Mémoires

Bonjour à tous et à toutes.
Je vous présente ce nouveau projet qui se nomme : Mémoires.
Ici, il ne sera pas question de grosse fan-fic, je me suis fait déjà avoir avec un projet posté un peu à la va-vite et un autre qui ne verra probablement jamais le jour malgré le boulot de Niic et Butterfly à la relecture. (J'en profite d'ailleurs pour m'excuser de vous avoir fait perdre votre temps).
Mais pour en revenir à Mémoires, je vois ce nouveau projet comme une série de One-shot. Parfois j'ai envie d'écrire, j'écris des trucs mais j'ai plus la patience pour me lancer dans un gros projet.
Le coup d'une série de One-Shot (à la manière d'un Versus ou du concours que Ginji avait lancé il y a quelques années avec des sujets imposés.) m'intéresse beaucoup plus, cela me permet de continuer d'écrire sans avoir trop de contraintes tout en me faisant plaisir.
Parce que, oui :
Il n'y aura pas forcément de liens entre les O-S.
Il n'y aura pas de rythme de parution défini (en fonction de mon inspiration et de mon temps de relecture).
En espérant que cela daigne vous intéresser et que vous apprécierez ces petites choses.
Bonne Lecture !
___________________________________________________________________________________________________________________________
-Tu ne nous as jamais vraiment raconté comment c'est chez toi ? Demanda le namek.
Après quelques secondes d'hésitation, le jeune adolescent répondit.
-Il faisait chaud, drôlement chaud. C'est ce qu'ils disaient souvent. Moi, je n'avais connu que cela ou presque. Trop jeune pour me rappeler des doux printemps, des automnes pluvieux ou encore des hivers enneigés. Je profite un peu du climat, ici, dit-il, tout en souriant discrètement avant de reprendre.
-Un soleil brutal qui n'épargnait aucune peau, aussi sombre fut-elle. Et pourtant malgré cet été éternel, malgré la chaleur étouffante, nous n'avions pas le temps de nous en plaindre. Nous n'avions pas le temps de soigner ces ridicules brûlures qui s'arrêtaient là où nos vêtements commençaient.
Des dires que j'ai entendu, le premier des fléaux a été la communication. Les médias diffusaient en boucle les images d'attentats aussi spectaculaires que familiers, d'une menace aussi invisible que destructrice. L'expression « à chaque jour suffit sa peine » n'avait jamais été aussi éloquente.
La peur gagna la population, à raison. Les attaques étaient menées tambour battant dans des zones proches comme éloignées géographiquement. Comme s'ils étaient partout et nulle part à la fois.
Dans un premier temps, il y avait tout un bloc d'images professionnelles avec une multitude de journalistes, autant de moyens qu'il était possible de mettre pour gonfler l'audimat. La presse écrite se targuait de grands titres, la presse télévisuelle en faisait autant. Elle proposait des émissions politiques, des débats de grands penseurs et de pseudos philosophes sur les impacts sociaux, démographiques et culturels. Des organisations humanitaires osaient encore porter secours aux rescapés. Mais petit à petit, les moyens financiers se firent de plus en plus modestes et l'envie des reporters d'être sur place se fît moindre. Comme si les journalistes avaient finalement compris que le meilleur scoop de l'année n'était pas aussi important que leur propre vie. Les médias commencèrent à s'éteindre discrètement.
Il ne restait plus que quelques vidéos filmées de loin par des rescapés et balancées sur la toile quand le réseau le permettait encore. Toujours les mêmes images, celles de villes détruites supplantées par des immenses colonnes de fumée.
Bientôt la télévision n'émettait plus. Le web s'éteignit silencieusement. Un ou deux journaux subsistèrent et quelques radios.
Les médias avaient fait plus que rendre une information publique, ils avaient créé la panique totale. Une vague d'attentats meurtriers, aussi catastrophiques qu'insaisissables, un système politique complètement impuissant et vite désavoué, tout ceci avait été dit sans vergogne.
