de toi, où que tu sois, je me charge de vous téléporter ici… et ensuite je nous emmène tous chez Shinki.

— Désolé Démigra mais tu vas devoir te débrouiller sans nous.

— Sérieusement, Duncan ? Après tout ce qu’on a traversé ?

— …

— Quoi, c’est quoi le problème cette fois, tu as autre chose de plus urgent sur le feu peut-être ? ironisa Démigra, acide et sachant très bien que des termes comme “urgent” ne faisaient pas partie du vocabulaire des 37 membres de l'Ordre des martyrs du temps.

— … Précisément, oui.

— De quoi ? Bon Duncan, regarde… demande aux autres, déjà. Vous êtes 36 moi mis à part, tu ne vas quand même pas me dire que de toute la bande y’en a pas un qui soit opérationnel pour venir avec moi aujourd'hui là tout de suite. Vous ne pouvez pas tous être occupés.

— Pas occupés.

— …

— Morts.

— Qu… quoi ? QUOI ?!

— L’Ordre des martyrs du temps n’existe plus. Les immortels sont morts. Ou en passe de mourir.

— Tu…… tu… hein… c… c’est… qu… qu… quoi ?

— On a trouvé un moyen de mourir. Et ce moyen c’est toi-même qui nous l’as servi sur un plateau.

— Je ne comprends pas, Duncan.

— Le Dieu de la Destruction, c’est bien toi qui l’a réveillé ?

— …

— C’est bien à cause de toi qu’il a pris la route vers la galaxie Nord avec le feu aux fesses ?

— Quel rapport ?

— Tu n'as pas encore compris ? Tu te souviens au moins que Baldur Fury avait tenté il y a deux ou trois milliards d’années d’aller trouver le Dieu de la Destruction chez lui pour le provoquer et l'énerver dans l’espoir d’être désintégré sur le champ ?

— Oui. Et ?

— Tu te souviens que ce même Baldur est revenu au bercail il n’y a pas quelques millions d’années de cela ?

— Oui. Et ?

— Il est revenu bredouille et n’a jamais pu atteindre le château du Dieu de la Destruction. Tu te souviens pourquoi ?

— Parce qu’il voyageait dans l’espace moins vite que la dilatation de l’univers.

— Oui. De fait, le château du Dieu de la Destruction s’éloignait de lui plus vite que lui ne s’en approchait.

— Tu veux dire que…

— C’est ça. En trouvant et en réveillant le Dieu de la Destruction, tu as réglé le problème.

— …

— On n'avait plus besoin d’aller le chercher à domicile. C’est lui qui a fait le déplacement.

— Tu… tu es en train de me dire… que…

— Les immortels sont allés se placer sur sa trajectoire, ils ont ensuite tranquillement attendu qu’il passe à proximité et se sont alors jetés sur lui comme un suicidaire en cravate se jetterait sur un train lancé à pleine vitesse. Ils ont été percutés de plein fouet.

— Ouais, et puis quoi ? Qu'est-ce que ça change ? Tout ce qu’ils auraient pu gagner avec ça… c’est un gigantesque trou dans le bide, qui aurait ensuite mis cinq secondes à guérir. Sinon paye ton immortalité ! C’est quoi toutes ces conneries que tu me racontes Duncan ?!

— C’est pas des conneries. Les trous comme tu dis n’ont pas guéri… et les immortels sont morts des suites de la destruction de leurs organes vitaux. Il semblerait que tout ce que le Dieu de la Destruction détruit ne se reconstitue jamais. Ça doit être l’une de ses particularités divines. S’il arrachait un bras namek… ce bras ne pourrait pas repousser. Du pain béni pour nous autres immortels.

— Et comment cela se fait-il que je sois en train de te parler alors ? Tu n’es pas mort toi ?

— Le “train” n’est pas encore passé par ma galaxie. Mais ça ne saurait tarder. R6-23 nous a prévenus qu’El Diablo passerait dans le coin d’ici 18h30 ce soir. Et je ne compte pas le rater. M’est avis que c’est pareil pour les autres immortels qui sont là, à côté de moi. Adieu Démigra, je te conseille aussi d’essayer de te placer sur sa trajectoire, c’est une chance qui ne se représentera probablement jamais.

— …

— … Penses-y. Pas sûr qu’à froid El Diablo soit disposé à t’ôter la vie gratuitement. Il ne faut pas rater cette occasion.

— Attends, attends ! Ne raccroche pas !

— Quoi encore ?


Démigra ne répondit pas immédiatement.

Il cherchait les mots.

Il posa lentement les deux coudes sur le rebord du bureau… et se passa une main sur le visage en signe d’épuisement… et de gêne. Il expira ensuite lourdement, cherchant encore et toujours ses mots. Que dire de plus ? Comment demander à des gens qui, toute leur existence, n’avaient attendu qu’une occasion en or comme celle-ci, de la laisser filer ? La laisser filer uniquement pour ses beaux yeux…

— Duncan… on en a vécu des choses ensemble, pas vrai ?

— …

— Sur Terre, le lien d’ami d’enfance est un lien spécial. Tu en as déjà entendu parler ?

— …

— … Mais quand t’y penses… deux amis d’enfance terriens, même une fois très vieux, ne se sont au mieux connus que 90 ans.

— …

— Nous, ça fait combien de temps qu’on se connait ?

— …

— Duncan, s’il te plait…

— …… Comment oses-tu me demander ça Démigra ? Souffla l’Immortel, avec un brin d’émoi dans le timbre, après un long silence.

— Duncan, cette opération… j’ai attendu ça toute ma vie.

— …………… Et tu penses que ce n’est pas pareil pour ma mort ? souffla à nouveau l’Immortel, peinant de plus en plus à répondre, tant tout et rien se bousculait dans sa tête. Il savait à quel point il coûtait à Démigra de le supplier. L'Archidémon détestait supplier.

— Duncan, je…… je……… je n’ai que ça. Je n’ai plus que ça.


L’Immortel mit bien une minute à se remettre cette fois. Démigra pleurait, il l’avait bien perçu depuis l’autre bout du combiné, malgré les efforts que faisait l’Archidémon pour ne pas le prendre par les sentiments… tout en le faisant quand même. Démigra luttait contre lui-même, contre son égoïsme inné… mais il n’y arrivait vraiment pas. Il demandait tout simplement l’impossible… en toute connaissance de cause.

Mais les amis… à quoi ça sert, au fond ?
Ce mot… n’a-t-il pas un Sens, beau et pur ?

— Duncan, tu as dit que le passage du Dieu de la Destruction par chez toi est pour 18h30… il est quelle heure exactement là ? lâcha Démigra en s'évitant de renifler pour ne pas être pris en pitié, tandis que les larmes affluaient silencieusement sur ses joues.

— …… 18h04… me souffle R6-23.

— Ça nous laisse vingt minutes. Si on fait vite, on peut boucler le casse avant 18h30…

— …

— … Et dès qu'on a fini je vous ramène tous chez vous avant le passage du Dieu de la Destruction. Il reste qui avec toi ?

— Ici nous sommes 14. Du reste, je suis obligé de refuser. C’est un risque que je ne peux pas prendre.

— …

— … Sois raisonnable Dém, on ne peut pas en finir avec Shinki en 20 minutes. Pire encore : il pourrait nous retenir prisonniers. Ce qui nous ferait définitivement et irrévocablement rater le passage du Dieu de la Destruction.


Démigra fit coulisser sa pomme d’Adam de haut en bas tandis que son rythme cardiaque accélérait. Il posa un bras sur la table et s’enfonça la tête au niveau de l’intérieur du coude, comme s’il s’apprêtait à s’endormir sur son bureau. Il était las, égratigné, frustré, fatigué…

Il n’avait plus de cartes à jouer… sinon celle-ci…

— Si vous ratez le passage de 18h30 je m’arrangerai pour qu’il y ait un second passage du Dieu de la Destruction.

— …

— Je contrôle sa trajectoire mentalement, à l'instant-même. Regarde… je vais lui faire faire des zigzags. Voilà… ça y est. Demande à R6-23, il pourra te confirmer que le Dieu de la Destruction vient d’effectuer des zigzags tout en fonçant droit devant lui.


Démigra avait parlé sans feu dans la voix, d’un ton monocorde et faible. Il était las… vraiment las.
Toute cette histoire devenait vraiment trop compliquée. Il était même à ça de tout laisser tomber. Rien qu’à ça.

— En effet… R6-23 vient de me confirmer la chose.

— …… quel est ton verdict, alors ?

— ……

— …

— J’ai bien envie de voir à quoi ressemble l’empreinte de mon pied… tatouée sur le derrière du père Shinki.


Les pupilles dorées du démon, s’illuminèrent… tandis qu’il se redressait un peu de sa position ramollie.

— Ne t’emballe pas trop Démigra. Moi j’accepte de venir avec toi. Mais je ne parle qu’en mon nom. Il te faudra convaincre les autres ici présents, assis autour de moi. Ils nous écoutent d’ailleurs depuis le début… et à leur tête…… je peux déjà te dire que c’est mort.

La tête de Démigra retomba sur son avant-bras — à plat sur le bureau — aussi vite qu’elle s’en était détachée quelques secondes plus tôt. Il avait néanmoins toujours le combiné collé à l’oreille droite. Ses yeux avaient perdu l’éclat retrouvé… mais sa voix était moins éraillée.

Il était fatigué d’être fatigué.

— Duncan, tu vois le morceau de bois que je t’ai offert pour remplacer ta dent ? Il provient de mon bâton magique. Il te suffit de graver la rune Fehu-Eihwaz dessus pour être téléporté au niveau dudit bâton, qui se trouve juste à côté de moi. Je vais raccrocher maintenant. Si tu veux encore venir… alors je t’attends. Si d’ici cinq minutes tu n’es pas là, je partirai tout seul. Si certains autres autour de toi considèrent que l'amitié qui nous lie n'est pas qu'un mot facile, alors ils n’ont qu’à s’agripper à toi quand tu graveras la rune.

