CHAPITRE 32
Châtiment
Ultia et Meldy s'étaient précipitées pour rejoindre Gerald. Un étrange tatouage était apparu près de sa clavicule droite. L'inquiétude se lisait sur l'expression de ses deux partenaires.
– Ne... Ne vous inquiétez pas, murmura le jeune homme en reprenant son souffle.
Je vais bien.Il se releva péniblement.
– Vous voyez ?
– Tu dois te faire soigner, l'avisa Meldy.
– Je suis considéré comme un mage noir sur tout le continent, s'amusa son interlocuteur.
Je pense que ce ne serait pas une bonne idée... Je vais bien, je t'assure.Ultia, quant à elle, semblait pensive.
– Orochimaru... murmura-t-elle.
Ce nom ne me dit rien...Les deux autres la regardèrent en silence. Puis Gerald tapa du poing contre le sol avec rage.
– Merde ! Comment un type pareil peut-il être passé inaperçu ?
– Ce n'est pas le premier mage noir que nous ne connaissions pas, fit remarquer Meldy.
– Mais c'est le plus fort, rétorqua Gerald.
Je n'aurais jamais cru être surpassé. Même le mage saint Jura n'aurait peut-être pas fait le poids face à lui.
– C'est vrai, reconnut Ultia avec calme.
Mais le fait qu'il ait fui signifie qu'il ne se sentait probablement pas à l'aise pour nous combattre ensemble.Elle fronça les sourcils.
– Ce qui me perturbe, c'est qu'il ne semble appartenir à aucune guilde. C'est un mage noir particulièrement fort aux intentions obscures.
– Peut-être appartient-il à la dernière des principales guildes noires du continent, Tartaros ? suggéra Meldy.
– J'en doute, répondit Ultia.
Nous avons toujours su repérer les différentes guildes de l'alliance Baram par leurs différents liens. Mais les agissements de cet Orochimaru n'ont rien à voir avec tout ce qu'on a vu, y compris Zeref...Elle se tut un bref instant, pensive.
– C'est comme s'il découvrait la magie...******
~~~
Cela faisait un moment que Sasuke avait terrassé les ninjas à sa poursuite. Le Soleil s'était levé depuis, et à présent il redescendait sur l'horizon. La notion du temps chez le jeune Uchiha était fortement perturbée par son état mental. Les arbres épais masquant en partie la lumière n'arrangeaient rien à cela.
S'autorisant une pause, le garçon récupéra quelques branches et alluma un feu à l'aide du Ninjutsu. Il s'assit devant, observant d'un air songeur les flammes qui semblaient lécher le bois dans un rythme d'une fluidité hypnotisante.
Il se souvenait du discours de Danzō au peuple de Konoha. Il était là jusqu'au bout.
Le futur souverain avait parlé de son plan pour éradiquer la menace Saiya-jin. Le peuple, conscient de la puissance de Raditz, avait bu ses paroles. Son coup d'éclat en tuant dans l’œuf la menace de Suna avait suffit à convaincre les plus réticents. En jouant sur l'émotion des gens, et notamment leurs peurs, Danzō était parvenu à les manipuler à la perfection...
Même les ninjas les plus entraînés, capables de contrôler leur état mental, avaient écouté avec attention ses paroles. Après tout, même si tout ceci était prévu par le chef de la Racine, via l'utilisation d'un village adverse pour générer une peur qu'il balayerait d'un revers de main à l'aide de son guerrier, ce n'était pour autant pas un mensonge. Il avait prouvé à tous sa force.
Le jeune Uchiha resta songeur en repensant à la menace qui guettait ce monde. Il avait du mal à concevoir l'idée qu'un guerrier puisse être bien plus fort que Raditz. Le Chakra de ce dernier était déjà incroyable. De toute sa vie, il n'avait jamais vu ça.
L'image de son frère le hanta soudain. Il serra les dents et les poings. Il se sentait trop impuissant. Il était vraiment faible.
Le souvenir de Danzō terminant son discours par le vote des Jōnin lui revint en tête. Il avait gagné de peu. Mais le Daimyō du Pays du Feu était présent, il avait assisté à la scène, présent pour l'événement de l'examen Chūnin. Le chef de la Racine avait tout planifié.
Et tandis que les choses s'accéléraient et que Sasuke pensait que cette journée folle s'arrêterait, le pire arriva lorsque la première décision de Danzō en tant qu'Hokage fut prise.
Le regard du vieil homme s'était tourné vers lui – Sasuke Uchiha – l'accusant d'être une menace pour Konoha. Le port du Sharingan était – selon Danzō – un danger, surtout chez un jeune du clan ayant autrefois comploté contre le village.