La population avait fuit les grandes villes et s'était rendue dans les terres plus profondes. La loi du plus fort y régnait.
L'humain est ainsi fait, je vous apprends rien. Dans l'adversité, on se tape un peu plus dessus – à cause de la peur, à cause de la jalousie, à cause de tout un tas de raisons – jusqu'à ce que l'on se rende compte qu'on est plus assez, qu'il vaut mieux se serrer les coudes et combattre côte à côte. Mais on l'a compris que trop tard et je doute que cela ait pu avoir un quelconque impact, de toute façon. C'est juste qu'on leur a facilité la tâche.
Le jeune serra les mâchoires tout en continuant son histoire.
-Nous étions devenus comme des nuisibles, de ceux qu'on enfume dans la cave pour les faire aller chez le voisin, sauf que le voisin n'existait plus ou alors il aurait fallu créer un vaisseau spatial pour s'y rendre. Poussés à nous enfuir, contraints de nous entre-tuer, massacrés par milliers, voilà ce qu'était devenu notre quotidien. Ça je m'en souviens que trop bien. Les gens qui se menaçaient les uns les autres pour une boîte de conserve, une bouteille d'eau...
Il balança la tête de gauche à droite comme pour faire sortir ses images.
-Même si les médias n'avaient jamais réussi à capter les terroristes, une rumeur grandissante se faisait entendre durant les longues heures d'exode, dans les camps de fortune, dans les décombres d'une ville. Elle grossissait comme une mode, un jeu de cours d'école. Une ou deux personnes de prime abord qui contaminaient les trois ou quatre personnes autour jusqu'à faire le tour du globe.
Les dernières oreilles attentives avaient primé cette rumeur en légende. L'information et la communication avaient provoqué encore l'effroi dans le cœur de chacun.
Tout le monde veut toujours tout savoir et une fois que l'on sait, on le regrette, car cela provoque en nous une cassure, une forme de désespoir. Cela nous fait nous sentir impuissants, même si dans ce cas-là, nous l'étions réellement.
Le jeune homme marqua une pause dans son récit. L'un de ses interlocuteurs, le plus jeune qui portait des cheveux noirs coiffés n'importe comment, le regardait fixement.
Les yeux légèrement humides, la vision légèrement troublée. Il s'imaginait devoir vivre ça lui aussi. Il imaginait les villes qu'il connaissait, les personnes qu'il aimait mourir, ensevelis sous un building.
Les deux autres individus gardaient une certaine contenance même si des sueurs froides coulaient le long des nuques et des tempes.
Trunks reprit.
-Nous avions si peu de véritables informations. Des rumeurs, une légende qui mystifiait ces entités nouvelles. Même nous, nous étions impuissants.
Il y a eu des échanges de coups, des heurts violents et meurtriers. Plusieurs assauts ont été menés. Mais comme je vous disais tout à l'heure, l'humain a du mal à cohabiter dans l'adversité. Je pense que mon père avait sa part de responsabilité dans cette mésentente, d'ailleurs. Et ce n'est pas à son contact, enfin... à notre premier contact, que j'ai changé d'avis.
Malgré tout les dires de ma mère, je m'étais toujours imaginé un homme fort, un homme secret mais avec un grand cœur, probablement bien caché...
L'adolescent baissa la tête, ses cheveux lui tombèrent sur le front et il regarda ses chaussures quelques secondes. Il la releva à peine et continua.
-... À notre première rencontre, la désillusion m'a frappé plus fort que tous les coups que j'ai pris dans ma vie. Odieux, imbu de lui-même, plus obsédé à l'idée de dépasser Goku que de sauver la planète de Cell...
Trunks regarda Gohan.
-Je crois que nous avons eu de la chance d'avoir été élevés par des terriennes.
Gohan ne répondit pas tandis qu'un sourire se dessinait sur le visage de Krillin.
-Mais... Mais je suis persuadé que dans mon époque, il s'est vaillamment battu et qu'il a tout fait pour sauver la Terre, à sa manière... Et je sais qu'il est... Enfin que...