— C’est entendu.

— Je ne rappellerai pas. Si jamais tu décides de ne pas venir… alors je te souhaite bon vent et bonne mort, mon vieil ami.

— … Idem.

— Au revoir, ou adieu.


Sur ces derniers mots désincarnés… Démigra raccrocha.

Une minute et trente secondes plus tard, l'Immortel de Pandora et six autres immortels (sur quatorze) atterrissaient subitement à deux pas du bâton magique, sur l'herbe bleue et humide tapissant le sol meuble de cette copie de Kaioshinkaï, sous le regard ébahi et bientôt larmoyant de Démigra, qui ne fit cette fois aucun effort pour retenir ou dissimuler le violent afflux d’émotions qui l’avait étranglé.
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Re: [fic en duo] Cogito Gero Sum

Messagepar Paulemile le Dim Mai 29, 2016 17:12

Bon ça y est, j'ai lu les flashbacks (enfin). C'est une bonne idée d'avoir étoffé le background de Démigra. Ca me conforte dans l'idée que j'ai bien fait de voter pour lui lors des awards 8-)
J'aime beaucoup tout ce que vous avez inventé pour donner de la profondeur à tout ça, genre les immortels, l'ordre des martyrs du temps, le mana... tgcm, ça doit bien vouloir dire quelque chose mais ça peut aussi bien être n'importe quoi :lol:

Bref, moi contrairement à Lamantin, je trouve que ça reste bien dans le délire de la fic et pas plus bordélique que le reste (qui est somme toute pas super ordonnée, c'est ça qui est cool :mrgreen: ).
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Re: [fic en duo] Cogito Gero Sum

Messagepar Imate le Lun Mai 30, 2016 15:00

C'est dingue, alors que c'est un sociopathe cruel et prêt à tout détruire et à emporter des milliards de milliards de vies avec lui simplement pour s'amuser, Domigra en serait presque touchant dans ce chapitre, on aurait presque pitié de lui lorsqu'il supplie ses amis de l'aider à réaliser son "rêve". Aller jusqu'à le faire pleurer pour qu'on le prenne en pitié, c'était fort. La conversation téléphonique est vraiment prenante, jusqu'à ce qu'on se souvienne qu'il demande à ses amis de l'aider à tout anéantir simplement par pur égoïsme x)

Ce chapitre achève en tout cas de me persuader que Domigra est vraiment un méchant unique en son genre, franchement j'adore !

Triste en tout cas de constater que ces immortels de "LOrdre des martyrs du temps" (très classe et imaginatif comme concept d'ailleurs^^) sont désespérés et lassés de la vie au point de ne plus rien souhaiter d'autre qu'une mort presque inatteignable pour eux. Enfin, si encore c'était ça le pire. La gueule qu'ils vont tirer en arrivant chez Enma :lol:

Au final la mort dans Dragon Ball ce n'est pas grand chose, ils ne vont pas s'arrêter de vivre pour autant, et m'est avis que vu leur statut ils risquent de pouvoir conserver leur enveloppe corporelle. Sachant qu'ils pouvaient surement déjà aller se promener dans l'autre monde de leur vivant, la mort risque de pas mal les décevoir en terme de découvertes^^

Il avait prévu le coup en tout cas, avec son armée de Cell, même si je ne vois pas trop l'utilité vu le foutoir qu'il y a déjà rien qu'en ayant fait fusionné les univers entre eux. Si c'est déjà l'enfer sur Terre, le reste de l'univers ne doit pas être au mieux de sa forme non plus, limite une armée de Cell ne changerait pas tant la donne^^

PS : Sinon, Ammu Nation pour GTA, le Death Note, mages de rangs S pour Fairy Tail, Monaka pour DBSuper, Duncan l'immortel de Highlander, sympas tous ces petits clins d’œil^^
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Re: [fic en duo] Cogito Gero Sum

Messagepar omurah le Mer Juin 01, 2016 18:41

@ Paulemile
Spoiler
Paulemile a écrit:J'aime beaucoup tout ce que vous avez inventé pour donner de la profondeur à tout ça, genre les immortels, l'ordre des martyrs du temps, le mana... tgcm, ça doit bien vouloir dire quelque chose mais ça peut aussi bien être n'importe quoi :lol:

Thanks ! On a vraiment passé pas mal de temps sur ce flashback mine de rien, et le cahier des charges a parfois été beaucoup plus dense et lourd que pour certains chapitres "normaux" !

Paulemile a écrit:Bref, moi contrairement à Lamantin, je trouve que ça reste bien dans le délire de la fic et pas plus bordélique que le reste (qui est somme toute pas super ordonnée, c'est ça qui est cool :mrgreen: ).

C'est encore plus cool que tu trouves ça cool 8-)
Effectivement la fic est un bordel organisé, je pense vraiment que c'est la combinaison de termes qui lui sied le mieux.
Au passage, on me souffle dans l'oreillette que Lamantin a bien aimé le Flashback n°2.
Comme quoi faut toujours garder espoir en un lendemain meilleur !


@ Imate
Spoiler
Imate a écrit:C'est dingue, alors que c'est un sociopathe cruel et prêt à tout détruire et à emporter des milliards de milliards de vies avec lui simplement pour s'amuser, Domigra en serait presque touchant dans ce chapitre, on aurait presque pitié de lui lorsqu'il supplie ses amis de l'aider à réaliser son "rêve". Aller jusqu'à le faire pleurer pour qu'on le prenne en pitié, c'était fort. La conversation téléphonique est vraiment prenante, jusqu'à ce qu'on se souvienne qu'il demande à ses amis de l'aider à tout anéantir simplement par pur égoïsme x)

:lol: c'est tout à fait ça. Démigra est complétement pété dans sa tête, mais du coup on a trouvé intéressant de lui donner en apparence une attitude mesurée, du coup c'est un peu au lecteur d'aller comprendre qu'il va pas bien dans son cerveau, sans que nous auteurs ayons besoin de l'afficher en gras et souligné à grand renforts de rires evilesques x) (bon y'en aura un quand même, de rire evilesque :mrgreen:) ; Content que la conversation t'ait plu, elle a été un vrai plaisir à écrire pour nous !

Imate a écrit:Ce chapitre achève en tout cas de me persuader que Domigra est vraiment un méchant unique en son genre, franchement j'adore !

o/
c'est l'un des personnages sur lequel on a le plus réfléchi, c'est certain. La réception nous fait donc d'autant plus plaisir :)

Imate a écrit:Triste en tout cas de constater que ces immortels de "LOrdre des martyrs du temps" (très classe et imaginatif comme concept d'ailleurs^^) sont désespérés et lassés de la vie au point de ne plus rien souhaiter d'autre qu'une mort presque inatteignable pour eux. Enfin, si encore c'était ça le pire. La gueule qu'ils vont tirer en arrivant chez Enma :lol:

Au final la mort dans Dragon Ball ce n'est pas grand chose, ils ne vont pas s'arrêter de vivre pour autant, et m'est avis que vu leur statut ils risquent de pouvoir conserver leur enveloppe corporelle. Sachant qu'ils pouvaient surement déjà aller se promener dans l'autre monde de leur vivant, la mort risque de pas mal les décevoir en terme de découvertes^^

Autant de questions pertinentes, qui seront abordées au FB4 (ou FB5) :mrgreen:

Imate a écrit:Il avait prévu le coup en tout cas, avec son armée de Cell, même si je ne vois pas trop l'utilité vu le foutoir qu'il y a déjà rien qu'en ayant fait fusionné les univers entre eux. Si c'est déjà l'enfer sur Terre, le reste de l'univers ne doit pas être au mieux de sa forme non plus, limite une armée de Cell ne changerait pas tant la donne^^

C'est la faute à la distance entre les chapitres ça (ou à nos imprécisions), du coup y'a des choses qui sont pas peut-être pas claires :s

Donc en gros, en fait, ce flashback se passe avant le chapitre 9, donc avant le chapitre de la rencontre entre Shin et Démigra.

Du coup avant la fusion des univers.

A l'origine la fusion des univers était justement censée être provoquée par l'armée de Cell, qui devait dynamiter le Kaioshinkai. Mais Démigra s'est rendu compte au dernier instant qu'il n'avait pas de quoi payer Gero, donc qu'il devait passer par autre chose que l'armée de Cell pour trouver l'énergie necessaire à la destruction du Kaioshinkai de l'univers n°6. Et c'est justement l'objet de ce flashback, à savoir comprendre comment Démigra a réussi finalement à détruire le Kaioshinkai alors qu'il est en banqueroute de mana (et n'était à ce moment-là pas plus puissant que Yamcha question Ki). Mais la mention de l'armée de Cell avait aussi un autre intérêt à l'égard du scénario, intérêt qui n'a cette fois rien à voir avec Démigra. Le titre du flashback n°2 est en cela un indice assez explicite :P

Imate a écrit:PS : Sinon, Ammu Nation pour GTA, le Death Note, mages de rangs S pour Fairy Tail, Monaka pour DBSuper, Duncan l'immortel de Highlander, sympas tous ces petits clins d’œil^^

T'en as chopé beaucoup ! :mrgreen:
Les références c'est la vie o/

Merci pour vos commentaires Paulemile et Imate, c'est toujours avec grand intérêt que Max et moi découvrons de quelle manière un chapitre a pu être reçu, et toutes les critiques sont toujours notées avec grand soin =)


Allez, on passe au flashback n°3 :)

C'est le plus long chapitre de CGS à ce jour, donc n'hésitez pas à ne pas le lire en une seule fois.
Voire à ne pas le lire tout court, puisqu'il est optionnel à l'image de l'entièreté de ce flashback x)

On renoue très bientôt avec la trame principale, donc avec le combat Cell/Piccolo.