Il se souvenait encore de leur regard – celui de tous les villageois. Il ne s'était jamais senti aussi exclu que sous ce regard. Ce regard, il le connaissait, mais il n'avait jamais été dirigé contre lui. Ce regard, c'était celui qu'il avait toujours vu, de loin. Ce regard avait toujours été destiné à Naruto Uzumaki.
Lorsque les Anbu de la Racine s'étaient précipités sur lui, le jeune homme n'en avait pas vu un pour s'y opposer.
Si, il y en avait eu un. Kakashi s'était aussitôt mis en travers de la route du groupe d'Anbu. Mais ce Kimimaro à lui seul avait su le tenir en respect. Cela avait néanmoins permis à Sasuke de s'enfuir, laissant derrière lui le ninja copieur se faire enfermer.
Quel lâche était-il. Il avait fui.
S'il avait été aussi fort que son frère, les choses ne se seraient pas passées ainsi...
Il revit le visage placide de son frère hanter son esprit.
Son Sharingan aux trois tomoes s'activa subitement. Il semblait briller autant que les flammes qu'il fixait.
Soudain, Sasuke se leva.
– Je ne fuirai plus, murmura-t-il.
C'est pourquoi je suis encore dans cette forêt. J'aurais pu quitter le pays depuis longtemps maintenant.Il éclata de rire et tourna brusquement la tête.
– Je savais que tu reviendrais, Kimimaro.Le concerné fit son apparition, sortant de derrière un dense ensemble de fougères.
– Je vois, murmura le plus redoutable sous-fifre d'Orochimaru.
Tu as donc bien éveillé un Sharingan plus puissant.Il croisa les bras.
– Mais penses-tu que cela suffira à me terrasser ?Il leva sa main, ses doigts pointés en direction de l'Uchiha. Exactement comme à leur dernière rencontre, ses phalanges furent éjectées à pleine vitesse.
Sasuke esquiva sans difficulté.
* Incroyable... ! ne put s'empêcher de penser son adversaire.
*– Après toi, fit Sasuke,
ma prochaine cible sera Danzō.
– À propos, reprit Kimimaro d'une voix calme.
Pourquoi avoir épargné chacune de tes victimes ?
– Ce n'est pas eux que je veux tuer, répondit laconiquement l'Uchiha.
– Je vois. Tu ne sembles pas dénué d'idéaux. Mais...Il s'interrompit soudain, levant la tête.
* C'est quoi ce Chakra ?! *Sasuke ouvrit grand les yeux, ses sourcils froncés à l'extrême, tandis qu'un individu atterrissait au milieu d'eux, générant un cratère qui fit voler de la poussière. L'effet généré par l'impact éteignit le feu de Sasuke. Une fois la fumée dissipée, les muscles saillants du nouvel arrivant firent leur apparition.
Raditz était là.
– Assez de parlotte, les enfants ! Toi là, le gamin Uchiha, tu viens avec moi !Il s'approcha de Sasuke. Mais, à sa grande surprise, ce dernier éclata d'un rire fou.
– Non ! s'exclama soudain le déserteur.
Je ne reculerai pas !
– Arrête de délirer, répondit le Saiya-jin.
Je n'ai pas de temps à...Il s'immobilisa.
* Impossible ! pensa Kimimaro qui ne put retenir une expression de totale surprise.
Il a plongé ce monstre dans un Genjutsu ! *Un sourire sadique sadique était dessiné sur le visage du jeune Uchiha.
– Je connais ton point faible !L'expression du visage de Sasuke se transforma soudain en une grimace de douleur tandis que le poing de Raditz s'enfonçait dans son torse. Il ne l'avait même pas vu venir. Il perdit connaissance.
– Ne te méprends pas, gamin, cracha Raditz.
Tu t'y prends mille ans trop tôt pour pouvoir m'atteindre avec ton tour de magie.Kimimaro fronça les sourcils tandis que le Saiya-jin prenait le corps de sa dernière victime sur son épaule.
– À toute, mon pote, dit alors le guerrier au ninja en s'envolant dans la nuit.
* Danzō n'a pas voulu perdre de temps, pour envoyer ce monstre... *Il semblait pensif.
* Mais peu importe ce que le guerrier a voulu faire croire. Cela n'a peut-être duré qu'une fraction de seconde, mais l'espace d'un instant... Il a bien été atteint par le Genjutsu de Sasuke. *Il soupira.
* Tu avais un sacré potentiel, Sasuke Uchiha. *******
Sur les hauteurs bordant la ville de Crocus se tenait la silhouette sombre d'Orochimaru. Face au soleil se levant derrière les montagnes, il observait le feu d'artifice illuminant l'arène où allait débuter le dernier jour des Grands Jeux Magiques.