-Qu'il est plus que ce qu'il veut bien montrer, coupa Piccolo.
-Oui, répondit timidement Trunks avant de reprendre. J'ai tellement entendu parler de chacun d'entre vous. Cela fait quelque chose d'étrange de m'être battu à vos côtés, continua-t-il, tellement de propos élogieux, sur votre courage, sur votre force, sur votre gentillesse. J'aurais tellement aimé qu'ils soient à mes côtés pour vous revoir. Ils auraient... Oui, ils auraient...
Le fils de Bulma s'éclaircit la voix tout en portant la main devant sa bouche.
-Je n'ai connu que Gohan. Il passait régulièrement nous voir. Toujours avec un carton de provisions que nous partagions. À chaque fois qu'il arrivait, je revivais. On avait que quelques années d'écart mais quand on est gamin et qu'on voit un type aussi sûr de lui, aussi imposant dans ses habits bleus et oranges, ça fait quelque chose. Quand je le voyais, je me sentais bien.
Gohan jeta un coup d'oeil furtif à Piccolo.
-Parfois il passait la journée avec moi, il essayait de m'entraîner. Nous faisions des combats, des petits. Et à chaque fois que la radio émettait, il partait en trombe. Sa puissance me bousculait en arrière, un peu moins chaque jour cela dit.
Il gardait un sourire de façade quand il discutait avec Maman, il tentait de la rassurer mais vous connaissez ma mère... Elle le ressentait, elle le voyait et il était presque impossible d'éluder une question avec elle. À cette époque, elle mûrissait à peine le projet de la machine à voyager dans le temps et elle n'a jamais eu l'occasion de réellement lui en parler...
Au fur et à mesure que je grandissais, les entraînements devenaient de plus en plus réguliers, de plus en plus durs. S'il retenait ses coups dans un premier temps, Gohan laissait entrevoir sa force par des coups de poings ravageurs. J'ai le souvenir d'un qui après m'avoir touché m'a endormi quasiment un jour et demi et m'a fait mal dix jours de plus. C'est lui qui m'enseigna nos origines, ce qu'étaient réellement nos pères, ce dont nous étions capables.
Les années passaient et il continuait la lutte. À ceci près qu'il ne combattait plus pour les détruire, il se battait pour sauver le plus de monde possible.
« Chaque vie est importante ! »
Il le répétait souvent quand on s'entraînait. Pourtant je n'étais enivré que par la colère. J'étais dominé que par l'envie de les annihiler! Après tout ce que j'avais entendu... À chaque fois que ma mère parlait de vous, il ne se passait que quelques minutes avant qu'elle ne parte enfoncer son nez dans des ordinateurs, dans des papiers ou des calculs scientifiques. Gohan parvenait mieux à se contrôler. Il ne laissait que rarement ses ressentiments émerger, devant moi en tout cas. Si je ne comprenais pas forcément à l'époque, aujourd'hui, je pense savoir pourquoi. Mais ce ne sont que idées. J'imagine que je n'aurais jamais la réponse.
Le petit Gohan écoutait et buvait les paroles. D'un côté mal à l'aise et d'un autre terriblement intéressé d'entendre parler de soi, d'un soi du futur.
Piccolo reconnaissait dans les paroles de Trunks l'enfant qu'il avait entraîné dans le désert. Celui qui était à quelques mètres de lui à peine et qui avait défait Cell. Un sourire bon enfant qui pouvait cacher une colère et une force enragée, c'était tellement caractéristique de son élève. Trunks reprit.
-Gohan s'apparentait plus à un protecteur qu'à un guerrier. Il essayait de préserver la vie avant tout. Il a été grièvement touché lors de notre première rixe avec les cyborgs. Il a sacrifié son bras pour ma vie... Je n'étais pas encore assez puissant. Et pourtant, fort de mes progrès, je me croyais au dessus de tout, je me croyais capable de rivaliser avec l'un d'eux, d'enfin pouvoir faire jeu égal avec eux et de les tenir en échec.