___________________________________________

Flashback n°3 : Vous ne répondez toujours pas à ma question


Démigra fit pivoter son ostensible fauteuil baroque et s'extirpa du bureau argenté, pour vite gagner la position de son bâton de bois… et par là même, de ses invités providentiels. Tandis qu'il avançait vers les sept immortels, L'Archidémon se payait le plus sincère des sourires, ouvrant théâtralement les bras, en grand, comme s'il s'apprêtait à les enlacer tous en même temps, dès qu'il aurait atteint leur position.

À peine eut-il déployé ses bras de moitié — et les mains au bout — que le démon sentit deux gouttes d'eau s'écraser au creux de ses phalanges. Démigra leva alors le nez vers les cieux… sans pour autant cesser d'avancer. La pluie ? Depuis quand pouvait-il pleuvoir ici ? Les pupilles dorées du trésorier général de la mana vadrouillèrent en tous sens sur le firmament. Les nuages avaient tous fui. Une moitié des cumulus de la planète s'entassait à l'Ouest. L'autre jouait des coudes à l'Est. Et pourtant il pleuvait ici-même… sans nuage. Fumée sans feu.

Et non, la nuisette rouge feu du ciel ne comptait pas.
Eh bien alors… qui donc les nuages fuyaient-ils comme ça ?

Tandis qu'il marchait, Démigra sentait l'air ambiant se charger de tout le spectre des plus belles fragrances dont la nature avait le secret. Toutes en même temps. La terre d'après labour, les champs d'après averse, les forêts denses, les forêts magiques, les roses, les violettes, le foin, les fermes, les vergers, les steppes infinies. Ce n'était pas de la magie… autrement, Démigra aurait été humilié sur son propre terrain.

Il baissa finalement les yeux tandis que ses oreilles pointues captaient des chants. Des instruments de musique aussi… qui battaient la mesure depuis le zénith. Ces chants et ces mélodies instrumentales étaient à en damner tous les saints de l'univers. Démigra — qui marchait toujours droit devant lui — ne réalisait même pas que son pas s'était inconsciemment fait plus dansant. De ces danses qui se pratiquent tard la nuit, dans certaines tribus indiennes, car c'était bien une musicalité de ce registre culturel-là… qui rythmait présentement cieux et cœurs.

Et du folklore des Peau-Rouge à la pluie tapant l'incruste d'un claquement de doigts, l'Archidémon devina assez rapidement l'identité de l'immortel responsable de ce craquage nerveux de Dame Nature. Démigra sourit de plus belle, tandis qu'il arrivait enfin à bon port. Ses pas l'avaient arbitrairement porté face à R6-23, à la gauche de Duncan MacLeyne. R6-23 ne mesurait pas un mètre de haut, et c'était un robot, une machine. Aussi fut-il plutôt surpris de voir Démigra s'accroupir pour lui faire une accolade, comme s'il s'était agi d'une personne normale.

Démigra le garda calé contre sa poitrine un bon moment, avant de le détacher en l'agrippant par les “épaules”… pour ensuite le détailler du regard comme on le ferait d'un très vieil ami que l'on n'aurait pas vu depuis des lustres. Le visage en ASCII de R6-23 hésitait entre l'affichage d'un émoticône poliment souriant… ou interloqué. Il opta finalement pour un sourire, qui s'afficha sur l'écran de télévision cubique qui lui servait de tête. Ce même-écran qui surmontait tout un châssis que beaucoup attribueraient volontiers à un très vieux modèle de robot.

Vieux modèle déjà pour l'allure simpliste rappelant un peu la forme d'un tampon. Vieux modèle encore… pour les bras malingres composés de multiples cylindres emboîtés. Sans même parler des jambes très clairement pas pensées pour quelque prouesse surhumaine que ce soit.

Seul le tronc jurait avec tout ce retro. Un tronc qui paraissait taillé dans un bloc de cristal translucide. Et au centre de ce tronc, nul hardware futuriste, nul lacis nébuleux d'innombrables câblages ponctués de processeurs à en faire pâlir les pcistes les plus émérites. Non juste une seule et unique bille rouge monochrome… de la taille d'un poing de bébé humain. Une bille paumée au centre du tronc 100% cristal, sans l'ombre d'un fil la reliant à quoi que ce soit. Très souvent, Démigra s'était demandé s'il ne s'agissait pas juste d'un chewing-gum qui serait mal passé, et que R6-23 n'assumerait pas. Ce même R6-23 qui déposa bientôt une main sur son tronc de cristal, pour cacher la bille rouge aux yeux de Démigra, façon de rappeler à ce dernier qu'il y avait plus urgent là tout de suite, comme saluer les six autres immortels juste à côté.

Démigra se remit debout et s'orienta vers l'Immortel de Pandora.

Au contraire de R6-23, Duncan culminait à trois mètres… et Démigra rageait déjà de ne pouvoir établir de contact visuel convenable, lui qui était pourtant largement plus porté sur l'échange de regards que sur le verbiage. De toute façon échange de regards il ne pouvait y avoir, puisque l'Immortel portait un imposant heaume hermétique, au grand étonnement de Démigra qui vit bientôt la main dudit Immortel se raidir et remonter lentement à mi-hauteur. Duncan voulait qu'on lui serre la pince. Ou plutôt le gantelet de métal… car c'était un Immortel en complète armure, noire comme la nuit, qui surplombait L'Archidémon. Ce dernier en était d'ailleurs toujours aussi surpris. Ce n'était pas tous les jours que les membres de l'ordre des martyrs du temps avaient l'occasion de voir Duncan dans sa fameuse armure de “chevalier noir”.

D'ailleurs, seuls les vieux de la vieille savaient, pour l'armure.
Les moins anciens dans l'Ordre, eux, ne l'avaient jamais vue.

Cette armure fabuleuse, fantasmée…… et pour cause, l'immortel ne la sortait quasiment jamais… voire jamais tout court.

Mais aujourd'hui était un jour très spécial.
En attendant, Duncan avait toujours la main tendue, escomptant qu'elle soit serrée.
Mais c'était hors de question pour Démigra, qui lui réservait le même supplice qu'à R6-23… et le serra dans ses bras, par la taille.

Duncan ne bougea pas d'un iota.

L'Archidémon relâcha finalement son étreinte affectueuse au bout de quelques instants, et lorsqu'il ramena ses bras devant lui, ce fut pour se rendre compte que ses mains étaient tâchées de sang. Son sang. Il réalisa rapidement que la fautive n'était autre que la lame blanche qui pendait à la hanche droite de l'Immortel. Démigra n'avait pourtant même pas senti le moindre plus petit contact avec l'épée dûment aiguisée. Il avait probablement dû l'effleurer, à peine… et pourtant, ses mains étaient aussi rouges que s'il les avait plongées dans un pot de peinture. Démigra ne fit aucune scène d'hystérie. Même cet incident ne parviendrait pas à gâcher ses révérences. Il sortit silencieusement un mouchoir blanc et brodé de sa tunique… pour s'essuyer les mains, sans mot. Duncan avait fait exactement la même chose, sortant un mouchoir blanc de son gantelet gauche, pour ensuite effacer, bouche cousue, le sang impur de l’Archidémon, qui s'était déposé sur sa sainte armure.

Démigra achevait de nettoyer sa main droite et n'entreprit pas de s'occuper de la gauche, l'abandonnant à la pluie recrudescente. De toute façon, il n'avait besoin que d'une main propre pour saluer correctement le prochain immortel de son tour d'horizon. Avec celui-ci, Démigra évitait les accolades, conscient qu'à ce jeu-là… l'amiral Bubbles était bien plus prompt que lui et pourrait lui briser la colonne vertébrale sans le vouloir. Démigra se contenta donc de lever une main en hauteur. Bubbles sauta en l'air pour lui en taper cinq. Les saluts entre eux s'en tirent à ça. Le singe retourna alors rapidement sur son perchoir… à savoir l'épaule de Duncan, dont Bubbles n'était autre que l'écuyer attitré.

Le singe était d'ailleurs, à la base, descendu de son juchoir non pas pour saluer Démigra… mais pour huiler cuissots et solerets articulés de son maître, le preux chevalier Duncan. Son office accompli… il était remonté… répondant simplement, au passage, au salut de Démigra.

Le Dieu du Chaos s'attarda sur la dégaine de ce mythique singe de l'univers n°11.

Dans son fief natal, Bubbles avait sans doute plus d'adeptes et d'adorateurs que Shinki lui-même. Mythes, fables… il en trainait derrière lui plus qu'il ne pouvait en dénombrer, sachant qu'il ne savait compter que jusqu'à vingt, autrement dit autant qu'il avait de doigts. C'était Démigra lui-même qui lui avait appris… du temps où il en était le maître, donc avant de l'avoir offert à Duncan, des siècles en arrière.

Démigra avait reçu Bubbles en cadeau, au terme d'un voyage dans les coins les plus exotiques et surprenants de l'univers n°11. L'ex-maître de l'amiral Bubbles avait d'abord voulu le vendre très cher à l'Archidémon… avant de finalement tomber le masque pour proposer une énorme quantité d'or à Démigra… en échange du fait que ce dernier accepte de repartir avec le Dieu-Singe, comme ils l'appelaient par chez eux.

Repartir avec et l'emmener le plus loin possible, hors des frontières de l'univers n°11, dans l'idéal. En tout cas, Démigra n'avait de mémoire d'immortel jamais vu autant de pièces d'or réunies au même endroit. Ce n'est que bien plus tard qu'il avait appris, un peu par hasard, que pas moins du ⅓ de l'univers n°11 avait à l'époque répondu à l'appel au don du propriétaire de l'amiral. Appel au don qui rencontra vite un succès historique… tant la peuplade universelle était unanimement soulagée de pouvoir être enfin débarrassée du Dieu-Singe. Démigra n'avait pas compris au départ… ce qu'ils reprochaient tous à ce Bubbles, mais cela ne tarda pas. L'Archidémon réalisa vite que le singe avait cette fâcheuse manie de se foutre dans la bouche tout ce qui lui tombait sous la main. Même pas par faim… simplement parce que…… parce que.