Son altercation avec Crime Sorciere l'avait poussé à davantage de prudence. Il existait des individus particulièrement puissants dans ce monde. Lui qui pensait que les meilleurs combattants étaient du niveau de Kabuto, il devait admettre avoir sous-estimé ce monde. Ce Gerald aurait clairement pu tenir tête à Kimimaro sous sa forme la plus aboutie, et même le battre. Quant à ses deux partenaires, elles n'étaient pas ridicules non plus. Il ne devait pas se montrer trop arrogant. Il l'avait déjà payé une fois, dans le passé.
Et puis, surtout, il y avait un autre intérêt à rester ici, plutôt que dans l'arène...
– Tu peux te montrer, murmura-t-il sans bouger.
Ne me force pas à t'extraire de ta cachette moi-même...Une fine silhouette s'approcha lentement de lui, semblant apparaître de l'obscurité qui l'entourait. C'était un homme de taille moyenne dont les cheveux étaient étranges. Du côté droit, une épaisse mèche mi-longue brune masquait son visage. Du côté gauche, c'était une longue chevelure blanche coiffée en arrière qui se terminait en queue de cheval, dévoilant clairement son œil gauche entouré d'un tatouage, tandis que la cicatrice traversant latéralement le haut de son nez disparaissait derrière sa touffe noire.
– Orochimaru-sama, fit-il avec un sourire suffisant.
Le concerné se retourna, intrigué.
– Tu connais mon nom ?
– Tout le monde vous connaît, d'où je viens, murmura l'inconnu en inclinant la tête sans toutefois perdre son expression.
Le Sannin haussa un sourcil.
– Je pensais pourtant avoir été discret, jusqu'ici.
– C'est vrai. Mais vous le serez moins plus tard...Devant l'air indécis d'Orochimaru, l'autre eut un petit rire.
– Un esprit aussi brillant que le vôtre ne comprend-il toujours pas d'où je viens ? Ou, plus précisément, de quand je viens ?Les yeux du Shinobi ne purent masquer sa surprise, mais il se ressaisit rapidement.
– Je suppose que vous ne me croyez pas ? reprit son interlocuteur.
C'est pourquoi je vous ai apporté un petit cadeau.Il sortit de sa poche ce qui, de loin, aurait pu s'apparenter à un morceau de tissu blanc. Mais la chose était constituée d'une multitude d'écailles.
L'expression d'Orochimaru se fit plus sérieuse que jamais tandis qu'il s'emparait de cette peau de serpent blanc et la fixait d'un air pensif.
Soudain, son sourire s'élargit à un point inhumain tandis que son regard pétillait.
– De toute évidence, mon cadeau vous a plu, murmura l'individu.
Mon nom est Rog et je viens de futur. De sept années dans l'avenir, pour être plus précis.Orochimaru avait déjà soupçonné son existence, mais le voyage dans le temps s'était toujours trouvé être inaccessible pour lui, en dépit de ses recherches. En fait, cela impliquait une courbure spatio-temporelle qu'il n'arrivait pas à générer. C'était d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles il s'était tant intéressé au Sharingan. Il s'agissait là du seul outil à sa connaissance qui aurait pu lui permettre d'accéder à une telle capacité : le seul dont l'évolution pouvait réaliser l'exploit de combiner la fracture dimensionnelle avec le décalage temporel. Le célèbre Tsukuyomi d'Itachi Uchiha en était la manifestation la plus flagrante. Le Sannin avait ainsi secrètement nourri l'espoir de s'en emparer pour développer ce qui pourrait s'apparenter à une machine à voyager dans le temps. Bien sûr, ces projets s'étaient arrêté avec de nombreux autres lorsqu'il fut flagrant qu'il n'aurait aucun moyen de mettre le main sur cet œil supérieur.
– Mon moi actuel participe au tournoi, poursuivit l'homme du futur après un silence.
Vous l'avez peut-être déjà repéré.En effet, Rog se trouvait être l'un de ces Dragon Slayer qui intriguait tant Orochimaru. Son niveau était d'ailleurs parmi les plus élevés des jeux. Il aurait fait un très bon ninja.
– Je vois, murmura le Sannin avec un sourire.
Mais je me demande quel vent t'envoie jusqu'à moi...
– C'est simple. Je suis venu vous informer de mon projet.
– Conclure une alliance ?
– Pas exactement. J'ai une idée de vos ambitions et elles ne contredisent pas les miennes.Il s'avança et fixa le palais royal, clairement visible au loin dans la ville.