Krillin marqua un temps d'arrêt, il regarda Trunks et crût entendre Vegeta parler.
-Je me trompais, lourdement. Très lourdement. Gohan me faisait confiance et je n'ai pas été à la hauteur... Je... Je...
La voix du fils de Bulma tremblait quelque peu, son visage se nappa de tristesse. Les souvenirs de la première rencontre avec Vegeta ou avec l'armée de Freezer revinrent en mémoire à Krillin.
-Ce n'était pas ta faute ! Clama Krillin. Tu étais sûrement très jeune et inexpérimenté. On est jamais prêt à ce genre de combat, jamais.
Piccolo repensa au combat face à Nappa et du sentiment qu'il avait ressenti lorsque Gohan leur avait fait faux bond, à Krillin et lui.
-Il est mort seul. Il a été assassiné par ces monstres, je n'étais pas là ! Peut-être que si j'avais...
-Tu pouvais te transformer ? Demanda Piccolo.
-Non, répondit Trunks.
-Alors tu n'aurais été d'aucune utilité. Tu viens de le dire, Gohan était un protecteur. Il voulait sûrement protégé les gens, et toi. Parce que tu es un sayien, parce qu'il savait que tu te transformerais un jour et que tu serais capable de vaincre ces cyborgs.
Trunks ne répondit rien. Il se contenta de lever les yeux et de croiser le regard du namek. Gohan lui avait parlé de lui. Cet être qui était un démon, ou se faisait passer pour. Il avait fini par se rallier à Goku, entraîner son fils, le défendant au péril de sa vie. Il jeta un coup d’œil furtif à Vegeta une vingtaine de mètres plus loin, planté droit comme « i », les bras croisés, dans le jardin de la Capsule Corporation avant que l'enfant ne l'interrompe.
-Et comment je suis mort ? Enfin, comment il est mort ? Questionna Gohan.
Trunks jeta un regard gêné à l'enfant.
-Je... Je... Je ne sais pas. Ce jour-là avant de partir Gohan m'assomma. Nous avions entendu un signal radio qui avait déclaré les cyborgs dans une ville et au moment de partir il me frappa de sorte que je ne puisse le suivre. Je me rappelais juste du nom de la ville. Quand je me suis réveillé, j'y suis allé le plus rapidement possible. Des colonnes de fumée décoraient le ciel, je n'avais qu'à les garder en vue. Lorsque je suis arrivé, j'ai cherché des minutes qui m'avaient semblé durer des heures. Je l'ai trouvé...
-Et tu t'es transformé ? Demanda tout en connaissant la réponse, Piccolo.
-Oui, j'ai découvert le super sayien ce jour-là.
-Gohan... Il... Enfin, ce Gohan est mort en héros ! Affirma Krillin.
-Oui, clairement, répondit Trunks. C'était un héros.
Krillin posa sa main sur la chevelure de Gohan.
-C'est toujours un héros, pas vrai ?
Gohan se contenta de sourire sobrement en réponse.
-C'est grâce à lui et grâce à ma mère que j'ai pu venir ici chercher votre aide et que j'ai réappris la signification du mot espoir.
-Les Son font souvent cet effet là, lança Krillin, chacun à leur manière. Ta mère de façon plus directe... Conclut-il, la bouche cachée par sa main de peur qu'elle n'entende.
-Oui, les Son, les Brief mais pas que... rectifia Trunks tout en jetant un regard au petit homme en tenue orange.
Sur cette parole, Trunks se releva. Une petite brise balaya ses cheveux. Il se massa l'épaule droite tout en jetant un coup d’œil à sa mère du présent ainsi qu'à lui-même bébé. Elle essayait de le faire marcher tout en lui tenant les mains et en l'encourageant de tout son être. Avec l’anéantissement de Cell et la menace qu'il représentait, entouré par ces gens dont les noms avaient bercé son enfance, malgré l’émergence des souvenirs mélancoliques, Trunks était à présent sûr d'une chose, le présent était entre de bonnes mains et son futur le serait bientôt lui aussi.