Et par “tout” il fallait comprendre vraiment tout. Du plus banal des cailloux ramassé sur le côté de la route au vaisseau-mère d'un triumvirat galactique tout-puissant, en passant par les sacro-saintes télécommandes de télévision. Même le bâton de Démigra avait plusieurs fois failli y passer. Et de guerre lasse, l'Archidémon avait confié l'amiral à quelqu'un de plus patient et sympa avec les animaux qu'il ne se savait être.

Et… à bien regarder le nouveau duo là maintenant, tout semblait rouler entre eux, foi de Démigra.

Bubbles avait même adopté le dresscode chevaleresque de Duncan. Le Dieu-Singe arborait une cotte de maille un peu trop étroite pour son éternel embonpoint. Un mini-bouclier tout rond, flanqué d'un pentagramme, lui ornait l'avant-bras gauche, certainement retenu par une sangle. Une fine lance télescopique, en bois, meublait sa poigne droite. Cerise anachronique sur le gâteau : Bubbles malgré le fait qu'il ait apparemment embrassé le code des chevaliers… gardait pour autant, sur le sommet du crâne, l'indéfectible casquette d'amiral qui lui valait justement son surnom, chapeau dont personne ne savait vraiment d'où il le tenait ni pourquoi il semblait y être si particulièrement attaché.

— Démigratropsolennel !

— Domigura sensei !


L'interpellé se retourna vers les deux interpellateurs au ton impérieux, tout en se disant bien qu'une telle interpellation était prévisible, il fallait bien que des rabat-joies impatients aient tôt ou tard décidé de mettre le hola à ses solennités pompeuses. Mais Démigra aurait parié sur Sia et Grichka. Raté, c'était Vivianne et Clay qui venaient d'intervenir. Bienséance oblige, l'Archidémon se tourna d'abord vers Vivianne.

Il s'empara de la main droite de la dame pour y déposer ses lèvres. L'Immortelle sembla laisser faire… mais retira sa main au tout dernier instant, pour ensuite croiser les bras sur sa poitrine et imprimer sur son visage un air outré. Démigra sourit… et releva la tête pour croiser le regard de sa “petite ennemie”. L'Archidémon s'était baissé bien bas, pour embrasser la main de Vivianne ; aussi, tandis qu'il remontait lentement la tête pour aller au contact visuel, eut-il toute la latitude de la détailler à mesure de son ascension, en partant des chaussures…

Démigra put alors prendre toute la mesure de l'impact si particulier qu'avait eu le grand méchant temps sur l'Immortelle. Vivianne en avait vu naître et s'éteindre, des civilisations, des modes, des mœurs. Elle avait connu la fameuse belle époque, les belles époques… à son échelle, de celles qui nourrissent les souvenirs les plus chargés d'histoire, de celles que l'on n'abandonne pas aux archives qui prennent la poussière.

De fait, la dame était-elle une véritable mosaïque sur pattes, stylistiquement parlant. Sa tenue était si dépareillée que ça en frisait le génie du mal. On y aurait associé quelque compteur de combo breaker, que ce dernier aurait explosé plus vite que le détecteur de Kiwi sur Namek. Les pieds de l'immortelle s'étaient chaudement glissés dans des tabi puis des geta, respectivement chaussettes et chaussures traditionnelles, du Japon d'antan. Pas de beau yukata à l'horizon pourtant, en lieu et place : un jean taille haute, de ceux qui avaient fait les années 90.

Un sous-pull unisexe à col roulé lui voilait le haut du corps, tandis qu'un chapeau cloche, tout droit sorti des années 20, lui couvrait le chef. Démigra s'épargna la revue des accessoires de la dame, accessoires qu'il devinait au moins aussi déphasés que tous les tatouages qu'elle avait sur le corps. Tatouages aujourd'hui dissimulés par ses vêtements mais qui représentaient autant de signes d'appartenance révolus, d'allégeance crues indéfectibles, de phrases peu ou prou poétiques qu'elle n'assumait plus pour moitié, de liens qui s'étaient voulus éternels.

Malheureusement, il n'y avait eu d'éternel qu'elle et ses trente ans. Il n'y avait eu d'éternel que ses trente ans, son mètre soixante-dix, ses yeux émeraude et son visage de sorcière. La peau verte, le nez crochu, le grain de beauté, tous les poncifs répondaient présents. Mais aucun n'était pour l'enlaidir, car très peu marqués, assez peu même pour tenir finalement du petit grain de sel qui fait tout le charme d'un visage.

De grain de sel, fut-il gros ou fin, Clay, lui, n'avait cure. Le sel était même son ennemi juré, et Clay le traquait jusque dans les recoins les plus inaccessibles de son assiette diététique. Le jeune homme à la musculature de bodybuilder savait multiplier les plans anti-sodium et veillait au grain quant à ce qu'il donnait à manger à ses biceps, après ses interminables séances. D'entrainement et de méditation, car Clay méditait beaucoup, plus qu'il ne s'entrainait physiquement d'ailleurs. En cela, il se rapprochait d'un Piccolo sur le fond, pour sa préférence allant à l'entrainement type “yin” en dépit du “yang”, et d'un Végéta sur la forme, pour l'acharnement indécent qu'il y mettait, par ailleurs.

Pourtant s'il fallait apparenter cet immortel à quelqu'un, ce ne serait ni Piccolo ni Végéta… mais bien Krilin. Car Clay était bonze de la pointe de son crâne rasé à celle de ses traditionnelles sandales de pèlerin, en passant par l'incontournable robe monastique orange et son cortège de bandages et d'accessoires en métal, en bois ou en tissu, propres aux codes du temple auquel le moine immortel s'était offert corps et âme.

Pourtant, à l'instar de Bubbles avec son chapeau d'amiral… et de Vivianne et ses geta japonaises, Clay semblait lui aussi accorder quelque valeur affective aux objets du passé. En témoignait le dispositif d'agent secret qui lui ceinturait l'oreille gauche, dispositif relié par un cordon torsadé aux lunettes noires qui ne le quittaient jamais, quand bien même juraient-elles avec le reste de son accoutrement de pur grotteux.

Démigra s'approcha de l'armoire à glace vêtue d'orange et lui servit sans gêne le même traitement cérémonieux et sirupeux qu'aux autres. Il le prit dans ses bras et serra bien fort, puis l'agrippa fermement par les épaules et lui fit une bise lente, sur chaque joue, avant de le dévisager en souriant comme s'il ne l'avait pas vu depuis des temps immémoriaux. Ce qui n'était qu'à moitié faux concernant Clay, étant donné que ce dernier n'était membre de l'Ordre qu'à titre occasionnel. Tout l'inverse de Vivianne qui était de loin la plus assidue aux réunions.

Ces deux immortels avaient par contre un point en commun. Ils étaient tous les deux mages.

Là encore l'une à temps plein, l'autre en tant qu'occasionnel.

Ils avaient échappé à la battue aux mages de Démigra du fait de leur appartenance à l'Ordre, sans parler de l'immunité que leur conférait leur immortalité. Vivianne était une mage incollable sur les arts rouges, excellente en matière d'arts noirs et verts, plutôt bonne quant aux arts blancs et runiques, nulle en arts bleus et roses. Seulement parce qu'elle ne s'y intéressait pas. Clay quant à lui maîtrisait quelques sorts basiques de magie noire, rien qui n'outrepasse le corpus des éditions de la magie noire pour les nuls. Les sorts que le moine connaissait lui avaient d'ailleurs été enseignés par Démigra himself, il y avait fort, fort longtemps, bien avant que l'Ordre ne soit créé. Du temps où Clay avait un physique taillé dans une canne à pêche, et la bouille adolescente. Il avait lui-même cherché et trouvé Démigra dans sa résidence secondaire au Makai. Le bonze avait alors frappé à la porte de l'Archidémon pour lui demander d'être son maître de stage. Démigra finit par accepter de le prendre comme pupille, le temps que Clay soit à même de survivre par ses propres moyens dans le Makai profond dans lequel il était tenu de passer trois semaines pour valider le stage de troisième année de son temple shaolin. Ils avaient gardé contact depuis, et Clay l'appelait encore Domigura sensei aujourd'hui, des éons plus tard, nonobstant le fait que son niveau global n'avait désormais plus rien à voir.

— Domigura sensei, on est en train de perdre du temps.

— …

— … Je vous rappelle que j'ai un “train” à prendre dans moins de vingt minutes…, souffla le moine bodybuildé en jetant un coup d'œil à la montre élastique qui lui ceignait le poignet, après avoir soufflé sur le cadran pour ôter les gouttes de pluie qui s'y étaient invitées.


Vivianne s'étonna de voir Clay se perdre trop longtemps en contemplation de l'écran à son poignet.

Lire l'heure sur une montre ça ne prend tout au plus que deux secondes et deux neurones… le bonze semblait pourtant ramer à fond la caisse, donnant l'impression d'essayer de déchiffrer un code hiéroglyphique à trous. En réalité Clay — et ça Vivianne ne pouvait le savoir — était simplement étonné de constater que les aiguilles de sa montre ne bougeaient apparemment plus. Il tentait encore de s'expliquer la chose.

Démigra remarqua la perplexité de son ex-pupille mais ne lui expliqua rien.