– Je suis devenu assez fort en sept ans. Je ne crains plus grand monde. Mais vous, vous pourriez probablement vous mettre en travers de ma route et cela serait problématique. Il m'apparaît donc plus sage de vous informer de mon projet, ceci dans le but d'éviter quelques complications...Il tourna son regard en direction d'Orochimaru.
– Vous y perdriez aussi, car je peux vous offrir ce que vous recherchez dans ce monde...Il marqua un pause avant de poursuivre.
– ... Des dragons.À ce mot, le regard du Sannin se fit particulièrement attentif.
– Oui, reprit Rog en levant les bras.
J'ai pour objectif de libérer de 400 ans dans le passé des dragons ! Ne serait-ce pas fascinant ?Orochimaru resta un bref instant silencieux, observant Rog s'enthousiasmer devant cette idée.
– Cela pourrait effectivement m'intéresser, finit-il par répondre.
Mais pourquoi ?
– J'ai mis au point une magie me permettant de les contrôler. Dans le futur, le roi dragon noir de l'Apocalypse dominera le monde... Son nom est...
– Acnologia... poursuivit Orochimaru en se léchant les babines.
Son interlocuteur ne put masquer sa surprise de l'entendre prononcer ce nom.
– Je vois que vous avez déjà mené quelques recherches... Eh bien, Acnologia n'est pas un dragon comme les autres. Il est bien plus fort. Mais surtout, ma technique de contrôle n'a aucun effet sur lui.Il fixa à nouveau la ville d'un air pensif.
– Mon seul espoir pour le battre, ce sont les dragons. Ainsi, je pourrai dominer ce monde !Orochimaru le fixa un bref instant. Puis il commença à s'éloigner.
– Quel rôle suis-je censé jouer dans cette histoire ?
– Simplement ne pas interférer avec mes plans. Ça se passera cette nuit...******
Raditz avait atterrit à Konoha face au bâtiment de l'Hokage, le corps de Sasuke inconscient posé sur son épaule. Marchant calmement dans les couloirs, il chantonnait la douce mélodie d'un peuple de guerriers psychopathes massacrant des familles et détruisant leurs mondes. Et c'est apaisé par les paroles relaxantes de cet air martial que le Saiya-jin entra – sans toquer – dans la pièce de l'Hokage.
– Tiens, grogna Raditz.
Ce petit con insolent méritait une fessée, mais je crois pas qu'il soit mort.Il se rendit alors compte que deux individus se tenaient face à l'Hokage. Il s'agissait d'Asuma et de Kurenaï. Tous deux se tendirent aussitôt, instinctivement.
– Bien, murmura Danzō en se levant.
Vous pouvez partir. J'ai entendu votre message et le désaccord que vous transmettez de la part de certains villageois. Grogner pour grogner, c'est la nature d'un peuple. Ces phénomènes ne m'intéressent pas, à condition que cela se limite à du mécontentement. Mais si cela devait dériver sous d'autres formes, des mesures seraient à prendre...Les deux Jōnin ne le firent pas remarquer, mais la réponse de Danzō ne leur convenait pas. Il venait en fait de balayer d'un revers de main les contrariétés et les craintes du peuple, et son discours était plus menaçant qu'apaisant.
– Disposez, ordonna l'Hokage.
Les intéressés se retirèrent, passant devant Raditz. Asuma fixa le guerrier. Ce dernier était grand, mais le Jōnin le dépassait légèrement, du moins en hauteur. Il esquiva cependant son regard lorsque les yeux durs de Raditz rencontrèrent les siens.
Kurenaï était devant lui. Elle ouvrit la porte puis s'arrêta, tournant la tête.
– Et pour Sasuke Uchiha ? De quoi sera-t-il jugé ?Danzō se contenta de la regarder. Asuma fronça les sourcils.
– Sera-t-il jugé ? demanda ce dernier pour appuyer la question de sa partenaire.
L'Hokage ferma les yeux. Il semblait agacé par ces questions.
– Nous ne sommes plus dans l'ère paisible de ton père, Asuma Sarutobi. Mais si vous tenez à aviser le peuple, vous pouvez lui dire que Sasuke est un danger pour le village, au même titre que son clan le fut autrefois. Il faut être intransigeant. Informez bien les leaders les plus révolutionnaires que toute opposition au projet de défense de Konoha sera traitée avec la sévérité qui sera nécessaire, sans exception.Les Jōnin étaient comme pétrifiés sur place par les paroles de Danzō, attendant la suite.
– Pour revenir à Sasuke Uchiha...Les deux jeunes Shinobi retenaient leur souffle tandis qu'un sourire se dessinait sur les lèvres du Saiya-jin. Le Godaime Hokage se tourna vers les vitres qui donnaient sur les rues du village.
– ... Peine de mort.