Je vous présente ce nouveau projet qui se nomme : Mémoires.
Ici, il ne sera pas question de grosse fan-fic, je me suis fait déjà avoir avec un projet posté un peu à la va-vite et un autre qui ne verra probablement jamais le jour malgré le boulot de Niic et Butterfly à la relecture. (J'en profite d'ailleurs pour m'excuser de vous avoir fait perdre votre temps).
Mais pour en revenir à Mémoires, je vois ce nouveau projet comme une série de One-shot. Parfois j'ai envie d'écrire, j'écris des trucs mais j'ai plus la patience pour me lancer dans un gros projet.
Le coup d'une série de One-Shot (à la manière d'un Versus ou du concours que Ginji avait lancé il y a quelques années avec des sujets imposés.) m'intéresse beaucoup plus, cela me permet de continuer d'écrire sans avoir trop de contraintes tout en me faisant plaisir.
Parce que, oui :
Il n'y aura pas forcément de liens entre les O-S.
Il n'y aura pas de rythme de parution défini (en fonction de mon inspiration et de mon temps de relecture).
En espérant que cela daigne vous intéresser et que vous apprécierez ces petites choses.
Bonne Lecture !
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I
-Tu ne nous as jamais vraiment raconté comment c'est chez toi ? Demanda le namek.
Après quelques secondes d'hésitation, le jeune adolescent répondit.
-Il faisait chaud, drôlement chaud. C'est ce qu'ils disaient souvent. Moi, je n'avais connu que cela ou presque. Trop jeune pour me rappeler des doux printemps, des automnes pluvieux ou encore des hivers enneigés. Je profite un peu du climat, ici, dit-il, tout en souriant discrètement avant de reprendre.
-Un soleil brutal qui n'épargnait aucune peau, aussi sombre fut-elle. Et pourtant malgré cet été éternel, malgré la chaleur étouffante, nous n'avions pas le temps de nous en plaindre. Nous n'avions pas le temps de soigner ces ridicules brûlures qui s'arrêtaient là où nos vêtements commençaient.
Des dires que j'ai entendu, le premier des fléaux a été la communication. Les médias diffusaient en boucle les images d'attentats aussi spectaculaires que familiers, d'une menace aussi invisible que destructrice. L'expression « à chaque jour suffit sa peine » n'avait jamais été aussi éloquente.
La peur gagna la population, à raison. Les attaques étaient menées tambour battant dans des zones proches comme éloignées géographiquement. Comme s'ils étaient partout et nulle part à la fois.
Dans un premier temps, il y avait tout un bloc d'images professionnelles avec une multitude de journalistes, autant de moyens qu'il était possible de mettre pour gonfler l'audimat. La presse écrite se targuait de grands titres, la presse télévisuelle en faisait autant. Elle proposait des émissions politiques, des débats de grands penseurs et de pseudos philosophes sur les impacts sociaux, démographiques et culturels. Des organisations humanitaires osaient encore porter secours aux rescapés. Mais petit à petit, les moyens financiers se firent de plus en plus modestes et l'envie des reporters d'être sur place se fît moindre. Comme si les journalistes avaient finalement compris que le meilleur scoop de l'année n'était pas aussi important que leur propre vie. Les médias commencèrent à s'éteindre discrètement.
Il ne restait plus que quelques vidéos filmées de loin par des rescapés et balancées sur la toile quand le réseau le permettait encore. Toujours les mêmes images, celles de villes détruites supplantées par des immenses colonnes de fumée.
Bientôt la télévision n'émettait plus. Le web s'éteignit silencieusement. Un ou deux journaux subsistèrent et quelques radios.
Les médias avaient fait plus que rendre une information publique, ils avaient créé la panique totale. Une vague d'attentats meurtriers, aussi catastrophiques qu'insaisissables, un système politique complètement impuissant et vite désavoué, tout ceci avait été dit sans vergogne.
La population avait fuit les grandes villes et s'était rendue dans les terres plus profondes. La loi du plus fort y régnait.