Il profita plutôt du temps mort bienvenu pour continuer tranquillement son tour de table des immortels à saluer. L'alter-égo de Shinki tomba alors sur Siamoix. Qui était un immortel assez particulier puisqu'il en valait bien deux pour le prix d'un. Il s'agissait en réalité de deux sphinx anthropomorphes, nés jumeaux siamois. Ils avaient respectivement le côté gauche et le côté droit du corps fondu l'un dans l'autre, de sorte qu'à eux deux, ils n'avaient qu'un bras gauche et un bras droit. Ils avaient par contre chacun une tête et deux jambes fonctionnelles.

Naître siamois était la pire malédiction qui aurait pu frapper le microcosme familial qui avait eu le déshonneur de les accueillir en ce bas monde. Tous l'avaient très mal vécu, et leur haut-gradé Omniversel de père avait commandité toutes les solutions possibles et imaginables, pour les faire séparer. En vain. Les jumeaux ainsi nommés Sia pour la femme et Moix pour l'homme, avaient donc un jour fui le nid familial, pour épargner à leurs proches leur triste vue. Ils avaient alors continué leur vie dans leur coin, collés l'un à l'autre, pour l'éternité. Le pire à gérer, et de loin, c'était les disputes. Ça c'était vraiment délicat vu leur condition, et ils évitaient d'ailleurs de semer les graines de la discorde, tant que possible. Mais ça c'était avant. Avant leur rencontre fortuite avec Démigra. Qui était arrivé comme un soleil dans leur vie. Une semaine. Il n'avait fallu qu'une petite semaine à temps plein à l'Archidémon pour trouver une solution et les séparer proprement avec une précision chirurgicale. Certes, il manquait de fait un bras à chacun des deux jumeaux, mais tout le reste allait comme sur des roulettes.

Et pourtant…

Sia et Moix n'avaient pas aimé.

Ils n'avaient pas du tout aimé la sensation d'être séparés. Les premières impressions postopératoires avaient été brutales. Ça leur avait fait aussi bizarre que lorsque l'on se fait retirer un plâtre après des mois… ou que l'on se fait subitement arracher son appareil dentaire après l'avoir porté de longues années durant… le premier réflexe étant alors de demander à ce qu'il nous soit immédiatement remis en bouche.

Bien sûr, Sia et Moix n'étaient pas allés jusqu'à demander à être recollés. Ils avaient opté pour une solution moins radicale : les vêtements. Les deux jumeaux s'étaient fait confectionner un ensemble sur mesure, dans lequel ils rentraient tous les deux, comme au bon vieux temps. Un ensemble qui les serrait épaule contre épaule et leur rendait une partie des sensations qu'ils avaient lorsque leurs corps ne faisaient qu'un. Ce même-ensemble qu'ils avaient décliné, dupliqué… et dont ils arboraient un modèle à l'instant-même. Démigra remarqua le mix des goûts respectifs des jumeaux. Le long manteau en fourrure de renard, par dessus un costume vieux jeu à gros carreaux bigarrés, des claquettes noires et blanches, un léger pantalon à bandes rayées, assez court pour laisser deviner des chaussettes bleues pour Moix et rouges pour Sia.

On pouvait d'ailleurs se baser sur la couleur de leurs chaussettes pour les différencier, en cas de doute.

Même si les traits masculins de Moix et féminins de Sia restaient visibles pour un bon observateur… ce que n'était pas Démigra. Mais il était un moyen facile pour quiconque de différencier les jumeaux. Celui qui avait en permanence à la main et à la bouche une espèce de bouteille de Coca de 2 litres, flanquée d'une étiquette avec marqué dessus “agent chimique X”… c'était Moix. Qui prenait d'ailleurs une gorgée de sa drôle de liqueur précisément toutes les neuf secondes, jamais une de moins ou de plus. Le plus surprenant étant que cette bouteille ne se vidait apparemment jamais de son contenu. Toujours était-il que bouteille ou pas bouteille, Démigra comptait bien faire subir aux jumeaux le même traitement de faveur qu'aux autres. Accolade mielleuse time. Moix s'y adonna avec déférence, Sia s'y abandonna avec dépit.

L'Archidémon se tourna enfin vers le dernier de la longue liste d'invités surprise.

Grichka.

C'était à cause de lui qu'il pleuvait comme ça au Kaioshinkaï. Il s'agissait d'un grand homme aux allures de guerrier mohican. Sa figure plus tortueuse qu'un montjoie présentait un teint basané qui avait tout d'inédit pour qui connaissait Grichka de longue date. Car ce dernier était encore moins ami avec le soleil qu'il n'était mohican. C'était un grotteux, tout comme Clay. Et comme tout grotteux qui se respectait, il avait de fait et par définition le teint laiteux, d'ordinaire. Pas grotteux de type vieux sage des montagnes cela dit, plutôt dans la catégorie rat de labo. Car Grichka était un scientifique. Physicien plus précisément. Et c'est au nom de la science qu'il voyageait partout et tout le temps.

D'ailleurs, à bien regarder son accoutrement, sa coiffure et ses nouvelles peintures tribales, Grichka revenait probablement d'un très long stage mystique dans quelque sorte de tribu amérindienne assez autarcique pour que Démigra ne voit pas trop laquelle, mais ça sentait l'univers 4. Pas étonnant quand on savait que Grichka était le seul immortel de l'Ordre, avec Démigra, à pouvoir se payer le luxe de voyager non pas à travers tout l'univers… mais à travers tous les douze univers. Sa zone d'influence était aussi vaste que celle de Démigra et Shinki.

L'Archidémon s'apprêtait à prendre le physicien dans ses bras mais se rétracta. Il venait de remarquer le gant que Grichka portait à la main droite. Un épais gant marron clair, plutôt sophistiqué, qu'on aurait dit en cuir… et qui lui remontait jusqu'au milieu de l'avant-bras, tenant au moyen de nombreux lacets très serrés. Démigra ne savait pas quoi… mais ce gant était clairement là pour sceller quelque chose. Et tous les sens de l'Archidémon étaient en alerte rouge quant à cette même-chose. Aussi, pour cette fois, passa-t-il son tour pour les accolades.

Démigra soupira. Il en finissait enfin avec les salamalecs et les sourires de circonstance. Ce fut passablement fastidieux, mais il y tenait. C'était bien la moindre des choses qu'il pouvait faire pour remercier les quelques amis qui avaient daigné faire le déplacement et mettre leur mort entre parenthèse uniquement pour l'aider lui, à donner du sens à sa vie. Cette séance d'accolades avait au moins eu l'intérêt anecdotique de lui permettre de conclure que celui des immortels qui avait le parfum le plus grisant, c'était Clay, étonnamment.

Ceci mis à part, saluer tout le monde avait quand même pris trois minutes au démon, mais ça y est… il pouvait passer à autre chose.

Ou pas.

Démigra remarqua que Grichka, en dépit de ses bras croisés sur le torse, pointait l'index gauche à la verticale, comme pour signifier à l'Archidémon que ce dernier avait oublié quelqu'un… et serait bien avisé de regarder au dessus de sa tête. Démigra leva alors les yeux et tressauta imperceptiblement, sous le coup de la surprise. Effectivement, il y avait quelqu'un au dessus de sa tête, ou plutôt quelque chose.

Gorgo.

Il s'agissait de l'un des derniers arrivants dans l'ordre. Son physique avait beaucoup fait parler au début. Gorgo n'était ni plus ni moins qu'un globe oculaire géant. Environ 1m50 de rayon. Il s'agissait de l'œil droit de la reine des gorgones, qui comme certaines supra-entités, dont Démigra faisait partie, n'existait qu'en un seul exemplaire dans tout l'Omnivers. Ledit œil droit avait été arraché par Baldur Fury, dans le cadre d'une croisade. Ce même Baldur qui avait ensuite introduit Gorgo au reste de l'ordre. Sa pupille noire faisait la taille d'une grande assiette et brillait dans la nuit. Cette pupille était normalement un point noir mais, là maintenant, elle tenait plus de la bande noire, du fait que les chatons de Vivianne patinaient sur Gorgo et le faisaient rouler sur lui-même comme s'il était question d'un vulgaire ballon de cirque.

“Le pauvre” fut la pensée de Démigra en voyant ce triste spectacle. C'était d'autant plus désolant que Gorgo était trop timide pour montrer à ces trois boules de poil qui était le patron… ou simplement les raisonner. En même temps, quand on n'a pas de bouche pour s'exprimer…

Difficile de faire dans la diplomatie.

Pour communiquer avec les autres immortels, Gorgo orbitait à l'horizontale pour dire “non” et à la verticale pour dire “oui”. C'était les seuls mots qui s'échangeaient entre lui et les autres. Il aurait pu inventer un système de communication plus complexe en intégrant des mouvements plus complexes, mais faire semblant de ne pouvoir communiquer que par “oui” ou “non" l'arrangeait bien. Timidité oblige.

Démigra abandonna lâchement Gorgo aux affres de cette timidité, se tapa les joues pour se secouer un peu, puis se dirigea hâtivement vers son bureau argenté, en quête d'un certain objet. Celui qui leur permettrait de quitter cet endroit. Car il était grand temps de lever l'ancre.

— Hmm, d'accord, attendez. J'ai compris… le temps ne s'écoule pas du tout, sur cette planète virtuelle étrange, souffla Clay, en détachant enfin ses petites pupilles ébène du cadran de sa montre. Eh bien, si le temps n'existe pas en ces lieux virtuels… pourquoi ne pas faire venir Shinki pour l'affronter ici-même ? En faisant ça… on n'aura plus du tout à se soucier du temps que prendra le combat. On pourra se battre sans se presser. Il n'y aura plus de risque de rater le passage d'El Diablo, termina-t-il, à l'adresse de tous les autres immortels ici présents.


Personne ne lui répondit. A part R6-23 qui s'était cela dit contenté d'afficher un “LOL” sur l'écran bombé qui lui servait de visage. Le moine comprit vite que le vent général qu'il s'était pris était mérité et passa à autre chose. Effectivement, déplacer Shinki était plus facile à dire qu'à faire. Ok, il avait dit une connerie. Mais le problème de Clay restait entier : il était toujours aussi soucieux… quant au timing.