L'humain est ainsi fait, je vous apprends rien. Dans l'adversité, on se tape un peu plus dessus – à cause de la peur, à cause de la jalousie, à cause de tout un tas de raisons – jusqu'à ce que l'on se rende compte qu'on est plus assez, qu'il vaut mieux se serrer les coudes et combattre côte à côte. Mais on l'a compris que trop tard et je doute que cela ait pu avoir un quelconque impact, de toute façon. C'est juste qu'on leur a facilité la tâche.
Le jeune serra les mâchoires tout en continuant son histoire.
-Nous étions devenus comme des nuisibles, de ceux qu'on enfume dans la cave pour les faire aller chez le voisin, sauf que le voisin n'existait plus ou alors il aurait fallu créer un vaisseau spatial pour s'y rendre. Poussés à nous enfuir, contraints de nous entre-tuer, massacrés par milliers, voilà ce qu'était devenu notre quotidien. Ça je m'en souviens que trop bien. Les gens qui se menaçaient les uns les autres pour une boîte de conserve, une bouteille d'eau...
Il balança la tête de gauche à droite comme pour faire sortir ses images.
-Même si les médias n'avaient jamais réussi à capter les terroristes, une rumeur grandissante se faisait entendre durant les longues heures d'exode, dans les camps de fortune, dans les décombres d'une ville. Elle grossissait comme une mode, un jeu de cours d'école. Une ou deux personnes de prime abord qui contaminaient les trois ou quatre personnes autour jusqu'à faire le tour du globe.
Les dernières oreilles attentives avaient primé cette rumeur en légende. L'information et la communication avaient provoqué encore l'effroi dans le cœur de chacun.
Tout le monde veut toujours tout savoir et une fois que l'on sait, on le regrette, car cela provoque en nous une cassure, une forme de désespoir. Cela nous fait nous sentir impuissants, même si dans ce cas-là, nous l'étions réellement.
Le jeune homme marqua une pause dans son récit. L'un de ses interlocuteurs, le plus jeune qui portait des cheveux noirs coiffés n'importe comment, le regardait fixement.
Les yeux légèrement humides, la vision légèrement troublée. Il s'imaginait devoir vivre ça lui aussi. Il imaginait les villes qu'il connaissait, les personnes qu'il aimait mourir, ensevelis sous un building.
Les deux autres individus gardaient une certaine contenance même si des sueurs froides coulaient le long des nuques et des tempes.
Trunks reprit.
-Nous avions si peu de véritables informations. Des rumeurs, une légende qui mystifiait ces entités nouvelles. Même nous, nous étions impuissants.
Il y a eu des échanges de coups, des heurts violents et meurtriers. Plusieurs assauts ont été menés. Mais comme je vous disais tout à l'heure, l'humain a du mal à cohabiter dans l'adversité. Je pense que mon père avait sa part de responsabilité dans cette mésentente, d'ailleurs. Et ce n'est pas à son contact, enfin... à notre premier contact, que j'ai changé d'avis.
Malgré tout les dires de ma mère, je m'étais toujours imaginé un homme fort, un homme secret mais avec un grand cœur, probablement bien caché...
L'adolescent baissa la tête, ses cheveux lui tombèrent sur le front et il regarda ses chaussures quelques secondes. Il la releva à peine et continua.
-... À notre première rencontre, la désillusion m'a frappé plus fort que tous les coups que j'ai pris dans ma vie. Odieux, imbu de lui-même, plus obsédé à l'idée de dépasser Goku que de sauver la planète de Cell...
Trunks regarda Gohan.
-Je crois que nous avons eu de la chance d'avoir été élevés par des terriennes.
Gohan ne répondit pas tandis qu'un sourire se dessinait sur le visage de Krillin.
-Mais... Mais je suis persuadé que dans mon époque, il s'est vaillamment battu et qu'il a tout fait pour sauver la Terre, à sa manière... Et je sais qu'il est... Enfin que...