A tort ou à raison.

Démigra revint bientôt sur ses pas… avec l'objet qu'il était allé chercher. L'Archidémon l'exposa à la vue de tous. Tous les immortels qui s'y intéressaient purent alors détailler ledit objet du regard. Il s'agissait d'un stylo, de très belle facture, à l'alliage inconnu et dont le capuchon avait été fixé sur le sommet arrondi, laissant la longue mine pointue à l'air libre. Ce même-capuchon avait la forme d'une tête de mort à la gueule ouverte. Le stylo quant à lui présentait sur l'une de ses faces parallélépipédiques, une sorte d'énigmatique écran noir, rectangulaire.

— Approchez-vous tous, à l'exception d'R6-23 et Gorgo, lâcha finalement Démigra à haute voix.

— Pour quoi faire, souffla Vivianne en s'avançant la première… mais prudemment, vers l'Archidémon.

— Je vais vous piquer avec ce stylo.

— … Pardon ?

— Ce stylo va sucer votre sang et la mana que ce dernier recèle. Je ne sais pas si je vous l'ai déjà dit, mais je suis en banqueroute actuellement. Or, pour voyager jusque chez Shinki… on va avoir besoin de mana. J'espère que vous en avez en stock, sinon on est mal.


L'Immortel de Pandora prit le stylo des mains de Démigra, releva un peu son heaume… et se piqua dans le cou. Quelques secondes plus tard… il rendit l'objet à son propriétaire, sans épiloguer 107 ans. Démigra porta rapidement le regard au niveau de l'écran noir encastré sur le flan du stylo… écran qui était en réalité une jauge… cette même jauge qui affichait désormais la teneur en mana du sang tout juste recueilli.

Démigra soupira en constatant le chiffre affiché.

Clairement, c'était très loin d'être suffisant. Le domaine de Shinki n'était pas aussi éloigné de cette copie de Kaioshinkaï que ne l'était le château d'El Diablo. Malheureusement le bâton de Démigra était aussi totalement déchargé… et n'avait de fait plus assez de carburant pour se rendre ne serait-ce que chez Shinki. L'Archidémon tendit le stylo au moine shaolin… qui s'en saisit après quelques instants d'hésitation.

Clay déploya finalement son avant-bras pour y planter le stylo comme une seringue.

Il sentit immédiatement son sang être aspiré… tandis que les cavités orbitaires de la tête de mort s'illuminaient d'un vert étincelant. Une poignée de secondes plus tard… Clay rendit le stylo à Démigra… qui jeta un bref coup d'œil à l'écran avant de tendre l'objet à Vivianne.

L'Archidémon plaçait beaucoup d'espoir en elle.

C'était une sorcière, elle avait donc forcément beaucoup plus de mana que les autres. En espérant qu'elle ne soit pas elle-même en banqueroute aujourd'hui. L'immortelle en geta s'empara du stylo puis se piqua et attendit que les “yeux” verts de la tête de mort s'allument et s'éteignent. Elle passa ensuite l'objet à Siamoix qui se prêta au même exercice avant de faire tourner le stylo à nouveau. Ce fut alors au tour de Grichka… qui, lorsqu'il en eut terminé, leva le bras et tendit le stylo à l'amiral Bubbles qui se trouvait encore sur l'épaule de Duncan.

Bubbles poussa un cri d'effroi.

Il se jeta sur l'herbe avant de détaler à la vitesse du son, pour se cacher sous le bureau de Démigra. Ce dernier fit signe à Grichka de laisser tomber. Personne n'arriverait à persuader Bubbles de se planter un truc aussi bizarre dans le corps. Autant le singe était-il toujours disposé à se mettre n'importe quoi dans la bouche, autant avait-il une peur bleue de tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un traitement médical.

Grichka rendit donc le stylo à Démigra qui en retira le capuchon avant de se diriger vers le bâton de bois encore planté dans le sol. Il fixa la tête de mort sur le sommet dudit bâton, laquelle tête de mort ajusta automatiquement son volume, pour pouvoir encapuchonner correctement le bout de bois. Les cavités orbitaires s'illuminèrent en orange, signe que le transfert de la tête de mort au bâton s'effectuait. Et lorsque le transfert fut terminé… Démigra resta longuement à observer son bâton… avant de se décider à revenir au niveau des autres immortels. Sia remarqua bien qu'il leur revenait en trainant passablement des pieds. Assurément, il n'allait pas annoncer de bonne nouvelle.

— Ce n'est pas suffisant. On n'a pas assez de mana pour aller chez Shinki.


Personne ne répondit rien. Le silence s'étala partout… et se fit de plus en plus explicite. Jusqu'à ce que Grichka le casse.

— Démigra, où est le convertisseur mana-ki que je t'avais offert ? souffla le scientifique basané, dans son accent russe très marqué. En dehors de Vivianne, nous avons tous plus de Ki que nous n'avons de mana. Il suffirait de convertir ce Ki pour recharger ton bâton.

— Le guichet mobile ? Malheureusement…… je ne l'ai plus.

— Tu veux dire que ce bijou de technologie alien… que mes assistants et moi avons pris la peine de fabriquer pour toi… en récoltant aux quatre coins de l'Omnivers les matériaux les plus rarissimes…… tu l'as perdu ? gronda Grichka, qui roulait toujours autant les “r”.

— Nan je l'ai pas perdu, t'es fou ! Non c'est l'autre boulimique-là qui l'a bouffé…, fustigea l'Archidémon en pointant du doigt le visage incrédule de Bubbles, qui dépassait d'un coin du bureau argenté.

— Eh bien demande-lui de te le rendre. Gronda à nouveau le physicien bronzé.


La réponse vint de Bubbles plutôt que Démigra. Le singe mythique, toujours caché derrière le bureau en bois de chêne, avait fermé les yeux sous la forme de deux “U” et secouait désormais l'index de gauche à droite. Démigra mit alors des mots sur les gestes de Bubbles.

— Il ne recrache jamais ce qu'il avale. On peut toujours courir pour récupérer le convertisseur.

— Eh bien reprenons-le de force ! Attrape le singe et immobilise-le, je me charge de l'extraction, lâcha le scientifique en sortant prestement un gant de chirurgien de l'une des poches de son pantalon en peau de bison.

— T'as trop forcé sur le calumet de la paix Grichka, s'indigna Démigra en mettant ses bras en croix face à lui, pour dire “niet”. C'est de l'amiral Bubbles dont on parle là. Celui qui arrivera à l'attraper n'est pas encore né. Bubbles peut te faire le tour de ce Kaioshinkaï virtuel en moins de temps qu'il ne t'en faudrait pour cligner trois fois des yeux. Non le plus simple… c'est de demander à Duncan de raisonner l'amiral, termina l'Archidémon en s'orientant vers l'Immortel de Pandora, en attente d'une réaction.

Démigra attendit longtemps… avant de se rendre compte qu'il venait de se prendre un vent encore plus violent que celui que Clay s'était mangé quelques instants plus tôt. Duncan était aussi immobile qu'une statue ; et — du fait de son armure — il était totalement impossible de deviner à quoi il pensait… ou même s'il écoutait ce qui se disait autour de lui. Impossible même de savoir s'il s'agissait bien de l'Immortel.

— Euh… c'est moi où Duncan est pas très bavard depuis votre arrivée, chuchota Démigra à l'adresse des autres, quand il réalisa enfin que l'Immortel de Pandora n'avait même pas lâché un seul mot depuis qu'il avait débarqué sur cette copie virtuelle de Kaioshinkaï.

— Laisse, souffla Vivianne à l'attention de l'Archidémon. Il est dans un état second.

— Dans un état second ?

— En plein focus si tu veux. Il n'a pas ton temps. Il est extrêmement concentré.

— Concentré… sur quoi ?

— Sur le combat qu'il va livrer contre Shinki. Pour toi.


Démigra garda le silence. Un silence d'abord circonspect. Puis religieux.

Il s'en voulut presque de tout le temps parler trop fort… et se promit de chuchoter à partir de maintenant, pour ne pas déranger ce géant patibulaire enfermé dans son armure noire, plus intimidante encore. Démigra réalisait tout juste que de tous les immortels ici présents… Duncan était probablement celui qui avait le plus conscience de la merde dans laquelle l'Archidémon les embarquait. Celui qui avait le plus conscience du fait que Shinki, ce n'était pas n'importe qui…, et qu'on ne se présentait pas à lui sans être bien sûr de ce qu'on faisait.

Démigra se demandait là maintenant si l'ambiance générale des retrouvailles pseudo-guillerettes avait indisposé Duncan. Qui ne comprenait probablement pas comment tout le monde ici pouvait prendre aussi peu au sérieux les événements décisifs à venir. Démigra lui-même prenait Shinki un peu trop sur le ton de la rigolade, et entrainait les autres dans cet état d'esprit… qui pourrait bien couter très cher.

Shinki — et ça Duncan au moins le devinait déjà — n'était pas un simple boss de niveau intermédiaire.

Ni un boss de fin de stage.

Ni même le Big Boss final du jeu.

C'était carrément le Game-Master.

Tous les actuels préparatifs d'avant-guerre étaient bien beaux. Mais le combat final pourrait très bien être bouclé en une seule seconde. D'un simple mouvement nonchalant de l'auriculaire de Shinki. Ce qui serait d'autant plus ironique. Et l'ironie d'une telle tournure ne faisait apparemment pas rire Duncan. Démigra si. Rien qu'en y pensant là tout de suite, il eut envie de rire. Mais ne le fit pas, par respect.