-Qu'il est plus que ce qu'il veut bien montrer, coupa Piccolo.
-Oui, répondit timidement Trunks avant de reprendre. J'ai tellement entendu parler de chacun d'entre vous. Cela fait quelque chose d'étrange de m'être battu à vos côtés, continua-t-il, tellement de propos élogieux, sur votre courage, sur votre force, sur votre gentillesse. J'aurais tellement aimé qu'ils soient à mes côtés pour vous revoir. Ils auraient... Oui, ils auraient...
Le fils de Bulma s'éclaircit la voix tout en portant la main devant sa bouche.
-Je n'ai connu que Gohan. Il passait régulièrement nous voir. Toujours avec un carton de provisions que nous partagions. À chaque fois qu'il arrivait, je revivais. On avait que quelques années d'écart mais quand on est gamin et qu'on voit un type aussi sûr de lui, aussi imposant dans ses habits bleus et oranges, ça fait quelque chose. Quand je le voyais, je me sentais bien.
Gohan jeta un coup d'oeil furtif à Piccolo.
-Parfois il passait la journée avec moi, il essayait de m'entraîner. Nous faisions des combats, des petits. Et à chaque fois que la radio émettait, il partait en trombe. Sa puissance me bousculait en arrière, un peu moins chaque jour cela dit.
Il gardait un sourire de façade quand il discutait avec Maman, il tentait de la rassurer mais vous connaissez ma mère... Elle le ressentait, elle le voyait et il était presque impossible d'éluder une question avec elle. À cette époque, elle mûrissait à peine le projet de la machine à voyager dans le temps et elle n'a jamais eu l'occasion de réellement lui en parler...
Au fur et à mesure que je grandissais, les entraînements devenaient de plus en plus réguliers, de plus en plus durs. S'il retenait ses coups dans un premier temps, Gohan laissait entrevoir sa force par des coups de poings ravageurs. J'ai le souvenir d'un qui après m'avoir touché m'a endormi quasiment un jour et demi et m'a fait mal dix jours de plus. C'est lui qui m'enseigna nos origines, ce qu'étaient réellement nos pères, ce dont nous étions capables.
Les années passaient et il continuait la lutte. À ceci près qu'il ne combattait plus pour les détruire, il se battait pour sauver le plus de monde possible.
« Chaque vie est importante ! »
Il le répétait souvent quand on s'entraînait. Pourtant je n'étais enivré que par la colère. J'étais dominé que par l'envie de les annihiler! Après tout ce que j'avais entendu... À chaque fois que ma mère parlait de vous, il ne se passait que quelques minutes avant qu'elle ne parte enfoncer son nez dans des ordinateurs, dans des papiers ou des calculs scientifiques. Gohan parvenait mieux à se contrôler. Il ne laissait que rarement ses ressentiments émerger, devant moi en tout cas. Si je ne comprenais pas forcément à l'époque, aujourd'hui, je pense savoir pourquoi. Mais ce ne sont que idées. J'imagine que je n'aurais jamais la réponse.
Le petit Gohan écoutait et buvait les paroles. D'un côté mal à l'aise et d'un autre terriblement intéressé d'entendre parler de soi, d'un soi du futur.
Piccolo reconnaissait dans les paroles de Trunks l'enfant qu'il avait entraîné dans le désert. Celui qui était à quelques mètres de lui à peine et qui avait défait Cell. Un sourire bon enfant qui pouvait cacher une colère et une force enragée, c'était tellement caractéristique de son élève. Trunks reprit.
-Gohan s'apparentait plus à un protecteur qu'à un guerrier. Il essayait de préserver la vie avant tout. Il a été grièvement touché lors de notre première rixe avec les cyborgs. Il a sacrifié son bras pour ma vie... Je n'étais pas encore assez puissant. Et pourtant, fort de mes progrès, je me croyais au dessus de tout, je me croyais capable de rivaliser avec l'un d'eux, d'enfin pouvoir faire jeu égal avec eux et de les tenir en échec.
Krillin marqua un temps d'arrêt, il regarda Trunks et crût entendre Vegeta parler.
-Je me trompais, lourdement. Très lourdement. Gohan me faisait confiance et je n'ai pas été à la hauteur... Je... Je...
La voix du fils de Bulma tremblait quelque peu, son visage se nappa de tristesse. Les souvenirs de la première rencontre avec Vegeta ou avec l'armée de Freezer revinrent en mémoire à Krillin.
-Ce n'était pas ta faute ! Clama Krillin. Tu étais sûrement très jeune et inexpérimenté. On est jamais prêt à ce genre de combat, jamais.
Piccolo repensa au combat face à Nappa et du sentiment qu'il avait ressenti lorsque Gohan leur avait fait faux bond, à Krillin et lui.
-Il est mort seul. Il a été assassiné par ces monstres, je n'étais pas là ! Peut-être que si j'avais...
-Tu pouvais te transformer ? Demanda Piccolo.
-Non, répondit Trunks.
-Alors tu n'aurais été d'aucune utilité. Tu viens de le dire, Gohan était un protecteur. Il voulait sûrement protégé les gens, et toi. Parce que tu es un sayien, parce qu'il savait que tu te transformerais un jour et que tu serais capable de vaincre ces cyborgs.
Trunks ne répondit rien. Il se contenta de lever les yeux et de croiser le regard du namek. Gohan lui avait parlé de lui. Cet être qui était un démon, ou se faisait passer pour. Il avait fini par se rallier à Goku, entraîner son fils, le défendant au péril de sa vie. Il jeta un coup d’œil furtif à Vegeta une vingtaine de mètres plus loin, planté droit comme « i », les bras croisés, dans le jardin de la Capsule Corporation avant que l'enfant ne l'interrompe.
-Et comment je suis mort ? Enfin, comment il est mort ? Questionna Gohan.
Trunks jeta un regard gêné à l'enfant.
-Je... Je... Je ne sais pas. Ce jour-là avant de partir Gohan m'assomma. Nous avions entendu un signal radio qui avait déclaré les cyborgs dans une ville et au moment de partir il me frappa de sorte que je ne puisse le suivre. Je me rappelais juste du nom de la ville. Quand je me suis réveillé, j'y suis allé le plus rapidement possible. Des colonnes de fumée décoraient le ciel, je n'avais qu'à les garder en vue. Lorsque je suis arrivé, j'ai cherché des minutes qui m'avaient semblé durer des heures. Je l'ai trouvé...
-Et tu t'es transformé ? Demanda tout en connaissant la réponse, Piccolo.
-Oui, j'ai découvert le super sayien ce jour-là.
-Gohan... Il... Enfin, ce Gohan est mort en héros ! Affirma Krillin.
-Oui, clairement, répondit Trunks. C'était un héros.
Krillin posa sa main sur la chevelure de Gohan.
-C'est toujours un héros, pas vrai ?
Gohan se contenta de sourire sobrement en réponse.
-C'est grâce à lui et grâce à ma mère que j'ai pu venir ici chercher votre aide et que j'ai réappris la signification du mot espoir.
-Les Son font souvent cet effet là, lança Krillin, chacun à leur manière. Ta mère de façon plus directe... Conclut-il, la bouche cachée par sa main de peur qu'elle n'entende.
-Oui, les Son, les Brief mais pas que... rectifia Trunks tout en jetant un regard au petit homme en tenue orange.
Sur cette parole, Trunks se releva. Une petite brise balaya ses cheveux. Il se massa l'épaule droite tout en jetant un coup d’œil à sa mère du présent ainsi qu'à lui-même bébé. Elle essayait de le faire marcher tout en lui tenant les mains et en l'encourageant de tout son être. Avec l’anéantissement de Cell et la menace qu'il représentait, entouré par ces gens dont les noms avaient bercé son enfance, malgré l’émergence des souvenirs mélancoliques, Trunks était à présent sûr d'une chose, le présent était entre de bonnes mains et son futur le serait bientôt lui aussi.