Par respect… mais aussi et surtout parce qu'un événement soudain avait polarisé son attention. Une lumière rouge, vive et aveuglante, lui était furtivement passée sous le nez. L'Archidémon pivota bientôt vers la source émettrice du rayon écarlate… et réalisa qu'il s'agissait d'R6-23. Démigra se tourna alors non pas vers la source cette fois… mais vers la destination du faisceau de lumière… et se rendit compte qu'il s'agissait du ventre de Bubbles. La lumière rouge s'évapora finalement au bout d'une poignée de secondes… et l'alter-égo de Shinki eut alors la surprise de voir jaillir de l'écran de télévision d'R6-23 une sorte de projection holographique en 2D, de la largeur d'une table à manger.

La projection était en fait la résultante de l'analyse radiographique qu'R6-23 venait de faire subir à Bubbles sans que ce dernier ne l'ait comprit. Ce même R6-23 qui expliqua alors, par sa voix cristalline, provenant des haut-parleurs de l'écran cathodique, que les immortels avaient sous les yeux la flore interne de l'amiral. Démigra ne parvenait pas vraiment à déchiffrer les images du diaporama qui défilaient effrénément sur l'hologramme. Mais certaines formes ne lui étaient pas étrangères. Et l'Archidémon fut soufflé de réaliser à quel point Bubbles en avait bouffé des choses bizarres dans sa longue vie. Démigra crut même reconnaître quelques éléments d'armure héloïte. Ainsi qu'une moitié de boule de cristal, dans laquelle on avait croqué comme une vulgaire pomme. Démigra distingua même une tête de Kaïoshin.

La projection holographique prit bientôt la forme d'un Bubbles grandeur nature, en 3D, laissant pour autant toujours apparaitre son squelette et la totalité de ses organes internes. L'image sembla se stabiliser sur un imbroglio abscons, mi-organique mi-artificiel, que seul Grichka sut décoder… sans qu'R6-23 n'ait eu besoin d'expliquer de quoi il retournait. Le physicien épargna au robot cette peine, et prit la parole.

— Démigra, ça fait combien de temps exactement que l'amiral a ingurgité le convertisseur ?

— Euh… combien de temps ? Je sais pas trop. 2000 ans ? C'était à l'époque du dernier Big-bang de l'univers n°1 je crois. Dans ces eaux-là.

— Donc il y a 8000 ans.

— Peut-être, si tu le dis. Pourquoi tu poses la question ?

— Le convertisseur a eu le temps de métastaser.

— …… Il a fusionné avec l'organisme de Bubbles ?

— Oui. Je ne savais même pas que c'était possible. Mais avec la haute technologie des univers n°8 et n°3… faut s'attendre à tout.


Grichka s'approcha de l'hologramme et pointa du doigt certaines parties de l'organisme de l'amiral.

— Le convertisseur s'est adapté à l'anatomie de Bubbles.

— ……

— Regarde…… juste ici. Le réservoir est là, maintenant… et là-bas… c'est la pompe. Le dard est juste ici. Et toute cette zone-là… c'est ce qui fait maintenant office de sortie, débita Grichka en baladant son doigt ganté ci et là de la maquette en trois dimensions.


Démigra captait au vol ce qu'il pouvait comprendre. Bubbles quant à lui n'avait pas encore capté que l'image du singe en 3D n'était autre que sa propre représentation. Et heureusement qu'il n'avait pas compris… autrement, la planète aurait ô combien souffert de sa crise de panique.

— Bubbles ! scanda Démigra à l'adresse du singe de Duncan. Palpe ta queue et dis-nous si tu sens un bout pointu.


Démigra avait parlé en langue de singe, à grands renforts de gestes ridicules. Chose inutile puisque Bubbles comprenait toutes les langues. Le singe fit néanmoins comme demandé… avant de soudain sursauter au point de se cogner le haut du crâne contre le sommet du bureau massif. Le singe avait sursauté du fait qu'il venait de se piquer l'index en baladant hasardeusement ses doigts sur l'extrémité de sa queue.

— Ah ouais ! scanda Démigra en souriant de toutes ses dents. Ok, Grichka, on fait quoi maintenant ?

— Exactement comme on a fait avec ton stylo.




~~~~~~~~


Deux minutes plus tard…… le précieux bâton de Démigra était enfin rechargé. La moitié des immortels présents arborait une mine passablement satisfaite. L'autre au contraire avait le visage fermé à double tour. Il s'agissait de ceux qui n'avaient compris que trop tard par quel endroit Bubbles allait décharger la précieuse cargaison de mana… et n'avaient malheureusement pour eux pas détourné les yeux à temps.

La mana était ressortie sous la forme de billes oranges.

Comme des œufs de poisson… mais de la taille d'une boule de pétanque, chacune. Démigra avait ramassé une quinzaine de ces billes… et les avait délicatement rangées dans une sacoche récupérée depuis l'un des tiroirs du bureau argenté. Il avait ensuite écrasé les billes restantes avec son pied, à même le sol. Leur contenu s'était alors répandu sur l'herbe, sous la forme d'une flaque orange visqueuse. Démigra avait ensuite plongé l'une des extrémités de son bâton dans la flaque en question, après avoir encapuchonné la tête de mort sur l'autre extrémité.

Les cavités orbitaires s'étaient alors illuminées en vert… et la couleur orange de la petite flaque au sol sembla être absorbée par le bâton… et ce jusqu'à ce que ladite flaque présente une teinte aussi blanche que le lait. Ainsi le bâton magique fut-il rechargé en mana et prêt à l'emploi.


C'était enfin l'heure de partir.


— Vous avez de l'eau sur vous… ou n'importe quoi de liquide ? demanda Démigra à haute voix.


Tous répondirent par la négative avant de jeter quelques coups d'œil plus ou moins discrets à Moix… qui cacha alors tout aussi discrètement sa bouteille d'agent chimique X, dans son dos. Démigra s'en rendit compte et tendit la main, l'agitant en signe de “donne-moi ça”.

Moix fit de la résistance oculaire quelques secondes… avant de céder son magnum dans un grognement.

Démigra s'empara de la bouteille et la vida par terre jusqu'à ce qu'une flaque d'un bon mètre de diamètre se soit formée au sol. L'Archidémon rendit alors la bouteille à son propriétaire et s'empara ensuite de son bâton de bois… pour dessiner sur la surface de la flaque noire ainsi formée une série de runes que Duncan et Vivianne ne reconnurent pas, en dépit du fait qu'ils étaient plutôt calés question magie runique.

Démigra se redressa bientôt… et prit le temps de toiser tous ses amis du regard avant de solennellement lancer…

— On y va.

— Comment ça on y va ? siffla Grichka.

— Sautez dans la flaque.


L'incrédulité du groupe fut rapidement balayée par la démonstration de l'Archidémon qui pour étayer ses dires plongea son bâton de bois dans la flaque gisant au sol. Ce même bâton de bois qui s'enfonça alors sur toute sa longueur dans le liquide, témoignant de la nouvelle profondeur de la mare, certainement abyssale. Duncan fut le premier à s'activer. Il ne fit pas sa précieuse à tourner autour de la flaque, à tâter l'eau ou à compter jusqu'à trois. Le chevalier noir sauta séance tenante à pieds joints dans le puits sans fond, et disparut du Kaioshinkaï virtuel.

Le suivant à prendre son courage à deux mains fut R6-23.

Son courage à lui était purement mathématique… et aurait, de fait, dû ressortir en premier ; pourtant Duncan avait réussi à le devancer. Le robot s'en étonnait encore… tandis qu'il se laisser glisser lentement dans le liquide noirâtre… jusqu'à disparaître totalement à son tour.

Au départ d'R6-23 succéda un début de statu quo.

Il restait encore 7 immortels sur le sol du Kaioshinkaï virtuel. Et aucun ne s'était encore décidé à s'avancer vers la flaque.

Certainement… le fait de n'être désormais plus séparés de Shinki que par une simple mare au sol… donnait-il un sentiment de proximité et de danger imminent qui faisait réfléchir certains à deux fois… et leur ouvrait les yeux sur l'incroyable connerie qu'ils s'apprêtaient à faire.

Le statu quo s'étira en longueur.

Démigra ne mit la pression à personne… et se mura dans le silence absolu.

La situation fut finalement débloquée par Bubbles… qui venait de quitter sa cachette et s'était approché de Démigra… pour ensuite tirer sur le pantalon de l'Archidémon, afin de l'interpeller. Démigra baissa les yeux vers l'amiral et réalisa que ce dernier cherchait à comprendre où se trouvait Duncan. Démigra comprit que le singe avait probablement raté l'épisode où l'Immortel de Pandora sautait dans la mare… et pointa cette même mare du doigt, pour seule réponse. Le regard du singe fit alors l'aller-retour entre la mare et le doigt de Démigra, plusieurs fois… jusqu'à comprendre. L'amiral Bubbles se dirigea alors de lui-même vers l'eau noirâtre… et sauta dedans sans se poser de questions.

Démigra rétracta alors son doigt tendu… et croisa les bras en soufflant vaguement du nez.

Un immortel de moins. Il en restait encore six.

Bientôt cinq… car Grichka s'activa enfin… et suivit le même chemin que Bubbles, sans commentaires.

Une fois Grichka disparu, Démigra tourna les talons, prenant lentement la direction de son bureau en bois de chêne sacré, sous le regard interloqué des autres immortels encore présents. L'Archidémon ouvrit un tiroir pour en tirer une tunique pliée en quatre. Il la déplia avant de l'enfiler par dessus son débardeur. Cette tunique ressemblait beaucoup à la longue veste bleue semi-rigide qu'il portait habituellement, à ceci près que celle-ci était totalement blanche. D'un blanc éclatant. Dans le dos étaient gravées, à la verticale, une série de six lettres en or.

Démigra retira bientôt du même tiroir un autre vêtement soigneusement plié. Il s'agissait du large pantalon qui allait de paire avec la tunique qu'il venait d'enfiler. Blanc comme le kaolin, lui aussi. Flanqué d'une autre série de lettres en or, sur la jambe gauche. Des lettres d'un alphabet certainement disparu et oublié des livres d'histoire eux-mêmes. Démigra retira sans gêne son pantalon devant tout le monde, gardant tout juste son caleçon bleue… par dessus lequel il enfila alors le pantalon blanc, qu'il ajusta ensuite, avant de se redresser enfin.

Il se pencha sur son bureau et récupéra son fameux stylo puis s'empara d'un livret rouge : son catalogue de formules magiques. Il les glissa tous les deux délicatement dans la seule poche de sa tunique, au niveau de la poitrine. Démigra se redressa à nouveau et entreprit de retourner auprès des autres immortels. Lorsqu'il regarda dans leur direction, l'Archidémon eut la bonne surprise de remarquer que Siamoix était parti, pendant qu'il s'habillait. Il ne restait donc plus que trois immortels encore sur les lieux. Démigra alla se poster à leurs côtés.

— Et on peut savoir c'est quoi cette tenue, Démigratropbeau ? glissa Vivianne avec un sourire taquin.

— Rien de spécial ma mie. Disons que c'est la tenue que je porte pour les grands jours.

— Comme Duncan avec son armure en katchin ?

— Voilà. À ceci près que ma tenue à moi est purement ornementale.

— …

— Mais disons qu'elle me permet de me prendre un peu au sérieux, quand je me bats. Et du sérieux… on va tous en avoir besoin.


Vivianne ne trouva cette fois rien d'autre à répondre qu'un sourire rassurant. Elle se mit alors subitement à tapoter de la main sur sa jambe droite. La seconde d'après… les trois chatons noirs aux yeux violets qui faisaient encore tourner le pauvre Gorgo en bourrique, sautaient sur l'herbe bleue pour rejoindre leur maîtresse. Elle en prit alors deux sur ses épaules et s'assit sans ménagement sur le troisième… comme s'il s'était agi d'un fringant destrier musculeux. Le pauvre chaton croulait sous le poids de sa maîtresse… qui lui indiquait la flaque de l'index.

— Allez Kobalt ! Sus à Shinki ! scanda gaiement la sorcière Vivianne, à l'endroit de son destrier du pauvre, qui se traina tant bien que mal jusqu'à la mare noire… avant de se jeter dedans à corps perdu, emportant avec lui ses deux sœurs et sa maîtresse adorée…… mais farfelue.




~~~~~~~~


Une fois Vivianne partie… le silence et l'austérité reprirent leurs droits sur le Kaioshinkaï virtuel.

Jusqu'à ce que Gorgo débloque à son tour la situation.
Il flotta lentement jusqu'à se placer en face de Démigra, pour le regarder les yeux dans l'œil.
Le regard de Gorgo se fit alors plus intense et explicite que tous les discours qui s'étaient tenus.
Démigra lut clairement dans la pupille, pourtant immobile… la question que l'entité voulait poser.

Shinki est-il si fort que ça ?

Trente secondes s'écoulèrent. Meublées par le silence.

Et puis Démigra se mit soudainement à rire. A gorge déployée. Très, très fort.

— Allons Gorgo, tu es le plus puissant membre de l'Ordre ! S'il y a quelqu'un qui devrait paniquer entre Shinki et toi… c'est Shinki ! termina l'Archidémon dans un nouveau rire tonitruant, avant d'envoyer une tape dans le “dos” de Gorgo, pour le faire tomber dans la flaque noire.


L'œil chuta dans le liquide et s'enfonça comme dans des sables mouvants… finalement sans chercher à s'en extraire.
Gorgo se laissa passivement disparaître dans la mare. La dernière chose qu'il vit fut l'immense sourire de l'Archidémon.

Une fois Gorgo parti… le silence et l'austérité reprirent encore leurs droits sur le Kaioshinkaï virtuel.

Démigra se tourna vers Clay… dans l'optique de lui parler… mais s'arrêta à mi-chemin. Il préféra finalement laisser au moine immortel l'initiative de briser le silence. Clay se trouvait à moins d'un mètre de l'Archidémon et de la mare noire. Il se tenait droit, stoïque… bras croisés, jambes boisées. Impossible de lire dans son regard, ses lunettes noires fumées se dressaient en rempart infranchissable.

— Domigura sensei.

— Clay.

— Avant de me jeter dans cette flaque… il y a une question que je dois vous poser.

— Bien sûr. Qu'y a-t-il ?

— Votre bâton est suffisamment chargé pour nous emmener chez Shinki.

— Oui. Ne t'inquiète pas pour ça. Quand tu sauteras dans ce puits, tu atterriras dans une salle vide et tu y retrouveras les autres. Et lorsque je vous aurais rejoints, cette salle nous mènera droit chez Dieu. Tu ne sentiras même pas le trajet. Une porte apparaîtra simplement sur l'un des murs de la pièce, une fois le voyage terminé. Il nous suffira alors d'ouvrir cette porte pour déboucher directement chez Shinki.

— Ce n'était pas ma question, Domigura sensei.

— …… Quelle était ta question alors.

— Votre bâton est suffisamment chargé pour un voyage aller.

— …

— Mais l'est-il suffisamment pour un voyage aller-retour ? Dans l'hypothèse ou nous perdrions contre Shinki.


Quarante secondes s'écoulèrent. Meublées par le silence absolu.

— Et pourquoi ne le serait-il pas ? lâcha finalement l'alter-ego de Shinki sur un ton calme. Je n'ai pas l'intention de vous laisser coincés là-bas. Je vous ai promis de vous ramener chez vous avant le passage du Dieu de la Destruction… et je jure que je tiendrai cette promesse.

— Vous ne répondez toujours pas à ma question, Domigura sensei, répondit Clay.


Le moine ne regardait pas en direction de son interlocuteur, mais simplement droit devant lui.

— Oui Clay. Mon bâton est assez chargé pour un voyage aller-retour, ne t'inquiète pas ! scanda finalement Démigra.


Le sourire de l'Archidémon s'était sciemment fait si large qu'il en fit ressortir ses gencives.

Clay ne répondit rien. Il s'avança simplement vers la flaque sans décroiser les bras … et sauta dedans, sans hésitation.

Ne restait plus que l'Archidémon.

Archidémon qui persista de longues secondes dans l'immobilité la plus totale… avant de subitement claquer des doigts pour éteindre définitivement la lumière. Il s'avança ensuite vers la flaque noire. Le Kaioshinkaï virtuel ainsi aveuglé, ainsi plongé dans le noir absolu…

… Ne put savoir si Démigra avait finalement sauté dans la mare ou pas.
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Re: [fic en duo] Cogito Gero Sum

Messagepar Axaca le Jeu Juin 02, 2016 9:38

Moi à la fin du chapitre :

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Tain je vous hais les gars sérieusement.

En tout cas, j'ai adoré les références, comme les magies de couleurs ou l'agent chimique X.

Encore du très bon !
"Que dites-vous ?... C'est inutile ?... Je le sais !
Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès !
Non ! non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile !"
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Re: [fic en duo] Cogito Gero Sum

Messagepar omurah le Jeu Juin 02, 2016 15:52

Ooohhh *o*
C'est rassurant, on commençait à se demander si ce FB était pas de la grosse marde lol.
Thanks Axaca ! Du coup la motivation revient au galop... et la pression aussi !
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Re: [fic en duo] Cogito Gero Sum

Messagepar Lamantin_Furtif le Jeu Juin 02, 2016 21:08

omurah a écrit:C'est rassurant, on commençait à se demander si ce FB était pas de la grosse marde lol.


Ah bah là-dessus, je peux vous assurer, c'est pas le cas !

Un peu la flemme de faire un long comm (ou un comm tout court, en fait), mais ne vous inquiétez pas : ces chaps (et la fic en générl) sont très bons. J'ai vraiment tout aimé, des clins d'oeils aux descriptions des immortels.

L'ambiance de cette fic est vraiment géniale, complètement anarchique et wtf. Je l'ai déjà dit, mais vous osez faire des trucs que je ,n'oserais jamais ^^

Bef, bien du bon, et la rage de ne pas savoir ce qui se passe juste après est presque compensée par l'assurance de voir se poursuivre la trame principale.


Dans l'ensemble, ce flash back est une bonne chose à mon sens : Demigra était tellement extrème qu'il en devenait inconsistant, à mes yeux. Là, il en est presque attachant
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Re: [fic en duo] Cogito Gero Sum

Messagepar omurah le Ven Juin 03, 2016 0:05

/me fait la danse de la joie (⌒▽⌒)
Merci pour la confirmation qu'on était pas en train de s'enfoncer dans les marais ! :lol:
L'avantage qu'on a avec Max c'est qu'on peut se basher copieux nos chapitres en backstage, avant de poster, du coup ça limite pas mal le risque de fail, mais le risque est toujours là donc c'est toujours (comme tout le monde dans la section) avec une pointe d'appréhension (et d'exitation) qu'on poste un chapitre parce que c'est la grande inconnue (・。・;)

Bref, content de voir que ça passe encore pour toi ^-^
Et oui, on enchaine avec la trame principale, probablement la semaine prochaine :)

Merci encore ! Les commentaires, j'ai toujours dis (et je pense toujours) que c'est du bonus et absolument pas le plus important. N'empêche que ça fait toujours plaisir quand ça tombe !
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Re: [fic en duo] Cogito Gero Sum

Messagepar Paulemile le Sam Juin 04, 2016 9:04

Wow.
J'ai.
Trop.
Kiffé.

Gros travail dans les descriptions, les infos distillées sur les univers et gros talent pour la création des personnages aussi.
Bubbles, quoi :lol:
J'aurais dû lire ce chapitre avant de nominer des persos pour les meilleurs OC. Je suis déjà fan de Duncan et de R6-23 8-)

C'était pas juste une bonne idée d'écrire ces FB, c'était limite nécessaire, vraiment.
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